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Promotion 2014 Mémoire n°35 Pour l’obtention du DIPLOME EN OSTEOPATHIE (D.O.) Présenté et soutenu publiquement En octobre 2014 à Paris Par Mlle Florence Gonçalves Née le 30/10/1988 à Bourg-la-reine L’utilisation des métaphores en ostéopathie Directeur de recherche : Benoit ERIEAU

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Promotion 2014

Mémoire n°35

Pour l’obtention du

DIPLOME EN OSTEOPATHIE (D.O.)

Présenté et soutenu publiquement

En octobre 2014 à Paris

Par

Mlle Florence Gonçalves

Née le 30/10/1988 à Bourg-la-reine

L’utilisation des métaphores en ostéopathie

Directeur de recherche : Benoit ERIEAU

2

L’Institut Dauphine d’Ostéopathie

en partenariat avec le

Federal European Register of Osteopaths

Promotion 2014

MEMOIRE n°35

présenté et soutenu publiquement le ……………………… à Paris par

Mlle Gonçalves Florence, né(e) le 30/10/1988 à Bourg-la-reine.

Pour l’obtention du

DIPLÔME d’OSTÉOPATHE (D.O.)

Titre L’utilisation des métaphores en ostéopathie

Membres du jury : Président : Assesseurs : Directeur du mémoire : Benoit ERIEAU

3

Remerciements

Merci à tous ceux qui ont cru en moi, qui m’ont soutenue tout au long de ce

projet.

Je tiens à remercier particulièrement Mr Benoit Erieau, mon maître de mémoire,

qui m’a guidée dans le choix de mon projet. Il m’a orientée tout au long de mes

recherches afin de réaliser un travail abouti.

Je voudrais remercier le comité de mémoire de nous laisser le libre choix de notre

sujet. Nous avons la chance dans cette école d’évoluer à notre rythme et de suivre

nos envies.

4

Table des matières

Introduction ....................................................................................................................... 5

1. Définitions .............................................................................................................. 8

2. Les différentes formes .......................................................................................... 10

3. Les actions des métaphores .................................................................................. 11

-II- Les métaphores appliquées à l’ostéopathie ....................................................... 13

1. Andrew Taylor Still et l'utilisation des métaphores [11] .................................... 13

2. L’ostéopathie pour tous de Célia Le Dressay ...................................................... 27

-III- Quelques métaphores : notre pierre à l’édifice ................................................ 31

1. Métaphores sur la vision ostéopathique du fonctionnement corporel...............30

2. Métaphores sur les techniques employées en ostéopathie..................................34

3. Métaphores que nous pouvons retrouver pendant la consultation....................37

a) Lors de l'anamnèse..........................................................................................37

b) Métaphores sur les conseils donnés au patient en fin de consultation..........41

Conclusion ....................................................................................................................... 47

5

Introduction

Au XXe siècle, les thérapeutes avaient peu de moyens efficaces à offrir au

malade et utilisaient souvent leur propre présence et la parole pour alléger les

souffrances : la médecine non silencieuse.

Au même siècle, il y a eu une explosion technologique, les malades se sont alors

sentis lésés, isolés, incompris par cette médecine silencieuse et dépersonnalisée.

On retrouve alors une incompréhension de la valeur humaine. Les patients

ressentent un besoin de communiquer avec le thérapeute.

Comme le disait Gorgias de Lentini « la parole a un pouvoir immense : elle peut

mettre fin à la peur, abolir la douleur, susciter la joie, exalter la piété ». [1]

Dans notre profession, nous sommes amenés à passer un peu plus de temps

avec les patients que d’autres thérapeutes. De ce fait, les patients ressentent le

besoin de se sentir existés, écoutés et ne pas être une personne quelconque qui ne

serait qu’un nom de plus sur une feuille. C’est pour cela qu’il nous paraît

important d’aborder la communication entre patient et praticien et comment

améliorer celle-ci entre ces deux personnes.

La communication est aussi importante pour nous que pour les patients.

Cet échange nous permet de comprendre pourquoi le patient vient vers nous

aujourd’hui, dans quelle circonstance la douleur est apparue, dans quel état

d’esprit se trouve-t-il à ce moment-là, qu’est-ce qu’il attend de nous... Les

réponses nous aident à prendre en charge le patient dans sa globalité et non pas

s’intéresser uniquement à son symptôme. Sinon cela signifierait que nous

prendrions en charge le patient toujours de la même manière pour un symptôme

donné, alors que nous savons qu’une personne a son propre vécu et ne peut être

assimilée à une autre.

« La communication est la transmission d’une information, d’un lieu ou d’une

personne à un autre lieu ou à une autre personne » (Miller).

Pour Stevens c’est : « L’utilisation d’un code pour la transmission d’un message

permettant l’entrée en contact d’un émetteur et d’un récepteur ».

6

Bernstein, lui distingue deux types de code linguistique :

- le code restreint : les élocutions sont brèves, simples. Les discours portent sur

des faits réels (personnes, choses). Le code restreint peut suffire pour promouvoir

le contact social mais non pour transmettre certaines informations.

- le code élaboré : formulé avec plus de soin, il utilise un lexique plus riche et plus

adapté à l’expression de concepts abstraits. La personne prend en considération

l’éventualité d’une non compréhension de la part de l’auditeur et donc à expliquer

et préciser ses propos.

La distinction que nous fait Bernstein des deux types de code est très importante

en ce qui concerne la communication entre les professionnels de santé et les

malades. Cela nous montre que nous pouvons rencontrer des difficultés à

communiquer avec les patients. [2]

Il se produit une communication complète lorsque les répertoires de

l’émetteur et du récepteur sont identiques comme c’est le cas pour deux

thérapeutes du même domaine. Mais lorsqu’il s’agit d’un dialogue entre patient et

praticien cela devient plus compliqué car le patient n’a pas le même code

linguistique, il ne connait pas grand-chose des termes médicaux, il exprime sa

souffrance par ses propres mots. Le praticien quant à lui, a été baigné dans le

langage médical tout au long de ses études, et oublie facilement que le patient ne

connait pas certains mots de vocabulaire qu’il utilise. C’est parfois pour cette

raison que les patients ont du mal à exprimer ce qui ne va pas, ou à se faire

comprendre par le praticien.

Les difficultés que nous pouvons retrouver sont une incompréhension et

donc une appréhension au traitement, l’effet placebo est alors réduit. Le patient ne

se sent pas compris donc il n’écoute pas ou ne comprend pas les conseils qu’on lui

donne. Quand le patient nous demande pourquoi nous sommes allés voir une zone

de leur corps alors qu’il n’avait pas mal à cet endroit-là, nous rencontrons des

difficultés à leur expliquer notre démarche car nous n’avons pas le même langage

et nous avons une autre vision du corps et du symptôme.

7

Nous nous sommes alors demandé de quelle manière nous pouvions

réduire ses problèmes de compréhension. Comment pouvons-nous comprendre au

mieux leur mal être ? Comment pouvons-nous leur expliquer au mieux notre

démarche intellectuelle en ayant un vocabulaire plus proche? Comment faire pour

que les patients comprennent et suivent nos conseils ?

Nous nous sommes alors penchés sur les métaphores, peuvent-elles être

une alternative à notre problème de communication? Pour répondre à cette

question, nous allons en découvrir un peu plus sur elles. A quoi correspondent-

elles ? Sous quelle forme nous pouvons les retrouver dans notre langage ?

Comment agissent-elles ?

Ensuite nous allons voir si nous les retrouvons dans le monde ostéopathique. Pour

cela, nous allons parcourir l’autobiographie d’Andrew Taylor Still, à la recherche

de métaphores. Puis nous allons étudier le livre « l’ostéopathie pour tous » de

Célia le Dressay dans lequel elle nous présente l’ostéopathie sous forme de bandes

dessinées. Pour finir, nous pourrons retrouver quelques métaphores pour faciliter

la communication entre le patient et son thérapeute.

8

-I- Les métaphores

1. Définitions

Le terme métaphore, qui signifie transport, comme un procédé par lequel

on transporte la signification propre d’un mot qui ne lui convient qu’en vertu

d’une comparaison sous entendue. [3]

Durant de longs siècles la problématique de la métaphore n’a pas suscité

un grand intérêt en dehors des cercles de la rhétorique. En effet, les réflexions sur

la notion de métaphore remontent à Aristote qui l’inscrit dans deux domaines

distincts, à savoir la poétique et la rhétorique. Nous rappelons que la rhétorique

est l’art de l’éloquence, de la persuasion, de l’éloge, tandis que la poétique renvoie

à l’art de composer des poèmes.

Dans la théorie aristotélicienne, la métaphore consiste en une substitution d’un

terme propre par un terme figuré, substitution fondée sur une relation de

ressemblance où le mot reste porteur de l’effet de sens métaphorique.

I.A Richards dans The Philosophy of Rhetoric examine la métaphore dans le but

de rendre compte de son fonctionnement et il explique que cette figure relève

surtout d’un principe qui oriente la pensée. La métaphore est alors conceptuelle.

[4]

Aujourd’hui, la métaphore n’est plus l’apanage exclusif des écrivains,

mais touche tout individu de toutes entreprises. En effet, elle ne s’inscrit pas

uniquement dans le domaine littéraire, mais aiguille aussi dans les sciences. La

métaphore sert de moyen à la formulation d’une découverte scientifique et elle

crée également une passerelle entre le spécialiste et le reste de la communauté

permettant ainsi une meilleure compréhension du phénomène. Très souvent un

terme métaphorique est le seul moyen disponible pour dénommer certaines

innovations scientifiques.

Isabelle Oliveira a montré dans son livre Nature et fonctions de la métaphore en

science : l’exemple de la cardiologie que certaines réalités ne peuvent être

dominées que par des métaphores puisqu’aucun terme savant ne leurs

correspondent.

9

Exemple : « coup de pistolet » bruit méso systolique brusque et de grande

intensité entendu dans la région sous-claviculaire droite. Parfois intermittent, il

indique une fuite aortique importante.

En anatomie, nous remarquons un éventail de métaphores construites à partir

d’éléments végétaux lors de la description des différentes parties du cœur. Voici

quelques exemples :

- rameau profond ventriculaire

- branche collatérale

- bulbe artériel

La dénomination métaphorique est donc pour elle première et vient combler une

lacune. Ainsi, la métaphore est un procédé important d’enrichissement lexical car

elle exerce une influence créatrice sur la science, sur notre langage et sur la façon

dont nous pensons. [5]

Dans un souci de vulgarisation, la métaphore constitue une autre façon très

efficace de concrétiser l’information et d’en faciliter la compréhension. La

métaphore de spécialité peut humaniser la science et la rendre beaucoup plus

accessible au néophyte.

Selon Kourilsky-Belliard, la métaphore est un moyen linguistique de

concevoir et d’exprimer une chose dans les termes imagés d’une autre afin

d’ouvrir l’esprit vers les chemins nouveaux. [6]

10

2. Les différentes formes

Les métaphores peuvent prendre de nombreuses formes, en fonction de

l’effet recherché, du contenu à véhiculer, du temps dont on dispose, de

l’interlocuteur. [7]

Les images

C’est la forme la plus brève. Les images illustrent bien le discours et même

l’écrit : articles journalistiques, romans, etc. Il s’agit essentiellement d’un mot qui

change de contexte, donc de sens : rester bouche cousue, se faire tirer les oreilles,

faire la fine bouche, avoir quelqu’un dans le nez, prendre le taureau par les cornes,

etc.

Les comparaisons

Ce sont des images qui contiennent en plus un élément de comparaison.

Voici quelques exemples : un enfant sage comme une image ou muet comme une

tombe, boire comme un trou ou fumer comme un pompier, être reçu comme un

chien, avoir les yeux plus grands que le ventre.

Les proverbes

Ce sont des « vérités » qui découlent de l’expérience et de la sagesse

populaire. Ils sont communs à tout un groupe socioculturel et s’expriment

généralement en formules imagées : chat échaudé craint l’eau froide ; il faut

tourner sa langue sept fois dans sa bouche avant de parler ; ventre affamé n’a

point d’oreilles.

Les anecdotes et les citations

Ce sont des relations d’évènements vécus par d’autres et reprises, entre

guillemets, par l’auteur du discours ou du texte.

11

Les mythes et les contes

Ce sont des récits fabuleux, souvent d’origine populaire, qui mettent en

scène des héros incarnant des forces de la nature ou des aspects de la condition

humaine, au cours d’évènements qui ne se sont jamais vraiment arrivés, mais qui

existent depuis toujours dans l’inconscient collectif. Citons : les mythologies

grecques et romaines, les contes de fée, les fables de La Fontaine.

Les récits, les paraboles, les histoires

Ce sont les formes métaphoriques les plus complètes et les plus

complexes. Pour qu’elles aient un impact et une résonance sur un interlocuteur, il

est nécessaire qu’elles adoptent des formes semblables à la réalité vécue par celui-

ci.

3. Les actions des métaphores

Métaphore et neurologie

Nous disposons de deux hémisphères cérébraux : gauche et droit.

Le gauche est dit dominant, majeur ou verbal. Il traduit toute perception en

représentations logiques, sémantique, phonétique de la réalité. Dans le gauche,

sont principalement localisés les opérations conscientes, le langage, la pensée

rationnelle, la lecture, l’écriture et l’arithmétique.

L’hémisphère droit remplit une fonction bien différente. Il est hautement

spécialisé dans la perception holistique des relations, des modèles, des

configurations et des structures complexes. Il peut parvenir à restituer la totalité à

partir d’un de ses éléments les plus mineurs. Ceci nous permet, par exemple, de

reconnaitre un individu dont nous ne voyons qu’une toute petite partie du visage.

Dans le droit, on retrouve l’intuition, l’expression et la pensée analogique.

L’effet des métaphores (qu’ils s’agissent d’anecdotes, d’histoires, de

proverbes, de mimes, etc.) est « d’endormir et d’occuper » le cerveau gauche tout

en activant le droit. Les analogies établissent une connexion entre les données

conscientes et un autre contenu, imagé, que l’inconscient va travailler. [8]

12

Selon Kourilsky, la métaphore est un outil précieux de changement car elle

suggère des pistes de résolution au cerveau droit tout en court-circuitant avec

élégance les limitations apprises du cerveau gauche. De plus, elle offre un moyen

de compréhension globale et de redéfinition de la réalité. C’est pourquoi elle

recèle la fameuse propriété de stimuler des chaines d’associations créatives et de

déjouer la résistance. [9]

Métaphore et psychologie

En proposant de parler d’une chose en termes d’autres choses, les métaphores

permettent d’améliorer la communication entre le thérapeute et son patient ainsi

qu’un meilleur suivi des conseils donnés, ce qui développe l’adhésion du sujet, le

met en disposition d’accueil et d’action, abaisse ou supprime les défenses qui

perdent leur raison d’être. Elles favorisent la saisie d’un concept abstrait et, par-là,

facilitent son assimilation. [10]

Marianne Gassel dans Des histoires pour apprendre utilise la métaphore,

le conte, la parabole, l’allégorie pour transmettre un savoir, une expérience. Elle

part du principe que l’une des caractéristiques de la métaphore est de s’adresser de

manière privilégiée, à l’inconscient de l’auditeur. Or celui-ci se trouve être le

guide de notre conscient et de notre inconscient. La conséquence est que l’essence

des messages que l’on veut faire passer s’imprègnera plus facilement (parce

qu’elle sautera les barrages placés par l’inconscient).

Maintenant que nous savons avons une idée de ce que sont et comment

agissent les métaphores, posons nous la question de savoir comment celles ci

peuvent-elles être une aide dans notre pratique ostéopathique?

13

-II- Les métaphores appliquées à l’ostéopathie

1. Andrew Taylor Still et l'utilisation des métaphores [11]

Nous allons étudier l’autobiographie de Still, son premier livre dans lequel il livre

ses souvenirs, son éducation, ses rêves et sa pensée, dans un parcours extraordinaire qui

permet d’inaugurer un nouveau concept, l’ostéopathie. Par cet ouvrage, Still cherche en

tout premier lieu à faire comprendre au lecteur ce qu'est l'ostéopathie, et cela donne un

livre captivant d’un style bien particulier, ponctué d’anecdotes savoureuses, d’exemples

imagés, de récits de rêves ou de visions, où il parvient magnifiquement à manier tous les

styles…

Cet ouvrage est divisé en deux parties :

- La première partie permet de connaître l’épopée d’un homme qui a marqué son

temps à une époque difficile, marquée par de multiples conflits militaires, sociaux

ou ethniques.

- La seconde partie présente toute une série de conférences qui nous permettent de

comprendre le cheminement de l’homme dans sa pensée, et qui nous livrent les

préceptes de base ayant permis de codifier l’ostéopathie.

Afin de rendre notre étude plus intéressante nous allons croiser les informations des deux

parties. Nous allons montrer comment Still, à l'aide de métaphores nous fait partager et

tente de nous faire comprendre sa vision de l'ostéopathie.

L’aventure débute en 1828. Still naît dans l’Ouest Américain, à la « Frontière »,

sur une terre sauvage peuplée de quelques tribus indiennes, aux confins de la civilisation,

là où tout est à construire ainsi qu’à conquérir.

14

Son enfance est sujette à de multiples déplacements entre la Virginie où il est né,

le Tennessee, le Missouri, et le Kansas, de par les différentes missions qui sont confiées à

son père, Abram Still, pasteur méthodiste itinérant, également fermier pour subvenir aux

besoins de sa famille, et pratiquant la médecine pour assister les hommes de cette terre

grandiose mais rude.

Jeune garçon, les premières expériences de Still s’établissent au contact de la

nature, dont il fera son terrain d’expérimentation. Fasciné et curieux, il explore la forêt

peuplée de cerfs, de serpents et même de panthères, chasse et dépèce les animaux,

aiguisant ainsi sa passion pour la vie sous toutes ses formes ainsi que ses dons

d’observation.

« Le grand livre de la nature se trouve à la Frontière. Elle est la source première

de la connaissance et on y apprend les premiers principes de la science naturelle. » 1

« Mon expérience de frontalier fut pour moi d’une valeur que je ne pourrai jamais

dire. Elle fut inestimable pour ma recherche scientifique. Avant d’étudier l’anatomie dans

les livres, j’avais déjà perfectionné mon savoir grâce au grand livre de la nature. Le

dépeçage des écureuils m’avait mis en contact avec les muscles et les veines. » 2

Sur les terres où la famille d’Abram Still s’installe, il n’y a sur place ni écoles, ni

églises, ni commodités nécessaires, et ces pionniers ont donc tout à créer. La scolarité

d’Andrew s’interrompt alors par périodes, mais les travaux nécessaires de la ferme

aiguisent son endurance et sa volonté.

A vingt-et-un ans, Still se marie avec Mary Margaret Vaughan, dont il eut trois

enfants. Sa vie est alors celle d’un fermier qui dépend totalement des récoltes, et qui subit

les fréquentes calamités naturelles.

1 P79 2 P41

15

On va retrouver dans ses écrits de nombreuses métaphores évoquant les récoltes, le travail

de la terre :

« Une dislocation partielle sur un côté de la colonne vertébrale produira une

torsion déchargeant un muscle sur un autre et encore un autre, contraignant les

ligaments, produisant de la congestion et de l'inflammation ou quelque irritation,

conduisant à la rétention des fluides nécessaires à la vitalité harmonieuse du pied ; nous

avons là l'unique et grande cause produisant la souffrance que nous appelons famine

dans une terre éloignée – le pied. »1

« LCR : Celui qui est capable de raisonner verra que ce grand fleuve de vie doit

être abouché pour que le champ assoiffé soit irrigué immédiatement, sinon la moisson

de la santé sera pour toujours perdue. »2

« Comme la nature se présente à nos esprits comme les semences déposées dans

le sol à la saison convenable et qu'elle n'est fidèle qu'à ses lois, cette méthode de

raisonnement nous contraint de conclure que la maladie doit disposer d'un sol dans

lequel planter ses semences avant sa gestation et son développement. Elle doit bénéficier

des conditions saisonnières, de pluies nutritives, disposé du temps nécessaire au

développement de tels processus. Toutes ces lois doivent être respectées à la lettre, sinon,

l'échec est absolu. »3

« Poumon : Avec cette fontaine de vie, sauvegardant l'eau que procure la nature

pour laver les impuretés qui s'accumulent dans le corps. »4

« Nous devons le suivre et regarder quelle bras de cette rivière mène à un petit ou

gros orteil ou aux confins du pied. Nous devons traverser les eaux de la mer morte en

passant par la veine cave, et observer les bateaux chargés de sang épuisé et usé,

comment il est chargé et ramené vers le cœur, avec tout ce qui vient de sous le

diaphragme. Examinez attentivement le vidage des grandes et petites veines azygos avec

les veines des bras et de la tête, dans lesquelles se déversent de grandes et petites rivières

jusque la veine innominée sur leur trajet jusqu'au grand hôpital de la vie et de la

nutrition, dont le cœur est l'officier d'intendance, dont le mécanisme final est le

poumon. »5

1 P446 2 P453 3 P500 4 P521 5 P543

16

« La vie de l'arbre vivant réside dans l'écorce et le fascia superficiel reposant

sous l'écorce du corps de l'arbre, son périoste. »1

«Il existe deux fleuves très importants et très puissants, dont les eaux coulent

dans des directions opposées sur ce que j’appellerai le territoire de la Klondike de la vie.

Ce territoire est limité à l’est par une grande paroi que les anciens traités ont appelé

diaphragme et à travers laquelle passe un grand fleuve de vie s’étendant dans toute la

plaine de la région lombaire antérieure. Dans cette plaine, nous découvrons un parfait

système d’irrigation pour les villes, les villages et les sols fertiles de la vie.

Résultat de l’arrêt des fluides : Cette région du pays couvre l’un des domaines de

production d’éléments de vie les plus fertiles, les place sur les voies collectives et les

ramène par le grand chemin de fer central, le canal thoracique, issu des lymphatiques

de tout l’abdomen pour les conduire vers le cœur et les poumons où ils seront convertis

en matière d’un ordre plus élevé. Lorsque cela est terminé ils constituent le sang qui

soutient sa propre machinerie et toutes les machineries du corps, ce qui donne naissance

à la question mentale : « quel serait l’effet produit sur la vie et la santé si nous

interrompions, retenions ou endiguions le flux de l’aorte lorsqu’en traversant le

diaphragme, elle croise la veine cave et le canal thoracique revenant de leur voyage, et

allant vers le cœur et le poumon afin que leur contenu y soit terminé et manufacturé ? Et

après que la plaine ait été approvisionnée, quel serait l’effet produit si son système de

drainage, la veine cave et le canal thoracique, étaient endigués de telle manière que le

chyle et le sang ne puissent parvenir jusqu’au cœur et aux poumons pour renouvellement,

purification et terminaison ? »2

Quatre années après son mariage, suite à la destruction de la ferme par un cyclone,

il part avec sa famille pour le Kansas afin de rejoindre son père en territoire indien.

Pendant de nombreuses années, il accompagnera son père, qui exerce la médecine auprès

des indiens Shawnees, et c’est ainsi qu’il se formera à la médecine de l’époque.

Il perd sa ferme il faut alors reconstruire sa vie, reconstruire son foyer. Ce difficile

moment va être repris dans ses textes sous les thèmes de la construction, rénovation,

canalisation…

1 P544 2 P660

17

« En premier, par l'ajustement normal de la charpente osseuse, l'ostéopathe

recherche la perfection physiologique dans la forme, de sorte que les artères puissent

délivrer le sang nécessaire à nourrir et construire toutes les parties ; également pour que

les veines puissent emporter toutes les impuretés ce qui conditionne la rénovation ;

également que les nerfs de toutes sortes puissent être libres et non obstrués en appliquant

les forces de la vie et du mouvement à toutes les divisions et à tout le système du

laboratoire de la nature.

Un apport abondant et complet de sang artériel doit être amené et délivré à toutes les

parties, organes et glandes, par les canaux appelés artères. Et lorsque le sang a accompli

son travail, alors, sans délai, les veines doivent retourner le tout au cœur et aux poumons

pour le rénover. »1

«Pour un ostéopathe, le mot principe signifie un plan et des caractéristiques

parfaits pour construire une maison, un mécanisme, un homme, un monde ou

n'importe quoi ayant un objet ou un dessein. » 2

« Cette méthode d'exploration n'est pas dirigée par le son des cornes de brume de

la non fiable et insatisfaisante symptomatologie. L'ostéopathie possède sa propre méthode

qui est correcte, ou plutôt pas de méthode du tout, et se laisse guider par le compas du

géomètre qui découvre toutes les bornes disposées selon les consignes du gouvernement

et du géomètre en chef. Ainsi, un ostéopathe doit trouver les vraies bornes telles qu'elles

ont été disposées par le Géomètre divin. Le géomètre en chef donne les plans et

caractéristiques toutes les limites et divisions pour l'état, le comté, les cantons et les

sections, et de marquer chacune avec des bornes ou autrement, de manière qu'elles ne

puissent se perdre, mais au contraire rester repérables par tout géomètre compétent

suivant les relevés de terrain que lui présente l'anatomie. Ainsi voyons-nous qu'un

ostéopathe efficace est guidé par les relevés de terrain de la nature vers toutes les bornes.

Son travail consiste à vérifier que chaque pierre de bornage est à sa place, érigée comme

la nature l'a conçue et établie. S'il tolère la moindre variation dans l'emplacement que

Dieu, le grand géomètre de l'univers, leur a assigné, il découvrira une transgression,

source de dysharmonie et de discorde entre les propriétaires des quatre sections de

terrains que ces pierres de bornage délimitent; et son devoir d'allégeance est de remettre

ces bornes à leur place de départ, telle qu'indiquée par le relevé. Ainsi, son aptitude à

1 P441 2 P432

18

trouver les vraies bornes et à les ajuster toutes le caractérisera comme un ostéopathe

efficace. »1

« . Une tumeur sur la tête ou sous la peau n'est qu'un effet. Il faut de la matière

pour lui donner sa dimension, il faut de l'énergie pour mobiliser cette substance, le fait

qu'une tumeur se soit formée montre qu'une force édificatrice était présente pour

effectuer le travail de construction. Une autre énergie a dû se trouver là pour accomplir

le travail à cet endroit ; cette énergie est le dépôt de matière morte après que le travail de

construction soit terminé. »2

« Les lymphatiques forment, terminent, trempent et envoient intelligemment les

briques au constructeur, qui peut ainsi édifier en ajustant le tout selon les plans et les

prescriptions de la nature. La nature construit un mécanisme pouvant produire juste ce

qui est nécessaire et qui, une fois unifié, produit ce que les esprits les plus compétents

sont en droit d'exiger. »3

« Lymphatiques : Ne ressemblent-ils pas à une compagnie de pompiers, pointant

des lances vers toutes les fenêtres pour inonder la maison qui brûle? »4

Les temps ne furent pas toujours faciles. A trente-et-un ans, son épouse s’éteint

alors que deux de leurs enfants sont déjà morts auparavant. Still se retrouve donc seul

avec trois enfants. Où puiser des forces nouvelles ? Il trouve alors quelque intérêt dans un

groupement qui s’intéresse à la nature, aux sciences et à la technologie, et s’intéresse

également à la politique pour être ensuite élu député de l’Etat du Kansas.

Still se remarie en 1860 avec Mary Elvira Turner, dont il aura quatre garçons et

une fille.

Toujours curieux et avide de connaissance, il lit une grande quantité de livres de

médecine et de philosophie. Pour parfaire ses connaissances en anatomie, Still décide un

jour d’exhumer des corps d’indiens afin d’étudier cette science par la dissection.

1 P446-447 2 P448 3 P518 4 P522

19

« Au nom de la science, je devins un bandit (…), je m’étais transformé en un de

ces vautours qui, munis de scalpels, étudiaient le cadavre au bénéfice du vivant. » 1

Ce fut alors dans l’esprit de Still le début du concept ostéopathique :

« Ma science ou ma découverte naquit au Kansas à l’issue de multiples essais,

réalisés à la Frontière, alors que je combattais les idées pro-esclavagistes, les serpents et

les blaireaux, puis, plus tard tout au long de la guerre de Sécession et jusqu’au 22 juin

1874. Comme l’éclat d’un soleil, une vérité frappa mon esprit : par l’étude, la recherche

et l’observation, j’approchai graduellement une science qui serait un grand bienfait pour

le monde. » 2

Quatre années de guerre de Sécession (1861-1865), durant laquelle Still s’engage

dans le camp des abolitionnistes pour commander un régiment. Pendant cette guerre, il

pratique en parallèle la chirurgie dans un hôpital, travail qui lui permit de consolider ses

connaissances en anatomie. Là, il s’indigne devant les pertes humaines causées par le

manque d’hygiène et les infections.

Cet univers de militaire va se retrouver également dans ses conférences par de

nombreuses métaphores.

« L'ostéopathe doit trouver la santé : Trouver la santé devrait être l'objectif du

docteur. N'importe qui peut trouver la maladie. Il devrait faire la grande ronde parmi les

sentinelles et vérifier si elles sont endormies, mortes ou ont déserté leurs postes,

permettant à l'ennemi de s'introduire dans les camps. Il devrait visiter tous les postes.

Avant de sortir pour faire ses rondes, il devrait connaître l'emplacement de chaque poste

et la valeur de l'approvisionnement dont il a la charge, qu'il s'agisse de plomb, d'obus,

de nourriture, d'habillement, d'armes ou de toute chose utile à une compagnie ou une

division. »3

1 P77 2 P78 3 P441

20

« On voit ce grand officier d'intendance – le cœur –, déversant à flots, chargeant

convoi après convoi, et ordonnant au chef de train d'aligner son équipe, de marcher

rapidement vers toutes les divisions, d'approvisionner toutes les compagnies, brigades et

sections avec les rations, l'habillement, les munitions, les chirurgiens, les attelles et les

bandages, de porter les morts et les blessés dans les ambulances pour qu'ils soient

ensevelis ou réparés avec les honneurs militaires par le capitaine « veine », qui, sans

peur, pénètre les os les plus denses, les muscles et les glandes avec les eaux vivifiantes

pour étancher la soif des corpuscules bleus, épuisés par leur éprouvant service dans le

grand combat opposant la vie à la mort. Il doit souvent imposer la marche forcée à ses

convois pour apporter le ravitaillement nécessaire à l'entretien des combattants de la vie

qui soutiennent les longs sièges imposés par le froid et le chaud. De tous les officiers de

la vie, aucun ne rend de plus grands services que l'officier d'intendance du sang qui

emprunte au cerveau la force avec laquelle il conduit ses livraisons ; le cerveau lui donne

le mouvement vers toutes les parties de la vie active. »

« Chaque contraction du cœur expulse et met en ligne des milliers, des millions

d'opérateurs, armés et équipés pour un devoir, celui d'inspecter, de réparer les

blessures et de reconstruire selon les besoins, et cela du sommet de la tête à la plante des

pieds. »

« Et le cœur, le grand intendant général qui reçoit et distribue toute vie animale.

Il approvisionne les escouades, les sections, les compagnies, les régiments, les

bataillons, les brigades et les divisions – jusqu’à l’armée tout entière ainsi que toutes les

parties dépendant du système nutritif. »

En 1864, un an avant la fin de la guerre, alors que Still a trente-six ans, il est

soumis à la plus terrible épreuve de sa vie. Une épidémie de méningite cérébro-spinale

fait mourir trois de ses enfants, alors qu’il met toutes ses forces pour les soigner.

« Prière, larmes et médecine furent toutes vaines (…), trois corps sans vie gisaient

au foyer désolé. »

Nouvelle tragédie, qui marque alors le point de départ décisif de sa lutte contre

toute maladie. Cette épreuve enfonce Still dans le doute et l’accablement, mais le courage

et la détermination l’emportent rapidement.

21

« Alors, dans mon chagrin, la pensée me vint qu’au lieu de demander à Dieu de

bénir les moyens utilisés, il serait bien meilleur de chercher les moyens corrects, sachant

qu’une fois trouvés, le résultat serait certain. »

Il se détermine alors à combattre les drogues administrées, le système médical, la

souffrance, et commence à « lancer son embarcation, comme un explorateur. »

Il cherche toujours à en savoir un peu plus sur les maladies et le corps humain. Il va

fouiller jusqu’à la découverte d’un trésor pour la santé c’est ce que l’on retrouve dans

certains passage de son livre.

« Corps, mouvement et esprit : (…) le couteau de l'explorateur ne découvre plus

ni mouvement ni esprit. Il découvre seulement de la matière élaborée sans moteur pour

la mettre en mouvement et sans esprit pour la diriger. (…) par le couteau, il peut

exposer à la vue tout le mécanisme qui fut autrefois sagement animé.(…)»1

« Nous savons et nous avons prouvé depuis longtemps que la toux n'est qu'un

effet. Si c'est un effet, alors l'homme sage lance ses chiens mentaux sur la piste (effet) à

la chasse au sconse (cause). Il dispose du témoignage par la toux, la localisation de la

douleur, la fragilité de la colonne… »2

Le temps de l’après-guerre de Sécession marquant le début de l’industrialisation

en Europe et dans le monde s’avère une époque fertile en inventions technologiques.

Still, toujours curieux et novateur, tout en poursuivant ses recherches et en

approfondissant ses connaissances en anatomie, invente une baratte et perfectionne une

faucheuse… En 1874, alors qu’il a quarante-six ans, il décide de se consacrer entièrement

à la mécanique humaine. Cette mécanique qu’il décrit si bien. Le corps est alors une

machine et l’ostéopathe le mécanicien afin qu’elle fonctionne à la perfection.

1 P440 2 P484

22

« Je commençais une étude approfondie sur les roues motrices, les pignons, les

emboîtements, les bras et les conduits de la vie humaine, avec leurs forces, ressources,

structure, attachement par ligaments, muscles, leurs origines et insertions ; les nerfs

avec leur origine, leur approvisionnement ; l’approvisionnement sanguin à partir et vers

le cœur. » 1

« Il est appelé dans cette salle dans le but de comparer les mécanismes qui ont été

déformés parce qu'ils ont été jetés hors de la piste ou ont heurté d'autres corps avec de

telles forces que des axes, des conduits ont été tordus, rompus ou déboulonnés, ou

dérangés pour d'autres raisons, suffisantes pour les rendre inopérants tant qu'ils n'ont

pas été réparés. Réparer signifie réajuster, de la condition anormale trouvée par le

mécanicien, vers la condition de mécanismes normaux existant dans l’atelier de

réparation. »2

« L'esprit sera relié au cerveau pour obtenir une connaissance de cet organe d'où

part la force, pour savoir comment elle est conduite vers chaque courroie, poulie, palier

ou secteur de l'ensemble de la construction. »3

« Son inspection commencera par le réalignement des roues sur des axes

rectilignes ; ensuite, il ira naturellement vers la chaudière, la poitrine de la vapeur, les

axes et toute partie constituant le mécanisme achevé. Pour être sûr que tout est droit et

placé comme décrit sur le plan et dans les spécifications, il accomplit tout ce qui est

demandé à un chef mécanicien. Ensuite, il s'en remet à l'ingénieur, qui arrose, allume et

guide cet être artificiel dans son voyage. En tant que mécanicien ostéopathe, vous ne

pouvez faire plus qu'ajuster la condition anormale dans laquelle vous avez trouvé

l'affligé. La nature fera le reste. »4

« Si vous faites éclater une chaudière par trop haute pression ou autrement, la

machine cesse de tourner. La même chose se produit pour un corps ou un cerveau

surchargé de travail. »5

« Ne sommes-nous pas alors justifiés à aller au cerveau pour examiner les

batteries électriques et magnétiques ? »6

1 P86 2 P434 3 P433 4 P434 5 P464 6 P479

23

« En ouvrant le poitrail, nous apercevons le cœur – une très grosse machine ou

pompe –, particulièrement bien situé pour envoyer le sang dans toutes les parties du

corps. Nous voyons également des tuyaux, ou canalisations allant vers chaque organe,

muscles, estomac, intestins, foie, rate, reins, vessie et utérus, tous les os, fibres, ligaments,

membranes, vers le cœur lui-même, les poumons et le cerveau. »1

« Vous devez connaître ses laboratoires et son fonctionnement physiologique, avec

le cerveau comme batterie, les poumons comme source ou machine nettoyant le sang de

toutes ses impuretés, et le cœur comme pompe vivante ou maître timonier dont le devoir

est d'approvisionner les dépôts de vivres avec du sang et autres fluides pour toutes les

divisions et subdivisions du corps humain, particulièrement occupées à produire des

matériaux adaptés à la production d'os et de muscle, et de toutes les substances

nécessaires à maintenir la machinerie de la vie en pleine force et action. »2

« Ce chapitre est le plus important de ce livre parce qu’à ce point, la machine de

la vie vous est envoyée comme à un ingénieur et on attend de vous que vous la dirigiez

sagement sur son parcours. Ici, votre responsabilité est doublée. Votre première position

est celle d’un maître mécanicien, capable de dessiner des plans et d’écrire

minutieusement une spécification permettant à l’ingénieur de savoir dans le moindre

détail ce qu’est une machine bien construite. À la fois comme constructeur et comme

opérateur, il connaît les parties et leurs relations et vous, vous êtes supposé être le

contremaître de l’atelier de réparation. La machine, c’est la personne vivante,

l’ingénieur, c’est la nature et vous êtes le maître mécanicien.

À partir de là, on attend de vous que vous inspectiez attentivement toutes les parties des

machines amenées dans votre atelier de réparation,(…). »3

1 P481 2 P533 3 P630

24

« Le corps humain est comme l’intérieur d’une ville : Comparons chaque

personne à une ville bien organisée, qui construit tous les ateliers nécessaires à la

production des machines indispensables à la santé et au bien-être de ses habitants.

Chaque organe est un ouvrier compétent, membre de l’Union du Travail Parfait.

Chaque ouvrier ou organe doit être en parfaite santé, sinon quelques défauts

apparaîtront, des manquements dans la perfection de l’ouvrage au sein de l’ensemble

du système ou de la ville.

Lorsque la ville se trouve dans une condition délicate et qu’existent des imperfections

dans certaines parties du système des égouts, la situation empire chaque jour. Lorsque

le système d’évacuation n’est pas maintenu propre, la ville devient crasseuse et

malsaine. C’est ainsi que différentes sortes de maladies ou d’épidémies proviennent

d’une cause et détruisent la cité tout entière.

De même qu’un égout sale produit la maladie dans toute une ville, le mauvais état d’un

organe produira la maladie dans tout le corps, et le salut de la ville ou corps dépend de

votre philosophie et de votre travail de mécanicien. »1

Le 22 juin 1874, précisant qu’il a fallu de nombreuses années pour préparer le sol

à recevoir la semence de cette science, Still décide de « lancer dans la brise la bannière

de l’ostéopathie ». Il ne sait pas encore dans quelle grande aventure il va lancer le

monde, et malheureusement, il sera seul à défendre ses idées pendant de nombreuses

années encore. Il cherchera à faire admettre ses idées au sein d’une Université médicale, à

Baldwin, dont il participera à la création avec son père, mais celles-ci seront rejetées.

Premier échec et première opposition officielle à l’ostéopathie…

Cependant, malgré les découragements, Still se renforce dans ses certitudes grâce

aux guérisons qu’il accomplit jour après jour dans le traitement à mains nues de maladies

mortelles ou chroniques : pneumonies, asthme, douleurs intestinales, fortes fièvres, etc.

Nouveau départ : l’année 1878 marque ensuite l’installation de Still à Kirksville,

ville où il restera jusqu’à la fin de sa vie.

1 P712

25

« Je trouvais trois ou quatre personnes pensantes qui m’accueillirent, moi et mon

bébé l’ostéopathie. »1

Dans cette ville, Still peut enfin vivre de l’ostéopathie, faire connaître ses idées à

quelques élèves ainsi qu’à des patients convaincus, et former ses fils. Installé dans un

cabinet, il poursuit cependant la pratique itinérante qu’il apprécie tant, et traite toutes

maladies.

En l’espace de quelques années, Still acquiert enfin une immense renommée qui

dépasse rapidement les frontières du Missouri. Submergé par l’afflux de patients, il décide

de former plus sérieusement ses enfants. Harry, Charles, Herman et Fred seront les tous

premiers ostéopathes formés par lui.

En 1892, à l’âge de soixante-six ans, Still réalise son souhait de transmettre ses

connaissances et sa pensée, en créant le premier « Collège Américain d’Ostéopathie », à

Kirksville. Ce sera à la fois un centre de soins et d’enseignement de l’ostéopathie. Il se bat

cette fois pour l’émergence d’une école de qualité, fondée sur des bases scientifiques

certes, mais surtout sur les grandes vérités de la philosophie ostéopathique. En créant ce

Collège, il prouve alors que l’ostéopathie constitue une pratique transmissible, démentant

ainsi les objections des nombreux sceptiques. La première classe, établie dans une petite

cabane de bois, ne compte que vingt-trois élèves dont cinq femmes. Mais quelques années

plus tard, au début du XXe siècle, ce Collège forme un grand complexe de presque mille

étudiants, composé d’un hôpital, d’un service de chirurgie, d’une maternité, d’un

sanatorium, et d’une école d’infirmières.

« Je crois que l'anatomie est enseignée dans notre école plus complètement que

dans n'importe quelle école à ce jour, parce que nous voulons que vous ayez à l'esprit une

image vivante de l'ensemble ou de chacune des parties du corps, comme le peintre

capable possède l'image du visage, du paysage, de l'animal ou de toute chose qu'il désire

représenter avec son pinceau. »2

1 P101 2 P427

26

A l’époque où Still se retire progressivement de l’enseignement, il publie son

Autobiographie (1898), et par la suite, il écrira dans la foulée trois autres volumes

concernant l’ostéopathie. Il est atteint d’un ictus en 1914, et meurt quelques années plus

tard, le 12 décembre 1917, à l’âge de quatre-vingt-neuf ans.

Nous avons pu remarquer que les images qu’utilisaient Still dans ses métaphores

correspondaient à la vie qu’il avait eût. Les métaphores qu’il a employé sont intéressantes

et marquent le lien entre le vécu d’un individu et la manière dont il s’exprime. Chaque

période de sa vie se retrouve dans ses textes. Les différents thèmes ont été la nature, le

travail de la terre, la construction, la guerre, l’exploration et la mécanique. Par ses

différentes métaphores, il nous a fait découvrir le corps et la maladie sous un nouvel

angle, permettant de concrétiser cet espace invisible et d’en faciliter la compréhension.

27

2. L’ostéopathie pour tous de Célia Le Dressay [12]

Le titre en dit déjà beaucoup, ce livre est à la portée de tous. Un enfant

peut le lire pour se rassurer avant d’aller voir un ostéopathe car il peut y visualiser

le déroulement d’une consultation. L’adulte peut le lire tout simplement pour

éclaircir ce métier qu’il compare souvent aux kinésithérapeutes.

Célia a choisi un type de livre très intéressant. Elle a opté pour une bande

dessinée lui donnant ainsi une forme attractive pouvant attirer l’attention des

petits comme des grands. Elle décrit avec simplicité les principes de l’ostéopathie

qui sont peu évidents à expliquer aux patients. Par son texte et ses images elle

nous fait vivre l’ostéopathie de l’intérieur.

Grâce à cet ouvrage, les ostéopathes peuvent trouver une aide précieuse

pour expliquer l’ostéopathie. Le texte prend du sens avec les images associées,

l’ostéopathie prend ainsi vie au fur et à mesure des pages. Le lecteur voyage ainsi

dans l’histoire de l’ostéopathie découvrant alors une thérapeutique nouvelle à

l’écoute de leur corps dans sa globalité.

Nous allons reprendre son livre afin d’extraire les métaphores qu’elle

emploie dans celui-ci dont les images font vivre le texte et permettent de

visualiser concrètement les choses que ne connaitraient pas les lecteurs.

La première métaphore que l’on retrouve c’est la machine à laver pour

illustrer le principe « la structure gouverne la fonction ». Elle montre bien que si

la structure « la machine » est altérée alors elle remplit moins bien sa fonction de

nettoyage. Il faut alors restaurer la structure « réparer la machine » ou compenser

uniquement les effets du problème « nettoyer les vêtements à la main ».1

L’ostéopathe a pour rôle de traiter les structures du corps pour améliorer leur

fonction.

1 P17

28

Les nerfs sont représentés comme étant les facteurs apportant

l’information donnée par le cerveau au reste du corps. Si le « courrier », l’influx

nerveux, n’est pas transmis alors les récepteurs ne peuvent pas suivre les ordres.

La structure ne peut plus assurer sa fonction.1

« La règle de l’artère est absolue », ce principe est mis en valeur par la

comparaison avec une fleur. Les artères ont pour rôle de nourrir chaque cellule de

notre organisme et d’éliminer les déchets. Les tissus comme les fleurs ne peuvent

pas vivre si elles ne sont pas approvisionnées « arrosées ».2

« Le devoir du praticien n’est pas de guérir le malade mais d’ajuster une

partie ou l’ensemble du système afin que les fleuves de la vie puissent s’écouler et

irriguer les champs assoiffés ». « La bonne circulation du sang et des fluides en

général est indispensable à la santé »

Célia a trouvé une belle métaphore pour montrer la différence entre les

techniques directes et indirectes. Lorsque nous voulons remonter une fermeture

éclair, mais qu’elle est bloquée à mi-hauteur, deux méthodes s’offrent à nous :

- la première : nous tirons d’un coup sec vers le haut pour forcer le

blocage. Ceci pourrait correspondre à une technique structurelle.

- la deuxième : nous ouvrons un peu plus la fermeture pour sortir du

blocage puis nous la remontons lentement en négociant le passage difficile. Ceci

pourrait correspondre à une technique fonctionnelle, indirecte.3

Nous n’avons rien à ajouter la métaphore parle d’elle-même.

Mais d’où sort ce claquement lors des manipulations ? Il s’agit uniquement

d’un déplacement de gaz dans l’articulation, un peu comme le « clac » qu’on

entend lorsqu’on ouvre un bocal sous vide.4

1 P18 2 P19 3 P25 44 P31

29

Le tissu conjonctif qu’on nomme aussi fascia, est illustré dans cet ouvrage

sous forme d’une toile d’araignée qui tapisse tout le corps. L’ostéopathe est alors

l’araignée qui localise sa « proie », tension du corps en analysant les

modifications de la trame de toute la « toile ». Cette métaphore permet ainsi de

comprendre que toutes les parties du corps sont liées les unes aux autres. Et que

l’ostéopathe peut localiser une zone de tension éloignée de l’endroit où sont

posées ses mains.1

En ce qui concerne le traitement fascial, Célia nous emmène naviguer sur

les mers du corps. L’ostéopathe suit à travers ses mains le déroulement des tissus

jusqu’à un équilibre tissulaire. Pour ça, « il guide son bateau sur une mer

houleuse. Il suit les tissus à travers les remous que génèrent dans le corps… les

tensions, les blessures, les manques. Intervenant le moins possible, sans résister,

jusqu’à ce que le calme après la tempête s’établisse… pour mener son

embarcation vers un endroit paisible : l’équilibre tissulaire ».2

Célia aborde tous les domaines d’application : la sphère ostéo-articulaire,

la sphère viscérale, la sphère crânienne, le tissu conjonctif comme nous venons de

voir mais également le travail somato-émotionnel qui va nous intéresser. Ce

travail est peu connu par les patients car ils ne savent pas forcément que les

émotions peuvent s’inscrire dans le corps. Le corps et l’esprit ne font qu’un pour

créer un individu en mouvement. L’esprit dicte les mouvements du corps mais

lorsqu’une émotion est trop forte pour être gérée immédiatement, le corps peut la

« stocker » afin que l’individu ne soit pas « submergé ». Il se crée ainsi une sorte

de « mémoire tissulaire ». Si par la suite cette émotion n’est pas exprimée,

évacuée, elle peut créer de véritables zones de blocage. C’est ce qu’on appelle la

somation. Célia nous cite des métaphores populaires qui regorgent d'exemple de

somatisation « avoir quelqu’un dans le nez » qui signifie ne plus supporter

quelqu’un, « en avoir plein le dos » qui veut dire en avoir marre, « avoir le cœur

gros » montre qu’on est triste. En travaillant sur les tissus du corps, nous libérons

les tensions et les émotions emmagasinées. 3

1 P49 et P52 2 P50 3 P54

30

Nous connaissons bien en tant qu’ostéopathe, la métaphore de la dure-

mère et le collier de perle. Célia reprend cet exemple dans son ouvrage pour

montrer les liens entre le crâne, la colonne vertébrale et le sacrum. Rappelons que

le fil central serait la dure-mère et les perles la colonne. Voilà ce qu’elle nous dit

« si un problème au niveau du crâne ou du bassin, entraine une tension de la dure-

mère… le fil devient trop court, les perles perdent leur mobilité et le collier

devient rigide sur toute la longueur. Cette rigidité empêche la colonne d’absorber

normalement les contraintes et crée des pertes de mobilité et des douleurs.

C’est ce qui se produit lors de ce qu’on appelle « wiplash » comme le coup du

lapin ou la chute sur les fesses ». Voici comment justifier un travail sur le crâne

ou sur le bassin lorsque la douleur se trouve à l’opposé.1

Cet ouvrage est vraiment intéressant car on peut reprendre des exemples

cités pour expliquer à nos patients notre démarche thérapeutique. Nous

retrouvons tous les principes, les techniques, le déroulement de la consultation,

vraiment l’essentiel de l’ostéopathie. Par ses métaphores, mais également par les

images qu’elle utilise, elle nous donne un outil remarquable pour construire une

bonne communication avec le patient. A nous de les utiliser à bon escient…

1 P61

31

-III- Quelques métaphores : notre pierre à l’édifice

Dans cette dernière partie, nous allons vous faire partager les différentes

métaphores que nous pouvons utiliser pour expliquer notre démarche

ostéopathique. Nous commencerons par les principes de l’ostéopathie, puis ce que

nous appelons la lésion ostéopathique. Nous étudierons aussi les métaphores que

nous pouvons employer pour les techniques de correction. Nous irons faire un

tour du côté du patient qui peut utiliser des métaphores pendant l’anamnèse. Puis

nous finirons par les conseils que nous pouvons donner au patient.

1. Les métaphores sur la vision ostéopathique du

fonctionnement corporel

Les principes

L’ostéopathie est une thérapie manuelle non conventionnelle. Cette discipline est

basée sur plusieurs principes.

Le premier est que le corps forme un tout. Toutes les structures sont reliées entre

elles. Il faut étudier le patient dans sa globalité et non le diviser en parties.

Le deuxième point important est que la structure gouverne la fonction. Si la

structure est « endommagée », l’organe ne peut pas assurer sa fonction.

Le dernier principe est l’homéostasie, le corps a tous les outils pour se soigner,

nous l’aidons à retrouver un équilibre.

A travers les différentes métaphores qui vont suivre nous avons voulu illustrer ces

principes.

L'ostéopathe considère le patient comme un tout: le corps et l'esprit. L'un a

besoin de l'autre pour exister. Un corps sans esprit est un corps sans vie. Dans le

coma, le corps est toujours en mouvement, les organes fonctionnent mais rien ne

l'anime. Alors n'oublions pas, nous ne sommes pas qu'un esprit qui se meut mais

un esprit et un corps qui font de nous une personne vivante.

32

Les structures du corps déterminent sa forme, ses positions et ses

mouvements. Elles sont formées par ce que nous appelons au sens large les tissus

conjonctifs issus d'une même matrice embryonnaire. Ils se différencient par leur

constitution leur donnant chacun une fonction différente. (Exemple de deux

couteaux : vous allez dire : ils ont la même fonction: couper mais un couteau à

poisson ne coupera pas de la viande, ainsi leur structure influence la fonction). Ce

sont en plus des muscles, leurs tendons, les ligaments, les articulations, les

cartilages et les os, les méninges crâniennes et leurs prolongations. Ce sont encore

de grands feuillets qui cloisonnent les muscles, tapissent les viscères comme le

cloisonnement d'une orange. Ils forment également les fourreaux par les canaux

sanguins, lymphatiques et voies nerveuses. Ce tissu est le fascia. Ainsi du plus dur

au plus mou, du plus élastique au plus fibreux, le tissu conjonctif forme la

continuité des structures pour bouger et vivre. Cette continuité des structures

induit l'influence des structures les unes sur les autres. Les systèmes

communiquent et de ricochet en ricochet les influences peuvent se transmettre

dans tout l'espace du corps, dans tous les domaines de la vie.

Le système circulatoire, sanguin, lymphatique, le système glandulaire,

l'appareil digestif et excrétoire, respiratoire forment la machinerie d'entretien. Les

transmissions nerveuses assurent une adaptation constante entre les besoins des

structures et leur machinerie d'entretien et les possibilités du milieu intérieur et

extérieur. Ensuite une navette d'information et d'ordres fait fonctionner la

machinerie d'entretien qui fournit les nutriments aux structures dans les

proportions voulues. Ne semble-t-il pas évident qu'un nerf gêné dans son parcours

par une compression ou une distorsion verra sa fonction de transmission altérée,

qu'une veine ou vaisseau lymphatique gênés dans leur parcours ne peuvent pas

assurer normalement leur fonction de drainage sanguin ou lymphatique, qu'une

articulation dont la mécanique profonde est altérée ne peut fonctionner

normalement et perturbera l'ensemble des structures qui en dépendent.

33

Exemple ampoule/éclairage:

Si le fil courant est pincé dans son trajet il ne peut assurer son rôle correctement

l'ampoule clignotera ou ne s'allumera pas. On pourrait être amené à changer

l'ampoule (à traiter l'organe récepteur) mais le problème reviendrait, il faut alors

investiguer les voies de transmissions de l'information qui permettent à la base le

bon fonctionnement (vascularisation, drainage, innervation...).

Une fois les communications établies sans entraves, nous faisons confiance au

corps pour s'auto guérir.

Dans son Autobiographie, Still postule que le système corporel vivant

possède l’aptitude inhérente à s’auto entretenir, à s’auto réguler et même à s’auto

guérir, pourvu que les dérangements de nature mécanique qui l’en empêchent

soient levés. Voici des exemples de tous les jours qui permettent d’illustrer ce

principe d’autorégulation :

Il fait trop chaud : je transpire, l’évaporation de la sueur brule de l’énergie

et cette perte me rafraichit.

Il fait froid : je frissonne et cette activité musculaire appelle le sang et

l’énergie.

Une attaque microbienne sévère provoque une poussée de température très

inconfortable aux microbes. Une attaque virale se heurte à des anticorps produits

tout exprès.

Le sang se coagule au niveau des plaies, l’ossification réduit les fractures.

Voilà ce que nous dit Viola Frymann dans The Philosophy of Osteopathy [13]:

« Moi le praticien, je ne peux guérir la plus simple des blessures, mais je peux

nettoyer la plaie et enlever les débris, en rapprocher les bords et empêcher la

contamination. Je ne peux guérir la fracture, mais en rétablissant une relation

anatomique normale et en la protégeant des mouvements traumatisants, je

procure à la fracture les meilleures conditions pour les processus de réparation.

Il peut être nécessaire d’enlever une tumeur ou un calcul ou quelque autre entité

pathologique, mais une fois cela fait, le chirurgien doit se fier à son invisible allié

chez le patient, pour mettre en œuvre les processus de guérison ».

34

La lésion ostéopathique :

La lésion affecte toujours le mouvement avant de faire mal, avant de gêner

les organes, avant de gagner des zones, de se multiplier en nombre et en étendue,

et d’attaquer tous les domaines. Les déséquilibres, dérangements, dérèglements ou

« grippage » des articulations sont les principaux points de départ des lésions, ils

sont eux-mêmes causés par les traumatismes ou agressions venus de l’extérieur,

ou encore par le déséquilibre d’une fonction interne. Nous avons tous un grand

nombre de lésions ostéopathiques. Ne se révèlent que celles qui sont très

sollicitées pas nos mouvements. Notre corps en friche laisse dormir les autres

immobiles, et silencieuses. (Parfois on se cogne quelque part sans qu’on fasse

attention. L'ecchymose sera là pour nous le rappeler lorsqu’on sollicitera cette

partie du corps mais on ne saura pas forcément quand c’est arrivé).

La lésion ostéopathique est présente dès que les éléments structurels commencent

à se mouvoir d’une façon légèrement anormale sans qu’il y ait, au moment où elle

survient, d’altération des tissus. Plus tard, si le dieu de l’évolution morbide est

plus fort que le dieu de l’autorégulation, on verra les tissus s’altérer de proche en

proche. [14]

La douleur est une mesure de protection, elle s’adresse à notre subconscient et lui

permet de décider d’arrêter telle ou telle activité, le corps tire le signal d’alarme.

Les contractions-contractures, elles, évitent à l’articulation de ressembler à un

casse-noisette un peu lâche qui finit par se disloquer. Le corps se verrouille afin

de se protéger.

Dans le cas du traumatisme continu ou répété, le schéma anormal s’intensifie et

s’étend, envahissant de proche en proche d’autres régions (effet domino).

Ecouter son corps, sentir ce qui est anormal en lui, ne pas le forcer, ne pas laisser

s’installer le mal, sont les règles élémentaires de santé, comme l’hygiène de vie.

35

Rôle de l’ostéopathe :

L’ostéopathe est le mécanicien qui vérifie le bon fonctionnement du

véhicule, si besoin il réoriente pour réparer, ou effectuer plus d’analyses.

Le mécanicien connait le fonctionnement et l’organisation du véhicule. Il réajuste

le réglage anormal trouvé vers le réglage optimal de mécanismes normaux

existant dans l’atelier de réparation.

Le mécanicien prend en compte tout le véhicule, il sait que chaque pièce a une

fonction différente et qu’elles ont toutes une influence sur les autres et surtout sur

le bon fonctionnement du véhicule.

L’usure des pneus peut être due à un problème de direction ou un équilibrage des

pneus mal effectué. Autre exemple, un excès de consommation d’huile peut être

dû soit à un turbo qui ne fonctionne plus très bien, à une combustion moins

efficace, un défaut d’étanchéité… Comme pour le corps la cause d’une même

plainte peut être due à l’atteinte de différentes structures c’est pour cela que

l’ostéopathe est amené à s’intéresser à tout le corps et pas uniquement à la zone de

douleur.

Le mécanicien doit également prendre en compte l’environnement, si le véhicule

reçoit une essence de qualité ou non, si l’état et l’usage du véhicule sont en

corrélation. Un véhicule qui ne serait pas équipé pour aller en montagne pourrait

avoir des difficultés pour s’y rendre ou tout simplement se dégrader. (Exemple: le

port de chaussures inadaptées peut entrainer des tendinites).

2. Métaphores sur les techniques employées en ostéopathie

Une fois que l’ostéopathe a trouvé les déséquilibres du corps, il va pouvoir

traiter le patient afin qu’il retrouve une harmonie. Durant ses études, il a étudié

différentes techniques. Il a une palette de techniques c’est à lui de faire son choix

selon la vision qu’il a du patient. Chaque praticien a une vision différente. Nous

en détaillons quelques-unes.

36

Les techniques d’énergie musculaire.

Il s’agit de relâcher la ou les contractures musculaires qui maintiennent

une articulation en lésion. Cette techniques permet à la vertèbre d’être libérée des

tensions musculaires et retrouve sa mobilité. En décontractant un muscle, les

techniques d’énergie musculaire le ramènent à sa longueur normale.

Un muscle trop faible remplit mal son rôle protecteur au niveau des articulations.

En combinant la longueur du muscle et l’intensité de contraction, nous pouvons

tonifier des muscles en douceur et aussi empêcher le retour de lésions corrigées.

Les techniques d’aggravation : technique de fascia

Les principes qui les animent sont l’auto guérison, l’homéostasie, la

volonté du corps de retrouver un équilibre. Les fascias enregistrent les forces

traumatiques et tentent de les intégrer dans leur propre dynamisme (ces forces

peuvent être un coup, une contracture maintenue, un blocage etc). Les tissus

peuvent être submergés par un arrivage de forces trop massif ou trop rapide et le

rôle de l’ostéopathe alors de recréer les conditions où les fascias pourront diriger

les forces à leur propre rythme et selon leurs propres qualités. Très

schématiquement, le praticien va maintenir l’articulation lésée dans le sens où elle

ne crée pas de douleur. C’est le point sans tension où les membranes sont

équilibrées. Mais l’anormal de position et les nécessités de la vie font qu’on le

perd sans cesse. L’ostéopathe va rechercher cette position neutre. Les membranes

et les ligaments sont alors maintenus dans cette position équilibrée jusqu’à ce que

l’irritation cesse et que l’homéostasie réalise un retour normal de la circulation et

l’innervation. La position utile se déplace au fur et à mesure du processus

d’homéostasie. Quand les tissus ont repris vie, les tensions ont disparu,

l’articulation est mobile.

37

Les techniques de trust (hvba : haute vélocité, basse amplitude)

Elles agissent directement sur l’articulation à corriger. Nous prenons

l’exemple de la lésion d’une vertèbre. Une surface articulaire ne joue plus son

rôle, soit elle reste accrochée à sa voisine et la suit partout, soit parce qu’elle s’en

est trop écartée dans un mouvement extrême et qu’elle ne parvient plus à s’en

rapprocher. Il faut agir directement sur les facettes articulaires pour les séparer ou

les rapprocher. On remet dans de bons rapports les facettes articulaires. La

pression est légère, puisqu’il s’agit d’aller dans le bon sens, de faire réintégrer le

normal. Cette mobilisation reste toujours à l’intérieur des limites physiologiques.

Nous assimilons les techniques à la navigation et l’arrivée dans un

équilibre du corps à la navigation jusqu’à l’ile de l’équilibre.

Technique fasciale : nous embarquons sur une barque, nous sommes emportés par

le courant des fonds marins. Ce courant nous emmène dans des lieux différents

selon la profondeur, la densité que l’on suit. Nous sommes arrivés à destination

lorsque le courant s’arrête. Dans la technique nous suivons les mouvements des

fascias pour qu’ils se libèrent nous les soutenons dans leur voyage.

Technique d’énergie musculaire : nous embarquons sur un voilier, nous allons

nous aider des voiles afin d’aller où l’on souhaite. En dirigeant la voile dans le

bon sens nous bénéficions des vents pour nous diriger vers l’ile de l’équilibre.

Nous utilisons les muscles pour diriger le corps dans un équilibre.

Technique de hvba : nous embarquons dans un bateau à moteur, nous passons

outre les vents et les courants. Nous prenons le chemin le plus court et plus

rapidement en évitant les embuches à l’aide des connaissances des lieux

(connaissance de l’anatomie). Nous utilisons une force extérieure au corps afin de

réintégrer les structures dans le normal.

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L’art du praticien est de comprendre l’enchainement du mécanisme des

lésions dans le temps et de commencer par ce qui est le plus nécessaire avec les

techniques les plus appropriées. Il doit en quelques sortes dérouler ce qui a été

enroulé mais la pelote a plusieurs fils et pour tirer le plus efficace il ne compte pas

sur le hasard.

3. les métaphores que nous pouvons retrouver pendant la

consultation

Nous allons voir les métaphores que nous pouvons trouver lors d’une

consultation ostéopathique. Tout d’abord nous allons parcourir celles que le

patient peut utiliser pour exprimer son état lors de l’anamnèse. Nous les avons

triées de façon à nous orienter dans notre consultation. Nous aurons les

métaphores autour des signes digestifs, l’état général, l’état émotionnel du patient

mais également son état intérieur.

Ensuite, nous allons voir ce que nous pouvons dire aux patients pour qu’ils

comprennent et appliquent nos conseils.

a) Lors de l’anamnèse

Il est parfois difficile pour le patient d’exprimer tout ce qu’il ressent,

comment il vit avec sa douleur. Il ne sait pas ce qui est important pour nous et ce

qui ne l’est pas. Sans le savoir, il va oublier certains détails qui peuvent faire la

différence. C’est à nous en tant que thérapeute de creuser un peu plus afin

d’obtenir les informations qu’il nous faut. Comme un inspecteur nous faisons

notre enquête, nous relevons tous les indices afin de nous donner des pistes sur les

causes de perturbation structurelle, qu’elles soient anciennes ou récentes, directe

ou secondaire, déterminante ou imbriquées aves d’autres facteurs. Tous les

évènements recherchés participent de près ou de loi au problème.

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Lorsque nous avons fait le tour des éléments qui nous permettent de cerner

la douleur (durée, intensité, leur apparition, leur progression), nous allons nous

intéresser au corps globalement notamment aux différentes sphères : urinaire,

digestif, cardio-pulmonaire, céphalique. Mais souvent le patient ne comprend pas

pourquoi nous voulons savoir tout ça, qui n’a aucun lien avec son motif de

consultation à leurs yeux. De plus, les patients vivent avec certains symptômes

depuis longtemps, ils oublient qu’ils existent sauf si on met le doigt dessus lors de

l’anamnèse.

Les signes digestifs

Les signes digestifs sont souvent difficiles à aborder car ils font partie de

l’intimité des gens. Au début de leur apparition, ils peuvent nous gêner mais au

fur et à mesure nous vivons avec. Ils nous paraissent normaux, comme pourrait le

dire les patients : « je le suis depuis toujours », « ça fait tellement longtemps que

je ne sais pas quand ça a commencé ».

Les patients sont alors amenés à utiliser certaines expressions pour

exprimer leurs maux de ventre. Nous allons voir quelles peuvent être ces

métaphores. Nous allons les décrire en partant du haut du tube digestif vers son

extrémité inférieur. Elles vont nous permettre de nous diriger vers une partie de la

sphère digestive que nous irons examiner ensuite lors de nos tests. C’est une

indication en aucun cas elles permettent un diagnostic.

Cela me soulève le cœur écœurer, dégouter

Avoir mal au cœur avoir des nausées

Avoir le cœur sur le bord des lèvres être prêt à vomir, nauséeux

Lorsque les patients s’expriment avec ces mots, nous allons explorer

d’avantage ce symptôme afin de comprendre mieux pourquoi il est présent.

J’ai encore mon repas sur le cœur/sur l’estomac mauvaise digestion

Ce plat m’est resté sur l’estomac pas digéré

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Nous demanderons alors au patient s’il digère mal tous ses repas ou si

c’est dû uniquement à un type d’aliment comme les repas gras. Qui nous

orienteraient peut être vers une dysfonction du foie.

Avoir le corps lâche souffrir de diarrhée

Etre bloqué dans le coude souffrir de constipation

Nous fouillerons alors l’alimentation du patient s’il mange en grande

quantité des fibres qui induiront d’avantage les diarrhées, ou s’il ne mange que

des féculents et des protéines qui seraient plus propice à la constipation.

L’état général du patient

Il est important pour nous de voir le patient dans sa globalité. Pour cela,

nous nous intéressons à l’état général du patient. La fatigue peut être la cause d’un

état de surmenage du corps pouvant provoquer des lumbagos ou des torticolis. Ils

se déclarent souvent lors d’un mouvement anodin de la vie quotidienne comme se

coiffer, porter un sac, se lever d’une chaise…

Etre/mettre sur les dents être surmené, épuisé ou excédé / exténuer, harasser

En avoir plein le dos être excédé, en avoir assez

Etre sur les genoux être très fatigué

Avoir les jambes en coton, jambes molles être fatigué

Ne plus avoir de jambe être fatigué, ne plus sentir ses jambes

Etre sur les rotules être très fatigué

L’état émotionnel du patient

Les patients peuvent venir dans notre cabinet pour une douleur quelconque

mais il peut arriver que cette douleur soit l’expression du corps. Le corps

emmagasine les chocs qu’ils soient physique ou psychologique. Lorsqu’il ne peut

plus être en état d’équilibre c’est là que le symptôme apparait. Nous allons voir

quelles peuvent être les métaphores employées pour décrire l’état psychologique

de nos patients.

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Inquiétude :

Se faire de la bile s’inquiéter, se tourmenter

Se faire des cheveux blancs se faire du souci

Se faire du mauvais sangs’inquiéter, se tourmenter

Se faire un sang d’encrese faire du souci

Se ronger les sangs se faire beaucoup de souci

Avoir des sueurs froidesavoir peur

Avoir la boule au ventreavoir peur

Se faire dessusavoir peur

Désespéré/Découragé :

Baisser les bras renoncé à agir, à poursuivre une action entreprise

S’arracher les cheveux être désespéré

Se casser les dents échouer

Courber le doscéder, se résigner

Se casser le nezéchouer

L’avoir dans l’ossubir un échec, éprouver une déception, se faire berner

La colère :

Serrer les dents de colère, de douleur

Avoir les nerfs en boule être très énervé

Perdre son sang-froidperdre la maitrise de soi

La rage au ventreêtre énervé

J’ai une dent qui me taquineêtre agacé

En avoir plein le dosêtre excédé, en avoir assez

La peine/la tristesse :

Avoir le cœur grosavoir de la peine

Ce qu’il m’a dit m’est resté sur le cœurgarder du ressentiment

Cela me crève le cœurcela me fait de la peine

En avoir gros sur le cœur être très triste, avoir beaucoup de chagrin, ressentir de

la rancune

Cela m’est resté sur l’estomac j’en garde du ressentiment

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Cela m’est resté en travers de la gorge garder du ressentiment

Mon sang n’a fait qu’un tourj’ai été bouleversé

Autres :

Avoir quelqu’un ou quelque chose sur les bras être obligé de s’en occuper

Avoir les bras mortsavoir mal au bras, les bras fatiguées

Avoir du cœur au ventre avoir de l’énergie, du courage

Etre sur les dentsêtre très occupé

N’aller que d’une jambealler mal

S’en laver les mainss’en décharger

Avoir les nerfs à fleur de peau être très irritable

Avoir bon pied bon œilêtre encore solide, agile et avoir une bonne vu

Ne dormir que d’un œil, ouvrir l’œil et le bonêtre vigilant

Ne pas savoir sur quel pied danserne savoir que faire, hésiter

Par ses métaphores, nous pouvons parfois mettre le doigt sur une

somatisation du patient. Le patient met un symptôme dans son corps à la place de

« sortir ce qu’il a sur le cœur », Freud appelle ce phénomène, la conversion

hystérique. Malheureusement ce qui a été stocké dans la mémoire tissulaire

entrainant ces douleurs est inconscient, le patient ne nous dira jamais par lui-

même j’ai mal à cause d’un conflit avec…, ou j’ai perdu quelqu’un, depuis cette

douleur est apparue. C’est à nous, par l’intermédiaire des métaphores de repérer

ce qui se cache derrière ces mots.

b) Métaphores sur les conseils donnés au patient en fin de consultation

Nous pouvons parfois avoir des patients qui peuvent venir chez nous après

avoir rencontré d’autres praticiens de santé ou d’autres ostéopathes. Ils peuvent

être amenés à comparer les différentes approches de chacun et ne comprennent

pas toujours pourquoi nous ne trouvons pas la même chose et que nous n’avons

pas la même démarche thérapeutique. Nous pouvons alors leur expliquer que

lorsque nous promenons dans la nature nous n’observons pas tous la même chose.

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Le touriste fera uniquement attention aux paysages alors que le botaniste

observera attentivement la flore et les différentes espèces.

C’est le même principe pour nous ostéopathes et les autres professionnels, selon

notre attention et nos intentions nous observerons des choses différentes sur un

même patient.

Les nouveaux patients que nous recevons dans nos cabinets ne connaissent

pas forcément les principes sur lesquels notre art de soigner se repose. Ils peuvent

être alors surpris qu’on examine toutes les parties du corps ou une zone totalement

opposée à celle où ils ont mal. Nous pouvons alors reprendre les métaphores

décrites précédemment pour les principes.

Si on prend exemple du système artério-veineux permettant le transport de

sang qu’on assimile à une route emprunter par des voitures (nutriments,

globules…). Lorsque des embouteillages apparaissent le flux est arrêté sur cette

route en amont du problème, des déviations sont alors créer pour permettre de

désengager les axes. Sur certaines routes, nous retrouvons un excès de véhicule,

d’autre un arrêt complet et certaines sont non-empruntées.

C’est en regroupant ses informations que nous allons connaitre le lieu du

problème. C’est le même principe pour le système artério-veineux nous ne devons

pas nous intéresser au lieu où il y a un excès de flux, ni uniquement à celui où le

flux ne se fait pas correctement mais il faut assimiler toutes les informations

possibles. Il faut alors explorer toutes les routes du territoire pour en connaitre

l’état et les problèmes à traiter en priorité pour permettre le passage de toutes les

informations.

Comment expliquer au patient l’arrivée d’un symptôme ?

L’incompréhension est souvent présente lorsqu’il se trouve « bloqué » suite un

mouvement de tous les jours (type lumbago en sortant de la baignoire, torticolis

en se séchant les cheveux…). Le corps est comme un vase qui se rempli d’eau.

Lorsque l’accumulation est trop importante et que le vase est plein, on atteint un

niveau critique. La goutte d’eau de trop (ex : faux mouvement) fait déborder le

vase.

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Nous pouvons également utiliser cette métaphore lorsque nous parlons de

prévention. Nous vidons le vase pour ne pas atteindre le niveau critique.

Il est important de prévenir les patients de ce qu’il va se produire pendant

les heures voir les jours à venir. Ils ont besoin d’être rassurés. « Il se peut qu’il y

est des effets secondaires, ça dépend des gens. Lorsqu’ils sont présents c’est bon

signe c’est que ça travaille en profondeur. Ça peut durer jusqu’à une semaine

voire plus. Ne vous inquiétez pas. Vous pouvez avoir plus de douleur ou d’autres

douleurs pendant quelques jours. Vous sentir fatigué. Tous ces effets sont le

résultats du corps qui cherche un nouvel équilibre autour des informations qu’on

lui a donné ». Nous leur rappelons que nous sommes là pour aider le corps à

retrouver un équilibre mais que c’est le corps qui s’autorégule.

Le corps en bonne santé s’auto guérit, nous sommes en contact de milliers

de bactéries chaque jour et pourtant nous ne sommes pas malade. Le corps se

défend tout seul. La maladie vient lorsque le corps n’a pas assez de ressources

pour lutter contre l’ennemi, un manque d’artillerie, d’hommes pour combattre. Il

se trouve piégé. Certains médicaments ou intervention médicale permettent au

corps d’avoir le plus de moyens possible pour se battre mais seul lui est sur le

champ de bataille.

L’orthopédiste qui opère pour une fracture a conscience d’aider le corps

mais en aucun cas il accomplit le travail le travail du corps. Les cellules de

reconstruction vont permettre à l’opération d’être efficace. Sans consolidation,

l’orthopédiste n’aura pas abouti à un équilibre du corps. Son aide n’aura servi à

rien.

Notre démarche ostéopathique ne s’arrête pas à la consultation, il faut

également guider le patient afin que le traitement soit efficace, et qu’il ne revienne

pas pour la même douleur dans quelques mois.

Les pathologies tendino-musculaires type entorses, tendinites sont

difficiles à traiter car les patients ont du mal à arrêter leurs activités. Nous allons

voir quelques petites phrases qui peuvent nous aider dans la consultation.

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Commençons par les sportifs. Aujourd’hui de en plus en plus de gens se

mettent au sport et cherchent à dépasser leurs limites rapidement. Le sport est

devenu un effet de mode pour certains, un défouloir mais également une passion

pour d’autres. Les sportifs sont des patients exigeants et impatients, ils veulent des

résultats vite et ne veulent pas arrêter leur activité ou le moins possible. Mais

malheureusement ils sont touchés par les tendinopathies nécessitant pour les

moins graves 3 semaines d’arrêt d’une activité physique jusqu’à 2 mois pour les

chroniques. Que pouvons-nous leur dire pour qu’ils arrêtent leur activité

lorsqu’une immobilisation est nécessaire ?

Nous pouvons alors utiliser des anecdotes comme le fameux destin du

joueur de foot du Brésil Ronaldo. « C’était un professionnel, il avait une pression

importante sur ses épaules, des millions étaient en jeu. Il a continué à jouer alors

qu’il était souvent blessé. Lors d’un match il se rompt partiellement le tendon

rotulien. Il reprendra les matchs officiels cinq mois après. Il n’a pas eu assez de

repos pour que son corps puisse supporter le surmenage psychologique et

physique. C’est après sept minutes de jeu qu’il s’effondre sur la pelouse, son

tendon n’avait pas eu le temps de se consolider il se rompt complètement. »

On peut alors ajouter au patient. « C’est important pour vous le sport mais

c’est peut être mieux de s’arrêter trois semaines que risquer la rupture et

l’immobilisation pendant plus de six mois et ne jamais retrouver votre niveau

sportif actuel ».

Nous pouvons également donner l’exemple d’un ami qui faisait du vélo. Il

pratiquait ce sport tous les jours. Il ne connaissait pas ses limites. Il se reposait

rarement car pour lui le sport passait avant tout. Jusqu’au jour, en allant au travail,

en montant tranquillement les escaliers il entendit un craquement et s’écroula. Son

tendon d’Achille s’est rompu. Il a fallu attendre six mois pour qu’il puisse

remonter sur son vélo. L’état physique est important mais le repos l’est encore

plus, il permet une bonne récupération et la réparation des micro-déchirures

possibles.

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- Un mauvais parallélisme entraine une usure des pneus. En réaxant les différentes

structures du corps nous évitons d’abîmer le tendon.

- Un bon équilibre nécessite de bonnes fondations.

Nous pouvons également utiliser des anecdotes comme nous l’avons fait

précédemment pour cas. Nous racontons l’histoire de quelqu’un qui a la même

chose que notre patient et nous changeons la fin, pour qu’elle soit différente de lui

et le pousser à faire ou ne pas faire quelque chose. Comme ça il ne sent pas visé

personnellement, il a juste d’autres exemples à portée de main. Nous devons juste

redonner du pouvoir au patient dans sa guérison « ce qu’on a fait aujourd’hui

c’est 50% du chemin, le reste c’est ce que vous allez faire ou ne pas faire dans les

jours qui vont suivre ». Nous pouvons terminer sur ces quelques mots … « nous

n’avons rien sans rien » et « on récolte ce qu’on sème ».

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Conclusion

La communication est essentielle dans la vie de tous les jours et tout

particulièrement dans notre profession. Nous passons beaucoup de temps avec les

patients et nous rentrons dans leur intimité par le fait qu’ils soient en sous-

vêtement mais également parce que nous avons besoin de plus d’informations

possibles sur eux afin de mieux les comprendre et les prendre en charge dans leur

globalité. Nous avons vu que créer une communication complète était difficile

mais que nous avions des outils à notre disposition pour y remédier.

Comme nous l’avons vu dans la première partie, les métaphores sont des

outils linguistiques qui permettent d’utiliser des mots de tous les jours pour

décrire des choses abstraites. Elles permettent ainsi une meilleure visualisation et

une compréhension pour le patient comme pour le praticien. Elles permettent

aussi de détourner le conscient pour atteindre l’inconscient, ainsi nous

communiquons avec le patient dans sa globalité aucune zone n’est mise à l’écart.

Nous avons pu voir tout au long de la deuxième partie des exemples de

métaphores qui se construisaient autour de l’ostéopathie. Andrew Taylor Still

s’adresse dans son autobiographie à ses étudiants. Ainsi par les métaphores il fait

découvrir l’ostéopathie sous un nouvel angle et permet de visualiser des

mécanismes du corps souvent peu connu par des jeunes étudiants mais également

par les patients. Nous avons pu remarquer que dans son ouvrage Still utilisait un

vocabulaire qui était propre à sa vie, mais que ces images « parlent » également à

beaucoup de gens.

Célia Le Dressay par son ouvrage à fait découvrir l’ostéopathie dans sa

simplicité. Elle permet à tout lecteur quel qu’il soit de s’imprégner de l’esprit

ostéopathique. La bande dessinée permet d’aborder tous les principes, les

techniques, le déroulement de la consultation. Par ses métaphores, mais également

par les images qu’elle utilise, elle nous donne un outil remarquable pour

construire une bonne communication avec le patient. Nous pouvons facilement

reprendre son ouvrage mais également les images ou les métaphores qu’elle

emploie. Nous garderons à l’esprit la fermeture-éclair, la machine à laver et le

voyage en bateau.

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Ensuite nous avons pu voir toutes les métaphores que nous pouvions

rencontrer dans notre consultation. Elles peuvent être l’expression des patients et

dans ce cas-là nous devons être vigilants car elles nous permettent d’en savoir

plus sur l’état du patient, sur sa symptomatologie. Elles peuvent nous informer sur

une zone en souffrance alors que nous n’y avions pas fait attention auparavant.

Nous avons vu aussi qu’elles nous étaient utiles pour rassurer le patient, les guider

après la consultation et de les impliquer dans leur guérison.

Nous pouvons donc retenir que les métaphores peuvent être un outil

linguiste pour améliorer la communication entre le patient et son praticien. Elles

permettent d’utiliser un même vocabulaire et créent ainsi un échange plus facile.

Elles permettent de faire passer un message, une information complexe.

Il serait intéressant de poursuivre cette étude en analysant les écrits des

grands noms de l'ostéopathie comme WG Sutherland, Littlejohn, Fryette... et

vérifier si ceux ci utilisaient des métaphores pour se faire comprendre de leur

contemporain.

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Bibliographie

[1] L. Costantino, Guide pratique de la communication avec le patient: techniques, art

et erreurs de la communication, Masson, 2007, p8.

[2] L. Costantino, Guide pratique de la communication avec le patient: techniques, art

et erreurs de la communication, Masson, 2007, p25.

[3] Le petit Larousse, 1999.

[4] I. Oliveira, Nature et fonction de la métaphore en science, exemple de la

cardiologie, paris: l'harmattan, 2009, p34-35.

[5] I. Oliveira, Nature et fonction de la métaphore en science: l'exemple de mla

cardiologie, paris: l'harmattan, 2009, p22.

[6] F. Estienne, Utilisation du conte et de la métaphore, Paris: Masson, 2001, p4.

[7] P. Longin, Agir en leader avec la PNL, Paris: Dunod, 2006, p138-140.

[8] F. Estienne, Utilisation du conte et de la métaphore, Paris: Masson, 2001, p13.

[9] F. Estienne, Utilisation du conte et de la métaphore, Paris: Masson, 2001, p4.

[10] F. Estienne, Utilisation du conte et de la métaphore, Paris: 2001, 2001, p1.

[11] A. T. Still, autobiographie, Sully.

[12] L. d. C., L'ostéopathie pour tous, Vannes: Sully, 2010.

[13] V. fryman, The philosophy of osteopathy, p282.

[14] L. Issartel, L'ostéopathie exactement, p65.

[15] P. Watzlawick, La langage du changement, New york: Seuil, 1980.

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Résumé :

Dans notre profession, la communication est très importante car nous

avons besoin de toutes les informations nécessaires afin de prendre en charge le

patient dans sa globalité et lui faire comprendre notre façon de le traiter.

Malheureusement nous rencontrons souvent des problèmes car nous n’utilisons

pas le même langage. Pour pallier à ce problème, nous avons pensé que les

métaphores étaient un outil linguistique intéressant. Pour cela, nous avons étudié

leurs différentes structures et leurs fonctions. Ensuite nous avons étudié deux

livres à la recherche de métaphores expliquant de façon simple ce qu'est et

comment agit l'ostéopathie. Le premier est écrit par Andrew Taylor Still, son

autobiographie et le deuxième une bande dessinée écrit par Célia Le Dressay. Et

pour finir, nous avons tenté d’apporter notre « pierre à l’édifice » en proposant au

lecteur quelques métaphores pouvant, il nous semble, être aidante pour

l’ostéopathe lors de certaines consultations.

Mots clés : communication, outil linguistique, métaphore.

Summary:

In our profession, communication is very important because we need all

the information necessary to support the patient as a whole. Unfortunately we

often encounter problems because we do not use the same language. To overcome

this problem, we thought the metaphors were an interesting language tool. For

this, we studied their different structures and functions. Then we studied two

books in search of metaphors. The first is written by Andrew Taylor Still, her

autobiography and the second a comic written by Celia Le Dressay. And finally,

we have illustrated the different metaphors that we could meet in our

consultations. The metaphor is a tool to visualize and explain abstract things to

patients. It creates a more complete communication.

Keywords: communication, language tool, metaphor.