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1 L’Institut Dauphine d’Ostéopathie, Etablissement agréé par le Ministère de la Santé En partenariat avec le Federal European Register of Osteopaths MEMOIRE n° 49 Mémoire en vue de l’obtention du diplôme d’Ostéopathe (D.O) Présenté et soutenu publiquement le………….à Paris par Mlle KWAI-PUN Yung Zhen, née le 14/08/1990 Influence de la pratique d’un instrument de musique sur la présence, le centrage, l’attention et la palpation en ostéopathie Directeur : Monsieur BONIZEC Tristan, Ostéopathe D.O Membres du jury : Président : Assesseurs :

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1

L’Institut Dauphine d’Ostéopathie,

Etablissement agréé par le Ministère de la Santé

En partenariat avec le

Federal European Register of Osteopaths

MEMOIRE n° 49

Mémoire en vue de l’obtention du diplôme d’Ostéopathe (D.O)

Présenté et soutenu publiquement le………….à Paris par

Mlle KWAI-PUN Yung Zhen, née le 14/08/1990

Influence de la pratique d’un instrument de musique sur la

présence, le centrage, l’attention et la palpation en ostéopathie

Directeur : Monsieur BONIZEC Tristan, Ostéopathe D.O

Membres du jury :

Président :

Assesseurs :

2

Note aux lecteurs :

Ce travail personnel a été effectué en vue de l’obtention du Diplôme d’Ostéopathe

au sein de l’Institut Dauphine d’Ostéopathie, promotion 2014.

Ce document ne peut faire l’objet d’une publication en tout ou pour partie sans

l’accord de son auteur.

3

Remerciements :

Je tiens à remercier sincèrement Tristan Bonizec pour son aide, son engagement et

son investissement tout au long de l’élaboration de ce travail, il a su me conseiller

et m’orienter avec finesse.

Je remercie également tous les étudiants qui ont participé à cette étude, ils se sont

montrés disponibles et enthousiastes à chaque étape.

4

SOMMAIRE

Introduction .................................................................................................... 7

Partie I. PRESENTATION ................................................................... 9

A. La sensibilité tactile ........................................................................... 9

1. Définition .............................................................................................. 9

2. Récepteurs somesthésiques ................................................................. 11

3. Voies de transmission de l’information .............................................. 13

B. La perception haptique ................................................................... 15

1. Définition ............................................................................................ 15

2. Récepteurs proprioceptifs ................................................................... 16

3. Propriétés de reconnaissance des matériaux ....................................... 17

4. Voies de transmission de l’information .............................................. 18

C. Le centrage ........................................................................................... 18

1. Définition ........................................................................................... 18

2. Mise en place ..................................................................................... 18

D. L’attention............................................................................................. 20

1. Définition ............................................................................................ 20

2. Mécanismes et voies neurologiques dans l’attention .......................... 21

5

Partie II. MATERIEL ET METHODES ................................... 23

A. La population concernée ............................................................... 23

1. Choix de la population ........................................................................ 23

2. Spécificités .......................................................................................... 24

B. Critères de sélection des populations ...................................... 25

1. Population source ................................................................................ 25

2. Population témoin ............................................................................... 26

C. Conditions d’évaluation ................................................................. 26

1. Moyens d’évaluation........................................................................... 26

2. Lieu d’évaluation ................................................................................ 30

3. Evaluateur ........................................................................................... 31

4. Protocole ............................................................................................. 31

Partie III. RESULTATS ....................................................................... 36

A. Questionnaire population source ............................................... 36

B. Questionnaire population témoin .............................................. 42

C. Test de palpation du bois ............................................................... 46

D. Test de palpation des cheveux .................................................... 47

Partie IV. DISCUSSION ...................................................................... 48

6

Conclusion ..................................................................................................... 53

Annexes ........................................................................................................... 54

Bibliographie ................................................................................................ 59

Résumé ............................................................................................................. 62

7

Introduction

L’ostéopathie, thérapie manuelle se basant sur la palpation et son

interprétation, m’a amenée à faire le parallèle avec la musique, discipline exacte

où la main est aussi l’outil. En effet, pour l’ostéopathe, comme pour le musicien

ou l’artiste, la main est l’acteur principal, pour l’un comme pour l’autre, elle est

l’instrument de travail et l’outil d’expression de la maitrise de son art.

Des mémoires dans ce domaine sont déjà parus, « Les dysfonctions du

pianiste » de Ludovic Drouet, « La place du toucher et du corps dans

l’ostéopathie », par Marie Descote, ainsi que « Les troubles musculo-squelettiques

du pianiste » par Aurélien Carpentier. Il ne s’agira donc pas de reprendre ce qu’ils

ont fait mais d’essayer de lier leurs sujets, de comprendre en quoi musique et

ostéopathie pourraient être complémentaires. L’étude de la charge affective

impliquée dans la sensibilité dermique, la nature et les fonctions de la peau, ainsi

que ses nombreux mécanorécepteurs, ont été décrits. Enfin l’étude du piano, sa

genèse et les dysfonctions que sa pratique engendre ont été relatés. Dans ce

mémoire, nous chercherons donc à lier la pratique régulière d’un instrument de

musique à la pratique de l’ostéopathie.

Il s’agira ici de s’interroger sur le fait que la pratique d’un instrument de

musique peut profiter à l’ostéopathie, de par l’habituation à une faculté de

centrage et une qualité de main plus importante. Pouvons-nous dire que jouer d’un

instrument est un atout dans cette profession où la main est l’outil du diagnostic

clinique et du traitement ? Si bénéfice il y a, tous les instruments sont-ils

concernés ? Guitariste, pianiste, violoncelliste, ou encore accordéoniste utilisent

chacun leurs mains pour émettre un son, de façon tellement différente que l’on

tachera de savoir si cela influe sur la qualité de main.

Nous partirons donc du principe que le musicien développe une main, mais

aussi une capacité à être attentif et posé, et qu’entre autres, ces capacités sont

profitables à l’exercice de l’ostéopathie.

8

Nous étudierons d’abord la notion de sensibilité tactile avec la perception

haptique qui est mise en jeu lors de chaque contact avec le monde extérieur, et qui

peut être affinée avec la pratique et l’assiduité de tout travail engagé. Nous nous

intéresserons aussi à la notion de centrage, pour comprendre quels mécanismes

nous amènent à être attentifs à ce qu’on fait et « dans nos mains ». Nous ne

pouvons, en effet, pas avoir de portée thérapeutique si nous ne sommes pas

attentifs et concentrés. Mais ne pouvons-nous pas dire que la pratique de

n’importe quel art, à un niveau élevé développe une capacité de centrage

importante ?

A l’aide d’un questionnaire et de tests palpatoires objectifs simples, nous

tenterons de démontrer l’existence d’un lien entre ostéopathie et musique. Le

questionnaire investiguera à la fois la sensibilité tactile, la présence, le centrage et

l’attention, tandis que les tests consisteront à objectiver le toucher et le centrage.

Nous soumettrons ce protocole à une population d’ostéopathes musiciens et

d’ostéopathes non musiciens, selon des critères bien précis et qui feront l’objet

d’une description au chapitre concerné.

9

Partie I. PRESENTATION

Nous différencierons deux perceptions tactiles : la perception cutanée et la

perception haptique. La première fait état d’une stimulation de peau avec une

main immobile, et la seconde d’une stimulation de peau provenant des

mouvements actifs d’exploration de la main entrant en contact avec des objets.1

A. La sensibilité tactile

1. Définition :

La sensibilité tactile concerne la sensibilité du toucher. Elle appartient aux

sensibilités somesthésiques, qui recouvrent différentes sensibilités comme la

sensibilité thermique, la sensibilité proprioceptive et la sensibilité nociceptive.

Elle comprend donc le tact épicritique (tact fin), le tact protopathique (tact

grossier) et la sensibilité thermo algique (sensations douloureuses).

Ces sensations somesthésiques peuvent être superficielles (au niveau de la

peau) ou profondes (au niveau des organes et des muscles).

La sensibilité tactile se caractérise par le fait qu’à l’inverse des autres

sensibilités bien individualisées, celle-ci se répartit sur presque la totalité du corps

via la peau. Bien que répartie sur la totalité du corps, elle n’a pas partout les

mêmes seuils de sensibilité : ainsi le seuil de discrimination spatiale, qui

correspond à la capacité à discriminer spatialement deux stimulations tactiles

1 Edouard Gentaz, La main, le cerveau et le toucher, Belgique, Dunod,

« Cognitive », 2009, p. 1.

10

varie selon la surface de la peau considérée, la partie buccale et le bout des doigts

étant les régions les plus sensibles à la stimulation tactile.

Cette caractéristique est directement liée à la concentration en récepteurs

tactiles, qui atteint au bout des doigts 2500 récepteurs par cm2. La sensibilité

tactile comprend trois qualités : - la pression

- le toucher

- la vibration.

Chacune de ces qualités est liée à des récepteurs différents, appelés

mécanorécepteurs. Sur un plan fonctionnel, ces différents récepteurs ont des

propriétés d’adaptation différentes, caractérisant les différentes modalités tactiles.2

La sensibilité tactile ou somesthésie est dévolue à la connaissance du

monde extérieur immédiat : l’extéroception ; et à celle du corps locomoteur : la

proprioception. La somesthésie a donc trois fonctions principales : protection de

l’intégrité corporelle, perception tactile et musculo-articulaire, et contrôle fin de la

posture et du mouvement. La sensibilité tactile, tout comme la sensibilité

profonde, est supportée par le système lemniscal.

La sensibilité tactile nous permet d’appréhender le monde extérieur,

notamment grâce aux mains, qui vont être le principal vecteur de l’information.

Elles vont être le « radar des perceptions », enregistrer les stimuli qui vont devenir

conscients au niveau du cortex cérébral.

Les troubles de la sensibilité tactile élémentaire sont à l’origine

d’anesthésie, d’hyperesthésie ou d’hypoesthésie, de sensations non douloureuses à

type de fourmillements, de picotements, de ruissellement, de striction,

2 Sy Hung Nguyen, Redha Bourouina, Manuel d’anatomie et de physiologie,

Editions Lamarre, « les fondamentaux », 2008, p.296.

11

d’engourdissement, spontanées (paresthésies) ou provoquées (dysesthésie) par

l’effleurement cutané ou la percussion.3

2. Récepteurs somesthésiques :

Comme nous l’avons dit plus haut, il y a trois types de récepteurs sur la

peau, situés au niveau de l’épiderme, du derme et de l’hypoderme sensibles à :

- pression

- toucher léger

- vibrations.

Schéma 1 : Mécanorécepteurs au niveau de la peau

3 Alex Chantraine, Rééducation neurologique, Guide pratique de rééducation des

affections neurologiques, Paris, Arnette, 2ème

édition de 1999, p.18

12

▪ Récepteurs sensibles à la pression :

On trouve les disques de Merkel, les disques tactiles et les corpuscules de

Ruffini. Les deux premiers récepteurs sont à adaptation lente, c’est-à-dire qu’ils

codent la durée de la stimulation en transmettant des influx nerveux pendant toute

la durée de la stimulation. Les corpuscules de Ruffini sont des récepteurs à

adaptation rapide, c’est-à-dire qu’ils codent le début et la fin de la stimulation.

▪ Récepteurs sensibles au toucher léger :

Cela concerne les récepteurs des follicules pileux et les corpuscules de

Meissner. Les premiers sont à adaptation lente, les seconds sont des récepteurs à

adaptation rapide, qui codent les variations d’intensité de la stimulation. Les

récepteurs de Meissner, sensibles au contact, même léger, sont particulièrement

nombreux au bout des doigts mais rares dans le dos, car extrêmement sensibles

contrairement à d’autres zones du corps.

▪ Récepteurs sensibles aux vibrations :

Ce sont des récepteurs phasiques qui codent la variation rapide d’intensité

de la stimulation : les corpuscules de Pacini réagissent avec précision et vitesse

aux vibrations de la peau mais sont peu sensibles à la position spatiale des

stimulations. Ces récepteurs sont localisés dans le derme profond. Soulignons

toutefois, que pour beaucoup de chercheurs, cette relation entre récepteurs et

sensations est à moduler. 4

4 Françoise Morange-Majoux, Manuel visuel de psycho-physiologie, Paris, Dunod,

2011, p.93

13

3. Voies de transmission de l’information :

Les voies de transmission de l’information font partie de ce que l’on

appelle le système somesthésique. Ce système reçoit des influx des

extérocepteurs, des propriocepteurs et des intérocepteurs. Dans le cas présent, où

l’on parle de la sensibilité tactile cutanée, nous nous intéressons aux

extérocepteurs, situés au niveau de la face interne du bout des doigts.

L’intégration nerveuse comprend trois niveaux :

1) réception sensorielle au niveau des récepteurs et transmission,

2) traitement dans les voies ascendantes,

3) traitement dans les centres sensoriels du cortex afin d’avoir une

perception.5

▪ Traitement au niveau des récepteurs :

Pour qu’il y ait sensation, un stimulus doit exciter un récepteur et des

potentiels d’action doivent atteindre le système nerveux central.

▪ Traitement au niveau des voies ascendantes :

Le traitement de l’information se fait en trois niveaux d’intégration :

1) Au 1er

niveau d’intégration, le 1er

neurone se situe dans le ganglion sensitif

rachidien, sur le trajet de la racine postérieure, du nerf rachidien. L’axone du

neurone se dirige dans le cordon postérieur, de chaque côté de la moelle, cela

va constituer la voie lemniscale. Cette voie est constituée de deux faisceaux :

faisceau de Goll ou gracile, en médial, et faisceau de Burdach ou cunéiforme,

en latéral. Les informations remontent alors au niveau du bulbe rachidien du

même côté.

5 Elaine N.Marieb et Katja Hoehn, Anatomie et physiologie humaines, 8

ème édition,

Paris, Pearson Education France, 2010, p.561.

14

2) Le 2ème

niveau d’intégration se trouve au niveau du bulbe, dans les noyaux

gracile et cunéiforme. Les axones des neurones situés dans les noyaux vont se

croiser sur la ligne médiane, c’est ce qu’on appelle la décussation, et ce

nouveau faisceau prend le nom de lemnisque médian. Les axones de neurones

vont ensuite remonter jusqu’au thalamus controlatéral6.

Schéma 2 : Niveaux d’intégration : la voie lemniscale.

6 Michel Habib, Bases neurologiques des comportements, Paris, Masson, 3

ème

édition de 1998, p.54.

15

3) Le 3ème

niveau d’intégration est situé dans le thalamus, plus précisément

dans le noyau ventral postérieur. Le thalamus assure le relais et le tri de

l’information. Les axones des neurones vont se diriger vers le cortex

somesthésique, dans le cortex pariétal, délimité par la scissure de Rolando ou

sillon central en avant, le sillon pariéto-occipital en arrière et le sillon latéral en

bas. Les informations somesthésiques véhiculées par les voies lemniscales

vont alors être traduites en sensations tactiles.

▪ Traitement au niveau de la perception :

L’interprétation des influx sensitifs a lieu dans le cortex cérébral. La

capacité à reconnaître et apprécier les sensations dépend de la situation précise des

neurones cibles dans les régions sensitives.

B. La perception haptique

1. Définition :

La perception haptique est le fait de percevoir, en tridimensionnel, un objet

par le toucher. Le déplacement dans l’espace fait partie intégrante de la

stimulation tactile, il peut être produit soit par le mouvement du stimulus sur un

segment corporel immobile, soit par le mouvement volontaire du sujet.

On est touché, c’est le toucher « passif », on touche pour reconnaître la

source du stimulus, c’est le toucher « actif », la perception haptique.

Contrairement à la perception cutanée (sensibilité tactile), où seule la couche

superficielle de la peau est soumise à des déformations mécaniques, dans le

« toucher actif », la perception haptique fait intervenir les déformations des

muscles, des articulations et des tendons. Ces déformations résultent des

16

mouvements d’exploration du système épaule-main7. La perception haptique ne

fait donc pas seulement appel à des récepteurs cutanés mais aussi à des récepteurs

kinesthésiques.

2. Récepteurs proprioceptifs :

Les récepteurs proprioceptifs se situent au niveau des muscles, des tendons

et des articulations. Ils vont informer :

1) sur le positionnement : l’angulation des articulations, l’agencement du

membre,

2) sur le mouvement,

3) sur la force nécessaire à l’exécution d’un mouvement ou au maintien de la

position d’une articulation.8

▪ Les récepteurs musculaires :

Ce sont les fuseaux neuromusculaires, ils fournissent principalement des

informations sur la longueur des muscles ou sur la vitesse de changement de cette

longueur.

▪ Les récepteurs tendineux :

Ce sont les organes tendineux de Golgi (OTG), ils sont situés à la jonction

des muscles et des tendons. Ils vont informer sur le niveau de tension du muscle

(niveau de force développée) et ses variations dans le temps.

7 Yvette Hatwell, Toucher pour connaître, Vendôme, Presses Universitaires de

France, « Psychologie et sciences de la pensée », 2000, p.20.

8 Robert F. Schmidt, Physiologie, traduction de la seconde édition allemande,

Paris, De Boeck, « En bref », 1999, p. 79.

17

▪ Les récepteurs articulaires :

Ils sont semblables aux corpuscules de Ruffini et de Pacini sur la peau, et

ont un rôle encore discuté : régulation et/ou facilitation de la proprioception

musculaire. De façon générale, ils signaleraient avant tout le mouvement

articulaire. Selon Roll, certains muscles actifs auraient une fonction motrice

(muscles agonistes) et d’autres, une fonction sensorielle (muscles antagonistes).

3. Propriétés de reconnaissance des matériaux :

Le lien entre perception et action est important, en effet ce sont les

récepteurs au niveau de la pulpe des doigts qui récoltent l’information mais c’est

l’action de tout le membre supérieur qui complète et dirige afin d’appréhender les

propriétés matérielles de l’objet touché. Ainsi il est possible de reconnaître un

objet les yeux fermés, tout en touchant et en induisant des mouvements dans un

plan horizontal en général.

Le musicien, quel que soit l’instrument joué, sait où placer ses doigts et

comment bouger ses bras, sa mémoire a « enregistré » les propriétés matérielles :

forme, taille, distance entre les cordes ou les touches, texture.

Le sens haptique est spécialisé dans le traitement des propriétés de

substance des matériaux, comme la texture, la dureté/élasticité, la rugosité, etc…9

Cela est dû aux nombreux récepteurs somesthésiques présents au bout des doigts

mais aussi à la finesse des mouvements du membre supérieur qui vont être

produits afin de percevoir ces propriétés.

9 Edouard Gentaz, La main, le cerveau et le toucher, Belgique, Dunod,

« Cognitive », 2009, p. 33.

18

4. Voies de transmission de l’information :

Les informations issues de la perception haptique sont traitées par le

système somesthésique, dont nous avons parlé dans le chapitre sur la perception

cutanée ; à la différence, cette fois, les mécanorécepteurs ne sont plus les seuls

vecteurs de l’information. En effet, dans la perception haptique, en plus des

mécanorécepteurs cutanés, on recrute des récepteurs proprioceptifs.

Tout comme dans la perception cutanée, l’influx sera transmis en trois

étapes, par l’intermédiaire des voies ascendantes majeures : le système lemniscal,

qui traite le tact épicritique fin et la sensibilité proprioceptive consciente, puis

l’influx arrivera au niveau du cortex cérébral.

C. Le centrage

1. Définition :

En musique, comme dans n’importe quelle discipline qui demande un

investissement afin d’obtenir un résultat plaisant, l’état de présence et de centrage

sont nécessaires, ils sont le garant d’une augmentation des probabilités de succès à

un ouvrage, car ils permettent la conscience de soi tout en étant en symbiose avec

l’action à mener.

2. Mise en place :

Avant même d’entreprendre une action, on doit avoir l’intention de la

réussir ; en ostéopathie, l’intention du praticien est, de prime à bord, de soigner le

patient, de l’aider à retrouver un certain équilibre. Lorsque le patient se présente à

nous, nous avons pour objectif de le soulager ; il vient avec des maux, une

demande d’être écouté et doit être entendu, et nous devons être attentifs et

présents dès l’instant où nous le faisons entrer dans le cabinet, afin d’être dans la

capacité à accomplir cette mission, qui est de soigner.

19

En musique, nous souhaitons interpréter la partition avec brio et dans sa

totalité, l’exigence est le maitre mot du musicien. Le musicien doit ressentir,

écouter, opérer des micro-décisions, évaluer et critiquer son jeu. La justesse du

geste est un impératif de la pratique musicale. Il en résulte que la pratique

musicale demande une présence spécifique, le musicien doit mobiliser toutes ses

ressources intérieures (cognitif, émotionnel, sensibilité, et disponibilité de

l’esprit…) dans la mesure où le geste doit être rassuré, « posé », précis.10

La mise en place du centrage est empruntée des techniques de méditation,

elle se fait en plusieurs étapes. Les pieds sont ancrés au sol, les appuis sont sûrs, et

nous devons ressentir chaque partie du corps en partant des appuis au sol

jusqu’aux doigts, en passant par les chevilles, les genoux, le bassin, le périnée, les

lombaires, le thorax, les épaules, la nuque, le cou, les bras et enfin les mains.

Cette manière de faire, pour l’ostéopathe, est un moyen d’être en accord

avec son propre corps, afin de prétendre pouvoir soigner le corps de l’Autre.

Un musicien, avant même de faire vibrer l’instrument, doit aussi être

centré sur lui-même, de la même façon que le praticien de santé, le but est aussi de

passer outre les douleurs du quotidien, souvent dues à un entrainement intensif,

sans les oublier, mais d’en avoir conscience tout en se les appropriant pour jouer

et se rapprocher de l’excellence malgré tout.

On peut donc mettre en parallèle ces deux disciplines totalement

différentes, avec des objectifs distincts mais se rapprochant tout de même par le

fait qu’elles nécessitent une attention, une capacité de présence et de centrage

importante et nécessaire à la réussite.

10 Franck Leard, L’univers des musiciens, Toulouse, Presses universitaires du

Mirail, « Socio-logiques », 2008, p. 115.

20

D. L’attention

1. Définition :

C’est William James, psychologue et philosophe américain, qui a le

premier donné une définition de l’attention en 1890 : « l’attention est la prise de

possession par l’esprit, sous une forme claire et vive, d’un objet ou d’une suite de

pensées parmi plusieurs qui semblent simultanément possibles. La focalisation, la

concentration de la conscience lui sont essentielles. Elle suppose que l’on s’écarte

de certaines choses pour s’occuper plus efficacement de certaines autres ».

L’attention est un mécanisme par lequel il est impossible de faire attention

à plusieurs choses à la fois.

La musique nécessite une attention continue et soutenue, l’apprentissage

est lent et la répétition est la base de toute réussite. Plus l’on répète, plus la nature

de ce que l’on répète change. Ainsi, la compétence s’étoffe et la capacité à

supporter la répétition augmente11

, c’est un cercle vertueux où le fait de répéter un

acte crée l’habitude et engendre un mécanisme d’attention et de centrage presque

involontaire, automatique. Sans attention, le musicien ne peut être performant.

De même, l’attention requise chez l’ostéopathe lors d’une consultation,

serait le fait de ne pas avoir l’esprit préoccupé, de ne pas être dispersé, de ne

penser qu’à ce que perçoivent ses mains, de comprendre les liens entre les

dysfonctions afin d’entreprendre un traitement. Car être attentif demande une

adhésion totale de la personne, c’est une attitude corporelle et mentale qui va de

pair avec la motivation.

11 Richard Sennett, Ce que sait la main, Paris, Albin Michel, « Essais », 2009,

p.56.

21

Les neurosciences cognitives de l’attention se sont constituées par la

convergence des approches de la neurobiologie et de la psychologie. Les

définitions de l’attention font référence à la focalisation perceptive, à la prise de

conscience, à la vigilance et aux déficits associés.

Lorsque nous sommes attentifs, le système de traitement de l’information

met en place des mécanismes de sélection pour contrôler le transit de

l’information et va établir des priorités12

, d’où le fait que nous ne puissions prêter

attention à plusieurs choses à la fois.

2. Mécanismes et voies neurologiques dans l’attention :

On distingue deux voies impliquées dans le concept d’attention, l’une

reflète la fonction tonique, ou de base, responsable d’un éveil général, et

habituellement rattachée au fonctionnement du système réticulaire ascendant ;

l’autre voie reflète la fonction phasique, capable de contrôler l’efficacité d’un

processus cérébral spécifique, « l’attention spécifique ». La fonction phasique est,

elle, en relation avec des circuits neuronaux corticaux.

Mais les comportements attentionnels, quels qu’ils soient, utilisent certes

l’une des deux composantes de façon préférentielle, mais nécessitent une activité

optimale des deux, la perturbation d’un des deux systèmes étant susceptible

d’altérer à divers degrés la réalisation de la tâche.13

12 Gazzaniga, Ivry, Mangun, Neurosciences cognitives, la biologie de l’esprit,

Paris, De Boeck, « neurosciences et cognition », 2001, p.208.

13 Michel Habib, Bases neurologiques des comportements, Paris, Masson, 3

ème

édition de 1998, p.184.

22

▪ Le système réticulé activateur :

Il a pour but de régler un « tonus attentionnel ». Ce tonus est lié à l’activité

des neurones cholinergiques au niveau de la formation réticulée mésencéphalique.

Ces neurones synthétisant de l’acétylcholine vont envoyer des projections aux

noyaux thalamiques et vont provoquer l’éveil. De même, l’activité centrale de la

noradrénaline est impliquée dans les mécanismes d’attention et permet aussi

d’augmenter les capacités de concentration.

▪ Les noyaux thalamiques :

Ils sont le relais entre la formation réticulée et le cortex. C’est plus

précisément la partie intra-laminaire du thalamus qui comprend des neurones

thalamo-corticaux qui vont se projeter sur le cortex.

▪ Le cortex cérébral :

C’est l’aire pariétale inférieure qui est impliquée, elle reçoit les afférences

réticulées et thalamiques.

Selon LaBerge (1995), les cortex préfrontaux et inféro-temporal

entretiennent aussi une activation qui maintient l’attention. Les cortex pariétal et

inféro-temporal constituent avec le cortex préfrontal un circuit « triangulaire » qui

est le circuit attentionnel permettant de choisir parmi nos impressions celle qui

sera organisée en expérience consciente, comme le soulignait William James.14

14 Jean-François Camus, Laurent Auclair, Psychologie cognitive, Paris, Bréal,

« grand amphi psychologie », 2006, p.201.

23

Partie II. MATERIEL ET METHODES

Nous décrirons ici quels ont été nos critères de sélection pour choisir nos

populations d'étudiants ostéopathes musiciens et non musiciens. Puis nous

expliquerons par quels moyens nous avons mené à bien cette étude, quels ont été

nos moyens de recherche, les spécificités liées aux deux populations, et nos

conditions d’évaluation.

A. La population concernée

1. Choix de la population :

Cette étude cherche à démontrer le fait que jouer d’un instrument de

musique à un niveau élevé et depuis plusieurs années augmente le degré de

sensibilité tactile et surtout le toucher de l’ostéopathe, mais pas seulement, nous

cherchons aussi à savoir si le centrage, la concentration et l’attention sont des

paramètres plus facilement et plus systématiquement mis en place. Il sera

nécessaire de comparer deux populations : la première sera composée d’étudiants

ostéopathes pratiquant la musique et la deuxième d’étudiants ostéopathes non

musiciens.

Pour des raisons pratiques, nous avons choisi une population étudiant au

sein même de l’Institut Dauphine d’ Ostéopathie, et pour chaque étudiant

musicien, nous l’avons comparé à un étudiant non musicien de même niveau.

Ainsi nous pourrons jauger de façon objective le niveau de palpation, de présence,

centrage et d’attention sur des personnes ayant le même niveau d’étude, car il n’y

aurait pas d’intérêt à comparer un étudiant de 3ème

année, par exemple, avec un

étudiant de 5ème

année.

24

Chaque groupe est composé de dix personnes. Parmi les instruments

pratiqués nous aurons du piano, de la guitare, de l’accordéon et du violoncelle.

3. Spécificités :

▪ Etudiants musiciens :

Le groupe d’étudiants jouant de la musique sera constitué sur le fait qu’ils

auront au moins pratiqué cinq ans, de façon régulière : tous les jours, et continue :

sans interruption au cours des années d’apprentissage musical. En effet, en

musique, les deux premières années ne sont qu’un apprentissage laborieux de

solfège et de morceaux sans complexité.

Les étudiants pratiquant de la musique ont tous entre douze et dix-neuf

années de pratique derrière eux, ils ont tous pris des cours, particuliers ou en

conservatoire. Ils ont aussi été sélectionnés sur le fait que, même s’ils ne prennent

plus de cours de musique, ils jouent encore régulièrement. L’étude ne porte pas

sur des musiciens professionnels, mais bien sur des musiciens pratiquant en

dilettante, nous avons tout de même pris soin de sélectionner des amateurs

impliqués et qui avant d’arrêter les cours de musique, s’entraînaient au minimum

une heure par jour, en plus des cours une fois par semaine.

▪ Etudiants non musiciens :

Ils sont étudiants et ont été sélectionnés avec seul critère d’avoir le même

niveau d’étude que leurs camarades. Ils ne font pas de musique mais peuvent

pratiquer un sport ou un art de manière régulière.

25

B. Critères de sélection des populations

1. Population source :

Pour réaliser l’étude, les élèves ont été contactés dans un premier temps

par voie d’affichage. Dans un deuxième temps, nous avons effectué des entretiens

téléphoniques afin de vérifier si ces élèves pouvaient faire partie de l’étude en

prenant en compte les critères d’inclusion et d’exclusion. Puis nous avons procédé

à des entretiens afin de leur faire remplir un questionnaire, et de les soumettre à

des tests palpatoires.

Ce groupe est composé de dix personnes.

▪ Critères d’inclusion :

Les étudiants en ostéopathie doivent être musiciens amateurs mais de

niveau suffisamment élevé car ont pris des cours particuliers ou en conservatoire

pendant plus de cinq ans. Ils jouaient au minimum une heure par jour en plus des

cours de musique une fois par semaine, et ont continué à en jouer même si

aujourd’hui ils ne prennent plus de cours. Les instruments de musique doivent

faire appel au toucher car les mains sont, par l’intermédiaire du toucher, le sujet

de l’étude.

▪ Critères de non inclusion :

Les étudiants en ostéopathie qui n’ont pas pris de cours de musique, mais

ont appris en autodidacte ne peuvent faire partie de cette étude. De même, les

étudiants qui pratiquent le chant ne font pas appel à leur perception tactile et

haptique donc ne rentrent pas dans le cadre d’évaluation.

▪ Critères d’exclusion :

Ne peuvent faire partie de cette étude tous les musiciens qui ne sont pas

étudiants en ostéopathie.

26

2. Population témoin :

La population témoin se compose d’étudiants en ostéopathie qui ne jouent

pas d’un instrument de musique. Ils ont été sélectionnés après les musiciens, en

prenant pour chaque musicien d’un niveau, un non musicien du même niveau. Ils

peuvent, en revanche, pratiquer un sport ou une autre activité.

Ce groupe est composé de dix personnes.

C. Conditions d’évaluation

1. Moyens d’évaluation :

▪ Les questionnaires :

Avant de soumettre les élèves au questionnaire nous nous sommes assurés

qu’ils remplissaient bien les critères d'inclusion. Ces élèves ont donc tous suivi

des cours, mais nous leur avons demandé à chacun plus précisément l'âge auquel

ils avaient commencé. Cela nous intéressait car plus on commence tôt, plus notre

mémoire est entraînée, car on fait appel à la mémoire implicite, qui comprend les

habiletés et les habitudes, c’est une mémoire qui fait appel au conditionnement

classique simple, aux apprentissages non associatifs et donc, plus l’on répète une

chose, plus on est habitué à la réaliser et mieux on l’a fait.

C’est par l’intermédiaire d’un questionnaire (joint en annexe) que nous

avons, en partie, mené cette étude.

Il s’agissait d’investiguer trois sphères :

1. La présence et le centrage avant tout exercice qui demande une

performance,

2. L’attention requise afin d’être au maximum de son art et maintenue tout le

long,

3. La facilité de perception au niveau tissulaire, le toucher fin.

27

Ces trois points ont été abordés à travers vingt questions, de façon à savoir

si l’élève connaissait et intégrait ces notions. Il nous a fallu savoir si l’élève faisait

ou non un « effort » de concentration, cet état peut être perçu et admis, mais

réalisé de façon automatique, comme faisant partie intégrante de tout travail,

comme étant un échauffement, où la personne se pose et se centre, ne pense qu’à

ce qu’elle aura à faire, c’est un état qui nécessite d’avoir de la volonté, qui est la

base de la motivation. Nous avons cherché à comprendre comment le praticien

considérait ce moment avant de poser les mains sur l’instrument de musique, une

étape nécessaire ou non à tout travail, nous différencions cela de l'automatisme,

car on peut réaliser une chose, en avoir conscience, tout en la faisant de façon

automatique. Selon Pierre Feuga, la musique mène à un état de concentration :

« c’est une évidence ».

Puis nous avons voulu connaître la durée de ce moment, si ce moment est

automatique il peut ne pas être court pour autant, il pouvait durer moins de

quelques secondes, ou s'étendre au delà de vingt secondes. De façon générale, un

automatisme facilite et réduit la durée de ce temps de façon considérable.

Ensuite nous nous sommes intéressés à l’effort fourni pour maintenir

l’attention, à cette faculté de l’esprit à se consacrer à un seul objet, de la même

manière nous voulions savoir si cette faculté à se focaliser sur un but était réalisée

de façon aisée ou non, ici l'automatisme n'est pas possible car comme nous l'avons

vu plus haut, nous maintenons notre attention de façon volontaire. Pour un

musicien, cette focalisation, cette attention soutenue a pour finalité de jouer un

morceau avec brio, sans erreur, sans fausse note, il maintient son attention afin de

lire au mieux sa partition, il se doit de l'interpréter de façon personnelle mais doit

surtout respecter les temps, les nuances imposées par le compositeur, car ces

nuances vont intensifier une mesure, une phrase ou un passage entier de l'œuvre

("piano", "forte", "mezzo-piano", "mezzo-forte", "pianissimo").

De la même façon, nous avons posé ces mêmes questions mais en les

plaçant dans le cadre de l’ostéopathie, donc nous nous sommes intéressés à

l’effort de centrage du praticien ostéopathe, avant d’aborder le patient. Puis à la

28

faculté d’attention de l'ostéopathe qui la maintient tout le long de la séance ou du

contact avec le patient, car le but est d’être un bon thérapeute, de réaliser une

consultation qui soulagera le patient, ce patient vient avec un motif, il veut être

entendu et a besoin d'être "soigné". L'ostéopathe doit être attentif à ce que le

patient lui dit, attentif à ce que le corps du patient exprime, mais aussi attentif à ce

que ses mains sentent, car la main de l'ostéopathe est son principal outil de savoir.

Il doit savoir faire abstraction de ses pensées, de tout ce qui n'est pas en rapport

direct avec la consultation.

Nous avons aussi voulu savoir ce que les sujets pensaient de leur "qualité

de main", le but n'est pas de juger leur façon d'exercer, mais nous voulions savoir

ce que eux ressentaient, s'ils avaient l’impression d'avoir un bon ressenti, nous

leur avons donc demandé s'ils ressentaient aisément les déformations tissulaires

profondes, les tensions musculaires, les dysfonctions ou lésions ostéopathiques.

Bien sur, nous avons pris en compte le fait que le toucher évolue au cours des

années de pratique, le ressenti n'est pas le même au cours de la première année

d'étude qu'au cours de la cinquième année. C'est pourquoi nous avons toujours

comparé les questionnaires entre deux élèves de même niveau.

Nous les avons interrogés sur le lien éventuel entre la pratique de la

musique et la pratique ostéopathique, sur l'amplification des paramètres objectifs

de palpation, il leur était demandé s'ils pensaient que jouer d'un instrument les

avait aidés à mieux ressentir les déformations tissulaires. Et inversement nous leur

avons demandé si le fait d'avoir fait des études en ostéopathie, et ainsi développé

leur palpation leur avait permis de mieux jouer, de développer un ressenti, pour

augmenter les capacités en ce qui concerne les nuances, en effet lorsque le

musicien fait des nuances, il le fait grâce aux déformations mécaniques au niveau

des doigts. Les doigts sont les segments les plus fins et terminaux, capables d'une

grande habileté. Ils possèdent des muscles fins et nombreux permettant l'agilité

des mouvements, tels que les nuances appliquées lors d'un morceau joué, en

coordination avec le cerveau qui transmet et traduit l'information.

29

Le questionnaire pour étudiant non musicien reprenait les mêmes idées

tout en s'adaptant à la population non musicienne. De même que pour les sujets

musiciens, nous nous sommes intéressés à leur capacité de centrage, de présence

et d'attention. Nous leur avons aussi demandé si c'était un moment automatique,

s'ils le réalisaient systématiquement avant de commencer une consultation ou

avant même de poser les mains sur le patient. De plus nous voulions savoir s'ils

pensaient que ce moment pouvait participer à l'amélioration de leur qualité de

perception.

Enfin, nous leur avons demandé s'ils pratiquaient un sport ou une activité

de façon régulière à un niveau suffisamment élevé. Les activités englobent le

théâtre, les arts plastiques (dessin, peinture, graphisme...).

Les questionnaires étaient donc un moyen d'investiguer la capacité de

l'étudiant à se centrer, à être présent et à maintenir cette concentration, que l'on

nomme attention. En effet, nous ne pouvions pas évaluer ces états par des tests. Le

questionnaire était aussi un moyen de savoir si le sujet avait l'impression de bien

ressentir. Nous parlons d'impression car le toucher est testé de façon objective

dans les tests ci-après.

▪ Les tests :

Le questionnaire était un moyen d’investigation où seule la personne

concernée est juge. Sa limite était donc l’objectivité. C’est pourquoi la deuxième

partie de notre étude est basée sur des tests palpatoires objectifs.

Nous avons donc soumis les populations source et témoin à des tests

identiques et avons recueilli leurs réponses. Ces tests objectifs visent à jauger des

capacités sensitives des praticiens. Ce n’est qu’un infime versant de la pratique

ostéopathique et musicale qui est à l’étude, en aucun cas nous jugeons la

compétence des praticiens. Nous occultons volontairement la dimension humaine,

la connaissance et le savoir de chacun.

30

Le test des cheveux et du bois investiguent le tact fin épicritique, la

sensibilité lemniscale, mais pas seulement, c’est aussi la perception haptique qui

est mise en jeu. En effet, on fait appel aux propriétés matérielles de l’objet, que

l'on reconnaît grâce à sa texture (dureté, résistance, rugosité).15

Nous avons classé les différents bois selon leur texture et leur dureté. Ils se

présentaient sous forme de carrés d’écorce polie, épais de 15mm et mesurant 18

cm sur 18 cm.

La texture et la dureté sont deux propriétés matérielles pouvant être

traitées ensemble car on peut les explorer selon des procédures exploratoires

exécutées dans un mouvement combiné de frottement-pression. Pour reconnaître

la texture, il est démontré par les travaux de Lederman et Klatzy, entre 1987 et

1989, que l’on exécute un mouvement latéral, ou tangentiel sur l’objet, quant à la

dureté, il faut appliquer une force pour en faire état.

Il a donc été demandé aux sujets de classer les carrés de bois selon leur

texture et leur dureté, dans un temps donné et compté, de façon identique pour

chaque bois et chaque sujet. Deux suites de bois étaient organisées de façon à ce

que la première suite soit composée de trois bois et la deuxième suite soit

composée de quatre bois. Ainsi, la deuxième suite était moins aisée, car moins

différenciable.

2. Lieu d’évaluation :

Les questionnaires et les tests ont été réalisés dans une salle de classe vide,

pour être au calme.

15 Yvette Hatwell, Toucher pour connaître, Vendôme, Presses Universitaires de

France, « Psychologie et sciences de la pensée », 2000, p.20.

31

Le seul matériel nécessaire était un bureau pour disposer les bois et les

feuilles contenant les cheveux sur une surface dure.

3. Evaluateur :

J’étais la seule évaluatrice, présente pendant tout le test, afin de répondre à

d’éventuelles questions du sujet et de mesurer le temps. L’évaluation se déroulait

toujours avec un seul sujet à la fois, afin que les autres sujets n’entendent pas les

réponses du précédent.

4. Protocole :

Le protocole était réalisé de la façon suivante :

- Premièrement : le sujet doit d’abord remplir le questionnaire (voir les deux

questionnaires en annexe page 54).

- Deuxièmement : le sujet doit ensuite passer aux tests palpatoires en

commençant par la première suite de bois, composée de trois bois de

dureté différente. Les trois bois sont disposés à plat sur une table, côte à

côte, dans le désordre et numérotés A, B et C.

Photographie 1 : Présentation de la 1ère

suite de bois, telle qu’elle a été

faite aux sujets.

32

Le bois A correspond à du sipo est un bois brun rosâtre au fil régulier,

c’est un bois tendre à mi-dur. Il a une densité moyenne de 0,62.

Le bois B correspond à de l’épicéa, il est blanc, tendre et reconnu pour la

finesse de son grain, sa densité est de 0,45.

Le bois C correspond à du merisier, qui est un bois brun clair, rougeâtre,

dur, à l’écorce parfois rugueuse. Sa densité moyenne est de 0,65.

Le sujet dispose de cinq minutes pour ranger les bois dans l’ordre, il doit

donc toucher les bois, exercer une certaine pression, et doit donner du

moins dur au plus dur : B, A et C.

Photographie 2 : Les trois bois rangés dans l’ordre.

Puis, il passe à la deuxième suite composée de quatre bois de densité et de

dureté différentes. Les bois sont de la même dimension que les précédents

et disposés de la même manière que la première suite, dans le désordre,

côte à côte et numérotés A’, B’, C’ et D’.

33

Photographie 3 : Présentation de la 2ème

suite de bois, telle qu’elle a été faite aux

sujets.

Le bois A’ correspond au thuya ou « red cedar ». C’est un bois brun rouge,

régulier, à grain moyen, mi-dur. Sa densité moyenne est de 0,60.

Le bois B’ correspond à de l’épicéa, c’est un bois blanc, léger et très

tendre, il a un grain fin et régulier, sa densité moyenne est de 0,45.

Le bois C’ correspond à l’érable sycomore du Rhin, d’apparence blanc

nacré à rosé, il est dur et résistant, sa densité moyenne est de 0,81.

Le bois D’ correspond à du sipo décrit plus haut, il est tendre à mi-dur. Sa

densité moyenne est de 0,62.

Du moins dur au plus dur cela donne : B’, A’, D’, C’.

Photographie 4 : Les quatre bois rangés dans l’ordre.

34

- Troisièmement : le sujet passe au test du cheveu, quatre rectangles de

feuilles sont disposés côte à côte, ils sont numérotés de 1 à 4. Ces

rectangles sont composés de quatre fines feuilles de journaux, sous

lesquelles sont disposés 1 à 4 cheveux (le nombre de cheveux est différent

à chaque fois).

Photographie 5 : Présentation des pochettes 1, 2, 3 et 4.

Nous avons mis les cheveux au centre de la feuille et orientés

horizontalement afin d’avoir un repère reproductible, l’orientation du

cheveu n’a pas d’influence sur cette reconnaissance car ici, le mouvement

tangentiel de reconnaissance se fait sans entraîner de mouvement

d’exploration épaule-bras-main d’une grande amplitude, seuls les doigts

sont palpateurs et donc ils sont très peu soumis aux contraintes gravitaires.

Hors, les travaux de Gentaz et Hatwell16

(1995 à 1998) ont montrés que la

perception de la verticale et de l’horizontale est plus précise que

l’orientation oblique, celle-ci est mise en jeu seulement lorsqu’il y a des

contraintes gravitaires importantes (mouvement d’exploration épaule-bras-

main nécessitant des mouvements d’une grande amplitude), ce qui n’est

pas le cas dans ce test.

16 Yvette Hatwell, Edouard Gentaz, Toucher pour connaître, Vendôme, Presses

Universitaires de France, « Psychologie et sciences de la pensée », 2000,

35

L’axe oblique est défini comme étant tout axe n’étant ni vertical, ni

horizontal. En comparaison, la perception visuelle préfère une orientation

du stimulus selon l’axe horizontal (axe de l’horizon visuel) ou selon l’axe

vertical (direction de la gravité à laquelle nous sommes soumis).

Le sujet dispose de 8 minutes pour donner un nombre de cheveux pour

chaque pochette de feuilles. La pochette 1 contient un cheveu, la pochette

2 en contient trois, la pochette 3 en contient quatre, la pochette 4 en

contient deux.

Toutes les réponses de l’étudiant sont notées sur une feuille de réponse

préparée au préalable à cet effet.

Photographie 6 : Contenu de la

pochette 1.

Photographie 7 : Contenu de la

pochette 2.

Photographie 8 : Contenu de la

pochette 3.

Photographie 9 : Contenu de la

pochette 4.

36

Partie III. RESULTATS

A. Questionnaire population source

Le groupe d’étudiants ostéopathes faisant de la musique est composé de

dix élèves, ils n’ont pas tous commencé à prendre des cours de musique au même

âge, comme répertorié dans le graphique suivant :

Graphe 1 : Répartition de l’âge des sujets lors de leurs premiers cours de

musique.

Les dix musiciens jouent des instruments de musique différents, on note

des instruments à corde et des instruments à vent :

Graphe 2 : Instruments de musique joués par les élèves.

0

1

2

3

5 ans 6 ans 7ans 8 ans 11 ans 13 ans

nombre de sujets

Age des sujets

50%

30%

10%

10%

Types d'instruments joués :

piano guitare violoncelle accordéon

37

Parmi les dix sujets, huit d’entre eux prennent un temps pour être centrés

et présents avant de jouer. Seulement deux ne prennent pas ce temps et jouent

directement.

Graphe 3 : Représentation du pourcentage d’élèves qui prennent un moment afin

d’être présents et centrés avant de jouer.

Parmi les sujets qui prennent un temps avant de jouer, nous avons

différencié ceux qui le font de manière automatique (87,5%) et ceux qui le font de

manière non automatique : intentionnelle, réfléchie (12,5%). De plus, la durée du

moment n’est pas la même selon les deux groupes et nous les avons donc

représentés ci-après. 75% des sujets musiciens considèrent que le temps de

centrage est inférieur à 10 secondes, 25% le situent entre 10 et 20 secondes.

Graphe 4 : Durée du moment pour être présent et centré avant de jouer avec

notion de nécessité ou non.

80%

20%

Centrage, présence

musiciens qui prennent un moment pour être centrés et présents avant de jouer

musiciens qui jouent directement

0

1

2

3

4

5

6

7

8

moment automatique moment réalisé de façon réfléchie

nombre de praticiens

temps durant entre 10 et 20 secondes

temps durant moins de 10 secondes étape nécessaire

38

En ce qui concerne la pratique ostéopathique, 80% des étudiants musiciens

se sentent doués pour sentir les déformations tissulaires profondes, on entend par

là le fait de tout simplement avoir une perception tissulaire dans les mains. Le

graphique qui suit servira aussi de comparaison avec le graphique des étudiants

non musiciens, où nous pourrons voir des différences.

Graphe 5 : Impression du praticien quant à son ressenti palpatoire.

Puis, toujours pour les étudiants musiciens, nous avons posés les mêmes

questions, mais en ce qui concerne la pratique ostéopathique seule, nous avons

donc différencié deux groupes : le premier étant celui qui prend un moment pour

être centré et présent avant de toucher le patient, et le deuxième qui ne prend pas

de temps et aborde le patient directement. Dans le graphique ci-après on distingue

les caractéristiques du temps qui est pris.

80%

20%

Facilités de perception

à l'aise encore aléatoire

39

Graphe 6 : Automatisme et durée du moment pour être présent et centré avant de

poser les mains sur le patient.

La dernière partie de notre questionnaire cherche à lier le fait de jouer d’un

instrument de musique avec les paramètres subjectifs de palpation qui sont la

présence, le centrage et l’attention.

Graphe 7 : Influence de la musique sur la capacité de centrage en ostéopathie.

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

groupe avec notion de centrage

groupe sans notion de centrage

nombre de praticiens

temps durant moins de 10 secondes

temps durant entre 10 et 20 secondes

automatique

intentionnel, délibéré

10%

60%

20%

10%

Musique et centrage

certain d'une amélioration peut-être une amélioration

pas certain d'une influence aucune influence

40

Graphe 8 : Influence de la musique sur la capacité d’attention en ostéopathie.

Graphe 9 : Influence de la musique sur la qualité de main ou « perception

palpatoire ».

Donc nous pouvons résumer les trois graphiques ci-dessus en affirmant

que 70% des sujets du groupe de musiciens pensent que le fait de jouer d’un

instrument de musique a augmenté leur capacité à être concentré, contre 30% qui

pensent que cela n’a eu aucune influence, 80% estiment que leur attention est plus

facilement focalisable, contre 20% qui ne voient pas de différence, et enfin, 70%

30%

50%

20%

Musique et attention

certains d'une amélioration peut-être une amélioration

pas certain d'une influence

30%

40%

20%

10%

Musique et perception palpatoire

certains d'une amélioration peut-être une amélioration

pas certains d'une influence aucune influence

41

pensent que leur palpation est plus aisée grâce à la musique, contre 30% qui ne

sont pas de cet avis.

Nous avons remarqué des différences au sein de ces musiciens, en effet,

les praticiens qui ont commencé à prendre des cours de musique entre 5 et 8 ans

ont répondu positivement à ces trois sujets concernant l’amélioration des

paramètres subjectifs de palpation, contrairement aux musiciens ayant commencé

à prendre des cours entre 11 et 13 ans, qui ont répondu négativement plus

fréquemment. Nous pouvons donc représenter ces différences dans un graphique

qui illustre ces deux groupes : un premier groupe composé des élèves qui ont

commencé à prendre des cours entre 5 et 8 ans et un deuxième groupe composé

des élèves qui ont commencé à prendre des cours entre 11 et 13 ans.

Effectivement, 85% des sujets du premier groupe pensent que le fait de jouer d’un

instrument de musique a augmenté leur capacité à être concentré, contre 33% des

sujets du deuxième groupe ; 100% des sujets du premier groupe estiment que leur

attention est plus facilement focalisable, contre 33% du deuxième groupe ; et

enfin, 100% du premier groupe pensent que leur palpation est plus aisée grâce à la

musique, contre 100% du deuxième groupe qui ne sont pas de cet avis.

Graphe 10 : Différence entre musiciens qui ont commencé entre 5 et 8 ans et

musiciens qui ont commencé entre 11 et 13 ans.

centrage

attention perception 0

1

2

3

4

5

6

7

8

groupe 1 (âge 5 à 8ans) groupe 2 (âge

11 à 13ans)

centrage

attention

perception

Nombre de praticiens

42

Graphe 11 : Influence de l’ostéopathie sur la pratique musicale.

40% seulement des étudiants musiciens pensent que l’exercice de

l’ostéopathie a contribué à l’amélioration de la pratique de la musique.

B. Questionnaire population témoin

Tout comme pour le groupe d’étudiants musiciens, nous avons demandé

aux praticiens non musiciens s’ils avaient l’impression d’avoir une bonne qualité

de main, 40% ont répondu oui, 60% ont répondu que c’était encore aléatoire.

Puis nous avons demandé s’ils prenaient un temps pour être posés,

présents et centrés avant d’aborder le patient. 80% ont répondu positivement,

tandis que 20% ont répondu négativement. Parmi ceux qui ont répondu

positivement nous avons recueilli les caractéristiques de ce temps (durée et

automatisme).

20%

20%

50%

10%

Ostéopathie et musique

certains d'une amélioration peut-être une amélioration

pas certain d'un influence aucune influence

43

Graphe 12 : Représentation des praticiens non musiciens avec et sans notion de

centrage avant de toucher le patient.

Parmi ces étudiants non musiciens, il y a des sportifs, et de la même façon

que pour la musique, nous leur avons demandé l’influence que le sport avait eu

sur leur capacité de présence, centrage et attention. Nous verrons aussi la

répartition des sports que ces étudiants pratiquent.

Graphe 13 : Répartition des sports pratiqués par les sujets non musiciens.

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

groupe avec notion de centrage

groupe sans notion de centrage

nombre de praticiens

temps durant moins de 10 secondes

temps durant entre 10 et 20 secondes

automatique

intentionnel, réfléchi

10%

40%

10%

10%

30%

Sports pratiqués Course automobile Danse Athlétisme Equitation Aucune activité

44

Les trois graphiques qui suivent concernent les ostéopathes non musiciens

pratiquant une activité sportive. Parmi les sept sportifs, nous constatons que

quatre d’entre eux sont certains que ce loisir a augmenté leur capacité de centrage,

deux évoquent avec moins de certitude une amélioration et seulement un n’en est

pas certain. De même pour le paramètre d’attention, trois d’entre eux sont certains

d’une influence positive tandis que quatre l’évoquent avec plus de prudence.

Graphe 14 : Influence de l’activité sportive sur les capacités de centrage en

ostéopathie.

Graphe 15 : Influence de l’activité sportive sur les capacités d’attention.

57% 29%

14%

Sport et centrage

certains d'une amélioration peut être une amélioration

pas certains d'une influence

43%

57%

Sport et attention certain d'une améliortation peut être une amélioration

45

Graphe 16 : Influence de l’ostéopathie sur l’activité sportive.

Nous avons illustré le fait que pour six des étudiants pratiquant un sport

(soit 86%), l’ostéopathie a influencé leur façon de pratiquer le sport, dans les

paramètres de concentration et d’attention. Dans le graphique suivant, nous avons

confronté les deux populations, étudiants ostéopathes musiciens et étudiants

ostéopathes sportifs.

Graphe 17 : Comparaison entre musiciens et sportifs.

57% 29%

14%

Ostéopathie et sport

certain peut-être non

0

1

2

3

4

5

6

7

8

musiciens

non musiciens

sportifs

capacités de centrage

capacité d'attention

sensation bonne qualité de main influence positive de l'ostéopathie sur l'acitivité

46

C. Test de palpation du bois

Nous avons rassemblé ici, dans un même tableau les résultats du groupe de

musiciens et de non musiciens, suite au test de palpation des deux suites de bois.

Rappelons que la première suite est composée de seulement trois bois et la

deuxième est composée de quatre bois, nous avons donc rajouté un degré de

difficulté.

Graphe 18 : Résultats des deux groupes de praticiens au test du bois.

80% des sujets du groupe de musiciens ont trouvé le bon ordre de

rangement concernant la première suite de bois, tandis que 50% des sujets non

musiciens ont trouvé le bon ordre pour cette même suite.

En revanche, pour la deuxième suite, 20% des sujets non musiciens ont

rangé les bois du moins dur au plus dur, comme demandé, contre 0 pour le groupe

de sujets musiciens.

0

1

2

3

4

5

6

7

8

9

suite n°1 de bois suite n°2 de bois

musiciens

non musiciens

Nombre de praticiens

47

D. Test de palpation des cheveux

A ce test, les résultats sont plus mitigés, nous avons mis les résultats des

deux groupes dans un même graphique afin de mieux comparer. Voici pour

chaque pochette le nombre d’élèves qui ont trouvé la bonne réponse :

Graphe 19 : Résultats des deux groupes au test des cheveux.

Concernant les résultats de la pochette 1, 50% des élèves musiciens ont

trouvé la bonne réponse, et 60% pour les non musiciens.

Concernant les résultats de la pochette 2, 20% des élèves musiciens ont

trouvé le bon nombre de cheveux contre 10% pour les non musiciens.

En revanche, pour la pochette 3, aussi bien les élèves musiciens et non

musiciens ont trouvé le même nombre, ils sont 20% pour chaque groupe.

Et enfin, pour la pochette 4, 50% des étudiants musiciens ont trouvé la

bonne réponse contre 30% pour les étudiants non musiciens.

0

1

2

3

4

5

6

7

8

pochette 1 pochette 2 pochette 3 pochette 4

musiciens

non musiciens

Nombre de praticiens

48

Partie IV. DISCUSSION

Rappelons que le but de notre étude était d’établir un lien entre pratique

musicale et pratique ostéopathique. En effet, ma passion pour le piano m’a

amenée à me demander si cela pouvait influencer ma pratique en ostéopathie.

Bien sur, nous avons conscience que le faible échantillon de sujets ne peut

être pris pour une généralité, mais malgré tout, nous avons tenté d’interpréter les

résultats que nous avons obtenus.

Ainsi nous avons cherché à savoir si les paramètres subjectifs de palpation,

c’est-à-dire, la façon que l’on a d’être présent dans l’action que l’on va mener,

centré sur l’objectif de réussite, qu’elle soit musicale (réussir à interpréter

parfaitement un passage d’une œuvre, un mouvement ou un morceau entier) ou

expérimentale (« soigner » le patient, être totalement à son écoute, répondre à sa

plainte, en général : la douleur), est améliorée par la pratique intensive d’une

activité musicale, où ces paramètres sont essentiels et nécessairement mis en

place.

Nous voulions aussi savoir si dans une moindre mesure, le toucher actif, la

palpation, était améliorés, car lorsqu’on joue d’un instrument, les doigts sont en

permanence sollicités, et en plus des déformations mécaniques au niveau de la

pulpe, on choisit d’atténuer délibérément les pressions, dans le but de nuancer la

partition. Or, cette façon de nuancer peut être comparée à la façon de toucher un

patient par différentes approches qui peuvent être des techniques structurelles,

faciales, crâniennes, musculaires…

Nous avons pu observer que 90% des musiciens prenaient un moment pour

être centrés avant de poser les mains sur le patient, tout comme 80% le font avant

de jouer. Lorsqu’ils remplissaient le questionnaire, certains nous ont confié que

c’était une évidence pour eux et qu’ils ne pouvaient pas aborder le patient sans

faire un travail sur eux-mêmes pour être présents, dans « l’ici et maintenant ». Ce

moment était réalisé de manière automatique pour 87,5% d’entre eux, 55,5% des

49

sujets réalisent ce moment avant d’aborder le patient en moins de 10 secondes

tandis que cette même durée est réalisée pour 70% des sujets avant de jouer. Nous

avions volontairement mis un nombre de secondes important en ce qui concerne la

durée du moment, car de manière générale, 15 secondes en moyenne de centrage

avant d’aborder le patient est un temps relativement long, remis dans le contexte

d’une consultation, et plusieurs élèves nous ont confié que cela prenait même

beaucoup moins de temps que 10 secondes, que ce n’était qu’un état d’esprit,

qu’une pensée afin de se concentrer. Ce moment pouvait aussi passer par le fait de

prendre une grande respiration, ou de fermer les yeux un très court laps de temps.

Deux élèves seulement ont paru quelque peu éloignés de cette notion, et

nous ont dit qu’ils ne réfléchissaient pas vraiment à cet état avant d’aborder le

patient puisque cela se faisait naturellement pendant la consultation et non pas

avant.

Pour les sujets ne faisant pas de musique, nous avons remarqué que 80%

d’entre eux prenaient un moment avant d’aborder le patient, mais que ce moment

est légèrement plus long : entre 10 et 20 secondes pour 50% d’entre eux, et moins

de 10 secondes pour les 50% restants. C’est une notion réalisée de manière

automatique pour 62,5% d’entre eux.

Nous avons résumé les résultats dans le tableau suivant :

Centrage Réalisé

avant

d’aborder

le patient

De façon

automatique

Durant

moins de

10

secondes

Durant

plus de 10

secondes

Groupe de musiciens 90% 87,5% 55,5% 44,5%

Groupe de non musiciens 80% 62,5% 50% 50%

Tableau 1 : Comparaison de l’état de centrage au sein des groupes

musiciens et non musiciens.

50

Nous pouvons penser que les élèves font cet effort de centrage car ils ont

appris à le faire en cours, car en effet, ce sont des états qu’on nous apprend à

mettre en place avant de toucher le patient, des états que nous classons parmi les

paramètres subjectifs de palpation. Mais pas seulement, car certains de ces élèves

pratiquaient un sport depuis plusieurs années. Or, comme dans la majeure partie

des activités, on doit se concentrer pour exécuter sa tâche, que ce soit la danse,

l’athlétisme, l’équitation ou la course automobile, l’état de centrage doit être

présent avant même de commencer l’activité, sous peine de se blesser, et

l’attention doit être continue tout le long.

Il est intéressant de noter aussi que 86% des élèves musiciens et sportifs

ont répondu positivement quant au fait que leur activité les a aidés à établir ces

paramètres en ostéopathie, car ils le font soit plus rapidement, soit plus

facilement, et inversement, l’ostéopathie les a aidés aussi dans la pratique de leur

activité.

Notons aussi que, plus les sujets musiciens ont commencé la musique

jeunes (dans notre étude, cela correspond à une tranche d’âge entre 5 et 8 ans),

plus ils ont le sentiment que cela a été positif et que cela a permis d’accroître leur

faculté de concentration et d’attention. Effectivement, les sujets ayant commencé

les cours de musique entre 11 et 13 ans ont répondu négativement à ces éléments.

Pour la musique comme pour n’importe quelle discipline, commencer tôt facilite

les apprentissages, aussi bien pour se concentrer, que pour rester attentif ; plus

important encore, les différents domaines d’activités (ici, ostéopathie et musique)

peuvent être reliés étant donné que cela fait appel aux mêmes processus.

Enfin, notre problématique tendait aussi à savoir si la pratique

d’instruments de musique différents influait sur les paramètres investigués : le

toucher particulièrement. Nous n’avons noté aucune différence ou prédominance

d’un instrument par rapport à un autre. C’est intéressant car la pulpe des doigts

d’un guitariste ou d’un violoncelliste a tendance à être plus « abimée » que celle

d’un pianiste. En effet, la pulpe des doigts peut s’épaissir à force de jouer : on

parle d’hyperkératose localisée. On aurait pu penser que cela s’en ressentirait dans

les résultats des tests, et ce n’est pourtant pas le cas. Nous avons relié cela au fait

51

que les musiciens de notre étude ne pratiquent pas à un niveau qui nécessite des

heures d’entrainement intensif et quotidien, donc la peau n’est pas atteinte et cela

n’engendre aucune conséquence quant au toucher.

Dans le questionnaire, les musiciens jugeaient leur palpation sûre et aisée à

80%, les non musiciens ont fait part de plus de réserve et ont été seulement 50% à

avoir le même jugement. Cependant, les tests palpatoires ont démontré que le tact

fin épicritique n’était pas « meilleur », que ce soit pour les étudiants musiciens ou

les étudiants non musiciens. Les résultats ne sont pas très concluants et ne

montrent pas une systématisation des réponses pour un des deux groupes.

De manière générale, tous les sujets ont trouvé les tests difficiles, et

notamment le test des cheveux, lequel s’est révélé très laborieux à réaliser ; les

résultats s’en sont d’autant plus fait ressentir.

Au vu des résultats de notre étude, et malgré un faible échantillon de

sujets, nous sommes poussés à croire que jouer d’un instrument de musique ne

développerait pas les paramètres objectifs de palpation, cela n’amplifierait donc

pas la perception tactile. Mais nous pouvons noter que les sujets qui font de la

musique ont pourtant la sensation de mieux ressentir, ils sont plus confiants par

rapport à leur approche des tissus. Cela peut avoir des effets positifs, car la

confiance en soi est importante dans un métier où l’on est juge de l’état interne de

l’Autre, juge des messages que nos mains décodent en touchant. Le côté négatif

peut être de tomber dans la surestime de ce que l’on est capable de sentir ou non,

mais en aucun cas les sujets de notre étude ont manifesté ce sentiment. Etudiants

que nous sommes, nous avons toujours le sentiment que peut-être nous ne

ressentons pas « ce qu’il faut ressentir », et la musique est peut-être juste un

moyen de plus d’acquérir une foi en ce que nous sentons, et une conscience des

états qui mènent à cette aisance de palpation.

Cependant, lors de la réalisation des tests nous avons remarqué une chose :

les étudiants musiciens sont dans un état de concentration assez intense pendant

toute la durée des tests, alors que les étudiants non musiciens sont un peu plus

distraits, parlent ou posent des questions. Une autre différence est que les

52

musiciens posaient d’abord toute leur main sur le bois puis ensuite les pulpes des

doigts pour exercer une pression. Ils ressentaient avec leur main entière,

contrairement aux étudiants non musiciens qui touchaient directement le bois avec

la pulpe, excepté trois non musiciens sportifs. Nous pouvons émettre l’hypothèse

que, lorsqu’un pianiste, un violoncelliste, un guitariste ou encore un accordéoniste

joue, il fait appel à sa perception haptique, de par le mouvement engendré par les

avants-bras, bras et épaules. Souvent même, le musicien bouge tout son buste,

voire son corps entier, et donc cette habituation du membre supérieur à se

mouvoir pour avoir accès à des dimensions de palpation telle que la pression, peut

augmenter ou tout du moins faciliter l’abord palpatoire dans des situations autres

que la musique, comme dans la reconnaissance de lésions ostéopathiques. Mais de

ce fait, la question que nous pouvons nous poser est pourquoi le sportif, qui utilise

beaucoup plus son corps, n’a pas cette façon de ressentir avec sa main entière, lui

qui mobilise constamment son corps ? Peut-être pouvons-nous évoquer le fait que

les gestes sont précis mais dans une moindre mesure qu’en musique ou la

perfection du geste est une obligation.

53

Conclusion

Notre étude nous a permis de démontrer que le fait de jouer d’un

instrument de musique n’augmentait ni la perception tactile, ni la perception

haptique, mais que cela pouvait, en revanche, aider à les faciliter grâce à une

habituation. En revanche, la pratique musicale peut accroître les capacités de

centrage, concentration et attention lors de l’activité ostéopathique.

Notre travail a consisté à tester les paramètres de palpation en comparant

une population source et une population témoin et n’a été positive que pour

certains de ces paramètres. Mais ce travail n’est qu’une première approche qui

pourrait faire l’objet d’un travail plus étendu, il aurait été préférable d’avoir un

recrutement de sujets plus fourni. En effet, nous avons rencontré quelques

difficultés pour trouver des sujets musiciens, malgré nos annonces posées et nos

investigations au sein de l’Institut Dauphine ; cela dit, nous avons tout de même

eu d’agréables surprises et sommes tombés sur des personnes réellement

intriguées et intéressées par l’étude. Parfois même, ces personnes ne pouvaient

faire partie de l’étude car ne rentraient pas dans les critères d’inclusion mais ont

été malgré tout une source d’enrichissement intellectuel personnel.

Dans la continuité de cette étude, il serait donc intéressant d’étendre les

expérimentations à une population de musiciens plus fournie, mais aussi à une

population ouverte sur toutes les activités sportives et artistiques, afin d’explorer

plus précisément cette notion de présence, centrage et d’attention nécessaire.

54

Annexes

A. Questionnaire pour population source

1- Age :

2- Promotion :

3- Instrument de musique joué :

4- A quel âge avez-vous commencé à prendre des cours de musique ?

5- En prenez-vous encore ?

o Oui

o Non

6- Avant-même de jouer, prenez-vous un moment pour être présent et centré

?

o Oui

o Non

7- Devez-vous aussi penser à poser votre attention, afin d’être performant(e)

et au maximum de votre art ?

o Oui, pour moi cela va de pair avec la notion de centrage

o Non, je n’y pense pas cela m’est étranger

8- En tout, ce moment prend :

o Moins de 10 secondes

o Entre 10 et 20 secondes

o Plus de 20 secondes

9- Pour vous, ce moment pris avant de jouer est un automatisme ?

o Oui

o Non

10- Cela vous semble être une étape :

o Peu importante

o Moyennement importante

o Importante, nécessaire

55

11- En ce qui concerne votre pratique ostéopathique, vous sentez-vous doué

pour percevoir les déformations tissulaires profondes ?

o Non pas du tout

o Non c’est encore aléatoire

o Oui je me sens à l’aise

o Oui c’est une évidence

12- Avant-même de poser les mains sur un patient, prenez-vous un moment

pour vous centrer, être posé et dans l’instant présent ?

o Oui

o Non

13- Si oui, ce moment prend :

o Moins de 10 secondes

o Entre 10 et 20 secondes

o Plus de 20 secondes

14- Pour vous, c’est un automatisme, un passage obligé à toute palpation et

perception ?

o Oui

o Non

15- Pensez-vous que la pratique d’un instrument de musique vous a aidé à

augmenter vos capacités de centrage ?

o Oui j’en suis certain(e)

o Oui peut-être

o Non ça n’a pas eu vraiment d’influence

o Non absolument pas

16- Pensez-vous que la pratique d’un instrument de musique vous a aidé à

focaliser votre attention plus rapidement ?

o Oui j’en suis certain(e)

o Oui peut-être

o Non ça n’a pas eu vraiment d’influence

o Non absolument pas

17- Enfin, pensez- vous que cela vous a permis d’augmenter votre qualité de

perception (« qualité de main ») ?

o Oui j’en suis certain(e)

o Oui peut-être

56

o Non ça n’a pas eu vraiment d’influence

o Non absolument pas

18- De la même façon, l’ostéopathie vous a-t-elle apporté quelque chose dans

la pratique musicale ?

o Oui j’en suis certain(e)

o Oui peut-être

o Non ça n’a pas eu vraiment d’influence

o Non absolument pas

B. Questionnaire pour population témoin

1- Age :

2- Promotion :

3- Dans votre pratique ostéopathique, vous sentez-vous doué pour percevoir

les déformations tissulaires profondes ?

o Non pas du tout

o Non c’est encore aléatoire

o Oui je me sens à l’aise

o Oui c’est une évidence

4- Avant-même de poser les mains sur un patient, prenez-vous un moment

pour vous centrer, être posé et dans l’instant présent ?

o Oui

o Non

5- Si oui, ce moment prend :

o Moins de 10 secondes

o Entre 10 et 20 secondes

o Plus de 20 secondes

6- Pour vous, c’est un automatisme, un passage obligé à toute palpation et

perception ?

o Oui

o Non

57

7- Vous ne faites pas de musique, mais peut-être avez-vous une passion ?

sport, art…

o Oui, laquelle :

o Non

8- Ce loisir vous a aidé à augmenter vos capacités de centrage ?

o Oui j’en suis certain(e)

o Oui peut-être

o Non ça n’a pas eu vraiment d’influence

o Non absolument pas

9- Ce loisir vous a aidé à focaliser votre attention plus rapidement ?

o Oui j’en suis certain(e)

o Oui peut-être

o Non ça n’a pas eu vraiment d’influence

o Non absolument pas

10- De la même façon, l’ostéopathie a-t-elle contribué à l’amélioration de

votre passion ?

o Oui j’en suis certain(e)

o Oui peut-être

o Non ça n’a pas eu vraiment d’influence

o Non absolument pas

C. Feuille de réponses aux tests

2) Rangez les bois A, B et C du moins dur au plus dur :

(Exemple : A < B < C)

1) Rangez les bois A, B, C et D du moins dur au plus dur :

(Exemple : A < B < C < D)

3) La pochette n°1 contient :

o 1 cheveu

o 2 cheveux

o 3 cheveux

o 4 cheveux

o aucun

58

4) La pochette n° 2 contient :

o 1 cheveu

o 2 cheveux

o 3 cheveux

o 4 cheveux

o aucun

5) La pochette n° 3 contient :

o 1 cheveu

o 2 cheveux

o 3 cheveux

o 4 cheveux

o aucun

6) la pochette n° 4 contient :

o 1 cheveu

o 2 cheveux

o 3 cheveux

o 4 cheveux

o aucun

59

Bibliographie

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62

Résumé

Notre problématique était de savoir si la présence, le centrage, l’attention

mais également le toucher de l’ostéopathe pouvaient être améliorés par la pratique

d’un instrument de musique. Nous avons donc établi une étude de cas, basée sur

un questionnaire et un protocole. Les thèmes développés étaient d’une part, la

perception tactile et haptique mises en jeu aussi bien pour l’ostéopathe que pour le

musicien et d’autre part, l’état de conscience de l’ostéopathe lorsqu’il prodigue

des soins. Notre travail a démontré que la majeure partie des ostéopathes

pratiquant un instrument de musique avait en effet des facilités quant à la rapidité

de mise en place des paramètres, mais ne possédait pas un toucher ou une

palpation plus importante que des ostéopathes non musiciens.

Mots clés : ostéopathie, musique, passion, perception, sensibilité, centrage,

attention.

Abstract

Our problematic was to know if the presence, the centering, the attention

as well as the sense of touch, could be improved by the practice of a musical

instrument. We have therefore established a case study based on a questionnaire

and a protocol. The topics developed were on the one hand, the tactile and the

haptic perception concerning the osteopath and the musician and on the other

hand, the osteopath’s state of consciousness before providing care to his patients.

Our work has shown that the majority of osteopaths practicing a musical

instrument had indeed more easiness as regards the speed of implementation of

the parameters, but did not have a better sense of touch.

Keys words : osteopathy, music, passion, perception, sensitivity, centering,

attention.