diabete type 2 nouvelles thérapeutiques
TRANSCRIPT
DIABETE TYPE 2
Nouvelles thérapeutiques
Dr Sophie Reffet
Endocrinologie - Maladies Métaboliques - Nutrition
Hôpital Édouard Herriot - Centre Hospitalier Lyon Sud
Club des Jeunes Néphrologues - 11 Mars 2011
Le diabète de type 2
Prévalence en France en 2010 :
• 4% de la population soit > 2.5 millions de diabétiques
• > 13% chez les plus de 60 ans
• Incidence annuelle 6%
Coût du diabète :
• ~ 13 milliards €
• ~ 10% des dépenses de l’assurance maladie
• 10% des patients rendent compte de 80% des dépenses
Diabète de type 2 et complications
HbA1c + 1%
+ 18% évènements CV
+ 12-14% décès
+ 13% rétinopathie et IRC
Selvin E. Ann Intern Med 2004;141:421-31.
Gerstein HC. Diabetologia 2005;48:1749-55.
Stratton IM. BMJ 2000;321:405-12.
Holman RR, et al. N Engl J Med. 2008;359:1577-1589; UKPDS Study Group. N Engl J Med. 2008;358:2545-2559; ADVANCE Collaborative Group.N Engl J Med. N Engl J Med. 2008;358:2560-2572; Duckworth W, et al. N Engl J Med. 2009;360:129-139
Intervention précoce vs intervention tardive dans le DT2
ÉtudeBras de la réduction intensive
de l’HbA1c
Nb patients
Durée de l’étude
Gravité et ancienneté
de la maladie
Avantage
macrovascu-
laire
ACCORD
Objectif : <6,0 %
Aboutissant : 6,4 %
↓1,4 % par rapport au point de
référence (BL) en 4 mois
N=10 251
3,4 ans
Maladie
cardiovasculaire ou 2
facteurs de risque
10 ans après le
diagnostic de T2DM
NonADVANCE
Objectif : <6,5 %
Aboutissant : 6,5 %
↓0.6 % par rapport à la BL en 12
mois
N=11 140
5,0 ans
Maladie vasculaire ou
1 facteur de risque
8 ans après le
diagnostic de T2DM
VADT
Objectif : ↓1,5 % par rapport à la
norme
Aboutissant : 6,9 %
↓2.5 % par rapport à la BL en 3
mois
N=1 791
5,6 ans
12 ans après le
diagnostic de T2DM
UKPDS 80
Objectif : FPG <6,0 mmol/L
Aboutissant de l’intervention :
7,0 %
Suivi : 7,7 %
N=4 209
17 ans
Diagnostic de T2DM
récentOui
Quelles valeurs cibles d’HbA1c en 2011 ?
Chez des patients avec un diabète récent sans complications :
6.5 à 7%
dès lors qu’on emploie des traitements sans risque hypoglycémique
Après une durée d’évolution ≥ 10ans et/ou si complications CV :
Individualisation du traitement avec une valeur cible autour de 7.5%
surtout si on emploie des traitements présentant un risque
hypoglycémique (sulfamides, insuline…)
Quels sont les moyens thérapeutiques
pour atteindre la valeur cible d’HbA1c?
1. Insuline
2. Metformine
3. Sulfamides
4. Pioglitazone
5. Glinides
6. Acarbose
7. Analogues du GLP1
8. Inhibiteurs DPP4
Mentionnés dans les
guidelines
Non mentionnés dans
les guidelines
Mentionnés avec
réserves dans
quelques guidelines
NOUVEAUX TRAITEMENTS
Limites des traitements “ancienne
génération”
43% des patients n’atteignent pas les cibles de glycémie
(HbA1c<7%)*
Échappement thérapeutique et progression de la maladie
Contrôle du poids difficile avec la plupart des
thérapeutiques
Risque hypoglycémique de l’intensification thérapeutique
* Ford et al (NHANES). Diabetes Care. 2008; 31: 102–4
Signaux Endocriniens
Signaux Neuronaux
Nutriments
L’axe entéro-insulaire :
nouvelle cible thérapeutique pour le DT2
ILOT de LANGERHANS
Hormones incrétines = GLP-1 / GIP
Nauck M. Diabetologia 1986 (29) : 46-52Burcelin R. Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition 2008 (XII)Vilsboll T. Diabetologia 2004 (47): 357-366
L’effet incrétine
• Réponse au glucose administré par voie orale ou
intraveineuse
*p ≤ 0.05
n = 8 volontaires sains
• La concentration d’insuline est plus importante après une administration orale de glucose qu’après une administration IV.
➔ contribution spécifique des incrétines à la réponse insulinique.
Perfusion de glucose isoglycémiqueCharge orale en glucose (50g/400 ml)
Glu
cose
pla
sm
atiq
ue(m
mo
l/l) 15
10
Glu
cose
pla
sm
atiq
ue (
mg
/dl)
IR-insulin
e (
mU
/l)
Effetincrétine
Mode d’action du GLP-1 (glucagon-like peptide 1)
D’après Drucker Endocrinology 2006
Ralentissement de lavidange gastrique
Augmentation glucose-dépendante de la sécrétion d’insuline
Diminution de l’appétit
Diminution glucose-dépendante de la sécrétion de glucagon
" L'effet incrétine " est diminué dans le diabète de type 2
*p ≤ 0.05.Adapted from Nauck M et al. Diabetologia. 1986;29:46–52.
Diabétiques de Type 2
5Gly
cém
ie (m
mo
l/L)
0
–10
10
15
20
60 120 180–5 180
Gly
cém
ie (m
mo
l/L)
0
10
15
20
5
–10 60 120–5
20
Insu
line
(m
U/L
)
Temps (min)
0
40
60
80
–10 60 120 180–5
** * * * * *
Effet incrétine Normal
Temps (min)
* **
0
40
60
80
Insu
line
(m
U/L
)
20
–10 60 120 180–5
Effetincrétine diminué
Sujets contrôle
Isoglycémie par glucose IV
Glucose per os
*
*
* ** * *
* * *
*** *
* *
** *
L’activité du GLP-1 est glucose-dépendante
chez le diabétique de type 2
PlaceboGLP-1
Temps (min)
*p<.05
Insuline
Glucagon
Glycémie
250
150
5
250
200
100
50
40
30
20
10
0
mU/L
20
15
10
0 60 120 180 240
15.0
12.5
10.0
7.5
5.0
200
150
100
50Infusion de GLP1
mmol/L mg/dL
pmol/L
pmol/L Les effets du GLP-1 diminuent quand la glycémie atteint
la normale
*p<0.05 GPL-1 vs placeboAdapted from Nauck NA et al. Diabetologia. 1993;36:741–744.
Quand la glycémie approchede la normale
l’insulinémie diminue
β-Cell mass β-Cell proliferation β-Cell apoptosis
Farilla et al. Endocrinology. 2002
0
4
8
12
16
Control GLP-1treated
0
0.5
1.0
1.5
2.0
2.5
Control0
10
20
30
Control
P<0.001
P<0.05P<0.01
GLP-1 et Masse Cellulaire β chez les rats Zucker
GLP-1treated
GLP-1treated
β-C
ell
mas
s (m
g)
Pro
life
rati
ng
β-c
ells
(%
)
Ap
op
toti
c β
-ce
lls (
%)
Le GLP1 est inactivé in situ par l’enzyme DPP4
dès sa libération
Pour augmenter la concentration de GLP1 :
2 approches thérapeutiques
1. Remplacement de l’hormone :
analogues du GLP1 résistants à la DPP4
Pour augmenter la concentration de GLP1 :
2 approches thérapeutiques
2. Maintenir la concentration de l’hormone endogène :
inhibiteurs de la DPP4
Inhibiteurs de la DPP4
Actuellement disponibles :
SITAGLIPTINE
Januvia® Xelevia ® : 100 mg/jour PO
Sitagliptine 50 mg + metformine 1000 (Janumet®) : 2 prises/jour PO
VILDAGLIPTINE
Galvus ® : 2 X 50 mg/jour PO
Vildagliptine + metformine (Eucreas® 50/850 ou 50/1000) : 2 X /j PO
Bientôt disponibles :
SAXAGLIPTINE
LINAGLIPTINE
Inhibiteurs de la DPP4 : efficacité clinique
Efficacité hypoglycémiante identique des différents
inhibiteurs de la DPP4
Réduction moyenne de l’HbA1c de 0.7%
Effet hypoglycémiant moindre que la metformine et les
sulfamides/glinides
Pas d’hypoglycémies
Effet neutre sur le poids
Inhibiteurs de la DPP4 et insuffisance rénale
Mentions légales (HAS) : utilisation non recommandée si
clairance de la créatinine < 50 ml/min
Bergman et al, 2007
Inhibiteurs de la DPP4 :
effets secondaires et sécurité d’emploi
Très bonne tolérance clinique
Très rares cas rapportés de réactions allergiques, rash
cutanés et angio-oedèmes sous sitagliptine (association aux IEC)
Augmentation des ALAT sous vildagliptine (surveillance
transaminases avant traitement puis / 3 mois pendant 1 an)
Liste Afssaps (suivi renforcé / enquêtes de PV en cours)
Sitagliptine : atteintes musculaires / ajout pancréatite aiguë RCP 10/2010
Vildagliptine : atteintes hépatiques / ulcérations cutanées
Exenatide (BYETTA®) : une molécule de courte durée d’action
agissant principalement sur la glycémie post prandiale
(Lantus)
Exenatide LAR (longue durée d’action) une fois / semaine est
plus efficace que Exenatide (courte durée) 2 fois / jour
Pas encore disponible en France
Exenatide (BYETTA®) :
incidence des effets secondaires
Nausées
Vomissements
Diarrhées
Nervosité
Vertiges
Maux de tête
Dyspepsie
Exenatide
44%
13%
13%
9%
9%
9%
6%
Placebo
18%
4%
6%
4%
6%
6%
3%
De rares cas de pancréatites aiguës ont été rapportées après commercialisation
Généralement
transitoires
Liste Afssaps (suivi renforcé de pharmocovigilance)
Exenatide et insuffisance rénale
Elimination principalement rénale
Clairance diminuée de 13% en en cas d’insuffisance rénale avec
clairance > 50 ml/min : pas d’ajustement nécessaire de dose
Clairance diminuée respectivement de 36% et 84 % en cas
d’insuffisance rénale modérée à sévère. Risque augmenté d’intolérance
notamment digestive ++
Des cas d’altération de la fonction rénale ont été rapportés notamment
chez les patients présentant des nausées + vomissements à l’initiation du
traitement.
En pratique
Clairance 30-50 ml/min : utilisation prudente BYETTA à la posologie
5 μg matin et soir
Clairance < 30 ml/min : ne pas prescrire BYETTA
Liraglutide (VICTOZA®) = une molécule de longue
durée d’action (> 24 heures)
Efficacité du Liraglutide
Le Liraglutide est plus puissant sur l’HbA1c
que l’exenatide courte durée d’action
Le Liraglutide a un effet comparable à
l’exenatide sur le poids
Le Liraglutide a un effet comparable à
l’exenatide sur le poids
Le Liraglutide est mieux toléré
que l’exenatide
Effets secondaires du Liraglutide
Nausées, vomissements, diarrhées = les plus fréquents
Cas décrits de pancréatite aiguë
Etudes de cancérogénicité chez le rat et la souris :
augmentation de la prolifération des cellules thyroïdiennes C
mais aucun cas de cancer médullaire observé jusqu’alors
chez l’homme
Liraglutide et insuffisance rénale
Très peu de données publiées
Mentions légales : utilisation non recommandée en cas de
clairance de la créatinine < 60 ml/min
Une petite étude (30 patients) suggérant une sécurité
d’emploi satisfaisante chez l’insuffisant rénal sans
augmentation des effets secondaires
DIABETE de type 2
Algorithmes de traitement
Quelle place pour les incrétines ?
Algorithmes de traitement : Quelle place pour les incrétines ?
D’après D.Nathan, Diabetes Care : 2009, 32 : 193-203
Diagnostic
Règles hygiéno-diététiques + Metformine Étape 1
Si Metformine contre-indiquée ou mal tolérée
Sulfamide ou pioglitazone
Les gliptines sont une bonne option
Sitagliptine : AMM / non remboursable en monothérapie
Étape 2 de l’intensification : quel traitement
associer à la metformine ?
Diagnostic
Règles hygiéno-diététiques + Metformine
La nouvelle option : inhibiteur DPP4
HbA1c ≥ 6.5 – 7%
+ inhibiteur DPP4 (gliptine) + pioglitazone + sulfamide
Facilité d’utilisation
Pas d’effets secondaires
Pas d’hypoglycémies
Options classiques
Étape 2
Étape 2 de l’intensification : quel traitement
associer à la metformine ?
Diagnostic
Règles hygiéno-diététiques + Metformine
La nouvelle option : inhibiteur DPP4
HbA1c ≥ 6.5 – 7%
+ inhibiteur DPP4 (gliptine) + pioglitazone + sulfamide
Étape 2
A considérer si risque
hypoglycémique
important
Étape 3 de l’intensification
Metformine +
Sulfamide
HbA1c > 7%
Les options incrétines
Metformine + SU
+ glitazone
Étape 3
Metformine + SU
+ gliptine
Metformine ± SU
+ analogue GLP1
Metformine ± SU
+ insuline
Trithérapie orale Injections
Agonistes du GLP1 à l’étape 3
Bithérapie orale
HbA1c ≥ 7%
Que dit le NICE ?
Étape 3
Ajouter insuline basale
• le plus efficace
• le « gold standard »
Ajouter analogue GLP1
• IMC > 35
• Autres complications
de l’obésité
« Nouveaux concepts » dans la prise en
charge du diabète de type 2
Concept de « l’intensification précoce »
Il ne suffit pas de « traiter à la cible », il faut « traiter tôt »
Mémoire glycémique des tissus
Ne pas sous-estimer le risque hypoglycémique des traitements
Inhibiteurs de DPP4 par voie orale et agonistes du GLP1
par voie injectable
= nouvelles classes thérapeutiques utiles pour concilier ces 2 impératifs