chevrier à cheval français

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Cher François, J’aime bien le ton de ton écriture, je vais essayer de garder cette précision et évidence… Pour ma part il y a quelques éléments importants qu’il faut rappeler car déterminants dans l’histoire qui nous fait nous croiser, dans ton attention à l’évolution de mon travail : Suite à mon exposition au mois de la photographie de Damas (2004), il y a eu la bourse du musée Niepce qui m’a permis de partir plusieurs jours au Caire et qui a considérablement augmenté le corpus déjà établi, cela avant l’exposition au musée. Effectivement les premiers voyages m’avaient fait prendre conscience de ce qui m’intéressait mais il m’a fallu un peu de temps pour regarder et analyser tout cela. Une mégapole de 20 millions d’habitants ne s’appréhende pas facilement, enfin il faut du temps, temps pour arpenter, regarder, analyser, … Il y a plus d’images du Caire car au moment où j’y suis allée j’ai fait moins de prises de vues mais j’étais plus lucide et précise sur les espaces de tension, de croisement, de résistance comme tu le dis, il m’a fallu l’expérience des autres villes pour en arriver là. Ton soutien apportait au livre, outil qui m’était indispensable pour faire comprendre l’endroit d’où je parle (puisque tu parles des voix), avec la collaboration de Michel Lepetitdidier fut aussi un moment important, décisif dans l’histoire de comment se construit un travail, comment le rendre perceptible. En ce qui concerne l’exposition « Rapprochement » ce qui m’intéresse c’est : comment à partir d’un même lieu (Corviale, Cinecittà, Le Caire… on y était au même moment), chacun emporte cela dans sa perception, son questionnement, son travail. Comment à partir d’un motif proche, chacun ayant conçu un dispositif différent, cela le révèle dans son champ, dans son territoire (je pense au livre Qu’est ce qu’un dispositif de G. Agamben). Au sujet du Grand Tour, pour moi c’est plus un impossible Grand Tour ‐ mais c’est plus l’incroyable capacité de résistance de certains d’un côté et l’incroyable capacité à créer du vide de l’autre, autrement dit « l’homme sans qualité » (R. Musil) d’un coté et les architectes, urbanistes et politiques … de l’autre. Apparition – disparition. Sisyphe contemporain, Idiot de Doïstoïeski, … (Qu’est ce que l’acte de création ? de G. Deleuze). Je t’embrasse Claire.

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Pour ma part il y a quelques éléments importants qu’il faut rappeler car déterminants dans l’histoire qui nous fait nous croiser, dans ton attention à l’évolution de mon travail : Cher François, J’aime bien le ton de ton écriture, je vais essayer de garder cette précision et évidence… Je t’embrasse Claire.

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Page 1: Chevrier à Cheval français

Cher François,  J’aime bien le ton de ton écriture, je vais essayer de garder cette précision et évidence…  Pour ma part il y a quelques éléments importants qu’il faut rappeler car déterminants dans l’histoire qui nous fait nous croiser, dans ton attention à l’évolution de mon travail :  

‐ Suite à mon exposition  au mois de la photographie de Damas (2004), il y a eu la bourse du musée Niepce qui m’a permis de partir plusieurs jours au Caire et qui a considérablement augmenté le corpus déjà établi, cela avant l’exposition au musée. Effectivement les premiers voyages m’avaient fait prendre conscience de ce qui m’intéressait mais il m’a fallu un peu de temps pour regarder et analyser tout cela. Une mégapole de 20 millions d’habitants ne s’appréhende pas facilement, enfin il faut du temps, temps pour arpenter, regarder, analyser, … Il y a plus d’images du Caire car au moment où j’y suis allée j’ai fait moins de prises de vues mais j’étais plus lucide et précise sur les espaces de tension, de croisement, de résistance comme tu le dis, il m’a fallu l’expérience des autres villes pour en arriver là. 

‐ Ton soutien apportait au livre, outil qui m’était indispensable pour faire comprendre l’endroit d’où je parle (puisque tu parles des voix), avec la collaboration de Michel Lepetitdidier fut aussi un moment important, décisif dans l’histoire de comment se construit un travail, comment le rendre perceptible. 

 En ce qui concerne l’exposition « Rapprochement » ce qui m’intéresse c’est : comment à partir d’un même lieu (Corviale, Cinecittà, Le Caire… on y était au même moment), chacun emporte cela dans sa perception, son questionnement, son travail. Comment à partir d’un motif proche, chacun ayant conçu un dispositif différent, cela le révèle dans son champ, dans son territoire (je pense au livre Qu’est ce qu’un dispositif de  G. Agamben).  Au sujet du Grand Tour, pour moi c’est plus un impossible Grand Tour ‐ mais c’est plus l’incroyable capacité de résistance de certains d’un côté et l’incroyable capacité à créer du vide de l’autre, autrement dit « l’homme sans qualité » (R. Musil) d’un coté et  les architectes, urbanistes et politiques … de l’autre. Apparition – disparition. Sisyphe contemporain, Idiot de Doïstoïeski, … (Qu’est ce que l’acte de création ? de G. Deleuze).  Je t’embrasse  Claire.