cheval du maroc numéro 2

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# 2 MARS AVRIL 2016 KAMAL DAISSAOUI sur la trace de ses origines... ROYAL CLUB EqUESTRE DU DéTROIT passion cheval à tanger HARAS DE MEKNÈS ameur faiq ouvre les portes CARTE POSTALE sur la route de rio avec kebir ouaddar OMAR SKALLI maintenir l’essor des courses hippiques MARRAKECH - CASABLANCA - RABAT - AGADIR - TANGER - FÈS - ESSAOUIRA - PARIS - LYON www.chevaldumaroc.com www.chevaldumaroc.com

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Cheval du Maroc, Numéro 2, du Magazine Clin d’œil Magazine Maroc leader de la presse équestre au Maroc. Contient le sommaire du dernier et des anciens numéros de ce magazine traitant principalement d'équitation éthologique, parage naturel, Photos et vidéos, articles exclusifs, petites annonces chevaux,archives..

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Page 1: Cheval du maroc Numéro 2

#2MARS AVRIL 2016

KAMAL DAISSAOUIsur la trace de ses origines...

ROYAL CLUB EqUESTRE DU DéTROITpassion cheval à tanger

HARAS DE MEKNÈSameur faiq ouvre les portes

CARTE POSTALEsur la route de rio avec kebir ouaddar

OMAR SKALLImaintenir l’essor des courses hippiques

MARRAKECH - CASABLANCA - RABAT - AGADIR - TANGER - FÈS - ESSAOUIRA - PARIS - LYON

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courses: meeting de pur-sang

m’hamed karimineparmi les grands

S’il avait été aviateur, il aurait étécommandant de bord. S’il avait étémilitaire, il aurait été général.M’hamed Karimine a un seul des-sein et un unique destin, celui d’ê-

tre numéro un. Dans sa jeunesse, il s’essaye aubasket et force les portes de l’équipe juniors duMaroc aux cotés d’un certain Salaheddine Me-zouar, l’actuel ministre des affaires étrangères. An-cien membre de l’Union Marocaine des Etudiants,il se lance dans la tambouille politique et accroche,dès 1997, la présidence du conseil communal deBouznika. Il sera réélu à quatre reprises maire dela ville phare de la province de Benslimane, dontla dernière fois en septembre dernier, cas uniquedans les annales des élections locales du Royaume.«Si je n’avais pas été élu maire, j’aurais démissionnétrès rapidement du conseil» dit-il. C’est avec la même fougue qu’il gère ses ambitionsparlementaires. Elu député en 2000 sous les cou-leurs de l'Istiqlal, son parti de toujours, il ne siègeque dans les organismes qu’il préside, à l’image dela commission des finances. De la même manière,cela ne surprendra personne qu’il dirige, depuisplusieurs années, la Chambre d’agriculture de Ca-sablanca et la Fédération des chambres d’agricul-ture du Maroc ou plus récemment l'Associationnationale des producteurs de viandes rouges(ANPVR).

M’hamed Karimine, c’est d’abord une présence,une stature avec ses épaules de joueurs de rugby,un charisme, une poignée de mains bien franche.C’est un peu la main de fer dans un gant de ve-lours. Derrière une voix très douce et si posée jail-lit l’ambition qu’il a toujours eue chevillée aucorps. Et il fonce pour vivre et construire, existeret s’imposer. Rien d’étonnant qu’il envisage sa car-rière dans le monde des courses avec la même exi-gence. Plus ébouriffant et stupéfiant fut satrajectoire fulgurante pour entrer dans la cour desgrands. Vainqueur en novembre dernier, lors de la pre-mière édition du Meeting international des coursesde Pur-Sang, du Grand Prix SM Mohammed VI dupur-sang arabe avec Al Antara monté par lejockey Julien Augé et du Trophée du Grand Prixdes Eleveurs grâce au pur-sang anglais I am there,monté par Jaouad Khayate et pour lequel il est as-socié avec le commissaire priseur Aziz Bennani,M’hamed Karimine est entré dans la lumière. Et comme il a remis le couvert, en décembre der-nier, lors du Grand Prix du Ministère de l'Agri-culture, dernier meeting de l’année, avecFaywarda, pur-sang anglais acheté chez le grandéleveur marocain, Azzedine Sédrati, on peut diresans trop s’avancer que l’écurie Karimine Stud estla grande révélation de la saison 2015.

Difficile désormais pour M’hamed Karimined’avancer masqué ou d’étouffer ses ambitions. Çatombe bien, il n’a plus l’âge (57 ans) et, surtout, iln’en a jamais eu envie. «Je ne vais pas m’arrêter àma victoire dans le Grand Prix Sa Majesté Mo-hammed VI» prévient-il. «Je suis têtu et je vais allerbeaucoup plus loin. Si je suis numéro 2, je ferme lesécuries...» Originaire des terres de Tnine Chtouka, celles deson papa Ahmed, véritable berceau des courses dechevaux entre Casablanca et El Jadida où samaman, Fatima, a grandi, M’hamed a toujours vutrès loin et très grand. Quand son père est une ré-férence comme producteur animal et végétal(ovin et bovin, huile d’olive et céréales notam-ment), M’hamed s’imagine dans le monde de lapharmacie. Après un brillant parcours scolaire àl’école des Orangers et au Lycée Descartes, à Rabatoù il a vu le jour, il s’envole pour Bruxelles et Parispour suivre des études supérieures pharmaceu-tiques. Diplôme en poche, il rentre en 1988, alors âgé de30 ans, au Maroc où il n’ouvrira jamais d’officine.Le décès prématuré de son papa l’oblige à repren-dre l’affaire familiale. La lourdeur de la successionle contraint non seulement à renoncer à la phar-macie mais aussi à fermer l’écurie de courses dontson père, président de la société des courses deCasablanca, avait fait sa grande passion.

PAR JÉRÔME LAMY, À TIFLET

PHOTO M’hAMMEd KILITo

« Si je suis numéro 2, je ferme les écuries...»

TIFLET (Écuries d’entraînement Karimine).-«Je ne néglige aucun métier autour du cheval»

précise M’hamed. «J’ai mis en place des salaires importants. Chez moi, un maréchal-ferrant

gagne davantage qu’un médecin.»Vainqueur en noVembre dernier, lors de la première édition du meeting international des courses de pur-sang, du grand prix sm mohammed Vi du pur-sang arabe et du grand prix des eleVeurs de pur-sang anglais, m’hamed Karimine est entré dans la lumière après aVoirrepris la casaque de feu son père ahmedil y a seulement deux ans. explications d'une trajectoire ébouriffante et stupéfiante...

m’hamed karimine

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courses: meeting de pur-sang

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Il ne coupera pas totalement avec la filièreéquine. Une fois réglé le problème des affairesfamiliales, il se lance à son compte dans l’agri-culture, se positionne dans la promotion immo-bilière et remporte la mairie de Bouznika qu’iltransforme en capitale du cheval. Créé en 2002,le Haras national abrite le centre de productionet de mise en place de semences congelées. En2013, M’hamed Karimine poursuit l’essor ducheval dans sa ville et inaugure le grand Festivalde Tbourida Khayl wa Khayr qui devient unrendez-vous incontournable durant la Fête duTrône. «On a réussi à dépoussiérer les événementsde Tbourida» se félicite M’Hamed. «On a rem-placé les fameuses tentes autour des sites de Tbou-rida par des gradins qui accueillent une fouleconsidérable, en nocturne. Nous organisons lemeilleur Festival de Fantasia, du Maroc.»Mais l’histoire d’amour entre le cheval et Bouz-nika ne se résume pas au Haras national et auFestival de Tbourida. C’est que la ville de Kari-mine accueillera au printemps prochain le pre-mier centre d’entraînement dédié aux chevauxde courses ! Adossé au Haras national, il s’éten-dra sur 30 hectares et offrira 220 boxes flambantneufs aux propriétaires de chevaux qui bénéfi-cieront de bureaux personnalisés et surtout devraies pistes d’entraînement. La mairie de Bouznika a travaillé main dans lamain avec la SOREC pour sortir des cartons untel projet. «Si je n’étais pas maire cela aurait étéplus compliqué car l’urbanisme n’était pas disposéà recevoir un tel équipement» précise l’édile deBouznika. «La filière course souffrait depuis desannées de l’absence d’une telle structure. C’est durpour les petits propriétaires de posséder une pisted’entraînement sablonneuse, arrosée, hersée.L’idée, c’est de créer une émulation et donner envieaux passionnés de devenir propriétaires.»M’hamed est épris des chevaux. C’est un fervent.Il reprend même le chemin des écuries. En 2009,il décide d’élever une poulinière de barbes etarabe-barbes, à Bouznika. Tamin, un barbe, de-vient même champion du monde avant d’êtrevendu à la SOREC pour devenir un étalon. En2010, Ahmed Bentouhami, directeur général del’Office National de Sécurité Sanitaire des pro-duits Alimentaires, le traine chez Azzedine Se-drati. «Mon ami Ahmed a acheté une poulinière,moi deux...» dit M’hamed, l’excessif. «C’était monpremier contact avec les chevaux de course» .

Ce ne sera pas le dernier. En 2013, Fatima, lamaman souffrante, exprime à son fils sa nostal-gie des chevaux de courses et lui souffle à l’oreillel’idée assez folle de reprendre la casaque dupapa. «En voulant lui faire plaisir, je me suis faitplaisir» résume-t-il. M’hamed prend la directionde la SOREC où il fait une demande pour réser-ver une casaque orange avec une toque citron.Sa requête est déclinée car ces couleurs appar-tiennent à un certain Ahmed Karimine, feu sonpapa. «Une toque appartient à son propriétaire àvie» explique M’hamed qui a obtenu gain decause en déclinant son identité. Porté par lafierté de faire vivre la mémoire de son papa,M’hamed se rend, en mai 2013, à une vente auxenchères organisée par Azzedine Sedrati. Il ac-quiert trois poulinières. Plus de doute, l’écurieKarimine signe son grand retour dans le mondedes courses.M’hamed Karimine ne croit pas au hasard. Ilcroit au destin que l’on force et à la chance quis’invite à table. Il croit aux décisions mûrementréfléchies, argumentées. Et si son entrée dans lemonde des courses relève d’une motivation af-fective et de la fidélité à une histoire familiale,elle est néanmoins le résultat d’une vraie ré-flexion nourrie par la présence d’Omar Skalli àla tête de la SOREC et par la vision de dévelop-pement de ce dernier. «J’ai mis les pieds dans lemilieu des courses à un excellent moment»confirme-t-il. «Omar Skalli avait eu le temps d’af-finer sa stratégie pour diriger la SOREC et déve-lopper le secteur des courses. Il a fait un travailexceptionnel. Nous sommes passés d’un amateu-risme moderne à un professionnalisme jusqu’aubout des ongles. La SOREC a fait ce qui n’a ja-mais été fait pendant 50 ans. Cette équipe, quej’appelle la dream team, est dans une logique dedéveloppement et d’accompagnement de dévelop-pement. En tout cas, le talent d’Omar Skalli estévident. C’est un super manager, un homme dedialogue. Il ferait un très bon ministre. Je rêveraisde l’embarquer en politique. Le Maroc a besoin detechnocrates comme lui. Un Ministre commeOmar Skalli, ce serait fabuleux pour la politiquemarocaine.»

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PHOTOS M’hAMMEd KILITo

«Dans deux ans, je ne courrai

qu’avec les chevaux que j’ai élevés. Je nourris de gros espoirs pour 2017

et 2018 car je possède une qualité unique

de génétique. Je collabore avec Hassan Mousli

qui est un des meilleurs éleveurs mondiaux

de pur-sang arabes.»

En 2013, Fatima, la mamansouffrante, exprime sa nostalgie des chevaux de courses et souffle à l’oreille de son filsl’idée de reprendre la casaque orange avec une toque citron de feu son papa, Ahmed. «En voulant lui faire plaisir, je me suis fait plaisir»confie M'hamed Karimine.

TIFLET (Écuries d’entraînement Karimine).-M’hamed Karimine avec I am there, une star de l’écurie (2). Le centre d’entraînement (1 et 4) dispose de pistes de courses exceptionnelles (5) au milieu de la forêt d’eucalyptus. A la plus grande joie du talentueux technicien Said Ssouni et de Simohamed (3), l’homme de confiance de M. Karimine.

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courses: meeting de pur-sang

Pour l’instant, c’est la filière équine qui en profiteet notamment le domaine des courses que M’ha-med Karimine a beaucoup analysé. Il ne lui a paséchappé que l’élevage était l’alpha et l’omega de laréussite d’une écurie. «Au Maroc, les bons éleveursse comptent sur les doigts de la main» lâche M’ha-med. «Il y a le Haras Royal, Jalobey Racing, l’écurieSédrati et l’écurie Zakaria Hakam. Pour tout dire,je suis très admiratif du travail de Sharif El Alamipour Jalobey Racing. Il est extrêmement profes-sionnel et a choisi de se consacrer exclusivement àla qualité. De son côté, Azzedine Sedrati est un vi-sionnaire qui a apporté énormément au cheval auMaroc et notamment au monde des courses. Detous, j’ai appris énormément et j’ai pris quelquechose. Mais, ils élèvent d’abord pour eux-mêmes, cequi est normal. Pour réussir, il faut donc produire.Comme je possède une certaine expertise dans ledomaine des ovins et bovins, l’élevage ne m’a jamaisfait peur.»Doux euphémisme, au contraire, ça le passionne.M’hamed avance dans le monde des courses surdeux jambes. Avec la première, il achète sur lemarché français pour être compétitif à courtterme. «Il était impensable de ne pas être très viteau niveau des meilleurs» explique-t-il. Avec la se-conde, il travaille son propre élevage, à Bouznikaoù il possède un centre d’insémination artificielletrès moderne et prépare des lendemains qu’il an-nonce chantants. Il est passé de 30 poulinières, il y a 3 ans, à 120 au-jourd’hui ! «A mon avis, j’élève bien» glisse-t-ilavec le sourire. «Je pense faire partie des grands.Dans deux ans, je ne courrai qu’avec les chevauxque j’ai élevés. Mes premiers produits pourront êtresur une ligne de départ dès juin prochain, et c’est àce moment-là que je pourrai vous dire si je suisun bon éleveur. Je tiens néanmoins àpréciser que ce sera ma plus mauvaisegénération. Je nourris de gros espoirspour les printemps 2017 et 2018 car jepossède une qualité unique de géné-tique du pur-sang arabe.»Grand spécialiste des ressources hu-maines, il sait aussi s’entourer pourmieux déléguer notamment auprès deSimohamed, son indispensablehomme de confiance. «Je travaille avecles meilleurs» dit M’hamed. «SaidSsouni, notre technicien hors-pair, est un insémi-nateur talentueux. Il a fait des formations dans lesplus grands haras de pur-sang arabes au monde,notamment au haras de ouars ou chez HassanMousli, éleveur français d’origine syrienne, qui estun des mes autres collaborateurs de grande valeur.Hassan est un des meilleurs éleveurs mondiaux depur-sang arabes. Il détient la meilleure génétiquede pur-sang arabe. Al Mourtajez, vainqueur duQatar Arabian World Cup, course régulièrementcomparée à l’Arc de Triomphe des chevaux arabes,a été élevé chez Hassan. C’est un des meilleurs che-vaux de l’histoire du pur-sang arabe. Acheter uncheval chez Hassan Mousli, c’est unique et inacces-sible. Il vend seulement à l’Emir du Qatar, de Dubaïou de Bahreim. Je suis son seul client normal.»

On n’ira pas jusqu’à dire que M’hamed Karimineest un homme normal. Il voit plus vite que les au-tres. Il apprend plus vite que les autres. Et il seraitplus juste de parler d’amitié entre les deuxhommes car M’hamed est allé frapper à la portede Hassan, seul comme un grand, sans prescrip-teur, donnant naissance à une belle complicité.«Même si je n’étais plus dans les courses, on seraittoujours amis» confirme M’hamed qui est le seul àposséder autant de génétique femelle made inHassan Mousli. M’hamed Karimine est un grandséducteur à l’esprit tenace. Du coup, Hassan re-toque rarement ses demandes. Au pire, il lui propose de s’associer sur certainschevaux comme Alsaker qui a permis à la casaqueKarimine de remporter son premier succès, enFrance, lors de la première participation, à LaTeste, le lundi 27 juillet, à l’occasion du PrixAkbar. Monté par Julien Augé, Alsaker a impres-sionné l’assistance. Il convient de préciser que levainqueur du GP SM Mohammed VI, Al Antara,est également issu des écuries de Hassan Mousliqui se situe, en Charente, entre Royans et Saintes.

Pour trouver le centre d’entraînement de l’écurieKarimine, il faut quitter l’A2, à hauteur de Tiflet etprendre la N6 en direction de Khemisset. Cetteroute, M’hamed l’emprunte chaque samedi, par-fois avec son épouse Najiba et son petit dernier,Yassine (10 ans), vrai anglophone qui étudie àl'école américaine de Rabat et grand passionné deschevaux. Après quelques kilomètres pittoresques,il faut s’enfoncer dans la somptueuse forêt d’euca-lyptus qui s’étend sur 2000 hectares. Là, point deroute goudronnée, juste une piste de campagnequi pourrait décourager les moins téméraires. Lastructure de base est là mais les travaux d’embel-lissement ne finiront que cet été. «On s’occuperade l’esthétique après le fonctionnel» précise M’ha-med. «Plus on est éloigné de la route, mieux c’estpour la tranquillité. Je ne suis pas sûr d’aménagerla piste car ce lieu n’est pas un camp de vacances etn’a pas vocation à accueillir des visiteurs. C’est notremaison des secrets. On doit rester à l’abri des re-gards. L’important, c’est le bien-être du cheval.»Ils sont au paradis. Outre le calme apaisant et lebienfait des senteurs d’eucalyptus qui purifient lespoumons avec la chaleur, ils bénéficient de 106boxes, d’un marcheur de huit places, d’un mar-cheur dans l’eau et de quatre pistes d’entraînementde 2000 à 2500 m assez exceptionnelles. Au mi-lieu de ce lieu incroyable, ode à la nature et au che-val, on entend l’accent rocailleux de ChristopheLhermitte, l’entraîneur de l’écurie. Ici, c’est le boss ! Respecté et écouté, Christophefait l’unanimité. M’hamed tient à lui comme à laprunelle de ses yeux et croit en lui autant qu’en lui-même. «Dans le monde entier, je n’ai jamais vumieux pour le cheval que ce que nous leur offronsici» dit Christophe qui a roulé sa bosse et qui a op-posé un refus catégorique quand M’hamed lui aproposé de déménager la structure d’entraînementà Bouznika pour regrouper les différentes struc-tures de la team. «Si on remplace les eucalyptus pardes pins, on est à Chantilly.»

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PHOTO M’hAMMEd KILITo

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TIFLET (Écuries d’entraînement).-M’hamed Karimine avec Al Antara, monté par Jaouad Khayate. C’est Alsaker (ci-dessus) qui a permis à la casaque Karimine de remporter son premier succès, en France.Les deux chevaux sont issus des écuries de hassan Mousli (5e à partir de la gauche).

«Je suis très admiratif du travail de Sharif El Alami pour Jalobey RaCing et d’Azzedine Sedrati, un visionnaire qui a apporté énoRMémentau cheval au Maroc et au monde des courses. Aujourd’hui, Je pense faire partie des grands.»

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courses: meeting de pur-sang

#65uu

On est au Nord du Maroc, et lecheval est roi. Pour autant, les em-ployés de l’écurie ne sont pas ou-bliés, loin s’en faut ! Ainsi, lesaccompagnateurs privilégiés deschevaux de course, appelés lad-jockey ou lad-driver, disposent deleur propre dortoir, de leur réfec-toire, de leur salle de vie avecgrand écran plasma et prestationsdignes d’un hôtel. «Je ne négligeaucun métier autour du cheval»précise M’hamed qui convoque undentiste de France trois fois parans. «J’ai mis en place des salairesimportants. Chez moi, un maré-chal-ferrant gagne davantage qu’unmédecin. L’idée, c’est le profession-nalisme. Les courses ne sont pas unsport de hasard. J’ai beaucoup in-vesti, c’est donc normal que j’at-tende un retour sur investissementcomme propriétaire de casaque etcomme éleveur - revendeur.»A l’horizon 2017, M’hamed pro-grammera deux grandes ventesaux enchères par an, à Bouznika.D’ici là, il a planifié de gagner,pour porter au firmament les cou-leurs d’un père qui serait si fier...Et, il fera des allers-retours à Lyonoù il visitera ses enfants, Illy (20ans) et Ahmed (25 ans), dans lecœur desquels il sera toujours... lenuméro un !

Christophe Lhermitte : «Je suis venu au Maroc

pour battre des records»

Christophe Lhermitte ala gourmandise des

sportifs de haut niveau. Il estinsatiable. Il parle chiffres,nombre de chevaux, de vic-toires. Il a le débit de parolesaussi rapide que ses chevauxsur la ligne droite de l’hippo-drome de Casablanca-Anfa.Et il place la barre haute. Ilvise ni plus ni moins le recordde Jean-Claude Rouget, le cé-lèbre entraineur de Aga KhanStuds, de 242 victoires enre-gistrées en une saison (1994),chiffre jamais égalé à ce jour.«C’est tout a fait possible pourl’écurie Karimine» assure-t-il.«Je ne suis pas venu au Marocpour faire petit. Sinon, je se-rais resté en France. Je suisvenu ici pour battre des re-cords et marquer l’histoire descourses.»

Forcément, pareille ambitionn’est pas pour déplaire auboss. Karimine et Lhermittese sont rencontrés, par l’in-termédiaire d’un ami, lorsd’une course, à Rabat, fin2014. Depuis, il n’y a pasl’épaisseur d’une feuille de ci-garette entre eux. «M’hameda une grande expertise dansles courses» confie Chris-tophe, originaire du Nord dela France. «Il a une grande ca-pacité d’écoute, donc il ap-prend vite. Il sait ce qu’il fait.Et il veut aller très vite.»Parfois trop. «Il met beaucoupde pression» concède l’ancienjockey aux 300 victoires.«Mais c’est normal qu’il soitexigeant. En tout cas, il me faitune confiance absolue. J’ai puremettre l’écurie en route. Onest reparti à zéro...»

De 25 pur-sang au début del’aventure, Christophe dispo-sera bientôt de 70 chevauxavant d’atteindre le chiffrefinal de 106. «C’est le nombrequi fait la force» dit-il avantde donner ses conseils pourle galop de chasse des lad-jockeys. «Le secret, c’est defaire marcher les chevauxavant et après l’entraînement.»Christophe est toujours àcheval pour ne rien rater. Ilvoue une réelle reconnais-sance à son patron dont laboulimie de succès est conta-gieuse. «M’hamed a dédié savie à la réussite» dit Chris-tophe. «C’est un grandhomme. Il est généreux. C’estun grand travailleur. Il m’en-voie régulièrement des mails à5 heures du matin. j’imaginequ’il dort peu...»

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L’écurie Karimine et son entraîneurChristophe Lhermitte ont remporté 81 victoires lors de la saison2015, dont 4Grand Prix. Ils ont placé 159 chevaux sur 275 partants.L’exploit est d’autant plus grand qu’ils ont réaliséces statistiquesavec seulement 25 chevaux.

Nombre de victoires en 2015

TIFLET (Écuries d’entraînement Karimine).-Christophe Lhermitte, l’heureux entraîneur de l’écurie Karimine, voue une reconnaissance à son patron. «M’hamed a une grande expertise dans les courses de chevaux»dit-il devant les starts d’entrainement «Il a une très grande capacité d’écoute,donc il apprend vite. Il sait ce qu’il fait. Et il veut aller très vite.»

PAR J. LAMY, À TIFLET

PHOTO M’hAMMEd KILITo

Le chiffre

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#66

courses: meeting de pur-sang

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Cheval du Maroc.- Le 20 novembredernier, la SOREC a organisé la pre-mière édition du «Meeting desCourses de Pur-sang». Pourquoi avoirjumelé deux courses internationalesdédiées au pur-sang anglais et au pur-sang arabe en un seul événement?Omar Skalli.- Depuis 2002, laSOREC organise la Journée Interna-tionale du Pur-sang Arabe et depuis2012 celle du Pur-sang Anglais  :deux événements d’envergure inter-nationale qui ont connu un grandsuccès. En 2015, nous avons décidéde regrouper les deux journées en unseul week-end au mois de Novem-bre. Cette date, située dans une pé-riode creuse dans le monde descourses, nous permet non seulementd’être en harmonie avec le calendrierinternational mais également d’en-courager les étrangers à venir parti-ciper aux courses marocaines.

Allez-vous reproduire cette initiativela saison prochaine?Suite au succès de la première édi-tion, la réponse est positive, biensûr ! Le Meeting International seraorganisé les 19 et 20 Novembre 2016à l’hippodrome Casablanca-Anfa.Notre objectif est d’intégrer cet évé-nement dans le calendrier descourses les plus prestigieuses dumonde hippique.

Pouvez-vous dresser un bilan del’exercice 2015 ?D’un point de vue quantitatif, l’an-née 2015 a été marquée par l’aug-mentation du nombre de coursesavec l’organisation de 2300 courses.Soit une augmentation de 140courses par rapport à 2014. Sur leplan qualitatif, le programme natio-nal s’est enrichi avec l’ajout de 5courses Listed suite à l’accord donnéen 2014 par l’European PatternCommittee, instance compétente en

matière d’homologation des coursesinternationales. Ouvertes aux parti-cipants étrangers, ces courses per-mettront à moyen terme derehausser la compétitivité de noscourses à l’échelle internationale.Cette année a également été mar-quée par d’importants investisse-ments dans les infrastructureshippiques. Notamment à Marrakechqui dispose désormais de son proprehippodrome. Il ne faut pas oublierKhenifra et Oujda où les champs decourses ont été renforcés par la miseen place de nouveaux équipementset installations hippiques qui nemanqueront pas d’avoir unimpact qualitatif sur le dé-roulement des courses.Autre fait marquant del’année, et pas des moin-dres, le lancementd’une formation aumétier de cavalierd’entraînement ausein de l’InstitutNational duCheval PrinceHéritier Mou-lay El Hassan.

Quels sont lesgrands enjeux etdéfis à relever pour 2016?Les enjeux et défis res-tent les mêmes qu’en2015. Il s’agit surtout demaintenir le cap et sou-tenir la même cadenceen matière de dévelop-pement de la filièrecourses hippiques afind’atteindre l’ensembledes objectifs pro-grammés dans lecadre de la StratégieNationale de la FilièreEquine. Véritable feuille deroute pour la réalisation de

ces objectifs, le Contrat Programmede la sous-filière courses hippiques,qui devrait être signé en 2016, énu-mère un certain nombre d’actionsqui ne manque-ront pas derelever da-vantage len i v e a ude noscourses.

Le lancement du premier centre d’en-traînement du Maroc sera le parfaitexemple du développement de la fi-lière courses hippiques...Effectivement, l’inauguration, encours d’année, du premier Centred’Entraînement du Maroc, situé àBouznika, sera un vrai marqueur denotre essor. D’autant que d’autresCentres seront construits et inaugu-rés à l’horizon 2020, notamment àBouskoura et El Jadida. Mais plusque les infrastructures, le véritablechantier est d’ordre humain, je penseparticulièrement à la professionna-lisation des métiers liés aux courses.

Dans ce registre, la SOREC a en-trepris un important tra-

vail de perfectionnementdes compétences au pro-fit de ses propres res-sources humaines quiont bénéficié de cycles deformation continue.Pour ce qui est des pro-fessionnels des courses,plusieurs rencontres etcaravanes de vulgarisa-tion sont programméesau cours de l’année 2016avec comme objectifd’initier les propriétaires,

entraîneurs ou jockeys auxbonnes pratiques et aux

questions réglementaires liéesà leurs métiers respectifs.

si omar sKalli s’est félicité du bilan de la première  édition du «meeting des courses de pur-sang»,le directeur général de la sorec a réaffirmé son ambition de poursuiVre l’essor de la filièrecourses, en inaugurant notamment le premier centre d’entraînement du maroc, à bouzniKa.

OMAR skalli a officialisé la reconduction du «Meeting des Courses de Pur-sang» les 19 et 20 novembre 2016,

événement, destiné à intégrer la liste des courses les plus prestigieuses du monde hippique.

Omar skalli : «sOutenir la même cadence»

PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME LAMY

CAEN.- omar Skalli est fier de l’essor des courses, en 2015, au Maroc, tant sur le plan quantitatif que qualitatif. «Le programme national s’est enrichi avec l’ajout de 5 courses Listed» se réjouitle directeur général de la SoREC.

Page 9: Cheval du maroc Numéro 2

kamal daissaOui

la passiOn des haddaOuis...

grand éleVeur marocain,

auréolé de trois Victoires

dans le meeting international

des courses de pur-sang sous la casaque du haras

de l’atlas, Kamal daissaoui a renoué le fil de ses origines

de ouled haddou, en assumant sa passion ancestrale du cheVal.

PHOTOS dR

PAR JÉRÔME LAMY, À BIR JDID

BIR JdId (haras de l’Atlas).- L’élégante Rachida et le brillant Kamalforment un couple fusionnel, en politique comme aux courses. Elle l’a suivi, soutenu et encouragé dès la première heure. «Lors des ventesaux enchères, elle ne m’a jamais dit ‘n’achète pas trop’» sourit Kamal. «Le fait de ne rien dire est un début de complicité, non?»

CASABLANCA (hippodrome Anfa).- Après la victoire de djouldia de Faust dans la course The President of U.A.E. Cup, Kamal, Rachida et leur fils omar posent sur le podium aux côtés de l’apprenti jockey Khalid Jbilou, de leur entraîneur El hassan Bendia et du papa de ce dernier.

PHOTOS A. MoKhTARI

Page 10: Cheval du maroc Numéro 2

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courses: meeting de pur-sang

Malheureux en politique, heureuxaux courses. Kamal Daissaouipourrait disserter de longuesheures sur ce dicton. Devancé

dans la conquête de la présidence de l’arrondisse-ment de Sidi Belyout, lors des dernière électionscommunales, à Casablanca, le Bidaoui a marchésur l’eau à l’occasion du Meeting international descourses de pur-sang, surtout lors de la premièrejournée dédiée au pur-sang arabe. La casaque rouge à étoiles blanches de l’écurieDaissaoui a planté son drapeau à trois reprisespour un exploit rare. Kamal ne nous l’a pas ditmais il y a fort à parier qu’il n’aurait échangé cetteivresse sur l’hippodrome de Casablanca contrerien au monde, pas même un succès politique. «Lapolitique, c’est une manière de permettre à mesrêves d’étudiant de survivre au temps qui passe» ditsimplement Kamal. «C’est purement magnanime,tourné vers les autres alors que le monde des coursesm’offre des joies plus personnelles, plus intenses, plusfamiliales, plus claniques, plus passionnelles.»La passion du cheval, c’est à Ouled Haddou, à Ca-sablanca où il est né en 1955, qu’il l’a contractée.«La tribu des Haddaouis est réputée pour sonamour du cheval» précise Kamal. «Et comme le ditune chanson populaire, chaque Haddaoui doitavoir un cheval.» Kamal aura attendu de nom-breuses années pour être à la hauteur des incan-tations populaires. Ça lui aura laissé le tempsd’être digne des ambitions et des espoirs que sonpapa Bouchaïb, postier de métier, et sa mamanAïcha plaçaient en lui.

Il avait trop de talent et d’énergie pour s’en conten-ter. En 1986, il fonde, avec des enseignants cher-cheurs, l’Ecole Marocaine de Sciences del’ingénieur (EMSI) qu’il préside aujourd’hui. Lapremière antenne est lancée à Casablanca, en1986. Suivront l’EMSI Rabat, en 1996 et la petitedernière, née en 2006, à Marrakech. C’est d’ailleurslà que nous l’avons rencontré, à l’occasion de la re-mise des diplômes de la septième promotion pourparler de son addiction au cheval qui n’est pasbeaucoup plus ancienne.A la mort de son père, feu Bouchaïb, en 2003,Kamal a engagé une réflexion sur l’avenir de laferme familiale, située à Bir Jdid, village ver-doyant, équidistant de Casablanca et El jadida,surnommé la Normandie du Maroc. «Mon pèreélevait des vaches, et moi, je ne sais pas faire» confieKamal. Parce que Bir Jdid est une des capitales ducheval passion qui voyage de père en fils, parceque la majorité des grands jockeys, à l’image deZargane, Mandihi ou autres Kandoussi, sont issusde ces terres sablonneuses propices à l‘entraîne-ment, parce que c’était une manière de renouer lefil de ses origines, Kamal a décidé d’assumer sapassion ancestrale du cheval.

Car le petit Kamal a très vite montré beaucoup dedispositions pour les études et les mathématiques.«On dit que les Marocains sont forts en mathéma-tiques; je ne sais pas si c’est vrai, toujours est-il quej’ai été matheux» confie Kamal dont le physiquesérieux et les petites lunettes cerclées sur le nez nelui permettent pas de tromper son monde. Aprèsun bac scientifique au Lycée Moulay Abdellah, àCasablanca, en 1973, il s’envole pour Clermont-Ferrand où il réussit brillamment son deug à la facde sciences. Il en profite pour goûter la chaleurhumaine des Auvergnats et tâte du ballon rond,lui, le Wydadi pur jus, au Clermont Foot. Après un crochet par une licence informatique àToulouse où il croisera la route d’un étudiant doc-teur en chimie, Tariq Kabbage, l’ancien maired’Agadir, il termine son expérience française, àNice. Sur la Riviera, il devient le premier maro-cain docteur es-sciences informatique. Chercheuruniversitaire en informatique à l'Université deNice-Sophia, il donnera des cours trois années du-rant de 1980 à 1982. Il rentrera ensuite au Maroc,à Casablanca, à l'Ecole Hassania des travaux pu-blics pour y enseigner sa matière favorite jusqu'en2005.

« Trop souvent, les propriétaires refusent de donner leur chance aux apprentis. Ils préfèrent faire venir des jockeysde l’étranger. Nous, on les forme, on leur donne une chancedans des grandes compétitions et ils nous remercient avec des succès de prestige comme celui de Khalid Jbilou dans le meeting international des courses de pur-sang. »

kamal daissaoui

BIR JdId (haras de l’Atlas).- Les apparences sont parfois trompeuses. Kamal daissaoui, au premier plan, devant sa femme Rachida, au second, une image qui ne correspond pas à la réalité tant ce couple est uni et solidaire. Et ce, même si madame daissaoui possède sa propre casaque !

PHOTOS A. MoKhTARI

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courses: meeting de pur-sang

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Kamal ne s’est jamais engagé à moitié, ni dans sesétudes, ni dans sa vie professionnelle. A Bir Jdid,au Haras de l’Atlas, situé entre la forêt et la mer, ila mis les petits plats dans les grands. Pas pour luiou son égo, son bureau étant pour le moins som-maire derrière le poste de procréation artificielle,mais pour ses cent chevaux qu’il surveille commela prunelle de ses yeux à l’image des championsCobalt de Carrere ou Djouldia de Faust, installésau calme, dans un box à droite, après l’entrée. Ets’il plonge dans le monde des courses, ce sera latête la première. En 2009, il achète sa première ju-ment pour commencer l’élevage. Il se documentesur la généalogie, les croisements, l’arborescencedes chevaux. «C’est passionnant» assure-t-il. «Et jepeux même dire que c’est très scientifique.» Rien d’étonnant donc que Kamal flirte avec l’ex-cellence. Dès sa première vente aux enchères Ar-cana, à Deauville, toujours en 2009, il tire le groslot. La chance s’appelle Rudy des Viallettes, pursang arabe acheté à Bertrand de Watrigant. Pourun coup d’essai, c’est un coup de maître. Le fils del’illustre Dormane et de Hourmane des Vialettesdonnera beaucoup de bonheur au clan Daissaouiavec une première victoire pour son premier en-gagement à Rabat et deux secondes places, lors dumythique GP Mohammed VI (2010 et 2011).

Kamal ne regrette donc pas son cheminement na-turel vers les courses. «Les performances de Rudydes Vialettes nous ont donné envie d’acheter encore,et c’est l’engrenage...» avoue Kamal. «Dénicher unbon cheval, une perle rare, c’est beaucoup de chanceet un peu de savoir-faire» . L’inverse est égalementvrai. D’autant que Kamal peut compter sur l’aidede ses fils Mehdi pour l’élevage et Mohammed (25ans), qui, avant de s’envoler pour suivre un MBAaux Etats-Unis, accompagnait son paternel auxventes aux enchères, en France. «Il faisait beau-coup de statistiques sur internet notamment sur lesprocréations de la mère» précise Kamal. «En toutcas, je leurs dois une fière chandelle.»Car les Daissaoui ont toujours le nez creux. Et fontencore bonne pioche avec un certain Udallan,vainqueur du Grand Prix de SAR le Prince Héri-tier Moulay El Hassan, en 2013. Fils de MonsieurAl Maury et Harein de Faust, né au Haras de SaintFaust, Udallan a tiré le premier pétard d’un beaufeu d’artifice. Car, la casaque rouge à étoilesblanches de l’écurie Daissaoui a non seulementconservé sa main mise sur le Grand Prix MoulayEl Hassan en 2014, avec le sacre d’Aristote duCroate (France) mais aussi préservé son titre, àl’occasion du Meeting international des courses depur-sang, en novembre dernier, grâce au sacre du4 ans Bachar de Carrere (Kerbella).

Ce n’est pas le seul événement queKamal Daissaoui retiendra de ce pre-mier meeting réunifié qui avait magni-fiquement commencé, pour sescouleurs, dans la troisième course, leGrand Prix de S.A.R. Moulay Rachid,avec la victoire du 3 ans Cobalt de Car-rere – FR (Samir de Carrere). Et cetteréunion historique s’est terminée de lameilleure des manières, lors de la der-nière course e President Of U.A.E.Cup, enlevée par le 4 ans Djouldia deFaust – FR (Al Saoudi). «Ces trois che-vaux ont été sellés par l’entraîneur ElHassan Bendia qui est avec nous depuisle début de l’aventure» précise Kamal.«Hassan n’a pas pris de vacances depuistrès longtemps et je le remercie pour soninvestissement. C’est une fierté de tra-vailler avec un entraineur marocain ori-ginaire de la région de Bir Jdid.»Les satisfactions ne manquent pas. SiBachar de Carrere et Cobalt de Carrereont été chevauchés par Abdelkader ElKandoussi, Djouldia de Faust a étémonté par l’apprenti jockey Khalid Jbi-lou. «C’est la cerise sur le gâteau» résumeKamal. «Trop souvent, les propriétairesrefusent de donner leur chance aux ap-prentis. Ils préfèrent faire venir desjockeys de l’étranger. Nous, on les forme,on leur donne une opportunité dans des

grandes compétitions et ils nous remercient avec dessuccès de prestige comme celui de Khalid. Mais cen’est pas le succès d’un propriétaire, d’un cheval oud’un jockey, c’est la victoire de tout un groupe. Il nefaut pas oublier que les jockeys qui montent enGrand Prix récoltent les fruits du travail des jockeysdu petit matin qui sortent, travaillent et donnent àmanger aux chevaux.»Le clan de Bir Jdid assume sa différence jusquedans le nombre de casaques. Dans l’écurie Dais-saoui, il faut compter avec trois casaques, celle deKamal, bien sûr, engagée depuis six ans, celle deson épouse Rachida, sur les champs de courses de-puis deux saisons, et la dernière, celle du fiston,Omar, étudiant en masters logistic, qui vient deboucler sa première année. Pour la petite histoire,c’est Rachida qui a remporté le Grand Prix Mou-lay El Hassan, en 2014, sur Aristote du Croate, ca-saque blanche à étoiles rouges, en coiffant sur lepoteau Udallan, casaque rouge à étoiles blanches,dont le propriétaire n’est autre... que son mariKamal.Car Kamal n’a pas fait le grand saut tout seul: Ra-chida lui a tenu la main, bien fort. L’élégante Ra-chida et le brillant Kamal forment un couplefusionnel, en politique comme aux courses. Ellel’a suivi, soutenu et encouragé dès la premièreheure. «Lors des ventes aux enchères, elle ne m’a ja-mais dit ‘ n’achète pas trop’» sourit Kamal. «Le faitde ne rien dire est un début de complicité, non?En revanche, je ne sais pas où mon épouse a attrapéle virus du cheval...»

aux éleveurs marocains d’être compétitifs dans le circuit du pur-sang arabe. L’ambition, c’est évidemment de réussir à exporter très vite à l’international... »

« Omar Skalli et la SOREC font un effort important sur le travail de la génétique.En achetant des étalons à haute valeurgénétique et en finançant 50% de la semence congelée, la SOREC permet

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courses

il travaillera sa montesur simulateurà l’école des jockeys.

PAR FOUAD BELKOUCH

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La seule chose dont Kamal est certain c’est que Ra-chida n’est pas originaire de la tribu des Had-daouis ! Néanmoins, elle porte en elle les gênes dusport de haut niveau, l’ADN de la compétition.Fille du célèbre boxeur marocain Hamida Allali,qui n’était autre que le sparing-partner de MarcelCerdan, elle a grandi avec les histoires croustil-lantes de celui que l’on surnommait le Bombar-dier marocain. Feu son père a même porté ladépouille de Cerdan à Casablanca. Il n’y a doncpas de hasard. Jamais.Il n’y en a pas davantage dans l’évolution descourses, au Maroc que Kamal Daissaoui juge à lalumière de son expérience. «Depuis 2009, laSOREC a réalisé un travail exceptionnel» constateKamal. «Je tiens d’ailleurs à féliciter son directeurgénéral, Omar Skalli, pour le développement consi-dérable de la filière courses notamment dans l’or-ganisation et la professionnalisation de sesstructures. Il faut également préciser que la SORECfait un effort important sur le travail de la géné-tique. En achetant des étalons à haute valeur géné-tique et en finançant 50% de la semence congelée,la SOREC permet aux éleveurs marocains d’êtrecompétitifs dans le circuit du pur-sang arabe. L’am-bition, c’est évidemment de réussir à exporter trèsvite à l’international et à vendre des chevaux per-formants, au Moyen-Orient, notamment.»Le pari est loin d’être utopiste. Pourtant, en 2009,le développement de la filière s’apparentait à unevraie course d’obstacles. «Le cheval barbe était envoie de disparition» confirme Kamal. «Le Marocavait dilapidé son patrimoine génétique notam-ment au haras de Meknès tant au niveau du chevalbarbe que du pur-sang arabe. L’exploit est doncd’autant plus grand d’avoir autant développé le che-val arabe de course. Il y a dix ans, les seconds cou-teaux étrangers venaient au Maroc et s’imposaientsans difficulté. Désormais, ce sont les meilleurs che-vaux qui viennent de l’étranger et nous réussissonsà les battre. Il convient aussi de préciser que laSOREC, dans sa volonté de structurer les courses,n’a pas oublié de participer à l’économie rurale, endéveloppant les métiers du cheval et les autres racesde chevaux. L’impact social n’est évidemment pasnégligeable.»Derrière l’éleveur de chevaux à succès, sommeilletoujours l’homme politique...

BIR JdId (haras de l’Atlas).- Bienvenue au royaume des carottes...

Les histoires d’amour fi-nissent mal en général.Celle d’Omar Lakjal,

avec le monde des courses, asurtout mal débuté. Omar sesouvient très bien de cette pre-mière course disputée, en fé-vrier 2014, sur l’hippodromeLalla Malika, à El jadida. Il sesouvient de son cheval, Wakila,qui l’a éjecté de sa selle en s’écar-tant du tracé officiel. Il eut été difficile que sa carrièredémarre plus mal. Il aurait puraccrocher la casaque, passer àautre chose. Mais c’était sanscompter sur sa détermination .«J’avais tellement honte de moi,je n’ai pas dormi deux nuits desuite, mais je n’ai pas baissé lesbras» précise-t-il.Dire qu’il a eu raison de les rele-ver est un euphémisme. OmarLakjal a, en effet, été sacré vice-champion du monde desjockeys apprentis, après sa 2e

place dans la finale du Cham-pionnat du monde de SheikhaFatima Bint Mubarak, à AbuDhabi. La prouesse du plusjeune jockey de la course (16ans), montant « Hanouf »,confirme sa troisième place, àVarsovie, lors du début de sonodyssée mondiale sur l’hippo-drome Sluzewiec et sa sixièmeplace, à Tarbes, lors du PrixFleur d'Avril.

Omar Lakjal, l’ascensiondu gamin de Chtouka

Adolescent souriant, calme etd’une grande gentillesse, legamin de Chtouka est déjà unvieux briscard. Il avoue, avecbeaucoup d’humilité et d’insou-ciance, qu’il sait vouloir devenirle plus grand jockey du Maroc,depuis son dixième anniver-saire. «Je vise l'élite mondiale decourses de plat» poursuit-il.Omar aime replonger dans sessouvenirs d’Abu Dhabi, lacourse la plus importante de sacarrière. « Je ne m’attendais pasdu tout à terminer 2e» confie-t-il. «A l’arrivée, j’étais ému et aubord des larmes car rien ne meprédestinait à devenir jockey. Aufond, je ne faisais que rigoler.»

Né à Chtouka en 1999, benja-min d’une fratrie de 7 enfants (4frères et 2 sœurs), Omar a com-mencé à monter à cheval depuissa tendre enfance, bénéficiantd’un environnement familialpropice. L’ardeur d’Omar pourles équidés a, en effet, été entre-tenue depuis son jeune âge, parson père Mohammed éleveurd’une soixantaine de pur-sanganglais et d’arabes-barbes.

Ce sont ses adversaires qui nedevraient plus rire beaucoup. Etsi le calendrier des courses hip-piques 2016, n’est pas encore to-talement arrêté, Omar affiched’ores et déjà ses ambitions.«Cette année sera encore plusdure car je devrai confirmer»dit-il. «Je vais rester très concen-tré pour ne pas décevoir ceux quime soutiennent notamment laSOREC qui m’a fait confiance etm’a aidé pour le Championnatdu monde».Et s’il espère secrètement que lesgrandes écuries du Royaume luidonneront sa chance, Omar nejure pour l’instant que par sonpère qui est aussi son entrai-neur. «J’ai du temps devant moi,avant de penser à l’écurie qui vame parrainer » avoue ce grandfan du Wydad de Casablanca.En 2016, il suivra les conseils dela SOREC et ira régulièrementtravailler sa monte sur le simu-lateur de l’école des jockeys (voirpage 81). Il n’abusera pas, en re-vanche, du tagine de poulet aucitron, son plat préféré, pourconserver son poids de forme(49 kg pour 1m58). Il préfèrerase repasser en boucle Kung FuPanda, son film fétiche, ou sesexploits d’Abu Dhabi pour mar-cher sur les traces de la star desjockeys belges, Christophe Sou-millon, son modèle.

ABU dhABI.- omar Lakjal, félicité par Meryem Ihrai (SoREC), après sa magnifique seconde place lors de la la finale du Championnat du monde des jockeys apprentis.

PHOTOS dR

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8e salon du cheval d’el jadida

des métiers,des hOmmeset un parc !le déménagement du salon du cheVald’el jadida dans le somptueux parc des expositions mohammed Vi lui a permis de battre son record d’affluence. la barre historique des 300.000 Visiteurs a été franchie pour la première fois dans l’histoired’un éVénement unique qui a Valoriséles retombées bénéfiques des métiersdu cheVal sur l’économie nationale.

Exceptionnel sur la forme, irréprochable et in-novant sur le fond. Pour dresser le bilan de la8e édition du Salon du Cheval d’El Jadida, ilconvient de distinguer la forme et le fond.

Force est de constater que les organisateurs de cet évé-nement majeur, ancré dans la culture marocaine, ontréalisé un sans faute pour l’un et pour l’autre. La forme porte un nom. Elle s’appelle le Parc des Expo-sitions Mohammed VI. Pour la première fois depuis sacréation en 2008, le Salon du Cheval n’a pas été organisédans l’hippodrome Princesse Lalla Malika. La grandenouveauté, étape historique dans l’histoire du Salon,aura donc été le déménagement de la manifestationdans un Parc des Expositions Mohammed VI flambantneuf. Véritable pépite architecturale, le Parc des ExpositionsMohammed VI magnifie le mariage entre la technolo-gie moderne, les solutions innovantes et les traditions,le savoir-faire artisanal. Ainsi qu’en atteste l’antinomieentre des halls ultra-modernes aux façades en verre sé-rigraphiées et les bâtiments en enduit de couleur bleuMajorelle ou les pergolas, vaste promenade le long deshalls, qui sont inspirées de la circulation ombragée dessouks...La rapidité des travaux est une autre valeur ajoutée decette réalisation. Et, le seul fait que le Salon ait pu se dé-rouler dans son nouvel écrin dans d’aussi excellentesconditions est un authentique exploit. «On a retrousséles manches jusqu’à la dernière seconde» confirme OmarSkalli, directeur général de la Société Royal d’Encoura-gement au Cheval (SOREC), maitre d’oeuvre du chan-tier et propriétaire des lieux.

PHOTOS dRISS BENMALEK

PAR JÉRÔME LAMY, À EL JADIDA

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EL JAdIdA (Parc des Expositions Mohammed VI).- La maréchalerie

a rencontré un vif succès auprès des visiteurs curieux de découvrir les spécialistes du pied

et de la ferrure, chargés de l’entretien et de la protection des sabots.

Le maréchal-ferrant fabrique, pose et adapte les fers aux sabots.

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8e salon du cheval d’el jadida

«Le Maroc a gagné un grand édifice» résumeMouâd Jamaï, le gouverneur de la Province d’ElJadida. «Le Parc des Expositions Mohammed VI estun cadeau pour la ville d’El Jadida et un atout pourla région Casablanca-Settat. Il est remarquable-ment situé à quelques encablures d’une sortie d’au-toroute et entre deux belles structures hôtelières: leMazagan Beach & Golf Resort et l’hôtel PullmanMazagan Royal Golf & Spa. Autant d’argumentsqui permettent au parc d’Expositions MohammedVI d’être candidat à l’organisation de salons oud’événements de grande envergure.»Hasard ou pas - il n’y en a jamais vraiment -, ledéménagement au Parc des Expositions Moham-med VI a permis au Salon du Cheval de battre denombreux records, notamment celui de l’af-fluence. La barre des 300.000 visiteurs a en effetété franchie pour la première fois dans l’histoiredu Salon. Pour continuer à faire parler les chiffresvertigineux, il convient de citer la présence de 450journalistes nationaux et internationaux, 600 che-vaux présents, 120 exposants marocains et étran-gers, pas moins de 20 000 enfants en visite...Sur le fond, le bilan de cette édition a égalementété extrêmement positif. Organisé sous le thème «Le cheval : arts et métiers », le Salon n’a jamais au-tant positionné le cheval comme un marqueuréconomique et social, épousant ainsi la campagnede communication très réussie de la SOREC dontl’ambition était de créer un lien direct et fort entreles métiers et les hommes. L’importance et la di-versité des métiers liés au cheval, et leurs retom-bées bénéfiques sur l’économie nationale, ontmotivé le choix d’offrir aux professionnels une vé-ritable plate-forme d’échanges et au grand publicun espace de découverte des métiers de la sellerie,de la maréchalerie, de la fabrication des fusils deTbourida mais aussi de l’alimentation animale,des médicaments ou encore de l’animation et desloisirs équestres : toute une économie qui impactepositivement la vie des populations.

A noter que le Maroc a remporté le ChampionnatInternational du Cheval Barbe ! La pouliche Da-hibat Graine (3 ans), de son propriétaire Noured-dine Dahbi, a ainsi remporté le prix «e best inshow» catégorie femelles, alors que le chevalChahm Annasr (plus de 4 ans), de son proprié-taire Jamal Abdennaceur, a remporté le mêmeprix dans la catégorie mâles. En provenanced’Afrique du Nord et d’Europe, une soixantainede chevaux a pris part à la compétition, offrant aupublic, venu nombreux, une excellente occasionde mieux connaître la race Barbe, véritable sym-bole du patrimoine équestre du MarocSous l’égide de l’Organisation Mondiale du ChevalBarbe (OMCB), présidée par le Maroc depuisquatre ans, le Championnat International du Che-val Barbe est présenté par l’Association du Salondu Cheval, en partenariat avec la SOREC. Il illus-tre de très belle manière la mission du Salon duCheval, toute entière tournée vers le développe-ment de la culture équine du Royaume. Enfin, la dernière étape du Morocco Royal Tour atenu toutes ses promesses et clôturé de la meil-leure des manières ce 8e Salon du Cheval. Aprèsles étapes de Tétouan et Rabat, le Morocco RoyalTour a pris place dans les nouvelles installationsdu Parc des Expositions Mohammed VI où il aécrit un scénario haletant. A l’issue des deux manches de la journée, c’est lechampion du Portugal, Antonio Matos Almeida,qui a brillamment remporté le Grand Prix. Le ca-valier marocain Abdelkebir Ouaddar et Quicklyde Kreisker, ont terminé à une prometteuse cin-quième place. Le couple star qui rêve d’un sacreaux Jeux Olympiques de Rio, a fait le spectacle etdonné de l’émotion aux 5.000 spectateurs présentsdans les tribunes. Qui se sont promis de revenirl’année prochaine pour une 9e édition du salon duCheval d’El Jadida que tous les amoureux de la fi-lière équine attendent désormais avec une impa-tience non dissimulée.

Et les visiteurs ont apprécié. «Les Marocains ado-rent les objets traditionnels liés au cheval» préciseMohammed Oussidhoum, le directeur du HarasNational d’El Jadida. «Ils ont été très nombreux àassister au concours de maréchalerie. Et ils sontconscients que le développement de la filière équinea des retombées sur les métiers du cheval et doncsur l’économie nationale. Tout le monde en profite.Pour le seul domaine des courses, on peut citer lesmétiers de lad, premier garçon, dresseur, jockey, en-traîneur, inséminateur, commissaire, vétérinaire,éleveur... On ne s’en rend pas toujours compte, maisl’impact économique et social est énorme».Les organisateurs ont même programmé uneconférence culturelle sur le thème: «Future écono-mie du cheval: réalités actuelles et défis futurs.»Animée par des professionnels, dont le Dr. DrissGuerraoui, économiste à l’Université Mohamed Vde Rabat, elle a suscité l’échange de savoir-faire etpermis de répondre aux questions d’un publicpassionné, venu nombreux assister aux débats.Le Salon du Cheval a également accueilli une im-portante délégation du Portugal, pays invitéd’honneur, en présence de la ministre portugaisede l’Agriculture, de la Mer, de l’Environnement etde l’Aménagement du territoire, Assunçao Cris-tas, et de l’ambassadrice du Portugal au Royaumedu Maroc, Maria Rita Ferro. Conscient que sondéveloppement, et celui de la filière équine maro-caine dans son ensemble, passe par l’acquisitiond’une notoriété mondiale, le Salon du Cheval afait de la coopération internationale un axe de dé-veloppement majeur. Cette action de partenariat a traduit en outre lavolonté des deux pays de consolider l’échanged’expertises, de renforcer la mise en valeur du pa-trimoine équestre. A cette occasion, la délégationportugaise a loué l’expérience très avancée duMaroc, qui a réussi, en quelques années, à faire ducheval un vecteur majeur de rayonnement sur leplan régional et international.

EL JAdIdA (Parc des Expositions Mohammed VI).- La cérémonie de remise des prix du Morocco RoyalTour, présidée par son Altesse Royale le Prince Moulay Rachid (en médaillon avec Kebir ouaddar), a célébré le succès du Portugais Antonio Matos Almeida, en présence du président de l'Association du Salon du Cheval d'El Jadida, Moulay Abdellah Alaoui, du ministre de l'Agriculture et de la Pêche Maritime, Aziz Akhannouch, du Commissaire du Salon du Cheval, El habib Marzak.

«Le Parc des Expositions Mohammed VI est un cadeau pour la ville d’El Jadida. Le Maroc a gagné un grand édifice qui sera candidat à l’organisation

de salons ou d’événements de grande envergure.»

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PHOTOS dRISS BENMALEK

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8e salon du cheval d’el jadida

Les organisateurs du Salon du Chevalpeuvent se féliciter d’avoir attiré 300.000visiteurs dans le somptueux Parc d’Ex-positions Mohammed VI. Certains sont

venus en voiture, en train, en bus ou même endeux roues. D’autres, fidèles à l’esprit ancestral,ont fait le trajet à cheval. Radoine Elhaoussa estde ceux là. Accompagné de dix randonneurs, lejeune (37 ans) propriétaire de La Ferme ÉquestreMarrakech Tensi a parcouru les 240 km séparantla Ville Ocre d’El Jadida, à dos de cheval. Et si le point d’orgue de ce voyage équestre fut l’ar-rivée des cavaliers, le 14 octobre dernier, en pleincœur du Salon du Cheval, après six jours de ran-donnée, l’ambition est la valorisation du tourismeéquestre et l’amélioration de l’utilisation du che-val dans les villages traversés. «On est fiers d’avoirforcé l’admiration des habitants grâce au tourismeéquestre» confie Radoine. « Surtout, on est heureuxd’avoir rencontré des petits éleveurs ou des proprié-taires qui ont soif de formation ou d’informationssur l’entretien des chevaux.»Radoine n’a pas la mémoire courte. Il n’a pas ou-blié ses promesses automnales. Au mois de février,il retournera à Sidi Bennour, accompagné d’undentiste et d’un ostéopathe... C’est là, au villageFnatssa, qu’une fantasia a accueilli la joyeuse ran-donnée de La Ferme Tensi. Au plus grand bon-heur d’une dizaine de cavaliers confirmés - «àl’aise aux trois allures» précise Radoine - qui ontdécidé de découvrir une région inexplorée.«L’idée, c’est aussi de valoriser et varier l’utilisationdu cheval barbe et du cheval arabe-barbe» dit-t-il.

la carte du tOurisme équestre

Radoine, dont l’objectif est de créer une route tou-ristique référente entre Marrakech et El Jadida, nemanque pas de louer l’accueil chaleureux et joyeuxdes villageois . «Ils sont impatients qu’on développele tourisme équestre» lance Radoine. «Il y a le tou-risme à Marrakech, le tourisme berbère, le tourismedu désert, le tourisme de la mer, il y aura bientôt letourisme rural. Et Il faut développer le tourismerural à travers le cheval et encourager tous ces gensde bonne volonté à bâtir des gites pour accueillir lestouristes. La nature nous a donné un pays fantas-tique. Elle a fait le plus dur. A nous de terminer letravail. »

Radoine a l’intention d’assumer sa part du labeur.Non content de montrer l’exemple, il assiste auxréunions de l’embryonnaire Association Nationaledu Tourisme Équestre. «Professionnaliser le secteurest notre défi» dit-il. «Il faut créer une carte d’ac-teurs reconnus du tourisme équestre afin de per-mettre aux touristes de bénéficier d’une mêmequalité de service, de prestations et de sécurité. Anous aussi, chacun de notre côté, de dégager nosmeilleurs circuits de randonnée afin de les réperto-rier sur une carte référente. Il ne faut surtout pasfaire l’erreur d’oublier le tourisme interne en ciblantles seules agences de voyages.»Posée route de Casablanca, en bordure de la Pal-meraie de Marrakech, au milieu d’un champ degrenadiers de onze hectares, La Ferme ÉquestreTensi avait déjà organisé semblable événement,l’an dernier, lors de la septième édition du Salondu Cheval. Mais Radoine voit plus loin. Outre unerandonnée, en mars prochain, entre La FermeÉquestre Tensi et le haras national, avec une tra-versée de Marrakech, à l’occasion des journéesportes ouvertes, il programme pour le printemps2017 un voyage équestre historique avec le chiffrerond de 100 randonneurs !C’est face à l’Atlantique, à Dar Bouazza, où il agrandi en pleine campagne, que Radoine déchiffreles premiers secrets des chevaux et devient un ca-valier émérite. Le virus, ce sont ses grand-pères,Regragui d’Essaouira et Miloudi de Dar Bouazza,cavaliers de fantasia, qui le lui ont transmis. Riend’étonnant qu’il abandonne La Faculté de DroitHassan II, à Casablanca, pour satisfaire sa passion.

«L’amélioration de l’utilsation du cheval dans les villages traversés a fait partie de nos objectifs durant la randonnée.»

>>Radoine programme un voyage équestre historique avec 100 randonneurs !

radoine elhaoussa mise sur le tourismeéquestre. a marraKech, à la ferme tensift,

il met tout en œuVre pour que le cheVal deVienne une Vraie signature du tourisme

comme le désert ou la gastronomie.

MARRAKECh (Ferme Équestre Tensift).- Radoine Elhaoussa ne manque pas d’idéespour développer le tourisme équestre :«il faut créer une carte d’acteurs reconnus afin de permettre aux touristes de bénéficier d’une même qualité de service et de sécurité.»

PHOTO dR

PAR JÉRÔME LAMY, À MARRAKECH

Des charmes du massif des Jbilet, ces petites mon-tagnes à la sortie de Marrakech qui séparent la ré-gion de l’Haouz et la vallée Rhamna, à lamagnifique plongée dans la Région de Doukkala,vers El Jadida, en franchissant Sidi Bennour et SidiSmail, les randonneurs ont compilé des souvenirséternels. «On a traversé des paysages extraordi-naires» précise Cécile. «Il n’y pas de gites, on acampé sous des tentes, on a dormi à côté des che-vaux. Cette randonnée a non seulement renforcé lesliens entre les cavaliers mais aussi entre les hommeset les chevaux.»

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sport équestre

Aide-moniteur dans un club équestre de la régionde Dar Bouazza, il se plonge, avec abnégation,dans les livres de pédagogie équestre et passe sontemps libre devant la chaîne spécialisée Equida. Ildécide de franchir le grand pas, en 2004, et partpour la France où il passe le brevet d'aptitude auxfonctions d'animateur (BAFA). En 2007, il suit unstage de pédagogie équestre. «Jusqu’au galop 7, j’aifait de l’auto-formation» précise-t-il. Radoine estun des élèves les plus doués de sa génération. Tantet si bien qu’il réussit, en 2008, le concours au bre-vet d’Etat, au centre national de formation éques-tre La Canorgue, dans le Lubéron. Il se lance, alors, dans une formation aux métiersdu cheval dans les écuries du CEFTER PACA, àBarcillonette. Il rentre au Maroc, au crépuscule del’année 2009, avec un brevet d’Etat en dressage,cross et saut d’obstacles, un brevet d'aptitude auxfonctions d'animateur, un brevet d’attelage, un di-plôme de moniteur pour aveugles et un diplômepremiers secours. «J’avais acheté mon billet d’avionpour Casablanca avant de passer le dernier exa-men» se souvient-il.Les diplômes et les ambitions ne suffisent pas tou-jours. Il déchante. Son projet de ferme équestre,dans la région de Dar Bouazza, ne verra pas lejour. «Je voulais rebondir vite pour évacuer cettedéception» confie-il. Il hésite entre deux proposi-tions et autant de tentations. Entre un travail enFrance comme enseignant et un job dans uneferme, à Marrakech, il laisse parler sa fibre natio-nale. Là, encore, l’expérience est frustrante.Le désenchantement, Radoine en a trop soupé.Après la visite d’un terrain, au début de l’année2011, à la sortie de Marrakech, il entrevoit la lu-mière et jette les premières bases de La Ferme Ten-si. En quatre ans, la Ferme passe de 6 chevaux à50 chevaux. Initiations, perfectionnement, ran-données et équithérapie pour les mal-voyants, lesenfants sourds et muets ou les Associations dehandicapés, Radoine met son grand savoir-fairepédagogique au service des plus fragiles et du tou-risme équestre. Histoire que le cheval devienneune vraie signature du tourisme comme le désertou la gastronomie... u

Pause selfie pour Radoine et ses randonneurs sur le cheminentre Marrakech et El Jadida.

«Saad est encore très jeune. Il a un potentiel extraordinaire. Il est doué et passionné. Surtout, il ne lâche rien. Il a accompagné son père lors des Jeux Équestres Mondiaux, à Caen. Je l’ai observé. Il regardait, il s’imprégnait, il comprenait. Il ne ratait rien. Cela m’a fait penserà la relation que j’ai pu avoir avec mon père Marcel, et bien sûr, cela n’a pas de prix.»

philippe rozier

philippe rozier se félicited'aVoir donné leur chanceà tous les caValiers marocains sans être prisonniers du passé. et pour construire un aVenir qui pourraits'écrire aux jo de toKyo.

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sport équestre

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Les chiens ne font pas des chats. Et Philippe Rozier,fils de Marcel, champion olympique de sauts d’obs-tacles par équipe, en 1976, aux JO de Montréal, hierentraîneur de Pierre Durand et sa monture, Jappe-

loup, aujourd’hui coach d’un autre couple mythique KebirOuaddar et Quickly de Kreisker, est forcément fabriqué d’unbois extrêmement précieux.On peut même dire sans trop prendre de risques, que lemoule est cassé. A 53 ans, il les a fêtés le 5 février dernier,Philippe Rozier conjugue avec le même succès une doublevie de cavalier de haut niveau et d’entraîneur de l’équipe na-tionale d’équitation du Maroc. Médaille d'argent aux JeuxÉquestres Mondiaux de La Haye (1994), il a apporté auxmeilleurs cavaliers du Royaume son expertise et son savoir-faire, sa vision et ses ambitions.C’est le Prince Moulay Abdellah, président de la FédérationRoyale Marocaine des Sports Équestres (FRMSE) qui a solli-cité Philippe Rozier, suivant ainsi les conseils de Kebir Ouad-dar. Bonne pioche car le cavalier français n’a pas musardé enchemin. Intronisé au début de 2012, il a dépassé toutes lesprévisions, y compris les plus optimistes, en qualifiant leMaroc pour les Jeux Mondiaux Équestres de Caen, en 2014. Rencontre avec un champion qui déborde d’ambitions pourles sports équestres au Royaume et qui a gravé dans son cœurle Maroc où il se rendait, avec son illustre paternel, invité parFeu le Roi Hassan II à donner des cours à Sa Majesté le RoiMohammed VI...

Cheval du Maroc.- Vous devezêtre fier du travail accomplidepuis votre intronisation à latête de l’équipe nationale ma-rocaine, il y a 4 ans...Philippe Rozier.- J’ai surtouteu beaucoup de chance pourcette nouvelle expériencedans ma carrière.. Car je suisarrivé au bon moment. LaFRMSE était en plein rema-niement depuis l’arrivée àses commandes du PrinceMoulay Abdellah. Le circuitdu Morroco Royal Tour al-lait être inauguré. Tous lesvoyants étaient au vertpour réaliser de grandeschoses sur cette belle terrede cheval.

Quelle a été votre stratégie?J’ai décidé de faire table rase du passé pour repartir sur denouvelles bases. J’ai inversé la pyramide vers le bas et j’ai ren-contré près de 80 cavaliers marocains intéressés par le hautniveau pour leur faire passer des tests et dégager les meil-leurs. Je ne voulais pas être enfermé dans une sorte de castingdes anciens cavaliers fédéraux. Il suffisait de venir avec ousans son cheval pour avoir sa chance. Aujourd’hui, je peuxregarder tous les cavaliers marocains dans les yeux: aucun nepeut dire que je ne lui ai pas donné sa chance, à l’image deLeïna Benkhraba et Abdeslam Bennani Smirès. Personne neles connaissait avant 2012. Avec 25 cavaliers et 50 chevaux, jeles ai sélectionnés pour un stage de six semaines en Espagnedont le point d’orgue fut la participation au Sunshine Tour.On ne peut pas dire que je me suis trompé car, deux ansaprès, Leina et Abdeslam participaient aux Jeux ÉquestresMondiaux. Et aujourd’hui, encore, il font partie de nos cinqmeilleurs éléments avec Kebir Ouaddar, bien sûr, le colonelHassan Jabri et Mohamed Azoum.

Quel a été le secret pour réussir à mener aussi vite les cavaliersmarocains vers les sommets mondiaux?On a réalisé un vrai travail de fond. Il faut savoir qu’en 2012,le drapeau marocain et l’hymne national n’existaient plus surle circuit mondial. Nos cavaliers étaient complexés. On avaitsimplement disparu des radars. On a donc remis le Maroc àson niveau sur l’échiquier mondial. Pour cela, on a formé deschefs de piste, des juges. On a mis l’accent sur les soins et l’ali-mentaire. On a réussi à basculer très rapidement dans unmode de fonctionnement européen et à tourner le dos à l’an-cien système dans lequel une quinzaine de cavaliers seconfrontaient entre eux. Il est impossible de progresser si onne se frotte pas aux meilleurs. C’est une aberration que KebirOuaddar ait du attendre autant d’années pour s’imposer auplus haut niveau. En tout cas, on doit garder les pieds surterre. Notre évolution a été si rapide qu’il faut se protéger destrous d’air. L’équitation est faite de haut et de bas. J’ai trenteans de carrière, et c’est mon rôle d’éviter l’euphorie.

Pourtant, l’exemple de Kebir Ouaddar peut inviter aux plusgrands espoirs...Kebir a crevé le plafond de verre. Il est allé là où personne nepensait qu’il fut possible d’aller. C’est un être et un athlète àpart. C’est la locomotive de l’équitation marocaine. Nous, ons’occupe des wagons. On va profiter de nos six semaines destage en Espagne et au Portugal, à l’occasion du SunshineTour, pour essayer de donner aux wagons le même moteurque la locomotive. Et surtout s’attacher à construire l’avenir...

philippe rOzier: «je peux regarder tOus les cavaliersmarOcains dans les yeux»

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PROPOS RECUEILLIS PAR JÉRÔME LAMY

Philippe Rozier, son père Marcel et Kebir ouaddar

regardent dans la même direction; celle de l’essor

de l’équitation au Royaume. «L’objectif, c’est la qualification

par équipes aux Jo de Tokyo 2020»dit Philippe Rozier,

l’entraineur national marocain qui est encore

un champion en activité (ci-dessus).

PHOTOS dR

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club cheval

Majid djaidi, Ali et Mohammed Al Ahrach et Youssef Salmeron (photo de droite ) entourent le Prince Moulay Abdellah, après le sacredu RCEd en Coupe du Trône. Ça donnera des idées aux petits licenciés qui profitent d’une balade sur la plage (gauche)

mohammed al ahrach nous ouVre les portesdu royal club équestre du détroit, club familial de tanger dont il présideles destinées entre sport de haut niVeau, de loisirs et de tourisme équestre.

PHOTOS dRL’ambition du Prince Moulay Abdellah, c’est deconstruire des fondations pérennes pour installerl’équipe marocaine dans la hiérarchie mondiale...Oui, le Prince Moulay Abdellah a une vraie visionsur le long terme et c’est la raison pour laquelle ledéfi est si exaltant. Désormais, le Maroc possèdedes structures fédérales formidables, beaucoupplus pointues que les structures françaises, parexemple. La FRMSE mène une politique très in-telligente d’acquisition de jeunes chevaux. Quandon achète des chevaux de 3 ans, l’investissementfinancier est moins risqué. D’ailleurs, les résultatscommencent à porter leurs fruits. Vilkano deFétan, qui appartient au haras royal, a remporté,l’année dernière, à Fontainebleau, le championnatde France des chevaux âgés de 6 ans. C’est le casaussi de Bacarat de Ste Hermelle qui a été le troi-sième cheval de Kebir Ouaddar lors du MoroccoRoyal Tour. Acheté il y a deux ans, par le HarasRoyal, lors des ventes Fences, le cheval qui est âgéde 5 ans, n’a cessé de progresser. C’est peut-être lefutur crack de demain. Il faut savoir que l’âge idéalpour un cheval de Grand Prix, c’est huit ans. Nospremières acquisitions sont aujourd’hui âgées desept ans...

L’équipe marocaine a de beaux jours devant elle...Déjà, les fondations sont désormais solides. Si jedevais partir demain, mon successeur serait tran-quille et heureux de trouver une machine très bienhuilée. Ensuite, la relève pointe le bout de son nezà l’image de Samy Colman et Saad Jabri, le fils ducolonel Hassan Jabri. Saad est encore très jeune(NDLR: 16 ans). Il a un potentiel extraordinaire.Il est doué et passionné. Surtout, il ne lâche rien.Il a accompagné son père lors des Jeux ÉquestresMondiaux, à Caen. Je l’ai observé. Il regardait, ils’imprégnait, il comprenait. Il ne ratait rien. Celam’a fait penser à la relation que j’ai pu avoir avecmon père Marcel, et bien sûr, cela n’a pas de prix.Avec Yassine Bennani, un autre futur grand, Saadparticipera à la finale mondiale du Challenge deSaut d’Obstacles qui se déroulera à Dar Essalamdu 22 au 24 Avril.

Est-ce une utopie d’envisager une qualification del’équipe marocaine aux JO de Tokyo, en 2020?Non, et c’est même notre objectif. Déjà, notre qua-lification pour les Jeux Équestres Mondiaux deCaen était un authentique exploit que tout lemonde n’a peut-être pas mesuré à sa juste valeur.On a prouvé à sa Majesté le Roi Mohammed VI, àl’opinion publique marocaine que nous étions surle bon chemin, le seul possible, celui du travail, du

sérieux et du professionnalisme. On a réussisans dépenser des millions comme le

Qatar, par exemple. En trois ans,notre progression fut assezunique. Ni moi, ni mon père d’ail-

leurs, pensions aller aussi loinet aussi vite. En 2020, pourles JO de Tokyo, nos cava-liers et nos chevaux serontà maturité. Tous les es-poirs sont possibles.u

Mohammed Al Ahrach, sur sa jument Mélody d’Etenclin (ci-dessus),pose aux côtés de son frère Ali Al Ahrach, avec la Coupe du Trône 2014 (médaillon).

Samy Colman et Saad Jabri (droite)

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club cheval

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«Feu SAR Lalla Amina nous a encouragés à voir grand, à créer un club afin de faire découvrir le monde équestre aux tangérois. C’est d’ailleurs la princesse qui a donné au club son titre ‘royal’ ».

tOur de piste à l’Ombre du détrOit de tanger

rOyal club equestre du détrOit

Des résultats sportifs de premierplan et des licenciés qui répon-dent présents, le Royal ClubÉquestre du Détroit (RCED)avance sur deux jambes avec

d’un côté l’élite qui fait briller la vitrine et de l’au-tre les pratiquants qui ajoutent à l’essor du chevalà Tanger. Le RCED, créé en 2011, progresse sur-tout avec la famille Al Ahrach, Mohammed le filsaîné et président du club, Ali le fils cadet et espoirdu sport équestre marocain et Abdelmalik, lepapa, passionné de la deuxième heure et investis-seur de la première.L’histoire de Mohammed Al Ahrach (38ans) aquelque chose qui relève du conte, quelque peusimilaire à celle du personnage d’un des romansde Jean-Luc Sarrazin, Iréné, dans Eugénie impéra-trice des temps modernes. Son parcours est celuid’un jeune homme passionné par le monde ducheval, aspirant à percer dans la filière équine,laissant derrière lui une carrière toute tracée dansles assurances pour vivre sa passion à pleins pou-mons. Sa vie est celle d’un garçon qui fait l’unani-mité, l’ami de tout le monde, l’homme «aux millevictoires», un cavalier émérite qui tend à repré-senter la région nord du Maroc avec panache de-puis ses débuts, en 1990. Et plus précisément le Royal Club Équestre duDétroit, vainqueur en décembre 2014, de la finalede la Coupe du trône ou encore sacré vice-cham-pion du Maroc, en juillet dernier, lors de la Se-maine du Cheval. Autant de résultats ne sont niun hasard ni un coup de chance, c’est seulement latraduction d’une motivation profonde, terrible-ment prégnante dans un royaume équestre où il sevoit serviteur de cette noble cause. Situé à une quinzaine de kilomètres du centre-ville de Tanger, sur la route du Cap Spartel, bordépar l’océan Atlantique, le RCED est une associa-tion dont l’objectif premier est de permettre auplus grand nombre de pratiquer l’équitation dansles meilleures conditions. «Le cap des 100 licenciésvient d’être franchi» se félicite Mohammed Al Ah-rach.Le défi d’aujourd’hui du RCED, c’est d’apporter sapierre à l’édifice d’un tourisme équestre qui mo-bilise beaucoup d’énergie et d’espoir dans l’écono-mie sociale et touristique. «On va bientôtcommercialiser 10 bungalows de 35m2 en propo-sant aux touristes des packages avec des randon-nées à cheval de 3, 5 ou 10 jours» préciseMohammed.

Cheval du Maroc.- Comment êtes-vous tombé dansle cercle équestre ?Mohammed Al Ahrach.- Il faut savoir qu’aucunmembre de ma famille ne faisait du cheval, exceptémon frère Ali. On était tout simplement de pas-sage à côté d’un des clubs d’équitation de Tanger,j’avais 8 ans, mon frère en avait 6. Ce fut un coupde foudre familial (rires). J’ai donc démarrépresque instantanément et à 10 ans je participaisdéjà à mes premiers concours, soutenu et encou-ragé par mes parents qui m’ont suivi un peu par-tout au Maroc lors des différentes compétitions.Ils ont été là pendant les moments difficiles.

Vous tenez un cabinet d’assurances de bonne réputa-tion. Vous avez décidé de faire une double carrière ?Effectivement, j’ai ouvert mon cabinet d’assu-rances à Tanger il y a quelques années après desétudes de commerce à l’université Al Akhawayn.Durant mon cursus universitaire, je m’adonnais àl’équitation, les week-ends. Ce fut difficile d’allierles deux, cela relevait presque de l’impossible. C’estun domaine qui demande de l’investissement per-sonnel. Il était alors nécessaire de faire un choix, etle choix s’est imposé à moi comme une évidence. Ily a donc 4 ans, j’ai décidé de laisser tomber lemonde des assurances pour me consacrer entière-ment à la discipline du saut d’obstacles.

C’est à ce moment qu’est né le Royal Club Équestredu Détroit... C’est un rêve d’enfant que nous partagions avecmon frère Ali. Au départ, nous voulions juste créerdes installations avec une carrière, une piste cou-verte et des boxes pour chevaux. Feu SAR la Prin-cesse Lalla Amina nous a encouragés à voir grand,à créer un club afin de faire découvrir le mondeéquestre aux Tangérois et ainsi former les futurschampions du Maroc. C’est d’ailleurs elle-mêmequi a donné au club son titre « royal ». En 2011 leRoyal club est né et depuis je suis son présidentfondateur, mon frère étant son vice-président.

Le RCED est réputé pour son maintien au haut ni-veau...Il faut préciser qu’aujourd’hui la région du norddoit compter tout au plus 3 ou 4 cavaliers compé-titeurs. Nous organisons donc régulièrement desstages régionaux d’initiations. Nous essayons dedécentraliser ce sport qui reste ancré entre Rabatet Casablanca où toutes les grandes compétitionss’y déroulent.

Vous faites partie d’une grande équipe du Marocavec notamment Kebir Ouaddar... Kebir, c’est notre idole, l’idole de tous les maro-cains. Il représente un grand frère pour moi. J’aieu l’opportunité de partir avec lui en France à l’oc-casion de ses tournées. Je faisais énormément deconcours avec lui. Il a été d’un grand soutien, tou-jours présent à l’appel. C’est notre chouchou (rire).

Quelle relation entretenez-vous avec votre frèreAli ? Je dirais que c’est une relation double. Frères et as-sociés en affaires, il n’y a pas mieux. Nous faisonsbeaucoup de stages d’équitation ensemble, maisaussi du commerce. Il n’y pas de concurrenceentre nous. Ali se consacre plutôt aux grossesépreuves. Sur la piste mon objectif est de gagner,que ce soit contre lui ou quelqu’un d’autre. Si onest en compétition pour le même prix, le plus im-portant est de voir notre nom de famille, en têtedu classement. Donc ça n’affecte en rien notre re-lation.

Pouvez-vous nous parler de Mélody d’Etenclin ?C’est la jument avec laquelle j’ai gagné plus de 70épreuves, une vraie guerrière. Quand elle entraiten piste, elle ne voulait qu’une chose : gagner ! Ellea ainsi marqué ma carrière.

Quels sont vos projets pour l’année 2016 ? Personnellement, essayer de gagner les grandsprix, tout en étant très optimistes (rires). Concer-nant le RCED, nous avons pour objectif d’organi-ser la 3e édition du concours national de sautd’obstacles. Les éditions précédentes ont été trèsattendues et accueillies avec beaucoup d’enthou-siasme. Elles ont répondu dignement à la poli-tique du développement des sports équestres auMaroc et ont apporté notre contribution à l’essord’un nouveau tourisme équestre. Nous avons lesarguments et les atouts pour cela.

PAR SALMA MRICHI, (À TANGER)

u

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haras national de meknès

PAR SALMA MRICHI, À MEKNÈS

ameur faiq présente la nOuvelle pOupOnnièrede meknès

En effet, différents concours ysont organisés, répartis enconcours régionaux et interré-gionaux, ceux de l’élevage et dela Tbourida, sans oublier la ca-tégorie modèle et allure, faisantainsi défiler plus de 1700 che-vaux de race. Avons-nous mentionné les sessionsde formation liées au métier du cheval, la repro-duction et la maréchalerie créées au profit des éle-veurs, des palefreniers et des techniciens désiranteffectuer des stages? Ou encore les actions de vul-garisation des techniques modernes d’élevage?«Clairement, à travers ces actions, nous cherchonsà mettre notre savoir faire à la portée d'un publicpas forcément expert, via les stations de monte quidéfinissent ces structures de proximité situées au ni-veau des provinces » affirme fièrement le Directeurdu Haras National de Meknès. «Afin de représen-ter le Haras à l’extérieur, nous organisons des cara-vanes où l’on aborde plusieurs thèmes relatifs auxchevaux, leur bien-être, les techniques de soin etl’alimentation. Ces caravanes sont clôturées par unejournée portes-ouvertes, afin de permettre unecommunication transparente entre responsables ré-gionaux et éleveurs ; le but étant d’expliquer les stra-tégies et les plans d’actions de la SOREC par le biaisdes Haras ».

Nulle manœuvre florentine n’y est repérée maisbien des résultats mettant en exergue le travaild’acharnés et de dévoués à la cause équine. Al’image de son actuel directeur qui remplit admi-rablement ce rôle. Cette succession qui lui in-combe, tels des jalons anciennement plantés, luirevient et lui appartient. Vétérinaire de formation,le Docteur Ameur Faik travaille pour en faire unvéritable pont d’or, alléchant du fait des opportu-nités, qu’il pourrait offrir, en matière de jumente-rie, à la région du Moyen-Atlas. Ainsi, pourreprendre Stendhal : « je ferai pour vous tout ce quiest humainement possible ». Cette phrase incon-tournable de son standard aurait pu se retrouverencadrée et accrochée dans le bureau du DocteurAmeur Faik. Une phrase que nous aimerions pen-ser comme potentiellement phare dans le par-cours de cet homme épris de chevaux tant ellereflète son engagement. Né à Béni Mellal où il a obtenu son baccalauréatscientifique en 1998, précieux sésame qui lui ou-vrit les portes de l’Institut Agronomique et Vétéri-naire Hassan II de Rabat. Au plus grand bonheurde sa maman Saadia et surtout de son papa Salahqui a travaillé à l’Institut National de la RechercheAgronomique et qui fut décoré du OuissameAlaouite grâce à l’invention d’une machine de ré-colte du coton. Après ses études, Ameur se lancedans le privé en ouvrant son cabinet dans sa villenatale. Il n’y travaille que 3 ans avant d’intégrer la filièreéquine, tout d’abord, au Haras National d’Oujdaquatre années durant avant de prendre la route duprestigieux Haras de Meknès. «J’ai relevé des diffé-rences» précise Ameur. «Quand les deux Haras sedonnent pour objectifs premiers l’amélioration de lareproduction et le croisement génétique réfléchi,celui de Meknès se distingue par sa structure ou-verte au grand public, mixte sur le plan discipli-naire, offrant cette diversité qui m’est tellementchère. Car tout au long de l’année, les activités ausein de notre structure sont nombreuses».

Impossible de parler du Haras National deMeknès sans se pencher sur les circons-tances assez particulières de sa création. Cetemple du cheval, premier du genre, sorti

de terre, en 1912, est riche d’une histoire gravéeen lettres de feu. Niché à la sortie de la ville deMeknès, d’une superficie de 67 hectares dont 30consacrés à l’Hippodrome, il répondait, dans unpremier temps, aux besoins de l’armée royale enchevaux, servant de remonte militaire durant lapériode du protectorat. Sa mission a évolué à par-tir de l’année 1947 quand il fut placé sous la tu-telle du ministère de l’agriculture. Fort d’unpotentiel évident, c’est un second souffle qui le ra-nimera et une renaissance qu’il connaitra. À l’instar des autres Haras nationaux, ceuxd’Oujda, d’El Jadida, de Bouznika et de Marra-kech, il a été rattaché à la Société Royale d'encou-ragement du cheval, depuis 2011. «On lesurnomme le Berceau des Equidés au Maroc» pré-cise Mohammed Oussidhoum, le directeur duHaras National d’El Jadida, qui a œuvré, dans sabelle carrière, du côté de Meknès. «Le Haras Ré-gional de Meknès est reconnu comme étant un bijounational. Il est à la fois un haras régional et une ju-menterie qui constituent une réelle plate-formepour les éleveurs mais également une fierté de laville et de la région. Il est le plus approprié pour il-lustrer la noblesse de la filière équine au Maroc.»Surtout, le Haras National de Meknès est devenuun outil précieux, véritable relais de la SORECdans le domaine de la production de chevaux,œuvrant pour l’amélioration de la race équine, sasélectivité, en des termes de qualité assurée et ras-surante. Un élitisme qui lui vaut une admirationsans réserve à travers tout le Royaume. C’est pour-quoi cette expression populaire changera de for-mulation pour devenir : « derrière chaque grandHaras un ou des grands hommes ». En effet, cetétablissement a vu se succéder des directeurs (1)dont le profil se rapproche de manière déconcer-tante à des faiseurs de miracles.

unique jumenterie du royaume, le haras de meKnès est une Vraie pouponnière équestre ! le docteur

ameur faiK, son brillant directeur, est le garant de la perpétuation de la tradition du haras

protecteur numéro un de la race barbe. et comme le plus ancien haras du maroc Vient

de connaître un projet de rénoVation d'ampleur, il se positionne comme un acteur majeur

des questions de la filière équine. et la réponse qu’il apporte

est digne des enjeux

de demain et de sa grande histoire d’hier.

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haras national de meknès

#79

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Le Docteur Ameur Faik est un passionné. C’estpresque enfoncer des portes ouvertes que le pré-ciser. Il consacre sa vie à la cause équine. « J’ai euplusieurs fois l’occasion de changer de domainemais c’est une passion qui ne vous lâche pas» avoue-t-il. «On ne compte plus les heures de travail, n’endéplaise à notre entourage». Cet état d’esprit de la recherche de l’excellencecolle à celui de la SOREC. Il ne pouvait se mani-fester qu’à travers un projet de rénovation degrande envergure. «Le Haras a bénéficié d’un re-looking  respectant et préservant l’identité histo-rique du site» confirme-t-il. «De nouvellesinstallations ont vu le jour dans le but d’augmenterla capacité d’hébergement du haras. Il compte dés-ormais 13 écuries regroupant 290 boxes, une ju-menterie nationale dédiée aux chevaux barbes, uncentre national de transfert d’embryons, un centrede promotion de l’élevage équin, une sellerie, despaddocks et carrières dont deux dédiées aux grandsrendez-vous équestres».On l’aura compris, le Haras de Meknès, guidé parson Directeur, le Docteur Faik Ameur, se posi-tionne comme un acteur majeur des questions dela filière équine au Maroc et la réponse qu’il ap-porte est digne des enjeux de demain et de sagrande histoire d’hier.

(1).- Docteur Genty, Dr Petit, Docteur JacquesMaitre, Docteur Fouad Layachi, Docteur Moha-med Souab, Lieutenant Colonel Azzedine Ben-chakroun, Docteur Mohamed Hamidi, DocteurLahcen Fdail, Docteur Mustapha Yaaref, DocteurAmeur Faiq

Comment pourrions-nous prétendre à l’exhausti-vité sans mettre l’accent sur le rôle central duHaras de Meknès dans l’amélioration génétiquedu cheptel? « Dans ce cadre nous travaillons surdeux axes : génétique et gestion du stud-book » ditAmeur Faik. « Dans un premier temps, nous met-tons à la disposition des éleveurs des étalons et dessemences subventionnées par la SOREC, d’unehaute valeur génétique, pour des utilisations futuresciblées, notamment dans les courses et l’endurance.Un processus de croisement raisonné selon les per-formances et le pedigree de chevaux approuvés ».Concernant la gestion du stud-book, « elle com-mence par l’approbation et le contrôle de la race desétalons. Pour cela, des tests de filiation sont prati-qués à l’occasion de sorties allant à la rencontred’éleveurs privés» confie-t-il. Le Haras fournitainsi, de manière officielle un document référen-tiel, clé qui ouvre les portes des concours hip-piques.

Il est important de préciser que le Haras Nationalde Meknès est la seule jumenterie de la région etdu Royaume ! De ce fait, le Docteur Ameur Faikest garant de la perpétuation de la tradition deharas, protecteur numéro un de cette race équine,autrefois oubliée qu’est la race barbe. On peutdonc parler de la fameuse pouponnière éques-tre.... Le cheval Barbe est issu de cette très an-cienne race chevaline originaire d'Afrique duNord dont la réputation n’est plus à faire. À la foiscalme, docile et explosive (quand il le faut), elleserait, nous confie-t-on, la plus convoitée par lescavaliers de Tbourida notamment pour son en-durance, sa résistance et sa rapidité. Une quaran-taine d’étalons de cette race coule des joursheureux d’une tranquillité enviée au Haras deMeknès. Forcément, cette machine, aussi rodéesoit-elle, ne tourne pas toute seule. Une équipe duHaras de Meknès, d’une grande efficacité face auxtaches multiples, y consacre beaucoup de tempset de passion.

La recherche de l’excellence de la SOREC ne pouvait se manifester qu’à travers un projet de rénovationde grande envergure du Haras national de Meknès. «Le Haras a bénéficié d’un relooking respectant et préservant l’identité historique du site» dit Ameur Faiq. «De nouvelles installations ont vu le jour dans le but d’augmenter la capacité d’hébergement du haras. Il compte désormais 13 écuries regroupant 290 boxes.

Le haras de Meknès(hier et aujourd’hui), est une grande responsabilité pour son directeur le docteur Ameur Faiq, ci-contre lors d’un concours régionalde cheval Barbe et ci-dessus, lors de la caravane de sensibilisation à l’élevage.

PHOTOS dR

hier

Aujourd’hui

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sous les sabots

La SOREC ne pouvait rêver meilleureambassadrice pour sa campagne decommunication «Des métiers et deshommes». Déjà, la carrière de Sara

Ouaddadouch véhicule le poids des femmes dansl’essor de la filière équine et annonce un messagede parité dans les fonctions à responsabilité. Vé-térinaire de formation et de métier, elle a dépasséles frontières de ses attributions pour devenir unacteur majeur des courses de chevaux, auRoyaume. «Entrer à la SOREC, c’est s’ouvrir unchamp des possibles dans l’évolution de sa carrière»confie Sara, qui porte, à la SOREC, la double cas-quette de responsable livret et contrôle des che-vaux de courses ainsi que celle de responsable dela formation des jockeys.Pourtant, rien ne prédestinait Sara Ouaddadouchà choisir cette voie. Surtout pas un quelconqueatavisme quand son papa Moha, cadre dans lesforces royales, enfilait son costume de pilote dechasse, quand Jamila, maman au foyer, veillait aubon déroulement des études de leur fille, élèvebrillante au Lycée - qui porte bien son nom - LaRéférence, à Meknès d’où elle est originaire.N’empêche, son amour des animaux, sa bienveil-lance à leur endroit, son désir de les soigner l’aguidée, en 2007, vers l’Institut Agronomique et Vé-térinaire Hassan II à l’instant de faire le premiergrand choix de sa vie, celui des études secon-daires. C’est là dans cette école référente dans lesdomaines de l'agronomie, la médecine vétéri-naire, la topographie et l'industrie agro-alimen-taire qu’elle découvre le microcosme des coursesde chevaux. «Ma thèse de doctorat portait sur l’éle-vage des chevaux de courses» confirme Sara.«L’immersion dans la filière équine a sonné commeun révélateur. J’ai eu vrai coup de coeur.»

«Il faut saluer la grande contribution des propriétaires

d’écurie de courses qui apportent un authentique soutien.

Ils ont immédiatement joué le jeu en permettant aux élèves de s’entraîner

régulièrement avec leurs chevaux de courses» se félicite Sara ouaddadouch,

la responsable de l'école des jockeys.

Parc d’Expositions Mohammed VI :un projet stratégique pour le Royaume Le nouveau Parc d'Expositions Mohammed VI, quia accueilli comme premier événement, la 8e éditiondu Salon du Cheval d'El Jadida, a été inauguré parSon Altesse Royale le Prince Moulay Rachid(photo), en présence du Prince Moulay Abdellah,président de la FRMSE, de Aziz Akhannouch, min-istre de l'Agriculture et de la Pêche Maritime, d’O-mar Skalli, directeur général de la SOREC.

Et comme le Portugal était l’invité d’honneur duSalon du Cheval 2015, Assunção Cristas, ministreportugaise de l'Agriculture, de la Mer et de l'Envi-ronnement, a également répondu présente. Cetteinfrastructure moderne, vrai projet stratégiquepour le Royaume, répond aux exigences des grandsévénements que le Parc d’Expositions MohammedVI ne manquera pas d’accueillir, à El Jadida.

CHAOuI RÉGIONAL DE L’É-TAPE.- Ghali Chaoui confirmeson retour parmi les meilleurscavaliers marocains en rempor-tant le barème C de l’épreuve1.20/1.25 lors du Jumping Na-tional de l’Étrier de Casablanca.Il signe un rapide sans faute de-vant Majid Djaidi, Amine Sajid,Siham Anaya et Samy Colman.

CHEMIN PARCOuRu à LASOREC.- A l’occasion du MeetingInternational du Pur-sang, OmarSkalli, directeur général de laSOREC, a rencontré sonprédécesseur, le Colonel OmarDaoudi. Omar Skalli n’a pasmanqué de louer le travail de cedernier. Et le Colonel n’a pu quemesurer le chemin parcouru.

JALObEy RACING POuR LAbONNE CAuSE.- belle idée del’écurie Jalobey Racing, qui a or-ganisé une tombola, en faveur del’Assocation Darna. A la clef pasmoins de 30 saillies mises en jeudont celle du pur-sang arabeDjarnizam, vrai crack. A noterque Darna apporte son aide auxfemmes et enfants défavorisés.

Après Garrogorille, place à Arkaitz ! Le Grand Prix de SaMajesté le Roi Mohammed VI du pur-sang anglais a étéremporté par Arkaitz, propriété de Trofeu Empresarial,monté par Martinez Jose Luis (photo), succédant ainsi àGarrogorille, propriété du Haras Royal Les Sablons.Arkaitz s’est imposé devant Striving (Atlantic Racing),monté par Faddoul Abderrahim et Vacationer (Haras Royal les Sablons), monté par le célèbre Gerard Ri-vases. Le Grand prix des propriétaires, réservé aux pur-sang anglais, a donné lieu à un joli spectacle, rem-porté aisément par le grand favori Famous Mark, un pur-sang anglais né et élevé au Maroc, qui appartientà l’écurie de Sharif El Alami, Jalobey Racing. Monté par Abderrahim Faddoul, le jockey marocain qui affoleles compteurs, Famous a devancé Mark Striving (Atlantic Racing) et Vacationer(Haras Royal Les Sablons).

Avec l’accent espagnol !

Ghali Chaoui

djarnizam Maamora omar daoudi et omar Skalli

PHOTO dR

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#81

Assez forte pour répondre, en 2013, une fois sondiplôme en poche, à une offre de la SOREC quicherchait un vétérinaire. «Staffée» après le premierentretien, Sara Ouaddadouch intègre une équipedédiée au développement de la filière équine et àla structuration des courses hippiques. Ça tombebien, depuis sa thèse sur l’élevage des chevaux decourses, Sara fait montre d’une expertise rare etd’un grand professionnalisme. «Dès ma prise defonction, la SOREC m’a confié des missions exal-tantes» confie Sara qui assume notamment lecontrôle sanitaire des chevaux avant les courses,les contrôles anti-dopage après les courses ou lesdossiers d’accidents.

Sara Ouaddadouch parcourt tous les hippo-dromes du Maroc. Elle est de toutes les courses.Elle acquiert de l’expérience et force le respect desofficiels. «Travailler lors de tous les meetings, par-tout au Maroc, a été une chance unique pour moi»dit Sara. «J’ai pu me familiariser avec tous les éle-veurs, les propriétaires, les jockeys. J’ai pu appré-hender leurs besoins, leurs attentes, leursproblèmes. J’ai aussi acquis une vraie connaissancedes chevaux, de leur niveau, de leurs habitudes, deleurs sensibilités...». Le costume devient trop étroitpour elle. Très vite, elle devient familière du quo-tidien des jockeys et s’occupe, naturellement, deleur assurance.

C’est là qu’est née l’idée de lui confier la formationdes jockeys. Et si Sara Ouaddadouch participedésormais à l’élaboration du programme descourses, c’est cette mission éducative qui mobiliseson énergie et sa détermination. Inaugurée enseptembre 2015 dans les murs prestigieux de l’Ins-titut National du Cheval Prince Héritier MoulayEl Hassan, à Rabat, l’école des jockeys offre uneformation diplômante à seize élèves cavaliers,âgés de 15 à 18 ans, dont la limite de poids estfixée à 54 kg. «Nous proposons aux élèves un en-vironnement privilégié et nos outils de travail sontau niveau des meilleurs standards internationaux»précise Sara. Et si la première session des élèvesstagiaires - les premiers diplômes seront délivrésen septembre 2017 - a généralement des accoin-tances familiales dans le monde du cheval, l’am-bition est d’élargir le champ du recrutement augrand public. «Le développement des courses auMaroc est si important que c’est une obligation deformer des jockeys» assure Sara qui ne cache pasque la prochaine session de septembre 2016 de-vrait atteindre le chiffre plafond de 32 élèves. L’école des jockeys, qui a déjà noué des partena-riats avec l’OFPPT, dispense 70% de cours pra-tiques pour 30% de théorie. Enseignementgénéral en mathématiques, français et arabe, codedes courses ou hippologie, la première année; for-mation de suivi alimentaire pour les jockeys, desoins vétérinaires, de débourrage, lors de la se-conde année, rien n’est laissé au hasard pour laréussite des élèves et de leur future carrière.Le casting des professeurs et des intervenants ré-pond aussi à une exigence d’excellence. Si de nom-breux jockeys internationaux dispensentrégulièrement leurs conseils lors des journéesportes ouvertes, c’est David Bouland, ancienjockey numéro 1 au Qatar où il courait pour l’écu-rie vedette du cheikh Abdullah ben Khalifa al-Tahni - il a été sacré six fois cravache d’or et anotamment remporté la President Cup à AbuDhabi - qui occupe le rôle capital de formateurtechnique à l’équitation de courses.Surtout, c’est toute la filière courses qui accom-pagne et encourage l’heureuse initiative de laSOREC. «Il faut également saluer la grande contri-bution des propriétaires d’écurie de courses qui ap-portent un authentique soutien» se félicite SaraOuaddadouch. «Ils ont immédiatement joué le jeuen permettant à nos élèves de s’entraîner régulière-ment avec leurs chevaux de courses au contact deleurs meilleurs jockeys. Inutile de préciser que cesmêmes propriétaires de casaques sont appelés à êtreles premiers employeurs de nos futurs lauréats.»Et Sara Ouaddadouch assurée de faire une grandecarrière...

plus qu’unevétérinaire

Vétérinaire de formation, sara ouaddadouchporte, à la sorec, la double casquette de Vétérinaire liVret et contrôle des cheVaux de coursesainsi que celle de responsable de la formation des jocKeys.

surtout, elle symbolise le poids des femmes dans l’essor de la filière équine et la parité dans les fonctions

à responsabilité.

des métiers et des hommes

PAR JÉRÔME LAMY

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sur la route de rio

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Cheval du Maroc a décidé de mettre ses pas dans ceux de Kebir Ouaddar et de son entraîneur, Marcel Rozier.

Jusqu’aux Jeux Olympiques de Rio ( 5 - 21 août ), le couple majeur des sports équestres

marocains vous fera partager le quotidien de son cheval emblématique

Quickly de Kreisker, ses joies et ses doutes, ses espoirs et ses rêves. Confidences

exclusives, dans chaque numéro, avant l’envol pour Rio !

« Vivement les JO de Rio ! »

Kebir ouaddar

s’est félicité de sa sélection

dans la liste des caValiers retenuspour les jo de rio 2016.

Nous avons commencél’année par une ma-gnifique nouvelle:Kebir et Quickly de

Kreisker ont été sacrés Meilleur Cou-ple de l'année 2015. Et, nous tenons àremercier toutes les personnes quinous soutiennent, depuis quatre ans,au premier rang desquelles ont doit,évidemment, placer Sa Majesté leRoi Mohammed VI, qui nous ac-corde une confiance totale.Cette récompense est d’autant plusimportante que nous avons terminél’année 2015 avec quelques regrets.En effet, nous pensions réaliser unemeilleure performance lors du Mo-rocco Royal Tour. Pour être sincères,nous aurions dû gagner deuxépreuves sur trois. Les explicationsde notre déception sont nom-breuses, nous avons changé degroom et nous venions de terminerdes échéances très importantes. Enplus, Kebir est très sollicité, auMaroc. Et comme, il ne veut déce-voir personne, ce n’est pas forcémentévident de trouver la concentrationnécessaire au haut niveau.Surtout, notre cheval, Quickly deKreisker, était en période de récupé-ration. Pour être franc, je ne tenaispas à lui imposer ce déplacement, auMaroc, à ce moment de la saison.Mon rôle premier est de ménager lamonture. Un cheval est plus fragileque la porcelaine. C’est pourquoi ilfaut être vigilant sur chaque détail:le nourrir à heures fixes, multiplierles soins, développer la récupéra-tion... Mais franchement, était-il en-visageable de venir au Maroc sansQuickly? Cent fois, non!

D’ailleurs, nos craintes se sont viteconfirmées, après la tournée maro-caine, lors d’Equita'Lyon où noussommes passés complètement à côtéde notre sujet. Le sport de haut ni-veau est composé de hauts et de bas,et il est encore plus important de sa-voir gérer la défaite que la victoire.C’est même dans ces moments qu’onreconnait les grands champions. EtKebir est un très grand champion. Ila encore prouvé qu’il avait un mentalen acier trempé. Jamais, il n’a douté.Jamais, nous n’avons douté.De toutes façons, nous connaissonsnos points forts et nos points faibles.Notre force, c’est le talent unique denotre couple cavalier-cheval, notrefaiblesse, c’est que nous ne possédonspas trois chevaux de même valeurpour tourner en Grand Prix et fairesouffler Quickly que nous devonsconsidérer comme un athlète. Saphirdu Talus a un potentiel évident maisnotre nouvelle recrue est encore tropjuste pour briller sur les compéti-tions 5 étoiles. En tout cas, nous nous sommes ras-surés après nos participations auLongines Paris Masters et au CHI deGenève. Lors de ces deux épreuves,nous avons retrouvé un grandQuickly et un grand Kebir, à un ni-veau qui leur a permis de s’offrir uneneuvième place dans le Grand Prixdu CSI 5* de Doha. Et ainsi de vali-der notre billet pour les JO de Rio.La Fédération Equestre Internatio-nale a mis fin au suspense et a divul-gué la liste officielle des sélectionnés,le 5 mars. Dire que nous attendionscette date avec impatience est uneévidence. Dire que notre soulage-ment est aussi grand que notre bon-heur en est une autre. Lesclassements plaidaient notre cause.Nous sommes classés 30e mondialdans la catégorie cavalier , 1er cava-lier dans les pays arabes, 1er chevalmondial et meilleur couple mondial!Inconnu il y a quatre ans, Kebir estaux portes d’un moment unique. LesJeux Olympiques ne peuvent êtrecomparés à aucune autre compéti-tion. Et je sais de quoi je parle... Vivement Rio, vivement les JO... »

«carte postale

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