cette semaine n°95

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  • 7/31/2019 Cette Semaine N95

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    CETTE SEMAINESeizime anne Apriodique printemps 2008 n95 Prix libre ou abonnement

    Vous voulez des vux, en voil : que crve le pro-pritaire qui dtient la place o jtends mes mem-bres et qui me vend lair que je respire !

    Que crve le patron qui, de longues heures, faitpasser la charrue de ses exigences sur le champ demon corps !

    Que crvent ces loups pres la cure qui pr-lvent la dme sur mon coucher, mon repos, mesbesoins, trompant mon esprit et empoisonnantmon corps !

    Que crvent les catalogus de tous sexes avec quiles dsirs humains ne se satisfont que contre pro-messes, dlits, argent ou platitudes !

    Que crve lofcier qui commande le meurtre et lesoldat qui lui obit ; que crvent le dput qui faitla loi et llecteur qui fait le dput !

    Que crve le riche qui saccapare une si large partdu butin social ! mais que crve surtout limbcilequi prpare sa pte.

    Ah ! Ah ! Cest jour de lan !

    Regardez autour de vous. Vous sentez plus vivantque jamais le mensonge social. Le plus simple den-tre vous devine partout lhypocrisie gluante desrapports sociaux. Le faux apparat tout pas. Cejour-l, cest la rptition de tous les autres jours de

    lan. La vie actuelle nest faite que de mensonge etde leurre. Les hommes sont en perptuelle bataille.Les pauvres se baladent du sourire de la conciergeau rictus du bistrot et les riches de lobsquiosit

    du laquais aux atteries de la courtisane. Faces gla-bres et masques de joie.

    La caresse de la putain a comme quivalent lesourire de la femme marie. Et la dfense du ma-quereau est pareille la protection de lpoux. Tru-quages et intrts.

    Pour que nous puissions chanter la vie, un jour, entoute vrit, il faut, disons-le bien hautement, lais-ser le convenu et faire un pre souhait : que crvele vieux monde avec son hypocrisie, sa morale, sesprjugs qui empoisonnent lair et empchent derespirer. Que les hommes dcident tout coup dedire ce quils pensent.

    Faisons un jour de lan o lon ne se fera pas devux et de souhaits mensongers, mais o, au con-traire, on videra sa pense la face de tous.

    Ce jour-l, les hommes comprendront quil nestvritablement pas possible de vivre dans une pa-reille atmosphre de lutte et dantagonismes.

    Ils chercheront vivre dautre faon. Ils voudrontconnatre les ides, les choses et les hommes qui lesempchent de venir plus de bonheur.

    La proprit, la patrie, les dieux, lhonneur courrontrisque dtre jets lgout avec ceux qui viventde ces puanteurs. Et sera universel ce souhait qui

    semble si mchant et qui est pourtant rempli dedouceur : que crve le vieux monde !

    Albert Libertad in lanarchie n90,27 dcembre 1906

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    2Cette Semaine / avril 2008

    Un brin de rpression Nouvelles arrestations, mme pas peur ! 3 Qui sont les terroristes ? 3 Arrestations pour un fumigne dans le 94... 4 Solidarit, par Kalimro Paris 5

    Appel du Front de Libration des Fumignes 6 Prsidentielle : compil de soutien aux incendiaires 6 Que crve la dmocratie ! 7

    Etrangers de partout Nol en centre de rtenion, Pques en prison 8 Raes dans les transports 9 Rsistance made in Angers 9 Des ventres vides aux prisons pleines 10 Chronique ordinaire de la guerre aux immigrs 10 La chasse aux indsirables est ouverte... 11

    SNCF : sabotages ordinaires 11

    Restructurations urbaines Avignon et les ux de lUnion Europenne 12 Linvasion des camras en Avignon 13 Marseille, Il tait une fois... Euromed 14 Euromed lassaut de Marseille 15 A qui prote le crime ? / Pour ne pas en rester l 16

    Nuisances techno-industrielles

    Un ITER aujourdhui, militaire toujours 17 Le Grenelle et son environnement 18

    Squats Lille, Cvennes, Caen 22 Lyon, A ceux qui se dsolidarisent... 23 Nouvelles de la guerre sociale 24

    Italie TurinPost-Olympique infrieur 26Chronologie de la solidarit 26Une vie normale 27Rompre le silence 27 LecceLodeserto missionnaire !!! 28Quitter lancien pour le nouveau 28

    Le Parrain nest pas un lm 29Nouvelles mesures rpressives 29La lutte contre le centre de rtention 29 ElectionsQuils sen aillent tous ! 30Votez Van der Lubbe 31Citoyennisme, le remde quil vous faut 32Aux comits de lutte... 33 GnesSentence du procs 34On a gagn ! 34

    Dclaration publique au procs 35 RoveretoSurveiller dune manire spciale 36Remake 37Expulsion de lex-Bimac 37 Grve des ergastolani 37 BologneRompre le silence 38Sur la journe du 9 fvrier 2008 39

    Solidarit internationale 39

    Uruguay Pays productif de dchets toxiques 40 Quand entre le loup 40 Pouvoir de la loi. Loi du pouvoir 41

    Grce Deux lettres de Giorgos Voutsis-Vogiatzis 42 Deux lettres de Vaggelis Botzatzis 44 Lettre collective des compagnons en cavale 46 Brves du dsordre 43

    Belgique Les matons de la dmocratie 48 Poser les bonnes questions 48 Contre le mur 49 Contre les raes et les centres de rtention 49 Brves du dsordre 50

    Albert Libertad,

    extrait de Que crve le vieux monde,

    publi dans lanarchie le 27 dcembre 1906 1 Constant Marie (1838-1910)

    Chanson du Pre Lapurge (1905) 52

    CETTE SEMAINE

    BP 275 54005 Nancy cedex francehttp://cettesemaine.free.fr/[email protected]

    Abonnement : 12.50 euros / an

    (15.50 euros hors de france)bien entendu, les personnes qui

    souhaitent recevoir le journal nont

    pas forcment se poser la question de

    labonnement, une demande suft

    Tout individu ou groupe

    dsireux de distribuerle journal dans son coin(table de presse, infokiosk,librairie sans bip,...) peutnous contacter ladresseci-contre.

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    3 Cette Semaine /avril 2008Un brin de rpression

    Rennes-Toulouse. Randall, Grgoire etDaphn sont arrts le 25 novembre 2007 Toulouse, deux jours aprs une petite explo-sion dans un champ Ginestous, sur dnon-ciation dun voisin qui dit avoir relev leurplaque dimmatriculation. Le 23 janvier 2008,ils sont en plus accuss dtre les auteurs dela tentative dattaque du 8 novembre 2007 Rennes contre le btiment de la direction r-gionale des douanes, commis avec une voiture

    vole incendie contenant trois bonbonnes degaz. Ils sont notamment incarcrs pour d-tention dengins explosifs .

    Fontenay-sous-bois. Ivan et Bruno sont ar-rts le 19 janvier 2008 par une patrouille depolice en rentrant dans leur voiture. Un troi-sime qui les rejoint, Damien, est arrt sontour. Accuss de possession de 2,5 kilos de

    chlrorate de potasse et de clous tordus , ilssont mis en garde--vue 48 heures puis mis enexamen pour association de malfaiteurs , transport et dtention, en bande organise,de substance ou produit incendiaire ou explo-sif et refus de se soumettre au prlvementdes empreintes digitales, ADN et photos .Les deux premiers sont incarcrs Fresnes et

    Villepinte, le troisime sous contrle judiciai-re. Un texte anonyme paru peu aprs prciseque le matriel saisi est en fait un fumigneartisanal et des crve-pneus comme il en a tfait usage ce mme mois en solidarit avec lalutte des sans papiers enferms dans le centre

    de rtention de Vincennes. Dbut avril, le jugede Crteil est dsaisi au prot de lanti-terro-risme, sous le prtexte dune jonction suppo-se avec larrestation de Vierzon.

    Vierzon (Cher). Deux personnes, F. et I.,sont arrtes le 23 janvier 2008 lors duncontrle de la police douanire un pagedautoroute. Accuses de possession de deuxkilos de chrorate de potasse et de docu-mentation expliquant comment fabriquer desbombes , elles sont mis 96 heures en garde--

    vue puis incarcrs la prison de Fleury-M-rogis. Lenqute est cone la sous-division

    anti-terroriste. Laccusation est de dtentionet transport dun produit incendiaire et explo-sif et association de malfaiteurs en relationavec une entreprise terroriste . De plus, lalle est accuse dtre lauteur de la tentativedattaque incendiaire du 2 mai 2007 contrela dpanneuse gare devant le commissariatde police du 18e arrondissement de Paris. Lapreuve policire seraient des traces dADNprovenant dun cheveu retrouv sur lenginnon explos. Dbut avril, elle est transfre la prison de Lille-Squedin.Dbut mars 2008, le garon a t tabass enprison par dautres prisonniers qui ont suiviles rumeurs de matons le prsentant commeun facho.

    Nouvelles arrestations

    Mme pas peur ! Qui sont les terroristes ?Les conditions de vie toujours plus insupportables qui nous sont imposes re-posent sur la peur. Peur de ne pas avoir de boulot et de ne pas arriver bouclerles ns de mois. Peur de la police, peur de la prison. Parce quau fond, la matra-que et son acceptation est ce qui garantit les rapports sociaux.

    Dans ce monde lenvers, le terrorisme ce nest pas contraindre des milliardsdtres humains survivre dans des conditions inacceptables, ce nest pasempoisonner la terre. Ce nest pas continuer une recherche scientique ettechnologique qui soumet toujours plus nos vies, pntre nos corps et modiela nature de faon irrversible. Ce nest pas enfermer et dporter des tres hu-mains parce quils sont dpourvus du petit bout de papier adquat. Ce nest pasnous tuer et mutiler au travail pour que les patrons senrichissent linni. Cenest pas mme bombarder des populations entires. Tout cela, ils lappellentconomie, civilisation, dmocratie, progrs, ordre public.

    La politique est en ralit lart de travestir les faits en changeant les mots. Leurguerre au terrorisme lchelle plantaire nest quune arme de propagandepour lgitimer toute agression militaire lextrieur et toute rpression desrebelles lintrieur.

    Dans un effet miroir, lEtat voudrait tous nous obliger tre le reet de sa salegueule autoritaire. Des amitis, des afnits et le partage dune mme ide delibert deviennent une association de malfaiteurs en relation avec une entre-prise terroriste. Des liens tisss dans les luttes deviennent une mouvanceanarcho-autonome. Un fumigne devient une bombe.

    Et pourtant, sorganiser nest pas ncessairement constituer une Organisation,tout comme une grve nest pas une prise dotage. Lattaque contre une ban-que, une prison, une ANPE, une permanence lectorale, un centre de rtention,

    le sabotage de la circulation des trains ou desmachines dans une usine, ne sont pas du ter-rorisme . Un abme spare ceux qui sinsurgentpour se librer, et ceux qui frappent dans le taspour dfendre, consolider ou conqurir le pou-voir, cest--dire les Etats et leurs concurrents,

    les patrons, leurs mercenaires etleurs laboratoires de mort.

    Dans cette guerre socialequi se droule au travailcomme dans la rue, de

    jour comme de nuit, len-nemi est tout individu qui

    fait obstacle la marcheradieuse du capital.

    Que chacun, de la manirequil estime la plus adquate,soppose au terrorisme dEtatet au totalitarisme dmocra-tique. Nous ne subirons pas

    cette dclaration de guerre enbaissant la tte.

    QUE CRVELE MEILLEUR DES

    MONDES !

    [Texte dune afche trouve sur les mursde plusieurs villes en avril 2008]

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    4Cette Semaine / avril 2008 Un brin de rpression

    Arrestations dans le 94pour un fumigne : quelques prcisions

    LE 19 JANVIERDERNIER, trois personnes sont arrtes dansle Val-de-Marne en possession dun fumigne fait mai-son , de quelques ptards et de clous tordus. Ces personnes

    tant ches aux RG, sensuit une garde--vue de 48 heures,une perquisition qui ravage un appart, la prison pour deuxdes interpells, une libration sous contrle judiciaire pourle troisime en attente dun procs. La section anti-terroristesest dplace pour la perquisition mais ne se saisit pas delaffaire qui reste du domaine correctionnel. Une enqute estouverte pour association de malfaiteurs, dtention et trans-ports dengins incendiaires ou explosifs en vue de dtruiredes biens ou de commettre des atteintes aux personnes.

    Ce chage et le fait quelles ont refus en garde--vue de sesoumettre la signalisation (photos, empreintes, ADN)a entran ce montage judiciaire trs dcal par rapport auxfaits. Dans les jours qui ont suivi, les mdias en ont encorerajout coups de titres racoleurs comme dans Le Parisiendu 22 janvier Les anarchistes transportaient une bombeen kit ou dans larticle du Monde du 2 fvrier. La mancevis--vis de ce que lon peut lire dans les mdias bourgeoisest une vidence depuis toujours, a lest encore plus quandles informations proviennent comme ici de fuites policireset relaient la version judiciaire charge dans cette affaire.Gardons lesprit que les copains en taule ne peuvent passexprimer, il est donc essentiel de revenir un peu sur les faits,en connaissance de cause.

    Les personnes arrtes ce jour-l se rendaient la manifesta-tion contre les centres de rtention qui avait lieu depuis PorteDore en direction du centre de rtention de Vincennes. De-puis un mois et demi maintenant, de nombreuses actions etmobilisations ont lieu contre ces centres de rtention, venantdes retenus (refus du comptage, meutes lintrieur, grvesde la faim, incendies) comme de lextrieur (rassemblements,manifestations). Ces rassemblements, notamment Vincen-nes, ont t marqus plusieurs reprises par lutilisation defumignes, de feux dartices et autres ptards pour drouterla police et signaler aux retenus qui luttent lintrieur lexis-tence de mobilisations lextrieur.

    Rappelons-nous entre autre du 31 dcembre o peu aprsminuit, un feu dartice avec fuses, ptards et fumigneseut lieu prs du centre de Vincennes. Il y eut galement unemanifestation le 3 janvier, une le 5, puis le 19 et encore trsrcemment le 2 fvrier. Certaines ont runi plusieurs milliersde personnes et toutes ont donn lieu lutilisation de feuxdartices, de fumignes ou de ptards. Quant aux cloustordus cits par les journaux, ils nous rappellent plutt descrve-pneus que lon laisse sur la route pour crever les pneus,des voitures de police et des camions cellulaires de prfren-ce. Ils ont aussi dj t utiliss plusieurs fois, notamment lorsde rcents rassemblements contre les centres de rtention.

    Nous ne cherchons pas ici adopter un discours de linno-cence, nous savons bien que ce que nous venons de dcrire estdlictuel, au mme titre que nimporte quel rassemblement

    non-dclar en prfecture ou que le fait de courir quand lapolice veut nous arrter (rbellion). La lutte nous place pres-que immdiatement dans lillgalit. Nous voulons rappeler

    le contexte de mobilisation politique dans lequel ces arres-tations ont eu lieu. Nous voulons aussi dnoncer le montagepolicier et judiciaire charge, dnoncer le fait quun fumigneet des crve-pneus envoie directement en taule et fait presquebasculer dans lanti-terrorisme , un concept qui sapplique de plus en plus de situations.

    Cette construction judiciaire a des objectifs vidents : isoler,diviser et faire taire. Isoler les gens arrts du reste du mouve-ment en les qualiant de junior terroriste irresponsables etdconnects du reste de la socit et des mouvements de lutteet de rvolte qui la traversent. Faire taire en inspirant la peur ceux qui luttent. Faire taire un mouvement qui grossit et quidrange politiquement en se battant pour la fermeture descentres de rtention. Faire taire tous ceux qui luttent contrelenfermement et le traitement que lEtat fait subir en Franceaux classes populaires et aux trangers. Faire taire en mon-trant que participer ces luttes peut envoyer directement Fresnes ou Villepinte. Les prcdentes manifestations,notamment celle du 5 janvier, avaient dj t tendues etponctues dchauffoures, notamment lorsque des centainesde personnes ont investi le parking du centre de rtention deVincennes pour se rapprocher des retenus et changer aveceux des cris de Libert , il y avait dailleurs dj eu desarrestations. Les arrestations du 19 janvier doivent donc tre

    replaces dans le contexte de cette lutte contre les centresde rtention qui a rassembl dernirement des milliers depersonnes.

    La dtention de fumignes et de crve-pneus qui vaut deux personnes dtre actuellement emprisonnes et leurutilisation sont des pratiques partages qui font partie de cemouvement. Il est primordial que tous les gens qui partici-pent ou se sentent solidaires de cette lutte noublient pas lescopains incarcrs et leur manifestent soutien et solidarit,notamment en relayant linformation, en diffusant ce texte,en en crivant dautres, ou par dautres moyens. Parce que

    nous mobiliser collectivement quand on nous attaque nousrend certainement plus forts que de se replier chacun dansson coin, ne laissons pas la rpression sabattre dans le silenceet lanonymat.

    SOLIDARITEAVEC LES CAMARADES INCARCERES

    FERMETURE DES PRISONSET DES CENTRES DE RETENTION

    [email protected]

    [Paru sur Indymedia Paris le 7 fvrier 2008]

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    5 Cette Semaine /avril 2008Un brin de rpression

    [Tract qui a commenc tourner n fvrier 2008]

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    6Cette Semaine / avril 2008 Un brin de rpression

    Pendant la campagne lectorale de laprsidentielle 2007, un peu partouten France, des dizaines de permanencesde tous bords sont attaques (au moinscinq ont brl), des bureaux de voteset des relais tl sont sabots. Et puisdes voitures et des drapeaux franais

    qui senamment, des vitrines qui tom-bent...

    Dla barricade et du pav ! A Avi-gnon, Montpellier, Villeurbanne, Pariset Millau, plusieurs personnes sontincarcres pour sen tre prises ladmocratie et ce systme par diversesactions*. Ces actes parlent deux-m-mes et leur auteurs sont pour nous descamarades, des pyrotechniciens de lalutte des classes. Incarcrs, certains ontt lourdement condamns et dautres

    sont encore en attente de leur procs.Il est ncessaire dorganiser un soutiennancier (frais de cantines, davocats,etc.), moral et politique.

    Do cette compile.

    Pour survivre et esprer des victoiresface au pouvoir, lorganisation collec-tive et la solidarit sont des armes.

    *31 mars, Avignon, incendie dune per-manence lectorale du PS ; 22 avril,

    Montpellier incendies de voitures debourges dans le centre ville ; 22 avril,Millau, sabotage de trois relais de tl-vision ; 22 avril, Paris, incendies de voi-tures dans Paris ; 11mai, Villeurbanne,incendie dune permanence lectoralede lUMP ; 11 mai, tentative dincendiedune voiture devant le Fouquets. Lacompile classe... contre classe ! cest :

    Une brochure de 40 pages avec destextes et tracts sur les vnements de lacampagne prsidentielle et larrestation

    des incendiaires et dans une secondepartie une compilation de textes con-tre les lections et la dmocratie, avecdes textes de Archinoff, Durruti, Gilles

    Dauv, Alexandre Berkman, Lon deMattis, certains tirs des revues Mor-dicus, Lenvole, Cette Semaine, Tout lemonde dehors, Echange.

    Un CD de 24 titres punk, rock, hip hop,lectro avec : Zora, Rage Mcanique,

    La Fraction , Hainemis dtat, Les Ra-paces, Fuck da tourist, Kochise, Skalpelde la K-Bine, Fred Alpi, Komak, Bimbokillers, Chinkens Call, Les Molards, Ci-zif et Puzzmama, Scherzo, Urban Blight,Mon Dragnon, Bire sociale, Scheissefor ever, Samizdat, Plaine Crasse, H-War, Ren Binam, No Shangsa.

    La compile (brochure et CD) est vendu5 euros (ou plus) en soutien aux incen-diaires engeol-e-s. Pour commande,infos, ou pour diffuser cette compile :

    APCP, BP 30312, 84021 Avignon cedex(chque lordre dAPCP).

    Classe... contre classe

    Une compilation de soutien

    aux incendiaires engeol-e-s lors des prsidentielles 2007

    Appel

    SINOUSAVONSPRIS la dcision de lancercet appel international, cest que lheu-re nous semblait grave. Alors que nous ap-prenions avec joie quun certain nombre

    dentre-nous taient partis en fume lorsde la dernire manifestation anti-guerre New-York et de piquets de grve tenuspar les ouvriers dune usine Ankara (Tur-quie) la semaine dernire, nous prenionsconnaissance dune situation hexagonalecatastrophique. En effet, plusieurs person-nes ont t emprisonnes ces dernires se-maines pour le simple fait davoir t, surle chemin dune manifestation, contrlesen notre prsence. Non seulement lun

    dentre-nous est toujours sous scells dansles mains de la police, mais, plus grave, lamaa capitaliste du moment voudrait fairepasser celles et ceux qui nous font briller

    pour de dangereux terroristes. Nous,fumignes de tous les pays et de toutescompositions, sommes rsolus ne paslaisser sinstaller ce genre de conneriesdans les ttes.

    Cest pourquoi nous rptons quelquesvidences :

    Nous faire partir en fume est une pratiqueancestrale, simplissime et toujours efcacepour poser de joyeuses ambiances lors demanifestations et rassemblements. Quenous soyons artisanaux 1/3 de chlorate

    de soude (dsherbant total), 1/3 de sucre,1/3 de farine, ou bien industriel et doncncessairement plus chers la seule chosequi nous importe, cest quon nous fassepartir en fume. Et, videmment soucieuxde ltat de la plante, notre condition dedsherbant total ne nous a jamais plu...

    Le F.L.F. appelle manifestants, militants etautres joyeux drilles porter bien haut les

    couleurs des fumignes en craquant quel-ques allumettes. De nombreuses manifes-tations sont prvues, et elles ne se ferontpas sans nous. Le 5 avril, par exemple, une

    journe nationale de manifestations contrela chasse aux sans-papiers est prvue : celadevrait tre, pour nous, le moment dunevritable dmonstration de force. Et sinous pouvions, dsormais, entendre scan-der chaque manifestation le plus beauslogan du F.L.F. Chlorate, sucre, farine !Chlorate, sucre, farine !..., cela nous r-chaufferais le cur tout jamais !

    Faites-nous amber ! Faites-nous briller !

    Libert pour les camarades emprisonns !

    Le Front de Libration des Fumignes

    PS : Appel galement sign par LInter-nationale Ptaradante (IP), le Groupe desFurieuses Banderoles (GFB), la Fdrationdes Clous Tordus (FCT), le Collectif de lapeinture sur les murs...

    [Paru sur Indymedia Paris le 22 mars 2008]

    du Front de Libration des Fumignes

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    7 Cette Semaine /avril 2008

    La dmocratie, comme le capitalisme dailleurs est devenue lhorizon indpassable de notrepoque ; tout discours qui tendrait la remettre en cause est disquali davance : on ne veuttout simplement pas lentendre. La dmocratie, pourtant, a surtout fait jusqu prsent la

    preuve de son chec. Le monde quelle domine est toujours un monde de soumission, de pri-

    vation et de pauvret. Le droit de vote est cens assumer lui seul lexpression de la volontpopulaire : mais croit-on encore que quoi que ce soit puisse changer grce des lections ?

    Lon de Mattis

    Toujours fermer sa gueule, la peur au bide, tre duqu, oppress, exploit, parqu.Navoir comme seule possibilit que de vendre sa force de travail et pour seul mot direquun bulletin de vote. Mais donner sa voix, cest se taire, se soumettre : cest abandonnerson pouvoir un reprsentant . Qui peut prtendre dcider la place des autres ? Unefois tous les cinq ans, croire quon peut choisir .

    Mais choisir quoi ? Qui ? Nos bourreaux ? Ceux qui nous exploitent ? Ceux qui nousenferment ? Ceux qui nous chent, nous contrlent ? Choisir entre cinq ou vingt candi-

    dats de merde qui, de toute manire, ne peuvent que mettre en place la mme politique ?Choisir la sauce laquelle on va tre mang ? Alors quon pourrait pendre le cuistot etfoutre le feu la cantine ! Aussi, quand certains dcident douvrir leur gueule grandscoups de pavs pour cracher rvolte et rage contre ce monde de merde, surgit une bouedair qui rappelle que seule la lutte compte. La lutte contre ce systme dexploitation ca-pitaliste et contre tous les outils et artices qui lui permettent de perdurer. La dmocratienest que lun deux, un des modes possibles de gestion politique au service du capital etde la classe dominante.Pendant la campagne lectorale des prsidentielles de 2007, un peu partout en France,des dizaines de permanences politiques de tous bords sont attaques (au moins cinqont brl), des bureaux de vote et des relais de tl sont sabots. Et puis des voitures etdes drapeaux franais qui senamment, des vitrines qui tombent... dla barricade et dupav ! A Avignon, Montpellier, Villeurbanne, Paris et Millau, plusieurs personnes sontincarcres pour sen tre prises la dmocratie par diverses actions. Ces actes parlentdeux-mmes et leurs auteurs sont pour nous des camarades, des pyrotechniciens de lalutte des classes.

    En Avignon, si le PS a t pris pour cible ce nest pas pour faire le jeu dun autre parti ;cette action nest pas non plus luvre de quelques dus de la politique des socialos quiauraient trahi la classe ouvrire comme lont a rm les journaux. Il a t vis pour cequil est, lun des reprsentants et gestionnaires dun systme radiquer. Il est donc unecible parmi dautres. Cest la reprsentation politique elle-mme qui tait vise et nonune mauvaise gestion . Dailleurs, tous les partis, de lUMP la LCR, ont condamnle geste : cohsion de ceux qui font partie du mme camp !Nous sommes toujours dans une socit de classes, peu importe qui est lu, il ny chan-

    gera rien. Bien au contraire, car cest le rle de ses dirigeants que de maintenir et dedfendre la domination et les intrts de la classe capitaliste. Les lgres dirences, surla forme, ne font que camouer le fait que sur le fond ils ne peuvent appliquer quuneseule et mme politique : celle dont la patronat a besoin pour assurer la prennit dusystme et engranger toujours plus de prot. Si, pour lEtat, lheure est loensive avecle tout scuritaire, la prcarisation, la exibilit, les drgulations, les privatisations, cenest pas en raison de choix politique ou dune quelconque drive. Cest pour rpondreaux contraintes et aux impratifs conomiques mondiaux du capital. Ce systme ne peuttre rform, il doit tre dtruit.

    CONTRE LE CAPITALISME ! CONTRE LA DEMOCRATIE !

    SOLIDARITE AVEC LES INCENDIAIRES ET LES INCARCERES !

    Collectif de soutien aux incendiaires engeol-e-s,janvier 2008

    [Publi dans le livret de la compilation classe... contre classe, pp. 6-7]

    Que crve la dmocratie !

    Un brin de rpression

    Compilation de solidarit sortie Lille enjuin 2007, et enregistre lex-squat leDaras.

    [email protected]

    Le procs des incendiaires montpelli-rains de lan pass (ils voulaient cra-mer des voitures de bourgeois, daprsla presse de lpoque, le jour du premiertour des lections), aura lieu le 6 mai 14h au tribunal correctionnel.

    Pour rappel, Quentin, un des 4 inculps,a purg prs de 3 mois de prventive.Laccusation a dsormais abandonn leschefs de bande organise et les incendiesproprement dits, pour ne retenir que destentatives.

    Quant aux incendiaires de Villeurbanne,Audrey est sortie le 21 novembre 2007. Le26, Czary tait lui transfr en centre dertention et expuls en Pologne o sestfait emprisonn pour dautres histoires. Ilest prsent dehors.

    Compilation de solidarit sortie en Avignonen avril 2008

    [email protected]

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    8Cette Semaine / avril 2008 Etrangers de partout

    Nol en rtention, Pques en prison

    D

    errire les murs des centresde rtention, les sans papierstentent rgulirement de sor-

    ganiser contre leur enfermement.Le fonctionnement de ces prisonsadministratives (la surveillance per-manente, le turn over des retenus ,la pression policire) rend difciledautres formes de rvolte que la grvede la faim, ponctuelle et isole. Cet hi-ver pourtant, la colre des prisonnierssans papiers sest manifeste pendanttrois mois sans interruption. Dans lesprisons pour tranger de Vincennes,du Mesnil-Amelot, de Rennes, dans lazone dattente de ZAPI 3 Roissy, gr-ves de la faim, communiqus, refus de

    rentrer dans les chambres, refus dtrecompts, incendies de cellules, et mal-heureusement, tentatives de suicide etautomutilations se succdent.

    Et pour une fois, une lutte mene pardes prisonniers sans papiers na pasrencontr que de lindiffrence lex-trieur. A force de voir ces situationsse multiplier, la course aux expulsionssacclrer, beaucoup de gens ont nipar transformer leur indignation enrvolte. Depuis la rsistance aux raesdans les quartiers et les transports pu-blics, jusquaux interventions dans lesaroports pour viter une expulsion,en passant par les coups de tlphonequotidiens dans les centres et la pr-sence dans les tribunaux, des rseauxde solidarit sorganisent et des gensagissent directement.

    Enn, voil des milliers de personnesdevant un centre de rtention plusieurssemaines de suite criant libert dune mme voix avec les retenus .Cette lutte a su, un temps au moins,dpasser la simple revendication duneamlioration des conditions de rten-tion. Comme tous lieux denfermement,on ne peut imaginer et voir ces centres shumaniser ou se limiter la priva-tion de libert et rien dautre. Les sanspapiers le crient eux-mmes sufsam-ment.

    lintrieur, la rpression est cons-tante et brutale. On transfre, on tentedexpulser les soi-disant leaders sanspapiers sans russir teindre le mou-vement. Alors, on fait stationner descars de CRS en permanence devant lecentre de Vincennes. Ils interviennent lintrieur pour mater la rvolte :enfermement dans les chambres ; mise lisolement; comptages et fouilles poil en pleine nuit dans la cour; tabas-

    sages en rgle au moindre prtexte. Leharclement est permanent pendantdeux mois. Pour empcher toute com-

    munication entre les prisonniers et lesmanifestants, les abords du centre sontverrouills par des cordons de gardesmobiles. Malgr tout, les sans papierscontinuent de sorganiser et de se bat-tre.

    lextrieur, on tente de briser les soli-darits. Plusieurs personnes qui ont encommun davoir exprim leur solidaritavec ces hommes et ces femmes sontarrtes, inculpes et pour certainesemprisonnes.Quatre personnes sont arrtes lors

    dun feu dartice devant le centre deVincennes le 31 dcembre 2007. Ellessont relches dans la nuit grce lamobilisation.Lors de la marche sur le centre de r-tention du 05 janvier 2008, un militant[sic] est arrt sur le parking du centrecar il a voulu sapprocher des dtenus.Accus de coups et blessures suragent , il passe en procs le 17 juin 9heures la 30me chambre du tribunalde Paris.Sur le chemin de la manifestation natio-nale contre lallongement de la dure dertention du 19 janvier, trois personnessont arrtes pour avoir eu dans leursac des fumignes et des ptards. Uneenqute est ouverte pour associationde malfaiteurs, dtention et transportsdengins incendiaires ou explosifs envue de dtruire des biens ou de com-mettre des atteintes aux personnes .Des appartements sont perquisitionnset saccags. Deux personnes, Ivan etBruno, sont depuis plus de deux moisen dtention prventive Fresnes et Villepinte o elles attendent quune

    date de procs soit xe.Dans la nuit du 12 au 13 fvrier, aprsque les dtenus du centre de Vincennesaient une nouvelle fois subi les tabas-sages et les tasers de la police (uneenqute a depuis t ouverte sur cettenuit), quatre personnes sont arrtes etaccuses davoir tagu fermeture descentres de rtention sur les murs de lagare RER voisine. Places sous contrle

    judiciaire avec interdiction de se rendredans le Val-de-Marne, elles passent enprocs le 15 avril au tribunal de Cr-teil.

    Le 27 fvrier quatre passagers dunavion de la Royal Air Maroc sont des-cendus de lavion, pour stre oppos lexpulsion de deux maliens ras deuxsemaines plus tt au foyer pour tra-

    vailleurs trangersde la rue Terre-aux-curs dans le XIIlle

    a r rond is sement . force de tnacitface aux policiers,les deux sans pa-piers ont t redes-cendus et nont past expulss. Mais lesquatre passagers passenten procs le 18 avril au TGI d eBobigny pour entrave la circulationarienne .

    Le 29 fvrier, idem : la police tentedexpulser deux autres habitants de ce

    mme foyer ras eux aussi parmi 115personnes le 13 fvrier au matin. Lencore, les passagers refusent de voya-ger aux cts de personnes entraves etbillonnes. Les sans papiers ne sontpas expulss mais un passager est luiaussi descendu de lavion et poursuivi.La date du procs nest pas xe.

    Pendant ce temps, dans la presse, mon-tages [sic] et mensonges se succdent.Une fois de plus, la couverture mdia-tique contribue teindre le feu. Pas-se la priode des ftes, des rdactions

    vides et de la bonne conscience de quel-ques reportages, les camras lment ceque le ministre dit de lmer pour d-montrer que la lutte est bien nie dansles centres de rtention. Quant larae du foyer terre-aux-curs, elle estprsente comme une action de luttecontre les marchands de sommeil . Lemontage ne tient pas longtemps et plusdune centaine de personnes arrtesce jour-l sont libres par la suite,grce la mobilisation dans la rue, lestribunaux et les aroports. Tout aussigrave, dans les jours qui suivent lar-restation des porteurs de fumignes,quelques joumaux reprennent mot mot la version policire coup de titresracoleurs. Cette construction mdia-tico-judiciaire a des objectifs vidents :isoler, diviser et faire taire. Isoler lesgens arrts du reste du mouvementen les qualiant de junior terroriste irresponsables et dconnects du restede la socit et des luttes et rvoltes quila traversent. Faire taire en inspirant lapeur. Faire taire tous ceux qui luttentcontre lenfermement et le traitement

    que lEtat fait subir en France aux clas-ses populaires et aux trangers.

    Aujourdhui cest nous tous de refu-ser que lEtat, sa police, ses journalistesaux ordres nous dictent quels moyens

    Solidarit contre la machine expulser

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    9 Cette Semaine /avril 2008Etrangers de partout

    Ce lundi 18 fvrier 2008 tait louverturedun temps fort de lopration made inangers qui a pour but douvrir le euron

    de lactivisme entreprenarial angevin auxhabitant-e-s et aux touristes. Mais cest unautre visage que certaines botes ont mon-trs aux angevin-e-s.

    Car au petit matin sur la faade clinquantede lentreprise citoyenne de restau-ration RESTORIA, cest une part plussombre de leur activit qui tait exposeaux yeux de tous-tes. Un gros et vilain tagRESTORIA SPECULE SUR LENFER-MEMENT ornait sur plusieurs mtres lafaade vitre. En effet un contrat permet cette entrerise de sengraisser en fournis-

    sant le centre de rtention de Nantes leurrsidus dexploitation agro-industrielle.Une autre faade fut redcore, le sigede bouygues immobilier, qui faonnenotre avenir en construisant (entre autre)

    des centres de rtentions et des prisonsCes deux entreprises sont un rouage par-mis tant dautres de la machinerie.

    La crote de la paix sociale angevinene parvient pas cacher les arrestationssur dnonciation de sans pap, la misresociale, la gentrication... Il est temps desattaquer la plaie !

    brisons les murs, les frontires et le capital

    NB : Les deux entreprises en charge des17 000 m2 des deux centres de rtention duMesnil-Amelot sont Levaux et SGREG Bondoue.

    [Publi le 24 fvrier 2008 sur IndymediaParis]

    Rsistance made in Angers

    de lutte sont lgitimes. LEtat nexpulsepas des chiffres mais fracasse des viespour les besoins de lexploitation quoti-dienne. La menace de larrestation et delexpulsion constitue un moyen de pres-sion sur les sans papiers qui subissentdes boulots pnibles et sous pays dansdes secteurs comme le btiment, la res-tauration, le nettoyage. Cest aussi unmoyen de pression sur les trangers l-gaux qui craignent de se voir refuser lerenouvellement de leur titre de sjour. Anous de continuer nous battre contreles raes quotidiennes de sans papiers,lallongement de la dure de rtentionla construction de nouveaux centres dertention.

    Contre la machine expulser, concertde solidarit avec les enferms et les in-culps, le 26 avril 2008 19h, la CIP-IDF, 14-16 quai de la Charente, 75019Paris (M Corentin Cariou)

    [Tract trouv la manifestationparisienne du 5 avril 2008]

    Le 4 avril 2008, Baba Traor, un malien sans-papiers poursuivi par la police suite un con-trle de billets en gare RER de Joinville-le-Pont,se jetait dans la Marne et en mourait.

    Le 5 avril vers 18h, aprs la dispersion dela manif parisienne, prs de 250 personnesse sont rendues en manif sauvage devant lecentre de rtention de Vincennes au cri de Li-

    bert. Aprs une demi-heure, la manif repartdans Joinville en bloquant la circulation, passesur le pont tragique puis se rend devant leposte proche de la police municipale. Plusieursde ses vitres sont brises, une voiture de keufest enfonce coup de plot mtallique et troismunicipaux ahuris sont vite chasss.

    Sur le retour vers la gare, re-blocage, slogans(A Joinville la police assassine), tags (Guer-re sociale), panneaux publicitaires briss etafches colles. Plusieurs camras de la stationRER sont obstrues ou brises, des panneauxdfoncs. La police en nombre et sur le tardne pourra que voir repartir, impuissante, lajoyeuse troupe vers Paris...

    En attendant mieux, cet nime assassinat auraau moins reu une rponse rapide sur place etbien accueillie par de nombreux habitants.

    En attendant mieux...

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    10Cette Semaine / avril 2008 Etrangers de partout

    Des ventres vides aux prisons pleines

    Les taules en tous genres se multiplient :nouvelles prisons ultrascurises, centres de dtention pour mineurs,

    centres de rtention et zones dattente pour trangers...De lallongement de la dure de rtention la rtention de sret,

    en passant par les units psychiatriques, lombre oppressantedes barreaux plane sur notre survie, forme de non-vie.

    Ceux qui enferment mentent... reste lenfermement

    et il ny a pas de prison humaine.

    La tte contre les mursmais la rage au cur...Des mouvements de protestation se dveloppent dans les taules.Depuis dcembre dernier, des dtenus sans-papiers ont entamdes grves de la faim et ont refus de rentrer en cellule Nantes,Vincennes et au Mesnil-Amelot.Ces derniers jours a part en meute au CRA de Vincennes.Marre de raser les murs, de se faire contrler, arrter, encager,expulser. Certains se mutinent, svadent, foutent le feu, affrontentles ics, leurs geliers.

    La domination et lexploitation sont partout.Mais la rvolte ne connat ni murs ni frontires.Dtruisons toutes les prisons et le monde qui les produit.Libert !

    [Afche trouve mi-fvrier sur les murs de Paris-13e]

    Lutte dans le centrede rtention de

    Vincennes

    20 dcembre 2007Des sans-papiers dtenus au centre de rtention du Mes-nil-Amelot (Seine-et-Marne) entament un mouvementde protestation : cahiers de dolances, revendications

    crites sur les vtements ...27 dcembreCertains des dtenus commencent une grve de la faim.Dans la nuit du 28 au 29 dcembre, 150 CRS font irrup-tion dans le centre de Vincennes pour forcer manu mili-tari les dtenus rejoindre leurs chambres.29 dcembreLe mouvement stend dans les deux centres de Vincen-nes o de nombreux sans-papiers rejoignent la grve dela faim et refusent de rentrer dans leurs chambres. LesCRS entrent nouveau pour mater la rvolte. Des pri-sonniers sont mis en isolement. Mais les grvistes conti-nuent dexprimer leur dtermination ne pas cder.30 dcembreIl y a peu prs un mois, un sans papier sest vad du

    centre de rtention de Vincennes. Depuis cet vnement, lespoliciers sont particulirement nervs et virulents enversles retenus . Par exemple, ils entrent dans les chambres

    pour faire des fouilles nimporte quelle heure de la nuit,

    ils font entre 8 10 rondes par 24 heures, au lieu de 3

    habituellement. Suite cette vasion, les policiers ont eupour ordre de dnombrer, tous les soirs, les sans-papiers

    pour vrier quaucun ne sest enfui. Avant hier, les rete-

    nus nont pas accept de se faire comptabiliser comme du

    btail et ont refus de remonter dans leur chambre. Lespoliciers ont appel les CRS en renfort qui ont pass une

    partie de la nuit Vincennes.22 janvier 2008Depuis le matin, 20 sans-papiers (sur les 30 prsents) re-tenus au CRA de Palaiseau sont en grve de la faim pourobtenir leur libration. minuit, Vincennes, les dte-

    nus ont refus dtre compts et de rentrer dans leurschambres. Ils ont essay de dormir dehors. Les CRS sontintervenus pour les obliger rintgrer leurs chambres.23 janvierA Vincennes, des dtenus ont mis le feu leur chambre,en brlant des papiers. La police et les pompiers sont in-tervenus. Ambiance extrmement tendue. 6 personnes engrve de la faim au centre de rtention de Nantes.25 janvierDepuis 18h30, les sans-papiers du centre de rtention deVincennes se battent contre la police. Ils ont commencpar refuser de se rendre rfectoire pour protester contreles traitements indignes quon leur inige tous les jours.27 janvierLa tension ne cesse de monter depuis hier soir au centre

    de rtention de Vincennes. Les familles ont attendu envain de pouvoir rendre visite leur proche. Les affron-tements directs entre sans-papiers et policiers ont reprisds cet aprs-midi. Deux dparts de feux ont de nouveauncessit lintervention des pompiers.12 fvrierDpart et mise feux de deux chambres 3 heures. Deuxblesss graves suite des affrontements avec la police etles tabassages conscutifs, emmens lHtel Dieu dansla nuit. Les 4 personnes considres comme responsablesdes violences ont t transportes au CRA2. On appren-dra quelques jours plus tard que la police a fait usage detasers.6 avrilNouveaux incendies de draps, projectiles contre la po-lice et dgradations. Une manif tait passe les saluer

    la veille, un sans-papier avait t assassin par la policedeux jours avant dans la ville d ct.

    [Extraits de la chronologie de la rvolte dans le centrede rtention Vincennes (dcembre 2007-mars 2008),publie aussi en brochure disponible sur infokiosk.net]

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    11 Cette Semaine /avril 2008Etrangers de partout

    Depuis quelles rencontrent quelques rsistances, les raes de sans-papiers sontmoins visibles, les ics se faisant plus discrets et mobiles. En effet, le dploie-ment duniformes nest toujours pas accept partout, et se heurte parfois la rage etla rvolte.

    Cependant, les contrles et les ramassages gnraliss se poursuivent, notammentdans les gares SNCF, les stations de mtro ou RER de banlieue. Rgulirement, cesont des dizaines de personnes qui se font ainsi embarquer et interner.

    Au passage, il y a les bavures qui nen sont pas : au cours de la traque, certains,certaines se font directement inguer : comme Reda Semouni, sans-papier de 30 ansqui, selon les keufs, se serait dfenestr le 8 janvier 2008 lors dune perquisition sondomicile. Un exemple parmi tant dautres ...

    Le chur des pleureuses citoyennes entonne alors lhabituelle rengaine des droitsde lhomme dans notre beau pays dmocratique, et les crapules politicardes tententde redorer leur blason. Ainsi, Delano, relay par les associations de gche, offre unbel enterrement Chulan Zhan Liu, morte en septembre dernier en se jetant par lafentre pour chapper aux ics. Mais pour eux, pas de problme quand lexploitationquotidienne est lgale, quand les expulsions sont prononces juste titre , quandla police arrte les dlinquants . Ils continuent rclamer justice, alors que celle-cifait trs bien son sale boulot, distribuant la pelle prolongations de rtention, moisde taule, interdictions du territoire et ordonnances dexpulsion. On se rappelle dutemps o ctait le PS, avec le PC et les Verts au gouvernement, qui faisait passer leslois racistes et affrtait les charters de sans-papiers...

    Malgr la construction incessante de nouvelles taules, ce que les bureaucrates de len-fermement appellent les C.R.A. (Centres de Rtention Administrative) dbordentet explosent. Silence radio des caritatifs. Car cette fois, ceux et celles quils aiment prsenter comme des victimes rsignes, se rvoltent.

    Mi-dcembre, au Centre du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne), certains se sont misen grve de la faim, ont refus de rentrer en cellule, ont fait sortir des communiquspour protester contre les arrestations, la rtention et les expulsions. Le mouvement aensuite gagn le Centre de Vincennes, o il na cess de prendre de lampleur.Ds dbut janvier, des prisonniers ont refus dtre compts et de rentrer dans leurschambres aux cris de LIBERT. Et cest parti en meutes.

    Le 23 janvier, deux chambres ont t incendies, le 25 et le 26 deux autres ont brl.A chaque fois, bien sr, pompiers et ics interviennent lintrieur, ce qui donne lieu des affrontements.

    Depuis, des dtenus ont t mis lisolement et les tentatives de suicide se multi-plient. Cependant, les quatre personnes qui avaient t places en garde vue pourles incendies ont nalement t relches et mme libres du Centre lun avecdeux mois de sursis au- dessus de la tte.

    A Vincennes, la tension reste latente. Il y a toujours des grves de la faim. Le mou-vement continue dans dautres Centres, comme celui de Nantes. Il est essentiel quecelles et ceux qui se reconnaissent dans cette rvolte contre lemprisonnement etlordre de ce monde, ltendent et la diffusent aussi par-del les murs.

    Des liens ont t faits avec les mutins, des feux dartice tirs, et des rassemblementsen solidarit ont lieu devant divers centres de rtention, notamment celui de Vincen-nes. Mais la machine enfermer et expulser fonctionne aussi grce de multiplesrouages, dans lesquels il est possible de mettre son grain de sable : contre les collabosqui balancent les sans-papiers au quotidien - dans les administrations, les transports,les banques -, les constructeurs et fournisseurs de taules en tous genres et ceux qui lesco-grent, les compagnies qui pratiquent les expulsions, les htels ou les aroports quiservent de zones dattente ... Ce qui dgote le cur, que la main sy attaque !

    SOLIDARITACTIVEAVECLESMUTINS !

    [Tract trouv lors de la manifestation du 19 janvier 2008]

    La chasseaux indsirables reste ouverte ...

    Les trois premires semaines de novembre2007 se sont droules des grves la SNCFet la RATP contre la rforme des retraites, blo-quant largement le trac ferroviaire et urbain.Outre les formes dactions classiques commeloccupation des dpts, les manifestationsou les piquets de grve, une autre tradition,toujours prsente, est revenue la lumire :le sabotage. Quil sagisse de pierres dans lesystme daiguillage, dincendies de systmeslectriques ou de cbles, de gare saccage,de vols de clefs de locomotives, de lecteurs decarte daccs dgrads, dhuile sur les rails oude signalisation endommage, ils ont t variset continus dans tout le pays.

    La SNCF a port plus dune cinquantaine de

    plaintes pour la forme (ces histoires se rglantplus en interne). Quelques condamnationssont cependant dj tombes : 4 mois avecsursis pour un cheminot Thionville qui adtruit avec des chaises les vitres dun postedaiguillage le 22 novembre 2007, 1 moisavec sursis le 7 mars 2008 pour deux agentsde la RATP accuss davoir interrompu llectri-cit de la ligne 6 du mtro. Deux individus sontmis en examen depuis le 22 novembre 2007 Blainville, accuss davoir vid lair du systmede freinage dun train de marchandise quiallait partir, et un conducteur de train est misen examen depuis le 27 dcembre 2007 pourle sabotage du portail dentre de la gare de

    triage de Sibelin.

    Enn, signalons que les sabotages anonymesont continu aprs la n ofcielle du conit : les24 et 26 dcembre, trois incendies de cbleset de transformateur lectrique ont provoqudimportants retards sur les TGV Paris-Lille(cble sectionn et dautres incendis vers Res-sons, Oise), sur les TGV Paris-Marseille (150mtres de cbles incendis vers Lambesc, Bou-ches-du-Rhne) et les TGV Paris-Dijon-Lausanne(transformateur incendi vers Velars-sur-Ouche,Cte dOr).

    Le 23 janvier 2008, trois nouveaux incendiesde cbles perturbaient fortement le trac entreParis et Marseille (4 mtres de cbles incendisvers Claveyzon, Drme), Lyon-Marseille (incen-die vers Saulieu, Cte dOr) et Paris-Rennes (15mtres de cbles incendis vers Saint-Aubin-des-Landes, Ille-et-Vilaine).

    SNCF :sabotagesordinaires

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    12Cette Semaine / avril 2008 Restructurations urbaines

    Avignon : restructuration urbaine

    Qui na pas encore entendu parler du TGV Mditerrane, de lagare dAvignon et sa virgule , du site dAgroparc, du parkingJean Jaurs et de la future ligne Est Ouest (LEO) ?

    Des travaux titanesques pour des difices et des amnagements haute rentabilit.

    Si Avignon met le paquet et passe la vitesse suprieure dans la res-tructuration de ses outils de gestion des flux, ce nest pas un hasard.Il suffit de se pencher un tant soit peu sur une carte gographiquepour se rendre compte que cette petite ville tient une place claire-ment stratgique dans ce que les conomistes, patrons et politiciensnomment hinterland* mditerranen, autrement dit, la base arrire

    logistique du port autonome de Marseille.Stratgique, car Avignon se trouve tre, sur plusieurs plans, un vri-table carrefour. Un carrefour entre le Rhne et le Durance, commeentre le Vaucluse, le Gard et les Bouches du Rhne. Mais surtout,Avignon est la croise de deux axes, ou plutt deux couloirs,drainant la circulation des flux de marchandises et de travailleurs,tous essentiels au capital. Ces couloirs ce sont des autoroutes A7 /A9-A8, des lignes ferroviaires, doubles le long du Rhne par unfret fluvial. Ainsi que les lignes grande vitesse (LGV) avec le TGVMditerrane (Paris-Marseille), et la future LGV reliant Barcelone,Marseille et Gnes. Lun des couloirs relie nord et sud de lUE parla valle du Rhne, et lautre encore ltat de projet et bnficiantdun plan damnagement euromditerranen (ARCOMED), ta-

    blit un lien entre lEst et lOuest europen, soit sur tout le pourtourmditerranen passant de lEspagne lItalie.

    Ce projet ARCOMED connectera de la faon la plus fluide et laplus directe possible les trois gigantesques ports-mtropoles euro-pens, Barcelone, Marseille, et Gnes, (voir par extension Valence etRome), son arrire pays, lUE du Nord. Lorsquon sait que lEu-rope espre voir dici 2015 une augmentation de 61 74% de sontrafic maritime, on comprend quelle ne compte pas chmer ni dansla restructuration de ses ports-mtropoles, ni dans lamnagementde leurs interconnexions. Elle espre en fait capter et dvelopperdes marchs, promettant dtre fructueux, avec lAsie et lAfriquedu Nord, au travers de cet arc mditerranen rendu nettement com-ptitif.

    Bref, aux yeux des planificateurs et globalisateurs obsessionnels,Avignon tient videmment une place de choix dans le maillage dutrafic conomique europen, et cest en lien direct avec les projetseuromditerranens que sarticulent les restructurations et amna-gements du Grand Avignon.

    La LEO, na pas pour simple but de dsengorger la rocade et sesva-et-vient de travailleurs moroses, elle doit permettre de drainer etfluidifier **un trafic routier qui ne va cesser de samplifier ces pro-chaines annes, entre autre de part la mise en place du chantier mul-ti-technique de ferroutage de Champfleury qui permettra la liaisonrail-route entre les rseaux de voies ferres des rgions PACA etLanguedoc-Roussillon, mais surtout de part lintensification des fluxsur lbauche du couloir mditerranen.

    Si le TGV Mditerrane dcid une halte dans la ville du pontdAvignon ce nest pas pour ses cigales et ses sachets de lavandes entissus provenaux mais bien pour des raisons toutes autres, la futureLGV Barcelone-Marseille devra en fait rejoindre les rails du TGV

    Mditerrane au niveau dAvignon, le tronon Avignon-Marseillesera alors commun au deux LGV, avant de se prolonger par le futurpro ,jet de LGV PACA jusque chez nos voisins italiens, Gnes. Aupassage, on notera galement que cette gare est un atout essentielpour nos valeureux chercheurs-tudiants europens en agronuclo-transgnique qui pourront venir travailler ardemment en semainesur le site dAgroparc et rentrer tranquillement le week-end dansleurs mtropoles respectives Barcelone, Turin, Londres, Paris, Gnes,Bruxelles, etc..., en moins de 4h ! Youpi ! ! !

    Enfin, pour les cadres, PDG, et autres minents patents, un moyende transport hautement plus standing est aussi possible en Avignon,grce son aroport et ses nouvelles lignes inter europennes,

    (quon se le dise !).Pour finir et boucler ce petit tour nullement exhaustif des diffrentsamnagements des flux du Grand Avignon, nous soulignerons la trsprochaine ouverture du parking Jean Jaurs creus deux ans durant,sous les remparts, le cours Jean Jaurs et au pied de la cit administra-tive. Et tout cela, grands coups de sueurs, BRH, accidents de tra-vail, tractopelles, pressions en tous genres et btonamit. Aprs tantdefforts, les premiers visiteurs lauront tout de mme qualifier de confortable et dagrable lil. Mais Marie Jos Roig ne peut secontenter de si peu, elle dclarait rcemment : Ce parking doit r-pondre aux demandes des habitants, des touristes, des commerants. Il

    doit ouvrir juste avant les ftes de Nol pour que tout le monde puisse

    en profiter. Voil qui est dit. Les bourgeois doivent pouvoir pro-

    fiter de ce nouveau bunker pour venir en centre-ville/commercial,consommer et se gaver de dindes aux marrons, tout en ayant leurprcieux 4x4 deux pas et labris de la populace.

    Bernardo

    * Un hinterland, ou arrire-pays, est une zone situe en arrire dunecte ou dun fleuve. Pour les conomistes, il dsigne plus prcis-ment la zone logistique et dattraction conomique dun port.** La mise en service de la dernire tranche de la LEO tant prvueau plus tt pour 2015, il y a fort parier que dici l lintensificationdes flux ne mettra que peu de temps saturer ce contournement dela rocade. Il faudra alors planifier un nouveau coutournement ducontournement pour... 2040 peut tre... Mais en somme nest-ce pas

    l un des principes du capitalisme en restructuration permanente ?

    [Texte tir deIncendo, le journal qui brle den dcoudre, n1,novembre 2007, pp. 10-11]

    AVIGNONETLARESTRUCTURATION

    DESFLUXDELUNIONEUROPENNE

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    13 Cette Semaine /avril 2008Restructurations urbaines

    1999 : Consultation tlphonique sur un chan-tillon de la population avignonnaise au sujet dela mise en place de systmes de scurit, pou-vant ventuellement comprendre la vidosur-veillance, en priorit sur les parkings. Les 71% decrtins qui ont rpondu favorablement cette

    vague question reprsentent pour la mairie une forte demande .

    2000 : 19 camras xes sont installes pourcontrler laccs des zones pitonnes.

    2001 : Autorisation prfectorale pour la mise enplace dun rseau de camras relies par breoptiques au commissariat de police municipale.

    2002 : 13 camras 360 extra muros relies parbre optique la police municipale (750 000Euros).

    2004 : 11 cameras 360 intra muros (400 000Euros). Autorisation prfectorale pour lenre-gistrement des images 24 heures sur 24. Ellesdoivent tre dtruites au bout de 7 jours saufen cas de agrant dlit o elles rejoindront lesdossiers dinstruction.

    2006 : 5 nouvelles camras et 7 autres en projetsur des bornes daccs.

    2007 : au total 82 camras intra muros et surles remparts comprenant camras municipales,systmes de surveillance des btiments publicset bornes daccs aux zones pitonnes (non

    exhaustif).2008 : 6 camras pour un cot de 300 000euros. Installation du systme de transmissiondes images la Police Nationale, nanc par leMinistre de lIntrieur.

    Les diffrentes tapes ont t ralises parlentreprise Sogetrel, implante dans les Vosges,spcialise dans lintgration de rseaux de t-lcommunication , et qui a ralis entre autresles rseaux de surveillance des autoroutes, de laRATP, de quelques usines et de quelques villes

    comme Montpellier, Nmes, Saint-Etienne, Ren-nes, Orlans...

    [Carte et chrono tirs dIncendo n1, novembre2007, p. 13 & pp. 16-17]

    Linvasion des camras en Avignon

    En Avignon, la

    municipalit a

    install un systme

    trs dense de

    camras. Apparues

    dans les annes

    2000, elles se sont

    dveloppes une

    allure vertigineuse.

    Certaines dentre

    elles ont un angle

    de 360 et peuvent

    grossir jusqu 40

    fois. Comme on

    ne peut pas les

    distinguer des autres,

    le plus simple estde les supprimer

    toutes.

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    14Cette Semaine / avril 2008

    ALORS QUE LA CON-CURRENCE plantaire

    sintensie, lEurope(cest--dire les tats qui laconstituent ET les entreprisesdont elle dfend les intrts)cherche de nouvelles solutionspour accrotre sa puissance. Lesystme capitaliste occidentaldit de libre-entreprise, avecleffondrement du bloc soviti-que (et son capitalisme dtat),connaissait et connat unerecomposition de taille aveclmergence de nouveaux ples

    concurrentiels (notamment laRussie et la Chine) obligeantles vieilles puissances commelEurope afner leur stratgiede guerre conomique...

    Pour y parvenir, lUnion euro-penne va entre autre miser surla restructuration du territoireeuropen en ples rgionauxde comptitivit, cest--direlintensication de la produc-tivit des territoires qui lacomposent. Cela passe par la

    rorganisation de ces terri-toires au-del des frontiresnationales, par la constitutionde rgions avec des fonctionsde recherche et de productionbien dnies de faon tirerun maximum de prot des po-tentialits locales.

    Ces rgions doivent tre par-faitement relies entre elles,articules via des rseaux decommunication fonctionnant

    de faon uide, an de produiretoujours plus (de marchandises,de travailleurs, de fric) et capter au mieux les richessesdes rgions extra-europenneslimitrophes.

    POUR LA RGION M-DITERRANENNE DELEUROPE, ON PARLE DELEURO-RGION MEDOC(MDITERRANE OCCI-DENTALE).

    Cette attention porte lorga-nisation de lespace saccompa-gne dun enjeu fort : le contrledes ressources (notammentnergtiques) moindre cot

    grce lacquisition de celles-cipar des multinationales telles

    que Total-Elf-Fina.Pour la zone mditerranenne,cela passe par le partenariateuromditerranen dont lespremiers jalons ofciels sontposs lors de la confrenceeuropenne de Barcelone, les27 et 28 novembre 1995.

    Ce partenariat fonctionne coup de confrences annuelleso se runissent les ministresdes affaires trangres, du

    commerce et de lindustriedes pays partenaires (outre lespays europens, il sagit des re-prsentants algriens, tunisiens,israliens, marocains, jorda-niens, gyptiens, palestiniens,turcs, libyens, libanais, syrienset chypriotes). En parallle, desaccords bilatraux, enchanantdans un rapport ncessairementingal deux tats de la zone (leplus souvent des accords Nord-Sud) viennent rigidier encore

    le partenariat.Le partenariat euromdi-terranen exerce en fait unchantage institutionnel (par lebiais de promesses daide audveloppement) qui pousseles tats du sud et de lest de laMditerrane libraliser leursmarchs (louverture la con-currence signiant la captationpar des entreprises trangresde secteurs conomiques depremier ordre) pour que lUE

    tire un maximum de prot deleurs ressources an de soute-nir sa croissance conomique.

    Dans cette zone commeailleurs, il sagit aussi de crerde nouveaux marchs autantpar la cration permanente denouvelles marchandises (olon veut toujours le derniergadget mis en vente dans unecourse sans n), que par lint-gration de nouvelles zones au

    monde de la consommation demasse, en y produisant no-tamment des produits adapts(comme Renault qui dveloppedans les pays dEurope de lEst

    des vhicules bas de gammeadapts des consommateurs

    faibles revenus) et en favo-risant lmergence de classesmoyennes par lapport de ca-pitaux et du modle politique,social et culturel occidental.Le partenariat assume cettefonction via ce quils appellentnormalisation socio-conomi-que.

    Ce partenariat sappuie aussiet surtout sur le dveloppementdes infrastructures de transporttant rive Sud que rive Nord.

    Et y compris pour la faademditerranenne de lEurope,les obstacles une circulationsans heurt et rentable sontnombreux. La rgion MEDOCna pas encore son organisa-tion optimale autour de sesmtropoles que sont Marseille,Gnes et Barcelone.

    ET CEST L QUE LE PRO-JET DE PARTENARIATEUROMED ET CE QUE

    NOUS APPELONS ICI, MARSEILLE, EUROMED,SE REJOIGNENT. Marseilleest, dans le processus euromed,un ple gostratgique et d-cisionnel de la politique euro-mditerranenne, car elle estau point de convergence entrela Mditerrane et la valle duRhne qui ouvre sur lEuropedu nord. Il fallait donc oprersur Marseille un plan dam-nagement urbain denvergure,

    rorganiser la ville pour enfaire un poumon conomiquede la rgion MEDOC.

    Cest dans cette optique quat mis en place ltablissementpriv fonds public Euro-mditerrane-Marseille, le 13octobre 1995 (par dcret desministres de lamnagementdu territoire et des transports),successivement prsid depuisplus de dix ans par Gaudin etMuselier. Euromed est loutil

    local idal pour la restructu-ration de Marseille, autourdun quartier daffaires (sur lemodle de toute grande villequi se respecte) la Joliette,

    ILTAITUNEFOIS... EUROMED

    Marseille : restructuration urbaine

    CETTE ENTRE EN MA-TIRE pourrait bien tre tiredune de ces brochures en cou-leur dont nous mitraille la villedepuis une dizaine dannes.Comme si quelques belles ima-ges sur papier glac sufsaient nous faire oublier LE BRUITDES MARTEAUX PIQUEURS

    qui dgurent la ville, LESEXPULSIONS MASSIVES despauvres hors du centre-villeou mme hors du pays, LESREGARDS DDAIGNEUX desnouveaux conquistadors deMarseille en costard-cravatesous le cagnard qui tape, LATRANSPARENCE ASEPTISEdes immeubles hightech quiremplacent grand bruit lesvieux entrepts du quartier dela Joliette et les htels vtustesde la rue Bernard Dubois, LES

    YEUX AVIDES DES CAMRASqui se multiplient dans la rueou devant les nouveaux com-missariats... Bref, tout ce plandamnagement du territoire,de rnovation urbaine quonappelle couramment projetEuromed, cette destructionplanie de tout espace quichappe un tant soit peu aufonctionnement de la machinecapitaliste.

    Euromed, cest en fait bien

    plus quun des plus grandsprojets de rnovation urbaineen Europe. Cette oprationde reconqute de Marseilleamorce en 1995 sinscrit dansune logique europenne dedveloppement technologiqueet industriel et de contrle delespace sudmditerranen.

    Nous proposons donc de d-crypter les dynamiques et lesenjeux lis cette gigantesqueopration de rnovation ur-baine. Parce que nous vivonscette guerre du nettoyage deMarseille dans notre quotidien.

    Et que nous la vivons dans lur-gence de rsister.

    Extrait dun fauxnumro du journal dela ville de Marseille :Marseille infos,

    automne 2007, spcialEuromditerrane,12 pages

    Restructurations urbaines

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    EUROMED

    LASSAUTDE MARSEILLE

    SI VOUS VOUS PROMENEZ dans le centre ville,vers la gare Saint-Charles, la Porte dAix,sur la Canebire ou bien rue de la Rpu-blique (et mme au-del comme dans le quar-tier du Rouet), la promenade devient vite d-sagrable. Vous voil pris dans les tranchesdune guerre que diverses institutions et entre-prises livrent Marseille et ses habitants. Eneffet, Marseille est probablement la derniregrande ville franaise o cette bataille du net-toyage des centres-villes nest pas encoregagne. Des moyens, et pas des moindres, ontt dbloqus grce aux projets euromerdienspour remdier cette situation.Depuis plus de 10 ans, Marseille est sommede se mettre au pas ou au got du jour (desnouvelles technologies, du numrique, des

    tlcommunications, etc.). Il faut que cessentsa circulation chaotique, son systme D et sesbizness, ses grves rcurrentes dboueurs etses rues sales. Il fautaussi que disparaissent, ou tout au moins re-uent, les activits industrielles.La ville daujourdhui, la mtropole, ne vit plusau rythme de ses industries. Et les vestiges delactivit portuaire deux pas du Vieux-portsemblent tre, pour les technocrates de touspoils, autant de stigmates quil faut cacheren toute hte. Il est loin le temps o une ville(comme Turin) pouvait gagner ses titres denoblesse de son activit industrielle.

    Pour quelle devienne un lieu o le pouvoirse donne voir, se reprsente (comme autre-fois, il y eut les cathdrales pour les autoritscatholiques, les places royales pour la mo-narchie absolue, les prfectures et tribunauxpour la Rpublique), une grande bataille depacication/aseptisation, de reconqute,sest engage dans le centre-ville.

    Un monopoly grandeur nature

    De cette bataille, ltablissement Public dAm-nagement Euromed (EPAEM), qui surpervise leprojet sur une surface de 311 hectares entreSt-Charles et Joliette (bientt augmente de150 ha supplmentaires vers Bougainville), enest loutil et lartisan, le char lanc lassautde la ville. Lobjectif est, an que Marseillecolle mieux au rle de pivot conomique de largion euromditerranenne, de redessiner laville autour du nouveau quartier daffaires etde uidier la circulation (tramway et cycloci-ty). lchelle de la ville, cest la mme logiquequau niveau rgional ou europen : dynamiserdes ples spcialiss et les relier entre eux.Quartiers daffaires (Joliette), dhabitations(Panier, Belsunce) dtermins en fonctionde la richesse/pauvret de ses habitants ,culturels (Belle de Mai, Plaine), de commerces(rue St-Ferrol, Noailles)... Voil la ville sau-cissonne, dcoupe en tranches, vendue audtail : un espace = une activit, un ple, unecomptence. Autant de projets en cours etpartiellement raliss qui rendront Marseille

    si parfaitement semblable dinnombrablesautres grandes villes.On a bien l un phnomne de normalisa-

    tion, dhomognisation des villes, toutessur un mme modle : chaque pice dupuzzle, sa fonction.Entre ces espaces, des itinraires baliss limage des lignes rouges et bleues traces ausol qui font circuler les touristes dun point A un point B entre Panier et Notre-Dame de laGarde : il faut bien protger ces pauvres touris-tes dventuelles rencontres avec les indignesau coin de rues malfames.

    Pour accompagner cette distribution spatialedes activits, il faut intensier et pacier la cir-culation, la rendre uide et sans heurt. viter

    tout autant les temps morts (cest encore unefois la logique du ux tendu qui est luvre)que les angles morts. Ces temps morts, ce sontles embouteillages, les problmes de station-nement (rappelez-vous la propagande pour lalibre-circulation en ville distille par la Mairiequand elle mettait en place les horodateursen 2005). Mais ce sont aussi ces moments debavardages et de drives que lon partage en-tre amis ou voisins. Cest tout ce qui nest pasexclusivement pris dans les logiques de renta-bilit, tout ce qui rsiste, tout ce qui fait frot-tement et entrave la bonne marche cadencedu travail et de la consommation.

    Do le tramway, les lignes de bus quasi rser-ves comme entre les immeubles de standingde Bouygues (grand horizon) et le Conseil r-gional tandis que dautres lignes sont dman-teles, histoire dtre srs quil ny aura pas dedbarquement dinpportuns dans le centre. Letram, cest lossature sur laquelle repose toutecette restructuration, il achve de transfor-mer la rue en simple axe de communication.Le cycloctity, qui sera install cet automne,participera pleinement cette logique : cir-culation sous contrle dun point A un pointB, etc. Les angles morts, ce sont tous cesespaces qui chappent encore au regard descamras de vidosurveillance, gardent un peudopacit, des simples recoins et autres cagesdescaliers. Ce sont les lieux de sociabilitnon encore totalement intgrs la normalitmarchande comme le march aux voleurs oulactuel J4. Pour venir bout de ces territoi-res, ils parlent de prvention situationnelle: il sagit dempcher tout rassemblement,tout arrt, attroupement du simple fait de laconguration des lieux et de larchitecture,intimidante et pense pour des interventionsmilitaires et/ou policires rapides et efcaces(ctait dj la politique du baron Hausmannau 19e sicle, qui traait la rgle des boule-vards pour que larme puisse atteindre facile-ment les quartiers populaires, et qui gnralisalclairage public...).

    qui sopre coup dexpropria-tions, dexpulsions, dexercice outrance du droit de premp-tion (cest--dire quEuromedest toujours prioritaire pourracheter les immeubles de la

    zone). Loutil idal pour virerles pauvres et leurs immeublesvtustes du centre-ville et lesremplacer par des bureaux,des commerces de standing,une classe dentrepreneurs,dtudiants et de touristes, quicorrespondent tellement mieuxau nouveau visage dont doit separer Marseille, pour rpondreaux exigences de son nouveaustatut de pivot conomiqueeuropen dans lespace mdi-

    terranen.Il y a un ct exemplaire dansles projets Euromed du sim-ple fait que lamnagementdu territoirese dploie et sedcline aussi bien chelle dela ville, qu lchelle interna-tionale en passant par lchelleeuropenne.

    Ici comme ailleurs,lamnagement du territoirepourrait se rsumer une

    gestion de ux (de matirespremires, de marchandises, detravailleurs-consommateurs)via la construction de voies decommunication (du gazoduc autramway en passant par les li-gnes grande vitesse) sans les-quelles les ples de puissancerisquent la crise de manque.

    nous de refuser la rductiondes te ritoires leur simplefonction dans la machine pro-

    ductive, labsorption de tousles espaces dans la spirale ca-pitaliste, le rle de producteurs-consommateurs-soldats de laguerre conomique.

    Restructurations urbaines

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    quiprofte le crime ?Bouygues a dores et dj tir son pingle du jeuen construisant deux btiments Grand large etGrand horizon. Cest lacteur de la construc-tion de cet hyper-centre la Joliette sur les rui-

    nes encore fumantes de lactivit portuaire. ses cts, deux banques : la BNP-Paribas qui ya implant la direction rgionale Mditerrane etsa liale Cetelem; la Socit Gnrale ; et aussi,larmateur CMA-CGM (Compagnie maritimedaffrtement + Compagnie gnrale maritime),prsid par le libanais Saad, proche de Jean-Claude Gaudin, et qui a prot, pour loccasion,denviron 4,5 millions deuros daides publiques.Il sagit du 1er armateur franais et du 3e au ni-veau mondial. Il a amen dans son sillage DHLExpress, transporteur de fret et des armateursasiatiques.

    Les travaux sont toujours une affaire de grossous. Et cest Dumez-Mditerrane qui a ra lamise et prend en charge une grande partie deschantiers. ses cts, concurrents mais allis,Bouygues (GFC Construction) et Eiffage (tram etparcmtres).

    Sinon, entre autres promoteurs, Kaufman &Broad senrichit bien sur le dos des Marseillais.

    De nombreux architectes vont pouvoir sepayer de somptueuses villas et belles voituresde sport : Arep (ple multimodal St-Charles),Seura, Riciotti (MuCEM), Lanoire-Courrian (gare

    maritime), Kelif (Cap Joliette), Valades & Pistre(Grand Large et Grand Horizon), Castaldi (LeSilo), Bonrel-Tarrazi (CMA-CGM), etc.

    Et puis, toujours dans les bons coups ct mo-bilier urbain, JC Decaux.

    Rue de la Rpublique, deux grands propritairesse sont partags le gros du gteau. Marseille-Rpublique, vitrine locale du fonds de pensioncanadien Lonestar possde 130 000 m de loge-ments. Ils se sont illustrs par leurs mthodestant lgales quillgales pour virer les locatairesrcalcitrants. Pour eux, investir rue de la Rpu-blique est simplement un moyen de faire du fric

    en spculant. Une fois les immeubles rnovs,les appartements sont revendus un par un dautres investisseurs.

    Eurazeo (proche de la banque Lazard) et sa lia-le ANF possdent 231 000 m dont 138 000 m delogements. Il sagit dune des premires socitsdinvestissement europennes cotes. Son acti-vit immobilire est loin dtre aussi lucrativequespr et des rumeurs de faillite ont pu cou-rir. On se rjouirait si cela pouvait tre vrai.

    Pour toute info complmentaire, on vous re-commande de visiter leurs sites internet depropagande : www.euromediterranee.fr et

    www.euromed-entrepreneurs.com ou de rendrevisite aux maquettes exposes triomphalement,et avec le sourire des htesses, la maisondEuromditerrane sise boulevard des Dames.

    Derrire Euromed, au-del de larnovation urbaine de Marseilleet de ses tentatives de rorganisationsociale, lEurope tend marquer de sonempreinte la restructuration du capitalqui, entre autres, a besoin dindividus

    libres de circuler pour mieux travailler,consommer et courber lchine.

    Face cette offensive permanente quicherche grignoter chaque espace etchaque moment de nos existences, desrsistances se dveloppent, se compo-sent et ce nest pas tonnant, et cesttant mieux. Ici un collectif de quartierqui se dbat pour ne pas cder auxgrands promoteurs immobiliers (pen-sons aux derniers habitants de la ruede la Rpublique contre Eurazeo et

    Lone Star), l un nime horodateur(Eiffage) sabot...

    Mais aussi, chaque geste de rvolte desjeunes et moins jeunes des quartierspopulaires (souvent priphriques),qui sorganisent et attaquent, par lapierre ou par le feu, les btimentso sexerce lautorit de ltat (com-missariats, ANPE, coles, bureaux deposte), les voitures ou autres symbolesdune socit qui les empche non seu-lement daccder la richesse talesur chaque panneau de publicit mais

    aussi, tout simplement, de (sur)vivre.Ou encore lopposition massive de lapopulation du val de Susa (en Italie)contre le TGV Lyon-Turin, en con-frontation avec larme et les icsqui essayent doccuper la valle pourprotger les activits des entreprisesdu BTP (encore elles...) charges def-fectuer les travaux.

    On pourrait galement voquer lesgrves sauvages contre des plans de

    POURNEPASENRESTERL...

    Restructurations urbaines

    dlocalisation, les btiments videssquatts par des groupes de personneset de familles, ...

    Malgr une rpression de plus en plus

    forte (ics, vigiles, juges, matons), cesluttes et rvoltes, poursuivre, inven-ter, construire, contre la rsignationet notre atomisation dans ces villes sitouffantes, contre lvidence de lapacication sociale, nous promettentden nir avec ce monde si triste et sigris, de consolider des solidarits djfortes dans ladversit, et de dcouvrirles frissons de linsoumission... bref,cela ressemble un programme fortrjouissant.

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    18Cette Semaine / avril 2008 Nuisances techno-industrielles

    Face la hausse du prix du ptrole, je con-seille aux Franais de faire du vlo. Chris-tine Lagarde, ministre de lconomie et de

    la simplicit volontaire

    Dun Grenelle lautre

    Mai 1968 : des dizaines de millions de per-sonnes cessent de travailler ; des usines etautres lieux sont occups ; lEtat a peur ;une ide de la rvolution sest propage et acommenc bousculer les vieux autoritaris-mes. Juin 1968 : les accords de Grenelle vien-nent remettre dans lordre les choses et lesides. De rvolution, il nest plus question,lheure est la rforme, llargissement duprocessus cogestionnaire. Cest grce luique lEtat se prsente comme larbitre neu-tre qui transcende les intrts de classe.Les syndicats sont les vrais gagnants delhistoire ; ils reprennent la main sur lemouvement social qui les avait dsavouset parfois dpasss. Ils obtiennent enchange davantage de droits de reprsen-tation, avec le pognon qui va avec, dans lesentreprises et les institutions tatiques. Leparitarisme, cr la Libration, simposeencore plus.

    Automne 2007 : le Grenelle de lenvironne-ment prsent ofciellement comme unevaste consultation de la socit civile

    comme si elle avait, un jour, exist en de-hors de lEtat se termine aprs beaucoupde tintamarre mdiatique, de publicit ins-titutionnelle et denvoles enthousiastes.Il sest agi dlaborer une vingtaine de me-sures fortes qui inscrivent le dveloppementde la France dans une perspective durable .Pour faire vivre ces gros mots, six groupesde travail ont t constitus : Climat etsant, Biodiversit et ressources naturel-les, Adopter des modes de production etde consommation durables, Construireune dmocratie cologique, Promouvoirdes modes de dveloppement cologiquesfavorables lemploi et la comptitivit. Alt 2007, deux groupes transversaux unsur les dchets et un autre sur les OGM taient venus complter in extremis cettemise en scne, cette machine de guerre ,selon les mots de Borloo, le ministre delcologie.

    Les rsultats immdiats du Grenelle secomptent sur les doigts dun manchot, etsont directement au service de lindustrieet du dveloppement conomique, commepromis. La promesse de ne pas crer denouveaux sites nuclaires nengage rienpuisque la France dispose dj de 58 sites

    (1), prts tre quips de nouveaux rac-teurs. LEPR (2), par exemple, sinstalle surle site dj existant de Flamanville et leprojet ITER (3) Cadarache. Dautre part, laFrance signe des accords de cooprationdans le nuclaire civil avec la Libye, le

    Maghreb, les Emirats arabes unis, le Qatar,la Chine, etc., et contribue donc crer dessites nuclaires dans le monde entier, levernis cologiste justiant ici la relance dunuclaire lchelle plantaire. Les autres engagements vont dans le mme sens :Ne pas augmenter les capacits routires[] sauf cas de scurit ou dintrt local !,ce qui, juste avant les lections munici-pales, fait sourire ; Rduire de moiti laquantit de pesticides utiliss dici dix ans[] si possible (Sarkozy) ; Renouvelerintgralement le parc automobile , entaxant les voitures trop polluantes, autantdire les bagnoles de ceux qui nont pas les

    moyens ou lenvie de sen payer une tousles cinq ans ; enn, travailler industriali-ser et standardiser encore davantage laproduction agricole bio, en augmenter laproductivit et la capacit de distribution.Ct socit civile , les gagnants sont lesassociations reconnues par lEtat, dont lessyndicats, CGT en tte, qui voient leur pou-voir cogestionnaire largi au domaine de lenvironnement , du Conseil conomiqueet social aux divers comits dentreprise.

    Hyper-responsabilisation et carotte bio

    Le Grenelle de lenvironnement a pr-

    tendu rassembler autour dune mme tablereprsentants de lEtat et de la socit ci-vile , des entreprises aux ONG porte-paroleautoproclames des consomacteurs. Enralit, multinationales de lenvironnement,industriels, politiciens, syndicalistes sesont mis daccord pour faire convergerleurs intrts. Quant aux citoyens, cetteabstraction qui rduit dj les individus des sujets de lEtat qui votent et qui parti-cipent quand on les sonne, ils nont eu quetrs peu droit de cit. Les rares momentsde consultation locale qui devait en faireparticiper quelques-uns les ont mis dans la

    peau de candidats de jeux tlviss. A la ndu dbat, candidat atomis, tu buzz oui ounon, mais, surtout, tu es content de parti-ciper. Comme le dit crnement DominiqueBourg, qui a lui-mme dirig un groupe de

    travail charg de rchir la promotiondes modes de dveloppement cologiquesfavorables la comptitivit et lemploi :

    Ce travail collectif dlaboration est indis-pensable pour accrotre la lgitimit et lac-ceptabilit des mesures environnementales. (4)

    Faire autant de bruit sur une pseudo-par-ticipation du quidam ordinaire permet demettre abstraitement tous les acteurssociaux sur un mme plan en terme deresponsabilit : individu, association, en-treprise et Etat, tous affrontant la mme ad-versit cologique. Car, par rapport 1968,la priode nest mme plus la reconnais-sance dintrts divergents et leur trans-

    cendance par le biais de lEtat, mais bien aunivellement des antagonismes, leur nga-tion pure et simple au moyen dune ide po-sitive : la participation une grande uvrecommune, au sauvetage de la plante, laconservation de lespce humaine. La luttedes classes est une nouvelle fois enterre.Exploits et exploiteurs seraient enn ras-sembls au sein dune grandiloquente unionsacre, face un intrt suprieur universelqui serait extrieur, mais commun tous.

    Outre la mystique unicatrice produitepar ce mot dordre, lobjectif pratique estde crer une quivalence gnralise des

    responsabilits et donc des gestes quechacun peut et doit faire. Chacun, l o ilest, devrait agir pour sauver la plante .Il sagit une fois de plus de sauver le mondetel quil est et tel quil ne va pas. Quand ilsdisent : Trie tes dchets , il y a la policedes poubelles qui va avec. Quand ils disent Velib , il y a localisation satellitaire GPS,pub Decaux, carte de crdit et Navigo quivont avec (5). A nouvelles obligations,nouveaux motifs de coercition, le citoyeny trouvant mme matire la morale duconsomacteur.

    Quant aux contre-Grenelle du pauvre organi-ss ici et l, ils ont t aussi verrouills queles discussions ofcielles. Les spcialistesse sont succds la tribune, les chiffres sesont accumuls et les salles se sont tues. Ona mme vu un congrs publier avant mmesa tenue les actes de ses conclusions. Et,sur le fond, les dcroissants les plus envogue ont martel encore une fois que lasolution passe par la simplicit volon-taire , plus dEtat et la contrainte. Commesi lEtat avait besoin deux pour multiplierses lois, ses rgles, ses lires, ses seuils,son quadrillage. Comme si la simplicit in-volontaire ntait pas dj quotidienne et

    impose tous les pauvres par lconomieelle-mme. Le capitalisme, tout en conti-nuant dvelopper les forces productiveset promouvoir le consumrisme, anticipesur la dcroissance.

    Le Grenelle

    Notes sur lEcologisme dEtat

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    19 Cette Semaine /avril 2008

    La victoire de lenvironnementalisme

    Depuis la n des annes 1970 si lon con-

    sidre quauparavant il lui est arriv departiciper dune contestation plus gnralede la socit , lcologie a soigneusemententretenu lide de sa neutralit politique( ni droite, ni gauche ). Obsde parles seuls rapports de production, la luttede classe traditionnelle na jamais suf-samment considr les consquences de laproduction elle-mme et la dgradation dumonde. En raction, lcologie a contribu faire oublier les rapports dexploitationet de domination. Cest uniquement parcequelle acceptait de sparer de plus en plusla destruction de la nature de la question

    sociale, sous quelque forme que ce soit, quelcologie a ni par simposer dans toutesles ttes et tous les discours.

    Le Grenelle de lenvironnement marque lecouronnement de la diffusion de la pensecologiste au sein du pouvoir et le projetpolitique des Verts est lun des grands ga-gnants des dernires lections. Travaillant rpandre la confusion travers, notamment,la notion de respect de lenvironnement ,lcologie a gagn son pari. Choisissant depointer dmagogiquement la question du cadre de vie loin des constats les pluslmentaires sur des pollutions relles ,

    elle est parvenue diffuser ses contrevri-ts simplettes les plus commodes distiller,contrevrits qui pousent, bien sr, si bienles exigences dordre public ou durbanismeanti-pauvre. Nimporte quel hyper-centrepiton de grande ville en tmoigne. Lapierre y est ravale, les bancs absents oudesign et volontairement inconfortables,et les pauvres et autres errants en sontchasss coup darrts anti-mendicit ouanti-alcool. Lenvironnementalisme a en ef-fet restreint dnitivement le champ de sesrevendications aux papiers gras, aux tagssur les murs, au vlo et au tramway en ville,

    au point de perdre de vue la critique mmela plus dulcore des pollutions les plusvoyantes. Le plus gros mensonge tant defaire croire une possible action indivi-duelle sur des dtails et que cette action, siminuscule soit-elle, aurait une incidence surla ralit des dsastres industriels.

    Ce Grenelle consacre une vision hors sol dumonde et de ses habitants ; une cologietechnocratique qui ne voit plus une rivire,mais un taux de nitrate, un seuil tolrable ounon des poissons morts, bref, un ensemblede paramtres, de chiffres qui contribuentun peu plus loigner le rel, lenfermer

    dans des cases. On ne considre pas la tota-lit du monde vivant, mais des cosystmesindustrialiss dont on mesure et prtendmatriser les intrans et les sortants. Si lagri-culture industrielle a, depuis cinquante ans,

    rendu les sols striles, ce sont les biobios etautres colos soi-disant apolitiques qui con-tinuent dachever ce qui restait des campa-

    gnes. Le puage des animaux, par exemple,est la dernire tape de lobligation faite auxleveurs de rendre leurs btes traables de la naissance la mort. Or, la traabilitconstituait la revendication principale descolos lors des dernires crises sanitaro-industrielles (grippe aviaire, vache folle,poulets la dioxyne), rponse sanitaireadapte lorganisation industrielle de lle-vage. La revendication colo na produit niplus ni moins quun afnement de la dtec-tion dinvitables maladies engendres di-rectement par llevage intensif. Et la traa-bilit est loin de ne servir qu retrouver des

    denres dangereuses dj commercialises.Elle est surtout envisage comme mode de gouvernementabilit , pour rendre illicitea priorides circulations non matrisables ,cest--dire tout ce qui nest pas produit etchang industriellement.

    Avec ce Grenelle, on a assist la repriseofcielle de discours promus par des struc-tures de protection de lenvironnement et par les entreprises qui travaillent lapromotion dun rayonnant dveloppementdurable. LEtat vient, sa faon et quand il ledcide, redonner une dimension universelle un domaine spar. Dune part, les ONG

    environnementales ont enn ralis leursvux puisque leur travail de lobbying sexe prcisment comme but ultime leur pro-

    pre rcupration ofcielle par lEtat. Dautrepart, les industries achvent de soignerleur image. Le gouvernement actuel, sansdoute plus nement que ses prdcesseurs,tatise une communication dentreprisequi, depuis la n des annes 1980, agencedveloppement conomique, respect delenvironnement et prise en compte du ris-que industriel majeur.

    Jusque dans ses formes mmes, le Gre-nelle de lenvironnement sest inspir dela risquologie et de ces dispositifs deconcertation avec les populations pour fa-

    briquer lacceptation sociale dune socitvritablement cancrigne, pathogne etmortifre. La France ne fait l que rattraperson retard sur ces questions par rapport lAllemagne ou aux pays du Nord de lEu-rope. La culture nuclaire du secret et lelobby puissant qui svit en France depuisun demi-sicle ont longtemps t des freins la diffusion dun cologisme dEtat, tout defaade quil soit.

    A linverse, aujourdhui, le nuclaire nousest prsent comme une solution, et nonplus comme un problme. Un nuclariste se-rait un cologiste qui lutte contre le rchauf-

    Nuisances techno-industrielles

    et le capitalisme vert

    et son environnement

  • 7/31/2019 Cette Semaine N95

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    20Cette Semaine / avril 2008

    fement climatique. Nayant plus de luttesun peu trop virulentes teindre, lEtat naplus sembarrasser dinterlocuteurs conci-liants qui rclament une sortie en dix, vingtou trente ans, des nergies alternatives ouune dcroissance soutenue par lEtat indus-triel. Nous en sommes l et une videncepartage sest perdue, celle qui animait lesviolents affrontements de Chooz, Vireux ouPlogoff, il ny a pas si longtemps.

    Real-colo-politique

    Dcembre-fvrier 2008 : le Grenelle et sespromesses de cogestion de lenvironne-ment sont loin dans les ttes. Il faut passer la deuxime phase : la discussion des lois lAssemble et au Snat. Les unes aprs lesautres, les pseudo-victoires deviendront devraies dfaites. Pour ouvrir le bal, le projetde loi sur les OGM. Le ton a un peu chang : On a donn une tribune et une audience des gens qui ne reprsentent pas grand chose,et ils ont cru que le Parlement se contenteraitdtre une simple chambre denregistrement !Ce nest pas a la dmocratie. Il y a le tempsde la dmocratie participative, de linforma-tion et de la consultation de la population,mais la dcision revient aux instances dlib-ratrices prvues par nos institutions. A nousdexpliquer nos lois , balance le snateurUMP des Yvelines, Dominique Braye.

    En effet, cette loi a surtout pour objet desaligner sur la lgislation europenneen vigueur et permettre aux agriculteursfranais qui cultivent des OGM depuis desannes et sur des milliers dhectares avecdes semences imports de le faire lgale-

    ment. Plus tant de considrations colosl-dedans. On ofcialise lexistence desOGM ou plutt, comme le dit la novlangue,leur coexistence avec les autres cultures.La loi repose les bases de la traabilit desOGM, du champ au stockage en passant parle transport. Au passage, les dputs discu-tent de la possibilit de la culture OGM dansles parc nationaux. Pourquoi pas, aprstout, en attendant les Biogm !

    Pour encadrer pnalement laffaire, la loiprvoit deux ans demprisonnement et 75000 euros pour non-respect des distancesde scurit dans les champs, le fait de

    ne pas avoir dfr une des mesures dedestruction ordonne par lautorit adminis-trative et surtout le fait de dtruire ou dedgrader une parcelle de culture autoris.La peine pour ce dernier dlit pouvantaller jusqu trois ans demprisonnementet 150 000 euros damende. CultivateurdOGM trop entreprenant et faucheur sontrenvoys dos dos. Le snateur DominiqueBraye, toujours plein de bon sens tatique,dclare : Je suis responsable dune collec-tivit qui compte des quartiers sensibles, odes jeunes ont t plusieurs fois condamnspour avoir brl des voitures. Je serais

    bien en peine de leur expliquer commentdes gens qui dtruisent des champs entiers,avec des consquences bien plus graves,sont toujours en libert, honors, quand cenest pas embrasss ! Malheureux retour

    de btons pour les faucheurs volontairesq