cette semaine n°89

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  • 7/31/2019 Cette Semaine N89

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    CETTE EMAINETreizime anne Apriodique t 2006 n89 Prix libre ou abonnement

    Alors, scrieront les bourgeois, notre ordre social est donc

    la merci du premier misrable venu ?... Et si ce premier

    m sra e venu est a merc , u , e votre or re soc a , e

    votre scur t et e votre propr t Et s votre or re soc a ,

    votre scur t, votre propr t ex gent que ce m sra e

    soit dpouill de sa part des biens communs, de ses droits

    naturels, de la vie mme, il faut donc quil respecte tout

    cela ? Allons donc !

    u , ourgeo s, a utte est engage ans ces termes entre

    la socit et lindividu. Oui, tout condamn a le droit de

    usiller le premier juge venu, car tous les membres du

    trs-illustre corps de la magistrature sont solidaires dans

    es consquences e om c e ga . ous fa sons e a

    ar ar e, vous fa tes e a c v sat on ; e ne sa s o est a

    p us gran e cruaut, c ez vous ou c ez nous. Pu sque vous

    voulez conserver vos privilges, rsignez-vous la guerre et

    au duel dans lesquels les chances de mort sont gales pourles deux adversaires.

    Ernest Curderoy

    extrait deJours dexil(1854)

    Commissariat Paris,

    rue des Bons-Enfants.

    8 novem re 892

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    2ette Semaine juin 2006

    La rvolte doctobre/ novembre 2005Les nuits de la colre 3Banlieue, lieu de ban

    Le mouvement contre le PELe jeune loup et le fonctionnaire durable 5Pour tuer largent, brlons tous les diplmes ! 6Jai beaucoup appris de mes erreurs... 7Fronde anti-CPE & rvolte socialeChronique dune mort salarieTracts sortis de lEHESSIls lont bien cherch : bloquons les chercheurs

    Le CPE, une goutte deau dans un lac de rage 3Extraits de jugements 16Chronologie parcellaire -17

    En souvenir de Jolle Aubron 7

    Etrangers de partoutBerne, incendie au poste de police

    La dmocratie rend libreChronique ordinaire de la guerre aux immigrs

    Squat, Paris-19e : quand la charit expulse

    Nu sances techno- ndustr ellesFaudrait se contenter de compter les mortsEtats gnraux de la servitudeActions contre Minatec et son monde

    Nouvelles de la guerre sociale

    Espagne Discussion avec Laudelino Iglesias 6 PrisonnierEs du pouvor, L. Iglesias 9 Aprs 15 ans de FIES..., G. Ghislain 0 A propos dune grve de la faim, C. Lavazza 2 Appel solidarit avec les 6 de Barcelone,

    . De Geeter 33 Lettres dIgnasi & Rubn depuis Barcelone 34 Brves du dsordre 30

    Grce Brves du dsordre 36 FSE, rcupration et rpression 37 Tmoignage sur la manif du 6 mai 38

    Belgique Nivelles, beau comme une prison qui brle 9 Emeute la prison de Mons 9 Brves du dsordre 9

    Italie Un compte solder 40 Procdures en cours 40 Brves du dsordre 40 Vivants, dans un monde de fantasme 41

    mrique Latine Attaques chiliennes 42 La lutte de classe nest pas un spectacle 43

    Brve dArgentine 43

    E. Curderoy, extrait deJours dexil 1 B. Traven, extrait du Vaisseau des morts 44

    CETTE SEMAINE

    BP 275 54005 Nancy cedex francehttp://cettesemaine.free.fr/[email protected]

    Abonnement : 12.50 euros / an(15.50 euros hors de france)

    ien enten u, es personnes quiouhaitent recevoir le journal nontpas orc ment se poser a question e

    labonnement, une demande suft

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    3 Cette Semaine juin 2006Retour sur la rvolte de novembre 2005

    Nous voulions remettre un coup deprojecteur sur la rvolte de novembre2005 travers quelques traduc-tions de textes venant dau-del des

    frontires. Mais outre le fait que nousnavons pas reu beaucoup de textes

    u publications de compagnons/amarades trangers qui traitaient de

    la question autrement que factuel-lement, ceux qui nous sont tombsous la main contenaient soit trop delichs (hrits aussi bien dun lmomme La Haine que du rap commer-ial hexagonal qui imite plement leangsta rap amricain) ou de fantas-

    mes retant plus leurs auteurs quelantagonisme rel, soit -et cest com-

    prhensible- manquaient de nuancespossibles des un dfaut dinfor-mations (non, il ny a pas eu que desvoitures brles, non ce ntaient pas

    ue des immigrs, et surtout non ana largement pas contamin que labanlieue parisienne).

    En face, lEtat continue de faire payerles meutes au prix lourd. La plupart

    es condamns, ce quon nommesormais des courtes peines vu les

    mois qui se distribuent quotidienne-ment la pelle, sont dsormais sortis.Quelques uns ont encore des annes

    effectuer. On a vu peu de liensrels tre exprims par les tudiants

    vec la rvolte de novembre et sesmbastills lors du mouvement contre

    le CPE.

    Les descentes dans les cits suite auxnqutes (aides par des balances,

    les vidos de surveillance ou poli-ires ou quelques vantardises mal

    places), nont pas cess. Le 8 mars2006, ctait par exemple le cas aux

    Beaudottes Sevran o trois jeunese 15 et 16 ans ont t interpells pour

    lhistoire du bus cram le 2 novem-bre et de la femme bquilles quiltransportait. Mis en examen et librsous contrle judiciaire le 10 mars, ilseront incarcrs le 24 mars.

    Le 28 mars 2006, ctait au tour de lait de lEurope Aulnay-sous-Bois,

    10 personnes de 17 23 ans ontt interpells pour lincendie des17 m2 de la concession Renault le

    novembre (250 voitures, 10 millionseuros de dgts), plus le Hertz et

    un journaleux de France 2 mis horsusage. Ils ont fait une garde--vuee 96 heures, se voyant appliquer la

    lgislation sur le crime en banderganise.

    Il nont compt sur personne pour sechaner, laissant parler leur rage etclenchant un incendie contagieux.prsent que lespace commun de

    la rvolte sest amoindri (malgr

    uelques ammches pendant le ditmouvement anti-CPE), chacun dap-

    porter sa solidarit son got, dontla moindre nest pas celle de continuer

    attiser les feux de la rvolte.

    Les nuits de la colre

    TOUTES LES R VOLTES ne frappent pas parsurprise. Certes, aucun Nostradamus neaurait prdire le moment spcique de lex-osion, mais e ait que es puissent surgir

    eut surprendre que ceux qui nont aucune

    ide du sombre monde dans lequel nous som-es contraints e survivre. I ne sagit onc

    as dune conscience a posteriori, base sure fait que des rvoltes analogues se rptentlutt frquemment en France, avec leurs dy-amiques et pratiques rituelles (des centai-es de voitures sont enammes dans toute

    a France le jour de lAn). En ralit, elles sontinvitable produit du systme social actuel.ace a r vo te, on ne peut onc pas se

    demander comment cela a-t-il pu arriver ?,ais plutt comment est-il possible que cela

    arrive pas partout et c aque instant .

    Cependant, ponctuellement, la premire rac-ion logique qui vient au moment de lmeute

    est ce e e a tentative i enti cation. n sedemande qui sont les rvolts, do ils vien-

    ent, ce quils veulent. On est tout de suite a recherche de noms, didentits, de catgo-ies adquates : trangers, immigrs... non !...ranais... oui, franais ? mais de deuxime

    gnration, de srie B, enfants ou neveuxdimmigrs, dexclus... Certains seront dus

    ar impossi i it emprunter e c emin eexplication par lintgrisme islamique qui,

    justement dans ce cas, ne marche pas : il estvi ent que ce ne sont pas es a eptes e

    a mosque (les appels au calme prononcsar les imams ont en effet rsonn dans le

    vide). La presse ractionnaire (comme parexempleLe Figaro) cherche crer dimpro-

    a es ama games uti es a stigmatisationublique : on parle alors, comme par hasard,

    dIntifada la palestinienne, dislamisme, deerrorisme, etc. Mais ces op rations e fa si -

    cation ne semblent pas non plus fonctionner :chaque lutte est en mesure de se dvoiler

    ans son irr ucti e particu arit .

    es catgories sociologiques sont mobilisesour individuer, dnir, dlimiter : en bref,

    our argutier conceptue ement. Une foisestitue leur identit aux rvolts la plus

    en vogue est ce e e marginaux sociaux, eouveau nom pour dire sous-proltariat,

    on pourra prparer le ot de discours inter-ventionnistes : e ceux caract re po icier etdurgence, ceux caractre assistancialiste.curit civile et scurit sociale, le poing eta main ten ue, es eux faces u syn romecuritaire. En rsum : le bton et la carotte.outes ces catgories, pour cacher le simple

    ait que si a su version et a r vo te sont eseffets directs du systme de domination, leura o ition pourra uniquementse pro uire avecabolition mme du systme de domination.

    Cest--dire : par la subversion.

    onner une i entit a racai e uneidentit bien entendu plus politicaly correct

    que racaille est pourtant une opration usages mu tip es. I enti er un p nom neavec des catgories opportunes permet eneffet de le circonscrire. Et le circonscrire sert

    en iguer. Dune part, es igues sont ri-

    ges pour prsenter la rvolte et ses causescomme des dysfonctionnements occasion-

    els, provoqus par un systme qui, malgrtout (malgr la misre, la guerre, la pollution,

    a gr a marc an isation et a vastationrogressive du monde et de la vie de tout

    un chacun), peut encore tenir debout sansoute avec que ques interventions correctri-

    ces accompagnant lnime proclamation detat dexception. Mais, dautre part, on le

    sait, cette exception est dsormais la rgle. Etexclusion, la marginalisation, lappauvrisse-

    ent en bref, la dpossession gnralise dea vie font partie intgrante de cette rgle.

    Il ne sagit pas de phnomnes accidentels, niau niveau oca , ni g o a ement. Les taux e

    auvret, la prcarisation de la vie dans lesays occidentaux, les amnagements urbainses principa es m tropo es ans e mon e

    entier (de Los Angeles Bogota, dAlger aris), les tentatives de fermer les fronti-es e a forteresse Europe, ne sont que es

    exemples de cette fracture structurelle. Lejeu du bton et de la carotte (une rpressionju iciaro-po ici re secon e par es annon-ces dinterventions sociales au prot des

    anlieues), turlupinera lesprit de quelques

    citoyens, mais certainement pas lespritde ceux qui subissent lexclusion dans leurc air, ni e ceux qui savent que e nouve esexplosions sont prtes tout moment, et sur-tout, pas lesprit de ceux qui sentent battre eneux un irr sisti e potentie e r vo te. estjustement la force magntique de la rbellionqui constitue a ci e principa e u proc sdidentication.

    Car en plus de prsenter des phnomnesstructurels de lordre social actuel commecontingents, e processus i enti cationsert sparer et diviser les exclus de ous les

    autres oignant u mme coup ces autresde soi et de leur puissance active. Eux oui,es marginaliss, possdent une sorte deroit atavique a r vo te ; en eux, sr queeuvent sexprimer la rage, la dsesprance

    et le sentiment dinjustice. Mais vous vousqui tes ma gr tout es privi gi s, vous quijouissez dune partie du bien-tre garanti parce systme, que voulez-vous ? Dans les ghet-tos des villes, dans les banlieues parisiennes,dans les priphries du monde, l oui, la vieest radique, vide, soumise au temps forcde lalination matrielle, sociale, existen-tielle, entoure de dsespoir et dennui m-tap ysique. Mais a vtre, o non ! La vtreest riche et amusante, pleine dopportunitet de perspectives, regorgeant de confort et

    e passions. La vtre, a ntre Messieurs, equi parlez-vous ?

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    ette Semaine juin 2006 Retour sur la rvolte de novembre 2005

    Banlieue, lieu du banLA QUESTION DU VOISINAGE apparat icifondamentale. Le voisin cest, de faon immdiate,Autre. Et si es con itions e co a itation ansles grands ensembles de banlieue ne facilitentpas le voisinage, cest que ce type dhabitat a texpressment conu pour empc er. Quanon examine de prs lhistoire de la politique dulogement social en France, on constate ds ledpart cette volont de rendre impossible touteforme de rassemblement, de solidarit et deproximit entre es a itants.On peut dire que la politique du logement natavec la loi Siegfried, en 1895, destine faciliteraccs es ouvriers a maison in ivi ue e et supprimer toute forme de promiscuit, le buttant clairement x : Un ouvrier propritaireevenu conome, prvoyant, nitivement guri

    des utopies socialistes et rvolutionnaires, arrach aucabaret. En attendant que surgisse cette nouvellecatgorie de petits propritaires, il fallut se

    rabattre sur des immeubles locatifs, tels ceux quia aient tre i s emp acement es anciennesfortications de paris. Voulons-nous augmenterles garanties dordre, de moralit, de modrationpo itique? Crons es cits ouvrires !Georges Picot, qui fonda avec Jules Siegfried laSocit franaise des Habitations Bon March(anctre des HLM) tait trs clair, il fallait interdiredans ces cits ouvrires les relations de voisinage:Corridors et couloirs seront proscrits, dans la pensedviter toute rencontre entre les locataires. Lespaliers et les escaliers, en pleine lumire, devronttre consi rs comme a pro ongation e a voiepublique. On voit que les considrations du

    commissaire Bui Trong sur lespace publicprennent eur racine ans une viei e p i osop iequi, ds le dpart, traite du logement des pauvresdans une optique ouvertement coercitive.Ce qui trouve son illustration avec la cit LaMuette (!) de Drancy (Seine-Saint-Denis). CetteHBM ralise en 1934 par Eugne Beaudoinanticipait parfaitement les futures HLM : troisbarres de bton de quatre tages relies enforme de U. partir de 1939, elle fut videde ses locataires et transforme en prison pourdes militants communistes, puis en camp deconcentration qui vit passer, e 1941 1944,prs de 100 000 juifs en transit vers les camps

    de la mort. Elle fut administre jusquen 1943par la police franaise, qui sy t remarquer parlextrme brutalit de ses comportements... En1950, ces immeu es evinrent es HLM, etles 467 logements sont depuis occups par deslocataires sociaux particulirement dmunis (25%e c meurs en 2005). Que cette HBM ait pu

    ainsi servir de prison puis redevenir un logementsocial sans mme quil y ait eu besoin de modierin rastructure es timents en it ong sur aconception carcrale de lhabitat social...

    1. Celui qui planiera plus tard la demande durgime e Vic y a estruction es quartiers u Vieux-

    Port de Marseille, ralise par les Allemands en 1943...

    [Extrait de Cest de la racaille ? Eh bien, jen suis !A propos de la rvolte de lautomne 2005, par AlssiDellUmbria, Lchappe, mai 2006, pp.29-30]

    En ralit, la ligne de loppression, etavec elle la brche de la rbellion, tra-verse chaque individu. La logique binai-e e opposition c iffre a r a it eanire trop grossire pour compren-

    dre la gense effective des rbellions en

    cours et es exp osions venir. S pareres jeunes des priphries de tous les

    autres et lintrieur de ce groupe-l,ediviser entre le noyau des violents, ir-cuprables et non rducables, et les

    autres prot ger contre eur contamina-tion, signie sparer tout potentiel devolte de ce quil peut tre. Cest cetteme op ration i o ogique qui pointe

    derrire les interventions durgence.Car accepter ces partitions thoriquessigni e aussi affai ir es perspectives

    ratiques. Comme toutes les rvoltes,ce e e a canai e franaise parle

    tous et chacun. Leur geste rebonditsur nos mouvements possibles. En nde compte, il nest pas important desavoir qui ils sont, mais plutt qui noussommes et ce que nous pouvons faire Face tat exception permanent quiest diffrencier de sa proclamation), le

    remier enseignement pratique tirere cette r vo te concerne a r a isation

    de ltat dexception ffectif traversexplosion de la puissance destructrice,a rapidit de la contagion et le refus de

    toute dlgation.

    Certes, beaucoup sont dj prompts se lamenter du manque, dans cesvoltes, dun quelconque critre indi-

    catif, du manque dune conscience r-volutionnaire et de classe ; ils sont dj

    rts prendre leurs distances, causee a sence e ouc s et e pers-ectives politiques ; prts stigmatiser

    es phnomnes barbares sans projet,uvre e a putr faction passive escouches les plus vieilles de la vieille so-ci t . Puis i y aura aussi ceux qui vou-dront se proposer comme organisationconsciente des rvoltes (celles venir,

    ien entendu). Mais plutt que dinigerdes leons de morale et de programme,on aurait l plus quun peu apprendre.Dans a r e ion e a racai e, se ma-nifeste en effet une conscience tactico-

    pratique qui fait notoirement partie dunon-savoir permanent de la plupart desconsciences rvolutionnaires les plusraf n es, souvent trop conscientespour tre pratiques. Si les rvolts fran-ais nont pas accompli de pas vers la

    r vo ution mais qui sait encore ce quiest rvolutionnaire, aujourdhui ?), ilsont au moins parcouru, leur faon, lechamp de ses possibilits actives : sansattendre aucun guide qui leur enseignee que aire, ils ont efcacement ralis

    leur comment faire ; sans rien deman-der, ils ont fait dagrer leur rage en unimpressionnant c anement e am-mes. Lexplosion de la puissance vitaletrop longtemps rprime est une explo-sion e co re ignorant a gation, etincapable de tout repentir.

    1. Le terme racaille a t traduit par lescr tins e journa eux et es crapu es esociologues italiens par feccia (la lie). Enait e terme e p us proc e, s i aut vraiment

    le traduire, est teppa. Les dictionnairesnous onnent a ors racai e, p gre ou voyou.Lauteur emploie ici teppa : devant limpos-sibilit de le traduire dsormais par racaille,nous avons c oisi son synonyme p us ancien,

    canai e.

    [traduit de litalien. Premier chapitre du livre

    Le notte de la collera, paratre aux d. NN,juin

    On notera par ailleurs :

    a r vo te es cit s ranaises, sympt medun combat social mondial, Echanges etMouvement, avri , p.

    Sobre la revuelta francesa, Conspiracin n5(Espagne), janvier 2006, 40 p.

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    Cette Semaine juin 2006

    CHRONOLOGIEPARCELLAIRE

    UMOUVEMENTANTI-CPE

    LUNDI 16 JANVIERAnnonce de la cration du CPE (Contrat

    Premire Embauche).

    MARDI 7 FVRIERManifestations dans plusieurs villes, lap-

    pel des syndicats tudiants et salaris, quir unissent entre et per-

    onnes. Forte mobilisation dans louest

    (15 000 Rennes, 20 000 Nantes, 2000

    St Nazaire, 5000 Brest, 2000 Vannes,

    7000 St Brieuc).

    Rennes : la grve, loccupation et le

    blocage de luniversit de Rennes II sont

    vots, aprs occupation de la Chambre

    es mtiers.

    ille : occupation de la CCI et de lANPE

    Vieux-Lille.

    JEUDI 9 FVRIERLamendement de la oi sur lgalit des

    ances qui intro uit e est a opt

    lAssemble Nationale. Lensemble de la

    loi sera adopte le 11 fvrier laide de

    larticle 49-3 qui interrompt les dbats.

    Le lendemain, dbut du blocage de luni-

    versit de Toulouse.

    Rennes : occupation de la Chambre de

    ommerce et dindustrie.

    MARDI 14 FVRIERNantes : La grve est vote la fac de

    antes avec ocage partir u en e-

    main. Idem la fac de Lettres de Brest.

    Rennes : manif de 10 000 personnes puis

    occupation e a gare, qui oque tout e

    trafc breton (et un TGV Rennes-Paris)

    pendant une heure.

    MERCREDI 15 FVRIERGrenoble : blocages luniversit Pierre

    Mends-France. Idem le lendemain, avec

    manif sauvage (200 personnes).

    JEUDI 16 FVRIERLille : occupation de la direction rgionale

    e , rue e emmapes.

    SAMEDI 18 FVRIERremi re coor ination qui se r unit

    Rennes II (30 facs reprsentes, quasi

    aucune en grve ou blocage) : ous

    a rmons notre termination sans ai e

    continuer la lutte jusquau retrait pur et

    simple du CPE. Nous appelons ainsi toutes les

    niversit s et yc es se mettre en gr ve ,

    tout en lanant des appels mobilisation

    les 23 fvrier, 28 fvrier et 7 mars.

    MARDI 21 FVRIERanterre (Paris X) vote le blocage aprs

    une semaine dAG.

    ERCREDI 22 FVRIERille : luniversit Lille III vote la grve,

    loccupation et le blocage.

    JEUDI 23 FVRIERManifestations dans les grandes villes

    lappel des syndicats tudiants et branche

    jeune des partis : 5000 Paris, 2000

    Rennes, 1000 Toulouse, quelques cen-

    taines dans les autres. 11 Universits/IUT

    ont en grve (Rennes I & II, Toulouse,

    Lille III, Poitiers, Nanterre, Tours, Or-

    lans, Brest, Nantes, Lannion et Tolbiac

    Paris qui vote le blocage ce jour lors dea premi re ).

    AMEDI 25 FVRIER2e coordination tudiante runie Tou-

    louse-Rangueil, qui adopte la plate-forme

    u mouvement tudiant demandant, un

    mp oi sta e pour tous, e retrait e

    toute la loi sur lgalit des chances

    (dont le CPE), celui du CNE et de la loi

    Fillon, ainsi quun rengagement nancier

    e lEtat dans luniversit et un plan plu-

    riannue e cr ations e postes.

    LUNDI 27 FVRIERocage es campus parisiens e ussieu,

    Censier et Tolbiac. Le Snat commence

    xaminer la loi sur lgalit des chances.

    e sera a opt e e er mars.

    MERCREDI 1ERMARSantes : occupation de la Direction du

    travail et de lemploi.

    A RECOMMENCE. Les syndicalistes etltat nous demandent de choisir, de

    prendre parti. On nous demande si nouspouvons accepter une mesure qui, tout enrenforant notre soumission aux managers

    t aux petits patrons, devrait nous permettreacqurir de lexprience et de rentrerplus facilement dans le monde du travail.On nous dit quun salariat encadr par unroit du travail arrach de haute lutte est

    out de mme mieux. On nous demandee choisir entre deux postures : celle du

    jeune loup soucieux de son employabilitu celle du futur parent la recherche dun

    boulot ppre dans un monde un peu tristet moche.

    Jamais il nes t question de ce quesignifie aujourdhui bosser. De quelle vie

    ela saccompagne ; de quelle logiquebsurde cela relve. Jamais il nestuestion du fait que nous avons toutest tous des expriences du travail, etonc de la fatigue strile, de lattention

    porte des choses dbiles, des abuse pouvoir quotidien. On se dit srementue ce ne sera pas la mme chose aprs

    les tudes. Comme si les tudes ntaientpas un avant-got de laprs. Jamais ilnest question du fait que toutes les tchesproposes lintrieur de ce mondeservent soit lenregimentation, soit la domestication, soit la destruction dumilieu. Jamais il nest question de ce quenous savons toutes et tous intimement propos du travail salari.

    a se voit tellement que la lutte contre lePE finirait par perdre un peu de son sens.

    Il y en aura bien qui seront favorables ce

    projet. On en connat toutes et tous, autoure nous, des gens qui disent quil fauttre raliste, quil y a le chmage et touta, qui veulent du pognon pour avoir leonfort moderne et partir en voyage. Qui

    se disent que lon peut baiser le systme.Et puis il y a les autres : celles et ceux quise disent quil sera possible de trouver unboulot thique dans des conditions pasrop dplorables. Et enfin, celles et ceuxui doutent de cette possibilit et refusent

    ous les postes qui leur sont assigns - avecun pincement au cur. Ce sont ces troisigures qui saffrontent prsent, autour deette nime rforme.

    Lide de faire une grve merge. Unenouvelle grve tudiante, avec banderoles,rands panneaux, cortges en manifs,

    racts, la ncessit de se lever tt, desiscours et de lhystrie collective. On seemande si on a 1e courage, si a va

    pas faire foirer son anne, si a va pasposer des problmes pour payer le loyer,lalcool, le shit, le portable, le transport etla bouffe. Une grve de plus, ou ce quelon imagine quand on parle de grve.

    Le prtexte est un peu pourri, importantout de mme : ce sera a de moinspour ux. Mais il y a galement ce quela grve pourrait aussi occasionner. Desmoments de joie, de griserie, de sainesonfrontations, de profondes tristesses.

    Des rencontres et des amitis qui se tissent,es moments de partage jamais imagins,es ruptures ncessaires, des amours qui

    naissent. La possibilit dimaginer et deommencer mettre en place, avec des

    proches, des stratgies collectives qui

    permettront de rsister effectivement, etpeut-tre pour trs longtemps, au salariat etce quil implique comme avenir. De bonnesdbrouilles qui sassocieraient desconstructions communes, ncessairement en

    onfrontation, car ce sont des amis quunspar uns nous abandonnons lintrieur dutravail salari.

    ous ne savons pas quelle allureprendra ce mouvement. Dans une certainemesure, nous savons que cela dpendra denous, de nos capacits nous lier en margedes AG ou des manifs o lon reste toujoursplus ou moins seul, de nos capacits nous parler en dpt des injonctions lefficacit mdiatico-politique et de lapense-slogan. Cela dpendra peut-trede notre aptitude inventer, au cur de

    cette lutte, de choses qui nous servirontet nous marqueront tout au long de notrevie. Des moments de rflexion vritablesur notre histoire et nos histoires, sur letravail, sur les dpossessions successivesque nous avons subies ; des moments ola lutte chappe lennui ; des momentso, comme une revanche, nous allonsperturber des lieux de travail connus ; dessolidarits matrielles prennes qui nouspermettront de refuser le choix strile quelon nous demande de faire aujourdhui.

    ette grve pourrait bien finir par avoirce sens-l.

    Des tudiants de Paris-I

    [tract trouv dbut mars 2006 sur Paris]

    e jeune loup et le fonctionnaire durable

    Mouvement anti-CPE

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    ette Semaine juin 2006

    DIMANCHE 5 MARS3e coordination nationale tudiante Jus-

    ieu (Paris). Bien contrle par lUnef, elle

    ontinue la tactique des grandes journes

    action avec les syndicats et des blocages

    les mardis et jeudis. La proposition dap-

    peler les salaris la grve aprs le 7 marsst repouss e.

    LUNDI 6 MARSantes : occupation du Medef.

    MARDI 7 MARSManifestations dans 200 villes, lappel

    es syndicats tudiants et salaris, qui

    runissent entre 400 000 et un million de

    personnes. Plusieurs nouvelles universits

    es grandes villes votent la grve : Lille,

    yon, ix- arsei e, tras ourg, ancy-

    Metz, Rouen, Montpellier.

    Toulouse : occupation de la mairie,

    uivie de trois heures daffrontements

    place du Capitole o plusieurs cafs sont

    ttaqus, et dans les rues adjacentes. 4

    rrestations.

    Brest : 12 000 manifestants, et occupation

    e la CCI pendant une heure avant une

    xpulsion muscle.

    Grenoble : 15 000 manifestants, et con-

    tinuation en manif sauvage.

    Lille : 15 000 manifestants, chauffourres

    la n de la manif, 28 garde--vue. Lille I

    est bloque depuis la veille.

    Paris : Manifestations sauvages de lycens

    le matin partir de la coordination Parisst, uts e arrica es sur a cours e

    Vincennes partiellement bloqu. Le cor-

    tge lycen remonte ensuite le parcours

    contre-sens et tente e pren re a tte

    de la manif syndicale Nation.

    MERCREDI 8 MARS38 universits (21 selon le ministre) sont

    dsormais en grve, soit le double de la

    veille, dont une partie bloques.

    Paris : aprs avoir vot la grve la veille,

    a or onne vote occupation partir

    de lamphithtre Descartes. Blocage

    sauvage de la circulation pendant une

    eure evant ssem e nationa e par

    des tudiants de Jussieu et Censier.

    JEUDI 9 MARSLes syndicats annoncent deux journes

    daction pour... les 16 mars (tudiants

    et lycens) et 18 mars (confdrations

    syndicales). 45 universits et 9 IUT en

    grve, une dizaine de plus que la veille,

    ont le campus 1 de Caen (31 universits

    pertur es et en gr ve seon e minis-tre). Le Parlement adopte dnitivement

    la loi. Sur RFO Tl-Guadeloupe, Sarkozy

    c are : e CPE a t vot, il faut quil

    sapplique.

    Paris : blocage de la place de lEtoile

    autour de lArc de Triomphe sur les

    Champs-Elyses pendant une heure par

    mani estants, puis part vers a

    orbonne occupe. Premires chauf-

    fourres avec des fafs. Blocage du boule-

    var t ic e puis a rontements evant

    luniversit ferme par des barrages poli-

    iers. Jets dobjets, feux de poubelles et

    vitrines dun Crdit Lyonnais brises.

    renoble : Manif et rassemblements

    evant la CCI, devant un McDonalds

    t dans le World Trade Center. Dbut

    e loccupation de la galerie des amphis

    e (universit ierre en s-

    France), qui durera jusquau 15 avril.

    Toulouse : 500 1000 manifestants

    ent en exigeant a i ration es

    interpells de mardi, qui nissent par

    tre relchs.

    VENDREDI 10 MARSParis : rassemblement laprs-midi devant

    la Sorbonne, dsormais boucle par les

    gendarmes. 200 manifestants russissent

    contourner le dispositif et sintro-

    uire dans la fac par une fentre brise

    puis par un chaffaudage rue St Jacques

    u es toits. e s nateur enc on

    ui sest auto-invit lAG sen fait

    virer sous la menace. Peu avant minuit,

    est a rontement. es entres e a

    orbonne, les keufs se prennent extinc-

    teurs, ordinateurs, mobilier et livres. De

    lextrieur, jets de bouteilles et grilles. De

    petites barricades sont riges boulevard

    t Michel, tentative de dfoncer le Crdit

    Mutuel.

    Caen : affrontements le soir, la n du

    estiva ar ique, pen ant trois eu-

    res en centre ville.

    E SOULVEMENT DE NOVEMBRE 2005 a t un soulvementcontre exp o tat on et um at on su es par p us eurs

    nrations de proltaires. La critique en acte des ingalitsociales a t mene par les fractions les plus fragilises de laocit de classes contre le dsir de cette socit de se perptuer

    dans le mensonge de lgalitarisme rpublicain.Dornavant, le CPE consacre ofciellement la dvalorisation

    archande des tudes et des diplmes et remet en cause les

    ieilles bases de lingalit et de lexploitation sociales pour

    les radicaliser.

    Aujourdhui, dfendre la valeur des diplmes, cest dfendrea logique dun contrat social et dune socit qui nous aens tout droit au CPE. Il ny aura donc pas de retour des

    formes antrieures et masques de lexploitation, lexploitationarchande doit se poursuivre dans des formes collectives

    oujours plus visibles.

    Ici et l, une certaine candeur veut encore croire lavenirpossibledune socit humaine eposant sur llimination systmatiquedes pauvres. Mais aucun gouvernement de droite ou de gauche,i aucun projet de rforme sociale de lconomie, nont pu et neourront mettre n a v o encep ys que es n ga t s r e esubies chaque jour par des millions dindividus isols. Sattacherdfendre un systme bas sur la slection sociale au nom de

    gles soi-disant quitables et scientiques, cest accepter unonde divis en perdants et en gagnants.

    a seu e ar t m t que qu op re en ce mon e c est a r gu at one tout c ange uma n sous e r gne e argent. argent r ge

    outes les possibilits, toute laboration de lexistence. Aucunarchandage des diplmes ne nous prservera du nivellement

    nralis de la vie son quation marchande. Contre cela, laeule galit qui vaille cest le refus organ s es nst tut onse repro uct on u patr mo ne et e a propr t pr v e ont

    lUniversit est un des maillons. La mixit sociale entre lesc asses au tr ment es pauvres n est que a cont nuat on elgalitarisme rpublicain sous dautres formes.

    ouloir un autre monde possible avec la conservation des

    hances daccder un statut conomique confortableondamne le plus grand nombre dentre nous la misreapitaliste. Car, dans la socit marchande, il ny a pas deatisfaction conomique sans sacrices humains. Un mouvementu se m tera t au seu retra t un projet e s ect on soc a e

    radicalis comme le CPE serait le maintien du mythe delhumanisme marchand.

    Le mouvement contre la slection sociale doit maintenantpartir de toutes les sphres de la socit sil ne veut pas mourir.Chmeurs, travailleurs, pauvres, immigrs, non-diplms,tu ants ont un seu et mme ennem a attre : a mocrat e

    des exploiteurs marchands.

    Des esclaves sans diplmessolidaires des esclaves diplms

    tract trouv Paris dbut mars 2006

    our tuer largent, brlons tous les diplmes !

    Paris (Sorbonne), 6 mars

    Mouvement anti-CPE

  • 7/31/2019 Cette Semaine N89

    7/44

    7 Cette Semaine juin 2006

    AMEDI 11 MARSParis : la Sorbonne est expulse vers

    3h45 du matin. Les dgts seront valus

    au moins 500 000 euros la semaine sui-

    vante (systme anti-incendie hors dusage,

    n quart es extincteurs truits, es insta -

    ations lectriques endommages, une chau-ire sabote, l faudra prvoir le rachat

    e ivres, une cinquantaine or inateurs,

    e tables, chaises, portes et fentres. Mais

    ien ne pourra remplacer les prcieux ouvra-

    ges anciens de lEcole de Chartres abms ou

    rls pendant les affrontements). La di-

    rection ferme luniversit en attendant la

    remise aux normes. Suite lexpulsion, un

    groupe dfonce le McDo Luxembourg.

    DIMANCHE 12 MARSAu journal tl de 20 heures, le Premier

    inistre annonce trois am nagements

    ridicules du CPE tout en prcisant la loi

    ui a t vote sappliquera.

    La 4e coordination nationale, runie

    Poitiers prcise nous refusons de nous

    ncliner face un gouvernement qui passe

    n force et qui nie toute dmocratie. Nous

    efusons de nous incliner face lusage de la

    pression qui devient systmatique comme

    Rennes, Lille, Toulouse, Tours, Paris... et

    appelle des journes de manifs et de

    grve le 23 mars.

    LUNDI 13 MARS50 universits perturbes (41 selon le

    minist re).

    Paris : une AG se tient la fac de M-decine, suivie dune petite manifestation

    sauvage ans e quartier atin qui nit par

    loccupation du Collge de France pour

    une centaine de manifestants. Il sera ex-

    pu s au out e p usieurs eures.

    Lyon : occupation dune permanence de

    lUMP, do les afches volent et brlent.

    Huit interpells ensuite relchs.

    Marseille : opration page gratuit dans

    un tunnel souterrain de la ville.

    Seine St Denis : les lycens de Jean Jau-

    rs Montreuil bloquent le bahut, avant

    que intervention es ics ne nisse en

    chauffourres. Il est alors ferm admi-

    nistrativement pour la journe et 800

    lycens tiennent ensuite leur AG en

    squattant le hall de la mairie.

    Nantes : auto-rduction au restaurant

    universitaire le Rubis.

    Rennes : le rfrendum organis par la

    prsidence est annul suite aux bouscula-

    des avec les anti-bloqueurs.

    Manifestations sauvages et spontanes

    e lycens galement dans le Nord

    Amiens, Lens et Arras.

    MARDI 14 MARSani estations ans p usieurs vi es, ap-

    pel des syndicats lycens et tudiants, quirunissent 41 000 personnes. La gauche

    pose un recours contre artic e u

    CPE devant le Conseil Constitutionnel.

    9 universits perturbes (46 selon le

    ministre).

    Paris : Nombreuses ballades sauvages

    e lycens le matin dun bahut lautre.

    Nouveau rassemblement place de la

    orbonne lissue de la manifestation de

    4300 personnes qui part de place dItalie,

    t affrontements plusieurs heures coups

    e pavs, bouteilles, grilles et barrires

    m ta iques. eu poiciers sont ess s,

    ont une commissaire touche la tte. 6

    manifestants sont dfrs au tribunal. Un

    groupe de faf est galement intervenu et

    es coups de pierres changs avec les

    anti-CPE.

    Strasbourg : ballade sauvage qui occupe

    uccessivement Assedic, Medef, prfec-

    ture et McDo.

    e- e-France : la prsidence ferme Nan-

    terre (Paris-X) administrativement.

    MERCREDI 15 MARS6 prsidents duniversit lancent un

    appe au ia ogue pour sortir e a crise

    tandis que 7 dentre eux avaient demandla suspension ou le retrait du CPE depuis

    eux jours. universit s pertur es (

    elon le ministre).

    Paris : le lyce Maurice Ravel (20e) est

    nvahi et occup par 80 jeunes. Une manif

    auvage se ballade pendant 3 heures de

    la Sorbonne vers Chtelet et le Palais de

    Justice, se frite avec les CRS rue de Rivoli,

    voit partir des canettes contre le com-

    missariat des Halles, occupe brivement

    le Thtre de la ville de Paris avant de se

    isperser le soir place de la Sorbonne.

    reno e : occupation une et

    l ironique desclaves.

    JEUDI 16 MARSManifestations dans plusieurs villes,

    lappel des syndicats tudiants et lycens,

    ui runissent entre 250 000 et 500 000

    personnes.

    Paris : manifestation place dItalie-Svres-

    Babylone (33 120 000 personnes). Sur le

    INSTAURATION DU CPE obit la logique dun systme dontlaboutissement est court terme la remise en cause deos existences fantmes, tant il est vrai que nous avons dj

    dpass le stade de la survie. Deux buts essentiels sont viss.

    e premier est de continuer faire diminuer le cot du travailout en tendant linni la disponibilit des salaris an deaintenir les prots, voire de les amliorer, dans la jungle duommerce mondial, dans la lutte sauvage que se livrent lesrdateurs du capital.

    e second est de mettre en danger permanent la vie de chacun.orsque les individus nauront plus en tte que leur propre

    survie; que pouvoir manger, se loger, se soigner ne seront

    lus garantis pour le plus grand nombre ; que lentreprisedanantissement culturel, dj largement engage, auraduit les capacits critiques au point que la plupart des gens

    se sentiront jets dans une arne o ils ne verront plus en lautrequun ennemi; que la peur distille par des Etats de plus en plusotalitaires aura paralys les dsirs de libert et de vie, alorsseulement ceux qui ont vampiris le monde pourront se dclarersatisfaits.

    es tudiants et les lycens sont en train de se mobiliser contree CPE parce quils savent bien que ce que le Ministre de larit leur prsente comme une avance signie linstallation

    dans lunivers de linnommable. Et nombreux sont ceux,

    tudiants, lycens ou salaris, parce quils ont dj beaucouperdu, tre bien conscients que la journe daction du 7ars 2006 est loin dtre sufsante ; sentir quau contraire,our les syndicats de tout poil et partis de gche , elle est

    une n (dans les deux sens du terme), parce que leur seulobjectif dans laffaire est dinvestir dans un mcontentement

    quils esprent capitaliser, faire fructierjusquen 2007, datedes lections, sans prendre le risque dune grve gnralequi pourrait effrayer les etits porteurs du misrable espoirlectoral. Cest pourquoi les syndicats, toujours dans lattentedune lection (professionnelle, lgislative, prsidentielle, etc.,bref, tout ce que la pseudo-dmocratie a pu inventer commeleurres), toujours dans langoisse de voir diminuer les effectifsde leurs PME, toujours prts se rendre indispensables aux

    yeux des gestionnaires publics comme privs, prennent biengarde de ne pas favoriser le dveloppement de mouvementsqui leur chapperaient.

    Et on comprend mieux ainsi que les syndicats nappellent

    pas aux A.G. la n de ces journes daction, ou alors trsmollement, pour sauver la face.

    Passons outre ! Approprions-nous les A.G !

    La journe du 7 mars est une journe dcisive, non pas tantparce quelle va effrayer elle seule le gouvernement, maisparce quelle marquera la n ou le dbut de quelque chose :

    la n, si tout le monde rentre chez soi, satisfait du devoiraccompli, et se rend le lendemain son travail, dans sa fac ouson lyce, comme dhabitude ;

    le dbut, si des A.G. surgissent, le soir mme ou le lendemain,pour lancer une grve gnrale illimite avec la dtermination

    de rsister lagression de plus en plus violente que dirigentontre nous ceux qui se sont arrog le droit de dvaster nosexistences.

    Lesprit rvolutionnaire nous librera du sale air de la peur.

    Ngatif (bulletin irrgulier)

    J ai eaucoup appris e mes erreurs,et je suis sr de pouvoir les rpter

    la perfection

    Mouvement anti-CPE

  • 7/31/2019 Cette Semaine N89

    8/44

    8ette Semaine juin 2006

    parcours, dpart en manif sauvage hau-

    teur de rue de Vaugirard, de nombreuses

    voitures sont onc es et es commer-

    es attaqus (dont une bijouterie). Suite

    ux affrontements place Svres-Babylone

    r era aussi un iosque journaux,

    plusieurs milliers de manifestants seretrouvent place de la Sorbonne o les

    ffrontements continuent de plus belle

    : dpavage, molotovs, dbut dincendie

    e ancienne i rairie et es c aises

    prises aux cafs Le Patios et Lcritoire

    volent. Aprs plusieurs heures, de petits

    groupes poursuivent a agarre. usieurs

    voitures sont renverses et enammes,

    es barricades riges et des commerces

    ttaqus (dont un Crdit Mutuel, un Gap

    t le cinma Champollion). Un groupe de

    plus dune centaine de fafs avec casques et

    barres attaquera des manifestants isols

    Odon. 46 keufs blesss dont 11 hospi-

    taliss et 187 interpellations (77 garde--

    vue, 15 dfrs devant la justice).Rennes : affrontements des manifestants

    ( ) avec a icai e. ou e es

    n feu, vhicules endommags, pavs et

    molotovs. Un manifestant de 24 ans ac-

    us de lancer de molotov se prendra 10

    mois ferme le lendemain en comparution

    immdiate.

    C a ons-sur-Sa ne : yc ens s a -

    frontent avec les ics, un deux bless.

    Seine St Denis : des centaines de lycens

    font pression au Raincy pour tre reus

    par le maire et un affrontement nit parclater. Deux keufs hospitaliss et plu-

    sieurs lycens blesss.

    Val-de-Marne : 200 lycens tentent

    investir e omaine rioux itry-

    sur-Seine, o se trouvent deux lyces,

    un collge et un IUT. Repousss par le

    personne , eux voitures am ent, une

    troisime est retourne, le mobilier ur-

    bain vole et les keufs sont caillasss (deux

    sont blesss, 6 manifestants interpells).

    Un journaleux du arisien sy fait frapper.

    Val dOise : affrontements sur la Dalle

    dArgenteuil coups de pierres, des bou-

    les de ptanque auraient mme t lances.

    Un policier et un CRS hospitaliss.

    Affrontements galement antes,Montpellier et Toulouse.

    ENDREDI MARS67 universits perturbes (49 selon le

    ministre).

    Tou ouse et Tours : p ages gratuits.

    Paris : manifestation devant la Sorbonne.

    la police a dsormais ferm la place et

    toutes les rues donnant accs luniversi-

    t par es murs m ta iques anti- meute.

    renoble : tentative de blocage de la

    Prfecture, vite dgage.

    e e France : pillage dun supermarch

    par des lycens Arpajon et affronte-

    ments lors dune manif de 200 lycens

    Juvisy (Essonne), affrontements, matriel

    urbain bris, voitures dfonces et deux

    brles au Raincy (Seine St Denis) lis-

    ue de la manif de 500 lycens devant la

    mairie, affrontements Savigny le Templet origny sur arne ( eine et arne),

    gradation du lyce professionnel

    Auguste Perdonnet puis dune vingtaine

    e voitures et un us.

    AMEDI 18 MARSManifestations dans 160 villes, lappel

    es syndicats tudiants et salaris (troi-

    i me journ e action contre e !), qui

    runissent entre 530 000 et 1,5 millions

    e personnes.

    Par s : manifestation Denfert-Rochereau-

    Nation. Aprs les affrontements place de

    la Nation o une dizaine de commerces

    ont attaqus, des groupes se dispersent

    ux alentours. De la porte de Vincennes

    Porte de Montreuil, une barricade blo-

    ue le bd Davout, deux McDonalds sont

    foncs, des voitures enammes, puise sont es istri uteurs e i ets et e

    mobilier urbain qui mangent rue dAvron.

    Les derniers affrontements nissent dans

    e quartier atin o es izaines e ma-

    nifestants sacharnent en vain contre les

    RONDEANTI-CPE & RVOLTESOCIALE ai 5 ans, je suis en CD , je osse 5 eures par

    semaine. AIMEPA SMO NPATRON.J AIMEPA SLE TRAVAIL.Cest bien de lutter contre le CPE. MAIS FAUT PAS ARRTERL.

    ntervention G ac e i etaneuse

    ey, frangin, regarde ce qui se passe... Dans la capitale et la

    banlieue, a saffronte maintenant chaque jour face la icaille.

    epuis es semaines, un mouvement contre une nime carotte

    e Etat, e CPE, s est insta , et n est pas prt e s arrter.

    Cest quoi lembrouille ? Les attaques ne cessent pas, contreles retraites en 2003, la loi Fillon, les lois Sarkosy, le couvre-

    eux... On voit qu aujour ui exp oitation ten se faire sans

    es fameuses protections socia es rites e aprs-guerre

    avec comme proc aine perspective e faire sauter e S C .

    Cest avec les conditions dun sans-papier quil est rentablepour le capital dexploiter la force de travail. Toujours fermer sa

    gueu e, avec a peur au ventre, taffer pour que a e et toujours

    p us. C E et CPE ne sont que es premires esquisses u

    contrat unique, que es syn icats sont j prts ngocier.

    u coup, il faut russir contrler toujours plus, et dabord les

    populations les plus pauvres. Alors trane pas dans les halls, va

    en taule si tu payes pas ton ticket de train, si tu vends du bedo

    pour payer ton loyer, ou fais toi sucrer tes alloc la moindre

    occase... et surtout ippons, ippons du terrorisme , du H5NI,

    du casseur, du chmage, de la rue... Pourtant, face ce monde

    o nos vies ne valent que la valeur de la plus-value (donc pour

    rsumer pas grand chose dautre que de la chair travail), la

    colre gronde, explose, avec les lycens lanne dernire, en

    novembre 2005, place de la Sorbonne, ou place de la Nation ces

    derniers jours, etc.

    On est l. Et on en est l. On est pas en train e jouernotre place la fac, ou sur le march du travail, en ce moment.

    Cest pas un oasis. que chacun essayerait de samnager, qui est

    gagner. on c est p us que ce a et a n a rien voir avec tout

    a.Etat aujour ui n a p us rien c er. Pour e ma eur e

    toute a gauc e, qui e toute faon nous a sufsamment carott.

    Etat n a p us rien c er, parce que es con itions ncessaires

    u capita pour se repro uire et continuer forme ement

    ccumu er u prot ne e permettent pas. a seu e rponse est

    ors e rai issement et in exi i it.

    On sen fout ! On nira pas qumander quoi que ce soit,es tensions se font e p us en p us c aires, sans m iations,

    te es que es. On a ien compris, sans faire e t orie, par

    nos con itions matrie es existences qu i n y aura pas

    damlioration possible.

    t alors ? On va pas p eurer. Si Etat, nos con itions e vie,sont e p us en p us urs, nos ractions e seront aussi. n y

    ura plus de mouvements sociaux sans affrontements. Et ces

    ffrontements devront taper toujours plus fort, toujours plus

    aut. C est pas u travai que on rc ame quan on se rvo te,

    c est arrac er, e rcuprer nos vies. es antagonismes

    e c asse e ce mon e, on ne veut pas es rg er, es ren re

    acceptables, mais sen servir pour les faire dnitivement

    exploser.

    e 21/03/2006

    Mouvement anti-CPE

  • 7/31/2019 Cette Semaine N89

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    Cette Semaine juin 2006Mouvement anti-CPE

  • 7/31/2019 Cette Semaine N89

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    0ette Semaine juin 2006

    murs m ta iques anti- meute. eu s sont

    blesss (26 gendarmes mobiles, 6 CRS et 2

    gents de la Prfecture) et 167 personnes

    rrtes (72 garde--vue, 24 dfres au

    parquet).

    8 manifestants sont blesss, dont Cyril

    Ferez, un syndicaliste de 39 ans de Sud-PTT,

    ans le coma aprs avoir t notamment

    pitin et matraqu lors dune charge

    Nation.

    Rennes : occupation de la mairie.

    ngers : occupation e a gare.Affrontements galement Clermont-

    errand, renoble Tours etMarseille.

    DIMANCHE 19 MARSLa 5e coordination nationale runie Dijon

    nit sur un appe a gr ve g n rae jus-

    uau retrait de la loi sur lgalit des chances

    t du CNE, et lance une journe daction

    lyces/facs le 21 et des manifs le 23 mars.

    Elle nomme pour la premire fois des porte-

    paro e (seize) estination es m ias et

    es syndicats.

    UNDI 20 MARS67 universits perturbes (45 selon le minis-

    tre), 139 lyces bloqus et 174 perturbs

    (selon le ministre). Les syndicats tudiantse gauche refusent de se rendre au ministre

    e lEducation, qui se contente de lUNI et

    la Fage, qui apprcie e retour au dialogue.

    Les syndicats de salaris, pousss par leur

    ase nissent par ci er ensem e une

    journe daction le... 28 mars.

    Paris : grce plusieurs chauffourres,

    ue ques tentatives e aire cours o iac

    chouent. Sciences-Po (pour une nuit) et

    lEHESS sont occups.

    Caen : occupation dun htel des impts

    pendant une heure et demie.

    le de France : manifestations dans une

    izaine de lyces de Seine St Denis. Mobilier

    urbain dfonc, trois voitures en ammes

    t cai assages rancy o es eux a uts

    ont ensuite ferms. Ceux de Noisy et Ga-

    gny sont eux bloqus. Affrontements avec

    es ics avigny ( eine-et- arne), jets e

    pierre, des poubelles et une voiture brle.

    A luniversit de Nanterre (Hauts-de-Seine),

    baston avec les vigiles lors dune tentative de

    pntrer en force pendant le conseil dad-

    ministration. Les lycens de Fontenay-sous-

    Bois bloquent lA86 pendant deux heures.,

    eux du Raincy la voie-ferre.

    MARDI 21 MARS7 universits et 814 lyces perturbs (dont

    erm s ou oqu s), contre et

    la veille, selon le ministre. Appels la

    grve pour le 28 mars dans les secteurs des

    transports (SNCF, RATP, Air France), de laPoste et de lEducation. Le Premier ministre

    nnonce quil naccepterait ni retrait ni sus-

    ension ni dnaturation du CPE. 40 000 ma-

    nifestants tudiants et lycens dans plusieurs

    villes lappel de ces orgas.

    Paris : 5000 manifestants de Denfert-Ro-

    hereau Rpublique. Petits affrontements

    p ace e a or onne, une cinquantaine e

    voitures endommages rue Gay-Lussac. Le

    lyce Camille-Se (15e) est occup puis

    ndommag (tables, chaises, vitres, ex-

    tincteurs) avant dtre expuls, comme le

    lyce Louis-Armand (15e) la veille. Il avait

    t en partie gra et son environnement

    tourn (feux de poubelles, container

    verre renvers, etc). La direction de lEHESS

    ccupe se plaint de pillages.

    Angers : 2-3000 manifestants et occupation

    u a ais e ustice pen ant une eure.

    Caen : occupation par 600 personnes des

    voies de la gare pendant deux heures.

    eine St Denis : suite la manif anti CPE,

    un groupe pi e es rayons sucreries un

    supermarch en laissant un peu de verre

    bris Montfermeil. Affrontements Cli-

    c y-sous- ois autour u yc e . o e . 7

    lyces sont dsormais ferms par le rectorat

    par mesures de scurit (dont deux La

    Courneuve et deux Noisy-le-Sec).

    Essonne : 400 lycens venus dune quinzaine

    de lyces saffrontent avec la icaille Savi-

    gny-sur-Orge devant le lyce Corot.

    Seine-et-Marne : Page gratuit Coute-

    vrou t es tu iants e arne- a- a e.A Savigny-le-Temple, une journaliste du

    Parisien se fait frapper et drober appareil

    p oto, porta e et voiture evant e yc e

    Antonin-Carme. Plus loin, devant lautre

    lyce de la vile (Pierre-Mends-France), un

    autre journaleux de ce quotidien se fait ar-

    racher son appareil photo. Enn, deux jour-

    naics du mme torchon se font tabasser et

    piller le matos dans lOise devant le lyce

    Mireille-Grenet.

    MERCREDI 22 MARS59 universits sont perturbes, dont 18

    oqu es se on e minist re, se on ne

    (dont 30 bloques et 5 fermes administra-

    tivement), et 533 lyces (plus de 600 selon

    lUNL).Paris : tentative repousse dexpulsion de

    lEHESS occupe, la direction fait appel 22

    vigiles (impuissants), et les profs se retirent

    du lieu. Une journaliste de RTL se fa it piquer

    son micro.

    Poitiers : blocage des principales voies dac-

    cs au centre-ville.

    Rennes : uc erry puis mon erv , e

    maire, se font entarter.

    Dijon : le local UMP de la rue dAuxonne est

    dmnag par 40 individus masqus.

    Lille : occupation dune ANPE.

    Ile-de-France : lors de llection au CROUS,

    une urne est brise luniversit de Nanter-

    re. Affrontement dune centaine de lycens

    avec es eu s au anc- esni ors une

    manifestation.

    EUDI 23 MARS67 universits sont perturbes, dont 21 blo-

    ques selon le ministre. Manifestations dans

    plusieurs villes, lappel des syndicats tu-

    diants, qui runissent 450 000 personnes.

    Le Premier ministre invite les syndicats

    discuter du CPE sur un ordre du jour non limi-

    tatif et ans a priori. Ils acceptent linvita-

    tion pour le lendemain, prcisant demander

    toujours comme pralable le retrait du CPE.

    Paris : Le matin, blocage de la place de

    a asti e par es yc ens e ictor- ugo,

    Charlemagne, Sophie-Germain et Voltaire.

    Occupation de la Direction rgionale du

    travail et de lemploi dans le 19e par unecentaine de lycens du Val-de-Marne, elle

    sera vacue le soir.

    Manifestation 14h30 de place dItalie Inva-

    lides (de nombreux lycens de la rgion pari-

    sienne et des tudiants de plusieurs villes de

    province aussi), 23 50 000 personnes. Af-

    frontements avec les keufs, une cinquantaine

    e voitures onc es, commerces attaqu s

    (dont une agence immobilire, un resto asia-

    tique, une socit nancire dont les ordina-

    teurs volent sur la pelouse), et aussi pas mal

    de dpouilles entre manifestants. Plusieurs

    voitures et un commerce sont enamms

    rue St Dominique. Un groupe nit la manif

    vers la Sorbonne, o une barricade de ta-

    bles, chaises des bars voisins et panneaux est

    enamme langle des rues Soufot/St Jac-

    ques. Le long des rues dAssas et de Rennes,

    es a ri us et es ca ines e t p one sont

    dtruits. 262 interpellations (630 au niveau

    national) et une soixantaine de manifestants

    blesss dun ct. 90 gendarmes et policiers

    Mouvement anti-CPE

    Tracts issus de lassemble doccupation deEHESS Paris, du 20 au 24 mars 2006

  • 7/31/2019 Cette Semaine N89

    11/44

    Cette Semaine juin 2006

    blesss au niveau national (27 Paris,

    ont p usieurs civi s rou s e coups aux

    Invalides), et un total de 453 depuis le

    but mars.

    arse e : 10 50 000 manifestants. Af-

    rontements sur la n coups de pierrest bouteilles contre lacrymos.

    renoble : 6 12 000 manifestants.

    Affrontements sur la n pendant trois

    heures, une trentaine darrestations et 4

    ics blesss (dont un civil bless la tte

    par un coup de ash ball dun collgue).

    Caen : ocage es quatre ponts e

    lOrne, badigeonnage des locaux de

    lUMP.

    Bor eaux : 15 000 manifestants. Oc-

    upation de la gare et un TGV bloqu

    (ainsi quun second Coutras).

    Rennes : 6 10 000 manifestants, on

    peut lire sur la banderole de tte Nous

    ommes tous des casseurs, affrontements

    la n. Occupation des Galeries Lafayet-

    te, baston dans le magasin (fumignes et

    projecti es a anc s, une porte en verre

    clate).

    Reims : 150 manifestants font une auto-

    r uction e train pour monter a

    manif parisienne.

    Angers : 4000 manifestants. Occupation

    e a gare.

    Strasbourg: 1800 5000 manifestants.

    Brve occupation de lENA.

    e- e-France : Affrontements la

    matine Savigny-sur-Orge pendantplusieurs heures, pierres et objets

    namms contre les keufs. Deux voi-

    tures renverses, une troisime en feu,

    une trentaine dfonces, des abribus et

    abines dtruites autour du RER C :

    60 interpells (9 garde--vue), 7 keufs

    ess s. u yc e ic e ieu uei ,

    eux agents administratifs sont frapps

    lors dchauffourres. A luniversit de

    anterre, e restaurant universitaire et

    la sandwicherie sont dvasts. A Ivry

    ur Seine, 200 manifestants affrontent la

    police, un adjoint au maire est bless. A

    Bobigny, une quipe de France 2 est mo-

    leste, des abribus descendus, le centre

    ommercial ferme durgence larrive

    es manifestants. Affrontements St

    enis (une rame e tramway saccag e,

    eux magasins pills), Drancy, Bondy et

    u Raincy.

    VENDREDI 24 MARSes syn icats sont reus atignon

    pendant trois heures et afrment en

    ortant tre tombs dans un pige, puis-

    uil ne sagissait en fait que de discuter

    un amnagement du CPE. Ds lors quela loi a t vote, le CPE doit sappliquer

    clare Chirac Bruxelles une heure

    vant la runion.

    6 universits bloques et 12 avec bar-

    rages ltrants (57 selon le ministre).

    198 lyces bloqus et 407 perturbs,

    e on e minist re.

    Paris : expulsion de lEHESS 6h, 72

    interpellations, une personne con-

    voqu e pus tar en jugement apr s

    garde--vue.

    St Denis : le centre ville est attaqu de

    h midi par plus dune centaine de

    jeunes, des dizaines de voitures sont

    fonces et incendies, un car de tou-

    ristes bloqu et des passagers dtrous-

    s, une quinzaine de commerces pills

    t saccag s ( ont trois ijouteries, une

    pharmacie, un magasin de portables).

    Quatre keufs blesss, trois mineurs

    interpe s.

    Mouvement anti-CPE

    SIXSEMAINESDEBLOCAGE JUSSIEU ?Allons, soyons raisonnables :omment afrmer cela lorsque les activits les plus nfastes quint lieu sur ce campus ont pu se drouler presque comme sie rien ntait ? Cest bien videmment de la recherche que nous

    voulons parler. Et les doctorant-e-s, bien efcacement aveugl-e-s

    uant aux consquences de leurs activits par les annes passessur les bancs des amphis, nont pas non plus daign sintresser e quil se passait aux fentres de leurs labos. Les plus pessimistes

    iront mme plus loin: nayant plus de cours assurer grce aublocage de leurs tudiant-e-s, les enseignants-chercheurs ont puonsacrer 100% de leur temps la recherche...

    Les chercheurs, main dans la main avec leurs copains et copinesindustriels, tirent avant de discuter. A lheure de la socit durisque (quils ont dlibrment construite anne aprs anne), ilsne se soucient plus de conner les exprimentations, qui portentsormais sur la plante tout entire, humains, plantes et animaux

    inclus. Les laboratoires de recherche ne connaissent plus derontires. Nous sommes tou-te-s des cobayes, permanents, avant

    mme de natre, aprs mme notre mort. La notion de principe deprcaution nest quune vaste blague, alors que dans les faits, lesOGM sont cultivs en plein champ presque partout dans le mondet les cosmtiques contenant des nanoparticules sont dans les

    rayons de tous les supermarchs du globe.ise sans cesse devant le fait accompli, la population a capitul

    t intgre les discours propagandistes les plus nausabonds : toutela est ncessaire, on arrte pas le Progrs, etc. Quand les

    victimes se prennent de sympathie pour leurs tortionnaires...

    La Direction Gnrale de lArmement (DGA) semble tre unpartenaire de choix pour de nombreux laboratoires de Paris6. Chimie physique : matire et rayonnement, Informatique,nstruments et systme dIle de France... Dautres, comme lInstitut

    es nanosciences de Paris, le laboratoire Liquides ioniques etinterfaces charges, ou encore le laboratoire de Mcaniquephysique, collaborent avec les marchands de canons Matra,Thals ou Dassault. Pour dvelopper la robotique mobile terrestret les rseaux du combattant du futur, la tection de mots ennvironnement bruit, o encore lanalyse des mouvements deoule. Du ct de lOnera, on fabrique des drones et des missilespour frapper plus vite, plus loin et avec prcision, alors que

    agem Morpho est le n1 mondial de la biomtrie empreintes.Fabricants de mort et de contrle et chercheurs du public unis pournous maintenir dans un monde en pourrissement.A ct de ces laboratoires qui produisent directement les nuisances,n trouve ceux dont le rle est den grer les consquences :

    tude des changements climatiques ou de la toxicit despesticides commercialiss depuis des dcennies, recherchepour lenfouissement des dchets nuclaires ou sur les effets desntibiotiques sur lappareil digestif... Grotesque tentative de cacher

    la merde sous le tapis.

    Pendant ce temps, mdecins et chercheurs en sciences humainessamusent nous enfermer dans les prisons de leurs grillesanalyse, sans jamais nous demander notre avis. Leurs catgories

    pathologiques ou sociologiques sont bien souvent des moyennesstatistiques niant la spcicit des individus. Jeunes. Maniaco-pressif. Travailleurs issus de limmigration. Trouble Oppositionnelvec Provocation (cf. le rapport Inserm sur les Troubles de conduitehez lenfant et ladolescent). Voir sans tre vu, fouiller lintimit

    es tres et des choses, voil comment les chercheurs prennent leurpied.

    Il est grand temps de mettre un terme ce dferlement. Cestpourquoi nous demandons : La fermeture des laboratoires du campus de Jussieu et la mise isposition des locaux librs pour dvelopper une activit de lutteontre le terrorisme ordinaire et institutionnel de la recherche, n

    France et dans le monde entier. Larrt du nancement des recherches, dans les domaineses nanotechnologies, du nuclaire, des OGM et autres

    biotechnologies, des statistiques, des sciences cognitives, de lasociologie de lacceptation sociale des nuisances, ainsi que delensemble des recherches militaires.

    Une fois appliqu ce prambule non-ngociable, il sera possibleaborder plus en dtail la suite des actions mener.

    ALORSSIVOUSTESCHERCHEUR, ILYAUNESOLUTION : LAPR-RETRAITE.ETSIVOUSNELTESPASENCORE, TROUVEZAUTRECHOSEFAIRE !

    tract distribu Jussieu (universit Paris 6/7), lors de la reprise desours aprs le dblocage, mi-avril 2006]

    ILSLONTBIENCHERCH : BLOQUONSLESCHERCHEURS !

    aris vres- a y one , mars

  • 7/31/2019 Cette Semaine N89

    12/44

    2ette Semaine juin 2006

    AMEDI 2 MARSLes quatre organisations lycennes et tudian-

    tes de gauche refusent de se rendre Mati-

    gnon. Seules la Fage et lUNI y devisent des

    mnagements possibles. Villepin annonce quil

    accepte douvrir le dialogue sur les conditions

    e la rupture du contrat et la priode dessai

    e deux ans.

    DIMANCHE 26 MARSLa 6e coordination nationale tudiante runie

    ix-en- rovence mo i e g rement a p ate-

    orme de Toulouse (rajoutant par exemple unerisoire demande de dmission du gouverne-

    ment), appelle la manif du 28 mars puis une

    journ e de blocage des principaux axes routiers

    t ferroviaires en vue dune grve gnrale, ne

    ormalisant quune pratique qui se dveloppe

    e plus en plus en dehors des grandes journes

    e manifestations syndicales.

    LUNDI 27 MARSCaen : occupation e a rouvi e

    t Clair.

    ARDI 2 MARSManifestations dans plus de 250 villes, lappel

    es syndicats tudiants et salaris (quatrime

    journe daction contre le CPE !), qui runissentntre 850 000 et 3 millions de personnes.

    La chane amricaine CNN interrompt ses

    programmes pour commenter en direct laf-

    rontement Rpublique (Paris), comparant

    a situation ce e e a p ace iannanmen

    Pkin en 1989 !

    Paris : 700 000 manifestants de place dItalie

    p ace e a pu ique o se pro uisent es

    ffrontements. Les premiers nervs se man-

    gent les charges brutales du service dordre

    CGT coups de barres (avant dtre livrs

    ux gendarmes). Plusieurs ics blesss (dont

    un grivement qui sest pris une fuse dans la

    ace), 629 interpellations (156 garde--vue et

    4 dfrs au parquet). LAFP a t occupe

    p ace e a ourse, e temps y accroc er a

    banderole un mois ferme, deux mois ferme, troismois ferme, nous sommes tous des casseurs de

    e syst me. ue ques vitrines cass es ( ont e

    Go Sport et le Bouygues Rpublique).

    ille : 25 80 000 manifestants. Affrontements

    vec nom reux projecti es, arrica es et es-

    tructions jusque dans le vieux-Lille o se sont

    rouls de nombreux saccages.

    Toulouse : 36 80 000 manifestants. Echauf-

    ourres place du Capitole.

    Caen : mani estants. ronte-

    ments devant la prfecture.

    ijon : 11 000 manifestants. Occupation des

    voies err es.

    Rennes : 30 50 000 manifestants. Affron-

    tements et occupation des voies de la gare

    pen ant eux eures. interpe ations eteux keufs blesss.

    renoble : 26 60 000 manifestants. Affronte-

    ments avec les keufs (dont deux sont blesss)

    utour de la place Victor Hugo, petites bar-

    ricades et mobilier urbain renvers, plusieurs

    voitures et deux vitrines mangent. 200 inter-

    pellations, 58 garde--vue.

    Rouen : mani estants. es vitrines u

    entre-ville historique sont brises pendant la

    manif.

    Mont-St Michel : 600 manifestants bloquent

    laccs au site, sur lequel ils accrochent des

    banderoles anti-CPE.

    le-de-France : Affrontements devant la gare

    Savigny sur Orge (Essonne), panique au

    entre commercial Crteil Soleil dj attaqu

    la semaine passe, face une quarantaine dejeunes, et tous rideaux vite baisss.

    MERCREDI 29 MARSUne nouvelle journe de manifestations na-

    tionales est dcide pour le 4 avril. Alors que

    pr s e yc es sont oqu s ou pertur s

    (et 1400 la veille), le ministre de lEducation

    annonce quil a donn la consigne aux recteurs

    de faire rouvrir ds le lendemain les bahuts y

    compris par la force. Seuls quelques proviseurs

    le suivront dans les jours qui suivent. Par

    ailleurs 56 universits sont toujours bloques

    (17 plus 41 perturbes selon le ministre).

    Paris : blocage sauvage du priph. A laube, plu-

    sieurs sabotages incendiaires de distributeurs

    lectriques ( Maison-Alfort, Villeneuve-le-Roi,

    ongjumeau, pinay-sur- rge) avaient oqu

    la circulation des RER C et D pendant plusieursheures et la SNCF prvoit des perturbations

    pen ant p usieurs jours. entative enva isse-

    ment du plateau dune mission de tlralit

    de M6, Nouvelle Star. Occupation la nuit du

    lyce Balzac (17e) par le gymnase et nombreu-

    ses dgradations.

    Toulouse : occupation de la DDTE.

    Rennes : blocage de la circulation en blindant

    une rocade de chariots de supermarch.

    JEUDI 30 MARSLe Conseil Constitutionnel valide la loi pour

    ga it es c ances, ont artic e contient

    le CPE. 145 lyces ferms et 368 perturbs

    selon le ministre, 68 universits bloques

    selon lUnef.Paris : Blocage le matin du priphrique (

    lappel des orgas lycennes) avec du matos

    de chantier par 300 personnes vers Porte de

    Chtillon. Manif sauvage Chtelet qui nit en

    occupation es voies gare e yon pen ant

    deux heures. Une dizaine de garde--vue.

    Lille, Metz, St Etienne, Roanne : blocages

    es voies e a gare pen ant p usieurs eures.

    Rennes : manif sauvage de 6000 personnes qui

    bloque la rocade aprs un blocage des voies de

    chemin de fer.

    Marseille : occupation des voies la gare St

    Charles, aprs le blocage de plusieurs sorties

    et acc s autoroutiers.

    Lyon : manif-bouchon de 2000 personnes.

    Caen : ocage e eux tronons u p rip ri-

    que (direction Paris & Rennes-Cherbourg).Toulouse : occupation du rectorat par les

    tu iants en taps.

    Poitiers : occupation de lIUFM.

    Limoges : occupation du rectorat, manif de-

    vant le Palais de justice, blocage de la A20.

    Nantes : occupation de la Direction rgionale

    des affaires culturelles avec les intermittents.

    Les occupants, barricads, seront expulss.

    Blocage des ponts sur la Loire.

    e- e-France : atai e rang e contre es

    keufs devant le lyce de lEssouriau aux Ulis

    et interpellation jusque dans la cantine, blocage

    es voies e a gare rpajon et avigny- e-

    Temple (RER D), blocage de la N19 et courses

    poursuites durant six heures entre les keufs et

    es yc ens u a - e- arne.

    VENDREDI 31 MARSIntervention du Prsident de la Rpublique

    la tlvision : il annonce quil romulgue la loi

    instituant le CPE au Journal Ofciel, tout en

    demandant quune nouvelle loi soit vite vote

    pour le modier (passant la dure dessai de

    an et ajoutant o igation e motiver e

    licenciement) et quentre temps il ne soit pas

    appliqu ! 649 lyces sont dsormais bloqus

    ou pertur s, onze organisations e gauc e ap-

    pellent des manifestations pour... le 4 avril.

    Paris : le rassemblement Bastille pour cou-

    ter lintervention du Prsident part en manif

    sauvage de 5000 personnes pendant plus de

    sept heures heures sur 25 km dans la ville !

    Devant lAssemble Nationale, on pisse, de-vant le Snat, aprs une tentative denfoncer

    a porte, c est une gu rite qui vase, suivis

    de brefs affrontements devant la Sorbonne.

    Ensuite, en direction de la butte Montmartre,

    une cinquantaine e commerces sont attaqu s

    Mouvement anti-CPE

    Rouen, 28 mars

    Paris(Natio

    n),18mars

  • 7/31/2019 Cette Semaine N89

    13/44

    3 Cette Semaine juin 2006Mouvement anti-CPE

    (agences dinterim, banques, agences

    immobilires) le long du cortge qui

    passe boulevard Magenta. Le slogan Pa-

    ris debout, rveille-toi ! apparat pour la

    premire fois. Au Sacr Cur vers 4h du

    matin, un feu est allum, vive la Com-

    mune tagu sur lodieuse basilique. Aupassage, une permanence est aussi

    ntirement saccage dans le 9e.

    arran : occupation du muse Jacques-

    Chirac.

    Montpellier: manifestation de nuit avec

    asseroles, percussions et trompettes.

    antes : aprs le discours de Chirac,

    2000 personnes se rassemblent devant

    la prfecture o les chauffoures ne

    nissent que vers 1h du matin.

    trasbourg: blocage des voies du tram-

    way pen ant une eure.

    Poitiers : occupation du rectorat puis du

    onseil municipal majorit PS.

    assy, B o s, Rennes, ontau an : oc-

    upation des voies de chemin de fer.

    le-de-France : nombreux blocages de

    routes par es centaines e yc ens : a

    N188 hauteur dOrsay, la N104 vers Ste

    Genevive et la N20 pendant quatre heu-

    res Arpajon, la N186 Crteil, la N16

    Luzarches, la N3 St Denis.

    DIMANCHE 2 AVRILLensemble de la loi sur lgalit des chan-

    ces est publie au Journal Ofciel. Outre

    le CPE en son article 8, el le contient aussi

    lapprentissage ds 14 ans, le travail de

    nuit 15 ans, la suppression des alloca-

    tions familiales sous divers prtextes etes stages ans a po ice et arm e pour

    les futurs dlinquants,

    La 7e coordination nationale runie

    Villeneuve dAsq (Lille-III) appelle main-

    tenir les actions de blocage, prcisant que

    es journes daction ne sont utiles que si

    leur objectif afch est de construire la

    grve gnrale, seul moyen de faire reculer

    le gouvernement. Cest pourquoi nous ap-

    pelons la grve gnrale reconductible ds

    le 4 Avril. Elle refuse une nouvelle fois

    argir es reven ications au- e u

    retrait de la loi.

    UNDI 3 AVRILCaen : plusieurs agences dinterim sont

    visites, et reoivent peinture et mixtures

    naus a on es.

    Grenoble : linitiative de lycens, manifs

    et blocages de voies de circulation (idem

    Vizille et Voiron). La nuit, la vitrine du

    ige grenoblois de M6 est dtruite par

    es inconnus.

    MARDI 4 AVRILManifestations dans 250 villes, lappel

    es syndicats tudiants et salaris (cin-

    quime journe daction contre le CPE !),ui r unissent entre , mi ion et , mi-

    lions de personnes. Cration du groupe

    es six UMP (prsidents du groupe

    lAssemble et au Snat, deux ministres et

    eux parlementaires) pour laborer sans

    prjugs la nouvelle proposition de loi.

    Les syndicats acceptent daller discuter

    avec le groupe des six.

    Paris : de 84 000 700 000 personnes

    marchent de Rpublique place dItalie.

    Affrontements pendant plus dune heure

    a n : outei es et pierres (p us que ques

    xtincteurs) contre lacrymos et charges.

    Un feu est parti au milieu de la place, des

    a r i us tom ent, un p otograp e est -

    fonc, dautres touchs par les projecti-

    les. 383 interpellations (107 en province),

    33 blesss dont 26 hospitaliss.

    Rennes : de 21 50 000 manifestants.

    Nouveaux affrontements place de Breta-

    gne, o abribus, voitures et les quelques

    vitrines encore debout sont attaqus.

    Blocage de la gare par une autre partie

    es gens.

    ille : de 16 45 000 manifestants. Cinq

    heures daffrontements intenses o les

    ics se prennent quantit de projectiles,

    vitrines de commerces attaques, mobi-

    lier urbain dtruit, voitures idem, dbutincen ie une agence interim. ne

    trentaine dinterpellations.

    renoble : de 28 60 000 manifestants.

    ocages e a circu ation et es trams,

    plusieurs affrontements avec la police.

    Caen : 17 40 000 manifestants. Occupa-

    tion rapi e u consei r giona puis oca-

    ge du priphrique et affrontements avec

    les CRS venus dloger les indsirables. Un

    photographe et plusieurs ics blesss par

    les pierres. Une dizaine dinterpellations.

    ngers : 7 mani estants.

    Affrontements devant la prfecture et

    barricades.

    e- e-France : om reux ocages e

    matin avant de rejoindre les manifs de

    laprs-midi. Carrefour Pompadour

    Crteil (bouchons sur la N186 et N6),

    e la N7 pendant quatre heures vers

    Fontainebleau, de la place de la Boule

    Nanterre pendant deux heures. A St

    Ouen lAumne, des pierres et molo-

    Ce texte mle en vrac quelques rexions nes Grenoble lors dee quon appelait jusqu il y a encore peu de temps le mouvement

    nti- E... nest pas orcment trs construit mais a pour o ectie lancer des pistes creuser. Cest toujours a.

    a violence comme moyen de se faire entendre

    Sil y avait connexion entre les tudiants et les banlieues, toutserait possible. Y compris une explosion gnralise et une n dequinquennat pouvanta e.

    Nicolas Sarkozy, Ministre de lIntrieur,imanc e mars 6, cit ans a gran e peur e ar o, en page u

    anar enc an (n4455, 15 mars 2006).

    Les meutes, ce nest pas un hasard. Les profs sont au service du

    gouvernement, pas au service e ve.Un professeur vacataire en lutte dans le 94,lundi 20 mars 2006, sur France Inter.

    Ma grande crainte est que lon ne se retrouve plus dans deopposition au , mais ans e a provocation et ans un

    enchanement de violence. Jen appelle donc au retrait du CPE, la responsabilit et au retour de la paix sociale. On est dans unesituation o e. aut voir image qu a rance en ce moment ltranger ; surtout aprs ce qui sest pass en novembre. Une imagepouvantable.

    Mic e estot, Maire e reno e,interview dans leDauphin Libr du vendredi 31 mars 2006 (n19092).

    Au es semaines, s es premires mani s u mois e vrier, eouvement tudiant-lycen-syndical contre le CPE sest peu peu

    ransform en rvolte sociale, renouant avec certaines des pratiquesiolentes doctobre-novembre 2005, lorsque des meutes avaient clat

    dans de nombreux quartiers populaires un peu partout en France.

    Aujourdhui, alors que le CPE a t remplac (pour ne pas direretir), alors que la gauche dans son ensemble parle de grande

    victoire, alors que la socit reste la mme, alors que partout cest la

    merde, ni la gauche ni la droite au pouvoir ni les mdias ne diront quea c ute u est ue avant tout aux or ements permanents u

    mouvement. Pourtant, sans la violence, sans les diffrentes pratiquesillgales des manifestant-e-s, nous en serions encore nous demandere cu viss evant a t mais pourquoi rien ne c ange a ors que nous

    tions des millions manifester sagement dans la rue ? notre citoyenneta donc aucune valeur ?. Lironie de dpart de ce texte se situe dans

    ce paradoxe :Si le CPE est mort, cest parce que des dizaines de milliers de rvolt-

    e-s ont foutu le bordel de Paris Toulouse, de Rennes Grenoble, etc.Pourtant, la plupart de ces rvolt-e-s restent plein-e-s dinsatisfactionet de rage, leur rvolte reste intacte. Le CPE ntait pour eux et ellesqu un tai .

    Ceux et celles qui crient victoire devant les camras et se rjouissentau micro de la mort du CPE sont les mmes par qui rien ne serait jamaisarriv si lon avait suivi leurs mots dordre (dispersez-vous !). Ce sontgalement les mmes qui ont hurl au scandale face aux casseurs, lesmmes qui ont empch toute manifestation sauvage, les mmes quiont tent de canaliser la rvolte vers la lgalit des dls ofciels etautoriss. De lUNEF la CGT, tou-te-s devraient reconnatre que cest

    Le CPE, une goutte deaudans un lac de rage

    Grenoble, 28 mars

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    ette Semaine juin 2006

    avant tout grce aux casseur-e-s, grce tou-te-s ce es et ceux qui ontarticip aux actions de blocage et de sabotage, grce tou-te-s celles

    et ceux qui ont pris au pied de la lettre leurs slogans ... ou alors a vapter, a va pter (tandis queux-mmes navaient quune peur, celleque cela se ralise bel et bien), que le CPE est mort-n et que Villepin at ridiculis au sommet de lEtat.out ceci n aurait ien sr pas t possi e non p us sans a mo i isation

    des centaines de milliers voire des millions de personnes lors desdiverses manifs de dbut fvrier jusqu mi-avril. Au-del des conits

    avec les syndicats, la complmentarit des moyens daction a t une deos grandes forces.ais en ra it, ce que nous retien rons e tout a, c est ien p us que

    e remplacement ou le retrait du CPE. Nous nous souviendronsongtemps de cette union pour un mouvement populaire oppose autre nion pour un ouvement opu aire nous retenons ce qui s estass entre nous, ce que nous avons commenc construire ensemble

    comme ce que nous avons commenc dtruire ensemble.A Grenoble, la premire manif (le 7 fvrier) a annonc la couleur

    uisquen n de manif le parvis de la prfecture a t envahi pardes dizaines de manifestant-e-s, qui ont descendu les trois drapeauxationaux pour les remplacer par des drapeaux rouge et noir. Larontire de la lgalit tait dj franchie. Et cela na plus cess,usqu aux actions u 11 avri visant en vrac agence intrim, agence

    mmobilire, ANPE et mdias locaux (Dauphin Libr, France Bleusre, M6-Grenoble).e 18 mars, en n e mani , a ors que a A en tait encore para er

    au milieu des manifestant-e-s, une grosse partie du rapport de forceest jou pour la suite du mouvement Grenoble : aprs avoir arrteux personnes, a A est o ige e sortir as a s et ton as pourepousser les manifestant-e-s en colre, qui se mettent caillasser enrac la BAC et les CRS. Les mecs de la BAC reviendront casqus etesteront ds lors bien part des manifestant-e-s. La prise de conscience

    et la rvolte prennent de lampleur.es 23 et 28 mars, a part carrment en meutes ans e centre-vi e.e que redoutait Sarkozy se ralise, la connexion entre tudiant-e-s et

    eunes des banlieues est intense (on pourra bien sr regretter que cesoments e utte commune soient ien souvent rests sans en emain,

    our le moment en tout cas). Le rapport de force est tangible, la rvolteest plus symbolique mais bien concrte. En nuisant la police etus argement aux tenants u maintien e or re, nous sortons e a

    signation et de limpuissance habituellement ressenties. Destructionset transformation de la ville pacie en lieu dmeute sont synonymes decration, et inversement. Nous avons tou-te-s plus ou moins conscienceque vivre dans un monde que nous choisirions devient impossible sans

    a estruction comp te u mon e actue . Ainsi, orsque nous truisonsce qui nous opprime, nous participons ouvrir les brches qui nouspermettent de crer de nouveaux rapports sociaux.

    a violence insurrectionnelle (et donc destructrice) des manifestant-e-sporte en elle les germes de la construction dune vie passionnante, unevie dpassant le cadre de la survie (que celle-ci soit sous-proltaire oubourgeoise, occidentale ou du tiers-monde), une vie rappropriedes mains de lEtat et des patrons, abolissant le travail-famille-patrie-t . La crativit contenue dans cette violence exprime limpatience

    den nir avec la dpossession de nos vies, la ngation en actes des rlesdans lesquels nous sommes cens-e-s rester enferm-e-s.i les moments dmeutes Grenoble nont pas t aussi violents qu

    Paris ou quailleurs, si les dbordements ont t plus discrets danscertaines villes qu Grenoble, il parat clair quun mme tat despritinsurg se retrouvait partout. es moyens spontans ont par ois manqupour matrialiser la rvolte. Peut-tre que des connexions vont seolidier et sinscrire dans la dure. Peut-tre que nous saurons mieux

    pren re es initiatives meutires, sans atten re que es ics eux-mmes dclenchent laffrontement (on a vu le 4 avril quils pouvaientester muets face des caillassages quand ceux-ci arrivaient dans des

    moments stratgiquement gnants pour eux).ans lensemble du mouvement, les actions directes ont t utiles.aillasser les ics, briser une vitrine ou retourner une voiture, a na pas

    forcment un impact direct sur le pouvoir en place, mais a augmentela tension, a nuit la paix sociale, a augmente limpact de notre lutte.ien sr, i reste encore p us intressant, ans a mesure u possi e, e

    cibler nos actions.

    Lillgalit comme consquence de la dsobissance

    Le refus dtre esclave est vraiment ce qui change le monde. aou aneigem, rait e savoir-vivre usage es jeunes g n rations,

    967, p.265.

    a inquance, comme so issance spontane, comme oppositionadicale la citoyennet, porte en elle la contradiction profonde de

    lorganisation des lois de cette socit. Face au mpris gnralisqui lui est renvoy sous forme passive (dsintrt massif pour la vie

    citoyenne ou la politique institutionnelle) ou active (dlits de toutesortes - meutes, sabotages, destructions, vols, conomie parallle, etc.),e pouvoir ne cesse accrotre es moyens ont i ispose pour contr er

    la population.omme le veut la trs citoyenne remarque : us vous commettrez

    dinfractions, plus ils mettront en place des moyens de contrle pourvous en empcher. Tout bon citoyen devrait aller au bout de ses ides

    tovs volent sur le lyce, o les

    individus entrent y briser un peu

    e mat rie . sera ensuite erm

    administrativement.

    ERCREDI AVRIL

    Dbut des consultations dugroupe des six, avec quatre

    syndicats historiques (CFDT,

    CGT, CFTC, FO). Ofciellement,

    ceux-ci ont r p t eur exigence

    dobtenir de lUMP le vote dune

    proposition de loi abrogeant le

    avant e 7 avri , ate es va-

    cances parlementaires. LAustralie

    dconseille ses ressortissants de

    voyager en rance.

    Nantes : blocage laube du

    March dintrt national pendant

    trois heures.

    Lannion : blocage de la Techno-

    pole Pegase, centre de recherche

    sur les tlcommunications.Poitiers : des herses aux neufs

    points acc s e a vi e retar ent

    de plusieurs heures le dmarrage

    de lactivit conomique.

    Rennes, or ent : ocage e

    routes. A Rennes, une confrence

    parodiant les clandestins (cagou-

    es, armes actices, etc.) pr cise

    ous ne dsarmerons pas, jusqu

    la satisfaction de nos revendications

    et rclame lamnistie e toutes

    les personnes interpelles depuis ledbut du mouvement (et ceux de

    novembre ?).

    Toulouse : occupation de deux

    centres e tri posta puis, a nuit,

    blocage pendant deux heures

    dun convoi routier transportant

    agnac un tronon e ir us

    A380.

    St Etienne : opration gratuit au

    p age e a ienne.

    Chambry, Lille : occupation des

    voies de chemin de fer.

    Montpellier : un local de lUMP

    est saccag et dmnag (chaise,

    tables, armoires) sur la voie pu-

    blique.Nanterre : occupation dun cen-

    tre e tri posta .

    Avignon : un bureau du Medef est

    dmnag sur la voie publique.

    JEUDI 6 AVRILPoursuite des consultations du

    groupe es six, avec a et

    le Medef le matin, la FSU, lUNSA

    et les orgas lycennes et tudian-

    tes laprs-midi. La prsidente du

    Medef dclare sa sortie l esttemps que lon retrouve la voie de la

    raison et que la France se remette en

    marche, lchant le gouvernement

    universit s oqu es et er-

    mes, 126 lyces bloqus et 350

    perturbs selon le ministre.

    Par s : occupations es voies

    de la gare de lEst et St Lazare

    le matin, de celles de la gare du

    Nord laprs-midi, qui nit pour

    une partie en tentative de bloquer

    le priphrique porte de Cli-

    gnancourt. Un bus vide est utilis

    comme blier pour forcer un bar-

    rage de CRS porte de La Chapelle.

    Une manif sauvage le soir partie deBelleville nit charge vers Ober-

    amp . ne permanence est

    saccage rue Chevet (11e) dans

    la nuit.

    Tou ouse : ocage e p usieurs

    Mouvement anti-CPE

  • 7/31/2019 Cette Semaine N89

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    5 Cette Semaine juin 2006

    o icires et conc ure par un soumettez-vous,cessez donc de vivre, qui serait du meilleureffet.

    a mocratie s est arrange pour ac eter aaix sociale avec son lot de divertissementstl, gadgets, tout le matriel du spectacle). Enajoutant a couc e participative (associations,estivals, lections, dbats avec nos sauveurses lus, etc.) [1], la gauche citoyenne a

    espr canaliser les mcontentements sociaux,ais elle na pas plus russi en cela que lese igieux et autres rcuprateurs e tous or s.

    En ralit, la solution ultime pour la coalitionEtat/capital est bel et bien la rpression et sa

    ei eure a ie : a prvention scuritaire.idologie scuritaire na pas attenduaccroissement de la dlinquance et desratiques i ga es pour ren orcer son ispositipolice, arme, milices prives, services sociaux,risons, vi o-survei ance, sate ites et autres

    contrles des moyens de communication, pucesRFID, biomtrie, etc.). A nous de renverser laemarque citoyenne prcite : us tat et es entreprises prives

    mettront en place des moyens de contrle pour nous empcher de vivreen toute illgalit, plus nous mettrons en place des moyens dy rsisteret y c apper. out-e on-ne inquant-e evrait a er au out e sadsobissance active et conclure par un insoumission ! cest maintenantque nous vivons qui serait du meilleur effet [2].

    ans e genre ana e inquance, tous es m ias se sont jetscemment sur les prtendus et controverss 300 000 euros de dgts

    commis dans la galerie des amphis (UPMF), saccage essentiellementar des graftis inscrits sur tous ses murs... Ce lieu, habituellement

    troitement limit la rception passive de cours menant les tudiant-e-s roit intgration ans un mon e priv ou onctionnaire, ansobjectif dtre toujours rentables et soumis-es, est devenu pendantne bonne trentaine de jours doccupation un lieu de vie, dchangesumains, et quoi qu on en ise, e cration et autogestion, par ois

    de cration travers la destruction (toute partielle) dun lieu de touteaon inhabitable et aux mains dun prsident dUniversit (monsieurourlet) qui reprsente lui seul tout ce quil y a de plus puant dans

    es institutions de ce monde (larrogance du pouvoir, mais aussi sonypocrisie, ses mensonges et manipu ations, par essus tout ses vo onts

    de prserver ses privilges). Qui dcide de quoi au sujet de cette galeriedes amphis ? Qui dcide de quoi dans cette universit comme dans les

    autres ? Qui dcide de quoi dans ce monde ?Quipeutdcider de quoi ?

    (...)

    es m ias, encore eux, c erc ent dcrdibilisernotre lutte en annonant partoutque les grands gagnants du mouvementanti-CPE sont Sarkozy (qui devient le seulprsidentiable envisageable pour lUMP), le

    PS (la gauche unie prote toujours aux pluspourris) et les syndicats (en particulier la CFDTdont le grand mrite serait davoir t prsent

    jusquau bout... jusquau bout de quoi ?).e que nous savons, c est que ressortons

    plus dtermin-e-s que jamais de ce mouvement.Ce mouvement, nous le prolongeons, sousdautres formes. Pendant ces semaines de lutte,dmeutes, de blocages, doccupations, nousavons vcu ce que nous c oisissions e vivre(dans la mesure ou choisir tait possible).Nous navons pas fait comme on nous a dit de

    aire. ous avons rencontr es gens avec qui nousavons des pratiques et des rexions communes, pratiques et rexionsqui tranchent avec les politiques institutionnelles