carnet d’expériences

Cloud, sécurité, adaptabilité…

QUELS USAGES HYBRIDES FONT LEURS PREUVES EN 2019 FACE À L’EXPLOSION DES VOLUMES DE DONNÉES ?

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Avant-propos �� 5

Introduction �� 6

Chiffres clés ��7

Interviews

Gilles de Richemond �� 9 group chief information officer d'AccorHotels

Francois Raynaud �� 12 chief information officer d'EDF Commerce

Alain Merle ��15 directeur du programme « Transformation des centres informatiques » à la DINSIC

Michel Spiri ��18 directeur des systèmes d’information de la Banque de France

Christophe Bougot ��21 technology and cloud systems Alliances & Channel director d'Oracle France

Verbatim �� 24

La maîtrise du cloud vu par l’écosystème Partenaires Oracle

Arnaud Faivre �� 25 directeur commercial IDM (infrastructure & data management) France d’Atos

Thierry Loubes �� 26 directeur général adjoint de Digora

Olivier Renaud �� 27 président d’Easyteam

À propos d’Oracle �� 28

À propos d’Alliancy �� 29

La collection « Les carnets d'expériences » d'Alliancy �� 30

Remerciements �� 31

| 3

Avant-propos

4 | AVANT-PROPOS

AVANT-PROPOS | 5

Nous assistons aujourd’hui à une véritable lame de fond de transformation, qui touche toutes les entreprises, dans toutes les industries. Dans un monde devenu numérique, nous avons tous constaté l’augmentation massive des volumes de données collectées, croisées et exploitées par les organisations. Ces données nourrissent des rythmes d’innovations toujours plus rapides, notamment grâce aux facilités technologiques comme celles offertes par le cloud.

Mais au-delà des aspects techniques, ce que nous voyons surtout, ce sont de nombreuses organisations qui redoublent d’audace pour adopter de nouveaux modèles d’activité et de nouvelles façons de fonctionner. Les entreprises réin-ventent littéralement leurs métiers et créent des services qui viennent améliorer notre vie à tous. La France participe pleinement à ce mouvement, car contraire-ment à ce que l’on entend parfois, elle est forte de son CAC 40, de structures pu-bliques prêtent à se remettre en question, et d’entreprises « tech innovantes » qui redéfinissent les services fournis aux Français et à tout le paysage économique.

Donner la parole aux acteurs qui sont à l’interface de ces sujets technologiques, business et de société, ne nous a donc jamais paru aussi important. À l’occasion du Grand dîner Alliancy « Maîtriser le cloud » dont Oracle était le partenaire, nous avons eu la chance de pouvoir réunir des témoignages inspirants et de débattre des chantiers ambitieux lancés par des organisations diverses. Ces riches échanges ont permis de faire le lien entre les choix cloud et data qui se font aujourd’hui dans de nombreuses structures, et les stratégies qui donnent du sens aux transformations. Ces débats ont également mis, de façon résolue, l’humain au cœur des sujets technologiques !

Je vous propose, à travers les pages qui suivent, d’en découvrir la synthèse.

Karim ZeinlVP technology - Oracle France

DR

6 | INTRODUCTION

oilà plus d’une décennie que la question taraude les directions des systèmes d’information des grandes organisations : quelle place doit tenir le cloud dans un SI en pleine recomposition ?

Aux arguments simplistes sur les gains éco-nomiques directs ont succédé ceux plus fins sur la valeur apportée en matière d’innova-tion, d’expérimentation et d’agilité. Personne ne remet d’ailleurs en cause aujourd’hui les avantages du cloud et la « puissance » à la-quelle il donne accès. Reste que la question de sa place exacte dans le SI, elle, persiste, car du cloud public au cloud privé, de nom-breuses réalités coexistent.

« Dans notre vision, le cloud ne peut être

qu’hybride, pour des raisons économiques

d’abord, alors que le marché du cloud public

est loin d’être stable, mais aussi pour accom-

pagner la réalité de legacy en perpétuelle évo-

lution. », témoigne ainsi Gilles de Richemond, DSI du groupe Accor, qui explique comment les choix réalisés ont pu servir la transforma-tion du business model de l’hôtelier (voir p. 9).

Dans les faits, l’hybridation semble être en effet l’orientation retenue par toutes les organisations, justement à des fins de maî-trise. Les systèmes d’information s’ouvrent et se complexifient beaucoup plus vite au-jourd’hui et composent avec une augmenta-tion drastique des volumes de données, uti-lisées pour donner naissance à de nouveaux services innovants. Dans ce contexte, les DSI doivent pouvoir conjuguer capacité d’an-

ticipation face à des changements rapides, sans pour autant trancher brutalement dans la confiance qu’incarne leur système d’infor-mation pour leurs activités critiques. La ques-tion de la sécurité, de la responsabilité et de la maîtrise des données n’a jamais été aussi aiguë. « Nous avons eu plusieurs expériences

de production en cloud qui se sont soldées

par un rapatriement forcé des plateformes

concernées dans nos datacenters ; mais nous

tentons de tirer toutes les leçons de notre

vécu. » a rappelé ainsi François Raynaud, DSI d’EDF Commerce lors du dernier Grand dîner Alliancy, placé sous le thème : « Maîtriser le cloud ». Des expériences précieuses alors que son entreprise a lancé un vaste programme d’hybridation des SI en 2019 (voir p. 12).

Pour Christophe Bougot, technology and cloud systems Alliances & Channel director pour la France d’Oracle-entreprise dont l’ADN « data » a fait prendre une place essentielle sur le marché du cloud quelle que soit la forme de celui-ci, la plupart des organisations sont en train de basculer à des niveaux de maturité supérieurs. Aux phases de « cloudi-fication » vont se succéder dorénavant des phases dites « autonomous » pour permettre de mieux gérer les données dans les entre-prises en transformation rapide (voir p. 21). Et comme en témoignent les partenaires d’Oracle qui ont apporté leur éclairage dans ce carnet, c’est bien tout un écosystème qui s’est organisé pour permettre aux entreprises de rester en maîtrise de cette transformation, en faisant mieux résonner les stratégies cloud et data en 2019. Dorian Marcellin, journaliste - Alliancy

V

CHIFFRES CLÉS | 7

1,7mégaoctets Nombre de données produites par personne et par seconde à horizon 2020.

51 %Part des entreprises françaises qui disent intégrer un projet « big data » dans leur stratégie data en 2019.

383Marché global du cloud public prévu pour 2020, fort d’une croissance annuelle stable d’environ 15 %.

75 %Part des entreprises qui favorisent le cloud hybride pour des raisons économiques.

3,4Nombre moyen de clouds, du public jusqu’au privé, dans lesquels les organisations font tourner des applications. En moyenne, elles expérimentent avec 1,5 cloud supplémentaire, pour un total de 4,9 clouds.

7sur 10Nombre d’entreprises qui déclarent augmenter d’une année sur l’autre l’utilisation de services cloud autour de données critiques de leur business.

+250 %La croissance entre 2018 et 2020 du nombre d’organisations qui mettent plus de la moitié de leurs données dans le cloud.

82 %Part des utilisateurs de cloud à avoir connu des incidents de sécurité du fait de confusions autour des modèles de responsabilité partagée de la sécurité.

milliards de dollars

Sources : Oracle / KPMG / Gartner / TechPro Research / IDC

8 | ACCORHOTELS

ACCORHOTELS | 9

Depuis plusieurs années, le groupe Accor transforme massivement son activité, jusqu’à changer son business model lui-même. Gilles de Richemond, CIO groupe, détaille les éléments sur lesquels la stratégie cloud de son entreprise s’est forgée pour mieux accompagner cette transformation.

L’an dernier pour accélérer sa transformation, votre groupe a acté son changement de modèle économique. Quelle est son ambition stratégique ? Le groupe a mené à bien le programme consistant à devenir un « service provider » en vendant les « murs » de nos hôtels. Nous avons ainsi complètement adopté un modèle « assets light » pour assumer une logique où nous valorisons nos services auprès des pro-priétaires et franchisés. En parallèle, nous continuons une forte transformation digi-tale centrée sur la maîtrise de l’expérience client de bout en bout, et pas seulement lors du séjour ou dans la chambre. Nous accen-tuons également la personnalisation : nous ne voulons pas être dans une logique d’un parcours type qu’on fait évoluer à la marge pour chaque client. Il nous faut une multitude de parcours uniques. C’est un challenge en termes de réalisation concrète car cela néces-site des synergies très fortes entre différents métiers, entre de nombreuses technologies et entre les mondes physique et numérique.

Quel rôle joue le cloud dans cette transformation ? Au service de cette stratégie, la DSI travaille notamment sur plusieurs grands axes.

« L’hybride est une évidence face aux enjeux économiques, de legacy, ou encore de performance et de localisation des données. »

Gilles de Richemond, group chief information officer d'AccorHotels

« Il faut se laisser la possibilité d’aller chercher les fonctions avancées des cloudeurs. »

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10 | ACCORDHOTELS

D’abord, le CRM-Loyalty avec un affinage de la connaissance client pour tendre vers cette unicité de chaque parcours. Nous travaillons donc aussi énormément sur la data, qui est un enjeu clé de notre activité de service pro-vider. De même, il nous faut développer et harmoniser nos canaux web et mobile no-tamment, pour qu’ils fassent mieux le lien avec le monde physique. Nous avons aussi un fort enjeu sur le paiement worldwide, pour déployer partout dans le monde des mé-thodes de paiement « local », sans couture. Enfin, plus généralement le développement de solutions et outils pour les hôtels est un point extrêmement fort, car chez Accor, l’IT est l’un de nos cœurs de métier. Pour chacun de ces axes, le cloud peut être un accéléra-teur. Et dans notre vision, il est forcément hybride.

Quels sont vos points d’attention pour maîtriser la démarche cloud hybride du groupe ? L’hybride est une évidence car il faut conti-nuer à faire vivre le legacy que nous ne ferons pas disparaître en quelques mois. Pour être plus précis, il faut être réaliste : le legacy est une réalité en perpétuelle évo-lution et ce que nous bâtissons aujourd’hui sera notre legacy dans quelques années. Plutôt que de vouloir penser tout le temps « à neuf », il faut trouver les modes de fonctionnement qui permettent une trans-formation permanente. Le cloud hybride s’impose aussi pragmatiquement pour des raisons économiques. Pour schématiser, la location est plus chère que l’achat sur le long terme. D’autant plus que le marché cloud public est loin d’être mature, avec des prix instables. Il faut donc être prêt à s’adapter à des réalités très différentes se-lon les usages, car la transformation d’une entreprise n’est pas qu’une question de gains à court terme.

Qu’en est-il du lien entre votre stratégie cloud et l’évolution de votre gestion des données ? Effectivement, chez Accor, vient se greffer en plus, l’enjeu de performance et de locali-sation des données. Notre métier a une em-preinte mondiale, d’un point de vue digital mais aussi physique ! Ce caractère interna-tional, décentralisé, implique de savoir dé-livrer localement la performance auprès de chaque hôtel, ce qui est un enjeu technique. À cela, s’ajoute la nécessité de prendre en compte la localisation des données en tant que telles pour respecter chaque législation nationale. Cette problématique nous pousse à exploiter intelligemment toutes les possi-bilités du cloud, sous ses différents aspects. Ainsi, la centralisation des données, qu’elles soient « clients » ou de distribution, n’em-

les 3 points clés

La stratégie cloud hybride doit intégrer l’existence permanente du legacy, en évolution, plutôt qu’à un instant T. Les stratégies de centralisation de données, clients ou de distribution, peuvent coexister avec des réplications décentralisées dans le cadre d’une stratégie hybride. Vouloir à tout prix rester agnostique technologiquement peut créer un « nivellement par le bas », en se privant d’innovations très pointues.

pêche pas des réplications déportées dans les pays. Les modèles doivent coexister. Et c’est justement ces différentes combinai-sons au cas par cas qui font la force d’une approche hybride maîtrisée. Il ne s’agit pas d’avoir un « optimum » théorique sur le pa-pier, mais plutôt de savoir assurer l’exploi-tabilité réelle et complexe face à de nom-breuses contraintes croisées.

Cela limite-t-il l’accès aux possibilités d’innovations offertes par le cloud ? Non, à condition d’avoir plusieurs points de vigilance. Le premier est d’éviter bien en-tendu de développer le symptôme du « plat de spaghetti », en empilant des couches et des approches différentes. Les arbitrages autour du cloud doivent être fins, au niveau de chaque projet, mais ouvrir la voie à une cohérence globale. Autre point clé : il faut se laisser la possibilité d’aller chercher les fonctions avancées des « cloudeurs », au-tour de l’automatisation, du traitement de la donnée, de l’intelligence artificielle, qui sont souvent disponibles sur catalogue et très pratiques pour accélérer les projets. En effet, quand on veut rester absolument agnostique, il est possible, sans y faire at-tention, de créer un nivellement par le bas en se privant des spécificités très pointues des innovations développées par ces ex-perts en technologies. Mais dans le même temps, il est nécessaire de toujours maîtriser la réversibilité, car ces innovations peuvent avoir tendance à « souder » au fournisseur de cloud, la fonction et l’applicatif. Le SI se retrouve alors en situation de dépendance. C’est pourquoi maîtriser son chemin vers le cloud passe par la définition d’une doctrine précise, qui adresse objectivement chacun de ces points.

L'INFO EN +Le groupe hôtelier Accor a indiqué, lors de l’annonce de ses résultats en avril 2019, avoir connu une « croissance organique record » alors que son chiffre d’affaires a augmenté de 34,2 % en 2018, pour atteindre 987 millions d’euros. Les acquisitions, notamment des groupes Mantra et Mövenpick, ont également eu un impact largement positif sur le CA. Accor met en œuvre sa stratégie, notamment pour améliorer encore le RevPAR, c’est-à-dire le revenu par chambre disponible, aujourd’hui autour de 3 %.

12 | EDF COMMERCE

François Raynaud est le directeur des systèmes d’information et responsable de traitement (RGPD) d’EDF Commerce. L’attention portée par l’entreprise sur la fiabilité industrielle de son système d’in-formation ne l’empêche pas d’emprunter le chemin vers le cloud. Celui-ci se déploie cependant sous conditions d’éligibilité et de contrôle. François Raynaud revient sur les orientations prises en 2019.

Quelle place tient le cloud pour votre DSI aujourd’hui ?Comme beaucoup d’entreprises, nous avons développé progressivement l’usage du sof-

tware as a service (Saas) sur des petits ser-vices innovants en expérimentation, puis en production, et depuis un peu plus d’un an sur certains applicatifs cœur, notamment notre CRM B2B. Au-delà du Saas, nous ex-plorons aussi les opportunités des autres natures de Cloud (Iaas, Paas…) et lançons l’hybridation plus globale de notre système d’information avec l’appui de nos collègues des Services partagés IT du groupe. Cette hybridation suppose une approche à la fois volontariste, pragmatique et performante pour nos clients et nos métiers. Nous devons ainsi trouver des réponses à une double équation. D’une part, nous avons identifié sept critères de valeur potentielle à étudier pour chaque service / application à mettre en cloud : Time to value, Innovation, (dé)scalabilité, niveaux de service, standardisa-tion, sécurité et variabilisation / optimisation des coûts. D’autre part, nous savons que le cloud peut se révéler un piège financier ou

« Notre parti pris Time to value est une vision de long terme, sur le cloud et la gestion des données. »

François Raynaud, chief information officer d'EDF Commerce

« Nous avons adapté notre organisation en réduisant nos niveaux hiérarchiques via un passage en matriciel préparant le DevSecOps. »

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en termes de dépendance. Donc, nous cher-chons à maximiser la valeur tout en sachant changer de fournisseur ou revenir dans nos datacenters si nécessaire. C’est cet équilibre qui s’impose dans notre stratégie, avec la coexistence de certains usages de cloud et d’autres liés à notre modèle d’exploitation actuel, où certes l’industrialisation n’est pas encore la même que sur un grand cloud pu-blic, mais où notre maîtrise des risques reste plus aisée pour l’instant. Quels sont les arbitrages que vous avez dû faire en ce début d’année ?

Les expérimentations que nous avons me-nées en direct ou via des partenaires, nous ont convaincus que le cloud était un domaine « à part entière et différent » de l’informatique on-premise. Le premier investissement est donc sur le programme de formation néces-saire et de « transformation culturelle » pour que nos équipes abordent efficacement le cloud et en faisant parfaitement la différence

avec le monde « on-prem’ » qui perdurera. Par ailleurs, nous avons eu plusieurs expériences de production en cloud qui se sont soldées par un rapatriement forcé des plateformes concernées dans nos datacenters. Nous ten-tons donc de tirer toutes les leçons de notre vécu.Au-delà des formations dont je viens de par-ler, notre actualité est le lancement de quatre projets cloud : deux sur des applications exis-tantes et deux sur des services « à créer ». Notre référence pour les arbitrages, c’est le « Time to value » qui va plus loin que le « Time to market ».

C’est-à-dire ? Avoir une vision « Time to value » veut dire avoir une vision de long terme de la valeur « récupérable ». Je pense que c’est particuliè-rement important pour faire des choix autour des usages cloud. Chacun a ses objectifs et contraintes. Dans notre cas, vu notre périmètre d’activités, nous recherchons plus

L'INFO EN +Dans le cadre des évolutions « en maîtrise » des entreprises vers le cloud, François Raynaud insiste sur l’importance des évolutions culturelles et de mode de travail ; il pointe notamment le rôle fondamental du DevSecOps : « Il n’est tout simplement plus possible aujourd’hui de penser les applications, les services ou la gestion des données, ainsi que le rôle des métiers ou des équipes des Services partagés IT du groupe de la même manière qu’avant. Le DevSecOps est donc un vrai changement culturel et de responsabilité dont nous faisons une approche globale au sein d’EDF sous le pilotage de notre DSI groupe ».

EDF COMMERCE | 13

la garantie d’un fonctionnement industriel, éventuellement en 24/7/365 et la possibilité d’un « plan B » en cas de problème plutôt que la « dernière innovation technologique ».

Quelles sont les clés qui vous permettent de rester serein et de faire vos choix face aux possibilités très diverses que l’on trouve sur le marché ? D’abord, notre jeunesse dans le cloud nous force à une très grande humilité. Par ailleurs nous avons à traiter l’écosystème SI exis-tant dans son ensemble. Nos choix, qu’ils concernent le cloud, le Saas ou le on-premise, doivent prendre en compte notre équation globale et surtout pas un optimum local limi-té. En clair, nous avons un existant « consé-quent » que nous devons transformer de ma-nière volontariste mais en restant « bon père de famille ».C’est d’autant plus important alors que tout change vite : vouloir profiter d’une accélé-ration ne doit pas entraver la pérennité de l’ensemble du SI. Nous nous refusons à être mono-fournisseur ou à nous engager sur des technologies « exclusives » qui pourraient nous conduire dans une impasse technolo-gique. Il en va de même avec la gestion de nos données, qui implique que nous devons toujours pouvoir bénéficier d’une garantie de sécurité et de réversibilité.

Vous êtes-vous réorganisés pour mieux tenir compte de ces enjeux ? Après être passés en Agile puis Agile à l’échelle et maintenant Agile industrielle, nous avons adapté notre organisation en réduisant nos niveaux hiérarchiques via un passage en matriciel préparant le DevSecOps et asso-ciant progressivement nos collègues métiers

et nos collègues des Services partagés IT du groupe. À cette occasion, nous renforçons aussi nos compétences internes (qualitative-ment). Par exemple, nos architectes et ingé-nieurs sécurité se transforment pour devenir des forces d’architecture d’entreprise et de cyber protection capables de nous projeter dans l’avenir en ayant en permanence un plan B activable rapidement et en minimisant nos risques de crises IT ou cyber (renforcement des approches « xx by design »). Ce sont des compétences clés que nous allons tenter de faire rayonner bien au-delà des équipes SI pour vraiment développer la culture et les ré-flexes « cloud by design » dans les métiers.

14 | EDF COMMERCE

les 3 points clés

Le cloud étant un domaine à part entière et différent : les premiers investissements pour sa maîtrise doivent être sur la formation et l’acculturation. L’ère actuelle du cloud pousse à une grande vigilance vis-à-vis de la dépendance à des technologies « exclusives » et des approches mono-cloud. Un bon indicateur de changement est l’émergence des réflexes « cloud by design » au sein des métiers.

DINSIC | 15

Alain Merle est en charge du programme de transformation des centres informatiques mené par la Direction interministérielle du numérique et du système d'information et de communication de l'État (DINSIC). Depuis 2013, la modernisation de l’offre d’héberge-ment et la migration sur le cloud des systèmes d’information des ministères s’effectuent en parallèle. Un chantier aux multiples enjeux qui s’étendra encore sur les 5 prochaines années.

Comment ont évolué les objectifs du programme que vous menez à la DINSIC depuis son lancement en 2013 ? L’objectif n’a pas changé, il s’agit principale-ment de réduire le nombre de centres-ser-veurs ! Il nous faut moderniser, rationaliser et éviter que les ministères mènent leur trans-formation en mode silo. Nous avions 160 da-tacenters en 2013 ; l’objectif est de n’en avoir plus qu’une vingtaine à l’horizon 2023-2024. Nous avons parcouru la moitié du chemin aujourd’hui : l’État s’appuie encore sur 80 da-tacenters, mais un travail important a été ac-compli. Nous savons que les clés du succès pour un tel programme s’appuient sur une stratégie partagée avec l’ensemble des mi-nistères et le développement d’une véritable offre de services pour favoriser les usages. La réduction du nombre de datacenters et la construction de plateformes cloud ne sont pas une fin en soi. L’objectif est bien d’accom-pagner les ministères dans la transformation numérique et d’améliorer le fonctionnement des entités de l’État. La DINSIC favorise ainsi la mise en œuvre de projets de mutualisation.

« Des services comme France Visa démontrent la pertinence des approches hybrides. »

Alain Merle, directeur du programme « Transformation des centres informatiques » à la DINSIC

« L’objectif est avant tout de garantir l’interopérabilité, la réversibilité, et l’évolutivité. »

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Ce chemin est-il plutôt cloud public, privé ou hybride ? Nous avons ouvert nos premiers services sur une offre de cloud interne, en nous appuyant sur les chantiers cloud portés notamment par les ministères de l’Intérieur, des Finances et de l’Agriculture. Il s’agit d’héberger des services métiers sensibles, ce qui explique ce choix. Mais de manière plus globale, l’objectif est avant tout de garantir l’interopérabilité, la réversibilité et l’évolutivité, en nous appuyant sur des technologies qui nous permettent de rester agnostiques. Nous utilisons donc de façon importante l’open-source pour y parvenir, quelle que soit l’approche. Nous n’imposons pas un point de vue unique sur le cloud. C’est de la responsabilité des maîtrises d’ouvrage ministères d’utiliser les ressources cloud qui correspondent le plus à leurs be-soins, en fonction notamment de la criticité des données concernées… Des ministères ont fait le choix du cloud comme levier, en cohérence avec la volonté de transforma-tion et d’innovation portée par l’État. Il y a un dynamisme dans nos organisations au-

tour de l’innovation, de l’incubation, de l’in-trapreneuriat, qui encourage à se lancer aussi dans l’utilisation de services de cloud inno-vants, de nouvelles briques technologiques. Cela coexiste naturellement avec la gestion de l’existant et des enjeux de maîtrise de la donnée. En termes de maturité, je pense que nous sommes sortis des seules phases d’ex-périmentations et que de véritables migra-tions s’engagent. L’enjeu est alors de s’assu-rer du bon usage des clouds publics et privés versus le legacy.

Quel impact a eu ces dernières années l’explosion du volume des données sur vos choix stratégiques ? La capacité des infrastructures intermi-nistérielles à faire face à l’augmentation du volume de données des applications nationales pouvait constituer un sujet d’inquiétude, mais au global, si la masse des données grossit, ce n’est dans notre cas dans des proportions considérables. Heureusement ! La densification des in-frastructures nous permet donc de gérer

16 | DINSIC

Les 3 points clésRéduire le nombre de datacenters de l’organisation n’est pas une fin en soi, il faut réussir à transmettre du « sens » à cette transformation.

Plus qu’en termes de pure volumétrie, la pression sur la data vient des besoins croissants en analytics.

Des projets « porte-étendards » permettent de prouver l’intérêt des démarches de transformation cloud & data.

cette augmentation capacitaire, notam-ment parce qu’une grande partie des don-nées est avant tout hébergée par des enti-tés externes sous tutelle des ministères et elles n’ont pas vocation à être mutualisées réglementairement. Toutefois, le besoin en matière d’analyse et de maîtrise des coûts se fait de plus en plus fort. Les nouveaux services d’hébergement proposés doivent donc tenir compte de cet objectif et rester performants.

Quels sont les porte-étendards qui vous permettent de démontrer l’efficacité de vos choix ? Différents projets sont vraiment de bons ambassadeurs de nos démarches. France Connect tout d’abord, qui rencontre un suc-cès considérable tant auprès des citoyens que des ministères. Nous hébergeons aus-si sur nos plateformes interministérielles le Geoportail de l’IGN, ce qui est assez emblé-matique en termes de volume de données et d’usage. En termes de criticité, NexSis, le logiciel national pour les centres d’appels d’urgence, qui permet la gestion des alertes et des opérations pour les pompiers, sera déployé dès 2021. D’autres projets nous permettent de démontrer la pertinence des choix hybrides : il en va ainsi du ser-vice France Visa dont une partie est basée sur le cloud interne, pour le back office de traitement des dossiers, et l’autre, basée sur un cloud externe, pour le front office qui s’adresse aux usagers. Le principal point d’attention reste le respect des exigences de sécurité, avec notamment un usage de canaux VPN chiffrés pour la transmission des données d’un cloud à l’autre. Nous ne prenons aucun risque avec les données.

L'INFO EN +Fin 2018, Nadi Bou Hana a remplacé Henri Verdier, devenu ambassadeur de la France pour le numérique, en tant que nouveau directeur interministériel du numérique. Les deux hommes partagent un profil d’entrepreneur, même si Nadi Bou Hana met également en avant sa casquette de haut fonctionnaire. Sa feuille de route, dévoilée en avril, parie sur l’accélération de la transformation avec « tech.gouv », une stratégie basée sur six axes : la simplification, l'inclusion, les économies, l'attractivité, la maîtrise et les alliances.

18 | BANQUE DE FRANCE

Michel Spiri est le directeur des systèmes d’information de la Banque de France. La stratégie de la banque centrale de s’imposer comme service provider au niveau européen s’appuie notamment sur un cloud privé qui lui permettra d’hybrider progressivement son système d’information. Il décrit le che-min parcouru par l’institution et les étapes qui restent à franchir.

Quels sont les principaux axes de transformation de la Banque de France en 2019 ? Notre stratégie n’a pas changé. Le pre-mier axe sur lequel la Banque de France se concentre est d’être un service provider pour d’autres institutions, françaises comme la Caisse des dépôts, mais aussi et surtout pour d’autres institutions au sein de l’Euro-système. Le deuxième axe stratégique est évidemment celui de la sécurité, qu’aucune des transformations technologiques de notre écosystème ne doit venir affaiblir. À ce titre, nos obligations dépassent de loin le RGPD : nous manipulons des informations extrêmement critiques, liées aux activités diplomatiques, aux opérations sensibles de l’État ou aux transports de fonds. Dans ce contexte, à quel point vous est-il possible de vous appuyer sur le cloud ?

Le phénomène du cloud nous intéresse au même titre que de nombreuses organisa-tions, pour certaines de ses caractéristiques technologiques : souplesse, normalisation… Mais nous sommes vigilants sur les impératifs de maîtrise et de sécurité. D’autre part, nous

« Notre cloud facilite l’ouverture sur le cloud public et se veut le cœur d’un vaste cloud privé au sein de l’Eurosystème. »

Michel Spiri, directeur des systèmes d’information de la Banque de France

« Du côté du marché, nous avons vu une réelle montée de la maturité en 3 ou 4 ans »

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disposons de deux datacenters Tiers IV tout neufs, qui nous permettent d’être un service provider à part entière. Économiquement, plus nous les utilisons, plus c’est intéressant. Nous privilégions donc une approche de cloud privé, qui a deux vocations : faciliter l’ouverture sur le cloud public, en hybridant notre système d’information, et être le noyau d’un cloud privé plus vaste entre les banques centrales au sein de l’Eurosystème. Avec l’Al-lemagne, l’Italie et l’Espagne, la France est en effet le seul membre à avoir les capacités de production informatique pour espérer fournir ce service aux autres entités.

A quel rythme se déroule ce « chemin » vers le cloud pour rester en maîtrise ? Ce projet, intitulé « Éclair », est opérationnel depuis plus d’un an. Nous n’avons pas voulu passer par la case POC, le concernant. Nous voulions monter à l’échelle industrielle au plus vite. Nous avons donc mis d’office en pro-duction deux applications très sensibles et stratégiques à l’automne 2018. La première, européenne, gère le pricing du collatéral, c’est-à-dire la contrepartie fournie par les banques commerciales en contrepartie du financement auprès de la banque centrale. L’autre, nationale, permet de gérer les réserves d’or du pays.

Quelle est l’étape suivante ? Nous renforçons le mouvement et nous allons mettre prochainement en place notre datalake interne à partir du même socle. Toutes les don-nées, auparavant silotées et issues de la direc-

tion générale des statistiques, la direction des études, la supervision bancaire (ACPR) et la direction des opérations (tenue de compte, salles de marché)… vont être réunies pour fa-ciliter les études transversales basées sur des volumes beaucoup plus importants. Cela nous permettra ensuite d’introduire des usages de machine learning et d’automatisation pour trouver des signaux faibles et mieux anticiper des événements comme les crises financières par exemple. À plus court terme, notre objec-tif 2019, est de consolider notre cloud et de rechercher des alliances au sein de l’Eurosys-tème. Le board de la Buba* nous a d’ailleurs récemment sollicités sur le sujet. Et nous coex-ploitons d’ores et déjà certains services avec nos collègues espagnols, autour des salles de marché par exemple.

Le marché du cloud vous paraît-il suffisamment mature aujourd’hui pour répondre aux différents besoins d’une organisation comme la vôtre ? Pour notre cloud interne, nous nous appuyons effectivement sur des technologies référentes, de conteneurs, comme le font les grands provi-ders. Un signe de maturité est l’idée d’accepter que les architectures ouvertes qui se forment aujourd’hui permettent de s’appuyer sur de multiples partenaires et d’évoluer facilement dans le temps. À ce titre, du côté du marché, nous avons vu une réelle montée de la maturité en 3 ou 4 ans. Des acteurs référents comme VMware et Oracle abondent dans le sens de nos choix, basés sur des approches

L'INFO EN +La Banque de France a été créée il y a plus de 200 ans, mais elle continue de se transformer et de porter son regard sur l’innovation. Preuve de son engagement sur les évolutions technologiques majeures, elle a annoncé en 2019 plusieurs dizaines de nouveaux recrutements d’ingénieurs, DevOps et spécialistes en cybersécurité, cloud, big data… mais aussi sur les sujets de management de projet agile et d’architecture du SI. Le tout en s’appuyant sur des formats originaux de job dating, guerre des talents oblige.

BANQUE DE FRANCE | 19

*Deutsche Bundesbank, la Banque fédérale d‘Allemagne

12 | EIFFAGE20 | BANQUE DE FRANCE

hybrides maîtrisées. Le tsunami cloud public n’a pas eu lieu et les grandes DSI, tout comme ces providers, développent aujourd’hui des approches beaucoup plus pragmatiques, avec des arbitrages au cas par cas sur les différents usages cloud.

Quels vous paraissent être les meilleurs critères de choix sur ces différents usages ? Il faut commencer par accepter que si l’on peut avoir les avantages du cloud en ma-tière de provisionning, d’agilité… en hybride, on n’est pas pour autant à la recherche d’un pure « optimum économique » qui viendrait des seules économies d’échelles, à l’image des gigantesques clouds publics. Cela dit, le principal critère de choix reste la ségrégation de données. Il faut avoir une vision claire de toutes ses données et de ce qu’on met à l’ex-térieur ou non. En théorie c’est simple, mais la réalité est qu’il reste très compliqué de les « signaler » au SI en tant que telles. Tout l’enjeu est donc d’avoir un pilotage souple et fin. Cela relève presque de la théorie des ensembles : ce n’est pas juste des bulles de données critiques ou non-critiques, que l’on exporte ou pas. Entre différents ensembles de données très différentes, il existe en réalité des intersections et des recouvrements autour de certains usages, qu’on ne peut pas simplifier artificiellement ! Il faut donc savoir localiser, chiffrer, anonymiser… pour pouvoir mélanger et analyser de plus en plus de données à l’ex-térieur du système d’information sans com-promettre la sécurité.

les 3 points clés

Des choix passés, comme l’acquisition de datacenters Tiers IV dernier cri, conditionnent le chemin vers le cloud autour d’une vraie stratégie hybride. Pour monter rapidement à l’échelle industrielle, l’objectif de mises en production rapides d’applications sensibles et stratégiques fait plus la différence qu’un POC supplémentaire. La théorie d’une analyse de données de façon de plus en plus transversale se heurte bien souvent à la réalité : les ensembles de données se recouvrent, se recoupent et tout classement trop simpliste sera donc artificiel.

À quel point les stratégies cloud des en-treprises s’alignent-elles sur leur stratégie « data », dans un contexte d’explosion du volume des données ? Christophe Bougot, technology and cloud systems Alliances & Channel director d’Oracle France, détaille la vision de son entreprise, observatrice privi-légiée des transformations en cours.

Pourquoi l’année 2019 est-elle essentielle quand on aborde la question du chemin de transformation des entreprises avec le cloud ?Toutes les entreprises se retrouvent face à une réalité que l’on peut chiffrer. En moins de 5 ans, le volume des données au niveau mondial a doublé ! Ce contexte est un point d’attention pour Oracle, car 45 % des données des entreprises dans le monde s’appuient sur nos bases de données. Nous avons donc pu constater directement cette explosion du vo-lume et les problématiques que cela implique pour de nombreux clients. C’est un mouve-ment de fond lié de près à la transformation des activités avec le numérique. En 2019, on voit nettement une progression en termes de maturité sur le sujet, tant au niveau des stra-tégies mises en place par les entreprises, que des possibilités technologiques qui s’offrent à elles.

Comment décryptez-vous la maturité des entreprises sur cette question ?D’un point de vue global, nous avons identifié quatre phases aux périmètres bien définis, par lesquelles les clients prennent le sujet de leur stratégie de transformation, et qui sont

« Au-delà de la cloudification de la gestion des données, nous arrivons à des niveaux de maturité permettant une approche autonomous. »

Christophe Bougot, technology and cloud systems Alliances & Channel director d'Oracle France

« Autour du cloud, la relation avec nos partenaires a beaucoup changé et leur time-to-market également. »

ORACLE FRANCE | 21©

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autant de niveaux de maturité. Nous avons articulé en conséquence notre propre socle technique autour d’autant d’étapes. Pour être plus précis, les entreprises commencent tout d’abord par une phase et une ambition de standardisation de leur socle technologique. C’est un travail de rationalisation qui est fait autour de la donnée, face aux contextes où celle-ci est régulièrement « atomisée » dans les organisations. Vient ensuite une phase de consolidation. Il s’agit pour les entreprises d’entrer dans des logiques qui permettent la centralisation des infrastructures. L’objectif est de permettre davantage d’automatisa-tion, plus de fiabilité dans les fonctionnements 24/7, en plaçant littéralement le système déci-sionnel au cœur de leur fonctionnement.

Les entreprises repensent donc d’abord la gestion de leurs données en tant que telles ; mais qu’en est-il du lien qu’elles font entre cette stratégie « data » et leur stratégie cloud ?Ce lien s’incarne dans la 3e phase de matu-

rité. Nous l’appelons « cloudification » : elle correspond pour l’entreprise à la recherche de l’élasticité, d’une meilleure gestion des pics d’activité et de déploiements plus ra-pides, y compris à l’international. Le cloud y apporte des réponses nettes. Toutefois, beaucoup d’organisation s’interrogent alors : cloud privé, public, hybridation pragmatique ? Comme elles, notre parti pris est de ne pas être dogmatique. Nos plateformes Exadata sont disponibles dans notre cloud public, en mode on-premise ou encore pour favoriser les stratégies hybrides dans notre mode « Cloud at Customer ».

De quoi s’agit-il ?Avec Cloud at Customer, Oracle s’occupe de la gestion de toutes les « couches basses » et du hardware, tout en restant derrière les firewalls des clients, que ce soit chez eux ou chez un partenaire hébergeur. Nos clients peuvent ainsi se concentrer sur les couches applica-tives, tout en s’assurant qu’ils ont la maîtrise des environnements à leur disposition. Cette approche est nécessaire car de nombreuses

22 | ORACLE FRANCE

L'INFO EN +L’importance de la qualité de l’écosystème partenaires pour améliorer la maîtrise du cloud des entreprises a été bien compris par Oracle. En 2018, à l’occasion de ses Oracle Partners Days, le groupe a récompensé plusieurs de ces acteurs clés. Parmi eux, Digora (partenaire de l’année IaaS France), Easyteam (partenaire de l’année Systems France – Exalogic, Exadata, Cloud Machines) et Atos (partenaire de l’année Service Provider France) ont participé aux débats du Grand dîner Alliancy « Maîtriser le cloud » qui s’est tenu au printemps 2019.

ORACLE FRANCE | 23

Les 3 points clésLes transformations menées en 2019 ont l’avantage de pouvoir s’appuyer sur des niveaux de maturité supérieurs, tant au niveau des équipes que des technologies dans les entreprises.

Maîtriser son chemin vers le cloud passe souvent par une maîtrise de la donnée et des migrations/transformations de bases de données.

Les progrès des technologies cloud sont intimement liés à l’accès à des innovations pour les bases de données, jusqu’au datalake, notamment sur des usages concrets de l’intelligence artificielle.

organisations ont des problématiques de maîtrise de leurs données et de leur chemin vers le cloud, que ce soit pour des raisons ré-glementaires, de sécurité ou tout simplement d’activité. Or, les bases de données les plus importantes ne sont pas celles qui vont le plus facilement dans le cloud public, si elles n’y sont pas nées… Ne serait-ce qu’à cause des problématiques de réseau !

Quelle est l’étape de maturité suivante ?Il s’agit des approches de type « autono-mous ». Pour les grands volumes de don-nées – les « datalakes » – les temps de ré-ponse deviennent souvent problématiques pour assurer les activités temps réel dont a besoin une entreprise. Les opérations de maintenance deviennent de plus en plus coû-teuses. Il faut donc avoir la maturité straté-gique et technologique pour anticiper. Grâce à de l’intelligence artificielle, une approche « autonomous » fait en sorte que le data-lake « comprenne » à quelle période il est particulièrement sollicité et va préparer ses requêtes. Ces technologies permettent aussi d’améliorer le niveau de sécurité, en détec-tant plus rapidement les failles et en appli-quant automatiquement les bons patchs.

Comment une entreprise peut-elle plus facilement franchir ces étapes ?Il est certain que les modèles de gestion de la donnée qui s’appuient de plus en plus sur le cloud et sur l’intelligence artificielle, modifient fortement les besoins en termes de compé-tences et le parti pris d’une DSI. C’est pourquoi nous comptons beaucoup sur l’écosystème partenaire d’Oracle pour accompagner les entreprises et apporter une vision fine dans la réalisation de cette transformation. Notre rela-tion avec nos partenaires a d’ailleurs beaucoup changé : l’optique est de leur permettre de créer de l’intelligence, de l’IP*, en développant des fonctionnalités sur le PaaS Oracle et en les mettant à disposition au sein de notre store. Dans cette logique, un client peut tout à fait s’appuyer sur l’action d’un partenaire pour me-ner des développements spécifiques à son ac-tivité. Mais contrairement à ce qui se faisait par le passé, le partenaire peut ensuite généraliser un tel module auprès de tous les autres clients grâce au store. Leur time-to-market change en profondeur, et dans cette dynamique, pour un dollar de revenu Oracle dans le cloud, nous générons 8 à 11 dollars pour nos partenaires. C’est donc tout l’écosystème, clients comme partenaires, qui en sort gagnant.

24 | VERBATIM

« En tant qu’uti-

lisateur, on attend da-

vantage de rationalisation,

de stabilisation, de réversibi-

lité. Ces questions sont particu-

lièrement importantes vis-à-vis

du cloud public bien entendu. On

parle d’enjeux structurants sur le

long terme pour nos architectures

et la nature même de notre système

d’information. »

Patrick Joly, directeur organisation projets et performance

d’Allianz Partners

« Mon enjeu quand

je regarde les sujets cloud, est

de trouver le bon équilibre entre des

sujets "sécurité" extrêmement importants, un

besoin d’agilité réel dans mon organisation et

une préoccupation forte sur la maîtrise des

coûts que ces changements de fonc-

tionnement peuvent induire, parfois

de façon opaque. »

Christophe Boulaire, DSI de Sagemcom

« Nous

avons mis en

place une véritable

pratique de transparence entre

les coûts comparés du cloud et

du on-premise, afin de regarder

pragmatiquement les implica-

tions de chacun de nos choix

et les faire comprendre,

dans une volonté de

cloud hybride. »

Éric Bercovici, deputy CTO - AXA IM

« C’est

un nouvel Oracle

qui travaille avec les en-

treprises. Nous n’avons pas été

les premiers sur le cloud mais nous

avons beaucoup observé les choix du

marché et les impacts technologiques,

pour comprendre les besoins critiques et

de long terme des entreprises. C’est cette

expérience qui explique que nous aidons

aujourd’hui les transformations, quels que

soient les aspects du cloud sur lesquelles elles

s’appuient. »

Karim Zein, VP country leader technology Oracle France, lors

du Grand dîner de la rédaction Alliancy "Maîtriser le cloud".

« Les DSI

doivent gérer de

nombreuses transfor-

mations en parallèle, mais

il est impossible de courir tous

les lièvres en même temps. La priorité

pour se préparer à une ère imposée de mul-

ti-cloud est donc d’avancer pas à pas, sur

un périmètre maîtrisé, au départ avec un

seul prestataire. »

Stéphane Rousseau, DSI du groupe Eiffage

| 25

Estimez-vous qu’en 2019, la maturité est enfin au rendez-vous quand on évoque le sujet structurant du cloud pour les systèmes d’information des entreprises ?Le niveau de maturité des DSI est très variable. Tirer parti pleinement du cloud est un vrai pro-jet d’entreprise. Cela nécessite une gouver-nance de transformation transverse, entre les périmètres infrastructure et ceux des études et métiers, souvent insuffisante. De plus, dé-livrer des services de qualité à l’utilisateur sur ces nouvelles technologies nécessite aussi une transformation organisationnelle beaucoup plus agile et une transformation des processus et des outillages. Quant aux clouds providers, les services proposés ont souvent l’inconvé-nient de leurs avantages, à savoir la richesse du portefeuille !

Quel est plus spécifiquement le niveau de maturité des organisations sur la voie médiane des approches « hybride » ?Environ 3 entreprises sur 4 exploitant déjà le cloud, se sont lancées dans une démarche hy-bride, ou l'envisagent dans les 24 mois à venir. Beaucoup reste à faire dans la gestion de la sécurité, la gouvernance des différents clouds, leur intégration, leur orchestration ou la mon-

tée en compétences des équipes de la DSI. Si les modèles intégralement cloud public sont rares et par définition peu matures, les modèles « hybride » ont plusieurs années d’existences et ont démontré leur robustesse ainsi que leur lo-gique dans une démarche de décroissance des infrastructures on-premise apportant moins d’agilité et de capacité que les clouds publics.

Quel exemple vous semble le mieux incarner les réponses que le cloud hybride a su apporter à une entreprise sous forte contrainte ?Les migrations vers le cloud public se réalisent de manières itérative et granulaire ; dans ce cadre, il est indispensable de penser à moyen terme à l’hybridation. Le fait de pouvoir dé-ployer les nouvelles applications ou fonc-tionnalités en mode agile sur le cloud privé ou le cloud public de manière indifférenciée permet de ne pas ralentir les développements à cause des phases d’audit et de classification des données permettant de faire ces choix à priori de leur localisation. Si pour quelque raison que ce soit, la sécurité demande que certaines données ne soient pas exposées à l’extérieur de l’entreprise, il suffira de laisser l’application sur le cloud privé alors que dans le cas contraire, la DSI pourra redéployer cette même application dans le cloud public si cela s’avère pertinent.

Atos est un leader international de la trans-formation digitale avec 120 000 collaborateurs dans 73 pays et un chiffre d’affaires annuel de 13 milliards d’eu-ros. Numéro 1 européen du cloud, de la cybersécurité et des supercalculateurs, le groupe fournit à travers sa Digital transformation factory des solutions intégrées de cloud hybride orchestré, big data, applications métiers et environnement de travail connecté.En combinant modèles industries et connaissance des secteurs, Atos accompagne ses clients dans les services de cloud hybride orchestré, transformation des applica-tions, service d’infrastructure cloud, service applicatif de mise en œuvre du cloud et dans les solutions d’espace de travail numérique.

www.atos.net/fr/

LA MAÎTRISE DU CLOUD VU PAR L’ÉCOSYSTÈME PARTENAIRES ORACLE

3 QUESTIONS À

Arnaud Faivre, directeur commercial IDM (infrastructure & data management) France d’Atos

DR

26 | LA MAÎTRISE DU CLOUD VU PAR L’ÉCOSYSTÈME PARTENAIRES ORACLE

Estimez-vous qu’en 2019, la maturité est enfin au rendez-vous quand on évoque le sujet structurant du cloud pour les systèmes d’information des entreprises ?Hier nos clients nous sollicitaient pour des en-vironnements de tests et de développement dans le cloud pour des services non critiques. Aujourd’hui, nous voyons apparaître de vrais cas d’usage et sommes sur des projets en réalisation pour de la production en architecture hybride.

Quel est plus spécifiquement le niveau de maturité des organisations sur la voie médiane des approches « hybride » ?Nous faisons le constat d’une maturité de projets « hybride » entre du on-promise et du cloud. Néanmoins, nous ne constatons pas de projet hybride inter-cloud. Ceci est freiné par des organisations qui travaillent encore en silos.

Quels conseils peut-on donner en 2019 pour permettre à une DSI de renforcer la cohérence et l’harmonie de sa stratégie « hybride » ?Nous conseillons d’abord d’opter pour des services managés supportant un mode hy-bride. Digora a étendu ses services mana-gés d’infrastructure on-promise dans des infrastructures dans le cloud. Il est important également de mettre en œuvre une démarche de DevOps. Avec notre Lab’Innovation nous proposons une approche DevOps (de type Ansible et Terraform) et Containers de type Doker et Kubernetes.

La mission de Digora est d’accompagner les directions informatiques à appréhender les défis d’une infrastructure performante avec sérénité et confiance.Nos engagements sont d’agir au quotidien, d’éclairer les innovations et les technologies tout en conjuguant les enjeux métiers et les enjeux IT, d’aider à définir une transformation IT et numérique. Nos offres sont : conseil en transformation numérique, infrastructure provider, services managés et Lab’Innovation.

www.digora.com/fr

3 QUESTIONS À

Thierry Loubes, directeur général adjoint de Digora

DR

| 27LA MAÎTRISE DU CLOUD VU PAR L’ÉCOSYSTÈME PARTENAIRES ORACLE

Estimez-vous qu’en 2019, la maturité est enfin au rendez-vous quand on évoque le sujet structurant du cloud pour les systèmes d’information des entreprises ?Quand on parle de cloud, il faut en distinguer plusieurs types. D’abord la typologie par na-ture : le IaaS, le PaaS et le SaaS, puis la ty-pologie d’infrastructure : publique, privée et hybride. La maturité est forte sur les sujets « privé », « hybride » et SaaS ; beaucoup moins sur les sujets « public », IaaS et PaaS. Mais ce qui est certain, c’est que le cloud n’est plus un sujet tabou.

Quel est plus spécifiquement le niveau de maturité des organisations sur la voie médiane des approches « hybride » ?L’hybridation est un sujet beaucoup plus avan-cé dans les domaines applicatif et plateforme que sur les sujets d’infrastructure en général. Il est clair qu’avec son offre Cloud at customer, Oracle a pris une sérieuse option sur ce mar-ché et la concurrence est plutôt à la traîne, du moins pour ce qui concerne les grands fai-seurs du cloud public.

Quels conseils peut-on donner en 2019 pour permettre à une DSI de renforcer la cohérence et l’harmonie de sa stratégie « hybride » ?Le sujet est très général et dépend beau-coup du patrimoine architectural et appli-catif de chaque entreprise. Dans le contexte des clients Oracle et sur les sujets de PaaS et d’infrastructure, la solution Cloud at cus-

tomer d’Oracle, qui est une sorte d’évolution « hybride » de l’offre Exadata, répond en tout point aux impératifs de performance, de ré-glementation et de sécurité que les entre-prises sont en droit d’attendre et d’exiger pour leur transition vers le cloud. Avec un petit plus également sur le volet financier.

EASYTEAM, créée en 2005 et présente dans cinq grandes villes françaises, EASYTEAM est une entreprise de services du numérique, spécialiste de la transformation digitale, du cloud et des services managés. Nous apportons expertise et méthode pour optimiser les investissements, le patrimoine, concevoir et repenser les applications de nos clients sur le cloud. Nous garantissons la transformation du SI par des solu-tions robustes et performantes conçues pour tirer parti des opportunités du cloud et de ses innovations. En tant qu’intégrateur et opérateur de services, dans une relation de confiance, nous intervenons de la stratégie vers le cloud jusqu’aux services managés d’applications métiers et données clients critiques.Partenaire des plus grands acteurs du cloud, notre iden-tité se fonde, en même temps, sur un positionnement technologique toujours novateur et sur un socle de va-leurs profondément incarnées. Cette association entre innovation et tradition nourrit notre culture du service, notre modèle de management et assure notre pérennité bien au-delà du simple fait économique.

easyteam.fr

3 QUESTIONS À

Olivier Renaud, président d’Easyteam

DR

À propos d'Oracle Oracle Cloud propose une suite complète d’applications intégrées pour les ventes, les ser-vices, le marketing, les ressources humaines, la finance, la supply chain et le manufacturing, ainsi qu’une infrastructure de deuxième génération hautement automatisée et sécurisée qui inclut la base de données Oracle Autonomous. Oracle offre à ses clients un avantage unique en étant la seule entreprise au monde à proposer un portefeuille complet de cloud computing, couvrant le IaaS (Infrastructure as a Service), le PaaS (plateforme) et le SaaS (software). Aujourd’hui, des organisations dans 195 pays et territoires (comme le CERN, Showroomprive.com ou Engie pour la France), traitent plus de 55 milliards de transactions par jour via le cloud d’Oracle. Et Oracle Cloud redéfinit la façon dont elles se modernisent, innovent et sont compétitives. Quels que soient le point de départ, l’ampleur et l’objectif d’un projet cloud, Oracle fournit des services complets et intégrés qui permettent d’accélérer l’innovation et la transformation de l’entreprise.

oracle.com/fr

Oracle15, boulevard Charles de Gaulle 92715 Colombesoracle.com/fr

28 | A PROPOS DE

À propos d'Alliancy Alliancy, média d’influence sur la transformation numérique, s’adresse aux TOP décideurs des entreprises et organismes publics et privés qui croient à l’innovation, à la co-construc-tion et au numérique pour transformer leur organisation et accélérer leur développement.Engagé en faveur du « travailler ensemble pour innover plus vite », Alliancy décrypte les stratégies d’entreprises inspirantes : engager une dynamique d’innovation, repenser les modèles économiques autour du numérique, anticiper les besoins sociétaux, adapter les gouvernances et s’approprier les nouvelles technologies.Alliancy numérique et business, et réciproquement…

alliancy.fr

Alliancy32, rue des Jeuneurs 75002 Parisalliancy.fr

A PROPOS DE | 29

La collection « Les carnets d'expériences » d'Alliancy

La transformation numérique est au cœur des enjeux de chaque entreprise et organisation. La question

n’est plus « Pour quoi faire ? » mais « Comment ? Avec quelles technologies ? Quel accompagnement de

mes équipes ? Quelle organisation et avec qui ? ».

Alliancy a souhaité répondre à ces questions à travers une collection de recueils d’interviews thématiques

qui donnent la parole à ceux qui font la transformation de leur entreprise au quotidien : CEO, CIO, CDO,

directeurs de la transformation, visionnaires ou experts.

Ces carnets thématiques facilitent le partage d’expériences concrètes et sans parti pris, pour apporter

une vision nouvelle du sujet traité.

D’un secteur à l’autre, d’un métier à l’autre, vous découvrirez dans cette collection des témoignages, des

idées, des stratégies ou des bonnes pratiques de professionnels qui, au jour le jour, font bouger les lignes

dans leur entreprise.

Stratégies, organisation et management, place de la data, nouveaux écosystèmes IOT, importance de la

sécurité, gouvernance du SI… Alliancy est un magazine engagé en faveur du « travailler ensemble pour

innover plus vite » et interroge les leviers de la transformation numérique pour qu’ils s’invitent peu à peu

dans votre quotidien.

ALLIANCY

32, rue des Jeûneurs - 75002 PARIS

SARL au capital de 10 000 €

792 635 138 R.C.S. Paris

alliancy.fr

Directeur de la publication : Sylvain Fievet

Coordination rédactionnelle : Dorian Marcellin

Artwork / Illustrations : misterfish.dunked.com

Relecture : Le style de l'ours

Crédits photos : iStock

Toute reproduction des textes publiés sur ce carnet est interdite sans autorisation explicite de la rédaction.

30 |

Remerciements Listing des interviewés.

Création : 1946

165 790 collaborateurs

69 000 M € Chiffre d’affaires en 2018

Création : 1997

130 collaborateurs

33 M € Chiffre d’affaires en 2018

Création : 1977


40 000 M $ Chiffre d’affaires en 2018

Création : 2005

110 collaborateurs

21 M € Chiffre d’affaires en 2018

Création : 1997



Création : 1800

10 257 équivalents temps plein

7 000 M € Résultat ordinaire avant

Direction interministérielle du numérique et du système d’information et de communication de l’État

Création : 2015

144,4 équivalents temps plein

Création : 1967



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Cloud, sécurité, adaptabilité…

QUELS USAGES HYBRIDES FONT LEURS

PREUVES EN 2019 FACE À L’EXPLOSION

DES VOLUMES DE DONNÉES ?

L’augmentation massive des volumes de données vient nourrir des services de plus en plus intelligents et autonomes. Pour les faire émerger, les entreprises s’appuient à grande échelle sur le cloud, mais font tout pour rester en maîtrise. Dans ce contexte, comment les DSI s’emparent-ils des approches « hybride » ? Comment font-ils pour allier démarches d’innovations et contraintes de criticité ? Et quels sont les points clés qui leur permettent d’assurer la confiance dans cette nouvelle ère du cloud ?

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carnet d’expériences

Documents