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AFC Afrique – 2ème JEACC
La pertinence de l’information comptable pour la prise de décision au sein des entreprises
de petite taille
Komivi KOUMAGNANOU
Docteur en sciences de gestion
Faculté des Sciences Economiques et de Gestion (FASEG)
Université de Lomé
Résumé
Le présent article a pour objectif d’analyser la pertinence des informations comptables pour
la prise de décisions stratégiques au sein de l’entreprise de petite taille. Pour ce faire, nous
avons posé les fondements théoriques de la recherche à travers l’analyse des travaux portant
sur l’utilité de l’information comptable. Dans une deuxième étape, nous avons décrit la
démarche méthodologique de notre travail. Ainsi, nous avons procédé à l’étude empirique qui
est à la fois quantitative et qualitative. Les données collectées ont été ensuite analysées. Les
résultats montrent que la plupart des PE produisent l’information comptable à partir des
divers documents (cahiers des recettes et dépenses, cahiers de tenue de compte caisse ou
banque, documents de prévisions, documents de calcul de coût, documents de suivi, états
financiers) qu’elles élaborent et les utilités de l’information comptable sont multiples. Elle est
utilisée pour la prise de toutes les décisions stratégiques dans l’entreprise : décisions d’achat,
décisions d’investissement, décisions de choix des produits à vendre.
Mots clés : Prise de décision, Information comptable, PE, SMT
Introduction
La fin du vingtième siècle et le début du vingt-unième siècle ont été marquée par une prise de
conscience très forte (des normalisateurs comptables) de l’élaboration des normes comptables
pour les entreprises de petite taille (Colasse, 2009). Cette prise de conscience est due
essentiellement à deux constats. D’abord l’environnement économique des entreprises de
petite taille est de nos jours marqué par des mutations fréquentes dues aux phénomènes de
mondialisation des échanges et d’intégration économique (Bigou-Laré, 2004). Secundo, pour
les entreprises de petite taille, il existe un besoin de maîtrise de l’information et de prise de
décisions stratégiques de plus en plus fréquentes (Ngantchou, 2011). Ceci conduit les
entreprises de petite taille à s’interroger sur l’apport des modèles comptables et financiers
traditionnels quant à leur capacité à fournir des informations pertinentes pour la prise de
décisions stratégiques.
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La littérature avance souvent l’existence dans les petites entreprises (PE) d'une vision
réductrice du système de données comptables. Les dirigeants de PME s’appuieraient plutôt
sur les sources informelles que sur les sources formelles, sur les sources externes que sur les
sources internes, sur les informations non-financières que sur les informations financières
(Bescos et Mendoza, 1998 ; Beldi et Cheffi, 2005 ; Mintzberg, 2006 ; Vallerand et al., 2008).
Mais la faible utilisation de l’information comptable dans les petites entreprises (PE) ne
résulte pas systématiquement d'un choix (Chapellier, 2003). Elle peut aussi être liée au fait
que le dirigeant n’ait pas toutes les clés pour tirer profit de la valeur potentielle de cette
information ou au fait que les informations comptables utiles ne soient pas présentes dans son
entreprise au bon moment.
Or on remarque que quelque soit le type de décision à prendre, le problème de décisions
stratégiques se pose primordialement en terme de pertinence des informations mise à la
disposition des partenaires. Sur le plan financier, la comptabilité générale, principale source
d’information orientée vers l’extérieur (Pigé, 2000), occupe une position centrale dans la
mise en œuvre des décisions stratégiques. Ainsi, dans les grandes entreprises, le système
comptable est très complexe pour assurer un niveau élevé de fiabilité et de contrôle des
informations. Par contre, il n’en est pas de même dans les petites entreprises. Le système
comptable y est très allégé et offre moins de garantie de fiabilité. Cette situation est à la base
des relations difficiles entre les petites entreprises, les banques et les administrations fiscales.
Le cadre d’analyse basé sur la pertinence des informations comptables a très rarement abordé
la question en matière de prise de décisions stratégiques au sein des PME surtout dans un
contexte d’harmonisation et de changement comptables. Cette communication propose une
évaluation du comportement des PME en matière de production de l’information comptable
pour la prise de décision. Ainsi, la question que pose cet article est la suivante : les données
comptables produites au sein des petites entreprises (PE) sont-elles pertinentes pour la prise
de décisions stratégiques ?
1 De l’information comptable à son utilité pour la prise de décisions : une analyse
théorique
Selon Bruns et McKinnon (1993), l’information comptable se définit comme étant une
donnée chiffrée relative à un phénomène économique passé, présent ou futur d’une entité,
ceci à partir d’une observation selon des règles établies. De cette définition, les informations
sont destinées à prendre les bonnes décisions économiques, à montrer l’utilisation rationnelle
et optimale des ressources dans le passé, valoriser et améliorer les performances et les
activités économiques pour l’avenir. Elle met en exergue également l’importance
macroéconomique de l’information comptable et l’influence gouvernementale et fiscale sur
celle-ci.
Pour Walton (2008) l’information comptable est un produit qui a pour objectif principal de
fournir des informations utiles afin de satisfaire les besoins des utilisateurs dans les meilleurs
délais et aux moindres coûts. Cet auteur souligne l’importance microéconomique à influence
commercial des données comptable. Les états financiers n’ont qu’un seul objectif, celui de
fournir une information qui soit utile pour que les utilisateurs prennent des décisions
d’investissement, de crédit et autres décisions similaires d’affectation de ressources (Bigou-
Laré, 2004).
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Au vu de ces définitions, on constate que chaque pays a son propre système comptable qui
s’inscrit dans son environnement politique, juridique, social, économique, culturel et
historique. Les différents systèmes comptables peuvent être inspirés par deux grands modèles
comptables : le modèle anglo-saxon et le modèle continental.
1.1 Les modèles comptables dominants
Comme le souligne Gouadain (2000), l’exercice de positionnement d’un référentiel
comptable suppose de choisir entre deux approches : le modèle anglo-saxon et le modèle
continental.
Dans le modèle anglo-saxon basé sur le système libéral avec des marchés de capitaux très
actifs, les informations comptables sont devenues des éléments essentiels pour les
investisseurs. Les cadres conceptuels comptables du modèle anglo-saxon stipulent que
l’objectif de la comptabilité est de fournir des informations intéressant ses utilisateurs
potentiels et plus particulièrement les investisseurs (Nobes, 1998). Ainsi, les principes
comptables fondamentaux précisent que les états financiers des entreprises doivent fournir
des informations utiles aux personnes qui prennent des décisions notamment aux
investisseurs actuels et potentiels, aux créanciers et à tout autre décideur économique
semblable. De même, le cadre conceptuel du modèle anglo-saxon indique que les états
financiers ont pour but de fournir une information sur le niveau et l’évolution de la situation
financière ainsi que sur la performance de l’entreprise. Les systèmes comptables sont de type
microéconomique à influence commerciale (Colasse, 2009 ; Nobes, 1998). Ces informations
doivent être utiles pour des utilisateurs potentiels qui ont à prendre des décisions
économiques (Hoarau, 1995).
Quant au modèle continental adopté par les pays qui ont une gestion dite centralisée, la
comptabilité sert surtout les intérêts de l’Etat, et vise notamment à diriger et à orienter la
politique économique du pays. En effet, la tenue d’une comptabilité financière est obligatoire.
Les systèmes comptables sont de type macroéconomique à influence gouvernementale et
fiscale (Colasse, 2009 ; Nobes, 1998). Dès lors chaque entreprise dispose nécessairement de
ce système d’information. Les informations comptables dans ce modèle sont orientées vers
plusieurs catégories d’utilisateurs. L’information comptable permet de retracer l’activité de
l’entreprise et ses relations avec ses partenaires.
Au regard des deux modèles, on peut considérer que le référentiel normatif n’est jamais
neutre et qu’il est toujours fondé sur une théorie de l’entreprise et une certaine conception de
sa gouvernance (Charreaux, 1997). Le référentiel du Système Comptable de l’Organisation
pour l’Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (SYSCOHADA) marque l’émergence
d’une conception actionnariale et une conception partenariale de la gouvernance. Dans une
vision partenariale, les données comptables permettent le règlement des conflits potentiels
entre les parties prenantes (Pigé, 2013). La structure des soldes intermédiaires de gestion du
SYSCOHADA est fondée sur la volonté de représenter la répartition de la richesse créée
entre l’ensemble des parties prenantes. Dans une vision actionnariale, l’information
financière est produite par les dirigeants et les données comptables doivent permettre un
calcul rationnel de la part des actionnaires (Charreaux, 1997).
C’est sans doute sous cette influence des modèles comptables que les pays de l’OHADA ont
adopté un traité instituant entre autres un cadre comptable harmonisé. Ce cadre comptable est
entré en vigueur dans la plupart des pays signataires et prévoyait un système comptable pour
les petites entreprises (Pérochon 2009 ; Gouadain et Wade 2009)
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1. 2 Système comptable des PE selon le SYSCOHADA
Le besoin d’un système de comptabilité simplifié à partie double au profit des organisations
informelles se justifie notamment par la diversification de plus en plus poussée des activités
que ces organisations mènent et qui implique la nécessité pour elles de disposer
d’informations financières et comptables plus différenciées (Gouadain, 2000). A ce besoin de
différenciation des informations comptables et financières s’ajoute la nécessité pour les
organisations de petite taille (généralement informelles) de remplir les obligations légales et
réglementaires, précise le même auteur. Il importe en effet de rappeler l’une des dispositions
du règlement relatif au droit comptable des Etats membres de l’OHADA qui stipule : « sont
astreintes à la mise en place d’une comptabilité, dite comptabilité financière, les entités
soumises aux dispositions de l’Acte uniforme portant sur le droit commercial, de l’Acte
uniforme relatif au droit des sociétés commerciales et du groupement d’intérêt économique et
de l’Acte uniforme relatif au droit des sociétés coopératives, les entités publiques,
parapubliques, d’économie mixte et, plus généralement les entités produisant des biens et des
services marchands ou non marchands, dans la mesure où elles exercent, dans un but lucratif
ou non, des activités économiques à titre principal ou accessoire qui se fondent sur des actes
répétitifs, à l’exception de celles soumises aux règles de la comptabilité publique »
(SYSCOHADA, 2017, p.13-14, art. 2). Le référentiel du système comptable OHADA qui
sera mis en vigueur dans les pays de l’OHADA le 1er janvier 2018, prévoit deux1 différents
systèmes comptables auxquels les entités et les organisations doivent se conformer, selon leur
taille et l’envergure de leurs activités. On distingue notamment le système normal et le
système minimal de trésorerie.
Le système minimal de trésorerie concerne les petites entités dont le chiffre d’affaires hors
taxes annuel est, selon le cas, inférieur aux seuils suivants :
- soixante millions de F CFA (60 000 000 FCFA) ou l’équivalent dans l’unité
monétaire ayant cours légal dans l’Etat partie, pour les entités de négoce ;
- quarante millions de F CFA (40 000 000 FCFA) ou l’équivalent dans l’unité
monétaire ayant cours légal dans l’Etat partie, pour les entités artisanales et
assimilées ;
- trente millions de F CFA (30 000 000 FCFA) ou l’équivalent dans l’unité monétaire
ayant cours légal dans l’Etat partie, pour les entités de services.
Il importe de remarquer que pour les PE en général caractérisées par une très petite taille et
un faible volume des transactions, le système normal du SYSCOHADA peut s’avérer très
complexes et donc non adaptés. L’une des réformes du SYSCOHADA actuellement et du
SYSCOHADA révisé (applicable à partir du 1er janvier 2018) est qu’ils comportent un cadre
dérogatoire dans lequel peuvent s’inscrire les petites entités réalisant des recettes maximales
qui ne sont pas supérieurs aux seuils fixés.
Ce système repose sur l’enregistrement, au jour le jour, de toute opération ayant pour
conséquence une modification de la trésorerie. Il s’agit en d’autres termes de toutes les
dépenses et les recettes qui affectent les avoirs de l’entreprise, qu’il s’agisse de la caisse, d’un
1 Le référentiel du système comptable OHADA qui est en vigueur actuellement, prévoit trois différents systèmes
comptables auxquels les entreprises et les organisations doivent se conformer, selon leur taille et l’envergure de
leurs activités. On distingue notamment le système normal, le système allégé et le système minimal de
trésorerie.
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compte bancaire ou d’un compte postal. Ces enregistrements conduisent nécessairement à
l’établissement d’un état des recettes et des dépenses dégageant le résultat de l’exercice. Ce
résultat est pris en compte dans l’établissement de la situation patrimoniale de l’organisation.
Le système minimal de trésorerie repose sur la tenue correcte des livres de recettes-dépenses
et d’un grand livre comprenant très peu de comptes. Comme tout système comptable, la mise
en œuvre du système minimal de trésorerie implique le respect scrupuleux de quelques
exigences minimales vis-à-vis de la comptabilité. Ces exigences se résument pour l’essentiel
comme suit :
- les documents comptables du système minimal de trésorerie doivent regrouper un ou
plusieurs livres de recettes-dépenses, ainsi que plusieurs comptes patrimoniaux et de
gestion. Dans ce cadre le système minimal de trésorerie exigent que soient
enregistrées continuellement dans les livres de recettes-dépenses (sous forme de
journal) et ce, dans l’ordre chronologique, toutes les opérations caractérisant les
activités réelles de l’organisation (PE).
- un nombre minimum de comptes doivent être opérationnels pour le bon
fonctionnement du système. Il s’agit notamment : caisse, capital, résultat, ventes,
autres produits, achats, autres charges. En cas de nécessité, il est possible de créer
d’autres comptes de trésorerie.
Notons que les comptes du système minimal de trésorerie tels que décrits, sont favorables au
respect du principe de la partie double dans l’enregistrement des opérations comptables. Le
respect de ce principe permet au dispositif comptable de générer des états financiers fiables,
sincères, et de servir par conséquent d’instrument de preuve, d’instrument d’information des
tiers et d’instrument de gestion.
1.3 Fondements théoriques de l’utilité de l’information comptable pour les PE
Historiquement, la réflexion académique relative à l’utilité de l’information financière a
connu trois approches majeures. L’approche normative s’intéresse aux caractéristiques de
l’information comptable (Obert, 2003 ; Colasse, 2006). Il s’agit de voir si du point de vue de
la forme, le contenu des états financiers est équivalent aux normes. Ensuite, cette approche
consiste essentiellement à analyser le contenu des dispositions des référentiels dominants.
L’approche utilité ou pertinence de l’information comptable pour le dirigeant analyse les
besoins des managers en information comptable (Ball et Brown, 1968 ; Bouattour, 2012). A
ce niveau, le bilan des recherches empiriques réalisées sur le thème aboutit en effet à des
conclusions assez nuancées. Les résultats souvent partiels, parfois contradictoires, n'apportent
pas de connaissances cumulatives et généralisables (Chapellier, 2003). Peu d'études
confirment l'hypothèse de la non-utilisation absolue des données comptables dans les PE
(Gasse, 1989). Elles révèlent le plus souvent l'existence d'une tendance certes limitée de la
production des données comptables. La vision des PE est orientée vers la production des
documents obligatoires, dans des délais longs et dans le seul but de satisfaire aux obligations
imposées par l'administration fiscale.
Et enfin, l’approche comportementaliste des dirigeants en face de l’information comptable se
concentre sur la réaction du dirigeant en face de l’information comptable (Degos, 1993). Ces
travaux soulignent que certains dirigeants de PE ont un comportement que l'on pourrait
qualifier de passif face aux données comptables. Les recherches mettent en avant les
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difficultés du couplage et des processus décisionnels peu ou pas structurés et I'usage d'outils
structurants des PE (Chapellier, 2003). Donc la vocation initiale des données comptables
serait celle d'une utilisation par des décideurs situés dans des environnements relativement
stables et générateurs d'événements plutôt répétitifs (Dupuy, 1987). Ici, la littérature
démontre que l'information comptable peut, sous certaines conditions, être utile au dirigeant
de PE (Chapellier, 2003).
C’est dans ce contexte que les pays de l’espace OHADA on élaborer le cadre comptable
uniforme pour cette catégorie d’entreprise. Il est à noter que le besoin d’harmonisation et de
changement comptables s’impose à toutes entreprises de petite taille qui ont été amenées déjà
par le passé, à subir d’harmonisation et de changement comptables. Ainsi, il convient
d’étudier l’incidence du cadre comptable des PE sur les utilisations de l’information
comptable.
2 Méthodologie appliquée sur le terrain
Afin d’apporter des réponses à la question de recherche, une approche mixte (approche
quantitative et qualitative) a été utilisée. Il s’agit d’une collecte de données par questionnaire
et suivi après d’un entretien pour comprendre certains résultats obtenus. L'analyse des
données quantitatives est descriptive et multi variée. L'analyse des données qualitatives a
consisté à la transcription et le codage des interviews suivi d'une analyse de contenu.
2.1 Etude quantitative
Pour la constitution de l'échantillon pour l’étude quantitative, nous avons utilisé le répertoire
des entreprises nouvellement élaboré par le Groupement Togolais de Petites et moyennes
Entreprises / Petites et Moyennes Industries (GTPME/PMI). Ce répertoire concerne les
PME/PMI ayant adhéré le groupement jusqu’à juin 2016. Ce fichier contient cent vingt-sept
(127) PME/PMI réparties sur toute l’étendue du territoire togolais. Pour la sélection des
entreprises de notre échantillon, nous avons dans un premier temps retenu cent dix-huit (118)
PME/PMI dont le siège social se trouve à Lomé. Ces entreprises retenues sont ensuite
classées deux catégories : celles qui présentent ses états financiers selon le système norme ou
allégé (soixante-cinq) et celles qui présentent ses états financiers selon le système minimal de
trésorerie (cinquante-trois). Etant donné que notre article porte sur les PE utilisant le SMT,
nous avons retenu les cinquante-trois (53) entreprises sur la base des données du Groupement
Togolais de Petites et moyennes Entreprises / Petites et Moyennes Industries.
Le questionnaire est un questionnaire psychométrique et binaire élaboré à partir de la
littérature et des documents du SYSCOHADA relatifs au SMT. Le questionnaire contient des
questions auxquelles les répondants ont indiqué leur degré d’accord sur une échelle de likert à
trois (3) points. Il est administré de deux (2) façons soit en face à face dans un lieu à
convenance du dirigeant des PE, soit remis aux dirigeants mains à mains pour être retiré
quelques jours plus tard. La collecte a duré un (1) mois et demi pour limiter l’effet de
contamination. Au cours de cette période, sur les cinquante-trois (53) questionnaires
distribués, nous avons collecté quarante-trois (43) questionnaires qui ont fait l’objet de
l’analyse des données.
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Nous avons ensuite saisi les réponses régulières à partir du logiciel Epi data dans un
programme que nous avons conçu à cet effet. Le traitement des données a consisté à mettre
sous forme exploitable les données recueillies au cours de l’enquête afin de favoriser
l’analyse des résultats. Plusieurs étapes ont été nécessaires pour aboutir aux résultats
exploitables. Après avoir recueillis les quarante-trois (43) questionnaires régulièrement
remplis, des scores ont été attribués aux modalités de l’échelle de Likert que nous avons
utilisé. Ainsi pas d’accord correspondait à la note 1, indifférent à 2, d’accord à 3. Et enfin
nous avons généré les résultats en tableaux simples, en tableaux croisés afin d’être analysés et
interprétés. Ceci est fait avec le logiciel SPSS. Les tests de student ont été ont été effectués
pour tester la significativité des moyennes calculées.
2.2 Etude qualitative
L'étude qualitative a porté sur les PE au Togo avec une collecte circonscrite à Lomé. Elle a
touché cinq (5) PE identifiées sur le principe de saturation (Yin, 1990). Leur sélection a suivi
la technique de boule de neige à partir des membres du Groupement Togolais des Petites
Moyennes Entreprises et Petites et Moyennes Industries.
La collecte des données qualitatives s’est effectuée à travers les entretiens individuels
approfondis à l'aide d'un guide semi structuré. Au cours des entretiens, des questions ouvertes
ont été posées afin de permettre aux dirigeants interrogés de s’exprimer librement. Ainsi, des
questions touchant les raisons de l’utilisation des informations comptables par les dirigeants
de PE ont été abordées. Ces questions ont permis également de discuter avec les dirigeants
sur l’utilisation des informations comptables qu’ils détiennent et la manière dont ils en
prennent soins ou les utilisent pour se maintenir dans leur activité de façon pérenne.
L'analyse des données qualitatives a consisté à la transcription et le codage des interviews
suivi d'une analyse de contenu. En effet, l’analyse qualitative, en soi, est une démarche de
recherche de sens (Paillé et Mucchielli, 2003) qui peut se poursuivre à l’aide de différents
outils informatisés ou non, ou de différents processus par lesquels le chercheur tente de
dégager le sens d’un corpus, d’une entrevue ou d’un texte. Le processus de codage consiste à
découper le contenu d'un discours ou d'un texte en unités de sens (mots, groupes de mot ou
phrase), pour ensuite le regrouper et les classer dans des thèmes ou catégories après la
catégorisation. Celle-ci permet après une lecture rapide de quelques (deux (2) ou trois (3))
interviews de repérer les thèmes, les sous-thèmes, les évocations, les mots clés qui
apparaissent le plus souvent dans les expressions des dirigeants interrogés. A la lecture des
entretiens, chaque mot ou groupe de mots (unité de sens) se rattachant à ce thème était
souligné, comptabilisé et synthétisé en un sous-thème.
3 Présentation des résultats
Les résultats proviennent de quarante-trois (43) entreprises sur les cinquante-trois (53)
sollicitées pour l’enquête, soit un taux de retour d’environ 81%. Les caractéristiques, les
sources d’information comptables et l’utilisation des informations comptables dans le cadre
des prises stratégiques au sein de ces entreprises sont présentés.
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3.1 Caractéristiques des PE enquêtées
Cinq (5) paramètres ont été utilisés pour décrire le profil des entreprises ayant constitué notre
échantillon d’étude : forme juridique, secteur d’activité, expérience, sexe, niveau
d’instruction, âge. Le tableau 1 ci-dessous présente le résumé des données sur les trois
premiers paramètres.
Tableau 1 : répartition des PME selon l’expérience suivant les secteurs d'activités et la forme
juridique
Total
Experience % n
Forme
juridique de
l'entreprise
SARL 46,5 20 22,5
SNC 4,6 2 17
EURL 2,3 1 14
EI 46,5 20 16,8
Ensemble 43 19,4
Secteur
d'activité
Commerce 60,5 26 18,6
Industrie 25,6 11 23,55
Services 13,9 6 15,18
Ensemble 43 19,4
Source : données de l’enquête
Quatre (4) formes de statut juridique constituent notre échantillon. Il s’agit des SARL
(Société A Responsabilité Limitée), de SA (Société Anonyme), des EURL (Entreprise
Unipersonnelle à Responsabilité Limitée) et des EI (Entreprises Individuelles). Les
entreprises individuelles et les sociétés à responsabilité limitée dominent notre échantillon et
représentent respectivement 46,5% et 46,5% de l’échantillon soit 93%. Les entreprises ayant
participé à notre enquête sont formées de 13,9% d’entreprises de services, 25,6%
d’entreprises de commerce et 60,5% d’entreprises industrielles. Nous pouvons dire que ces
trois (3) secteurs sont les secteurs de prédilection de la PME au Togo au regard des données
de l’économie togolaise. Les dirigeants des petites entreprises interrogés ont plus de quatorze
(14) ans d’expériences en moyenne. Ces résultats globaux cachent des diversités selon les
secteurs d’activités et la forme juridique des entreprises interrogées.
Tableau 2 : Répartition des PE selon la qualité du répondant suivant les secteurs
d'activités et la forme juridique
Forme juridique de l'entreprise Secteur d'activité Ensemble
SARL SNC EURL EI Commerce Industrie Services
Sexe Masculin 85,0 100 100 80,0 80,8 90,9 83,3 83,7
9
Féminin 15,0 0,0 0,0 20,0 19,2 9,1 16,7 16,3
Niveau d'étude
du dirigeant
Inférieur au Bac 45,0 100 0,0 40,0 57,7 27,3 16,7 44,2
BAC 40,0 0,0 100 50,0 42,3 54,5 33,3 44,2
Supérieur au Bac 15,0 0,0 0,0 20,0 0,0 18,2 50,0 11,6
Age moyen 48 53 41 54 53 49 46 51
Source : données de l’enquête
Sur le plan genre, nos résultats montrent que les PE sont moins dirigées par les femmes. Ces
dernières représentent seulement 16,3% des dirigeants de PE interrogés. Les PE enquêtées
dont les dirigeants sont de sexe masculin représentent 83,7% des entreprises interrogées. Les
résultats confirment l’hypothèse généralement admise que les entreprises en Afrique dont le
nombre d’employés apparaît important sont souvent dirigées par des hommes et que les
femmes dirigent plutôt des entreprises de très petite taille en termes d’effectifs. L’analyse
selon les secteurs d’activités montre la même tendance. Parmi les PE enquêtées, celles qui
sont dirigées par les hommes représentent de 80,8% dans le commerce, 90,9% dans
l’industrie et 83,3% dans le service contre respectivement 19,2%, 9,1% et 16,7% qui sont
managées par des femmes. Selon le statut juridique nous remarquons que la tendance reste
inchangée. Dans les SARL, SA et EI plus de 80% des PE enquêtées sont dirigées par des
hommes. Cette absence importante des femmes est très remarquable dans les SNC et EURL
où elles représentent 0,0% des dirigeants.
D’après les données de notre étude consignées dans le tableau ci-dessus, la majeure partie des
entreprises sont dirigées par des personnes âgées de quarante et un (41) ans ou plus. Leurs
dirigeants ont fait de formation. Sur le plan instruction, la majorité des dirigeants de ces
entreprises interrogées ont des niveaux de formation de Bac ou moins (76,2%). Par contre au
niveau des services, environ 50% de dirigeants ont un niveau d’éducation supérieur au BAC.
3.2 Catégories d’informations comptables produites au sein des PE
Pour identifier les catégories d’informations comptables produites au sein des PE, nous avons
établi une liste de documents que les PE doivent élaborer. Ces documents mis en évidence
grâce au système minimal de trésorerie et la littérature. Les résultats montrent que la plupart
des PE apprêtent ces documents (tableau 3).
Tableau 3 : Types de documents élaborés par les PE
Items Réponses (%)
Oui Non Total Cahiers des recettes et dépenses 95,3 4,7 100
Cahiers de tenue des comptes caisse et/ou banque 83,7 16,3 100
Documents de prévision des ventes, achats et autres charges et produits 14,0 86,0 100
Documents d’états financiers (bilan, compte de résultat) 100 0,0 100
Documents pour calculer les différents coûts des produits ou services de
l’entreprise
7,0 93,0 100
Documents de suivi de certains compartiments de l’activité de votre entreprise 16,3 83,7 100
Source : données de l’enquête
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L’existence de ces documents montre que les PE produisent des informations comptables.
Les documents d’états financiers sont élaborés par toutes les PE de notre échantillon. Ensuite,
les cahiers des recettes et dépenses et les cahiers de tenue des comptes caisse et/ou banque
sont tenus par plus de 80% des PE interrogées. Les autres documents sont moins produits par
les PE : pas plus de 17% des cas interrogés. Le tableau 4 ci-après présente l’utilité des autres
documents dans le cadre de l’élaboration des états financiers.
Tableau 4 : Utilité des documents comptables pour l’élaboration des états financiers Intitulés des items Moyenne Ecart type P
Les cahiers des recettes et dépenses servent de référence pour
l’élaboration des états financiers 2,8 0,53 0,00
Les cahiers de tenue des comptes caisse et/ou banque servent de
référence pour l’élaboration des états financiers 2,9 0,43 0,00
Les documents de prévision des ventes, achats et autres charges et
produits servent de référence pour l’élaboration des états financiers 2,4 0,72 0,01
Les documents de suivi de certains compartiments de l’activité de
votre entreprise servent de référence pour l’élaboration des états
financiers
1,6 0,86 0,01
Les documents pour calculer les différents coûts des produits ou
services de l’entreprise servent de référence pour l’élaboration des
états financiers
1,34 0,78 0,00
Source : données de l’enquête
Les PE trouvent que les documents tels que les cahiers des recettes et dépenses, les cahiers de
tenue des comptes caisse et/ou banque, et les documents de prévision des ventes, achats et
autres charges et produits sont nécessaires à l’élaboration du bilan et du compte de résultat,
bref des états financiers. Il revient maintenant d’analyse si ces informations sont utilisées
dans leur processus de prise de décisions stratégiques.
3.3 Utilité des informations comptables au sein des PE au Togo
Afin de se prononcer sur l’utilité des informations comptables au sein des PE, il a été
question d’apprécier l’importance des différents documents pour la prise des décisions. Ces
décisions concernent l’achat, le choix des produits, l’analyse de la concurrence, la réalisation
des investissements. Le tableau 5 suivant montre l’utilité des informations comptables dans le
processus de prise de décisions d’achat au sein des PE.
Tableau 5 : Utilité des informations comptables dans le processus de prise de décisions
d’achat Intitulés des items Moyenne Ecart type P
Les cahiers des recettes et dépenses servent de référence avant tout achat
pour l’entreprise 2,6 0,53 0,00
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Les cahiers de tenue des comptes caisse et/ou banque servent de référence
avant tout achat pour l’entreprise 2,4 0,83 0,02
Les documents de prévision des ventes, achats et autres charges et
produits servent de référence avant tout achat pour l’entreprise 1,8 0,92 0,01
Les documents pour calculer les différents coûts des produits ou services
de l’entreprise servent de référence avant tout achat pour l’entreprise 1,9 0,76 0,03
Les documents de suivi de certains compartiments de l’activité de votre
entreprise servent de référence avant tout achat pour l’entreprise 1,34 0,58 0,01
Les documents d’états financiers (bilan, compte de résultat) servent de
référence avant tout achat pour l’entreprise 1,7 0,91 0,03
Source : données de l’enquête
Les résultats de notre enquête présentés dans le tableau 5 et les tests de comparaison de
moyenne indiquent que les cahiers des recettes et dépenses et les cahiers de tenue des
comptes caisse et/ou banque sont utilisés lors des prises de décisions d’achat. Les moyennes
de ces items sont supérieures et significativement différentes de 2. Par contre, Les moyennes
des autres items sont inférieures et significativement différentes de 2. Ce qui veut dire que les
PE n’ont pas recourt à ces documents (documents de prévision des ventes, achats et autres
charges et produits, documents pour calculer les différents coûts des produits ou services de
l’entreprise, documents de suivi de certains compartiments de l’activité de votre entreprise,
documents d’états financiers) au moment de prendre des décisions d’achat.
Tableau 6 : Utilité des informations comptables pour la prise de décisions relative au choix
des produits à vendre Intitulés des items Moyenne Ecart type P
Les cahiers des recettes et dépenses servent de référence avant tout
choix de produit à vendre 2,8 0,81 0,01
Les cahiers de tenue des comptes caisse et/ou banque servent de
référence avant tout choix de produit à vendre 2,7 0,93 0,00
Les documents de prévision des ventes, achats et autres charges et
produits servent de référence avant tout choix de produit à vendre 1,6 0,92 0,01
Les documents pour calculer les différents coûts des produits ou
services de l’entreprise servent de référence avant tout choix de produit
à vendre
1,8 0,96 0,00
Les documents de suivi de certains compartiments de l’activité de votre
entreprise servent de référence avant tout choix de produit à vendre 1,44 0,63 0,02
Les documents d’états financiers (bilan, compte de résultat) servent de
référence avant tout choix de produit à vendre 1,24 0,83 0,01
Source : données de l’enquête
Les résultats de notre enquête présentés dans le tableau 6 et les tests de comparaison de
moyenne indiquent que les cahiers des recettes et dépenses et les cahiers de tenue des
comptes caisse et/ou banque sont utilisés lors des prises de décisions relatives au choix des
produits à vendre. Les moyennes de ces items sont supérieures et significativement
différentes de 2. Par contre, Les moyennes des autres items sont inférieures et
significativement différentes de 2. Ce qui veut dire que les PE n’ont pas recourt à ces
documents (documents de prévision des ventes, achats et autres charges et produits,
documents pour calculer les différents coûts des produits ou services de l’entreprise,
documents de suivi de certains compartiments de l’activité de votre entreprise, documents
d’états financiers) au moment de prendre des décisions relatives au choix des produits à
vendre.
12
Tableau 7 : Utilité des informations comptables pour la prise de décisions concernant la
concurrence Intitulés des items Moyenne Ecart type P
Les cahiers des recettes et dépenses servent de référence avant toute décision
concernant la concurrence 1,56 0,68 0,01
Les cahiers de tenue des comptes caisse et/ou banque servent de référence
avant toute décision concernant la concurrence 1,48 0,84 0,00
Les documents de prévision des ventes, achats et autres charges et produits
servent de référence avant toute décision concernant la concurrence 1,36 0,89 0,00
Les documents pour calculer les différents coûts des produits ou services de
l’entreprise servent de référence avant toute décision concernant la
concurrence
1,8 0,54 0,00
Les documents de suivi de certains compartiments de l’activité de votre
entreprise servent de référence avant toute décision concernant la concurrence 1,7 0,88 0,01
Les documents d’états financiers (bilan, compte de résultat) servent de
référence avant toute décision concernant la concurrence 1,33 0,83 0,01
Source : données de l’enquête
Les résultats de notre enquête présentés dans le tableau 7 et les tests de comparaison de
moyenne indiquent qu’en cas de prise de décisions relatives à la concurrence, les PE ne font
pas recourt aux informations comptables (cahiers des recettes et dépenses, cahiers de tenue
des comptes caisse et/ou banque, documents de prévision des ventes, achats et autres charges
et produits, documents pour calculer les différents coûts des produits ou services de
l’entreprise, documents de suivi de certains compartiments de l’activité de votre entreprise,
documents d’états financiers). Les moyennes des items sont inférieures et significativement
différentes de 2.
Tableau 8 : Utilité des informations comptables avant toutes décisions d’investissement Intitulés des items Moyenne Ecart type P
Les cahiers des recettes et dépenses servent de référence avant toute décision
concernant l’investissement
2,76 0,94 0,00
Les cahiers de tenue des comptes caisse et/ou banque servent de référence avant
toute décision concernant l’investissement
2,8 0,42 0,00
Les documents de prévision des ventes, achats et autres charges et produits
servent de référence avant toute décision concernant l’investissement
1,9 0,36 0,01
Les documents pour calculer les différents coûts des produits ou services de
l’entreprise servent de référence avant toute décision concernant
l’investissement
2,2 0,85 0,00
Les documents de suivi de certains compartiments de l’activité de votre
entreprise servent de référence avant toute décision concernant l’investissement
1,4 0,64 0,02
Les documents d’états financiers (bilan, compte de résultat) servent de référence
avant toute décision concernant l’investissement
2,3 0,74 0,01
Source : données de l’enquête
Les résultats de notre enquête présentés dans le tableau 8 et les tests de comparaison de
moyenne indiquent que les cahiers des recettes et dépenses, les cahiers de tenue des comptes
caisse et/ou banque, les documents pour calculer les différents coûts des produits ou services
de l’entreprise et les documents d’états financiers sont utilisés lors des prises de décisions
relatives au choix des produits à vendre. Les moyennes de ces items sont supérieures et
significativement différentes de 2. Par contre, Les moyennes des autres items sont inférieures
et significativement différentes de 2. Ce qui veut dire que les PE n’ont pas recourt à ces
13
documents (documents de prévision des ventes, achats et autres charges et produits,
documents de suivi de certains compartiments de l’activité de votre entreprise) au moment de
prendre des décisions relatives au choix des produits à vendre.
4 Discussion des résultats
Les résultats de nos travaux montrent que les informations comptables apportent une valeur
ajoutée, à des degrés divers aux différents processus de prise de décisions stratégiques au sein
des PE. Ceci va dans le même sens que les travaux d’Alves (2004). Pour lui, les informations
comptables doit fournir une information fiable pour la prise de décisions stratégiques. Il note
cependant qu’une information comptable ne permet pas en soi de garantir la validité des
décisions prises. Les liens entre l’utilisation des informations comptables et les processus
décisionnels sont d’ailleurs assez peu connus. Les recherches menées dans ce domaine sont
d’ailleurs rares et tendent à démontrer que les informations comptables sont finalement peu
utilisées par les décideurs (Alves, 2004 ; Chapellier, 2003).
Mintzberg (1973) identifient quatre situations dans lesquelles l’information comptable est
utile pour le processus décisionnel. Il s’agit de la situation d’allocation de ressources ; de la
situation de règlement de conflit ; de la situation d’entrepreneur et de la situation de
négociation. Contrairement, Kaplan et Norton (1992) pensent que la prise de décisions
stratégiques ne prend pas en compte des données prospectives.
Ces résultats contradictoires s’expliquent par le fait que les processus de prise de décisions
sont identifiés comme des maillons faibles du management dans les PE. La prise de décision
étant centralisée dans les mains du seul dirigeant bien qu’il se fait entouré par quelques
collaborateurs qui n’ont généralement pas assez de pouvoir de décision. La prise de décision
se fonde beaucoup plus sur les expériences passées que sur l’évaluation formelle des
situations.
Nos résultats permettent d’affirmer que les PE ont recourt aux informations comptables dans
le processus de prise de décisions d’achat, d’investissement, de choix des produits à vendre.
L’utilité de l’information comptable pour la prise de décisions d’achat peut d’être justifiée.
En effet, les PE bénéficient une forme de soutien de la part ses fournisseurs. Il s’agit des
crédits fournisseurs. Donc pour garder les relations avec ses fournisseurs, elles utilisent les
cahiers des recettes, des dépenses et les documents de tenue du compte ou du compte banque
afin de connaître le niveau de ses disponibilités. Comme en témoigne les propos d’un
dirigeant suivant : je demande des conditions de crédits auprès de ces fournisseurs, donc il
faut que je sache la somme que je dispose avant d’aller le voir.
La pertinence de l’information comptable pour le processus de prise de décisions
d’investissement peut s’expliquer dans un contexte où les PE sollicitent du financement
bancaire. C’est dans ce sens que Francis et Schipper (1999) soulignent la pertinence d’une
information comptable peut être définie comme sa capacité à estimer la vraie rentabilité
d’une entreprise dans le cadre d’un financement. Les institutions financières sont des acteurs
particulièrement importants dans la vie des PE. Pour financer leur besoin en fond de
roulement d’exploitation, les PE doivent compléter leurs ressources propres par des apports
personnels du dirigeant ou solliciter des créanciers externes. Or les banques sont réticentes
pour financer les PME. Ce qui les oblige à produire des informations comptables.
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Nos résultats mettent en exergue qu’un nombre faible de PE utilise un système de suivi et les
documents de prévisions pour la prise de décisions. Le suivi des activités est la dimension du
contrôle de gestion qui a trait à la notion de surveillance (Bergeron, 1996). Son rôle dans un
système de contrôle de gestion est de constater ce qui se fait en vue fournir les bases
d’information sur le déroulement des activités. Les prévisions permettent l’évaluation et de
savoir si ce qui se passe est conforme à ce est désiré par les dirigeants. Elle est l’élément
déclencheur de la prise de décision (Bergeron, 2002 ; Bayad et Garand, 1998). L’évaluation
doit être faite par rapport à une référence.
Conclusion
Le présent article a pour objectif d’analyser la pertinence des informations comptables pour
la prise de décisions stratégiques au sein de l’entreprise de petite taille. Pour ce faire, nous
avons, dans une première étape, posé les fondements théoriques de la recherche. Dans une
deuxième étape, nous avons décrit la démarche méthodologique de notre travail. Ainsi, nous
avons procédé à l’étude empirique. Ainsi, la collecte des données réelles a été réalisée par
l’administration d’un questionnaire auprès d’entreprises installées au Togo ayant une taille
petite. Les données collectées ont été ensuite analysées. Les résultats montrent que la plupart
des PE produisent l’information comptable à travers les divers documents qu’elles élaborent
et les finalités de l’information comptable sont multiples. Elle est utilisée pour la prise de
toutes les décisions stratégiques dans l’entreprise : décisions d’achat, décisions
d’investissement, décisions de choix des produits à vendre.
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de gestion, essai d’observation et d’interprétation », thèse de doctorat, Université de
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Colasse B. (2009), « Le Syscoa-OHADA à l’heure des IFRS », Revue Française de
Comptabilité, n° 25, p. 25-29.
15
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of accounting research, 37, p. 319-352.
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Nobes, C.W. (1998), « The future shape of harmonization : some responses », The European
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Pigé, B. (2013), « Doctrine comptable et prolifération normative, les normes sont-elles
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