addiction et insertion - prospectsaso
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BOURLIERE Estelle
30/04/2018
Insertion et Addiction
Sous la direction de :
Sylvie GIPULO, directrice du pôle insertion
Association Joseph Sauvy, CAARUD
Ascode
Ousmane NDIAYE, chargé d’enseignement
UPVD/IRTS-LR
Licence professionnelle Intervention Sociale :
Accompagnement à l’Insertion Socioprofessionnelle
Remerciements
La réalisation de ce mémoire a été possible grâce à l’aide de plusieurs personnes à qui
je souhaiterais témoigner ma gratitude.
Je voudrais, tout d’abord, témoigner ma reconnaissance à mes directeurs de mémoire,
Ousmane NDIAYE et Sylvie GIPULO, pour leur disponibilité, leur patience et leurs conseils,
qui m’ont permis de nourrir ma réflexion.
Je souhaiterais également remercier les employés permanents qui, par leur accueil,
m’ont permis de réaliser cette expérience enrichissante qu’a été ce stage de huit semaines au
sein des différents chantiers d’insertion. J’aimerais remercier plus particulièrement Martine
GINESTE pour sa grande disponibilité et le soutien qu’elle m’a apporté au cours de ces deux
derniers mois.
Un grand merci aux salariés en CDDI sans qui ce travail n’aurait pas été possible, et qui
se sont portés volontaires pour répondre à mes questions.
Je voudrais, enfin, adresser ma reconnaissance à ma famille, mes amis et collègues qui
m’ont apporté leur soutien tout au long de cette démarche.
Table des matières
Remerciements ........................................................................................................................... 0
Introduction ................................................................................................................................ 1
I. Rappels ............................................................................................................................... 2
A. Histoire de l’apparition des drogues .................................................................................. 2
B. Création du CAARUD en France ...................................................................................... 3
C. Prise en charge des addictions en Espagne ........................................................................ 6
II. Cadre de référence ................................................................................................................. 7
A. Cadre réglementaire .......................................................................................................... 8
B. Cadre conceptuel ............................................................................................................... 9
1. Addiction ........................................................................................................................ 9
2. Insertion ........................................................................................................................ 10
3. Empowerment .............................................................................................................. 12
4. Besoins ......................................................................................................................... 12
III. Enquête exploratoire .......................................................................................................... 13
A. Méthodologie ................................................................................................................... 14
B. Résultats ........................................................................................................................... 15
1. Entretiens avec les usagers ........................................................................................... 15
2. Questionnaire des permanents ...................................................................................... 19
C. Discussion ........................................................................................................................ 23
Conclusion ................................................................................................................................ 28
Glossaire ................................................................................................................................... 29
Table des illustrations ............................................................................................................... 31
Bibliographie ............................................................................................................................ 32
Ouvrages ............................................................................................................................... 32
Revues scientifiques et PDF ................................................................................................. 32
Sites internet ......................................................................................................................... 34
Annexes ...................................................................................................................................... 0
Annexe 1 ................................................................................................................................ 0
Annexe 2 ................................................................................................................................ 4
Annexe 3 ................................................................................................................................ 5
Annexe 4 ................................................................................................................................ 6
Annexe 5 .............................................................................................................................. 13
1
Introduction
L’Association Joseph Sauvy est gestionnaire d’établissements sanitaires, sociaux et médico-
sociaux. Elle a été créée en 1963 par la Mutualité Sociale Agricole ainsi que la fédération des
caisses locales des Assurances Mutuelles Agricoles des Pyrénées-Orientales.
Depuis sa création, l’association s’est développée afin d’offrir des services et une prise en
charge adaptés à tous les publics et à tous les stades de la vie. Elle gère ainsi de nombreux
établissements et est divisée en pôles, dont le pôle insertion qui comprend le Centre Accueil et
Accompagnement à la Réduction des risques des Usagers de Drogues (CAARUD) Ascode.
L’association Joseph Sauvy administre également des groupements, dont le groupement de
coopération sociale et médico-sociale (GCSMS) Sauvy Insertion avec son chantier d’insertion
« Ecole de la Terre ». C’est une exploitation agricole de maraîchage biologique qui propose, à
des personnes éloignées de l’emploi, un parcours d’insertion socio-professionnelle et leur
assure un accompagnement et un encadrement technique adaptés.
Les Structures d’Insertion par l’Activité Economique (SIAE) se trouvent actuellement de plus
en plus démunies face à des problématiques concernant les addictions des publics accueillis.
Dans ce contexte, la Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la
Consommation, du Travail et de l’Emploi (DIRECCTE) des Pyrénées-Orientales (PO), en
partenariat avec le CAARUD Ascode, souhaite porter une action visant la prise en compte des
addictions dans les SIAE. En effet, bien souvent les professionnels ne savent pas comment
réagir face à des personnes alcoolisées ou sous l’emprise de substances psychoactives. Ainsi,
comment aborder l’addiction dans un projet d’insertion socio-professionnelle ?
Ce travail est composé de trois parties. Dans la première, je présente un rappel de l’histoire de
l’apparition des drogues et de la création des structures d’accompagnement en France et en
Espagne. Dans la seconde partie, je détaille le cadre réglementaire relatif à la consommation de
substances psychoactives, ainsi que les principales notions clés. Pour finir, la troisième partie
est constituée par l’analyse de mon enquête exploratoire.
2
I. Rappels
Il m’apparait intéressant, pour commencer, de faire un bref retour historique sur l’apparition
des drogues et des addictions au sens de toxicomanies. Dans ce travail, ce terme est utilisé au
sens large et regroupe les addictions aux drogues licites comme illicites et autres substances
psychoactives (café, traitements psychotropes, …).
A. Histoire de l’apparition des drogues
Les drogues existent depuis la nuit des temps et sont indissociables de l’histoire des Hommes.
Elles étaient utilisées par les guérisseurs comme traitement ou par les religieux lors de rites. Les
premières traces remontent à environ 4000 ans avant Jésus-Christ en Mésopotamie. En effet, la
coca ou les graines de pavot sont cultivées depuis plusieurs milliers d’années pour leurs vertus
médicinales et pour la réalisation de certains rites chamaniques. Ce n’est que plus tard que la
coca sera utilisée dans un contexte festif, voire pour augmenter les performances des esclaves
indiens dans les mines des Andes. Le cannabis a, quant à lui, été mentionné pour la première
fois en 2700 avant J-C dans un Traité des plantes médicinales de l’empereur chinois, Shen
Nung. Le cannabis, issu du chanvre, a longtemps été cultivé pour des usages culturels,
médicinaux ou religieux en Asie, en Inde et en Afrique du Nord.
Ainsi, les drogues ont rempli des fonctions rituelles, religieuses et sociales, des fonctions
thérapeutiques ainsi que des fonctions festives1.
Au début du XIXème siècle, et plus précisément en 1804, les progrès de la chimie amènent à la
découverte de la morphine par Freidrich Wilhelm Sertürner. Il la nomme ainsi pour ses
puissants effets narcotiques. Elle est utilisée par les médecins pour soigner les soldats blessés
lors de la guerre de Sécession aux Etats-Unis et lors du conflit franco-prussien en 1870.
Cependant, ses propriétés antalgiques entrainent, dans les années 1850-1860, sa sur prescription
et surconsommation. En 1870, en Allemagne, en France ou aux Etats-Unis, les médecins
constatent tous une accoutumance voire une dépendance des patients à la morphine, « il
apparait [alors] nécessaire de nommer et de caractériser au plus vite ce syndrome clinique
inattendu afin de pouvoir définir un traitement efficace »2.
1 Alain Morel, Jean-Pierre Couteron, Patrick Fouilland, Aide-mémoire d’addictologie, Ed. Dunod, 2ème édition,
2015, PDF, URL : https://www.dunod.com/sites/default/files/atoms/files/9782100721429/Feuilletage.pdf
Consulté le 22/02/2018 2 Dominique Vuillaume, « La construction des pensées française et américaine sur la question des drogues, du
parallélisme des origines au tournant des années trente », in Médecine/Sciences, n°10, vol 31, octobre 2015,
p921-928
3
En 1894, l’héroïne fait son apparition, elle est synthétisée à partir de la morphine mais elle est
encore plus puissante. Dans les années qui suivent, morphine, héroïne et autres dérivés, sont
utilisés en médecine mais font également l’objet d’utilisations détournées.
En 1875, le Docteur Edouard Levinstein est le premier à parler de « morphiumsucht »
(Dominique Vuillaume, m/s, 2015) ou morphinomanie. Il s’agit pour lui de prendre en compte,
non seulement les symptômes associés à l’intoxication par la morphine, mais aussi la
« dimension passionnelle de l’attirance pour cette drogue » (Dominique Vuillaume, m/s,
2015). Dans les années qui suivent, des chercheurs français effectuent de nombreuses
recherches sur le pouvoir addictif de la morphine qui sont à l’origine de la loi du 12 juillet 1916
prohibant la production, la commercialisation, la distribution et l’usage de l’opium et de ses
dérivés. Le terme de toxicomanie apparait en 1909, dans un article du Docteur Louis Viel « La
toxicomanie », dans lequel il indique que « le mot toxicomanie désigne d’une façon aussi
commode qu’exacte, toute cette catégorie de gens qui, par habitude, s’intoxique avec des
produits divers, dans le but de se procurer des sensations agréables dont la forme et l’intensité
varient suivant la nature et la quantité du toxique employé. » (Dominique Vuillaume, m/s,
2015). Le terme de toxicomanie est un terme plus général venant prendre la suite de celui de
morphinomanie. Cela sous-tend également le paradigme selon lequel ce sont les produits en
eux-mêmes qui sont porteurs de dangerosité. Or, il est remis en cause, dans les années 1990,
avec la progression du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) chez les toxicomanes. Cette
décennie marque réellement le début de l’histoire de la toxicomanie avec notamment la création
de l’Observatoire Français des Drogues et des Toxicomanies (OFDT) et l’apparition des
traitements de substitution.
Aujourd’hui, les drogues sont interdites en France, mais certaines sont utilisées à faible dose
dans certains traitements médicamenteux.
B. Création du CAARUD en France
Dans les années 1990, Simone Veil permet l’ouverture de « boutiques », qui sont une réponse
à la montée des risques liés aux consommations de drogues. Ces « boutiques » sont les ancêtres
des CAARUD. En 2004, après un combat de 10 ans, les associations parviennent à leurs fins :
la réduction des risques (RdR) entre dans la loi du 9 Août 2004 relative à la politique de Santé
Publique. Les CAARUD sont créés à cette occasion et sont financés par la Sécurité Sociale. La
loi du 26 janvier 2016 de modernisation du système de santé vient redéfinir la réduction des
risques qui devient la réduction des risques et dommages (RdRD) avec notamment
l’expérimentation de salles de consommation à moindre risque (SCMR). La politique de RdRD
4
vise à prévenir les dommages sanitaires, psychologiques et sociaux, à réduire la transmission
des infections et la mortalité par surdosage des substances psychoactives3. En France, la
prévalence du VIH ainsi que celle du VHC ont nettement diminué grâce à la politique de
réduction des risques et des dommages.
Les CAARUD ont ainsi pour missions :
- d’accueillir, informer et conseiller,
- de soutenir les usagers dans l’accès aux soins, aux droits, au logement et à l’insertion
professionnelle,
- de mettre à disposition du matériel de prévention des infections
- de mettre en place une intervention de proximité dans le but d’établir un contact avec
les usagers
- de développer des actions de médiation sociale
- de participer au dispositif de veille en matière de drogues et de toxicomanies
- de participer à la recherche, à la prévention et à la formation sur les pratiques des
usagers4.
Le CAARUD Ascode de Perpignan est positionné, par l’Agence Régionale de Santé (ARS),
comme référent en matière de RdRD sur le département des Pyrénées-Orientales. Depuis le 13
mars 2017, il s’est doté d’une équipe mobile, financée par l’ARS. Ainsi, deux travailleurs
sociaux assurent une maraude de rue afin de favoriser une prise de contact direct avec les
individus et les groupes ainsi que de rencontrer les acteurs du champ médical et du champ
social.
L’association Joseph Sauvy, dont le CAARUD Ascode fait partie, administre également des
groupements, dont le GCSMS Sauvy Insertion avec son chantier d’insertion « Ecole de la
Terre ». Il existe depuis 2011 et a accueilli sa première équipe de travail en 2012. C’est une
exploitation agricole de maraîchage biologique proposant à des personnes éloignées de l’emploi
un parcours d’insertion socio-professionnelle, leur assurant ainsi un accompagnement et un
encadrement technique adaptés. Les Ateliers et Chantiers d’Insertion (ACI) sont des structures
de l’insertion par l’activité économique (IAE). L’IAE a pour objectif de faciliter la réinsertion
3 Martin Lacoste, Histoire de l’histoire de la RdR, PDF en ligne, URL : http://www.caarud-
10ans.fr/0_Histoires_de_l_histoire_de_la_RDR.pdf Consulté le 23/02/2018 4 ANESM, Inclusion sociale, Recommandations de bonnes pratiques professionnelles, « La réduction des risques
et des dommages dans les centre d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues
(CAARUD) », juin 2017, PDF
5
de personnes sans emploi et rencontrant des difficultés socio-professionnelles en leur faisant
bénéficier de contrats de travail. Elle représente ainsi une passerelle vers l’emploi durable et
s’inscrit dans les principes de l’économie sociale et solidaire. Il existe plusieurs types de
structures de l’IAE (ACI, EI ou Entreprise d’Insertion, ETTI ou Entreprise de Travail
Temporaire d’Insertion et les AI ou Associations Intermédiaires) mais je ne m’intéresserai dans
ce travail qu’aux ACI. Ce sont des dispositifs portés par des associations ou des collectivités
locales qui peuvent être permanents ou ponctuels. Ils s’appuient sur des activités d’utilité
sociale afin de permettre aux salariés d’accéder au marché du travail dans des conditions
ordinaires. Les ateliers et chantiers d’insertion offrent aux salariés en Contrat à Durée
Déterminée d’Insertion (CDDI) un encadrement technique mais aussi un accompagnement
socio-professionnel personnalisé5.
Les publics accueillis dans les SIAE sont des personnes très éloignées de l’emploi telles que les
jeunes de moins de 26 ans sans expérience ou qualification, les bénéficiaires de minima sociaux
(RSA ou Revenu de Solidarité Active, AAH ou Allocation aux Adultes Handicapés, ASS ou
Allocation de Solidarité Spécifique, …), les chômeurs de longue durée et les travailleurs
reconnus handicapés6. L’entrée dans une structure de l’IAE se fait en trois étapes :
- Première étape : l’orientation vers un prescripteur (Pôle Emploi, Mission Locale Jeune
(MLJ), Conseil Départemental, Cap Emploi, Centre d’Information sur les Droits de la
Femme et des Familles (CIDFF) et autres prescripteurs habilités par le préfet).
- Deuxième étape : la réalisation d’un entretien d’éligibilité avec la personne concernée.
- Troisième étape : un agrément Pôle Emploi lui est délivré si la candidature de celle-ci
est retenue.7
Les contrats de travail de l’IAE sont spécifiques et doivent être signés avec une structure
spécialisée en insertion sociale. Ils doivent couvrir une période minimum de quatre mois,
renouvelable jusqu’à vingt-quatre mois. Dans certains cas particuliers, comme la poursuite
d’une formation, ceux-ci peuvent être renouvelés au-delà de la limite des vingt-quatre mois.
5 FNARS Occitanie, Portes ouvertes – ADESOL, Perpignan, 21 septembre, PDF 6 Direction de l’information légale et administrative, En quoi consiste l’insertion par l’activité économique (IAE) ?,
mise à jour le 9 mars 2017, en ligne, URL : https://www.service-public.fr/particuliers/vosdroits/F2284 consulté le
11/04/2018 7 DIRECCTE, Insertion par l’activité économique (IAE), un emploi de transition pour une insertion durable,
novembre 2011, PDF en ligne
http://idf.direccte.gouv.fr/sites/idf.direccte.gouv.fr/IMG/pdf/Plaquette_IAE_prescripteur_V4.pdf consulté le
11/04/2018
6
Dans chacune de ces structures, il doit y avoir au moins un accompagnateur socioprofessionnel
et un encadrant technique pour favoriser l’accompagnement des salariés de l’IAE.
C. Prise en charge des addictions en Espagne
En Espagne, ce sont les éducateurs qui sont spécialisés dans les problématiques d’alcoolisme
et qui réalisent les accompagnements. Les travailleurs sociaux signalent la présence d’un
problème d’alcoolisme et accompagnent la personne à l’hôpital.
A Gérone, il existe deux Communautés Thérapeutiques (CT), les autres centres d’accueil étant
des centres religieux.
Figure 1 : Système de prise en charge des addictions en Espagne
Il faut dans un premier temps faire un travail de désintoxication (DTX) avant de pouvoir
entamer la prise en charge. Il y a ainsi 15 jours de désintoxication puis de 6 à 8 mois de prise
en charge. Après le passage en CT, il est très important de poursuivre la prise en charge au CAS
(centre de prise en charge ambulatoire) pour éviter les rechutes. En CT, l’accompagnement est
progressif, les premiers mois la prise en charge est plus régulée et les sorties sont contrôlées car
il faut redonner une structuration de la vie quotidienne et changer le regard sur l’organisation
quotidienne de l’usager. La prise en charge doit être totalement volontaire, si la personne veut
partir, elle est libre de le faire mais doit en faire la demande 24 heures avant son départ pour
que les professionnels puissent mesurer le degré de manque dans laquelle elle se trouve.
Il existe une obligation de prise en charge lorsque la personne a commis un délit ou un crime.
Il arrive également souvent que la demande de prise en charge vienne de la famille. Dans les
CT, la question du volontariat est travaillée en groupe et la personne reste libre d’arrêter si elle
DTX 15j CAS
Ambulatory care
Therapy
communauties
CT 6-8 mois
Appartements
thérapeutiques
(si PEC infructueuse)
(
Non-payant
-dans 99% des cas, l’usager vient du
CAS = la participation financière se
fait en fonction des revenus
-jusqu’à 4000€/mois si l’usager va
directement au CT
7
le souhaite. Si les professionnels constatent qu’une personne accueillie a consommé des
substances psychoactives lors de sa prise en charge, elle peut être exclue ou invitée à retourner
en désintoxication. La participation financière permet de responsabiliser et de fidéliser les
usagers.
Par ailleurs, les personnes sont progressivement mises dans des situations de stress pour
mesurer jusqu’à quel point elles vont pouvoir résister à l’envie de consommer. Cela permet aux
professionnels de mesurer la désaccoutumance. Pour gérer ce stress, les CT proposent de
nombreuses activités : sportives, culturelles, manuelles, … (Propos recueillis lors d’un
séminaire à la facultat de Educacio i Psicologia de Girona).
Il existe comme en France des entreprises d’insertion (EI) permettant à ces personnes de
retrouver un emploi et d’être suivies, comme la Foresterra. C’est une EI ainsi qu’une
coopérative de travail qui fait partie de la Fédération d’Entreprises d’Insertion de Catalogne
(FEICAT) notamment. Font partie de la FEICAT, toutes les entreprises qui favorisent
l’insertion sociale et professionnelle. La Foresterra agit dans les domaines agricole, forestier et
dans la bio-construction8.
II. Cadre de référence
Les SIAE se trouvant de plus en plus démunies face à des problématiques concernant les
addictions des publics accueillis, la DIRECCTE et le CAARUD souhaitent porter une action
visant la prise en compte des addictions dans ces structures. Pour cela, le CAARUD propose de
mener une action de formation/information auprès des SIAE demandeuses. De plus, dans le
cadre d’un programme de recherche européen, Prospectsaso, visant à la construction d’un
réseau transfrontalier sur un axe Perpignan-Barcelone autour de la thématique de la réduction
des risques dans les conduites addictives liées à la consommation de substances psychoactives,
les acteurs de l’insertion socio-professionnelle catalans seront également ciblés par cette action.
Des questionnements découlent de la problématique de l’addiction dans le milieu de l’insertion
tels que :
- Comment prendre en compte l’addiction dans un projet d’insertion ?
8 FEICAT, Les empreses d’insercio, « Que son ? », en ligne, URL : http://www.feicat.cat/qui-som-2/ consulté le
24/02/2018
8
- Comment le monde du travail intègre-t-il les usagers de substances
psychoactives (SPA) ?
- Usage de SPA, comment en parler ?
- Quels sont les besoins des professionnels mais aussi des personnes accueillies sur la
problématique des addictions ?
- Quelles actions mettre en place pour la prise en charge et le maintien de l’empowerment
(c’est-à-dire le pouvoir d’agir) des personnes sous addiction ?
On peut ainsi émettre la problématique suivante : en fonction des besoins de chacun,
professionnels et usagers, quelles actions peut-on mettre en place afin de prendre en
charge/accompagner les personnes sous addiction et de préserver leur pouvoir d’agir ?
A. Cadre réglementaire
La gestion des addictions est réglementée par un cadre légal vaste car elle concerne la santé
publique, la sécurité mais aussi le travail. De plus, les employeurs ont une obligation de sécurité
et de responsabilité envers leurs salariés, prévue dans le Code du Travail. En effet, les articles
R4228-20 et 21 interdisent d’introduire ou de distribuer des boissons alcoolisées sur le lieu de
travail ou de laisser entrer et séjourner une personne en état d’ivresse. Les stupéfiants ne sont
pas mentionnés dans ce code car ils sont interdits par la loi. Il peut également s’appuyer sur le
Code de la route, qui sanctionne pénalement la conduite sous l’emprise de substance
psychoactive, ou encore le Code de santé publique qui interdit, notamment, la consommation
de tabac dans les lieux publics.
Cependant, lorsqu’un salarié se présente sur son lieu de travail en état d’ébriété ou en ayant
consommé des substances psychoactives, aucune disposition réglementaire n’existe sur la
démarche à suivre mais selon le Code pénal, ne pas porter secours à une personne hors d’état
de se protéger constitue un délit9.
Par ailleurs, les politiques françaises ont mis en place des plans gouvernementaux depuis le
début des années 2000 afin de réduire les risques liés aux addictions. Le 19 septembre 2013, le
plan 2013-2017 de lutte contre les drogues et les conduites addictives a été adopté. Il repose sur
trois grands principes :
- Fonder l’action publique sur l’observation, l’évaluation et la recherche
9 Commission Santé au Travail de Solidaires, Union syndicale, Outils pour l’action syndicale, « Addictions : un
risque professionnel, comment prendre en charge syndicalement les addictions au travail ? », n°19, novembre
2015, PDF extrait du site www.solidaires.org
9
- Prendre en compte les populations les plus exposées pour réduire les risques et les
dommages sanitaires et sociaux
- Renforcer la sécurité en luttant contre le trafic et la délinquance liés à la consommation
de substances psychoactives10.
B. Cadre conceptuel
Avant de continuer, il est nécessaire de définir quelques notions afin de mieux comprendre
l’environnement dans lequel je travaille et de pouvoir mettre en place une méthodologie
adaptée.
1. Addiction
Selon l’Institut National de Recherche et de Sécurité (INRS), l’addiction se définit par la
dépendance ou encore l’impossibilité de contrôler un comportement et sa répétition en dépit de
la connaissance des conséquences néfastes. Il existe des addictions avec ou sans produit11.
Lorsque l’on parle d’addiction, il faut distinguer plusieurs notions telles que :
- L’usage simple : il n’entraine pas de conséquence néfaste sur les plans physique,
psychologique et social. Cet usage est le plus souvent soit expérimental soit occasionnel.
La consommation est ainsi perçue comme satisfaisante et ce ressenti est supérieur à la
souffrance et aux effets indésirables.
- L’usage à risque : des complications potentielles peuvent survenir sur les plans
physique, psychologique et social. Ce qui différencie l’usage à risque de l’usage simple,
ce sont les motivations de la personne et ses prédispositions mais aussi le contexte ou
les pratiques de consommation.
- L’usage nocif : usage dangereux pour la santé ayant des conséquences néfastes sur les
plans physique, psychologique et social. Les personnes ayant ce type de comportement
ne sont pas nécessairement dépendantes mais peuvent avoir recours à un dispositif
d’accompagnement. Cet usage s’appuie sur des critères de régularité, de répétition et de
difficulté à se passer du produit. Il peut y avoir une incapacité à remplir les obligations
de la vie quotidienne (familiales, professionnelles, …).
- La dépendance caractérise un état dans lequel la substance psychoactive prend une place
centrale dans la vie quotidienne du consommateur. La substance modifie alors le rapport
10 MILDECA, Plan gouvernemental de lutte contre les drogues et les conduites addictives 2013-2017, publié le
9 août 2015, URL http://www.drogues.gouv.fr/la-mildeca/le-plan-gouvernemental/priorite-2013-2017 , Consulté
le 07/03/2018 11 INRS, Addictions et travail, mise à jour le 23/08/2008, PDF extrait du site www.inrs.fr
10
des individus à eux-mêmes mais aussi aux autres et à l’environnement. La dépendance
peut être mesurée par des signes cliniques tels que le manque ou la tolérance12.
Selon le Manuel diagnostic et statistique des troubles mentaux (DSM-5), une personne est
considérée comme dépendante lorsqu’elle présente au moins deux des critères suivants, et ce
pendant une période d’un an minimum :
- « Incapacité de remplir des obligations importantes
- Usage même lorsqu’il y a un risque physique
- Problèmes interpersonnels ou sociaux
- Augmentation de la tolérance au produit addictif
- Présence d’un syndrome de sevrage, c’est-à-dire de l’ensemble des symptômes
provoqués par l’arrêt brutal de la consommation
- Perte de contrôle sur la quantité et le temps dédié à la prise de substance
- Désir ou efforts persistants pour diminuer les doses ou l’activité
- Activités réduites au profit de la consommation
- Poursuite de la consommation malgré les dégâts physiques ou psychologiques
- Le craving, nouveauté introduite par le DSM-5, qui peut se traduire par un « besoin
impérieux et irrépressible ». ».13
Par ailleurs, une substance psychoactive (SPA) est une substance ayant un effet sur le système
nerveux central et pouvant ainsi altérer le comportement. Elle peut être licite (alcool, tabac,
médicaments psychotropes, café, solvants, …) ou illicite (cannabis, amphétamines, cocaïne,
héroïne, kétamine, ecstasy, …).
La consommation de substances psychoactives, en particulier l’alcool et les drogues illicites,
étant interdite par les différents codes sur le lieu de travail, l’addiction peut représenter un frein
à l’insertion professionnelle.
2. Insertion
Les salariés recrutés sur les chantiers d’insertions sont des personnes souvent très éloignées de
l’emploi qui peuvent être dans des situations d’exclusion voire de disqualification sociale. En
effet, elle se traduit selon Serge Paugam par « une pauvreté relationnelle, des problèmes de
12 Christine Caldéron, Philippe Lagomanzini, Olivier Maguet, Frédéric Menneret, Insertion sociale et par l’emploi
des usagers de drogues, « Recommandations pour un accompagnement individuel et collectif », PDF 13 Damien Coulomb, « Grand angle : Jeux vidéo, jeux d’argent, sexe, travail… Des addictions comme les
autres ? », Science et Santé, magazine de l’INSERM, n°19, Mars-Avril 2014
11
santé, des difficultés d’accès au logement »14, c’est « le discrédit de ceux dont on peut dire […]
qu’ils ne participent pas pleinement à la vie économique et sociale »15. Ainsi, un faible niveau
d’intégration professionnelle peut conduire à un faible niveau d’intégration sociale. La
disqualification sociale est un phénomène de réduction ou de rupture des liens sociaux. Un
individu disqualifié a perdu la protection et la reconnaissance de la société, il est ainsi
« vulnérable face à l’avenir et accablé par le poids du regard négatif qu’autrui porte sur lui »16.
Selon Marc Loriol, l’insertion est une stratégie adoptée par la collectivité afin de lutter contre
l’exclusion17. Il fait un lien historique entre la constitution de la notion de handicap et celle
d’insertion afin de pouvoir introduire les réflexions de Talcott Parsons sur le rôle de malade et
la régulation sociale de la maladie. Il développe ainsi l’idée que la thérapie peut être interprétée
comme une pratique d’insertion centrée sur l’individu. En effet, selon Parsons, la médecine
représente un facteur de stabilité sociale en tentant de canaliser la déviance que constitue la
maladie et en définissant un statut spécifique au malade. Ainsi, celui qui est reconnu comme
malade bénéficie de droits mais doit en retour reconnaitre que son état est indésirable et chercher
à l’améliorer. Selon M. Loriol, l’intérêt du modèle de Parsons est de proposer une sorte de
fiction de la gestion des comportements déviants, la réinsertion devient une sorte de
psychothérapie. En effet, selon lui, tous les bénéficiaires des dispositifs d’insertion ne
présentent pas systématiquement une pathologie mais la fatigue, l’usure psychologique et le
stress des individus prédominent. Marc Loriol conclut sur le fait que le rôle de malade offre un
cadre pertinent pour l’analyse sociologique de l’insertion mais que cette tentative de définition
doit être complétée par d’autres études. Ainsi, l’article de Laurent Remondi vient appuyer les
propos de Marc Loriol. En effet, Remondi constate également qu’une idéologie médico-
psychologique persiste, les problèmes sociaux seraient perçus comme des problèmes
individuels qu’il serait nécessaire de traiter. L’intérêt de son étude est d’apporter une dimension
historique et de mettre en valeur les représentations du travail à l’œuvre dans le dispositif RMI
(Revenu Minimum d’Insertion). Il en conclut que le travail ne doit pas nécessairement être utile
14 Serge Paugam, Nicolas Duvoux, La régulation des pauvres, éd. Puf, 2ème édition 2013, p35 15 Serge Paugam, La disqualification sociale, essai sur la nouvelle pauvreté, éd. Puf, 1991, p17 16 Serge Paugam, "Les formes contemporaines de la disqualification sociale", CERISCOPE Pauvreté, 2012, [en
ligne], URL : http://ceriscope.sciences-po.fr/pauvrete/content/part5/les-formes-contemporaines-de-la-
disqualification-sociale , consulté le 02/03/2018 17 Marc Loriol (Dir.), Qu’est-ce que l’insertion ? Entre pratiques institutionnelles et représentations sociales, éd.
L’Harmattan 1999, réimprimé en août 2017, coll. « Sciences humaines et sociales »
12
mais que c’est l’individu qui a besoin de se sentir utile car ce sentiment est « considéré comme
l’un des éléments qu’offre naturellement le statut social de travailleur » (L.Remondi, p53)18.
3. Empowerment
Selon Yann Le Bossé, la mondialisation a eu pour effet d’augmenter et de dégrader les
situations dans lesquelles les travailleurs sociaux sont amenés à intervenir, en exerçant une
pression sur les individus peu préparés à une telle compétitivité et aux exigences qui en
résultent. Les professionnels ont dû adapter leurs pratiques afin de répondre aux conditions de
travail. En effet, selon Ricœur, « la souffrance n’est pas uniquement définie par la douleur
physique, ni même par la douleur mentale, mais par la diminution, voire la destruction de la
capacité d’agir, du pouvoir-faire, ressenties comme une atteinte à l’intégrité du soi »19. C’est
ainsi qu’est née la notion d’empowerment ou développement du pouvoir d’agir car avec cette
conception de la souffrance, on peut attendre des professionnels qu’ils incluent le
développement du pouvoir d’agir dans leurs accompagnements. Yann Le Bossé décrit
l’empowerment ainsi : c’est « la possibilité concrète pour des personnes ou des collectivités
d’exercer un plus grand contrôle sur ce qui est important pour elles, leurs proches ou la
collectivité à laquelle ils s’identifient ». Les personnes accompagnées accomplissent alors un
changement grâce à des compétences qu’elles possèdent déjà et elles visent non plus
l’adaptation mais l’affranchissement de la situation20.
4. Besoins
Il me semble important de définir ce que sont les besoins car selon Maslow (1916-1972),
psychologue, une anomalie à chaque étage de la pyramide peut entrainer un effondrement de
celle-ci, de même qu’une faille étendue et profonde peut avoir un effet destructeur. Cet
agencement permet d’avoir une première approche de l’interdépendance des besoins de l’être
humain. Or, je me trouve face à des publics en difficultés psycho-sociales. Il me parait donc
important de veiller à mettre en œuvre les actions nécessaires au maintien de cette pyramide.
Selon Maslow, on peut organiser les besoins humains selon une hiérarchie avec à la base de la
pyramide : les besoins physiologiques élémentaires et à son sommet : les besoins
psychologiques et affectifs d’ordre supérieur. Pour que cette pyramide tienne droit, il est
nécessaire que sa base soit solide afin qu’il n’y ait pas d’affaiblissement des étages supérieurs.
18 Marc Loriol (Dir.), Qu’est-ce que l’insertion ? Entre pratiques institutionnelles et représentations sociales, éd.
L’Harmattan 1999, réimprimé en août 2017, coll. « Sciences humaines et sociales » 19 Paul Ricoeur, Soi-même comme un autre, Paris, éd. Du seuil, 1990 20 Yann Le Bossé, Le développement du pouvoir d’agir personnel et collectif, une alternative crédible ?,
Novembre 2008, PDF
13
On constate ainsi que les besoins physiologiques sont prioritaires car une personne cherche
principalement à les satisfaire avant les autres.
Figure 2 : Pyramide des besoins selon Maslow
Le lien avec les quatorze besoins fondamentaux de Virginia Henderson (1897-1996), infirmière
américaine, peut être fait car ils sont classés de la même manière21. Ainsi, un besoin ne peut
être atteint que si les besoins précédents ont été satisfaits en amont. Ces quatorze besoins
fondamentaux sont utilisés par les professionnels de santé lors des soins d’une personne malade
ou en bonne santé. Ils définissent l’autonomie des individus sur les plans physique,
psychologique et social22.
Enfin, nous pouvons noter que le dictionnaire Larousse définit un besoin comme une exigence
née d’un manque ou d’une privation d’une chose nécessaire à la vie organique (besoin de boire
et manger, besoin de dormir, …)23.
III. Enquête exploratoire
Avant de débuter l’enquête, il est nécessaire d’établir une méthodologie. Cette partie est
importante pour la compréhension des différentes étapes du plan d’actions mis en œuvre.
21 Dr MIAS Lucien, Maslow – Henderson – Soins, Janvier 2001, URL : http://papidoc.chic-
cm.fr/573MaslowBesoins.pdf, consulté le 28/02/2018 22 Infirmiers.com, Cours - Soins Infirmiers - Virginia Henderson, 02.02.15 Mise à jour le 28.09.15, URL :
https://www.infirmiers.com/etudiants-en-ifsi/cours/cours-soins-infirmiers-virginia-henderson.html, consulté le
28/02/2018 23 Dictionnaire Larousse, Définition de besoin, URL : http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais/besoin/8907,
Consulté le 28/02/2018
14
A. Méthodologie
Dans un premier temps, j’ai eu l’opportunité de me rendre sur trois sites différents : les ACI
« Ecole de la Terre », « Tremplin pour l’Emploi » et « Restauration des Vieilles Pierres » où
j’ai pu rencontrer deux des trois équipes de salariés en CDDI afin de me présenter et expliquer
le but de ma venue. Cela m’a permis d’établir un premier contact avec eux avant d’entamer la
phase exploratoire de mon travail et ainsi de permettre l’instauration d’une certaine relation de
confiance, notamment à l’ « Ecole de la Terre » où je me suis rendue à plusieurs reprises. De
plus, l’un des salariés étant bien informé sur la thématique de l’addiction, il a été pour moi une
personne ressource qui m’a permis d’établir une méthodologie d’enquête. En effet, pour
certaines communautés, le sujet de l’addiction est un tabou que l’on peut difficilement aborder
de manière directe. Par ailleurs, après quelques matinées passées à observer les salariés, je me
suis rendue compte que l’élaboration d’un questionnaire n’était pas envisageable car certains
ne savent pas ou peu lire et écrire. De ce fait, après accord de la directrice du CAARUD Ascode,
j’ai décidé de réaliser un photo-langage afin d’introduire de manière ludique la question de
l’addiction pour ensuite pouvoir mener un entretien à l’aide d’un guide composé principalement
de questions fermées.
Cela m’a également permis de faire la rencontre d’une partie des employés permanents de ces
chantiers d’insertion. Après avoir réalisé un questionnaire (voir Annexe 1) et l’avoir fait valider
par la directrice, j’ai ainsi pu le tester avec deux d’entre eux et le réajuster.
Par la suite, afin de recenser les besoins des professionnels du secteur social et des usagers en
termes d’addictions dans le domaine de l’insertion, il a été établi, avec la directrice du
CAARUD Ascode, que mon questionnaire devait être envoyé à toutes les SIAE du département.
Pour ce faire, la responsable du service « Accès au Marché du Travail et Insertion » de la
DIRECCTE nous a fait parvenir une liste détaillée des SIAE avec leurs coordonnées. Nous lui
avons ensuite transmis un mail afin qu’elle se charge de prévenir les SIAE de notre démarche.
A cet effet, nous avons créé une boite mail dédiée à la réception des questionnaires remplis. De
plus, dans le cadre du programme de recherche transfrontalier, le questionnaire a été transmis à
la Foresterra, une entreprise d’insertion catalane, par l’intermédiaire d’une collègue étudiante
en stage dans cette structure.
Par ailleurs, en première intention, il avait été établi que je devais me concentrer sur les ACI
pour réaliser mon enquête. Or, le questionnaire a été envoyé à toutes les structures de l‘insertion
par l’activité économique du département afin d’obtenir un panel de réponses plus large et
mettre en place un plan d’action qui pourra être transposable à toutes ces structures. Les
15
personnes concernées par ce questionnaire sont tous les employés permanents des SIAE, c’est-
à-dire, les dirigeants, les secrétaires, les encadrants techniques, les accompagnateurs socio-
professionnels, etc…
Pour des raisons de faisabilité, les salariés en CDDI n’ont pas à répondre à un questionnaire car
certaines personnes accueillies dans les SIAE ne savent pas ou peu lire et écrire. Un guide
d’entretien a donc été réalisé. Après une première phase d’immersion dans l’ACI « Ecole de la
Terre » et une première rencontre des salariés de l’ACI « Restauration des Vieilles Pierres »,
j’ai débuté les entretiens (voir guide en Annexe 2) sur la base du volontariat et en donnant le
choix de répondre en petits groupes de trois/quatre personnes maximum ou en individuel afin
de permettre à chacun de se sentir à l’aise pour aborder la question de l’addiction.
L’une des difficultés liées à la réalisation de ce travail a été de réunir toutes les réponses en
temps et en heure : je m’étais fixée comme date limite le 23 mars mais quelques questionnaires
me sont parvenus bien plus tard. En effet, ne pas avoir de contact direct avec les structures de
l’insertion par l’activité économique du département a sans doute été un frein car certains
professionnels n’ont soit pas compris la démarche, soit n’y ont pas vu d’intérêt ou encore
certains n’ont pas eu la possibilité de me répondre à temps. De plus, aux questions ouvertes, il
y a un fort taux de non-réponses (voir tableaux en Annexe 5) pouvant certainement s’expliquer
par un manque d’information.
B. Résultats
1. Entretiens avec les usagers
Un total de vingt-huit entretiens a été réalisé avec les salariés de trois chantiers d’insertion du
département.
Les entretiens des onze (sur douze) salariés de l’ACI « Ecole de la Terre » ont été menés en
petits groupes de deux ou trois personnes sauf le premier qui a été fait en individuel et qui a
servi de test. Ils se sont déroulés dans la salle de repos des salariés. La moyenne d’âge sur ce
chantier d’insertion est d’environ 30 ans, deux femmes et neuf hommes ont répondu.
Pour introduire la question de l’addiction et permettre aux salariés en CDDI de la définir, j’ai
réalisé un photo-langage (voir Annexe 3) montrant des consommations problématiques et
d’autres qui s’apparentent plus au plaisir/festif. La majorité des personnes interrogées a décrit
l’addiction comme une dépendance à un produit ou « quelque chose » dont on ne peut se passer,
qui est consommé quotidiennement et qui peut entrainer un manque en cas de non-
consommation. Ils ont ainsi pu choisir des images qui selon eux représentent l’addiction et des
16
images représentant la consommation « plaisir ». J’ai constaté que dans la plupart des cas, les
salariés ont choisi une photo de consommation « plaisir » caractérisant leur consommation
actuelle. A deux reprises, des personnes ont choisi une photo représentant une addiction pour
décrire leur situation actuelle et dans les deux cas il s’agissait de l’usage de tabac.
Aucun salarié n’a été licencié dans le passé à cause d’une consommation de substances
psychoactives. L’un d’eux pense que sa consommation a été un prétexte au licenciement car il
a travaillé plusieurs années sans que cela ne pose problème. Un autre a expliqué qu’il avait
préféré démissionner avant d’être licencié car il se sentait moins performant et moins assidu à
cause du produit qu’il consommait à ce moment-là. Cela a ainsi résonné comme un signal
d’alarme qui l’a poussé à se diriger vers une structure de prise en charge de l’addiction. De
même, aucun des salariés ayant répondu à l’enquête ne dit avoir de problème actuellement sur
le chantier d’insertion concernant sa consommation de produits. Ils expliquent que cela reste
dans la sphère du privé et n’interfère pas dans leur travail.
A la question concernant la compatibilité d’une consommation avec la poursuite d’un projet
professionnel, la majorité des salariés pense que cela dépend du produit consommé et du
comportement du consommateur mais aussi de ses conditions de vie. Au contraire, certains
estiment qu’une personne qui utilise des drogues n’est pas aussi sérieuse et a plus de difficulté
à se contrôler, ce qui rend la consommation de substance psychoactive incompatible avec la
tenue d’un travail. D’autres encore pensent que l’addiction étant mal vue, elle représente un
problème pour l’insertion.
Cependant, ils s’accordent tous sur le fait qu’entre le « laisser-faire » et la sanction, des actions
peuvent être mises en place. En effet, tous disent qu’avant de sanctionner, il est possible de
donner un premier avertissement. Certains précisent qu’il serait intéressant qu’il y ait plus de
personnel sur les chantiers, comme des éducateurs spécialisés, pour un encadrement plus
régulier des salariés en CDDI, un suivi psychologique extérieur, la mise en place de groupes de
paroles ou des entretiens individuels et peut-être réaliser un protocole de suivi de consommation
permettant la consommation sur le lieu de travail dans un temps et un espace définis.
Par ailleurs, très peu d’entre eux sont informés sur les structures de prise en charge des
addictions et leurs missions mais si certains ne se sentent pas concernés, d’autres aimeraient
recevoir plus d’informations pour l’avenir, et pouvoir y rediriger des proches si le besoin se
manifeste.
17
De plus, pour la majorité des salariés de l’ « Ecole de la Terre », l’arrêt de la consommation de
substances psychoactives n’est pas la seule solution pour permettre la mise en place d’un projet
socio-professionnel. Il faudrait, selon eux, qu’il y ait un suivi des professionnels de l’ACI mais
aussi un suivi psychologique extérieur. Il faudrait également trouver une alternative à la
consommation d’une substance pour la remplacer si l’arrêt est envisagé.
Enfin, mises à part les personnes qui ne se sentent pas concernées par l’addiction et la
consommation de substances psychoactives, nombre d’entre elles ont dit ne pas être
suffisamment informées et ont exprimé le souhait de l’être davantage.
Les entretiens des onze salariés de « Tremplin pour l’Emploi » se sont déroulés dans les bureaux
d’une salle commune où nous étions tous réunis. Pour que les réponses soient plus faciles à
analyser, nous avons formé des petits groupes de trois ou quatre personnes.
Chacun des salariés en CDDI de l’ACI définit l’addiction comme étant une dépendance à une
substance dont la consommation n’est pas contrôlée et dont on ne peut pas se passer. Comme à
l’ACI « Ecole de la Terre », les salariés ont à plusieurs reprises choisi des images de cigarettes
pour représenter tantôt une addiction, car eux-mêmes consomment sans en éprouver du plaisir
et affirment ne pas réussir à arrêter, tantôt une consommation plaisir. Les photographies
choisies représentent l’usage de substance psychoactive actuel des salariés.
Comme à l’ « Ecole de la Terre », l’image d’un pilulier a été choisie pour représenter une
addiction et ce choix a été expliqué par le fait que l’on ne consomme pas de traitement par
plaisir mais parce que cela est « imposé ».
Tous les salariés de « Tremplin pour l’Emploi » pensent que la consommation de substances
psychoactives n’est pas systématiquement incompatible avec un projet d’insertion
professionnelle. En effet, ils estiment que cela dépend de la fréquence de consommation et du
produit utilisé. De plus, ils expliquent qu’avant de sanctionner une personne qui a un problème
d’addiction, un premier avertissement peut être donné. Certains ont fait part d’expériences
passées avec des collègues et pensent qu’avant de les licencier, leurs supérieurs auraient pu
essayer le dialogue pour comprendre leur situation ou encore proposer une cure de
désintoxication en promettant une reprise de l’emploi par la suite. Pour quelques salariés, il
serait également intéressant qu’il y ait un suivi et un contrôle médical des personnes souffrant
d’addiction dans les SIAE ainsi que des stages de sensibilisation aux méfaits de ses substances.
18
En outre, ils s’accordent tous pour dire que l’arrêt de la consommation d’une substance
psychoactive n’est pas forcément la seule solution pour envisager la mise en place d’un projet
d’insertion socio-professionnelle. En effet, selon eux, tout dépend du produit utilisé : les
drogues « dures » devraient être arrêtées pour pouvoir travailler dans de bonnes conditions de
sécurité alors que les drogues « douces » (tabac, cannabis) ne sont pas concernées par un arrêt
systématique. Cependant, ils pensent que pour la santé, c’est la seule solution, toutes substances
psychoactives confondues.
Enfin, une partie des salariés estime être suffisamment informée sur les addictions et les modes
de prise en charge et ne se sent pas réellement concernée par l’enquête. L’autre partie pense
que l’on n’est jamais assez informé et qu’il serait intéressant qu’une personne vienne sur le
chantier pour en parler et donner des pistes afin de les aider à arrêter leur consommation. Ils
aimeraient également connaitre davantage les structures d’accompagnement car cela pourrait
leur permettre d’aider autrui.
Les entretiens avec les sept salariés de l’ACI « Restauration des vieilles pierres » se sont
déroulés dans les mêmes conditions que ceux des salariés de « Tremplin pour l’Emploi ».
Pour eux, l’addiction est une dépendance à une chose dont on ne peut pas se passer et qu’on est
obligé de faire au risque d’en ressentir un manque.
Pour eux aussi le choix des images a souvent été en rapport avec leur consommation actuelle
qu’ils considèrent plutôt comme une consommation plaisir sauf en ce qui concerne le tabac. En
effet, ils sont nombreux à dire qu’ils ont une addiction au tabac et que leur consommation ne
leur procure plus forcément de plaisir. Cependant, aucun d’entre eux n’a eu de problème à cause
de sa prise de substances psychoactives.
Par ailleurs, deux des sept salariés pensent que la consommation de substances n’est pas
compatible avec un projet d’insertion car ils expliquent que sur un chantier d’insertion comme
« Restauration des Vieilles Pierres » cela supposent trop de risques pour la sécurité de chacun.
Ils ont donné l’exemple d’un collègue qui avait une addiction à l’alcool et qui a été renvoyé.
Pour les cinq autres, cela dépend de la personne, de son état d’esprit mais aussi du produit
consommé. Cependant, ils pensent tous qu’avant de sanctionner une personne ayant un
problème d’addiction, il faudrait donner un avertissement et essayer de comprendre la raison
pour laquelle cette personne consomme. Pour eux, l’arrêt de la consommation de substance
psychoactive n’est pas la seule solution pour mettre en place un projet d’insertion socio-
professionnelle mais ils n’arrivent pas à expliquer ce qui pourrait être accompli.
19
Pour finir, seuls deux ou trois d’entre eux savent qu’il y a un service d’addictologie à l’hôpital
de Perpignan (l’un d’eux y à accompagner un proche) et très peu souhaiteraient être plus
informés sur les addictions et les modes d’accompagnement car ils ne se sentent pas concernés.
En effet, ceux qui aimeraient recevoir de l’information pensent aux personnes qu’ils pourraient
aider avec. Ils sont une majorité à trouver qu’il est plus intéressant de faire de la prévention
auprès des enfants et/ou adolescents.
2. Questionnaire des permanents
Vingt-trois professionnels de vingt établissements (sur cinquante) ont répondu à l’enquête
« Insertion et addiction » (cf tableaux en Annexe 4) qui a été transmise à toutes les structures
d’insertion par l’activité économique du département ainsi qu’à une structure espagnole. Avec
les réponses obtenues, la carte des Pyrénées-Orientales peut être divisée en trois zones : la côte
Vermeille, Perpignan et la Cerdagne.
De plus, je constate que les structures ayant répondu massivement à l’enquête, sont les ateliers
et chantiers d’insertion. En effet, 82,6% des réponses proviennent des ACI. Cependant, moins
de la moitié d’entre eux a participé puisque sur un total de trente-cinq, seulement seize ont
retournés leur questionnaire rempli. D’après le tableau ci-dessous, nous pouvons constater que
deux associations intermédiaires, un chantier école et une entreprise d’insertion ont également
participé.
ACI 16 82,6%
AI 2 8,7%
Chantier école - service Berger et Rivierès 1 4,3%
EI Foresterra SCCL 1 4,3%
Tableau 1 : Identification de la structure
Par ailleurs, les professionnels ayant répondu sont des accompagnateurs socio-professionnels
(ASP) à 60,9%, des encadrants techniques (13%), des secrétaires (13%), deux directeurs (8,7%)
et une coordinatrice (4,3%). Parmi les ASP, 34,4% pensent savoir ce que sont les substances
psychoactives. Or, ils sont 30,1% à répondre, à la question suivante, que toutes les substances
psychoactives sont des drogues. On peut ainsi constater un décalage entre la perception qu’en
ont les professionnels et la définition exacte du terme. Ce constat est général puisque sur la
totalité des réponses obtenues, 56,5% sont positives. Cependant, ils émettent majoritairement
20
plus de réserve concernant les effets négatifs des substances psychoactives puisque 43,5%
d’entre eux ont répondu « peut-être ». On remarque également que « agissent sur le cerveau »
et « altèrent le comportement » sont les réponses les plus citées lorsque l’on demande pourquoi
les professionnels pensent que les SPA sont des drogues et ont des effets négatifs sur le
consommateur.
Tableau 2 : Substances psychoactives = drogues ?
Ces idées, d’altération du comportement et d’action négative sur le cerveau, se retrouvent
massivement à la question douze à laquelle il y a eu 91,3% des choix des modalités de réponses
« perte de contrôle », « besoin impérieux et irrépressible de consommer » et « poursuite de la
consommation malgré les dégâts physiques ou physiologiques » ainsi que 87% de « problèmes
interpersonnels ou sociaux ». A cette question, la fonction des professionnels n’est pas
représentative des réponses. Néanmoins, j’ai constaté que seulement 17,2% des personnes ayant
participé au questionnaire ont choisi toutes les modalités de réponses alors qu’à la question
précédente 91,3% ont répondu savoir ce qu’est une addiction. En effet, si l’on reprend la
définition d’une addiction selon le DSM-5, citée en page 10 de ce document, toutes les
modalités étaient à cocher.
21
Tableau 3 : Addiction
A la question suivante, consistant à savoir si les professionnels interrogés rencontrent, dans leur
pratique, un public consommateur de substances psychoactives, 87% d’entre eux ont répondu
positivement. Cependant, il s’est avéré que, même si 81% pensent rencontrer des difficultés
dans leur accompagnement, seulement 43,5% savent comment réagir. En effet, pour 20,8% des
employés permanents, la première chose à faire est d’écarter le salarié du groupe de travail puis
de prévenir un médecin (16,7%). Les deux directeurs, l’un d’une structure espagnole et l’autre
d’une structure française, ont des réponses à peu près similaires dans le sens où ils refusent le
salarié sur le lieu de travail et proposent un suivi médical voire un cure de désintoxication
(Foresterra). La majorité des actions mises en place lorsqu’une personne se présente sur un
chantier d’insertion en étant sous l’emprise de substances psychoactives est sécuritaire. Seules
deux personnes (8,3%) ont proposé de réaliser un entretien individuel et de dialoguer avec le
salarié.
Il apparait également que l’usage de substances psychoactives représente « très souvent »
(73,9%) un frein à l’insertion professionnelle selon les employés permanents. Il existe ainsi une
corrélation entre la question quatorze, à laquelle 81% des personnes disent rencontrer des
difficultés dans l’accompagnement de consommateurs de SPA, et la question dix-sept (voir
tableau ci-dessous). En effet, sur dix-sept employés ayant répondu positivement, quinze ont
ensuite coché « très souvent ». Parmi les six réponses « assez souvent », il ne semble pas y avoir
de rapprochements ou de points communs, les professionnels exerçant des fonctions différentes,
dans des zones géographiques diverses. Leur connaissance des addictions ne semble pas non
plus être un facteur en faveur d’une plus grande souplesse concernant l’insertion professionnelle
des publics faisant face à cette problématique.
22
Tableau 4 : Tableau croisé, difficultés et frein à l'insertion
De plus, ils expliquent à 24,3% que l’addiction est « très souvent » un frein à l’insertion car elle
engendre des « problèmes de comportement » ou encore une « [instabilité] dans les idées et
projets » (21,6%). Ils sont également quelques-uns à dire que le consommateur a une
« présentation négligée » (8,1%) et que sa consommation entraine une « réduction des chances
de se réinsérer » (10,8%).
En outre, on peut constater que parmi les dix-sept réponses positives à la question quatorze,
donc parmi les professionnels rencontrant des difficultés dans l’accompagnement de
consommateurs de SPA, 52,2% disent avoir déjà mis fin à un contrat car l’addiction mettait en
péril le projet d’insertion professionnelle.
Tableau 5 : Corrélation difficultés et fins de contrat
Cependant, 40% de la totalité des professionnels ayant participé et 26,1% des personnes ayant
répondu « oui » à la question précédente pensent qu’il aurait pu y avoir une alternative à l’arrêt
d’un accompagnement. En effet, pour beaucoup d’entre eux, il aurait pu être intéressant de
proposer à la personne concernée par l’addiction de se faire suivre à l’extérieur et de recevoir
des soins (50%). De même, 26,1% des professionnels rencontrant des difficultés avec ce public
pensent qu’il faut nécessairement sanctionner un salarié qui serait sous l’emprise de substances
psychoactives contre 56,5% qui estiment qu’il y a des actions à mettre en place avant d’en
arriver à la sanction. Ainsi, un grand nombre d’entre eux (91,3%) souhaiteraient que des clés
leur soient remises afin qu’ils puissent améliorer leur accompagnement, telles que : la formation
23
des employés permanents à la prise en charge des addictions (78,3%), la réalisation d’ateliers
avec un intervenant extérieur (78,3%), la mise en place d’un suivi psychologique extérieur
(78,3%) et l’information des salariés sur les substances psychoactives et leurs effets (73,9%).
Plus de la moitié des permanents aimeraient également qu’il y ait des groupes de paroles
(52,2%). On remarque que ces outils correspondent aux actions que certains employés
souhaiteraient mettre en place pour éviter la sanction d’un salarié présentant une problématique
d’addiction. En effet, 20% pensent qu’un suivi extérieur pourrait être l’une des solutions
intermédiaires avant de sanctionner, le dialogue, l’écoute et l’information (8%) sont aussi des
actions qu’ils souhaiteraient valoriser.
Par ailleurs, alors qu’une majorité de professionnels estiment connaitre les acteurs de
l’addiction sur le département (78,3%), on remarque, à la question trente, que l’ANPAA
(Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie) est très souvent citée
(40,9%), de même que l’hôpital Saint-Jean à Perpignan (18,2%). Or, ces deux acteurs ne sont
pas toujours adaptés aux besoins des consommateurs de substances psychoactives. Ainsi, il y a
une corrélation avec la question suivante (q31) à laquelle près de la moitié des professionnels
(47,8%) ont répondu ne pas savoir ce qu’est la réduction des risques et des dommages.
Pour conclure le questionnaire, 52,2% des employés expliquent que, selon eux, l’arrêt de la
consommation de substances psychoactives n’est pas la seule solution pour élaborer un projet
d’insertion socio-professionnelle. En effet, ils estiment qu’un accompagnement des permanents
(13%), un accompagnement socio-professionnel (17,4%) ou un suivi extérieur (13%) sont des
solutions à envisager. Ces réponses sont en lien avec les actions qu’ils ont proposées à la
question vingt-quatre, avant une sanction.
Enfin, les professionnels évaluent leurs connaissances sur l’addiction et les substances
psychoactives à 5,17/10. Cette moyenne est représentative des réponses apportées à cette
enquête et reflète bien les difficultés auxquelles font face les SIAE actuellement.
C. Discussion
Après une première phase de diagnostic, j’ai repris toutes les données obtenues afin de les
comparer entre elles pour en faire ressortir les similitudes ou les écarts avec la littérature, mais
aussi entre les propos des professionnels et ceux des usagers.
Pour commencer, je constate que le nombre d’employés permanents ou de salariés en CDDI,
dans une SIAE, n’a pas d’incidence sur les difficultés rencontrées lors d’un accompagnement à
l’insertion professionnelle, ni même sur les connaissances des substances psychoactives et des
24
addictions. En effet, toutes les structures, excepté une, accueillent un public consommateur de
substances psychoactives et beaucoup de salariés interrogés disent consommer au moins une
SPA quotidiennement. Cependant, contrairement aux permanents, les salariés sont nombreux à
décrire un syndrome de sevrage pour définir l’addiction. Alors que la présence d’un syndrome
de sevrage est une des modalités de réponse à la question douze, ces premiers ne sont que 30,4%
à l’avoir cochée. Ils se rejoignent tout de même sur le fait que l’addiction engendre un besoin
impérieux et irrépressible de consommer, certains expliquant que c’est « quelque chose dont on
ne peut se passer » ou encore, « la consommation n’est pas contrôlée et on ne peut pas se passer
[du produit] » (propos recueillis lors des entretiens collectifs dans les ACI).
Par ailleurs, les salariés en CDDI ont tous honnêtement répondu consommer une substance
psychoactive mais très peu ont admis avoir eu par le passé (ou avoir actuellement) des
problèmes dans le domaine du travail. Ceux qui parlent d’un licenciement expliquent que selon
eux, leur consommation a été un prétexte, ou alors ils évoquent la consommation d’une
connaissance. Ceci traduit un certain malaise face à l’emploi du terme « addiction ». En effet,
dans notre société, la toxicomanie est tabou et elle est perçue comme un acte criminel :
consommer des substances psychoactives, illicites de surcroît, est un « comportement
antisocial » (Morel et al., 1997, p.155), que l’on tend à rejeter24. Cela corrobore la vision de
l’addiction qu’ont les employés permanents qu’ils décrivent de manière négative dans le
questionnaire : les substances psychoactives « dégradent la santé », « agissent sur le cerveau »,
« altèrent le comportement », « altèrent la perception de la réalité » ou encore engendrent des
« conduites à risques ». Aux Pays-Bas, la politique tend vers la normalisation de la drogue,
c’est-à-dire que l’usage de drogue est considéré comme un problème social normal, et que les
consommateurs ne doivent pas être marginalisés ou stigmatisés25. C’est ce que la politique du
CAARUD tend à développer en France. Cependant, le modèle des entreprises de l’économie
capitaliste est le seul modèle sur lequel les SIAE peuvent s’appuyer, par manque de
connaissance de la problématique de l’addiction. Ainsi, face à un salarié sous l’emprise d’une
SPA, le mot d’ordre est la sécurité et comme vu précédemment, la première réaction est de
mettre le salarié à l’écart du groupe de travail, de prévenir un médecin et de le faire
raccompagner. Après cela, vient souvent la sanction qui est la rupture de contrat. Or, certains
employés permanents et une grande partie des salariés ont émis le souhait qu’un dialogue soit
24 Houwayda Matta, May Hazaz, Drogues, santé et société, « L’insertion socioprofessionnelle des personnes ex-
toxicomanes au Liban : perceptions, réalité et défis », vol. 10 n°1, p 197-237, juin 2011 25 Tim Boekhout Van Solinge, Déviance et Société, « La politique de drogue aux Pays-Bas : un essai de
changement », Vol. 22 n°1, p 69-75, 1998
25
instauré afin de comprendre les raisons pour lesquelles une addiction s’est installée. En effet,
la toxicomanie peut entrainer une désaffiliation et ainsi une vulnérabilité de l’individu. Selon
Castel, l’insertion représente une stratégie permettant de reconstruire des liens sociaux et
occupationnels (Houwayda Matta, p 206, 2011). Toutefois, ne pas prendre en compte les
besoins d’une personne sous addiction, c’est ébranler un peu plus la pyramide que Maslow a
décrite lors de ses travaux, ceci pouvant avoir un effet destructeur sur l’individu concerné.
Par ailleurs, beaucoup de salariés ainsi que de permanents pensent que l’addiction est un frein
à l’insertion professionnelle. En effet, ils sont nombreux à dire qu’elle est « mal vue », que le
consommateur n’est « pas stable dans ses idées et projets », qu’il a des « problèmes de
comportement » ou une « présentation négligée » (cf. résultats du questionnaire en Annexe 4).
Cependant, ce sont le regard négatif et les préjugés autour de l’addiction qui amènent les
individus à appréhender l’insertion car ils sont vulnérables et ont peur de la réaction d’autrui
(Houwayda Matta, p 216, 2011). Cela est confirmé par une personne ayant répondu, dans le
questionnaire, que « les autres ne savent pas comment réagir face à une personne sous l’emprise
de substances psychoactives ». Ainsi, on peut émettre l’hypothèse que c’est l’absence de
formation des professionnels du domaine de l’intervention sociale, en termes d’addiction, qui
renforce une certaine discrimination sociale de ce public « par la rareté des interventions de
conscientisation adressées à la société d’accueil » (Houwayda Matta, p 217, 2011). Cela se
traduit par le souhait des employés permanents et des salariés en CDDI interrogés de bénéficier
d’une information ainsi qu’une formation spécifique sur les SPA et leurs effets, et sur
l’addiction. En effet, diffuser de l’ « information traitant des dangers de la drogue et véhiculant
une représentation juste de la personne toxicomane » (Houwayda Matta, p 227, 2011)
permettrait de réduire les préjugés.
Toutefois, à travers les entretiens avec les salariés des chantiers d’insertion, il ressort qu’il
persiste un manque de dialogue et que l’addiction est souvent traitée comme la cause des
problèmes qu’un individu peut rencontrer car nombreux sont ceux qui proposent une prise en
charge médicale. Or, pour certains la consommation n’est pas nécessairement incompatible
avec un projet d’insertion professionnelle car il faut prendre en compte le produit consommé
mais surtout les « conditions de vie ». Dans le questionnaire, un professionnel a également
évoqué cette idée : « l’addiction peut provenir de problèmes sociaux ». En effet, selon
Houwayda Matta, il est important de « renforcer l’insertion des personnes à risque, la
désaffiliation aux niveaux social et professionnel s’avérant un important facteur de risque » (p
228, 2011). Cela suppose donc que l’addiction ne serait pas la cause du problème mais un de
26
ses symptômes. Or, si l’on traite un symptôme (« suivi extérieur », « soins »,
« accompagnement médical », « sevrage ») et non sa cause, on ne peut pas régler le problème
qui existe, on peut parfois même l’aggraver. Ce n’est qu’à la dernière question que certains
professionnels, de même que de nombreux usagers, ont pensé que plutôt que d’envisager l’arrêt
de la consommation, il était possible de proposer un accompagnement socio-professionnel et
de renforcer le suivi effectué par les permanents. Une étude européenne a également montré
que les entreprises sociales qui offrent des emplois temporaires aux consommateurs de
substances psychoactives encouragent la réinsertion dans les entreprises de l’économie
classique26.
Pour conclure, à travers les entretiens et les questionnaires réalisés on remarque que les
professionnels, comme les usagers, sont souvent très peu informés sur les addictions et les
structures d’accompagnement. Même si certains salariés des trois chantiers visités ne se sentent
pas concernés par l’addiction, il y a, cependant, un réel souhait de chacun d’obtenir des clés
afin d’améliorer l’accompagnement des consommateurs de substances psychoactives, et ce,
sans distinction de type de structure ou de zone géographique. En effet, on constate également
que les réponses diffèrent peu que l’on soit en Espagne ou en France. Il apparait également
qu’un suivi psychologique ainsi que la mise en place d’ateliers tenus par des intervenants
extérieurs pourraient être des outils permettant de réduire les difficultés que rencontrent les
permanents des SIAE dans leur accompagnement à l’insertion socio-professionnelle des publics
concernés par l’addiction.
Ainsi, lors de la mise en place du plan d’action par les professionnels du CAARUD Ascode, les
structures ayant participé à l’enquête pourront être réparties en quatre groupes :
- Deux groupes à Perpignan se composant des SIAE suivantes : ACI « Ecole de la Terre »
(Sainte Marie la Mer), ACI « Restauration des Vieilles Pierres » (Claira), ACI
« Tremplin pour l’Emploi » (Bompas), ACI « Association Intégration Insertion
Logement Emploi » (Millas), ACI « Association Dreceres Qualité » (Perpignan), ACI
« Sivom de Fenouillèdes » (Saint Paul de Fenouillet), ACI « Força réal insertion »
(Montner), ACI « l’atelier de Pierres » (Perpignan), ACI « Roseraie Services »
(Perpignan), AI « Association développement emploi et solidarité » (Perpignan), AI «
Association profession sport 66 » (Perpignan) et ACI « Recyclerie d’Elne » (Elne).
26 Harry Sumnal and Angelina Brotherhood, European Monitoring Centre for Drugs and Drug Addiction,
EMCDDA Insights, « Social reintegration and employment : evidence and interventions for drug users in
treatment », 2012, PDF
27
- Un groupe en Côte Vermeille avec les chantiers d’insertion « Communauté de
communes des Albères et de la Côte Vermeille et d’Illibéris » (Argelès-sur-Mer),
« Argelès Valorisation Environnement » (Argelès-sur-Mer), « ACI du Vallespir »
(Arles-sur-Tech), « Information, Formation, Emploi Côte Vermeille » (Banyuls sur
Mer), le chantier école « service Berger et Rivierès » (Albères, Côte Vermeille et
Illibéris) et l’EI « Foresterra » à Villajuiga en Espagne.
- Un groupe en Cerdagne avec les chantiers d’insertion « CCAS de Font Romeu » et
« association d’insertion du canton d’Olette ».
Il faudra mettre l’accent sur l’information et la formation des salariés en CDDI et des
permanents car ce sont les principaux souhaits de ceux-ci. Pour cela, il pourrait être intéressant
de débuter par une définition de l’addiction, des substances psychoactives et de leurs effets,
ensuite d’expliquer les conduites à tenir en cas de prise de SPA sur un lieu de travail et de lister
les structures d’accompagnement ainsi que leurs missions, et enfin de définir ce qu’est la
réduction des risques et des dommages.
28
Conclusion
Les structures d’insertion par l’activité économique se trouvent actuellement de plus en plus
démunies face à des problématiques concernant les addictions des publics accueillis. Dans ce
contexte, la direction régionale des entreprises, de la concurrence, de la consommation, du
travail et de l’emploi des Pyrénées-Orientales, en partenariat avec le CAARUD, souhaite porter
une action visant la prise en compte des addictions dans les SIAE. C’est à cette fin que cette
enquête a été menée. Elle a permis de poser un diagnostic départemental de la situation actuelle
dans les SIAE en termes d’addiction, en montrant que bien souvent, les professionnels ne savent
pas comment réagir face à des personnes alcoolisées ou sous l’emprise de substances
psychoactives.
Afin de répondre à la problématique suivante : « en fonction des besoins de chacun,
professionnels et usagers, quelles actions peut-on mettre en place afin de prendre en
charge/accompagner les personnes sous addiction et de préserver leur pouvoir d’agir ? », les
professionnels du CAARUD Ascode devront mettre en place un plan d’action en s’appuyant
sur l’étude réalisée. On constate que l’une des raisons pour lesquelles les SIAE se trouvent
actuellement démunies face aux comportements de certains de leurs salariés, est qu’il existe un
manque d’informations et de formation de chaque acteur. Le CAARUD Ascode étant
positionné par l’ARS comme référent de la réduction des risques et des dommages au niveau
départemental, cette approche est sans jugement sur les consommations de substances
psychoactives et a pour seul objectif de pouvoir aborder la problématique de l’addiction
autrement que par la sanction.
Pour finir, cette étude m’a amenée à me poser la question suivante : peut-on envisager de
transposer ces actions dans les entreprises de l’économie classique afin d’éviter la
stigmatisation des consommateurs de substances psychoactives ?
29
Glossaire
- AAH : Allocation aux Adultes Handicapés
- ACI : Atelier et Chantier d’Insertion
- AI : Association Intermédiaire
- ANPAA : Association Nationale de Prévention en Alcoologie et Addictologie
- ARS : Agence Régionale de Santé
- ASP : Accompagnateur socio-professionnel
- ASS : Allocation de Solidarité Spécifique
- CAARUD : Centre d’Accueil et d’Accompagnement à la Réduction des Risques pour
les Usagers de Drogues
- CDDI : Contrat à Durée Déterminée d’Insertion
- CT : Communauté Thérapeutique
- DIRECCTE : Direction Régionale des Entreprises, de la Concurrence, de la
Consommation, du Travail et de l’Emploi
- DSM-5 : Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux
- EI : Entreprise d’Insertion
- ETTI : Entreprise de Travail Temporaire d’Insertion
- FEICAT : Fédération d’Entreprises d’Insertion Catalanes
- GCSMS : Groupement de Coopération Sociale et Médico-Sociale
- IAE : Insertion par l’Activité Economique
- INRS : Institut National de Recherche et de Sécurité
- MILDECA : Mission Interministérielle de Lutte contre les Drogues et les Conduites
Addictives
- MLJ : Mission Locale Jeune
- OFDT : Observatoire Français des Drogues et Toxicomanies
- PEC : Prise En Charge
- PO : Pyrénées-Orientales
- RdR : Réduction des Risques
- RdRD : Réduction des Risques et des Dommages
- RMI : Revenu Minimum d’Insertion
- RSA : Revenu de Solidarité Active
- SCMR : Salle de Consommation à Moindre Risques
- SIAE : Structure d’Insertion par l’Activité Economique
30
- SPA : Substance Psychoactive
- VIH : Virus de l’Immunodéficience Humaine
31
Table des illustrations
Figure 1 : Système de prise en charge des addictions en Espagne ............................................. 6
Figure 2 : Pyramide des besoins selon Maslow ....................................................................... 13
Tableau 1 : Identification de la structure .................................................................................. 19
Tableau 2 : Substances psychoactives = drogues ? .................................................................. 20
Tableau 3 : Addiction ............................................................................................................... 21
Tableau 4 : Tableau croisé, difficultés et frein à l'insertion ..................................................... 22
Tableau 5 : Corrélation difficultés et fins de contrat ................................................................ 22
32
Bibliographie
Ouvrages
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formes-contemporaines-de-la-disqualification-sociale , consulté le 02/03/2018
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gouvernemental/priorite-2013-2017 , Consulté le 07/03/2018
Annexes
Annexe 1
Annexe 2
Annexe 3
Annexe 4
Annexe 5