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N°13 Les fascicules Mars 2007 Insertion sociale, Insertion professionnelle. L’expérience des clubs de prévention des Yvelines Travail réalisé avec l’appui du Fonds Social Européen (F.S.E.), Objectif 3 - Mesure 10 B et la collaboration active du CDLAPSY et du club de prévention des Vernes Maud DELEVAUX

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Les violences urbaines d’octobre novembre 2005 ont montré à quel point les jeunes sont en demande de reconnaissance, pour trouver leur place dans la société, en particulier sur le plan professionnel. Ce document reprend certaines actions menées dans les différents clubs de prévention des Yvelines en matière d’insertion par les chantiers participatifs, les voyages et l’insertion économique, et tente de faire ressortir les éléments de convergences permettant une démarche d’émancipation à travers ces structures.

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N°13 Les fascicules

Mars 2007

Insertion sociale,

Insertion professionnelle.L’expérience des clubs de prévention

des Yvelines

Travail réalisé avec l’appui du Fonds Social Européen (F.S.E.), Objectif 3 - Mesure 10 B et la collaboration active du CDLAPSY et du club de

prévention des Vernes

Maud DELEVAUX

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Ce travail n’aurait pas été possible sans la participation active des clubs de prévention des Yvelines, regroupés au sein du CDLAPSY (comité départemental de liaison des associations de préventions spécialisées des Yvelines).

Nous tenons particulièrement à remercier les personnes rencontrées :M. Guy DUMONTIER, président du Club de prévention des VernesMme Véronique RECAMIER, ACJAMM. Marc DIEMUNSCH et M. Bertrand FAURE, AJIR M. Pascal JOUBERT, C.PE.A. M. Philippe CESAR, Les VernesMme Françoise LEGER, ACR, et sa collaboratrice M. Paul KAEDER, PASSERELLES M. Alain DOSNE et le chef du service insertion, PLAISIR JEUNESSE M. Gérard POIRIER, PREVERM. Brigitte PICQUET, La Sauvegarde M. Jean-Marc ROBERT, SVP-Jeunes M. Nicolas DIEBOLD, AFPIEM. Daniel MAROTIN, chef de serviceMme Claire CABOCHE, vice Présidente des VernesM. Alain BOUCHER, directeur du CDLAPSYM. Paul GINOT, Vice président de La SauvegardeTous les membres du conseil d’administration des Vernes, avec qui le travail d’approfondissement a montré l’utilité des échanges d’expériences entre structures voisines pour imaginer d’autres possibles.Tous les membres du CDLAPSY, avec qui le dialogue engagé a permis de détecter les expériences, puis de les analyser et de valider les résultatsM. Didier MINOT, président de RECIT

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Les violences urbaines d’octobre novembre 2005 ont montré à quel point les jeunes sont en demande de reconnaissance, pour trouver leur place dans la société, en particulier sur le plan professionnel.

Des politiques d'insertion par l'économique ont été mises en place depuis une vingtaine d’années par les pouvoirs Publics. Mais pour toucher les jeunes sans qualification, un travail en amont est souvent nécessaire. Les projets ne manquent pas mais nécessitent pour devenir réalisables un accompagnement personnalisé des jeunes. Celui-ci passe par une intégration sociale, professionnelle et culturelle qui prenne en compte les spécificités de ces jeunes, leur histoire et leurs conditions de vie, en réseau compagnon dans la durée dans un parcours de remise en confiance par des logis de projet.

Dans les Yvelines, plus de 20 associations de prévention spécialisées se sont constituées depuis 1972, sous la responsabilité des départements et à l’initiative de certaines communes, avec pour objectif d’accompagner les jeunes de 16 à 25 ans vers l’âge adulte. Compte tenu de l'accroissement de la détresse sociale et de l'insuffisance des moyens pour y répondre, ces associations de prévention ont souvent été accaparées au cours des dernières années par un accompagnement individuel, sous forme de tutorat et de dialogue. La question posée aujourd'hui est de savoir comment travailler autrement pour revenir à des actions préventives en partenariat, prenant en compte l'ensemble des dimensions de l'intégration.

Le travail réalisé à l'initiative de Guy Dumontier, président de l'association intercommunale Les Vernes (les Mureaux, Vernouillet, Verneuil, Saint-Germain-en-Laye) a permis de mener un travail de recensement des initiatives déjà prises par les différents clubs de prévention et de faire connaître à chacun ce que font les autres. Le dialogue engagé au sein du Comité Départemental de Liaison des Associations de Prévention Spécialisée des Yvelines (CDLAPSY) a permis de mener une réflexion collective qui a fait émerger des idées nouvelles et a conduit certains à envisager d'autres pistes de travail.

Pour cela, RÉCit, s'est appuyé sur son expérience de mise en réseau, d’échange de pratiques et d'appui méthodologique, afin de soutenir une dynamique d’échanges de pratiques et de projection sur le long terme dans le domaine de la prévention spécialisée et le champ de l’insertion et de la préparation à l'emploi.

Le programme de travail conduit par RÉCIT, en lien avec le Conseil Départemental de Prévention Spécialisée des Yvelines, a poursuivi trois objectifs :

- recenser les actions menées dans les différents clubs de prévention des Yvelines en matière d'insertion par les chantiers participatifs, les voyages et l'insertion économique

- favoriser la réflexion individuelle et collective des acteurs départementaux du réseau de la prévention spécialisée en les aidant à améliorer la dimension économique de leur action par l’accès à l’emploi des jeunes.

-faire émerger des idées nouvelles permettant aux clubs de prévention de mieux situer leur rôle, d'envisager des démarches de projet et un travail en partenariat avec les autres acteurs de l'insertion sur le territoire.

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Table des matières

Insertion sociale, ....................................................................................1

Insertion professionnelle........................................................................1

L’expérience des clubs de prévention....................................................1

des Yvelines.............................................................................................1

Table des matières...................................................................................7

A la rencontres des acteurs de la prévention spécialisée.......................9

Quelle éducation citoyenne ?...............................................................12

Obstacles et pistes pour l’insertion professionnelle.............................15

Propositions pour l’action....................................................................22

Fiches par expériences.........................................................................27

ACR : Une expérience d’insertion à travers les métiers de l’environnement....................................................................................29

ACJAM : Revaloriser les jeunes : première démarche de l’insertion professionnelle......................................................................................32

PASSERELLES : Club de prévention spécialisée dans la relation avec et pour le jeune......................................................................................35

PLAISIR JEUNESSE ..........................................................................41

La nécessité d’une approche globale pour permettre l’insertion professionnelle des jeunes....................................................................41

SVP- JEUNES : Une régie de quartier pour faire naître une étincelle ...............................................................................................................47

AJIR « Association pour les Jeunes en Insertion et Réinsertion ». Le partenariat un élément de réussite.......................................................51

AFPIE : L’expérience d’une structure d’insertion par l’économique créée par un club de prévention spécialisée.........................................56

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PREVER : Mobiliser le réseau afin d’agir plus efficacement et en cohérence pour permettre l’insertion des jeunes.................................60

Les VERNES : Le fil rouge du changement........................................66

CPEA « Comité pour la Promotion de l’Enfance et Adolescence » : Apprendre à connaître les jeunes pour mieux les accompagner........71

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A la rencontres des acteurs de la prévention spécialisée

Dans un premier temps RÉCit a constitué avec des associations de prévention du département un groupe de pilotage et/ou à des échanges de pratiques, sur place ou à distance, et a réalisé un inventaire des expériences et analysera, avec les acteurs, les pratiques des associations de prévention dans le domaine de l'insertion par l'économique sous forme d'entretiens et de rendez-vous collectifs.

La synthèse des observations a été restituée à deux reprises au groupe de pilotage ainsi qu’à l'association de prévention spécialisée Les Vernes. Ces échanges ont permis aux différentes associations de découvrir réciproquement les actions qu’elles menaient, et de faire circuler les bonnes pratiques. Plusieurs projets nouveaux ont été envisagés entre les participants afin de lancer des actions porteuses d’insertion sociale et professionnelle pour les jeunes.

Ce travail a également montré la nécessité d’une réflexion sur les obstacles à l’insertion professionnelle et les voix qui permettent de la préparer, au-delà du travail quotidien des différentes associations.

Les actions recensées ont également été intégrées dans le répertoire des expériences de récit afin de permettre une diffusion plus large de ces expériences.

Présentation des expériences

Des entretiens ont été menés auprès des différents clubs de prévention pour recenser les expériences porteuses d'insertion des jeunes, sans pouvoir distinguer ce qui relève de l'insertion par l'économique sensu stricto de l'insertion sociale. En effet, l'accès à l'emploi suppose des réponses préalables aux problèmes d'habitat, de conditions de vie, de relations sociales et d'équilibre personnel. On voit à travers les exemples développés que tout est lié.

Versailles SVP jeunes : projet de garage associatif

Versailles SVP jeunes monte dans le quartier Jussieu un projet de garage associatif. Il s'agit d'un lieu où les jeunes trouvent à disposition du matériel, des fosses, et un

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conseiller, pour réparer par eux-mêmes leurs véhicules. Cette initiative est en train de déboucher sur une régie de quartier avec garage, café, information et formation. Il faut juste éviter que ce lieu serve au trafic des voitures volées.

« L'opération est partie de petits projets. Nous avons eu derrière nous la municipalité, les bailleurs sociaux, les associations, et nous avons pu compter sur une participation importante des habitants. De ce fait, le projet est devenu un gros projet. L'objectif est de pouvoir devenir force de proposition. »

À noter que les objectifs de ce projet sont en résonance avec l'agenda 21 de la Ville de Versailles. Une démarche était déjà engagée. « Nous avons sauté dans le train pour nous lancer dans cette aventure ».

Passerelle à Magny les Hameaux.

Deux actions sont menées par Passerelle à Magny les Hameaux

Passerelle travaille avec le FACE (fonds « agir contre l'exclusion ») qui réunit 1200 entreprises. Ce travail s'effectue avec des adultes et en partenariat avec le club de prévention. Le FACE trouve des contrats de six mois. Si cela s'est bien passé, il y ensuite formation et embauche.

Un voyage a été organisé a Madagascar avec un groupe de jeunes. Ce projet a aujourd'hui une suite. Le groupe travaille au montage d'une association avec les correspondants de Madagascar, qui organise des échanges de poulets et travaille aussi sur l'informatique. Le club de prévention les aide.

On constate que les voyages ont des résultats positifs. 9 jeunes sur 11 sont aujourd'hui en situation d'emploi. D'une manière générale, cela crée de nouveaux rapports entre les éducateurs et les jeunes. Les voyages donnent une nouvelle dynamique même au niveau de la population.

Plaisir jeunesse.

Plaisir jeunesse a organisé un voyage au Mali pour réaliser une école, où 6 jeunes ont fait de la maçonnerie : trois semaines de travail avec un bon résultat. On observe que, quand les jeunes partent pour de telles opérations ils en reviennent différents.

De même qu’à Magny les Hameaux, 5 jeunes sur 6 sont aujourd'hui en situation d'emploi.

L’AFPI à Mantes

L’AFPI est une association intermédiaire créée par l’ACJAM pour revenir en aide aux jeunes en difficulté.Ils se qualifient « d'agence d'intérim sociale hybride ». l’AFPIE s'occupe de 500 jeunes par an sur le Mantois. L'infrastructure est assez solide, avec un accompagnement pour repérer les difficultés mais aussi les savoirs. Une action parmi d'autres : chaque semaine 5 jeunes travaillent sur les espaces verts en partenariat avec la CAMY.

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AJIR à Chanteloup-les-Vignes.

AJIR a rencontré en avril l'entreprise VINCI. « Nous avons passé un contrat. Ils envoient les jeunes de faire un voyage à l'étranger pendant six mois. Si cela s'est bien passé, ceux-ci obtiennent un CDI. Cela n'est pas automatique, mais 9 des 10 premiers jeunes ont obtenu un CDI ».

50 postes sont ouverts dans l'année, car Vinci a des besoins non satisfaits. Ils sont prêts à élargir ce chantier au Vernes. Cela constitue une piste très intéressante. Ce résultat très concret a un effet dynamique global sur le quartier. Cela donne de l'espoir aux autres jeunes.

PREVER (La Verrière)

Toute une série d’actions sont menées avec différents partenaires. En particulier, il y a une sensibilisation des jeunes mondes du travail. À l'origine, il y a eu un mouvement de solidarité important sur la Verrière pour venir en aide aux jeunes en difficulté. Cela s'est traduit par une rénovation de la maison des enfants qui s'est poursuivie avec tout un mouvement de solidarité. « On est dans une dynamique d'échanges locaux entre partenaires de façon à ne pas mener des projets plaqués ».

CPEA La Celle Saint-Cloud.

Dans le cadre de chantier éducatif, la Ville propose des travaux temporaires de 15 jours. Cela peut paraître le court mais suffit à changer le regard des gens du quartier sur les jeunes et le regard des jeunes sur le quartier.

ACR à Conflans.

Constatant que les problèmes de mobilité sont au facteur de blocage pour les jeunes, l’ACR a monté en partenariat avec AJIR l’AEI (auto-école insertion). Cette initiative a été suscitée par les clubs de prévention mais s'est constitué en association autonome, qui doit équilibrer son propre budget. Des aidant été sollicité à la Région pour la formation. L'opération intéresse le Conseil Général. Ce projet montre bien comment des activités suscitées par les clubs de prévention peuvent devenir autonomes.

Par ailleurs ACR travaille organise des chantiers d'insertion sur des jardins maraîchers et y font des chantiers éducatifs accessibles à des jeunes sans aucune qualification.

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Quelle éducation citoyenne ?

Une lecture transversale de ses expériences montre qu'on peut regrouper celle-ci en quelques catégories, et que quelques éléments généraux ressortent de ses observations.

Les actions rencontrées peuvent être répertoriées en quatre catégories :

Les chantiers écoles et les chantiers éducatifs

Ils concernent les plus jeunes (moins de 18 ans). Ils permettent une sensibilisation au monde du travail, à ses contraintes, à sa réalité, à ses règlements, aux liens sociaux dans le travail et à la convivialité. Cela contribue à démystifier le monde du travail aux yeux des jeunes. Ces chantiers aident aussi à changer la relation adulte-jeune et à changer le regard des adultes sur les jeunes.

Les chantiers de solidarité internationale.

Plusieurs exemples de voyages au Mali, à Madagascar, etc.es résultats apparaissent dans tous les cas positifs. La relation avec le jeune devient plus intéressante. Ils en reviennent différents.

Les chantiers d’insertion.

Ils s'adressent aux plus âgés. Ils sont menés en partenariat avec des entreprises (notamment l’ex de Vinci), une association ou des services communaux. Ils permettent un travail en binôme, avec une personne qui s'occupe de l'insertion professionnelle et le club de prévention qui s'occupe du volet éducatif.

Les régies de quartier.

L'expérience de SVP jeunes à Versailles montre que la régie de quartier peut porter beaucoup de choses : un garage, un café, des formations. Elle présente une grande souplesse. Elle ne concerne pas seulement les jeunes.

• Quelques éléments clés d'observationQuelques éléments ressortent d'une lecture transversale des expériences rencontrées.

L'importance de l'écoute.

Afin de permettre l'autonomie du jeune, afin qu'il puisse devenir citoyen, une approche globale est nécessaire. Il faut cerner si les problèmes d'un jeune, l’accompagner dans son vécu. La qualité de l'écoute des éducateurs et primordiale pour l'évolution du jeune. Certains ont mis en place un pôle psychologique, mais les jeunes sont parfois réticents pour l'accepter.

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L'accompagnement dans la sensibilisation au travail.

Les jeunes connaissent mal le monde du travail. La sensibilisation se fait à travers les chantiers écoles, les chantiers éducatifs. Elle a toute une série de conséquences : le jeune fait connaissance avec la réalité du travail. Cela permet aux éducateurs de mieux connaître le jeune en situation (l'importance du « faire avec »). Cela contribue à faire prendre conscience au jeune de ses propres savoirs de trouver une meilleure estime de soi. Cela lui permet aussi de prendre conscience de ses difficultés et de ses problèmes, y compris les plus élémentaires. Par exemple, « certains sont habitués à se coucher tard, à fumer, à manger n'importe quoi. Tout d'un coup, ils doivent se lever, adopter un rythme de vie ». À La Celle Saint-Cloud, par exemple, on a mis en place un petit déjeuner car les jeunes arrivaient à jeun, faute de savoir gérer leur temps, et n'arrivaient plus la travailler.

Enfin l'accompagnement permet aux éducateurs d'apprécier vers quoi ils peuvent orienter le jeune : formation, reprise d'études, emploi, selon les capacités de chacun est aussi les contacts avec les entreprises.

Les mêmes observations peuvent être faites pour les chantiers d'insertion.

La nécessité de projets adaptés et d'un cadre souple.

Toute démarche repose sur le montage de projets impliquant des jeunes en difficulté. Il est indispensable de concilier des règles et un cadre souple qui permet de gérer les problèmes de comportement, la demande des jeunes (qui sont parfois très exigeants faute d'avoir intégré les contraintes et la réalité).

Pour cela, il faut monter des projets adaptés, à la portée des jeunes, qui permettent à chaque jeune d'être valorisé, où il se sente à l'aise et qui puissent susciter sa fierté.

Prolonger le suivi dans le temps.

Le dispositif doit permettre un suivi dans le temps est une prolongation de l'accompagnement au-delà du temps fort du chantier. En effet, un chantier réussi risque d'apparaître aux yeux du jeune comme un rêve ou une illusion s'il n'est pas suivi d'une consolidation dans la durée. Cet accompagnement doit aussi pouvoir traiter les inévitables retours en arrière sans que le jeune ne se sente rejeté.

Ne pas confondre étapes d’insertion et accès à l'emploi

Il est normal que dans leur enthousiasme d'une solution entrevue, les jeunes confondent les plans et ne voient pas toutes les étapes nécessaires pour un accès à l'emploi. Il faut donc bien expliquer ces étapes sans démotiver le jeune.

Par exemple, la préparation du BAFA pose parfois question, car certains jeunes pensent qu'ils vont pouvoir devenir directeurs de colonie de vacances parce qu'ils passent leur BAFA. Celui-ci doit être bien présenté comme une étape d’insertion, un temps de formation et de motivation dans un parcours éducatif.

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Prêter attention aux emplois accessibles aux personnes les plus fragiles

Un certain nombre de jeunes en difficulté présentent des problèmes psychiques. Il faut développer une politique de création d’emplois de proximité accessibles aux personnes qui ont des difficultés psychiques, de façon qu'elles trouvent toute leur place dans la société. On a cité par exemple, des emplois de palefreniers dans les centres équestres, ou de jardiniers dans les espaces verts. Ces emplois relèvent de microstructures. Les associations doivent donc développer des liens et organiser leur capacité de recherche de ce type d'emplois. Dans la fonction publique territoriale il existe une fonction de chargée de chantiers d'insertion, qui recherchent les chantiers et les organisent, avec un double rôle technique et pédagogique.

Deux obstacles majeurs : la répulsion pour l'école et l'image des métiers manuels

Il existe des possibilités d'insertion qui ne sont pas satisfaites parce qu’elles nécessitent une formation. Par exemple, il existe aux Mureaux un lieu de formation pour la conduite d'engins spéciaux. Mais « ils ne trouvent personne parce que les jeunes ont une répulsion à repasser par la case école ». Pour dépasser ce problème, la remotivation des jeunes est importante. Quand le jeune a fait un choix il accepte de se former. Par exemple, Bleu Oxygène travaille à Trappes à la découverte des métiers afin de remotiver les jeunes.

Un autre obstacle résulte du fait que l'image des métiers manuels est dévalorisée chez les jeunes comme dans l'ensemble de la société. Cette opinion négative est partagée par les éducateurs spécialisés.

La réglementation contre l'insertion

Les initiatives se heurtent à une réglementation de plus en plus tatillonne, parfois liée à l'application des normes européennes ou à l'évolution du droit du travail. Par exemple, à l'étranger, on ne peut plus faire de camps car les normes d'encadrement et la règle des 35 heures doivent s'appliquer de façon rigide. De ce fait, il faut quatre personnes salariées pour encadrer 12 jeunes à l'étranger, ce qui est impossible. Ou alors il faut travailler avec des bénévoles. Pourtant « ces voyages à l'étranger sont très importants et l'équipe croit à leur nécessité ».

Si l’insertion est réellement un objectif des politiques publiques, l'assouplissement de certaines normes et de certains règlements est nécessaire en considérant au cas par cas les situations particulières des démarches d'insertion.

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Obstacles et pistes pour l’insertion profession-nelle

Durant ces quelques mois d’entretiens, en nous appuyant sur les différentes expériences d’insertion professionnelle des jeunes en souffrance, nous avons pu élaborer quelques éléments de synthèse qui permettent de mieux orienter le travail de recherche de l’insertion professionnelle des jeunes.

Une jeunesse fragilisée

• Le public des clubs de préventionLes clubs de prévention spécialisée travaillent avec les jeunes de 10 à 25 ans. Néanmoins, le public concerné par l’insertion professionnelle est celui des 16 à 25 ans. Nous pouvons observer qu’il est majoritairement masculin. Les jeunes filles semblent avoir une meilleure formation, facilitant leur intégration au monde du travail.

Ces jeunes en souffrance ont chacun des parcours très différents qui ont développé des difficultés à construire un projet de vie. Néanmoins, nous pouvons observer des caractéristiques récurrentes dans leurs histoires de vie.

Des situations familiales difficiles

En effet, ils présentent des situations familiales souvent difficiles, avec l’absence d’un des parents. Certains jeunes grandissent au sein de familles qui souffrent d’exclusion sociale ou de problèmes d’insertion professionnelle. Le noyau familial est souvent fragile, et c’est un des premiers éléments qui déstabilisent le jeune souffrant d’un manque affectif.

Une faiblesse de la scolarité

Ces difficultés sont accentuées par des parcours scolaires chaotiques. C’est pourquoi, de nombreux jeunes ont mis fin prématurément à leur scolarité sans obtenir de diplômes. L’école représente pour eux l’accumulation des échecs et peu d’entre eux désirent reprendre une formation. Cette faiblesse de la scolarité est le principal problème pour l’insertion professionnelle.

Une image dévalorisée du travail

En effet, ils ne peuvent espérer des postes intéressants sans qualification, c’est pourquoi les jeunes se retrouvent souvent avec des emplois précaires, qui perpétuent ce sentiment de déboires.

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Ainsi, le travail n’est pas un perçu par cette jeunesse comme un moyen d’épanouissement personnel. Il s’agit à leurs yeux d’une source de revenus et non d’une construction d'un projet de vie. De plus, les circuits d’économie parallèle, permettant de gagner de l’argent, accentuent ce retard de la mise au travail. Certains jeunes connaissent également des déboires judicaires et ont subi des incarcérations. Ainsi, le public de la prévention est assez diversifié, vivant diverses difficultés qui se cumulent pour certains. C’est pourquoi ils sont plus fragiles et nécessitent du temps pour rebondir. Il s’agit d’un public marginalisé.

La stigmatisation sociale

Ces jeunes connaissent la stigmatisation sociale, notamment par leur lieu de domiciliation, leurs origines…

Ce regard négatif de la société sur cette jeunesse renforce un mal être qui semble devenir plus important. En effet, de nombreux travailleurs sociaux ont repéré une augmentation de la souffrance psychologique des jeunes, qui s’exprime à travers la violence physique ou verbale envers les autres et contre eux-mêmes. Ces difficultés psychologiques sont d’autant plus difficiles à accompagner du fait que les jeunes refusent les suivis psychologiques.

Ce malaise peut alors s’observer à travers leurs modes de vie, négligeant complètement les besoins du corps et leur bien-être. Les conduites addictives symbolisent cette souffrance.

Ces difficultés sont des obstacles pour intégrer le monde du travail. En effet, sous qualifiés et n’ayant pas le rythme de vie adéquat, ils ne s’adaptent pas aux exigences des entreprises. Bien qu’ils souhaitent s’intégrer à la société, ils ont souvent des espérances professionnelles irréalistes. Ainsi certains jeunes sont loin de la réalité du travail.

• Des besoins interdépendants et multiples

L’insertion professionnelle, première requête

Néanmoins l’insertion professionnelle est la première requête des jeunes auprès des éducateurs. Les jeunes ont envie de travailler. Ils ont conscience qu’un emploi leur permettrait d’accéder à l’autonomie. De plus certains cherchent simplement à s’occuper pour pallier l’inactivité qui les aliène, d’autres souhaitent gagner de l’argent. Leurs raisons sont multiples toutefois tous ne sont pas capables de travailler tout de suite.

Mais de nombreux obstacles préalables

En effet, si un coup de pouce des éducateurs permet à quelques jeunes d’accéder à un emploi, bon nombre d’entre eux nécessitent un accompagnement préalable plus long et plus global. Comme nous avons pu l’observer, les problèmes rencontrés par ces jeunes sont multiples, et ils constituent des obstacles à cette insertion économique, obstacles qu’il faut lever auparavant. Les problèmes d’ordre économique, affectif, judicaire…

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provoquent un mal être général. Ainsi on ne peut réduire l’accompagnement d’un jeune à un projet d’insertion professionnelle. Il est nécessaire de mettre en place un travail social global. L’éducateur doit décrypter les freins à l’insertion pour offrir une réponse complète.

Les clubs de prévention réalisent au cours d’une année différentes actions pour dépasser ces obstacles, qui sont aussi pour les jeunes des épreuves pour vivre de façon plus épanouie. En travaillant avec les parents, les éducateurs tentent de discuter de leurs difficultés. Certains clubs ont mis en place des méthodes pour que les parents puissent mieux accompagner la scolarité de leurs enfants. D’autres expériences dévoilent la nécessité de redynamiser le quartier à travers la création d’espaces de rencontres, de partage, de vie commune. La marginalisation de ces jeunes est le fruit d’un contexte plus large et c’est en amont que l’on peut prévenir l’inadaptation sociale. L’insertion professionnelle nécessite un large processus.

Valoriser le jeune pour l’amener vers l’insertion professionnelle

• Permettre au jeune de se reconstruire une image positive.

Établir une relation de confiance et de respect.

Les jeunes en souffrance ont vécu de nombreux échecs, qui les ont conduits à se percevoir négativement. Cette négation est renforcée par le regard des autres membres de la société. Il existe aujourd’hui, en France, de nombreux a priori sur cette jeunesse. Les nombreux adjectifs utilisés par les hommes politiques et des médias en témoignent. Le regard extérieur est surtout un regard accusateur de nombreux maux. Cette situation engendre une perte de confiance des jeunes vis-à-vis d’eux-mêmes et des adultes.

C’est pourquoi, le travail de l’éducateur doit être, dans un premier temps, d’établir une relation de confiance et de respect. Il faut, tout d’abord, aller vers le jeune pour l’écouter et l’entendre. Cette première démarche dans la relation avec le jeune permet à l’éducateur de mieux le cerner, de comprendre les différentes problématiques et de déterminer l’aide nécessaire.

Créer une dynamique

En effet, en développant la relation, l’éducateur créé une dynamique, qui permet d’envisager un accompagnement adéquat et cohérent. L’éducateur a un rôle d’écoute essentiel. Il doit alors être prêt à remettre en question ses pratiques pour s’adapter aux difficultés rencontrées par les jeunes. Les jeunes réagissent différemment aux aides apportées, il faut prendre en compte chaque personnalité et réajuster son accompagnement.

Les différentes expériences des travailleurs sociaux dévoilent que la réussite de l’accompagnement dépend du moment dans lequel le jeune est aidé. Plus la prévention est précoce, plus les résultats sont positifs.

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Un accompagnement dans la durée

Un accompagnement dans la durée est essentiel. Le temps de suivi est bien sûr plus long lorsqu’il existe une accumulation des problèmes. Le travail personnalisé est souvent un gage de réussite.

Les jeunes souffrent d’un manque de reconnaissance et d’estime de soi, qui est en relation avec le regard extérieur. En effet, en posant sur le jeune un regard positif et spécifique, celui-ci regagne un sentiment d’exister en tant que personne. Ainsi un suivi personnel, l’engagement de l’éducateur pour le jeune dévoile une forme d’intérêt pour ce dernier. L’entendre, le comprendre sont les premières étapes du suivi. De même, des relations privilégiées, qui ne sont pas toujours réalisables, sont un soutien pour le jeune. Celui-ci retrouve un interlocuteur adulte de confiance qui peut le comprendre et sait l’encourager. De même, il est nécessaire de faire comprendre aux jeunes leurs difficultés et leurs responsabilités. Pour devenir acteur de sa vie, chacun doit être conscient de ses qualités et ses faiblesses. Toutefois, étant donné qu’il s’agit d’un public fragilisé psychologiquement, une grande place doit être accordée à la valorisation de soi.

Un travail est nécessaire pour donner à chacun une chance de réussir et faire prendre conscience de sa capacité de réussite.

La confiance et l’utilité, clés pour restaurer l’estime de soi

Il faut poursuivre l’accompagnement des jeunes tout au long de leur entrée dans la vie active pour permettre aux jeunes de réussir et d’enclencher de nouvelles actions. Les jeunes doivent réussir à se percevoir différemment. Ainsi, ils doivent comprendre que ce n’est pas parce qu’ils ont vécu des échecs qu’ils ne peuvent réussir. Ce changement d’estime de soi peut être effectué à travers diverses expériences valorisantes. Ainsi, concernant l’insertion par l’économique, les chantiers éducatifs permettent de remobiliser le jeune au sein d’une action positive. Suivis par les éducateurs, les jeunes réalisent des chantiers qui permettent d’acquérir une nouvelle expérience et d’être confronté à leurs difficultés et à dépasser leurs limites. Ce sont ces actions qui vont permettre aux jeunes de prendre conscience qu’ils peuvent entreprendre quelque chose et le réussir. Cela va permettre de reprendre confiance en soi en menant à bien une activité.

Cette confiance est fortifiée lorsque les activités sont valorisées aux yeux des autres. Ainsi, lorsque les jeunes effectuent des travaux d’entretiens dans leur quartier, ils bénéficient souvent de remerciements ou de compliments de la part des habitants. De même, lors des chantiers de solidarité, leur action est valorisée par l’aide qu’ils fournissent. Ainsi, les jeunes ne sont plus stigmatisés par les acteurs sociaux, ils deviennent eux-mêmes acteurs De nouvelles relations deviennent possibles, développant une confiance mutuelle et l’idée qu’il existe d’autres possibles. Le lien social est recréé.

Les éducateurs doivent pour cela aller contre les propres préjugés des jeunes. Ceux-ci sont enfermés dans une situation d’échec par l’image que la société leur a donnée d’eux mêmes. Il faut qu’ils prennent conscience qu’ils sont capables de se former et de réussir.

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Cette première étape de reprise de confiance en soi est nécessaire pour que l’insertion professionnelle soit possible. Il s’agit d’un long processus qui doit être mis en place avec cohérence et persévérance pour être efficace.

• La découverte d’autres possiblesIl faut savoir mettre en valeur les compétences acquises par les jeunes durant les expériences pour dévoiler leur parcours et leurs évolutions.

Ainsi, il faut savoir encourager chaque pas pour souligner la rupture avec l’ancien mode et milieu de vie du jeune.

En effet, les jeunes grandissent souvent au sein d’un quartier et d’un groupe d’appartenance, qui constituent les points de repère de jeune. Or il faut remettre en question ces normes et valeurs parfois destructrices, notamment à travers la consommation de drogue.

Le quartier est parfois aliénant, la cité est en effet une contre-société ou les jeunes évoluent, s’expriment, trouvent une reconnaissance. Ils sont unis par un sentiment commun de discrimination suite aux différents échecs vécus, qui confortent leur groupe, leur bande. Participer à l’économie parallèle permet d’obtenir un statut, d’être valorisé. La violence est souvent très présente. Ce mode de vie créé un repli de ces jeunes. Ces normes et ces valeurs provoquent une mise à l’écart des jeunes du reste de la société. Les habitants du quartier eux-mêmes les craignent. C’est pourquoi, il faut remettre en question cette organisation, il faut offrir une nouvelle réflexion autour de son groupe d’appartenance.

La démarche d’insertion sociale suppose principalement la rupture avec la culture de rue et la sociabilité des bandes. Les démarches de socialisation doivent donc offrir une mobilité intellectuelle et physique. Faire découvrir aux jeunes d’autres choses que ce qu’ils ont vécu jusqu’à présent.

Ainsi, les chantiers de solidarité internationale ont souvent un résultat extrêmement positif. Leur objectif n'est pas l’insertion professionnelle, mais ils conduisent à des résultats supérieurs. Il est frappant de voir que les deux chantiers de solidarité rencontrés ont conduit à des résultats similaires. Parce que qu'ils ont « réalisé quelque chose de grand » les jeunes se sont collectivement trouvés. Au retour, neuf jeunes sur 10 ont trouvé du travail. Cinq d'entre eux ont constitué par eux-mêmes une association pour aller plus loin dans ces chantiers de solidarité. La découverte d'autres possibles est un déclic.

Les jeunes participant à ce type de projet, découvrent de nouvelles cultures, ils sont confrontés à d’autres réalités et cette prise de conscience permet un nouveau regard sur leur propre vécu. Généralement, les jeunes s’investissent par eux-mêmes, à partir de leurs propres moyens pour continuer cette expérience. Ce nouvel engagement leur permet de prendre confiance en soi et de se projeter dans le futur, d'imaginer pour eux-mêmes d'autres possibles, puis de prendre en charge les décisions qui les concernent. Les jeunes deviennent auteurs et acteurs de leur vie.

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Comment dépasser les difficultés de lecture, d'écriture et de comportements ?

On met souvent en avant les difficultés de lecture ou d’écriture et de comportements, en essayant de d’inculquer des bases avant de proposer des projets motivants. On constate en effet que beaucoup de jeunes connaissent des difficultés à intégrer le monde professionnel car ils ont des problèmes de comportements en matière d’habillement, de gestuelle et de langage. L’incivilité des jeunes est parfois dénoncée par certains employeurs.

Mais les méthodes scolaires qui cherchent à enseigner des règles de vie sont vouées à l'échec. C'est à travers des projets motivants, chantiers éducatifs ou projets dans lesquels on fait appel aux capacités du jeune qu'on peut dépasser ces difficultés de lecture, d'écriture ou de comportements. En particulier les éducateurs peuvent enseigner des règles de vie lors des chantiers éducatifs, ces règles étant nécessaires à la réussite du chantier. Leur apprentissage est un sous-produit de la reconquête de l'estime de soi. Le rôle de l’éducateur et de les aider à comprendre en quoi leurs comportements peuvent être incivils et pourquoi ils agissent ainsi.

Une fois cette motivation acquise dans le cadre d'un projet personnel et professionnel, un apprentissage est possible pour enseigner à se présenter, à effectuer des appels…. Ensemble, l’éducateur et le jeune peuvent travailler à améliorer les conditions qui permettent de réaliser ce projet.

Faire découvrir le monde du travail aux jeunes, changer l'image des jeunes pour le monde du travail

Parfois, certaines vocations naissent des projets réalisés par le club de prévention. Ainsi, en participant à des chantiers, des jeunes ont réalisé qu’ils apprécient certains métiers de la construction ou dans le cas des chantiers solidarité, les métiers liés au social. Il faut donc envisager de faire découvrir le monde du travail.

Les objectifs des éducateurs sont variés. Il faut à la fois faire découvrir un métier et une entreprise. Mettre en lien une formation professionnelle et la réalité du domaine d’activités et développer de nouvelles compétences sociales et professionnelles. De même, il faut sensibiliser les professionnels, les employeurs aux compétences et aux capacités des jeunes.

• La formation professionnelle, enjeu principal La majorité des jeunes relevant de la prévention souffrent d’une sous-qualification, même si chacun se situe à un stade différent. De nombreux éducateurs ont pour objectif que les projets réalisés conduisent à un retour à la formation. Celle-ci peut être classique, ou en alternance ou innovante du point de vue des méthodes. Il faut veiller à ce que les formations entreprises correspondent aux exigences des emplois, du monde du travail. Il faut également mettre en place des méthodes pédagogiques efficaces qui prennent en compte la réalité du jeune.

C’est à travers la formation que l’on peut construire un projet professionnel et avoir une chance d’accéder à une meilleure inclusion dans la société. L’obtention d’une

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qualification ou d’un diplôme est un élément déterminant pour réussir une insertion. Les diplômes sont des points de référence, permettant ainsi une reconnaissance.

Envisager une formation fait appel à la construction d’un projet. Le jeune a un objectif et il essaye de l’atteindre. C’est la situation idéale pour parvenir à une insertion professionnelle. Néanmoins, je le souligne, c’est un idéal. En effet, beaucoup de jeunes sont réticents à envisager un retour sur les bancs de l’école. Les parcours chaotiques, les mauvais souvenirs scolaires limitent la volonté du jeune. De même, il aura tendance à vite abandonner cette formation en cas de difficultés. C’est pourquoi, envisager une insertion professionnelle, requiert un temps de travail long. L’éducateur ne doit pas seulement sensibiliser le jeune au monde du travail, ni amorcer un premier contact, il doit assurer un suivi qui permet au jeune d’avoir un soutien lors de coups durs, y compris après une première embauche.

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Propositions pour l’action

Nous avons au cours de ce travail essayé de préciser quelques pistes qui permettent d'élargir les possibilités d'insertion du jeune, en montrant que cette insertion est à la fois humaine, par la reconquête de l'estime de soi, sociale, par le tissage de nouveaux liens, et professionnelle, par la capacité à participer au monde du travail. Les expériences rencontrées ont montré que cette ouverture est possible. Quand on conjugue la confiance, la participation à des projets valorisants, l'apprentissage de règles et un travail dans la durée, on constate que tous les jeunes sont éducables, peuvent s'intégrer dans la société et y participer. Tout en conservant leur identité, ils ne sont plus des marginaux mais des citoyens.

• Quelques facteurs de réussite

Premier préalable : accroître la mobilité des jeunes

La mobilité est un problème central pour de nombreux jeunes. Deux pistes ont été envisagées.

- La mise en place d'un parc de mobylettes est une solution intéressante pour les déplacements de proximité. Celle-ci a déjà été expérimentée sur le Plateau Picard (Oise) dès les années 90.

- Compte tenu du coût du permis de conduire, beaucoup de jeunes roulent sans permis, avec des risques énormes en cas de contrôle ou d'accident. Un certain nombre de clubs de prévention ont monté des auto-écoles, comme Agir, ACR ou Plaisir. Mais la survie de ces initiatives est difficile, car l'auto-école doit être rentable avec des jeunes qui sont très peu solvables. C'est pourquoi il serait utile d'envisager des partenariats avec les auto-écoles existantes. Certaines sont intéressées par un partenariat, car beaucoup d'auto-écoles ont du mal à gérer les publics en difficulté (régularité, horaires, solvabilité).

L'habitat.

La question du logement est aujourd'hui centrale pour de nombreux jeunes. L'absence d'un logement autonome est aujourd'hui un des principaux obstacles à l'insertion.

En particulier, on peut regretter la disparition des hébergements éclatés qui existaient sur le territoire. Il s’y jouait tout un apprentissage à l'autonomie, aux règles de base du vivre ensemble et à la citoyenneté. Dans des appartements autonomes les jeunes étaient regroupés par quatre. Un éducateur avait la clé de l'appartement, mais n'avait pas la clé des chambres. Cela fonctionnait bien. Il y avait rarement des débordements. Le Secours Catholique prêtait des meubles et on les rendait. Il y avait un éducateur

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pour 10 appartements, une conseillère en éducation familiale et sociale qui leur apprenait à faire les courses, allait avec eux au supermarché et leur apportait des conseils basiques sur la nutrition.

Il serait essentiel d'engager une réflexion avec les municipalités et les associations spécialisées, qui ne manquent pas de formules de logements passerelles, individuels et collectifs, afin que ce type de vie en groupe avec un fort encadrement puisse se développer sur les territoires.

L'usage d’Internet

La plupart des jeunes n'ont aucune expérience d'Internet, n'ayant pas accès à un ordinateur. Cela fait pourtant partie des conditions d'embauche dans de nombreux cas. Il existe sur le terrain de très nombreuses initiatives permettant d'accéder à Internet ou d'apprendre les bases de la micro informatique. Et ces initiatives ne pensent pas toujours aux publics spécifiques des clubs de prévention. Il serait souhaitable de multiplier des partenariats avec les associations spécialisées, les bureaux formation jeunesse ou les centres sociaux pour développer des possibilités de sensibilisation et de formation adaptées. Certains proposent également de susciter des initiatives en mobilisant les « cyber papys » et les étudiants bénévoles.

Accompagner les jeunes porteurs de projets

Souvent les jeunes ont des idées, mais tout un cheminement est nécessaire pour transformer les idées en projets. Il est très important de pouvoir apporter un accompagnement et un cadre pour la réalisation des expériences.

Par exemple, l'association Cap Berriat à Grenoble, qui fait partie du réseau de RECIT, dispose d'une expérience importante en matière d'accompagnement de projets (280 projets suivis cette année) sur toute l’agglomération de Grenoble. Cet accompagnement repose sur la sollicitation du porteur de projet et s’adapte au temps et au rythme de chacun. L'accompagnement est apporté sous forme de soutien technique organisationnel, d'information sur les sources de financement et la réglementation, de soutien méthodologique, d'accompagnement administratif et comptable. La priorité est donnée aux porteurs de projets de moins de 30 ans.

Par ailleurs, le mouvement des SCOP propose des « SCOP Ados », qui fournissent un cadre juridique à la réalisation des projets.

• Comment le club de prévention peut-il s'impliquer ?Ces quelques observations et propositions ne constituent pas des solutions clé en mains, mais plutôt une boîte à idées permettant aux clubs de prévention qui le souhaitent d'envisager des possibilités nouvelles d’action en partenariat avec les autres intervenants.

Une première suite à ce travail pourrait être d'organiser des rendez-vous de l'éducation citoyenne sur le terrain pour permettre à ceux qui le souhaitent de mieux connaître les actions réalisées par certains des clubs de prévention, échanger en direct avec les acteurs, afin de pouvoir s'en inspirer pour leurs propres initiatives.

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De nombreux échanges ont porté sur le rôle de clubs de prévention. Que peut-il faire, que doit-il fait faire, que doit-il ne pas faire ?

La réponse est unanime : le club de prévention n'a pas vocation à tout faire, et n'en a pas la possibilité réglementaire. Mais il a une responsabilité globale vis-à-vis du jeune qui peut l’inciter à faire trois choses :

Assurer l'accompagnement éducatif dans la durée.

Mais le club de prévention doit assurer le suivi global des jeunes, qui constitue sa mission première. En d'autres termes, « il faut un pilote dans l'avion ». Cet accompagnement éducatif qui a pour objet d'aider le jeune à devenir acteur de sa propre vie. En d'autres termes, il n'y a pas d’un côté l’insertion sociale, de l'autre l’insertion professionnelle, mais une démarche globale qui doit permettre de répondre de façon individualisée et adaptée aux difficultés de chaque jeune.

Susciter les projets pour répondre aux besoins, sans les réaliser directement.

Un jeune ne dispose pas toujours d'une gamme d'appuis complète en matière de logement, d'aide au permis de conduire, d'insertion professionnelle, de formation. Dans ce cas, le rôle du club de prévention est de susciter les initiatives de façon à pouvoir répondre aux besoins du jeune, sans pour autant les réaliser par lui-même car ce n'est pas son rôle.

Ce travail peut se résumer en quatre questions : quelles sont les actions qui se mènent tout autour du club de prévention ? S'il existe quelque chose, cette initiative a-t-elle la taille suffisante ? Si elle ne l'a pas, veut-elle s'agrandir ? Si ce n’est pas le cas, que faut-il susciter et comment le faire ?

Par exemple, sur le territoire des Vernes, il existe des besoins non satisfaits en matière d'aide à l'insertion par l'économique. Il y a plusieurs manières de répondre à ce besoin :

- travailler en partenariat avec des actions existantes. Par exemple, pour l'insertion par l'économique, on a vu que des initiatives prises à Chanteloup-les-Vignes peuvent s'étendre au territoire des Vernes.

- inciter des partenaires à développer leur action en réponse aux besoins mis en évi-dence. Par exemple la mission locale de Vernouillet semble avoir des capacités d'action importantes pour répondre aux besoins au peut lui soumettre.

- développer des actions nouvelles si cela s'avère nécessaire une fois qu'on a recensé les autres moyens de répondre aux besoins.

- Ces actions nouvelles pourront déboucher sur la création d'une structure, comme cela est le cas à Versailles où la création d'une régie de quartier est envisagée à partir de l'expérience réussie d'un garage associatif. Dans ce cas, le club de pré-vention est un partenaire avec d'autres qui va accompagner la création et le déve-loppement de l'expérience, sensibiliser les collectivités à l'importance des besoins, accompagner la réalisation afin que celle-ci puisse s'autonomiser.

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Ce travail doit être reconnu et financé

Toutes ces pistes constituent des éléments de solution importants. Mais elles nécessitent du temps d'animation pour susciter les projets. Or, cela n'est pas prévu dans le travail des éducateurs spécialisés. Au nom de « la nécessité d'actions innovantes », on ne cesse de financer des choses nouvelles alors qu'on met de moins en moins d'argent sur les actions permanentes qui ont fait la preuve de leur utilité.

Comment travailler autrement afin de trouver du temps ? Quel partenariat développer avec les collectivités, avec quel argumentaire ?

La prévention sur le terrain est nettement plus légère que les centres d'éducation fermée. Ses résultats ont été prouvés depuis longtemps. On voit bien, à travers la réflexion entreprise, qu'il serait possible d'améliorer grandement l'efficacité non seulement de la prévention, mais des multiples dispositifs qui s'adressent aux mêmes jeunes.

Les échanges ont montré que les collectivités sont sensibilisées aux problèmes posés, ne sont pas fermées à la nécessité de mieux coordonner les actions et de les intensifier, à condition de disposer de solutions étayées, reposant sur des exemples et sur des contacts déjà pris entre les principaux partenaires. C'est à cela que l'étude de RECIT espère pouvoir contribuer.

• Travailler en réseauUn jeune en difficulté fait l'objet de différents accompagnements (parfois près d'une dizaine). Le rôle du club de prévention et d'établir des liens suffisants pour que ses accompagnements de complices pas le jeune à être un objet d'accompagnement mais puisse devenir sujet, acteur de sa propre insertion. Pour cela, le club de prévention doit travailler en partenariat, allait au-devant des partenaires spécialisés sans attendre que ceux-ci se manifestent et comprendre la logique de chacun pour la faire évoluer.

Chaque partenaire a des responsabilités et apporte une contribution spécifique. Il est nécessaire de mobiliser les diverses compétences autour d'un but commun afin de proposer des réponses cohérentes et de faire un travail social global. Ce partenariat s'exerce à la fois au quotidien et à travers des projets.

Ainsi, les clubs de prévention travaillent avec la mission locale et l’ensemble des structures sociales (justice, médical), mais ils peuvent aussi envisager des partenariats avec des entreprises ou des centres de formation. Chacun accomplit sa mission, les éducateurs mettent en place un accompagnement social et les entreprises se concentrent sur la formation, la transmission de savoir faire et de compétences et la découverte de métiers.

Ainsi, ces accompagnements multiples offrent une meilleure chance d’intégration. Le partenariat enrichit le travail social en multipliant les réponses (éducatives, professionnelles, psychologiques…). C’est pourquoi certains clubs de prévention ont mis en place des accueils par un psychologue, pour une approche plus professionnelle du mal-être des jeunes. Le partenariat est une force, qui faut utiliser. Les clubs de prévention créent des réseaux d’acteurs pour permettre une meilleure réussite.

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En ce qui concerne l’insertion professionnelle, les clubs de prévention, qui sont en partenariat avec des entreprises, peuvent apporter des réponses concrètes aux jeunes. Il faut développer les relations avec les entreprises, pour permettre une mise au travail des jeunes. En sensibilisant des employeurs aux problèmes de la jeunesse, des accords sont passés entre le club de prévention et l’entreprise qui propose quelques postes.

Ces expériences sont assez concluantes. Les jeunes sont satisfaits d’obtenir du concret, ils peuvent ainsi avoir une expérience professionnelle. Une dynamique se crée car lorsque l’expérience débouche sur une embauche, les jeunes prennent confiance.

Néanmoins, il faut que les entreprises soient prêtes à accepter de travailler avec une jeunesse marginale, il est donc nécessaire de montrer une plus grande souplesse. Si l’employeur doit savoir se montrer ferme, il faut aussi qu’il ait conscience que cette expérience ne doit pas mettre le jeune en échec. Il faut sensibiliser de nouveaux acteurs et pouvoirs publics pour amener toute personne à changer de regard sur les jeunes en difficulté.

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Fiches par expériences

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ACR : Une expérience d’insertion à travers les métiers de l’environnement

ACR, « Associations Conflans Rencontres », est une association de prévention spécialisée qui existe depuis 1978. Constatant les problèmes d’exclusion des jeunes et adultes, elle a pour but de favoriser la prévention des jeunes et l’insertion sociale et professionnelle des plus démunis.

Le chantier éducatif, un outil riche pour la sensibilisation au monde du travail des plus jeunes

ACR est composée d’une équipe de huit éducateurs, dont le directeur est Jean Paul Carcélès, ancien directeur de l’ACJAM. Soixante-dix personnes sont salariées actuellement au sein d’ACR.

Le public touché par les questions d’insertion par l’économique est celui des 16/25 ans. Il s’agit d’un public assez spécifique, réticent à l’intégration de dispositif d’insertion par l’économique.

En effet, de nombreux jeunes souhaitent des réponses immédiates et concrètes or les structures de l’insertion par l’économique ne proposent pas une rémunération attractive, ni un poste définitif.

De même, ces structures soulignent souvent la nécessité d’une formation ce qui est fortement rejeté par les jeunes, ayant subi déjà plusieurs échecs scolaires.

Ainsi il semble difficile d’inscrire les jeunes dans ce dispositif. Néanmoins, ACR effectue deux fois par an, des chantiers éducatifs d’une semaine avec six éducateurs sur le terrain. L’association ne met pas en place des chantiers d’insertion sur le long terme (6 mois et plus) afin de privilégier le travail de rue et la prévention.

Ainsi ACR sensibilise le jeune public à travers ces expériences de chantiers éducatifs en partenariat avec les bailleurs, ils réalisent aussi d’autres projets d’insertion plus spécifiques notamment l’atelier théâtre.

Ce projet propose une approche originale pour travailler sur la valorisation des jeunes. Il permet de développer les réflexions autour des projets personnels des jeunes et de dévoiler leurs freins à l’insertion.

Également ACR oriente certains jeunes vers les jardins d’insertion, quand le besoin se fait sentir. Ce service insertion est une structure différente et indépendante.

Cependant, les éducateurs ciblent leur travail auprès des jeunes de seize ans, car c’est un age critique ou tout peut basculer notamment au niveau du comportement et de la formation.

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C’est pourquoi, ils privilégient l’accompagnement des plus jeunes vers des formations plus classiques et proposent aux plus âgés les structures d’insertion.

Le partenariat est un élément clef du travail social ainsi il existe toujours une relation entre les clubs de prévention et les structures d’insertion les plus proches.

Les jardins maraîchers et l’insertion professionnelle: une réponse originale

ACR a mis en place depuis 1994 des chantiers d’insertion à la suite de la création du service Insertion par l’Activité Economique et c’est ainsi qu’en 1997 a vu le jour le chantier d’insertion « Jardin Maraîcher », initiative qui s’inscrit au sein de la démarche d’insertion à travers les métiers liés à l’environnement et la culture, apparus à partir des années 1990.

Le chantier « Jardin maraîcher » appartenant au service insertion d’ACR est destiné à un large public connaissant des difficultés sociales, économiques…. Et notamment aux jeunes qui sont dans le cadre du dispositif TRACE (Trajet d’Accès à l’Emploi).

ACR insertion met en place quatre chantiers, dont le jardin maraîcher fait partie, c’est pourquoi certains temps de formations sont communs à tous les participants au chantier afin de développer une approche plus globale à travers un suivi et des remises à niveau (informatique, français…). La formation propre au jardin est faite par équipe de deux, un ancien salarié forme le nouvel arrivant sur les différentes tâches à accomplir.

La production de ce jardin de deux hectares était au départ dédiée aux travailleurs et associations caritatives, aujourd’hui les adhérents, payant une cotisation, bénéficient d’un panier biologique toutes les semaines.

Une équipe de quinze personnes, encadrée par deux professionnels travaille dans ce jardin, divisée en plusieurs zones de culture. Le jardin applique les normes de la culture biologique, respectueuse de l'environnement (pas de pesticides et d'engrais non naturels). Les salariés ont un contrat type CES d’une durée de 3 à 12 mois. Il s’agit d’un chantier mixte de 35 salariés dont 1 femme et 7 travailleurs handicapés.

Cette expérience s’est pérennisée avec l’arrivée d’un encadrant technique diplômé en agriculture, permettant ainsi de développer la production qui est passée de 25 paniers à 100 paniers par semaine.

Le travail dans le milieu de l’environnement est une proposition originale pour tenter une démarche d’insertion. Le travail de la terre a une image valorisante, de plus l’application de la culture biologique demande un certains savoir faire et des connaissances spécifiques.

Ainsi, cette expérience répond aux besoins de ce public particulier en enrichissant leur formation, souvent fragile mais aussi à travers la remise ou mise au travail, impliquant une socialisation aux normes (respect des horaires, des conditions de travail).

Cette expérience peut permettre à des jeunes motivés de reprendre confiance en eux et de se réintégrer au monde du travail.

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Souvent, les personnes se présentant au chantier, souhaitent trouver un emploi durable. Néanmoins, ce chantier d’insertion n’offre pas une formation complète pour pouvoir intégrer une exploitation agricole. Ainsi, en 2004 seulement deux à trois salariés ont trouvé un emploi, notamment dans les espaces verts et deux à trois personnes ont intégré une formation. Ce chiffre peut être justifié par le fait qu’il s’agit d’un public connaissant de plus grandes difficultés sociales.

Les dispositifs d’insertion : une entreprise difficile

Ainsi ces jardins d’insertion ne garantissent pas un emploi toutefois ils sont une première passerelle vers l’emploi, permettant de remobiliser les personnes à travers un emploi et de débuter une démarche d’insertion professionnelle qui est longue.

Le club de prévention a donc réussi à mettre en place une structure indépendante pour entreprendre un travail d’insertion des jeunes.

Néanmoins, aujourd’hui, la réalisation de ce type de projet semble être plus difficile.

En effet, la situation politique est à prendre en compte car les nouvelles directives veulent éviter le dispersement des actions des clubs de prévention et cibler le travail sur les éducateurs de rue.

De plus, on note une chute des subventions, « on ne peut plus compter sur le FSE car l’ouverture sur l’Europe crée des choix plus stricts sur les financements ». Ainsi, il faut proposer un projet original pour obtenir les fonds nécessaires.

« Pourquoi ne pas poursuivre le partenariat qui est une des méthodes de travail des clubs de prévention. »

Contact

A.C.R.72, rue Désiré Clément BP 11178700 CONFLANS Ste HONORINETél. : 01 34 90 96 59Directeur : Françoise [email protected]

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ACJAM : Revaloriser les jeunes : première dé-marche de l’insertion professionnelle.

Les premiers statuts de L’ACJAM ont été déposés en 1963 mais c’est en 1975 qu’elle est devenue une association de prévention spécialisée. Elle a été créée par quelques militants et un prêtre pour proposer des loisirs aux jeunes puis, face aux besoins, la prévention spécialisée est devenue le principal objectif. C’est dans ce cadre, que l’ACJAM a entrepris des chantiers éducatifs pour sensibiliser les jeunes au monde du travail.

Être au cœur de la réalité des jeunes

L’ACJAM assure le suivi régulier de six cents jeunes et le suivi ponctuel de mille cinq cent jeunes par an sur la ville de Mantes-la-Jolie, Limay et Mantes la Ville.

Le terrain est le travail quotidien des éducateurs c’est pourquoi le club de prévention est un observateur privilégié. Il permet de rendre lisible pour l’extérieur les différents besoins des jeunes. C’est à partir de ces observations que se déterminent les outils nécessaires pour aider les jeunes.

Si ces outils n’existent pas le club essaye de les créer. Ainsi, plusieurs projets ont été mis en place notamment pour répondre au problème d’insertion par l’économique des jeunes.

Une auto-école associative (à vocation sociale) a été mise en place afin de permettre l’accès à la mobilité des jeunes, permettant une plus grande possibilité d’insertion professionnelle.

Toutefois, depuis 2004, le club a mis fin aux chantiers d’insertion, ils se concentrent alors sur les chantiers éducatifs. Cette situation est liée à la création d’un espace d’insertion économique pour gérer les problématiques liées à l’emploi.

Ainsi, aujourd’hui, c’est AFPIE qui s’occupe de l’insertion par l’économique. Le directeur de cette structure est un ancien éducateur de l’ACJAM, qui s’est spécialisé dans l’insertion par l’économique suite à la division de la structure.

Ainsi les outils sont créés en fonction des besoins repérés sur le terrain. L’élément essentiel du club de prévention est le travail des éducateurs qui au contact direct de la réalité des jeunes, soulignent les objectifs essentiels (santé, logement, voiture…)

Le club de prévention est au centre de tout, il peut toucher tous les secteurs de Mantes (santé, insertion…). Le but du club est de porter les structures puis de les rendre autonomes et indépendantes.

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Un projet éducatif

Le public touché par les problèmes d’insertion par l’économique est surtout masculin âgé de 16 à 25 ans. Ces jeunes sont souvent loin de l’emploi, ils zonent beaucoup et ils ont généralement des problèmes de comportements qui sont un frein à leur intégration dans le monde du travail.

Le public concerné manque souvent de repères, il s’agit du principal problème, « ils n’ont pas intégré les repères de citoyenneté de base ». Ils vivent constamment dans un rapport de force, lié à leur vécu dont le club de prévention essaye de les faire sortir. C’est pourquoi, le projet d’insertion passe d’abord par la prévention et la revalorisation du jeune.

Ainsi, l’ACJAM travaille en amont, le club essaye dans un premier temps de repérer tous les freins à l’insertion professionnelle et d’essayer de les lever.

Le principal outil du club est le chantier éducatif, il ne s’agit pas de donner une qualification au jeune, il s’agit surtout de le mobiliser et de le valoriser. C’est pourquoi le chantier est surtout socialisateur : le jeune se trouve face aux obligations du monde du travail (horaires …) et de la vie collective. Il est confronté à de nouvelles règles, il doit remettre en question ses repères afin d’intégrer ces réalités. Cette expérience permet de faire évoluer le jeune, de lui faire prendre conscience de la nécessité de changer certaines attitudes et surtout Ils espèrent que cette expérience soit surtout un bon tremplin vers la formation, qui est l’objectif souhaité.

Ainsi, le club de prévention a mis en place le projet mosaïque, qui a duré un an.

Suite à la mort de deux jeunes de Mantes la Jolie, les jeunes ont voulu créer quelque chose pour ne pas oublier ce drame. Une fresque murale a été réalisée, mais la rénovation urbaine prévoyait d’effacer ce graffiti. L’ACJAM et les jeunes ont alors décidé de recréer cette œuvre en mosaïques. Ce type d’expérience permet une mise au travail valorisante, transmettant alors des valeurs positives (estime de soi, valorisation…) et un apprentissage des codes et règlements du travail.

C’est donc un moyen d’analyser les différents problèmes du jeune mais aussi de le mobiliser pour un projet collectif et donc le rendre responsable, permettant la valorisation de soi.

En effet, le regard extérieur change aussi avec ces expériences, les habitants du quartier ne stigmatisent plus les jeunes comme des délinquants au contraire ils améliorent l’espace public.

Le club de prévention n’a pas de résultats quantitatifs au niveau de l’emploi, il s’agit surtout d’un travail éducatif.

Pour l’ACJAM, le principal objectif est de redonner des repères aux jeunes pour une aide globale, lui redonner confiance. Ils observent que le jeune soutenu suit en général une trajectoire correcte, il évite de rentrer dans délinquance… Son objectif est ainsi d’accompagner les jeunes dans une logique de parcours favorisant la prise d’autonomie progressive face à l’emploi et dans leurs choix personnels de vies.

L’ACJAM répond néanmoins concrètement à certains jeunes au niveau de l’emploi, en les orientant vers l’AFPIE.

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En effet, le partenariat est essentiel, c’est un outil important et pertinent pour répondre aux jeunes et les aider. Il faut savoir élargir son réseau car qu’aujourd’hui les 3/4 de dispositifs d’insertion par l’économique ont des problèmes. Il faut donc voir les choses autrement et proposer quelque chose d’original.

Contact

ACJAM4, rue Joseph Gay-LussacBP 107278203 MANTES-la-JOLIETél. : 01 30 94 52 38Directeur : Véronique [email protected]

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PASSERELLES : Club de prévention spéciali-sée dans la relation avec et pour le jeune.

Magny les Hameaux est une ville constituée de 10 000 habitants dont plus d’un tiers habitent dans le quartier du Buisson, composé de logements sociaux. Ce quartier connaissait de gros problèmes sociaux dont notamment de délinquance. Le club de prévention a été créé en 1997 afin de faire face à ces difficultés. Néanmoins sa rénovation il y a deux ou trois ans a permis un réaménagement du quartier. L’évolution du cadre de vie a permis une baisse de la délinquance et une nette amélioration du mode de vie.

Diversifier les actions pour une meilleure approche des jeunes

Le club de prévention a mis en place des chantiers éducatifs dès sa création, notamment en partenariat avec l’OPIVOI (société HLM). Les jeunes nettoyaient les halls d’entrée, faisaient quelques travaux de peinture afin de partir en vacances. Le nouveau chef de service, arrivé en 2005, a pensé que ces chantiers éducatifs étaient insuffisants et il a voulu « casser les habitudes » en cessant ces chantiers et en mettant en place d’autres types d’expérience.

Ainsi en 2005, le club de prévention a mené cinq projets :

- un projet autour du collège, à travers la mise en place d’une permanence avec un atelier expression, ce qui offre une autre approche entre professeurs et élèves. C’est aussi un support à la relation qui permet de sortir du cadre du collège et de proposer des activités.

- un accompagnement scolaire pour les primaires et secondaires avec le centre social (mairie). Cet accompagnement permet d’observer les jeunes et surtout d’entrer en relation avec eux. Ainsi, le club de prévention peut par la suite les sensibiliser pour les plus grands à des activités professionnelles et pour les plus petits de leurs proposer des activités culturelles et sportives.

- création d’un groupe parole parents. En effet, les observations des éducateurs ont dévoilé l’isolement des parents qui connaissent des difficultés avec leurs enfants. Ce groupe de parole permet des échanges entre parents. Ainsi, tous les mois, six à huit parents se retrouvent pour discuter autour d’un thème particulier. Ce groupe fonctionne bien et face à la demande, le club de prévention envisage de mettre en place un second groupe de paroles pour 2006/2007.

L’objectif du club de prévention est de mettre en place des outils d’insertion nécessaires, les pérenniser puis les rendre autonome. Ainsi, ils espèrent que les parents

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vont reprendre ce groupe paroles et le rendre autonome dans sa gestion pour devenir un partenaire privilégié.

Il est très important d’avoir toutes sortes de partenaires suivant les besoins pour permettre une approche globale du jeune.

Les deux autres projets sont en lien direct avec l’insertion professionnelle. Il s’agit d’un partenariat avec FACE, proposant des stages découvertes dans plusieurs domaines du monde du travail et d’un projet humanitaire à Madagascar.

Remobiliser les jeunes autour d’un projet humanitaire

Depuis 2005, de nouveaux chantiers éducatifs avec l’ONF et l’AVERON ont été créés. Il s’agit de nettoyer les rivières et des travaux de maçonnerie. Ces expériences ont permis de monter un projet de solidarité international à Madagascar

Ainsi en juillet 2006, onze jeunes sont partis reconstruire une école à Madagascar.

Pour l’équipe de prévention, ce type de projet permet un travail éducatif intéressant, en effet, à travers ces chantiers, les jeunes sont confrontés à différents champs professionnels, tout en les remettant au travail. Toutefois un des éléments les plus importants est l’élaboration d’une relation entre les éducateurs et les jeunes.

Il s’agit en effet d’un cadre plus souple et différent du quotidien car moins difficile et non excluant. Ce cadre permet de mettre en place un vrai travail éducatif ce qui est le plus important pour permettre l’insertion sociale.

L’expérience à Madagascar a été positive, les jeunes se sont montrés très respectueux bien que le chantier était une épreuve dure psychologiquement et physiquement.

Le groupe était divisé en deux équipes, la moitié travaillait en maçonnerie et l’autre partie s’occupait de l’animation des enfants malgaches puis les groupes tournaient.

Cette expérience a duré trois semaines, elle a été très bénéfique notamment en apprenant aux jeunes un autre mode de vie, en leur faisant prendre conscience d’autres réalités et en même temps en permettant une meilleure relation entre éducateurs et jeunes.

De plus, ces jeunes ont pu découvrir une autre image d’eux-mêmes. Toutes les épreuves qu’ils ont vécues et dépassées ont permis de les valoriser, ce qui est un élément essentiel pour ces jeunes qui souffrent d’une faible estime, cette confiance qu’ils ont acquise permet d’avancer vers l’insertion.

Ainsi suite à cette expérience certains des jeunes ont repris une activité salariée notamment dans le monde du bâtiment. D’autres, qui ont apprécié le travail sur le don et l’animation, désirent passer leur BAFA (5 d’entre eux). Ainsi ce projet a donné l’envie de reprendre une formation permettant une meilleure insertion professionnelle.

Le club de prévention désire approfondir la valorisation de leur action en continuant un travail sur l’année notamment à travers la réalisation d’un film, d’écrits et de photos. Ainsi, le 17 novembre 2006, à la MJC de la ville, les habitants de la commune ont découvert le travail des jeunes. De plus, ils essayent de faire partager cette expérience en intervenant dans les écoles et collèges pour sensibiliser un maximum de personnes.

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En effet, certains jeunes veulent développer une association indépendante et repartir l’été prochain mais cette fois-ci, ils seront autonomes. Le club leur apportera de l’aide, mais il ne pourra pas assurer un autre projet l’été 2007 car c’est un trop lourd investissement sur le long terme.

En effet, un projet de cette envergure prend beaucoup de temps à mettre en place, il a fallu dix mois de préparation pour trois semaines de chantier. Il est donc nécessaire de prendre toute une année pour réaliser le cadre nécessaire à la réussite du projet. Néanmoins ce temps permet un travail éducatif sur la durée, il s’agit donc d’un support intéressant pour suivre des jeunes.

Les jeunes ont créé des relations avec une association malgache, St Vincent de Paul, et ils souhaitent monter un projet développement qui concernerait à la fois le domaine de l’informatique et l’élevage de poulet de chair. Ainsi, si ce projet aboutit, dans deux ans, le club souhaite repartir avec un autre groupe de jeunes dans le cadre de cette association.

Les jeunes ont donc le sentiment d’avoir vécu une expérience positive qu’ils ont pu mener jusqu’au bout et la confiance qu’ils ont gagnée en eux est dévoilée à travers cette volonté de partage de leur vécu et de leur prise de position pour mener à bien un projet développement dans ce pays.

Un partenariat souple pour un accompagnement global

Depuis quelques mois, le club de prévention a entrepris un partenariat avec FACE (Fondation Agir Contre l’Exclusion) association fondée par des chefs d’entreprise à Saint Quentin en Yvelines, le PLIE et le pôle emploi de la mairie pour permettre l’insertion professionnelle des jeunes.

En effet, beaucoup de jeunes se rendent au club de prévention en espérant une aide pour trouver du travail ou une formation.

Le club de prévention prend alors contact avec FACE. Le jeune, accompagné par Passerelles, réalise un entretien pour déterminer ses désirs et objectifs. L’association FACE met alors en relation ces jeunes avec des entreprises. Ainsi, le club de prévention se centre sur l’éducatif et le social et FACE gère le travail d’insertion professionnelle. Il y a alors un double suivi et deux approches complémentaires qui permettent aux jeunes une insertion dans le monde du travail.

Au sein de l’entreprise choisie, le jeune est suivi par une personne, c’est son référent, avec qui il développe souvent un lien affectif à travers cette relation, dévoilant une certaine souplesse du cadre de travail. Si le jeune reste dans l’entreprise entre quatre à six mois, il bénéficie alors d’une formation.

L’expérience s’est révélée difficile à mettre en place, toutefois depuis un mois, elle porte ses fruits. En effet, FACE n’avait pas l’habitude du public des 17/25 ans. Elle n’avait pas conscience que ces jeunes sont loin de l’emploi, le public de la prévention est le plus marginal. C’est pourquoi, il faut trouver le bon cadre. Toutefois, ces quatre derniers mois sont assez encourageants, aujourd’hui, deux jeunes sont à l’emploi, trois autres sont en attente de formation, cinq jeunes sont en projet de stages.

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Être à l’écoute des jeunes

Le travail du club de prévention, qui s’adresse aux 10/25 ans, dont les trois quarts sont des garçons, est partagé entre des aides ponctuelles, qui sont minoritaires et un suivi régulier. Les supports de travail sont différents suivant les ages, ainsi pour les plus jeunes, le club privilégie la relation avec la famille.

Pour les accompagnements lourds, les jeunes souffrent d’un très peu d’estime de soi, ils ont un vécu difficile, des carences affectives et des violences psychologiques. Il existe donc aussi un décalage culturel entre la famille et la société, ce qui crée quelques problèmes identitaires car plus de la moitié des jeunes est d’origine d’Afrique du nord.

Le parcours des jeunes est fragile, très peu diplômé. Ils ont le niveau général CAP. Ils cumulent les échecs scolaires et de formation, certains n’ont rien fait depuis des années. Ils ont certaines difficultés pour élaborer des projets. Leur but est d’obtenir de l’argent. Les jeunes qui viennent sont dans l’urgence. Le club de prévention essaye de faire un lien entre cette urgence et la construction d’un projet. Les éducateurs ont pour objectif développer des désirs et des capacités.

La première étape de mise au travail est en relation avec la mission locale et FACE. Élaboration d’un CV, d’une lettre de motivation pour mettre en valeur des parcours, observer la psychologie de chacun et établir un travail d’estime de soi.

Il s’agit du premier travail essentiel et d’un premier support pour entrer en contact et développer l’écoute des éducateurs pour mieux connaître les jeunes.

Les jeunes veulent travailler tout de suite, certains trouvent, d’autres ne sont pas près à accepter le monde du travail. En effet, certains jeunes n’acceptent pas les règles de l’entreprise, le mode de vie lié à l’emploi. Ils ne sont pas près à travailler. C’est alors que les éducateurs doivent intervenir et tenter de valoriser le jeune. Il existe donc différentes étapes : le CV, la lettre, l’entretien et le stage. Il s’agit de tout un processus. Il faut créer un cadre qui ne soit pas excluant, il faut intégrer les jeunes car ils souffrent justement de l’exclusion (scolaire, sociale…)

Il faut reprendre les difficultés pour essayer de mettre en place un cadre souple et de créer des relations privilégiées avec les jeunes. C’est pourquoi, il faut trouver des entreprises qui soient à l’écoute et qui soient prêtes à accepter ces difficultés. Certaines entreprises se sentent concernées par ces jeunes et acceptent de créer ce cadre. Le jeune a besoin d’une écoute, d’une relation privilégiée et de confiance.

Le jeune a besoin de parler de lui pour comprendre pourquoi il ne va pas bien. Le support de stage dans différentes entreprises est intéressant car cela permet à la fois la mise au travail et la rencontre avec ce milieu. Le chef d’entreprise doit comprendre ces difficultés (problèmes de tenu, d’horaires). Il ne faut pas laisser le jeune dans ce cadre inconnu seul, au contraire il faut analyser les erreurs et lui permettre d’avoir une autre chance. Il faut que le jeune avance.

C’est pourquoi c’est difficile car la demande des entreprises est différente, il faut alors des contrats aidés, particuliers. Avec FACE, on passe par l’intérim pendant quatre à six mois puis possibilité de formation. L’intérim est bien adapté pour que le jeune se mette au travail car il offre une souplesse.

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En revanche trouver des CDI est plus difficile. Le club de prévention essayer d’utiliser tous les supports possibles pour connaître le jeune. Il faut parler de soi pour savoir qui on est. Pour les jeunes, les autres sont souvent responsables, il faut savoir les confronter avec la réalité et qu’ils prennent en compte leurs propres responsabilités. C’est pourquoi il faut reprendre les choses avec eux, mettre en lien leur histoire et les difficultés rencontrées. Il faut beaucoup de temps pour que le jeune s’intègre. Tous les supports sont possibles pour que le jeune se livre à l’éducateur. Volonté de prendre conscience des problèmes pour essayer de se valoriser. Un jeune qui est dans l’échec veut rester dans l’échec, il a peur de la réussite. Le changement est insécurisant. Et c’est pourquoi, trouver un travail n’est pas suffisant pour la moitié des jeunes en général, l’éducateur accompagnant essaye de faire sortir le jeune de ces cadres et c’est pourquoi la mise à l’emploi est essentielle, notamment à travers les chantiers éducatifs. Ils orientent des jeunes qui connaissent de grandes souffrances psychologiques vers des psychologues mais les jeunes sont réticents. L’éducateur est donc spécialisé dans la relation. L’objectif du club de prévention est de développer l’écoute c’est le plus important. Permettre aux jeunes de s’exprimer.

Il faut alors travailler avec les jeunes au cas par cas, il s’agit à chaque fois de personnes différentes avec une histoire, des difficultés et il doit pour acquérir une autonomie accepter ses difficultés, ses responsabilités. L’objectif est d’apprendre à vivre avec la souffrance et les difficultés.

Différer l’urgence

Depuis deux ans, le club travaille avec l’ensemble des jeunes de la ville, auparavant le travail était localisé surtout sur la cité. Maintenant, 80% des jeunes proviennent de la cité et 20% des autres quartiers. Développer le contact avec les jeunes de l’ensemble de la commune est difficile car dans la cité, les jeunes se retrouvent dans la rue, mais, dans les autres quartiers, les jeunes sont généralement dans les maisons.

Chaque éducateur accompagne dix jeunes régulièrement. Dans cette commune, il n’y a pas de travail dans l’urgence ce qui permet de réaliser un travail de fond. La cité comprend de 3 à 4 000 habitants, elle est donc à taille humaine. C’est ainsi un terrain intéressant pour la prévention spécialisée car l’urgence est moins présente.

Le club de prévention essaye ainsi de différer l’urgence ce qui n’est pas possible partout, ni tout le temps. Sur un petit territoire, le travail est plus cohérent et plus approfondi, les conditions sont favorables.

Ainsi, les éducateurs réalisent un travail avec les plus jeunes et les parents afin d’éviter et de prévenir certains problèmes. La prévention peut être mise en place en amont pour éviter un mauvais parcours. Ils répondent à l’urgence, mais le travail n’est pas dans l’urgence. L’approche est ainsi différente.

Contact

PASSERELLES - Directeur M. Paul KAEDERTél. 01 30 47 15 132, rue de la Cure

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78114 MAGNY les HAMEAUX

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PLAISIR JEUNESSE

La nécessité d’une approche globale pour per-mettre l’insertion professionnelle des jeunes.

Plaisir Jeunesse a été créé en 1975 par le maire Jean Mouton, car il existait une population en grande souffrance sociale, le club de prévention semblait alors nécessaire.

Aujourd’hui le club de prévention est indépendant par rapport à la municipalité. Il intervient sur toute la ville, notamment sur les trois quartiers en difficulté de Plaisir.

Au départ, il s’agissait d’un local pour un chantier réparation de vélos et de mobylettes, qui a duré trois ans. Par la suite, les projets se sont multipliés. Ainsi pendant une dizaine d’années, les jeunes et le club ont mis en place le théâtre du fil, qui a participé au festival d’Avignon. Ce projet a permis la création d’un partenariat. Le théâtre a évolué vers le domaine de la musique toujours en partenariat avec le théâtre du fil, suite à la demande des jeunes. D’autres actions ont été menées certaines se sont pérennisées car elles ont trouvé une structure pour poursuivre ce travail comme le soutien scolaire pour deux cents enfants, sur toute la ville de Plaisir. Le club a porté ce projet pendant trois ans puis il a été repris par la mairie. D’autres ont été avortées par manque de structures pour les rependre comme les camps de moto cross ou bateau.

Ils ont également développé des groupes de paroles au sein du collège en quatrième et troisième, pour mener une réflexion autour des thèmes de société. Cette année, ils vont élargir ces groupes de paroles pour les jeunes qui sont en SEGPA : difficulté en termes d’apprentissage.

Le club de prévention met en place des actions qu’ils mènent, ils créent un élément moteur, une idée pour accrocher les jeunes puis ils essayent d’associer les associations locales aux projets pour les rendre indépendants.

Une jeunesse fragilisée

Le club de prévention travaille avec des jeunes de 10 à 26 ans néanmoins les demandes de soutien sont plus importantes à partir de dix-huit ans. Nous pouvons distinguer des besoins différents entre les jeunes filles et les garçons.

Les jeunes filles nécessitent un soutien, en général, lorsqu’elles ont entre 15 et 18 ans. Leurs problèmes sont surtout des conflits liés à l’adolescence. Certaines jeunes reviennent quelques années après vers l’âge de vingt-trois ans avec de grandes difficultés.

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Les garçons ont un comportement plus constant, leurs problèmes augmentent de manière continue, accompagnés souvent de violence. En effet, les jeunes accumulent échecs sur échecs, ils encaissent toutes ces difficultés, ce qui développe une forme de violence liée à ces tensions constantes. C’est pourquoi, ils exacerbent parfois leur violence avec le club de prévention.

Le club de prévention assure régulièrement le suivi de 146 jeunes et de trente jeunes ponctuellement. Ainsi, globalement chaque année, les éducateurs travaillent avec environ 180 jeunes, dont certains sont suivis depuis un certain temps.

Aujourd’hui, les éducateurs observent que les jeunes sont de plus en plus abîmés psychologiquement (mal être, besoin de thérapie). Or il est difficile de trouver des thérapeutes au niveau local qui veulent bien travailler en partenariat. De plus, les jeunes ont beaucoup de difficultés pour aller vers les thérapeutes.

C’est pourquoi, le travail du club est d’essayer de traiter l’ensemble des problèmes du jeune, « il faut multiplier par dix les interventions ». Les situations sont plus complexes, pour permettre l’insertion, il faut essayer alors de dépasser un maximum de difficultés. Ainsi, il faut parfois prendre en charge les difficultés des parents : alcoolisme, drogue… Cependant les éducateurs ont des difficultés pour assumer tous les aspects, ils ne peuvent répondre à tous les besoins. La distance éducative est alors importante. Il faut savoir déterminer la problématique centrale, c’est pourquoi un psychologue est important.

Une des problématiques des jeunes est la nécessité de travailler. Toutefois, il existe d’autres difficultés qui les empêchent d’intégrer un emploi stable.

Ainsi, il faut alors débuter par un travail de réflexion sur la situation du jeune et essayer de déterminer tout ce qui empêche l’accès à l’emploi. C’est pourquoi le problème de l’insertion professionnelle doit être envisagé avec l’ensemble des travailleurs sociaux.

Les jeunes sont en grande difficulté sociale, ils ont parfois des problèmes familiaux, de justice bien que cela ne soit pas général, ces situations ont des conséquences au niveau du logement et de l’emploi. Le club doit alors trouver des solutions intermédiaires. Toutes les difficultés sont liées et entretiennent un sentiment constant d’échecs et de difficultés pour le jeune.

De même, certains ne savent pas lire, ni rédiger une lettre, ni passer un appel… Lacunes qui limitent l’accès à l’emploi et provoquent des problèmes administratifs.

Or il faut attendre l’âge de dix-sept ans pour bénéficier de l’aide de la mission locale, ce qui entrave les réponses à ces difficultés sociales. Ces situations sont des obstacles qui s’ajoutent au CV discriminatoire dû au peu de qualification de cette population.

L’insertion professionnelle n’est pas tout, les jeunes sont très fragilisés. Les éducateurs observent une réelle dégradation, le drame économique fragilise les jeunes. Cette fragilité se dévoile à travers une montée de la violence contre eux-mêmes et contre les autres, ils deviennent ainsi imprévisibles donc dangereux.

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Un chantier éducatif au mali

Un chantier éducatif international a été réalisé en 2006 au Mali. L’action a été menée en partenariat avec le club de prévention l’ACJAM.

En effet, les éducateurs ont observé beaucoup de rivalités entre les jeunes de Mantes-la-Jolie et ceux de Plaisir et ils ont voulu créer un projet commun pour développer une solidarité entre ces jeunes. Ainsi, le groupe était composé de six jeunes de Mantes-la-Jolie et six de Plaisir, dont six garçons et six filles.

Le projet a été une réussite concernant ce rapprochement entre jeunes, les jeunes ont été très unis et ont formé un vrai groupe, permettant une entraide mutuelle et développant de nouvelles relations amicales.

Le projet du chantier éducatif était de construire une école dans un village malien. Deux temps composaient ce voyage : quinze jours de chantier et une semaine de découverte du pays.

Le projet s’est déroulé en mai 2006 toutefois il a fallu un an et demi de préparation pour trouver des subventions (conseil régional, Europe…) et des partenaires. Un premier voyage a été réalisé par les éducateurs pour voir si le projet était réalisable.

De même, il a été difficile de se décider sur les jeunes qui participeraient au voyage car les éducateurs craignaient de les détourner d’autres projets d’insertion. Un recrutement a été fait pour trouver les six jeunes.

Néanmoins les éducateurs ont observé un réel engagement de la part des jeunes, qui ont d’ailleurs effectué des chantiers-peinture avec le bailleur social afin de récolter de l’argent pour participer financièrement au projet.

Le projet a été conçu en partenariat avec des entreprises locales du bâtiment et des personnes du village (Mali). L’équipe a vécu dans un hébergement des enfants de rue, ainsi les jeunes étaient immergés totalement dans une autre réalité. Ils ont partagé la vie des enfants maliens. Ces rencontres n’ont pas toujours été faciles, certains jeunes se sont sentis déstabilisés face à la confrontation de cette réalité. Néanmoins, cette prise de conscience a été positive car les jeunes se sont investis auprès de ces enfants et avaient la volonté de nouer des liens.

Les conditions de vie étaient difficiles autant pour les jeunes que pour les éducateurs. Il existait peu d’intimité créant une découverte mutuelle. Les jeunes ont découvert les éducateurs, qui restaient le seul soutien si le mal être revenait. Cette situation a créé du lien, un lien très fort.

Cette expérience est assez exceptionnelle pour des éducateurs. En effet, ils vivent en vase clos avec les jeunes pendant un temps assez long permettant ainsi de développer des liens et des relations plus approfondis. Ce vécu collectif, ce moment de vie commune entre jeunes et éducateurs permettent de mieux comprendre les différents problèmes des jeunes et de cerner leurs difficultés d’insertion sociale et économique.

Les jeunes qui sont partis avaient entre vingt et vingt-six ans, ce qui semblait être une difficulté pour les éducateurs qui craignaient un manque d’autorité face à ces jeunes adultes. Toutefois, à travers le travail collectif, les jeunes ont respecté les éducateurs, qui effectuaient le même travail qu’eux, ce qui était une double charge. Les jeunes ont

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pris conscience de cette difficulté et c’est pourquoi ils se sont beaucoup investis en assurant un travail basé sur la confiance et le respect mutuel.

De plus, le fait de construire une école a été un acte assez symbolique pour des jeunes cumulant les échecs scolaires. Ils ont pris conscience que l’école est une structure essentielle et un lieu d’apprentissage et de vie. Ce voyage a permis une remise en question de leur propre vécu.

Pour la construction de l’école, une vraie équipe a été mise en place avec un chef d’équipe, un chef de chantier, et un formateur qui enseignait aux jeunes. Parfois, les jeunes ont eu des responsabilités sous le couvert d’adultes compétents. Cette collaboration a été très importante, créant des moments de partage et de complicité.

Cet échange entre adultes et jeunes a développé une bonne ambiance dans le groupe, qui a permis de développer une confiance en soi et en les adultes et de mener à bien le projet. Ce voyage a été un bon déclic.

Ainsi, à l’issue de cette expérience, cinq jeunes des six qui sont partis souhaitent travailler. Ils avaient tous des problèmes d’insertion professionnelle, or chaque jeune a pu se nourrir de cette expérience pour repenser leurs projets de vie. Aujourd’hui, un des jeunes a repris une formation dans les métiers du bâtiment. Une jeune fille désire orienter son travail vers le social…

Aujourd’hui le projet se poursuit à travers la présentation de leurs expériences aux financeurs (film, presse book). De même, une exposition a eu lieu le 24 novembre 2006 Ainsi, le club de prévention a des contacts permanents avec les jeunes qui restituent leurs expériences lors de réunions régulières le jeudi soir. Cette restitution est intéressante car elle permet de voir comment les jeunes racontent leur voyage.

Le club de prévention souhaite remettre en place ce type de projet, mais ce n’est pas évident, notamment au niveau humain et financier. Toute l’équipe et le conseil d’administration doivent soutenir. Monter un projet prend beaucoup de temps et engage un budget plus important. De plus ce type d’expérience a de résultat assez positif, mais il est réalisable seulement avec un nombre restreint de jeunes.

Un engagement régulier pour permettre l’insertion professionnelle

Plaisir Jeunesse met en place tout au long de l’année des projets de sensibilisation au monde du travail. En effet, pour mobiliser les jeunes, le club propose des postes ponctuels lors de la fête de la ville et de la musique. Ils travaillent dans des stands de boissons et de nourriture. Les bénéfices sont partagés entre les jeunes. Chaque action est sur une journée par an, il s’agit donc de quelque chose de plus informel. Néanmoins les jeunes sont très loin de l’emploi, ils utilisent les circuits parallèles pour gagner de l’argent. Cette expérience est donc un moyen de gagner de l’argent de manière professionnelle et légale. Ainsi, le club de prévention veut montrer qu’il s’agit d’un réel engagement, il impose une visite médicale, un règlement, un contrat de travail. La situation est similaire à celle d’un employeur. Ainsi, les jeunes se trouvent dans de réelles conditions de travail, offrant ainsi des notions de la réalité professionnelle. De plus, les jeunes s’investissent pour la fête de la ville, ce qui les intègrent à l’ensemble de la collectivité et développent du lien social.

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De même, un des avantages de ces expériences, bien qu’elles ne garantissent pas un emploi, est d’obtenir des lettres d’accompagnement des structures dans lesquelles les jeunes ont travaillé (municipalité, bailleurs). Cette garantie est à la fois un complément pour leur CV et pour l’estime de soi, car c’est une forme de reconnaissance d’un travail bien fait de la part d’une institution.

Le club de prévention travaille sur plusieurs pôles afin d’apporter une aide globale aux jeunes toutefois certains sont prioritaires dont la santé, l’emploi, le logement, qui sont les trois pôles centraux. Ainsi, l’équipe souhaite pour l’année 2007/2008, mettre en place un projet de création d’auto-école, qui entre dans le cadre de l’insertion professionnelle.

En effet, le département des Yvelines est composé de zone semi rurale, donc le travail peut être autant en ville qu’à la campagne. Le permis de conduire est alors nécessaire pour se donner un maximum de chance. Il permet une plus grande mobilité qui offre alors une ouverture face au monde du travail. Permettre cet accès au permis est un élément important pour ouvrir d’autres possibilités. Effectivement, 26 % des jeunes sont au chômage, le principal handicap est le manque de qualification, certains des jeunes savent à peine lire. Ainsi la formation au code de la route permettrait un apprentissage plus global. L’objectif du club de prévention est, à travers ce projet, de travailler autour de deux aspects essentiels pour la réinsertion du jeune: l’insertion professionnelle et l’éducatif (code, règle…)

Plaisir Jeunesse met en place cette école, en envisageant un travail en partenariat avec des associations de la ville (mission locale et pôle emploi de la mairie, PLIE) qui veulent sensibiliser les jeunes au monde du travail.

Ils envisagent de monter des chantiers éducatifs pour que les jeunes financent en partie leur permis, ce qui les responsabilise et les engage.

Néanmoins, il s’agit d’un projet en élaboration car, au niveau du financement, il existe encore beaucoup d’incertitude.

De même, ils aimeraient renouveler les expériences de chantier de solidarité internationale ou

développer des chantiers éducatifs plus pertinents. Souvent, quelques jeunes souhaitent reprendre des formations en alternance, le club de prévention a évoqué l’idée d’orienter les jeunes vers ce type de formation à travers des chantiers labellisés par un centre de formation. Il faut alors mettre en place des chantiers plus formateurs que l’on développe avec un personnel et des partenaires plus compétents et qui soit concrétisé par une semaine dans un CFA (semaine de formation théorique). Il s’agit à ce jour de projet proposé pour répondre aux besoins d’insertion professionnelle tout en permettant aux jeunes de se former et de choisir un parcours différent de vie.

Contact

PLAISIR JEUNESSE - bDirecteur : Alain DOSNE79 rue de la Gare BP6378373 PLAISIR Cedex

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Tél : 01 30 81 40 40 [email protected]

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SVP- JEUNES : Une régie de quartier pour faire naître une étincelle

Le club de prévention, SVP- Jeunes, ancien Pidoux, club d’animation qui a fait vivre les quartiers pendant quarante années, a aujourd’hui dix années d’existence. Créé pour répondre aux besoins de la prévention spécialisée et pour compléter le travail des centres sociaux dont certains concernent directement l’emploi des jeunes (mission locale, ANPE), le club aide les jeunes de onze à vingt-cinq ans.

En 2005, les éducateurs ont accompagné deux cent cinquante jeunes, dont un plus grand nombre de garçons que de filles. Ils assurent un suivi ponctuel et régulier, qui répond aux demandes des jeunes qui varient suivant les tranches d’âge (santé, justice, formation, travail…) .

La régie de quartier et la dynamisation du quartier

La ville de Versailles est constituée de trois à quatre quartiers difficiles ou travaille le club de prévention SVP Jeunes. Ces quartiers ont une spécificité, ils sont complètement enclavés.

En effet, contrairement à d’autres cités bénéficiant de commerces, les quartiers de Versailles souffrent d’un manque de structures pour les habitants. C’est à partir de ce constat que SVP Jeunes a voulu monter une structure pour redynamiser le quartier.

La nouvelle équipe du club SVP Jeunes, stabilisée depuis deux et demi et composée de quatre éducateurs, d’une secrétaire comptable et d’un chef de service en poste depuis un an et demi, a ressenti l’envie de travailler différemment par rapport aux années antérieures.

En effet, les différentes expériences des membres du club de prévention, notamment dans la formation d’une régie de quartier (Equevilly), ont permis d’envisager la création d’un projet plus conséquent qui s’inscrit au sein même du quartier.

Ayant pour principal objectif de rendre vie au quartier, un premier projet a émergé : la mise en place d’un garage associatif.

Le club de prévention propose alors une structure sur le quartier, offrant des outils et l’accompagnement d’un mécanicien professionnel. En échange d’un abonnement à l’année, les habitants peuvent alors venir quand ils le nécessitent faire leurs propres réparations, assistés par le professionnel.

Cette structure répond à la fois à une demande des habitants, qui effectuent souvent eux-mêmes leurs réparations et offre un outil permettant un travail sur le lien social.

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Au sein du quartier le plus important, Jussieu, un garage était alors en vente ainsi qu’un restaurant, qui a alors été envisagé comme un café associatif, créant un nouveau lieu de vie.

Ainsi le projet a commencé à prendre forme, néanmoins le club de prévention s’est interrogé sur la meilleure structure pouvant porter ces différents projets. La régie de quartier est alors envisagée, elle semble répondre le mieux au projet.

Une régie de quartier est au cœur des actions, permettant l’amélioration du cadre de vie par les habitants eux-mêmes. La spécificité de la régie est que la municipalité, le bailleur social et les habitants doivent être d’accord pour sa création, c’est une obligation. Ainsi, elle répond à une volonté de l’ensemble de la collectivité. Également, elle permet une intervention plus diversifiée et une certaine liberté. Ainsi elle peut porter une fête de quartier, elle peut intervenir comme médiateur les bailleurs. Elle effectue un véritable travail de quartier. Ce projet répond ainsi à un désir de faire autre chose que le quotidien afin de dynamiser le quartier structurellement.

Beaucoup de personnes sont en attente, en demande et les réponses ne doivent pas seulement être immédiates, mais elles doivent s’envisager dans le temps pour construire autre chose. Avant le projet de la régie, le travail du club de prévention se centrait sur le quotidien, il n’avait aucun projet. L’équipe n’avait pas la culture du grand projet. Toutefois, petit à petit ce projet est devenu un besoin, c’est un projet fédérateur pour l’équipe et les habitants.

Être à l’écoute des habitants

Pour SVP jeunes, il était essentiel de mettre en place une réflexion collective. Autour de ce projet, les associations, la municipalité se sont retrouvées ensemble pour justement écouter les habitants et leurs attentes. Ces réunions ont permis de faire entendre les idées et les besoins des habitants. La mise en place de ce projet dévoile une volonté de respect des participants et de valorisation des habitants du quartier à travers la recherche collective de solutions. Ainsi, toutes les demandes ont été entendues afin de créer une réponse adéquate et structurée.

La régie du quartier doit permettre de satisfaire la plupart des personnes. Il s’agit d’un projet collectif et c’est pourquoi aujourd’hui, les personnes sont solidaires pour soutenir le café restaurant associatif, le garage et un projet pour l’environnement. Ce soutien dévoile l’appropriation des habitants de ce projet.

Ainsi l’écoute des habitants est une première étape pour leur valorisation sociale qui se concrétise à travers le rôle d’insertion économique qu’offre la régie de quartier.

En effet, une régie de quartier propose aux personnes en difficulté des emplois. La régie de quartier est avantageuse car on peut y faire beaucoup de choses pour l’insertion.

D’ailleurs un des objectifs de SVP Jeunes est de permettre aux jeunes, à travers cette structure, de connaître le monde du travail et d’acquérir une formation.

Effectivement, la régie de quartier peut offrir un contrat pour tout le monde, qui peut s’étendre jusqu’à deux ans. Alors, à la fin de ces deux années, l’individu possède une vraie formation.

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Ainsi, le maire, ayant signé l’Agenda 21 (charte pour l’environnement), s’est engagé à refaire toute la ceinture verte de Versailles, ce travail sera donné à la régie. De plus, la présence de bois permet un travail possible avec l’ONF, offrant des formations dans les métiers de l’environnement pour les jeunes.

Ces offres d’emploi liées à l’environnement sont ouvertes à tous. Toutefois l’objectif du club de prévention est d’amener les jeunes vers une formation classique à la suite de cette expérience. Il s’agit d’une étape essentielle pour à la fois se développer personnellement et développer son projet professionnel.

Ainsi, les éducateurs désirent associer des formations classiques telles qu’assistante médicale ou mécanicien, en alternance. Ils envisagent ainsi d’acquérir deux véhicules où les jeunes pourront intervenir et se former dessus.

Néanmoins, ils aimeraient qu’à chaque fin de formation, il y ait une possibilité de s’épanouir autrement à travers une nouvelle aventure, un voyage. Ainsi pour achever la formation de mécaniciens deux équipes de trois jeunes vont êtres créés comprenant deux garçons et une fille pour participer à une course avec leur véhicule.

Ainsi, la formation est pensée en deux temps, soit un temps d’apprentissage classique et un second temps, envisagé comme une forme de récompense et d’apprentissage différent.

Le principe de ce projet de formation est de transmettre le désir, donner l’envie à des jeunes qui souvent n’ont pas confiance en la vie. Il faut leur redonner confiance en eux-mêmes et leur faire comprendre que c’est possible.

La régie de quartier est un outil extraordinaire sur un quartier. En fait, une régie de quartier c’est une entreprise d’insertion avec un label spécifique (code NAF). Il existe différents outils d’insertion comme les entreprises et les régies, chacune présente différents intérêts.

Au niveau du domaine de l’emploi et de la formation, le club de prévention n’avait pas de réponse propre, il faisait le relais à la mission locale. Le club de prévention désirait avoir de nouveaux partenaires pour travailler différemment ce que permet la régie.

Créer son propre réseau

La régie va alors devenir un nouveau partenaire en relation avec les acteurs sociaux, pour répondre aux besoins. Néanmoins, en ce qui concerne l’insertion, il faut prendre conscience de la nécessité d’un long processus car elle passe par la formation et surtout la resocialisation, donnant la dignité et après seulement on peut parler d’insertion professionnelle.

Il faut d’abord prendre sa place dans la société et l’insertion vient d’elle-même. C’est pourquoi, ils envisagent de remettre les gens et surtout les jeunes dans des formations classiques. Ainsi, dans un premier temps, les personnes en difficulté peuvent travailler au sein de la régie pour se resocialiser puis leur formation leur permettra d’avoir une indépendance vis-à-vis de la structure. C’est pourquoi, il faut choisir des métiers transférables, ouvrants sur plusieurs débouchés.

L’idée générale est de faire travailler les gens du quartier et les orienter vers d’autres possibles afin que les personnes s’intègrent.

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La régie de quartier est envisagée par SVP Jeunes comme un tremplin. A Versailles, dans les quartiers, la population vieillie, les gens ne bougent pas. Pour le club de prévention, il faut que les gens soient plus mobiles, ils veulent éviter toute création de ghetto.

Ainsi le club de prévention porte le projet actuellement toutefois il désire embaucher des personnes pour gérer la régie en indépendance de l’équipe du club de prévention. Le club ne va pas gérer la recherche de marchés, ni les embauches. C’est essentiel pour le club, qui est avant tout une équipe d’éducateurs de rue, qui doivent se centrer sur le travail de terrain.

Ainsi, il souhaite rendre autonome la régie dès qu’elle fonctionnera pour la donner aux habitants du quartier. Alors une véritable formation va être mise en place pour que les habitants soient capables de la gérer. La question de l’indépendance de la régie de quartier est essentielle. En effet, le club a créé, il y a quelque temps, Charlemagne, une association de soutien scolaire, or elle n’a pas coupé la relation avec le club, il existe toujours une relation de dépendance. Ils veulent éviter cette situation.

Une fois indépendante, la régie de quartier pourra être un partenaire du club de prévention. Il est important pour le club de créer son propre partenariat.

Le club de prévention développe un réseau qui permet d’avoir des personnes ressources (institution ANPE, directeur centre de formation) afin de construire un cadre solide avec plusieurs professionnels répondant aux réels besoins. Ainsi ce réseau est aujourd’hui assez important (avocats, juriste…) offrant une force pour la mise en place de cette structure.

De même, SVP jeunes a engagé des rencontres avec toutes les associations sportives et locataires pour réaliser un vrai travail de partenariat, ainsi les associations fonctionnent en relation avec les centres sociaux pour garantir une prise en charge globale des jeunes.

En ce qui concerne la réaction des jeunes, jusqu’à présent ils ont très peu parlé du projet aux jeunes car la régie ne va pas être mis en place avant un an et ils ne veulent pas les décevoir. La confiance est difficile d’obtenir de la part des jeunes, car ils sont impatients et aimeraient des réponses concrètes et immédiates. Les jeunes ont de grande difficulté à se projeter dans le temps. C’est pourquoi la régie va être intégrée petit à petit auprès des jeunes permettant au club de mener à bien ce projet.

Contact

SVP JeunesDirecteur : Marie-Catherine PIRES26 D, rue Henri Simon78000 VERSAILLESTél : 01 30 21 52 40Fax : 01 39 50 32 62 [email protected]

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AJIR « Association pour les Jeunes en Insertion et Réinsertion ». Le partenariat un élément de

réussite.

AJIR est créé en 1978 suite à la construction du nouveau quartier de la Noé à Chanteloup-les-Vignes. Dans ce quartier, les jeunes avaient besoin d'un accompagnement associatif. La mairie demande alors à un prêtre de faire une étude concernant la situation et besoins du quartier. Le club de prévention semble alors une nécessité avec la mise en place d'une équipe jeunesse.

Le club de prévention a alors pour objectif de travailler autour des jeunes en grande difficulté, l’équipe désire ainsi développer un processus d’insertion (remise à l’emploi avec l’aide des SIAE). Ils développent ainsi des chantiers d’insertion « au coup par coup ».

L’insertion professionnelle est au cœur du travail d’AJIR

L’équipe d’AJIR, renouvelée en 2002, est composée de sept postes éducatifs, d’un poste de direction et d’un poste de secrétaire comptable. Depuis 2003, se sont intégré à l’équipe un chargé de mission et un accompagnant conduite

AJIR travaille avec les jeunes de 10 à 25 ans, mais l'insertion touche surtout les 16 à 30 ans. Le club s'occupe de 350 jeunes en moyenne par an. Il s’agit surtout d’un public masculin en effet, au niveau de l'insertion, les filles semblent mieux s’en sortir car elles ont souvent de meilleures formations, contrairement aux garçons qui ont une scolarité catastrophique, donc peu ou pas de formation.

Cette absence de qualification est un frein à l’insertion car elle engendre une absence de mobilité physique et intellectuelle, les jeunes manquent d’envie et de désir, ils subissent une forme d’enfermement intellectuel et d’aliénation du quartier. Cette situation se traduit par un manque de socialisation et d'expériences, engendrant des problèmes de comportements inadéquats au monde du travail.

Le travail est une notion importante car c’est un marqueur identitaire de l’individu et c’est un indicateur d’intégration des individus à la société. Or beaucoup de jeunes ont une vision négative du monde du travail, ils pensent notamment qu’il n’y a pas de travail pour eux donc ils s’écartent de cette voie-là.

Ainsi depuis 2002, AJIR a privilégié pour les plus grands l'insertion professionnelle et sociale et pour les plus jeunes, c’est-à-dire les moins de 18 ans, le club développe des outils différents comme l’animation, les sorties, le travail de rue, le chantier éducatif... Cependant chaque projet de vie est individuel, AJIR aide à mettre en place ce parcours personnel de formation et de travail.

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L’éducateur doit alors faire prendre conscience au jeune de ses difficultés et de la réalité. La formation est souvent une étape obligatoire dont les jeunes craignent et désirent éviter toutefois le jeune doit apprendre à se confronter à ses difficultés et à les envisager différemment. Il doit pouvoir concevoir qu’il est capable de réussir. Le club de prévention doit être une passerelle, un pont. Il permet ainsi une ouverture car c’est une structure ou « tout est possible, cela dépend de l'investissement des personnes ».

L’équipe d’éducateurs favorise une proximité avec le quartier, ce qui permet de bien connaître les jeunes et d’installer une relation de confiance. Leur travail se veut être d’abord une écoute et un soutien pour assurer un accompagnement global. C’est pourquoi, le club veut éviter toute spécialisation pour répondre à tous les besoins. Ainsi, « on peut mettre en mouvement tout ce qui peut permettre l'insertion: toucher à tous les domaines». La souplesse des fonctions est essentielle pour la réussite de l’accompagnement du jeune. Ainsi, la création des outils se fait à partir des besoins et des objectifs.

Cependant ce n'est pas toujours facile de mettre en place les outils et actions d'insertion, car il faut situer ces actions dans le club de prévention. Cela provoque un changement culturel et idéologique dans l'association. Les difficultés d'une équipe de prévention spécialisée sont parfois dues au fait qu'elle soit trop dans le théorique et l'éducatif, la création d’outils d’insertion et le travail en partenariat permettent d’être plus concret et de bénéficier de ressources plus importantes pour répondre aux attentes des jeunes.

L’autonomie des jeunes dépend de ces outils. AJIR est un passeur entre les jeunes isolés et le réseau des structures d'intégration. AJIR met en place des passerelles qui sont insuffisantes si elles ne font que le lien avec l'éducatif, il faut intégrer la dimension économique.

Ainsi le postulat du club est de pouvoir donner la possibilité d'accéder à l'autonomie. Ainsi, AJIR revendique des valeurs humanistes, de citoyenneté et de justice sociale. Leur but est d’accompagner le jeune pour qu’il s’insère dans la société à travers sa valorisation. Pour accéder à cette intégration, AJIR axe son travail sur la mobilité, l’éducation et l’insertion professionnelle et sociale (projet mis en place depuis 2002/2003).

L’insertion professionnelle peut se réaliser à l’aide d’outils très larges si on a de multiples partenaires.

Un partenariat solide

A : L’expérience avec le groupe Vinci

Leur principal partenaire dans le domaine de l’emploi est Vinci. Depuis 2003, le club de prévention a mis en place des chantiers d’insertion en partenariat avec le grand groupe international Vinci, qui assure le parrainage de dix jeunes non qualifiés par an et offre 50 postes.

Cette entreprise forme des jeunes afin de les recruter sur des chantiers (milieu de la construction) notamment à l’étranger (Belgique, Egypte, Libye…) pendant six mois.

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De retour en France, si l'expérience a été positive, Vinci propose à ces jeunes des CDI ou CDD.

AJIR est assez satisfait de cette collaboration car elle crée un effet dynamique, un effet d'entraînement sur les autres jeunes qui réalisent qu’il existe des solutions concrètes. Cette expérience permet une ouverture du champ des possibles et développe le sentiment de réussite.

Celle-ci n’est possible qu’à partir d’une longue préparation du jeune car ils veulent que l'expérience soit positive. C’est pourquoi, il travaille avec plusieurs partenaires dont la mission locale car ils déterminent qui peut partir ou non: donc il faut absolument connaître le jeune....

C’est pourquoi dans le cadre de ce projet, AJIR a deux objectifs principaux : - Mesurer la volonté et la motivation des jeunes- Prendre en compte la réalité de la motivation pour guider les jeunes vers l’emploi.

AJIR agit alors : - en proposant ces possibilités de formation et d’emploi,- en préparant les jeunes à ces voyages,- en essayant de rendre possible la réussite de ce projet.

Les résultats semblent jusqu’à présent assez positifs effectivement, les jeunes s’engagent réellement dans cette formation car elle permet une réponse concrète à leurs difficultés. Jusqu’à présent sur les dix jeunes qui sont partis neuf ont été intégrés dans l'entreprise.

Ainsi le club de prévention peut accompagner tout en étant très concret. Il existe une réelle volonté de construire un projet de vie pour ces jeunes.

L’objectif est ainsi de permettre au jeune d’être le bon candidat à l’emploi. Ce travail passe par une ouverture du jeune aux autres mondes, permettant de nouvelles perspectives. Le but est d’éviter de mettre en difficulté les jeunes, c’est pourquoi le partenariat avec Vinci est offert aux jeunes qui ont la possibilité de réussir la formation. AJIR veut engager le jeune sur les chemins de la réussite.

Bien que l’insertion par l’économique ne doive pas être réalisée par les métiers de l'éducatif, ces expériences de chantiers d'insertion offrent au club de prévention le moyen d’effectuer un travail de fond avec le jeune.

B : La mise en place d’une auto-école

Ainsi, ils ont mis en place plusieurs dispositifs d'insertion notamment à travers la création d’une auto-école associative. En effet, l’absence de permis de conduire est un frein à certain emploi, c’est un outil de mobilisation et un moyen de réussite.

AJIR offre ainsi la possibilité à des jeunes sans qualification et ayant peu de ressources économiques, de suivre une formation au permis de conduire, financé par leur travail dans des chantiers d’insertion. Ce projet est en partenariat avec Décibels. Ainsi, le club ne propose pas des processus d’assistance mais des outils pour que ces jeunes puissent accéder à l’emploi de manière autonome. Le partenariat avec Décibels, une association intermédiaire, permet le financement de la formation à la conduite. Les jeunes envoyés par AJIR, sont alors salariés par cette association, qui fournit des marchés (France

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habitation). En effet, le club de prévention essaye de trouver des partenaires qui couvrent des secteurs porteurs d’avenir comme le monde du bâtiment.

Actuellement, AJIR et ACR se mettent en partenariat pour développer l’auto-école et pour multiplier les possibles. Ainsi, cet outil, qui unit différentes structures, permet de décloisonner les villes et quartiers.

AJIR a su créer un réseau de partenaires qui assure un appui pour les projets d’insertion en proposant des emplois (Le Relais, entreprise d’insertion) ou des subventions (PLIE).

Adaptation et souplesse du club pour assurer la réussite des jeunes

La structure du club de prévention était auparavant double, possédant deux pôles, celui de l’insertion et de l’éducatif. Aujourd’hui, ils ont une seule équipe, certains sont plus spécialisés dans un des pôles, mais ils partagent le même travail. Ce changement témoigne d’une volonté de s’adapter au contexte qui est en perpétuel mouvement. Le club a engagé une remise en question pour revoir les méthodes et les pratiques afin de répondre au mieux aux problèmes. En effet, le pole d'insertion était en concurrence avec la mission locale or il faut développer le partenariat pour permettre un accompagnement intensif et non travailler en parallèle.

De même, en 1998, le club a pris conscience qu'il ne touchait qu'une partie de la population jeune et il a donc essayé de trouver une porte d'entrée pour se rapprocher des jeunes gens. La solution a été le partenariat avec l’éducation nationale.

Le collège de Chanteloup a sollicité une prévention scolaire pour les jeunes qui décrochent. L'équipe de prévention a commencé à travailler avec ces enfants. Un dispositif d'assistance scolaire a vu alors le jour.

Le soutien scolaire, effectué par de jeunes bénévoles et des étudiants salariés, prévient ainsi la rupture avec le système scolaire.

Un travail au sein de la famille était également nécessaire, notamment la réflexion autour de la scolarité de l'enfant et des parents eux-mêmes qui ont parfois connu des échecs scolaires a dévoilé la nécessité de compléter le soutien scolaire.

Le club de prévention est alors devenu un médiateur qui accompagne les parents dans la scolarité de leurs enfants. Ils essayent d'organiser une méthode avec les parents pour le suivi de leurs enfants notamment pour les parents illettrés avec la mise en place d'une méthode spécifique (code de couleurs).

Les éducateurs peuvent répondre aux difficultés car ils sont des professionnels de l'action sociale, qui sont disponibles pour développer la pédagogie de la réussite, permettant de redonner confiance aux jeunes.

Contact

AJIR « Association pour les Jeunes en Insertion et Réinsertion »BP 12, 4 Place de la Lance, 78570 Chanteloup-les-vignesTél. : 01 39 74 29 [email protected]

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Directeur : Bertrand FAURE - Président : Marc DIEMUNSCH

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AFPIE : L’expérience d’une structure d’inser-tion par l’économique créée par un club de pré-

vention spécialisée.

En 2004, l’ACJAM – Association de prévention spécialisée de l’agglomération Mantaise, cesse de renouveler les chantiers d’insertion. En effet, l’association, qui comptait alors 39 salariés, doit se recentrer sur le volet prévention spécialisée, à la demande du conseil général. L’espace de socialisation, l’auto-école et les chantiers d’insertion sont désormais portés par l’AFPIE : Association de formation, prévention, insertion et emploi.

L’ACJAM a su mener de nombreuses actions pour répondre aux besoins des jeunes, notamment en ce qui concerne l’insertion professionnelle. Ainsi l’espace de socialisation accueille une centaine de jeunes par an. Ces jeunes sont en échec scolaire, sans dossier ni projet, l’association les aide alors à rentrer dans un dispositif. L’espace de socialisation, l’auto-école et les chantiers d’insertion font travailler une vingtaine de personnes. Ces activités, gérées en partenariat avec la Protection judiciaire de la jeunesse, sont financées par le conseil régional. C’est à travers ces actions, que l’ACJAM a pu fortifier son partenariat avec les services sociaux, le service jeunesse de la ville de Mantes-la-Jolie et la mission locale. Nicolas Diebold, chef du service formation de l’ACJAM, prend alors la direction de l’AFPIE.

Une entreprise intermédiaire pour les jeunes

AFPIE est une association intermédiaire, une agence d’intérim sociale. Son objectif est de trouver des marchés pour faire travailler les jeunes. Avant sa création, rien n’existait de tel, cette structure propose un travail novateur malgré la présence de onze associations intermédiaires dans les Yvelines. Il s’agit ainsi d’une association intermédiaire hybride.

Cette association s’adresse à un public défavorisé qui cumule différentes difficultés notamment au niveau de leurs compétences. Ainsi, à travers cette association, ces jeunes accèdent à des chantiers d’insertion, qui leur offrent une expérience, une formation et un revenu. Le public a un cursus varié, mais leurs principales caractéristiques est l’absence de bagages éducatifs et professionnels. C’est un public sans repères dont la majorité des acteurs sociaux disent « ne pas savoir qu’en faire ».

80 % des jeunes qui viennent à l’AFPIE sont des garçons, leur moyenne d’âge est entre 18 et 20 ans. Ils viennent de tous des quartiers sensibles de Mantes. En général, ils sont déjà en contact avec les travailleurs sociaux. Leur scolarité est faible, dévoilant une situation d’échec depuis l’enfance. On peut diviser ce public en trois catégories.

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1/3 des jeunes sont près à l’emploi, 1/3 rêvent de l’emploi, mais ils n’ont pas conscience des réalités et le troisième groupe concerne les jeunes très loin de l’emploi, ils envisagent le travail comme un jeux et ne sont pas responsables.

5 jeunes sur 6 connaissent une situation délicate, ils ont très peu de soutien familial. Une première approche est toujours nécessaire pour connaître le jeune et lui expliquer le cadre du travail et le règlement. L’AFPIE veut développer la rigueur des jeunes, qui est nécessaire pour que l’association conserve ses contrats. Le rapport de force est alors toujours obligatoire, cette relation n’est pas évidente à gérer, mais elle est essentielle.

Il faut bien connaître son public, les jeunes ont beaucoup de carences, l’association doit donc leurs apprendre à développer un respect des engagements, des relations et montrer qu’il existe d’autres relations entre adulte et jeune.

En effet, le jeune a souvent un problème de confiance, il ne croit ni en soi-même, ni dans le futur, ni dans l’adulte, ni dans la société à lequel il aimerait s’intégrer et qui semble le rejeter. C’est pourquoi il faut l’aider, l’accompagner pour l’aider à constituer un CV, à lui faire comprendre ses problèmes de comportements, d’attitudes et lui permettre de reprendre confiance en soi. L’objectif est d’offrir aux jeunes de nouvelles opportunités.

Le travail de l’AFPIE se centre sur la ville de Mantes, mais le directeur envisage la possibilité de développer l’action sur l’ensemble de la région. L’AFPIE a le désir de venir s’installer aux Mureaux. En effet, pendant l’été 2005, l’association a travaillé avec la mairie des Mureaux. Il s’agissait d’une intervention ponctuelle d’encadrement technique pour les jobs d’été. C’est pourquoi la création d’une antenne peut être envisagée.

Une méthode solide : gage de réussite

Leurs principales missions sont autour des espaces verts et du gros œuvre. La CAMY, la Communauté d'Agglomération de Mantes en Yvelines, fait partie des Yvelines, un département particulièrement verdoyant. La CAMY aménage et entretient les voies du réseau routier, déclarées d'intérêt communautaire, autrement dit qui desservent les équipements structurants ou qui se situent en entrée de ville ainsi que l’entretien de l’espace vert du Mantois (Mantes, Buchelay…). Ils ont mis en place une plate-forme environnement avec l’AFPIE.

Ainsi, cinq jeunes par semaine soit 260 jeunes par an payés au SMIC travaillent pour la CAMY. L’AFPIE offre alors un accompagnement social et individuel obligatoire afin de suivre le parcours professionnel du jeune et de lui offrir une expérience.

Un comité présente le jeune un mois avant d’effectuer son travail, on lui propose un entretien d’embauche, toujours le mardi, entre 10 heures et 16 heures, horaires auxquels le directeur passe les entretiens. Le jeune doit être muni de toutes les pièces nécessaires pour que le rendez-vous est lieu. L’association respecte scrupuleusement ces règles pour essayer de développer la rigueur des jeunes. Un règlement est alors imposé que le jeune doit signer. Il doit alors être sur le terrain le lundi suivant, l’éducateur assure alors l’encadrement. Il instaure les règles et fait des premières

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observations. Les jeunes se retrouvent seuls afin qu’ils sentent qu’on leur donne des responsabilités, permettant ainsi de développer le sentiment de confiance. Le paiement est toujours donné le vendredi, c’est essentiel d’assurer ce paiement pour obtenir la confiance des jeunes.

Une structure d’insertion par l’économique doit offrir un encadrement des jeunes. Une entreprise d’insertion assure une structure sur le terrain notamment le travail en espace vert est obligatoirement encadrée. Comme l’AFPIE est l’employeur, elle doit donc gérer le moindre problème donc le suivi est régulier.

Le jeune peut avoir jusqu’à deux contrats par an, mais il ne doit ni avoir de formation, ni d’emploi, ni de CDD et doit prouver qu’il effectue des démarches pour trouver un emploi.

Un des avantages de l’association est d’assurer un suivi individuel informatisé de chaque jeune. Chaque personne qui vient aux locaux a une fiche qui contient toutes ses données. Il existe une transparence totale de ces informations contrairement au club de prévention qui a l’obligation de l’anonymat. Or la transparence est nécessaire pour le monde professionnel.

La réussite de l’association dépend aussi de la compétence du personnel, composée de trois personnes. Chacun a une certaine expérience, le directeur a 10 années d’expérience et en tant qu’ancien éducateur de l’ACJAM, il connaît le public de cette région. Le projet fonctionne assez bien car l’équipe a su imposer des règles très précises et s’y tenir ainsi un jeune ne reçoit aucun salaire s’il ne se présente pas au travail. Il s’agit d’un moyen de pression « qui est à la base même de la réussite ».

Un éducateur assure un encadrement professionnel des jeunes. L’association a choisi un encadrement à la fois par l’éducateur, mais aussi par un professionnel du travail car les outils sont parfois dangereux.

Cette organisation permet de créer une infrastructure solide en plein cœur du quartier du Val Fourré. Cette proximité comporte des avantages car elle permet le contact direct avec son public, l’association est alors au cœur des problèmes et peut développer ses relations avec les personnes. Il s’agit d’une approche alors plus sincère. Cependant, au début, l’association a connu quelques problèmes d’insécurité et de vols, qui ont aujourd’hui disparus.

Assurer la continuité du projet

Au niveau des résultats, sur 210 jeunes qui ont travaillé avec l’AFPIE, la moitié des ont un emploi ou sont en formation, et le reste connaît un parcours plus fluctuant. L’AFPIE assure aujourd’hui 391 contrats de travail par an. En 2005, 451 jeunes ont été suivis. L’importance de leur travail est due à la force de leur partenariat.

Les partenaires sont essentiels, ils permettent d’engager un projet sérieux et de développer les contacts et garantissent de proposer un vrai travail aux jeunes. Ces éléments permettent de légitimer le travail de l’AFPIE et de lui donner une image sérieuse auprès des jeunes. Ce sérieux engendre un intérêt plus important des jeunes, qui s’engagent si le paiement est assuré.

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Ainsi, il existe une convention d’exclusivité avec l’ACJAM, Le club de prévention a recours à l’AFPIE, lorsqu’il réalise des chantiers éducatifs, c’est l’AFPIE qui s’occupe alors du paiement. La collaboration est directe et facile. Cela permet d’éviter tous les problèmes liés au financement. Ainsi au sein du club de prévention, les éducateurs gèrent l’éducatif et ne s’occupent pas des paiements et aux autres démarches administratives. Il s’agit d’une solution pratique et légale.

Les avantages pour le club de prévention sont nombreux. Ce partenariat limite l’idée que le club de prévention sorte de son cadre d’intervention et de sa mission première. Le budget est alors plus facile à gérer et le club évite une surcharge de personnels car l’AFPIE travaille avec un cabinet comptable.

La réussite de cette expérience est le fruit d’un long travail et d’un engagement de chacun. Les premiers contrats représentaient une demi-journée de travail par semaine, il s’agissait du nettoyage des cages d’escalier. Ils ont donc commencé simplement pour convaincre le public et pouvoir créer un carnet d’adresse de clients. Les débuts ont été très difficiles car leur moyen était restreint notamment la première année ainsi en 2004, l’association avait un déficit de 30000 euros, une année après, elle avait un crédit de 20 000.

Aujourd’hui la CAMY est le principal client de l’AFPIE, cela représente le travail de 5 jeunes par semaine soit 300 000 Euros par an. Cependant cela n’est pas suffisant pour faire vivre toute la structure.

Le directeur doit trouver des marchés à l’extérieur. C’est pourquoi, l’association veut développer des réseaux partenaires dynamiques pour multiplier les contacts. Elle essaye de travailler avec l’ensemble des structures existantes pour développer l’association et répondre aux demandes des jeunes. Toutefois, aujourd’hui, « l’AFPIE est une garantie en termes de marché, elle a les reins solides ».

Contact

Directeur : Nicolas DIEBOLD4 Allée Pierre de Ronsard78203 MANTES-la-JOLIETél. 01 30 33 50 96

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PREVER : Mobiliser le réseau afin d’agir plus efficacement et en cohérence pour permettre

l’insertion des jeunes.

Prever est une association de prévention spécialisée créée en 1996 suite à la demande de la municipalité. Un agent de la politique de la ville et un agent du développement local ont alors entrepris une évaluation de la prévention spécialisée afin de déterminer les expériences des autres villes et établir les besoins sur les quartiers de la Verrière. Parallèlement une enquête d’habilitation a été réalisée par le conseil régional, il s’agissait d’une enquête préliminaire pour la réalisation de ce projet.

Le maire a alors sollicité deux ou trois personnes dont M. Boucher pour mettre en place cette association.

Étant donné que la Verrière est une petite ville de 6000 habitants, découpée en trois quartiers (Bois de l’étang, Village et Orly parc), ils ont créé une petite structure comprenant des acteurs ayant diverses expériences (enseignant, sociologue…)

Le service s’est ainsi mis en place progressivement et M. Poirier est arrivé en 1997.

Aller vers les jeunes en souffrance

La première équipe du club de prévention était formée par trois postes éducatifs mais avec la réduction du temps de travail, un poste et demi a été créé. Aujourd’hui, il y a donc quatre postes éducatifs et demi sur le service, un poste de secrétaire comptable, deux sociologues et un psychologue. Le psychologue apporte une nouvelle approche des problèmes rencontrés par les jeunes et le sociologue permet de voir avec l’équipe les enjeux collectifs et sociaux de leurs actions et de leurs observations.

Prever a pour objectif de créer une solidarité avec ceux qui sont en difficulté. Ils désirent que les jeunes acquièrent une autonomie, qu’ils deviennent des sujets libres de choisir leur vie. Les jeunes souffrent d’un manque de soutien éducatif de la part de leur famille et du quartier. Le club de prévention est là pour les aider à se construire à travers des petites étapes, des petits projets qui répondent aux besoins du moment, permettant l’accès à l’autonomie.

Toutefois, il est toujours difficile d’avoir concrètement des résultats. Tout dépend de la situation du jeune au moment de la rencontre avec le club de prévention. Lorsqu’il existe de nombreuses difficultés, le temps d’accompagnement est plus long.

Prever travaille avec des jeunes de 10 à 25 ans. En 2005, Prever comptait 129 suivis dont 1/4 de filles. Cette année-là, ils ont observé une augmentation des effectifs et ils

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ont remarqué un changement des problématiques qui se centrent surtout autour de la scolarité. Les éducateurs déterminent deux catégories :

-Les 15/20 ans qui manifestent un mal être avec une agressivité verbale et physique.

-Une majorité dont le mal être est implicite. La souffrance n’est pas forcément visible surtout pour les jeunes filles qui subissent des pressions familiales et sociales (quartier). Les éducateurs ont observé quelques jeunes ayant des tendances suicidaires.

Avec l’aide d’une inspectrice du conseil régional, un tableau a été élaboré pour avoir une lecture uniforme de l’action des clubs de prévention.

Le tableau permet d’évaluer le problème essentiel de chaque jeune

L’ordre en général de priorité est :

Scolarité, insertion professionnelle, famille, justice, logement, loisirs, isolement

Ils essayent ainsi d’évaluer les causes récurrentes des suivis pour adapter au mieux leurs actions.

L’objectif des clubs de prévention est d’aller au-devant des jeunes en marge des institutions. L’accompagnement éducatif est souvent long donc il faut développer de nombreux contacts avec les jeunes afin de créer des rapports de confiance notamment à travers les chantiers éducatifs dont les jeunes sont demandeurs.

Sensibiliser les jeunes au monde du travail

La relation des jeunes vis-à-vis du travail est souvent difficile. Il existe souvent un sentiment d’exclusion et d’exploitation associé au monde du travail par les jeunes. Ils sont sous qualifiés. Or ils ont de hautes aspirations professionnelles, dont ils ne peuvent atteindre. La réalité du travail pour ces jeunes est celle des emplois les moins valorisants.

De plus, les relations de travail sont parfois caractérisées par le conflit (disputes, non-respect de l’autorité). Ils subissent aussi la discrimination ethnique et sociale. Ils sont stigmatisés à cause du lieu de domiciliation.

Le monde professionnel est difficile d’accès pour eux donc cela représente quelque chose de négatif surtout lorsque le contexte est peu favorable.

Ils ont un regard pragmatique vis-à-vis du travail, ils ne recherchent aucun épanouissement personnel. Étant donné qu’il n’est pas évident de progresser professionnellement sans qualification, les jeunes ont ce sentiment d’échec, qui renforce l’image négative qu’ils ont d’eux-mêmes et de leur groupe d’appartenance.

Ainsi ils ont de grandes difficultés à s’adapter au monde du travail (assiduité, langage, apparence). C’est pourquoi Prever accompagne ces jeunes et à travers des chantiers éducatifs, il déterminent les difficultés des jeunes et les aide à modifier leurs comportements.

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Toutefois concernant l’insertion par l’économique, Prever a peu d’expérience. Ce club de prévention n’a pas été porteur de projet dans ce domaine bien qu’il a une expérience et a sensibilisé le public à certaines problématiques du monde professionnel.

En effet, certains aspects du travail du club de prévention bien qu’ils n’entrent pas dans le cadre de l’insertion par l’économique soulèvent certains problèmes et permettent aux jeunes de prendre en compte certaines bases indispensables pour l’insertion vers le monde du travail. De plus Prever travaille avec des partenaires qui travaillent autour de cette insertion notamment la mission locale, les entreprises intermédiaires permettant l’intégration d’un parcours professionnel. Toutefois, il ne s’agit pas de réponses propres à Prever.

En fait, le club essaye surtout de sensibiliser les jeunes à quelques problématiques. Ainsi, les éducateurs enseignent à utiliser un autre langage et à changer certains comportements (habillement, discours…). En effet, pour les jeunes, il est souvent normal de s’exprimer familièrement, ce sont leurs normes et ce n’est pas évident pour eux de comprendre qu’il s’agit d’incivilité. Le jeune évolue, généralement, au sein d’un groupe, qui est comme une micro-société avec ses normes propres. C’est pour cela qu’il y a tout un travail à réaliser autour du comportement pour permettre l’adaptation des jeunes au travail.

Les chantiers solidarité : s’investir au sein d’un projet

Ainsi Prever suit les axes habituels de la prévention spécialisée. L’élément central est le travail de rue, fait par les éducateurs. Toutefois, ils réalisent aussi quelques projets.

Ainsi en 2005, ils ont participé à une action solidarité au Maroc. Il s’agissait de chantiers éducatifs en coopération avec différentes structures de la ville (base de loisirs…) et du Maroc.

En fait, suite au tremblement de terre de février 2004 au Maroc, plusieurs associations, comme le secours populaire ont créé une dynamique de solidarité, en essayant de trouver des subventions afin de venir en aide à la population. Parallèlement a émergé un autre projet, celui de rénover la maison des enfants à Al-Hoceima. Ainsi, huit jeunes de la Verrière sont partis, accompagnés de deux éducateurs de Prever et de professeurs du 28 mai au 2 juin pour collaborer à cette reconstruction avec l’association AUMA (Education et Animation à Hoceima)

Cette année, l’action continue en partenariat avec le service sport de la ville.

Les jeunes réparent des vélos afin de les amener là-bas. Le financement du projet est fait par les jeunes eux-mêmes qui organisent des ventes diverses et des tombolas. Il s’agit d’un séjour de solidarité avec le collège d’Al-Hoceima.

Prever a entrepris un autre chantier autour du tri sélectif. Afin de sensibiliser les gens du quartier aux problèmes de l’environnement, les jeunes ont conçu un logo et ont effectué des petits chantiers de peinture de signalétique qui ont permis le financement du séjour au Maroc. Aujourd’hui, le nouveau projet est l’auto-école commune.

Le chantier solidarité est une action collective, de nature différant au travail de rue habituel du club de prévention. Un des avantages du chantier solidarité est la rencontre

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entre le jeune et les différentes structures sociales. Il y a alors intégration de la présence sociale de ces structures. Également, ces chantiers permettent aux jeunes de découvrir de nouvelles vies et de s’investir concrètement au sein d’un projet. Toutefois, au niveau du club de prévention, l’inconvénient est l’absence de deux animateurs provoquant une baisse du travail de rue.

Un projet en commun pour consolider les pratiques

En 2000, M. Boucher a voulu développer l’insertion par l’économique à travers une formation aux métiers du sport, mais le projet était assez compliqué.

C’est pourquoi, ils ont beaucoup hésité car c’était très lourd à gérer au niveau du financement et des démarches.

L’idée était de travailler autour l’insertion par le professionnel à travers une formation souvent appréciée des jeunes. Le club envisageait de développer une formation modeste à travers des baptêmes, des stages avec un professeur de STAPS. Toutefois plusieurs problèmes se sont posés :

- les rivalités avec les autres partenaires. Parfois naissent quelques conflits avec les autres acteurs de terrain tel que la mission locale, qui se sentent déposséder de leur mission.

- Le problème de budget (trouver le financement et justifier ce financement….)

- le problème politique. À cette époque, les élections municipales étaient proches. Il y avait donc des enjeux politiques, ce qui était un peu trop hasardeux. Prever ne pouvait pas prendre de risque sur un tel projet.

Néanmoins, actuellement, Prever a un projet d’association avec les clubs de prévention AJIR et ACR pour faire une auto école commune afin d’améliorer l’expérience d’AJIR et d’ACR.

En effet, ces deux clubs de prévention ont chacun une auto-école avec un moniteur qui ne peut parfois assurer ses cours or il n’y a pas de remplaçants. Le système est un peu précaire, or le but est de donner des repères à des jeunes souvent instables. Il faut donc assurer une structure forte et sérieuse.

À partir de ces observations est née l’idée de s’associer, volonté de créer une entreprise. Ainsi Prever bénéficie de l’expérience des autres associations. Le but est de mettre en commun une expérience, un savoir faire, une force.

D’autant plus, que la Verrière est une petite ville donc elle a besoin du partenariat pour garantir ses projets.

L’importance de la synergie des acteurs sociaux

À la Verrière, il existe un noyau difficile de 14/20 ans qui met en difficulté toutes les institutions de la ville. Or comme il n’existe pas de réponses cohérentes des différentes structures, ces jeunes manipulent les différents partenaires. Il est donc nécessaire d’adopter une position commune pour créer des repères. C’est pourquoi un des objectifs du club de prévention est de développer le travail social entre partenaires.

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Ainsi en 2000, la ville a entrepris un travail autour de la délinquance précoce, c’est-à-dire les 10/14 ans. Le club de prévention a alors postulé pour participer au projet. La première question à laquelle ils ont été confrontés était : comment entrer en contact avec ces jeunes ?

Prever a alors mené son action au collège, qui est devenu un bon partenaire car très ouvert à l’action du club de prévention. En effet, il a accepté cette coopération avec la mise en place de groupes de paroles et de petits théâtres d’improvisation. Ce partenariat est très intéressant car le collège est un bon vecteur pour prendre contact avec cette jeune population. C’est une opportunité d’avoir un collège assez ouvert car certains directeurs s’opposent à ce genre de partenariat. Le collège contacte, sollicite Préver pour travailler ensemble notamment sur les problèmes de comportements et permettre un accompagnement aux jeunes en difficulté.

Prever a mis en place le dispositif de réussite éducatif qui est soutenu par l’Etat mais le club de prévention n’est pas porteur du projet. Il travaille toujours sur la base d’un partenariat existant, notamment du comité technique, composé du préfet, directeur des écoles, municipalité et Prever. De plus, il y a un comité technique qui détermine une méthode, une charte pour parvenir à un minimum d’accord entre les différents partenaires. Et il existe également un groupe de suivi.

Le jeune qui est aidé doit donner son accord et obtenir celui de sa famille pour adhérer au projet. L’objectif est de prendre conscience des difficultés et essayer d’y répondre.

De la même manière, le club de prévention est en partenariat avec la mission locale avec qui les éducateurs ont des rencontres régulières autour de l’accompagnement individuel et des rencontres plus générales afin d’évaluer le projet.

En ce qui concerne le pole emploi jeune, Prever est en association avec AJIR. Il s’agit surtout de prévention générale à travers des actions de loisirs ou autres….

Le chantier solidarité au Maroc était un projet mené par le service sport de la ville et AJIR. Dans ce cas, chaque structure a délégué un salarié pour encadrer un groupe.

En fait, les partenaires sont toutes les structures existantes sur le secteur.

Ainsi en matière de santé, Prever travaille avec l’institut Marcel rivière pour tous les jeunes en souffrance psychique. Il s’agit alors d’accompagnement de personnes qui souffrent d’addictions. Ensemble ils essayent de fournir un accompagnement complet à la fois social et médical.

Prever essaye de prendre en compte les problèmes de santé car ils traduisent un problème d’image de soi. Ils dévoilent une dévalorisation, une négligence de son corps et de son bien être.

Ainsi les partenaires sont multiples, il s’agit de tout dispositif qui peut aider le jeune à s’insérer. « Le partenariat traverse notre action dans l’accompagnement individuel. »

Il faut permettre l’action collective pour accompagner et aider au mieux les jeunes en souffrance.

Contact

PREVER

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7 rue Marcel Rivière, BP 550, 78320 La VERRIERETél. 01 34 61 39 06 - Directeur : Gérard [email protected]

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Les VERNES : Le fil rouge du changement

L’association a été créée en 1980 suite à la volonté du maire M. Couturier, qui désirait répondre aux difficultés du quartier du Parc à Vernouillet. Le maire a commencé à travailler sur ce quartier, rejoint par M. Dumontier. L’association a alors demandé une habilitation de prévention spécialisée.

Des réponses rapides pour gagner la confiance des jeunes

Les Vernes est un club de prévention qui travaille avec plusieurs villes. En effet, suite à sa création, la ville de Verneuil s’est greffée sur Vernouillet, malgré quelques désaccords, les éducateurs travaillent toujours avec les jeunes de cette ville. De même, ils ont entrepris la prévention aux Mureaux et à Saint Germain en Laye. Néanmoins, les équipes sont différentes suivant la nécessité des villes. Il y a 4 éducateurs pour Saint Germain et 12 pour Les Mureaux. Ils ont également travaillé avec la ville de Triel-sur-Seine et de Poissy mais certains désaccords ont mis fin à ces expériences.

Face au mal être des jeunes, les Vernes ont ouvert un espace d’écoute ou un psychologue est là pour entendre les jeunes et les aider. C’est un service gratuit, de libre adhésion et anonyme dédié aux jeunes de 10 à 25 ans, aux parents et aux professionnels du terrain. Ce dispositif permet de déceler des problèmes psychologiques. Néanmoins, peu de jeunes ont besoin de lourds suivis, cette première écoute est souvent suffisante car les jeunes ont besoin de parler pour devenir acteur. À travers ce dispositif psychologique, les jeunes peuvent s’exprimer et prendre conscience de leurs difficultés. C’est donc une première étape pour repartir. De plus, pour les professionnels, ce service apporte une nouvelle dimension à leur travail, permettant de mieux comprendre certaines réalités et de rebondir sur de nouvelles pistes.

Toutefois la raison d’exister des Vernes est la rue, les éducateurs agissent sur le terrain pour aller vers les jeunes. En effet, ils doivent rechercher les jeunes là où ils sont. Leur objectif est d’aller vers tout jeune en difficulté. L’action des éducateurs est tout d’abord un accompagnement et un suivi des jeunes en difficulté. Ils orientent les jeunes vers d’autres partenaires de terrain pour répondre à leurs besoins. Le club de prévention est un fil rouge, il va à la rencontre du jeune, il se fait se connaître puis il garde le contact avec le jeune. Les éducateurs se trouvent aussi dans des permanences où ils peuvent rencontrer les jeunes (centres sociaux, maisons de quartier) ainsi ils mettent en place un échange entre l’éducateur et le jeune, permettant d’établir une relation de confiance et de confidence. Les éducateurs doivent profiter de toutes les occasions qui leur sont offertes pour entendre le jeune. Ils écoutent alors toutes les problématiques et ils essayent d’y répondre. Les Vernes essayent d’être rapide ainsi les

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éducateurs téléphonent le jour même et face au jeune aux partenaires adéquates. Cette rapidité de l’action permet de créer une relation de confiance, le jeune prend conscience que l’éducateur est là pour lui et qu’il donne des solutions immédiates. L’éducateur doit aussi prendre conscience que l’aide sociale créée une forme de souffrance. Raconter sa vie ses difficultés à des personnes que l’on connaît peu n’est pas facile. Mettre en place les démarches d’aide sociale est un processus lourd où l’on revit sa souffrance. C’est pourquoi les éducateurs doivent essayer de donner les éléments suffisants à la mission locale et autres partenaires pour que le jeune n'ait pas à raconter de nouveau ses problèmes. De même l’accompagnement de l’éducateur, la première fois que le jeune se rend à la mission locale est privilégié. Ce passage direct à l'action est un gage de sérieux et d’investissement des éducateurs, cela permet de gagner la confiance en dévoilant que l'on peut tenir sa parole. C’est essentiel, car les jeunes en difficulté souffrent d’un manque de confiance envers les adultes.

Après ce premier contact, l’éducateur suit le jeune sur d'autres problématiques, en partenariat avec les autres structures. Le travail est de créer ce lien et d'apporter un suivi. Ce lien est facilité par l’aide de la psychologue, qui permet une souplesse dans le travail, elle peut à la fois travailler seule ou en parallèle avec l’éducateur.

Il faut tenir compte de là ou est le jeune, et permettre un accompagnement souple. Les éducateurs ne doivent pas abandonner malgré les relations parfois difficiles, certains jeunes nécessitent du temps avant d’accepter cet aide. Il faut aller jusqu'au bout de l’accompagnement malgré les difficultés. Ainsi si le jeune doit se rendre en prison, les éducateurs le suivent, ils apportent leur écoute pendant son séjour, préparent sa sortie (chantiers éducatifs, logements...)

Différentes villes, différentes problématiques

Le club de prévention travaille avec 500 jeunes sur les quatre villes. Les Mureaux représentent 250 jeunes par an. Un quart des 250 jeunes trouve des réponses concrètes à leurs demandes. Ce qui n'empêche pas le retour de certains jeunes.

Les problématiques sont différentes suivant les quartiers même s'il s'agit d'une même ville. Ainsi, aux Mureaux

le quartier des Musiciens est différent de celui de la Vigne blanche qui est composé d'une population immigrée plus récente. En effet, le quartier des Musiciens est habité par une population dont la migration est plus ancienne et donc plus intégrée. Ainsi, il faut savoir s’adapter aux différents publics.

De même, le travail est différent suivant les villes: aux Mureaux, 60 % de la population a moins de trente ans, il s'agit donc d'une population instable et mouvante.

À Verneuil, il n’y a pas de délinquants. Ainsi en matière de prévention, les difficultés sont différentes, les jeunes ne sont pas habitués à la violence des autres, mais il existe une forme de violence contre eux-mêmes. Le travail est donc plus basé sur l'écoute, plus psychologique car il y a de nombreuses tendances suicidaires.

On compte aussi beaucoup de familles monoparentales, les jeunes ont alors souvent des moments de liberté sans aucun parent, ce qui permet des réunions chez les uns et les autres, ce qui rend difficile la rencontre entre éducateurs et les jeunes. La

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prévention doit donc travailler pour éviter le mal-être. Néanmoins s’il n'y a pas de violences à Verneuil c’est parce que le service jeunesse est important, la prévention a permis d'éviter la violence des jeunes.

À Vernouillet, il existe deux situations différentes. Dans le quartier du Parc, il y a concentration d'une population stigmatisée socialement. Le travail est surtout en soirée. Il y a trois éducateurs pour 100 jeunes en difficulté. Également les gitans souffrent beaucoup de racisme et de la haine des autres groupes ethniques. Il existe en effet de grandes rivalités entre gitans et Maghrébins. Toutefois les éducateurs tentent de changer cette situation à travers les chantiers éducatifs en les faisant partager les mêmes expériences.

Le travail effectué à Marsinval est difficile. Certains jeunes ne vont pas bien, cependant il est difficile d’entrer en contact avec eux et surtout de prévenir ce malaise.

À Saint germain en Laye, la délinquance est localisée dans le quartier du Bel air, mais elle reste faible. Le travail est basé surtout sur un accompagnement individualisé et un travail de soirée. Il existe aussi beaucoup de travail de partenariat avec les centres sociaux pour renforcer l’action du club.

Le chantier éducatif : apprendre à réussir

Aujourd’hui, les Vernes n’effectuent pas des chantiers d’insertion, ni de chantier école. Leur outil principal est le chantier éducatif. L'objectif n’est pas d’obtenir un contrat pour le jeune, il n’y a pas vraiment de débouchés, mais cela permet de voir où en est le jeune par rapport au travail. S’il est capable d’assumer les responsabilités liés au monde du travail, s’il se lève le matin. Le but est de le tester pour voir comment l'emmener vers le professionnel. La première demande des jeunes concerne l’insertion par l'économique (travail ou formation) ensuite suivent les problématiques liées à la santé et la famille.

Le chantier éducatif est aussi un moyen d'accéder à l'argent pour les jeunes afin d’aider leurs familles ou d’obtenir un peu d'argent. Cela concerne les chantiers avec les majeurs. Le jeune est seul sur le terrain, mais il a l'aide de l'éducateur qui observe le travail réalisé, la qualité, il assure un suivi. Pour les mineurs, l’argent n’est pas versé aux jeunes pour que la famille ne le prenne pas, cet argent permet alors de partir pendant les vacances…

Également, ces chantiers permettent de régulariser des situations d’infractions. En effet, les jeunes qui ont beaucoup de contraventions de la SNCF sont aidés par le club, qui essaye d’obtenir un étalement des paiements. Néanmoins les jeunes doivent assumer leurs responsabilités. Ils font alors des chantiers pour payer leurs amendes.

Quel que soit le chantier individuel ou collectif, il est toujours encadré par des éducateurs. Le club de prévention travaille avec l'Association intermédiaire Tremplin Plus pour tout ce qui concerne le paiement (SMIC, sécurité sociale, déclaration pour la retraite, ouverture de droit). En effet, le chantier éducatif est un outil de la prévention, normalisé en France par des règles.

En fait il s’agit de réelles situations de travail, ou le cadre doit être respecté. Les chantiers éducatifs représentent 30 000 à 40 000 Euros par an sur toutes les villes. Il

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s’agit de chantiers en relation avec les structures de la ville comme la BNO, les bailleurs, les associations... Pour le domaine de l’insertion professionnelle, les Vernes ne veulent pas entrer en concurrence avec les autres groupes comme la mission locale.

Les éducateurs privilégient un accompagnement vers l'apprentissage. Il s’agit en effet d’une autre manière d’aller vers l'insertion. Volonté de développer l'intérêt intellectuel des jeunes à travers un système de stage accompagné de formations.

Les chantiers éducatifs permettent de mieux connaître les jeunes et leurs relations au monde du travail. Ainsi, les éducateurs déterminent les qualités et faiblesses de chacun et travaillent avec les jeunes pour éviter les échecs. Les éducateurs assurent ainsi un accompagnement dans toutes les démarches du jeune toutefois

Il ne fait jamais à la place du jeune. Les éducateurs tentent de permettre aux jeunes à devenir autonomes et à apprendre à se respecter. Il faut les aider à se revaloriser à travers les petites réussites.

Quelques directives pour la création d’une structure d’insertion par l’économique

Un projet d’insertion professionnelle pour les jeunes est un outil indispensable pour service prévention c’est pourquoi M. Dumontier, président des Vernes désire être porteur de ce type de projet. Il a envisagé la mise en place d’une régie de quartier toutefois une telle structure n’a pas le même public que celui de la prévention. Il faut alors trouver un système hybride pour l’insertion des personnes d’autres ages et le public (10/25 ans) de la prévention. L’insertion est une notion assez large, il faut savoir se fixer des exigences et des objectifs précis avant de monter le projet. Les Vernes souhaitent que l’insertion débouche sur quelque chose de concret comme une préparation pour entrer dans l’apprentissage.

L’objectif est que les jeunes obtiennent des acquis qui leur permettent une mise à l’emploi. Ce dispositif d’insertion doit permettre un suivi. Il faut donner des clefs pour créer un véritable projet de vie. Le dispositif doit envisager l’insertion sur du long terme et ne pas répondre seulement à l’urgence. C’est pourquoi, il est nécessaire de développer les contacts avec des entreprises, des artisans (…) pour que les jeunes puissent avoir des possibilités de débouchés ou d’intégrer une structure. De plus, il faut déterminer un temps limite dans cette structure pour que les gens puissent s’en sortir pour aller vers le traditionnel, vers une formation classique.

Les Vernes désirent mettre en place de vraies situations de travail pour rendre les gens plus compétitifs pour toutes les entreprises.

Le lieu d’implantation pour cette structure doit être celui où les débouchés sont les plus importants, c’est pourquoi une enquête de faisabilité doit être envisagée.

Afin de construire un projet d’insertion sur du long terme, le directeur des Vernes, aimerait que la structure d’insertion possède des ateliers, une chaîne de montage pour assurer l’action engagée. Il faut concevoir à la fois des chantiers extérieurs et une structure qui pérennise l’action d’insertion. Il faut pérenniser la formation en générant un travail à temps plein. Également, en relation avec une usine ou une entreprise, le club peut assurer la formation des jeunes et l’entreprise recrute directement au sein du

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club de prévention. Ainsi, la structure d’insertion doit assurer une formation spécialisée pour rendre compétitifs les jeunes. C’est avantageux pour l’entreprise qui forme a peu de coût des gens qui peuvent travailler. En effet, l’entreprise d’insertion doit offrir un encadrement spécialisé pour qu’il y ait une vraie formation auprès des personnes et qu’elles puissent entrer dans le monde du travail. Il faut qu’à la suite de cette expérience, le jeune puisse intégrer le monde du travail et sortir des structures d’insertion. Volonté de sortir les gens pour qu’ils aillent vers autre chose, essayer de les sortir des dispositifs aidés pour qu’ils deviennent des citoyens à part entière.

C’est pourquoi, il faut penser un projet qui réponde aux besoins du marché du travail et assurer des formations pour que les jeunes intègrent les grands secteurs en demande (hôtellerie, bâtiment).

Ainsi, il faut concevoir un projet qui puisse à la fois répondre à l’urgence tout en inscrivant la démarche dans un processus d’insertion globale. Il faut concevoir le futur du jeune et c’est pourquoi le projet doit s’inscrire sur le long terme pour cela, il faut prendre conscience des débouchés. Il faut monter une structure qui offre tous les outils pour que le jeune soit prêt à être embauché à la fin de cette expérience. C’est pourquoi le projet ne doit pas être fixe, ni trop rigide, il doit montrer une forme de souplesse, être en accord avec le temps, le contexte, le cadre...

Le suivi d'un jeune peut s'étaler sur deux ou trois ans, la prévention bénéficie de temps. De plus la prévention peut créer tout ce qu'elle veut (AI, chantier école...) puis donner l'autonomie à ces structures. Il faut faire vivre ce qui a été créé notamment avec les gens du quartier ainsi il y a création de solidarité et dynamisation du quartier. Les gens travaillent ensemble puis ils acquièrent leur autonomie. Il faut mettre en place des projets en accord avec la commune afin que les choses aillent mieux.

Contact

Les VERNES - Président : Guy DUMONTIERDirecteur : Philippe CESARB.P.1 , 78540 VERNOUILLETTél :01 34 74 06 [email protected]

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CPEA « Comité pour la Promotion de l’Enfance et Adolescence » : Apprendre à connaître les

jeunes pour mieux les accompagner.

La Celles-Saint-Cloud est une ville de 23 000 habitants, les 150 hectares où se situent les HLM de la cité Beauregard appartiennent à la mairie de Paris. Le quartier, construit à partir des années 1960, a tendance à vieillir, il s’agit d’une cité dortoir, ou il y a très peu de turn-over. Ce quartier souffre d’une mauvaise image, que le club de prévention spécialisée, essaye de modifier à travers son travail avec les jeunes.

Un peu d’histoire

Le club de prévention a été créé en 1969 suite à la demande de la municipalité pour répondre aux problèmes de délinquance sur le quartier. Le cadre de la prévention a été défini en 1972. Néanmoins, de 1969 à 1996, le club de prévention a oscillé entre deux fonctions celle de prévention et d’animation. En effet, il y a eu beaucoup d’aller-retour entre animation et club de prévention.

En 2000, est réalisée une enquête sociologique dans la commune afin de déterminer la nécessité d’un club de prévention. Ainsi, le CPEA n’est plus un lieu de divertissement, les animateurs laissent la place aux éducateurs. En 2002, a lieu la construction d’une MJC proche du quartier, ainsi deux postes sont créés pour la MJC et deux postes d’éducateurs pour le CPEA. La mission du nouveau directeur est alors de mettre en place la prévention spécialisée à Beauregard, destinée aux personnes en difficulté.

Auparavant le CPEA faisait de la prévention générale, il travaillait avec toutes les structures, avec toutes les populations. Or les éducateurs spécialisés doivent avoir pour priorité les jeunes qui souffrent.

Aujourd’hui, le CPEA assure deux services. D’une part, il fait de la prévention générale. En effet, un espace d’information jeunesse a été mis en place dans Beauregard. Il s’agit d’un centre d’information, qui accueille quatre matinées par semaine les jeunes, qui désirent faire des recherches et utiliser Internet. C’est Chantal, secrétaire comptable de l’association, qui réalise l’accueil.

D’autre part, des éducateurs accompagnent des jeunes en difficulté. Il s’agit de deux services différents et indépendants.

L’objectif des éducateurs est de se concentrer sur le travail de rue, ils doivent être en contact avec la rue pour connaître et aller vers les jeunes. Le problème du quartier est le manque de structure pour rencontrer les jeunes. Or, le directeur du CPEA désire que les rencontres avec les jeunes se fassent à l’extérieur des locaux. En effet, pour la prévention, il est avantageux d’avoir des locaux à l’extérieur car sinon cela devient un

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moyen de pression pour les jeunes. C’est pourquoi les rendez vous ont lieus dans les cafés de la ville. Tous les outils doivent êtres utilisés de manière réfléchie, il faut en faire un bon usage par rapport à la situation des jeunes. C’est pourquoi, les éducateurs évitent d’utiliser leurs véhicules afin de dévoiler aux jeunes les différents moyens de transport.

Le mal être des jeunes

Le club de prévention de la Celle Saint-Cloud assure 30 suivis réguliers et 80 suivis ponctuels.

Il n’existe pas de délinquance précoce à Beauregard, le club de prévention a étendu son travail auprès des jeunes de 13 ans néanmoins les éducateurs travaillent davantage avec les 14/25 ans.

Le public est surtout masculin, il présente des parcours similaires. Ainsi, ces jeunes vivent, généralement, dans une famille monoparentale. En effet, à Beauregard, il y a entre 15 à 20 % des familles, qui sont monoparentales, il existe beaucoup de complications conjugales, l’absence du père est souvent caractéristique du vécu de ces jeunes.

Également, ils vivent des parcours scolaires chaotiques, dus à un certain nombre de facteurs notamment la prise de drogue. Ainsi, leur formation est assez faible. Leur santé est affectée par les différentes addictions des jeunes.

Le mal être psychologique des jeunes est criant. Vivant dans une ville, entourée de bois, les jeunes sont comme dans un cocon, dans lequel ils se complaisent et dont ils ne veulent pas en sortir. De plus, la présence de villes plus riches (Versailles…) accentue le renfermement des jeunes sur le quartier qui ne peuvent se reconnaître avec leur entourage. Toutefois, la présence d’argent a développé certains trafics notamment celui lié à la drogue ce qui privilégie les comportements addictifs.

Ainsi, les jeunes, en manque de repères, souffrent de comportements dépressifs. Les jeunes n’ont pas de motivation, ni d’énergie, on peut remarquer une perte de vie. Les éducateurs doivent donc essayer de les redynamiser les choses, ce qui est parfois difficile.

Chantier éducatif et démarche pédagogique

Le travail du club de prévention en relation avec le domaine de l’insertion professionnelle est effectué à travers les chantiers éducatifs, chaque projet est développé par l’éducateur. En effet, l’éducateur doit avoir un fil conducteur pour chaque chantier.

Ces chantiers sont mis en place en partenariat avec les bailleurs, qui offrent beaucoup de possibilités d’entretiens (nettoyage des cages d’escalier, peinture du quartier, bancs… panneaux d’indication).

En général, le chantier ne dure pas plus d’une semaine, car les jeunes avec lesquels ils travaillent souffrent généralement d’addictions (drogue, alcool), qui les limitent pour

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suivre le rythme qu’implique le travail. Cette première expérience est un changement de rythme qui peut être trop difficile sur deux semaines.

La mise en place du chantier engage une première réunion d’information et de réflexion, chaque éducateur doit exposer son projet pour chaque jeune. En effet, les chantiers permettent de pouvoir mettre en place un projet individuel, ainsi l’éducateur peut développer sa relation avec le jeune. Il faut en effet bien connaître le jeune pour la réussite d’un chantier éducatif. Ainsi en juin 2006, devait avoir lieu un chantier de peinture pour trois, quatre jeunes mais il été reporté car la relation entre l’équipe et les jeunes n’était pas suffisamment approfondie.

En ce qui concerne le travail des éducateurs, il existe différentes pédagogies employées.

Le directeur bénéficie d’une grande expérience en ce domaine, depuis 1985, il a participé à des chantiers sur Paris et a assisté à plusieurs séminaires sur ces problématiques.

Ainsi, l’éducateur est libre de choisir la pédagogie du « faire faire » ou alors du « faire avec » mais il ne doit surtout jamais « faire à la place de ». Pour le « faire faire », l’éducateur met en place le travail, montre en partie comment les jeunes doivent s’organiser puis il les laisse s’auto gérer. Il s’agit de pédagogie d’auto gestion qui crée une dynamique et une autonomie de groupe. Cette pédagogie est différente du « faire avec », qui est plus de l’ordre de l’accompagnement. Ainsi pour réaliser des peintures d’intérieur, il faut faire confiance aux jeunes. Pour l’éducateur, la méthode du « faire avec » permet de transmettre un savoir faire, de plus cela permet un temps de discussion. Il y a un lien qui se crée entre l’éducateur et le jeune, la relation se poursuit souvent suite à ces chantiers si le jeune n’est pas accompagné jusqu’alors. S’il l’était cela renforce cet accompagnement. En général, les éducateurs travaillent avec des jeunes non suivis afin de déboucher sur un accompagnement, c’est l’objectif espéré.

Les éducateurs choisissent leurs méthodes et s’adaptent suivant les jeunes avec lesquels ils travaillent.

Ainsi, il y a deux ans, la municipalité a demandé une réfection d’une loge collective du théâtre. La peinture a été réalisé par cinq jeunes toutefois le directeur qui les accompagnait, a fait tous les travaux de finitions (plinthes…). Il était alors constamment au travail en parallèle du groupe, il a donc utilisé la méthode du « faire avec », modèle qui dynamise le groupe.

En fait, les chantiers éducatifs sont un bon support pour les éducateurs, car ils proposent une diversité dans l’action. Ainsi, le club organise un tournoi de foot tous les deux ans. Les jeunes doivent former une équipe cela permet d’apprendre une organisation, de monter un petit projet…. Toutefois ce type de chantier éducatif est plus rare car les jeunes sont en demande de travail, un chantier éducatif qui répond à leurs demandes permet un meilleur accrochage.

En général, le club de prévention réalise trois chantiers éducatifs par an, qui durent une semaine.

Les raisons des jeunes pour participer à ce genre de chantier sont très différentes certains veulent obtenir de l’argent et d’autres cherchent à s’occuper, « à faire quelque chose ».

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C’est pourquoi, les jeunes ont tendance à vouloir travailler avec leurs amis, en général, le groupe de jeune est constitué de personnes qui se fréquentent quotidiennement. Cette expérience est donc collective.

Lorsque le jeune demande de participer à un chantier, il doit exposer ses motivations par écrit. Ensuite, une réunion de groupes est effectuée dans les locaux afin de fixer les règles du chantier éducatif et d’expliquer le travail (règlement, horaires, rangements du matériel le dernier jour…). Le jeune est payé au SMIC. La réalisation de ces chantiers est en partenariat avec une association intermédiaire, CBL Chantier, qui est l’employeur et qui effectue les paiements. Cette association intermédiaire travaille avec les particuliers et les bailleurs. Le commanditaire est le bailleur pour ce qui concerne les chantiers éducatifs. Le jeune, de plus de 16 ans, réalise les démarches avec l’éducateur pour être déclaré. C’est l’éducateur qui valide les heures de travail des jeunes. CBL Chantier réalise la feuille de paie, le paiement par chèque (sinon accord avec une banque pour un changement en espèces). La paye n’est pas complète, il reste toujours un peu d’argent à donner à la fin du mois. Ainsi, le club ne gère pas l’aspect comptabilité ce qui est un avantage car souvent les clubs de prévention ont des difficultés pour la division des budgets. En revanche, c’est l’assurance du club qui couvre les jeunes et l’ensemble du chantier.

Une expérience pour se découvrir

Les jeunes sont souvent satisfaits de cette expérience, ils prennent conscience de certaines de leurs difficultés, leurs limites comme la consommation de drogue qui affecte leur mode de vie (sommeil, nourriture….) Le travail permet de changer de rythme, le jeune prend conscience d’une réalité physique notamment de sa mauvaise hygiène de vie. Ainsi, les éducateurs ont mis en place une coupure petit déjeuner car les jeunes ne mangent pas chez eux, non pour cause de pauvreté mais par difficulté à manger seul. Ce type d’observations est important car il permet de faire apparaître des modes de fonctionnement et met en avant des problèmes plus personnels qui n’apparaissent pas aux premiers abords.

L’organisation du travail est déterminée ensemble. Ils mettent en place deux équipes de trois car en général six jeunes participent au chantier. Parfois le phénomène de groupe fait naître certains problèmes entre les personnes, cela permet une prise de conscience des réalités du monde du travail.

Toutefois, on voit aussi apparaître un renforcement des relations entre les jeunes, qui traînent souvent ensemble. Lors de cette nouvelle situation, il y a un consolidation du lien d’amitié, une nouvelle perception de ses amis, ils apprennent à se connaître différemment.

Ils prennent aussi conscience qu’il faut maîtriser son effort. En effet, les plus jeunes veulent souvent aller très vite, or il faut ménager ses efforts pour pouvoir tenir toute la journée.

Les jeunes sont alors confrontés aux réalités, beaucoup sont naïfs et ne réalisent pas qu’il faut respecter certaines règles comme toute absence annule une partie du salaire.

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Pour le club de prévention, ce type d’expérience permet aussi de rencontrer la famille car pour les moins de dix-huit, une autorisation familiale est obligatoire même si il y a peu de risques sur le chantier.

Les jeunes sont très demandeurs de ce type de chantier notamment pendant les vacances car c’est un moyen de gagner de l’argent et de s’occuper. Souvent, ils aimeraient renouveler l’expérience, mais le club évite afin de faire bénéficier ce type d’expériences à un maximum de personnes.

Ainsi la première demande des jeunes concerne l’insertion professionnelle toutefois cela est lié à d’autres difficultés.

Les chantiers éducatifs permettent de passer des étapes du travail social comme la confiance et connaissance du jeune.

Aller vers les éducateurs, c’est accepter d’avoir des difficultés, ce qui n’est pas évident. A travers le chantier éducatif, le contact est amorcé sans exposer sa souffrance directement. C’est pourquoi cette expérience est toujours un apport pour le jeune, elle est toujours vécue de maniéré positive.

Le travail des éducateurs est que les jeunes construisent un projet de vie. Le travail éducatif permet de leur faire comprendre leurs faiblesses et d’essayer de les faire réfléchir sur leurs qualités. Il faut toujours valoriser le jeune, croire en lui et essayer de lui faire croire en lui-même. Les jeunes ont beaucoup d’énergie et le travail permet de souligner cette énergie emmagasinée. L’énergie est transformée positivement à travers cette expérience.

Le partenariat avec la municipalité : changer de regards

La municipalité a besoin de jeunes pour certains remplacements l’été. Depuis quatre ans, elle a alors mis en place avec le club de prévention des postes pour les jeunes défavorisés de la commune qui ont des difficultés à trouver du travail notamment à cause de la discrimination. Il s’agit de poste surtout au sein de l’état civil, déménagement (école), manutention… Toutefois, il n’y a pas de suivi du CPEA comme pour les chantiers éducatifs mais un accompagnement du jeune.

Le jeune a un entretien avec le chef de service car il y a une sélection entre les jeunes de la commune (mission locale, club de prévention…) Il y a donc un peu de compétition.

La mairie désire un réel entretien d’embauche, une fiche est réalisée à ce moment avec le jeune et si il est embauché, il travaille alors pendant quinze jours. Il est salarié par CBL Chantier.

Dans un premier temps, le club de prévention oriente le jeune vers la mairie, puis l’accompagne pendant sa période de travail à travers deux ou trois suivis. Toutefois en cas de problème le club de prévention est contacté par la mairie. L’expérience se clôture avec la réalisation d’un bilan en compagnie du responsable de la mairie. Le club de prévention reçoit ce bilan et en discute avec le jeune.

L’objectif est de ne pas mettre le jeune en difficulté, le club de prévention et la municipalité ne désirent pas prendre trop de risque pour ne pas mettre le jeune en échec. C’est pourquoi il est essentiel d’avoir une bonne connaissance du jeune.

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Le projet de travail en partenariat avec la mairie a permis un changement dans l’opinion de la population extérieure vis-à-vis du quartier. En effet, l’engagement des jeunes a remis en question les stéréotypes et a développé de bonnes relations, un bon contact entre les jeunes et la municipalité. C’est pourquoi, l’année prochaine, la mairie pense proposer de nouveaux postes dans l’état civil.

Ainsi, à travers cette expérience, le club de prévention parvient à faire évoluer le lien social et à renouveler l’image du quartier. C’est en effet, un des avantages des clubs de prévention, de pouvoir entreprendre plusieurs projets pour permettre un travail social global.

Cette expérience, pour le jeune, est positive à travers le cheminement intellectuel de l’action, le jeune dépasse certaines barrières permettant une reprise de confiance en soi.

Quelques expériences extérieures

En ce qui concerne notre projet, si les Vernes mettent en place une entreprise intermédiaire, bien que cela soit l’idéal et cela réponde directement aux besoins des jeunes, c’est assez difficile car il faut alors avoir un carnet d’adresse de jeunes fixes qui travaillent bien et qui peuvent assurer un dysfonctionnement. Il faut être attentif aux outils employés. En 1985, une entreprise intermédiaire s’est spécialisée dans l’imprimerie, or c’est le dernier maillon (en bout de courses), et comme les jeunes ne sont pas forcément fiables s’il y avait un souci, on était coincé.

Certains supports et activités ne se prêtent pas à la clientèle de la prévention.

Le directeur a évoqué une expérience dans le 92, la pépinière : déménagement et chantiers d’intérieurs, d’entreprise de déménagement, qui fonctionne bien.

Le travail de déménageur offre une souplesse dans l’organisation du travail car il s’agit de quelques journées de travail qui permettent un bon accrochage avec le jeune et évite l’essoufflement de l’équipe qui se ressent lors de chantiers plus longs. Toutefois il faut toujours avoir des personnes fiables en cas de désistement d’un jeune. L’autre avantage est la distance pour le déménagement, qui permet un temps de discussion côte à côte, développant la relation et l’accompagnement du jeune (méthodologie du faire avec).

Économiquement, c’est aussi assez intéressant car il n’y a pas de nécessité d’avoir beaucoup de personnels qualifiés, seulement une personne pour déterminer le devis et déterminer les risques. En effet, ils ne peuvent assurer tous les déménagements, il faut être conscient de ce que l’on peut ou ne pas faire. Il faut toujours avoir beaucoup de souplesse.

Contact

CPEA « Comité pour la Promotion de l’Enfance et Adolescence »Directeur : Pascal JOUBERT1 allée des Faons78170 La CELLE St CLOUD

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Tél : 01 39 18 31 [email protected]

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Les violences urbaines d’octobre novembre 2005 ont montré à quel point les jeunes sont en demande de reconnaissance, pour trouver leur place dans la société, en particulier sur le plan professionnel.

Des politiques d'insertion par l'économique ont été mises en place depuis une vingtaine d’années par les pouvoirs Publics. Mais pour toucher les jeunes sans qualification, un travail en amont est souvent nécessaire. Les projets ne manquent pas mais nécessitent pour devenir réalisables un accompagnement personnalisé des jeunes. Celui-ci passe par une intégration sociale, professionnelle et culturelle qui prenne en compte les spécificités de ces jeunes, leur histoire et leurs conditions de vie, en réseau compagnon dans la durée dans un parcours de remise en confiance par des logis de projet.

Dans les Yvelines, plus de 20 associations de prévention spécialisées se sont constituées depuis 1972, sous la responsabilité des départements et à l’initiative de certaines communes, avec pour objectif d’accompagner les jeunes de 16 à 25 ans vers l’âge adulte. Compte tenu de l'accroissement de la détresse sociale et de l'insuffisance des moyens pour y répondre, ces associations de prévention ont souvent été accaparées au cours des dernières années par un accompagnement individuel, sous forme de tutorat et de dialogue. La question posée aujourd'hui est de savoir comment travailler autrement pour revenir à des actions préventives en partenariat, prenant en compte l'ensemble des dimensions de l'intégration.

Ce document reprend certaines actions menées dans les différents clubs de prévention des Yvelines en matière d'insertion par les chantiers participatifs, les voyages et l'insertion économique, et tente de faire ressortir les éléments de convergences permettant une démarche d’émancipation à travers ces structures.

Achevé de rédiger le 30 mars 2007 et édité par RECIT Pour plus d'information on peut consulter le site www.recit.net

RECIT (réseau d’écoles de citoyens) [email protected] 15 avenue Robert Fleury 78 220 VIROFLAY (France)

06 67 05 58 95

Prix : 4 euros