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Jean de la fontaine (1621-1695)

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La Fontaine y los cuentos

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Jean de la fontaine (1621-1695)

Biographie de Jean de La Fontaine

Jean de La Fontaine ( Château-Thierry , Juillet 8 de 1621 - Paris , Avril 13 de 1695 ) était un poète et fabuliste français . Il était le fils d'un inspecteur des eaux et forêts , et qui est né dans la petite ville de Château-Thierry . Il a étudié la théologie et le droit à Paris, mais son plus grand intérêt était dans la littérature. Par le désir de son père, il se marieen 1647 avec Marie Héricart . Bien que le mariage n'a jamais été heureux, le couple a eu un fils, Charles. En 1652, La Fontaine a pris la relève de son père comme un inspecteur des eaux, mais quelques années plus tard a été mis en service auprès du ministre des Finances Fouquet Nicolas, patron de plusieurs artistes, à qui il dédia un recueil de poèmes. Il a écrit le roman "Les Amours de Psyché et de Cupidon» se rapprochant de Molière et de Racine écrivains. Avec la chute du ministre Fouquet , La Fontaine est devenu le protégé de la duchesse de Bouillon et de la duchesse d'Orléans. En 1668, les premiers contes ont été publiés dans un volume intitulé Fables choisies. Le livre était un recueil de fables 124, divisé en six parties. La Fontaine a dédié ce livre au fils du roi Louis 14. Les contes contenaient des histoires d'animaux, magistralement racontés, contenant un fond moral. Écrit dans un langage simple et attrayant, les fables de La Fontaine ont remporté ses lecteurs immédiatement. En 1683, La Fontaine est devenu un membre de l'Académie française, dont les sessions ont commencé à assister assidûment. Dans la célèbre «Querelle des Anciens et des Modernes», ont profité des anciens poètes.

Plusieurs nouvelles éditions des "Fables" ont été publiées dans la vie de l'auteur. Avec chaque nouvelle édition, de nouvelles histoires ont été ajoutés. En 1692, La Fontaine, déjà malade, se convertit au catholicisme. La dernière édition de ses contes a été publié en 1693. Avant de devenir fabuliste, il était un poète, a essayé d'être un théologien et califa . Il s´est également inscrit au séminaire , mais a ensuite perdu de l´ intérêt. A 26 ans, il se marie, mais la relation n'a duré que onze ans. Après cela, La Fontaine se rend à Paris et a commencé sa carrière littéraire majeur. Auparavant, il a écrit des poèmes , mais en 1665 écrit son premier livre, intitulé «Contes». Il a monté un groupe littéraire qui a eu en tant que membres Racine , Boileau et Molière . Dans la période allant de 1664 à 1674 , il écrivit presque tous ses ouvrages. Dans leurs récits , des histoires d'animaux qui présentent des caractéristiques de l'homme. En 1684 , il a été nommé à la Académie française de lettres . Onze ans plus tard, déjà très malade , il a décidé d'aborder la religion . Même il a pensé à écrire une œuvre de foi, mais ne pas l'écrire. Son grand ouvrage, "Fables", écrit en trois parties, à partir de 1668 à 1694 , suivi le style de l'auteur grec Esope , qui a parlé de l'agression la vanité, la bêtise humaine et par les animaux. La Fontaine est considéré comme le père de la fable moderne. Sur la nature de la fable dit: "C'est une peinture dans laquelle nous trouvons notre propre portrait."Certains fables écrites et réécrites par lui sont Le Lièvre et la Tortue, L'Homme, le garçon et Mule, Le lion et la souris, et Le Chêne et le Roseau. Il est enterré au cimetière du Père Lachaise à Paris , à côté de la dramaturge Molière .

Essais et tentations

Issu de la bourgeoisie de Château-Thierry, Jean de La Fontaine commence par faire de sérieuses études ; puis, tenté par l`Eglise, il entre à l`Oratoire en 1642 pour quitter l`ordre un an plus tard. Il tâte ensuite du droit, mais s`adonne surtout à de vastes lectures (les Grecs, les Latins etc.) ainsi qu`à une joyeuse vie de bohème en compaigne de ses amis parisiens. Il accepte de se marier en 1647 avec une très jeune épouse qui ne tiendra guère de place dans son existence, et d`acheter en 1652 une charge de maître des Eaux et Forêts qui lui vaudra de fréquentes randonnées dans les bois champenois et sur les rives de la Marne. Il se met aussi à écrire des vers.

Succès et revers

Introduit dans l`entourage du surintendant des Finances, Fouquet, le voilà pensionné. En 1658 il peut offrir à son mécène un poème héroïque, Adonis, puis il met en chantier Le Songe de Vaux, qui célèbrera les splendeurs conçues par le richissime ministre. Il se lie avec d`illustres personnes (Saint-Évremond, Charles Perrault, Mlle de Scudéry entre autres), hante les salons de la capitale où il rencontre Mmes de La Fayette, de Sévignè, La Rochefoucauld, Retz. En 1661 survient la catastrophe: l´arrestation du surintendant le prive de protection et de solides moyens financiers ; elle dote par contre la littérature de l´admirable Élégie aux nymphes de Vaux (1662) et de l`Ode au Roi (1663) en faveur du disgrâcié. Un autre malheur est d´être attaqué pour usurpation de noblesse.

La sécurité et la gloire

Sa situation se rétablit pourtant lorsqu´il devient « gentilhomme servant » de la duchesse douairière d´Orleans (une sinécure). En 1665, il conquiert la gloire avec des Contes et Nouvelles en vers (il y en aura d´autres en 1666 et 1671). En 1668, ses premières Fables remportent un triomphe analogue. 1669 voit la publication mais non le succès d´un roman en prose mêlée de vers Les Amours de Psyché es Cupidon. La mort de sa protectrice n`est qu`une alarme: dès 1673 La Fontaine devient l`hôte de la marquise de La Sablière, une mondaine charmante et cultivée qui tient un salon rempli d´esprits libres. Débarrassé de tout souci, el poète se consacre à ses plaisirs et à ses vers protégé au surplus par Mme de Montespan. De Nouveaux Cortes sont cependant jugés si licencieux en 1674 qu´ils sont interdits à la vente. Un second recueil de Fables voit le jour en 11678-1679, puis des œuvres diverses: un poème sur le Quinquina, des contes, une comédie aujourd`hui disparue. En 1684, le roi autorise l´Académie française a recevoir le poète en son sein.

Une pieuse vieillesse

Mais la vie coule ; la retraite dévote de Mme de La Sablière en 1680 est une sorte d´avertissement. La Fontaine fréquente quelques années encore des milieux fort libres. Tombé gravement malade en 1692, il se convertit et renie ses Contes devant une délégation de l´Académie . Il retrouve néanmoins la santé, et un ami, le riche financier D´Hervant, lui donne l´hospitalité dans son luxueux hôtel parisien ; `c`est là qu´il meurt soudainement en 1695 ; en procédant à la toilette mortuaire on trouvera sur lui un cilié. Le dernier livre des Fables avait été publié en 1693.

Les Fables

La tradition française

Le Moyen Age aima les Isopets ou recueils de fables à la manière d`Esope, fréquemment ornés de miniatures naïves, le plus célèbre étant dû à la plume de la poétesse Marie de France. La Renaissance maintint la tradition, en redécouvrant les œuvres antiques et en écrivant à son tour des fables. Marot , par exemple, en glissa une dans son Épître à Lyon Jamet: « Le Lion et le Rat », Rabelais dans son prologue du Quart Livre: « le Bûcheron qui a perdu sa cognée », Bonaventure des Périers dans ses Nouvelles Récréations: « La laitière et le Pot au lait ». D`innombrables recueils parurent, superbement illustrés souvent ; la fable s`y confondait parfois avec d`autres formes moralisantes: emblème, proverbes, « exemples ».Le succès de La Fontaine fut tel au XVII siècle qu`on ne pratiqua plus par la suite le genre autrement qu`en l´imitant ; les émules furent légions, qui entreprirent d`enseigner, à l`aide de la fable, philosophie ou morale. D`une production aussi volumineuse émergent les Fables, de Florian pour l`originalité de leurs sujets, la saveur de leurs récits et leur sensibilité « rousseauiste ».Il faut reconnaître que ni le XIX ni le XX siècles ne sont parvenus à renouveler le genre, enlisé au demeurant dans la littérature enfantine ou la tradition scolaire. Les véritables concurrents de La Fontaine furent les dessinateurs qui mirent leur talent à son service: les merveilleuses illustrations d´Henri Monnier(1828-1830), de Grandville(1830-1840), de Cham(1850) et de Benjamin Rabier(1900) constituaient autant d´équivalences, graphiques, des célèbres fables.

La fonction de la fable

Une fable, c`est une « prise de parole ». En effet, le mot grec apologos, le mot latin fabula se rattachent tous deux à des verbes qui signifient « parler, dire » (le genre es à l´origine purement oral ; écrit, il doit une bonne partie de sa saveur aux inflexions variées d´un récitant, une bonne partie de son efficacité à la récitation). Le fabuliste prend donc la parole, puis la plume, non pour divertir ou amuser – à la différence du conteur ou de l´auteur de fabliaux, ces « contes à rire »- mais pour enseigner, pour donner une leçon, d ordre philosophique, moral et même politique, pour relever, rappeler, prôner la vérité.Aussi la fable est-elle volontiers mode de contestation ou de revendication ; elle tente de contrebalancer par le pouvoir de la parole les pouvois établis (Esope était un esclave, La Fontaine un esprit indépendant). Son but fondamental, c´est une « morale », mais elle la transmet grâce à un « art d´a´gréer », autrement dit, elle a toujours recours à un récit inventé et ingénieux. La leçon passe par le détour de la fiction, de l´imaginaire, de l´invraisemblable souvent, et notamment du travestissement animal, lequel a fini par apparaître comme la caractéristique essentielle du genre.L ´histoire de la fable, l´évolution du genre se nourrit ainsi de fécondes ambiguïtés: ce miroir déformant se veut un reflet fidèle du réel, ce récit plaisant est aussi un enseignement. Il est significatif qu´il y ait eu deux traditions presque antagonistes: celle de la sécheresse ou de la brièveté, sacrifiant le récit à la morale, celle de l´amplification et de l´ornementation, mettant au contraire l´accent sur le plaisir du conte au détriment peut-être de la leçon (celle-là même choisie par La Fontaine, parant de toutes sortes de grâces les apologues incisifs de ses modèles antiques)

Les fables de La Fontaine

Le fabuliste et son fablier

La Fontaine s´est essayé à de nombreux genres ou styles (contes en vers, récits poétiques, lettres, comédie, tragédie, poésie religieuse, etc.), mais ce sont ses Fables – dont la publication s´est étendue sur un quart de siècle (1668-1693) et la composition sur une trentaine d`années environ – qui lui ont valu la gloire de son vivant et l´immortalité posthume.Toutes les ressources d´un art raffiné font de chaque fable un petit chef- d`oeuvre que peut se suffire à lui-même.Les trois recueils ne forment qu´un seul livre, l´oeuvre étant simplement suspendue et non achevée à la fin du premier, puis du second ¡, jusqu´à ce qu´elle se referme sur l´ultime fable du troisième. Par ailleurs il y a une sorte de mûrissement progressif. Le fabuliste s´affranchit de plus en plus de la tradition du genre ; il renouvelle ses sources (découvrant par exemple dans le deuxième recueil l´apologue oriental), sa manière d´écrire aussi. Abandonnant la sécheresse ésopique, la fable accueille tous à tour à tour comédie, satire, épître, conte merveilleux…L´œuvre acquiert une étonnante diversité, sans perdre pour autant une réelle unité, sous la plume d´un poète-Protée. La démarche nonchalante, le souci de ne pas ennuyer, d´éviter une rigueur trop mécanique ou monotone, ne doivent pas dissimuler que l´auteur observe une nette progression dans chaque livre et se préoccupe de le terminer sur une fable particulièrement soignée.

Une « comédie humaine »

D`un genre voué à la concision et à une certaine pauvreté, La Fontaine est parvenu à faire le support d` « une ample comédie à cent actes divers / et dont la scène est l´univers ».Entre dans le recueil la nature ou plutôt la campagne, avec ses eaux, ses arbres, ses chemins, qu´un art consommé de la notation brève, du trait juste, plutôt que de la longue description, suffit à rendre visibles.S´animent aussi les bêtes des bois et des champs, que le fabuliste campe en excellent peintre animalier, et qu´il travestit, selon la loi du genre, en êtres humains pour leur faire incarner ces travers et ces vices dont la fable entend dénoncer les ridicules et les dangers. A leurs côtés s´agitent les hommes et les femmes, les puissants tyrannisant les faibles, les épouses dupant leurs maris, les courtisans singeant leur maître, etc., tous croqués, caricaturés dans leur cadre de vie et dans leur siècle.Enfin apparaissent des êtres mythiques, légendaires ou fantastiques: les dieux et les déesses de l´Antiquité, des allégories, des objets animés.Cette entrée en force du féerique dans la fable est à mettre au crédit d´une sensibilité poétique profonde qui fait du recueil une sorte d´épopée miniaturisée, proche d´Homère.

Le moraliste

La liste des thèmes abordés suffirait à prouver que La Fontaine est un « moraliste » à part entière, un peintre des âmes et des sociétés humaines. Les fables traitent de l´amour, de l´amitié, de l´ambition, du travail, de la justice, de la liberté, du mariage, de la mort, de bien d´autres choses capitales encore.La fable a d´ailleurs le devoir de formuler de façon explicite la « morale » de l´histoire, et l´on sait les reproches adressés à ce sujet au fabuliste. D´une pièce à l´autre, les morales se contredisent ; dans leur bon ses fataliste et leur réalisme populaire, elles n´ont rien de bien exaltant à proposer!.En fait, de fable en fable, le poète élaborait un difficile art de vivre: une vision pessimiste du monde des hommes le conduisait à une philosophie à la fois souriante et résignée, préoccupée de jouissances paisibles trouvées dans l´amitié, la culture, l´amour, la communion avec la nature, la retraite spirituelle enfin. La pensée du poète se nourrissait des plus hautes sagesses philosophiques et d´un christianisme authentique. Sa sensibilité délicate et généreuse, proche à unifier des aspirations diverses et parfois contradictoires.

L´art du conteur

L`émerveillement des contemporains fut grand de voir que le poète réussissait a transformer les ternes apologues de la tradition en contes délicieux, autrement dit à conférer à la fable tous les agréments d`une littérature brillante et raffinée.Diversité des instruments: la fable était construite tantôt comme une petite pièce de théâtre, tantôt comme un pur conte, tantôt comme une méditation philosophique, une épître.Diversité et richesse d`une langue infiniment plus étendue en originale que celle des grands classiques, avec ses archaïsmes savoureux, ses mots techniques si évocateurs, ses termes populaires, ses proverbes. Diversité dans les << styles >> : burlesque, héroï-comique, simple (ou familier), élevé (ou sublime).Diversité enfin dans les mètres, puisque le coup de génie du poète fut d`utiliser le vers libre et de tirer les effets les plus sûrs de la combinaison des alexandrins avec les autres vers.Diversité, concision, élégance, gaîté, humour, voilà sans doute les qualités majeures d`une écriture à nulle autre pareille. L`esthétique fait corps ici avec l`éthique non seulement parce qu`il faut plaire pour mieux instruire, mais aussi et surtout parce que le << conte >> et la << moralité >> procèdent, chez un la Fontaine, d`une même culture et d`un même goût. Est-il besoin de dire que les Contes vaudront par des qualités identiques et qu`ils relèveront, dans un autre genre, le défi de conter pour conter, en faisant entrer le lecteur dans un jeu raffiné ?

Fables, premier recueil 1668)

La fable a certes une utilité morale, mais elle est aussi jeu, source de plaisir esthétique.son prix tient plus pour des adultes cultivés que pour des enfants – á ce qu`elle est une savante variation sur un thème, sur un récit appartenant à une tradition. L`exercise de style est manifesté dans la fable double, dont on trouve plusieurs exemples dans les recueils de La Fontaine. On connaît celui, célèbre, sur le motif de l`homme et la mort. En l`occurrence d`allieurs la fable est même triple puisqu`il y a également La Mort et le Mourant.

La Mort et le Malheureux

Un Malheureux appelait tous les jours

La mort à son secours.

O mort, lui disait-il, que tu me sembles belle !

Viens vite, viens finir ma fortune cruelle.

La Mort crut, en venant, l'obliger en effet.

Elle frappe à sa porte, elle entre, elle se montre.

Que vois-je! cria-t-il, ôtez-moi cet objet ;

Qu'il est hideux ! que sa rencontre

Me cause d'horreur et d'effroi !

N'approche pas, ô mort ; ô mort, retire-toi.

Mécénas fut un galant homme :

Il a dit quelque part : Qu'on me rende impotent,

Cul-de-jatte, goutteux, manchot, pourvu qu'en somme

Je vive, c'est assez, je suis plus que content.

Ne viens jamais, ô mort ; on t'en dit tout autant.

La Mort et le Bûcheron

Un pauvre Bûcheron tout couvert de ramée,Sous le faix du fagot aussi bien que des ansGémissant et courbé marchait à pas pesants,Et tâchait de gagner sa chaumine enfumée.

Enfin, n'en pouvant plus d'effort et de douleur,Il met bas son fagot, il songe à son malheur.

Quel plaisir a-t-il eu depuis qu'il est au monde ?En est-il un plus pauvre en la machine ronde ?Point de pain quelquefois, et jamais de repos.Sa femme, ses enfants, les soldats, les impôts,

Le créancier, et la corvéeLui font d'un malheureux la peinture achevée.Il appelle la mort, elle vient sans tarder,

Lui demande ce qu'il faut faireC'est, dit-il, afin de m'aider

A recharger ce bois ; tu ne tarderas guère.Le trépas vient tout guérir ;

Mais ne bougeons d'où nous sommes.Plutôt souffrir que mourir,C'est la devise des hommes.

Le Jardinier et son Seigneur

Un amateur du jardinage,

Demi-bourgeois, demi-manant,

Possédait en certain Village

Un jardin assez propre, et le clos attenant.

Il avait de plant vif fermé cette étendue.

Là croissait à plaisir l'oseille et la laitue,

De quoi faire à Margot pour sa fête un bouquet,

Peu de jasmin d'Espagne, et force serpolet.

Cette félicité par un Lièvre troublée

Fit qu'au Seigneur du Bourg notre homme se plaignit.

"Ce maudit animal vient prendre sa goulée

Soir et matin, dit-il, et des pièges se rit ;

Les pierres, les bâtons y perdent leur crédit :

Il est Sorcier, je crois. -Sorcier ? je l'en défie,

Repartit le Seigneur . Fût-il diable, Miraut,

En dépit de ses tours, l'attrapera bientôt.

Je vous en déferai, bon homme, sur ma vie.

- Et quand ? - Et dès demain, sans tarder plus longtemps. "

La partie ainsi faite, il vient avec ses gens.

"Cà, déjeunons, dit-il : vos poulets sont-ils tendres ?

La fille du logis, qu'on vous voie, approchez :

Quand la marierons-nous ? quand aurons-nous des gendres ?

Bon homme, c'est ce coup qu'il faut, vous m'entendez

Qu'il faut fouiller à l'escarcelle. "

Disant ces mots, il fait connaissance avec elle,

Auprès de lui la fait asseoir,

Prend une main, un bras, lève un coin du mouchoir,

Toutes sottises dont la Belle

Se défend avec grand respect ;

Tant qu'au père à la fin cela devient

suspect.

Cependant on fricasse, on se rue en

cuisine.

"De quand sont vos jambons ? ils

ont fort bonne mine.

- Monsieur, ils sont à vous. -

Vraiment ! dit le Seigneur,

Je les reçois, et de bon coeur. "

Il déjeune très bien ; aussi fait sa

famille,

Chiens, chevaux, et valets, tous gens bien endentés

Il commande chez l'hôte, y prend des libertés,

Boit son vin, caresse sa fille.

L'embarras des chasseurs succède au déjeuné.

Chacun s'anime et se prépare :

Les trompes et les cors font un tel tintamarre

Que le bon homme est étonné.

Le pis fut que l'on mit en piteux équipage

Le pauvre potager ; adieu planches, carreaux ;

Adieu chicorée et porreaux ;

Adieu de quoi mettre au potage.

Le Lièvre était gîté dessous un maître chou.

On le quête ; on le lance, il s'enfuit par un trou,

Non pas trou, mais trouée, horrible et large plaie

Que l'on fit à la pauvre haie

Par ordre du Seigneur ; car il eût été mal

Qu'on n'eût pu du jardin sortir tout à cheval.

Le bon homme disait : "Ce sont là jeux de Prince."

Mais on le laissait dire ; et les chiens et les gens

Firent plus de dégât en une heure de temps

Que n'en auraient fait en cent ans

Tous les lièvres de la Province.

Petits Princes, videz vos débats entre vous :

De recourir aux rois vous seriez de grands fous.

Il ne les faut jamais engager dans vos guerres,

Ni les faire entrer sur vos terres.

**Cette fable est dictée à La Fontaine par une sensibilité généreuse qui oriente le peinture des moeurs contemporaines vers la satire sociale et politique . Cette orientation, dèja visible dans le premier recueil, ne cessera de s`affirmer, transformant l`ouvre en un véritable tableau de la société française d`alors, lequel n`est pas sans annoncer la littérature “philosophie” du XVIII siècle. Est raillée ici la petite noblesse de province,

qui abuse de ses privilèges et de sa position dominante.

Fables, second recueil (1678-1679)

Les animaux ne constituent pas la majorité des personnages mis en scène par La Fontaine, mais leur présence et surtout leur humanisation apparaissent comme des caractéristiques fondamentales du genre. Le premier recueil impose d`emblée l`image d`un excellent peintre animalier. Le second pousse plus loin les choses: l`animal y devient nettement l´incarnation d`un travers humain, le type d`une classe sociale, et l`humanisation des animaux - comme l`animalisation des hommes – consuit à une satire, virulente souvent, du monde de l`époque.

LES DEUX PIGEONS Deux pigeons s'aimaient d'amour tendre :

L'un d'eux, s'ennuyant au logis,Fut assez fou pour entreprendreUn voyage en lointain pays.L'autre lui dit : « Qu'allez-vous faire ?Voulez-vous quitter votre frère ?L'absence est le plus grand des maux :

Non pas pour vous, cruel ! Au moins, que les travaux,Les dangers, les soins du voyage,Changent un peu votre courage.

Encor, si la saison s'avançait davantage !Attendez les zéphyrs. Qui vous presse ? un corbeauTout à l'heure annonçait malheur à quelque oiseau.

Je ne songerai plus que rencontre funeste,Que faucons, que réseaux. « Hélas, dirai-je, il pleut :

« Mon frère a-t-il tout ce qu'il veut,« Bon soupé, bon gîte, et le reste ? »Ce discours ébranla le coeurDe notre imprudent voyageur ;

Mais le désir de voir et l'humeur inquièteL'emportèrent enfin. Il dit : « Ne pleurez point ;Trois jours au plus rendront mon âme satisfaite ;Je reviendrai dans peu conter de point en point

Mes aventures à mon frère ;Je le désennuierai. Quiconque ne voit guèreN'a guère à dire aussi. Mon voyage dépeint

Vous sera d'un plaisir extrême.Je dirai : « J'étais là ; telle chose m'avint ; »

Vous y croirez être vous-même. »A ces mots, en pleurant, ils se dirent adieu.Le voyageur s'éloigne ; et voilà qu'un nuageL'oblige de chercher retraite en quelque lieu.Un seul arbre s'offrit, tel encor que l'orageMaltraita le pigeon en dépit du feuillage.L'air devenu serein, il part tout morfondu,Sèche du mieux qu'il peut son corps chargé de pluie,Dans un champ à l'écart voit du blé répandu,

Voit un pigeon auprès : cela lui donne envie ;Il y vole, il est pris : ce blé couvrait d'un las

Les menteurs et traîtres appas.Le las était usé : si bien que, de son aile,De ses pieds, de son bec, l'oiseau le rompt enfin :Quelque plume y périt : et le pis du destinFut qu'un certain vautour à la serre cruelle, (8)Vit notre malheureux qui, traînant la ficelleEt les morceaux du las qui l'avaient attrapé,

Semblait un forçat échappé.Le vautour s'en allait le lier ,quand des nuesFond à son tour un aigle aux ailes étendues.Le pigeon profita du conflit des voleurs,S'envola, s'abattit auprès d'une masure,

Crut, pour ce coup, que ses malheurs

Finiraient par cette aventure ;Mais un fripon d'enfant (cet âge est sans pitié)Prit sa fronde, et, du coup, tua plus d'à moitié

La volatilemalheureuse,Qui, maudissant sa curiosité,

Traînant l'aile et traînant le pié,Demi-morte et demi-boiteuse,Droit au logis s'en retourna :

Que bien, que mal elle arrivaSans autre aventure fâcheuse.

Voilà nos gens rejoints ; et je laisse à jugerDe combien de plaisirs ils payèrent leurs peines.Amants, heureux amants, voulez-vous voyager ?

Que ce soit aux rives prochaines.Soyez-vous l'un à l'autre un monde toujours beau,

Toujours divers, toujours nouveau ;Tenez-vous lieu de tout, comptez pour rien le reste.J'ai quelquefois aimé: je n'aurais pas alors

Contre le Louvre et ses trésors,Contre le firmament et sa voûte céleste,

Changé les bois, changé les lieuxHonorés par le pas, éclairés par les yeux

De l'aimable et jeune bergèrePour qui, sous le fils de

Cythère,Je servis, engagé par mes premiers serments.Hélas ! Quand reviendront de semblables moments ?Faut-il que tant d'objets si doux et si charmantsMe laissent vivre au gré de mon âme inquiète ?Ah! si mon coeur osait encor se renflammer !Ne sentirai-je plus de charme qui m'arrête ?

Ai-je passé le temps d'aimer ?

Les Morales, Maximes et certains Phrases

marquantes des Fables

Les Frelons et les Mouches à Miel (I,21)Les délicats sont malheureuxRien ne saurait les satisfaire.Contre ceux qui ont le goût difficile.(II,1)On voit que de tout tempsLes petits ont pâti des sottises des grands.Le Lion et le Moucheron (II,9)Il faut, autant qu'on peut obliger tout le mondeOn a souvent besoin d'un plus petit que soiLe Lion et le Rat (II,11)Patience et longueur de temps font plus que force ni que rageLe Chat et un vieux Rat (III,18)Amour, Amour, quand tu nous tins,On peut bien dire: "Adieu prudence"Le Lion amoureux (IV,1)Petits princes, videz vos débats entre vous;De recourir aux rois vous seriez de grands fous.Il ne les faut jamais engager dans vos guerres,Ni les faire entrer sur vos terres.

Les deux Pigeons (IX,2) Ce n'est pas sur l'habit Que la diversité me plaît; c'est dans l'esprit: L'une fournit toujours des choses agréables; L'autre, en moins d'un moment, lasse les regardants.Oh! que de grands seigneurs au léopard semblables, N'ont que l'habit pour tous talents!Le Singe et le Léopard (IX,3) Chacun tourne en réalités, Autant qu'il peut, ses propres songes: L'homme est de glace aux vérités; Il est de feu pour les mensonges.Le Statuaire et la statue de Jupiter (IX,6) Tout débattu, tout bien pesé, Les âmes des souris et les âmes des belles Sont très différentes entre elles; Il en faut revenir toujours à son destin, C'est à dire à la loi par le ciel établie: Parlez au diable, parlez à la magie, Vous ne détournerez nul être de sa fin.

La Souris métamorphosée en Fille (IX,7) Jamais auprès des fous ne te mets à portée:Je ne te puis donner un plus sage conseil. Il n'est enseignement pareil A celui-là de fuir une tête éventée. On en voit souvent dans les cours: Le prince y prend plaisir; car ils donnent toujours Quelque trait aux fripons, aux sots, aux ridicules.Le Fou qui vend la sagesse (IX,8) Mettez ce qu'il en coûte à plaider aujourd'hui; Comptez ce qu'il en reste à beaucoup de familles, Vous verrez que Perrin tire l'argent à lui, Et ne laisse aux plaideurs que le sac et les quilles.L'Huître et les Plaideurs (IX,9) De tous les animaux, l'homme a le plus de pente A se porter dedans l'excès. Il faudrait faire le procèsAux petits comme aux grands. Il n'est âme vivanteQui ne prêche en ceci. Rien de trop est un pointDont on parle sans cesse, et qu'on n'observe point.

Le Chat et le Renard (IX,14) L'avare rarement finit ses jours sans pleurs, Il a le moins de part au trésor qu'il enserre, Thésaurisant pour les voleurs, Pour ses parents ou pour la terre. Le Trésor et les deux Hommes (IX,15) Aussi ne le sont pas la plupart de ces princes Qui, flattés d'un pareil emploi, Vont s'échauder en des provincesPour le profit de quelque roi.Le Singe et le Chat (IX,16) Ventre affamé n'a point d'oreillesLe Milan et le Rossignol (IX,17)Haranguez de méchants soldats: Ils promettent de faire rage; Mais, au moindre danger, adieu tout le courage; Votre exemple et vos cris ne les retiendront pas.Le Berger et son troupeau (IX,18) On en use ainsi chez les grands: La raison les offense, ils se mettent en têteQue tout est né pour eux, quadrupèdes et gens Et serpents. Si quelqu'un desserre les dents, C'est un sot. -J'en conviens: mais que faut-il? - Parler de loin ou bien se taire.

L'Homme et la Couleuvre (X,1) Imprudence, babil, et sotte vanité, Et vaine curiosité, Ont ensemble étroit parentage.Ce sont enfants tous d'un lignage.La Tortue et les deux Canards(X,2) Qu'importe qui vous mange? Homme ou loup, toute panse Me paraît une à cet égard; Un jour plus tôt, un jour plus tard,Ce n'est pas grande différence.Les Poissons et le Cormoran (X,3) Il n'est pas malaisé de tromper un trompeurL'Enfouisseur et son compère (X,4)Jupin pour chaque état mit deux tables au monde: L'adroit, le vigilant, et le fort sont assis A la première; et les petits Mangent leur reste à la seconde.L'Araignée et l'Hirondelle (X,6) O vous, pasteurs d'humains et non pas de brebis, Rois, qui croyez gagner par raisons les esprits D'une multitude étrangère, Ce n'est jamais par là que l'on en vient à bout.Il y faut une autre manière: Servez-vous de vos rets; la puissance fait tout.

Les Poissons et le Berger qui joue de la Flûte (X,10) L'absence est aussi bien un remède à la haine Qu'un appareil contre l'amour.

Les deux Perroquets, le Roi et son Fils (X,11) Aucun chemin de fleurs ne conduit à la gloire

Les deux Aventuriers et le Talisman(X,13)Fortune aveugle suit aveugle hardiesse. Le sage quelquefois fait bien d'exécuterAvant que de donner le temps à la sagesse D'envisager le fait, et sans la consulter.

Les deux Aventuriers et le Talisman(X,13) Toi donc, qui que tu sois, ô père de famille (Et je ne t'ai jamais envié cet honneur), T'attendre aux yeux d'autrui quand tu dors, c'est erreur.Couche-toi le dernier, et vois fermer ta porte. Que si quelque affaire t'importe, Ne la fais point par procureur.

Le Lion, le Singe et les deux Anes (XI,5) Il ne faut jamais dire aux gens: " Ecoutez un bon mot, oyez une merveille."Savez-vous si les écoutants En feront une estime à la vôtre pareille? Les Souris et le Chat-huant(XI,9) La jeunesse se flatte, et croit tout obtenirLa vieillesse est impitoyableLe vieux Chat et la jeune Souris (XII,5)Il en coûte à qui vous réclame, Médecins du corps et de l'âme!O temps! ô moeurs! j'ai beau crier, Tout le monde se fait payerLe Cerf malade (XII,6) Voilà le train du monde et de ses sectateurs: On s'y sert du bienfait contre les bienfaiteurs.Je suis las d'en parler.Mais que de doux ombrages Soient exposés à ces outrages,Qui ne se plaindrait là-dessus!Hélas! j'ai beau crier et me rendre incommode,L'ingratitude et les abus N'en seront pas moins à la mode.

La Forêt et le Bûcheron (XII,16) ... de tout inconnu le sage se méfie

Le Renard, le Loup et le Cheval (XII,17)Le trop d'attention qu'on a pour le dangerFait le plus souvent qu'on y tombe.

Le Songe d'un habitant du Mogol(XI,4) L'amour-propre, au rebours, fait qu'au degré suprêmeOn porte ses pareils; car c'est un bon moyen De s'élever aussi soi-même.De tout ce que dessus j'argumente très bien Qu'ici-bas maint talent n'est que pure grimace, Cabale, et certain art de se faire valoir, Mieux su des ignorants que des gens de savoir