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1 1ères DOCTORIALES du Tourisme de la Chaire « Culture, Tourisme, développement » TOURISME / TOURISM Concepts et méthodes à la croisée des disciplines Concepts and methods at the disciplinary crossroads 14-16 septembre 2011 David Amiaud - Tourisme et handicap : vers un habiter pour tous Tourism and disability : mode of touristic inhabit for all Résumé Cet article se propose de questionner l’accessibilité des pratiques touristiques pour les personnes à mobilité réduite. Le handicap est peu investit par la géographie alors qu’il permet d’entrevoir des réflexions sur la mobilité et l’habiter les lieux géographiques. Notre investigation s’appuie sur des enquêtes et la réalisation de diagnostics d’accessibilité à l’aide de SIG. De plus la notion de liminalité sera explorée pour rendre compte de l’évolution de l’écoumène des personnes à mobilité réduite liée à l’émergence de territoires touristiques pour tous. Mots clés Tourisme, handicap, liminalité, habiter, écoumène Abstract

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1ères DOCTORIALES du Tourisme

de la Chaire « Culture, Tourisme, développement »

TOURISME / TOURISM

Concepts et méthodes à la croisée des disciplines

Concepts and methods at the disciplinary crossroads

14-16 septembre 2011

David Amiaud - Tourisme et handicap : vers un habiter pour tous

Tourism and disability : mode of touristic inhabit for all

Résumé

Cet article se propose de questionner l’accessibilité des pratiques touristiques pour les

personnes à mobilité réduite. Le handicap est peu investit par la géographie alors qu’il permet

d’entrevoir des réflexions sur la mobilité et l’habiter les lieux géographiques. Notre

investigation s’appuie sur des enquêtes et la réalisation de diagnostics d’accessibilité à l’aide

de SIG. De plus la notion de liminalité sera explorée pour rendre compte de l’évolution de

l’écoumène des personnes à mobilité réduite liée à l’émergence de territoires touristiques pour

tous.

Mots clés

Tourisme, handicap, liminalité, habiter, écoumène

Abstract

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This article intends to question about accessibility of tourist practices for disabled persons.

Disability is not very invested by the french geography. However the disability concept of

allows thinking about mobility and dwelling geographic location. Our investigation is based

on surveys and production of diagnostics accessibility using GIS. More the liminality concept

will be explored to report the evolution of the ecumene of disabled people due to the

emergence of tourism territory for all.

Key words

Tourism, disability, liminality, inhabit, ecumene

« L’histoire de l’émancipation des personnes handicapées est aussi l’histoire de la conquête

d’espaces. »

(Otto Schantz, 2011)

Introduction

Les déficiences et la morphologie urbaine imposent aux personnes handicapées des difficultés

d’accès aux mêmes aménités re-créatives que les individus valides. En France, la loi du 11

février 2005 a permis le déploiement d’une politique publique du handicap imposant des

aménagements urbains. Cependant, l’accès aux pratiques touristiques pose encore de

nombreuses difficultés aux touristes handicapés.

Si les Sciences Humaines et Sociales ont largement investi le tourisme comme objet d'étude,

la problématique de recherche combinant tourisme et handicap reste, quant à elle, marginale

et constitue un nouveau champ à explorer. Le tourisme implique un déplacement dans le

temps et dans l’espace. Il s’agit « d’un système d’acteur, de pratiques et d’espaces qui

participent à la « recréation » des individus par le déplacement et l’habiter temporaire hors

des lieux du quotidien » (Knafou & Stock, 2003). Cependant les personnes à mobilité réduite

font face à des aménagements comportant des obstacles d’accessibilité facteurs de rugosités

spatiales qui limitent les formes de mobilités touristiques. D’ailleurs, à coté des adaptations

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spécifiques favorisant l’accès à certaines pratiques touristiques subsistent de nombreuses

oppressions spatiales et sociales sources d’exclusion des touristes handicapés. Aussi, la

position sociale « d’entre-deux », c'est-à-dire liminale, des personnes handicapées (Murphy,

1990) semble pourvoir être mise en relief par l’analyse spatiale des capacités touristiques des

personnes à mobilité réduite.

Depuis 2001 les pouvoirs publics français, à travers le label " Tourisme et Handicap ",

contribuent à promouvoir une démarche d’intégration des personnes handicapées par la mise

en accessibilité des équipements touristiques. Cette politique est renforcée depuis Janvier

2011 avec le lancement du nouveau label d’Etat, " Destination pour tous ". La stratégie

touristique consiste à dépasser la labellisation de lieux touristiques pour identifier des

territoires afin de structurer une offre globale adaptée. Nous pouvons donc nous demander en

quoi une approche territoriale de l'offre touristique adaptée permet-elle à la fois une meilleure

accessibilité des pratiques touristiques et la formation d'un mode d’habiter touristique pour

tous ?

Nous proposons d'interroger les habitudes touristiques des personnes déficientes et les freins

socio-spatiaux auxquels elles sont confrontées. Ainsi, les enquêtes conduites auprès de

touristes en situation de handicap et les diagnostics d'accessibilité au format SIG entre 2009 et

2011 sur des territoires touristiques du littoral Atlantique français mettent en évidence le fait

que les touristes handicapés sont contraints de se déplacer dans des espaces qui leur sont

réservés. Nous proposons donc de réinvestir le concept de liminalité dans le champ de la

géographie pour désigner la forme archipélagique de l'espace de vie des personnes handicapé.

La projection récente du corps déficient dans l'agencement spatiale permet une mise en

accessibilité progressive des territoires de l'habiter touristique. Ainsi, pour analyser ce

processus nous formulons le concept exploratoire « d'écoumène liminale ». Aussi, en se

penchant sur les initiatives et les actions d'adaptation mises en places à plusieurs échelles par

les acteurs du tourisme au sein de collectivités comme Bordeaux, La Rochelle, Saint-Gilles-

Croix-de-Vie ou Barcelone, notre démarche vise à interroger le territoire touristique adapté

comme un modèle d'habiter pour tous.

I. Le tourisme liminal des personnes à mobilité réduite

Le tourisme adapté des personnes déficientes : un tourisme de l’entre-deux

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Quelle est la place de la personne handicapée dans la société ? Voilà une question à laquelle la

géographie française apporte peu de réponse. Pour avoir des éléments de réponse il est

nécessaire de se tourner vers la sociologie, l’ethnologie et l’anthropologie. La théorie la plus

souvent reprise est celle du « stigmate » d’Erving Goffman (1963) qui cherche à démontrer

que l’infirmité est un marquage dont la conséquence est l’évitement du stigmatisé par la

communauté. Mais la théorie sur laquelle s’appuie plus particulièrement notre réflexion est

celle établie par Robert F. Murphy (1990) qui avance l’hypothèse, tout en reprenant les

travaux E. Goffman, selon laquelle les personnes en situation de handicap seraient dans un

état de liminalité permanente. La notion de liminalité renvoie aux travaux de l’ethnographe

français Arnold Van Gennep (1909). A partir de ses observations il a identifié des séquences

de passages que doit vivre un individu pour passer d’un statut social à un autre. Les rites de

passage peuvent être le mariage, le baptême, une cérémonie pour l’attribution d’une fonction

et ont tous pour rôle de faire franchir des seuils sociaux. L’anthropologue américain Robert F.

Murphy qui fut atteint de tétraplégie utilisa son expérience vécue pour caractériser la situation

sociale des personnes handicapées. Dans son livre « The body silent » Robert F. Murphy

décrit le comportement de ses collègues de travail à son égard lorsqu’il reprit ses fonctions

après être devenu handicapé. Il remarqua que sa position sociale avait changé ce qui l’incita à

réinvestir les travaux de Arnold Van Gennep. Il en est venu à caractériser « d’entre deux » la

place sociale des personnes en situation de handicap. Pour lui son état et le comportement de

la société faisait qu’il ne se sentait ni totalement exclu, ni totalement rejeté. La personne

handicapée étant condamnée à rester sur le seuil. Henri-Jacques Sticker (2005) parle même de

« cristallisation, gel, de la situation intermédiaire ».

Dans ce contexte de traitement social du handicap nous pouvons nous interroger sur les

conséquences en matière d’exercice de pratiques des lieux touristiques. N’y aurait-il pas d’une

certaine manière un tourisme de l’entre-deux ? Les travaux de Frédéric Reichhart (2011, p.

20) sur « la constitution et l’évolution des loisirs touristiques des personnes déficientes »

semblent pouvoir nous apporter des éléments de réponse. L’analyse historique du « tourisme

adapté », c'est-à-dire un tourisme qui apporte des réponses spécifiques aux besoins des

personnes souffrants de déficiences cognitives, motrices, auditives ou visuelles, permet de

saisir la « manière dont la société conçoit le « handicap » » Frédéric Reichhart (2011, p. 19).

Ainsi, Frédéric Reichhart souligne que « l’offre touristique et de loisirs destinée aux

personnes déficientes se caractérisent par deux logiques » avec d’un côté le « tourisme

sectoriel » et de l’autre « le tourisme intégré ». Durant le XXème siècle, les associations de

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personnes déficientes comme l’Association des Paralysées de France (APF) ou l’Association

pour Adultes et Jeunes Handicapés (APAJH), pour ne citer qu’eux, ont progressivement

structuré des séjours adaptés sectoriels, c'est-à-dire « proposés uniquement à des personnes

déficientes » (Reichhart, 2011, p. 27). Ces services participent pleinement à l’enjeu de la

politique d’accès aux vacances pour tous inscrites dans la loi d’orientation du 30 juin 1975 en

faveur des personnes handicapés. Cependant l’exercice des pratiques touristiques se fait

majoritairement dans des structures d’accueils spécialisés et les activités proposées ne

permettent pas toujours la cohabitation avec les personnes dites « valides », ce qui ne favorise

pas l’intégration sociale. C’est à partir de ce constat que la notion de liminalité permet de

clarifier la pratique des lieux touristiques des personnes déficientes. Car si la société accorde

un droit aux vacances, le tourisme « intégré », qui définit un séjour en autonomie dans le

« cadre touristique ordinaire » (Reichhart, 2011, p.26), n’est pas encore suffisamment

structuré et accessible pour qu’un nombre important de personnes déficientes puissent profiter

de manières inclusives des aménités.

Le tourisme comme rite d’inclusion

Dans son œuvre « Les rites de passages » Arnold Van Gennep (1909) propose un découpage

en trois étape : préliminaire (séparation), liminaire (transition) et postliminaire (réintégration).

A propos des rites de passage, Jeffrey Willet et Mary jo Deegan (2001) présice que « rites of

separation symbolically detach the individual from an existing point in the social structure.

After this separation, the former social status no longer applies to the individual. In the

transition or luminal stage, the individual is a symbolic outsider with no clearly defined status

or role. The liminal personae (or « liminar ») resides at the margins of society while they

prepare to adopt a new role. The final stage of incorporation allows the individual to adopt a

new social status and re-enter society. If this re-entry does not occur, liminality does not end,

a status possible in hypermodern society but not in small-scale society » Tout comme la

grossesse ou le mariage ont pu être qualifié de rite de passage, Dean McCannel indique que le

tourisme est une forme de « rituel moderne » (1976). En effet, ne pas avoir la capacité de

partir en vacances est devenu un problème, s’apparentant même à une forme de déviance.

Ainsi, nous suggérons que l’exercice de la pratique touristique est un moyen pour les

personnes à mobilité réduite de se sentir intégrer dans la société. Les entretiens menés auprès

de personnes handicapées entre 2009 et 2011i montrent que partir en vacances revêt une

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importance cruciale pour le sentiment d’appartenance au reste de la société. Être vacanciers

s’est « être comme tout le monde ». Le changement de statut que peut entrevoir le tourisme,

en tant qu’étape liminale, a pu être saisi lorsque certaines personnes ont évoqué leur premier

voyage. A titre d’exemple, des entretiens réalisés auprès de personnes devenus paraplégique,

après un accident, ont permis de dévoiler en quoi partir en voyage pouvait être une expérience

changeante. Avoir eu un accident, et se retrouver dans une chaise roulante, a souvent

engendré la perte du désir de sortir. Et c’est souvent lors du premier voyage en tant que

touriste en situation de handicap que les personnes ont retrouvé goût à se déplacer. La réussite

d’un premier séjour touristique a permis à certains de se rendre compte de leur capacité à

prendre du plaisir dans l’exercice de pratiques récréatives et à se mouvoir malgré le handicap.

Le tourisme peut ainsi être vu à la fois comme un rite d’inclusion dans les sociétés

contemporaine et un espace liminal avant une réincoporation en tant qu’ « individu mobile »

(Stock, 2006) à part entière.

II. Ecoumène touristique liminale

La nécessaire mise en accessibilité

Le rapport de Michel Gagneux (1999) sur l’offre touristique dédiée aux personnes

handicapées pointe du doigt les lacunes du secteur touristique à structurer une offre adaptée.

Ainsi, il est mentionnée que « la difficile traduction des normes légales d'accessibilité dans les

faits, la prédominance d'une accessibilité conçue a minima, les lacunes de l'information et la

réticence de nombre d'opérateurs à communiquer en ce domaine, peuvent être interprétées

comme les symptômes d'une certaine frilosité de notre société toute entière vis-à-vis de

personnes handicapées, perçues comme différentes, voire dérangeantes. » (Gagneux, 1999,

p.10) La conception de l’environnement bâti à partir de l’anthropométrie de l’Homme valide

augmente les difficultés de déplacement et génère des situations handicapantesii. Afin de

rompre les obstacles d’accessibilité les aménageurs peuvent se référer au paradigme de la

conception universelle. Il s’agit de concevoir l’aménagement de l’espace et de n’importe quel

équipement de façon à ce qu’il convienne à tous sans nécessiter d’adaptation pour les

personnes ayant une incapacité. Pour cela nous avançons l’idée que l’agencement spatial doit

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reposer sur une anthropométrie systémique, c'est-à-dire un modèle anthropométrique basé sur

les difficultés de déplacement des personnes atteintes d’une réduction permanente ou

temporaire de leurs capacités à se mouvoir.

La politique d’aménagement universelle de la voirie, de l’espace public, des bâtiments et des

transports instaurée par la loi du 11 février 2005 a rendu obligatoire la réalisation de

diagnostics d’accessibilité et la rédaction de plans d’actions comme le Plan de Mise en

Accessibilité de la Voirie et des Espaces publics (PAVE) ou le Schéma Directeur

d’Accessibilité des transports (SDA). Si, la précédente loi n°75-534 du 30 juin 1975 appelée

Loi d’orientation en faveur des personnes handicapées posait comme obligation nationale

l’intégration des personnes handicapées en identifiant clairement l’engagement des pouvoirs

publics, elle n’a eu cependant que des effets limités sur l’agencement de l’espace public.

Ainsi, depuis loi de 11 février 2005, il est possible de voir à l’échelle micro-territoriale de

nombreux aménagements facilitant les déplacements des personnes à mobilité réduite comme

les « bateaux », qui permettent un abaissement des trottoirs au droit des traversées, les dalles

podotactiles qui servent de repère spatial pour les personnes aveugles, ou encore les feux

sonore et les chemins de guidage.

Les terrains touristiques étudiés ont permis de mettre en évidence que les adaptations spatiales

tiennent compte de la corporéité des personnes handicapées. Tous les territoires ne sont pas

adaptés et pourtant il existe des personnes qui partent en vacances. Selon le degré de

déficience il n’est pas toujours nécessaire de partir dans des lieux adaptés. Toutefois, dans les

sites touristiques adaptés, les touristes à mobilité réduite peuvent bénéficier d’un

environnement de qualité leur permettant de se recréer. Ces équipements peuvent être de

différentes natures. Il peut s’agir d’ascenseurs, de toilettes adaptées, de bandes de guidage, de

tablettes tactiles, d’accueils adaptés ou encore des équipements d’aide à la mobilité comme la

Joëlette qui permet de transporter des personnes déficientes sur des sentiers accidentés

(Fig.1). A bordeaux, l’équipe municipale à par exemple financer l’achat de trois plans en

relief permettant aux touristes non-voyant de se représenter des quartiers du centre historique

comme par exemple la place de l’Hôtel de ville ou encore la célèbre place de la Comédie

(Fig.2).

Les sites touristiques littoraux étudiés en Charente-Maritime et à l’étranger ont également mis

en évidence des équipements temporaires dont les collectivités disposent durant la saison

estivale. Ainsi, il a été possible d’observer l’installation de toilettes adaptées supplémentaires,

de vestiaires accessibles (Fig.3), de douches adaptées, ou de totems sur les plages qui sont

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utiles pour l’orientation des personnes ayant un handicap mental. Les totems sont également

très utiles comme repère spatial pour les enfants.

Fig.1 – Joëlette

Source : David AMIAUD, 2010

Fig.2 – Plan en relief de la Place de la Comédie à Bordeaux

Source : David AMIAUD, 2011

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Fig.3 – Vestiaire et douche adaptés à Châtelaillon-Plage

Source : David AMIAUD, 2010

De nombreuses collectivités littorales européennes ont également investi dans l’achat de

chemins de plage (en textile, en bois ou en plastique). Il est ainsi possible de retrouver des

équipements comme les fauteuils de baignade (les « hippocampes » et les « tiralo ») aussi

bien sur la plage de la Concurrence à La Rochelle (Fig. 4) que sur la plage de Nova Icaria de

Barcelone (Fig.5). La plage, lors de la saison estivale est un espace public qui subit des

modifications. Nos observations ont également permis de constater que les agencements de

spécifiques de l’environnement ont une incidence positive sur les possibilités qu’ont les

personnes à mobilité réduite de réaliser des pratiques touristiques comme se baigner, visiter

un musée, se promener.

L'enjeu de la mise en accessibilité répond à une véritable demande sociale et les

aménagements conçus pour faciliter les déplacements des personnes souffrant de déficiences

participent à l’amélioration de la qualité d'usage d'un site touristique.

Pour une théorie de l’ « écoumène touristique liminale »

Si l’espace social des personnes handicapées est liminal, peut-on affirmer que l’espace vécu

est également liminal ? La notion de liminalité utilisée par l’anthropologie a un sens social

mais aussi spatial. En effet, la liminalité interroge des espaces de marge ou des espaces de

passage comme le purgatoire ou un hall d’immeuble. Dans ces exemples l’usage de la notion

de liminalité désigne bien des situations de transitions courtes dans le temps. Hors dans le cas

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de l’utilisation de la notion dans le champ du handicap, la liminalité évoque un état qui

s’inscrit dans la durée. De plus, l’analyse géo-historique du handicap nous montre que les

personnes handicapées habitent ou ont habité dans des lieux spécialisés comme peuvent l’être

l’aumônerie, l’hôpital, l’asile, le centre d’accueil spécialisé. Ces « hétérotopies » (Foucault,

1967) conditionnaient physiquement et durablement dans un entre-deux les personnes

déficientes. La loi de 2005 a impulsé l’élargissement de l’écoumène des personnes

handicapées mais elle se fait principalement par la spécialisation des lieux (place de parking

réservé, toilette adapté, itinéraires accessibles). La mise en accessibilité n’entraînerait-elle pas

la formation d’un habiter pour, et non un habiter avec, qui donnerait un caractère liminal à

l’espace ? En partant du constat que socialement les personnes déficientes souffrent

d’insularité sociale nous émettons l’hypothèse que cet état se traduit par une insularité

spatiale. En effet, pour les personnes à mobilité réduite il est difficile d’assurer la continuité

de leurs déplacements. Pour répondre à l’enjeu de la discontinuité spatiale la loi de 2005 met

avant le concept de « chaîne de déplacement ». La chaîne de déplacement consiste à relier les

différents espaces de vie et de circulations. Malheureusement cette chaîne est dans les faits

souvent rompues. Au sein des territoires touristiques où nous avons réalisé des diagnostics

d’accessibilité avec l’utilisation des SIG, comme à La Rochelle, il a pu être constaté que les

lieux touristiques adaptés sont difficilement connectables (Fig.6). La voirie étant que

partiellement accessible, les personnes à mobilité réduites sont contraintes de se mouvoir dans

des sas spatiauxiii . L’espace morcelé des lieux géographiques touristiques, tout comme les

territoires du quotidien des personnes handicapées, renvoie à la figure du labyrinthe. Pour une

personne dite valide il est théoriquement possible d’aller et venir où bon lui semble. Mais les

territoires de l’habiter n’étant pas équitablement accessibles, ils n’offrent pas la possibilité aux

gens à mobilité réduite de se mouvoir librement. Dans les lieux diagnostiqués nous avons pu

identifier des zones d’accessibilité composées de sites, de places de stationnement et de

couloirs de circulations adaptés. La traduction cartographique que nous avons pu faire montre

que l’écoumène des personnes en situation de handicap à la forme d’un archipel. C'est-à-dire

que les territoires de l’habiter ne sont pas totalement adaptés mais qu’il est possible dans

certaines mesures de pouvoir se déplacer entre des îlots d’accessibilité en utilisant des

transports adapté, des trottoirs adaptés, ou se déplacer d’une place de parking réservé à une

autre.

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L’habiter des personnes handicapées étant marqué spatialement (panneau, fléchage, zones

réservés) nous en venons à la conclusion qu’il existe bien un espace d’entre-deux. Les

personnes en situation de handicap peuvent circuler, côtoyer le reste de la population, sortir de

leur enfermement intérieur pour intégrer un enfermement du dehors où le déplacement du

corps est contraint de se mouvoir dans des espaces réservés. La place réservée dans les

transports en commun traduit bien un phénomène de rapprochement entre les corps valides et

les corps blessés mais sans qu’il y soit réellement question d’une inclusion complète. La place

réservée est stigmatisante et souvent à l’écart comme s’il était encore nécessaire d’éviter

soigneusement le corps malade. Mais pour identifier l’espace de vie des personnes en

situation de handicap dans les sociétés contemporaines nous préférons parler d’écoumène

liminale plutôt que d’espace liminal. Jusqu’au lendemain de la second guerre mondial le sort

des personnes handicapées dépendait de la volonté des valides. Cependant à partir des années

1950 différentes associations de personnes handicapées ont commencé à faire entendre leur

voix, à imposer leur vision et à faire inscrire dans l’agenda politique l’obligation de répondre

à leur demande sociale d’intégration. En partant des travaux d’Augustin Berque (1996) sur

l’ écoumèneiv et la médiance nous proposons la notion d’écoumène liminale qui peut être

évoquée à partir du moment où il y a projection du corps handicapé dans l’espace et que cela

impact l’habiter des lieux communs. Le corps handicapé est devenu une référence

anthropométrique pour l’agencement spatial des territoires de l’habiter. Mais actuellement les

lieux touristiques ne sont pas totalement accessibles et c’est pour cela que nous caractérisons

l’espace touristique d’écoumène touristique liminale. Pour nous l’écoumène touristique

liminale est bien transitoire. Sauf que cette transition ne peut être courte car le réagencement

spatial, essentiel à l’inclusion socio-spatiale des personnes en situation de handicap, ne peut

que s’inscrire dans le temps long des territoires.

III. Vers un habiter touristique pour tous ?

Des pratiques touristiques pour tous

Malgré les difficultés de mise en accessibilité auxquelles peuvent être confrontés les

gestionnaires d’espace touristique, les expériences d’adaptation des sites et territoires

touristiques que nous avons pu observer nous obligent à nous demander si le lieu touristique

ne serait pas, d’une certaine mesure, un modèle d’espace d’inclusion des personnes dites

handicapées ? Pour étayer nos propos nous pouvons prendre l’exemple d’initiatives louables

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mettant au jour que les adaptations ne servent pas seulement aux personnes handicapées mais

à tous. A Saint-Gilles-Croix-de-Vie, des chars à voile utilisables à la fois pour personnes

valides et déficientes donnent la possibilité de créer des moments de plaisirs partagés autour

d’une même pratique divertissante. D’autres exemples peuvent illustrer nos propos comme

dans la tour de la Lanterne située à La Rochelle, où une salle a été adaptée afin de répondre à

différentes incapacités. La salle propose aux visiteurs de toucher des moulages des bas reliefs

(Fig 7). Cette scénographie visuelle et tactile est complétée par un dispositif d’accueil des

personnes souffrant d’un handicap visuel. Ainsi, en plus des moulages, le texte des cartels est

doublé d’une inscription en braille, une maquette tactile de la tour est disponible au rez-de-

chaussée et un document de présentation en braille est disponible à l’accueil. Mais la réussite

de cet aménagement s’exprime à travers le fait que les adaptations sont très utilisées, non

seulement par les personnes souffrant de handicap visuel ou mental, mais aussi par les enfants

ou par n’importe quel visiteur. La même observation de conception transgénérationnelle des

lieux touristiques a pu être observée Musée de Nantes situé dans le Château des Ducs de

Bretagne. Il s’agit là d’un lieu touristique innovant en matière d’approche intégrée des

handicaps et de compromis entre respect du patrimoine bâti historique et réglementation de

mise en accessibilité inscrite dans la loi du 11 février 2005. Situé dans un quartier historique

ancien avec de fortes contraintes d’accessibilité (trottoirs étroits, pavés,…) le château ne

souffre pourtant pas d’une mauvaise accessibilité physique grâce aux nombreux

aménagements favorisant l’accessibilité multimodale (tramway, parking, cheminement

piéton) et des adaptations (ascenseur, sol stabilisé non meuble, rampe d’accès, signalisation)

facilitant la circulation interne pour accéder aux douves, aux remparts ou au Musée.

De plus, le Musée de Nantes bénéficie d’une véritable accessibilité culturelle à destination des

touristes handicapés. La médiation et les scénographies mises en place pour accueillir tous les

publics donnent aux visiteurs des outils variés pour comprendre le patrimoine du Château et

interpréter le message culturel dispensé par l’équipe de médiateurs du Musée d’Histoire de

Nantes. Durant le parcours de visite tous les touristes peuvent bénéficier d’un grand nombre

de supports et d’outils techniques facilitant les apprentissages (tables tactiles, dispositifs

audiovisuels, boucles magnétiques, guide en langue des signes). Tous ces équipements

permettent de multiplier les sources d’information : sonores, visuelles, tactiles. Certaines

tables tactiles recensent en outre des informations historiques qui ne sont présentées sur aucun

autre support ce qui incite tous les visiteurs à utiliser cet outil. La conception du Musée a donc

permis d’aménager un espace touristique multisensoriel et accessible à tous. En somme,

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l’agencement spatial du Musée et la scénographie autorisent à la fois de nouvelles pratiques

du lieu et une expérience d’apprentissage totalement récréative et singulière.

Le lieu touristique : un modèle de territoire inclusif ?

Structurer une offre touristique de qualité à l’égard des personnes à mobilité réduite ne peut

pas se limiter à un lieu. Il est nécessaire de porter une réflexion sur l’environnement du site, et

donc adopter une approche territoriale. Le gouvernement français a d’ailleurs décidé de mettre

en place un nouveau label, Destination pour tous, dédié à identifier des territoires touristiques

adaptés. L’objectif est de favoriser la structuration d’une offre globale permettant aux

touristes à mobilité réduite de mieux appréhender l’accessibilité générale du lieu de leur

séjour. La ville de La Rochelle a entamé sur ce sujet une démarche volontariste de réflexion

pour structurer une offre touristique accessible de son cœur historique et de ses promenades

littorales urbaines. De leur côté, les villes de Bordeaux et de Saint-Gilles-Croix-de-Vie ont été

retenues comme territoires pilotes à la phase de test du label Destination pour tous. Dans les

deux cas de figure, territoire pilote ou démarche volontariste, l’objectif est de mobiliser des

acteurs du handicap (élus, aménageurs, association de personnes en situation de handicap) et

du tourisme afin d’élaborer un offre touristique globale adaptée. Les diagnostics

d’accessibilité axée sur la politique Tourisme et Handicap permettent, comme le demande le

cahier des charges du label pilote, de faire le lien entre les prestations touristiques, les services

de la vie quotidiennes (pharmacie, bureau de poste, cabinet médical,…), les hébergements, les

restaurants, les transports, la voirie et les espaces publics. Ainsi, contrairement aux

réalisations de diagnostics d’accessibilité sectorisés, avec un impact très faible sur les

discontinuités spatiales au niveau des interfaces entre la voirie, les espaces publics, les

bâtiments et les transports, les nouvelles stratégies d’adaptations universelles développées

dans certains territoires touristiques permettent l’élaboration de plans d’actions de mise en

cohérence d’accessibilité. Il s’agit là de véritables outils pour lutter contre le caractère liminal

de l’écoumène de la population des personnes déficientes.

Ainsi, la structuration d’une offre touristique globale adaptée ne semble avoir d’impact qu’à

l’échelle d’un territoire et cela peut s’entrevoir dans le cadre d’une mise en perspective au

niveau européen par exemple. Les villes comme Brighton ou Barcelone ont par exemple été

très souvent citées par les touristes à mobilité réduite questionnés en France entre 2009 et

2011 comme destinations touristiques accessibles. Les résultats des diagnostics d’accessibilité

touristiques effectuées sur ces territoire permettent de formuler l’hypothèse que la

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structuration d’un maillage de prestations touristiques sur un territoire de type « aire urbaine »

permet de faciliter la cohérence des opérations de mise en accessibilité, la participation des

administrés en situation de handicap et de favoriser l’inclusion socio-spatial.

Conclusion

Être touriste en situation de handicap est une expérience sociale et spatiale que la géographie

ne peut ignorer car elle questionne de front la capacité d’accès aux aménités et le droit des

individus de se « re-créer » sans distinction corporelle.

Aussi l’analyse des pratiques touristiques des personnes en situation de handicap baser à la

fois sur une approche corporelle, permettant de cerner les relations qu’un individu entretien

avec l’espace, et sur une analyse territoriale, faisant appel à la notion de liminalité, permet

d’apporter des réflexions nouvelles sur les capacités des individus à pratiquer les lieux

géographique. Mais pour apporter une réponse globale à la question de l’habiter des

personnes en situation de handicap il est nécessaire de proposer une définition opérationnelle

du handicap dans le champ de la Géographie. Ainsi, à l’échelle d’un individu le handicap peut

se définir géographiquement comme un déficit d’inclusion socio-spatiale lié aux capacités

corporelles et à la pénibilité des pratiques de mobilités - sociales et spatiales - au sein de

territoires de l’habiter marqués par des contraintes d’accessibilité.

Au final la démarche tourisme et handicap permet d’entrevoir de nouvelles formes de

pratiques multisensorielles et « re-créatives » ouvertes à tous au sein de territoire dont la

forme de l’habiter touristique favorise l’inclusion socio-spatiale de tous à tous les âges de la

vie.

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Présentation de l’auteur

David AMIAUD est doctorant en Géographie à l’Université de La Rochelle. Ses recherches

portes sur la question de l’équité d’accès aux sites touristiques littoraux pour les personnes à

mobilité réduite. Le sujet vise à explorer la relation entre tourisme et handicap par

l’approfondissement des notions de handicap, de justice spatiale, d’accessibilité et de

liminalité. Les travaux d’investigation s’inscrivent également dans une logique de recherche

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appliquée à travers l’utilisation des SIG et la conduite d’études menées conjointement avec

des collectivités territoriales.

i Entre 2009 et 2011 des enquêtes et des observations ont été conduites auprès des personnes en situation de handicap. L’objectif des entretiens était de saisir sur le lieu touristiques le ressentit des touristes à mobilité réduite sur les conditions d’accès aux pratiques touristiques. Pour cela les entretiens ont été mené à proximité de lieux touristiques connu pour leur accessibilité.

iiA ce propos Robert Imrie et Peter Hall (2000) font le lien entre l’accessibilité et le lien social. Ils précisent notamment que « The physical configuration of the built environment is particularly problematical for disabled people who regard it as signicant in in uencing their social and economic opportunities. »

iii Les diagnostics d’accessibilité ont été réalisés à partir d’une grille d’observation combinant les obligations de la loi du 11 février 2005 et des critères de qualité d’usage recensé suite à des entretiens réalisé auprès de personnes à mobilité réduite. Les diagnostics d’accessibilité permettent d’évaluer le niveau d’accessibilité d’un territoire. Il a ainsi pu être remarqué des écarts entre certaines communes du littoral en matière d’accessibilité de la voirie et des espaces publics (incluant les plages urbaines). Cependant la majorité des diagnostics révèlent des discontinuités majeures au niveau des cheminements piétons des personnes à mobilité pouvant être un frein à l’exercice de pratiques touristiques.

iv Pour notre démarche nous faisons référence à la définition d’Augustin Berque (1996) pour qui « l’écoumène, c’est à la fois la Terre et l’humanité ; mais ce n’est pas que la Terre plus l’humanité, ni l’inverse ; c’est la Terre en tant qu’elle est habité par l’humanité, et c’est aussi l’humanité en tant qu’elle habite la Terre. L’écoumène est donc une réalité relative, ou plus exactement dit, relationnelle ; d’où notre définition : l’écoumène, c’est la relation de l’humanité à l’étendue terrestre. »