revue de presse - le figaro - 7 dec 2012
DESCRIPTION
revue de presse - Le figaro - 7 dec 2012TRANSCRIPT
Mariage gay : au PS, les élus sceptiques font profil bas
Par Anne Rovan Publié le 07/12/2012 à 20:05
Une vingtaine de députés de la majorité serait en désaccord avec le projet de loi sur le mariage pour tous.
Carlos da Silva, député PS de l'Essonne, suppléant de Manuel Valls depuis dix ans,
le reconnaît volontiers. «Je me suis beaucoup interrogé sur le mariage pour tous,
j'ai beaucoup hésité. Je suis sceptique dès lors qu'il s'agit de toucher à l'ordre
sociétal de notre pays. Je suis sceptique parce que je considère aussi qu'il faut,
dans le travail du gouvernement, ne pas se limiter à ses mesures sociétales»,
analyse-t-il. Au terme de plusieurs mois de réflexions, l'élu socialiste, issu d'«une
famille catholique à la portugaise», a finalement décidé qu'il votera «pour» le
mariage et l'adoption par les couples homosexuels. «Mais je voterai contre la
procréation médicalement assistée, que ce soit devant le groupe, en commission ou
en séance. La PMA ne fait pas partie des engagements de François Hollande»,
prévient le député.
À gauche, le projet de loi sur le mariage pour tous n'a pas que des supporteurs.
Certains s'interrogent comme l'a fait Da Silva. D'autres y sont carrément hostiles.
Notamment outre-mer, où «les sociétés sont encore très traditionnelles et où
l'homosexualité est cachéeet très peu visible», affirme un bon connaisseur des
Antilles. «À l'exception peut-être de la Réunion, l'outre-mer n'est pas vraiment gay
friendly», ajoute-t-il.
Prises de position plus discrètes
Pour le moment, seuls quelques poids lourds du PS comme le maire de Lyon,
Gérard Collomb, ou l'ex-premier ministre, Lionel Jospin, sont ouvertement
critiques. Les poids légers sont bien plus discrets. La députée maire de Chambéry,
Bernadette Laclais, s'interroge sur le fait que le mariage pour tous puisse «être
réduit à une revendication de droits ou d'égalité». Le député des Yvelines Jean-
Philippe Mallé, suppléant du ministre Benoît Hamon, est également contre le
projet. «C'est non pour le mariage, non pour l'adoption, non pour la procréation
médicalement assistée», dit-il, ajoutant qu'il se «retrouve totalement dans les
positions de Sylviane Agacinski».
Mais combien sont-ils au juste à être opposés au texte? Une vingtaine, peut-être un
peu plus. Aux interviews dans les médias nationaux, les opposants de gauche
préfèrent les prises de position plus discrètes dans le huis clos de l'Assemblée
nationale et du Sénat. Ou sur leur blog. «Ils sont embarrassés et n'osent pas le dire
parce qu'ils ont été élus sur un projet, celui de François Hollande», analyse Carlos
Da Silva.
C'est le cas du député de Meurthe-et-Moselle Dominique Potier, qui avait réclamé
dès septembre «un débat de fond». «Nous ne mesurons pas, estime l'élu le
4 novembre sur son blog, la profonde dimension culturelle qui est en jeu dans
l'actuel projet de loi». Il ne veut pas en dire plus pour le moment. Tout comme cet
autre élu qui, après avoir accepté le principe d'une interview, fait marche arrière.
«Je ne souhaite pas que mon point de vue soit vécu comme une attaque. Pour le
moment, je suis dans une phase de dialogue et d'explication en interne», dit-il. Ce
député est surtout furieux contre son parti. «Il me semblerait de bon aloi que le PS
et le groupe socialiste nous autorisent à nous exprimer sur ce sujet», finit-il par
lâcher en fin de conversation.