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REVUE DE PRESSE COMMERCE EQUITABLE - Sélection d’articles - Publiés à l’occasion de la Quinzaine du Commerce Equitable (mai 2011) Le Monde – 17 mai 2011 Page 2 L'esprit du commerce équitable menacé par sa banalisation dans les magasins Les Echos Entrepreneur - 12 mai 2011 Page 4 Un marché porteur ? Le Monde – 16 mai 2011 Page 5 Messieurs du G20, pourquoi ne pas vous inspirer de l’exemple du commerce équitable ? Témoignage Chrétien – 17 mai 2011 Page 7 Le blues du commerce équitable La Croix – 15 mai 2011 Page 9 La machine du commerce équitable commence à s’enrayer Politis – Hors Série mai-juin 2011 Page 11 Le grand retour des valeurs La Croix – 15 mai 2011 Page 12 Les concurrents du commerce équitable Les Echos – 24 mai 2011 Page 14 Achats équitables : les collectivités s’y mettent Localtis – 20 mai 2011 Page 16 Le commerce équitable soutenu en plein grain Global Mag ARTE – 26 mai 2011 Page 18 Le commerce équitable : est-ce bon pour la planète ? Novethic – 28 février 2011 Page 20 Des produits équitables « Nord-Nord » arrivent en Grande Distribution Communiqué de Presse – 3 juin 2011 Page 22 EU leaders congratulate 1000 Fair Trade Towns while the European Commission rethinks EU policies

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REVUE DE PRESSE

COMMERCE EQUITABLE

- Sélection d’articles -

Publiés à l’occasion de la Quinzaine du Commerce Equitable (mai 2011)

Le Monde – 17 mai 2011 Page 2 L'esprit du commerce équitable menacé par sa banalisation dans les magasins Les Echos Entrepreneur - 12 mai 2011 Page 4 Un marché porteur ? Le Monde – 16 mai 2011 Page 5 Messieurs du G20, pourquoi ne pas vous inspirer de l’exemple du commerce équitable ? Témoignage Chrétien – 17 mai 2011 Page 7 Le blues du commerce équitable La Croix – 15 mai 2011 Page 9 La machine du commerce équitable commence à s’enrayer Politis – Hors Série mai-juin 2011 Page 11 Le grand retour des valeurs La Croix – 15 mai 2011 Page 12 Les concurrents du commerce équitable

Les Echos – 24 mai 2011 Page 14 Achats équitables : les collectivités s’y mettent

Localtis – 20 mai 2011 Page 16 Le commerce équitable soutenu en plein grain

Global Mag ARTE – 26 mai 2011 Page 18 Le commerce équitable : est-ce bon pour la planète ?

Novethic – 28 février 2011 Page 20 Des produits équitables « Nord-Nord » arrivent en Grande Distribution Communiqué de Presse – 3 juin 2011 Page 22 EU leaders congratulate 1000 Fair Trade Towns while the European Commission rethinks EU policies

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Le Monde – 17 mai 2011 L'ESPRIT DU COMMERCE EQUITABLE MENACE PAR SA BANALISATION DANS LES MAGASINS Par Laetitia Van Eeckhout

Depuis le début des années 2000, le commerce équitable a vu sa notoriété s'envoler. La Quinzaine du commerce équitable, lancée samedi 14 mai jusqu'au dimanche 29 mai, fête d'ailleurs sa onzième édition. Mais les acteurs de ce marché sont aujourd'hui confrontés à un défi : comment poursuivre le développement de ce système économique profitant aux petits agriculteurs du Sud, sans trahir ou dévoyer ses principes, son éthique ? Et ce dans un contexte de flambée des cours mondiaux des matières premières agricoles. Le commerce équitable consiste à acheter à un prix minimum garanti des produits agricoles à des coopératives de petits producteurs. Tout en les aidant à devenir autonomes. Or si ce prix d'achat garanti pouvait être hier supérieur au cours mondiaux, la flambée des prix a changé la donne : aujourd'hui les petits producteurs se voient proposer par des intermédiaires commerciaux d'être payés cash avant récolte et à des prix supérieurs. La tentation est grande pour ces producteurs de succomber à une vente rapide. " Une centaine de containers représentant 2 000 tonnes de café n'ont pu ainsi être honorés ces derniers mois, ne cache pas Christophe Roturier, directeur délégué France de Max Havelaar, dont le label figure sur plus de 80 % des produits agroalimentaires équitables dans le monde. Le phénomène est loin d'être généralisé. Mais il fragilise les coopératives. Demain, quand les cours se retourneront, les producteurs ayant succombé à cette tentation se retrouveront seuls. " Max Havelaar a ainsi récemment revu à la hausse le prix minimum garanti du café, et doublé dans cette filière la prime de développement destinée à financer des investissements productifs. Et ce " pour garder le système attractif ". Renforcer la qualité et la productivité des cultures des petits producteurs est d'autant plus essentiel que le système doit pouvoir répondre à une demande croissante. Depuis cinq à six ans, de plus en plus de marques et de distributeurs cherchent à s'insérer dans cette filière commerciale. Marks & Spencer, Ben & Jerry's, Carrefour, Leclerc, Starbucks... : les exemples sont innombrables. Cette ouverture à la grande distribution et à des géants de l'agro-alimentaire a largement contribué à faire décoller les ventes. Elle a cependant conduit FLO, l'organisme gestionnaire des règles de certification des produits Max Havelaar, à " ajuster " certaines de ses règles de base. En plus des coopératives de petits producteurs, de grandes plantations ont ainsi été insérées dans le système. " Cette décision a été motivée par la volonté de ne pas laisser sur le bord de la route les salariés agricoles pauvres, explique M. Roturier. Et pour certaines cultures, comme le thé ou la banane, il est difficile de faire du volume avec les seuls petits producteurs. Mais nous sommes très exigeants envers ces plantations, en termes de conditions de travail notamment. " Reste que des petits producteurs se sont sentis lésés. Ceux d'Amérique Latine ont même créé en 2006 leur propre label, Simbolo, pour se distinguer des grandes plantations. " Avec Simbolo, nous souhaitons que puissent être identifiés les produits venant des petits producteurs, explique Marvin Lopez, de la Coordination des petits producteurs d'Amérique Latine. Chez nous, les plantations sont liées à des multinationales, face auxquelles les petits producteurs ne font pas le poids et peuvent être mis en difficulté.

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Nous voulons défendre, de l'intérieur, le système et continuer à promouvoir les vraies valeurs du commerce équitables. " Lors de la certification de grandes entreprises, FLO a aussi pu concéder quelques aménagements aux principes fondateurs du système. La règle voulant que tous les ingrédients d'un produit composé soient équitables a ainsi pu être écornée. " Il peut y avoir des explications temporaires au non-respect immédiat de cette règle, pour laisser aux entreprises le temps d'adapter leur filière d'approvisionnement ", note M. Roturier. " Quel est l'impact pour le Sud ? C'est cette question qui préside à toutes nos décisions, ajoute Jean-Louis Homé, président de FLO. Or parfois, obliger à ce qu'un produit composé soit d'emblée intégralement équitable peut mettre en péril des producteurs locaux, lesquels fournissent déjà tel ou tel élément de ce produit. " Pour Abaine Yorokamu, président de Fairtrade Africa, fédérant les coopératives de producteurs d'Afrique, le commerce équitable reste " un bon système. Mais il ne doit pas tomber dans un système de masse qui le rapprocherait du commerce traditionnel. L'enjeu est avant tout de rallier le plus de petits producteurs possibles en amont, pour permettre en aval de distribuer des volumes plus importants ". Avec 1,5 million de producteurs et 3,5 milliards d'euros de chiffres d'affaires dans le monde, le commerce équitable est désormais installé. En France, sa croissance tend cependant à se ralentir : après des années de croissance à deux chiffres, la hausse du chiffre d'affaires est passée à moins de 5 % en 2010. Le contexte économique général peu favorable explique pour une part ce tassement. Face à cela, Max Havelaar France ne relâche pas son travail de sensibilisation, appelant à des actes de " consommation responsable ". Encore faut-il que les consommateurs ne doutent pas de l'impact réel de ces achats sur la vie des petits producteurs du Sud.

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Les Echos Entrepreneur – 12 mai 2011 UN MARCHE PORTEUR ? Par Valérie Talmon Le commerce équitable jouit d’une notoriété croissante côté consommateurs. Il reste cependant délicat à aborder pour les créateurs. Le point. La Quinzaine du commerce équitable, initiée en 2001 par les membres de la Plate-forme pour le commerce équitable, est l'occasion de faire le point sur un secteur qui fait beaucoup parler de lui. Une notoriété accrue, une consommation encore modérée Le commerce équitable est basé sur les principes suivants : - assurer une juste rémunération du travail des producteurs et artisans les plus défavorisés, leur permettant de satisfaire leurs besoins élémentaires, - garantir le respect des droits fondamentaux des personnes, - instaurer des relations durables entre partenaires économiques, - favoriser la préservation de l'environnement, - proposer aux consommateurs des produits de qualité. Encore peu connu il y a 20 ans, le commerce équitable voit aujourd'hui son poids renforcé dans le secteur de la consommation. En effet, la notoriété du commerce équitable est passée de 9 % en 2000 à 95 % en 2010. Hausse des volumes mais aussi diversification de la gamme de produits concernés : il s'inscrit de manière plus forte dans les linéaires ! Cependant, le panier moyen par foyer demeure encore faible : les foyers français font en moyenne 4 achats de produits équitables par an et dépensent 15,9 € dans l'année (Kantar Janvier 2010).

Côté producteurs, le commerce équitable s'adresse aujourd'hui à 1,5 million de producteurs dans le monde et représente actuellement un marché de plus de 3,5 milliards d'euros au niveau mondial. En France, le secteur connait une croissance de 5% en 2010 et un chiffre d'affaires global de plus de 303 millions d'euros. Les produits les plus vendus ? L'alimentaire arrive en tête, représentant près des 3/4 des ventes de produits issus du commerce équitable. Pourtant, d'autres filières se développent fortement : mode et textile, décoration, cosmétique...

Côté distribution, les 2/3 des ventes se font en grandes surfaces. Le reste a lieu dans des circuits spécialisés. Ce secteur « hors-domicile », le plus dynamique, a bondi de +57 % en 2008.

A noter : l'achat équitable en milieu professionnel est en constante progression ces dernières années. Il apparaît aujourd'hui comme un levier d'achats important et prometteur. Pourquoi c'est tendance ? Le commerce équitable s'inscrit dans un courant de prise de conscience directement impacté par la crise. Certes, cette crise pèse sur les achats des consommateurs, mais elle induit aussi une nouvelle manière de consommer. Les garanties Le commerce équitable repose sur un système de garanties sur les conditions de productions, de fabrications, de rémunérations, etc. Se lancer dans ce secteur implique donc de répondre à un cahier des charges strict ! Parmi les garanties et labels existants, on trouve la labellisation des produits (Max Haavelar FairTrade, Equitable Ecocert), la reconnaissance des structures (garantie FTO portée par WFTO, chez Artisans du Monde par exemple). Pour vous y retrouver, un guide des labels est disponible sur le site de la Plate-forme du commerce équitable : www.commercequitable.org/imges/pdf/garanties/guide_labels_ce_2011.pdf

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Le Monde – 16 mai 2011 MESSIEURS DU G20, POURQUOI NE PAS S'INSPIRER DE L'EXEMPLE DU COMMERCE EQUITABLE ? Tribune libre donnée à Jean-Pierre Doussin, président de Max Havelaar France, et Christophe Roturier, directeur Délégué de Max Havelaar France

Après avoir prôné pendant plusieurs décennies le démantèlement des organismes de régulation et la libéralisation des marchés à tout prix, les dirigeants du G20 reconnaissent enfin la nécessité de réguler les prix des matières premières agricoles.

Le commerce est de plus en plus ouvert, libéralisé, globalisé. Ce phénomène s'est accéléré ces dernières décennies, notamment dans un domaine particulièrement sensible, l'agriculture, qui fait vivre 3 milliards d'individus, dont un tiers dans des conditions précaires et de malnutrition.

De fortes inégalités selon la situation de chaque intervenant. Malgré les apparences, la hausse spectaculaire des prix des matières premières agricoles sur les marchés boursiers ne fait pas le bonheur des producteurs des pays du Sud, en particulier des agriculteurs familiaux. Bien sûr, ils arrivent ponctuellement à obtenir un prix qui couvre leurs coûts de production. Néanmoins, ils sont dans une position de plus en plus fragile pour négocier les prix de leurs produits : besoin constant de liquidités pour payer les intrants nécessaires à leurs cultures et augmentation du coût de la nourriture et de l'énergie. Nombreux sont ceux qui se retrouvent dans l'incapacité de faire vivre leur famille du revenu de leur travail.

Les intermédiaires renforcent leurs positions en proposant des prix alléchants aux produits, qu'ils proposent de payer "cash". Certains producteurs succombent à la tentation d'une vente rapide, juste avant la récolte, alors que leur trésorerie est au plus bas et qu'ils n'ont aucune visibilité sur les prix réels à la bourse. Les intermédiaires ont ensuite tout le temps de revendre, en générant de très belles marges à moindre frais, en s'alignant sur l'augmentation des prix mondiaux au moment opportun.

Dans ce contexte, de nombreuses coopératives sont fortement déstabilisées, et ont du mal à rassembler la récolte de leurs membres et honorer les commandes de leurs acheteurs. Pourtant, ces groupements d'agriculteurs familiaux ne représentent pas qu'un simple acheteur. Elles apportent des services techniques indispensables et une organisation collective apte à défendre les intérêts de leurs adhérents sur le marché.

Dans le même temps, au Nord, certains producteurs sont également confrontés au problème d'une juste rémunération leur permettant de couvrir au moins leurs coûts de production. Une forme nouvelle et complémentaire au commerce équitable voit le jour, fondée sur une "alliance vertueuse" entre producteurs du Nord et consommateurs du Nord. C'est le principe même du commerce équitable : créer un lien direct entre paysans et consommateurs, qui s'engagent dans la durée à acheter la production de ceux-ci à un prix rémunérateur.

Les pays du Sud sont-ils condamnés ? L'alternative au pessimisme dans les échanges Sud-Nord existe pourtant ! L'association Max Havelaar considère qu'il est plus que jamais urgent d'agir pour demander une régulation du commerce juste et responsable.

Depuis plus de vingt ans, l'association Max Havelaar construit un système innovant de commerce équitable où les filières sont régulées par les acteurs eux-mêmes. Aujourd'hui, il faut leur redonner une véritable place. Ce système est d'abord porté par des objectifs forts de justice et de développement. Nous proposons une solution économique concrète (et non une aumône), un réel échange valorisant producteurs du Sud ET consommateurs

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du Nord, (pas une redistribution de subventions), une relation vertueuse économiquement et éthiquement pour les deux parties, et non un produit à la mode assorti d'une morale de façade.

Pourquoi ne pas s'inspirer de cet exemple pour rétablir des institutions internationales de régulation, organisées par filière et fondées sur la participation des parties prenantes et plus seulement sur celle des Etats ? Dans le même esprit, et de manière complémentaire, nous soutenons également la création de politiques agricoles dans les pays du Sud, négociées avec les représentants des producteurs, et permettant la constitution et la protection de marchés régionaux.

Notre label international Fairtrade-Max Havelaar met en œuvre et promeut avec rigueur des règles contraignantes d'équité, de transparence, de promotion du modèle coopératif, de respect des droits des travailleurs et de protection de l'environnement. Le label garantit par exemple que le prix minimum fixé pour une vie décente est payé aux producteurs et qu'une prime complémentaire de développement est bien versée à leurs organisations ; de leur côté, les consommateurs, en choisissant les produits du commerce équitable, posent un acte citoyen.

Ainsi, le nouveau système économique régulé que nous promouvons et que nous pratiquons depuis vingt-cinq ans a pour ambition :

• De redonner aux producteurs la place digne qu'ils méritent dans les échanges commerciaux ;

• de donner plus de transparence aux consommateurs pour leur permettre de faire des choix éclairés et responsables,

• Et de donner à tous les moyens de devenir acteurs de leur propre avenir.

Nous sommes convaincus que le commerce international peut être bâti sur d'autres bases. Le G20 doit impérativement prendre ses responsabilités pour impulser cette dynamique nouvelle !

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Témoignage Chrétien – 17 mai 2011 LE BLUES DU COMMERCE EQUITABLE Par Léonore Mahieux REPORTAGE Jusqu'au 29 mai a lieu dans toute la France la 11e Quinzaine du commerce équitable. Pionniers dans ce domaine, les petits producteurs de café de l'État de Oaxaca, au Mexique, sont à l'origine de l’association mondialement connu Max Haavelar, fondée il y a 24 ans. Aujourd'hui, leur situation demeure précaire. Ils sont verts, rouges, dorés… Dans les montagnes de Tehuantepec, une des zones les plus pauvres du Mexique, les grains de café sont partout. Symboles de vie. Ou plutôt de survie. « On ne laisse pas un grain, on les recueille tous précieusement », raconte Elizabeth Jimenez, membre de l’Union des communautés indigènes de la région de l’Isthme (Uciri). Cette coopérative, pionnière du commerce équitable et première collaboratrice de l’association Max Haavelar, a été fondée au début des années 1980 par plusieurs communautés qui ont voulu mettre en commun leur production et l’exporter en supprimant au maximum les intermédiaires. MISÈRE Au fil des années, elles ont aussi mis en place une clinique, des transports, une banque. Objectif : s’organiser pour sortir de la misère. Trente ans après, la situation s’est améliorée mais la misère n’a pas disparu. Les producteurs sont unanimes : « Le café n’est pas suffisant. On est obligé de compléter avec d’autres activités. » Maïs, haricots rouges, poules, quelques têtes de bétail. « Avec ce qu’on gagne on ne pourrait pas vivre en ville. On s’en sort avec ces à-côtés. » Santa Maria Guienagati. Une lumière orange de fin de journée. Claudina Lopez est devant sa maison, une bassine devant elle. Remplie de grains de café auxquels elle enlève la peau. « C’est du vert, explique-t-elle. Celui que l’on garde pour nous. » « On exporte le café de première qualité, précise Jesus Guzman, caféiculteur. Celui de seconde qualité, c’est pour notre consommation. » Les prix du café se sont envolés cette année, le rendant presque inaccessible à ses producteurs. « Le kilo est passé de trente pesos – soit un peu moins de deux euros – à quarante pesos. Et on parle même de quarante-cinq », explique Claudina Lopez. BUDGET Les membres d’Uciri touchent un premier paiement au moment où ils livrent leur récolte, entre janvier et mars. Quelques centaines de kilos, quelques tonnes pour les mieux lotis. Au bout donc, quelques milliers de pesos avec lesquels il faut tenir l’année ou presque. « On survit plus qu’on ne vit, explique Elizabeth Jimenez. On passe les jours. On vit de ce qu’il y a dans la journée. » « Ça ne fait pas beaucoup, confirme Claudina Lopez. L’électricité, les uniformes des enfants qui vont à l’école. Ça devient difficile à partir d’octobre, novembre. » Un imprévu, un enfant malade… et le budget ne tient pas. Les producteurs d’Uciri ont donc pris la décision d’un paiement échelonné. « On touche environ trente pesos par kilo livré, en début d’année, puis cinq pesos pour chaque kilo quelques mois plus tard. Enfin, un ou deux pesos par kilo en septembre, octobre. » Elizabeth Jimenez vante les mérites de la coopérative. « Uciri c’est toute l’année. La banque nous permet d’emprunter si c’est nécessaire. On rembourse sur la prochaine récolte. » Mais le système ne convainc pas tout le monde. Amparo a rapidement quitté Uciri, dès la fin des années 1980. « Pour certains, la dette est telle que, quand ils livrent leur récolte, ils ne ressortent qu’avec leur reçu dans les mains. » Derrière Claudina, une pièce au sol de terre battu. Le feuilleton de 18 heures à la télé. Une poule qui couve dans une caisse à côté du canapé. Elizabeth arrive avec une marmite de café chaud. Un café très allongé, sucré. Ici, l’expresso ne fait partie du vocabulaire. Les enfants vont et viennent, neveux, petit-enfants… Les filles de Claudina vivent dans les maisons à côté.

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PRODUCTIVITÉ Toute la famille est membre d’Uciri et traite d’envieux les voisins critiques. Le fils conduit un camion de l’organisation. Un service de transport public mis en place pour désenclaver les villages et permettre aux habitants d’aller et venir, de se rendre dans les caféiers, d’apporter leur récolte à l’usine de transformation d’Uciri, à quelques heures de là. Deux fois par jour donc, à heure fixe, Hector va jusqu’à Chayotepec, un hameau au cœur des plantations. Une heure de chemins défoncés bordés de cactus épars. Le paysage change avec l’altitude. Les étendues sèches laissent peu à peu la place à la forêt. Et à la fraîcheur. « Un environnement propice à l’arabica », explique Francisco Van der Hoff, prêtre-ouvrier hollandais arrivé dans l’isthme il y a plus de trente ans, et l’un des membres-fondateurs de la coopérative puis de Max Haavelar en 1988. « Le café est arrivé dans la région à la fin du XIXe siècle. Il est rapidement devenu la principale source de revenu des habitants. Il y a ici toutes les conditions pour un très bon café. » Avec un bémol : une faible productivité. « L’unique manière de sortir de la misère était de s’organiser. » « Avant, raconte Elizabeth Jimenez, nous étions totalement à la merci des coyotes. » Des intermédiaires qui venaient acheter le café à des prix arbitraires et toujours dérisoires. « Les gens ne savaient pas et, même s’ils voulaient vendre leur récolte à un meilleur prix, il n’y avait pas de possibilité de transport. On ne connaissait pas les débouchés. » Avec le développement du commerce équitable et l’expansion de Max Haavelar, les principaux consommateurs du café de l’isthme de Tehuantepec sont désormais européens et nord-américains. CHAYOTEPEC Une dizaine de maisons disséminées. Quelques cabanes écologiques à flanc de montagne. Une stratégie de la communauté, issue de l’insuffisance des revenus liés au café : diversifier l’activité. Ce jour-là, les familles sont partagées entre les dernières cueillettes et la construction d’une nouvelle salle. Dans ce village, tout est géré en commun. « Pour ceux qui font un peu d’artisanat, ils gardent une partie des gains et ils en donnent un pourcentage à la communauté, ex-plique Jesus Guzman. Quand tu retapes ta maison, les hommes viennent te filer un coup de main. Une autre fois, on ira aider un autre à nettoyer ses plants de café. » En ce qui concerne le partage des tâches et la répartition des revenus, Uciri n’a donc pas bouleversé les habitudes. Dans les communautés mixtèques et zapotèques de l’État de Oaxaca, la gestion communautaire est une question de survie et de coutume. « La nouveauté, et la plus grande difficulté, a été de réunir plusieurs villages, plusieurs ethnies », explique Francisco Van der Hoff. De trois communautés en 1982, Uciri en compte aujourd’hui soixante-deux. PIRE L’autre changement concerne les techniques de culture du café. « En 1985, les producteurs ont pris la décision de passer de la culture traditionnelle à la culture biologique », retrace le prêtre. « Avant, le café poussait “tout seul”. Pour être certifié par Max Haavelar et la Fairtrade Labelling Organizations (FLO), instance qui gère aussi les prix minimums du commerce équitable, on a dû commencer à nettoyer les plantations, à faire du compost pour nourrir les caféiers », explique Jesus Guzman, en même temps qu’il remplit son dernier panier. Une exigence qui démotive parfois. « C’est plus de contraintes, note Felipe Rio, caféiculteur. Il y a beaucoup de frais. L’entretien des caféiers, la récolte, dépulper le café, le faire sécher, ce n’est pas toujours rentable. » Du coup, les parents doivent se battre pour que les enfants prennent la relève. À Chayotepec, ils sont huit, sur trente habitants, à être partis tenter leur chance aux États-Unis. « Ils sont un peu moins nombreux à partir ces derniers mois, précise Francisco Van der Hoff. Mais ce n’est pas parce que ça va mieux ici. C’est parce que c’est pire là-bas. »

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La Croix – le 15 mai 2011 LA MACHINE DU COMMERCE EQUITABLE COMMENCE A S’ENRAYER Par Séverin Husson et Eric Samson La 11e Quinzaine du commerce équitable se tient jusqu’au 29 mai dans toute la France. À cette occasion, tous les acteurs de la filière se mobilisent pour sensibiliser les consommateurs. Contrôle du bon état des pieds de café dans une exploitation au Nicaragua, en présence du représentant d’une coopérative (au centre) . Malgré les contraintes, le secteur se montre fort de 3,5milliards d’euros de chiffre d’affaires mondial et de 1,5�million de producteurs. Bizarrement, la flambée des cours des produits agricoles enregistrée ces derniers mois ne profite pas aux petits producteurs du Sud. Elle aurait même tendance à déstabiliser le système, qui connaît parallèlement son premier trou d’air en France. C’est à n’y rien comprendre. Dans les années 1990, quand le prix des produits agricoles était au plus bas, il fallait acheter « équitable » pour garantir un revenu décent aux petits paysans du Sud. « Les cours sur les marchés mondiaux ne permettent pas aux producteurs de vivre de leur travail », nous expliquait-on alors. Certes, mais aujourd’hui, les prix se sont envolés… Alors pourquoi les principaux acteurs de la filière tirent-ils donc à nouveau la sonnette d’alarme ? Pourquoi font-ils tous le même constat : l’augmentation des prix fragilise les fondements mêmes du commerce équitable ? Pas si étonnant que ça au fond. Les cours des matières premières agricoles ont flambé à une vitesse et dans des proportions jamais vues. Le café, par exemple, est passé de 1,4 dollar (1 €) par livre en septembre dernier, à 2,96 dollars (2,1 €) cette semaine. Également la tonne de fèves de cacao, qui se négociait en mars à New York autour de 3 666 dollars, le plus haut niveau depuis… 1979 ! « Bien sûr, les paysans du Sud parviennent ponctuellement à obtenir un prix qui couvre leurs coûts de production, explique Julie Stoll, coordinatrice de la Plate-Forme pour le commerce équitable, mais ils sont, eux aussi, acheteurs de produits alimentaires et pâtissent donc de la hausse. » Les « coyotes » ont fait leur réapparition Beaucoup plus inquiétant, avec la remontée des cours, les « coyotes » ont fait leur réapparition au bord des champs de café, de bananes ou de quinoa. Les coyotes, ce sont ces intermédiaires qui viennent acheter la récolte directement aux planteurs. Sans passer par les coopératives du commerce équitable. Tous les moyens sont bons pour convaincre les producteurs de céder les récoltes. Le plus souvent, ils arrivent les bras chargés de caisses de bière ou même d’un peu d’argent. Parfois, ils prêtent aussi des engrais ou dépannent d’un outil pour biner la terre. Certains annoncent des prix élevés, beaucoup payent cash. Si bien qu’un nombre croissant de paysans se laisse convaincre, même parmi ceux qui se sont engagés à vendre une partie de leur récolte à une coopérative du commerce équitable. « Nos organisations sont désavantagées, s’inquiète Marvin Lopez, producteur de café guatémaltèque et représentant de 360 associations présentes dans 20 pays. Nous devons respecter la loi, régler nos impôts avant de payer les récoltes. » Isidro Quishpe n´a jamais cédé aux sirènes des coyotes. Ce producteur de la région de Quillabamba, au Pérou, n’en comprend pas moins plusieurs de ses voisins qui n’ont pas résisté. « Certains ont été déçus par une coopérative mal gérée. D´autres n’aiment pas travailler en groupe ou recevoir des conseils, explique-t-il. Beaucoup préfèrent travailler avec les intermédiaires, moins exigeants que les coopératives, car ils n’hésitent pas à acheter un café mal séché ou de mauvaise qualité. »

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Coopératives menacées de disparition Pour la filière équitable, le résultat est désastreux. Les organisations les plus fragiles ne parviennent plus à rassembler la récolte de leurs membres et se trouvent dans l’incapacité d’honorer les commandes des clients des pays développés. « De nombreuses coopératives sont menacées de disparition, regrette Marvin Lopez. Ces deux ou trois dernières années, certaines de nos associations ont perdu jusqu´à 40 % de leurs membres. » Ces groupements d’agriculteurs familiaux sont pourtant un maillon essentiel dans la chaîne du commerce équitable. Les coopératives accompagnent les producteurs dans leur développement, leur offrent une garantie de débouchés à un prix juste, quel que soit le niveau des cours. Grâce à la prime de développement, cette somme d’environ 10 % versée par tous les importateurs en plus du prix payé pour les matières premières, elles investissent pour améliorer les rendements, former les planteurs, améliorer l’accès aux soins, constituer un fonds d’entraide aux familles en cas de décès. À partir de la Centrale de producteurs de banane organique de Piura, située au Pérou, l’association Agronomes et vétérinaires sans frontières (AVSF) vient de publier une étude très détaillée sur le sujet. « L’impact positif du système est indéniable, assure Barbara Guittard, chargée de programme au sein de l’ONG française. En 2008, cette organisation a été la première du pays à exporter directement ses fruits sur les filières du commerce équitable européen. Ce qui a provoqué une nette augmentation des prix payés au producteur, de 3,5 dollars par caisse à 4,3 dollars. » Pour marquer les esprits, Acopagro a récemment expulsé certains de ses membres qui ont cédé leur récolte aux coyotes. « Nous voulons faire comprendre aux autres les avantages à demeurer au sein de la coopérative », explique Oscar Diaz, l’un de ses responsables. D’autant qu’en plus des coyotes, d’autres concurrents fragilisent les coopératives. À commencer par les filiales de multinationales, qui exportent de plus en plus de produits labellisés « équitable » vers les marchés du Nord. C’est le cas de Dole, le géant américain de la banane, présent dans plusieurs pays d’Amérique latine. Grandes plantations Les grandes plantations constituent aussi une menace pour les coopératives. Il s’agit, dans ce cas, d’entreprises privées employant des salariés, donc des paysans qui ne sont plus propriétaires de leur terre. Pour obtenir une certification équitable, elles versent un salaire décent, payent les heures supplémentaires, offrent de bonnes conditions d’hygiène et de sécurité, garantissent la liberté syndicale… En 2009, ces plantations représentaient 31 % des volumes de bananes équitables commercialisés. « L’arrivée massive de ces deux acteurs dans les filières du commerce équitable contribue dans une moindre mesure au développement local que les coopératives, souligne Barbara Guittard. Les certificateurs devraient en tenir compte. » Faut-il pour autant désespérer ? Non, clament en chœur tous les professionnels du secteur. D’abord parce qu’avec 1,5 million de producteurs et 3,5 milliards d’euros de chiffre d’affaires dans le monde, le commerce équitable est désormais bien installé. Surtout, « il est tout à fait possible de lutter contre les intermédiaires. Si nos membres reçoivent de nous les crédits dont ils ont besoin, ils vendront moins aux coyotes », souligne Marvin Lopez, qui appelle à des « financements internationaux » des coopératives de commerce équitable. Pour faire face à la volatilité des cours, qui bouleverse le secteur, Max Havelaar, l’organisme certificateur, réclame une meilleure régulation et l’instauration d’une plus grande transparence des marchés. Et tous les acteurs du secteur de se tourner vers le G20 agricole, qui se tient à la fin du mois de juin à Paris. La présidence française a en effet promis de mettre le sujet sur la table et entend soumettre à ses partenaires plusieurs propositions concrètes. Une échéance qui sera commentée autour des caféiers.

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Politis – Hors Série mai-juin 2011

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La Croix – 15 mai 2011 LES CONCURRENTS DU COMMERCE EQUITABLE Par Séverin Husson

Après des années d’euphorie, les ventes de produits équitables n’ont progressé que de 5 % en 2010. Aux difficultés historiques, notamment une certaine défiance des consommateurs, s’est ajoutée la concurrence du bio et des produits locaux. Cela devait bien finir par arriver. Après des années de croissance à deux chiffres, les achats de produits équitables ont nettement fléchi en 2010. Selon l’association Max Havelaar, qui certifie 85 % des produits vendus en France (1), la croissance du chiffre d’affaires du secteur est passée de près de 80 % par an, entre 2002 et 2005, à moins de 5 % l’an dernier. « On arrive à un palier, un effet de seuil », reconnaît Julie Stoll, coordinatrice de la Plate-Forme pour le commerce équitable.

C’est pour la grande distribution que le retournement de tendance est le plus spectaculaire. Pendant des années, les enseignes ont contribué à faire décoller les ventes, au point qu’elles écoulent aujourd’hui 90 % des produits équitables. Entre 2006 et 2009, les marques de distributeurs ont même pris jusqu’à 30 % du marché… avant d’arrêter d’investir dans plusieurs produits ces derniers mois, faute de résultats. Bien qu’aucun chiffre ne soit officiellement communiqué, plusieurs professionnels du secteur le reconnaissent : pour la première fois, les ventes ont légèrement diminué en grandes surfaces. « La situation s’est aplanie ou a même régressé », reconnaît Nicolas Mounard, PDG d’Alter Eco. Image du commerce équitable peu lisible Comment expliquer ce tassement ? Par le contexte économique général peu favorable, sans doute. Mais aussi par une certaine défiance des consommateurs, qui jugent l’image du commerce équitable encore peu lisible. « Quand on voit un paquet de café labellisé “équitable” vendu 15 % moins cher que des produits de marque, c’est incompréhensible », souligne Stéphane Comar, l’un des fondateurs d’Ethiquable.

Le label Rainforest Alliance fait également polémique. Cette ONG américaine de protection de l’environnement a certes prévu des critères sociaux dans son cahier des charges de labellisation, mais la démarche demeure différente et ne porte pas les mêmes exigences, notamment en ce qui concerne la question des prix minimums garantis payés aux producteurs. Les géants de la distribution ont bien compris l’astuce : pour surfer sur la vague à moindre frais, certains se passent même du label Max Havelaar et présentent leurs produits comme « durables » ou « solidaires »… ce qui, en réalité, ne signifie pas grand-chose.

Conscients de ces difficultés, Chantal Jouanno et Hervé Novelli, alors secrétaires d’État chargés respectivement de l’écologie et du commerce, avaient annoncé début 2010 la création de la Commission nationale du commerce équitable, une structure censée apporter une reconnaissance publique aux labels qui le méritent. Malheureusement, l’initiative s’est enlisée, notamment depuis que les deux personnalités politiques ont changé de portefeuille. « Personne ne veut aller au bout des choses, confie Stéphane Comar. Ni l’État ni les professionnels du secteur ne veulent prendre à leur charge les coûts inhérents au projet. »

Vêtements équitables Il reste une troisième raison, plus inattendue, pour expliquer le fléchissement des ventes. Ces derniers mois, les grandes enseignes ont consacré une part croissante de leurs linéaires aux produits biologiques, rognant parfois sur la place accordée à l’équitable. La vogue des produits locaux fragilise aussi le secteur. Car évidemment, le bilan carbone d’un pot de miel transporté depuis le Mexique n’est guère reluisant. Alter Eco l’a d’ailleurs bien compris : en mars, l’entreprise a lancé une gamme de légumineuses équitables produites… en Charente-Maritime. Dans ce contexte, les acteurs du marché cherchent

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ailleurs des relais de croissance. Beaucoup proposent maintenant leurs produits aux cafés, hôtels et restaurants, mais aussi aux cantines scolaires et d’entreprise. Certains hôtels du groupe Accor offrent déjà à leurs clients des petits déjeuners équitables.

Le géant américain Starbucks commercialise aussi, depuis mars 2010, du café Max Havelaar. Mais « c’est la filière du coton qui s’en est sortie le mieux l’an dernier, indique Christophe Roturier, directeur des opérations chez Max Havelaar. Nous avons démarché de nombreuses entreprises et collectivités pour qu’elles habillent leurs salariés avec des vêtements équitables. » La Poste, la SNCF ou Truffaut ont sauté le pas. Des précurseurs qui pourraient bien être copiés.

(1) Le label Max Havelaar assure un prix minimum garanti au producteur et le versement d’une « prime d’investissement » aux coopératives de producteurs.

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Les Echos – 24 mai 2011

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Localtis – le 20 mai 2011 LE COMMERCE EQUITABLE SOUTENU EN PLEIN GRAIN Par Olivier Bonnin

Les ventes de café et autres produits équitables ont progressé plus lentement en 2010, dans le contexte de crise. Mais les petits producteurs peuvent encore compter sur l'appui, intact, de nombreuses collectivités territoriales françaises.

Que la Quinzaine du commerce équitable commence ! Lancée le 14 mai, et programmée jusqu’au 29, la campagne annuelle va tenter de séduire de nouveaux "consomm’acteurs" à cette économie solidaire - de brunchs solidaires en animations de marchés, et de conférences-débats en menus scolaires équitables... Bien des collectivités ont offert leur appui aux quelque 300 événements prévus - en subventionnant une manifestation, ou en mettant une salle à disposition. La Quinzaine s’est même ouverte le 12 mai par une table ronde dans l’hémicycle du conseil régional d’Ile-de-France, grâce à un soutien financier de la région, et de la mairie de Paris.

Grain orageux Les "petits producteurs" de café ou de bananes équitables peuvent être reconnaissants : en effet, avec ces dernières années de crise, le développement de ce commerce plus juste s’est quelque peu enrayé. Les produits arborant la marque "Fairtrade Max Havelaar" constituent le principal point de repère sur le marché français : si leurs ventes, en valeur, avaient bondi de 22% en 2008, elles avaient progressé, en 2009, de 13%, avant de n’avancer "que" de 5% en 2010 – pour atteindre 303 millions d’euros. Les difficultés de pouvoir d’achat des Français pourraient avoir rendu leurs porte-monnaie un peu moins militants. Les acteurs équitables peuvent au moins compter sur les collectivités pour passer ce grain orageux. Celles-ci demeurent en effet "un levier essentiel", comme l’explique Julie Stoll, coordinatrice de la Plate-forme pour le commerce équitable (PFCE) : par leurs propres commandes publiques, par leurs actions de sensibilisation des consommateurs, ou "par leurs dialogues avec le monde économique", elles peuvent jouer un rôle précieux pour le secteur. Du reste, même si elles ne sont pas les seules à proposer de la restauration collective ou des distributeurs automatiques, la marque Fairtrade Max Havelaar remarque une belle poussée de 30,6% en 2010 pour ces seules ventes "hors domicile". Quant au marché des vêtements et accessoires professionnels en coton équitable, également prisés des collectivités, il a bondi de 29% l’an dernier. "Nous sentons une volonté politique toujours très forte chez les collectivités, explique Julie Stoll. Elles ont bien compris le besoin de changer nos modes de consommation, afin de modifier nos modalités de production, et de parvenir à un développement plus durable." Rurales ou urbaines, elles se montrent aussi "très réceptives" à l’idée d’un commerce équitable Nord-Nord, qui offrirait également des conditions plus justes aux petits producteurs des Cévennes ou des Monts d’Arrée. Quatre régions et dix-neuf communes ont d’ailleurs pris une série d’engagements précis en se faisant reconnaître "Territoires de commerce équitable". Une quinzaine d’autres collectivités manifestent aujourd’hui leur intérêt pour cette démarche internationale, relayée en France depuis 2009. Deniers publics Les propres difficultés financières des collectivités n’auraient-elles donc pas douché leur enthousiasme ? "Il est vrai qu’elles sont vigilantes sur l’utilisation des deniers publics", constate Gaëlle Giffard, chef du projet "Territoires de commerce équitable" à la PFCE. "Pour autant, plusieurs nous disent vouloir consommer moins, mais mieux. Par exemple, la région Nord-Pas-de-Calais et la ville de Nantes ont déjà choisi de commander des tee-shirts promotionnels en plus petite quantité, mais en équitable, et bio." "Le mot d’ordre de notre municipalité est de faire beaucoup avec peu de moyens", affirme en écho Ikram Benyoussef, chargée des relations publiques à la ville de Longjumeau (Essonne), Territoire de commerce équitable depuis 2009. "Nous nous

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apercevons que nous pouvons faire beaucoup en faveur du commerce équitable avec peu de moyens, grâce aux réseaux, aux associations, aux bénévoles..." Egalement engagée depuis 2009, la ville industrielle de Cluses (Haute-Savoie) s’attend elle-même à être "fortement impactée par la suppression de la taxe professionnelle", comme l’explique Claude Hugard, conseiller municipal délégué au développement durable. "Mais notre maire, extrêmement engagé en faveur du commerce équitable, continuera de tenir la bannière !" Si la volonté de ces élus est intacte, il reste toutefois à offrir "un accompagnement rapproché auprès de leurs services pour changer les pratiques", souligne Julie Stoll. Tout au long de l’année, sa collègue Gaëlle Giffard intervient elle-même pour former les fonctionnaires territoriaux, notamment, à l’achat public équitable. La Quinzaine lui en donne encore l‘occasion : elle devait participer le 20 mai à Strasbourg à une journée de mobilisation auprès d’une dizaine de collectivités.

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Global Mag ARTE – le 26 mai 2011 LE COMMERCE EQUITABLE : EST-CE BON POUR LA PLANETE ? Par Christofer Jauneau

Le commerce équitable instaure une relation de respect et d’équité entre les producteurs du sud et les acheteurs du nord. Rémunération plus juste, plus régulière, aide au financement de projets de développement, le commerce équitable a une forte vocation sociale. Mais qu’en est-il de l’environnement ?

Selon la définition officielle des quatre organisations internationales du commerce équitable (FLO, WFTO(ex-IFAT), NEWS !, EFTA), le commerce équitable « contribue au développement durable en offrant de meilleures conditions d’échanges et en garantissant les droits des producteurs et des travailleurs salariés, en particulier ceux du Sud. » Développement durable oui, mais pas bio pour autant en ce qui concerne l’alimentaire, soit plus des 2/3 de la production du commerce équitable. Néanmoins, cette démarche se développe depuis quelques années. Gérald Godreuil, responsable garantie à la fédération Artisans du Monde précise ainsi qu’un « nombre croissant de produits agricoles issus du commerce équitable sont biologiques ou produits suivant le cahier des charges de l’agriculture biologique mais ne sont pas certifiés pour des questions de coût. »

Julie Stoll, coordinatrice de la Plate-Forme pour le Commerce Equitable ajoute que le commerce équitable porte les germes du bio : « Dans le label FLO de Max Havelaar, il y a des critères qui encouragent le passage à une agriculture biologique. Aujourd’hui plus de 50% de la production de ce label est bio. »

Aide à la conversion bio Pour les producteurs, l’arrivée du bio se traduit par une interdiction des OGM et des pesticides et par l’utilisation de matières gérées durablement et locales, dans le cas de l’artisanat. Le bio implique par ailleurs « le respect des zones protégées et de la biodiversité, le traitement et le recyclage des effluents de transformation des produits agricoles comme le café et le quinoa, la conversion des parcelles vers l’agroforestie, etc. », explique Pierre Gaubert, coordinateur-filières Bio Equitable à biopartenaire, association de promotion de l’équitable bio.

Mais Gérald Godreuil prévient : « Il ne faudrait pas ajouter des contraintes supplémentaires à des producteurs défavorisés et qui de par leurs modes de production peu mécanisé et artisanal impactent peu l’environnement. » Les paysans, souvent très pauvres, sont aidés de diverses manières par le commerce équitable afin de se convertir au bio. Julie Stoll explique : « La rémunération du commerce équitable aide les agriculteurs à effectuer la transition vers le bio car elle entraîne une baisse des volumes et il faut trois ans avant d’obtenir le label, le temps que tous les intrants chimiques disparaissent des sols. De plus, c’est aux producteurs de payer le contrôle pour obtenir la certification bio. » Julie Stoll ajoute que « les revenus générés par le commerce équitable permettent, sur place, d’aider à la création d’infrastructure et de mode de production faiblement émetteurs de carbone. » Sans forcément avoir un label bio, le commerce équitable n’oublie pas pour autant l’environnement.

Bio et équitable font cause commune Devant la convergence du bio et de l’équitable, des certificateurs ont développé des labels qui combinent les deux référentiels. Biocoop a créé une ligne de produits « Ensemble pour plus de sens » qui répond à un cahier des charge bio et équitable. Bio partenaire a créé la marque Bio Equitable parce que : « l’approche de l’équitable n’intégrait pas le bio, hors il s’agit justement pour nous d’une base fondamentale », selon Pierre Gaubert. Ce bio est souvent accusé de ne pas être local. Gérald Godreuil indique

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que : « le bio est un mode de production. La distribution n’entre pas dans le cahier des charges de cette certification. »

Le commerce équitable ne l’est pas non plus. Cependant, grâce au transport par bateau, son bilan carbone est parfois meilleur que des marchandises produites plus près mais selon des procédés non écologiques. Pierre Gaubert relève que : « des rapports démontrent que le bilan CO2 du sucre de betteraves sucrières européenne est plus élevé que le sucre de canne à sucre du Paraguay. » La pollution provient principalement du transport par camion jusqu’au détaillant. Là aussi, des efforts sont consentis. « Biocoop a développé une flotte de camions non polluants », explique Julie Stoll. Finalement, Pierre Gaubert relativise : « Le commerce équitable est complémentaire aux productions locales de nos régions, il ne les concurrence pas. Les produits exotiques comme le cacao ou le café ne sont pas cultivables en France. » A défaut de produire local, le commerce équitable produit éthique et, de plus en plus, bio.

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Novethic – 28 février 2011 DES PRODUITS EQUITABLES « NORD NORD » ARRIVENT EN GRANDE DISTRIBUTION Par Philippe Chibani-Jacquot Alter Eco et Ethiquable commercialiserons au printemps les premiers produits équitables issus de fermes françaises. Cet engagement dans un commerce équitable « Nord Nord » répond à une demande grandissante des consommateurs en produits locaux et responsables et à la nécessité de renouveler le message de l'équité dans le commerce.

« Agriculture française équitable » pour Alter Eco, « Paysans d’Ici » pour Ethiquable. La principale nouveauté du commerce équitable en 2011 réside dans ces deux gammes de produits qui ne viennent pas de pays du Sud, mais bien de producteurs français. Des lentilles, du müesli, des nectars de fruits, des infusions ou encore du vin… Ces produits seront vendus en grande distribution comme leurs cousins du Sud. Au-delà de l’innovation commerciale, la mise en rayon de ces produits relance le débat sur la pertinence d’une mise en œuvre des principes du commerce équitable, conçu pour les pays du Sud, dans des relations avec des agriculteurs locaux.

« Bien sûr cela ajoute une corde à notre arc, mais notre réflexion de fond a été guidée par la cohérence de notre démarche alors que nous étions interpellés par des producteurs d’ici », explique Christophe Eberhart, cogérant d’Ethiquable. « Quelle est notre identité ? demande Nicolas Mounard, directeur opérationnel d’Alter Eco. Nous travaillons avec des petits producteurs dont les coûts de production sont plus élevés en raison d’un modèle de développement différent de l’agriculture intensive : l’agriculture familiale (…) pourquoi ne pas le faire aussi avec des agriculteurs proches de nous ? ». Alter Eco travaille, comme au Sud, avec une coopérative de producteurs. La Corab regroupe 120 fermes familiales et bio de Poitou-Charentes. Leur taille est inférieure à la moyenne et elles privilégient la polyculture. Les premiers échanges avec la Corab font affleurer des problématiques communes à celles du Sud : dépendance vis-à-vis des intermédiaires, exposition à la volatilité des cours, concurrence forte avec l’agriculture intensive… Un débat relancé Jusque-là, la Plateforme française pour le commerce équitable (PFCE), qui fédère une quarantaine de membres, se refusait à embrasser l’idée de filières équitables Nord Nord dans son périmètre d’action, tout en saluant le dynamisme des Amap (Associations pour le maintien de l’agriculture paysanne). A titre d’exemple, les magasins spécialisés du réseau Biocoop, membres de la PFCE par ailleurs, commercialisent depuis des années des produits « Ensemble pour plus de sens » élaborés selon des critères d’équité. Mais Biocoop ne s’est jamais autorisé à emprunter les termes de commerce équitable pour caractériser son offre. Il semble toutefois que la PFCE ait évolué sur ce sujet. Elle réfléchit depuis peu à des éléments de définition d’un commerce équitable Nord Nord. Beaucoup de membres de la PFCE* ont en effet pris conscience que leur message global pourrait bénéficier d’un nouvel élan chez le consommateur s’il peut s’incarner dans les difficultés quotidiennes d’un producteur proche de chez eux. Les principes respectés Ethiquable et Alter Eco s’imposent un cahier des charges qui reprend les grands principes du commerce équitable : fixation d’un prix minimum garanti supérieur au prix du marché, versement d’une prime de développement gérée par le groupement de producteurs, possibilité de préfinancement (Alter Eco verse 50 % du prix à la commande), contractualisation sur plusieurs années de la relation commerciale...

Ethiquable a privilégié des produits attachés à leur terroir comme la crème de châtaignes qui vient de la vallée de la Rance dans l’Aveyron. L’association de producteurs regroupe

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des éleveurs (ovins, bovins, volailles…) et des producteurs laitiers qui trouvent l’occasion de valoriser les châtaigneraies qu’ils possédaient sans avoir de débouchés. « Nous vendons nos productions principalement en circuits courts. La diversification de nos revenus, via Ethiquable, nous aide à renforcer nos actions », explique Jacques Alvernhe, membre de l’association des Paysans du Rance. Ethiquable achète le produit fini au groupement : redonner la main au producteur sur les étapes de transformation a pour effet d’augmenter le prix versé au groupement. Cette part représente, au minimum, 40 % du prix final sur chaque produit de la gamme. « Il s’agit d’être clair sur le fait qu’on souhaite renforcer l’action collective des producteurs », précise Christophe Eberhart. Sur les 11 000 pots de crème de châtaignes livrés pour 2011, 4000 ont été transformés par les producteurs eux-mêmes, qui réfléchissent déjà à investir dans un matériel plus performant.

Pour l’ensemble des producteurs concernés, passer le Rubicon du supermarché a créé le débat : « La grande distribution a détruit pas mal de choses, relate Edouard Rousseau, président de la Corab. Mais (…) Nous avons la volonté de nous réapproprier notre métier, notre lien à la vie, au sol et à la société civile. Pour cela nous devons rendre lisible notre modèle agricole (…) Alter Eco représente pour nous une tribune, un trait d’union entre producteurs et consommateurs. »

* Alter Eco et Ethiquable sont membres de la PFCE.

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Communiqué de Presse – 3 juin 2011

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