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TÉLÉVISION AUGMENTÉE Regardez, écoutez, jouez et twittez ! DANS CE NUMÉRO Jouez en ligne Regardez votre film, faites des pauses, et reprenez Chattez sur les réseaux sociaux Téléphonez Partagez vos photos Connectez-vous Pariez You Tube Netflix TV connectée Les applications Les tablettes Avec les témoignages de : Orange TF1 France TV You Tube Renault Avril 2013 Spécial MIP TV 2013 Spéc MIP TV cial 2013 DANS CE NUM Jouez en ligne e tr o dez v ar eg R es des paus ait f enez epr t r e MÉRO e film, ses, enez epr t r e ez sur Chatt éseaux soc les r Téléphonez os p ez v ag t ar P C t ciaux os t pho ou ez-v Connect iez ar P ube ou T Y Yo tflix e N ée V connect T us ée V connect T Les applicatio es tt able Les t ec v e A es émoignag les t ns s de : e ang Or TF1 V ance T r F ube ou T Y Yo enault R vril 2013 A Av

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TÉLÉVISION AUGMENTÉE

Regardez, écoutez, jouez et twittez !

DANS CE NUMÉRO

! Jouez en ligne

! Regardez votre film, faites des pauses, et reprenez

! Chattez sur les réseaux sociaux

! Téléphonez

! Partagez vos photos

! Connectez-vous

! Pariez

! You Tube

! Netflix

! TV connectée

! Les applications

! Les tablettes

Avec les témoignages de :

Orange

TF1

France TV

You Tube

Renault

Avril 2013

SpécialMIP TV 2013

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DANS CE NUM

! Jouez en ligne

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www.lettreaudiovisuel.com Hors série « Télévision augmentée » - 3

DOSSIER SPÉCIAL

LA TV, MÉDIA GLOBAL

TV enrichie, TV connectée et main-tenant TV augmentée, les adjectifsne manquent pas pour décrire les

évolutions du poste. De la TV à papa, noussommes passés à la TV «plus plus»,connectée aux réseaux sociaux, à l’impri-mante, aux mails, à la tablette. Avec l’arri-vée des live tweets, ces messages de140 signes pour commenter une émission,la télévision reste ancrée dans le quoti-dien du téléspectateur. Et les chaînes s’at-tachent à cibler ces mobinautes, scotchésà leur smartphone, qui pondent des signesaussi naturellement qu’un journaliste. Letéléspectateur est passé de «couch pota-toe» à philosophe en herbe. Actif, il par-tage ses moindres réflexions intimes. Ducoup, les chaînes doivent tout mettre en

œuvre pour que sonattention ne s’égarepas vers d’autres ap-plications, sites ouémissions. Bref, qu’ilreste captif. Quelque soit l’adjectif quilui est accolé, la té-lévision reste la télé-vision ! Un récent sondage dévoilé par laBBC montre qu’elle est à 42% la princi-pale source d’information, bien avant l’or-dinateur (29%), le smartphone (18%) et latablette (10%). Vous trouverez dans ce numéro les clés pour comprendre les en-jeux du marché, avec les réponses d’experts,de groupes médias et de sociétés Internet.

Sandra Muller, directrice de la publication

TV augmentée : on se connecte !L’édito

2013, l’année de la tablette. Enpleine expansion, elle est devenueun outil pour regarder la télévision

p.6

Interview. Cyril Garnier : « Pour TF1,l’application Connect est un véritableterrain de jeu » p.7

Par thème ou par produit, à chaquechaîne ses applis ! Le principal défiréside dans la rentabiliation de cenouveau modèle p.8

Le mobile est-t-il TV-compatible ?Après l’échec de la TMP, la télévisionsur mobile renaît de ses cendressous un nouveau visage p.10

Interview. Michel Jumeau, Orange :« La vidéo est le principal moteur del’explosion du trafic mobile » p.11

Les plates-formes vidéo travaillentà la chaîne. De simples outils departage, You Tube, Viméo et Daily-motion sont devenus des fournis-seurs de contenus p.12

Interview. Christophe Muller, YouTube : « Nous donnons aux produc-teurs les outils, ils s’occupent descontenus » p.13

Le futur de la TV est connecté.Groupes audiovisuels, fournisseursd’accès ou fabricants, qui profiterade cette manne financière ? p.14

Interview. Nicolas Ferry, Samsung :« Nous sommes condamnés à inno-ver » p.15

Le brand content fait le buzz. Lesnouveaux rapports entre publicité etmédias ont fortement influencé latélé p.16

Isabelle Fossecave, Renault. « Nousdevons être là où est le client, etnon l’inverse » p.17

Les télévisions se réinventent pour faire face à la nouvelle donnenumérique p.4 et 5

TRIBUNE

Bernard Benhamou, délégué auxusages de l’Internet auprès du mi-nistère chargé de l’Economie nu-mérique : « Bientôt le livre blanc surla télévision connectée » p.18

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 4 - Hors série « Télévision augmentée » www.lettreaudiovisuel.com

DOSSIER SPECIAL

La télévision se réinvente pour faire Quelques mois ont suffi pour voir la consommation TV radicalement changer. Plus fragmentée, plus interactive, mais aussi plus sélec

Le 26 janvier dernier se tenaient àCannes les 14e NRJ Music Awards, re-transmis comme chaque année sur

TF1 et NRJ. Et cette édition 2013 a marquéles esprits en devenant, selon Mesagraph, leprogramme ayant généré le plus de com-mentaires sur les réseaux sociaux, avec no-tamment 1,45 million de tweets, soit 7930par minute, pour 6,4 millions de téléspec-tateurs. En dehors des frontières, le recordmondial, lui, est détenu par les GrammyAwards 2012, avec 13 millions de tweets (etdes pics à plus de 160 000 par minute) pourprès de 40 millions de téléspectateurs. Unemodification des habitudes de consomma-tion TV que l’on ne peut plus ignorer.

Alors que la publicité a ouvert la voie enfaisant jouer de concert Internet et lesécrans classiques via le brand content (lireen page 16), le téléphone mobile et la ta-blette sont devenus incontournables pourcompléter la consommation classique de latélévision. En France, les applications desgroupes TF1, France Télévisions, Canal+ etM6 figurent dans le top 15 des plus consul-tées sur iPad au troisième trimestre 2012.

Désir d’interactivité

Les téléspectateurs apprécient cet outilmultifonction donnant à la fois accès à lasocial TV, aux programmes de rattrapage, aulive et au partage d’informations sur l’en-semble des programmes des chaînes. Bref,le public aime commenter ce qu’il regarde.

Ainsi, selon Iligo, qui analyse les pratiquesde social TV des Français depuis 2011, ilssont 27% à donner régulièrement leur avissur des programmes de télévision via lesréseaux sociaux. Sur la tranche d’âge 18-34 ans, le chiffre s’élève même à 40% dessondés.

En 2012, 75% des téléspectateurs ontutilisé un second écran tout en regardantun programme TV, selon une étude CSA.Une information à mettre en parallèle avecle taux d’équipement numérique des foyers

français, qui demeure l’un des meilleurs dumonde. Actuellement, 74% d’entre eux pos-sèdent un téléviseur, un ordinateur et un té-léphone mobile, selon une étude sur leséquipements multimédias menée par GfKet Médiamétrie. Les foyers français dispo-saient ainsi en moyenne de 6,3 écrans en2012, contre 6,1 l’année précédente. Et cesindicateurs pourraient continuer à croîtredans les prochaines années, car l’étude in-dique également que lorsque le chef defoyer est âgé de 25 à 49 ans, le nombremoyen d’écrans passe à… 8,9.

Les chaînes peuvent ainsi espérer tou-cher de manière plus fré-quente le téléspectateur,notamment lorsque ce-lui-ci est à l’extérieur(transports, temps d’at-tente, voyages…). Mais

aussi lui proposer des contenus enrichisgrâce aux applications mises en place pourpermettre une interaction avec les pro-grammes diffusés à l’antenne.

Car ces nouveaux supports sont encoreloin de remplacer le téléviseur classique dansl’usage du live. Selon une étude américainemenée par KPMG International, 60% desAméricains préfèrent continuer à regarder latélévision sur leur poste, tout en ayant à por-tée de main un smartphone ou une tablettepour interagir – ou faire tout autre chose.

Mais si la progression du nombred’écrans semble une bonne nouvelle pourles chaînes, elle peut aussi constituer unrisque de voir l’audience s’affaiblir au pro-fit d’autres formes de télévision. Voire fairefuir la cible des chaînes vers du hors captif.

Bouquets vidéo payants

La première d’entre elles, You Tube, as-sure même que dans les prochaines années,la vidéo sur Internet représentera 90% dutrafic sur les réseaux. Robert Kyncl, patrondes contenus de Google, avait même dé-

L’institut Iligo classe les adeptes de la so-cial TV en quatre profils types :– les Emotional Socializers, qui sont atta-chés à leur programme et recherchent unsentiment d’appartenance à une commu-nauté de fans ; – les Brainy Socializers, eux aussi atta-chés au programme, mais recherchantavant tout le débat et l’opposition d’idées ;– les Funny Socializers, plus jeunes, quiadoptent un regard critique vis-à-vis desprogrammes commentés ; – les Factual Socializers, plus distants vis-à-vis des programmes et de la pratique dela social TV, qui cherchent avant tout desprécisions sur ce qu’ils regardent.

QUI SONT LES ADEPTES DE LA SOCIAL TV ?

«L’utilisation d’un second écranest devenue la norme »

Les 14e NRJ Music Awards, retransmis en direct sur TF1 et NRJ, ont généré 1,45 million de tweets en une seule soirée.

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claré lors du dernier Mipcom«qu’en 2020, 75% des chaînes detélévision seront diffusées viaInternet». Quelques jours plustôt, You Tube annonçait le lan-cement de 60 nouvelleschaînes originales dans plu-sieurs pays dont la France (oùelles sont au nombre de 13),s’ajoutant aux quelque 150 déjàprésentes sur le territoire amé-ricain. Un signe fort qui s’ac-compagnera, prochainement,de la mise en place d’un nou-veau bouquet de 25 chaînes… payantes !

Mais le géant californien n’est pas leseul à marcher sur les plates-bandes deschaînes de télévision. Dailymotion, quivient d’être racheté par Orange, proposeainsi déjà du contenu thématique payantpour les enfants avec son offre Dailymo-

tion+, et entend tester, dans certains payscomme la Turquie, une formule avec plu-sieurs chaînes disponibles sur abonne-ment. De son côté, Vimeo a été le premieracteur à faire payer une partie de ses conte-nus et vient récemment de développer unsystème de vidéo à la demande.

Une stratégie que connaît bien Netflix

qui, depuis sa création en 1997, ne cessed’accroître son nombre d’abonnés (plus de27 millions aux Etats-Unis fin 2012), en pro-posant toutes sortes de programmes : films,séries, documentaires. Grâce à un cataloguedéjà considérable – environ 100 000 titresdisponibles – et de nouveaux accords

conclus avec les majorsaméricaines, Netflix atout pour devenir unnouveau modèle de té-lévision.

D’autant que sonPDG, Reed Hastings, est convaincu que «latélévision du futur n’est autre que la télévi-sion sur Internet». Et si l’on observe lesétudes publiées aux quatre coins de la pla-nète sur le nombre d’heures passées par lesinternautes à regarder des vidéos en toutgenre, il est difficile de lui donner complè-tement tort. Selon Médiamétrie, on compteactuellement 33,7 millions de vidéonautesen France, pour un temps passé moyen de4h50 par mois – voire le double pour la gé-nération des 15-24 ans. Certes, ces chiffressont pour le moment dérisoires comparésaux 3h50 passées par jour devant la télévi-sion. Toutefois, les plus jeunes ont tendanceà délaisser cette dernière au profit d’Inter-net. Et ce ne sont pas les 22 heures de conte-nus vidéo visionnés chaque mois par unAméricain moyen qui risquent de fairechanger d’avis Reed Hastings…

L’agence ZenithOptimedia, qui étudieles taux de pénétration des nouveaux équi-pements connectés au sein des 19 pays lesplus développés de la planète, affirme quela France est la deuxième nation la plusconnectée derrière la Norvège, avec 35,7%

de taux de pénétration enmoyenne pour les trois équi-pements (box ADSL, smart-phone, tablette). Pourtant, laTV connectée n’en est encorequ’à ses balbutiements. PourBernard Benhamou, déléguéaux usages d’Internet, quiplanche sur cette question ausein des ministères de la Re-cherche et de l’Economie nu-mérique, «aucune solution n’avéritablement émergé à l’heure

actuelle. Donc personne n’est ca-pable de prédire ce que sera le futur de la té-lévision connectée.»

Période de transition

La question de l’interface est au cœur dela problématique. Les géants Apple, Sam-sung, Sony ou Google apportent une partiedes réponses, mais la situation est loind’être figée. Les box ADSL, déjà très pré-sentes avec 38% des foyers équipés, arrive-ront-elles à tirer leur épingle du jeu ? Et leschaînes ? Quels sont leurs champs d’ac-tion ? Doivent-elles proposer des servicesenrichis aux téléspectateurs, au risque devoir leur modèle économique s’affaiblir pe-tit à petit ?

Les chiffres sont rassurants : 92,6% desFrançais utilisent leur téléviseur au moinsune fois par semaine, et la durée d’écoutequotidienne par personne a encore aug-menté en 2012, pour battre un nouveau re-cord historique : 3 h 50 en moyenne (3 h 46en live et 4 minutes en différé), soit 3 mi-nutes de plus qu’en 2011.

Pourtant, jamais la télévision dite tra-ditionnelle n’a semblé confrontée à unetelle concurrence et jamais le public n’aparu aussi volatil. Et ce n’est qu’un début,car 2012 est considérée par les spécialistescomme une année de transition. Il faudraprobablement attendre la fin de 2013 pourporter un regard neuf sur le paysage télé-visuel français. Les nouveaux modes deconsommation de la télévision sont déjàlà, du smartphone à l’ordinateur en pas-sant par la tablette tactile, les plates-formes vidéo, la TV connectée, la vidéo à lademande… Thibault Bonnafoux

«Les plates-formes vidéo, une nouvelle concurrence»

face à la nouvelle donne numérique tive, elle redessine les frontières du métier. Un défi que la profession doit relever sans tarder si elle veut continuer à prospérer.

Selon Médiamétrie, en 2012, 31,4% desinternautes, soit 13,4 millions de per-sonnes, avaient déjà regardé une vidéo à lademande payante via un service de VODsur le téléviseur, l’ordinateur, le mobile oula tablette. La part de «VODistes» est enconstante augmentation, puisqu’elle s’éle-vait à 21% des internautes en 2011. Lesadeptes de la VOD sont de plus en plusjeunes : les internautes âgés de 25 à 34 anssont en tête, 43% d’entre eux l’ayant déjàpratiquée. Ils sont suivis de près par les 15-24 ans et les enfants de 6 à 14 ans. Le té-léviseur reste l’écran le plus utilisé (63%)devant l’ordinateur (37%), le smartphone(7%) et la tablette (4%).

LA VOD DE PLUS EN PLUS DEMANDÉE

Commenter et partager les émissions fait partie intégrante des habitudes télévisuelles.

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6 - Hors série « Télévision augmentée » www.lettreaudiovisuel.comDIGITAL

2013, l’année de la tabletteEn pleine expansion au sein des foyers français, l’écran tactile est devenu un outil pour regarder la télévision grâce à la variété d’usages qu’il permet.

La croissance du marché des tablettesdans les prochains mois prometd’être spectaculaire. Non seulement

un internaute européen sur sept en pos-sède déjà une, mais une récente étude ducabinet Forrester indique que, d’ici2017, ce nombre va quadrupler. «Lepourcentage d'adultes possédant unetablette passera de 14% en 2012 à 55%en 2017», résume Forrester dans sonétude, issue d'un sondage réaliséauprès de plus de 13.000 consom-mateurs en France, Allemagne, Italie,Pays-Bas, Espagne, Suède etRoyaume-Uni.

En France, la proportion desadultes connectés possédant une ta-blette devrait passer de 9% à 50% surla même période, précise l'étude.«Cette croissance spectaculaire est lasuite logique de ce qui a été une année char-nière pour les tablettes, le nombre de posses-seurs ayant doublé en 2012», rappelle l’ins-titut américain.

Les programmes TV5 Monde

dans le TGV

L’utilisation de l’objet semble égale-ment arriver à maturité. Le service IDTGVde la SNCF propose ainsi, à bord des trains,des tablettes sur lesquelles il est possible

de regarder des films, lire la presse maisaussi visionner des émissions de télévision.Baptisée DigiTab, cette offre de divertisse-ment, payante (à partir de 10 euros), estune aubaine pour TV5 Monde, qui a décidéd’y présenter le meilleur de ses pro-grammes «Art de vivre» et «Evasion». Naguiet sa célèbre émission musicale Taratatafont aussi partie de l’aventure.

Si la compagnie ferroviaire en vient àproposer cette option à ses clients, c’estque l’année 2012 a marqué un tournantdans l’utilisation des tablettes commeécran de visionnage. Les Français pren-nent en effet de plus en plus l’habitude de

regarder leurs émissions favorites sur lestablettes, en direct ou en rattrapage. Ainsi,le baromètre annuel de la TV en ligne deGfK indique que plus de 3 milliards deprogrammes télévisuels ont été visionnés

en ligne en 2012, soit un milliard de mieuxqu’en 2011.

Certes, l’ordinateur demeure le supportprincipal pour 49% des usages, mais il perd13 points en un an. A l’inverse, les écransmobiles (smartphones et tablettes) sont lesgrands bénéficiaires : ils gagnent 5 points en2012 (de 11 à 16 % des usages).

Qui dit tablette dit à la fois catch-up TV,live et second écran. Parmi les 14,1% desfoyers français équipés, tous n’ont pas lesmêmes usages. Médiamétrie indique ainsi

que 1,8 million de per-sonnes de 15 ans et plusont déjà utilisé une ta-blette pour regarder la té-lévision, en live ou en rat-trapage. Les propriétaires

d’iPad sont 44%, chaque semaine, à regar-der au moins un programme de télévisionsur leur tablette.

88% des Américains regardent

la TV tablette à la main

Si la pratique la plus courante sembledonc être le remplacement pur et simplede la TV, on note une nette progression del’utilisation en «second écran». Une en-quête mondiale de l’institut Nielsen mon-tre ainsi qu’aux États-Unis, 88% des ta-blonautes ont utilisé leur tablette enregardant la télévision au moins une fois

au cours des 30 jours précédents, et 25%plusieurs fois par jour. En Grande-Bre-tagne, ils sont 80% à avoir l’habitude de vi-sionner, au moins une fois par mois, unprogramme télévisé tout en se servant de

leur appareil tactile. En Italie et enAllemagne, ce chiffre s’élève à 71%.Les tâches les plus souvent effec-tuées sont l’envoi et la consultationd’e-mails, ainsi que la recherched'informations sur les émissions encours de diffusion ou sur les pro-duits présentés lors des publicités.

Si aucun chiffre précis n’est en-core disponible pour la France,cette étude portant sur des paysproches est du pain béni pour leschaînes, qui entendent bien profiterde l’émergence des tablettes dansles foyers français pour développer

l’usage du second écran et de la «socialTV».

Dans ce nouveau champ d’action, legroupe TF1 semble avoir pris une lon-gueur d’avance sur ses concurrents avecson application Connect (lire ci-contrel’interview de Cyril Garnier). Car, finale-ment, celui qui arrivera à rendre le plus in-teractif possible son contenu live aura ga-gné la première manche de la télévisionsur les tablettes.

Thibault Bonnafoux

Le live tweet est le fait de publier une sé-rie de messages sur Twitter afin de re-transcrire en temps réel ce que l’on voit,entend ou comprend de manière factuelle(par exemple des propos tenus) et/ou sub-jective (des avis ou impressions) lors d’unévénement ou un programme télé. EnFrance, un live tweet sur deux concerneune émission de télévision. Ainsi, les pro-grammes forts de télé-crochet comme TheVoice ou Star Academy dépassent et ontsouvent dépassé les 100 000 tweets parémission. Le programme de NRJ 12 a d’ail-leurs généré plus de 1,7 million de tweetslors de ses 13 prime time. Le record absoluen la matière appartient à TF1 et ses NRJMusic Awards, avec 1,45 million de mes-sages pendant le show, soit environ7900 tweets par minute.

LE LIVE TWEET, NOUVELLE STARDE LA TÉLÉ

«Le nombre d’utilisateurs a doublé en France en 2012»

Telfrance, producteur de Plus belle la vie (France 3) a été l’un des premiers à intensifier sa stratégie sur le second écran.

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« Pour TF1, l’application Connect est un véritable terrain de jeu »Qu’est-ce que Connect ?

Cyril Garnier. Connect estune nouvelle fonction de l’appli-cation My TF1. Il s’agit d’un enri-chissement ambitieux pour TF1.D’abord d’un point de vue édito-rial, avec des contenus addition-nels proposés en complète syn-chronisation avec l’antenne.Ensuite, socialement, Connect of-fre la possibilité de suivre et departiciper aux débats sur les ré-seaux sociaux, mais aussi, avecInstant Replay, de partager uneémission en sélectionnant des ex-traits vidéo de 30 secondes. En-fin, dans un certain nombre deprogrammes, comme The Voice,nous avons mis en place un jeuen direct avec nos internautes, Le5e Coach, qui suit précisément ledéroulé de nos émissions.

Quel est le public visé ?

C.G. Pour l’instant, Connect sert à ac-compagner nos directs. Donc, nous ciblonsles internautes qui viennent regarder nosprogrammes.

Avez-vous quelques chiffres d’audience

pour Connect ?

C.G. Nous savons que sur un pro-gramme comme The Voice, qui peut fédé-rer plus de 9 millions de téléspectateurs,200 à 300.000 internautes utilisent simul-tanément cette application sur un secondécran.

Où ces nouvelles écritures numériques

vont-elles s’appliquer prochainement ?

C.G. Le 26 mars, Connect a été étendueaux matchs de football, à l’occasion de larencontre France-Espagne, qualificativepour le Mondial 2014. Le dispositif permetaux téléspectateurs de suivre en direct lesstatistiques du match, de revoir les actionset de discuter entre eux sur les réseaux so-ciaux. Mais nous commençons égalementà réfléchir à la façon d’adapter Connect àd’autres programmes, comme Secret Story

ou Danse avec les stars, et à tester d’autresmodules d’interaction. Pour TF1, Connectest un véritable terrain de jeu.

La chaîne TF1 est grande consommatrice

de fictions. Peut-on imaginer, à terme,

pouvoir se mettre dans la peau d’un per-

sonnage grâce à Connect ?

C.G. Tout à fait. Dans le futur, nous al-lons pouvoir proposer deux niveaux d’en-richissement. D’abord, une approche quicomplétera l’expérience de la fiction avecdes éléments issus du tournage, en mon-trant les coulisses, par exemple. Ensuite,c’est évidemment l’univers du transmédiaqui nous intéresse. L’écriture future des fic-tions devra être plurielle et multimédia.Mais il faudra y penser dès l’écriture, avecles producteurs – et il est plus simple de lefaire avec les producteurs français plutôtqu’étrangers. Aujourd’hui, le marché fran-çais est propice : les producteurs nationauxsont très motivés.

L’avenir de Connect, vous l’imaginez

comment ?

C.G. Radieux ! Je l’imagine surtout plusconnecté, plus éditorial, plus social. Cecidoit nous rendre encore plus pertinents.

Par exemple, nous devons faire ensorte que les discussions socialesrelayées sur Twitter intéressent leplus grand nombre. Le social doitêtre opportun dans le messagequ’il véhicule. Nous devons no-tamment apprendre à nousadresser aux téléspectateurs ouaux internautes qui ont envied’un regard ou d’un enrichisse-ment spécifiques.

Pensez-vous qu’un jour la télévi-

sion ne pourra plus s’imaginer

sans le second écran ?

C.G. Oui. Nous sommes à pré-sent passés au stade de l’enrichis-sement et de la sophistication decette approche. Et puis, les offres,l’intérêt éditorial des chaînes etles outils sont là. Nous le savons

depuis longtemps : quand des téléspecta-teurs regardent un programme, certains ontenvie d’en savoir un peu plus. La questionqui se pose désormais est de savoir ce qu’onleur donne.

Comment imaginez-vous l’avenir de la

télévision ?

C.G. La télévision reste en position deforce : elle crée le programme et le rassem-blement. Le second écran ne fait qu’enri-chir et accompagner. Nous allons doncnous développer dans le digital, mais ja-mais au détriment de l’antenne. Les gensadorent l’audiovisuel et continueront à leregarder. Le produit «télévision», de par sasimplicité, est complètement légitime. Il n’ya pas de raison que cela change. En touscas, nous n’en détectons aucun signe.

2013 est-elle l’année du numérique pour

les chaînes ?

C.G. Les chaînes sont entrées dans l’èrenumérique il y a déjà longtemps ! Mais jepense que 2013 est véritablement l’annéede la social TV, au sens où depuis quelquesmois on assiste, en plus du digital, à une vé-ritable explosion autour du social et du se-cond écran. Propos recueillis par Julien Bouisset

«L’écriture des fictions devraêtre plurielle et multimédia»

www.lettreaudiovisuel.com Hors série « Télévision augmentée » - 7LA PAROLE A...

INTERVIEW Cyril Garnier, directeur de My TF1, détaille le fonctionnement du service Connect, ainsi que ses prochains développements.

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8 - Hors série « Télévision augmentée » www.lettreaudiovisuel.comAPPLICATIONS

Par thème ou par produit,à chaque chaîne ses applis !Pour répondre à la demande des téléspectateurs, les groupes audiovisuels multiplient les applications multimédias. Mais,plus que la structure de l’offre ou les contenus, le véritable défi réside dans la rentabilisation de ces nouveaux dérivés.

«Vous allez voir ce que vous vou-lez voir !». Un slogan qui frappefort et un succès à la clé pour

My TF1, qui, avec plus de 5 millions de té-léchargements, est récemment devenuel’application média la plus téléchargée.Mais si TF1 et les autres chaînes se dotentd’une véritable stratégie en la matière, c’estqu’avec 40 milliards d’applications télé-chargées dans le monde via l’Apple Storedepuis 2008, dont 20 milliards en 2012, lesenjeux sont considérables.

En France, les applications des groupesTF1, France Télévisions, Canal+ et M6 fi-gurent dans le top 15 des plus consultéessur iPad au troisième trimestre 2012. Preuves’il en est que les téléspectateurs apprécientcet outil multifonction donnant à la fois ac-cès à la social TV, au catch-up, au live et aupartage d’informations sur l’ensemble desprogrammes du groupe ou sur une émis-sion en particulier.

Pour les chaînes, il devient ainsi capitalde proposer des applications spécifiques àcertains programmes, comme le confirmeFabienne Fourquet, directrice des nouveauxcontenus de Canal+ : «Nous nous deman-dons quels vont être les programmes forts,avec des grosses bases de fans, qui peuventjustifier la création d’applications spéciales.Il est indéniable que cette montée en puis-sance de la social TV nous pousse à enrichirau mieux nos programmes exclusifs pour

que l’usage des applications soit récurrent, delongue durée et suscite un fort engouement.»

France Télévisions multiplie les effortssur les applications, notamment en redy-namisant Pluzz ou en proposant des nou-veautés comme les applis France TV Sport,France TV Info, Les Zouzous et C à vous.

Il y a cinq mois, M6 devenait la premièrechaîne française à tester, en second écran,

l’interactivité pendant les primes de La France a un incroyable talent grâce à sonapplication Devant ma TV. Aujourd’hui, onzeprogrammes du groupe (Top chef, 100%mag, Capital…) bénéficient de cette expé-rience enrichie, avec déjà plus d’un milliond’interactions depuis le lancement.

Investissements à long terme

Canal+ a, de son côté, beaucoup misésur Canaltouch, une application multifonc-tion intégrant live, catch-up TV, guide desprogrammes… avant de se diversifier en

proposant des appli-cations autour desrendez-vous fédéra-teurs comme le foot-ball avec Canal Foot-ball App, l’appli Bref,

qui fut un immense succès, et plus récem-ment une spéciale Borgia proposant un jeud’enquête et de stratégie. Les programmesindémodables de Canal+ comme Les Gui-gnols ou Groland possèdent également leurapplication.

Selon une récente enquête réalisée parla régie mobile InMobi, 59% des 15.000 mo-binautes interrogés se disent autant à l’aise

avec les publicités mobiles qu’avec cellesqu’ils peuvent voir à la télévision ou sur In-ternet. Et ils seraient même 67% à se ren-seigner sur un produit ou une marque aprèsavoir vu une publicité sur une application.

Une bonne nouvelle pour les chaînes,qui ont toutes opté pour le modèle publici-taire plutôt que pour l’accès payant. KévinBenharrats, président d’NRJ Global, dontl’application NRJ 12 cumule près d’un mil-lion de visites chaque mois, propose désor-mais «des dispositifs globaux pour les an-nonceurs, avec la mise en place d’équipesdédiées sur ces opérations à valeur ajoutée».Pour Fabienne Fourquet (Canal+), «l’intérêtdes annonceurs pour les applications est trèsimportant. Pour l’instant, nous sommes en-core en mode test. Mais il s’agit pour nousd’investissements sur le long terme. En effet,la rentabilité n’est pas encore effective, toutsimplement parce que les usages restent bienmoindres que sur les sites Web.»

Objectif : fidéliser les téléspectateurs,en espérant qu’un jour le volumeconsommé devienne suffisant pour attein-dre la rentabilité. Ce qui pourrait bien nepas tarder car les nouvelles technologiesbouleversent souvent l’espace-temps.

Thibault Bonnafoux

« Les applis médias figurent dansle top 15 des plus consultées»

Le 2 février dernier, TF1 a lancé une application qui a contribué au succès de son émission de télé-crochet.

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10 - Hors série « Télévision augmentée » www.lettreaudiovisuel.comSMARTPHONES

Le mobile est-il TV-compatible ?L’abandon de la télévision mobile personnelle semblait sonner le glas du développement de la TV sur smartphone. Ecranstrop petits, débits trop faibles… Et pourtant, elle semble à présent renaître de ses cendres, parée de nouveaux atours.

«Nous sommes entrain d'entrer dansl’ère post-smart-

phone. » Cette phrase prononcéepar Shawn DuBravac, économisteen chef de l’association deconsommateurs Consumer Elec-tronics Association, lors du der-nier CES à Las Vegas, n’a pas sur-pris les professionnels et lesjournalistes du secteur. Evidem-ment, pas question d’un effon-drement du marché, bien aucontraire. En 2012, 13,5 millionsde smartphones ont été vendus enFrance, soit une augmentation de 18% surl’année. Dans le même temps, le marchémondial a connu une envolée, avec 50% deprogression par rapport à 2011 pour un to-tal de 720 millions d’appareils vendus.

L’ère «post-smartphone» en question

porte plutôt sur les usages. En effet, 65%du temps passé sur les smartphones seraitdésormais consacré à des activités exté-rieures à la téléphonie. De quoi réjouir lesacteurs du monde de la télévision, qui œu-vrent pour que leurs contenus soient vus viales téléphones de dernière génération.

Dans son discours, l’économiste améri-cain Shawn DuBravac ajoute : « Les utilisa-teurs disposant aujourd'hui d’écrans demeilleure qualité, nous nous orientons vers

une demande d'images en haute résolution.»Il est vrai que la qualité et la taille de

l’écran sont désormais des facteurs déter-minants dans le choix d’un mobile. En dé-cembre dernier, 20% des smartphones ven-dus en France disposaient d’un écran

supérieur à4,5 pouces etétaient dotésd’une trèshaute qualitéd’image, contre

seulement 11% un an plus tôt. Rien d’éton-nant au vu d’une étude de KPMG sur leschangements de comportement des utili-sateurs de smartphones, qui révèle que 24%des personnes interrogées, dans le monde,préfèrent regarder les programmes TV etles films sur leur mobile ou smartphone.Ils sont 11% à être du même avis en France.Les mobinautes seraient donc de plus enplus désireux de se servir uniquement deleur téléphone pour regarder la télévision.

Il fut un temps – pas si lointain – où la té-lévision mobile personnelle (TMP) étaitd’ailleurs au centre de toutes les attentions.Un temps où les 13 chaînes privées (TF1,M6, Canal+, Direct 8 remplacée par D8, NT1,NRJ 12, I-Télé, Europacorp TV, Virgin 17 rem-placée par D17, Eurosport, Orange Sport,BFM TV, W9) et les trois chaînes publiquesFrance 2, France 3 et Arte devaient présenterau CSA une société qui assurerait les opéra-tions techniques nécessaires à la diffusiondes programmes sur les mobiles. Mais leprojet n’a finalement pas vu le jour : seule-ment quelques mois après le retrait des opé-rateurs Orange et SFR, c’était au tour de TDF

et Virgin Mobile, qui avaientpourtant annoncé un partena-riat susceptible d’aboutir à laTMP dans les grandes villes, dejeter l’éponge.

En janvier 2012, les seizechaînes concernées ont de-mandé au CSA de mettre unterme définitif au projet,après cinq longues années dediscussions. Les autres pays(Etats-Unis, Italie et Pays-Bas,notamment) ont été plus ra-pides dans l’abandon du pro-

jet faute de modèle écono-mique satisfaisant.

Car, évidemment, le nerf de la guerrereste la monétisation. Il est bien plus in-téressant pour les opérateurs de passerpar les réseaux actuels 3G, 3G+ et 4G quepar une offre TMP qui ferait perdre lecontrôle des contenus. C’est donc par lebiais d’applications ou de forfaits spéciauxque les utilisateurs doivent passer pourregarder les émissions en live. Ainsi, lesgroupes TF1, M6, Canal+ et France 24 pro-posent ce service après avoir téléchargél’application au préalable.

Multiplicité des usages

A l’instar des tablettes, le smartphoneest devenu un outil de visionnage des conte-nus en live, mais aussi en différé. Et c’estd’ailleurs ce que proposent la majorité deschaînes via des applications, donc, commeFrance Télévisions avec l’appli mobile Pluzz.Néanmoins, les réseaux sociaux sont deve-nus incontournables, et entraînent des mo-difications d’enjeu pour les chaînes. Il estdésormais primordial qu’une émission, no-tamment de divertissement, soit commen-tée sur Facebook et surtout sur Twitter.

La social TV prend alors tout son sens,avec les smartphones sans doute plus en-core qu’avec les tablettes : selon Médiamé-trie, 25% des internautes de 15 ans et plusutilisent un téléphone mobile lorsqu’ils re-gardent la télévision. La marge de progres-sion est importante, d’autant que le mar-ché continue à croître : en 2012, onrecensait 23,6 millions de mobinautes,contre 19 millions en 2011. Thibault Bonna-

«La qualité et la taille de l’écransont devenus des facteurs de choix »

Le mobile et la tablette sont à la fois des outils de visionnage et de partage.

En juillet, Rémy Pflimlin a présenté la nouvelle appli de visionnage du groupe public, Salto.

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« La vidéo est le principal moteur de l’explosion du trafic mobile »L’année 2013 sera-t-elle décisive en ma-

tière de télévision sur mobile ?

Michel Jumeau. Oui, assurément. Tousles éléments sont désormais réunis pourassister à un nouvel essor de ce service.D’une part, plus de 61% des terminaux ven-dus sont des smartphones, généralementassociés à des forfaits incluant de l’Internetmobile. D’autre part parce que le déploie-ment de la 4G va accélérer considérable-ment la croissance des usages.

La 4G sera donc le levier nécessaire pour

augmenter le nombre de personnes re-

gardant la télévision sur smartphone ?

M.J. La 4G est un formidable outil dedémocratisation des usages TV sur mobile.D’abord parce que cette technologie amé-liore nettement le confort d’utilisation : letemps de latence au lancement de la chaînedisparaît, le zapping et la navigation dansl’application sont parfaitement fluides.Mais aussi parce que la qualité de la vidéoest nettement améliorée. A ce titre, Orangeproposera désormais de la TV HD sur sonréseau 4G depuis son application.

Selon vous, que sera le marché de la télé-

vision sur smartphone dans les prochains

mois et prochaines années ?

M.J. A l’heure actuelle, 65% du tempspassé sur les smartphones est consacré àd’autres activités que téléphoner, et onconstate que la vidéo est le principal mo-teur de l’explosion du trafic mobile. Loinde se concurrencer, tous les écrans se com-plètent. On consulte le guide TV, on réagitsur les réseaux sociaux et on programme unenregistrement depuis son smartphone, onregarde son film en famille devant la télé, onle retrouve en catch-up sur son ordinateur,tandis que l’adolescent préfèrera sansdoute regarder un autre film sur la tablettegrâce à l’application VOD. La plupart desusages TV sur mobile que nous constatonsont lieu à la maison, ce qui montre à quelpoint les usages sont complémentaires.

L’augmentation de la taille des téléphones

et le développement d’écrans de meilleure

définition sont-ils à l’origine de l’accrois-

sement du nombre de mobinautes qui

regardent des contenus TV ?

M.J. L’amélioration de la qualité desécrans mobiles, conjuguée à la générositédes offres en TV et Internet, a considéra-blement contribué à l’augmentation desusages. Ces deux dernières années, le nom-bre d’utilisateurs actifs a progressé d’untiers, le nombre de consultations de 60% etla durée des consultations a été multipliéepar deux. Dans le même temps, la couver-ture de notre parc d’abonnés avec dessmartphones ou des tablettes augmente ra-pidement. Nous sommes en train de dé-passer la barre des 55%, alors qu’elle étaitinférieure à 43% fin 2012.

Pour inciter de nouvelles personnes à

regarder la télévision sur le mobile, la

stratégie d’Orange passe-t-elle par des

contenus globaux (jeux, sports, infos,

musique) ?

M.J. La stratégie d’Orange en matièrede télévision mobile est de créer un seulunivers toujours plus intégré entre tous lesécrans et de faciliter la circulation autour detous les services : chaînes de télévision, TVà la demande, etc.

L’abandon de la TMP était-il, selon vous,

une évidence ?

M.J. La généralisation des offres Inter-net mobile, abondantes et bon marché,rendait moins pertinent le développementd’un autre réseau pour la TV. Notre prioritéaujourd’hui est d’investir sur notre réseaumobile 3G et 4G.

Le modèle économique actuel en matière

de télévision sur smartphone est-il satis-

faisant ?

M.J. Aujourd’hui, les usages de la télé-vision mobile depuis l’application TVd’Orange sont largement inclus dans lesgammes Origami et Open, sans surcoûtpour nos abonnés. Orange accorde lapriorité à ses clients premium, qui ont faitle choix de bénéficier de l’expérience mo-bile la plus qualitative. La télévisioncontribue ainsi à faire préférer Orange, à lafois en offrant une meilleure qualité deservice grâce à la qualité de nos réseaux, eten proposant des services toujours plusadaptés aux attentes de nos clients.Chaque mois, sur notre application, cesont plus d’un million d’actifs fidèles quinous montrent combien nous avons euraison de faire de la télévision un servicephare de nos offres.

Le fait qu’Orange soit désormais proprié-

taire de Dailymotion va-t-il entraîner une

mise en place de contenus spéciaux pour

le mobile ?

M.J. Dailymotion, comme Orange,poursuit une stratégie multi-écran et neprévoit pas pour le moment de distribuerdes contenus spécifiquement mobiles.

Propos recueillis par Thibault Bonnafoux

«Notre priorité aujourd’hui est d’investir surnotre réseau mobile3G et 4G»

www.lettreaudiovisuel.com Hors série « Télévision augmentée » - 11LA PAROLE A...

INTERVIEW Pour Michel Jumeau, directeur du marketing mobile chez Orange, la TV mobile sera dopée par l’essor de la technologie 4G.

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12 - Hors série « Télévision augmentée » www.lettreaudiovisuel.comINTERNET

Les plates-formes vidéotravaillent à la chaîneDe simples outils de partage de fichiers vidéo, YouTube, Dailymotion ou Vimeo sont devenus des fournisseurs de contenusoriginaux très courtisés. Et se sentent pousser des ailes avec une ambition : devenir la télévision de demain.

L’événement avait eu lieu icimême à Cannes, en octo-bre dernier, lors du Mip-

com. You Tube annonçait le lan-cement, sur sa plate-forme, de60 chaînes originales produitespar des partenaires et répartiesaux Etats-Unis, en Allemagne, auRoyaume-Uni ou encore enFrance. L’idée : concurrencer leschaînes classiques de télévision.

Le programme hexagonal estcomposé de 13 chaînes allant dusport avec X-Treme Video à l’hu-mour avec Studio Bagel (BlackDynamite), en passant par l’ac-tualité avec Euronews Knowledgeou la cuisine avec Let’s Cook (TroisièmeŒil Production). C’est sous forme d’avancesur recettes publicitaires que se font les ré-munérations. La responsabilité éditoriale

est, quant à elle, laissée aux mains deséquipes des 13 chaînes.

Si, après seulement quelques mois, lebilan est satisfaisant pour certaines d’entreelles, avec des vidéonautes présents chaquejour sur leurs pages, pour d’autres en re-vanche l’audience est insuffisante.

Afin de développer sa stratégie de mo-nétisation des contenus et de concurrenceaccrue envers les chaînes TV classiques, YouTube entend bien franchir le cap qui l’éloi-gnait jusque-là de la télévision, en rendantcertaines chaînes payantes. Selon une in-formation du site anglais Ad Age, You Tubeserait sur le point de lancer (vraisembla-blement au second semestre) un nouveaubouquet de 25 chaînes payantes, accessi-bles moyennant un abonnement comprisentre 1 et 5 dollars mensuels. En plus decette offre, You Tube réfléchirait égalementà des contenus «à la demande», eux aussipayants.

De son côté, la société française de par-tage de vidéos Dailymotion, détenue de-puis peu par le groupe Orange, a pris del’avance dans le domaine du contenu

payant avec le lancement dela chaîne Kids+. Pour 4,49 eu-ros par mois, les enfants de 3 à10 ans auront accès à de nom-breux dessins animés et ani-mations. Une expérimenta-

tion qui renseignera la plate-forme sur larentabilité d’un tel modèle.

Dailymotion diffuse des films

en Turquie

Par ailleurs, le site a signé un partenariatavec MCD, le leader audiovisuel turc, pourle lancement de Dailymotion+. Cette offrepayante proposera de nombreux servicesexclusifs, comme l’absence de publicitéspour les membres et l’accès illimité à unvaste catalogue de contenus premium(SVOD) composé de films, de séries et deprogrammes jeunesse.

«En Turquie, beaucoup de films inter-nationaux ne sortent pas dans les salles decinéma, et il y a une vraie attente pour uneoffre comme Dailymotion+. Nous mettonsen place progressivement notre stratégie surle payant avec une approche adaptée àchaque territoire», explique Amandine Durr,

responsable de l’offre payantede Dailymotion. Histoire detoucher le plus grand nombred’adeptes, Dailymotion+ seradisponible sur tous les ordina-teurs, les smartphones, les ta-blettes et les télévisions

connectées, à raison d’un abonnementmensuel.

Si les deux mastodontes que sont You-Tube et Dailymotion basculent vers un mo-dèle payant, c’est que d’autres l’ont faitavant eux avec des résultats qui semblentviables économiquement. A l’image de Vi-meo, qui a été la première plate-forme vi-déo à proposer un compte premium à sesutilisateurs. Récemment, par le biais de TipJar («Pot à pourboires»), qui récompense fi-nancièrement les vidéos mises en ligne, etpar son nouveau système de «pay to view»,le site est entré de plain-pied dans l’uni-vers du payant. Mais n’abandonne pas pourautant totalement la gratuité, limitée à cer-taines vidéos.

L’entreprise californienne Netflix, elleaussi, connaît bien le modèle payant. De-puis son lancement, elle ne fonctionneque par abonnement. Grâce à un systèmede streaming et de location, elle est au-jourd’hui l’un des acteurs majeurs de la vi-déo en ligne.

Si les grandes plates-formes cherchentà se convertir au modèle payant, c’est que lenombre d’heures passées à regarder des vi-déos n’a jamais été aussi important. Onsaura dans quelques années si, comme lepense Reed Hastings, PDG de Netflix: «Latélévision du futur n’est autre que la télévi-sion sur Internet.» T.Bo.

«Un vaste catalogue de contenus premium»

Dailymotion, avec sa chaîne Kids+, a résolument opté pour un service payant sur abonnement. YouTube, lui, finance les chaînes comme Studio Bagel par des avances sur recettes publicitaires.

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« Nous donnons aux producteurs les outils, ils s’occupent des contenus »

Quel est le bilan des treize

chaînes You Tube lancées

à l’automne dernier?

Christophe Muller. Ilest encore trop tôt pour

parler de bilan, le lancement ne datant quede quelques mois. Nous sommes dans unephase d’apprentissage qui se passe plutôtbien. Il faut généralement un ou deux ans àune chaîne You Tube pour trouver son au-dience. La chaîne qui fonctionne le mieuxpour l’instant, c’est Studio Bagel, qui aréussi à convaincre plus de 237.000 per-sonnes de s’abonner. Au cours du mois defévrier, suite à différentes sessions de travail,nous avons également fait progresser l’au-dience de The Very Watch de plus de50.000 nouveaux abonnés en à peine unedizaine de jours. Les choses évoluent donctrès, très vite.

Comment faire pour que ces contenus ne

soient pas noyés dans la masse de vidéos

mises en ligne quotidiennement ?

C.M. C’est notre rôle d’accompagnerpour créer de l’audience. Sachez qu’il y a72 heures de contenus mis en ligne chaqueminute sur la plate-forme ! Le vrai challenge,c’est de se faire remarquer, de sortir du lot. Eton sort du lot comment ? En mettant enplace des pratiques que nous avons établiesà travers un guide spécial destiné aux créa-teurs, qui donne des informations perti-

nentes sur la façon dont on fait ressortir sapropre chaîne thématique You Tube. Nousmettons en place les outils, et nous nous ap-puyons sur une régie de commercialisation,qui est celle de Google, pour vendre les es-paces publicitaires autour de ces vidéos.

Comment se passent les collaborations

avec les sociétés de production ?

C.M. Nous sommes très contents de lacollaboration avec ces partenaires. C’estpour eux quelque chose de tout nouveau,puisqu’ils sont producteurs de contenusmais également diffuseurs. Nous leur don-nons les outils, la plate-forme, l’audience deYou Tube et eux sont chargés du dialogueavec nos utilisateurs. Et, bien entendu, nousleur laissons une totale liberté d’expression.Il y a beaucoup de choses très promet-teuses, au-delà des chiffres.

Une offre payante est-elle envisageable en

France ? Et si oui, pour quand ?

C.M. Nous avons lancé l’année dernièrela location de films à l’acte dans dix pays. EnFrance, c’est quelque chose que nous étu-dions, mais rien n’a encore été décidé.

Craignez-vous la réaction des utilisateurs?

C.M. Non, car si nous étudions de nou-veaux modèles de contenus et des amélio-rations, c’est pour répondre à leur de-mande. Ils sont nombreux à souhaiter un

élargissement de notre offre par l’ajout deformats payants. Mais le cœur de notre mis-sion est de donner la possibilité aux utilisa-teurs de regarder gratuitement des vidéos etdes chaînes où ils le veulent et quand ils leveulent, à la fois sur l’ordinateur, les smart-phones et les tablettes.

Le modèle de financement par la publicité

est-il viable aujourd’hui ?

C.M. Oui, ce modèle se porte bien. Leschiffres vont tous dans le bon sens, que cesoit en termes de monétisation ou de nom-bre d’annonceurs, et de plus en plus demarques utilisent You Tube comme sup-port pour faire passer leurs messages etmettre en avant leurs produits.

Pensez-vous, comme le PDG de Netflix,

que la télé du futur sera sur Internet ?

C.M. Nous nous devons d’être là où setrouvent nos utilisateurs, donc sur tous lesécrans. L’enjeu : qu’un utilisateur com-mence son expérience de visionnage au bu-reau, qu’il la poursuive dans les transportsen rentrant chez lui et qu’il la termine à lamaison. Nous voulons proposer une expé-rience globale cohérente, quel que soit lesupport. Sur You Tube, plus de 25% du vi-sionnage de vidéos se fait via des terminauxmobiles. Et ce chiffre peut passer à 50% ouplus dans certains pays, comme la Coréedu Sud. Propos recueillis par Thibault Bonnafoux

www.lettreaudiovisuel.com Hors série « Télévision augmentée » - 13LA PAROLE A...

INTERVIEW Christophe Muller, directeur des partenariats You Tube Europe du Sud, de l'Est et du Moyen-Orient, explique pourquoi et comment la plate-forme de partage de vidéos s’ouvre à la diffusion de chaînes TV.

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14 - Hors série « Télévision augmentée » www.lettreaudiovisuel.comANIMATION

Le futur de la TV est connectéLes acteurs traditionnels ont mis longtemps à se rendre à l’évidence : l’avenir de la télévision est à présent lié à Internet.Mais qui profitera de cette manne ? Les groupes audiovisuels, les fournisseurs d’accès ou les fabricants de téléviseurs ?

«La télévision connectée est unoutil sur lequel nous devonsnous appuyer pour mieux at-

teindre nos objectifs.» Ces propos tenuspar le président de France Télévisions,Rémy Pflimlin, en septembre dernier lorsd’une interview donnée à PureMédias,dénotent dans la profession. Avant lui, lesdirigeants des principaux groupes télé-visuels s’étaient tous montrés méfiants àl’égard de cette technologie. Nonce Pao-lini, PDG de TF1, déclarait il y a un an,dans les colonnes des Echos, que «la télé-vision connectée doit être un point de vi-gilance», tandis que fin 2011, RodolpheBelmer, directeur général de Canal+, s’em-portait : «Tout le monde dit que la TNT aébranlé les chaînes. Mais ce qui se préparesur Internet, c’est la TNT fois cent !» Nicolasde Tavernost, président du directoire dugroupe M6, évoquait pour sa part «unrisque de tsunami».

Si Rémy Pflimlin a misé sur la TV connec-tée, c’est que le groupe public a obtenu uneenveloppe de 55 millions d’euros dédiée aunumérique, qui a notamment permis la re-fonte du service Pluzz et le lancement del’application Salto. Ses confrères de TF1, Ca-nal+ et M6 ont finalement suivi le mouve-ment en proposant plusieurs systèmes ap-plicatifs pour favoriser l’interactivité.

100% des ventes en 2016

Il faut dire que le marché est en plein es-sor. Une majorité de téléviseurs sont désor-mais connectables à Internet, notammentvia les boîtiers ADSL, qui équipent 38% desfoyers français. Et les ventes de téléviseursconnectés commencent à décoller : on éva-lue à environ 2,7 millions le nombre d’uni-tés vendues en 2012. L’institut GfK prévoitqu’à l’horizon 2015-2016, 100% des télévi-seurs vendus seront connectables. Sans ou-blier que la France compte un parc d’envi-

ron 18 millions de vieux téléviseurs analo-giques, en voie d’être remplacés.

Les fournisseurs d’accès ont pris del’avance en lançant dès 2003 des offres tri-ple play qui incluaient déjà des servicescomme le replay, la VOD ou la SVOD. Lesconstructeurs tentent à présent de refaireleur retard en proposant des interfaces lu-diques et accueillantes. Ils misent notam-ment sur un panel exhaustif d’applications(plus de 600 chez Samsung) qui font défautaux FAI – à l’exception de Free et de sa Free-box Révolution. Pour Bernard Benhamou,délégué aux usages d’Internet, qui planchesur la question de la TV connectée au seindes ministères de la Recherche et de l’Eco-nomie numérique, «il est très difficile de direce que sera le futur de la télévision connectéeet qui sera le vainqueur sur ce marché. Al’heure actuelle, énormément de choix et deproduits sont proposés, mais aucune solu-tion n’a véritablement émergé.»

D’autant que les acteurs habituels dumarché ne sont plus seuls : Google et Apple,notamment, s’y intéressent de près. Lamarque à la pomme a été la première à selancer, dès 2007, en proposant un boîtierqui permet de surfer sur Internet et surtoutd’accéder sur son téléviseur au catalogueculturel payant iTunes. Mais les chiffres de

vente, autour de 10 millions d’exem-plaires depuis le lancement, sont loind’en faire un best-seller de la marque.

La Google TV, elle, a inquiété leschaînes au point d’être à l’origine d’unecharte sur «les modalités d’affichage descontenus et services en ligne sur les té-léviseurs et autre matériels vidéoconnectés». Pourtant, ses performancestechnologiques comme son succèscommercial sont très relatifs. Même siles chiffres sont tenus secrets, les blogsspécialisés estiment à moins d’un mil-lion le nombre de boîtiers vendus dansle monde. Cependant, les moyens considérables

en recherche et développement de ces deuxmastodontes pourraient les inciter à pro-poser rapidement de nouveaux modèles,plus compétitifs. Et radicalement transfor-mer la gestion de la publicité, mettant leschaînes en concurrence avec des groupesdont «la capitalisation boursière est 100 fois(pour Google) et 50 fois (pour Apple) celle deTF1», selon les termes de Nonce Paolini.

Thibault Bonnafoux

La commission de suivi des usages de latélévision connectée a remis au CSA en dé-cembre dernier 14 propositions «destinéesà favoriser un écosystème durable autourde cette nouvelle façon de consommer ducontenu audiovisuel». Parmi lesquellesl’adoption de mesures fiscales visant à li-miter les déséquilibres et à pérenniser le fi-nancement de la création, le rappel desprincipes en matière de publicité ou lamise en place d’un observatoire desusages. De son côté, le laboratoire ProximaLab (extension du portail Proxima Mobile),prépare pour le second semestre 2013 unlivre blanc dont l’objectif est d'étudier lesinteractions entre les terminaux mobiles etles nouveaux services et programmes is-sus des télévisions connectées.

OÙ EN EST-ON ?

L’enveloppe de 55 millions d’euros pour le numérique reçue par FranceTélévisions a permis au groupe de gagner des points sur ce marché.

Publication quotidienne du lundi au vendredi. REPRODUCTION INTERDITE64, rue Regnault – 75013 Paris – France. Tél. : 01 44 24 02 80. E-mail : [email protected] : www.lettreaudiovisuel.com - Facebook : www.facebook.com/lalettredelaudiovisuel - Twitter : twitter.com/LettreAudioDirectrice de la publication / Rédactrice en chef : Sandra Muller (01 44 24 02 80). Rédaction : Thibault Bonnafoux, Julien Bouisset et Sandra Muller.

Promotion, diffusion, publicité : Marion Corbell ([email protected]). Abonnements : Elise Rat ([email protected]) ou par courrier : La Lettre de l’audiovisuel, 64,rue Régnault, 75013 Paris. Par téléphone : 01 44 24 02 80. Tarifs : abonnements France 1 an : 1 700 euros TTC (TVA 19,6%).

La Lettre de l'audiovisuel est éditée par A.B.S.M., SARL de presse au capital de 300 euros. Imprimerie Riccobono, 11, Avenue de Tignes, 06400 Cannes.

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« Nous sommes condamnés à innover »Quelle est la part des TV connectées Sam-

sung sur l’ensemble des ventes en

France, toutes marques comprises ?

Nicolas Ferry. Sur les dernières statis-tiques, les télévisions équipées d’uneconnexion smart TV constituent environ60% du volume vendu. Nous représentonsun peu plus d’un tiers du marché français.Les chiffres prévisionnels pour 2013 sontde 2 millions de télévisions vendues, soitune progression souhaitée de 30% par rap-port à l’an dernier.

L’année 2013 sera-t-elle décisive en ma-

tière de TV connectée ?

N.F. Oui, ce sera forcément une annéeimportante. Le marché de la télévision estassez compliqué, puisqu’il est en régres-sion depuis un an et demi. Cette chute s’ex-plique par la période très faste que nousavons connue il y a deux ou trois ans, lorsdu passage de l’analogique au numérique.Sur ce marché plus difficile, il faut sanscesse innover, et l’innovation passe no-tamment par la smart TV. L’on se doit d’ap-porter au client une télévision beaucoupplus en phase avec ses usages électro-niques à la maison. Le téléspectateur a dé-sormais une tablette, un smartphone, duwifi, ce qui n’était pas forcément le cas il ya cinq ou six ans lorsqu’il a acheté son pre-mier écran plat. Notre objectif est donc

d’amener à ce client nouveau des techno-logies qui vont lui permettre de communi-quer avec sa télévision.

Le consommateur a-t-il assez de connais-

sances pour utiliser une TV connectée ?

N.F. Vous savez, le consommateur qui sesert d’un smartphone est tout à fait capabled’utiliser une TV connectée, puisqu’ellefonctionne aussi sur le réseau wifi et que lesmodes de connexion sont les mêmes qu’unsmartphone…

Est-ce dans la logique des choses de vou-

loir associer tous les appareils entre eux :

TV, tablette, smartphone ?

N.F. Oui, car 70% des téléspectateurs

font autre chose en même temps qu’ils re-gardent des programmes télévisés – ils sontsur leur ordinateur, leur tablette, leur smart-phone. Il est logique de vouloir faire com-muniquer ces appareils. Il faut bien garderà l’esprit que la télévision reste un écran departage. Auparavant, on partageait descontenus via un magnétoscope ou unechaîne de télé. Aujourd’hui, ces contenusne sont plus uniquement conservés sur unecassette vidéo ou sur un DVD, ils sont aussistockés sur les ordinateurs, les smart-

phones, les tablettes,et les gens ont enviede les partager sur unécran plus grand.

Vous sentez-vous en

concurrence avec les fournisseurs d’ac-

cès à Internet, ou, au contraire, les consi-

dérez-vous comme des alliés ?

N.F. Chez Samsung, nous avons les deuxactivités, donc nous allons plutôt parler deproduits complémentaires. Il faut de toutefaçon un écran associé à une box. La smartTV telle qu’on l’imagine en 2013 va être ca-pable d’aller chercher un certain nombred’informations sur la box pour faire ensuitedes recommandations. On travaille plutôten synergie entre la box et la télévisionconnectée, et non en concurrence – des-tructrice et inutile pour le consommateur.

Lors du dernier salon CES de Las Vegas,

on a beaucoup entendu parler de votre

nouvelle gamme de smart TV. En quoi se

différencie-t-elle des autres ?

N.F. Ce qui est nouveau dans la smart TVSamsung 2013, c’est qu’elle est aussi uneplate-forme. Avant, lors de l’allumage, l’uti-lisateur tombait sur une chaîne, et s’il vou-lait aller sur une interface connectée il luifallait appuyer sur un bouton de la télé-commande. Avec notre nouvelle gamme,nous révolutionnons ce concept, puisquel’utilisateur tombe, dès l’allumage du télé-viseur, sur une interface. Cette interface estcomposée de cinq panneaux. Un premierqui est entièrement lié à l’usage de la télé-vision, où l’on trouve des recommanda-tions de programme basées sur l’historiquedes usages dans les jours et les semainespassés. Un deuxième sera dédié aux conte-nus connectés, avec par exemple deséchanges d’images entre la tablette et la té-lévision. Un troisième sera consacré à toutel’offre VOD, et permettra d’accéder directe-ment au film désiré. Ici, nous inversons leprocessus habituel puisque c’est le choixdu film qui va entraîner une propositiond’offre VOD. Un quatrième panneau seraorienté sur l’aspect social, avec Facebook,Twitter, les appels vidéo, ou encore YouTube. Enfin, le dernier panneau organiseles applications téléchargées et en proposede nouvelles. Ainsi, nous sommes vraimentsur des produits plus intelligents et pluspuissants, qui vont apporter une simplicitéd’usage aux consommateurs.

Samsung multiplie les partenariats avec

de grands groupes comme Orange ou

Yahoo. Est-il primordial de s’associer sur

ce marché concurrentiel ?

N.F. Oui. S’associer permet de fournir lemeilleur des applications à nos clients.Nous en avons près de 600 de tout typedans notre gamme de smart TV. Nous avonsbeaucoup d’applications françaises et nousessayons de maximiser le nombre d’appli-catifs français. Forcément, les groupes quenous allons essayer de toucher au départpour développer des applicatifs locaux sontles grands groupes les plus connus.

Quel est votre regard sur la Google TV ou

l’Apple TV ?

N.F. Je n’en parlerai pas…Propos recueillis

par Thibault Bonnafoux

«Le téléviseur devient une vraieplate-forme multimédia»

www.lettreaudiovisuel.com Hors série « Télévision augmentée » - 15LA PAROLE A...

INTERVIEW Nicolas Ferry, chef de groupe audio/vidéo pour Samsung France, fait le point sur le marché de la TV connectée.

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16 - Hors série « Télévision augmentée » www.lettreaudiovisuel.comPUBLICITE

Le brand content fait le buzzLes nouveaux rapports entre publicité et médias ont fortement chamboulé la manière de faire de la télé. Le bon «mix» ? Une bonne dose d’événementiel, une rasade de réseaux sociaux, un soupçon de relations presse… et un grain de folie.

La publicité classique est vouée à dis-paraître. Cette sentence, qui auraitété jugée inimaginable il y a encore

quelques années, prend aujourd’hui toutson sens. Les marques se sont progressive-ment adaptées au monde connecté danslequel vivent les consommateurs, notam-ment les plus jeunes. Un monde où la pu-blicité peut et doit être visible sur plusieurssupports («crossmédia»), à travers descontenus différents les uns des autres maisliés entre eux («transmédia»). Où lesmarques jouent un rôle de médias à partentière. Et où le brand content serait le nou-veau modèle publicitaire qui permette detoucher le plus grand nombre.

En France, les premières opérations àsuccès furent «La Grosse Baffe», lancée en2011 par Dailymotion Studio et l’Agence 79pour le Parc Astérix, ou encore, la mêmeannée, «Mes Colocs», websérie pour BNPParibas coécrite et réalisée par Riad Sattoufavec les agences Publicis Conseil et Buzz-man (à qui l’on doit également la campagne«Le Chasseur et l’Ours» de Tipp-Ex).

La TV au cœur des dispositifs

L’année 2012 a été prolifique, avec no-tamment une opération d’envergure : leprojet Red Bull Stratos. Le saut depuis l’es-pace réalisé par Félix Baumgartner (qui seraprésent au MIP TV mardi à l’occasion d’unekeynote) a permis à la marque de boissonsénergisantes de marquer les esprits en réu-nissant des millions de personnes à travers

le monde sur tous les écrans possibles. Et 2013 part déjà sur les chapeaux de

roues, avec – autre expérience ayant l’es-pace pour cadre – le concours «Axe Ap-polo», ou encore le film d’animation au-tour d’une famille d’ours polaires réalisépar Ridley Scott pour Coca-Cola.

Convoitées pour leur puissance entermes d’audience, les grandes chaînes detélévision sont de plus en plus courtiséespour relayer et donner du relief aux opéra-

tions. Canal+ a ainsi été sollicitée par Pepsipour le Kaïra Shopping, par Lancia pourson action avec les rugbymen du Stadefrançais, ou encore par Adidas dans le cadred’All Five Game, une émission sportiveayant Zinedine Zidane pour ambassadeur.

TF1 n’est pas en reste, comme le mon-tre son partenariat avec Samsung lors de lafinale de Danse avec les stars en décembredernier, ou encore l’application iPad pourenfants Tfou réalisée en association avecMattel, leader mondial du jouet.

De son côté, M6 s’estlié avec Mir Vaisselle etAuchan pour une émis-sion et une websérie au-tour de l’univers et desrecettes de cuisine de

Top chef. Le groupe propose aussi un site(Minutefacile.com), sur lequel les sociétésont la possibilité de poster des vidéos tuto-rielles autour de leurs produits.

Mais d’autres marques sont allées en-core plus loin, en créant leur propre chaînede télévision. Renault a été pionnière dès2009 : Renault TV est disponible par câble,via Canalsat et sur l’offre Free pour laFrance, ainsi que sur Sky Guide en Grande-Bretagne. Récemment, c’est American Ex-

press qui a lancé sa chaîne, que l’on re-trouve dans la moitié des offres de télévisionpayante aux Etats-Unis.

Si certaines marques préfèrent produireelles-mêmes leurs contenus et ensuite mul-tiplier les supports de diffusion (réseaux so-ciaux, publicité papier, TV, radio, websérie,jeu interactif, site Internet, vidéo, musique),toutes ont en commun une présence sur lesplates-formes vidéo. Christophe Muller, di-recteur des partenariats You Tube Europedu Sud, de l’Est et du Moyen-Orient, vadans ce sens : « Aujourd’hui de plus en plusde marques choisissent notre plate-formepour faire passer leurs messages et mettre enavant leurs produits. » Car il devient im-possible de se passer de sites tels que YouTube et Dailymotion pour diffuser soncontenu de marque, tant ils sont plébiscitésà travers la planète.

Dailymotion a d’ailleurs, depuis 2008,commencé à coproduire différents typesde contenus en partenariat avec et pour lesmarques, grâce à de nombreux «motion-makers», via le Dailymotion Studio. Unconcept qui permet aux annonceurs, sansintermédiaire, de mettre en avant leurscontenus originaux sur Dailymotion… etpeut-être de faire le buzz. Thibault Bonnafoux

«Les marques sont devenuesdes médias à part entière»

Le projet Red Bull Stratos, suivi par des millions de personnes, a eu infiniment plus d’impact qu’une simple campagne TV.

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« Nous devons être là où est le client,et non l’inverse comme auparavant »INTERVIEW Isabelle Fossecave, chef de service communication, publicité, modèles et marques chez Renault, explique comment la stratégie média des marques du groupe a évolué au même rythme que les technologies audiovisuelles.

Quels sont les points forts de la stratégie

média de Renault ?

Isabelle Fossecave. Nous sommes lepremier constructeur français et nous de-vons toucher le plus grand nombre. C’estpour cela que nous avons une forte pré-sence en télévision – nous sommes d’ail-leurs le premier annonceur sur ce média.Nous suivons régulièrement l’émergencedes chaînes de la TNT pour être là où sontnos clients. Les nouveaux entrants permet-tent d’avoir une clientèle très spécifique,tandis que les acteurs historiques appor-tent de la puissance à nos messages. Nousdevons rester puissants et innovants, et cemalgré des budgets parfois en baisse.

Vous parlez de budgets en baisse… Les

nouvelles technologies sont-elles une al-

ternative crédible à la publicité TV ?

I.F. Nous apprenons à concilier la né-cessaire puissance avec le potentiel quereprésente une audience ciblée. Pournous, c’est très bien d’avoir des médiasqui vont toucher plus spécifiquement telle

tranche d’âge, tel genre de population, carnous arrivons à faire des opérations là où,auparavant, nous n’avions qu’un choix : latélévision. C’est une réelle opportunité,même si nous devons parfois choisir noscombats…

L’opération mise en place pour Dacia est

originale. Quel est son concept ?

I.F. Pour le lancement de Dacia, en 2005,notre objectif était la création de notoriété.Nous avions besoin de la télévision pourfaire connaître la marque via le sponsoringd’émissions et des films à forte audience,sur des chaînes comme M6 ou TF1. Quandles ventes ont décollé, nous nous sommesmis à étudier nos clients, et nous noussommes aperçus que ces personnes pas-saient énormément de temps sur Internet.

Nous avons donc décidé d’exploiter notremarque sur ce média en créant, il y a deuxans, la plateforme communautaire Vos-meilleuresidees.com, en association avecYahoo.

Comment fonc-

tionne-t-elle ?

I.F. Nous posonsdes questions et lesgens nous répondent

de manière précise. Nous sélectionnonscertains internautes pour tourner une pe-tite vidéo où ils donnent des astuces pouraméliorer son standard de vie de façon sim-ple et partagée. Le positionnement de Da-cia, c’est d’apporter des choses de bonnequalité et riches d’expérience, à un rapportqualité/prix imbattable. Nous sommes da-vantage sur l’état d’esprit que sur le produit.D’ailleurs, dans la plupart des vidéos, il n’estpas question de voiture ! Cette plateformeconnaît un véritable succès : 450.000 visi-teurs uniques par mois en moyenne, et 40%de nos visiteurs sont des fidèles.

Quels enseignements tirez-vous de la

mise en place de ce type d’opération ?

I.F. Nous devons continuer l’intégrationdans notre propre écosystème. Nous y tra-

vaillons avec par exemple la plate-forme defidélisation My Dacia, sur laquelle nous dis-posons de beaucoup de contenus. L’enjeuen termes d’organisation et de fonctionne-ment est de nous approprier ces contenusen créant davantage de points de contactsen rapport avec la voiture. Il faut que nosclients puissent continuer à se sentirproches de la marque.

Transmédia, crossmédia puis brand

content… Y a-t-il un phénomène de mode

dans la publicité ? Quel est votre regard

sur ces tendances ?

I.F. La tendance de fond, c’est que toutse rejoint dans la tablette : la radio, la télé-vision, le journal… Finalement, le métierqui reste, c’est la fabrication de contenus.Les médias doivent comprendre qu’à pré-sent, les gens consomment des contenussous plusieurs formes et de manière poly-sensorielle. Le crossmédia, le transmédiaou le brand content ont encore de beauxjours devant eux. Aujourd’hui, la réalitéc’est que le consommateur a le choix. L’en-jeu principal, c’est d’être là où il le souhaite,et non l’inverse comme par le passé.

Propos recueillis par Sandra Muller

«La télévision pour la puissance,Internet pour la proximité»

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18 - Hors série « Télévision augmentée » www.lettreaudiovisuel.comL’AVIS DE L’EXPERT

Télévisions connectées : quellesperspectives technologiques ?

Les télévisions connectées n’en sontencore qu’à leurs tout premiersstades de développement. Comme

cela a été le cas pour les terminaux mo-biles, l’ergonomie devrait être la clé devoûte du développement des services destélévisions connectées. C’est en effet l’ab-sence d’ergonomie des services installésdans les téléviseurs ou même dans les boî-tiers de télévision qui a jusqu’ici limité leursusages. Ainsi les services en ligne les plusutilisés sont pour l’instant en parallèle destélévisions et sont liés aux interactions avecles réseaux sociaux. Les prochaines évolu-tions pourraient être liées à l’établissementd’une continuité de services entre les diffé-rents écrans présents dans les foyers (télé-viseurs, tablettes et smartphones) maisaussi au-delà du foyer dans les automobilesconnectées.

Si les données personnelles sont deve-nues l’un des gisements de valeur essen-tiels sur Internet, les métadonnées sur lesprogrammes pourraient devenir le vérita-ble levier de création de valeur pour les té-lévisions connectées. Ces descripteurs desimages ou des programmes peuvent en ef-fet faciliter un approfondissement ou aiderà mettre en place des démarches commer-ciales spécifiques. Que ces données soientintégrées en amont par les concepteurs desprogrammes, ou en aval par les utilisateursen «crowdsourcing», elles pourraient être àl’origine de nouvelles générations de ser-vices à valeur ajoutée. C’est le cas pour lasociété eBay, qui a développé aux États-Unis un service sur tablette qui permet deconsulter en temps réel les objets présen-tés dans un programme audiovisuel ou unfilm afin d’en faciliter l’acquisition par l’uti-lisateur.

De nouvelles générations d’applicationsdéveloppées sur les terminaux mobilescommencent à explorer le potentiel des té-lévisions connectées. C’est le cas de l’appli-

cation éducative Solar Walk consacrée àl’exploration du système solaire. Cette ap-plication réalisée à partir des données del’Agence spatiale européenne et de la NASAreprésente par ses contenus audiovisuelsainsi que par sa navigation en 3DHD sur lestélévisions l’un des projets les plus aboutisde liens entre les terminaux mobiles et lestéléviseurs connectés.

Un livre blanc

pour le second semestre

C’est pour étudier ces nouvelles formesd’interactions entre les différents écransque la Délégation aux usages de l’Internet acréé avec l’École nationale supérieure decréation industrielle (ENSCI), l’InstitutMines-Télécom, l’INRIA et le Pôle de com-pétitivité d’Île-de-France sur les contenus etservices numériques (Cap Digital) Proxima

Lab, premier laboratoire national sur lesusages des télévisions connectées. Les pre-miers travaux de ce laboratoire seront liésaux interactions entre les terminaux mo-biles et les télévisions avec la publication dulivre blanc sur les usages de télévisionsconnectées. Plus qu’une analyse des usagesdes services existants, cet ouvrage propo-sera aux concepteurs de services des re-commandations ergonomiques et fonc-tionnelles. Il s’agira aussi, dans leprolongement des travaux du portail desservices mobiles pour les citoyens ProximaMobile, d’aider les développeurs d’appli-cations et services mobiles à créer des ser-vices qui seront utilisés conjointement surles écrans mobiles et les écrans des télévi-sions connectées. Bernard Benhamou

Délégué aux usages de l’Internet auprès du ministère chargé

de l’Économie numérique

«Etudier les nouvelles formes d’interactionentre les différents écrans »

Tribune

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