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QUE S AIS - J E ?

ODETTE GUITARD

Quatrième édition mise à jour 23 mille

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A mes amis le Professeur Lucy Mair

le Professeur Charles-André Julien

ISBN 2 13 047507 8

Dépôt légal — 1 édition : 1983 4 édition mise à jour : 1996, mai © Presses Universitaires de France, 1983 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris

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Il a été d'usage, dans certains sec- teurs, de décrire le système politique de l'Afrique du Sud comme étant le gou- vernement de la minorité blanche. Cette description est avant tout correcte pour la période allant de 1910 à 1961...

« Depuis le début des années 50 tou- tefois, et spécialement depuis l'établisse- ment de la République en 1961, un changement fondamental s'est opéré dans le comportement et les attitudes officiels : on comprit que si les Sud-Afri- cains de couleur devaient être exclus des structures et du processus de gouverne- ment existants, d'autres formes de gou- vernement devaient être établies pour répondre à leurs aspirations politiques raisonnables. Tel est l'essentiel de la politique de développement multina- tional, comme elle est entendue aujourd'hui. »

(South Africa Yearbook, 1979, p. 179.)

AVANT-PROPOS

Au terme de la dernière décennie du XX siècle, le destin de la dernière colonie blanche isolée à l'extrême sud du continent africain a donc changé de cours. Iso- lée, en effet, car l'accession à l'indépendance du Mozambique, de l'Angola, du Zimbabwé, de la Nami- bie (indépendante depuis le 21 mars 1990, sous la pré- sidence du chef de la SWAPO, M. Sam Nujoma) enfin, a fait tomber les derniers remparts qui séparaient la République sud-africaine du monde des Etats noirs. Isolée encore par le choix d'un régime conçu aux fins de maintenir la suprématie politique d'une commu-

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nauté blanche minoritaire, cernée, à l'intérieur de ses propres frontières, par une communauté noire large- ment majoritaire. Ce régime, l'apartheid, officiellement instauré à partir de 1948, mais qui, à bien des égards, ne faisait que codifier et élargir un ensemble de prati- ques, de mesures législatives, de règlements qui régis- saient les rapports entre Blancs et gens de couleur depuis la fin du XVII siècle, n'est pas exempt de para- doxes. Paradoxe historique d'abord. En effet, c'est pendant plus de trois siècles que se mêlèrent, en Afrique du Sud, Sans (Bochimans), Khoikhois (Hot- tentots), Xhosas (Noirs Nguni), et Blancs. Paradoxe socio-économique aussi, car ces Blancs du XX siècle, si épris de « pureté raciale », mais dont beaucoup sont les descendants de ceux-là mêmes qui vécurent souvent avec des femmes hottentotes, malaises ou noires et qui ont mis au point la politique dite de séparation (puisque tel est le sens du mot apartheid), sont parfai- tement conscients que la prospérité de leur pays est tri- butaire du travail des Noirs, qui représentent 70 % de la main-d'œuvre, même si certains d'entre eux se refu- sent encore à accepter les conséquences d'une si évi- dente dépendance.

Le 2 février 1990 pourtant, ouvrant, au Cap, la ses- sion du Parlement tricaméral de la République sud- africaine, le président Fr. W. De Klerk annonçait la légalisation du Congrès national africain (ANC) et la libération prochaine de son chef historique Nelson Mandela. Dimanche, 11 février, Mandela était libre. L'impossible allait-il devenir possible ?

1. Nous emploierons l'expression «gens de couleur» pour désigner l'ensemble des non-Blancs. 2. Cf. art. d'A. Sampson, Newsweek, 20 octobre 1989.

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Chapitre I

APERÇU DES RESSOURCES ET DU PEUPLEMENT

Si le régime de l'Afrique du Sud a fait l'objet de tant de supputations et son évolution de tant de paris - et sans vouloir minimiser l'action des organisations ou des individus qui ont, sans relâche, dénoncé un sys- tème qui fait du racisme le fondement même de toute son action - c'est aussi que, dans un monde où le pro- blème des approvisionnements en matières premières a pris le pas sur les autres, surtout depuis la crise pétro- lière, il est normal que l'intérêt se concentre sur le sort d'une région qui, outre une situation stratégique de premier ordre, offre au monde occidental l'une de ses principales sources de minéraux précieux. Les difficul- tés qui ont suivi les désordres raciaux de 1976 (v. p. 82 sq.) ont provoqué des inquiétudes, même si la prospérité ne parut atteinte que passagèrement, puisque la balance des paiements est redevenue favo- rable, grâce surtout à la hausse de l'or, dont le prix de l'once fine était passé de 30 $ en décembre 1971 à plus de 200 en juillet 1978, à plus de 600 en 1980, pour redescendre à 400-450 en 1981 les profits des compa- gnies minières se situant entre 25 et 130 % en 1979, grâce également à l'apport des capitaux étrangers, qui s'était tari en 1977 et avait vivement repris en 1978 (18 milliards de rands en 1978, dont 13 en provenance

1. Et en juin 1982 entre 300 et 330 ; en septembre 1986 il remontait à 400.

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du Royaume-Uni, 2 des États-Unis, 1,5 de la RFA). Mais des points noirs n'en subsistent pas moins, les investissements étrangers étant surtout à court et à moyen termes, le revenu national tendant à baisser, tandis que le nombre des chômeurs est en forte hausse et presque exclusivement chez les Noirs, ce qui cons- titue un risque grave d'insécurité.

L'or représente à lui seul 50 % des exportations, mais il n'est qu'un des éléments d'un ensemble de ressources minières d'une ampleur telle que la sous-commission des mines de la chambre des représentants de Washington a pu qualifier l'Afrique du Sud de « golfe Persique » des minerais, dans son rapport de juil- let 1980

En effet, d'après les évaluations de 1978, ce pays de 1 221 000 km recèlerait 51 % de l'or, 75 % du platine, 81 % du chrome, 49 % du vanadium, 46 % du manganèse, 34 % de l'alumine et produit 19% des diamants du monde. S'il n'a pas de pétrole, il a assez de charbon pour avoir déjà créé trois complexes de fabrication d'hydrocarbures de synthèse (SASOL I, II, III). Il possède en outre une centrale nucléaire à Koeberg dans la province du Cap et dispose d'une fraction importante de l'hydro-électricité produite par la centrale de Cabora-Bassa au Mozambique.

La valeur des ventes des produits miniers (85 % sont expor- tés) a quadruplé en dix ans (1969/1978). Outre la production d'hydrocarbures et de ciment, l'activité industrielle est loin d'être négligeable (à peu près 25 % du PNB). En tête viennent les indus- tries agro-alimentaires puis, par ordre d'importance, les textiles, l'industrie chimique, la métallurgie - laquelle est du ressort public, avec ISCOR (pour l'acier) et ALUSAF - les industries méca- niques (par exemple les usines de montage d'automobiles et les machines agricoles).

Industries et richesses du sous-sol sont exploitées au profit de 16,5 % de la population environ, comme le sont d'ailleurs les ressources du sol, puisque les domaines des Blancs couvrent en gros 85 % de la sur- face agricole utile, encore que l'insuffisance et l'irrégu- larité des précipitations sur les deux tiers du territoire (moins de 500 mm par an), la piètre qualité d'une

1. Voir Le Monde diplomatique, février 1981 (art. d'El. Chamorand).

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main-d'œuvre migrante et l'endettement de bien des agriculteurs blancs constituent un frein au développe- ment d'une production, dont une part provient de quelques grandes exploitations spécialisées dans les cultures d'exportation (maïs, canne à sucre, blé, fruits) et dans l'élevage (laine, cuirs et peaux), l'autre, de par- celles où est encore pratiquée une polyculture tradi- tionnelle. Mais les difficultés des cultivateurs blancs ne se comparent pas avec le sous-développement des zones africaines, pauvres, trop peuplées, épuisées par le surpâturage, vouées à une agriculture de subsistance, mal cultivées, puisque c'est parmi leurs hommes jeunes que se recrute la main-d'œuvre des mines, des indus- tries, des fermes blanches.

Un coup d'œil sur la répartition « raciale » du PNB donne la mesure de l'inégalité dominante. En 1977, le PNB annuel moyen par tête (1 340 $) ne dépassait pas celui du Brésil, mais il était de 5 200 pour les Blancs, de 1 220 pour les Indiens, de 1 050 pour les Métis, de 480 pour les Noirs et beaucoup plus bas, analogue à celui des pays voisins de l'Afrique noire, dans les anciennes réserves, devenus foyers nationaux ou États indépendants

Ces remarques nous conduisent à examiner rapide- ment la situation démographique de l'Afrique du Sud. Les estimations des Central Statistical Services (css) donnaient les chiffres suivants : 1) pour la RSA propre- ment dite (fin juin 1988) : Africains, 20 613 000 (69,6%); Métis, 3 127 000 (10,6%); Indiens, 928 000 (3,1 %) ; Blancs, 4 929 000 (16,7 %) ; 2) pour les États nationaux « indépendants », un total de 6 181 898 (en 1987), répartis comme suit : Bophu- tatswana, 1 819 242 ; Ciskei, 799 136 ; Transkei, 3 071 770 ; Venda, 481 750 ; 3) pour les foyers natio-

1. J.-Chr. Simon, in Annuaire des pays de l'océan Indien, Marseille, CNRS, 1979, p. 394-407. 2. D'après South Africa Foundation, 1990 Information Digest.

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naux autonomes (en 1987), un total de 7 265 803, soit: Gazankulu, 524 384; Kangwane, 413 425 ; Kwandebele, 248 888 ; Kwazulu, 3 950 671 ; Lebowa, 1 937 235 ; Qwaqwa, 191 200. Si l'on ajoute les chiffres du premier groupe aux deux autres, on arrive au résul- tat total de 35 799 000 habitants, qui se répartissaient ainsi : Africains (incluant le petit nombre de Métis, Indiens et Blancs vivant dans les 10 homelands), 26 795 000 (74,9%); Métis, 3 127 000 (8,7%); Indiens, 928 000 (2,6 %) ; Blancs, 4 949 000 (13,8 %)

Selon Pretoria, le pourcentage de la population noire s'était accru beaucoup plus faiblement dans les zones blanches que dans les foyers nationaux. Toute- fois, le nombre des immigrants illégaux étant très élevé dans les cités noires (townships) de la zone européenne et ceux-ci se refusant naturellement à remplir les for- mulaires de recensement, par crainte de se voir refoulés en territoire bantou, il est hasardeux de prendre au pied de la lettre M. Tjaart du Plessis lorsqu'il affirme qu'en dix ans, la population noire des 7 foyers natio- naux faisant encore partie de la République, a aug- menté de 58 % tandis que celle de la zone blanche s'est accrue de 13 % seulement. Qu'il suffise de signaler que 864 000 personnes ont été recensées à Soweto, alors que la population de ce faubourg de Johannesburg, qui est la plus grande cité noire du pays, est couram- ment évaluée à plus de 2 millions, compte tenu du très grand nombre de squatters. Aspect caractéristique de l'évolution démographique récente : si, jusqu'en 1976, le nombre des immigrants en Afrique du Sud l'a presque constamment emporté sur celui des émigrants (46 239 et 15 641 respectivement en 1976), la tendance s'est inversée après Soweto (24 822 et 26 000 en 1977 ; 18 669 et 20 686 en 1978). Reprise éphémère au début

1. En 1993, la population totale était de 40 515 704 habitants, dont 31 088 600 Noirs, 5 134 229 Blancs, 3 480 052 Métis, 1 012 823 Asiati- ques (d'après Development Bank of Southern Africa, avril 1994).

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des années 1980 et de nouveau solde négatif en 1986 et 1987 (- 6 717 et - 3 221) et surtout depuis 1991.

Examinons de plus près les éléments de la société composite qui vit aujourd'hui en Afrique du Sud.

Les Africains. — Qualifiés officiellement de Bantous, ils appartiennent effectivement au groupe linguistique bantou et se désignent eux-mêmes comme Africains. Mais le gouvernement les a divisés en 8 groupes ethni- ques et leur a attribué 9 puis 10 foyers nationaux (homelands). En fait leurs langues se rattachent à 4 grandes familles, la plus importante étant la famille nguni, qui compte plus de 60 % de locuteurs (Xhosas, Zoulous, Swazis). Ceux-ci vivent surtout dans les régions du Cap oriental, du Kwazulu-Natal, du Swazi- land et dans les zones urbaines. Puis viennent, par ordre décroissant, les familles sotho-tswana (Trans- vaal, Orange, nord du Cap), venda et tsonga. Venus de l'est et du nord, certains de leurs ancêtres occu- paient le nord du Transvaal dès les premiers siècles de notre ère, comme l'attestent la tradition et l'archéolo- gie (cette dernière usant de techniques de datation de plus en plus fines) et, probablement vers les XIV XV siècles, d'autres étaient descendus le long de la côte orientale, jusqu'au sud du continent.

En tout cas, au XVI siècle, navigateurs et naufragés portugais furent en contact avec des Nguni, les Xho- sas, le même peuple que rencontraient, en 1686, les marins hollandais du Stavenisse.

Si l'on s'en rapporte au recensement de 1970 (v. South Africa Yearbook, 1980-1981), près de 10 500 000 (et davantage en 1981) appartiennent aux diverses confessions chrétiennes, puisque 4 626 260 étaient alors recensés sous la rubrique « Autres églises et non spécifiés ». 20 % au moins sont des fidèles d'églises sépa- ratistes africaines et, notamment, des églises dites éthiopiennes et sionistes. Les premières et les plus anciennes sont issues de dissi- dences au sein des églises méthodiste, presbytérienne et congré- gationaliste, parfois regardées comme liées au mouvement pana- fricaniste. Quant aux églises sionistes, émanant de missions

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américaines et particulièrement de l'église apostolique de Sion (Zion, Ill.), elles sont apparues au début de ce siècle, forment des centaines de petites congrégations, mêlant croyances chrétiennes et païennes et sont très populaires dans les classes pauvres. Elles sont particulièrement nombreuses en pays zoulou.

On évalue à 32 % au moins la proportion de la population noire urbanisée, ce qui, en 1979, représen- tait entre 52 et 55 % de la population urbaine, toutes races comprises. C'est au Transvaal que les Africains sont les plus nombreux (4 338 000 en 1970 sur une population totale pour cette province de 6 579 000). C'est également au Transvaal que se trouve la plus grande cité noire, Soweto (South Western Township). A côté des Africains de la République et des homelands, une main-d'œuvre migrante étrangère, engagée par contrat, pour une période limitée, par la Chambre des mines et par les sociétés industrielles vit dans les zones urbaines. De même que beaucoup de migrants des homelands, ces hommes sont logés dans des compounds (casernes pour célibataires), bâtis par les compagnies, mais les étrangers ne sont pas recensés. L'installation de femmes, légalement ou illégalement, mais en nombre croissant, dans les villes, est un des signes du caractère définitif de la rupture avec les modes de vie traditionnels des réserves tribales. La majorité des Africains cependant vit dans les régions rurales, soit dans les réserves, soit dans les zones rurales blanches. Dans celles-ci, ils ne sont qu'à titre précaire, ou bien comme locataires contre paiement d'une somme d'ar- gent, ou bien contre une part des récoltes (squatters), plus souvent moyennant un certain nombre de jour- nées de travail (labour-tenants). Pourtant la plupart sont des journaliers très mal payés. Les mesures régle- mentant l'immigration en zone blanche (influx-

1. Proportion certainement inférieure à la réalité. En 1993, on comp- tait 11 116 122 Noirs urbanisés, sur une population urbaine totale de 16 664 648 (d'après Development Bank..., o.c.).

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control) sont à l'origine du recrutement de ce genre de travailleurs, ce qui signifie que ceux-ci sont souvent des immigrants illégaux (v. p. 41-43).

Les Blancs. — Ils se divisent en deux groupes selon la langue parlée au foyer : afrikaans, langue dérivée du néerlandais et qui supplanta celui-ci dans les années 20 comme l'une des deux langues officielles de l'Union, et anglais. L'ensemble des Blancs constitue alors entre 16 et 17 % de la population (13 % en 1993). Les Afrika- ners sont les plus nombreux (un peu moins de 60 %). Ils ont été longtemps le gros de la population rurale blanche, mais les plus pauvres refluèrent vers les villes, où ils devinrent mineurs, cheminots, ouvriers du bâti- ment et des industries naissantes. En 1936 déjà, 44 % d'entre eux étaient urbanisés, en 1960, 51 % et depuis, le pourcentage n'a fait que s'accroître.

A partir de la fin des années 50, sous l'impulsion d'organisa- tions comme le Broederbond et ses annexes, comme la FAK (v. p. 24-25), leur ascension socio-économique s'est accélérée de sorte que l'on trouve un nombre appréciable d'industriels et de cadres afrikaners, notamment dans les entreprises d'État, dans le commerce et aux échelons élevés de la fonction publique. A peu près tous sont les descendants de 17 000 Blancs vivant en Afrique du Sud en 1795. C'est en 1652 que Jan Van Riebeeck avait créé, dans la baie de la Table, un poste de ravitaillement pour les navires de la compagnie hollandaise des Indes orien- tales. Cinq ans plus tard y débarquaient les premiers colons libres, Hollandais et Allemands. Après la révocation de l'édit de Nantes vinrent les rejoindre, en 1688, 200 Huguenots.

Les anglophones - environ 40 % des Blancs - sont en général d'origine britannique. Les premiers arrivè- rent lors de la première occupation du Cap par les marins de Sa Majesté, en 1795, après la deuxième ensuite, en 1806. Mais jusqu'en 1820 ne vinrent guère dans cette colonie aride, que des administrateurs et des militaires. Les véritables colons, à tout le moins jus- qu'à la découverte des diamants de Kimberley et de l'or du Witwatersrand, furent ceux de 1820, qu'on ins-

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talla dans le district d'Albany, de pauvres gens que la fin des guerres napoléoniennes et l'introduction du machinisme avaient réduits au chômage. Ils étaient près de 4 000. D'autres vinrent au moment de la crise de 1849/1851. Les suivirent les démobilisés de la « Légion étrangère britannique » de la guerre de Cri- mée, dont le War Office se débarrassa en les expédiant, eux et leurs familles, en Afrique du Sud, où le gouver- neur Sir George Grey les installa au sud-est du pays, dans la Cafrerie britannique. Ils étaient en majorité allemands et luthériens, bien que parmi eux, l'on comptât de nombreux Polonais, Italiens, Français et Belges, à peu près tous catholiques. Dispersés dans une région où la plupart des Blancs étaient d'origine bri- tannique, ils adoptèrent la langue de leurs voisins et ainsi grossirent le nombre des anglophones, de même qu'à la fin du XVII siècle, les Huguenots s'étaient fon- dus dans la majorité boer. Enfin l'exploitation des mines, à partir de 1867/1870 pour les diamants, de 1886 pour l'or, attira prospecteurs, techniciens, ingénieurs, gens d'affaires, ouvriers qualifiés d'Europe, d'Amérique, d'Australie, lesquels, même lorsqu'ils n'étaient pas d'origine britannique, devinrent anglo- phones. Néanmoins ceux-ci ne sont nettement majori- taires qu'au Natal (plus de 70 %). Partout, ils ont longtemps détenu le capital industriel et commercial et occupé la plupart des professions libérales. Mais leur prééminence a été assez sérieusement entamée depuis une vingtaine d'années.

Toutes leurs églises ont pris des positions libérales, à la diffé- rence des églises réformées de Hollande qui ont été parmi les plus fermes soutiens de l'apartheid. Politiquement, elles soutiennent le Parti progressiste et les libéraux. C'est au Transvaal que les Européens sont les plus nombreux (4 350 000 en 1970).

Les Métis. — Ce sont avant tout les Cape Coloured, descendants des Bochimans, des Hottentots, des esclaves noirs et des premiers Européens du Cap, les Griquas et d'autres groupes répartis dans l'Orange et

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Imprimé en France Imprimerie des Presses Universitaires de France

73, avenue Ronsard, 41100 Vendôme Mai 1996 — N° 42 249

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