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QUE S AIS-JE ?

PIERRE BRUN EDMOND-ANTOINE DECAMPS

Professeurs à l'Université de Rennes Groupe Domotique

Deuxième édition revue et corrigée 9 mille

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Mécanique relativiste, J.-P. Durandeau avec la collaboration de E.-A. De- camps, Masson, Paris, 1980.

Les possibilités de l'énergie solaire en Europe, E.-A. Decamps, Ed. Ouest- France, Rennes, 1980.

Un nouveau maître... une autre école, E.-A. Decamps et F. Pecot, coll. « Edu- catique 2000 », Ed. Salmon, 1983.

ISBN 2 13 042894 0

Dépôt légal — 1 édition : 1988 2 édition revue et corrigée : 1992, mai © Presses Universitaires de France, 1988 108, boulevard Saint-Germain, 75006 Paris

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INTRODUCTION

LA DOMOTIQUE?

Ce qui est simple est toujours faux. Ce qui ne l'est pas est inutilisable. Paul VALÉRY.

Plus d'une vingtaine de définitions essaient de cer- ner le concept de domotique. De la maison intelligente à celle qualifiée de communicante, toutes les grada- tions restent possibles.

De fait la domotique concerne l'application à l'ha- bitat de toutes les technologies dites nouvelles pouvant s'intégrer dans ce contexte.

La définition la plus générale s'exprime sous la forme : « Ensemble des services offerts aux occupants d'un logement fondés sur l'échange d'informations et permettant d'accéder à un nouvel "art de vivre". »

Cette définition présente l'avantage de conserver une dimension humaine face à la fascination pour la technologie. La domotique inclut donc l'étude des comportements face à un certain nombre de services.

Quatre pôles principaux définissent ceux-ci : Gestion technique du logement :

— contrôle, programmation des appareils électro- domestiques ;

— gestion d'énergie, chauffage, eau chaude, ventila- tion ;

— sécurité interne et externe. Gestion de la vie familiale :

— finances ; — santé;

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— travail à domicile; — réservations.

Culture, distractions : — création ; — accès aux bases de données ; — éducation.

Communications : — réseaux unidirectionnels (radio, TV, ...); — réseaux bidirectionnels (téléphone, minitel...).

Beaucoup de ces services sont en fait déjà présents dans la maison. La domotique s'efforce de coordonner techniquement ces systèmes capables d'échanger des informations entre eux. Ainsi que le note M. Orfeuil, chef du Département stratégie d'EDF, « cet effort d'harmonisation prendra nécessairement du temps, mais ce n'est qu'au prix d'un effort de normalisation des supports de communication et des protocoles de dialogues entre appareils que la domotique deviendra, à terme, une réalité de tous les jours ».

Un bâti, quel qu'il soit, peut être considéré comme un émetteur-récepteur de flux :

A) Les flux externes. — Ces flux d'images, de sons, ou de données peuvent être véhiculés par de multiples porteurs extérieurs : satellite, cable coaxial, réseau hertzien, cable électrique ou téléphonique, fibre optique...

A l'énergie électrique, au téléphone, à la radio s'ajoutent le vidéotexte, l'audiovidéotexte, les vidéo- communications, la télévidéothèque, la visiophonie, les télé services... Au flux image se superpose en effet celui des informations télématiques fournies par les banques de données. A ces flux « arrivée » il convient d'ajouter le flux

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« départ » d'intercommunication avec les fournisseurs et éventuellement, la clientèle, organismes bancaires, télégestion...

B) Les flux internes. — Nous considérerons comme internes certains flux électriques, énergétiques, so- nores, d'images et de données.

a) Les flux électriques : il est nécessaire de distin- guer les courants forts et les courants faibles, mais également deux types de débits d'information, les forts débits sur bande large et les faibles débits sur bande étroite. Des supports de courants faibles per- mettent de transposer et de traduire des informations. La bande large correspond aux images et au son haute fidélité. Un réseau de ce type comporte deux aspects : les services distribués et ceux utilisant l'image sous toutes ses formes directes ou interactives (télésurveil- lance avec image, télévidéothèques, visiophonie...). Dans la bande étroite se retrouvent les voix (télé- phone) et les données (services interactifs, fluide infor- matique, services de télésécurité...).

b) Les flux énergétiques : la maîtrise de ces flux entraîne un pilotage de la gestion énergétique de l'installation de chauffage ou de climatisation ainsi que des consommations ménagères pouvant débou- cher sur des opérations de délestage. Les diverses consommations annexes (éclairage, eau, gaz) peuvent également faire l'objet de tableaux de bord directs ou télégérés.

c) Les flux sonores d'images et de données : ils vont devenir indispensables dans l'habitat. Trans- metteur téléphonique itinérant, services de télésur- veillance, flux d'alarme et de sécurité sont autant d'éléments permettant d'optimiser la relation bâti- occupant.

La maîtrise de ces flux et les moyens d'y parvenir constituent une base de la domotique.

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CHAPITRE PREMIER

RÊVE ET UTOPIE?

Laissons parler notre imagination... car il faut bien le dire, pour de nombreuses applications, la domotique reste dans le domaine du prévisible et du possible mais pas obligatoirement dans celui du réa- lisé ou même du réalisable industriellement à court terme.

M. Durand-Dupont arrive près de son domicile. Un portier doté d'un clavier à chiffres et d'une petite caméra vidéo à amplification de rayonnement don- nant une image nette, même de nuit, enregistre sa présence. Il introduit son code personnel (ses enfants possèdent chacun un code différent). Le système de sécurité identifie ce code, la porte s'ouvre, une voix synthétique l'accueille et une musique d'ambiance jaillit des haut-parleurs dissimulés dans les faux pla- fonds. Eventuellement ce code peut être remplacé par une carte magnétique, un dispositif de reconnais- sance d'empreinte digitale ou de voix. Sa femme qui utilise pendant ce temps l'une des salles de bain se trouve immédiatement informée du retour de son époux et éventuellement du nombre de personnes qui l'accompagnent : leur image apparaît sur l'écran de contrôle situé au-dessus du lavabo. Dès son arrivée M. Durand-Dupont, visionne les différents appels vidéo-téléphoniques reçus en son absence et lit les messages ou courriers télématiques accumulés pen-

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dant celle-ci. Lorsqu'un visiteur se présente, dès qu'il atteint le portail, l'ordinateur du logis lui propose si les occupants sont absents, de laisser un message sur un magnétoscope automatique. Si la maison est occupée, un moniteur télévision quelconque de la maison diffuse son image. L'ouverture de la porte peut alors être commandée directement en utilisant le clavier du poste téléphonique installé dans chaque pièce.

En cas d'essai d'intrusion au-delà des limites du jardin, par une personne étrangère au foyer, une synthèse vocale alerte les occupants de la maison, les lumières extérieures s'illuminent aussitôt. Si l'in- trus persiste dans son intention, une voix de synthèse l'avertit qu'il a été repéré, le système téléphonique automatique contacte les services de sécurité pendant qu'une sirène puissante retentit.

Tout ceci suppose évidemment, pour que cette dissuasion soit efficace, que les services de sécurité une fois prévenus, soient en mesure d'intervenir. Il convient pour cela qu'ils existent ! En découle une restructuration du rôle de la police et de la gendar- merie ou la création de centres privés de surveillance. De même l'utilité d'écrans répartis dans l'apparte- ment perd en partie son sens dans un 4 pièces de 60 m Mais continuons de suivre M. Durand-Dupont. Fa- tigué, il décide de prendre un bain. Pendant qu'il regarde l'un des 30 programmes de TV qui lui sont proposés par satellite ou par cable, il fait couler l'eau de son bain à laquelle s'ajoute automatiquement un produit moussant parfumé et en règle la température à distance. Le remplissage de la baignoire s'arrête spontanément grâce au senseur qui l'équipe. Les robinets des lavabos sont équipés de capteurs de proximité qui ouvrent l'eau dès l'approche des mains. L'éclairage de la pièce est évidemment modulable ; commandé au bruit ou à la voix, il peut s'éteindre

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quand l'occupant quitte la pièce et se rallumer avec la même intensité dès qu'il y pénètre de nouveau. Les lampadaires peuvent être positionnés sans l'aide de prises dans les plinthes. Les portes coulissantes s'ouvrent automatiquement à son passage. Depuis sa salle de bain dotée elle aussi d'un système télé- phonique perfectionné qui sert d'interface pour dé- clencher toute une série d'appareils, il commande la mise en route de sa tondeuse à gazon automatisée qui suit d'elle-même son chemin, contournant les arbres et s'arrêtant immédiatement face à un obstacle imprévu.

Pendant ce temps sa femme préparant le repas dans la cuisine, c'est-à-dire faisant réchauffer au micro-onde un plat cuisiné congelé ou sous vide, ne cesse cependant de surveiller sur un écran de télévision intérieure le dernier-né qui joue dans sa chambre. Elle effectue directement ses achats au su- permarché voisin par l'intermédiaire du minitel. Ils lui seront livrés dans un espace tampon, d'accès ré- servé, commandé par carte à puce, sans pénétration dans les parties privatives.

La sélection du menu peut être faite automatique- ment en fonction d'informations reçues d'un espace santé jouxtant la salle d'eau. Dans celui-ci différents appareils de mesure, en fonction de l'évolution du poids, du rythme cardiaque, de la tension notamment, pourront, compte tenu de la nature des menus pré- cédents, maintenus en mémoire de l'ordinateur, fixer automatiquement le type de plat qui convient à chacun, sa valeur en calories et vérifier s'il est bien en stock dans le congélateur.

Sortant de son bain M. Durand-Dupont fera un peu de gymnastique sur quelques appareils perfec- tionnés qui lui indiqueront automatiquement les li- mites de fatigue à ne pas dépasser. S'il ressent quelques inquiétudes sur sa santé, son médecin traitant recevra

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directement à son domicile, sur écran, l'ensemble des mesurages des différents capteurs déjà évoqués et pourra par un questionnaire adapté, établir un pré- diagnostic à distance.

Lorsque les enfants jouent dans le jardin un dis- positif de contrôle de la piscine prévient immédiate- ment si l'un d'entre eux tombe à l'eau.

Ils peuvent « téléphoner » à leurs grands-parents par visiophone avant de réviser leurs leçons sur un terminal d'ordinateur. En milieu rural notamment, les cours de base leur seront donnés par branchement sur un terminal pédagogique tout en restant en liai- son constante avec un enseignant devenu « facilita- teur ». Cela leur évitera, plusieurs jours par semaine, de se lever dès 6 heures pour attendre dans la fraîcheur des matins d'hiver un bus de ramassage scolaire. Des activités de synthèse leur seront cependant données en fin de semaine dans un établissement spécialisé.

Un autre terminal permettra à Mme Durand- Dupont employée de banque à mi-temps, de traiter une grande partie de son travail depuis son domicile. f Son confort sera assuré par un système de chauffage et de climatisation du logement pièce par pièce en fonction des paramètres externes et internes centra- lisés sur un tableau de bord domestique. Celui-ci affichera à chaque moment la consommation énergé- tique de chaque système, à la fois en kilowatts-heures mais également en francs. Cette maîtrise des coûts en temps réel permettra peut être au ménage de ne pas dépasser sa limite de découvert de compte ban- caire dont la gestion à domicile sera généralisée.

En l'absence des occupants, la sécurité interne contre l'incendie, les dégâts des eaux, les fuites de gaz, est assurée par des capteurs connectés directement par voie téléphonique à une adresse préalablement sélec- tionnée. De multiples autres possibilités sont envisa- geables, traitement de l'air avec diffusion automatique

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de « parfums » ; commande automatique près des fournisseurs de certains produits, fuel, propane à partir d'une certaine limite de réserve, installation de lavage automatique de la voiture, système centralisé d'aspirateur, lavage et séchage automatique des car- relages, diagnostic de pannes de chaudière prévenant directement le réparateur...

Ainsi que nous l'avons dit, il suffit de se laisser aller aux vagabondages de notre esprit, mêlant nos rêves d'enfants au plaisir de se sentir sans risque l'égal de Jules Verne... Cependant, il a toujours existé une différence entre le rêve et la réalité ! Il convient de ne pas se laisser ainsi emporter dans ce type de prospec- tive finalement sans suite. Car il apparaît nécessaire en fait d'apporter une réponse à quelques questions simples.

— Ces projets sont-ils réalisables industriellement et commercialisables ?

— Quel sera leur coût ? — Les professions du bâtiment sont-elles aptes à

les mettre en œuvre et comment les éduquer éven- tuellement ?

— Seront-ils acceptés par les occupants des lo- gements ?

Une analyse systémique globale apparaît nécessaire. Elle devra constamment prendre en compte l'évolu- tion prévisible des techniques, des marchés et des hommes.

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CHAPITRE II

LA DOMOTIQUE EST EN MARCHE

Ainsi que le notait récemment M. Chemillier, pré- sident du Conseil International du Bâtiment (BIT), « la domotique est en marche ». Manifestement, apparaît une mobilisation des différents partenaires potentiels, chacun essayant de ne pas manquer le départ de ce train du futur, générateur de marchés... En fait les limites de ces débouchés économiques conservent un halo qui dans certains cas se rapprochent même, il faut le dire, d'un flou artistique. L'évolution de la demande passe en fait par un changement fondamen- tal de la philosophie de l'offre. Nous assistons à cette transformation en d'autres domaines certes, mais elle devient indispensable pour l'implantation et l'extan- sion de la domotique : il ne s'agit plus de concevoir et de vendre un produit mais de proposer un système et donc un service.

L'un des principaux obstacles — mais a contrario — également l'une des principales virtualités positives de la domotique, découle du fait que cette notion de service n'est pas encore complètement définie. En effet les chercheurs prévoient un certain nombre de fonctions pour un système. Rien ne dit cependant que le public les acceptera et n'opposera pas un refus aux innovations qui lui seront proposées. In- versement, il apparaît logique de penser que cette même population trouvera des applications, des uti-

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Imprimé en France Imprimerie des Presses Universitaires de France

73, avenue Ronsard, 41100 Vendôme Mai 1992 — N° 35 581

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