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Camil GIRARD (.dir) Sylvie Dussault, Groupe de recherche sur l’histoire, UQAC (2002) PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI (Territoire de l’Ashuapmushuan) Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi, des origines au début du XX e siècle Document interne de recherche, GRH-UQAC Version du 31 mai 2002 LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES CHICOUTIMI, QUÉBEC http://classiques.uqac.ca/

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Camil GIRARD (.dir)Sylvie Dussault,

Groupe de recherche sur l’histoire, UQAC

(2002)

PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI(Territoire de l’Ashuapmushuan)

Survol de l'occupation des Innussur l'Ashuapmushuan iussi,

des origines au début du XXe siècle

Document interne de recherche, GRH-UQACVersion du 31 mai 2002

LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALESCHICOUTIMI, QUÉBEChttp://classiques.uqac.ca/

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Les Classiques des sciences sociales est une bibliothèque numérique en libre accès, fondée au Cégep de Chicoutimi en 1993 et développée en partenariat avec l’Université du Québec à Chicoutimi (UQÀC) de-puis 2000.

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Un document produit en version numérique par Jean-Marie Tremblay, bénévole, professeur associé, Université du Québec à ChicoutimiCourriel: [email protected] Site web pédagogique : http://jmt-sociologue.uqac.ca/à partir du texte de :

Camil Girard

PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI (Territoire de l’Ashuapmu-shuan). Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi, des origines au début du XXe siècle.

Document de recherche GRH (Groupe de recherche sur l’histoire), UQAC, et Musée amérindien de Mashteuiatsh, mai 2002, 51 pp.

[Autorisation formelle accordée conjointement par Camil Girard, historien à l’Université du Québec à Chicoutimi le 29 mai 2020 de diffuser en libre accès à tous ce texte dans Les Classiques des sciences sociales.]

Courriel : Camil Girard : [email protected]

Polices de caractères utilisée :

Pour le texte: Times New Roman, 14 points.Pour les notes de bas de page : Times New Roman, 12 points.

Édition électronique réalisée avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh.

Mise en page sur papier format : LETTRE US, 8.5’’ x 11’’.

Édition numérique réalisée le 10 juillet 2020 à Chicoutimi, Québec.

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Camil GIRARD (.dir)Sylvie Dussault,

Groupe de recherche sur l’histoire, UQAC

PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI(Territoire de l’Ashuapmushuan). Survol de

l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle.

Document de recherche GRH (Groupe de recherche sur l’histoire), UQAC, et Musée amérindien de Mashteuiatsh, mai 2002, 51 pp.

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Groupe de recherche sur l'histoireUniversité du Québec à Chicoutimi

etMusée amérindien de Mashteuiatsh

(version 31 mai 2002)

PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI(Territoire de l’Ashuapmushuan)

Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle

Camil Girard, GRH-UQAC, directionSylvie Dussault, M.A. histoire

Document interne de recherche© 2002 : Groupe de recherche sur l'histoire, UQAC

etMusée amérindien de Mashteuiatsh

Mai 2002

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PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI(Territoire de l’Ashuapmushuan).

Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle.

Table des matières

IntroductionLe territoire à l’étude

La géographie

L' Ashuapmushuan iussi des premières occupations   : à partir de 4500 ans avant aujourd’hui

Les grandes périodes de l'histoire amérindienne préeuropéenne du Québec et du Saguenay–PekuakamiLes sites archéologiques du bassin de la rivière Ashuapmushuan

L’ancienneté des occupationsLe témoignage de la céramique

Les sites des basses terresLes sites des hautes terresAu lac Ashuapmushuan : les sites DhFk-6 et DhFk-7Au lac Nicabau

Les premières descriptions des habitants de l' Ashuapmushuan iussi dans les textes historiques (1603-1732)

Les écrits de ChamplainLes Relations des JésuitesLe rapport de l’arpenteur NormandinLe jésuite Laure

L' Ashuapmushuan iussi des postes de traite (1683-1935) Le poste du lac Nicabau

Les témoins archéologiques au poste de Nicabau

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Le poste du lac AshuapmushuanLes vestiges et les témoins archéologiques au poste d’Ashuapmushuan

Les structuresLes pipesLes pierres à fusilLes pièces de fusilLes clousLes perles de verre

La bande d’Ashuapmushuan (XVIII e -XIX e siècles) Les fluctuations démographiquesLa bande à l’aube du XIX e siècle

Les habitudes de consommation des clients du poste de traiteUne bande de « l’intérieur des terres »

Conclusion

Annexe 1. Données extraites de la banque Inventaire des sites ar-chéologiques du Québec (IsaQ) du ministère de la Culture et des Communications du Québec, en date du 15 novembre 2001.

Annexe 2. Post mark : post Ashuapmuchuan (QC) (document prove-nant des Archives de la compagnie de la Baie d'Hudson, aux Archives provinciales du Manitoba).

Annexe 3. Carte des postes de la compagnie de la Baie d'Hudson.Annexe 4. Pike lake post B. 163 (document provenant des Archives

de la compagnie de la Baie d'Hudson, aux Archives pro-vinciales du Manitoba).

Bibliographie

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PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI(Territoire de l’Ashuapmushuan).

Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle.

INTRODUCTION

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Le projet Ashuapmushuan iussi, élaboré par les Pekuakamiul-nuatsh, vise à mettre en valeur la portion du territoire ancestral innu connue sous le nom de réserve faunique Ashuapmushuan. Cette re-cherche s'insère dans le volet historique et archéologique de ce projet et remonte avant la venue des Européens.

La première partie présente l’Ashuapmushuan iussi archéologique, alors que la seconde relate brièvement la mise en place des postes de traite et décrit les artéfacts qui y ont été mis au jour. Enfin, quelques données tirées des sources historiques ont été recueillies sur les groupes ayant habité ce territoire.

Le lecteur constatera que certaines données historiques et archéolo-giques dépassent le cadre des limites de la réserve faunique. Le quart de la rivière Ashuapmushuan coule au sud de la réserve faunique, alors que des sites archéologiques se situent hors de ses limites nord-ouest.

Nous désirons remercier, en premier lieu, pour leur collaboration, les responsables du Laboratoire d’archéologie de l’université du Qué-bec à Chicoutimi, MM. Jean-François Moreau et Érik Langevin, ar-chéologues, et Mme Joane Girard. Mme Claudine Giroux, de la Ges-tion des sites et des collections archéologiques du ministère de la Culture et des Communications du Québec, nous a fourni les données extraites de la banque Inventaire des sites archéologiques du Québec (IsaQ) présentées à l’annexe 1 1. Mme Anne Morton, responsable des

1 Il est prévu que cette banque soit éventuellement disponible sur Internet (MccQ [a]).

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archives de la compagnie de la Baie d’Hudson, aux Archives provin-ciales du Manitoba, nous a fait parvenir des informations générales pour les postes se situant sur le territoire de l’Ashuapmushuan ou en relation avec celui-ci, informations que nous joignons à ce rapport. M. Carl Brisson, géographe et agent de recherche au Laboratoire de géo-graphie de l'université du Québec à Chicoutimi, a conçu les cartes du territoire et des sites archéologiques et nous a permis d’accéder à la banque de données informatisées du ministère des Ressources natu-relles du Québec pour le Saguenay–Lac-Saint-Jean. Enfin, M. Gervais Tremblay, agent de recherche au Groupe de recherche sur l'histoire de l'université du Québec à Chicoutimi, a colligé une partie des données présentées au tableau 6.

Tous les sigles entre parenthèses dans ce texte (ex. : Icmh) réfèrent aux descriptions bibliographiques en bibliographie, agencées par sources, études, banques de données ou sites web.

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PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI(Territoire de l’Ashuapmushuan).

Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle.

LE TERRITOIRE À L’ÉTUDE

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L'Ashuapmushuan iussi, ou territoire de l'Ashuapmushuan, consti-tue la réserve faunique Ashuapmushuan, située au nord-ouest du lac Pekuakami (ou lac Saint-Jean), à quelque 35 km de Saint-Félicien. Elle fut d'abord baptisée réserve de Chibougamau, lors de son établis-sement en 1946, pour en faire un territoire servant à la chasse et à la pêche. Par la suite, le gouvernement légiféra, afin de protéger les res-sources fauniques sur ce territoire. En 1985, la réserve de Chibouga-mau est renommée réserve faunique Ashuapmushuan, en considéra-tion de la rivière du même nom lui servant de limite naturelle à l'est et de la distance séparant la réserve de la ville de Chibougamau. L’Ashuapmushuan iussi s’étend sur une superficie de 4 487 km2 et renferme près de mille deux cents plans d’eau. Les principaux sont les lacs Charron, la Blanche, Aigremont, Nicabau, Chigoubiche et Ashuapmushuan (CtQ : 1).

Ashuapmushuan est un mot innu signifiant « là où l'on guette l'ori-gnal ». C'est sur les cartes du jésuite Pierre Laure, de 1731 et de 1732, que le nom « L. Chomonchouane » apparut la première fois (CtQ : 2).

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La géographie

Alors que le bassin hydrographique de la rivière Ashuapmushuan comprend une superficie de 15 700 km2 (Laliberté, 1987 [a] : 6), le parcours de la rivière s'étend sur deux aires. La première, constituant les basses terres du Pekuakami, s’étend jusqu'à la limite sud de la ré-serve faunique. Le relief y est plat, résultat de la présence de l'an-cienne mer Laflamme, ponctué par des collines basses arrondies d'au plus deux cents mètres. Se retrouvent de grandes quantités de sédi-ments argileux, tandis que les feuillus caractérisent la flore. C'est à la hauteur des municipalités de Sainte-Hewidge et de La Doré que ceux-ci commencent à laisser la place aux conifères. La topographie se mo-difie également par l'augmentation d'affleurements rocheux et par les cours d'eau qui se font plus tortueux. On atteint ensuite les hautes terres du Bouclier canadien. Des collines, d'une altitude variant entre deux cents et huit cents mètres, apparaissent dans la partie centrale et septentrionale du bassin de la rivière Ashuapmushuan. L'épinette noire prédomine et le relief est irrégulier, où s’enchaînent tour à tour des collines rocheuses et des vallées. L'inégalité du terrain a formé une multitude de lacs et de tourbières (Laliberté, Lapointe, 1988 : 10-12).

(1 – Carte de la localisation du territoirede l’Ashuapmushuan iussi)

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PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI(Territoire de l’Ashuapmushuan).

Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle.

L'Ashuapmushuan iussides premières occupations :

à partir de 4500 ans avant aujourd’hui

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Les premières investigations archéologiques sur le territoire de l'Ashuapmushuan datent des années 1950, avec les archéologues amé-ricains E.S. Rogers, M.H. Rogers et R.A. Bradley (*1953). Les tra-vaux du notaire Joseph-Henri Fortin de la Société d'archéologie du Saguenay dans les années 1960 furent suivis de ceux de l'abbé Robert Simard sur le poste de traite du lac Ashuapmushuan ainsi qu’au lac Nicabau dans les années 1970 (Langevin, 1997 [a] : 21-22 ; Langevin, 1997 [b] : 24 ; Moreau, 1987 : 131 ; Simard, 1976 : 42). En 1985-1987, la direction régionale du ministère des Affaires culturelles du Québec au Saguenay–Lac-Saint-Jean développe le projet de recon-naissance archéologique de la rivière Ashuapmushuan, projet s'inscri-vant dans le cadre d'une problématique globale des voies d'échange, de commerce et de communication au cours de l'histoire. De ce projet ont émergé les travaux de Marcel Laliberté et de Camille Lapointe (cf. en biblio.) (Moreau, 1987 : 132). Dans le courant de la dernière dé-cennie, ceux de l’archéologue Jean-François Moreau, de l’université du Québec à Chicoutimi, explorèrent notamment les avenues reliées aux transferts culturels, à l’ethnicité et à l’interculturalité au Sague-nay–Pekuakami (cf. en biblio.). En fait, les investigations archéolo-giques ont été nombreuses dans le bassin de la rivière Ashuapmu-shuan, ce qui en fait le sous-bassin hydrographique de la région du Saguenay–Pekuakami le mieux connu (Langevin, 1997 [a] : 21) 2.

2 Au Québec, les investigations archéologiques s'opèrent sous les auspices de la Loi sur les biens culturels, alors que la Loi sur la qualité de l'environne-ment voit à prévenir la destruction du patrimoine archéologique par les ou-vrages et les aménagements modernes. Toutes les activités de fouilles archéo-

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Les grandes périodes de l'histoire amérindienne préeu-ropéenne du Québec et du Saguenay–Pekuakami3

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Trois grandes périodes délimitent l'histoire amérindienne préeuro-péenne. D'abord, le Paléoindien s’étend de 11000 à 8000 ans avant aujourd'hui (a. a.). Il comprend le Paléoindien ancien, de 11 000 à 10 000 ans a. a. et le Paléoindien récent, de 10000 à 8000 ans a.a. Le Québec n’a révélé aucun vestige appartenant au Paléoindien ancient. Le Paléoindien est suivi de l’Archaïque, qui s'étend de 8000 à 3000 ans a.a. La période suivante est le Sylvicole, qui s’étend de 3000 ans à 500 ans avant aujourd'hui. Le Sylvicole se subdivise en trois phases : le Sylvicole inférieur, de 3000 à 2400 a.a., le Sylvicole moyen, de 2400 à 1000 a.a. et le Sylvicole supérieur, de 1000 à 500 a.a. (MccQ [d] : 1-3 ; Le Groupe Cleary). Le Sylvicole introduit la fabrication de la poterie (MccQ [d] : 3). L’Archaïque regroupe trois subdivisions géographiques : l'Archaïque du Bouclier, distinctif de la forêt boréale, l'Archaïque maritime de la côte atlantique et l'Archaïque laurentien de la plaine du Saint-Laurent (MccQ [d] : 2 ; Wright, 1980 : 29). L'Ar-chaïque du Bouclier pourrait provenir d'une culture planoenne de l'Ouest se rattachant à une phase récente du Paléoindien (Wright, 1980 : 29, 23).

Au Saguenay–Pekuakami, le glacier s'est retiré vers 9 500 a.a. et la mer Laflamme, mille ans plus tard, vers 8 500 a.a. Les plus an-ciennes occupations remontent à l'Archaïque, par exemple, sur le site DdEw-12 de la Grande décharge du Pekuakami, 6000 ans avant au-

logiques au Québec exigent au préalable l’obtention d’un permis par le minis-tère de la Culture et des Communications (Moreau, 1987 : 131-132 ; Chevrier, 1996 : 76).

3 À la dichotomie préhistoire (archéologie) et histoire, qui introduit une coupure dans l’occupation (amérindienne versus européenne), se profile une nouvelle tendance qui traite plutôt d'histoire amérindienne générale ou d'histoire amé-rindienne préeuropéenne, faisant référence à la période pendant laquelle les autochtones n'entretinrent pas de contacts avec les Européens, donc, avant leur arrivée (MccQ [d] : 2 ; Moreau, Langevin, 1992 : 26).

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jourd'hui 4 (Moreau, 1993 : 21 ; Moreau, 1998 [b] : 35). Ces occupa-tions ne sont pas culturellement homogènes ; elles sont associées soit à l'Archaïque du Bouclier, à l'Archaïque maritime ou à l'Archaïque laurentien. Des réseaux de communication et d'échanges avaient cours dans la région du Saguenay–Pekuakami à l’époque préeuro-péenne. En outre, une présence iroquoienne a été dénotée sur des sites au cours de la période du Sylvicole supérieur et pour certains d’entre eux, cette présence fut humaine, et non pas exclusivement culturelle (Moreau, 1987 : 133).

Les sites archéologiquesdu bassin de la rivière Ashuapmushuan

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À lui seul, le bassin hydrographique de la rivière Ashuapmushuan comporte quatre-vingt-neuf sites archéologiques identifiés, incluant les sites non compris dans les limites de la réserve faunique (IsaQ – annexe 1) 5. La quasi totalité de ces sites est d'appartenance autochtone (IsaQ). Ce nombre élevé de sites révèle la richesse de cette portion de la région du Saguenay–Pekuakami, alors que celle-ci contient globale-ment un total de trois cent quatre-vingt-dix sites archéologiques, en date de 2001 6 (Langevin et al., décembre 2001 : 15). Cet état de fait 4 L’étude de ce site a fait l’objet d’un mémoire de maîtrise en anthropologie

(Langevin, 1990). 5 À la page 4 de l'annexe 1 (IsaQ), trois sites du lac Chigoubiche sont listés

comme faisant partie du bassin hydrographique de la rivière Saint-Maurice, alors qu'en fait, ils appartiennent à celui de la rivière Ashuapmushuan, à l'ins-tar des autres sites de ce lac (M. Jean-François Moreau, archéologue, et M. Carl Brisson, géographe, université du Québec à Chicoutimi, communications personnelles, le 22 mai 2002). Malgré leur proximité, nous n'avons pas retenu, aux fins de cette recherche, les sites au sud de la réserve faunique non ratta-chés au bassin de la rivière Ashuapmushuan.

6 La concentration très élevée de ces sites au lac Pekuakami, au détriment de la rivière Saguenay, peut s’expliquer par les formations rocheuses du fjord du Saguenay, formant une entrave naturelle, couplée aux difficultés de la naviga-tion. S’ajoutent à cela les incidences de l’urbanisation dans le haut Saguenay. L’endiguement du lac Pekuakami contribua à favoriser les découvertes ar-chéologiques dans ce secteur, alors que le notaire Joseph-Henri Fortin apporta une contribution significative aux connaissances archéologiques relatives à

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PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI (Territoire de l’Ashuapmushuan)... (2002) 16

est attribuable, et dévoile par la même occasion, l’importance de cette voie de communication que s’avéra être la rivière Ashuapmushuan au cours des siècles. Celle-ci rejoint, en effet, les bassins hydrographique du Pekuakami, de la Mauricie, de l'Abitibi, du lac Mistassini et de la baie James (Laliberté, 1987 [b] : 70-71).

Parmi tous les sites du bassin de la rivière Ashuapsmushuan, une majorité, soit soixante-dix, se retrouvent dans la partie supérieure de la rivière. Ils se concentrent autour des lacs Ashuapmushuan, Nicabau, Chigoubiche et des rivières Normandin et Ashuapmushuan. Une par-tie des sites de la rivière Normandin se situent à l’extérieur des limites de la réserve faunique. Il en va de même pour les sites du lac Poutrin-court, situé à l’ouest de la réserve faunique. Les sites de la partie basse de la rivière, quant à eux, se chiffrent à dix-neuf, mais deux d'entre eux sont d'appartenance culturelle euroquébécoise (les seuls de tout le lot). Ils se situent grosso modo sur le parcours de la rivière Ashuap-mushuan et de ceux de ses tributaires, soit la rivière aux Saumons et la rivière aux Iroquois. On en retrouve encore près du rapide des La-france, de la grande chute à l'Ours, de la chute à Michel et sur l'île Al-lard. Ils sont tous hors des limites de la réserve faunique (IsaQ ; Lali-berté, Lapointe, 1988 : 13).

(2- Carte des sites archéologiquessecteur nord-ouest du lac St-Jean)

cette portion de la région (Moreau et al., 1991 : 36).

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PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI (Territoire de l’Ashuapmushuan)... (2002) 17

Tableau 1Répartition des sites archéologiques du bassin

de la rivière Ashuapmushuan

Basses terres au sud de la réserve faunique Ashuapmushuan (banque IsaQ)

Entité Nombre de sites Code Borden

Rivière aux Saumons 1 DeFd-5 7

Île Allard 1 DeFd-6

Rivière aux Iroquois 1 DdFb-4

Île du chemin Price 1 DdFc-1

Rapide des Lafrance 1 DeFc-4

Ticouapé 2 DeFc-2 à 3

Grande chute à l'Ours 3 DeFd-7 à 9

Lac St-Jean 2 DdFb-12, DdFb-5

Rivière Ashuapmushuan 5 DeFd-1 à 4, DdFc-2

Euroquébécois (chute à Mi-chel et lac Saint-Jean)

2 DeFc-5, DdFc-3

Total = 19

7 Le code Borden, formé de lettres majuscules et minuscules suivies d’un chiffre, sert à codifier tous les sites archéologiques du Canada selon leur lon-gitude et leur latitude. C’est Charles E. Borden qui soumit ce système en 1952 (MccQ [c]).

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Tableau 2Répartition des sites archéologiques du bassin de la rivière Ashuapmushuan

Hautes terres sur le territoire de la réserve faunique Ashuapmushuan(banques IsaQ et MrnQ)

Entité Nombre de sites Code Borden

Lac Ashuapmushuan 13 DgFk-1 à 4, DhFk-1 à 2, DhFk-6 à 12

Lac Nicabau* 22 DiFm-1 à 22

Lac Chigoubiche 6 DgFi-1 à 2, DgFj-1 à 4

Rivière Normandin 4 DhFm-1 à 3, DiFl-1

Rivière Ashuapmushuan 6 DfFe-1, DhFj-2 à 3, DiFi-2 à 4

Rivière du Chef 1 DiFi-1

Aigremont 1 DhFk-4

Rivière du Cran 1 DeFf-1

Rivière Chigoubiche 2 DfFh-1, DgFg-3

Chutes de la Chaudière 1 DfFg-3

Lac Damville 2 DgFg-1 à 2

Lac Desgly 2 DhFj-1 et 7

Total = 61

* Le lac Nicabau fait entièrement partie de la réserve faunique Ashuapmushuan (banque MrnQ).

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Tableau 3Répartition des sites archéologiques du bassin de la rivière Ashuapmushuan

Hautes terres hors de la réserve faunique Ashuapmushuan(banques IsaQ et MrnQ)

Entité Nombre de sites Code Borden

Rivière Normandin 3 DhFm-4 à 6

Lac Poutrincourt 6 DhFm-7 à 12

Total = 9

L’ancienneté des occupations

La trace la plus ancienne d’une occupation humaine sur l’Ashuap-mushuan iussi se situe entre 3700 et 4500 ans avant aujourd’hui, à la période de l’Archaïque, avec la découverte, sur le site de la rivière aux Iroquois (DdFb-4), d’une pointe de projectile de type Lamoka. Ce type de pointe se rattache à la tradition de l’Archaïque laurentien. Des contacts eurent donc véritablement lieu entre les groupes habitant le bassin de l’Ashuapmushuan et les populations du sud du Québec (La-liberté, Lapointe, 1988 : 43).

Des analogies entre une pointe et un fragment de pointe provenant du site DiFm-10 du lac Nicabau et des témoins du site Fretz en Onta-rio associent les habitants du territoire de l’Ashuapmushuan à la tradi-tion de l’Archaïque du Bouclier, vers 4000 ans a. a. Une occupation appartenant à cette même tradition et remontant à plus de 2000 ans est attestée par une pointe mise au jour sur le site DiFi-2 à l’embouchure de la rivière du Chef. De la même façon, d’autres pointes trouvées sur les sites du lac Nicabau (DiFm-9) et de la rivière Chigoubiche (DgFg-3) se rattachent, elles aussi, vraisemblablement, à l’Archaïque du Bou-clier. Des pointes provenant du site DdFb-4 pourraient être datées entre 500 et 1100 ans a. a. Enfin, notons qu’une pointe en métal pro-venant d’un site du lac Chigoubiche (DgFj-4) appartient au XVIIe siècle (Laliberté, Lapointe, 1988 : 43, 44 ; IsaQ).

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Tableau 4Répartition chrono-culturelle et spatiale des sites archéologiqueset des occupations dans le bassin de la rivière Ashuapmushuan

(banque IsaQ ; Laliberté, Lapointe, 1988 : 43-458)

Nombre de sites et d'oc-cupations par période

Ans a. a.* Sites Localisation % des occupa-tions seulement

Paléoindien = 0 8000 à 11 000 Aucun

Archaïque = 1 Entre 3700 et 4500 DdFb-4 Basses terres 0,8 %

Archaïque du Bouclier = 5

3000 à 8000 DgFg-3, DhFk-12, DiFi-2, DiFm-9 et 10

Hautes terres 4 %

Sylvicole inférieur = 0 2400 à 3000 Aucun

Sylvicole moyen = 2 1000 à 2400 DhFk-7 et 9 Hautes terres 1,6 %

Sylvicole supérieur = 10 500 à 1000 DdFb-4 Basses terres 0,8 %

DgFi-1, DhFk-1, 7 et 9, DhFm-6 et 11, DiFm-1, 5 et 9

Hautes terres= 9

7,2 %

Total = 8 %

Sylvicole indéterminé = DiFm-7 et 8 Hautes terres 1,6 %

8 Les rapports de fouilles archéologiques et les études de synthèse ajoutent à la précision des données de la banque IsaQ (M. Jean-François Moreau, archéologue, université du Québec à Chicoutimi, communication personnelle, le 22 mai 2002). Considérant la classification générale des sites aux périodes chrono-culturelles fournie par la banque IsaQ, les informations présentées dans ce tableau ne peuvent être interprétées comme étant absolues.

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Tableau 4Répartition chrono-culturelle et spatiale des sites archéologiqueset des occupations dans le bassin de la rivière Ashuapmushuan

(banque IsaQ ; Laliberté, Lapointe, 1988 : 43-45)

Nombre de sites et d'oc-cupations par période

Ans a. a.* Sites Localisation % des occupa-tions seulement

2

Amérindien préeuropéen indéterminé = 72**

Indéterminée DdFb-5 et 12, DdFc-1 à 2, DeFc-2 à 4, DeFd-1 à 9

Basses terres= 16

12,8 %

DeFf-1, DfFe-1, DfFg-3, DfFh-1,DgFg-1 à 3, DgFi-2, DgFj-1 à 3, DhFj-1 à 3, DgFk-1 à 4, DhFk-2, 4, 6, 8, 10 et 11, DhFm-1 à 5, 7 à 10 et 12, DiFl-1, DiFi-1 à 4, DiFm-1 à 4, 6, 10 à 22

Hautes terres= 56

44,8 %

Total = 57,6 %

Amérindien = 5 Contact à 1900 DgFj-4, DhFm-6, DiFm-1, DhFk-1 et 10 Hautes terres 4 %

Amérindien = 5 Post-contact DiFm-8, 10, 18 et 20, DhFk-7 Hautes terres 4 %

Amérindien = 2 1900 et après DiFm-9 et 12 Hautes terres 1,6 %

Euroquébécois = 20 DdFc-3, DdFb-4 et 12, DeFc-3 et 5, DeFd-3 et 8

Basses terres = 7 5,6 %

DgFg-3, DgFk-1, DhFk-1, 6 et 8, DiFi-2, DhFm-2, 5 et 6, DiFm-1, 7 à 9

Hautes terres = 13

10,4 %

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Tableau 4Répartition chrono-culturelle et spatiale des sites archéologiqueset des occupations dans le bassin de la rivière Ashuapmushuan

(banque IsaQ ; Laliberté, Lapointe, 1988 : 43-45)

Nombre de sites et d'oc-cupations par période

Ans a. a.* Sites Localisation % des occupa-tions seulement

Total =16 %

Appartenance chrono-culturelle indéterminée = 1

Indéterminée DhFj-7 Hautes terres 0,8 %

* Avant aujourd’hui. ** Sur la majorité des sites, les témoins exhumés n’ont pas permis une attribution chronologique du site à une période définie, d’où leur classification imprécise (MccQ [d] : 4).

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Comme le démontre ce tableau, l’hypothèse d’un peuplement du territoire en provenance du sud ne peut être retenue, puisque les occu-pations les plus anciennes (à l'Archaïque et au Sylvicole moyen) sont prépondérantes dans les hautes terres. On remarque que les occupa-tions les plus récentes (amérindiennes) se situent uniquement dans les hautes terres et qu'elles sont minoritaires par rapport à l’ensemble de toutes les occupations dans les hautes terres : 12 %. La classification incomplète de plus de la moitié des occupations au cours de la période amérindienne préeuropéenne occasionne inévitablement des limites à cette vue d'ensemble. En ce qui a trait aux traces euroquébécoises, notons que les basses terres n'en ont dévoilé aucune trace se rattachant au régime français. Or, des sites du lac Ashuapmushuan (DhFk-6), de la rivière Chigoubiche (DgFg-3) et du lac Nicabau (DiFm-1, 8 et 9) (en omettant les sites réel ou supposé des postes de traite) ont révélé des informations euroquébécoises relatives à cette époque (IsaQ ; Langevin, 1997 (a) : 21).

Le témoignage de la céramique

Les plus anciens tessons de céramique autochtone datent de l’an mil de notre ère environ, jouxtant le Sylvicole moyen et le Sylvicole supérieur. Ils proviennent de sites du lac Ashuapmushuan, soit DhFk-7 et DhFk-9. Des sites des lacs Poutrincourt (DhFm-11), Nicabau (DiFm-1 et 5) et Ashuapmushuan (DhFk-1), ont révélé pareillement de la poterie du Sylvicole supérieur, sans que l’on puisse en spécifier l’origine, comme dans le cas de ceux du lac Ashuapmushuan. On as-socie néanmoins certains de ces tessons à la culture huronne, entre 1300 et 1500 de notre ère. Paradoxalement, des témoins en céramique provenant du sud du bassin de la rivière Ashuapmushuan, précisément du site DdFb-4, s’apparentent plutôt à la culture iroquoienne de la val-lée du St-Laurent. On pourrait donc avoir affaire à deux routes d’échanges, la première relierait les Hurons via la rivière des Ou-taouais, alors que la seconde rejoindrait les Iroquoiens du St-Laurent en empruntant la rivière Saguenay et le Pekuakami. Les plus anciens

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échanges avec des groupes du Sud remonteraient entre 900 et 1200 de notre ère (Laliberté, Lapointe, 1988 : 44-45).

Les sites des basses terres

Les sites de la partie basse de la rivière Ashuapmushuan, c'est-à-dire au niveau des basses terres du Pekuakami, appartiennent ou pré-cèdent le Sylvicole supérieur (IsaQ) 9. Ces sites constituent soit des camps de voyage, des haltes de voyage ou des campements de subsis-tance. Les haltes de voyage étaient ceux qui étaient le plus brièvement occupés, alors que les camps de subsistance témoignent des lieux d'habitation d'Amérindiens ou d'Eurocanadiens. Bien que la majorité des sites aient connu plus d'une vocation et qu'ils aient servi à la fois aux gens de passage et aux résidents, les camps de voyage et les haltes de subsistance ont davantage reçu la visite d’étrangers, alors que les campements de subsistance ont majoritairement été occupés par les populations résidentes (Laliberté, Lapointe, 1988 : 14, 12, tableau 1). La classification des sites en haltes ou camps de voyage ou sites de subsistance s’appuie sur le nombre de foyers découverts sur chacun des sites, qui sont plus nombreux sur les campements de voyage et de rencontre que sur les campements de subsistance (Laliberté, Lapointe, 1988 : 36).

Ainsi, le site DdFb-4 de la rivière aux Iroquois et les quatre sites de la rivière Ashuapmushuan (DeFd-1 à 4) et les trois sites de la grande chute à l’Ours (DeFd-7 à 9) constitueraient principalement des campe-ments de voyage d'Amérindiens ou d'Eurocanadiens remontant ou descendant la rivière Ashuapmushuan, surtout à ce qui à trait à DdFb-4. En ce qui concerne les haltes de voyage, les sites du rapide des La-france (DeFc-4) et Ticouapé (DeFc-2 et 3), ainsi que celui de la ri-vière aux Saumons (DeFd-5) auraient été employés à cette fin. Les haltes de voyage se caractérisent par le fait qu'elles révèlent de petits foyers et peu de déchets. Quant aux campements de subsistance, cinq se retrouvent dans la partie basse de la rivière Ashuapmushuan et sembleraient appartenir à ce type de site. Ils sont localisés à l'embou-chure de la rivière à l'Ours et à celle de la rivière aux Saumons. Les

9 Nous n’incluons pas ici les sites euroquébécois.

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sites Ticouapé, DeFc-2, et de l’île Allard, DeFd-6, auraient servi à de telles fins 10 (Laliberté, Lapointe, 1988 : 15-19 ; IsaQ).

Dans le cours inférieur et central de la rivière Ashuapmushuan, se retrouvent plus de sites de petite étendue (25 à 1000 mètres carrés), alors que dans le cours supérieur de la rivière, dans les environs des lacs Ashuapmushuan et Nicabau, les sites sont de plus grande surface (1000 à 2500 mètres carrés). Les petits sites réfèrent davantage à des sites de subsistance de voyage ou de portage occupés sur de courtes périodes par de petits groupes, tandis que les sites du cours supérieur s’apparentent plutôt à des lieux de regroupement de populations plus importantes (Laliberté, 1987 [b] : 72).

Les sites des basses terres ont été, pour plusieurs d’entre eux, en-dommagés par l'érosion, autant que par l'occupation récente des lieux (agriculture, aménagement des routes, aménagement en espace de vil-légiature, etc.). Ils ont dévoilé peu d'objets. Les informations à tirer sur les occupants de ces sites, de même que sur leurs activités, de-meurent faibles (Laliberté, Lapointe, 1988 : 19, 20, 22 ; Langevin, 1997 [a] : 21).

Les sites des hautes terres

Dans les hautes terres, vingt-cinq sites constituent des campements de voyage, entre autres, sur les parcours des rivières Ashuapmushuan et Normandin, dans la partie nord du lac Ashuapmushuan, et aux lacs Nicabau et Poutrincourt, notamment, les sites DhFk-6, 7 et 9 et DiFm-1, 8 et 9. Deux sites du lac Poutrincourt s’apparentent à ce type de sites sur la route menant en Mauricie. Trente-sept sites auraient servi de campements de subsistance pour des groupes locaux, aux abords des lacs Damville, Chigoubiche, Ashuapmushuan, Nicabau et Poutrin-court. Aucun site n'a été classé exclusivement comme une halte de voyage. Les sites DhFk-6, 7 et 9 du lac Ashuapmushuan et DiFm-1 et 9 du lac Nicabau constituent peut-être des lieux de rencontre entre na-

10 Le site euroquébécois DeFc-5, situé aux environs de la chute à Michel, consti-tue un site de type campement de subsistance de la fin du XIXe ou du début du XXe siècle témoignant de l'exploitation des ressources forestières (Laliberté, Lapointe, 1988 : 18-19).

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tions, à cause de leur situation à la croisée de voies fluviales (Laliber-té, Lapointe, 1988 : 24-27).

Alors que la calcédoine du Pekuakami se retrouve sur tous les sites des basses terres de l’Ashuapmushuan, sans cependant dominer les collections de matériaux lithiques, dans les hautes terres, elle n’appa-raît que sur le tiers des sites (Laliberté, Lapointe, 1988 : 31-32). Ce type de quartz 11 provient vraisemblablement du lac Mistassini, mais se retrouve en abondance sur les sites archéologiques du Pekuakami ; sa fréquence diminue selon que l’on s’éloigne des rives du lac (La-rouche, C., 1988 : 35). Cette distinction entre les basses terres et les hautes terres dans la fréquence de ce matériau laisse croire que les se-condes ne s’avérèrent pas être les terres de prédilection des popula-tions du Pekuakami, qui durent se borner à la limite des basses terres. En réalité, la nature et les concentrations de matière lithique provenant des sites contribueraient à considérer les populations habitant les basses terres de l’Ashuapmushuan comme distinctes de celles habitant les hautes terres. La présence de gens du Nord se confirme par la très forte concentration de quartzite de Mistassini, plus de 80 %, sur trois sites à la croisée des rivières du Chef et Ashuapmushuan (Laliberté, Lapointe, 1988 : 32-33).

La céramique amérindienne n’occupe que 11 % des sites et sur les hautes terres ; un seul site de la partie basse de l’Ashuapmushuan en a révélé, soit DdFb-4 de la rivière aux Iroquois. Elle ne se concentre que dans les camps de voyage et les lieux de rassemblement et, du reste, n’a révélé que peu de témoins. Selon Laliberté et Lapointe, il s’agirait donc moins d’une production sur place que d’une importation. Au nord du bassin de l’Ashuapmushuan, un site du lac Poutrincourt (DhFm-11) a révélé de la céramique qui a peut-être transité via la ri-vière Saint-Maurice, ce qui contribue à renforcer la thèse d’un impor-tant carrefour de communication pour les populations autochtones au nord du bassin de la rivière Ashuapmushuan, où les voies convergent vers le Haut-St-Maurice ou le Pekuakami (Laliberté, Lapointe, 1988 : 34-35).

11 La calcédoine est un quartz de type cryptocristallin dont il existe plusieurs sortes : l’agate (calcédoine aux couleurs nuancées), l’onyx, l’œil-de-tigre, la chrysoprase (calcédoine verte), le chert et le silex (calcédoines grises ou noires) et le jaspe (calcédoine rouge ou brun-rouge et éventuellement verte, bleue ou jaune) (Landry, Mercier, 1992 : 77, 79).

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Au lac Ashuapmushuan :les sites DhFk-6 et DhFk-7

Peu de sites archéologiques de la région, et partant, du territoire de

l’Ashuapmushuan, ont été l’objet d’une investigation approfondie, sans compter qu’ils ne suscitent pas tous le même intérêt. À partir de 1985, des reconnaissances archéologiques eurent cours dans le bassin de la rivière Ashuapmushuan. Quarante-deux sites furent alors inven-toriés. À l’été 1987, Céline Larouche et son équipe entreprirent une évaluation des sites DhFk-6 et DhFk-7 du lac Ashuapmushuan, la-quelle, par surcroît, les mena à la découverte du site DhFk-12 (La-rouche, C., 1988 : 2, 98). En 1990 et de nouveau en 1994, DhFk-7 ac-cueillait une autre équipe, cette fois les archéologues Jean-François Moreau et Érik Langevin, de l’université du Québec à Chicoutimi, accompagnés de leurs assistants. De tout le bassin de l’Ashuapmu-shuan, et d’ailleurs de toutes les hautes terres de la région, le site DhFk-7 est celui qui a été l’objet de l’analyse la plus poussée (Mo-reau, Langevin, 1992 ; Moreau, 1998 [b] : 34).

Les sites DhFk-6 et 7, ainsi que DhFk-9, figurent parmi les sites probables de regroupement de groupes autochtones ; d’ailleurs, à ce niveau, DhFk-6 et 7 appartiennent aux sites les mieux préservés et les plus riches de tout le territoire de l’Ashuapmushuan. Ces deux sites auraient également servi de lieux de campement réoccupés plusieurs fois par de petits groupes au cours des siècles. D’autres sites du lac Ashuapmushuan, DhFk-8 et 10, auraient peut-être été occupés comme campements de voyage ou de subsistance (Larouche, C., 1989 : 17-18 ; Laliberté, Lapointe, 1988 : 9 ; Larouche, C., 1988 : 2, 4).

(3- Carte des sites au nord du lac Ashuapmushuan)

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Tableau 5Répartition des témoins mis à jour sur les sites DhFk-6 et DhFk-7

(lac Ashuapmushuan)

Types de témoins DhFk-6* DhFk-7**

Foyers 2 3

Outils 18 206

Produits de débitage 2 632 4 658

Fragment osseux 949 4 459

Fragments de poterie - 131

Perles en verre - 191

Retailles et objets en alliage de cuivre 3 22

Pièces d’armes à feu anciennes - 44

Fragments de pipe en kaolinite 12 - 41

* Larouche, C., 1988 : 10, 32.

** Moreau, Langevin, 1992 : 10, 14, 17.

Le site DhFk-6

Il semblerait que sur DhFk-6, il y eut au moins trois occupations pendant la période préeuropéenne. Une occupation euroquébécoise y est également notée, dès le XVIIIe siècle et ce, jusqu’au XXe siècle. L'analyse radiométrique d'un échantillon de charbon de bois prove-nant de l'un des foyers situe son ancienneté à 1460 + ou - 110 a. a. (avant aujourd'hui), ce qui en fait probablement l'occupation la plus ancienne du site. L'existence d'un vaste réseau de circulation et possi-blement d'échanges s'étendant de la Jamésie au lac Pekuakami et peut-être jusqu'à la côte du Labrador se confirme par la diversité des ma-

12 La kaolinite est un phyllosilicate (à base de silicium) appartenant au groupe des argiles (Landry, Mercier, 1992 : 67, 74, 76).

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tières lithiques sur DhFk-6. Il appert que les séjours des groupes en transit auraient été passablement brefs (Larouche, C., 1989 : 17-18 ; IsaQ). La présence d’éclats en silex, qui est d’origine européenne, in-dique une occupation protohistorique ou post-contact, alors que les témoins en fer, en plomb, en verre et en cuivre, tel que des clous, in-diquent une occupation du XIXe siècle ou peut-être du XVIIIe (La-rouche, C., 1988 : 11, 19-20, 28, 30).

Les outils se révèlent essentiellement en percuteurs, grattoirs, per-çoirs et éclats. Ils sont employés généralement pour le traitement des peaux et la coupe du bois ainsi qu’à la taille de la pierre ou, simple-ment, à l’entretien des instruments. Les grattoirs sont en calcédoine du Pekuakami, tandis que les perçoirs, en quartzite. Le quartzite, comme d'ailleurs le quartz, constituent les matières premières de 75% des ma-tériaux lithiques provenant de DhFk-6. Le quartzite s'apparente à celui provenant de la colline Blanche, située sur la rivière Témiscamie, à proximité des lacs Albanel et Mistassini 13 (Larouche, C., 1988 : 35-37 ; Conseil de bande crie de Mistissini). Puisque le quartz origine sans doute des lieux immédiats, il est loisible de croire que les groupes ayant transité à DhFk-6 provenaient des lieux mêmes ou, en-core, de la région (Moreau, Langevin, 1992 [a] : 39). Les quantités de calcédoine, comme les quantités de chert, une variété de la baie James, se retrouvent en faibles proportions sur DhFk-6. Leur présence pourrait signifier celle de groupes autochtones provenant de la baie James ou du Pekuakami. Enfin, un artéfact en quartzite de Ramah, provenant de la baie de Ramah au Labrador, fait foi de relations ou d’échanges avec une région très éloignée (Larouche, C., : 1988 : 32-33, 35-36).

13 La colline Blanche fut reconnue selon la Loi sur les biens culturels en 1976. Elle compte cinq sites archéologiques (EgFf-6 à 10) dont l’occupation re-monte à l’Archaïque du Bouclier (MccQ [e] et [g]).

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Le site DhFk-7

À l’instar de DhFk-6, plusieurs occupations se sont succédées sur DhFk-7. La première remonte au Sylvicole moyen et la plus récente, au Sylvicole supérieur, alors qu'une datation numérique donne le ré-sultat de 980 + - 80 a. a. Aucun vestige de sépulture n'y a été décou-vert (Moreau et al., 1996 [b] : 25 ; Larouche, C., 1989 : 17-18 ; Mo-reau, 1994 [a] : 33-34).

DhFk-7 révèle moins d’une dizaine de foyers de petites dimensions et aucune structure d’habitation. L’ensemble des structures du site fait foi de campements temporaires par des groupes nomades, dont les séjours purent néanmoins s’avérer relativement longs, à l’instar de DhFk-6 (Moreau, Langevin, 1992 [b] : 17 ; Moreau, 1992 : 115 ; Mo-reau, Langevin, 1992 [a] : 39 ; Larouche, C., 1989 : 17-18).

Les groupes qui ont transité sur DhFk-7 paraissent d’origines lo-cale et régionale. Cette assertion s’appuie sur le matériel lithique ayant servi à la fabrication des outils : le quartz, de souche sans doute locale, et le quartzite de Mistassini dominent l’ensemble des outils lithiques. Les autres matériaux sont le quartzite de Ramah, provenant du Labrador, et les cherts, provenant du sud du Québec (Moreau, Lan-gevin, 1992 [a] : 39). Ces outils comprennent principalement des nu-cléus, des grattoirs, des pièces polies, des pointes, des perçoirs, des bifaces et des percuteurs (Moreau, Langevin, 1992 [b] : 10). Le type d’outils contribue également à l’identification des occupants d’un site. Ainsi, la prépondérance des grattoirs et la présence d’un type de pointes suggère la présence de groupes nomades du Subarctique sur DhFk-7. On pourrait avoir affaire à des Algonquiens, entre autres groupes (Moreau, Langevin, 1992 [a] : 40).

Le site DhFk-7 a révélé sept vases en céramique. Or, en date de 1992, seuls quelque trente sites du Saguenay–Pekuakami dénotent une occupation au Sylvicole. Un des vases se rattache au Sylvicole moyen et les six autres vases, au Sylvicole supérieur. Ces six vases attestent une influence en provenance de l'Ontario, spécifiquement huronne. Advenant le cas où ces vases ont été fabriqués dans la région du lac Pekuakami, ce fait rejoindrait les textes historiques faisant part de la

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présence de Hurons à cet endroit (Moreau, Langevin, 1992 [a] : 40-41).

Parmi les perles de verre découvertes sur DhFk-7, certaines sont de type cylindriques et ellipsoïdales blanchâtres et bleu foncé noir. D'autres sont tubulaires blanchâtres lignées bleues ou encore ellipsoï-dales noires. Une quarantaine de perles sont très petites, surnommées seed beads (Moreau, 1994 (a) : 41). Elles se rattachent, pour la moitié, à la période 1600-1625, des perles blanches et bleu foncé de forme ovoïdes et tubulaires, alors que le quart remonte à la période 1625-1650, des perles rouges et turquoises, selon leur assignation à une ty-pologie prédéfinie. Elles sont d’origine française. Le reste est posté-rieur à 1650 ; elles sont petites et ont afflué au XVIIIe siècle (Moreau, Langevin, 1992 [b] : 13-14). La présence de perles au Saguenay–Pe-kuakami témoigne de la circulation de biens européens, non d’une présence européenne. La concentration élevée de perles du XVIIIe siècle observée sur DhFk-7, comparativement aux quantités provenant des sites de Chicoutimi (du poste de traite) et de Métabetchouan, sug-gère que la traite des fourrures, en régression à ce moment, se décalait vers le nord (Moreau, 1994 [a] : 42).

L’assemblage des fragments de pipes en kaolinite, allant du XVIIe

au XIXe siècles, permet de reconstituer environ trois pipes. Un autre indice d’échanges avec les populations occidentales au lac Ashuapmu-shuan se révèle par la présence d’un tuyau de pipe de facture iro-quoienne. Quant aux pièces de fusil, elles comprennent quatre seg-ments de fusil, dix plombs et vingt-trois pièces de silex qui remonte-raient davantage au régime anglais qu’au régime français (Moreau, Langevin, 1992 [b] : 15-16 ; Larouche, C., 1988 : 52, 55).

Les objets en alliage de cuivre, quant à eux, sont représentés, entre autres, sous la forme d’une pointe et d’une pièce s’apparentant à une aiguille. La matière première de ces objets provient des chaudrons en laiton de facture européenne qui sont récupérés une fois devenus inuti-lisables (Moreau, Langevin, 1992 [b] : 14). En associant ces chau-drons de cuivre avec les perles de verre trouvées à ce niveau de la stratigraphie, on peut les dater de la période 1625-1650, ou encore, de la période 1700-1800 (Moreau, Hancock, 1999 : 329).

Le recours à une méthode provenant des sciences appliquées, l’analyse par activation neutronique instrumentale, a permis à l’ar-

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chéologue Moreau, de l’université du Québec à Chicoutimi, et à ses collègues, de l'université de Toronto, d’obtenir la composition chi-mique d'objets en cuivre provenant du site DhFk-7 et façonnés par les autochtones à partir de chaudrons d’origine européenne. Les résultats de l’analyse tendent à démontrer que quatre de ces artéfacts origine-raient tous du même chaudron. Par contre, d'autres artéfacts de ce même site émaneraient, très probablement, de plusieurs chaudrons différents. Dans le second cas, l'hétérogénéité des éléments chimiques indique, sans aucun doute, que plusieurs individus furent impliqués dans le transport de ces chaudrons en cuivre ainsi que dans leur trans-formation en objets de facture autochtone (Moreau, Hancock, 1996 [a] : 111, 114-123).

Au lac Nicabau

Le lac Nicabau est situé sur le parcours de la rivière Normandin (CtQ : 3), non loin de la ligne de partage des eaux délimitant le bassin du fleuve St-Laurent de celui de la baie James (Simard, 1979 [b] : 11). Nicabau (Nikabau) est une appellation innue qui signifie « lac entouré de foin », ce qui illustre tout-à-fait la géographie de l'endroit. Ce vo-cable a subi plusieurs variations, comme en atteste des documents car-tographiques depuis la Nouvelle-France : Nekouba, Nekoubau, Nicou-pao, Necoubeau, Nikaubau ou Nikabau (CtQ : 3).

Les premières reconnaissances archéologiques à cet endroit re-montent à 1948 puis à 1950, alors que Rogers et ses collègues (*1950 ) y découvrirent trois sites. En 1966 et 1967, douze sites ar-chéologiques situés au sud du lac Nicabau furent mis au jour par des membres de la Société d’archéologie du Saguenay. Un de ces sites, DiFm-1, dévoila des ossements humains, soit trois ou quatre sque-lettes (Simard, R., 1976 : 26, 42).

Selon Simard, presque tous les sites du lac Nicabau et de la rivière Normandin 14 dénotent une utilisation de l’espace en fonction de la proximité de l’eau, ce qui n’en fait possiblement pas des campements hivernaux, ces derniers se trouvant généralement plus reculés en forêt.

14 Les sites DiFm-21 et 22 ne figurent pas dans le rapport de Robert Simard de 1976.

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Alors que DiFm-1, 5 et 8 apparaissent comme des campements de base, les autres sites semblent constituer des campements de petite ou de moyenne envergure, situés à l’entrée d’une rivière ou près d’un rapide, favorisant, de la sorte, la pêche ou la chasse aux oiseaux aqua-tiques (Simard, R., 1976 : 69-70 ; IsaQ).

La matière lithique ayant servi au façonnage des outils (grattoirs, couteaux, pointes et haches) provient probablement des lieux mêmes (quartz) et des environs des lacs Mistassini et Albanel (quartzite), ce qui témoigne de la présence de groupes d’origines locale et régionale au lac Nicabau. La présence de poterie iroquoienne (plus d’une cen-taine de tessons sur DhFm-6 et DiFm-5) illustre une influence occi-dentale, que ce soit via le biais d’un réseau d’échanges de biens, ou encore, d’une présence humaine à ce même endroit. L’importance des échanges paraît bien attestée par la diversité des témoins d’origine européenne exhumés sur les sites DhFm-2, DiFm-1, DiFm-7, 8 et 9 : une hache française, une dizaine de pierres à fusil anglaises, hollan-daises et françaises, des plombs de chasse, un tuyau de pipe de plâtre et d’autres objets comme des ustensiles de table et des ciseaux pou-vant remonter jusqu’au XVIIIe siècle (Simard, R., 1976 : 43-64, 75, 78, 80-82 ; IsaQ ; Moreau, Langevin, 1992 [a] : 39, 41). Sur les sites DiFm-9 et 12, du matériel amérindien, datant du XXe siècle, témoigne d’une présence récente au lac Nicabau (IsaQ).

Le fameux lieu de foire autochtone relaté par le jésuite Druillettes, en 1661, pourrait bien occuper le sud du lac Nicabau, tel qu’en fait foi la concentration de sites archéologiques à cet endroit. L’occupation se transpose sur une période relativement longue, puisqu’un site a révélé du matériel lithique, autant qu’européen ; d’ailleurs c’est dans toute cette zone que le nombre de témoins archéologiques est le plus élevé. En outre, l’endroit demeure tout-à-fait approprié à ce type d’activités, à la croisée de trois voies fluviales. Simard suggère le site DiFm-1 comme principal emplacement du lieu de foire, dont la vocation pour-rait remonter avant la venue des Européens (Simard, R., 1976 : 72-74, 5 ; Relations des Jésuites, t. 5 : 17-18 ; Laliberté, Lapointe, 1988 : 25).

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PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI(Territoire de l’Ashuapmushuan).

Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle.

Les premières descriptions des habitantsde l'Ashuapmushuan iussidans les textes historiques

(1603-1732)

Les écrits de Champlain

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La première mention des peuples de l’Ashuapmushuan iussi est révélée dans les écrits de Samuel de Champlain en 1603. Ces peuples sont dit nomades, vivant de la chasse. Les Kakouchaks de Tadoussac se rendaient alors sur le territoire de l'Ashuapmushuan pour traiter avec ces peuples les fourrures contre les marchandises fournies par les Européens (Girard, S., 2000 : 33 ; Simard, J.-P., 1983 : 78 ; Cham-plain : 18).

Les Relations des Jésuites

Les Relations des Jésuites, pour leur part, rapportent l’existence des Outakouamiouek qui vivaient à l’ouest du Pekuakami au XVIIe siècle et qui, à l’instar des autres petites nations habitant les cours des tributaires du Pekuakami, étaient en relation avec les Kakouchaks de Tadoussac pour le commerce. Cette nation fit partie de celles qui furent desservies par la mission de Tadoussac au milieu du XVIIe siècle. Les Outakouamiouek auraient peut-être habité le lac Outakoua-mi, soit peut-être l’actuel lac Obatogamau ou le lac Chibougamau, tout en demeurant rattachés à la mission de Nicabau. Les Relations citent également un autre groupe, les Oukouingouechiouek, qui occu-

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paient le territoire situé au-delà de celui des Outakouamiouek, au nord-ouest (Laliberté, 1987 [a] : 4-6). Quant aux Mistassins, occupant l’environnement du lac Mistassini, ils étaient en contact avec les na-tions les avoisinant. Ils ont possiblement assisté aux rassemblements qui avaient lieu sur les rives du Pekuakami ou encore du lac Nicabau (Laliberté, 1987 [a] : 8).

Le rapport de l’arpenteur Normandin

Laliberté suggère que les Outakouamiouek s’avèrent être très vrai-semblablement les Takouamis dont Normandin fait la rencontre en juin 1732. Ceux-ci habitaient le lac Nicabau, mais étaient reliés au poste d’Ashuapmushuan pour le commerce (Laliberté, 1987 [a] : 5). Ils étaient peu nombreux, le commis du poste du moment, Gro-seilliers, n’en ayant reçu la visite que de dix-sept d’entre eux au cours du printemps 1732. Leur chef se nommait 8ap8s8ianne (ou Ouapou-souianne), qui signifie « la peau de lièvre », un chef à l’ascendance bien établie et qui « se [faisait] craindre par sa jonglerie » (AnQC [b] : 75). Les Takouamis commerçaient aussi bien au poste d’Ashuapmu-shuan qu’à celui de Trois-Rivières, suivant le système de crédit accor-dé aux autochtones participant à la traite des fourrures. Le 17 juin 1732, Normandin en croisa un groupe de huit avec leurs familles cam-pant à l’entrée du lac Nicoupas ou Nicouipas (l’actuel lac Verreault), précédant l’entrée du lac Nicabau. En attendant l’arrivée d’une fourni-ture au poste d’Ashuapmushuan, la poudre à fusil, ils se nourrissaient des poissons dont abondait le lac, qu’ils attrapaient très habilement à la flèche (AnQC [b] : 51-52, 74-75, 57, 54 et la carte de Normandin).

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Le jésuite Laure

L’adroite analyse menée par Laliberté (1987 [a]) sur les Takoua-mis jette un doute sur la différenciation ethnique des deux groupes nommés par le jésuite Pierre Laure dans les années 1720, soit les Cho-mouchouanistes et les Nékoubauïstes (Laure, Jones, 1889 : 40, 46). Ceux-ci auraient occupé respectivement la rivière et – ou – le lac Ashuapmushuan et le lac Nicabau (Harris, Matthews, 1987 : plate 18). Sur sa carte de 1731, Laure indique l'emplacement de leur « païs » (Shm), ce que firent également les cartographes Nicolas Bellin et John Mitchell, sur leurs cartes de 1755 (AnQQ [b]). Or, à tout au plus dix années d’intervalle de Laure, pourquoi Normandin ne dit mot d’une nation habitant, et non pas seulement commerçant, au lac Ashuapmu-shuan ? Laure aurait-il proposé les gentilés Chomouchouanistes et Nékoubauïstes? N’aurait-on pas plutôt affaire à une nation unique, les Takouamis ?

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PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI(Territoire de l’Ashuapmushuan).

Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle.

L'Ashuapmushuan iussides postes de traite (1683-1935)

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Deux postes de traite furent établis sur le territoire de l'Ashuapmu-shuan au XVIIe et au XVIIIe siècles : celui du lac Nicabau et celui du lac Ashuapmushuan. Ces deux comptoirs peuvent être considérés, en fait, comme un seul et même poste. Après la mise en place des postes de commerce de Chicoutimi et de Métabetchouan (1676), l’axe straté-gique qu’offrait la jonction des voies de communication à la croisée des lacs Nicabau et Ashuapmushuan vers la baie James, le Saint-Mau-rice et l’Outaouais, appelait à cet endroit l’érection d’un comptoir pour faire poids à la concurrence de ceux établis à la baie James et à Trois-Rivières. Avec comme points de liaison le poste de Chicoutimi, au premier chef, et celui de Métabetchouan, les postes de Nicabau et d’Ashuapmushuan jouèrent le rôle de postes secondaires frontaliers à l’extrémité nord-ouest de la Traite de Tadoussac, établie auparavant en 1652 et donnée en affermage à des individus ou à une compagnie pour l’exploitation exclusive des fourrures sur le territoire circonscrit, sous réserve d’un coût de location (Bouchard, 1989 : 71, 108, 114, 116 ; Guitard, [1986] : 1, 31, 54 ; Girard, Perron, 1989 : 84) 15.

15 Un autre poste de traite était localisé à une relative proximité du territoire de l’Ashuapmushuan, celui du lac Pike. Frenette (1989 : 42) rapporte que les membres de la bande d'Ashuapmushuan étaient en contact avec les gens ratta-chés à ce poste. Selon lui, ce lac est identifié aujourd'hui au nom de Gabriel et se trouve en bordure du lac Chibougamau. On retrouve, effectivement, sur la carte 32G16 du système national de référence cartographique du Canada (cf. Toporama), un lac nommé Gabrielle. Or, selon la carte des postes de traite de la compagnie de la Baie d'Hudson (voir l'annexe 3, no B. 163) ainsi que selon Ratelle (1987 : carte 10), le poste du lac Pike aurait été localisé près du lac Gabriel, lac qui apparaît sur la carte 32G8, donc plus au sud. George Simpson, gouverneur de la compagnie de la Baie d’Hudson, rapporte que ce poste fai-

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Le poste du lac Nicabau

C’est un Eurocanadien, Nicolas Peltier qui, le premier, résida à cet endroit pour y exercer le commerce des fourrures. On lui attribut la fondation de ce poste et même le titre de celui de « premier habitant [d'origine européenne] du Lac-Saint-Jean » (Tremblay, 1938 : 109).

Nicolas Peltier est le fils de Nicolas Peltier et de Jeanne Roussy qui arrivèrent en Nouvelle-France avant 1637. Il est baptisé à Sillery le 2 mai 1649 16. Il arrive au Saguenay en 1672 en tant que commerçant indépendant de fourrures avec un permis alloué par le gouverneur Frontenac (AnC [a]). Il fut presque aussitôt expulsé du Domaine du roi pour concurrence par les responsables de la Traite de Tadoussac et se voit retirer son permis. Il revint en 1676 pour cette fois y demeurer. En 1673, il épouse, à Québec, une Innue, Madeleine Tegochik, nièce du chef de Sillery et des Innus du Pekuakami, Charles Tekouerimat. Peltier convola avec deux autres autochtones : Françoise 8ebechi-nok8e, une Algonquine, et Marie Pechabanoukoue ou Outchiouanich (selon les textes), fille du grand chef Jean-Baptiste Otchiouanich ou Nanabesa (selon les textes), qui vécut dix-sept ans à Québec et, à ce qu'il semble, coïncidence frappante, dans la famille de l'arpenteur Normandin (Burgesse, 1947 : 402 ; Gauthier-Cano, 1982 : 19-20 ; Tremblay, 1984 : 185) 17.

sait partie du district de la rivière Rupert, ce qui corroberait l’assertion de Fre-nette (PaM : 2 ; Galbraith, 1985 : 902). Considérant que celle-ci peut intro-duire à l’analyse des relations interethniques (et interbandes) des Innus de l'Ashuapmushuan et des autres groupes rattachés aux autres postes de traite environnants, nous fournissons, à l’annexe 4, les informations provenant des Archives de la compagnie de la Baie d'Hudson sur le poste du lac Pike (dont les archives couvrent les années 1826 à 1860) qui demeure, à notre connais-sance, encore peu connu.

16 Dictionnaire généalogique des familles canadiennes, de Tanguay (Québec, 1871, I, 470), cité dans Burgesse, 1947 : 401, note 2.

17 Pour plus de détails sur Nicolas Peltier cf. Tremblay, 1965. La vie de Nicolas Peltier, de sa femme Françoise, fille du chef Jean Oueskini, du Bas-du-Fleuve, et de leur fils Charles a inspiré un roman : Ilinishu, enfant des bois, par Claire Domey, paru à Montréal aux éditions Rayonnement [avant 1982]. Disponible pour consultation à la Société historique du Saguenay (cote D0031).

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Son établissement, qui fut vite admis comme un poste du roi, était situé au sud du lac Nicabau et aurait duré une dizaine d'années, de 1683 à 1693 (Burgesse, 1947 : 402). Il semblerait, pourtant, que les activités de Peltier contrevinrent à celles du détenteur du monopole de la traite du moment, Denis Riverin (Bouchard, 1989 : 132-133). Sur la carte jointe à son rapport, Normandin localise son établissement (AnQC [b]). Une chapelle fut construite à Nicabau en 1686 par le jé-suite François de Crespieul (Tremblay, 1984 : 161). L'endroit s'avérait excellent pour commercer et pour évangéliser ; quelque trente-cinq familles semblaient habiter les environs et en avaient fait leur lieu de pêche estival (AnC[b]), sans compter que l'endroit servait de carrefour pour atteindre soit le Pekuakami, soit Trois-Rivières. Les Têtes-de-Boule pouvaient également profiter de la proximité du poste pour commercer. Dans le Deuxième registre de Tadoussac, il est fait part que le père de Crespieul procéda au baptême d'enfants à Nicabau en septembre 1686 et que Nicolas Peltier était présent. Le frère Antoine Dalmas se trouvait également à Nicabau en 1684, en compagnie de Jacques L'Estourneau, de Nicolas Peltier et de deux autochtones (Bur-gesse, 1947 : 402). On retrouve, en 1727, Charles Peltier, fils de Nico-las et de Françoise 8ebechinok8e, travaillant à la construction de la maison à Chicoutimi pour loger le père Laure (Tremblay, 1984 : 184). La présence de Peltier fut constante dans la région à partir de 1676 et où d'ailleurs il mourut, en 1729 (Tremblay, 1984 : 186). Après son départ de Nicabau, en 1693, ce lieu de commerce n’est plus mention-né (Simard, R., 1976 : 23).

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Les témoins archéologiquesau poste de Nicabau

Le site de Nicolas Peltier se trouve possiblement sur DiFm-1 ou davantage sur DhFm-6, incertitude imputable au fait qu’aucun vestige d’habitation érigée par un Eurocanadien n’y a été mis à jour, quoique l’emplacement du site concorde avec les informations données par l’arpenteur Normandin en 1732 (Simard, R., 1976 : 4 ; Laliberté, La-pointe, 1988 : 25).

L’expédition de 1976 au lac Nicabau a dévoilé, sur le site DhFm-6, un nombre secondaire de témoins archéologiques qui laisse supposer que l’endroit fut peu fréquenté ou fréquenté sur une courte période. Y furent mis au jour quatorze perles de verre, deux pierres à fusil – une de type sur éclat et l'autre de type sur lame –, vingt-neuf éclats de pierres à fusil, vingt-et-un plombs de chasse, une centaine d'os et un couteau à boucherie. Aucun fragment de pipe en terre, ni de clous de construction n'y fut mis à jour, artéfacts que l'on retrouve habituelle-ment sur les sites des comptoirs de commerce. Les pierres à fusil per-mettent d'avancer la deuxième moitié du XVIIe siècle comme moment de l'occupation du site. Quelques éclats de quartzite et de quartz, de l'ocre rouge et trois tessons de poterie iroquoienne viennent compléter la collection DhFm-6. Ces derniers témoins attribuent au site DhFm-6 une occupation autochtone, en plus d'une autre à ce qu'il semble euro-péenne, alors que l'ocre rouge fut découvert dans une petite fosse ayant servi à une inhumation (Simard, R., 1976 : 34, 39-41, 100).

Le poste du lac Ashuapmushuan

Le site du poste de traite d'Ashuapmushuan se trouve à cent trente-six kilomètres au nord-ouest de Saint-Félicien, sur la rive est du lac Ashuapmushuan, précisément sur le site DhFk-1. Sa superficie est de quatre mille m2 (Laliberté, Lapointe, 1988 : 25, tabl. 2). Ce site a été reconnu selon la Loi sur les biens culturels du Québec en 1989 18. Il est

18 Sont également inclus dans le classement les sites DhFk-6, 7 et 12. Un cin-quième site archéologique a été reconnu dans la région, soit DcEx-1 de la ri-

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considéré comme l’un des plus importants sites de postes de traite du Québec (MccQ [b]). Le lac Ashuapmushuan est la source de la rivière du même nom, qui se déverse dans le Pekuakami près de Saint-Féli-cien. Note intéressante, l’arpenteur Normandin, en 1732, rapporte que les Français, et à ce qu’il semblerait les autochtones également, appe-laient la rivière Ashuapmushuan, « rivière de Necoubau » (ou « rivière Necoubeau »), dont le véritable nom, souligne-t-il, est Nic8pac, signi-fiant « un pays bas » (AnQC [b] : 26). La rivière Nicabau est l’ac-tuelle rivière Normandin (CtQ : 4), qui prend sa source dans le lac Ni-cabau et aboutit dans le lac Ashuapmushuan.

Le moment de la fondation du poste d’Ashuapmushuan n’a pu être précisément déterminé, car les premiers explorateurs ont confondu les dénominations et les localisations de Nicabau et d’Ashuapmushuan. Ce peut être en 1702, mais assurément avant 1732 (Guitard, [1986] : 6, 20). Ayant reçu l'instruction de rouvrir le poste de Nicabau, Jean Baptiste Dorval des Groseilliers, petit-fils de Médart Chouart des Gro-seilliers, choisit plutôt un site plus au sud, sur le lac Ashuapmushuan (AnC [c]). Normandin indique, dans son rapport, que la construction de la maison et du magasin datait d’un an avant son passage, donc de 1731 (AnQC [b] : 51). Quelle que soit la date exacte de fondation, la vocation de lieu d’échanges de l’endroit peut remonter avant la mise en place du poste, puisque les Français choisissaient fréquemment des emplacements employés comme tel par les communautés autochtones (Lapointe, Tran, 1987 : 3).

En fait, le poste se situait à la rencontre de plusieurs routes de com-munication : le lac Chigoubiche menant au Pekuakami ; ensuite vers la rivière Saint-Maurice via les rivières Miskokan ou Marquette ; ou vers la baie James via la rivière Normandin (Simard, R., [b], 1979 : 9). Le poste d'Ashuapmushuan fut le site d'une mission, soit celle de Saint-Nicolas d'Ashuapmushuan autour de laquelle gravitait les autres missions de Saint-Ignace de Nicabau, du lac Chigoubiche et du lac Mistassini (Simard, R., 1979 [a] : 14). Le jésuite de Crespieul rapporte qu'en 1688, s’y trouvait une petite maison pour le missionnaire, deux cabanes, une église ainsi qu'une cave (Larouche, L., 1972 : 168, cité dans Simard, R., 1979 [a] : 18). En 1701, il recense deux cimetières, un pour les adultes et un pour les enfants (Hébert, 1976 : 251, cité dans Simard, R., 1979 [a] : 18).

vière Métabetchouan, classé en 1988 (MccQ [e], [f], [h] et [i]).

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La Traite de Tadoussac connut une succession de locataires, tant sous le régime français qu’anglais. Presque inévitablement, le poste d'Ashuapmushuan vécut plusieurs ouvertures et fermetures. En 1750, le jésuite Coquart le rapporte fermé. Quelques Innus accompagnent un traiteur et deux Français qui s'y rendent chaque année au printemps envoyés par le commis de Chicoutimi. Après la Conquête, le poste d’Ashuapmushuan, comme celui de Métabetchouan, connaissent quelques années d’inactivité. Ashuapmushuan fut réouvert en 1782. S'y retrouve alors une maison, construite en 1783, comprenant une cheminée en pierres. En 1808, James McKenzie, surintendant de la compagnie du Nord-Ouest dans les postes du roi (celle-ci alors déten-trice du monopole de la traite depuis six ans), décrit le poste en une cabane et un jardin (Simard, R. 1979 [a] : 21-23 ; Bouchard, 1989 : 84-89, 193, 195, 201 ; Guitard, [1986] : 26 ; Bouchard, 1992 : 26). L’arpenteur P.-Horace Dumais, en 1894, dénombra plusieurs bâti-ments sur le site du poste en ruines, dont un petit magasin (Lapointe, Tran, 1987 : 7).

En 1824, Prisque Verreault se chargea du poste et conserva sa fonction de commis lorsqu’il passa, en 1831, à l’emploi de la compa-gnie de la Baie d'Hudson, alors nouvellement locataire des King’s posts, succédant ainsi à la King’s post company 19 (PaM : 1 ; Guitard, [1986] : 11 ; Bouchard, 1989 : 217). Ce Verreault possède une impor-tance non-négligeable dans l’histoire de l’Ashuapmushuan iussi. C’est à lui, en effet, que Burgesse attribut l'ascendance des chasseurs de la bande d'Ashuapmushuan de la fin des années 1940 (Burgesse, 1947 : 409). Métis par sa mère, Marie Petsiamiskueu, Innue, fils de François, Prisque Verreault épousa au moins deux autochtones, d’abord Angèle, puis à Ashuapmushuan, en 1845, Marie. Ses épouses lui donnèrent ensemble dix enfants (Burgesse, 1948 : 15-16).

Verreault quitte le poste d’Ashuapmushuan en 1849 et est rempla-cé par John Miles. À son tour, celui-ci et les deux engagés du mo-ment, James Robertson, gendre de Prisque Verreault, et Corneau, abandonnèrent le poste en 1849-1850, à la demande de la compagnie de la Baie d’Hudson (PaM ; Simard, J.-P., 1979 : 9 ; Guitard, [1986] : 12). D'autres traiteurs se fixèrent plus tard sur les lieux ou dans l'envi-

19 La King’s post company avait obtenu le bail en 1822, à la suite de la compa-gnie du Nord-Ouest. Cette dernière fusionna avec la compagnie de la Baie d’Hudson en 1821 (Bouchard, 1989 : 212, 201, 207).

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ronnement immédiat, comme Cleary, Moar et McKenzie (Simard, R., 1979 [a] : 24) qui reprirent à leur compte le commerce des pelleteries. Prisque Verreault et un de ses fils y sont traiteurs indépendants en 1850. Charles Robertson l’est à son tour en 1891 (le fils de James, commis en 1849 au poste de traite ?). Enfin, Tommie Moar, originaire du lac Mistassini, pratiqua la traite à cet endroit de 1915 à 1935, d’abord pour le compte de la compagnie de la Baie d’Hudson, ensuite à son propre compte (Lapointe, Tran, 1987 : 13 ; Guitard, [1986] : 29). Son poste n’était pas sur l’emplacement du site DhFk-1, mais à la tête de la rivière Ashuapmushuan, sur la rive nord, juste avant l’entrée du lac 20. À son compte, Moar put obtenir un support financier de la compagnie, qui continua à prendre une part active dans la traite en se portant acquéreuse de ses fourrures (Burgesse, 1944 : 50). Ces trai-teurs indépendants firent du site du poste leur principal lieu de rési-dence, à ce qu’il semble (Laliberté, Lapointe, 1988 : 38-39).

Les vestiges et les témoins archéologiquesau poste d’Ashuapmushuan

La découverte du site du poste de traite d’Ashuapmushuan revient à Robert Simard en 1966. Le site a, par la suite, été visité six fois entre 1971 et 1986, ce qui permit la découverte de milliers de témoins ar-chéologiques et de plusieurs vestiges structuraux. Au total, ce sont dix-huit formes d’aménagement, constituées en bâtiments, installa-tions et aires d’activités qui ont été mises au jour (Lapointe, Tran, 1987 : 14, 28-31 ; Laliberté, Lapointe, 1988 : 25, 39). Notons que si le poste d’Ashuapmushuan accueillit une mission, comme le laissent entendre certains documents, l’archéologie n’a pas pu encore le dé-montrer. De la même façon, la présence de certaines pièces archéolo-giques permettent d’avancer une occupation autochtone antérieure à la fondation de ce poste, bien que ce fait reste à valider (Laliberté, La-pointe, 1988 : 40).

Les structures

20 M. Roger Valin, guide touristique pour le projet Ashuapmushuan assi, com-munication personnelle, le 18 juin 2002.

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Les structures mises au jour par Robert Simard au cours de ses fouilles durant les années 1970 se chiffrent à six et se répartissent entre les XVIIIe, XIXe et XXe siècles (Lapointe, Tran, 1987 : 14, 28-31). Les plus importantes sont d'abord une maison datant probable-ment de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Elle mesure 9,84 mètres de longueur par 7,10 mètres de largeur et comprend une base de che-minée et une cave. Des poutres se trouvent encore en place, selon la description donnée par Simard. À un niveau sous-jacent aux poutres, une pipe en étain a été découverte ; ce genre de pipe est associé aux premières expérimentations du tabac par les Européens. Simard mit également à jour une autre bâtisse, possédant une cave, de 5,41 mètres de long par 5,3 mètres de large et reposant sur des fondations faites de deux poutres de bois ; l'ensemble pourrait appartenir à la même pé-riode que la maison précédente. Une troisième structure, soit un as-semblage de pierres s'apparentant à une base de cheminée, a égale-ment été localisée. Des clous forgés, un couteau français et une pierre à fusil sur éclat ont été trouvés dans cette structure, peut-être d'époque française. Simard fait part, dans ses travaux, de la présence d'un dé-barcadère près du poste servant à faciliter l'accostage des canots, structure indispensable à cet endroit où des gros blocs erratiques sur les rives du lac ne permettent pas l'abordage (Simard, 1979 [b] : 10-11). Simard croit avoir localisé ce qui apparaît comme l’emplacement du jardin du poste. Pareillement, il semble que les occupants du poste employaient la grève du lac Ashuapmushuan comme dépotoir ; de nombreux ossements d’animaux y ont été récoltés, ainsi que des arté-facts (Simard, R. 1979 [a] : 176-177).

(4 - Plan des structures du poste Ashuapmushuan)

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Fonctions possibles des structures du poste d’Ashuapmushuan et datations,plan de la page précédente

Structure C = matériel du XVIIIe-XIXe siècles et possibilité d’une occupation amérindienne

Structure E = fondations de poutres, cave, foyer, maison du commis de la fin du XVIIIe, XIXe, début du XXe siècles

Structure F = cheminée (possiblement), poutres, période contemporaine à la structure E, maison des Amérindiens en 1849

Structure H = pierres de fondations, XIXe siècle

Structure I = murs de terre, période inconnue

Structure M = base de cheminée, maison du commis de 1731, XIXe siècle (ab-sent du plan)

Structure N = poutres, maison ou magasin du commis de la fin du XVIIIe, dé-but du XIXe siècles

Structure O = magasin de 1731, XIXe siècle

Potager = zone 20-21, H-F, zone 20H = potager de 1808 et de 1849

Dépotoir = zone 7-10, DD-I

Débarcadère = zone 7-11, E-F

(Lapointe, Tran, 1987 : 15, 28-31, 46-47)

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Les pipes

Les pipes trouvées sur le site du poste d'Ashuapmushuan re-groupent 292 fourneaux ou fragments de fourneaux et 357 fragments de tuyaux. Le monogramme T D, qui fut gravé sur les pipes de terre pendant plus de deux cents ans, se retrouve sur des fragments mis à jour par Simard. Suivant les variantes de ce monogramme, certains peuvent être datés après 1760 et d'autres de la première moitié du XIXe siècle. Des fragments portent d'autres monogrammes, comme GS et IF, qui pourraient être datées du XIXe siècle. Des fourneaux re-présentaient une effigie humaine. D'autres fragments de tuyaux sont identifiés probablement au nom des compagnies les ayant fabriqués, dans leur cas, au XIXe siècle. Simard découvrit également un frag-ment de pipe en étain et un autre en pierre. Il est rare de trouver des pipes en métal, tant au Canada qu'au États-Unis, parce que ce maté-riau semblait peu en usage pour la fabrication des pipes. Cette pipe en étain semble la plus ancienne de tout le lot et peut remonter au XVIIe

siècle. Quant à la pierre, elle était employée par les autochtones pour la fabrication des pipes, tant avant l'arrivée des Européens qu'après. Les Français ont cependant imité cet usage autochtone. Cette pipe pourrait être antérieure au XVIIIe siècle (Simard, R. 1979 [a] : 101-108).

Les pierres à fusil

Toujours dans les années 1970, Robert Simard a mis à jour soixante-sept pierres à fusil (Simard, R. 1979 [a] : 112). Les pierres à fusil, importées d'Europe, furent employées à partir du moment où fut inventé le fusil à silex, vers 1575, jusqu'à la naissance du fusil à cap-sule vers 1820. Leur fabrication se prolongea jusqu'au XXe siècle. Les Amérindiens fabriquèrent aussi des pierres à fusil, à l'image des pierres européennes. Le matériel lithique qu'ils utilisaient différaient de ces dernières et ils ont vraisemblablement mis fin à cette industrie après 1675 (Simard, R. 1979 [a] : 112-113).

Quatre types de pierre à fusil furent importées : les pierres à fusil nordiques ; puis les pierres à fusil sur éclat, qui firent leur apparition

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vers 1650 pour disparaître vers 1770 ; ensuite les pierres à fusil sur lame française, les seules à être employées vers 1775 ; finalement, les pierres à fusil sur lame burinée, dite anglaise, en exclusivité vers 1820 (Witthoft, 1978 : 22, 25, 28, cité dans Simard, R. 1979 [a] : 113-116). Au poste d'Ashuapmushuan, on retrouva douze pierres à fusil sur éclat et une seule pierre à fusil française, alors que le restant, cinquante-deux pierres, sont de type sur lame burinée ou anglaise. Aucune n’a été identifiée comme une pierre à fusil nordique (Simard, R., 1979 [a] : 121-122).

Les pièces de fusil

Un autre genre d’artéfact découvert sur le site du poste d’Ashuap-mushuan concerne les pièces de fusil. Des vingt-sept pièces mises à jour en 1978, vingt-cinq proviennent d’un dépotoir situé le long de la grève du lac Ashuapmushuan, près du site du poste. La plupart se rat-tachaient à des fusils de chasse ou de traite du XIXe siècle et sont de facture anglaise. Une seule pièce de facture française est datée de 1650 approximativement (Bouchard, 1980 : 8-15).

Les clous

Les clous constituent un autre genre de témoins mis à jour au poste d’Ashuapmushuan et peuvent donner des indices sur la datation des structures. En 1977 et 1978, c’est un total de sept cent quatorze clous qui furent découverts. Ils se classent en trois types : les cloués forgés, les clous coupés et les clous ronds (Simard, R., 1979 [a] : 129 ; Si-mard, Brunette, 1977 : 68). Les clous forgés, fabriqués de manière artisanale, remontent d’avant le Christ et jusqu’au moins en 1850. Les clous coupés apparurent aux États-Unis vers 1790 et leur production culmina entre 1850 et 1888. Quant aux clous ronds, fabriqués à la ma-chine, ils dominèrent à la toute fin du XIXe siècle. (Simard, Brunette, 1977 : 68-74). Les clous forgés, au nombre de quatre cent soixante-douze, dominent nettement sur le site du poste ; viennent ensuite les clous coupés (n = 145), puis un clou rond (quatre-vingt-seize n’ont pu être identifiés). Selon les types de clous trouvés dans les sondages, il

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est vraisemblable que les plus anciennes constructions du poste furent érigées à l’arrière du site et loin de l’eau (Simard, R., 1979 [a] : 129, 131).

Les perles de verre

Les fouilles de 1977 et de 1978 révélèrent cinq cent soixante-quatre perles de verre. Toutes les perles ont servi à broder des pièces de vêtements, hormis deux qui peuvent être regardées comme étant des perles à collier. Le blanc domine la couleur des perles, avec 48% de l’ensemble des perles. Suivent le rouge et le bleu. Ces constats dé-montrent les préférences des autochtones pour cet article de com-merce au poste d’Ashuapmushuan (Simard, R., 1979 [a] : 150).

Robert Simard n'a pu dater les perles découvertes sur le site du poste de traite, DhFk-1. Près de vingt ans plus tard, l'archéologue Mo-reau et ses collègues sont parvenus à dater des échantillons de perles de verre bleues provenant du site DhFk-7 du lac Ashuapmushuan en recourant à l’analyse par activation neutronique instrumentale. Les perles les plus grosses semblent se rattacher au XVIIe siècle, alors que les perles plus petites remonteraient au milieu du XVIIe siècle, jus-qu'au XIXe siècle (Moreau et al., 1996 [b] : 25, 27). Sur un échantillon de quinze perles, onze datent du XVIIe siècle. Précisément, deux ré-fèrent à la période 1600-1650, sept à celle 1640-1700, et deux à 1650-1700. Les quatre autres s’étalent dans les périodes suivantes : une da-tant de 1750-1850, une autre de 1800 à 1900 (1900 est incertain) et les deux dernières au XXe siècle, entre 1900 et 1950 (Moreau et al., 1996 [b] : 33-35). Des objets de facture européenne précédèrent ainsi de près d’un demi-siècle, approximativement, l’arrivée de Jean de Quen au Pekuakami (Moreau, 1993 : 21, 26). Ces perles, dites protohisto-riques parce que datant d'avant l'arrivée des premiers Européens au lac Ashuapmushuan au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle (le jé-suite Druillettes dès 1661), ont pu être acquises par les groupes locaux (Moreau, 1994 [a] : 32).

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PROJET ASHUAPMUSHUAN IUSSI(Territoire de l’Ashuapmushuan).

Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle.

La bande d’Ashuapmushuan(XVIIIe – XIXe siècles)

Les fluctuations démographiques

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À quel moment la bande d'Ashuapmushuan a-t-elle cessé de se dif-férencier de celle du Pekuakami? Le phénomène d'agglutination a pu débuter après la fermeture du poste d'Ashuapmushuan, donc après 1850, comme le croient Mailhot et Vincent (1979 : 11, 13 ; HBca [b]), alors que les Innus devaient descendre au Pekuakami pour échanger leurs fourrures. Toutefois, nous avons vu que des traiteurs indépen-dants poursuivirent la traite à leur compte après 1850, ce qui contribue à affaiblir cette hypothèse. Les sources historiques 21 procurent des données quantitatives sur la bande d’Ashuapmushuan. En premier lieu, le mémoire de Gilles Hocquart, intendant de la Nouvelle-France, rédigé en 1733, indique le nombre de chefs de famille affiliés aux postes de la Traite de Tadoussac ; celui d'Ashuapmushuan compte trente-sept chasseurs. Si chacun de ces chasseurs est responsable d'une famille de quatre ou de cinq personnes, la population de ce poste cu-mulait, à ce moment, entre cent quarante-huit et cent quatre-vingt-cinq âmes (AnQQ [a] & Canada ; Castonguay, 1989 : 19). En 1824, Fran-çois Verreault, le père de Prisque, recense neuf familles autochtones à Ashuapmushuan, chacune composée de quelque cinq personnes par famille (chiffre suggéré par Verreault), pour un total probable de qua-rante-cinq personnes (JCa) 22. Un recensement fait par la compagnie de 21 Nous n’avons pas retenu les chiffres fournis par Buies (1896 : 83) pour la fin

des années 1820, à cause de l’imprécision de la source. 22 François Verreault fut, en effet, appelé à témoigner sur la région du Sague-

nay–Pekuakami devant un comité de la Chambre d’assemblée du Bas-Canada

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la Baie d'Hudson en 1831 dans les postes du roi dénombrait au poste d'Ashuapmushuan quarante-six Montagnais et trente-deux Têtes-de-Boule (Attikameks), pour un total de soixante-dix-huit personnes. Les Montagnais regroupaient dix-sept hommes, douze femmes et dix-sept enfants (HBca [a] ; Simard, J.-P., 1983 : 94). Huit ans plus tard, le poste d'Ashuapmushuan comptait soixante-dix-huit autochtones, en plus du métis Joseph Verreaux et de sa famille, selon les données de recensement de l’abbé Isidore Doucet (AéC ; voir page 39). Et le 26 juin 1851, au lac Pekuakami, le curé Jean-Baptiste Gagnon procéda au baptême de vingt-deux membres de la nation naskapie peut-être tous venus d'Ashuapmushuan (AnQC [a]). Faut-il y voir l’amorce du dé-laissement du poste par les Innus ? En 1853, le prêtre séculier M. Ga-gnon rapporte sept familles vivant à Ashuapmushuan (Mailhot, Vincent, 1979 : 3).

le 30 janvier 1824. Il avait passé une cinquantaine d’années au Saguenay. Il décéda à Québec en 1825 (JCa : 44).

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Tableau 6Distribution selon le genre et par âge des Nascapis de l’Ashuapmushuan*

baptisés au lac Pekuakami le 26 juin 1851 par le prêtre Jean-Baptiste Gagnon

Masculin Féminin

Nom Äge Parents Nom Äge Parents

Marc 1 an Raphael Luc et Anne de Assoapmoshuan

Élisabeth 7 mois Laurent Gopi et Elisa-beth Ishenapéo

François 2 ans Pierre et Anne de As-soapmoshuan

Margarite** 8 mois Joseph Verreau et Rosalie du lac St. Jean

Étienne Utasso

4 ans Linon Utasso et Anne Tonikuan

Marie-Thérèse 9 mois William Conolly et Marie-Thérèse Kaita-peuit

Joseph 4 ans Pierre et Anne de As-soapmoshuan

Monique 2 ans Jacques Nedutsash*** et Monique Vol

Raphael 7 ans Raphael Luc et Anne de Assoapmoshuan

Cécile 4 ans Jacques Nekutsash*** et Monique Vol

Thomas 10 ans Linon Utasso et Anne Tomikuan

Anne 4 ans Raphael Luc et Anne de Assoapmoshuan

François 17 ans ----- Luce 5 ans Jacques Nekutaash*** et Monique Vol

Jacques 28 ans ----- Marie-Louise 11 ans Linon Utasso et Anne Tomikuan

Simon 40 ans ----- Marie-Anne 30 ans

Pierre 60 ans ----- Catherine 30 ans William Conolly et Marie du lac St. Jean****

Anne To-mikuan*****

38 ans -----

Catherine 60 ans -----

Total = 10 individus Total = 12 individus

* Sur le nombre, sept baptisées(és) sont spécifiquement identifiées(és) à l’Ashuapmushuan. ** Comme tel dans le texte.*** Sans doute, est-ce le même individu.**** S’agissait-il d’un premier mariage pour William Conolly ?

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Tableau 6Distribution selon le genre et par âge des Nascapis de l’Ashuapmushuan*

baptisés au lac Pekuakami le 26 juin 1851 par le prêtre Jean-Baptiste Gagnon

Masculin Féminin

***** S’agit-il de l’épouse de Linon Utasso et la mère de Étienne Utasso, de Thomas et de Marie-Louise ?François Kaitapeuit fait office de parrain pour tous les baptisé(e)s, hormis pour Margarite, dont le par-rain est William Comolly (Conolly ?) et la marraine, Charlotte, et pour Marie-Thérèse, dont le parrain est François-Xavier Neptan.Nombre total de familles présumé = 7 (en supposant que Marie du lac St.Jean, l’épouse de William Conolly, est décédée au 26 juin 1851, à moins que celui-ci n’ait deux épouses.)Nombre d’individus présumés célibataires = 6 (en supposant que Jacques et Pierre, âgés respective-ment de 28 et de 60 ans, ne sont pas les époux de Monique Vol et de Anne de Assoapmoshuan.) Nombre total d’individus présumé = 38

Source : Archives nationales du Québec à Chicoutimi, fonds mgr Victor Tremblay, dossier 174.12, bobine de microfilm 697.

La bande à l’aube du XIXe siècle

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Par l'exercice de ses fonctions, le commis du poste de traite de Chi-coutimi entre 1800 et 1804, Neil McLaren, se trouvait en relation avec les quatre bandes innues de la région : de Chicoutimi, du lac Kénoga-mi, du lac Pekuakami et d’Ashuapmushuan (Bouchard, 2000 : 28). Son journal permet de suivre quelques allées et venues de membres de ces bandes, dont celle d’Ashuapmushuan : tantôt au poste de Chicou-timi (Ibid. : 211 [!], 214, 225, 227), tantôt en revenant de Tadoussac (p. 221, 223). Apparaissent également les personnages de François Verreault et de sa femme, Marie Petsiamiskueu, Innue, fille de Jo-seph-Antoine Shashumegu et de Marie-Joseph Ustshisk, vivant alors aux Terres-Rompues (p. 39 ; Burgesse, 1948 : 9-11) et dont, coïnci-dence, un de leurs enfants 23, Prisque, devint commis au poste 23 Burgesse recensa dix enfants pour le couple Verreault-Petsiamiskueu (Bur-

gesse, 1948 : 9-10). Petsiamiskueu signifie « femme de Betsiamites » (Bacon, 1983 : 81, note 7).

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d’Ashuapmushuan en 1824. Les quelques noms cités par McLaren restent, cependant, insuffisants et trop imprécis pour reconstituer une portion appréciable de la bande d’Ashuapmushuan : Skeuitshik « Sau-vage d’Ashuapmushuan » (p. 105), Pehustiquan « Indien de l’Ashuap-mushuan » (p. 221), Pierre Joseph « et les autres Indiens d’Ashuap-mushuan » (p. 225), Shenatishik « venant d’Ashuapmushuan » (p. 101), Ukinikushu « de son voyage à Ashuapmushuan » (p. 193), à les-quels peut potentiellement se joindre Ambroise Tshenny (p. 58). Il n’est pas manifeste que Shenatishik et Ukinikushu, de même que Tshenny, relèvent bel et bien de la bande. Pour ce qui est du nom du chef de la bande, il demeure inconnu (p. 29). Les autres mentions ga-rantissent que les individus ont à tout le moins transité à Ashuapmu-shuan : Grégoire Ustequan, chef de la bande du lac Kénogami (p. 29), des membres de la bande du Pekuakami (p. 202), François Tshenny, Louis Tranquille (p. 166), Uista (p. 217). Naturellement, des engagés, jamais autochtones, fréquentèrent pareillement Ashuapmushuan : Gosselin, Nicolas Jullien, Charles Chamberlant, Dugal, Pascal La-grange (p. 26-27, 155-156, 159, 168). Jérôme St-Onge, né peut-être à Métabetchouan d’un mariage métis et qui a épousé Marguerite, Innue, aurait été, selon ses propres dires, commis aux postes d’Ashuapmu-shuan et du lac Mistassini. Au moment où McLaren est en charge du poste de Chicoutimi, St-Onge réside dans ces secteurs, à ce qu’il semble (p. 48-49).

Les habitudes de consommationdes clients du poste de traite

Les habitudes de consommation des clients du poste d’Ashuapmu-shuan sont dévoilées dans la liste que McLaren, dans son journal en date du 12 octobre 1802, donne des marchandises et de leurs quantités que l’on s’apprête à envoyer à Ashuapmushuan : de la poudre, des balles (deux sortes), du tabac de Virginie en feuilles, du fil, des pipes, des pierres à fusil, des mèches de lampe, de la farine, des pois et du whisky de Beauport (Bouchard, 2000 : 167). Ceci vient, en partie du moins, supporter les découvertes archéologiques effectuées sur le site du poste de traite, au cours desquelles on y mit au jour des pierres à fusil et des pipes, entre autres artéfacts, dont certaines appartien-

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draient au XIXe siècle. Quelques articles de la liste de McLaren de-meurent, néanmoins, absents, si on les compare avec les autres types d'artéfacts exhumés au cours des fouilles : les perles de verre, les fu-sils (ou les pièces) et les clous. Les perles de verre étaient toujours en circulation au lac Ashuapmushuan au XIXe siècle (DhFk-7).

Une bande de « l’intérieur des terres »

Bouchard, en annexe du journal de McLaren, reproduit les pages du registre de la mission de Chicoutimi pour les années 1801, 1803, 1804. On y prend connaissance de quelques baptêmes d’enfants nés « dans les terres » (Bouchard, 2000 : 252, 253). Ces nouveaux baptisés et leurs parents peuvent être vraisemblablement identifiés à la bande d’Ashuapmushuan, celle dite de « l’intérieur des terres » (Ibid. : 28). La prudence demeure de mise dans la définition des territoires des bandes, puisque durant au moins la première moitié du XVIIIe siècle, les expressions « sauvages des terres » ou « de la hauteur des terres », courantes dans les textes, servaient à identifier les bandes non affiliées aux postes de commerce ou peu connues (Castonguay, 1989 : 19-20). Le nombre de bandes était potentiellement en déclin dans la région du Saguenay–Pekuakami en ce début du XIXe siècle, mais rien ne certi-fie que McLaren les ait toutes croisées. De fait, bien que beaucoup plus tard, un poste de la compagnie de la Baie d’Hudson fut en opéra-tion en 1926 sur la rivière Péribonka, à une latitude légèrement plus élevée que celle du poste de Mistassini. Il était un avant-poste de celui de Pointe-Bleue 24.

Du reste, la liste la plus complète des membres de la bande d’Ashuapmushuan demeure sans contredit celle de l’abbé Doucet de 1839, qui fournit tous les noms des hommes, pères de famille, et leur nombre d’épouses et d’enfants, filles et garçons. La bande était menée à ce moment par le chef Uscanish (AéC).

(6- Recensement du poste de traite Ashuapmushuan en 1839)

24 PaMweb et Madame Anne Morton, responsable de la recherche et de la réfé-rence, archives de la compagnie de la Baie d’Hudson, Archives provinciales du Manitoba. Information transmise par courriel le 26 novembre 2001.

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Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle.

CONCLUSION

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La richesse du territoire de l’Ashuapmushuan ne fait aucun doute, tant au plan d’une occupation autochtone, par ailleurs ancienne, révé-lée par le nombre élevé de sites archéologiques qui s’y trouvent, que par une influence puis par une présence européenne, fort bien attestée au lac Ashuapmushuan, spécialement sur le site du poste de traite.

L'identification ethnique des groupes ayant résidé ou transité sur le territoire de l'Ashuapmushuan demeure moins manifeste que leur pro-venance géographique ou, qu'à tous égards, leurs endroits de prédilec-tion : les lieux mêmes, la région immédiate (le Pekuakami) et le Nord (lac Mistassini et baie James) ; à tout le moins, des populations no-mades, possiblement des Algonquiens. Les populations résidant dans les basses terres auraient peut-être différé de celles occupant les hautes terres

Une influence et peut-être une présence iroquoienne, la première en provenance des Grands lacs (huronne), est notée dans le nord des hautes terres (aux lacs Ashuapmushuan, Nicabau et Poutrincourt), alors qu'une seconde, originant de la vallée du Saint-Laurent, est révé-lée aux abords du lac Pekuakami. En outre, des échanges ou des rela-tions auraient eu lieu avec des groupes du Labrador. Les lacs Ashuap-mushuan et Nicabau semblent avoir été le théâtre de regroupements importants de populations autochtones, ce qui n’aurait pas été le cas pour la partie inférieure de la rivière Ashuapmushuan, qui aurait plu-tôt accueillit des groupes restreints.

La circulation de biens européens se confirme par la présence de perles de verre et de chaudrons en alliage de cuivre, entre autres ob-jets, qui furent employés comme produits d'échange dans le com-merce des fourrures. La mise en place d'un poste de traite à la fron-

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tière de la Traite de Tadoussac, d'abord au lac Nicabau, par la suite au lac Ashuapmushuan, est le fruit de la rivalité des traiteurs (Guitard, [1986] : 1), peut-être particulièrement en ce qui a trait à celui d’Ashuap-mushuan. La fermeture de ce poste par la compagnie de la Baie d'Hudson, au milieu du XIXe siècle, n'entraîne pas la fin du com-merce des fourrures à cet endroit ; au contraire, il y perdure jusqu'au mi-temps de la seconde moitié du XXe siècle, ce qui fait foi d'une oc-cupation encore récente sur l'Ashuapmushuan iussi.

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Survol de l'occupation des Innus sur l'Ashuapmushuan iussi,des origines au début du XXe siècle.

BIBLIOGRAPHIE

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Certains titres touchant l’archéologie dans la région de l’Ashuap-mushuan n'ont pas servi à la rédaction de ce texte, mais nous les four-nissons à titre informatif. Ils sont alors précédés d'un astérisque (*).

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Tremblay, Victor, 1984. Histoire du Saguenay, depuis les origines jusqu'à 1870, 4e édition, Chicoutimi : Librairie régionale (publication de la Société historique du Saguenay).

Witthoft, John, 1978. « A history of gunflints », Pensylvania ar-chaeologist, vol. 36, nos 1-2 : 22, 25, 28, cité dans Simard, R. 1979 (a) : 113-116.

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Banques de données informatisées

IsaQ = Ministère de la culture et des communications du Québec, (consultée le 15 novembre 2001). Inventaire des sites archéologiques du Québec (IsaQ) [banque de données informatisées]. Requêtes se référant aux cartes suivantes du système national de référence carto-graphique du Canada (ces cartes sont disponibles sur le site web To-porama  :

32 A/9, 32 A/10, 32 A/14, 32 A/15, 32 B/16, 32 G/1, 32 G/7, 32 G/8, 32 G/9, 32 H/3, 32 H/4, 32 H/5, 32 H/6 ainsi que 32 A/11, 32 A/12, 32 A/13, 32 H/2, 32 H/12 et 32 G/10.

(Pour plus d’informations sur cette banque, cf. MccQ [a]).

MrnQ = Ministère des Ressources naturelles du Québec, (consultée le 1er mai 2002 [au Laboratoire de géographie de l'université du Qué-bec à Chicoutimi]). Base géographique régionale du Saguenay–Lac-Saint-Jean [banque de données informatisées].

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Sites web

CtQ = Commission de toponymie du Québec, (site consulté entre septembre 2001 et avril 2002 inclu.). Topos sur le web [en ligne]. Adresse url : http ://www.toponymie.gouv.qc.ca.

Fiches consultées sur ce site : 1 = Ashuapmushuan, réserve faunique2 = Ashuapmushuan, rivière 3 = Nicabau, lac 4 = Normandin, rivière5 = Gabriel, lac

Conseil de bande crie de Mistissini, (page consultée le 20 mai 2002). Culture et histoire. Mistissini et son peuple [en ligne]. Adresse url : http://nation.mistissini.qc.ca/fculture.html.

Icmh = Institut canadien de microreproductions historiques, (site consulté entre octobre et novembre 2001 inclu.). Notre mémoire en ligne [en ligne]. Adresse url : http ://www.canadiana.org.

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MccQ(b) = Ministère de la culture et des communications du Qué-bec, (page consultée le 10 mai 2002). Le site archéologique du Poste-de-traite-de-la-Ashuapmushuan à Saint-Félicien (classé en 1989) [en ligne]. Adresse url :http://www.mcc.gouv.qc.ca/pamu/champs/archeo/partenai/cbc-ash.htm.

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1. http://www.mcc.gouv.qc.ca/pamu/champs/archeo/archisto/ame-rin.htm#anc

2. http://www.mcc.gouv.qc.ca/pamu/champs/archeo/archisto/ar-cha.htm

3. http://www.mcc.gouv.qc.ca/pamu/champs/archeo/archisto/syl-vic.htm

4. http://www.mcc.gouv.qc.ca/pamu/champs/archeo/archisto/table01.htm

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MccQ(f) = Ministère de la culture et des communications du Qué-bec, (page consultée le 10 mai 2002). Le site archéologique de la Mé-tabetchouan à Chambord (classé en 1988) [en ligne]. Adresse url : http://www.mcc.gouv.qc.ca/pamu/champs/archeo/partenai/cbc-me-tab.htm

MccQ(g) = Ministère de la culture et des communications du Qué-bec, (page consultée le 20 mai 2002). Répertoire des biens culturels et arrondissements du Québec, Baie-James. Sites archéologiques pré-historiques de la colline Blanche [en ligne]. Adresse url :

http://biensculturels.versalys.com/biens/sortie.asp?No=M69.

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MccQ(h) = Ministère de la culture et des communications du Qué-bec, (page consultée le 20 mai 2002). Répertoire des biens culturels et arrondissements du Québec. Saint-Félicien. Site archéologique du poste de traite de la rivière Ashuapmushuan [en ligne]. Adresse url : http://biensculturels.versalys.com/biens/sortie.asp?No=M762.

MccQ(i) = Ministère de la culture et des communications du Qué-bec, (page consultée le 20 mai 2002). Répertoire des biens culturels et arrondissements du Québec. Chambord. Site archéologique de la rive ouest de l’embouchure de la rivière Métabetchouan [en ligne]. Adresse url : http://biensculturels.versalys.com/biens/sortie.asp?No=M723.

PaMweb = Provincial archives of Manitoba, (site consulté en oc-tobre 2001). Hudson's Bay company archives [en ligne]. Adresse url : http://www.gov.mb.ca/chc/archives/hbca/resource/cart-rec/postmap/ques_c.html.

Toporama = Ressources naturelles Canada, (site consulté entre no-vembre 2001 et avril 2002 incl.). Toporama [en ligne]. Adresse url : http://toporama.cits.rncan.gc.ca/.

Fin du texte