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PRO FRIBOURG Septembre 1977 INFORMATIONS Trimestriel 34 CIRCULATION ET CADRE DE VIE

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PRO FRIBOURG

Septembre 1977 INFORMATIONS Trimestriel N° 34

CIRCULATION ET CADRE DE VIE

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SOMMAIRE

p. 3 CIRCULATION ET CADRE DE VIE

14 QUESTIONS ...

15 LETTRES DE LECTEURS

18 EN BREF

19 POUR UN INVENTAIRE PHOTOGRAPHIQUE :

20 I. LA RUE DES FORGERONS

Photos : Benedikt Rast, Fribourg : p. 22bas et 28bas Jacques Thévoz, Fribourg : p. 26

Prochaine parution : décembre, "Le quartier d'Alt à la découverte de lui-même".

PRO FRIBOURG publie des études et des informations sur le centre histo¬ rique ainsi que sur les problèmes d'urbanisme général de Fribourg. Le mouvement participe à la fédération internationale CIVITAS N0STRA«

PRO FRIBOURG Secrétariat : Stalden 14, 1700 Fribourg

Cotisation : (donnant droit à l'envoi du bulletin)

Ordinaire, 15 fr.; de soutien, 30 fr. Etudiants, habitants des quartiers anciens (Auge • Neuveville • Bourg): 50% de réduction.

C.C.P. 17-6883 1700 Fribourg

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Fribourg,

comme la plupart des villes

dans 11 après-guerre,

a tout sacrifié

à la circulation automobile.

Mais, un peu partout,

en Suisse comme ailleurs,

on fait marche arrière,

on restreint le trafic,

on détourne les poids lourds,

on créé des zones piétonnières.

Un peu partout ?

Mais pas à Fribourg...

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Des exemples

de ce qui était

lieu de rencontre

et de délassement.

Place Georges Python :

Un kiosque à musique

••• pour les bagnoles !

Place des Ormeaux :

Aux abords de la Cathédrale,

des ombrages

••• pour les carrosseries ï

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Autre exemple :

La rue de Morat•

Les places de stationnement

et les parcomètres

empiètent sur les trottoirs.

Tant pis pour les piétons !

Les poids lourds

passent à ras le Musée Ratzé.

Tant pis pour les monuments !

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Le temps d'une fête,

samedi 3 septembre,

pour la première fois à Fribourg,

un parcours piétonnier

s'étendait de la rue de Lausanne

au marché de la Grand'Rue

et, par le Stalden, jusqu'aux "puces"

le la place du Petit Saint Jean.

On multiplie

les études et les plans de circulation.

Mais a-t'on jamais fait

1'étude

de la libre circulation des piétons ?

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En un jour :

la fête,

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le marché, ?*

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La circulation,

c'est aussi une affaire de gros sous.

Le scandale de la SAVRO en Valais

est un exemple du favoritisme,

des compromissions d'hommes politiques

à l'égard des affairistes de la construction.

Mais ces choses-là n'arrivent-elles qu'en Valais

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Circulation et cadre de vie

Jusqu'à maintenant à Fribourg, quand on parlait "aménagement", nos autorités pensaient "circulation". Si bien qu'à défaut d'un plan d'amé¬ nagement on a eu une succession de plans de circulation, aussitôt aban¬ donnés qu'ils venaient au jour.

Ces avatars successifs, du premier plan Leibbrand en passant par les études du bureau Schindelholz et Dénériaz, ne dénotaient aucun chan¬ gement d'orientation : on s'obsti¬ nait à vouloir régler le problème de la circulation des véhicules en l'isolant de son contexte. Aussi, à chaque fois, la solution proposée s'avérait impraticable dans la réa¬ lité.

Il est pourtant évident que les problèmes de circulation découlent des options prises (ou qu'on oublie de prendre) sur le plan de l'aména¬ gement et de l'urbanisme, et cela bien au-delà du territoire communal de Fribourg. Tel développement à la périphérie, telle construction d'un quartier nouveau, tel aménagement routier régional, vont modifier, accroitre les courants de circula¬ tion et les mouvements pendulaires avec le centre-ville et les zones d'activités.

A Fribourg, il aura fallu près de 20 ans pour commencer à comprendre en haut-lieu qu'il y avait une hié¬ rarchie des problèmes et qu'un plan de circulation était un des éléments d'un plan d'aménagement et non pas un plan d'aménagement à lui tout seul* LA CIRCULATION DES VOITURES ET LA NON CIRCULATION DES HEES...

La première étude de circulation fut-confiée en I960 au Professeur Leibbrand. Son expertise aboutissait

à décharger la place de la Gare en créant une liaison directe Pérolles- Grand'Places par un pont (déjà le projet de prolongement de la rue St Pierre), par contre-coup, elle proposait le doublement du Pont Zähringen par un nouveau pont à la Grenette ! Une orientation si pro¬ metteuse pour le niveau du trafic en ville de Fribourg fut compromise par le départ en catastrophe du Herr Professor allemand, suite, semble-t'il à de malencontreuses révélations sur son passé nazi.

Le Conseil Communal n'avait plus qu'à se tourner vers des experts bien-de-chez-nous pour remettre le travail sur le métier, en s'effor- çant tout de même de concevoir ce plan de circulation en liaison avec les communes voisines.

Dès lors, pendant une dizaine d'années, les plans allaient succé¬ der aux plans à un rythme impres¬ sionnant s en 1965> le bureau Schindelholz & Dénériaz déposait son rapport, dont le trait marquant était le projet de "voie expresse". L'année suivante, les mêmes experts présentaient leur étude sur l'amé¬ nagement routier du Grand Fribourg. Ensuite, de 1966 à 1970, furent éta¬ blis le projet "définitif" de la route expresse et, enfin, les plans directeurs de circulation.

Lequel plan fut approuvé très officiellement par le Conseil Com¬ munal en mars 1972. Mais rappelons qu'à ce moment-là, la Commune n'a¬ vait toujours pas son plan d'aména¬ gement : sa mise à l'enquête avait pourtant été annoncée, fort impru¬ demment, en janvier pour la fin de 1972. Une base solide manquait donc à ce délicat échaffaudage s on s'a¬ cheminait vers un fiasco.

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L'OPINION SE REVEILLE ! En juin 1972, quand le Conseil

Communal présente son plan de cir¬ culation à la presse, il n'a pas la moindre idée des réactions vi¬ rulentes qu'il va provoquer.

La perspective d'une "route ex¬ presse" créant après la voie ferrée une deuxième coupure au travers de la ville, saccageant tout sur son passage avec ses carrefours déni¬ velles aux allures d'échangeurs d'autoroute, soulève un véritable tollé.

Pro Fribourg va contribuer à sen¬ sibiliser l'opinion en présentant, quinze jours après le projet offi¬ ciel, une contre-proposition démon¬ trant qu'une alternative peut être trouvée à la "ville fatalement vouée à la circulation automobile."

Touring, journal du TCS, s'éton¬ ne lui-même que le plan de circula¬ tion ne soit pas élaboré à partir d'un plan d'aménagement et ne tien¬ ne compte que d'un seul facteur : la circulation et l'amélioration de sa fluidité. Touring de conclure : "Il ne semble pas tenir compte de toute évolution, prévisible ou non du centre-ville et surtout de la voiture comme moyen de locomotion individuelle au centre des cités."

En janvier 1973, un forum organi¬ sé par les radicaux devait servir de révélateur pour les autorités. Le meneur de jeu fut rapidement dé¬ bordé face à une levée de boucliers, il s'empêtra dans les contradictions communales : à l'évidence, le pro¬ jet ne passait pas la rampe.

Sur ce, le parti indépendant chrétien social lance une pétition demandant de donner la priorité aux piétons et aux transports publics au centre de la ville, de renoncer à la route expresse, d'intégrer en¬ fin le plan de circulation au plan d'aménagement. La pétition est appuyée par 3800 signatures.

Pro Fribourg revient alors à la charge en organisant une conférence

débat sur les zones piétons en oc¬ tobre. A cette occasion, on note un certain fléchissement des autorités qui déclarent par la voix du Syndic que les "dénivellements (échangeurs) sont abandonnés et que la voie ex¬ presse avait changé de dénomination et de vocation."...

L'année 1973 allait se terminer en pleine crise du pétrole par des dimanches sans voitures qui furent vécus avec le sourire s les habi¬ tants reprenant l'espace d'un jour la jouissance de leur ville et re¬ découvrant le sens de la fête.

François Gross remarquait dans "La Liberté" : "Le spectacle des rues... avait de quoi faire réflé¬ chir les experts en urbanisme, les "politiciens-qui-savent-de-quoi- ils-parlent" et leurs compagnons affairistes qui s'entendent à ex¬ ploiter l'inépuisable bêtise humai¬ ne en soumettant l'individu à la voiture." Et d'affirmer : "Il est encore possible d'épargner des in¬ vestissements inhumains, de rendre aux piétons une partie de la ville pendant qu'il est encore temps, de penser en termes transports publics à l'intérieur des cités."

1973 marque donc le début d'une prise de conscience des autorités, contre-coup du réveil de l'opinion.

Ainsi, en juin 1974, le Conseil¬ ler communal Ferdinand Masset décla¬ rait lors d'un nouveau forum de Pro Fribourg : "La route expresse ne se fera très probablement pas..."

Cependant, ainsi que le relève "Touring" au début 1975 * "en ma¬ tière de circulation, à Fribourg, tout reste à faire. Tout car ce qui a été fait jusqu'à présent ne relevait pas d'un plan d'ensemble. Tout car l'application du "plan directeur" dans l'état actuel des choses, n'a encore rien apporté ni aux automobilistes, ni aux pié¬ tons et encore moins aux transports en commun... Tout car le Tilleul de Morat se meurt, car la Cathédra¬ le s'effrite, car les piétons sont en danger."

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LES ELUS CORRIGENT IE TIR... Sous la pression de 1*opinion et

pour se sortir de ses contradic¬ tions autant que d'une situation illégale, le Conseil Communal s'est pourtant engagé en ce début 1975 dans le processus normal d'élabora¬ tion d'un plan d'aménagement.

Les études en cours de l'équipe d'aménagistes ont le mérite incon¬ testable de remettre de l'ordre dans les idées, d'établir une hié¬ rarchie des valeurs et des problèmes.

Va-t'on pour autant se dégager de l'engrenage d'une ville toujours plus roulante et encombrée mais de moins en moins vivable ?

Car aussi déraisonnable que le plan directeur de circulation de mars 1972 puisse apparaître après coup, il avait néanmoins été approu¬ vé et représentait selon les estima¬ tions de l'époque plus de 80 (quatre- vingts !) millions d'investissements, de quoi assurément éveiller bien des appétits !

En face de ces appétits, les quar¬ tiers éventrés, la verdure et le calme du Gambach, l'Université en¬ serrée dans un noeud routier, le parc et le château de la Poya sacca¬ gés étaient des arguments de bien faible poids.

Le schéma logique, mais pour le moment purement théorique, du plan d'aménagement résistera-t'il au poids de la routine politique et bureaucratique, à la pression des intérêts financiers peu soucieux de la qualité de vie des habitants.

Cette force d'inertie, cet élan acquis - comme on voudra - sont la cause que tout se déroule encore comme avant : deux exemples récents le démontrent, celui du plan d'amé¬ nagement partiel "avenue de la Gare-Sud et l'affaire des taxis.

Etant appelé à faire part, dans le cadre de la préparation du plan d'aménagement, de ses observations quant au "concept d'aménagement",

notre mouvement a eu 1'idée de tes¬ ter son application sur le projet "avenue de la Gare Sud". Ce dernier étant l'oeuvre des mêmes aménagis¬ tes. Nous avons pu alors constater le manque de corrélation entre les principes énoncés par les aménagis¬ tes, particulièrement dans le do¬ maine de la circulation, et leur application sur le terrain.

L'affaire des taxis, qui demandent à pouvoir emprunter les couloirs de circulation réservés aux transports publics (comme cela se fait un peu partout) est tout aussi exemplaire : l'autorité communale tergiverse en se réfugiant derrière des considéra¬ tions d'ordre juridique et de res¬ ponsabilité, alors même que la loi sur la circulation routière tient compte de cette nécessité. MAIS DE LA A PASSER AUX ACTES...

C'est donc bien ce poids de la routine et des habitudes qui fait qu'on a encore jamais trouvé super¬ flu et farfelu d'envisager des dé¬ penses par dizaines de millions pour faciliter la circulation des voitures dans une ville de 40'000 habitants, alors qu'on a jamais considéré raisonnable et pratica¬ ble la démarche inverse de se deman¬ der ce qu'on pourrait faire partant de la nécessité de préserver le calme et la verdure dans les quar¬ tiers d'habitation, de réserver des espaces centraux aux piétons et d'assurer la libre jouissance de la ville par ses habitants. Car aucune étude n'a jamais été faite à Fri- bourg dans ce sens !

Peut-on une bonne fois rendre la priorité aux habitants et faire passer le génie humain avant le génie civil ?

Peut-être qu'alors des solutions s'imposeraient-elles tout naturel¬ lement et verrait-on des places de stationnement redevenir des places publiques, et des rues des lieux de rencontre, d'échanges libres et spontanés, et Fribourg redevenir une ville habitable.

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VIVRE A FRIBOURG

Quelle est votre opinion?

La nécessité de suivre l'élaboration du plan d'aménagement et d'informer pour en démocratiser le processus, nous a conduit à faire un tour d'horizon des problèmes d'actualité : la situation de la Vieille Ville, l'inventaire- diagnostic des aménagistes, les équipements culturels, le mécanisme de la transformation de la ville, en théorie, puis dans la pratique avec le pro¬ jet de la Banque de l'Etat, enfin, la circulation.

Maintenant, dans cette période électorale, ne serait-ce pas à vous de jouer ? Vous conviendrez que la propagande des partis ne doit pas faire ou¬ blier les questions essentielles de la vie à Fribourg. A vous de saisir ces rares occasions où les élus descendent de leur piédestal et sont contraints de s'expliquer, sinon de se justifier.

Mais le débat prend de plus en plus la forme d'un choix de société : A ceux qui s'accommodert du système dans lequel nous vivons, s'opposent ceux qui le remettent en cause, soit qu'ils s'attaquent au régime capitaliste en tant que tel (socialistes), soit qu'ils s'en prennent au mythe de l'expan¬ sion et du progrès (écologistes). Aux privilèges, acquis ou admis par les uns, s'affrontent les exigences des autres.

A l'échelle même d'une ville comme la nôtre, ce conflit trouve des prolon¬ gements. Aussi, dans ce dialogue que nous inaugurons par cette "Tribune des lecteurs", nous vous suggérons, plutôt que d'alimenter un débat sans fin, d'en inclure les données dans votre réflexion. Afin de préciser votre rela¬ tion à la ville ; afin de vous situer par rapport aux exigences et aux pri¬ vilèges en fonction de leur utilité sur le plan de notre vie en commun.

Voici quelques-unes des questions directes, insidieuses, naives ou inso¬ lites que nous nous posons, et que nous vous posons : - Qu'est-ce qui nous tient à coeur à Fribourg ? Notre ville, en l'état ac¬

tuel, nous donne-t'elle encore satisfaction ? Y fait-il bon vivre ? - Comment ressentons-nous les changements intervenus ces dernières années,

particulièrement avec la nouvelle poste, l'Eurotel, la Placette, les chantiers et l'accroissement de la circulation ?

- Les rapports sociaux, humains, sont-ils facilités par les changements in¬ tervenus ? Vous sentez-vous appauvris quand la Vieille-Ville se réduit à une fausse apparence (voir à la fin de ce cahier..) ou enrichis quand par exemple la BEF s'apprête à construire un immeuble de prestige ?

- Pensons-nous être responsables des changements intervenus et de quelle façon ? Ou éprouvons-nous un sentiment d'impuissance et pourquoi ?

- Estimons-nous avoir les autorités politiques que nous méritons ? En d'au¬ tres termes, pouvons-nous nous identifier à elles et leur déléguer notre responsabilité ?

- Le citoyen, la citoyenne, face à l'évolution de la ville, doivent-ils in¬ tervenir à titre personnel, en groupe, par les partis ou des groupements ?

- Et comment ? Qu'attendez-vous par exemple de PRO FRIBOURG ? Estimez-vous le moment venu d'entreprendre d'autres formes d'action ?

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Tribune des lecteurs

Nous inaugurons cette chronique à la suite de notre cahier sur le projet de la Banque de l'Etat qui a provoqué d'intéressantes réactions. Nous invi¬ tons ainsi nos lecteurs à nous faire part, quand le besoin s'en fait sentir, de leurs remarques, de leurs critiques ou de leurs encouragements. Deux mots cependant sur la construction du nouveau siège de la BEF : le projet suit son cours "à la fribourgeoise"s il a été mis à l'enquête pendant les vacan¬ ces au mois d'août. Vérification faite : il ne s'agissait pas des plans dé¬ finitifs mais simplement du permis d'implantation. Cela n'était pas précisé dans les avis officiels, mais quelle importance ? Ne peuvent d'ailleurs fai¬ re opposition que les propriétaires voisins immédiats dans la mesure où leurs intérêts sont lésés, toute autre opposition n'étant que de pure forme. Quant aux plans définitifs, seront-ils mis ensuite à l'enquête publique ? Notre conclusion provisoire s plus qu'un problème d'architecture, c'est d'abord un problème d'urbanisme. Et la voie est encore longue jusqu'à cet urbanisme démocratique que nous préconisons. NOS LECTEURS NOUS ECRIVENT : Avant la parution de notre cahier : Con sVernat ion "C'est au nom des élèves de l'école

préparatoire aux professions para¬ médicales que je vous écris pour la raison suivante ; Nous sommes tous consternés de voir quelle allure prendra le nouveau bâtiment de la Banque de l'Etat, et nous désire¬ rions, avec nos moyens, tenter d'a¬ moindrir ce désastre. C'est pour¬ quoi nous nous informons auprès de vous afin de savoir ce qu'il nous serait possible et utile de faire. Nous attendons donc vos conseils avec grande joie."

J.-F. Rudmann Pas tout dans le même panier "Si PRO FRIBOURG s'occupe d'urba¬

nisme, cela ne doit pas se traduire par une opposition aveugle envers tout ce qui est nouveau, mais par une attitude critique à l'égard de la qualité généralement médiocre des constructions nouvelles. D'au¬ tant plus qu'il apparaît presque sans espoir que les autorités fri- bourgeoises puissent intégrer l'ur¬ banisme dans un processus démocra¬ tique, la décision de la Banque de

l'Etat d'ouvrir un concours pour cet emplacement sensible à la place de la Gare, doit être considérée de manière très positive. Si, de plus, la BEF ose faire appel à des archi¬ tectes d'autres cantons - ce qui naturellement n'aura pas été du goût de la section locale de l'as¬ sociation des architectes, qui pourtant a permis le Schoenberg, Beaumont et l'Eurotel... - cela frise le miracle, parce que par là s'est manifestée une exigence de qualité... Ce qui témoigne d'un souci de l'image à venir du centre-ville. Et si, finalement, le jury se décide pour le seul projet qui soit à la hauteur de la situa¬ tion, PRO FRIBOURG ne doit pas se borner à l'assimiler de façon ten¬ dancieuse au méfait architectural de la Placette.

J'espère que vous poursuivrez votre lutte, qui mérite d'être soutenue, contre la destruction de la ville. Mais que cela aille aussi dans le sens de la création nouvelle s avec l'exigence que la ville contemporaine présente, pa¬ reillement au centre historique, une unité. Le projet Botta à la place de la Gare contribuera à

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sensibiliser le public et les au¬ torités à la notion de qualité.

N*espérons pas trop d'un plan d'aménagement illégalement retardé et qui ne fera que combler une la¬ cune juridique, tout en abandonnant comme partout la création aux mains des spéculateurs. De ce fait même, toute tentative de pratiquer une "architecture" digne de ce nom, doit être pleinement soutenue.

Pourquoi par exemple ne pas ou¬ vrir un concours pour la construc¬ tion du nouveau théâtre en faisant également appel à des architectes du dehors qui ont fait la preuve de leur qualité dans leurs réali¬ sations, pas de cette médiocrité qui encombre la scène à Fribourg. Si Fribourg voyait aussi loin que ia BEF, il y aurait de l'espoir ! A savoir bien sûr si ce nouveau théâtre est vraiment nécessaire. Pourquoi ne pas essayer de 11 inté¬ grer dans l'ancien hôpital des Bourgeois ou dans le garage entre le Couvent des Cordeliers et l'Egli¬ se Notre-Dame ? Il y a nombre d'em¬ placements en ville qui exigent la fonction adéquate. Et y a-t'il une meilleure place pour une banque ou un grand magasin que la place de la Gare ? Par ailleurs, mes récentes oppositions contre les projets Tour Henri et Avenue de la Gare Sud té¬ moignent de mon accord avec l'ac¬ tion de votre mouvement" (traduit de l'allemand). Thomas Urfer, arch. EPF Villars /G. APRES LA PARUTION DE NOTRE CAHIER : Fanatisme antifasciste.♦. "J'ai été un membre enthousiaste

de "Pro Fribourg". J1 ai aimé que vous preniez la défense des intérêts d'une belle, d'une très belle ville.

Mais il me semble que depuis peu, vous tournez à la contestation sys¬ tématique; de jérémiades en jérémia¬ des, cela se supportait encore; de jérémiades en contestation occasion¬ nelle et fondée, cela va encore. Mais ne croyez-vous pas que votre dernière publication systématise la

contestation au point d'en devenir exagérée et donc "bébête"..• L'opposition au projet de la Banque de l'Etat tient un peu du gauchisme anticapitaliste bébête, du fanatis¬ me antifasciste qui en voit partout, du romantisme, du naturalisme, du passéisme, etc. Ou bien encore, avez-vous parmi vos membres quel¬ qu'un qui a présenté un projet et qui est dépité ?

De plus, le débat que vous avez organisé à propos de la consulta¬ tion démocratique dans notre ville, débat auquel je n'ai pu assister faute de temps, mais dont j'ai eu pas mal d'échos, n'était-ce pas, dans la façon dont vous l'annonciez, un débat-bidon pré-orienté ?

Je voudrais faire partie d'une organisation qui sait raison garder. Si la tendance que vous affirmez se maintenait, alors je me retirerais de Pro Fribourg, mais je resterais bien résolument fribourgeoise."

Marie-Anne Heimo, Fribourg Qualité des préoccupations...

Je vous remercie de m'envoyer régulièrement votre bulletin que je lis toujours avec plaisir. Je me permets de vous féliciter pour les idées originales, le style agréa¬ ble à lire et la qualité des pré¬ occupations. Lausanne ne me semble pas être à votre niveau. Je connais mal votre ville, mais vos bons textes permettent de lire aisément votre bulletin.

Dr. Ph. Grin, Président de l'Institut de la Vie, Section Vaud Grandiloquence et boursouflure.

"Vous avez eu l'amabilité de m'adresser votre belle brochure No 33* Ayant vécu trois ans dans la ville qui jadis fut considérée comme la plus pittoresque d'Europe (Ruskin), je m'intéresse très par¬ ticulièrement au sort que lui ré¬ servent les générations actuelles des architectes.

A part cela, mon rôle d'expert

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technique du Heimatschutz pour la Suisse romande m'a souvent conduit à traiter des questions de 1*archi¬ tecture et de l'urbanisme à Fribourg et dans votre canton, d'entente avec M. Chatton, conservateur. Et l'on se souvient peut-être d'un forum organisé par feu Roger Nordmann, où je m'étais exprimé sur ces questions.

Un jour, avec le grand architecte Patrick Abercombie, président de l'Union internationale des Archi¬ tectes (UIA), nous contemplions, assis sur un banc des Grand'Places, la silhouette de la vieille ville dominée par la tour de St. Nicolas. Cette vue a été irrémédiablement anéantie par un bâtiment commercial^ les Grand'Places saccagées par un pavillon placé obliquement (!) et par l'implantation regrettable de l'Eurotel.

Pour ne pas m'étendre sur les autres méfaits architecturaux que vous dénoncez avec tant de perti¬ nence, je voudrais m'exprimer, si vous le permettez, sur le projet Botta pour la BEF, primé à l'unani¬ mité et dont un membre du jury se fait le défenseur.

J'ai personnellement une sympa¬ thie pour l'apparence sportive de ce professeur dont je serais cepen¬ dant heureux de connaître une seule réalisation architecturale qui puis¬ se mériter l'appellation d'"éminent" Le respect que je voue à la person¬ nalité m'autorise, même dans le cas de désaccord, de dire mon opinion au même titre qu'il tente de le faire lui-même. Ce n'est pas tout d'occuper le poste de professeur de l'EPFL : il s'agit de contribuer à l'élévation des qualités archi¬ tecturales. Or j'ai pu constater le niveau de l'enseignement à juger d'après une trentaine de travaux d'élèves qui m'ont été soumis à l'examen : l'abaissement est pro¬ prement inconcevable ; mon rapport ne ménage pas les termes. Il sem¬ ble, hélas, que cette situation est générale dans notre pays.

A voir l'architecture du projet Botta, dont l'absence absolue du sens des mesures et des proportions par rapport à l'espace urbain du boulevard de Pérolles, on se sent reporté aux plus majestueuses pro¬ ductions de l'Italie mussolinienne, dont les effets semblent avoir dé¬ teint sur le Tessin, où pourtant il y a des architectes de qualité.

La grandiloquence, la boursou¬ flure, l'indigence des formes, le manque d'échelle, tout cela fait que, si ce projet a été classé en premier rang, c'est que les autres ne valaient guère mieux. Mais au lieu de déclarer forfait et de disqualifier les concurrents - ce qui est de la compétence du jury - voilà que l'éminent professeur en fait un panégyrique dans un style abscons, contournant par des ex¬ pressions troubles le sens véri¬ table du problème.

"Monumental"— et "silencieux"—; s'il était silencieux, il ne pour¬ rait pas préparer un "dialogue avec les bâtiments et les espaces voisins" o si tacuisses (Oh, si tu t'é¬ tais tu) !

Je donnerai copie de cette lettre à l'éminent professeur. Et pour vous prouver que j'ai approfondi les pro¬ blèmes de l'architecture, je me per¬ mets de vous adresser mon ouvrage DE L'ARCHITECTURE, tout en étant conscient de ce que celle-ci risque bien d'être parmi les arts qui, comme tant d'autres choses, dispa¬ raissent en faveur d'une barbarie nouvelle.

Veuillez agréer, Monsieur le Ré-- dacteur et Messieurs, l'expression de mes sentiments les plus distin¬ gués.

H. Robert Von der Mllhll Lausanne

P.S. Afin de ne pas paraître uni¬ quement dépréciatif à l'égard de l'architecture moderne, mes voyages aux Etats-Unis et au Japon m'ont enseigné que, malgré tout, il existe des oeuvres de valeur.

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En bref

MISERES ET TRESORS REVELES Lfexposition, d'été de notre Musée

procurait un choc au visiteur s ce¬ lui de la révélation de rudes et colossaux débris de sculptures qui faisaient l'ornement des places et des monuments de Fribourg. Mais pas¬ sé cette émouvante cohorte de sta¬ tues mutilées et de fûts écornés, on passait à l'art exangue et empe¬ sé des portraits de notables du 18e s., et aux tableaux du 19e, té¬ moins des goûts et de la mentalité d'une société provinciale, bien plus que des grands courants de l'art à cette époque...

Car à Fribourg, le chef d'oeuvre, le seul chef d'oeuvre, c'est la ville elle-même. Une ville dont les plus beaux ornements aux porches de ses églises et aux bassins de ses fontaines sont minés, rongés par la pollution et ne peuvent trouver de salut qu'à l'abri d'un musée.

Le projet de musée lapidaire dans les anciens abattoirs est donc une nécessité urgente et permet un dou¬ ble sauvetage, celui de l'édifice et celui des collections. La solu¬ tion est satisfaisante et bien étu¬ diée, à la réserve de la suggestion des architectes de couvrir le jardin Ratzé, oubliant que le bâtiment his¬ torique du Musée et son jardin for¬ ment un tout indissociable.

La nécessité d'un sauvetage rapide des anciens abattoirs est démontrée: les laisser à l'abandon un hiver de plus c'est, à coup sûr quelques cen¬ taines de milliers.de francs supplé¬ mentaires de restauration si ce n'est la ruine complète à brève échéance. La session du Grand Con¬ seil de novembre est donc l'échéance ultime si l'on veut que les travaux puissent encore démarrer à temps. Le Conseiller d'Etat Cottier a là une belle occasion de faire la preu¬ ve de son efficacité.

A QUAND L'HOTEL ZAHRINGEN RESTAURE ? C'est avec soulagement et impa¬

tience que nous avons accueilli la nouvelle de la restauration prochaine de l'immeuble incendié. Cette ruine sinistre a trop longtemps déparé l'entrée de Fribourg. Souhaitons cependant que cet immeuble retrouve une utilisation appropriée à défaut de son faste d'antan. Hôtel réputé à l'époque romantique et fort avant dans le 19© s., on découvrait de sa vaste terrasse bien abritée d'un coup tout le panorama de la Vieille Ville. C'était une étape obligée des célébrités qui visitaient la Suisse à cette époque. Qu'avons- nous de comparable à offrir de nos jours ? DE "SAUVER LAVAUX" A "SAUVER MONTREUX"

Après sa victoire à l'arraché de Lavaux, Franz Weber repart en guerre: à Montreux même. Dire que certains édiles et promoteurs prenaient pré¬ texte des méfaits déjà perpétrés (dans le paysage, leur Eurotel vaut le nôtre..) pour prétendre que ce qui restait du siècle dernier ne valait plus la peine d'être sauvé. Là encore un coup d'arrêt est néces¬ saire et la fougue et le sens de la publicité de Franz Weber ne seront pas de trop. Une bonne façon de se faire la main avant le combat com¬ bien plus décisif sur les autoroutes! POUR DES VILIES HABITABLES

Des associations de plusieurs villes suisses se sont rencontrées ce mois-ci à Olten pour échanger leurs expérien¬ ces et peut-être coordonner par la suite leur action. Des groupements très dynamiques font leur apparition à Coire, Olten, Thoune, Rapperswil, Bâle ou Zurich. Ils ne sont pas le fait de milieux traditionnels mais de jeunes au style d'intervention direct et spontané. Pro Fribourg sort de son isolement...

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Pour un inventaire photographique

La transformation rapide de notre mode de vie, de notre environnement et, partant, de notre mentalité, nous fait regarder les photos jaunies des albums de famille comme des reflets d'un autre monde.

Les photos anciennes prennent valeur de documents déjà par de simples portraits mais mieux encore lorsqu'elles montrent des aspects de la vie de tous les jours ou la vision qu'avaient nos parents ou grands-parents des événements publics ou familiaux.

Pour notre environnement urbain, les photos de la fin du siècle der¬ nier sont des témoins précieux : elles nous montrent pratiquement notre ville, les bourgs et villages de nos campagnes tels qu'ils étaient avant les changements de l'ère industrielle. Les premiers documents photogra¬ phiques datent chez nous de peu après i860 : à cette époque, la ville débordait à peine de ses remparts et la population ne s'élevait qu'à 10*000 habitants, guère plus qu'au Moyen-Age et le quart du total actuel.

Nous commençons dans les pages qui suivent un inventaire photographi¬ que, amorçé déjà lors de l'inventaire de la rue d'Or. Ce premier chapi¬ tre montre la rue des Forgerons et celle de la Palme : un coin de la Vieille Ville apparemment intact mais dont le caractère, documents en mains, a changé du tout au tout.

Nous ne pourrons pas compléter cet inventaire sans votre aide. Nous désirons réunir le plus grand nombre de documents sur l'évolution de la ville à la fin du siècle dernier et au début du 20ème aussi bien que sur la vie des Fribourgeois à cette époque.

APPEL A NOS LECTEURS Si vous possédez de vieux albums de photos, ou surtout d'anciens cli¬

chés sur verre, des négatifs originaux ou autres plaques de verre, ou si vous collectionnez des cartes postales, veuillez nous le signaler : les possibilités actuelles d'agrandissement permettent en particulier de faire apparaître des détails, des scènes ou des personnages en de¬ hors même du sujet principal de la photo. Ces éléments marginaux, par¬ ce que non "posés" et pris sur le vif, sont des témoins exceptionnels de la vie quotidienne.

Avec votre accord et à nos frais, nous pourrions alors faire des co¬ pies et des agrandissements des documents les plus intéressants s ils risquent sinon de disparaître un jour ou d'être dispersés et de perdre leur signification.

Si vous êtes disposés à nous prêter vos documents, veuillez aviser le secrétariat de PRO FRIBOURG, Stalden 14 ou prendre contact avec M. Benedikt Rast, photographe, 39 rue de Lausanne à Fribourg.

D'avance merci !

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1. La rue des Forgerons

Une ancienne photo datant de peu après 1870 présente le quartier de la rue des Forgerons dans son sites au débouché sur la Sarine de l'é¬ troite vallée du Gottéron. Cette gorge sauvage et boisée, profondé¬ ment encaissée, a été le premier quartier industriel de la ville de Fribourg. Des moulins et des foule- ries y sont mentionnés dès le mi¬ lieu du 13e siècle.

Ce quartier, boulevard de la cité en direction de Berne, était au Moyen-Age puissamment fortifié. Son système de tours et de remparts, de la porte de Berne à la colossale Tour Rouge, nous est parvenu pres¬ que intact, de même que la muraille barrant la vallée du Gottéron.

Notre photo nous donne la vue du sommet de la tour de la Cathédrale avec le promontoire que forme l'ex¬ trémité du quartier du Bourg. Dans ce paysage urbain intact, les ponts suspendus, construits une trentaine d'années plus tôt, s'inscrivent en lignes légères. Véritables prouesses techniques de l'époque, ces ponts sont une des curiosités de la ville.

C'est cette vue d'une cité encore enfermée dans ses remparts qui, à quelques années de là, faisait l'ad¬ miration de l'écrivain anglais John Ruskin :

"S'il est une chose remarquable dans la ville de Fribourg, c'est que les murailles ont des échines flexi¬ bles et grimpent de bas en haut des ravins à la manière des chats; et que l'allure générale de cette en¬ ceinte de tours et de remparts, fai¬ te d'élévation, de force et de grâce, se communique même aux parties iso¬ lées ou à celles qui, vues de près, paraîtraient moins gracieuses."

Un autre voyageur, Xavier Marmier, note en 1862 :

"Entre les deux collines, rejoin¬ tes 11 une à 1'autre par ses cordages en fil de fer, est le vert, l'agres¬ te, le charmant petit vallon du Gottéron. Des paysans et des ou¬ vriers l'habitent; une route le tra¬ verse, un ruisseau y coule et y fait mouvoir les roues de divers établis¬ sements industriels. Dans la journée, ce petit vallon est très animé par le travail. Le soir, on ne peut rien voir de plus calme. Les chevaux du laboureur sont rentrés à l'étable; l'ouvrier a fini sa journée; la scierie cesse de déchirer les troncs de sapins, et le marteau du forgeron reste immobile sur l'enclume."

De tout cela, que subsiste-t'il ? Du même point de vue, le quartier

apparaît de nos jours solidement encadré par des ponts adaptés au trafic motorisé : les lourdes piles du pont Zähringen et 1'arche de béton de celui du Gottéron. Le quartier n'est plus l'avancée de la ville : il se trouve enserré et dominé par les constructions nou¬ velles du quartier du Schoenberg.

L'élégante ligne des remparts est toujours là, bien que rompue par une malencontreuse verrue.

Tout au moins, derrière ses mu¬ railles, la rue des Forgerons semble intacte, en apparence.

Nous allons examiner les choses de plus près et constater que toute activité a cessé, les for¬ ges, les ateliers se sont fermés, les bistrots seuls, de l'Ange, de la Fleur de Lys, rappelent les an¬ ciennes auberges pour voyageurs.

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Cette lithographie, datant du milieu du 19ème siècle, confirme et précise les indications données par les photos anciennes : la rue des Forgerons, aux maisons médiévales, garde encore en plein 19ème son caractère artisanal, avec la roue de son moulin (encore en acti¬ vité), l'auvent de sa forge où l'on ferre les chevaux et les vastes galetas ouverts aux larges avant-toits, destinés vraisemblablement au séchage des peaux des tanneries (voir les derniers immeubles de ce type qui se sont maintenus à la rue de la Neuveville).

Sans doute, ces bâtiments ont déjà subi maintes transformations au cours des âges, mais ils ont encore gardé leur physionomie et leur structure du lôème ou du 17ème siècle, car leur fonction était restée pratiquement la même.

Un siècle plus tard, le caractère du quartier s'est profondément modifié : les activités traditionnelles se sont éteintes et les ate¬ liers ont cédé la place aux logements. Ce changement radical de fonction a transformé non seulement l'apparence des immeubles mais leur substance même. Ce que nous allons voir dans le détail.

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Des transformations irréversibles

Alors que les façades ont gardé en partie leur ancienne ordonnance, les toitures tra¬ hissent le bouleversement de la structure interne des im¬ meubles. Le changement de fonction s'est fait dès la fin du 19ème siècle et les galetas furent alors aménagés en logements. La vétusté et l'insalubrité de ces maisons adossées à la falaise se sont accentuées au point qu'une restauration d'ensem¬ ble était indispensable.

La rénovation de 1972/73 a détruit le parcellaire an¬ cien : quatre immeubles ont été regroupés en un seul avec une unique cage d'escalier (voir PRO FRIBOURG No 22 de juin 74» p- 44). Une telle transformation est évidemment irréversible.

Si 1'aménagement de loge¬ ments HIM est une opération louable en soi, dans le cas présent se précisent quelques- unes des menaces qui pèsent sur la Vieille-Ville protégées la banalité, 1'uniformisation et le recours au Heimatstil.

Illustrations : De bas en haut, état successif des toi¬ tures en l850, l870 et au¬ jourd'hui.

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IMAGE OU CARICATURE ?

Il n'y a plus guère de rap¬ port entre 11 état plus ou moins d'origine et l'actuel. Gabarit et proportions sont bouleversés. La suppression d'une porte d'entrée n'a pas que des conséquences esthéti¬ ques et visuelles s derrière le décor des façades médiéva¬ les transparait le HLM collec tif. La structure collective du non-organisme moderne a brisé la structure communau¬ taire de l'organisme médiéval

Il n'y a pas d'architecture "innocente" : c'est le mode de vie des habitants qui est ainsi façonné.

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FAUSSES APPARENCES

Cet autre exemple est trom peur au premier coup d'oeil ce bâtiment n'a-t'il pas gar dé 1e même air ?

A l'examiner de près, on constate pourtant que tout 1 'immeuble a été exhaussé d'un étage et que la façade de gauche a fait un pas en avant ! C'est un exemple de transformation roublarde.,

A noter qu'avant 1940, les changements visibles attes¬ tent de la mutation que la fonction a subie : la roue de moulin a disparu et le canal a été comblé, un gara¬ ge a été construit à la pla¬ ce de même qu'à celle d'une des arcades.

De gauche à droite et de bas en haut : états 1870, 1940 et aujourd'hui.

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