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N° 5 - 1er trimestre 2008. PIECES NOTICES pour servir à l’histoire d’Angoulins/Mer & Publication éditée par l’association Expression-Hist, histoire locale et valorisation du patrimoine angoulinois.

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LA FIN TUMULTUEUSE DE JEAN COURAULT, BARON DE CHÂTELAILLON OU LA CRÉATION DE LA SEIGNEURIE ET CHÂTELLENIE D’ANGOULINS.par Denis BriandLA MANON-LOIRON II : L’INTERVIEW DE GEORGES DURAND.LE BOUTON DU GARDE-CÔTE.par Denis Briand et André JouineauL’INTERVENTION DE P. MAGUER ET G. LANDREAU SUR L’ÉTABLISSEMENT RURAL DES ORMEAUX (CHAUVIGNY, MAI 2007, COLLOQUE DE L‘AFEAF)- 1ÈRE PARTIE: P. MAGUER -TABLEAUX SYNOPTIQUES DU TERRIER DE LA SEIGNEURIE SAINTE-RADEGONDE par Denis Briand

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N° 5 - 1er trimestre 2008.

PIECES NOTICES

pour servir à l’histoire d’Angoulins/Mer

&

Publication éditée par l’association Expression-Hist, histoire locale et valorisation du patrimoine angoulinois.

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PIECES NOTICES

pour servir à l’histoire d’Angoulins

&Sommaire du numéro 5 - 1er trimestre 2008

LA MANON-LOIRON II : L’INTERVIEW DE GEORGES DURAND.

LA FIN TUMULTUEUSE DE JEAN COURAULT, BARON DE CHÂTELAILLON OU LA CRÉATION DE

LA SEIGNEURIE ET CHÂTELLENIE D’ANGOULINS.par Denis Briand

LE BOUTON DU GARDE-CÔTE.par Denis Briand et André Jouineau

L’INTERVENTION DE P. MAGUER ET G. LANDREAU SUR L’ÉTABLISSEMENT RURAL DES ORMEAUX

(CHAUVIGNY, MAI 2007, COLLOQUE DE L‘AFEAF)- 1ÈRE PARTIE: P. MAGUER -

TABLEAUX SYNOPTIQUES DU TERRIER DE LA SEIGNEURIE SAINTE-RADEGONDE

par Denis Briand

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LA FIN TUMULTUEUSE DE JEAN COURAULT,

BARON DE CHÂTELAILLON OU LA CRÉATION

DE LA SEIGNEURIE ET CHÂTELLENIE

D’ANGOULINS.

par Denis Briand

Jean Couraud (ou Courault), fils et héritier d’Antoine Couraut, fut le seigneur et baron de Châtelaillon. Procureur du roi au présidial de La Rochelle, il acheta Chatelaillon de Mme la duchesse de Longueville, en 1596 1. Il dirigea apparemment la baronnie avec son père puisque ce dernier, en tant que « seigneur baron dudit Chastelaillon et bourg d’Angoulins » afferme le four banal d’Angoulins à Etienne Dupuy, le 26 septembre 1597, comme le montre un acte de Perroy, notaire à Angoulins2.

Il fut marié à Anne Marchant. Celle-ci, tout juste veuve de lui en 1608, accoucha d’une fille. A ce sujet le diaire de Joseph Guillaudeau énonce3 :« Naissance de la fille de la veuve baronne : le lundi 19e du mois de may 1608, dame Anne Marchant, vefve de deffunct haut et

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°5 Briand, D. / La fin tumultueuse de Jean Courault...

puissant Jean Courault, sieur baron de Chastelaillon, accoucha d’une fille, laquelle feut baptisée le jeudy en suivant, le parrin estoit MM. Anthoyne Marchant, conseiller, et marrine dame Perrette Baudouyn, vefve de diffuent haut et puissant Anthoyne Courault, aussi baron de laditte baronnie, et fut nommée Anne »

Quelque mois ensuite, elle se remaria le 19 ou le 20 octobre 1608, avec Constant d’Aubigné, père de Françoise d’Aubigné (Mme de Maintenon) et fils d’Agrippa d’Aubigné, comme en témoignent :

- un autre paragraphe du diaire de Joseph Guillaudeau4 :« Mariage d’Aubigny-Marchant : Le lundi 19e d’octobre 1608, ladite veuve Anne Marchant espouza avec le seigneur d’Aubigny »

- Ernest Jourdan, dans ses éphémérides de La Rochelle5 (qui précise aussi les circonstances de son décès) : «20 octobre 1608 : Mariage, à La Rochelle, de Constant d’Aubigné, seigneur de Surineau, fils de l’historien Agrippa d’Aubigné, avec Anne Marchant, veuve de J. Couraud, baron de Châtelaillon. C’était, dit son père dans ses mémoires, un misérable, adonné au jeu, à l’ivrognerie et aux filles de joie. Il tua sa femme, qui lui avait été infidèle, et se remaria, en 1627, avec Jeanne de Cardillac, fille du gouverneur du Château-Trompette. De ce second mariage, naquit Françoise d’Aubigné, qui épousa Scarron, et devint si célèbre, sous le nom de de Maintenon. »

- ou Louis Audiat dans un article intitulé « Le Frère de Madame de Maintenon, Charles d’Aubigné », que l’on peut lire dans la Revue d’Aquitaine6 : « Constant d’Aubigné se maria à La Rochelle - le 30 septembre

1608, contrat reçu par Dupuis, notaire, - « à une malheureuse qu’il a depuis tuée » raconte son père. Elle se nommait Anne Marchant, veuve de haut et puissant Jean Couraut, seigneur et baron de Châtelaillon. »

L’assassinat d’Anne Marchant, que l’on vient d’évoquer ci-dessus, par son propre mari, M. de Surineau, est ainsi décrit dans le diaire de Merlin7:« le 6 février 1619, on a appris ici à La Rochelle que M. de Surineau avoit poignardé sa femme avec M. de La Laisse, couchés ensemble en une hôtellerie, à Niort » et plus loin8 : « Audit mois de juillet 1620, M. de Surineau, fils de M. d’Aubigni, a eu la tête tranchée à Angers, et l’hôte du Cygne pendu. Ledit du Cygne a confessé qu’il avait tué avec ses complic M. de La Laisse sur le privé, puis l’avait apporté mort et mis au lit de madame de Surineau, qui avait été tuée par son mari et ses complices ». Ce cruel épisode est d’ailleurs confirmé par les Mémoires d’Agrippa d’Aubigné qui relate lui même que son fils ainé tua bien sa propre femme et de La Laisse.

Jean Couraud est décédé d’un coup d’épée, le 31 août 16079. Les faits circonstanciés nous sont données dans un varia 10 sous le titre « Mort du baron de Chastelaillon et enterrement ». « 30e aoust 1607, le jeudy, environ sur les huict à neuf heures du matin, haut et puissant Jean Courault, sieur baron de Chastelaillon, feut blessé à mort d’un coup d’espée qui luy prenoit près l’aigne du costé senestre et luy traversait tout au travers du corps, de sa propre espée qu’il donna à Loys Bouhier, fils de la Chosselière, et mourut ledit sieur le lendemain sur les 2 à 3 heures du matin, au lieu de Virson et feut amené en sa maison de Périgny le dit jour, et vendredi 7e de septembre, nous feusmes à Périgny pour quérir le corps du feu baron et de son

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°5 Briand, D. / La fin tumultueuse de Jean Courault...

père feurent tous deux amenez dedans des brancars tous couverts de noir et furent accompagnez depuis lelieu de Périgny jusques à La Rochelle, d’environ cent chevaux et le lendemain en suivant feurent enterrez à Saint-Sauveur, assez bien accompagnez de gentilhommes et autres personnes de qualité »

Moins d’un an après la mort violente de Jean Couraud, la seigneurie de Châtelaillon, fut saisie sur réquisition des nombreux créanciers du baron, le 27 août 160811, et fut vendue en août 1615 12.

Cette vente est alors faite au profit de Daniel Green de Saint-Marsault, qui l’acquiert pour ses 8/9emes. Le restant échoit à Jean Berne, alors seigneur de Jousseran, dans un partage finalisé le 20 novembre 1616. Avec cette transaction, Jean Berne prend ainsi possession de la terre d’Angoulins, représentant ce neuvième de la baronnie divise de Châtelaillon, terre qui devient alors seigneurie et châtellenie.

Notes et bibliographie

1 BSAHSA 1882 p.412 ADCM, 2J 93 - Notes de Jean Joguet3 diaire de Guillaudeau, sieur de Beaupreau, publié in AHSA tome XXXVIII p.36 4 idem5 page 393 6 numéro du 1e décembre 1875 7 page 351 8 page 366 9 Jean-Claude Bonnin, Les seigneurs d’Angoulins, Expression-Hist, 2004 10 Archives historiques de la Saintonge et de l’Aunis, tome

XXXVIII, 1908 pp. 33-34 11 J.-C. Bonnin, op. cit.12 BSAHSA 1882 p.41

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LA MANON-LOIRON II : L’INTERVIEW DE GEORGES

DURAND.

par G. Durand

- Georges DURAND, il y a plusieurs années, en tant qu’assidu prospecteur de nos campagnes, je crois que vous aviez déjà eu connaissance d’indices de site à Loiron-La Manon. Pouvez nous nous rappeler la nature et les conditions de la recherche à l’époque ?

R) Le site de La Manon était connu depuis longtemps. Si ma mémoire est encore correcte, vers 1850 son existence avait été signalée. J’en avais entendu parler, comme tout amateur d’archéologie à l’époque par des observations régulières menées, surtout par les responsables de la société de géographie de Rochefort (plus vieille société de France), messieurs GABET, DAVID et FAVRE qui n’hésitaient pas à se déplacer sur nos sites, car personne de la région de La Rochelle n’osait s’aventurer officiellement sur le terrain, ne sachant souvent pas à qui s’adresser en cas de découverte. Grâce à nos amis rochefortais, j’ai pris connaissance que des tombes se trouvaient dans cette zone, ainsi qu’une imposante installation gallo-romaine. Je signale que ce sont eux qui m’ont réellement orienté sur les bonnes institutions pour avoir les meilleurs contacts, en particulier une personne que j’ai toujours considéré comme un maître, Camille GABET.

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°5

-Quand on sait qu’à l’époque on croyait encore que les romains n’avaient pas eu d’influence sur le littoral de l’Aunis, vos constatations ont du recevoir un accueil assez particulier ?

Pour comprendre les années 1970 , il faut faire un résumé de l’histoire de l’archéologie locale. Celle-ci, tracée depuis longtemps et inamovible récitait encore et toujours la fable de la non installation des envahisseurs romains et autres collaborateurs gaulois romanisés dans notre région. Il y avait les remarquables observations de MUSSET, hélas bien imprécises parfois, qui avait crée une véritable section de chercheurs sur une grande partie de la région, mais qui sont restées lettres mortes. D’après les auteurs anciens jamais remis en question, la non venue des «envahisseurs» étant due à des marais putrides et invivables ainsi que nombres autres calembredaines de ce genre.

Pour oser s’atteler à la tâche qui était de porter la contradiction à cet état de fait, devenu dogme, il fallait ne pas être originaire d’ici, ne pas être endoctriné si je puis m’exprimer ainsi, avoir un œil neuf, et être plus entêté qu’un bon troupeau de mules!

Il suffisait de se demander tout simplement «pourquoi» la période romaine n’était pas représentée dans nos contrées, et n’obtenant pas de réponse logique, faire exactement le contraire des habitudes locales en allant enfin faire seul le plus souvent des prospections pédestres générales en Aunis. Je me souviens avec délices, avoir reçu un accueil amusé, avec des regards de commisération lorsque j’avais osé déclarer en réunion de la première société que j’ai fréquenté, que je portais de l’intérêt à la présence romaine en Aunis. Un peu vexé, avoir cherché avec acharnement dès le lendemain et quelques jours après, avoir ramené les premiers vestiges gallo-romains, aux mêmes personnes totalement sidérées..

Nous étions bien peu au tout début. Seuls quelques volontaires cherchaient : Notre cher ami, l’Abbé METAYER, dans sa région de Sainte Soulle, Bourgneuf, Usseau, le père COUTANT avait également essayé, mais il était trop occupé par ses recherches en archives, Jean GUILLEMENT vers Charron, Frédéric BOUIN vers Courçon, Mauzé, puis d’une manière plus élargie, Bruno TEXIER,

Gil ARQUE, Marie-Christine de TAILLAC, Maurice LAVERGNE, Pierre-Philippe ROBERT qui ont poursuivi les recherches lors des années suivantes, jusqu’à maintenant pour certains d’entre eux. Bien d’autres suivront plus tard, Michel ENET sur Puyrolland, Landes , Claude BARITEAU sur St pierre d’Amilly, et vous-même cher Denis pour le secteur d’Angoulins que j’avais eu le bonheur de prospecter avec Mademoiselle Diane JOY, en son temps.

Ces années dont j’ai un souvenir ému, avec le recul, ont été vraiment très généreuses en trouvailles remarquables, qui ont beaucoup marqué les esprits. Certaines ont totalement révolutionné notre regard sur l’antiquité gallo-romaine de l’Aunis, tels les fouilles des Groies à Nieul sur mer, du champ du bois à Charron, les Quatrefages à La Rochelle, la rue Jean Bart à l’Houmeau qui ont permis, sur un plan national voire plus, de tirer de nouvelles conclusions sur la composition chimique grâce aux analyses sur les bijoux antiques trouvés sur place entre deux citernes gallo-romaines.

Pour le moyen-âge, qui était bien étudié, monsieur l’abbé METAYER de son côté initiait les élèves de Fènelon sur les longs et grands chantiers médiévaux des châteaux érigés par Pierre BERTIN dans les forêts aux abords de Sainte Soulle, qui hélas n’ont pas pu être menés à terme. Monsieur Jean FLOURET faisait de même à la crypte des Jésuites à La Rochelle, Luoc BUCHERIE et François MENENTEAU de leur côté essayaient de comprendre l’aqueduc du trépied du plomb à l’Houmeau, fouilles que nous reprendrons ultérieurement, enfin des fouilles étaient menées sur l’abbaye des Châteliers dans l’île de Ré. Ensuite de très nombreuses interventions suivront sur Saint Vivien avec Eric NORMAND, Bourgneuf , La Rochelle , Sainte Soulle (Laurent PRISMICKY), Pèrigny….. Bref le quotidien de toute association qui se targue de servir l’archéologie.

Durand, G. / La Manon-Loiron II : L’interview de G. Durand

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°5

-Depuis l’abbé Mongis au XIXe siècle, et avec messieurs Gabet et David vous avez donc contribué à documenter cette zone. Quel est votre sentiment sur le lotissement de cette partie sensible de la côte? Et à cet égard nourrissez vous quelques regrets ?

J’ai des sentiments divers concernant la destruction de l’installation gallo-romaine de la Manon. Toute construction en bord de mer, pour mon avis personnel aurait du, et devrait être totalement prohibée. Etant moi-même natif d’un ville côtière très touristique et «constructible» du moins à l’époque, j’ai assisté atterré à l’anéantissement de certains quartier arcachonnais tel le boulevard de l’océan que l’on aurait du classer en entier à l’inventaire, rien que pour l’esprit qui se dégageait de ces maisons fantastiques qui appartenaient à des familles célèbres PONIATOWSKY, ROSINGARD, MEUNIER, Tout a été rasé pour faire place à des immeubles de bien meilleur rapport évidemment. Il a suffit de deux ou trois opérations de ce genre, pour me dégoûter de retourner dans mon pays natal! Quand je pense que l’on veut mettre un hôtel à la place du monument des péris en mer, pour lequel mes parents ont cotisé comme tous les Pirelons du quartier Saint Ferdinand, cela me met dans une colère noire. Décidément , ces hôtels sur les ports deviennent une manie…

Pour la Manon, il y a eu des circonstances qui m’ont pris au dépourvu. La protection théorique des lieux, qui avait été apportée par les diverses déclarations auprès des services archéologiques les années précédentes, me semblait effective, et je ne m’étais pas inquiété ainsi que mes collègues amateurs ou professionnels, d’une éventuelle mise en lotissement de cette belle zone côtière. Or un soir, je suis passé dans ce secteur que je n’ai pas reconnu. Il était complètement bouleversé, et les maisons étaient en train de monter comme des champignons. J’ai pu ramasser quelques tessons de poteries, un fragment de corbeau, mais le cœur n’y était vraiment pas, et je suis rentré chez moi passablement secoué par ce que je venais de voir. Cette destruction s’est avéré être pour moi amateur acharné quelque chose d’anormal voire de choquant car tout simplement dans mon esprit, cela n’aurait pas du se faire, sans une vérification si minime soit-elle. Bien sûr les regrets légitimes sont toujours présents quand

un tel cas se produit, mais l’expérience m’a montré que cela arrivait heureusement de moins en moins par l’action des prospecteurs qui découvrent, déclarent et surtout suivent leurs sites avec une assiduité absolument totale et celle des responsables qui font un énorme travail de classement en édifiant la carte archéologique, et sont de plus en plus présents sur les opérations les plus sensibles. Pour comprendre notre état d’esprit, il suffit de penser simplement que le terme amateur veut dire qui a du goût pour…Parfois ce n’est plus de la passion, mais de l’entêtement .

-Mais à vrai dire, ce secteur jugé sensible n’a pourtant livré jusqu’alors aucune structure précise. Quel était votre sentiment précis sur l’intérêt de la zone avant le suivi de Loiron ? Et d’ailleurs étiez-vous convaincu de son intérêt ?

Pour bien situer mon point de vue sur mon «travail», si on peut employer ce terme, qui consiste à chercher encore et toujours, de site nouveaux.Dès que le prospecteur que je suis, apprends par exemple que messieurs GABET et DAVID ont prospecté un site à Loiron-La Manon d’Angoulins sur mer, et l’ont signalé à la D.R.A.C à Poitiers, il s’avère que ce site, dorénavant, et logiquement à mes yeux, ne m’intéresse plus! J’exagère bien sûr, mais c’est pratiquement ce que j’ai toujours mis en pratique. Contrairement à ce qui se passe à notre époque, où tout le monde craint tout le monde, je fais une confiance totale à ces deux personnes, hélas disparues, ainsi qu’à tous mes collègues archéologues prospecteurs. Je n’ai plus a perdre de temps pour découvrir ce site déjà repéré. Je vais donc repartir à la recherche d’autres sites non connus, ni déclarés. Dans la réalité, Il est évident que je prendrai contact avec mes amis archéologues, pour étudier leurs trouvailles s’il y a du mobilier. j’irai également voir l‘emplacement de leur site, mais cela s’arrêtera là.Pour répondre à cette question concernant précisément Loiron, j’étais persuadé que quelque chose d’important avait été détruit, et je vais le développer lors de la réponse suivante.

Durand, G. / La Manon-Loiron II : L’interview de G. Durand

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-Le chantier de Loiron fut en quelque sorte la première occasion d’avoir un regard archéologique sérieux sur ce secteur. Lors du premier coup de pelleteuse sur la parcelle de Loiron quelles étaient vos attentes ?

Lorsque vous m’avez invité à venir travailler sur une fouille acceptée par un propriétaire particulier, j’avoue avoir été très sceptique. Cela n’est arrivé que très rarement, et c’est dommage, car c’est souvent lors de cas semblables que de belles découvertes ont été effectuées. Je vais revenir sur l’anecdote des bijoux antiques de l’Houmeau, découverts par Melle Marie-Christine de TAILLAC et moi-même dans des conditions similaires chez un ami qui avait accordé une autorisation de fouilles, confirmée par la D.R.A.C de Poitiers, M. ANDRE. Ces bijoux étudiés par la spécialiste de la chimie de l’orfèvrerie antique, Mme Catherine METZER à Paris, ont révolutionné en partie les vues que l’on avait à l’époque sur leur composition chimique, car c’est la première fois que l’on y a détecté du Cadmium, ce qui a été une trouvaille importante découlant d’une fouille menée par de simples amateurs. Il en a été de même avec la superbe Tête sur socle de Charron, le Dieu-tête à trois langues, des Groies de Nieul sur mer, le superbe dessus d’encrier damasquiné de Charron…. Pour en revenir à cette fouille projetée sur le site de Loiron-La Manon, je vous avais annoncé immédiatement que l’on allait à mon sens vers quelque chose d’exceptionnel. Cette déclaration faisait suite à une réflexion qui s’est faite sur un très long temps. L’emplacement est magnifique, un des plus beau de la région, la côte est devant et derrière, ce qui est peu banal . Je ne vois peut être que les villas viticoles de la pointe des Minimes et celle des Quatrefages au fond du ria de la plaine de jeux actuelle, pour égaler la beauté des lieux à l’époque. Le corbeau (élément d’architecture servant à soutenir des poutres) est une chose tellement rare dans les villas de l’Aunis que nous n’en avons trouvé nulle part ni en prospection, ni en fouilles. Les tessons de poteries étaient de fort belles qualités autant qu’ il m’en souvienne. Tout cela a fait que dans ma tête, petit à petit, s’est formé à tort ou à raison, l’image d’une installation probablement remarquable. Cela, seul l’avenir nous le confirmera définitivement, mais pour le moment j’opte toujours pour ce point de vue. D’ailleurs les trouvailles effectuées ensemble semblent bien aller dans le droit fil de ces déductions.

Ainsi, nous l’avons bien compris, les découvertes effectuées récemment sonnent comme une confirmation des doutes que vous nourrissez depuis des années sur cette zone. Mais quel a été précisément votre sentiment lors des premières mises au jour de Loiron ?

La mise au jour de l’alignement de grandes dalles en pierre de POSSAC, le fragment de colonne ainsi que quelques jolis objets, poids en marbre biseauté, beau fragment de poterie métallescente ont confirmé tout le bien que l’on pensait de ce site. Les apports spontanés de monnaies ou de vestiges de certains voisins du site, ainsi que la mise au jour du fond de bassin, d’une grande épaisseur ajoutent encore à l’impression de qualité de la construction de ces lieux.

-Le suivi de Loiron, en révélant des structures en place, apporte de premiers éléments de compréhension sur un site archéologique. Mais justement quel est selon vous l’importance et la nature de celui-ci ?

Pour l’instant il est difficile d’avoir une réponse précise. Un bassin tel que celui de la propriété où nous travaillons, peut avoir servi à de très nombreux usages. Réserve de sable, argile, voire de coquillages pilés en vue d’une installation de poterie. D’eau douce, ou de mer, de stockage de mollusques (Huîtres, ormeaux, ou autre) comme dans une claire, ou même en préparation, de poissons, de garum (sauce particulière rappelant le nuoc nam) en cas de salaisons, de vin en cas de viticulture. L’emplacement où nous nous trouvons est tel, qu’il peut entraîner des conclusions pour plusieurs usages très différents, mais la viticulture peut-être envisager à égalité avec la salaison. Seules des fouilles approfondies et une étude chimique des mortiers et des enduits, pourraient apporter une solution définitive.

- Parmi les observations effectuées, un détail a-t-il particulièrement retenu votre intérêt ?

L’étonnement est venu, car j’estimai que nous avions à Loiron une datation plus ancienne, de l’homogénéité des périodes attribuées aux

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objets découverts tous datables du milieu du second siècle ou du troisième. Siècles où souvent la qualité de toutes les fabrications était en général un peu plus faible qu’auparavant, ce qui n’est absolument pas le cas dans notre site. Cela prouve bien que l’intérêt d’une pareille intervention était justifié, et que notre cher propriétaire a eu la main particulièrement heureuse en nous invitant si gentiment.

En considération de votre grande expérience du terrain, quel intérêt doit-on accorder aux découvertes récentes d’Angoulins ? De plus faudrait-il aller plus avant dans l’entreprise de connaissance de ce secteur ? Et si oui comment y parvenir concrètement ?

La réponse ci-dessus vaut pour cette question dans sa première partie. Oui, je le répète, l’intérêt de cette intervention est indéniable, mais de quelle façon allons-nous poursuivre cet effort de recherche ? Maintenant, seule la collaboration avec les propriétaires des autres parcelles, et une confiance totale réciproque devront être de mise pour la suite de ces recherches. Nous avons montré régulièrement que des objets qui nous avaient été confiés, ont été étudiés, analysés, dessinés, photographiés, puis après avoir fait l’objet d’un rapport précis au Service de l’Archéologie de Poitiers, rendus, avec une copie du dit rapport à leurs légitimes propriétaires. Ce fut le cas par exemple pour une magnifique hache polie découverte à Salles sur mer, ou des coupes à onguent sigillées gallo-romaines, intactes découvertes par une pelleteuse dans les vases du marais de l’Ouaille à Nieul sur mer, et bien d’autres cas encore, comme des monnaies ou une amphore à huile Il n’est pas de l’intérêt des archéologues, amateurs de surcroît, de garder par-devers eux des objets prêtés par des personnes qui ont une confiance aveugle en nous.

D’un point de vue plus personnel, nous avons observé que votre enthousiasme ne s’est jamais démenti lors de ce suivi. Votre passion semble toujours intacte. Que vous apporte ce genre d’intervention ?

L’apport de ce genre d’intervention ressemble est difficilement explicable. Dans le fond, lors de mon activité j’ai eu rarement le plaisir

de fouiller un même site longtemps. Cela est du à ma position de prospecteur, de secrétaire-adjoint d’Archéaunis, et à un rôle de plus en plus important de public-relation. Actuellement mon rôle est d’essayer par tous les moyens de mettre en relation des personnes extraordinaires qui sont dans la zone rochelaise, pour faire progresser l’archéologie avec les plus belles possibilités techniques ou humaines. Nous sommes de plus en plus épaulés par des personnes de la Faculté, qui se proposent pour des opérations que nous n’aurions jamais pensé pouvoir un jour effectuer, et qui sont pratiquement, grâce à elles, à portée de la main, avec un matériel absolument fantastique. Il y a des résultats magnifiques en travail de prospection par les équipes de nos amis Vivien MATHE et François LEVEQUE, en analyses par madame Céline REMAZEILLES, ou Jean-Claude MERCIER.Il en est de même avec certains historiens, tels Jean-Claude BONNIN et un certain Denis BRIAND, qui commencent à mêler leurs travaux sans aucun calcul, aux nôtres, apportant la preuve d’une évidente complémentarité de nos deux disciplines… Alors que par le passé, ce ne fut certainement pas toujours le cas. C‘est d‘ailleurs pourquoi personne où très peu de personnes sont au courant de nos découvertes, du moins des miennes, mon seul interlocuteur valable restant le Service Régional de l’Archéologie, et les responsables de chantiers qui me demandent des renseignements et auxquels je ne cache rien. Mon rôle à mes yeux est de faire avancer de toutes les manières la recherche archéologique partout où c’est possible (Bretagne, Pays de Loire voire Dordogne quand j’ai le loisir d’y prospecter).Tout cela maintient au même titre que la joie de fouiller, cet enthousiasme au plus haut niveau, et il en faut pour organiser des conférences régulières avec les efforts que représentent la publicité sur une zone la plus vaste possible, et mener correctement une vie associative où les bonnes volontés deviennent rares… Il me semble que mon interlocuteur est bien placé lui aussi pour le savoir.

Durand, G. / La Manon-Loiron II : L’interview de G. Durand

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LE BOUTON DU GARDE-CÔTE.

par Denis Briand et André Jouineau

La découverte (ci-contre, à gauche) a été effectuée dans un jardin de la rue Gambetta. Elle nous a été confiée par ses inventeurs, Mr et Mme Péron, que nous remercions ici.Il s’agit d’un petit bouton rond de 24 mm de diamètre, en cuivre jaune, dont l’avers est frappé d’un canon, d’un fusil (ou peut-être

d’un sabre?) et d’une ancre. Le revers présente encore son attache.Parmi les réponses à la demande d’identification rendue par les spécialistes et collectionneurs sollicités, on nous indiqua que ce bouton provenait d’un uniforme militaire accusant probablement le Premier Empire. Après étude de diverses sources bibliographiques ce bouton nous a effectivement bien renvoyé au chapitre des boutons militaires napoléoniens du célèbre catalogue dit le “Fallou” (Louis Fallou, Le bouton d’uniforme français). Dans le paragraphe concernant les canonniers gardes-côtes du Ier Empire [28 mai 1803-1814] on y observe apparement le type décrit (cf ci-dessous). D’ailleurs selon l’auteur, ce dernier, admet diverses variantes. C’est pourquoi nous avons cru bon d’y rapporter notre exemplaire.

Cependant après un ré-examen attentif du Fallou notre bouton a trouvé une autre comparaison, bien plus certaine, avec un modèle

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°5

présenté page 270 (cf ci-contre). Dès lors, notre élément semble devoir être mis en relation avec les compagnies de canonniers d’Ancien Régime, réorganisées par l’ordonnance du 13 décembre 1778, sous la dénomination de canonniers gardes-côtes, lesquels portent sur leur habits des “boutons de métal jaune, timbrés d’une ancre, d’un canon et d’un fusil (cuivre jaune pour la troupe, doré pour les officers)” Jean Joguet a, lui, déjà rappelé dans ses articles (“Les garde-côtes d’Angoulins” “Les garde-côtes en 1736”, et “Les garde-côtes en 1696”) cette présence militaire d’Ancien régime. Il n’est donc pas improbable que l’un des militaires ait perdu cet élément à la fin du XVIIIe siècle !De plus, et nous le savons bien désormais, la défense de notre littoral s’est poursuivie dans la période post-révolutionnaire (cf nos articles sur le sujet et notre monographie sur le fortin de la Motte Grenet). Quoiqu’il en soit, à partir de ce bouton, et dans le but de se faire une meilleure représentation des soldats présents alors sur nos côtes, nous avons pris contact avec André Jouineau, grand spécialiste des uniformes napoléoniens. Ce dernier nous a fait part d’une magnifique infographie qui illustre à merveille, dans un détail de la planche, soit une variante de notre bouton soit l’évolution de son type.

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Briand, D. - Jouineau, A. / Le bouton du garde-côte

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L’INTERVENTION DE P. MAGUER ET G. LANDREAU

SUR L’ÉTABLISSEMENT RURAL DES ORMEAUX

(CHAUVIGNY, MAI 2007, COLLOQUE DE L‘AFEAF)

- 1ÈRE PARTIE: P. MAGUER -

transcription par Denis Briand

“Nous allons vous présenter un site qui a été fouillé fin 2005 en Charente-Maritime au Sud de La Rochelle.C’est un site, qui d’un point de vue général, rentre dans la catégorie des établissements ruraux classiques sauf que ce site est situé en bordure du littoral et également en bordure du marais. Il a donc exploité trois milieux différents : le milieu maritime, le milieu marécageux (notamment à travers la saunerie) et également le milieu terrestre à travers l’agriculture et l’élevage.Le site a été décapé sur une superficie de 14.000 m2 et a permis de mettre au jour un ensemble de structures fossoyées et de faits isolés, datés depuis le Bronze Ancien pour les structures les plus anciennes - avec une occupation probablement de quelques bâtiments du Bronze Ancien et surtout une fosse avec un vase silo, écrasé en place, - et une occupation postérieure à la période gauloise qui correspond essentiellement à la mise en place du parcellaire.

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Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°5

Alors pour la partie Age du Fer, trois occupations principales :Une première occupation de la Tène Ancienne, qui se concentre dans la partie Nord-Ouest du décapage, avec au moins deux bâtiments identifiés - voire peut-être un troisième - et deux fosses, un four et surtout un chemin qui était en creux dans cette portion du site. Le chemin a du être fouillé assez rapidement, puisqu’à l’origine il n’était pas dans la partie qui était prescrite. On a donc dû essentiellement le fouiller par passes mécaniques avec juste un relevé très rapide, très succint de la stratigraphie. Vous pouvez constater que le chemin est constitué d’un petit niveau de cailloutis relativement bien calibré, sur lequel repose un niveau organique, très organique, à l’intérieur duquel on a trouvé énormément d’éléments céramiques notamment beaucoup d’augets à sel, de la faune, et de la malacofaune, ainsi qu’une petit peu de mobilier métallique. Voilà, plus en détail, le niveau de circulation du chemin, qui est recoupé à une date postérieure par un fossé parcellaire de la toute fin de la Tène finale ou du début de l’époque gallo-romaine. D’autres structures, donc liées à cette même période, avec la présence d’un four dans lequel on a découvert un certain nombre de fragments de céramique bien datables de la Tène Ancienne et quelques éléments qui pourraient évoquer une fonction liée au travail du sel et notamment trois fragments de pieds.A la Tène moyenne, le site est encore occupé. Malheureusement, l’occupation est probablement plutôt dans le secteur Sud, non fouillé ; le chemin continue d’être utilisé et est abandonné vraisemblablement autour de la Tène Moyenne / la Tène Finale. L’élément majeur est cette fosse qui correspond à une carrière - carrière qui fait une profondeur d’un mètre quatorze et qui fait sept mètres soixante par quatre mètres soixante-dix - qui a d’abord été comblée par des matériaux relativement stériles, avec quelques objets en rejet de façon très épisodique, très anecdotique, et une partie qui correspond vraissemblablement à un tassement du comblement d’origine qui a été utilisé comme un dépotoir, dépotoir domestique essentiellement, avec la présence de nombreuses patelles, des patelles par milliers, formant un véritable tapis de coquillages dans cette fosse et également de nombreux fragments de céramiques, de la faune et pas mal de mobilier métallique que Guilhem vous présentera tout à l’heure…Alors pour la Tène Finale, le site se structure un petit peu plus, avec trois zones d’occupation principales :

Une première zone plutôt destinée au stockage : on a une série de bâtiments de type greniers avec un entracte assez faible, des poteaux, des supports assez profondément ancrés dans le sol, associés d’ailleurs à un silo.Une autre zone de stockage plutôt des fosses de type silo même si les capacités de stockage sont extrêmement réduites et donc ne correspondent probablement pas à du stockage céréalier mais peut-être à d’autres produits Et puis au centre de cette zone, on a une unité domestique bien définie: bâtiments, puits, atelier, silos, et une petite fosse d’extraction. Alors, le tout est délimité uniquement sur deux cotés - sur la partie Nord et la partie Est - par un fossé à profil en « V », de profondeur et de dimensions tout à fait classique (environ 1m30 dans les parties les mieux conservées) avec au final un remblai très rapide de la structure, avec l’amoncellement de gros blocs, notamment dans le secteur de l’entrée. Juste à signaler, tout de même, la mise en place d’un parcellaire qui se greffe sur ce fossé, à la même période. Au niveau des bâtiments, alors on a quelques constructions relativement modestes, des bâtiments d’assez petites tailles : ici on est à des modules de 6m par 4m (24 m2 de module porteur, en tout cas pour le bâtiment d’habitation, et puis des structures que vous connaissez très bien sur lesquelles on reviendra dans le cadre d‘une publication ultérieure. L‘originalité de cette unité domestique est aussi la présence d‘un atelier, d’une fosse atelier, avec à l’intérieur, une fosse également de plus ou moins de type silo, on va dire, il est possible que cette structure soit antérieure à la mise en place de l’atelier. L’intérêt de cette structure est qu’elle a servi évidemment de dépotoir domestique lors de son abandon avec, encore une fois, de la faune, de la malacofaune, de la céramique et un petit peu de mobilier métallique. A côté du bâtiment d’habitation, se trouvait un puits, alors pareil, un puits tout à fait classique, section carrée, qui n’a pu être fouillé que sur six mètres de profondeur avec un comblement relativement stérile, mais avec quelques éléments qui permettent de l’associer sans problème à l’occupation de la Tène finale, au moins dans sa condamnation.La partie Est, très rapidement, avec toute une série de petites structures de type silos mais avec des capacités de volumes relativement faibles et puis des structures assez originales comme certaines de type « mickeyiformes » !

Maguer, P. - Landreau, G. / Intervention au colloque de l’AFEAF

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TABLEAUX SYNOPTIQUES DU TERRIER

DE LA SEIGNEURIE SAINTE-RADEGONDE

par Denis Briand

Les archives du clergé régulier dans les fonds des A.D.C.M. comptent un document très précieux pour notre histoire angoulinoise. Celui-ci contient deux versions du terrier du prieuré et seigneurie Sainte Radegonde, entité qui dépendait du couvent et prieuré Saint-Gilles de Surgères. L’une date de 1776 et l’autre remonte à 1640. Elles rassemblent chacune respectivement l’ensemble des expéditions des déclarations fournies par les censitaires sur tout ce qu’ils tenaient et possèdaient en l’étendue de la dite seigneurie Sainte-Radegonde avec le détail des redevances. Nous vous présentons ci-dessous deux tableaux simplifiés qui listent les déclarants, la nature et l’importance des biens roturiers, ainsi que leurs emplacements avec les désignations de fiefs.La synthèse ainsi établie veut éclairer trois aspects de la censive de cette petite seigneurie locale :- en premier lieu, grâce à la liste onomastique des déclarants, elle nous renseigne sur ceux qui devaient cens et rente à cette seigneurie. - encore et enfin, l’étude des déclarations, nous instruit sur la localisation mais aussi sur la nature des biens qui dépendaient de Sainte-Radegonde. Une partie de ce tableau - non publiée ici - détaille les redevances grèvant les différents tenanciers des terres sujettes au cens. C’est elle qui nous permet d’estimer l’ensemble des revenus annuels et donc d’évaluer l’importance de cette seigneurie.

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Briand, D. / Tableaux synoptiques du terrier de la seigneurie Ste-RadegondePièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°5

En ce cayer sont les copies de toutes les nouvelles reconnaissances de nos cens, rentes, terrages, complants et autres devoirs de notre seigneurie Ste Radegonde d’Angoulins, signées par les notaires qui les ont passées et vallent originaux.”“Déclaration et nouvelles reconnaissances des cens, rentes, terrages, complans, revenus, et autres devoirs dus annuellement au couvent des Religieux Minimes de Surgères à cause de leurs gros, terres, et seigneuries de Ste Radegonde d’Angoulins, l’un des membres dépendant du dit couvent, rendues par les tenanciers d’icelle cette présente année 1640” :

TERRES SUJETTES AUX FRUITS SEIGNEURIE STE-RADEGONDE (1640)

(DECLARANT / NATURE / SUPERFICIE / LOCALISATION) :1 - PINSART Jean maison et ouche 1/2 quartier St Gilles2 - BROCHET André maison et ouche 1/2 quartier St Gilles2 - BROCHET André terre 1,5 casseron St Gilles3 - LABIRON Jean terre 1 journal St Gilles4 - BESSON Jean terre 1/2 casseron St Gilles5 - RIGER Jean terre 1/2 journal St Gilles6 - GAUTRON André terre 1/2 journal St Gilles7 - JOLLY Jean terre 1/2 journal St Gilles8 - MERISSON Isaaq terre 1/2 quartier St Gilles9 - POTET François terre 3 journaux St Gilles10- BROCHET André terre 1 journal Fourneau11 - RAOU/RAU Mathurin terre 1,5 casseron St Gilles12 - PREVAULT Philippe terre 3 journaux St Gilles13 - LARCHER Isaaq terre 1 journal St Gilles14 - MENAGE Pierre terre 3 casserons St Gilles15 - MENAGE Jean terre 1 journal Treuilles16 - LEGIER Pierre terre 1/2 journal Treuilles17 - REAUDAU Jean terre 3 journaux Fourneau18 - BROCHET André terre 1 journal Fourneau19 - LABIRON Jean terre 1/3 de quartier Fourneau20 - BERNARD Jean et Marg terre 1 casseron Fourneau21 - BERNARD Jean terre en vigne 1 casseron Fourneau22 - REAUDAU Jean terre 1 journal Fourneau23 - BROCHET André terre 1 journal Fourneau24 - BORDIER Pierre vigne 1/2 quartier Fourneau25 - BORDIER Pierre terre 1 casseron Fourneau26 - GIRAUD Jean terre 3 casserons Pelle Chien27 - CHESIER Jacques terre 1,5 journal Pelle Chien

28 - TROYER Elie terre 1/3 quartier Pelle Chien29 - MIRAUDET René terre 1 journal Lardillère30 - BEGUIN Jean terre 1 journal Lardillère31 - LABIRON Jean terre 1 journal Lardillère32- RIGER Jean terre 1/2 quartier Lardillère33 - RIGER Jean terre 1 journal Lardillère34 - LARCHER Isaaq terre 1 casseron Raise35 - FOISSEAU Jean vigne 1 casseron Raise36 - POTET François terre 2,5 journaux La Marée37 - LARCHER Isaaq terre 1 casseron Raise38 - LARCHER Isaaq terre 1 casseron Raise39 - MOUNEREAU Marie terre 1 quartier Raise40 - METHEREAU Jean terre 1 casseron Maladrie41 - AUGER Simon vigne 1 casseron Maladrie42 - BAUDICHON Jean vigne en broche 1 casseron Maladrie43 - JOCTEAU Pierre vigne en broche 1 casseron Maladrie44 - BOUSSEAU Jeanne terre 1/2 quartier Pas au Loup45 - MIRAUDET Jean terre 1 quartier Pas au Loup46 - POTET François terre 1 casseron Raise47 - Curé / / La Claverie48 - LARCHER Isaaq terre 1/3 quartier La Claverie49 - TROYER Elie terre 1/3 quartier La Claverie50 - MONEREAU Marie terre 3,5 journaux La Claverie51 - BESSON Jean terre 1/2 quartier La Montre52 - BERTINAUD Marie Maison des Tourettes, pêcherie et bois

Ce premier censier, appelle quelques rapides observations. Tout d’abord sur la nature des biens soumis à une redevance envers Sainte-Radegonde : La plupart des articles (plus de 80% de l’ensemble) concernent des terres cultivables. Seulement 6 déclarations sur 52 touchent des vignes. La rente foncière à laquelle sont soumises terres ou vignes se règle en numéraire ou au huitain des fruits c’est à dire avec le huitième de la récolte produite lors des métives ou des vendanges. Toutes ces redevances concernent une superficie cumulée d’environ 27,5 quartiers. Trois items se démarquent des autres puisqu’ils intéressent deux maisons avec ouches attenantes ainsi que la fameuse maison des Tourettes accompagnée d’un bois et d’une pêcherie. Précisons que le cens de cette dernière se paie avec un plat de poisson.Parmi les fiefs, où sont localisés les biens déclarés, plusieurs sont encore connus aujourd’hui grâce à la toponymie : fief des Treuilles (Les Treuils), du Fourneau (actuellement les Fourneaux) de la Maladrie (La Maladrerie) et Saint-Gilles (qui désigne les terres environnant la chapelle Sainte-

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Radegonde dite aussi chapelle Saint-Gilles du nom du prieuré dont elle dépend). Les fiefs Pelle-Chien, de la Claverie, de Lardillère, de la Raise, de la Marée, et du Pas au Loup nous étaient jusqu’alors inconnus. Nous nous proposons d’en donner la localisation exacte dans une prochaine étude à paraître sur tous les noms de terroirs angoulinois méconnus ...

“Terrier du prieuré et seigneurie Sainte-Radegonde paroisse d’Angoulins contenant expéditions des déclarations fournies à la dite seigneurie devant M. Gendron notaire royal en la ville de la Rochelle qui en a retenu les minutes en les années 1776”

TERRES SUJETTES AUX FRUITS SEIGNEURIE STE-RADEGONDE (1776)

(DECLARANT / LOCALISATION / NATURE / SUPERFICIE) :

Esseau Mathieu St Gilles vigne 2,5 quartiersNadeau Pierre Cadely terre 1 casseronCherpentier Jean Fourneaux vigne 1 casseronChaigne Simon Fourneaux terre 1/2 quartierTardy Pascal Treuilles vigne 1 casseronGauttier André St Gilles terre 1/2 casseronBarré Pierre Fourneaux terre 1 journalBarré Pierre St Gilles terre 1 casseronBarré Pierre Lardiller terre 1 casseronDaubigeon Jean Bourins terre 1 casseronBiron Jean fils 5 quartiers terre 1 quartierParis Jacob Fr Claviers terre 1 quartierBrochet Pierre St Gilles terre 1/2 casseronBrochet Louis Coudrans terre 1 journalGaillard JB Fourneaux terre 1/2 quartierGaillard Jeanne La Marée terre 1/3 quartierMottais Marguerite St Gilles terre 1 casseronCardineau Jean Claviers terre 1 journalVerron Jacques Claviers terre 5/4 journalVerron Jacques Claviers terre 1 casseronBrisson François St Gilles terre 1/2 casseronJamot Catehrine St Gilles terre 1/2 journalJamot Catehrine Fourneaux terre 1/3 quartierJamot Catehrine Claviers terre 1/3 quartierRaclaud Michel Rondelle vigne 2/3 quartierGaillard J-B St Gilles terre 1/3 journalGaillard J-B Mothe à Grenay terre 1 quartier

Brisson Jacques Bourins terre 1 casseronSupiot Nicolas Bourins vigne 1 casseronRavon Elizabeth La Marée terre 3 casseronsColonna Dornano Ormeaux terre 1 casseronMassé J-Jacques Longées terre 1 journalMassé J-Jacques Lardiller terre 1/2 quartierMassé J-Jacques Raises terre 1 casseronMassé J-Jacques Bourins terre 5 casseronsMassé J-Jacques Raises terre 1/3 quartierMassé J-Jacques Ormeaux terre 1 casseronMassé J-Jacques Raises terre 1 casseronSeignette Elie-L. St Gilles terre 1 casseronSeignette Elie-L. Treilles vigne 3 casseronsSeignette Elie-L. Treilles terre 1 journalCorneau M-A Thé. Lardillères vigne 1/2 quartier

En bref : Ce second document concerne 10 items de moins qu’en 1640 (soit seulement 42 articles déclarés) ce qui semble traduire un certain délitement du patrimoine de la seigneurie, de près de 20%. Cette censive n’intéresse plus que des terres (84%) ou des vignes (16 %). Nous l’estimons à plus ou moins 20 quartiers de superficie cumulée. Ce chiffre, comparé aux 27,5 quartiers comptabilisés 130 ans plus tôt, conduit à réévaluer le délitement du patrimoine censuel (cette fois en termes de superficie) à quasiment un quart (27 %) de sa valeur initiale. Marchands, bourgeois et négociants se partagent désormais la majorité des biens déclarés. D’ailleurs, le nombre des déclarants s’est lui aussi bien réduit, ce qui tend à indiquer que la propriété s’est désormais concentrée dans les mains de quelques uns. Les noms de terroirs ont de leur côté beaucoup évolué. Bien qu’ils concernent grosso modo les mêmes biens nous relevons de nouvelles appellations comme pour les fiefs Cadely, Bourins, Coudrans, Ormeaux, et de la Mothe à Grenay que nous connaissons encore de nos jours. Nous notons aussi l’apparition des fiefs de la Rondelle, des Longées et de Lardiller qu’il nous restera à vous situer.

Briand, D. / Tableaux synoptiques du terrier de la seigneurie Ste-RadegondePièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°5

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PNPSHA n°5, premier trimestre 2008.