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N° 2 - 2ème trimestre 2007. PIECES NOTICES pour servir à l’histoire d’Angoulins/Mer & Publication éditée par l’association Expression-Hist, histoire locale et valorisation du patrimoine angoulinois.

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TRANSCRIPTION D’UNE AFFAIRE DE VOLÀ LA FERME DE LILEAU par Denis BriandLES GRAFFITI RELEVÉS PAR LUC BUCHERIEET PRÉSENTS DANS SA BIBLIOGRAPHIEpar Denis BriandUNE NAVETTE À FILET GALLO-ROMAINETROUVÉE À LA MANONpar Denis Briand et Michaël BrunetUNE PINCE À ÉPILER GALLO-ROMAINE ?par Denis Briand et Michaël Brunet

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N° 2 - 2ème trimestre 2007.

PIECES NOTICES

pour servir à l’histoire d’Angoulins/Mer

&

Publication éditée par l’association Expression-Hist, histoire locale et valorisation du patrimoine angoulinois.

Page 2: Pièces et notices pour servir à l'histoire d'Angoulins (revue numérique de l'association Expression-Hist), n°2

PIECES NOTICES

pour servir à l’histoire d’Angoulins

&

TRANSCRIPTION D’UNE AFFAIRE DE VOL À LA FERME DE LILEAU

par Denis Briand

LES GRAFFITI RELEVÉS PAR LUC BUCHERIE ET PRÉSENTS DANS SA BIBLIOGRAPHIE

par Denis Briand

UNE NAVETTE À FILET GALLO-ROMAINE TROUVÉE À LA MANON

par Denis Briand et Michaël Brunet

UNE PINCE À ÉPILER GALLO-ROMAINE ?par Denis Briand et Michaël Brunet

Sommaire du numéro 2 - 2ème trimestre 2007

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TRANSCRIPTION D’UNE AFFAIRE DE VOL À LA FERME DE LILEAU

par Denis Briand

Parmi les fonds d’archives de l’époque révolutionnaire conservés aux ADCM, une liasse, de la série concernant les tribunaux, nous livre une affaire si singulière que je n’ai pas résisté à vous la retranscrire. C’est grâce aux dépositions circonstanciées, rapportées ici in extenso, que vous allez pouvoir vous immerger dans l’enquête. Cette dernière revêt une dimension particulièrement intéressante, car toutes ces dépositions constituent aussi autant de témoignages sur la vie quotidienne de l’époque. En effet, il faut apprécier, entre les lignes du récit factuel, tout ce monde qui est dépeint, des objets aux vêtements, des denrées alimentaires aux personnages. Le tout s’animant dans des lieux qui nous sont encore familiers. Un véritable plongeon, deux cent ans en arrière, éclairé par différents angles de vue, au rythme de la narration “colorée” de différents protagonistes.

Pierre Michel dit Micheau, âgé de 42 ans, laboureur à bras, demeurant le bourg d’Angoulins, dit et dépose :Il y avait environ trois semaines que je logeais chez les frères Senet à la maison de Lisleau, je travaillais pour eux. Jeudi dernier sur les six heures du soir les chiens aboyèrent, René Senet ouvrit la porte, quatre hommes entèrent, l’un prit une chaise et en frappa René, l’autre prit sur une armoire plusieurs clefs de la maison. Le premier frappa avec

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sa chaise la mère Senet. L’un des quatre sortit et ferma la porte à clef. Nous demeurâmes enfermés avec les trois hommes. La mère Senet qui est âgée de 84 ans, ses trois fils dont un nommé Baptiste est imbécile, une servante, sa bergère et moi. Les trois hommes demandèrent de l’argent. René répondit qu’il n’y en avait pas, qu’il était à Cramahé. Les trois hommes paraissaient vouloir enfoncer les armoires, je conseillais de donner les clefs. La mère les donna, ils ont ouvert les deux cabinets ou armoires en ont tiré tout ce qui était dedans et y ont pris environ deux mille francs à ce que j’estime. Dans un coffre qu’ils ont également ouvert avec la clef ils ont encore pris deux sacs que j’estime être de cent pistoles chacun. Baptiste ayant voulu s’opposer à ce que faisaient ces hommes l’un deux tira un petit couteau à lame courte - et se reprenant a dit cet homme avait le couteau à la main en entrant. Baptiste tira le sien. Il reçut plusieurs coups de chaise sur la tête et a reçu sur les mains quelques coups de couteau. J’ai reçu aussi un coup de chaise dans l’estomac. Tout ceci s’étant passé dans la chambre basse l’un des trois hommes sortit en emportant un tison, des allumettes et des chandelles. Il nous renferma sous clef avec les deux autres et j’entendis monter dans la chambre haute qui est dessus celle où nous étions. L’escalier est par dehors, on y est demeuré environ une demi heure. Les deux, qui étaient demeurés avec nous, sont sortis et ils sont allés dans une chambre de derrière. Nous les y avons aperçus par un petit guichet. Je n’y ai vu que les trois dont j’ai parlé. Il y avait environ une heure que nous ne les entendions plus lorsque voyant tomber du feu à travers les planches de la chambre haute, nous sommes sortis par la fenêtre et René étant monté dans la chambre haute a jeté dehors un tison trois mouchoirs et un chapeau en parti brûlés. J’ai éteins ce feu. Baptiste a porté un sceau d’eau en haut. J’y ai monté j’ai trouvé tout bouleversé. J’ai vu la même chose dans la chambre derrière. Je me suis aperçu que l’on avait pris dans la chambre haute une fourche à deux doigts et une pareil dans la chambre de derrière. J’ai trouvé dans la dite chambre une paire de souliers que j’ai connu pour n’être pas de la maison et l’on n’a plus trouvé une paire de souliers appartenant à Baptiste. Je vais donner le signalement des hommes dont j’ai parlé c’est à dire de trois parce que je n’ai pas bien remarqué celui qui est sorti tout de suite après être entré. L’un des trois est grand, d’environ 5 pieds trois pouces, visage long un peu sec, grand nez barbe rousse cheveux châtains la tête couverte d’un mouchoir

blanc. Je n’ai point remarqué si ses cheveux étaient ronds. Il avait le chapeau abattu d’un côté il était vêtu d’une redingote bleue, une veste ronde blanchâtre, grande culotte de siamoise à raies blanches et bleue. Je suis certain d’avoir vu cet homme il y a deux ans dans la saison de fauches, je bu une bouteille de vin avec lui près de Mortagne ou La Jarne je ne sais plus dans quel cabaret ; le second est de taille tout au plus de cinq pieds, grosse taille, gros visage ayant quelque marques de petite vérole, cheveux ronds, chapeau rond abattu, veste ronde fond blanc mouchetée de bleu les mouches larges d’un denier l’étoffe est de laine n’ayant rien sur cette veste, grande culotte dont je ne peux dire la couleur ; le troisième de même taille, moins gros visage, mince, nez court, chapeau rond vêtu comme le second tous trois avaient des souliers.Magdeleine Letang, âgée de 24 ans, servant de domestique du nommé Senet, demeurant à la maison de Lisleau, paroisse d’Angoulins, dit et dépose : Jeudi dernier nous venions de souper lorsque les chiens qui étaient dehors aboyèrent. René Senet ouvrit la porte, trois hommes entrèrent de force, un quatrième demeura sur la porte. Les trois saisirent et canèrent un bâton que René tenait à la main. Ils me saisirent par les bras et me donnèrent un coup de poing. Ils fouillèrent dans mes poches voulant m’obliger à leur donner les clefs. Je leur dis que j’étais la servante. Ils me laissèrent et je me mis sous le lit. Ils ont forcé la femme Senet en la frappant de leur donner les clefs des armoires. Je voyais ce qui se passait. Ils ont ouvert les armoires, ont jeté tout par terre, ont pris deux sacs d’argent et de la monnaie qui était dans une corbeille, ils ont ouvert le coffre. J’ai entendu prendre de l’argent mais je ne l’ai point vu. Ils ont demandé où était l’escalier. Un de leur camarade qui était dehors a dit que l’escalier était en dehors. Ils sont sortis tous trois, celui qui était dehors leur ayant ouvert la porte. Ils avaient emporté deux chandelles et un tison avec des allumettes. Je les ai entendu dans la chambre haute. L’un d’eux est venu peu après demander la clef d’un coffre qui était dans la chambre basse par derrière. C’était mon coffre. Je dis que la clef y était. Elle y était effectivement. Ils ont pris dans ce coffre un mouchoir d’indienne fond blanc avec un tour de fleurs jaune et noir. Ils ont pris aussi quatre sous qui étaient dans une petite boite. J’ai entendu compter l’argent sur le lit de cette chambre basse. Ensuite nous ne les avons plus entendu. Nous étions tous renfermés à clef, mais

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voyant du feu tomber à travers les planches de la chambre haute, René sorti par une fenêtre de la chambre où nous étions et il a été éteindre le feu. Je ne pourrais donner qu’un signalement assez imparfait de l’homme que j’ai vu. Je sais cependant bien que je le reconnaîtrai. J’ajoute que la femme Senet, René et Baptiste ont été frappés à coups de chaises et que lorsqu’ils furent partis, il fallut lever la serrure de la chambre basse dont la clef, ainsi que les autres clefs qu’ils avaient eu à leur disposition, ne fut trouvée que le lendemain. Ils les avaient jeté çà et là près de la maison. Dans la chambre où nous étions, ils ont pris un gros morceau de cochon cuit et dans la chambre de derrière, un pain de trente livres qui est tout ce qu’elle a dit savoir.Marie Bègue, agée de 14 ans, bergère, demeurant chez les frères Senet au ci devant prieuré de Lisleau paroisse d’Angoulins. dit et dépose : Jeudi dernier, environ pour coucher, le chien aboya dehors. René Senet tira le verrou de la porte pour l’ouvrir. La porte fut poussée en dedans par trois hommes. L’un d’eux avait à la main un couteau dont la lame parait cassée. Deux prirent chacun une chaise et en frappaient les gens de la maison. L’autre frappait René avec un bâton. J’en ai vu un quatrième tirer la porte qu’il ferma à clef. Ils se sont fait donner les clefs des armoires ne pouvant pas ouvrir un tiroir, l’ont brisé avec une serpe qu’ils ont pris dans la chambre. Ils ont jeté par terre tout ce qui était dans l’armoire, ont mis de l’argent dans leurs poches. Ils en ont fait autant ayant ouvert un coffre. Baptiste, qui est imbécile, ayant tiré son couteau, ils le lui ont arraché et l’en ont frappé sur les mains. L’un d’eux a paru vouloir lui couper le cou lui tenant la tête. Le plus grand de tous a dit qu’il ne fallait pas faire de mal. Je n’ai point été frappée. Ils m’ont dit “n’ai pas peur ma petite fille tu n’auras pas de mal”. Ils ont pris un gros morceau de lard cuit et des boudins. L’un des trois sorti et monté dans la chambre au dessus ayant fermé la porte de celle où nous étions. Les deux qui étaient demeurés demandaient a celui ou ceux qui étaient en haut “avez vous bientôt fait”. Ils ne répondaient pas. L’un d’eux, qui était en bas, a dit qu’une fois il avait trouvé beaucoup d’argent dans une paillasse. Ils sont sortis tous deux et ont emporté un tison avec deux chandelles et des allumettes. Ils nous ont enfermés à clef. Je les ai entendu dans la chambre haute. J’ajoute qu’avant qu’on leur eu donné les clefs j’entendis dire “il n’y a qu’à faire brûler ce bourg là et les amarrer”. Ils avaient un bout

de corde qu’ils ont laissé à la maison et que le bourgeois a mis à sa charrette. Deux sont venus dans la chambre basse où nous étions. Ils ont demandé la clef de la chambre de derrière. On l’a donnée. Ils y ont été, l’un passant par le dehors et l’autre par un trou qui communique à cette chambre. J’ai entendu compter de l’argent et armer un fusil qui était dans la dite chambre. Ils en ont cassé un autre, ils ont tout bouleversé dans la chambre ainsi que dans la chambre haute comme nous l’avons vu après leur départ. Nous avons aperçu de la fumée et il tombait du feu de la chambre haute à travers du plancher. René, Baptiste et Micheau ont sortis par la fenêtre et ils ont éteint le feu. Il y avait plus d’une heure que j’avais entendu siffler et que je n’avais plus rien entendu. L’on croyait cependant que ces gens ne fussent dehors parce qu’ils avaient dit qu’ils coucheraient dans le paillé. Je crois que j’en reconnaîtrais au moins deux, surtout s’ils étaient dans les mêmes habits. Qui est tout ce qu’elle a dit savoir.René Senet, âgé de 61 ans, fermier du ci-devant prieuré de Lisleau, demeurant ci-devant au dit lieu, paroissse d’Angoulins, dit et dépose que :La nuit de la Saint Martin dernière, j’étais, ainsi que mon frère aîné, couché dans la chambre haute. Mon frère voulu sortir sur le minuit. La porte se trouva barrée par le dehors. En la secouant, la porte s’ouvrit. Nous vîmes qu’on l’avait barrée avec un tire fond auquel un bois était attaché avec une corde. Nous trouvâmes aussi la chambre basse de derrière barrée. Mon frère Baptiste y couchait. Nous veillâmes et nous ne vîmes personne. Un peu avant noël, dans la nuit, j’entendis mon frère Baptiste crier. Je me levai. Je vis que l’on avait disposé un bois pour barrer la porte de la chambre basse dans laquelle il couchait. Je tirai un coup de fusil. Je ne vis rien et le lendemain notre chien se trouva mort. Le jeudi 30 décembre dernier, nous étions tous dans la chambre basse de devant. J’entendis les chiens aboyer, j’ai voulu sortir. Dès que j’ai tiré le verrou, la porte fut poussée avec force au dedans. Trois ou quatre hommes entrèrent. L’un me prit à la gorge. Il me dit qu’il fallait de l’argent. Il prend une chaise et m’en frappe en disant de ne pas crier et de m’asseoir. La porte fut fermée. Il y avait des voleurs dehors, ceux qui étaient dedans leur dirent de prendre garde à eux et de brûler la cervelle à ceux qui pourraient venir. Je fut tellement maltraité que je ne pus pas bien observer tout ce qui se passait. Ma mère, Baptiste,

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Pierre Micheau furent frappés. Je vis que les trois hommes ouvraient les armoires avec des clefs. Ils forcèrent la serrure de deux tiroirs. Ils jetèrent par terre tout ce qui était dans les armoires et coffres et prirent tout l’argent, montant à deux trois quatre mille francs. Ils dirent qu’il devait y avoir plus d’argent que cela et qu’il fallait nous gavotter et nous faire brûler. Ils avaient des cordes à la main mais ils les jetèrent par terre. Ils sortirent tous trois, emportant une chandelle allumée. Ils fermèrent la porte à clef. Je les entendis marcher dans la chambre au-dessus, remuer et briser la serrure d’un coffre. Un ou deux, je ne me rappelle pas bien, sont descendus et entrés dans la chambre ou nous étions, ont pris un tison dans la cheminée et l’ont emporté et nous ont enfermé à la clef. Nous les avons entendus dans la chambre haute et ensuite dans la chambre basse de derrière. Le bruit étant cessé depuis quelques temps nous sentions la fumée et nous voyons tomber du feu à travers le plancher. J’ai sorti par une fenêtre, j’ai monté dans la chambre, j’ai vu le tison sur le plancher. Sur le tison étaient trois mouchoirs et mon chapeau qui brûlaient, ainsi que le plancher, sans flammes. J’ai demandé de l’eau. J’ai éteins le feu. J’ai trouvé tout bouleversé dans la chambre : deux coffres ouverts dont un avait la serrure forcée. Dans la chambre basse de derrière, j’ai trouvé aussi tout bouleversé : deux coffres ouverts mais sans avoir été forcés. On n’a plus trouvé dans cette chambre les souliers de mon frère Baptiste mais on a trouvé des souliers que personne de la maison n’a connu : la boue qui les couvraient était toute fraîche. Dans cette chambre, on a prit une fourche de fer à deux doigts et un pain de trente livres. On a cassé un fusil. Dans la chambre haute, on a pris une fourche pareille à celle du bas. Dans cette chambre haute, il y avait deux fusils et deux dans la chambre basse. Tous ont été touchés et un seul cassé. Dans la chambre basse de devant, ils ont pris un morceau de cochon cuit appelé chapon. Je ne peux donner le signalement de ceux que j’ai vu tellement j’étais troublé.Louis Senet, âgé de 64 ans, fermier du ci-devant prieuré de Lileau, ci-devant demeurant au dit lieu, paroisse d’Angoulins et à présent à Salles. Dit et dépose :Une nuit vers la saint Martin dernière je voulus sortir de la chambre haute. Je ne pu ouvrir la porte. Je la secouais fortement, elle s’ouvrit et je vis qu’elle avait été barrée par dehors avec un bâton attaché par une petite corde à un tire-fond que l’on avait fait entrer dans la porte.

Je n’avais jamais vu ce tire-fond. Nous allumâmes de la lumière. Nous sortîmes avec des armes. La porte de la chambre basse où couchait Baptiste était barrée. Nous n’eûmes connaissance de rien autre chose. Aux environs de Noël, sur le minuit, nous nous levâmes éveillés par le chien qui poursuivait quelqu’un et le lendemain mon chien fut trouvé mort à quelque distance de chez moi. Le trente décembre dernier, un peu après le jour couché, mon frère René ouvrit la porte parce que nous entendions aboyer le chien. Trois hommes entrèrent comme la foudre, fermèrent la porte. Elle fut fermée à la clef par dehors. Ces trois hommes prirent des chaises et frappaient à toutes mains. Baptiste ayant voulu se défendre, ayant tiré son couteau, un des voleurs lui tira le couteau de la main et Baptiste fut blessé dans la main. Il reçu aussi des coups de couteau sur les mains. Les voleurs se firent donner les clefs. Ils ouvrirent les armoires et coffres et forcèrent un tiroir dont on n’avait pas trouvé la clef. Ils jetèrent par terre tous les linges et hardes et prirent environ quatre mille francs en argent et beaucoup de gros sous. Ils cherchaient l’escalier pour monter dans la chambre au-dessus. Nous leur dîmes que l’escalier était dehors. Ils sortirent et nous renfermèrent à la clef. Ils avaient emporté une chandelle allumée. L’un d’eux rentra bientôt après, prît un tison et des allumettes, sortit et nous renferma encore à clef. Je les entendis dans la chambre haute puis dans la chambre basse de derrière où j’entendis compter l’argent. Enfin nous n’entendîmes plus rien. Au bout d’une heure nous sentions de plus en plus la fumée. Nous vîmes tomber du feu à travers le plancher. René, Baptiste et Micheau sortirent par la fenêtre et firent éteindre le feu dans la chambre haute. Ce ne fût que longtemps après que je pus sortir de la chambre dont la porte était fermée à clef. Il fallait lever la serrure et la clef n’a été trouvée qu’après dans l’autre chambre. On a pris deux fourches de fer à deux doigt, un gros morceaux de lard cuit dans la graisse, un pain de trente livres, les souliers de Baptiste à la place de lesquels on en a laissé une paire, un mouchoir de col à la servante, quelque peu d’argent dans la chambre haute et dans la chambre de derrière. Dans ces deux chambres tout avait été bouleversé et ouvert. Dans la chambre basse, on a cassé un fusil. Des trois hommes que j’ai vu, l’un est haut de 5 pieds trois à quatre pouces. Il est fort, parait âgé de trente et quelques années, barbe rouge, grand nez, cheveux châtains. Je crois qu’il les porte ronds. Il était vêtu d’une grande redingote bleuâtre tirant sur le jaune, petite

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veste barrée bleu et blanc, grande culotte de coutil rayé bleu et blanc, usée ; un autre d’environ quatre pieds et demi, trapu, cheveux châtains, visage rond, un peu marqué de petite vérole, vêtu d’une camisole ronde et blanche et par dessous une autre camisole cotonnée rouge et bleue, culotte bleue bas à peu près noirs ; le troisième est petit avec de grosses joues. Je ne peux guère en dire d’avantage.

LES TEMOINS

Jean boutellier, âgé de 40 ans, saunier, demeurant au bourg d’Angoulins, dit et dépose n’avoir aucune connaissance des dits faits que par la voie publique. Dit de plus que dans la nuit dernière nuit de décembre, entre dix et onze heures, on frappa trois coups à la porte de derrière de ma maison. Le dernier aussi fort que si l’on eût voulu enfoncer cette porte. Je me levai. Je sortis par la porte de devant. Je parlai. Je ne vis rien et n’entendis rien. Je ne fus point derrière ma maison.Pierre Métayer, âgé de 23 ans, employé dans les fermes de la Nation, demeurant au bourg d’Angoulins, dit et dépose : n’avoir aucune connaissance des dits faits que par la voie publique. Dit de plus, le vol de la maison de Lisleau avait été fait la nuit du trente au trente et un décembre dernier et je me rendais le dit jour trente un, du moulin de Saint-Jean à Angoulins, entre dix et onze heure du soir. Étant sur les sables, je vis trois hommes couchés. L’un d’eux se leva et vint à ma rencontre. Je sautais trois pas en arrière et mis mon fusil sur mon bras. Cet homme s’arrêta. Voyant qu’il n’avançait pas je dis: “bonsoir messieurs”. Je fis un détour et je continuais mon chemin. Cet homme se coucha et je les entendis parler ensemble. Il faisait très noir. Cependant, comme l’homme dont j’ai parlé n’était pas à dix pas de moi, j’observais qu’il était de taille d’environ cinq pieds cinq à six pouces, qu’il avait un grand chapeau rabattu, une redingote longue qui m’a parue grise, de grandes culottes qui m’ont paru blanchâtres. J’ai distingué un de ceux qui étaient couchés. Il m’a paru vêtu en matelot et avoir un gilet blanchâtre, un chapeau à petit bords rabattu à forme haute. Je n’ai pas pu distinguer le troisième homme. Dans la même nuit, à deux heures du matin, il est venu des gens qui ont passé par-dessus le mur de la maison dans laquelle je loge. Le Sieur Guerry, propriétaire de la maison, s’étant éveillé au bruit, ces gens ont repassé

par-dessus le mur en cassant des arbres en espaliers. Qui est tout ce qu’il a dit savoir.Marguerite Barillon, veuve d’Etienne Bernard, âgée de 24 ans, aubergiste, demeurant chez son père à l’auberge de la Nation sur la grande route de La Rochelle à Rochefort paroisse d’Angoulins, dit et dépose : Je n’ai aucune connaissance de ce qui s’est passé à la cabane de Lisleau. Seulement, ma soeur Jeanne m’a dit tenir de la veuve Goubon d’Angoulins que la nuit qui a suivi celle du vol de Lileau, un homme avait frappé à sa porte, à trois heures après minuit, avait acheté du tabac et bu un coup d’eau de vie. Qu’il s’était assoupi et après s’être éveillé, demandé l’heure qu’il était, que cette femme lui ayant dit qu’il était trois heures il avait dit il est temps que j’aille éveiller mon monde pour faire le coup. Que la veuve Goubon lui ayant demandé ce que cela voulait dire. Il avait répondu que sa femme en mourant lui avait demandé comment il ferait pour vivre. Qu’il avait répondu qu’il avait un bon métier et qu’il gagnait plus de nuit que de jour. Dit de plus, ma soeur m’a dit tenir de la veuve Goubon que cet homme avait deux chaines de montre quoi qu’il fut médiocrement vêtu. Qui est tout ce qu’elle a dit savoir.Jeanne Robert, femme d’André Barillon, meunier, âgée de 52 ans, demeurant au moulin de Cramahé paroisse de Salles, dit :Je n’ai aucune connaissance de ce qu’il s’est passé à L’isleau que par la voie publique. Mais le trois janvier dernier, sur les deux heures après midi, il se présente, à ma porte, deux hommes qui me demandent si j’avais du vin à vendre en gros. Je leur dis que non. L’un d’eux était grand, ses cheveux attachés et noirs, redingote grise, usée, ayant des bottes. L’autre était petit, ayant de la cire aux yeux, cheveux noirs attachés, vêtu comme l’autre et ayant des bottes ainsi que lui. Ils étaient à pied et firent route vers La Rochelle. J’ai su depuis, par Daniaud, tonnelier, lequel était alors chez moi, qu’ayant dit à la servante de la maison de Lisleau qu’il avait vu ces deux hommes et les lui ayant dépeint elle avait dit que le grand était très certainement un des voleurs de Lisleau qui est tout ce qu’elle a dit savoir.Michel Jean, âgé de trente deux ans, régisseur de la maison de Cramahé, y demeurant, paroisse de Salles, dit et dépose :Je n’ai aucune connaissance que par la voie publique des faits portés par les procès verbaux, mais environ quinze jours avant le vol de

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Lisleau, j’appris que l’on avait fait une tentative sur cette maison pendant la nuit. J’y fut et les frères Senet me dirent ce qu’était arrivé et m’ajoutèrent qu’ils n’avaient pas vu leur chien depuis. En m’en allant je trouvais, à une demi portée de fusil de leur maison, ce chien qui était mort. Je ne vis point qu’il eut de blessures. Qui est tout ce qu’il a dit savoir.François Guerry, âgé de 36 ans, marchand bouilleur, demeurant au bourg d’Angoulins, dit et dépose : Je n’ai aucune connaissance des dits faits, mais deux ou trois jours après le vol fait à Lileau, quelques personnes me dirent avoir vu à mon mur, des traces de gens que l’on présumaient y avoir passé. Je n’ai pas eu la curiosité d’y regarder. Qui est tout ce qu’il a dit savoir.François Neau, âgé de 47 ans, tonnelier, demeurant au bourg de Salles, dit et dépose : Je n’ai connaissance de ce qui s’est passé à la maison de Lisleau que pour l’avoir ouïe dire, mais six ou sept jours avant le vol fait à cette maison, j’étais dans une des rues de Salles avec Martial Ratineau, vigneron, demeurant au dit bourg. Il me parla de sa misère et me dit que s’il trouvait quelqu’un pour s’associer, il irait chez les Senet prendre de l’argent. Qu’il y en avait beaucoup chez eux et que même ils iraient au Roulet et se feraient donner de l’argent par force. Je lui dit qu’il valait mieux mendier et nous nous séparâmes. La nuit du vol fait à Lisleau, j’étais à la fenêtre de ma chambre haute, le contrevent était ouvert. Sur les quatre heures du matin, il ne faisait pas noir. Je vis arriver trois hommes qui paraissaient venir du côté du Roulet. Je connu, à la voix et à la figure, Ratineau, dont j’ai parlé, Denis Beau et le nommé Lambert qui a été dans les prisons de cette ville sept à huit mois sur une accusation de vol. Ils s’arrêtèrent, tout près de ma fenêtre, sans me voir. Ratineau dit, “si j’étais sûr que le Nantais ne fut pas couché nous retournerions le reprendre”. Ce nantais est un homme du bourg. Il est natif de Nantes et je ne lui connais pas d’autre nom. Ils se séparèrent, prenant chacun le chemin de chez eux. À six heures ou six heures et demi, Ratineau vînt chez moi et me dit que s’il avait du pain il viendrait travailler avec moi. Il savait que je devait aller travailler au fossé pour le nommé Coupeau. Je lui dit qu’il aurait dû y songer plus matin et aller chercher du pain. Il me dit qu’il n’avait pas dormi de toute la nuit et qu’il aurait mieux aimé se reposer. Je lui donnai quatre livres de pain et il vînt travailler avec moi. Le soir, je

donnai à Ratineau, pour sa journée, quinze sous que Coupeau m’avait donné pour lui. Ratineau me dit qu’il ne fallait pas que cela me gênât et qu’actuellement il ne manquait pas d’argent. Ce soir là, j’appris le vol qui avait été fait à Lisleau la nuit précédente. Samedi dernier, Ratineau vînt chez moi et me proposa d’aller faire la contrebande de tabac. Je lui dit que j’en avait acheté dernièrement pour une centaine de francs, que je l’avais donné à crédit et que je n’avais pas d’argent pour faire ce commerce. Ratineau me dit qu’il en avait à mon service. Je lui dit “comment cela se peut-il, il y a peu de jours, vous n’aviez pas de pain, je vous en donnai quatre livres par charité ?” Il me répondit “que cela ne vous inquiètes pas, j’ai de l’argent pour vous et pour moi». Je me retirerais, quelques moments, pour réfléchir. Enfin, pour savoir s’il avait de l’argent, je lui dis que j’acceptais son offre. Le lendemain matin, il vînt chez moi nous partîmes tous deux. Il me conduisit chez différents marchands. Je feignis toujours de ne pas trouver le tabac convenable. À la fin, Ratineau me donna onze écus de trois livres et me dit d’en aller chercher où je voudrais. Il garda bien environ quinze écus. Il avait son argent dans une bourse de cuir, fermant à coulisse et ils étaient en écus de six livres et de trois livres. Nous nous rejoignîmes dans un cabaret de cette ville, près St-Sauveur. Ratineau était avec un portefaix que je ne connais pas. Je causais avec un homme de cette ville que je connais sans savoir le nom. Ratineau coupait du pain avec mon couteau. Le portefaix lui dit “que ne te sers tu de ton grand couteau ?”. Il dit cela a demie voix. Ratineau lui répondit du même ton que cela lui commodait à le porter au loin. Le portefaix lui dit, toujours à demie voix, qu’il fallait le mettre dans sa gaine, le placer sous la ceinture de la culotte et recouvrir avec l’habit, comme il avait lui même coutume de faire. Un homme, qui était dans le cabaret, voulant payer son écot, tira au moins vingt écus de six francs. Ratineau se penchant vers le portefaix, lui dit : “si nous le tenions au pairé de Saint-Mathurin les coups de bâtons ne seraient pas rares, et il y aurait de quoi acheter du pain”. Nous partîmes et nous rendîmes à Salles avec d’autres habitants. Je lui remis son argent. Depuis ce temps, Ratineau achète toujours du pain de minot. Le portefaix est un homme de cinquante et quelques année, taille de cinq pieds, un peu courbé, mal vêtu, cheveux noirs et courts grisonnant, visage étroit, pas gros de corps. Qui est tout ce qu’il a dit savoir.

Pièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2 Briand, D. / Transcription d’une affaire de vol à la ferme de Lileau

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LES GRAFFITI RELEVÉS PAR LUC BUCHERIE

ET PRÉSENTS DANS SA BIBLIOGRAPHIE

par Denis Briand

La rédaction d’un document intitulé “Graffiti à Angoulins/mer : essai d’inventaire et biais d’introductions vers une glyptographie angoulinoise” nous a sérieusement mobilisé autour de la question de la quantification mais aussi de la compréhension du fait glyptographique à Angoulins. Concernant cet effort, il faut avouer que les travaux de Luc Bucherie sont particulièrement précieux et ce à double titre : outre l’apport cognitif transversal que constituent les analyses de l’auteur en tant qu’éléments de comparaison pour la rédaction de la partie raisonnée de notre dossier, ce sont aussi les relevés de l’érudit lui même (prospection autour de La Rochelle et notamment à Angoulins entre les années 1973 et 1976) qui enrichissent le corpus de notre document. Pour saisir cet apport, la présente note a pour objet de tenter :- d’une part, la publication de toutes les occurrences glyptographiques inventées par Luc Bucherie à Angoulins et que j’ai reproduites à la plume numérique. Elles sont issues des planches d’une thèse, soutenue en 1982 et intitulée Graffiti, mise en scène des pouvoirs et histoire des mentalités. Elles concernent les relevés effectués au moulin du Pont de la Pierre, sur l’église St-Pierre-ès-liens ainsi que, pour un cas, dans une rue du bourg.- d’autre part, de lister, simplement, les articles de Luc Bucherie dans

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lesquels les graffiti angoulinois historient les propos de l’auteur. Nous permettrons ainsi d’isoler, parmi la vaste bibliographie de l’érudit, les notices intéressant l’historien angoulinois. Bien souvent, les graffiti figurent aussi comme illustrations de la partie textuelle. Nous mettrons donc aussi en rapport cet usage avec les planches que nous donnons ici, et ce à fin de repérér quel emploi est privilégié par l’auteur.

A. PLANCHES

Mise en garde.Avant de les présenter, il est a noter que les dessins figurant aux pages suivantes ne correspondent pas “parfaitement” aux relevés de Luc Bucherie. Il est vrai, en effet, que lors de leur reproduction numérique, quelques très légères dissemblances sont apparues, notament dans les épaisseurs des traits. Tous ces écarts sont moindre et doivent être relativisés, car à l’instar du risque interprétatif de la glyptographie - cf la problématique de «l’interprétation» du chercheur par rapport au graffito in situ, sujet développé par Serge Ramond in «Le faux dans l’archéologie du trait glyptographique»- Luc Bucherie nous rappelle que dans nombre de cas, un trait en moins ou en plus ne change pas fondamentalement l’intention du scripteur originel et surtout la signification du graffito.Remarquons, de plus, que les graffiti donnés infra ont une numérotation propre indépendante de celle employée dans la thèse de Luc Bucherie. Pour ceux qui souhaiteraient établir ce parallèle rappelons rapidement pour mémoire la numérotation de l’auteur : - Planche LXXIX fig. 2 (rue) - Planche LXXIX fig. 3 à 11 (église)- Planches LXXX fig. 1 à 6 & LXXXI fig. 1 à 7 (moulin du Pont de la Pierre).

fig.1 : graffito d’une rue d’Angoulins

fig. 2 : graffito n°1 du relevé de l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 3 : graffito n°2 du relevé de l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 4 : graffito n°3 du relevé de l’église St-Pierre d’Angoulins

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fig. 5 : graffito n°5 du relevé de l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 10 : graffito n°9 du relevé de l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 9 : graffito n°8 du relevé de l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 8 : graffito n°4 du relevé de l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 7 : graffito n°7 du relevé de l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 6 : graffito n°6 du relevé de l’église St-Pierre d’Angoulins

fig. 11 : graffito n°1 du relevé du moulin du pont de la pierre.

fig. 14 : graffito n°4 du relevé du moulin du pont de la pierre.

fig. 13 : graffito n°3 du relevé du moulin du pont de la pierre.

fig. 12 : graffito n°2 du relevé du moulin du pont de la pierre.

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fig. 15 : graffito n°5 du relevé du moulin du pont de

la pierre.

fig. 18 : graffito n°8 du relevé du moulin du pont de la pierre.

fig. 17 : graffito n°7 du relevé du moulin du pont de la pierre.

fig. 16 : graffito n°6 du relevé du moulin du pont de la pierre.

fig. 22 : graffito n°11 du relevé du moulin du pont de la pierre.

fig. 19 : graffito n°12 du relevé du moulin du

pont de la pierre.

fig. 20 : graffito n°13 du relevé du moulin du pont de la pierre.

fig. 21 : graffito n°9 du relevé du moulin du pont de la pierre.

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B. Liste des mentions des graffiti d’Angoulins dans les articles de L. Bucherie

- Graffiti des anciens moulins à vent d’Aunis et Saintonge : les lieux, les hommes et les thèmes. Extrait des Actes du Colloque International de glyptographie de Cambrai, 14-16 sept. 1984, 1985. Planches : p. 190 : Moulin du Pont de la Pierre fig. 1 à 3 (Ces trois graffiti correspondent respectivement à mdpdlp 11, 12 et 10).p. 193 : Moulin du Pont de la Pierre fig. 1 à 4 (Ces quatre graffiti correspondent respectivement à mdpdlp 4, 1, 3 et 7).- Glyptographie santonne et aunisienne : état des recherches, in Actes du VIe Colloque international de glyptographie de Samoëns, 5 au 10 juillet 1988, 1989. p.86 Corpus des graffiti de la Charente-Maritime : pré-inventaire

fig. 23 : graffito n°10 du relevé du moulin du pont de la pierre.

des sites : Angoulins : église, moulin du pont de la Pierre et divers. Correspond l’illustration citée dans la liste p. 93 à la ligne “1.Angoulins/mer divers” (Ce graffito correspond à rue 1)- Graffiti et histoire des mentalités - Genèse d’une recherche, in Antropologia Alpina Annual Report 2, pp. 41-64, Torino 1992.p. 52 : Illustration du texte avec un graffito du moulin du pont de la Pierre (mdpdlp 10)- Panorama des graffiti maritimes des côtes du Ponant, in Actes du VIIe colloque international de glyptographie de Rochefort/mer, tome II, 3-8 juillet 1990, 1991.p. 118 : la mention suivante : un site moins connu comme Angoulins (moulin du Pont de la Pierre) p. 136 : fig. 1, légendée “Angoulins/mer (Charente-Maritime), Moulin du Pont de la Pierre”. Ce graffito correspond à mdpdlp 4.- Panorama des graffiti de navires du Ponant et de la MéditerranéeParmi la sélection de graffiti de navire le numéro 1 légendé “Vaisseau XVIIe siècle - Angoulins/mer, Moulin du Pont de la Pierre relevé L. Bucherie correspond au graffito mdpdlp 4.- Graffiti des moulins d’Aunis in Le Collibert n°1, Juillet-août 1981, pp.48-51.Dans le paragraphe traitant des représentations humaines Luc Bucherie indique “En ce domaine, la figuration d’Henri IV au moulin du Pont de la Pierre où le passage du roi est attesté par la tradition et la chronique de l’époque reste exceptionnelle”. Mention illustrée par mdpdlp 10.- Catalogue de l’exposition « Graffiti de gens de mer en Aunis XVIe - XVIIIe siècles » Figures 61 à 64 à Angoulins/mer. (Nota : Cette numérotation ne convient pas aux illustrations. La liste devrait porter ces chiffres 60 à 63) 60- Petit navire (Milieu du XVIIe siècle - 20x17 - Moulin du Pont de la Pierre, porte Sud). Ce graffito correspond à mdpdlp 2.61 - Vaisseau armé (fin du XVIe siècle - début du XVIIe siècle - 50 x32 - Moulin du Pont de la Pierre, porte Nord). Ce graffito correspond à mdpdlp 4.62 - Petit navire (milieu du XVIIe siècle - 23 x 16 - Moulin du Pont de la Pierre, porte Nord). Ce graffito correspond à mdpdlp 3.63 - Petit navire (milieu du XVIIe siècle - 17 x 13 - Moulin du Pont de la Pierre, porte Nord). Ce graffito correspond à mdpdlp 6.

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UNE NAVETTE À FILET GALLO-ROMAINE

TROUVÉE À LA MANON

par Denis Briand et Michaël Brunet.

La découverte

Dans le milieu des années 1980, sur son terrain au lieu-dit La Manon, à Angoulins/mer, M. Robert Cassagnes mit au jour, fortuitement, divers objets ainsi que quelques monnaies gallo-romaines. Sans porter plus d’intérêt à ces découvertes, celles-ci furent, tout de même, précieusement conservées, puisque l’une d’elles - une tête de lion de belle facture - retint particulièrement son attention.Quelques vingt années plus tard, alors que je m’attelais à la rédaction d’un article destiné à une publication grand public (1), M. Robert Cassagnes me fit part de ses trouvailles. Connaissant fort bien le contexte antique du secteur de la découverte, pour avoir consulté et alimenté la carte archéologique de cette zone, je me penchais aussitôt avec un très grand intérêt sur l’une de ces occurrences, une petite tige pliée, en alliage cuivreux (bronze ?), de section circulaire, terminée à chaque bout par une extrémité refendue en une sorte de petite fourche à deux dents (cf en fig.1, dessin donné par Michaël Brunet (2)).Imaginant la forme développée d’une longueur de 15,2 cm, j’interprétais très vite l’objet comme une navette à filet gallo-romaine, analogue à celle que j’avais pu croiser dans une note de Philippe Duprat publiée dans Roccafortis (3). Soumettant, sans tarder, l’objet à

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l’érudition de Michel Feugère (CNRS), spécialiste de l’instrumentum gallo-romain, j’eus la confirmation formelle de mon idée :

La navette à filet, un objet rare mais « de type normalisé »

A son sujet, le chercheur m’apprit que cette aiguille fut, sans nul doute, utilisée pour fabriquer ou réparer les filets de pêche. Rapportée en contexte antique, elle répond, nous précise l’érudit, à une même typologie. Et de me joindre un précieux article extrait de sa vaste bibliographie (4) : Cette étude (et notamment la partie sur les instruments de chasse, de pêche et d‘agriculture avec en particulier l’inventaire, la liste et la carte de répartition des navettes à filet en France, qu’il propose avec Pierre Abauzit) est, à ce jour, la monographie de référence de ces objets. C’est, en effet, l’un des rares documents réellement à même de nous renseigner sur ce type de mobilier. Nous y apprenons, entre autres, que cet objet est presque invariablement fait en bronze (sauf en de très rares exceptions, où on le rencontre en fer). Il y est décrit comme une simple tige, longue de 12 à 20 cm environ, terminée à chaque extrémité par une sorte de fourche aux dents plus ou moins resserrées. La caractéristique de tous ces objets est que les deux extrémités se présentent sur des plans perpendiculaires. On les identifie en effet comme des navettes autour desquelles s’enroule le fil pour réparer un filet; la rotation d’un quart de tour entre chaque passage de la fourche assurait à la bobine ainsi constituée une forme régulière.

En considération de cette typologie, nous remarquons qu’en plus d’avoir eu ses deux fourches écrasées, notre exemplaire a subi deux déformations : à la fois une altération de l’axe des fourches mais aussi une courbure de la tige, dont la cause demeure indéterminée mais témoigne, vraisemblablement, d’un usage secondaire pour lequel quelqu’un aura détourné la fonction première de l’objet.

Michaël Brunet nous propose (cf page ci-contre, fig. 2) une restitution de la forme originelle supposée.

fig. 1 (ci-dessus) : La navette à filet de La Manon telle qu’elle nous est parvenue.(Dessin de M. Brunet).

fig. 2 (ci-contre) :Restitution de la forme originelle supposée de la navette(Dessin de M. Brunet).

5 cm

Briand, D. - Brunet, M. / Une navette à filet gallo-romaine trouvée à La ManonPièces et notices pour servir à l’histoire d’Angoulins - n°2

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Remarques

Parmi les observations portées par Michel Feugère et son collaborateur Pierre Abauzit dans leur étude, un doute est porté sur la destination de pêche des filets concernés par ces navettes. Si aucun mobilier associé ne peux le confirmer à Angoulins, la proximité immédiate du littoral semble toutefois être l’argument de poids qui fait pencher l’interprétation en faveur d’un usage en lien avec une problématique halieutique.A l’instar de Philippe Duprat dans son article, notons avec intérêt que la carte de répartition des navettes à filet en France met en évidence ce que Pierre Abauzit nomme un vide intriguant se dessinant sur presque toute la Gaule occidentale. Il faut savoir au sujet de la façade atlantique, que la liste accompagant la cartographie de cette répartition dénombre seulement deux exemplaires publiés : - un premier à Plonévez-Porzay (Bretagne), Kervel-Kergoasguen (Sanquer 1975, 351, fig. 21, 3 ; d’une longueur d’env.165 mm)- et un autre à Saintes (Charente-Maritime) (5) (signalé par G. Roche-Bernard et Guy Vienne). Postérieurement à cet inventaire, deux nouveaux exemplaires sont ajoutés :- Philippe Duprat rapporte donc une navette à filet, trouvée en 1973 à Saint-Agnant sur le site gallo-romain dit du Châtelet (Charente-Maritime) (6) et signale une autre mise au jour sur le site de la villa gallo-romaine des chapelles à Port des Barques (fouilles de 1999).Aujourd’hui, avec la notre, ce ne sont que cinq navettes (quatre seulement sur le littoral atlantique) qui ont été mises au jour dans l’Ouest de la Gaule romaine et publiées. Lors de la réalisation de cette cartographie, Pierre Abauzit et Michel Feugère s’interrogeaient sur cette répartition inégale et lacunaire. Ces deux auteurs en venaient même à se demander si celle-ci pouvait s’expliquer en raison d’un type de navette différent, fait d’un matériau périssable par exemple. Aujourd’hui, la question d’une culture régionale autre semble s’évanouir à la lumière de ces nouvelles mises au jour : il semblerait effectivement que notre mise au jour, ainsi que celles de Philippe Duprat, commencent à documenter et à combler les lacunes cognitives. Ces dernières tiendraient donc plus au manque

de découvertes déclarées en contexte de fouilles qu’à l’indigence de l’artisanat régional en matière de navettes en bronze. Enfin, rappellons que Michel Feugère nous apprend que ce type d’instrument quand il est en bronze “apparait dans le courant du Ier siècle avant notre ère et évoque une importation italique”. Ce constat nous renseigne sur l’antiquité probable de notre objet, datation qui nous avait été, largement suggéré par les données contextuelles du site de La Manon et par les monnaies voisinant la découverte.

Aujourd’hui conservée par Yasmine Vergne-Labrousse (7) animatrice du patrimoine à Allassac (Corrèze), la navette devrait revenir, à son initiative, dans notre région, puisque l’instrument fait actuellement l’objet d’une procédure de don à fin d’être reversée, in fine, à un musée local.La navette à filet en bronze est un outillage rare avec sa quarantaine de cas publiés en France. Avec cette découverte, l’exemplaire de La Manon, constitue donc un très précieux document attestant, de plus, d’une activité de pêche au filet sur le littoral angoulinois, à l’époque gallo-romaine.__________

(1) cf Traces gallo-romaines in Denis Briand Angoulins Châtelaillon, Traces et vestiges du passé, Expression-Hist La Rochelle 2006.(2) Michaël Brunet, dessinateur et consultant en archéologie - 6, rue de la Coudre 21270 Perrigny-sur-L’Ognon.(3) Philippe Duprat, La navette à filet gallo-romaine du Châtelet (Saint-Agnant), in Roccafortis, 3e série, III, n°18, sept. 1996, p.66.article disponible en ligne à l’adresse suivante : http://seucaj.ifrance.com/navette. htm(4) Michel Feugère, Pierre Abauzit, Les navettes à filet en France, in M. Py (dir.), Recherches sur l ‘économie vivrière des Lattarenses (Lattara V), Lattes 1992, pp.144-145. (5) Guy Vienne, Le canal de dérivation à Saintes, in Recherches archéologiques en Saintonge, 1993, pp.107-108, CD 409(6) Camille Gabet et Paul David, Le site gallo-romain du Châtelet, SGR, 1973.(7) que nous remercions pour l’aide qu’elle nous a volontiers accordée à diverses reprises.

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UNE PINCE À ÉPILER GALLO-ROMAINE ?

par Denis Briand et Michaël Brunet.

Cette pince à épiler fut trouvée par Robert Cassagnes, hors stratigraphie, mais en contexte gallo-romain, et à proximité de mobilier identifié pour cette période. Son antiquité peut être confirmée par comparaison d’avec les corpus de Bertrand ou de Riha : Isabelle Bertrand figure, en effet, un modèle identique trouvé à Poitiers et en contexte (II-IVe S.) rue St Germain, au n°2, planche XXVIII, p.113, de son travail de 2003 sur les Objets de parure et de soins du corps d’époque romaine dans l’Est picton. Nous y lisons : “les pinces à épiler antiques sont proches de celles que nous connaissons aujourd’hui : tige en alliage cuivreux plates, aux extrémités courbées

vers l’intérieur, le sommet est simple, parfois galbé. Deux modèles reconnus par E. Riha sont également en usage dans notre région, ce sont des pinces ornées d’un ressaut ou de rainures (Riha, Pinzette F) longues de 90,4 à 95mm, ou de simples tiges recourbées dont le sommet forme une boucle (Riha, Pinzette G), longues de 40,9 à 68 mm.” C’est ce dernier type qui nous intéresse : dans le Riha, on remarque, p.128 (Tafel 13) ce fameux type “Pinzette G”, dont une variante, la n°106, est en tous points semblable à la notre quoiqu’un peu plus longue (6,3 cm contre 5,6 cm dans notre cas).

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PNPSHA n°2, deuxième trimestre 2007