nouvelle formule du journal «offensive syndicale» · 2016. 6. 8. · nouvelle formule du journal...

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numéro 03 - janvier / février 2006 - 0,50 euro nouvelle formule du journal «offensive syndicale»

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Page 1: nouvelle formule du journal «offensive syndicale» · 2016. 6. 8. · nouvelle formule du journal «offensive syndicale» / Numéro de CPPAP : 2472 D 735 Directrice de publication

numéro 03 - janvier / février 2006 - 0,50 euro

nouvelle formule du journal «offensive syndicale»

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nouvelle formule du journal «offensive syndicale» / Numéro de CPPAP : 2472 D 735Directrice de publication : Fabienne Binot / Fédération nationale Sud Santé-Sociaux, 2 rue Henri Chevreau, 75020 Paris

Téléphone : 01 40 33 85 00 / Télécopie : 01 43 49 28 67 / Courriel : [email protected] / site internet : www.sud-sante.orgsecrétariat de rédaction : Jean Lallemand, Thierry Lescant, Guillaume Mathieux, Mustapha Ramdane, Jean Vignes

Imprimé par : IGC communigraphie, 16 rue G. Délory - 42964 Saint-Etienne Cedex

santé & social - page 4 - 5 - 6- Vers (le) point d’ordre (infirmier) ?- hard discount dans le social- Négociation fonction publique hospitalière, il va falloir pousser dur !- En août le CNE, en janvier le CPE, et à Pâques le contrat unique d’embauche

société - page 7- La France rentabilise...une immigration zéro

dossier - page 8 & 9

- Le secteur social

société - page 10 - 11- Unédic’tat sur les droits des chômeurs- Un mauvais feuilleton ou sécuritaire rime avec totalitaire

vie syndicale - page 12 - 13 - 14- Mieux connaître ‘Solidaires’- Naissance d’une section syndicale en Savoie- Conseil fédéral, le juste équilibre...

international - page 15 -- Digné we re be se ka ke ! («un autre monde est possible» en Bambara)

culture & plaisir - page16- Livre - Comment ne plus être progressiste...sans devenir réactionnaire- Parôles et musique - (Re)découvrir une «âme debout», Catherine Ribeiro

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ont collaboré à ce numéro :Corinne DeBuhan, Fabienne Binot,Aline Poupel, Patricia Garcia, EricMoglioni, Jean-Marie Sala, Jean-LouisRotter, Jean-François Batellier, Mau-rice Aubry, Jean Vignes, MustaphaRamdane, Jean-Luc Bobée, ThierryLescant, Patrick Nicolaon, ClaudeCarrey, Jean Lallemand, la plume,Guillaume Mathieux.

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édito

- numéro 03

l n’y a pas si longtemps, les salarié(e)s du groupe SKF se sontvu notifier leur licenciement, c’est à dire leur fin de contrat, parhaut-parleur en arrivant sur le lieu de travail. Des milliers d’autres

ont découvert au petit matin leur entreprise fermée, délocalisée. Les pa-trons de ces entreprises n’ont même pas pris la peine d’en informer lessalarié(e)s concerné(e)s ! Combien d’autres se sont fait «virer» sans for-malités par des patrons sans scrupules. Hommes politiques et médiasnous ont alors expliqué : «ce sont des pratiques isolées, venant de pa-trons voyous». Les nouvelles mesures Villepin légalisent ces pratiques,puisque dorénavant les employeurs pourront, sans motif, mettre fin à descontrats de travail. Ils pourront ainsi licencier impunément sans contre-partie. C’est le but des Contrat Nouvelle Embauche et Contrat PremièreEmbauche.Le MEDEF et les actionnaires en remettent une louche : ils revendiquentla généralisation à tous les salarié(e)s du nouveau dispositif. Ils vont êtrecomblé puisque le gouvernement s’apprête dès cet été à mettre fin auContrat à Durée Indéterminée. La voix est libre pour une offensive sur lestatut des fonctionnaires. Le gouvernement pourra nous dire qu’il ne peutmaintenir une discrimination entre salarié(e)s du public et du privé. Lesarguments sont tout trouvés. Ils ont été martelés lors des remises en causedes retraites, après le passage de 37 ans et demi à 40 ans de cotisa-tions en plein été 93 par Balladur, pour les salarié(e)s du privé. La suite,on la connaît. Ne laissons pas réaliser ce mauvais scénario car il ensera fini, non seulement du code du travail, mais également du statutpublic. C’est leur choix de société,on doit tout faire pour qu’il ne se réalisepas.

L’année 2006 sera décisive, et ce ne sont certainement pas des jour-nées d’actions sans lendemain, des discussions de salon à Matignonqui pourront faire reculer le couple gouvernement/patronat.Salarié(e)s, privé(e)s d’emploi, nous sommes assez nombreux, impo-sons un autre choix a une minorité d’actionnaires et de spéculateurs !

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Maurice Aubry & Mustapha Ramdane

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santé & social4

- numéro 03

Hard discount dans le social

armi de nombreux postulants,comme l’Armée du Salut, c’estla Sonacotra qui a eu le « mar-ché » de l’activité du Centre

d’Hébergement et de Réinsertion Sociale(CHRS). La reprise de tous les salariéss’est effectuée comme l’y oblige le code dutravail (article L122.12). Pour autant, l’in-quiétude des salariés demeure car aucunenégociation n’oblige le nouveau patron àgarder les accords d’entreprise SOP quisont appliqués le plus souvent dans lesCHRS. A la Sonacotra, il n’y a pas de re-connaissance des métiers et diplômes dusecteur social, ce qui entraîne des salairesbeaucoup plus bas. Par exemple, un édu-cateur spécialisé appelé «intervenant so-cial» touche le même salaire, dans la grilleSonacotra, qu’un agent de service avec 6ans d’ancienneté dans les accords SOP.L’ancienneté n’est pas prise en compte :un éducateur débute, dans la grilleSonacotra, à 1680 € brut et y reste! Par

ailleurs, les 9 jours de congés compensa-teurs des accords SOP sont absents desaccords Sonacotra. Cette reprise d’unCHRS par la Sonacotra est une premièrequi introduit la volonté du gouvernementVillepin du moins disant social. Une tellepolitique, c’est une remise en cause desmétiers, des formations et de leurs écoles,des conventions collectives. Dessalarié(e)s du Havre, aujourd’huiadhérent(e)s à Sud Sonacotra, sont prêtsà se mobiliser pour conserver leurs droitsacquis et refuser le bradage de l’activitééducative et sociale. Le syndicat SudSonacotra restera en lien avec Sud santésociaux pour soutenir les luttes à venir.Sud a pris contact avec tous les autressyndicats de la Sonacotra pour l’ouver-ture de négociations et, pour Sud, le main-tien des accords SOP pour ce secteurd’activité.

Le Collectif Havrais Solidarité Pauvreté, suite à de gravesdysfonctionnements, a été dissout en décembre dernier après6 mois de mise sous tutelle.

P

Jean Lallemand

ud a donc été reçu le 6 févrieret a réaffirmé son oppositionà un ordre infirmier(*), instanceinutile et mettant en œuvre un

principe d’adhésion obligatoire pour pou-voir travailler :- inutilité au regard de l’actuel Code de laSanté publique posant déjà les principesd’exercice de la profession tant au niveaudes actes relevant du rôle propre, que dela déontologie envers les patients et en-vers les collègues (qu’ils soient salariés oulibéraux).- Inutilité d’une instance supplémentaire : ilfaut améliorer le fonctionnement et les com-pétences du CSPPM (Conseil des Profes-sions Para Médicales), et surtout de la com-mission infirmière dans laquelle siègent les

Vers (le) point d’Ordre (infirmier) ?L’ensemble des organisations syndicales et des associations sont reçues à tour de rôlepour exprimer leurs positions auprès de M. Couty, chargé de mission par le Ministre surla question. A l’issue des réunions de concertation, E. Couty transmettra son rapport.

AIDES-SOIGNANTS EN RAGE !2006 : Fusion des échelles II et III desgrilles salariales, qui confirme lasmicardisation des salaires et la paupéri-sation des aides-soignants. Réforme desétudes aides-soignantes, intégrant le dis-positif de validation des acquis de l’expé-rience : toujours plus, en moins de temps,une remise en cause de la qualification et àterme du statut. C’est aussi l’année duCHIEN…Ceux qui pensaient que nous se-rions de gentils « toutous » se trompent caril est temps de réagir….

ASSOCIATION SERPSYLes 4ème journés de l’associationSERPSY (Soins Etudes Recherche enPsychiatrie) se tiendront le 31 mars 2006à l’Institut LeVal Mandé (94). Sur le thème :le soin à l’épreuve du sécuritaire.Renseignements : [email protected]

brèves

représentants des salariés et des libéraux,y compris des IDE spécialisées.- Inutilité de l’inscription à l’ordre : il existedéjà le fichier ADELI (Automatisation desListes) sur lequel l’inscription est gratuite etobligatoire. Il gère les listes départementa-les des professions réglementées.- Inutilité de l’ordre par rapport à la démo-graphie professionnelle : les quotas d’en-trées dans les écoles sont fixés par le minis-tère qui n’entend pas les syndicats ayantdepuis fort longtemps tiré la sonnetted’alarme. L’exemple de l’Ordre des méde-cins n’a pas empêché la pénurie dans cetteprofession.Au total : Sud demande la mise en placede commissions infirmières (éventuellementrégionales), dans lesquelles des représen-

tants du secteur public et du secteur libé-ral, élus, pourraient siéger, notamment,sur les questions disciplinaires du secteurlibéral, comme la loi 80-527 le prévoitdéjà.

Sud a affirmé vouloir discuter de l’évolu-tion des structures existantes mais refu-sera un ordre infirmier. Ce refus sera for-malisé par un appel à boycotter l’adhé-sion obligatoire… Et si 400 000 infirmiè-res salariées refusent de s’inscrire, on nepourra leur interdire d’exercer.Alors oui, unifions la profession contre l’Or-dre de quelques uns !

S

Corinne De Buhan & Patrick Nicolaon(*)article sur l’ordre dans le n°2 de «Différent»

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santé & social 5

- numéro 03

Négociation fonction publique hospitalière,il va falloir pousser dur !

Le ministre de la santé a entrouvert la porte des négociations le 24 janvier après plusieursmois d’atermoiements. Un document d’une cinquantaine de pages a été remis auxdifférentes organisations syndicales. Les négociations devraient se dérouler jusqu’à juinprochain.

e dossier comprend quatreparties : dialogue social, em-ploi-formation, conditions detravail, et mesures statutaires.

Il s’inspire grandement des propositions dela fonction publique d’Etat et de la deuxièmepartie de la réforme de la catégorie C avecprincipalement la création d’une échelle« 6 » remplaçant le NEI (nouvel espaceindiciaire) qui s’était rabougri au fil des ans.Si ce texte est volumineux, son contenuest particulièrement indigent.

1 - mesures statutairesCe sont celles qui sont les plus attenduespar les personnels. Certes, de nombreu-ses catégories sont citées comme les aides-soignants, les administratifs, les conducteursambulanciers, et la maîtrise ouvrière maissans véritables propositions de revalori-sations indiciaires. Concernant les person-nels socio-éducatifs, on revient aux pro-positions de l’année dernière sans autresavancées. D’autres professions sont aussiévoquées : ingénieurs, radio physiciens,sécurité incendie. La majorité des pistesabordées par le ministère concerne le ré-gime indemnitaire, et non pas les revalori-sations indiciaires renvoyées aux négo-ciations de la Fonction Publique d’Etat, des-quelles nous sommes exclus.

2 - le «dialogue social»Le ministère semble vouloir privilégier desaccords même avec des organisationssyndicales minoritaires. Rien de bien nou-veau sur le droit syndical alors qu’on voitcelui-ci bafoué dans de nombreux établis-sements. Les textes sur la nouvellegouvernance, la création des pôles et lamise en place des conseils de pôles sem-blent bien vouloir contourner les repré-sentants syndicaux, voire même rendreleur exercice plus difficile. Le texte pré-senté oublie totalement ces aspects.

3 - emploi formationCe chapitre aborde le sujet du transfert detâches et de compétences et reprend enpartie les propositions du rapport du PrBerland et les expérimentations qui ontsuivies. Evoquant l’observatoire nationaldes métiers de la fonction publique hospi-talière, il est noté la nécessité de procéderà l’actualisation de certains métiers et defaire évoluer les politiques d’emplois et deformation. Sur ce chapitre, Sud réaffirmerala nécessité de conforter les qualifications,renforcer les effectifs et surtout la notiond’équipe soignante. Bien évidemment unefiche traite de la VAE et la nécessité del’élargir à d’autres professions. L’encadre-ment est aussi évoqué, avec la nécessitéde le faire évoluer, vers le « manage-ment ».

4 - conditions de travailCe volet est le plus touffu et démarre sur lanécessité de relancer les Contrats Locauxd’Amélioration des Conditions de Travail.Manque d’imagination ou de moyens, peut-être les deux, ces contrats mis en place àdeux reprises (en 1992 et 2000) n’ont quepeu amélioré les choses, car les créditsaffectés étaient très en deça des besoins,et surtout ces contrats se substituaient à lanécessité de renforcer les effectifs, notam-ment dans tous les services de gériatrie.De plus, beaucoup des programmes in-clus dans les CLACT auraient de toute ma-nière été financés sur d’autres crédits (ex :lits à hauteur variable).

Sur la prévention des risques, rien de biennouveau, des études sont envisagées !(alors que l’étude européenne PRESST(*)menée par le Dr Estryn-Béhar reste dansles cartons du ministère).Au détour du document, apparaît la fichesur le déplafonnement des heures supplé-mentaires qui voudrait officialiser et péren-

niser les dépassements horaires, une ver-sion « soft » de la remise en cause de laRTT.

Et pour tout cela,quels moyens ?

La première séance de négociations auralieu le 20 février prochain. Sud entend bienque se déroulent de véritables négocia-tions sur les professions oubliées des pré-cédents protocoles et fera d’autres propo-sitions sur les différents thèmes abordés.

Nous sommes conscients que de vérita-bles avancées ne pourront être obtenuesque par une intervention massive des per-sonnels. Le ministère de la santé souhaitese donner une image sociale au moindrecoût, en même temps qu’il entame ladeuxième étape du plan hôpital 2007, bap-tisé «hôpital 2012 » qui asphyxie l’hôpitalpublic.La question des moyens sera évidemmentcruciale alors que des centaines d’établis-sements sont dans le rouge. Nous avonsbien évidemment l’intention d’en parler dansces discussions. Sud s’engage aussi à re-chercher avec les autres fédérations syn-dicales des convergences de propositionsd’actions pour faire aboutir nos très nom-breuses revendications.

Enfin, c’est notre marque de fabrique, Suds’engage sur la transparence des négo-ciations. Le document ministériel sera affi-ché en ligne sur le site internet de la fédé-ration et actualisé au fur et à mesure desdiscussions avec nos commentaires etnous diffuserons après chaque phase denégociations l’état des lieux.

C

(*) PRomouvoir en Europe Santé et Satisfactiondes Soignants au Travail

Jean-Marie Sala

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santé & social6

- numéro 03

ujourd’hui, 7 embauches sur10 sont faites sous statuts pré-caires. Un million et demi desalariés transitent par l’intérim,

900 000 salariés sont employés en CDD.En moyenne les entreprises possèdent unvolant de 20 % de précaires dans leurseffectifs....Malgré tout, la précarité restedans un cadre organisé jugé trop rigidenotamment, notamment avec le CDD, d’oùl’idée d’un contrat souple qui permettrait delicencier un salarié sans motif durant lesdeux premières années : le Contrat Nou-velle Embauche. Le gouvernement va l’ha-biller d’un vêtement de stabilité en le dé-nommant CDI. Par l’ordonnance du 2 août2005, le CNE et autres «mesures d’ur-gence pour l’emploi» passent en force ets’imposent dès la rentrée. Il concerne uni-quement les entreprises de moins de 20salariés.

En janvier, bonne année les jeunes ! Voicipour vous le Contrat Premier Embauchequi lui s’applique dans toutes les entrepri-ses..... Pour Pâques, refonte du code dutravail avec présentation annoncée d’uncontrat de travail unique, effectivement uni-que en son genre puisqu’il sera le clonedu CNE/CPE et s’appliquera à tous et par-tout. Notre grand poête Galouzeau deVillepin, accessoirement premier ministre,osera-t-il l’appeler le Contrat Unique d’Emploi ? Comment faire passer cette révo-lution culturelle tant demandée par leMEDEF ? Tout d’abord ce contrat uniquedoit être incontestable, être une référencequi a fait ses preuves d’où l’idéed’instrumentaliser un modèle venant del’étranger, de préférence un pays du nordoù il fait bon vivre, avec un taux de chô-mage faible (5%), une protection sociale

En août le CNE, en janvier le CPE,à Pâques le contrat unique d’embauche !

Jamais le MEDEF, relayé par le gouvernement, n’aura été aussi loin dans son offensivepour mettre à bas notre système de protection sociale, l’organisation du travail et parvoie de conséquence, le code du travail. Depuis des décennies, progressivement, aurythme de la courbe du chômage, le contrat de travail classique (le CDI, référence enmatière de contrat dans le secteur privé) s’est modifié. Il s’est transformé en une série decontrats ayant pour visée une grande flexibilité statutaire pour un meilleur ajustementau marché du travail.

Patricia Garcia

élevée (attention ne pas choisir le modèleanglo-saxon trop connu des français quipeut-être perçu comme repoussoir). Vousl’avez reconnu ? C’est.... le modèle Da-nois ! C’est un concept économique claire-ment défini qui sonne bien la flexécurité !Rassurez-vous, le gouvernement ne pré-sentera que l’aspect flexiblité, l’habillera d’unhaillon de sécurité. On ne nous dévelop-pera pas l’aspect généreux du contrat detravail unique modèle Danois, à savoir uneallocation chômage correspondant à 90 %du salaire sur une période de 4 ans. Il fautaussi avoir l’air de respecter le «modèlesocial français» qui se transforme progres-sivement en coquille vid. Il s’agit deringardiser ceux qui ne savent pas s’adap-ter, la pire caricature étant le fonctionnaire,avec son emploi garanti à vie, ce mam-mouth arquebouté sur ses avantages ac-quis qui n ’hésite pas à prendre en otagesles usagers...

Mais le plus important c’est le moyen terme,après le départ en retraite de la généra-tion papy boum, institutionaliser la préca-rité qui passe par ce type de contrat, con-trat de référence inscrit dans le code dutravail , étendu dans la fonction publique.Après, le MEDEF par la voie du gouver-nement pourra s’attaquer au SMIC, mettreen place les fonds de pension à la Fran-çaise qui, entre autre, «permettent de sau-vegarder nos capitaux face aux OPA hos-tiles, de démontrer ainsi notre patriotismeFrançais», et bien sûr garantir nos retrai-tes par capitalisation.

Dans notre secteur, tant public que privéfleurissent, les contrats sous toutes leursformes, les CDD, emplois à temps partielsimposés, les chèques services....

Nos conventions collectives et statuts sontattaqués : qu’en sera-t-il quand le contratunique sera institutionalisé ? Il est évidentque les employeurs de l’UNIFED s’em-presseront de proposer des avenants auxConventions Collectives du secteur pourêtre en conformité avec le droit du travail etinstaurer ainsi une période d’essai de 2ans et le droit de licencier sans motif.

N’oublions pas l’usage sans modérationdu contrat aidé où le MEDEF se fait plutôtdiscret. Du junior au sénior, de la petite à lagrande entreprise, il y en a pour tout lemonde : contrats d’apprentissage, con-trats d’accompagnement aidé (CAE), con-trats de professionnalisation, contrats ini-tiative emploi (CIE), contrats jeunes en en-treprise, contrats d’insertion, revenu mini-mum d’activité (CI-RMA), contrats d’ave-nir, d’insertion dans la vie sociale.....toussous forme d’exonération de charges so-ciales ou d’aides directes versées à l’em-ployeur. Les aides totales en France ver-sées au patrons s’élèvent à 20 millardsd’euros sans réelles contreparties, c’estcool, c’est free ! Surtout avec l’argent ducontribuable ! Pour terminer, le must pourles jeunes, le stage gratuit en entreprise !Pour résumer 2 types de contrats : le futurcontrat unique pour le salarié kleenex, etle contrat aidé qui précarise le salarié, ju-teux pour le patronat.

Face au MEDEF hostile, nous avons uneréponse simple, un concept qui a fait sespreuves, la mobilisation générale, l’actionsyndicale !

A

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société 7

- numéro 03

e 18 décembre 2005, un projetde loi relatif à l’immigration estprésenté à la sagacité des déci-deurs. C’est un texte d’une co-

lossale générosité. L’étranger, individuétrange par définition devra déployer desressources insondables de qualification etde motivation pour profiter des charmesde sa seconde patrie.

Le nouveau marchéde l’immigrationC’est une réforme complète du code del’entrée et du séjour des étrangers quel’on nous mitonne, il ne sera guère encom-bré par les falbalas «droitdelhommistes». Ilfaudra que nos amis étrangers présententun profil rentable pour l’économie françaiseou qu’ils participent au rayonnement dupays. La personne ou la situation ne se-ront plus pris en compte. C’est la carte derésident, qui à terme est remise en cause. La vie en famille :vers la fin d’un droitLes conditions requises pour le regroupe-ment familial seront relevées : ressources,logement, avis du maire sur l’intégrationde la famille. Même les étrangers en situa-tion régulière devront répondre à toutesces exigences. Lorsque l’on connaît la si-tuation généreuse faite aux salariés, enparticulier aux immigrés, qui comme cha-cun sait ne connaissent jamais le chômageou autres aléas de l’existence, le droit devivre en famille deviendra un travail d’her-cule. Quant aux mineurs, à leur majorité,la carte « vie privée et familiale » sera ob-tenue dans les mêmes conditions. Ce seraencore pire pour les conjoints de françaisou les étrangers pouvant prouver un lienstable et ancien comme le PACS ou le con-cubinage.Le séjour des étrangers malades est remisen cause. Sans doute ne participent-ils pas

au renom de la France ? Les personnesbénéficiant d’une régularisation pour rai-sons médicales devaient voir leur statutremis en cause dans le projet, il sembleque le ministre se propose de ne pas chan-ger les dispositions actuelles. Les clandestins condamnésà la clandestinité sans finLe ministre de l’intérieur y tient, on ne ré-gularisera plus les clandestins, feraient-ilsla preuve qu’ils vivent sur le territoire de-puis dix ans, qu’ils y travaillent . L’emploipourra dans de nombreux secteurs de-meurer clandestin également.

Pour devenir un étranger heureux et chan-ter la douce France, il va falloir bénéficierd’un bon diplôme, savoir jouer au footcomme un champion ou flirter avec le boxoffice. L’estime du patron et le sourire dumaire seront fortement conseillés. Avec unpeu de chance, si les gamins font unecrise d’adolescence discrète, si on parleun français plus correct que celui de Bénistiet si les risques divers de la vie ne polluentpas trop, l’étranger pourra vivre discrète-ment à nos cotés. S’il fait des vagues, laliste d’attente est suffisamment longue…La France a signé des traités internatio-naux, en particulier ceux concernant lesdroits des humains, et là on nous proposeen notre nom de développer l’exclusion,la ségrégation et d’ajouter au pillage desrichesses, le pillage des cerveaux, descompétences.

Avant la discussion du projet de loi, le grandveneur Sarkozy a fixé le tableau 2006 : lechiffre de 25000 reconduites à la frontièreest fixé aux préfets.

L

La rentrée de septembre avait marqué l’ouverture de la chasse aux sans papiers avecobligation pour les préfets de remplir le tableau . Cette situation de plus en plus drama-tique vire à l’inhumain. L’accès aux soins des étrangers réduit de manière drastique nousa déjà fait réagir. Nous pensions alors que ce n’était qu’un prélude à une musique pluspolicière.

la Plume hérissée

La France rentabilise...une immigration zéro

OISSEL : UN VRAI SCANDALE A Oissel (à 19 km de Rouen) un centre derétention administrative s’ouvrait en 2004,dans une quasi indifférence. Là, en pleineforêt, gardés par des CRS, on peut retenirpendant 32 jours des hommes, des fem-mes qui n’ont commis qu’une seule faute :vouloir résider et travailler en France.Aujourd’hui, dans ce centre à vocationnationale, des expulsables venus de tousles coins de France sont gardés. Des Tra-vaux y sont entrepris pour doubler le nom-bre de places et pouvoir y retenir des fa-milles avec enfants, y compris des bébés !

ELEVES SANS PAPIERS......ne vous cassez pas la tête, vos vacances sont programmées. Les chefs d’établisse-ments héritent d’une tâche supplémentaireet nous souhaiterions qu’il n’y mettent pastrop de zèle. Ils devront recenser tous leursélèves sans papiers, leurs identités, leursadresses et leurs résultats. Cela doit êtreréalisé avant les vacances d’été. L’Etat po-licier se penche avec sollicitude sur l’amé-lioration de la vie scolaire !

brèves

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dossier8

- numéro 03

Le secteur socialFabienne Binot & Maurice Aubry

L’actualité replace le secteur social

dans le débat politique et écono-

mique. Son coût pèse de plus en

plus sur les budgets départemen-

taux : l’état se désengage financiè-

rement comme jamais il ne l’a fait.

La puissance publique engage la

redéfinition de ce secteur à travers

un discours de contrôle social ren-

forcé.

’action sociale a une histoire tournée versl’organisation de l’aide aux personnes etleur accompagnement. Elle s’est déclinéeau fil du temps en organisations charitables

et de bienfaisance. Puis, au fur et à mesure durenforcement du rôle de l’Etat, les collectivités,municipalités et surtout départements, se sont vuassigner un certain nombre d’obligations. Lastructuration du secteur social, telle que nous laconnaissons aujourd’hui, date de soixante ans, avecdes évolutions depuis scandées par diverseslégislations. Nous pouvons faire un parallèle avecle système de santé. De multiples passerellesexistent et les lois sociales ont toujours étéprécédées et inspirées par les législationshospitalières, en particulier pour ce qui concerneleur vision strictement comptable. L’approche de cesecteur d’activités par les métiers, qu’ils soient del’éducatif, éducateurs spécialisés, moniteurséducateurs,... ou du social, avec les assistantssociaux est réductrice.

L

Le social proprement dit s’adresse à des personnes soit endifficultés éducatives, soit en difficultés socio économiques, les deuxallant souvent de pair. Le travail social s’adresse donc à un publictrès diversifié et concerne tous les âges de la vie et s’organiseautour de 4 champs d’intervention :

Ainsi, l’aide sociale à l’enfance (ASE) a pour mission de pren-dre en charge les mineurs. Ses prérogatives débordaient jusqu’àl’âge de 21 ans, dans le cadre des contrats d’aide aux jeunes,uniquement sur la demande des intéressés. Dans chaque dépar-tement, l’ASE a développé ou agréé un certain nombre de struc-tures : foyers éducatifs, actions éducatives en milieu ouvert, place-ment familial, équipes de prévention spécialisée... c’est une piècemaîtresse de l’action départementale. Les centres d’héberge-ment et de réinsertion sociale avaient pour vocation d’accom-pagner les personnes concernées vers l’accès au droit communl’a utonomie salariale, en réponse à un besoin élémentaire et enassurant un soutien au long de la démarche. La crise socialetransforme le plus souvent le projet en impasse : l’inadéquationentre l’expression des besoins et les réponses à apporter, c’est àdire l’accès aux droits, y est flagrante. De nouvelles expériencessont censées depuis quelques années répondre à des problèmesurgents, elles s’adressent aux plus précaires : SAMU social oustructures émanant de célèbres officines du secteur caritatif. Latéléphonie sociale fait également partie du paysage. Elle ré-pond aussi à des questions urgentes et permet, dans le meilleurdes cas, une orientation vers un logement ou un lieu de parole deplus en plus contingentés. Bien que ne faisant pas partie de notrechamp fédéral, nous pouvons inscrire les polyvalences de sec-teur dont la vocation est de répondre aux besoins de la popula-tion, de la crèche au surendettement. Inutile de préciser que l’in-tendance n’est pas souvent au rendez vous.

Le médico-social s’adresse à un public handicapé. Depuisde longues années, les associations gestionnaires ont pris encompte le vieillissement de la population suivie et gèrent l’ensem-ble de l’échelle des âges . Les liens structurels avec la santé sontde plus en plus évidents dans le cadre des cartes sanitaires etl’organisation de la psychiatrie.

L’aide à domicile est au coeur des projets du gouverne-ment. Borloo y voit un gisement de cinq cent mille emplois. A l’ori-gine, les structures répondaient aux besoins des personnes âgéesen terme de soins d’aide à la vie de tous les jours. Depuis lalibéralisation du système et l’apparition des chèques services, cesecteur a explosé.

Les actions d’animation des quartiers constituent un champd’intervention à part entière. Pour les salariés, ce sont souvent desmissions aléatoires, avec des contrats soumis à des appels d’offre.Un certain nombre de nouvelles fonctions sous qualifiées s’y dé-veloppent allègrement.

Un paysage multiple

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dossier 9

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Ce n’est pas, loin s’en faut, la majorité du social qui est concernépar un statut fonction publique. Les salariés de la polyvalence desecteur dépendent des collectivités territoriales ; certaines institutionsde l’aide sociale à l’enfance sont publiques. Nous pouvonségalement comptabiliser des services sociaux et des établissementsmédico sociaux dans la fonction publique hospitalière.

La plupart des salariés du secteur social sont embauchés par desassociations agréées ou des fondations. Celles-ci appliquent uneconvention du secteur. En son absence, c’est le code du travail, ouun accord d’entreprise qui s’applique.

Les conventions sont organisées en grandes branchesprofessionnelles. Pour ce qui concerne le social, médico social etsanitaire privé non lucratif, on se réfère à l’UNIFED. La branchede l’aide à domicile (BAD) concerne les structures demaintien et d’aide à domicile hors les emplois Borloo. Quant àl’animation, en fonction de l’employeur elle peut bénéficierd’une convention ou subir les aléas des intermittents municipaux.

Des statuts très différents

Le social, comme la santé, n’échappe pas aux projets demondialisation libérale. Il appartient au monde du commerce desservices pour les intégristes de la marchandisation.Par ailleurs, l’action sociale doit devenir pour nos décideurs partieprenante de l’organisation du contrôle social de la population.

La gestion strictement comptable des établissements impose uncontrôle drastique de la masse salariale et du fonctionnement etpartant une remise en cause des conventions. La convention de1966 de l’accord UNIFED en est le dernier avatar.

Des enjeux historiques

Pour la branche UNIFED (Union des fédérations et syndi-cats nationaux d’employeurs sans but lucratif du secteur sanitaire,médico-social et social)

CLCC (centres de lutte contre le cancer)20 établissements 14000 salariésCroix Rouge666 établissements dont 182 centres de formation,15000 salariés, 60 000 bénévolesCC51 (FEHAP)2066 établissements adhérents, plus de 135 000 salariésCC66 (3 employeurs)SNAPEI 2037 établissements adhérents, 80 000 salariés ;SNASEA 2150 adhérents 55 000 salariés ;SOP (CHRS inclus) 4000 adhérents, 110 000 salariés.

Sans compter tous les salariés du secteur, notamment dans lespetites boîtes, où les employeurs n’adhérent pas à une fédérationemployeur et n’applique pas de convention collective.

Pour la BAD (branche de l’aide à domicile)

Plusieurs associations employeurs 7000 services d’aide à domi-cile, 210 000 personnes dont 194 000 aides à domicile,5 500 TISF (travailleuse insertion sociale et familiale).99% des salariées du secteur sont des femmes.

Seules 5% des aides ménagères travaillent à plein temps et sontencore payées à l’heure. Ces chiffres ne comptent pas toutes lespersonnes directement employées par les personnes âgées - parl’usage des chèques emploi service - à qui on applique que trèsrarement la convention des gens de maison.C’est dans ce secteur que Borloo prévoit la création de 500 000emplois sur 5 ans. Bonjour la précarité.

Pour l’animation

Les centres sociaux, 1200 employeurs, 50 000 salariésA part cet élément il est très difficile d’avoir des chiffres sinon quecela représente plus de 100 000 salariés.

Ce secteur est très morcelé avec des contrats très précaires et trèspartiels sur certaines périodes de l’année. On a d’ailleurs inventéle CDII : Contrat à durée indéterminée intermittent !

Quelques chiffres

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e 22 décembre dernier, l’ac-cord pour l’assurance-chô-mage était conclu et trois or-ganisations patronales et trois

confédérations syndicales CFDT, CFTC,CGC signaient la convention. Ni FO ni laCGT n’ont accepté de la ratifier. Cette con-vention s’applique aux personnes per-

dant leur emploi à compter du 1er janvier2006. Cette convention injuste fera écono-miser 2,4 milliard d’euros en 3 ans. Maisdeux tiers de cette somme va peser sur lessalariés et les chômeurs et chômeuses (untiers sur les salariés en poste par la haussede leurs cotisations 0,04%), un tiers surles chômeurs et chômeuses par la plusgrande difficulté à accéder à leurs droitsd’indemnisation. Le dernier tiers sera portépar les entreprises qui verront leurs coti-sations Unédic augmentées du même tauxque pour les salariés soit 0,04%. Cetteaccord Unédic aggrave la situation des pri-vés d’emploi et va continuer à augmenterl’exclusion sociale et la précarisation desemplois. Les droits à l’indemnisation sontencore réduits et les conditions d’accès sontdurcies. Les salariés devront travailler pluspour être indemnisés moins longtemps s’ilssont privés de leur emploi. Ce qui va chan-ger pour les chômeurs, en fonction de l’ac-tivité précédant le chômage :

- la filière A qui donne droit à 7 mois d’allo-cation après 6 mois de travail est inchangé- la filière B est sévèrement modifiée. Pourêtre indemnisé 23 mois il faudra désormais16 mois d’activité dans les 26 mois précé-dant la perte d’emploi au lieu de 14 dansles 24 derniers mois.- une nouvelle filière A+ est mise en place.Elle ouvre les droits à 12 mois d’indemni-sation pour 12 mois d’activité dans les 20mois précédant.

Si un chômeur reprend une activité à tempspartiel il pourra conserver une partie deson allocation pendant 15 mois au lieu de18 actuellement. En plus de ces réductionsaux droits, la suspicion touche les privésd’emplois indemnisés. Depuis le 24 décem-bre 2005 un décret permet aux agents du

La renégociation de l’Unédic démarrée le 8 novembre 2005 au siège du Medef avait commeobjectif non dissimulé une nouvelle restriction des droits des chômeurs, accompagnéede renforcements : des mesures de contrôles, des convocations, des sanctions et desradiations. L’argument étant toujours le même depuis des années : le déficit des caissesde l’Unédic. Les négociations portaient sur l’accès aux droits, le taux et la durée del’indemnisation, revus à la baisse évidemment.

Unédic’tat sur les droits des chômeurs

Aline Poupel

L

PAS DE LOGEMENTS, DES TENTES !Dans le faisceau des précarités, celle dulogement joue un rôle prépondérant dansla perte de contact de l’individu avec lasociété. Le problème ne se résout pas encentre d’accueil ou d’hébergement d’ur-gence, les solutions se situent du côté dulogement durable. Le malheur de la mi-sère est de se dissoudre dans la grisailleet de finir par se fondre dans le paysage.En distribuant 250 tentes fin janvier à despersonnes sans domicile de la capitale Mé-decin du Monde a rendu visible une situa-tion.

BOLKESTEIN, LE RETOURLe projet de directive (loi européenne) surla libre circulation des services, diteBolkestein, continue son avancée. Cettedirective organise le dumping social, uneremise en cause de la culture, un abaisse-ment des normes environnemetales et desanté publique. C’est pourquoi l’union syn-dicale Solidaires participera à la manifes-tation européenne samedi 11 février à Stras-bourg. Le projet sera débattu en premièrelecture au parlement européen, mardi 14février à Strasbourg, jour d’appel à la ma-nifestation de la Confédération Européennedes Syndicats : Solidaires répondra éga-lement présent.

brèvesMinistère du Travail de demander des do-cuments fiscaux à certains chômeurs pour«lutter contre la fraude». La dernière étapede la nouvelle convention reste la signa-ture d’une convention tripartite UNEDIC-ETAT - ANPE pour finaliser le rapproche-ment ASSEDIC-ANPE. Cela aboutira à undossier unique du chômeur avec guichetunique et service informatique commun quiverra la création des maisons de l’emploi àla sauce Boorlo, dès le printemps.Enfin, la CGC qui a décidé de signer l’ac-cord l’a fait sur la base de la refonte dusystème d’assurance chômage.

A ce jour aucune date n’est prévue pourentamer ce travail. Les associations dechômeurs particulièrement concernées de-mandent à y participer. Aujourd’hui aucuneassurance ne leur est donné alors mêmeque les chômeurs et les chômeuses sontles premières victimes de choix économi-ques qui favorisent la précarisation géné-ralisée des emplois et la baisse des salai-res.

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société 11

e rédacteur n’a rien changédu projet initial. Chacun(e),restant responsable de sonétat, jeune, précaire, chômeur

immigré, etc… serait bien avisé de repren-dre conscience de ses devoirs. Il refusel’approche sociale et économique et ren-force le répressif et le contrôle social : aidefinancière à la mise en place de la vidéosurveillance, responsabilisation des mau-vais parents avec suppression des alloca-tions familiales et possibilités d’amendes,dépistage précoce des comportementsdéviants.Un rapport de l’INSERM pond une étudesur les troubles de conduites chez l’enfantbasé sur une classification psychiatriqueaméricaine. Il préconise un dépistage sys-tématique et propose de la thérapiecomportementaliste et médicamenteuse ; ilne faudrait pas oublier les laboratoires.La police et la gendarmerie sont maîtred’œuvre dans tous les compartiments del’action éducative : module de formation surla délinquance sous leurs responsabilités,présence des travailleurs sociaux, desassistants sociaux et des psychologuesdans les commissariats (mais où va-t-onmettre les flics ?)

Un mauvais feuilleton oùsécuritaire rime avec totalitaire

Nous ne l’espérions pas mais il nous est revenu, peaufiné à souhait, le plan Sarkozy surla prévention de la délinquance. Fin 2003, les élus UMP nous affirmaient que nos ques-tionnements étaient de pures affabulations. Deux ans et quelques (affligeants) rapportsparlementaires après, le ministre de l’intérieur propose un plan au gouvernement endécembre. Notre premier flic veut faire vite, même si son rythme ne correspond pas auplanning de Villepin. Avant les élections ça va éclabousser dans la surenchère sécurité/contrôle social.

Le maire par la grâce du texte devient unsuper officier de police administrative. Il ob-tient l’onction de professionnel de la pré-vention. Il coordonnera, sévira, prévien-dra grâce à la diligence de tous les servi-ces et à la mise en place du secret par-tagé, cette brillante idée toujours dans lestuyaux.Tout le monde sera mis à contribution etl’on pourra ainsi distribuer sanctions et gra-tifications au mérite (voir la discriminationpositive). Nous sommes loin de l’accès auxdroits. Tout se mérite.

Le « bienfaiteur » nous a tout de mêmeactualisé des propositions sur les violen-ces conjugales , les représentations por-nographiques. Cela paraît justifié mais n’esten fait qu’ un peu de supplément d’âme,une vitrine qui permettra à certains d’ac-cepter le plan. Par contre la psychiatrien’est pas oubliée. Là aussi, le maire inter-vient dans l’hospitalisation d’office, la ges-tion des fugues traitées sans doute avectrop de laxisme.Evidemment la composante judiciaire dutexte s’amplifie, entre autre le mineur entre13 et 16 ans verra sa responsabilité pé-nale renforcée, c’est la fin de l’ordonnance

de 45 dans son esprit. Quant aux répon-ses pénales aux violences urbaines, réap-paraît la responsabilité collective commeau bon vieux temps de la loi anti casseur.Il est temps d’arrêter ce film catastrophe, larésistance et l’action s’imposent.

L

Fabienne Binot & Maurice Aubry

MANIFESTATION NATIONALEle 22 MARS 2006pour DIRE NON

au CASIER SOCIAL

brèvesVOL DE CORBEAUX sur TOULOUSELa caisse d’allocations Familiales reçoit 500lettres de délation par an pour dénoncerdes familles percevant des prestations in-dues à leur avis. La directrice annonce enpublic que la CAF s’appuie sur ces cour-riers pour diligenter ses contrôles.Celarappelle d’autre temps et Sarkozy a del’avenir.

Y’A D’LA JOIE !Brian Moss, professeur de botanique àl’université de Liverpool avance une solu-tion au problème soulevé par la présenced’azote réactif : «Il s’agit de renoncer pu-rement et simplement à notre société deconsommation... On y sera forcé sous leseffets combinés des changements clima-tiques, de la fin du pétrole, de la démo

graphie galopante, du problème des ré-fugiés économiques et environnementaux.Si vous avez aujourd’hui moins de 30 ans,et peut-être même moins de 40 ans, jepense que vous devez vous préparer àtraverser des moments difficiles».(Courrier international du 27/1)

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LE GOÛT DE L’ACTION COLLECTIVEC’est une autre façon de vivre les structures interprofessionnelles : en ce sens, l’Union syndicaleSolidaires entend participer à la rénovation dusyndicalisme pour redonner aux salariés le goût del’action collective. L’Union syndicale Solidaires al’ambition de favoriser l’unité d’action et lesconvergences avec toutes les forces syndicales quis’opposent au libéralisme. Cela doit passer par desdébats ouverts, à tous les niveaux, partant despréoccupations et des revendications destravailleur(se)s. « Un syndicalisme de terrain, deproposition et d’action est un élément déterminantpour améliorer la situation au quotidien et pourparticiper à l’élaboration d’une autre logiqueéconomique et sociale mettant fin au libéralisme. »Défendre efficacement les travailleurs, c’est agir surl’ensemble des facteurs qui déterminent leursconditions d’existence et favoriser la construction derapports de forces aptes à imposer d’autres choixéconomiques et sociaux favorables aux salariés,chômeurs, précaires...Agir localement contre les décisions patronales ougouvernementales ne peut suffire si, dans le mêmetemps, rien n’est fait pour s’attaquer aux causespremières qui font que ces décisions sont prises. Cesyndicalisme ne s’arrête pas à la porte des lieux detravail et s’inscrit pleinement dans un mouvement derésistance altermondialiste, dont l’importance et l’impactont déjà permis d’ouvrir des brèches dans l’idéologielibérale.

L’Union syndicale Solidaires, s’est constituéele 10 décembre 1981 à partir de dix syndicatsautonomes, non-confédérés. En 1991 et 1992,à la suite d’exclusions de la CFDT, Sud PTTet Sud Santé-Sociaux (CRC à l’époque) rejoi-gnent ce qui s’appelle encore le groupe desdix. Solidaires regroupe actuellement qua-rante-deux fédérations ou syndicats natio-naux. Elle est présente dans près de quatre-vingts départements à travers des structuresinterprofessionnelles locales. Les syndicatsmembres appartiennent à des secteurs pro-fessionnels très divers relevant aussi bien dusecteur public que du secteur privé : aérien,banques et finances, culture, éducation, éner-gie, industrie, métallurgie, Poste et télécom-munication, rail, recherche, santé...Aujourd’hui, Solidaires est la première orga-nisation syndicale dans un certain nombred’établissements, d’entreprises, de services,d’administrations, de ministères...

Mieux connaître

Thierry Lescantprésentation

UN FONCTIONNEMENT ORIGINALCette union interprofessionnelle, qui compte actuellement près de 90 000 adhérents, met enœuvre un fonctionnement original basé sur la recherche constante de ce qui unit plutôt que dece qui divise. Il s’agit de mieux s’organiser pour mieux agir ensemble et éviter les phénomènesd’institutionnalisation, de délégation de pouvoir, d’experts, de superstructures que connaissenttrop souvent les grandes confédérations. Ainsi, lors des votes, chaque organisation membre,quelle que soit sa taille, dispose d’une seule voix et peut exercer un droit de veto motivé. C’estune autre façon de vivre les structures interprofessionnelles. En ce sens, Solidaires à l’ambitionde contribuer à répondre à la crise du syndicalisme et de participer à sa rénovation pourredonner aux salariés le goût de l’action collective.Des clivages importants existent dans le mouvement syndical français. Solidaires entendmettre en œuvre un syndicalisme de contre-pouvoir qui lie défense quotidienne des salariéset transformation de la société, pour la construction de réels rapports de forces pour contrer lespolitiques libérales, pour la mise en œuvre de projets alternatifs favorables aux salariés,chômeurs, précaires, pauvres...Afin de participer à la construction d’un pôle social alternatif qui puisse être efficace contre lelibéralisme, Solidaires poursuit un travail « en réseau » avec les associations et mouvementscitoyens impliqués dans ce même combat. A ce titre, Solidaires est parmi les membres fondateursd’ATTAC, participe à la Coordination de la marche mondiale des femmes, est engagé dans leréseau des Marches européennes contre le chômage, la précarité et les exclusions, s’investitpleinement dans des initiatives tels les Forum sociaux...

LES PRIORITES DE SOLIDAIRESLa France est la quatrième puissance économique mondiale. Les richesses produites augmententet, pourtant, les inégalités s’y développent. Les politiques libérales qui se succèdent ont pourconséquences un développement massif du nombre de chômeur(se)s, de précaires, etl’accroissement de la pauvreté et de l’exclusion. Solidaires exige la mise en œuvre de politiqueséconomique, fiscale, sociale... qui rompent avec ces orientations. Cette exigence se pose auplan européen comme au plan mondial, ce qui justifie l’engagement de Solidaires dans lemouvement altermondialiste. Pour le service public, Solidaires dénonce - alors que lacohésion sociale et l’accès de tous les citoyens aux mêmes prestations sont menacés - la remiseen cause des services publics. L es parties les plus rentables sont convoitées par les puissancesfinancières et les services de qualité ne seraient accessibles qu’aux couches les plus aisées dela société. Solidaires défend les services publics comme outils d’un partage du progrès et delutte pour l’emploi, leur rénovation pour notamment en assurer un fonctionnement plusdémocratique, la garantie pour les salariés de ces entreprises de conserver leurs acquissociaux...Pour les droits sociaux, Solidaires dénonce les politiques menées en matièrede protection sociale, la remise en cause de tous les principes de solidarité. Solidaires défendle droit pour tout être humain à bénéficier d’un accès égalitaire aux soins de qualité, un systèmede retraites basé sur la répartition, au sein duquel les salariés ne soient plus condamnés àcotiser plus longtemps pour toucher moins et moins longtemps, une augmentation forte dessalaires, du SMIC et des minima sociaux…Pour l’emploi, Solidaires dénonce - alors queles plans sociaux se multiplient et que le nombre de précaires ne cesse de croître - les politiqueslibérales menées de concert par le gouvernement et le Medef visant à donner toujours plus dedroits aux patrons et à casser toujours plus ceux des salariés. Politiques qui s’avèrent chaquejour plus désastreuses, socialement et humainement. Solidaires défend le droit à un emploistable et correctement rémunéré pour toutes et tous, l’interdiction de tout licenciement dans lesentreprises qui réalisent des profits, un statut du salarié qui garantisse la continuité de revenuet des droits sociaux, y compris dans une situation de hors-emploi...

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vie syndicale 13

PRISE DE PAROLEY aurait-il un mode d’expression dans laprise de parole qui serait propre à la gentemasculine ? S’inscrire systématiquement(on pourrait presque faire un copier-collerpour chaque débat), la prendre en prenantle temps de la prendre, en argumentant eten contre- argumentant et en répétant, enmieux bien sûr, tout ce que les autres ontdéjà dit. La réalité c’est que la plupart d’entrenous (les femmes) on reste scotchées oualors il faudrait que l’on devienne de vraismecs et ça on n’y tient pas… et vous nonplus sans doute ! Alors que faire ? Le débat,la réflexion pour une vraie alternative quisoit aussi féministe est ouverte.

DEFINITION DE LA VIOLENCEL’Organisation Mondial de la Santé définitla violence de la façon suivante : «Usagedélibéré ou menace d’usage délibéré dela force physique ou de la puissance con-tre soi-même, contre une autre personneou contre un groupe ou une communauté,qui entraîne ou risque fort d’entraîner untraumatisme, un décès, un dommage mo-ral, un mal développement ou une ca-rence». Le Bureau International du Tra-vail quant à lui propose la définition sui-vante : «Toute action, tout incident ou toutcomportement qui s’écarte d’une attituderaisonnable par lesquels une personne estattaquée, menacée, lésée ou blessée,dans le cadre ou du fait direct de son tra-vail». C’est quoi le «raisonnable» d’unemployeur ?

brèves

Hôpital de Bassens, seul hôpital psychiatrique publicen Savoie. Avec les secteurs adultes et enfants et plusde 800 salariés, il couvre tout le département. La CGTy est largement majoritaire, FO et une CFDT affaiblieexistent aussi. C’est la 1ère section du syndicatdépartemental dans le secteur public.

Comment avez vous connu SUD ?Nous avons quitté la CFDT à plusieurs en 2003, pour la plupart des militants avecdes mandats, écœurés par la position de Chérèque sur la réforme de retraites deFillon. Nous défilions dans les manifestations avec le D de CFDT barré. La goutted’eau qui a fait déborder le vase a été la leçon de morale que nous ont infligée desmembres du syndicat départemental CFDT sur le thème « l’autogestion, l’anti G8,c’est bien joli mais il faut grandir ». Nous avons rencontré SUD Santé Sociauxdans les manifs. SUD Solidaires nous a séduit par le dynamisme mais aussi,après plusieurs discussions, par une vision du monde, l’ouverture à desproblématiques dépassant le cadre d’un syndicalisme rabougri, exclusivementcentré sur les questions catégorielles, même s’il faut aussi s’en préoccuper. Assezvite, trois d’entre nous ont adhéré à SUD et allaient aux réunions du syndicatdépartemental.Et la création de la section sur Bassens ?Cela a mis du temps pour mûrir. Plusieurs étaient d’accord pour adhérer àcondition que ce soit sur l’hôpital. Et puis, il est important d’avoir un cadre collectif,pour tisser du lien, faire bouger les choses collectivement. Au printemps 2005, lasève a monté et après quelques mois de gestation, la naissance de la section a eulieu à l’automne. Au début, la direction a bien essayé de nous balader un peu.Nous y sommes allés à quatre pour bien montrer que nous étions un groupe et,finalement, elle n’a pas fait trop d’histoires. Il nous manque encore un local pourdes raisons soi-disant techniques. Nous avions aussi averti de notre intention lessyndicats CGT et FO de l’hôpital. La section compte une dizaine d’adhérents et adistribué avec la CGT son 1er tract, celui du collectif contre le projet de loi deprévention de la délinquance, auquel nous participons. Malgré la dispersiongéographique du fait de l’extrahospitalier, nous nous réunissons une fois par moiset nous participons aussi au syndicat départemental et à Solidaires.Avez-vous choisi des thèmes de travail ?Nous voulons dénoncer la précarité de l’emploi, notamment au CHS avec lasuccession de CDD qui sert à dresser les salariés, pour leur faire accepter laprécarité. Pour le même boulot, les inégalités de statut sont insupportables. Nousvoulons faire un travail sur le plan hôpital 2007, ses accointances avec la réformede la CC66. Il y a aussi les conditions de vie et de soins au CHS. Par exemple,l’hôpital accueille des «taulards», sur injonction du préfet, dans des conditionsdéplorables car il n’est pas adapté à cela. Autre exemple, avec le dossier médicaldu malade et d’autres mesures, on a l’impression que ce n’est plus le patient quiest au centre de l’hôpital mais la gestion. Il y a un pas à faire, difficile, pour que lepersonnel, fatigué, énervé et déprimé, retrouve le sens du collectif sur la finalitédu soin, pour que la pensée retrouve droit de cité à l’hôpital. Une campagne pourle tri sélectif à l’hôpital fait enfin partie de nos projets.

Naissance d’une sectionsyndicale en Savoie

propos recueillis par Eric Moglioniauprès de Martine, Bernard, Danielle, Nathalie, Pascale, Bernard et Philippe.

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vie syndicale14

our se mettre en jambe, c’estdonc par un tour de Francedes syndicats départemen-taux que les conseillers fédé-

raux ont entamé ces deux jours. Histoirede faire le point sur les perspectives dedéveloppement, les difficultés, les quel-ques situations où un certain « flottement »interroge et peut inquiéter. L’occasion derelever un développement fédéral à plu-sieurs vitesses suivant les départements,les régions. Pour un meilleur suivi deséquipes et apporter l’aide souhaitée, leconseil a désigné des référents par zonegéographique composés d’un membre dusecrétariat fédéral et d’un membre de lacommission exécutive.Le conseil fédéral a fait le point sur les com-missions fédérales et les groupes de

travail plus ponctuels d’envergure natio-nale (ex. formation aide soignante). Le con-seil a réaffirmé le rôle des commissions quin’ont pas de pouvoir décisionnel mais unemission de réflexion et d’élaboration pouralimenter les débats et les décisions duConseil fédéral (qui est, rappelons-le, laseule instance politique décisionnelle horscongrès). Au total 13 commissions existentau sein de la fédé : la commission trésore-rie ( tous les trésoriers départementaux),les commissions juridique et formation syn-dicale (adhérent-es élu-es par le CF avecmandat du syndicat départemental). Lacommission sanitaire et la commission so-ciale, réunies autour des grandes problé-matiques communes (ainsi le sanitaire re-groupe le FPH, le privé lucratif et le sec-teur non lucratif), les 4 commissions liéesaux branches : UNIFED, BAD, Privé lu-cratif et FPH, les 2 commissions liées à unsecteur ou une profession: commissionsoignante et commission psychiatrie. En-fin, 2 commissions transversales: commis-sion régression sociale et droit des fem-mes et commission formation profession-nelle (nouvelle commission). Des groupesde travail réguliers fonctionnent aussi ausein de la fédé : CLCC, Psychologues,Transfusion, CGOS, ANFH. Conformémentà la décision du congrès, un calendrierannuel est mis en place pour le travail descommissions. A noter que le CF a procédéà l’élection des membres de la commissionjuridique.

Toujours sur les questions de fonctionne-ment le CF a voté à l’unanimité le soutienfinancier pour la défense d’un militant syn-dical victime de harcèlement et de répres-sion (Côtes d’Armor) et a procédé à ladésignation de deux membres à la Com-mission Exécutive fédérale.

Sur le terrain revendicatif l’ordre du jourdu CF était une fois encore chargé. Unelarge place à été consacrée aux mobilisa-tions à venir notamment celles du 2 février(salaires fonction publique) et du 7 février( contre le Contrat Première Embauche).

Sur ce point, le Conseil fédéral a décidéde proposer l’appel à la grève au sein deSolidaires. Les politiques sécuritaires ontde nouveau fait l’objet d’un examen au tra-vers du Collectif National Unitaire et de lamobilisation prévue le 22 mars à l’adressedes professionnels et des usagers. (outrele matériel unitaire, la fédération mettra enplace son propre matériel de mobilisation.)

L’actualité étant ce qu’elle est, c’est au coursdu CF que le projet d’Ordre profession-nel infirmier a été provisoirement re-poussé. Pour le CF, pas question de bais-ser la garde, le lobby des associations d’in-firmières porteuses du projet n’ayant pasl’intention de désarmer.C‘est aussi au cours du CF que le Minis-tère a dévoilé les axes des négociationsprévues au sein de la fonction publi-que hospitalière (dialogue social, em-ploi, formation, GPEC, conditions et orga-nisation du travail à l’hôpital et mesuresstatutaires). Sans tarder, le CF a décidéd’une réunion de travail pour élaborer laréplique à ce qui apparaît à première lec-ture comme la continuité directe du planhôpital 2007 (plan hôpital 2012…).La VAE et la réforme des étudesd’aides soignants ont fait l’objet d’undébat. Pour la formation des AS, le groupede travail a élaboré un dossier adressé àchaque syndicat départemental, un tractcomparatif entre l’ancienne et la nouvelleformation est également disponible.

Outre un tour de France sur le dévelop-pement fédéral, le CF a aussi été l’occa-sion d’un petit tour du monde revendicatif:Strasbourg avec la mobilisation contre ladirective Bolkeistein (200 places detrain réservées par Solidaires), Bamako(Mali), Caracas (Venezuela) et Karachi(Pakistan) pour les forums sociaux mon-diaux et Athènes pour le forum socialeuropéen.Le compte rendu détaillé du Conseil Fé-déral est disponible auprès des syndicatsdépartementaux.

Le Conseil Fédéral a tenu sa première réunion de 2006 les 26 et 27 janvier. Juste équilibredans l’ordre du jour de ce conseil : une journée pour la politique revendicative, les mobi-lisations nationales et internationales et les dossiers en cours, une journée centrée sur lefonctionnement de la fédération.

Conseil fédéral, le juste équilibre...

P

Jean-Louis Rotter

BOURSE DU TRAVAIL DE PARIS,‘TEMPLE’ DE LA CLASSE OUVRIEREUne première installation se fit, le 3 février1887, dans les locaux du bal de la re-doute, où elle resta jusqu’en 1892. L’édifi-cation du lieu actuel était une question deprestige pour le Gouvernement à la veilledu centenaire de la révolution et de l’Ex-position Universelle de 1889. Dans le dis-cours inaugural du 22 mai 1892, la Boursedu Travail fut présentée comme « l’instru-ment de la pacification sociale devant ap-porter la paix universelles à tous les tra-vailleurs internationaux ». Ceci fut decourte durée : un conflit entre le gouver-nement et certains syndicats entraîna deviolentes manifestations le 1er mai 1893. LaBourse du Travail fut fermée le 6 juillet etl’armée occupa le bâtiment. Une « contreBourse » s’installa à côté, jusqu’à la réou-verture le 11 avril 1896. A partir de cettedate, va s’établir une réelle distinction en-tre 2 organisations, la Bourse du Travail etl’Union des syndicats. (Extraits de la brochure réaliséepar la Commission Administrative)

brèves

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international 15

e FSM s’est tenu autour dequelques 600 séminaires etateliers répartis sur 11 sitesde la ville. Plusieurs grands

thèmes ont traversés les débats :l’immigration, les luttes sociales en Afriqueet ailleurs, les femmes...La question des migrations prend denouvelles proportions avec son traitementodieux par l’Union Européenne encollaboration avec les pays africains«frontaliers». Elle entretien un climat deracisme et de stigmatisation de l’immigrépar la plupart des gouvernementseuropéens et notamment l’Italie et la France.Ce 28 janvier, à Bamako, s’est créée“l’association malienne des sans papiersexpulsés” ayant pour objectif de les aider,qu’ils viennent de France ou d’autres pays,de leur permettre de se mobiliser. Cesdernières années, les expulsés seretrouvaient seuls et éparpillés. Ilsrevendiquent leur retour et interviennentauprès des ambassades, notamment celle de France, pour lutter contre les politiquesde blocage ou de sélection des visas.

Plusieur centaines de paysans, femmes ethommes, sont en lutte contre «l’Office duNiger», institution post coloniale qui pratiqueune politique de corruption et de spoliationdes terres et de l’eau, privant de leursressources vitales des dizaines d’entre eux.Les ouvriers des mines d’or sont, quant àeux, victimes d’une répression farouchede la SOMADEX, filiale française deBOUYGUES, qui exploite les mines avecla multinationale sud africaine RANDGOLD.Elle a falsifié des contrats de travail, licencié311 mineurs et porté plainte contre des“meneurs” de grève, provoquantl’incarcération de 33 d’entre eux, dont 9sont toujours en prison, sans jugement,

depuis août 2005. Des centaines decheminots subissent de leur côté lesconséquences de la privatisation du railmalien qui a, là aussi, entraîné des vaguesde licenciement dont celui de TiécouraTraoré, président du COCIDIRAIL, collectifcréé en 2003 pour lutter contre cesexactions. Les luttes s’organisent pourl’égalité des droits à la terre, l’eau, au travail,à la santé, à la liberté de circuler...Les femmes sont en première ligne quandil s’agit de travailler pour la subsistance deleur communauté, panser les plaies desvictimes des conflits. A travers de multiplesassociations, les femmes sont en lutte contreles violences sexistes, les coutumespatriarcales et leur corollaire d’injustice etde souffrances (mariages forcés, mutilationssexuelles...).

Solidaires a fait le choix de privilégier cepremier FSM en Afrique en envoyant 2membres du secrétariat national, 2 militantsde Sud PTT et un, originaire du Mali, deSud Michelin. Au delà de la participationaux différents séminaires, la délégationSolidaires a pu mettre à profit ces quelquesjours pour rencontrer différentssyndicalistes africains et tisser des liensd’échange et de solidarité que nousentendons faire perdurer bien au delà decet évènement. L’accueil des Maliens futlargement à la hauteur de sa réputationde convivialité. Le FSM de Bamakolaissera probablement dans la durée destraces profondes quant à l’indispensableconstruction de passerelles solides entreles luttes d’ici et là-bas, partageant entre

Digné we re be se ka ke !(*)

L’Afrique accueillait pour la première fois le ForumSocial Mondial à Bamako au Mali. Pour les participantsce fut un événement de première importance sur cetteterre africaine meurtrie par tout ce que l’humanité aproduit de pire. Ce fut l’occasion de dénoncer lesconséquences en Afrique comme partout ailleurs despolitiques libérales et néo-coloniales engendrées parla globalisation des échanges commerciaux, sous lesauspices des grandes puissances et des instancesinternationales. (*) “un autre monde est possible” en BambaraC

Thierry Lescant

elles le même objectif : combattre lapauvreté, la précarité et les exclusions pardelà les frontières, les forteresses, lesbarbelés et les miradors de la barbariecolonialiste.

COUPE DU MONDE : TIRS AU BUTLe foot et le sexe iraient-ils bien ensemble,comme le prétend Norman Jacob qui réa-lise l’ouverture d’un méga bordel à proxi-mité du stade de Berlin ? Idée cohérenteavec la conception du sport exaltant tousles archaïsmes primaires des rapports do-minant/dominé, le tout dans une logiquede profits poussée à son paroxysme. A laseule différence, c’est qu’il ne s’agit plus dela vente de produits dérivés, mais du corpsdes femmes. Aucune ambiguïté, c’est bienla demande qui suscite l’offre, mais à quelprix pour celles qui servent de chair à pâ-tée, avec l’espoir d’un avenir meilleur quipourrait les sortir de leur misère, de leursdésillusions, entretenu par le projet qu’el-les négocieront leur service directementavec les clients, après s’être seulementacquittées d’un droit de pass(age) ! Lecorps n’est pas une marchandise, réagis-sons et signons massivement la pétition.(http://catwepetition.ouvaton.org)

brèves

- numéro 03

Page 16: nouvelle formule du journal «offensive syndicale» · 2016. 6. 8. · nouvelle formule du journal «offensive syndicale» / Numéro de CPPAP : 2472 D 735 Directrice de publication

culture & plaisir

sorte que la voix de Catherine Ribeiro »cettevoix venue du fond de mes enfers » viennede nouveaux faire frissonner et tourmenternos espérances.

*titre d’une de ses chansons

Parôles & musique

‘esprit de cette page culture sevoulant lui aussi différent, vousn’y trouverez pas ce que vouspouvez lire dans vos journaux

habituels ou dans des émissions peu ouprou formatées. Nous privilégions l’explo-ration, la découverte, la mise en lumière

des talents inconnus,non médiatisés ououbliés. C’est affaire deflâneries curieuses,d’arrêts sur image maisaussi de retours sur sespas parfois. Nous vousen proposons un dansce numéro à l’occasion

de la sortie d’un coffret de quatre cd deCatherine Ribeiro.Celle ci est à mes yeuxune artiste exceptionnelle.Ce coffret per-met de retracer son parcours, depuis lemilieu des années soixantes jusqu’aux an-nées quatre-vingts.A son écoute on sent se déployer progres-sivement une voix, sa montée enpuissance

mue par une sensibilité à fleur de chair etde peau, une révolte qui entre en réson-nance avec les luttes des années soixante-dix.C’est cette alchimie boulversante, cettematière pétrie d’émotion portée à incandes-cence dans ses longs psaumes où alter-nent incantations, murmures, mots de com-bats et de caresses, cris étranglés... Ex-ceptionnelle et révolutionnaire, sur le fondcomme sur la forme.Aucune radio ne serisquait à diffuser des « chansons » quipouvaient parfois durer quinze minutes.

Il faut également parler du groupe Alpesqui l’accompagnait alors, de ce son si par-ticulier, des nouveaux instruments créés parPatrice Moullet. Comme d’autres, au milieudes années quatre vingts,Catherine Ribeirofut peu à peu oubliée malgré quelques re-tours sur scène. L’air du temps avait changéet cette injustice allait s’ajouter à tant d’autres.Aujourd’hui est une autre période. Les feuxdes combats nouveaux, encore vacillants,réchauffent ce monde glacé. Faisons en

(Re)découvrir une «âme debout»*, Catherine Ribeiro

Claude Carrey

L

coffret 4 cd - éditions Mercury France - 52 euros

‘est le titre d’un livre de Jean-Paul Besset qui fut journaliste àPolitis puis au Monde. Le titrese lit sans point d’interrogation

car ce livre est un cri.Un hurlement pour-rait-on dire sans exagérer mais un hurle-ment maitrisé, travaillé, étayé. Jean-PaulBesset on le sent, veut nous secouer, nousréveiller, bousculer la croyance en un pro-grès infini, déchirer les consensus d’origi-nes et de natures diverses qui entourent cedogme. Tous les voyants sont au rouge :raréfaction des réserves fossiles, atteintesau vivant sous toutes ses formes, pénuriesà venir, maladies émergentes, pollutions entout genre... Et pourtant on continue. Lacroissance ! Certains l’invoquent, d’autresla prédisent, d’autres encore la souhaitent

Livr

e

Comment ne plus être progressiste...sans devenir réactionnaire

à 2,5%, à 4%, la voudraient durable, so-ciale... Tous communient autour de la déessesans qu’à aucun moment on ne s’interrogesur ses finalités.Débat qui a parfois été posé dans le mou-vement syndical et qui devient aujourd’huid’une brulante nécessité : faut-il produiren’importe quoi, n’importe comment pour faire«tourner la machine» et assurer ainsi lesconditions du «progrès social»?

Jean-Paul Besset questionne cet autredogme, le progrès, non pour nier ses ap-ports mais pour se livrer à la critique d’unedynamique qui ne connaitrait aucune limite,avec les effets dévastateurs qu’une telle lo-gique implique. Il a parfois la dent dure (con-tre les altermondialistes par exemple) mais

il faut bien reconnaître que le mouvementouvrier, dans la pluralité de ses courants, apendant longtemps et continue encore pourune large part à souscrire à une vision del’avenir soumise au productivisme.

On est pas obligé de suivre Jean-PaulBesset sur l’ensemble des points qu’il ex-pose. Reste que son livre écrit dans unstyle alerte, clair et sans emphase est à lirede toute urgence. En conclusion et commedisait François Béranger à la fin d’une deses chanson* «c’que j’vous en dit faites ence que vous voulez mais faites le !»

*Blues parlé du syndicat

CJean-Paul Besset - éditions Fayard - 19 euros

Claude Carrey

- numéro 03