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LES ECHOS QUOTIDIENS 25/8/2011 Offensive des banques dans les pays d'accueil Les établissements bancaires marocains ne sont plus les seuls à courtiser les MRE • Les sociétés de transferts d'argent sont trop chères L'aide familiale s'accapare 45% des transferts des expatriés D e seulement 15,57 milliards de DH en 1974 à plus de 54 milliards en 20ID, le volume des transferts des MRE a plus que triplé en trois dé- cennies. A fin juin, les transferts des marocains non résidents ont en effet, progressé, en glissement annuel de 7.1% pour atteindre 26,7 milliards de DH. C'est toujours la France premier pays d'accueil qui se classe en tête l'année dernière avec plus de 22, l milliards de DH contre plus de 20 milliards en 2009, soit une huassede9A2 pour cent Ter - riblement touché par la crise les transferts des MRE en Es- pagne (5, 43milliards de DH en 20ID contre 5,94 milliards en 2009) et en Italie (5.4 milliards l'année dernière contre accusent plus de 6 milliards un an auparavant) un repli res- pectivement de 8,48 et ID,19 pour cent. À la quatrième place on trouve les transferts provenant des Etats-Unis qui réalisent une progression de 17,46 pour cent passant de 2,5 milliards de DH en 2009 à 2, milliards en 2010. Cependant, même si les transferts ont enregistré une reprise en 20ID, il n'en reste pas moins que depuis quelques années déjà on remarque un début d'essoufflement. Plusieurs facteurs sont à prendre en considération à ce niveau. C'est le cas no- tamment des crises économiques qui rangent périodique- ment les pays d'accueil. L'évolution de la démographie et le changement des habitudes agissent également sur les flux des transferts (les nouvelles générations sont plus at- tachées à leur pays d'accueils que les anciennes). Les virements bancaires dominent toujours S'agissant des modes de transfert dont le volume est en pro- gression de 7, 8 pour cent en 2010, les virements bancaires dominent toujours (près de 70%). Leur volume a atteint plus de 40,40 milliards de DH en 2010 contre 36,41 en 2009. lis sont suivis par les chèques hmcaires (12,5 millirds de DH) et les virements par poste (IO milliards de DH). Cette performance trouve son explication dans l'extension du ré- seau bancaire et les politiques marketings et de fidélisation des banques. Selon un rapport du ministère chargé des relatif à la mobilisation de l'épargne et de l'investisse- ment des expatriés. Ces viremenlts restent accaparés par les trois seules banques disposant d'un agrément pour opérer dans les pays d'accueil des MRE Il s'agit de la Banque Popu- laire, AttijariWafabank et la BMCE. Aujourd'hui, les fonds MRE sont devenus pour les banques un enjeu stratégique de survie et une source de financement irremplaçable. AUssi les opérations de transfert sont-elles devenues un pro- duit d'appel destiné à attirer l'épargne à moyen et long termes des MRE. «Consdent de oet enjeu stratégique le secteur bancaire s'est investi depuis quelques années déjà très tôt dans la bancarisation des MRE et a développé un marrhé des transferts de fonds mature et concurrentieb > , souligne le rapport du mi- nistère chargé des MRE. Or ces marchés souffrent toujours d'un taux de bancarisation faible, principalement parmi les couches populaires grosses destinatrices des transferts des MRE. Ce constat se vérifie au niveau des dépôts qui sont concentrés sur trois régions à savoir,l'Oriental, Casablanca et Tanger -Tétouan. «Des régions qui ne sont pas forrément les plus grandes régions émettrices de migrants. Ced fait poser la question de savoir comment établir des passerelles pourfaire pro- fiter l es régions émettrices de migrants, des transferts finanders de ces derniers 7», note le rapport Avec le développement de la Banque Postale, qui s'appuiera sur le au réseau dense de Barid Al Maghrib,le taux de bancarisation au Maroc devrait progresser plus rapidement notamment dans les régions non couvertes par le réseau bancaire traditionnel. Des zones qui abritent le plus souvent les bénéficiaires des transferts de fonds des MRE. Des comptes chèques sans rémunération Pour toucher le maximum de clients MRE, les banques ont développé deux mode d'emploi. Soit elles adoptent des stra- tégies d'implantations de représentations directes, soit elles concluent des accords de partenariat avec les banques dans les pays d'accueil. Elles s'appuient également sur des pro- duits destinées aux MRE qui concernent aussi bien des coûts des transferts que multiples de prestations complé- mentaires (assurance, immobilier, placement...). Cepen- dant, les banques marocaines ne sont pas les seules à cour- tiser les MRE. Depuis quelques temps déjà les banques des pays d'accueil ont compris qu'elles pouvaient elles aussi profiter de cette manne. Elles sont aujourd'hui de plus en plus agressive et développent d produits destinés à capter localement l'épargne des MRE. Par ailleurs, la répartition des dépôts bancaires des MREsur les différentes catégories de dépôts fait ressortir une domination très nette des comptes chèques. «Ces comptes chèques ne donnent lieu à au- cune rémunération; ils alimentent gradeusement la trésorerie des banques tout en supportant les divers frais liés aux opérations des banques et à la tenue des comptes», note le rapport du minis- tère charge des MRE. Ainsi en 2007 ,les dépôts MRE repré- sentent 30% de l'ensemble des comptes chèques, 31% des dépôts à terme et bons de cajsse, et, plus de 7% dans le total . des comptes d'épargne. Ce qui montre le poids des fonds MRE dans l'équilibre financier des Les sociétés de transferts d'argent trop chères Les banques ne sont pas les seules à assurer le transfert de - fonds des MRE. En effet, le mode opératoire « Cash-to-Cash» représente aujourd'hui environ 30% du marché des trans- ferts de fonds MRE et reste dominé par les sociétés de trans- ferts d'argent Ces sociétés qui sont apparues au milieu des années 90 au Maroc, ont profité du contexte de l'époque, caractérisé par la faible bancarisation des destinataires des transferts, ont développé des services adaptés aux besoins des MRE (rapidité, sécurité et proximité.. ). <<.Au Maroc, ce mode opératoire se distingue par son coût très e7evé (I,sfois plus), en comparaison avec d'autres pays, mais surtout par rapport au montant moyen des transferts. Il opère une ponction non négligea- ble sur le montant des transferts qui peut atteindre jusqu'à 32% du montant transféré», ajoute le rapport L'informel relativement bas Selon une enquête menée en Italie en 2005 près de 46% des transferts passent par des canaux informels. Cepen- dant, une étude plus récente, réalisée par la Banque Afri- caine de Développement (BAD) en 2007, révèle que le Maroc est caractérisé par un taux d'utilisation de l'infor- mel relativement bas en raison principalement des bonnes performances des services bancaires, et de la den- sité du réseau des SIA d'une part; du profil sociologique plus individualiste, d'autre part, des bénéficiaires. Selon

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LES ECHOS QUOTIDIENS 25/8/2011

Offensive des banques dans les pays d'accueil • Les établissements bancaires marocains ne sont plus les seuls à courtiser les MRE • Les sociétés de transferts d'argent sont trop chères • L'aide familiale s'accapare 45% des transferts des expatriés

De seulement 15,57 milliards de DH en 1974 à plus de 54 milliards en 20ID, le volume des transferts des MRE a plus que triplé en trois dé­cennies. A fin juin, les transferts des marocains

non résidents ont en effet, progressé, en glissement annuel de 7.1% pour atteindre 26,7 milliards de DH. C'est toujours la France premier pays d'accueil qui se classe en tête l'année dernière avec plus de 22, l milliards de DH contre plus de 20 milliards en 2009, soit une huassede9A2 pour cent Ter­riblement touché par la crise les transferts des MRE en Es­pagne (5, 43milliards de DH en 20ID contre 5,94 milliards en 2009) et en Italie (5.4 milliards l'année dernière contre accusent plus de 6 milliards un an auparavant) un repli res­pectivement de 8,48 et ID,19 pour cent. À la quatrième place on trouve les transferts provenant des Etats-Unis qui réalisent une progression de 17,46 pour cent passant de 2,5 milliards de DH en 2009 à 2, milliards en 2010. Cependant, même si les transferts ont enregistré une reprise en 20ID, il n'en reste pas moins que depuis quelques années déjà on remarque un début d'essoufflement. Plusieurs facteurs sont à prendre en considération à ce niveau. C'est le cas no­tamment des crises économiques qui rangent périodique­ment les pays d'accueil. L'évolution de la démographie et le changement des habitudes agissent également sur les flux des transferts (les nouvelles générations sont plus at­tachées à leur pays d'accueils que les anciennes).

Les virements bancaires dominent toujours S'agissant des modes de transfert dont le volume est en pro­gression de 7, 8 pour cent en 2010, les virements bancaires dominent toujours (près de 70%). Leur volume a atteint

plus de 40,40 milliards de DH en 2010 contre 36,41 en 2009. lis sont suivis par les chèques hmcaires (12,5 millirds de DH) et les virements par poste (IO milliards de DH). Cette performance trouve son explication dans l'extension du ré­seau bancaire et les politiques marketings et de fidélisation des banques. Selon un rapport du ministère chargé des ~ relatif à la mobilisation de l'épargne et de l'investisse­ment des expatriés. Ces viremenlts restent accaparés par les trois seules banques disposant d'un agrément pour opérer dans les pays d'accueil des MRE Il s'agit de la Banque Popu­laire, AttijariWafabank et la BMCE. Aujourd'hui, les fonds MRE sont devenus pour les banques un enjeu stratégique de survie et une source de financement irremplaçable. AUssi les opérations de transfert sont-elles devenues un pro­duit d'appel destiné à attirer l'épargne à moyen et long termes des MRE. «Consdent de œt enjeu stratégique le secteur bancaire s'est investi depuis quelques années déjà très tôt dans la bancarisation des MRE et a développé un marrhé des transferts de fonds mature et concurrentieb>, souligne le rapport du mi­nistère chargé des MRE. Or ces marchés souffrent toujours d'un taux de bancarisation faible, principalement parmi les couches populaires grosses destinatrices des transferts des MRE. Ce constat se vérifie au niveau des dépôts qui sont concentrés sur trois régions à savoir,l'Oriental, Casablanca et Tanger-Tétouan. «Des régions qui ne sont pas forrément les plus grandes régions émettrices de migrants. Ced fait poser la question de savoir comment établir des passerelles pourfaire pro­fiter les régions émettrices de migrants, des transferts finanders de ces derniers 7», note le rapport Avec le développement de la Banque Postale, qui s'appuiera sur le au réseau dense de Barid Al Maghrib,le taux de bancarisation au Maroc devrait progresser plus rapidement notamment dans les régions

non couvertes par le réseau bancaire traditionnel. Des zones qui abritent le plus souvent les bénéficiaires des transferts de fonds des MRE.

Des comptes chèques sans rémunération Pour toucher le maximum de clients MRE, les banques ont développé deux mode d'emploi. Soit elles adoptent des stra­tégies d'implantations de représentations directes, soit elles concluent des accords de partenariat avec les banques dans les pays d'accueil. Elles s'appuient également sur des pro­duits destinées aux MRE qui concernent aussi bien des coûts des transferts que multiples de prestations complé­mentaires (assurance, immobilier, placement...). Cepen­dant, les banques marocaines ne sont pas les seules à cour­tiser les MRE. Depuis quelques temps déjà les banques des pays d'accueil ont compris qu'elles pouvaient elles aussi profiter de cette manne. Elles sont aujourd'hui de plus en plus agressive et développent d produits destinés à capter localement l'épargne des MRE. Par ailleurs, la répartition des dépôts bancaires des MREsur les différentes catégories de dépôts fait ressortir une domination très nette des comptes chèques. «Ces comptes chèques ne donnent lieu à au­cune rémunération; ils alimentent gradeusement la trésorerie des banques tout en supportant les divers frais liés aux opérations des banques et à la tenue des comptes», note le rapport du minis­tère charge des MRE. Ainsi en 2007 ,les dépôts MRE repré­sentent 30% de l'ensemble des comptes chèques, 31% des dépôts à terme et bons de cajsse, et, plus de 7% dans le total . des comptes d'épargne. Ce qui montre le poids des fonds MRE dans l'équilibre financier des b~ques

Les sociétés de transferts d'argent trop chères Les banques ne sont pas les seules à assurer le transfert de -fonds des MRE. En effet, le mode opératoire «Cash-to-Cash» représente aujourd'hui environ 30% du marché des trans­ferts de fonds MRE et reste dominé par les sociétés de trans­ferts d'argent Ces sociétés qui sont apparues au milieu des années 90 au Maroc, ont profité du contexte de l'époque, caractérisé par la faible bancarisation des destinataires des transferts, ont développé des services adaptés aux besoins des MRE (rapidité, sécurité et proximité .. ). <<.Au Maroc, ce mode opératoire se distingue par son coût très e7evé (I,sfois plus), en comparaison avec d'autres pays, mais surtout par rapport au montant moyen des transferts. Il opère une ponction non négligea­ble sur le montant des transferts qui peut atteindre jusqu'à 32% du montant transféré», ajoute le rapport

L'informel relativement bas Selon une enquête menée en Italie en 2005 près de 46% des transferts passent par des canaux informels. Cepen­dant, une étude plus récente, réalisée par la Banque Afri­caine de Développement (BAD) en 2007, révèle que le Maroc est caractérisé par un taux d'utilisation de l'infor­mel relativement bas en raison principalement des bonnes performances des services bancaires, et de la den­sité du réseau des SIA d'une part; du profil sociologique plus individualiste, d'autre part, des bénéficiaires. Selon

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LES ECHOS QUOTIDIENS 25/8/2011

la même étude, «le niveau de recours au système bancaire lors des transferts semble plutôt lié au comportement bancaire des bénéfidaires et à leur propre taux de bancarisation». Dans le cas du transfert des MRE marocains, se sont les catégories sociales exclues du système bancaire qui sont le plus concernées par l'informel. Quant aux raisons de ce phé­nomène, l'étude de la BAD indique qu'elles sont liées aux écarts de change. «Plus cet écart entre le marché parallèle et le marché offidel est importan~ plus les transferts recourront aux drcuits informels. C'est le cas dans le corridor Europe-Maroc pour les transferts entre l'euro et le dirham où l'écart constaté était de +/ -10%» , souligne l'étude . La rapidité est égale­ment évoquée. En effet, la plus grande partie de ces trans­ferts est réalisée dans l'urgence (80%). A cela, s'ajoute l'ac­cessibilité des guichets, leur couverture géographique et le temps d'attente a y passer. Sans oublier le faible taux de bancarisation et le poids des MRE en situation irrégulière. Bien évidemment c'est l'aide familiale qui s'accapare la part du lion avec plus de 45% des transferts de fonds MRE. Elle est destinée principalement à la consomma-

tion, l'éducation et la santé. Et de ce fait, elle contribue à la réduction de la pauvreté et la lutte contre la précarité. Quant à l'investissement, il est dominé par l'immobilier qui absorbe plus de 41% du montant des transferts contre 14% pour l'investissement direct productif. Au­jourd'hui, la récession économique dans les pays d'ac­cueil des MRE, avec ses conséquences sur la montée du chômage notamment au sein de la communauté maro­caine, impactera certainement la capacité d'épargne des MRE et par conséquent le flux de leurs transferts de fonds. Concernant le volet macroéconomique, les trans­ferts de fonds MRE équivalaient, en 2007 à 8,93% du PIB,145% des investissements directs étrangers au Maroc, et 734% de l'aide publique au développement reçue par la Maroc. ils ont aussi contribué à la couverture de 40.49% du déficit de la balance commerciale (-135,8 MMDH). La communauté marocaine constitue plus de 40% du total des touristes venus de l'étranger au Maroc entre 2006 et 2007. ceci explique la croissance atteinte par l'ensemble des entrées du tourisme.

EN BREF

La Fr nce réduit I·accès au t avail aux Immigré

Le gouvernement français vient d'établir une nouvelle liste des métiers «en tension», ouverts aux étrangers non communautaires et créés en janvier 2008. Nouveauté cette année, la liste à été réduite de plus de moitié. Cette mesure, qui a pris la forme d'un arrêté conjoint du minis­tre du Travail et de celui de l'Intérieur, a ramené le nombre de métiers ouverts aux non-européens de 30 à 14. Selon le ministre de l'Intérieur, cette démarche est «un outil au service de l'objectif de réduction de l'immigration profes­sionnelle». Une annonce qui n'est pas pour plaire aux syn­dicats de gauche. Pour le secrétaire national du PS chargé de l'emploi, Alain Vidalies, «l'immigration légale ne repré­sente aujourd'hui que 20.000 personnes par an, alors que la France compte 4 millions de personnes inscrites à Pôle Emploi». Quant au secrétaire général de la CFDT, François Chérèque, il estime que cette mesure est «une façon dé­guiséede faire du discours contre l'immigration». S'agissant du Medef, il s'est plutôt montré réservé. Pour le patronat français, «ce n'est pas une priorité». Avec cette réduction, des métiers comme le BTP et l'informatique disparais­sent. En revanche, les métiers comme le BTP et les ingé­nieurs production et exploitation des systèmes d'infor­mation, l'audit et le contrôle comptable, le téléconseil et la télévente ainsi que la production chimique, pharma­ceutique et mécanique ont gardé leur place. Par ailleurs, cette mesure ne s'appliquera pas aux étrangers en situa­tion régulière. Elle ne concerne pas non plus les ressortis­sants des pays qui ont signé avec la France des accords de gestion concertée des flux migratoires. À rappeler que chaque année, le gouvernement français accorde 20.000 visas de travail, dont une bonne partie concerne les changements de statut (d'étudiant à salarié par exemple).