n° 39 juin - juillet - août 2008

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Revue gratuite interactive éditée par l'association Rythmes Croisés, à télécharger. Vente interdite. Diffusion sur le site officiel : http://ethnotempos.org N° 39 Juin - Juillet - Août 2008

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Page 1: N° 39 Juin - Juillet - Août 2008

Revue gratuite interactive éditée par l'association Rythmes Croisés, à télécharger.Vente interdite. Diffusion sur le site officiel : http://ethnotempos.org

N° 39Juin - Juillet - Août 2008

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Menace sur le CMTRALe Centre de Musiques Traditionnelles du

monde en Rhône-Alpes est menacé defermeture à très court terme.

Ce centre est très actif sur la régionlyonnaise et constitue un centre deressources connu de tout le milieu desmusiques traditionnelles en France. Ildispense des cours et organise concerts etfestivals dans toute la région. Pour lesLyonnais, on lui doit les sympathiquesjeudis du jardin des Chartreux en été, cesconcerts gratuits de très bonne qualité.

A l'adresse suivante vous pourrezconsulter le courrier de la DRAC et de laRégion annonçant la suppression dessubventions pour 2009 et leur réductiondès cet été. Vous pourrez aussi signer lapétition contre la fermeture du centre:

www.cmtra.org

Un avant-goûtd'Interceltique...

Ce grand rassemblement annuel descréateurs des pays Celtes qu'est le festivalInterceltique de Lorient aura lieu du 1er au10 août prochain et mettra le Pays deGalles à l’honneur.

On y retrouvera des grandsreprésentants des musiques celtiques, telsMoving Hearts, The Chieftains, LoreenaMcKennitt, Erik Marchand, Red Hot ChiliPipers, Bleizi Ruz, Carreg Lafar,Toud'Sames, Soldat Louis, etc., (avecégalement la participation d'Idir) en toutquelque 4500 artistes mondialementreconnus.

Une compilation CD, parue chez KeltiaMusique, dévoile donc en avant-premièrela programmation officielle de la 38eédition. Elle est également disponible encoffret digipack deluxe comprenant unDVD bonus proposant des images du plus

grand rassemblement mondial descultures celtiques tournées lors de l'édition2007. Le documentaire Dix Jours et DixNuits sur le FIL permet de retrouver lesconcerts et l'ambiance unique de la 37eédition de l'Interceltique, avec de plus desimages touristiques du Pays de Galles.

www.festival-interceltique.comwww.keltiamusique.com

30 Bougies pour KeltiaMusique

Le premier label en France consacré auxmusiques des pays celtes (traditionnelles,évolutives, modernes, métissés...) fête ses30 années d'existence.

A cette occasion est publiée unecompilation CD qui dévoile les trésorsmusicaux du label et en avant-premièreune partie des artistes présents à la soiréeanniversaire du 25 juillet 2008 au Festivalde Cornouaille.

Un coffret 6 CD est également disponiblepour 25 euros, qui contient, outre lacompilation Keltia Musique 30 ans, lesalbums suivants: Sinéad O'Connor - Sean-Nos Nua, Dan Ar Braz - Musiques pour lesSilences à Venir, Les Grands AirsCeltiques, Fest-Noz Live, avec les bonusde rigueur.

www.keltiamusique.com

Boris KOVAC: un DVD pourl'apocalypse

Artiste majeur de la scènecontemporaine serbe ettransbalkanique, le compositeur BorisKOVAC, de la province de Vojvodina,sort son premier DVD sur PiranhaRecords (distrib. Socadisc). Intitulé

Before and After... Apocalypse, ilcontient deux films.

Le premier est consacré au spectacleThe Last Balkan Tango avec leLaDaABa Orchest, qui a été joué plusd'une centaine de fois à travers lemonde et qui diffuse une atmosphèrede fête d'avant l'apocalypse.

Le second film, World after History(qui renvoie à l'album de la formationLA CAMPANELLA), évoque pour sapart une ambiance post-apocalyptique. Ces documentsconstituent une excellente entrée enmatière dans l'univers scénique etthéâtral de cet artiste à la présencehypnotisante. (Sortie française le 7juillet)

www.piranha.de

Stephan MICUS sous la neigeL'inclassable musicien-pèlerin Stephan

MICUS vient de sortir son 18e album chezECM.

Intitulé Snow, il comprend huit morceauxsur lesquels MICUS joue une fois encoreplein d'instruments empruntés à diversestraditions (doudouk, zither, charango,doussn'goni, maung, cymbales tibétaines,mini-guitare des Andes, nay, etc.) etassure toutes les voix.

Encore un beau voyage dans un espaceouvert en perspective...

www.stephanmicus.com

Troisième Voyage de SteveSHEHAN et Baly OTHMANY

Après Assouf et Assarouf, voici Assikel(le Voyage), troisième disque dupercussionniste et globe-trotter musical

Ce numéro est dédié à Xavier BARRE et à Marie-Paule BONNÉ, qui nousont quitté prématurément.

Xavier adorait les musiques celtiques et progressives. Il avait collaboré àdifférentes revues (VARIA, TANGENTES...) avant de devenir le rédacteur enchef de la revue WHAYE NOTES, consacrée au monde de la musique folk.

Marie-Paule portait un vif intérêt aux musiques de divers coins du monde :asiatiques, moyen-orientales, européennes, africaines, et d'autres encore.Elle avait collaboré à ETHNOTEMPOS, mais aussi à RéCRé'ACTION et à TRAD'MAG.

Tous deux étaient des amoureux de musique et de culture et avaient àcœur de partager cet engouement qui leur servait de moteur dans l'existence.L'un comme l'autre ont disparu beaucoup trop tôt, mais le souvenir de leurenthousiasme, de leur sens du partage et de leur action vis-à-vis du mondemusical, ainsi que leur amitié resteront ancrés en nous. Leur passion pour lamusique est devenue une qualité trop rare et précieuse...

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Steve SHEHAN et Baly OTHMANY,charismatique poète et chanteur touaregdu Sahara algérien, accidentellementdisparu en 2005.

Steve SHEHAN a pris l’heureuse initiativede terminer les morceaux qu'il avait conçusavec lui et qui étaient restés inachevés.

Paru sous la forme d’un coffret CD+DVD,accompagné d’un livret de 16 pages,Assikel, de Bali à Baly met en musique eten images, le chemin parcouru par SteveSHEHAN de l’île indonésienne Bali jusqu'àBaly, l’homme "bleu", sur le thème de larecherche identitaire.

Ce documentaire contient une multituded’images et de photos d’archives ainsiqu'une vingtaine de témoignages depersonnes qui ont croisé et bousculé,d’une façon ou d’une autre, le chemin deSteve SHEHAN.

www.steveshehan.com

Voyages chez les princestsiganes

Il y a d'abord eu le livre: Princes amongstmen: Journeys with Gypsy Musicians(Princes parmi les hommes - Voyageschez les musiciens tsiganes) est lachronique d'un voyage effectué par sonauteur, Garth Cartwright, qui est allé dansles balkans rencontrer de grandsreprésentants de la musique tsigane ets’est notamment rendu au festival deGuca, le sacro-saint rendez-vous desorchestres cuivrés.

Ce passionnant reportage sur la cultureet le mode de vie des Tsiganes, ou Roms,est aujourd'hui complété par un CD dumême titre, qui comprend 18 titresenregistrés par plusieurs fanfares etchanteurs/chanteuses renommés, tels queKocani Orkestar, Romica Puceanu,Fanfare Ciocarlia, Toni Iordache, BobanMarkovic, Esma Redzepova, Taraf deHaïdouks, Sudahan, etc.

Sortie le 5 juin sur Asphalt Tango / AbeilleMusique.

www.asphalt-tango.de

Refus de visa pour KONONON°1

Le groupe congolais Konono n°1, qui doittourner en Europe dès la fin de cettesemaine, s'est vu refuser sa demande devisa.

Comme l'an dernier, une décisionaberrante et scandaleuse qui met engrande difficulté les membres du groupe etles différents intervenants qui travaillentavec eux (organisateurs, tourneurs, etc).

Merci de lire la lettre de Michel Winterci-dessous, il vous donne tous les détails etfait appel à votre soutien !

Cordialement, David Beaugierhttp://www.crammed.be/news

Bonjour, je suis producteur et managerde nombreux groupes étrangers(http://www.divanoprod.com/ViewPage.aspx) dont le groupe congolais Konono N°1.

Comme chaque été, le cauchemar del'obtention des visas de ces artistes invitésdans de nombreux festivals d'étérecommence...

Actuellement le groupe congolais KononoN°1 se voit de nouveau refuser le dépôt dudossier pour l'obtention des visas sansautres explications que "désolé pas letemps!". Pourtant, tous les élémentsavaient été déposés largement en amontet le groupe dispose depuis peu depasseports diplomatiques.

Konono N°1 à déjà voyagé denombreuses fois en Europe et à travers lemonde sans déplorer aucune défection, oril semble que malgré un soi disantassouplissement de la politique des visaspour les artistes étrangers annoncé engrande pompe par le gouvernement nonseulement rien ne change mais les chosessont pires encore.

Nous nous trouvons encore une foisdevant l'arbitraire qui empêche des artistessouvent pauvres d'améliorer leur quotidien,qui met en péril des petites structurescomme la notre fragile financièrement maispassionnée ( billets d'avion déjà payé,hôtels, assurances, frais de dossier etc...)et désorganise les nombreux promoteursde festivals à travers l'Europe.

Nous sommes désespérés et nous avonsbesoin de votre soutien !

En vous remerciant d'avance de bienvouloir prêter attention à ce message,

Sincèrement votre, Michel Wintermichel @ divanoprod.comtel: +32 497 474 699

Le PERCUSSION ENSEMBLEde Louis César EWANDEréédité

Dirigé par Louis César EWANDE, lePERCUSSION ENSEMBLE ouvrait, aumilieu des années 1980, le chemin deséchanges possibles entre différentescultures percussives en proposant unefusion respectueuse des sourcesmusicales, avec un équilibre subtil entredes sonorités et des concepts issus de lamusique contemporaine occidentale et laprofondeur des racines du groove desmusiques Mandingues d’Afrique de l’Ouestet de la musique Cubaine.

20 ans après, la réédition du disque"Percussion Ensemble" est accompagnéed'un DVD contenant une captation jusque-là inédite du groupe en concert au "1000Jazz Club du Bourget" à l’automne 1987.

Ce coffret digipack CD + DVD est lepremier d'une nouvelle collection proposéepar Improductions/Le Salon de la Musiquede Philippe Nasse, à qui l'on doit déjàplusieurs DVD comprenant films

documentaires et méthodes pédagogiquesconsacrés aux percussions du monde.

www.le-salon-de-musique.com

3MA: Trois Afriques en unseul groupe

Né au festival Timitar d’Agadir en 2006,ce projet réunit 3 musiciens virtuosesd’instruments emblématiques de leur pays.

DRISS EL MALOUMI au oud (luth arabe),RAJERY à la valiha (cithare tubulaire enbambou) et BALLAKE SISSOKO à la kora(harpe luth mandingue) ont mêlé leursunivers musicaux, du Maghreb (Maroc) àl’Afrique subsaharienne (Mali) jusqu’àl’Extrême Sud est du continent africain(Madagascar), déroulant ainsi le fil desconvergences, des influences et deslibertés propres à chaque compositeur. Unalbum vient de paraître chez Contre-Jour /Harmonia Mundi et un concert célébrera sasortie à Paris en mai (voir notre Agenda).

Flûtes de pan des îlesSalomon

Sortie le 28 avril 2008 sur le label anglaisARC Music de l'album des NARASIRATOPAN PIPERS, Solomon Islands, Cry of theAncestors. Cet ensemble traditionnel estcomposé de seize musiciens aux flûtes depan, percussions, chant et danses.

(distribution: DOM)Site: www.narasirato.comSite label: www.arcmusic.co.uk

Seun KUTI + FELA's EGYPT80

Seun KUTI le fils cadet du grand Féla,sort son premier album Many Things le 28avril 2008, accompagné par le groupe deson père, EGYPT 80.

Extraits en écoute sur le site du label:www.totoutard.com/artistes/artistes.php?idartiste=97

Musique d'AzerbaijanSortie le 28 avril 2008 de Music from

Azerbaijan par le SARI GELINENSEMBLE, formé de: GochaqASKEROV: chant - Aliagha SADIYEV: tar -Elshan MANSUROV: kamancha - SirzadFATALIYEV: balaban, zurna - Kamran:KERIMOV: naqara

Avec, comme toujours sur le label anglaisARC Music, un livret en plusieurs langues(dont le français) illustré de photos avecdes informations sur la musiquetraditionnelle d'Azerbaijan, sur lesinstruments et sur les artistes. (distributionDOM)

Site: www.arcmusic.co.uk

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Avec son premier album fraîchement paru sur le label Daqui, le TRIO MIYAZAKIpropose une sorte de musique de chambre qui fusionne des inspirations classiques etpopulaires émanant d'Occident comme de l'extrême-Orient. Sa configuration, pour le moinsoriginale, comprend accordéon, violon et... koto, instrument emblématique de la traditionjaponaise.

La kotoïste Mieko MIYAZAKI, signataire de la majorité des compositions du trio, a déjà eul'occasion, à travers ses divers projets créatifs, de faire entendre son singulier et envoûtantinstrument dans des domaines où on ne l'attendait pas. Son travail avec Bruno MAURICE etManuel SOLANS se fait en quelque sorte l'écho du mouvement qui, au début du XXe siècle, aouvert de nouveaux horizons à la pratique du koto avec l'influence de la musique occidentale.

A sa manière, le TRIO MIYAZAKI offre de nouvelles projections poétiques à cette musiquede koto dont l'histoire est riche en rebondissements. C'est cette histoire que nous vousproposons de raconter dans ses grandes lignes, de manière à mettre en perspective cetteétonnante alliance franco-japonaise qui ne peut que piquer la curiosité d'auditeurs avides demusiques innovantes mais néanmoins enracinées.

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Parmi les instruments qui ont contribué à façonner la carte d'identitésonore de la tradition japonaise, le koto figure en bonne place, auxcôtés de la flûte shakuhachi, des luths shamisen ou biwa, ou du tambourtaïko. Et le fait qu'il soit originaire de Chine ne change évidemment rienà l'affaire... Mesurant près de deux mètres, le koto est une cithare dontla caisse de résonance est faite en bois de paulownia. Il comprendgénéralement treize cordes, à l'origine en soie mais dorénavant ennylon (moins fragile). Des chevalets mobiles (ji) placés sous chaque

corde et que l'on peut déplacer le long de celle-ci permettent lesmodifications d'accords. Ces cordes sont pincées de la main droite, àl'aide de trois onglets (tsumé) fixés au pouce, à l'index et au majeur. Lamain gauche, qui n'est pas munie d'onglets, exerce une pression sur lescordes afin de hausser les notes d'un ton ou d'un demi-ton, voire d'unquart de ton. Pincements et glissements sur les cordes sont autant detechniques qui génèrent ces effets stacato ou vibrato et tous ces sonscaractéristiques de la musique japonaise, faisant même du koto unesorte de xylophone, voire de percussion puisqu'on peut aussi frapper sacaisse de résonance. Les techniques de jeu sont donc variées et ontévolué au cours des siècles, d'autant qu'il n'existe pas une seule sorte dekoto, mais plusieurs, au nombre de cordes variables. Du koto« ichigenkin » à une corde au koto à trente cordes et plus, il n'y a quel'embarras du choix !

Le koto à travers les âges

Le koto est connu pour être dérivé du zheng chinois et avoir étéintroduit, entre le VIIe et le VIIIe siècle (époque Nara), de la Chine à laCour impériale du Japon, où il fut utilisé dans le théâtre gagaku.Néanmoins, une cithare autochtone, dénomée yamato-koto ou wa-gon,a également existé dans la société de l'époque préhistoire japonaise, oùelle avait des fonctions aussi profanes que sacrées, puisque liée aushintoïsme. Le koto importé de Chine, également appelé sô no koto ougakusô, constitué de treize cordes, est cependant à l'origine de lamusique de koto puisque, dès le IXe siècle, on l'utilisait déjà commeinstrument soliste pour jouer des airs profanes mais à caractère noble,comme les fameux Dits des Heike (Heike-Monogatari) et Dits du Genji(Genji-Monogatari).D'autres kotos sont ainsi apparus au cours des siècles couvrant lesépoques médiévale etmoderne et ont fait évoluerchaque fois la traditionmusicale liée à l'instrument.Avec le sô no koto du VIIIesiècle, les parties instrumen-tales de koto qui accompa-gnaient les poèmes étaientencore extraites de pièces degagaku. Apparu au XVIesiècle, le chikushi koto aengendré une autre forme dechant accompagné au koto, lekoto-uta, recueilli parKENJUN, un moine boud-dhiste de l'île de Kyûshû, quia également ajouté aurépertoire des suites vocalesaccompagnées au koto(appelées kumi-uta) et despièces instrumentales(nommées dan-mono)

constituées d'un nombre fluctuant de sections comprenantgénéralement chacune 104 battements.Puis vint au XVIIe siècle le zokusô, koto citadin, avec KengyôYATSUHACHI (1614 – 1685), qui passe pour avoir réformé lamusique cérémoniale en musique purement artistique et ainsi posé lesbases de la musique de koto proprement dite, nommée « sôkyoku ».Fondateur de l'école qui porte son nom, YATSUHASHI a renouvelé etamélioré les techniques instrumentale et vocale liées à l'art du koto et arepensé et modifié plusieurs kumi-uta et dan-mono, accélérantnotamment leur tempi. Deux célèbres dan-mono sont créditées àYATSUHASHI  : Rokudan no Shirabe, formée de 6 sections de 104battements, et Midare, comprenant 10 sections irrégulières. On doitaussi à YATSUHASHI la création du mode pentatonique mineur (ouhémitonique) hirajôshi.Par la suite, alors que la musique de koto (de même que celle du luthshamisen) a été transmise par l'intermédiaire de la guilde (tôdô) desmusiciens aveugles, le répertoire de YATSUHASHI a été développé auXVIIIe siècle par Kengyo KITAJIMA et Kengyo IKUTA. Le premiera ouvert la voie du néo-classicisme tandis que le second a amplementréactualisé la musique de koto à partir de celle du shamisen, donnantnaissance à une nouvelle forme de chant accompagné conjointement

par un koto et un shamisen. D'autres musiciens de l'école Ikuta ontensuite contribué à renforcer cette porosité entre la musique de koto etla musique de shamisen, allant même jusqu'à renforcer la partie dekoto, dont les proportions étaient auparavant moindres que celles de lapartie de shamisen. Il faut aussi mentionner l'apport de l'école fondée àla fin du XVIIIe siècle à Edo par Kengyo YAMADA, lequel a introduitdans la musique de koto le chant narratif jôruri.La fin du XIXe siècle a été marquée par l'avènement du gouvernementMeiji, dont la restauration a bouleversé les champs tant politique (finde l'isolement volontaire du Japon) que culturel. Dans ce dernier, lesmusiciens aveugles y ont perdu leur privilège de «  passeurs  » detradition. De nouvelles formes de musique de koto sont apparues àOsaka, à Kyoto, ainsi qu'à Tokyo, où un conservatoire a vu le jour et aamorcé un syncrétisme entre la musique traditionnelle japonaise et lamusique occidentale, qui devint une influence privilégiée.En ce début de XXe siècle, plusieurs musiciens s'emploient à créer une

«  nouvelle musiquejaponaise  ». L'un d'entre eux,Michio MIYAGI (1894  –1956), a joué un grand rôlepour la musique de koto. Outreun nouveau style mêlant deséléments de musiqueoccidentale à ceux de latradition japonaise, il a inventéle jushishigen, le koto basse à17 cordes, et même un koto à80 cordes, dont il n'existequ'un unique exemplaire  !Après MIYAGI, l'essor dukoto basse a notamment étéassuré par Tadao SAWAI(1937-1998), auteur d'unecentaine de disques et d'autantde pièces de koto (classiquesou avant-gardistes), dont il apoussé le jeu vers encore plusde virtuosité et de rythmicité.

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Sa femme, Kazué SAWAI, jouit de même d'une grande réputation tantdans le milieu de la musique traditionnelle japonaise que dans celui dela musique improvisée.Si l'apport de la musique occidentale aindubitablement impulsé un élan salvateurà la musique traditionnelle japonaise, ellen'en a pas pour autant bouleversé les règlesfondamentales de composition. Il a fallu dutemps aux musiciens japonais tentés par lestyle occidental pour acquérir cettenouvelle technique et à l'utiliser de manièreoriginale. Il leur a fallu pour cela opérer unretour à la spécificité et à l'esprit japonais.L'après-seconde guerre mondiale a ainsi vunaître d'autres nouvelles formes musicaleset de nouvelles compositions pour lesinstruments japonais. De nouveaux kotossont aussi apparus, au nombre de cordesfluctuant. La musique électro-acoustique etautres tendances avant-gardistes ont demême marqué de leurs empreintes lamusique japonaise.Aujourd'hui, la plupart des Japonaisécoutent et connaissent davantage lamusique occidentale que leur propremusique traditionnelle. Toutefois,l'enseignement de la musique dans lescollèges japonais accorde enfin une place àl'apprentissage des instrumentstraditionnels – depuis la restauration Meiji,c'est l'enseignement musical de typeoccidental qui était exclusivementprivilégié –, et le koto recueille denombreuses faveurs. Cet état de choses plaiderait donc en faveur, sinonde sa réhabilitation et de son intégration dans le monde musicalmoderne, au moins de sa pérennité.

Mieko MIYAZAKI, ou le koto voyageur

L'approche du koto cultivée par Mieko MIYAZAKI est à maints égardsla digne héritière du mouvement dit de la «  nouvelle musiquejaponaise » apparu au début du XXe siècle dans le sens où elle cultiveun sens mélodique et lyrique qui combine les perspectives japonaise etoccidentale. Le parcours de cette jeune musicienne se distingue de celuid'une stricte musicienne traditionnelle. Certes, Mieko MIYAZAKI asuivi – depuis l'âge de neuf ans – un enseignement résolumenttraditionnel du koto qui a fait d'elle une musicienne et concertisteémérite  : elle s'est ainsi produite sur scène devant l'empereur etl'impératrice du Japon, a été révélée par la radio nationale NHK et s'estproduite sur moult scènes et festivals asiatiques, européens etaméricains. Mais de plus, à son répertoire de pièces traditionnelles et

classiques, elle a ajouté des œuvres de sa propre composition. Sonpremier CD solo daté de l'an 2000, Asobi ni Oide, est du reste constitué

de compositions de son cru. Un autre disque,réalisé avec le joueur de shakuhachi DozanFUJIWARA sous le nom de groupe EASTCURRENT (2003), contient notamment, auxcôtés de classiques japonais et d'une reprised'Astor PIAZZOLA, une composition deMieko, The Current, qui a été plébiscitéecomme étant l'une des trente plus bellespièces de koto de tous les temps... Mieko ade même écrit des chansons pour enfants qui,à force de diffusions TV, sont devenus desstandards. Sa discographie illustre ainsibrillamment l'éclectisme de son approche dukoto puisqu'on y trouve également un CDconsacré à une musique de manga et undisque expérimental avec la violoniste ChikaSHIMOOKA...Mais Mieko MIYAZAKI entretient aussiavec l'Occident – et a fortiori avec la France,où elle est installée depuis 2006 – unerelation tout aussi passionnée. Outre undisque en duo avec le pianiste et arrangeurBernard ARCADIO, elle a enregistré desalbums de koto solo enrobé de nappes« ambient » qui revisitent des pièces d'ÉrikSATIE, de CHOPIN et de J.S.  BACH  !Quand on sait que ce dernier est né l'annéemême de la disparition de KengyoYATSUHASHI (le « père » de la musiquesoliste de koto), on voit que le choix dereprendre ses œuvres au koto est lourd desens...

Mieko MIYAZAKI s'est ainsi imposée à la fois comme musicienneexécutante et comme compositrice, imposant le koto dans desdomaines on ne l'attendait pas. Avec un même aplomb, elle s'estcommise dans des projets de musiques de films d'animations, voire depub, et s'est appropriée des répertoires classiques occidentaux avec sonseul koto. Elle est de ces artistes qui ont pleinement intégré l'apport dela musique classique d'Occident tout en s'inscrivant dans un héritagespécifique japonais, et son répertoire personnel s'est nourri auxmusiques contemporaines comme aux musiques populaires. MiekoMIYAZAKI n'est pas l'artiste d'UN genre particulier, et sa sensibilitéest ouverte à plusieurs directions créatives. En témoignent égalementses rencontres artistiques inédites avec le pianiste François ROSSÉ, leflûtiste Sylvain ROUX, le guitariste jazz Nguyen LÊ et la chanteusevietnamienne Huong THANH (voir ETHNOTEMPOS n° 33 et n° 36),ou encore l'ensemble polyphonique corse VOCE VENTU. C'est cettesensibilité plurielle qui se manifeste pareillement dans son nouvelalbum Saï-ko, qui a la particularité de présenter une formation en trio,chose inédite dans la discographie de la kotoïste.

Saï-ko, ou le nouveau printemps du koto

La configuration du TRIO MIYAZAKI compteincontestablement parmi les plus improbables que l'on pouvaitimaginer  : un koto, un violon et un accordéon  ! Touteclassification de genre s'avère de fait impossible, pour ne pas direinutile. Ce disque est l'histoire de trois musiciens issus d'horizonsdifférents et dont la rencontre a débouché sur l'envie de dire deschoses en commun à partir de leurs trajectoires respectives.Manuel SOLANS joue du violon depuis ses six ans, a débuté sacarrière à quinze et s'est produit au sein de divers ensembles etorchestres symphoniques, lesquels lui ont permis de faire de lascène dans de nombreux pays et d'y rencontrer des musiciensrenommés, de Zubin MEHTA à Narciso YEPES en passant parPlacindo DOMINGO, Daniel HUMAIR, et tant d'autres... Ses

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voyages ont ainsi attisé sa curiosité des autres traditions musicales, etc'est en cherchant à découvrir la tradition japonaise qu'il a rencontréMieko MIYAZAKI en 2004. Tous deux ont ensuite découvert lesdisques solo de Bruno MAURICE, un accordéoniste qui, tout enparticipant à plusieurs ensembles de musique de chambre, de musique

contemporaine et des orchestres symphoniques, compte parmi les raresà se produire en récital soliste. L'idée de former un trio n'a pas tardé àprendre forme...Que la plupart des compositions du TRIO MIYAZAKI puisent dans latradition japonaise n'étonnera certes personne, mais force est dereconnaître que l'on n'avait jamais entendu résonner de la sorte cettetradition. Quasiment toujours basées sur le mode pentatonique (gammeà cinq sons très prisée par une quantité de traditions musicalesasiatiques), les compositions de Mieko MIYAZAKI s'inspirent dediverses sources  : Midare Gami prend ainsi appui sur cette formepoétique codifiée du VIIe siècle appelée tanka (Midare Gami) et permetà Mieko MIYAZAKI de faire également entendre son étonnant timbrede voix. Les rythmes du wadaïko (art ancestral du tambour japonais)ont inspiré Ryu No Mezame, la pièce inaugurale du CD, dont lastructure offre en son milieu l'opportunité à Bruno MAURICEd'improviser et d'extraire de son accordéon des sons qui défient lacondition humaine.

La variété d'inspiration de Mieko MIYAZAKI se traduit égalementdans ses choix de reprises de pièces qui ont, chacune à leur façon,marqué l' histoire musicale japonaise du XXe siècle. Kachusha No Uta,ou la Chanson de Katioucha, écrite en 1914, est en effet considéréecomme la première rengaine populaire de l'époque « moderne ».La reprise de Haru No Umi est doublement symbolique : elle permet àMieko MIYAZAKI de rendre hommage à son auteur, Michio

MIYAGI, qui, au début du XXe siècle, a rénové la musique classiquede koto (ainsi que la technique de ce dernier) en y intégrant des apportsde musique classique occidentale. Mieko MIYAZAKI renoue avecl'intention originelle de MIYAGI, qui avait composé cette œuvre pourdeux instruments, koto et flûte shakuhachi  ; sauf que cette fois, leviolon de Manuel SOLANS remplace le shakuhachi, pour un résultattout aussi éblouissant. Inspiré par le mouvement impressionnistefrançais, cet opus parfumé de romantisme tresse un lien idéal avecl'autre univers de référence du TRIO MIYAZAKI qui est la musiqueoccidentale. La tradition française est une fois de plus explorée dansAsakusa-Notre Dame, qui métamorphose avec beaucoup de malice unthème oriental en air de musette.Il faut enfin mentionner la composition de Bruno MAURICE, extraitede son propre concerto Cri de lame, au titre éminemment évocateur :Caresse distille un très poignant climat de mélancolie rassérénée quinous débarrasse de toute pesanteur...Mais c'est probablement avec la pièce éponyme au disque que le trioTRIO MIYAZAKI donne toute l'étendue de sa singulière expression :d'une atmosphère trouble et extatique se dégage peu à peu une tensiondramatique subjuguante. Jouant allègrement sur les contrastesidéogrammatiques de couleur (« saï ») et de rythme (« ko »), fondé surune structure traditionnelle qui accorde une grande place àl'improvisation, Saï-ko est le morceau à la fois le plus dense, le plusouvert et le plus emblématique du répertoire du trio. C'est peut-être

aussi le plus exigeant pour l'auditeur...Entre délicatesse et vitalité, émotion contemplative et dynamismemalicieux, la musique du TRIO MIYAZAKI dessine un espaceimpressionniste et lyrique qui éclaire sous un angle inédit lesrapprochements déjà tentés il y a un siècle entre les mondes musicauxjaponais et occidentaux. Les histoires qui s'y racontent entre le koto deMieko MIYAZAKI, l'accordéon de Bruno MAURICE et le violon deManuel SOLANS remontent donc à loin, et ont tous les atouts pour seprojeter dans l'avenir...

* TRIO MIYAZAKI – Saï-ko (2008, Daqui / Harmonia Mundi)Site : www.triomiyazaki.comLabel : www.daqui.org

Article : Stéphane Fougère

Photos: Sylvie Hamonet Stéphane Fougère,

au concert à l’Auditoriumdu Musée Guimet

à Paris, le 4 avril 2008

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Pour son édition 2007, le Festival des Nuits de Fourvière, dans leRhône, souhaitait présenter un spectacle autour des traditionsartistiques de Bali. L'équipe du festival a donc fait appel à KatiBASSET, artiste et ethnomusicologue réputée pour ses connaissancestouchant aux arts indonésiens, notamment balinais. Avec l'aide d'unetroupe en provenance du village de Talepud, dans le Gianyar (provincede l'est de Bali), elle a ainsi conçu quiprésentaient les traditions théâtrales et musicales de Bali sous destraits inédits. C'est la première fois, au moins en France, qu'unspectacle balinais intégral faisait l'objet d'une captation filmée quifait dorénavant l'objet d'un coffret DVD + CD produit par le labelAccords croisés.

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C'est le théâtre antique romain de Fourvière qui fut choisi en juillet2007 pour donner une représentation d'une partie de l'une des pluscélèbres épopées du monde hindouiste, le Ramayana. Kati BASSET afait de cette décontextualisation, de prime abord incongrue, un défiartistique de haut vol. D'une durée de presque deux heures, le spectacleétait à 99 % imprégné des traditions scéniques et musicales propres àBali, et en portait bon nombre de « stigmates » culturels.L'épisode littéraire choisi mettait en scène des personnagesarchétypaux de natures diverses, humains, animaux (singes, aigle) etcréatures souterraines (ogres). Les amours du prince Rama (avatar du

dieu Vishnou) et de la princesse Sita y sont contrariés par les ogresgéants et leur roi Dasamuka. Tiraillés entre les élans du cœur, la soif depouvoir, le devoir éthique et la quête spirituelle, les différentspersonnages font tous face à des situations qui testent leur force decaractère, dessinant alors en creux la thématique profondément hindo-bouddhique du « karma ».Tous ces personnages étaient joués par des acteurs-danseurs portantcostumes aux parures brillantes et bigarrées et masques très expressifs.Leurs danses stylisées offraient comme on peut s'y attendre unemyriade de déhanchements, oscillations, tournoiements, secousses,saccades, pas de crabe, ondulations des mains et torsions des doigts derigueur.La partie musicale était bien entendu assurée par un gamelan composéde plusieurs gongs, carillons, métallophones, flûtes, tambours etcymbales, distillant ces fameuses «  pluies de notes  » sur despolyrythmies effarantes de complexité et de pouvoir hypnotique. Lespectacle culminait enfin avec le singulier kèçak (ou tjak), encorenommé «  gamelan vocal  ». Dans cette transposition pour voixuniquement de la grammaire du gamelan, une cinquantaine de choristessont assis en cercles concentriques et exécutent une chorégraphie desbras tout en proférant des onomatopées «  batraciennes  » héritéesd'anciens cultes exorcistes (sanghyang).La volonté de Kati BASSET a été ni plus ni moins que d'offrir à traversce spectacle une vitrine richement décorée des différentes formesartistiques balinaises, mais en les inscrivant dans une logique narrativepuisée dans le Ramayana, pour en bout de course aboutir à une formeartistique neuve. De fait, Les Aventures du Prince Rama sont loin derester scrupuleusement enferrées dans les convenances esthétiques

dictées par latradition, et on nesaurait les confondreavec une animationfolklorique acadé-mique et maintes foisrabâchée dans lesartères touristiquesde « l'île des dieux ».Kati BASSET n'a euaucun mal à convain-cre la troupe SEMARA ULANGUN, du village de Talepud, deconcevoir un spectacle dont l'idée fondatrice poussait à innover.Dirigée par I Wayan Gde ADHI pour la partie théâtrale et par I WayangSUTAPA et I Gde Putu WINARTHA pour la partie musicale, cettetroupe n'est pas nécessairement professionnelle ni spécialisée, et encoremoins connue en Occident ; mais les acteurs-danseurs-musiciens – quisont à la base de simples paysans, commerçants ou employés – ontnéanmoins travaillé comme des bûcherons pour maîtriser les différentsstyles de danses et de styles musicaux représentés. L'un desdocumentaires qui complètent le spectacle dans le DVD revientnotamment sur la génèse de cette aventure qui a débuté à Talepud pouraboutir à Fourvière. On y apprend notamment que les danses sontindissociables d'un contexte rituel et que l'apprentissage universitairede ces arts doit, à un certain niveau, être complété par une initiationspirituelle, de manière que les acteurs aient une compréhension et uneimprégnation totale des personnages qu'ils incarnent.Le parti-pris d'innovation des Aventures du Prince Rama se traduit pardes choix faits à différents niveaux. Ce qui frappe dès le début duvisionnage du spectacle, ce sont les voix des personnages. Le port demasques empêche en effet aux acteurs l'usage de micros. Ce ne sontdonc pas eux que l'on entend. En fait, toutes les voix des personnagesdu récit sont assurées par un dalang, c'est-à-dire un conteur, unnarrateur, dont les interventions sont tout bonnement époustouflantes.

Voix rauque, ou bien éplorée, sardonique, frêle, caverneuse, aiguë,colérique ou euphorique : c'est une extraordinaire performance vocaleque livre le dalang, s'exprimant en plusieurs langues anciennes et autantde modes poétiques, et faisant étalage d'une belle palette d'effets et debruitages de bouche. Traditionnellement, tout cet art vocal est surtoutexploité dans le théâtre d'ombres Wayang Kulit. Le jeune dalang KetutSARIANA, qui a appris son art à l'université et a suivi une initiationtrès stricte touchant à son mode de vie, baigne dans cet univers, lequelfait lui aussi l'objet d'un documentaire inclus dans le DVD. On ydécouvre de plus ses autres talents d'acteur, de marionnettiste, depeintre... et d'une certaine façon, de prêtre.La troupe SAMARA ULANGUN a également offert l'opportunitéd'innover sur le plan sonore en mettant à disposition un gamelan de typeancien et non usité en dehors de son village. Plutôt qu'un habituelgamelan Gong Kebyar, connu autant pour sa brillance que pour sapolyvalence – qui l'a autorisé dans les années 1920 à reprendre à soncompte tous les arts classiques de Bali au point de supplanter d'autresgamelans –, c'est un gamelan Semar Pegulingan (également nommé«  gamelan du dieu de l'amour  », tout un programme hautementsensuel  !), aux origines palatines, qui est utilisé ici, mais dans uneversion modernisée puisque conçue selon une échelle heptatonique

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(d'où le nom complet du gamelan Semar Pegulingan Saih Pitu). Cefaisant, il peut couvrir un grand nombre de répertoires anciens etnouveaux et jouer dans des modes mélodiques construits dans les deuxéchelles en usage à Bali, pélog et sléndro.Ainsi, la partition instrumentale des Aventures du Prince Ramacomprend une pléiade d'emprunts à d'autres répertoires artistiques

balinais : celui du théâtre de cour Gambuh, du théâtre masqué Topeng,du théâtre d'ombres Wayang Kulit, de la danse classique masculineBaris, du ballet de cour Legong Kraton, des rites funéraires, etc. S'yajoutent des curiosités généralement peu représentées dans les disquesde musique balinaise, comme la polyrythmie des cloches de bois, deschants d'ivresse et une création musicale à base de chopes de bambou.Notons également que le recours à ces instruments ont obligé lesmusiciens à devenir par instants acteurs et à intégrer le cadre narratif, cequi constitue de même une belle entorse aux règles traditionnelles...Le CD inclus dans le coffret rend compte de la multiplicité desrépertoires auxquel a emprunté le spectacle en proposant de nombreuxextraits de sa « bande son ». Ceux-ci sont généralement courts et coupésde leur contexte, transforme le disque en compilation un peu aléatoire

mais qui ne peut non plus s'écouter en totale indépendance de soncontexte originel, étant donné qu'on y entend en permanence lesinterventions du dalang. La seule partie du spectacle àfigurer en intégralité dans le CD est le kècak, pointculminant du spectacle. Ce chœur vocal n'échappe pasnon plus à quelque transformation qui le distingue deshabituelles versions touristiques connues comme«  kècak Ramayana  ». Constituant l'acte final del'histoire, au moment où les singes attaquent le royaumedes ogres, il symbolise la fusion des contraires et leurrésorption dans l'unicité. Tous les membres de la troupey participent  : les acteurs ont retiré leurs masques etcostumes et les musiciens ont délaissé leurs instrumentspour jouer cette bataille finale qui prend bientôt desallures de sitting général en cercles concentriques, afinde symboliser le lotus, et les syncopes onomatopéiquescèdent la place en toute fin de course au mantra originel,« aum », innovation suprême !

Le modernisme de la représentation s'affirme aussi dans le dispositif deslumières, qui segmente le plateau afin de mieux capter les changementsde lieux de l'action : le fond de scène avec le rideau central, et l'avant-scène avec le côté cour et le côté jardin. Une mosaïque lumineusesignale aussi les passages d'un acte à un autre. Le travail sur la lumièrepermet de plus de marquer graduellement l'évolution symbolique dukècak, qui baigne d'abord dans une couleur rouge puis bleue, pouraboutir au blanc immaculé.Brassage de répertoires et d'éléments chorégraphiques, vocaux etinstrumentaux traditionnels, modernité du dispositif, liberté et décalagede ton (il n'y a qu'à lirecertains sous-titres...) : rienn'a été laissé au hasardpour donner à cesAventures... un reliefvisuel et sonoreparfaitement adapté à unpublic occidental, sansjamais négliger laprofondeur métaphysiquedu récit et la saveurtypique des artsindonésiens. Voilà une« aventure balinaise » quiréconcilie plusieursexigences artistiques.L'envoûtement qu'ellesuscite n'a rien à envier àcelui qui a saisi en sontemps un certain AntoninARTAUD...

* Les Aventures du Prince Rama – Théâtre musical et dansé de Bali(Accords croisés / Harmonia Mundi)Site label : www.accords-croises.com

Article : Stéphane FougèrePhotos : tirées du spectacle du DVD

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Il est des albums pareils à des pays où il faut revenir souvent pour envoir toutes les merveilles et dont il faut apprendre la langue pour encomprendre toutes les richesses. De la nature des choses estincontestablement de ceux-ci. On pourrait juste dire que c’estle nouvel album de Gabriel YACOUB, qu’ilest superbe, bien écrit et profond,comme tous les albums de GabrielYACOUB, et qu’on a à peu près tout diten disant ceci. Oui, mais il s’agit peut-être du premier album d’un GabrielYACOUB nouveau. Oh, bien sûr, le styled’écriture est le même, toujours aussibrillant et les musiques ont toujours cesmagnifiques dentelles harmoniques qu’onaime retrouver au fond de nos oreilles.Mais écoutons mieux. Ou plutôt lisonsmieux. Les textes sont plus riches, plusfouillés, et certains ont même des accentsde secret, et on doit les lire plusieurs foisavec grande attention pour en tirer le senscaché. Gabriel YACOUB a mué, les mots l’onttransmuté et il est devenu alchimiste du verbe. De la nature des chosesdit-il. C’est là le premier écueil, l’arcana prima. Me croyant malin etsavant, j’ai tout de suite pensé au De Natura Rerum du philosophe latinLUCRECE, un long poème qui transcrit la doctrine d’EPICURE, connaîtrela nature des choses afin de se libérer des fausses croyances et atteindreainsi l’ataraxie, la tranquillité de l’âme.

Après tout pourquoi pas ? Gabriel YACOUB ne pointe-t-il pas son doigtvers les dieux illusoires, les regrets à venir dont il se méfie ainsi que desremords tardifs ? Mais j’ai regardé le doigt et non vers l’encyclopédie DeRerum Naturis montrée par celui-ci et assemblée par Rabanus MAURUSdans les années 800 de notre ère. Encore fallait-il le savoir ? Oui, peut-être.

Encore fallait-il aussi prendre le temps de creuser au sein du titre del'album. Une encyclopédie, donc. Un livre. Des mots. Comprenons bien.Il s’agit plus ici d’un festin verbal que d’un menu de notes, encore quecelles-ci, particulièrement bien choisies, relèvent au plus haut point lasaveur fine et subtile des mots. Et parmi ceux-ci Gabriel YACOUB a sesfavoris, tels clair, cantique, impatience, étoile, ordinaire ou âme. Mais ce

que préfère encore notre poète consenti, ce sont les mots dépassés,oubliés ou délaissés. Dans Elle disait, il y les adjectifs parégorique etru déral, certainement connus de vous. Et dans la même chanson,

notre néo-rimbaud utilise le mot vulnéraire, dont je ne vous feraispas l’injure de croire que vous n’en connaissez pas le sens.Toutefois le terme le plus piquant est probablement lephobharmonique de La belle Anversoise, recueilli dans on ne saitquel dictionnaire. Cependant notre yacoubaudelaire n’hésite pasà systématiser sa quête motique et à l’organiser autour d’unthème. Ainsi dans Le Bois mort est-il question de boisage, desarclage, de greffage, de marcottage, de repiquage, d’arasage,de bouturage et même d’écussonnage.

Mots de métier ou de metteur en mots, le nouveau métier denotre Gabriel. Mais je disais plus haut que nous avons affaireà un Gabriel nouveau. Thèse téméraire  ? Je pourraissouligner de chant d’amour, mais d’un amour transfiguré,dans Le Feu. Ou comment aller à rebours d’un incendie dechaleur destructeur pour en faire un incendie de cœur. Jepourrais désigner Un Jour je me suis fait Poète où notre

apollinaire hexacordique révèle avec humilité et humour comment ila osé, enfin, être consciemment et avec application ce que tout le mondeest naturellement mais sans toujours le savoir. Voilà des chansons quimontrent bien que notre Gabriel a changé. C’est comme s’il avait lui aussisubi l’épreuve du feu et que les flammes lui avaient forgé une plumenouvelle. Il parle plus de lui et plus profondément, même s’il habille sesmots du masque de l’énigme. Un des deux en l’air, c’est lui, Souvenirsoubliés, c’est lui aussi, Le Nom des Oiseaux, c’est encore lui. Et nousavons déjà évoqué Le Feu et Un Jour je me suis fait Poète qui sont deschansons également très personnelles. Il y a même quelque chose defortement lui dans le fait qu’il y a deux chansons qui portent le nom d’unlieu convivial où l’on boit, Le Café de la fin du Monde et La belleAnversoise. On pourrait presque transformer De la Nature des Choses enDe la Nature de Gabriel YACOUB tellement on a l’impression de vivreintimement à ses côtés et dans ses pensées le temps de l’album. Mêmes’il reste au fond indéchiffrable. Et que dire du fait qu’il regardemaintenant la mort en face dans Avant que de partir ? Mais il y a mieuxcomme preuve de l’avènement d’un Gabriel nouveau. On a, avec raison,glosé d’abondance à propos de Il aurait dû. Gabriel y a retrouvé la

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manière et la matière de ses premières amours chansonnières, cesprotest songs à la Woody GUTHRIE ou à la Bob DYLAN. Plus que ça, ila également renoué avec des instruments dont il ne jouait plus depuislongtemps, tel le banjo à cinq cordes des Appalaches. Et contre quiproteste-t-il ? Pour coder à peine mes mots, comme dans la chanson, ildirige sa vindicte contre le sieur Buisson, chef des contrées fédérées, quia envoyé ses légions pour renverser le césar de la Mésopotamie accusé,à tort mais surtout avec malice, d’avoir pris part dans l’abattement dedeux tours jumelles situées dans ce qui fut la Nouvelle Amsterdam. Lesfrappes devaient être « chirurgicales » et la guerre « brève » mais on saitqu’il en fut en réalité, réalité toujours actuelle et cruelle.

Gabriel YACOUB en chanteur polémique (au sens précis du terme),voilà qui est neuf, même si auparavant il avait déjà repris le bouleversantYou Stay Here de Richard SHINDELL. La nouveauté est qu’il prendmaintenant sur lui de dénoncer, mais avec son ton à lui, mélangeétonnant et détonnant d’acidité et de poésie. Mais il y a plus acerbeencore. A-t-on bien écouté les paroles prononcées dans Le Bois mort ?J’en parlais précédemment concernant le vocabulaire employé. Or, si on

tend bien l’oreille, c’est saisissant. On y parle de « bandes d’ouvrierstranquilles résignés devant les grilles hautes des fabriques fermées ».Ceci donne le La de la chanson et explique le sens du terme «  boismort  », ce poids mort à dégraisser dans les sociétés en mal decompétitivité sans souci du social et de l’humain en général. Mais plusloin on entend cela : « Je crains de grande crainte qu’on protège sanshonte le bien de quelques uns d’une haie de bois mort ». Voici des motstrès forts. Et il y en a d’autres qui suivent, qu’il faut bien peser : « On amême tenté sans le moindre embarras de nous faire croire encore à lafatalité des pauvres des miracles et en la destinée en ont rempli en vracleur discours à ras bord  ». Là, c’est tout le système, et la nature dusystème, qui est dévoilé. Non, Gabriel YACOUB ne nous avait pashabitué à ce genre de diatribes, même si ses albums passés ont déjàcontenu des chansons montrant une colère sourde mais distillée endemi-mesure, comme dans Les Rues des vieilles Capitales où il est dit :«  On garde le secret du froid et la nuit des quelques parisiens quienjambent la mort pour tomber au matin ».

Je crois à ma thèse, De la Nature des Choses est le premier opus d’unGabriel YACOUB nouveau, qui écrit encore mieux, qui ose plus et parleplus haut. Mais peut-être ai-je trop insisté sur cet aspect de l’album.Sûrement aurais-je dû donner plus d’importance à la beauté de l’œuvre.Cependant, je n’ai aucun doute que celle-ci comblera votre attentequand vous écouterez très bientôt, cet album indispensable.

Article : Frédéric GerchambeauPhotos : Sylvie Hamon et Stéphane Fougère

Concert du 27 mai 2008 au Café de la Danse à Paris

Sites : www.gabrielyacoub.com

www.myspace.com/gabrielyacoub

Label : www.leroseau.net

De la nature des choses (Le Roseau / Harmonia Mundi)

Gabriel YACOUB (chant, guitare, banjo 5 cordes, mandoline, dulcimer,autoharpe, harmonica, paysage sonore, chœurs) - Gilles CHABENAT(vielle à roue) - Yannick HARDOUIN (piano, harmonium, basse, celesta,glockenspiel, chœurs) - Bastien LUCAS, Johan DELVARRE, KilianARZEL, LA BERGERE (chœurs) - Nicolaïvan MINGOT (guitareélectrique) - Julien BIGET (guitare, mandoline, glockenspiel, chœurs) -Gildas ARZEL (guitare, dobro, mandoline, harmonica, pedal steel guitar,chœurs) - Frédéric PARIS (clarinette) - Yannick CLUSEAU (percussions)- Christophe PEREIRA (trompette, bugle) - Pierre FLANDIN (trompette,bugle) - Philippe CHADEL (trombone) - Vincent BELLIER (trombonebasse, tuba, saxhorn)

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L'événement était incontestablement la venue d'Angèle ARSENAULT. Auteure-compositeure-interprète majeure de la chanson acadienne et immense vedette danstout le Canada francophone au milieu des années 1970, cette native de l'Île-du-Prince-Edward est à l'origine de quelques-uns des plus célèbres refrains chantés depuis plusde trente ans en Acadie comme au Québec ouencore le célébrissime qui raconte l' histoire du peuple acadien). Seule aupiano, à la guitare ou accompagnée le temps de quelques titres par sa nièce MarcellaRICHARD (auteure elle-même de trois très beaux disques), Angèle ARSENAULT nousaura offert son message d'amour de la vie avec une force et un humour qu'il seradifficile d'oublier.

Après les concerts, Les Nuits Acadiennes se poursuivaient dans le restaurantattenant  : les différents artistes venant faire la jam dans une ambianceparticulièrement chaleureuse (et moins officielle !). Nous avons eu la surprise (entreautres) de retrouver les sept talentueux musiciens-chanteurs (Isabelle THERIAULT,Patricia RICHARD, Louise VAUTOUR, Monique POIRIER, Nicolas BASQUE, Christiand« Kit » GOGUEN et François EMOND) du formidable groupe ODE A L'ACADIE.

Bref, que du bonheur et on attend déjà avec impatience la prochaine édition qui auralieu quelques mois avant le prochain Congrès Acadien.

La septième édition de ce festival proposait pendant trois jours de faire découvriraux public français la vitalité de la scène musicale acadienne.

L'Acadie, rappelons-le, est composée des communautés francophones des quatreprovinces de l'Atlantique au Canada, soit le New-brunswick, La Nouvelle-Écosse,L'Île-du-Prince-Edward et Terre-Neuve-et-Labrador.

Cette année, on pouvait apprécier quelques artistes chevronnés (dans un registreplutôt folk) comme Danny BOUDREAU (Nouveau-Brunswick) et Ronald BOURGEOIS(Nouvelle-Écosse), infatigables défenseurs de la culture et de la musique acadienne.

C'était aussi l'occasion de découvrir des nouveaux venus, tels Paul HEBERT (Nouveau-Brunswick) qui chante en français sur des musiques bluegrass ou encore le trèsprometteur Pascal LEJEUNE aux textes extrêmement bien écrits entre poésie ethumour.

C'était aussi le groupe folk-rock LA VIRÉE qui, outre leurs propres compositions,revisitent avec entrain un répertoire de chansons acadiennes mais aussi québécoises etbretonnes.

Photos :1. Patricia RICHARD

2. Monique POIRIER, Christian "Kit"GOGUEN et Louise VAUTOUR

3. Isabelle THERIAULT

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traditionnelle mongole, est en fait assez différente de leursenregistrements discographiques, lesquels renvoient à descréations musicales fusionnelles. L'album Muruudlyn Salkhi(Wind of Dreams), est un concert enregistré en 2001 à UlanBator, la capitale de la Mongolie plutôt orienté ethno-jazz, quimêle instruments traditionnels à cordes et à vents de Mongolieavec le piano, les percussions et le didgeridoo  ; leur disquesuivant, The Best Concerts for Yatga and Symphony Orchestra,enregistré également lors de concerts à Ulaan Bator en 2004,permet d'entendre le yatga avec un orchestre symphonique. Si enEurope, BOERTE est invité à se produire en tant que groupetraditionnel, le groupe est habitué à réaliser des créations surscène dans son pays. Comme quoi tradition et création sont loind'être incompatibles pour ces sculpteurs sonores des steppes...

Article et photos Sylvie Hamon et Stéphane Fougère

A l'orée du printemps 2008, l'auditorium du Musée Guimet accueillait le groupeBOERTE, originaire de Mongolie. BOERTE est le nom de la femme de GengisKHAN. Ce groupe à géométrie variable a été fondé par une virtuose de la citharetraditionnelle mongole (yatga), Munkh-Erdene CHULUUNBAT et par lecompositeur Ganpurev DAGVAN, principalement connu chez nous pour avoirréalisé la musique des films L'Histoire du chameau qui pleure et Le Chien jaunede Mongolie.Dagvan GANPUREV, au ikh khuur (contrebasse mongole) et au chant, étaitentouré pour cette soirée consacrée à la musique traditionnelle mongole, d'unejoueuse de tobshuur (luth), qui pratiquait également le chant de gorge, d'un joueurde morin khuur (vièle à tête de cheval) et de tobshuur et d'une joueuse de shanz(luth à long manche) qui remplaçait Munkh-Erdene CHULUUNBAT.Les musiciens de BOERTE ont interprété des pièces traditionnelles ainsi que descompositions de Ganpurev DAGVAN, faisant preuve chacun d'une grandevirtuosité, d'une belle audace dans les arrangements et d'un grand sens poétique.La prestation en concert du groupe, destinée à présenter au public la musique

Sites:www.boerte-music.com

www.myspace.com/boertemusic

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tibétain, puis Fiona SZE-LORRAIN lui succèdait en jouant de son guzheng.Chants d'éloges au palais du Potala, à Lhassa, hymnes au centres religieuxtibétains, poèmes romantiques et hommages au Dalaï-Lama croisaient ainsidans un même programme des pièces classiques ou contemporaines adaptéespour le guzheng, tel Les Eaux ruisselantes de la montagne, ou la Danse desYi. Fiona avait même glissé dans son répertoire une reprise d'un classique biende chez nous, Le Temps des cerises, un choix qui en dit long...Le jeu en alternance avec Fiona SZE-LORRAIN permettait à TsheringWANGDU de changer d'instrument à chaque prestation. Outre le luth, ils'accompagnait également au gyu-mang, aussi appelé tympanon frappé (oucithare sur caisse). Sur certaines pièces jouées au luth, Tshering effectuaitégalement des pas de danse traditionnelle. Tout au long du concert, les deuxartistes se sont donc croisés juste le temps pour chacun d'arriver sur la scèneou de la quitter à tour de rôle. Il est vrai qu'à l'écoute de leurs répertoirestraditionnels et des timbres de leurs instruments respectifs, manifestement auxantipodes les uns des autres, on imaginait mal comment ils auraient pu mêlerleurs voix...En guise de clôture du concert, Tshering et Fiona ont tout de même consentià interpréter deux titres ensemble. Pour cette occasion, Tshering a joué de laflûte ling-bou, laquelle se mariait à la perfection au guzheng de Fiona. Ledialogue a donc bien eu lieu, court et discret, dans le respect des traditions enprésence, et sans discours, comme coulant (presque) de source. Mine de rien,et sans chercher à politiser plus que de raison leur spectacle, TsheringWANGDU et Fiona SZE-LORRAIN ont prouvé que la musique reste levecteur le plus fiable des valeurs de tolérance et de réconciliation...

Article et photos Sylvie Hamon et Stéphane Fougère

Le Centre Mandapa à Paris nous conviait le 5  avril2008 à une rencontre tout à fait inhabituelle, aussiinédite sur le plan musical que lourde de sens parrapport aux événements qui ont agité dernièrement lepays-hôte des J.O de cette année... Cette rencontre étaitcelle d'un musicien tibétain, Tshering WANGDU, etd'une musicienne chinoise, Fiona SZE-LORRAIN.Tshering WANGDU, poly-instrumentiste, chanteur etdanseur, est, avec Tenzin GONPO, l'un des seulsmusiciens tibétains vivant en France à se produirerégulièrement en concert et à avoir réalisé des disques(cf. ETHNOTEMPOS n° 14). Fiona SZE-LORRAIN,joueuse de guzheng (cithare chinoise) est une solisteappréciée dans le monde entier, basée à Paris depuisquelques années.Pour ce premier rapprochement encore timide desinstruments de ces deux pays, les artistes avaient choisid'alterner leurs prestations. Tshering WANGDU aouvert le concert en interprétant des chantstraditionnels en s'accompagnant du dra-nyèn, le luth

Sites des artistes :

www.tshering-wangdu.comwww.fionasze.com

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On les croise dans la rue, on les croit revenus de la plage ou de la foire du Trône,à moins qu'ils n'aient fait justement la foire en nocturne dans leur carspécialement affrété pour touristes japonais... Excentriques, loufoques etvraiment partis en vrille, les looks pas possibles des PASCALS sont pour beaucoupdans la forte impression scénique que dégage ce combo de quinze musiciens,musiciennes, chanteurs et chanteuses nippons. Mais ils ne constituent qu'unepartie du show. Les instruments sont aussi une véritable ménagerie : violon, ukulele,kazoo, accordéon, guitare électrique, guimbarde, banjo, piano-jouet, violoncelle,trompette plastifiée, scie musicale, grenouilles caoutchoutées et autres jouetsmécaniques animent avec beaucoup d'à-propos et de rebondissements un universsonore dispensant de fabuleuses projections imagées sorties tout droit d'unefervente imagination enfantine.Rocket MATSU, le directeur de cette fanfare imparablement « foklo », est unnuméro de cirque à lui seul, doublé d'un excellent musicien. Tous le sont de toutefaçon. Les violonistes, pourtant très sérieuses dans leur exécutions, ont descouvre-chefs que l'on croirait chipés dans un farces-et-attrapes. L'ambiance« cartoonesque » est de plus renforcée par ce percussionniste tendance yakusa-sumo-Casimir qui s'acquitte de son rôle de clown attitré avec un natureléblouissant, se baladant partout sur la scène et jouant les Garcimore en sortant desa malle des objets et des jouets tous plus farfelus les uns que les autres... paspour faire des tours de magie, mais pour faire de la musique, bien sûr... et c'est làque la galerie s'amuse tant la magie opère !Et puis il y a ces ritournelles candides qui trottent sans fin dans les têtes, auxarrangements mitonnés aux petits oignons, tous ces airs tantôt pimpants, tantôtmélancoliques, parfois grinçants, voire troublants, ou simplement délurés etrafraîchissants, qui évoquent un barbecue vespéral sur des dunes de sable, uneméditation sous un abri de fortune lors d'une pluie battante ou des rondes danséessans sandales sur un espace vert éventé, et qu'importe les bris de bouteille laissésà terre...Les PASCALS aiment bien la France, ils y ont déjà effectué plusieurs tournées.Quand on dit que ça coûte cher de faire venir des artistes japonais en terreoccidentale, on a subitement comme un doute. Il est vrai que les PASCALS, àl'instar de leur musique, donnent l'impression d'être constamment en vacances, outout simplement ailleurs, ou en orbite... Bref, il y a ceux qui les ont déjà vus, ceuxqui ne les ont encore jamais vus, mais dans tous les cas, le ravissement est aurendez-vous, et la bouffée d'oxygène et le récurage de crâne assurés. Et toutfinit, sinon par un feu d'artifices, au moins par des étincelles, en l'occurrencecelles provoqués par le passage d'une meuleuse sur un violoncelle, choc visuel etsonore garanti !Et chaque fois on demande, mais pourquoi les PASCALS ? Les PASCALS parce quePascal COMELADE, bien entendu, et il y a aussi ces détours par Nino ROTA, HenryMANCINI, MOONDOG, BIZET, Brian ENO ou Toru TAKEMITSU... Mais tous cestenants et ces aboutissants du pourquoi du comment vous ont déjà été narrés àl'occasion de la sortie de leur CD (cf. ETHNOTEMPOS n° 25), et ilserait paradoxal de vous (re)faire un cour sur un sujet qui tient surtout lieu de courde récréation !

* CD PASCALS – Dodesukaden (Label Bleu, 2005)* CD PASCALS – Live Vol. 1, Hi-sense Shoes

(Office Rocketta, 2008)* DVD PASCALS – La Tournée Grande Rose (Office K, 2005)

Site : www.pascals.jp

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la corbeille toute étiquette stylistique pour ne s’occuper que d’une seule et unique chose : la musique, qu’elle soit traditionnelle,jazz ou expérimentale, et l’exploration du paysage sonore.

D’un bout à l’autre de la session, LA TRIODE exploite les infinies possibilités des trois instruments qui la composent. Jeu,dialogue et échange constituent la relation musicale des trois musiciens qui conversent à un, deux ou trois au moyen depercussions improvisées sur le bois, notes égrainées, râles et souffles. Le déroulement très homogène fait alterner desimprovisations très libres et des mélodies plus mesurées inspirées de folklores imaginaires.

Cette session live d’une durée d’une heure nous offre surtout le plaisir d’entendre un conte musical un peu fou, narrant levoyage mouvementé de trois curieux personnages qui rient, se disputent, pleurent et se racontent des histoires. On les entends’attabler gaiement le temps d’un repas et poursuivre ensuite leur périple musical, la larme à l’œil et le sourire aux lèvres. La notion d’improvisation prend ici tout son sens puisque les musiciens, bien loin des délires à huis clos, transmettentà merveille à l’auditeur les différentes émotions qu’ils véhiculent et lui laissent dans la tête de délicieuses images.

L’émission est diffusée sur quatorze radios en France, en Belgique et au Canada. Pour plus de renseignements, rendez-voussur www.solenopole.org. Vous pouvez également écouter l’émission par Internet sur www.solenopole.org/latriode.htm.

LA TRIODE est née en janvier 2007 d’une rencontre musicale entre trois musiciens venant de différents horizons : le flûtisteMiquèu MONTANAROo, le contrebassiste Michel SAULNIER et le guitariste Fabien MORNET, principal initiateur de ceprojet de musique entièrement improvisée.

Le 26 mai 2008, LA TRIODE est invitée dans les studios de la radio Aligre FM afin de participer à l’émission Solénoïde, pôledes musiques « imaginogènes ». Diffusé le 26 juin sur les ondes radiophoniques d’Aligre FM, ce premier enregistrement officieldes improvisations effrontées de nos trois compères est une véritable réussite.

Si Michel SAULNIER et Fabien MORNET sont plutôt issus du jazz, Miquèu MONTANARO baigne depuis longtemps dansl’univers des musiques traditionnelles. Cependant, les trois musiciens usent habilement de ces diverses influences et jettent à

Sites : www.myspace.com/latriode

www.solenopole.orgwww.myspace.com/solenopole

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L’orchestration faisait entendre des sonorités très épurées, avec une attention très marquée pour le timbre etla couleur. L’accompagnement des fados revisitait la formation classique viola/guitarra tout en en conservant lessaveurs harmoniques et mélodiques. La partie électronique, mêlant des fonds sonores de Lisbonne aux chants,était bien à propos dans l’œuvre.Bien que situées aux antipodes l’un de l’autre, les deux voix sont parvenues à créer un sentiment d’osmose très

fort. On pouvait cependant regretter une alternance des chants un peu trop systématique. Si elle visait àstructurer l’œuvre et à lui donner un fil conducteur, elle n’était pas forcément nécessaire pour ressentir l’unitéqui la parcourait. Mais cette architecture bien définie a permis aux chanteurs de mêler leurs voix le temps dupoème point culminant de l’œuvre.Pas toujours appréciée par les puristes, Cristina BRANCO, bien loin de la fadiste éplorée, a toutefois rendu

hommage à l’une des plus belles musiques de son pays.La grande réussite de ne réside pas seulement dans la collaboration entre une chanteuse de tradition

orale et un ensemble de formation classique. GERVASONI a surtout traduit parfaitement, d’un bout à l’autre del’œuvre, les rives du Tage, les rues pavées et le souffle poétique de Lisbonne.

Le public présent au Théâtre du Châtelet a pu assister au mariage réussi de deux univers musicaux trèsdifférents : celui du fado, chant traditionnel né à Lisbonne, et de la musique contemporaine.L’ENSEMBLE MODERN, dirigé par Franck OLLU, accompagnait la chanteuse de fado Cristina BRANCO et le

baryton Frank WÖRNER. (avec quelle voix), œuvre du compositeur Stefano GERVASONI, mettaitégalement à contribution les réalisations informatiques de l’Ircam.Cette étonnante prestation faisait correspondre des sonnets du poète Luís Vaz de CAMÕES (interprétés par

Frank WÖRNER) et des fados traditionnels rendus célèbres par la grande fadiste Amalia RODRIGUES,interprétés cette fois par Cristina BRANCO.

Sites :

www.cristinabranco.comwww.ensemble-modern.com

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Le 20 juin 2008, la chanteuse Siân POTTOK était accueillie au célèbre club de jazzle Sunside pour un concert mêlant jazz et world music. La jeune femme avait réuni cesoir là une brochette de musiciens talentueux ainsi qu’un public nouveau et plusqu’enthousiaste. Si elle était déjà connue des habitués des clubs de la rue desLombards, le formidable moyen de promotion artistique qu’est Myspace et l’émissiontélévisée Nouvelle Star 2008 avait familiarisé le plus grand nombre avec sa bobine etsa belle voix.Siân recoure à la pop et la variété qu’elle use avec bon goût et sait bien marier aux

sonorités d’ailleurs. Indo-pakistanaise-zaïroise de mère et Belge de père, lachanteuse a pu montrer son talent pour concocter une world de qualité, en anglais,avec un grain de voix chaleureux et entraînant. Dès les premières onomatopées, àmi-chemin entre scat et improvisations vocales indiennes, elle a montré une grandemaîtrise vocale tant sur le plan de la technique que sur le plan du timbre.Chanteuse à la vocalité très percussive, Siân a offert au public de beaux duos avec

le percussionniste et batteur Jon GRANDCAMP, mais le plus agréable était de sentirla belle complicité des musiciens. La sonorité globale du groupe était très homogèneet l’on entendait un agréable balancement harmonique entre le piano (Fred DUPONT)et la guitare (Fabien MORNET), une basse mélodique (Clive GOVINDEN) et lesponctuations tantôt douces du saxophone (Yannick SOCCAL), tantôt bouillonnantes del’harmoniciste et chanteur Charles PASI.Le concert comprenait des compositions de la chanteuse regroupées pour la plupart

dans son album auto-produit , sorti en janvier 2008. De nouvellescompositions étaient également au programme, ainsi que quelques reprisessavoureuses .Le concert s’est soldé par une avalanche de roses bien méritées sur la chanteuse,

qu’on ne peut désormais qu’encourager à porter ses projets le plus loin possible.Pour acheter son album ou connaître les prochaines dates de concert de SIÂN,

rendez-vous sur www.myspace.com/sianpottok.

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La seizième édition du Festival Les Escales de Saint-Nazaire qui s'est tenue les 3 et 4 août 2007avait pour thème les « autres mers », c'est-à-dire les pays bordant la Mer Adriatique (Italie, Slovénie,Croatie, Montenegro, Albanie, Grèce), la Mer Noire (Turquie, Géorgie, Russie, Ukraine, Roumanie,Bulgarie) et la Mer Rouge (Egypte, Soudan, Erythrée, Djibouti, Yémen). Ce fut l'occasion, comme àchaque édition des Escales, de découvrir des artistes rares ou inédits en France. Avec ses quatrescènes, le Festival regorge de surprises, mais il faut toujours faire un choix : zapper de concert enconcert pour « tout » voir ou bien se tracer un itinéraire de découvertes.C'est cette seconde solution que nous avons choisie, et nous vous invitons à nous suivre le long de cette

« randonnée musicale » en forme de rétrospective en attendant l'édition 2008 des Escales, qui seraconsacrée aux « Transes Atlantiques ».

La première journée débutait sur la Scène du Port avec OFFICINAZOÉ, groupe italien révélé en France par le film Sangue Vivo, qui seconsacre depuis sa création en 1993 à la «  pizzica  », musiquetraditionnelle du Salento, région située à l'extrémité des Pouilles enItalie du Sud. La chanteuse Cinzia MARZO, l'une des plus belle voixtraditionnelles du Salento, interprète des compositions originales dugroupe, des chants de travail, de révolte ou d'amour, accompagnée d'uneguitare acoustique, d'un violon, d'un accordéon, d'une mandoline et depercussions, ainsi que la « tarentelle », qui se danse jusqu'à la transe aurythme du tambouriello (grand tambourin).Nous nous sommes ensuite rendus à la Scène du Hamman, plusintimiste, pour entendre la chanteuse Tsehaytu BERAKI, originaired'Erythrée, pays voisin de l'Ethiopie. Née en 1939, Tsehaytu BERAKI,

qui s'accompagne au krar (une sorte de harpe à cinq cordes) est devenuedans les années 1970 une star dans ces deux pays, avant qu'ilsdeviennent ennemis. Puis, lorsque l'Erythrée lutta pour sonindépendance, Tsehaytu BERAKI s'est mise écrire des textes militantset a chanté sur le front pour soutenir les troupes. Exilée à Rotterdam, ellea enregistré en 1994 un album composé des chansons les plusmarquantes de sa carrière, Selam (chez Terp Records), chansons qu'elleinterpréta en jouant du krar sur la Scène du Hammam, et qui firent vibrerle public des Escales.

Retour à la Scène du Port, où nous assistions à la création électro-worldréalisée en 2004 au Yémen par le duo français DuOud avec AbdulatifYAGOUB, chanteur et joueur de oud originaire du Yémen. Le concertretraçait « l'histoire » de cette création, qui fait l'objet d'un CD, Sakat

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(Label Bleu) : tout d'abord un duo entre SMADJ (oud et machines) etMehdi HADDAB (oud), puis une prestation du chanteur yéméniteAbdulatif YAGOUB avec ses musiciens, et enfin la rencontre entre lesdeux groupes qui s'avéra encore plus passionnante sur scène que surdisque.

Notre randonnée continuait sur les chemins de l'électro avec deuxconcerts radicalement différents.

Sur la Scène du Pont Levant, le jeune groupe nantais ZMIYA mettaitrapidement le public en transe avec leur musique très rythmée mêlant àla fois instruments traditionnels (vielle à roue, oud, accordéon, kora,arghoul, percussions...), instruments modernes (machines,programmations, batterie, basse électrique...) et un style de chant trèsurbain. Déjà auteurs d'un premier album, Solmamdenlo(Prikosnovenie) en 2004, ZMIYA présentait pour l'occasion unenouvelle création toujours plus groove et transe avec l'addition d'unpercussionniste égyptien.

Pendant ce temps sur la Scène Estuaire, la chanteuse grecque KristiSTASSINOPOULOU charmait le public avec ses compositions mêlantrythmes traditionnels grecs, sons psychédéliques et musique ambient

électronique. La voix cristalline de Kristi STASSINOPOULOU,réhaussée par la présence d'instruments traditionnels (saz, lyre crétoise,percussions, flûte) et plus modernes (batterie, guitare électrique,melodica, boucles électro), a envoûté le port des Escales avec uneprestation à la fois magique et poétique. Ce fut un grand moment devoir sur scène cette artiste inconnue en France, qui a pourtant unerenommée (on la compare à BJÖRK) et déjà plusieurs albums à sonactif. Son dernier album, Taxidoscopio (Heaven and Earth) est sorti en2007 dans plusieurs pays ; espérons qu'il sera rapidement distribué enFrance et qu'une tournée puisse avoir lieu dans notre pays.

Sur la Scène du Hammam, le groupe égyptien MAZAHER, formé àl'initiative du centre égyptien pour la culture et l’art, célébrait un rituelen voie de disparition, le zâr. Les voix des femmes accompagnéesprincipalement de percussions, dont le mazaher qui donne son nom augroupe (sorte de daf) et la tamboura (lyre à cinq cordes), ainsi que lesdanses, ont transmis rapidement la transe au public qui avait envahi leHammam pour cet événement unique et exceptionnel.

DJ CLICK, accompagné d'une danseuse et de petites poupéesmécaniques tout autour de ses platines, terminait cette première soiréesur la Scène du Pont Levant dans une ambiance festive électro-tzigane.

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Pour la seconde journée du festival, notre randonnée commençait pardeux concerts festifs, le premier avec OFFICINA ZOÉ sur la Scène duPort, le second sur la Scène Estuaire avec TERRAFOLK, un groupefolk-rock originaire de Slovénie principalement acoustique maisdétenant une énergie rock.

Nous faisions ensuite un détour vers la Scène du Parc des Expositionsoù se produisaient Burhan OÇAL et l'Ensemble Oriental d'Istambul,dont la sortie du dernier album Grand Bazaar remontait à l'annéepassée. Burhan OÇAL (percussions) était entouré d'un violoniste, d'unpercussionniste, d'un joueur de oud, d'un clarinettiste et d'un joueur dekanun. L'intensité des compositions jouées sur la plus grande scène duFestival, issues à la fois du patrimoine tzigane de Turquie, de la musiqueclassique ottomane et d'influences balkaniques, transportait le publicvenu nombreux dans une autre dimension malgré la foule et la distance.

Sur la Scène du Port se produisait le violoniste et compositeur AlexeiAIGUI avec l'Ensemble 4'33. Ces musiciens venus de Russie jouaientune musique tout à fait inclassable, inspirée à la fois de Frank ZAPPA,du jazz, du rock et de la musique contemporaine. L'instrumentation peuhabituelle dans un festival de musiques du monde (violon, trompette,

claviers, trombone, guitares électriques, violoncelle, basse, batterie)pouvait certes étonner, mais les compositions tout à fait originales etpassionnantes (dont quelques tangos très personnels) ont attiré etenchanté le public qui a accouru en entendant de loin cette musiqueétonnante.

Un peu plus tard dans la soirée, le clarinettiste bulgare Ivo PAPAZOV(originaire d'une famille tzigane de Turquie) et ses musiciensenflammaient la Scène Estuaire, sur des airs d'inspiration bulgare,macédonienne, grecque ou turque, joués avec virtuosité avec un zeste dejazz et des bouffées d'improvisation.Pour terminer la soirée,nous retournions à laScène du Port pourdécouvrir sur scène ungroupe venu de Turquie,BABA ZULA. Mêlantinfluences et instrumentsturcs aux sons modernes(saz, derbouka, boîtes àrythmes, samples...), legroupe ajoutait auspectacle des projectionsvidéos de dessinsimprovisés en direct surscène sur ordinateur etdes danses orientalesexécutées par unedanseuse japonaise (!).La musique de BABAZULA fusionnait habile-ment la musique turqueaux transes psychédéliques des années 1970 (c'est le premier groupe àutiliser un saz électrfié) avec un son tout à fait actuel et nous offrait unconcert aussi magique que halluciné pour achever notre randonnée dansces « autres mers ».

Article et photos : Sylvie Hamon et Stéphane Fougère

***

La thématique de l'édition 2008des Escales se concentreradavantage sur les deux bords del'Atlantique, avec un programmequi fera la part belle auxapproches world «  urbaines  »,voire au-delà (voir programmeci-après), prouvant ainsi que cefestival saint-nazérois – s'il fallaitencore le prouver – fait fi desfrontières stylistiques.

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A FULA’S CALL (Mark LOTZMeets Omar KA) – Liingu

(LopLop Productions) On en connaît tous de ces albums où un

musicien en invite un ou plusieurs autres,comme ça, pour le plaisir et pour l’amitié. C’estsouvent frais et joyeux, plein d’enthousiasmeet ça donne généralement des albumssympas quoique la plupart soient en définitif

assez superficiels. Concernant A FULA’SCALL, le principe est a priori le même, je disbien a priori, car le résultat audible valargement au-delà de toute espérance.Pourtant, au départ, l’affaire a l’air plutôtbanale. Un musicien européen, j’ai nomméMark LOTZ, s’associe avec un musicienafricain, en l’occurrence Omar KA, et çadonne un groupe, A FULA’S CALL, peut-êtretrès éphémère, et aussi un album, Liingu.

Comme je le disais, rien d’extraordinaire,enfin en apparence. Mais dès qu’oncommence à écouter Liingu, l' histoire devienttout de suite très différente. D’abord Omar KAchante exactement comme YoussouN'  DOUR, ce qui n’est pas donné à tout lemonde. En plus le même Omar KA joueexcellemment de la guitare et d’une sorte deviolon africain. Et il y a également soncomplice, Mark LOTZ, qui illumine l’album deses divers flûtes, passant avec virtuosité etnonchalance d’un style à un autre comme si lachose était des plus naturelles. Ne serait-ceque ça, on aurait déjà un opus parfaitementhonorable. Mais le duo s’est lui-même entouréd’Afra MUSSAWISADE, un expert iranien despercussions, et de Raphael VANOLI, qui n’estrien moins qu’une sorte d’hybride de RobertFRIPP et de Brian ENO, excusez du peu. A cestade, notre gentille réunion de musicienscommence à prendre des allures de petitsuper-groupe. Mais ce n’est pas fini  ! Lequatuor a également invité SandipBATTACHARYA aux tablas, MustaphaZNAIDA au luth et Sebastian POTT aukalimba. Et là, à sept, ce qui est commechacun le sait un bon chiffre, ils ontcommencé à se sentir à l’aise pour créer.

Imaginez un peu, un morceau et c’est toutel’Afrique noire qu’on évoque, un autre et c’estle Maghreb qui s’étale à vos pieds, puis onpasse à du jazz avant de partir pour les Indespuis pour le Brésil. C’est ça Liingu, un voyage

permanent, un rêve sans limite où la voix imitela flûte et où la flûte semble rire, où les tablasse mêlent à une guitare planante et où le lutharabe se met à jouer du blues.

Littéralement assailli par tant de stylesmusicaux, frôle-t-on l’indigestion sonore  ?Non, au contraire, tout semble couler desource et tous les morceaux sont superbesvoire prenants. Bref, c’est du talent à l’état puret à ce niveau il semble disparaître sous untapis de modestie alors qu’il éclate à chaqueinstant. A FULA’S CALL durera-t-il le tempsd’un deuxième album  ? On peut en doutermême s’il faut l’espérer. En attendant Liingu,album passionné, passionnant, nomade,mondial, universel, transporté mais sanspasseport exigé, est une véritable perlediscographique.

Sites : www.lotzofmusic.comwww.myspace.com/afulascall

Frédéric Gerchambeau

AUTORICKSHAW – So the Journey Goes(Tala-Wallah Records)

Si le terme «  Autorickshaw  » désigne unvéhicule motorisé à trois roues utilisé en Inde,il s’agit également du nom d’un tout jeunegroupe formé au Canada, roulant sa bossedepuis 2003 entre musique indienne et jazz. Adéfaut de trois roues, ce sont les quatremusiciens qui le constituent (SubaSANKARAN à la voix, Ed ANLEY auxpercussions et tablas, Debashis SINHA auxpercussions, Rich BROWN à la basse et aupandiero) qui nous entraînent en voyage letemps de leur nouvel album intitulé So theJourney Goes. N’oublions pas de mentionnerles quelques invités venant pimenter cettebelle production  : Kevin BREIT (guitare),George KOLLER (dilruba), Mark Mc LEAB(batterie), le Hannaford Street Silver Band

(cuivres), John GZOWSKI (guitare) ainsi queTrichy SANKARAN, éminent percussionnisteindien et père de Suba SANKARAN(mrdangam, kanjira, solkattu).

So the Journey Goes, nominé auxJunoawards 2008, se situe plutôt dans lamouvance actuelle de la «  world music  ».Petit dernier d’une famille de trois albums,(Autorickshaw en 2003, Four Higher en 2004),il s’inscrit dans la démarche de ses aînés,notamment par la reprise de chansons issues

de différentes traditions musicales. On connaîtdéjà les reprises étonnantes de Caravan etNight in Tunisia dans Four Higher, cette foisSuba SANKARAN quitte les standards de jazzpour la chanson folk américaine avec unereprise de Bird on a Wire de Leonard COHEN.

Si le mélange de diverses épices issues detraditions musicales différentes donne parfoisun résultat douteux, il s’agit cette fois d’unesavoureuse réussite. L’alchimie est subtile, etl’album ne se contente pas de superposer unerythmique jazz, une instrumentation indienneet quelques touches de « pop » pour enroberle tout. Dès le premier morceau, inspiré duraga d’Inde du Sud Chalanata Raga, unerythmique imparable donne toute crédibilité aureste de l’album. La basse porte le son de toutblues qui se respecte, tout en insufflant à sonchant une technique de jeu issue de latradition musicale indienne. Suba SANKARANscatte avec aisance, et un groove incroyableemporte les musiciens pour la première étapede ce voyage.

Les éléments de la tradition musicaleindienne ne manquent pas non plus, et n’ontrien d’un plagiat grossier. La finessed’interprétation est évidente  : mélismesvocaux, principe du koraippu dans le morceauChana (division en valeurs de plus en plusbrèves d’une même phrase mélodique),utilisation des sept «  swaras  » (syllabessolfégiques)…

AUTORICKSHAW n’a cependant pas purésister à glisser dans ce nouvel album lesoupçon « bollywoodien » qui ne manque pasde faire sourire l’auditeur, clairement énoncédans le morceau Aaj Ki Raat tiré du célèbrefilm Anamika. Il fallait bien une légère touchede kitsch cuivré pour relever le tout !

Une dernière remarque sur le contenant  :l’illustration de l’album est sobre, agréable etcorrespond bien à la sensualité jazzy de lachanteuse, et on peut apprécier la courtedescription écrite faite pour chaque morceau,notamment la mention des différentsemprunts à tel ou tel raga, la technique utiliséeetc. C’est une honnêteté qui n’est plus ànégliger de nos jours, surtout dans lesdomaines des musiques dites « du monde »où les mélanges sont tels qu’il est désormaisdifficile de définir ce qui est authentique et cequi ne l’est pas.

Sites : www.autorickshaw.cawww.myspace.com/autorickshaw

Chloé Breillot

Razia AZIZ – Between Heaven and Earth :Songs Of Love & Devotion From India and

Pakistan (ARC / DOM)Razia AZIZ est née à Londres en 1965 dans

une famille qui, comme souvent en Angleterre,a tout fait pour conserver son héritage cultureltout en s’ouvrant à l’Occident. C’est ce quiexplique que Razia AZIZ a dès son plus jeune

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âge été entourée par la musique indienne etpakistanaise et qu’on lui ait fait étudier le pianoclassique durant de nombreuses années. Etc’est d’elle-même qu’elle a ensuite appris àjouer de la guitare afin qu’elle served’accompagnement à sa voix et à sespremières compositions.

Néanmoins, bien que libre de faire lamusique qu’elle voulait comme elle le voulait,Razia AZIZ a vite ressenti le besoin impérieuxde revenir vers ses racines et d’étudier de lameilleure manière possible la musiqueclassique indienne et pakistanaise. C’est pourcela qu’elle a demandé à Mohini MATHURpuis à Baluji SHRIVASTAV de lui enseignerleur art. Ce faisant, Razia AZIZ a compris qu’ily avait une attente toute particulière au fondd’elle-même et que cette attente la replongeaitdans sa plus tendre enfance, quand elle étaitbercée par les ghazals, ces chants d’amour leplus souvent à résonance mystique. Parmises préférés étaient ceux chantés par AbidaPARVEEN, une chanteuse incontournabledans ce domaine et qui allait lui servird’influence majeure dans la voie musicale quiserait désormais la sienne.

Encore lui fallait-il un maître pour apprendrel’art sublime mais redoutablement techniquedu ghazal. Il apparu en la personne d’UstadFida Hussain KHAN, lui-même héritier del’enseignement de plusieurs très grandsmaîtres et merveilleux joueur d’harmonium,cet orgue à soufflet qui accompagne la plupartdes ghazals. Ustad KHAN apprendra tout àRazia AZIZ, le chant, l’harmonium et aussi àse forger sa propre voix et manière distinctivede chanter les ghazals tout en restant en lienétroit avec la tradition.

Et c’est exactement ceci que nous trouvonsdans Between Heaven and Earth : Songs OfLove & Devotion From India and Pakistan, unmélange de respect du passé et l’élan vers lefutur, le tout montrant bien que le ghazal n’estpas un genre antique et figé mais participantau présent et plein de vigueur. Razia AZIZchante magnifiquement, d’une voix à la foisdouce et forte, souple et tendue vers le ciel.Elle a à ses côtés son maître Ustad KHAN, qui

a signé toutes les musiques de l’album ens’appuyant sur des poèmes généralement trèsanciens. Razia AZIZ, décidément fidèle à tousses anciens maîtres, a aussi fait appel à BalujiSHRIVASTAV. Il est omniprésent, que ce soitau sitar, au surbahar (sitar basse) ou audilruba (sorte de sitar se jouant avec unarchet), enrobant la voix de la chanteuse d’unsomptueux entrelacs d’harmonies ou aucontraire lâchant la bride à des solos inspiréset saisissants. Il y a enfin Sanju SAHAI autabla, dont la frappe sûre et précise est à elle

seule une leçon de rythmes, du plus caressantau plus complexe en passant par toute unegamme de variations syncopéesimpressionnantes.

Bref, Between Heaven and Earth : Songs OfLove & Devotion From India and Pakistan estun véritable concentré de talent, de passion etde beauté, tout ce qu’il faut pour en fairecertainement et dès aujourd’hui un classiquedans son style.

Label : www.arcmusic.co.uk

Frédéric Gerchambeau

BADAKHSHAN ENSEMBLE– Song and Dance

from the Pamir Mountains(Music of Central Asia, Vol. 5)

(CD + DVD – Smithsonian Folkways /DG Diffusion)

Forte de ses trois sommets qui culminent àplus de 7000 mètres, la chaîne montagneusedu Pamir a offert à la Route de la soie sa pistela plus haute du monde, à 4000 mètresd'altitude. Bienvenue sur le « toit du monde »,plus précisément dans cette province située àcheval entre le Tadjikistan et l'Afghanistan quel'on nomme Badahkchan. Son isolementgéographique l'a rendue inaccessible pendantdes siècles, mais lui a aussi permis depréserver une culture spécifique comptantsept langues différentes, toutes indo-européennes, mais distinctes du persan.

Conservées intactes au cours des siècles,les traditions musicales du Badahkchanpossèdent certes cette étincelle d'éternité,mais qui n'en reste pas moins fragile face auxassauts du rouleau-compresseur de lamodernisation. C'est pour endiguer ceteffritement de la transmission du savoir que lachanteuse et danseuse SohebaDAVLATSHOEVA a fondé, avec le musicienérudit Jonboz DUSHANBIEV et quelquesautres musiciens et chanteurs traditionnels, leBADAHKSHAN ENSEMBLE, dont le nom aau moins le mérite de situer clairementl'origine culturelle de ces chants caractériséspar des mélopées amples et ces musiques quifont résonner d'obsédantes cordes etpercussions.

Le répertoire du BADAKHSHANENSEMBLE couvre des genres aussi religieuxque populaires et, du fait que les musicienspamiri sont en majorité de confessionmusulmane ismaélienne (branche duchiisme), les ghazals, ou poèmes – plus oumoins apocryphes, puisque transmisoralement – des grands maîtres persans telHÂFEZ, RUMI, SAADI ou Nasir KHUSRAUoccupent une bonne place. SohebaDAVLATSHOEVA et OluchaMUHALIBSHOEV font montre de leurtalentueuse passion pour les falak, ces«  chants du destin  » aux connotationsphilosophiques, tandis qu'AqnazarALOVATOV délivre un magnifique maddoh,sorte de prière à l'adresse de la famille duProphète réputée pour véhiculer une forcespirituelle appelée baraka.

Chants folkloriques et lyriques complètent leprogramme avec des thèmes de danse et despièces instrumentales jouées avec desinstruments vernaculaires aux traditionscentre-asiatiques et à la culture

badakhchanaise en particulier, à savoir lesluths à long manche rubâb, tanbur et setar, laviole à archet ghijak et le daf, percussion surcadre rond.

Jouissant chez eux d'une grande réputationbien que n'étant pas soutenus par l'Étattadjike, les membres du BADAKHSHAN

ENSEMBLE ont eu plusieurs fois, sousl'impulsion de l'Aga Khan Music Initiative,l'opportunité de faire connaître leur art aupublic occidental. Le groupe s'est notammentproduit en France, et un précédent CDdocumente leur performance donnée en 2003au Théâtre de la Ville de Paris (Chants etMusiques du Badakhchan – Concert, chezNaïve). Ce nouvel album est accompagnéd'un beau livret d'une quarantaine de pagesqui contient de précieux commentaires sur lestraditions du Badakhchan, des notations surles chansons avec traduction anglaise desparoles, des photos, un nomenclature desinstruments et des référencesbibliographiques et discographiques.

Un documentaire inclus dans le DVDcomplète cette visite (très) guidée des lieux.Les artistes y sont interviewés dans leur milieud'origine, et la fonction sociale de leurmusique y est pleinement mise en évidencepuisqu'on les voit jouer dans des fêtes,cérémonies et mariages, quitte dans certainscas à troquer certains de leurs instrumentstraditionnels contre des synthétiseurs,exigence de modernité oblige. Mais on y voitégalement Jonboz DUSHANBIEV fabriquerun ghijak ou Shodi MABATQULOV, le joueurde daf, transmettre son savoir à ses enfants,autant d'images rassurantes pour l'avenir desformes traditionnelles de ces musiques...

Site label : www.folkways.si.edu

Stéphane Fougère

BAHRAMJI & BASHIR– Master & Disciple

(Blue Flame / DG Diffusion)Le parcours musical de BAHRAMJI aurait pu

se confondre avec celui de n'importe quelmusicien traditionnel. Né à Kermanshah, dansle Kurdistan iranien, l'artiste a évidemment éténourri aux rites soufis et aux traditionsmusicales vernaculaires et a très tôt pratiquéle santour, cette sorte de cymbalum de formetrapézoïdale pourvu d'une centaine de cordesqui occupe une place de choix dans lesmusiques persane et indienne. On nes'étonnera donc pas que BAHRAMJI ait aussidéménagé en Inde et effectué plusieursséjours dans l'Himalaya. Féru de tradition etde spiritualité, il a aussi exercé ses talents auney et au settar et a composé des chansonsen empruntant ses mots au poète soufi RUMI.

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Petit à petit, il en est venu à jouer unemusique qui, à l'approche traditionnelle, asubstitué une démarche plus personnelle. Leschoses ont du reste pris une tournure plusradicale quand BAHRAMJI a quitté l'Indepour... Ibiza (!), où il a rencontré une autrefaune musicale, celle des DJ et desproductions ethno-électro-ambiant. La

discographie de BAHRAMJI compte ainsi desCD relevant de cette dernière tendance, aupoint que des morceaux de l'artiste figurentdans moult compilations du genre Buddha Baret autres Namaste... Dire qu'à la vue de satête de noble et sage patriarche, on lui auraitvolontiers donné le titre de «  pandit  » sansconfession !

Avec Master & Disciple, BAHRAMJI revienttoutefois à une formule plus acoustiquepuisqu'il se commet avec le percussionnisteBASHIR, joueur de tombak, et qui n'est autreque son propre fils, à qui il a enseigné lamusique. C'est donc un disque enregistré enfamille, renfermant des compositions deBAHRAMJI, dans lesquelles les notes enspirale du santour volent par-dessus lesfrappes lestes et veloutées du tombak, tousdeux cultivant des entrelacs mélodiques etrythmiques aux indéniables effetshypnotiques.

Voilà un disque à l'inspiration fraîche etcolorée qui a le don de vous transportervraiment ailleurs tout en aidant votre esprit àévacuer les lourdeurs qui le retiennent au sol.Ce n'est pas à proprement parler un disque derelaxation ou de méditation  ; son caractèrepétillant et dynamique est plutôt du genre àfaire danser intérieurement sur despanoramas sonores mêlant les couleursmoyen-orientales et indiennes.

L'amateur de musique acoustiqued'inspiration traditionnelle pourra doncfréquenter cet album, à charge pour luicependant de faire abstraction de l'esthétiquepost-babacooliste un rien kitsch de lapochette, et plus encore de l'éclatant rosebonbon qui envahit les volets intérieurs dudigipack (sans parler des poses un rien«  stoned  » de certaines photos). De plus,l'inclusion de la voix du célèbre sectateurOsho Rajneesh dans certains morceauxpourra faire grincer les oreilles de ceux quisont réfractaires à toute forme de prosélytismepar la musique.

Mais le gourou se contente ici de parler demusique et des musiciens, des liensindéfectibles qui les unit, de la forced'attraction de l'une et du don de soi de l'autre,qui cultive son art pour ne faire qu'un avec leson. Ça ne mange pas de pain, et l'auditeurn'a plus qu'à vivre l'expérience par lui-même

en plongeant dans les volutes extatiques deBAHRAMJI et BASHIR !

Site : www.bahramji.com

Stéphane Fougère

Bardic Divas : Women's Voices in CentralAsia (Music of Central Asia, Vol. 4)

(CD + DVD – Smithsonian Folkways /DG Diffusion)

Le label américain Smithsonian Folkwayspoursuit son exploration des trésors musicauxd'Asie centrale à travers sa série spécialiséesous forme de coffrets CD + DVD deproduction haut de gamme. Contrairementaux autres volumes parus qui étaient centréschacun sur un artiste ou un groupereprésentant une tradition précise d'un paysou d'une région, ce Volume 4 réunit desartistes de différentes traditions centre-asiatiques, et qui ont pour premier pointcommun thématique d'être des femmes. Leursecond point de convergence est qu'elles sonttoutes détentrices d'une tradition bardique,qu'elle provienne de peuples nomades(Kazakhes, Kalmoukes, Kyrgizes), d'anciensnomades sédentarisés (Karakalpaks) ou depeuples sédentaires (Tadjikes, Azéris,Khorezmis).

Narration épique, poésie orale, chant épiqueou expression instrumentale avec unedimension épique, toutes ces formes sontgénéralement représentées par des hommeset ont souvent été exclusivement réservées àceux-ci, jusqu'à ce que la politique culturellede l'ancien bloc soviétique encourage lesartistes féminines à se les approprier (lestraditions artistiques, pas les hommes !).

Bardic Divas rend compte de ce phénomèneen présentant treize de ces talents féminins,chanteuses ou musiciennes. Certaines noussont déjà connues pour figurer dans d'autresvolumes de la collection Music of Central Asia,comme la Kyrgize Kenjegul KUBATOVA,membre du groupe TENGIR-TOO  ; FarganaQASIMOVA, fille du célèbre chanteur azéri

Alim QASIMOV (familier des scènesoccidentales) ; ou encore Ozoda ASHUROVA,qui fait partie de l'ensemble tadjike ACADEMYOF MAQÂM. La Kazakhe UlzhanBAIBUSSYNOVA, qui figure en couverture ducoffret, n'est pas non plus une totale inconnuepuisqu'elle s'est notamment commise surplusieurs scènes en France, dont celle duThéâtre de la Ville de Paris, à l'occasion deconcerts thématiques sur les « musiques dessteppes ».

Formes traditionnelles obligent, la plupart deces femmes se produisent ici en solo,

accompagnant leur chant d'un luth (dombra,dôtar, saz, komuz, tar), d'une vièle (ghijak) oud'une percussion (dayra, daf), selon lesgenres. Deux exceptions sont toutefois ànoter. Ainsi y a-t-il un duo formé par InjegulSABUROVA (ghijak) et Ziyada SHERIPOVA(voix, dôtar), du Karakalpakstan (unerépublique autonome d'Ouzbékistan), dontl'art présente l'intérêt de combiner le chantépique et guttural des cultures nomades etdes éléments musicaux plus propres auxcultures sédentaires. Il y a également un trioen provenance du Khorezm (autre régiond'Ouzbékistan), qui perpétue une formeartistique spécifiquement féminine, celle des« khalfas », maîtresses femmes lisant l'arabeet remplissant des fonctions religieuses,cérémoniales et musicales destinées auxautres femmes.

Chacune de ces artistes (ou groupe)intervient généralement à deux reprises dansl'album, à travers des pièces assez courtes,ce qui permet à des oreilles même peu initiéesde naviguer aisément et de s'imprégner detous ces timbres et sonorités aussiimpressionnants les uns que les autres.Curieusement, le livret inclus dans ce coffretne consacre pas de pages directes à chacunede ces « divas bardiques ». La « tracklist » secontente effectivement d'indiquer les titres,sans mention des artistes qui les interprètent,et c'est une autre page qui liste chaque artisteen la reliant à son pays ou sa région, maissans indiquer les morceaux joués. On en estquittes pour savoir qui joue quoi en consultantdans les pages suivantes les commentaires(rédigés en anglais) consacrés à chacun desmorceaux. On a vu lecture plus commode... Ilfaut cependant saluer l'énorme travailpédagogique illustré tant par le livret que parle DVD, dont le documentaire principalcontient des extraits de performances live etdes entretiens de dix des treize artistesenregistrées pour le CD.

Site label : www.folkways.si.edu

Stéphane Fougère

Roland BECKER – Chants dans la nuit

(Oyoun Muzik / Avel Ouest / Coop Breizh)Dans le désormais vaste champ des

musiques de tradition bretonne évolutives, latentation de l'électro n'est plus vraiment unenouveauté, ni même un sacrilège. PascalLAMOUR ou ARKAN ont déjà commencé àdéblayer le terrain depuis quelque temps déjà,d'autres s'y sont depuis incrustés avec plus oumoins de bonheur. C'est aujourd'hui au tourde Roland BECKER de s'y engouffrer, avectoujours ce goût de la marche en avant enforme de pavé dans la mare. Celui qui, il y aplus d'une vingtaine d'années, avait déjàsecoué le train-train de la tradition en yinjectant des incantations jazz-rock prendcertes le train de l'électro en marche, maisavec sa propre sensibilité et une éruditiontoujours fascinante.

On connaissait le goût du compositeur,sonneur, saxophoniste et claviériste bretonpour les insolites tapisseries ou « portraits »sonores ravivant les époques passées ourêvées de la Bretagne avec force pléiade dechanteurs, chanteuses, musiciens et

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instruments rares et singuliers (Jour de fête etfête de nuit, Er Roué Stevan...). Chants dans

présente le même typede scénario, avec cependant un goût plusprononcé pour les anachronismes sonores etles coq-à-l'âne temporels.

Les « chants » en question proviennent decollectages effectués par Roland BECKER etd'autres, donnant ainsi l'opportunité précieused'entendre des voix de femmes et d'hommesd'anciennes générations. Tous ont étéenregistrés dans les années 1960 à 1990, et ily a même un enregistrement qui date de1913  ! A cette prenante mémoire vocales'adjoint une grammaire typiquement électro(programmations, beats, basslines, vocoder)et une foultitude d'instruments acoustiques etélectriques, mêlant bombarde, harpe celtique,vielle à roue, guitare électrique, basseélectrique, violon, orgue hammond, fenderrhodes, que complètent des ingrédientsrelevant de la catégorie « surprise du chef », àsavoir pandeiro, paille d'avoine, pungi indien,tamborim, waterphone, et autres étrangetéssonores.

Roland BECKER a malaxé, déformé,transfiguré et remodelé toutes ces sourcessonores avec son fin talent de « cordon bleu »,

enveloppant ces chants nocturnesd'orchestrations lyriques ou renforçant leurstraits de vecteurs de transe, tout en assenantau passage de terribles coups de bombardeou encore en irradiant le paysage d'aigreursélectrifiées, avec toujours ce souci depréserver un aspect organique à tout cefoisonnement orgiaque.

Convoquant musique traditionnelle, musiqueélectro et pop music, le «  cosaque deBretagne  », comme on aime à l'appeler, n'apas cherché à souligner les grands écartsstylistiques, mais plutôt à les fondre dans desentrelacs soignés, oniriques, mais néanmoinsénergiques. Dans ce «  retour vers le futur  »cybertraditionnel, il s'agit bien de faireressurgir la pulsation hypnotique de cesmatériaux vocaux du passé, d'en prolonger larésonance à travers des filtres bien actuels.Avec Roland BECKER, la nuit est décidémentle lieu de fêtes musicales encoreinsoupçonnées...

Site : www.rolandbecker.com

Stéphane Fougère

CHURCHFITTERS – Amazing(L’Autre Distribution)

Malgré une relative discrétion et uneregrettable absence des grands festivals, lesCHURCHFITTERS poursuivent leurbonhomme de chemin musical. AvecAmazing, ils nous livrent leur sixième album.

Si les deux piliers Rosie SHORT (chant, flûtes,dulcimer, banjo, sax, guitare, percussions et…ukulélé) et Christ SHORT (violon, mandoline,flûte, percussions) sont toujours bien présents,les deux derniers arrivés Topher LOUDON(chant, bouzouki, guitare, basse, banjo,percussions) et Boris LEBRET (basse,bouzouki, percussions) sont désormais desmembres à part entière.

Ceux qui s’attendent à un disque de dansesou de musique traditionnelle irlandaise pur jusrisquent d’être déçus. Si on peut effectivementcroiser quelques trads (l’instrumental Kerry theHero/The cliffs of Moher, The Chicken song),ces morceaux ne sont pas légions. Le pointfort des CHURCHFITTERS est justement lacomposition. Et de ce point de vue, ce sontréellement des orfèvres. Amazing est unenregistrement qui contient des titres efficaceset propose une vision personnelle du folk àconsonance irlandaise. Qui plus est, lesCHURCHFITTERS ne cèdent pas à la facilité,certains titres dépassant les cinq minutes.

Scary Dog est sans doute le titre le plussurprenant car la deuxième partie de lachanson, avec percussions et guitareélectrique, sonne résolument rock. A l’opposé,Bee’s Knees est un quasi-instrumentalacoustique qui contient quelques paroles en…hawaiien (aloha oe : je t’aime).

Les musiciens étant multi-instrumentistes etjouant parfois des mêmes instruments, ilssavent alterner et ainsi varier les ambiances.Le quatuor nous livre ainsi un album comme ilsait si bien le faire, c’est-à-dire en dehors detoutes modes et grandement réjouissant.

Lorsque, le disque est terminé, attendez unpeu avant de le retirer du lecteur. Le livretmentionne simplement dix titres, mais il fautaller jusqu‘au bout du CD pour découvrir unmystérieux morceau caché sur la plage… 50.Les titres compris entre 11 et 49 ne durent euxque deux ou trois secondes.

Site : www.churchfitters.com

Didier Le Goff

Mercan DEDE – Breath– 800 (Doublemoon / DG Diffusion)

Son vrai nom est Arkin ILICALI, ce qui s’est

vite transformé en Arkin ALLEN, mais il estmaintenant devenu pour tous Mercan DEDE,qu’il faut prononcer Mertchanne Dèdè. Voicidonc dit le nom du nouveau pape incontestéde la world-music remixée. Il faut dire quel’homme est doté d’un talent prodigieux doubléd’une vision tout à fait intelligente de son deson travail de musicien/producteur. Avec lui,on a jamais l’impression de musiques faites àla va-vite et dans un but essentiellement

commercial, ce qui est souvent le cas enmatière de remix. Mais plutôt que de parler deremix, terme finalement assez vague, il fauten fait parler de fusion entre l’esprit desmusiques traditionnelles orientales et celui dela musique électronique la plus avant-gardiste. Et c’est un vrai mariage d’amour,pas une simple recette. C’est toujours trèsbeau, très pensé et excellemment produit.

Parfois c’est vif voire dansant, d’autre foisc’est atmosphérique voire cosmique. Bref, cen’est jamais pareil d’un morceau à l’autre, cequi donne aux albums de Mercan DEDE desairs de voyages au long cours pleins deméandres et d’imprévus. Mais quel parcoursce musicien a-t-il lui-même suivi ?

C’est à 15 ans qu’Arkin ILICALI entreprendl’apprentissage du ney, la longue flûte enroseau traditionnellement jouée depuis dessiècles dans son pays, la Turquie.Parallèlement il apprend aussi à jouer dubendir, un tambour très répandu en Afriquedu Nord, ainsi que du oud, devenu pardéformation du nom notre luth. Mais ArkinILICALI ne s’intéresse pas qu’à la musique, ilest également très imprégné par le soufismeet notamment par les écrits de MawlanaDjalal ed-Din RÛMI, le poète incontournablede la tradition soufie. Et c’est muni de cebagage musical et culturel qu’Arkin ILICALIs’installa à Montréal à la fin de ses études. Cefut pour lui un nouveau départ, avec unnouveau nom et une musique nouvelle àconstruire, alliage parfaitement conçu dupassé et du présent, mais toujours en rapportétroit avec RUMI.

Breath (Nefes en turque et Souffle enfrançais, autrement dit l’Air), sorti en juin 2007chez Doublemoon, était le troisième opus–  les précédents furent Nar (le Feu) et Su(l’Eau) – d’une série de quatre consacré auxquatre Éléments de la Nature. En anglais, lemot breath signifie en fait aussi bien le souffleque la respiration. Et le terme nefes désigneaussi l’âme, l’esprit. Nous sommes donc ici aucarrefour entre la respiration vitale, le soufflequi anime la flûte et l’esprit divin. Et c’est toutceci que Breath cherche à évoquer, yparvenant d’ailleurs fort bien. C’est tout à lafois aérien et rythmé, mais c’est surtout nimbéd’une aura mystérieuse et prenante.

800, sorti en novembre 2007 chezDoublemoon également, fête les 800 ans dela naissance de RUMI et entend le faire avecfaste. Mercan DEDE s’est donc entouré d’unemultitude de musiciens ultra-doués venus detoutes les régions du monde. Citons justeShankar DAS, un extraordinaire joueur detabla habitant aussi Montréal et Ismail

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TUNÇBILEK, un fabuleux joueur de luthbaglama offiçiant au sein du groupe turqueTAKSIM TRIO. 800 est un album qui, s’il estexcellent et varié, peut en dérouter certains.En effet, plusieurs morceaux comportent unefanfare mexicanisante sans rapport, a priori,avec le soufisme en général et RUMI enparticulier. Ce serait oublier un peu vite que lepropos de Mercan DEDE n’a jamais été defaire de la musique turco-turque mais aucontraire une musique universelle s’appuyantsur des éléments de la musique turque. Il estdonc urgent avec ce musicien de rester ouvertà toutes les musiques de tous les temps et detous les continents. 800 en messagersubliminal de la paix mondiale par la musique

mondiale, voilà qui aurait sûrement ravi d’aiseRUMI en son temps et nous ravit en tout casaujourd’hui les oreilles et le cœur.

Sites : www.mercandede.comwww.myspace.com/mercandedeLabel : www.doublemoon.com.tr

Frédéric Gerchambeau

DIOGAL – Li Lan La (Autoproduction)Li Lan La respire l’authenticité et la

simplicité. Ce nouvel album de l’artistesénégalais DIOGAL se démarque des deuxprécédents (Samba Alla en 2002, Liir en 2004)non dans l’esprit (bien qu’il soit plusacoustique) mais plutôt dans la démarche.DIOGAL porte ici plusieurs casquettes  : à lafois ingénieur du son, réalisateur, arrangeur etinterprète, il a pu prendre tout le soin et letemps nécessaire à cette productionpersonnelle. L’album a été enregistré austudio Wasia dont l’artiste lui-même s’occupe,et est sorti le 25 mars 2008 après deux ans etdemi de travail.

Li Lan La, qu’est-ce que c’est ? La réponseest contenu dans la question, justement parce

que le titre en wolof signifie «  qu’est-ce quec’est  » en français. Et l’album dans sonensemble tente d’y répondre  : «  Dans cet

album, j’aborde les sujets qui me touchent, jeparle des gens, je parle d’amour, je parle depaix, j’aborde aussi un sujet qui nous inquiètetous, c’est le réchauffement planétaire ». Cesthèmes de société, pourtant souvent rebattus,prennent dans la voix de DIOGAL unedimension juste et belle, et point besoin decomprendre le wolof pour partager sessentiments : son grain de voix chaleureux, lasimplicité avec laquelle il joue comme il chantesuffisent à transmettre ce qu’il faut à l’auditeur.

De l’Afrique à l’Occident, DIOGAL partage saformation entre instruments de percussionstraditionnels (sabar, tama, calbasse, balais,cajón) et d’autres plus occidentaux comme labatterie. Au centre, le duo guitare/voixreprésente les identités de ces deux culturesmais surtout celle de l’artiste. Ce qui ressort detout cela, c’est un éternel balancement entrel’esprit des belles balades et ce groove qui faittoute la beauté de la musique venue d’Afrique.

Cet opus est également pour DIOGALl’occasion de rendre hommage « à un grandmusicien malien qui s’appelle Ali FarkaTOURÉ. ».

Autoproduit jusqu’au bout des doigts, Li LanLa est en vente uniquement sur le site del’artiste ainsi que par téléchargement légal surles sites de la FNAC et de Virgin.

Sites : www.diogal.netwww.myspace.com/diogal

Chloé Breillot

Mahmoud FADL – For Oriental Dancers,from Cairo with love (Piranha / Nocturne)La danse est omniprésente dans le parcours

musical de Mahmoud FADL. Né en 1955 deparents nubiens, l’éminent percussionniste acommencé sa carrière à la fois en tant quedanseur et musicien, se produisant dans lesmariages, clubs ou hôtels.

Après la trilogie des Tambours du Nil (TheDrummers of the Nile, 1997, The Drummers ofthe Nile go South, 2001, The Drummers of theNile in Town, 2003), Mahmoud FADL retrouvel’alliance du pas et du rythme dont il est sifamilier et nous livre un album dont la grandebeauté rythmique et mélodique vient servir l’artde la danse. For oriental Dancers, sorti en2007 chez Piranha, exprime l’idée du créateur,celle d’une harmonie parfaite : « Le tambour etle danseur sont amants, parent et enfant, frèreet sœur. Ils se parlent avec mots doux etcomplicité. »

La formation, constituée de vingt quatremusiciens, nous entraîne sur la route de lasensualité et de la beauté. L’alternance demorceaux purement rythmiques et demorceaux où se mêlent tambours et cordes,tambours et vents permet une grande diversitéde couleurs et d’atmosphères, et semblefigurer la dualité évoquée par Mahmoud FADLde deux êtres complémentaires et opposés.Les timbres tantôt cuivrés, tantôt secs desdiverses percussions (congas, bongo, tablaetc.) se mêlent à ceux du nay, du oud ou del’accordéon. Le tout enivre et remplitl’imaginaire de couleurs chatoyantes et de pasde danse.

Dans le respect de la tradition arabe,Mahmoud FADL nous livre des piècestraditionnelles arrangées par ses soins ainsi

que quelques honorables compositions. Levoyage en terre égyptienne est également unvoyage dans le temps. Sorte de clin d’œil à lamodernité, le dernier morceau de l’album, un

bonus, est une composition de MahmoudFADL mixée avec des sons électroniques etproche du style électro-pop qui vient nourriraujourd’hui les plus pures traditionsmusicales du monde.

Peut-être «  album de la maturité  », ForOriental Dancers nous montre surtout que«  L’art de la danse orientale est d’atteindrel’harmonie parfaite entre l’esprit, le corps etl’âme ».

Sites : www.piranha.dewww.myspace.com/mahmoudfadl

Chloé Breillot

Flûtes-gasba du Nord-Est de l'Algérie –Airs pour gasba et bendir

(Buda Musique / Universal)En Algérie, l'engouement depuis une

vingtaine d'années pour la chanson moderneinspirée du raï et tartinée de sonssynthétiques a quelque peu mis au placarddes genres plus anciens, notamment lachanson poétique populaire dite melhûn. Ceschants traditionnels avaient pourtant laparticularité d'être accompagnés par uneétonnante flûte de roseau, la gasba, uninstrument emblématique de l'Algériepuisqu'on la trouve dans nombre derépertoires sous plusieurs formes et jouéeavec des techniques différentes.

Selon les régions, la gasba peut mesurer de30 à 70 centimètres et peut compter 11 à 14trous. A son apparence rudimentaire faitcontrepoid une pratique hautementsophistiquée, fondée sur le souffle continu, lemusicien soufflant dans le roseau en le tenantde façon oblique.

Loin de n'être qu'un instrumentd'accompagnement du chant, la gasba estégalement riche d'un répertoire de mélodiesinstrumentales, les fameuses « nawbat » ounoubat (à ne confondre avec les noubasarabo-andalouses  !), pour lesquelles ellesfont jeu commun avec les bendirs, cestambours sur cadre tendu de peau de chèvreet dont le diamètre atteint 50 centimètres. Cesairs pour flûtes et percussions sontgénéralement joués à l'occasion decérémonies et pèlerinages religieux,notamment les festivités (zerda) liés au cultede Saints marabouts, hérité des croyances etmythes ruraux méditerranéens. On dit que lesplus beaux airs de gasba et bendir sontdédiés à ces marabouts, dont les psalmodies

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superposées à ces musiques mènent sansdifficulté à un état extatique.

La condamnation de la gasba parl'orthodoxie religieuse et une partie del'opinion publique tient assurément auprimitivisme tellurique de son timbre. Et quandelle est associée au bendir, la gasba peutgénérer une intensité mélodique et rythmiquequi engendre la trance.

Les airs traditionnels inclus dans cet albumen fournissent une preuve éloquente. Ils sontjoués par quatre ensembles de gasaba(flûtistes) et de bender (percussionnistes)issus des régions du Nord-Est algérien,principalement celles de Souk-Ahras etd'Annaba  : un du village Beni-Salah (quireprésente la confrérie maraboutique

chabbia), un de Nechmaya (qui représente laconfrérie  'ammaria), un groupe de musicienschaoui de Tébessa et un groupe d'Annaba.Les deux derniers groupes intègrent chacunun chanteur qui fait également montre d'uneextraordinaire puissance sonore etémotionnelle.

Airs vifs ou plaintifs, rythmes entêtants,souffles mystérieux, variations mélodiques,envolées dynamiques, lamentations âpres etmélopées déliées caractérisent ces musiquesà la fulgurante beauté qui ont subjugué BélaBARTOK comme Brian ENO et David BYRNE(un morceau s'en inspire qui figure dans laversion augmentée et remixée du classiqueMy Life in the Bush of Ghosts).

Le CD est accompagné d'un riche livretcomprenant photos et textes détaillés sur lestraditions maraboutiques et profanes, lesinstruments et les pièces enregistrées, ainsique d'un DVD bonus comprenant un film deplus d'une demi-heure tourné durant lesenregistrements. Si l'on y retrouve avec plaisirles musiciens dans leur environnement (les«  zaouia  », ou lieux sacrés), on pourraregretter par contre de n'avoir affaire qu'à desextraits de morceaux. Mais les zooms sur lesflûtes permettent d'apprécier leursornementations pyrogravées ainsi que lesmusiciens en pleine action, dont les capacitésde souffle laissent pantois ! Remercions doncHalim DEKKICHE et son équipe d'avoirimmortaliser en sons et en images cesmusiques faites de roseaux et de peaux et quinous propulsent dans un autre temps...

Label : www.budamusique.com

Stéphane Fougère

GARLIC BREAD / LE CONCERT DEL’HOSTEL DIEU – O’ Carolan’s Dream

(Calliope / Harmonia Mundi)GARLIC BREAD est un quatuor de folk

irlandais (violon, bouzouki, flûtes-uillleannpipes, contrebasse) qui existe depuis unedizaine d’années et qui a deux albums à sonactif. LE CONCERT DE L’HOSTEL DIEU(clavecin-orgue, viole de gambe, contrebasse,harpe celtique, percussions) est un ensemblequi, depuis quinze ans, travaille à faireconnaître les musiques baroques.

Ces deux formations originaires de la régionlyonnaise se sont associées d’abord pour unspectacle et désormais pour un CD consacrésau maître irlandais de la harpe celtique,Turlough O’ CAROLAN.

Ce dernier a légué une œuvre considérableet encore aujourd’hui, nombreux sont lesmusiciens, que ce soit en Irlande ou ailleurs,qui le citent en exemple et reprennent sesmélodies.

O’ CAROLAN était aussi un grandadmirateur de l’œuvre de compositeurs italiencomme VIVALDI ou CORELLI. Cela seressent dans sa musique et c’est justement ceque tendent à montrer, tout au long de l’album,les deux formations.

La plage 11 (La folia/When she cam Ben) enest le meilleur exemple car elle mêle sur unmême titre un air de CORELLI et un autre deO’ CAROLAN.

On reconnaîtra également deux mélodiestrès connues qui ont déjà été maintes foisreprises, mais qui sont ici interprétées dansdes versions inédites. Miss Mac Dermott est,et c’est assez rare pour être souligné, chantée.Le morceau bénéficie d’une ambiance jazzyqui, si elle peut surprendre, lui sied sansproblèmes. Quant à Eleanor Plunkett, il n’estplus besoin de la présenter tant elle faitdésormais partie du patrimoine irlandais. On laretrouve dans une interprétation de factureclassique. Sandrine BURTIN, la chanteuse deGARLIC BREAD possède en plus une jolievoix.

Le concept n’était pas de faire cohabiter oude juxtaposer les deux mondes musicauxchacun de leur côté, mais bien de les unir. Lerisque était grand, mais le but est parfaitementatteint. Le disque est des plus réussis.

Site : www.garlicbread.org

Didier Le Goff

Gaby KERDONCUFF / LA COOPÉRATIVE(Hirustica / Coop Breizh)

Ce n'est plus un secret pour personne, laBretagne et la musique qui va avec est un

espace privilégié de création. Sauf qu'il fautparfois du temps pour que certains projetstournent et accouchent d'une première étapediscographique. Depuis sa création en 2002,LA COOPÉRATIVE du sonneur ettrompettiste Gaby KERDONCUFF n'avait paslaissé de trace discographique. La patienceétant la sœur de la qualité, cette lacune estaujourd'hui comblée avec la parution de cecoffret comprenant CD + DVD, tous deuxenregistrés dans les conditions du live, et àdeux époques différentes (en 2002 à Saint-Paul-de-Léon pour le DVD, et en 2006 àLorient pour le CD). On se doute quel'ampleur de la formation – neuf musiciens etune chanteuse – n'a pas plaidé en sa faveurpour circuler partout, mais LACOOPÉRATIVE s'est tout de même commisesur les scènes et les festivals les plus ouvertsde Bretagne, proposant une nouvelle lecturede la tradition bretonne.

Dans LA COOPÉRATIVE, vous netrouverez nulle trace de l'habituel duo biniou-bombarde, ni même du trio biniou-bombarde-tambour. En revanche, vous y trouverez unjoli choix de cuivres : la trompette et le buglede Gaby KERDONCUFF, les saxophone altoet soprano de Karl GOURIOU et lessaxophone baryton, alto, hautbois etclarinette de Daniel BEAUSSIER. Qu'on nes'y trompe pas  : le répertoire du groupe est

immanquablement enraciné dans la mémoirebretonne, à base de danses plinn, hanter-droou de gwerzioù. Mais fort de son expériencede sonneur et de pionnier de l'introductiondes cuivres dans la musique bretonne, GabyKERDONCUFF déploie dans saCOOPÉRATIVE des timbres et descombinaisons harmoniques au moins peucommuns et au mieux inédits, orientant lepropos vers le jazz, mais en assaisonnantoccasionnellement ses plats de parfumsméditérranéens ou orientaux.

Aux cuivres cités plus haut s'ajoutent aussiles flûtes de Jean-Mathias PÉTRI,l'accordéon de Loïc le BORGNE, lacontrebasse de Guillaume ROBERT, levibraphone de Thomas DALLE et lespercussions du monde de DominiqueMOLARD, bref de quoi constituer uneformation de musique bretonne atypiquetirant vers le big-band de jazz, plutôt tendancesalon en smoking que cave enfumée. Lesbœufs débraillés ne sont pas au menu, et leséchappées individuelles sérieusementencadrées, pour ne pas dire chronométrées.L'orchestre donne de préférence dans lacoloration ludique et la volupté pétillante. Etpour que la confusion des genres et l'ivresse

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des couleurs et des sens soient complètes, ilfallait bien une voix qui soit autant rompue auxbases traditionnelles qu'ouverte aux autresvents : celle de Marthe VASSALLO s'imposaiten toute logique.

LA COOPÉRATIVE distille une de cesliqueurs sonores qui allie à l'évidence de lamélodie la sophistication des arrangements, larigueur de l'écriture et la légèreté des climats,l'exigence de discipline collective et le besoind'évasion individuelle. Il n'y a pas ou peu deplace pour les montées de tensionprogressives ou les explosions jouissives enpagaille, mais le penchant pour l'espièglerieparvient toutefois à filtrer dans les mailles dece filet de luxe (le final de Ar plac'h inferniet,par exemple). Plutôt que d'allumer des feux deforêt, LA COOPÉRATIVE préfère réveiller lesfeux-follets, de manière sans doute qu'ilspuissent, non sans une certaine perversité,chatouiller les pas des danseurs...

Site label : www.hirustica.com

Stéphane Fougère

Gong LINNA – Chinese Folksongs(ARC Music / DOM)

La première fois qu'elle est montée surscène pour chanter, elle n'avait que cinq ans.Depuis, Gong LINNA n'a cessé deperfectionner son chant au conservatoire,s'est produite en soliste dans plusieursorchestres réputés et a accumulé lesrécompenses et premiers prix. Son succès enChine, qui n'a d'égal que sa méconnaissancechez nous, ne l'a cependant pas empêchée deremettre en cause sa pratique de l'art vocalfolklorique et de chercher à l'étendre, afind'éviter de se transformer en artiste formatéeau style uniformisé (et à moitié occidentalisé).

Constatant que la musique populairechinoise faisait peu de cas descaractéristiques vocales régionales, la jeuneGong LINNA est allée effectuer desrecherches sur le terrain, dans plusieursprovinces reculées de la Chine, à la rencontrede chanteurs encore détenteurs de styles dechant ruraux, lesquels ont évidemmenttendance à disparaître du quotidien devantces passe-temps symboles de la modernitéque sont le transistor et le tube cathodique.Gong LINNA a ainsi acquis d'autres

techniques de chant qui lui ont permisd'accroître sa personnalité vocale, à l'ambitusassez large.

Perçante et cristalline, la voix de GongLINNA a impressionné le public du Babel Med,où elle s'est produite en mars 2008. ChineseFolksongs est son premier CD à paraître sur le

marché européen et, comme son titregénérique l'indique, est majoritairementconstitué de chants folkloriques provenant deplusieurs régions chinoises (Ghuizou, Fujian,Hebei, Shaanxi, Anhui, Shanxi, etc.).Cependant, les versions qu'en donne GongLINNA dépassent le cadre de l'interprétationfolklorique normative.

A vrai dire, puisqu'on ne sait si ces chantsétaient à l'origine accompagnés ou non demusique, Gong LINNA ne s'est embarrasséed'aucun préjugé et a opté pour desarrangements résolument novateurs et inédits,signés du cithariste Lao LUO, qui fontintervenir des instruments traditionnels chinoismais aussi classiques. Elle est ainsiaccompagnée selon les morceaux pardiverses combinaisons instrumentales  : soitune formation en apparence traditionnelle,avec sheng (orgue à bouche), dizi (flûte deroseau), yangqin (tympanon), suona(hautbois) et violoncelle ; soit avec un quatuorà cordes (violons, alto et violoncelle) ; soit enduo avec Lao LUO. Un seul chant estinterprété a capella. Deux chansons ne sontpas à proprement parler traditionnelles, maisinspirées par le folklore : leur musique est enfait composée par le producteur de l'album,Robert ZOLLITSCH (connu pour avoir travailléavec d'autres chanteuses asiatiques à ladémarche défricheuse, notamment la MongoleUrna CHAHAR-TUGCHI).

Tout en ravivant ces mélodies chargéesd'Histoire et ces textes inspirés par lespaysages et la flore chinoises et par lesaffaires de cœur (par définition universelles),Gong LINNA met surtout en évidence à traverscet album la profondeur et la richessestylistique de ses remarquables qualitésvocales (certains la comparent même àBJÖRK !) ainsi que le caractère pionnier de sadémarche, qui l'inscrit pleinement dans lechamp musical actuel des musiques dumonde évolutives. Voici une voix et une voiequi devraient sans problème impressionner lesamateurs d'étrangetés extrême-orientales.

Site : www.gonglinna.comLabel : www.arcmusic.co.uk

Stéphane Fougère

OLLA VOGALA – Marcel(Homerecords)

Déjà un groupe avec un nom à coucherdehors qui intitule un de ses albums Marcel, çasemble ne pas faire très sérieux. Et quand onsait que le nom du groupe, OLLA VOGALA,veut dire «  tous les oiseaux  » et que leditMarcel est un personnage fasciné parl’évolution de tous les poissons à travers lesâges, fascination qui tourne à l’obsession, onse dit qu’on a franchement raison d’en resterlà de cette histoire. Et pourtant la vérité estqu’OLLA VOGALA est un groupesérieusement talentueux et que Marcel estune nouvelle preuve qu’il n’est pas considérécomme l’un des plus prestigieux de Belgiquepour rien.

Il faut avouer qu’OLLA VOGALA n’est pasune formation ordinaire. D’abord elle necompte pas moins d’une quinzaine demembres permanents et elle s’aventure deplus dans tous les styles. Que ce soit le jazz

ou le folk, le tango, les musiques du mondeou le néo-classique, rien ne lui fait peur. Biensûr, l’instrumentation est à l’avenant. Outredes violons, trompettes, sax et clarinettesassez habituels, il y a aussi une viole degambe, un accordéon diatonique, un oud, unevielle à roue et une cornemuse. Et comme siune quinzaine de membres lui semblait unchiffre un peu juste, elle ne cesse d’inviter desmusiciens de renom au gré des albums oudes concerts. Résultat, OLLA VOGALA,groupe flamand basé à Gand et fondé parWouter VANDENABEELE, écume les scènesles plus en vue de la Belgique avec uneréputation quasi-mythique.

La formation a cependant eu des débutstrès modestes. Au commencement, c'est-à-dire en 1997, elle n’était qu’un sous-produit, sije puis dire, du collectif gantois OKO FONBIO, spécialisé dans l’accompagnement

musical des films muets. Atteindre le stade del’autonomie et de la reconnaissance prit doncun peu de temps. Cependant, dès le départ,le caractère original et farouchement libred’OLLA VOGALA éclata. Encore fallait-il quele groupe croie à son concept de base assezlongtemps pour que le succès vienne. Il fautdire que mélanger continuellement chansonsmédiévales, musique de chambre, bourréesauvergnates et mélodies arabes peut autantdérouter le public que l’enthousiasmer.

A présent, OLLA VOGALA n’a plus rien àprouver de sa valeur, atteignant même lestade officieux mais assez réel d’institution. Etc’est tant mieux, car quel autre groupepourrait sinon nous chanter a cappella desrecettes de cuisine en latin avant de se lancerdans une improvisation instrumentale autourd’un sitar indien ?

Encore une fois, dit comme cela, tout celasent un peu la farce ou l’esbroufe érigée ensystème. Mais il suffit d’écouter OLLAVOGALA pour convenir qu’il s’agit plutôt là devirtuoses, chacun dans son genre, ayantdécidé une bonne fois pour toutes de ne plusse conformer aux barrières qu’on methabituellement entre les styles afin de faire detous les styles un vaste style global.

Et c’est ce qu’on trouve dans Marcel, unemusique jouée et chantée à la perfection maisdans une fusion des genres telle qu’elleconfine à la réalisation l’air de rien d’unevéritable Babel musicale. On perçoit aussidans Marcel comme une sorte de retour enfiligrane à la musique de film, sauf que ce filmest à rêver, tantôt drôle, tantôt triste, maistoujours absolument superbe.

Sites : www.myspace.com/viooletc

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www.woutervandenabeele.beLabel : http://homerecords.be

Frédéric Gerchambeau

SUPHALA – Blueprint(Suphala Productions / DG Diffusion)

Elle se nomme Suphala PATANKAR maiselle préfère qu’on l’appelle tout simplementSUPHALA. Avec un tel patronyme, on pourraitla croire Indienne, ce qui serait la moindre deschoses pour une joueuse de tablas, mais elleest tout à fait Américaine. Elle est d’ailleursnée à Minneapolis, ville où se sont installésson père, ingénieur mécanicien patron d’uneentreprise de logiciels, et sa mère,technicienne médicale et programmatrice eninformatique. Blueprint est le troisième albumde SUPHALA. Et c’est donc aussi le troisièmeoù elle montre sa maîtrise des tablas et sonamour pour les musiques mélangeanttraditions orientales et modernité occidentale.

Cependant, les tablas ne furent pas soninstrument initial. Ce fut le piano, dont ellecommença à jouer à l’âge de quatre ans,donnant de petits concerts classiques dès cinqans, ce qui prouve assez le don de SUPHALApour la musique. D’autant qu’elle apprit un peuplus tard à jouer du violon et qu’elle n’hésitapas non plus à apprendre seule à jouer de labatterie. C’est quand sa mère, au retour d’unvoyage en Inde, revient avec une paire detablas qu’elle découvrit ces percussions et entomba tout de suite amoureuse. Aussi sa mèredût-elle chercher tout de suite quelqu’un pourlui donner des cours. Heureusement, non loinde leur maison vivait un musicien qui avaitapprit à jouer des tablas grâce à un gourou.Impressionné par les progrès fulgurants deSUPHALA dès les premières leçons, lemusicien expliqua à sa mère qu’il ne sentaitpas à la hauteur de la tâche et que SUPHALAaurait tout intérêt à suivre les leçons desmeilleurs gourous.

Ce musicien ne se trompait en rien, car dèsqu’elle le put, SUPHALA commença àcomposer sur ses tablas et à s’enregistrer en

utilisant les technologies les plus en pointe. Ledouble résultat de tout cela fut que la jeunemusicienne reçut l’enseignement d’UstadZakir HUSSAIN, le plus éminent joueur detablas du monde, et qu’elle sortit en 2001 sonpremier album intitulé Instru Mental. Toutl’univers de SUPHALA est déjà là, mixantl’acoustique et l’électronique, le passé et lefutur et donnant au présent un goût de fusionuniversel et de rêve harmonique. Bref, pour unalbum entièrement produit à la maison, c’étaitdéjà un coup de maître, en plus d'un albumdéroutant aussi pour beaucoup, car ce

mélange audacieux de tablas, de violon, desamples et de synthés était une totalenouveauté. Mais l’album était une telleréussite qu’il ne pouvait rester sans suite.

Et elle vint en 2005 avec The Now et avec,excusez du peu, Norah JONES encollaboratrice vedette. Car il y a du monde surThe Now, Vikter DUPLAIX, Mazz SWIFT,Vernon REID, Salim MERCHANT, j’arrête là,mais la liste des pointures internationales estencore longue. Déjà blasée SUPHALA, etavec la grosse tête  ? Que nenni  ! Et aucontraire même. Studieuse, perfectionniste etmodeste, elle continue à passer quatre moispar an en Inde pour poursuivre sonapprentissage des tablas. Et comme je ledisais au début, SUPHALA vient de sortirBlueprint.

C’est un nouveau et sublime voyage entrepercussions affolantes et planeriesélectroniques, le genre d’album onirique etmagique dont on ne voudrait pas entendre lafin. Bien sûr, il y a aussi une brochetteexceptionnelle d’invités sur Blueprint, telsDavid GOTAY, Rakesh CHAURASIA, HarperSIMON ou Edie BRICKELL, le tout produit parrien moins que King BRITT. Je vous le dis,SUPHALA, c’est un talent insolent couvé parquelques-uns des meilleurs musiciens aumonde. Et en plus SUPHALA est une vraiebeauté...

Sites : www.suphala.comwww.myspace.com/suphala

Frédéric Gerchambeau

TSERENDAVAA & TSOGTGEREL –Chants diphoniques de l'Altaï mongol

(Xoer Altai)(Buda Musique / Universal)

Chandman, village de la province de Xvod,dans l'Ouest de la Mongolie, passe pour êtrel'un des lieux du renouveau de ce fameuxxöömei ou xöömij, le chant diphonique quicaractérise l'art vocal mongol. C'est là quesont nés quelques artistes passés maîtres decette si singulière technique de chant, commeHÖSOO. TSERENDAVAA est lui aussi ledépositaire de cette tradition aux originesnomadiques et pastorales que pratiquaientnotamment les bergers. Lui-même éleveurnomade, TSERENDAVAA est aujourd'hui l'undes représentants les plus attitrés de lapratique vocale diphonique, qui consiste àsuperposer deux sons en simultané, une noteou une mélodie harmonique par-dessus unenote fondamentale, dite « bourdon ».

On distingue ainsi deux principaux styles dechant de gorge, le profond, xarxiraa, ou lesifflé, isegeree. TSERENDAVAA a ainsidéveloppé ces techniques de manière à seproduire en tant que chanteur professionnel,et maîtrise jusqu'à sept formes de xöömij, dontl'une qu'il a inventée, le xosmoljin xöömij, quiconsiste à interpréter les urtin duu, ou chantslongs, en combinant le chant du texte avec lamélodie d'harmoniques, chose assez rare.

Jusqu'à présent, TSERENDAVAA avaitenregistré pour plusieurs compilations etmême un disque en solo (Chandman' Song,introuvable chez nous), mais c'est la premièrefois qu'il enregistre avec son fils,TSOGTGEREL, âgé de dix-huit ans et déjà fin

virtuose du chant diphonique et de la vièlemoriin xuur, son père (et d'autres maîtres) luiayant transmis son savoir musical.

Le titre alternatif de ce CD, Xoer Altaï,renvoie aux deux montagnes – les deux Altaï,comme on les appelle – qui cernent le villagede Chandman, mais aussi, symboliquement,à ces deux praticiens de la diphonie unis par

les liens du sang qui nous convient dans leurmonde sonore. C'est donc une histoire depassation de la tradition mongole qui estracontée à travers ce disque, lequel s'avèreêtre une formidable vitrine des différentsrépertoires vocaux et instrumentaux deMongolie  : urtin duu (chants longs), boginoduu (chants courts), magtaal (chants delouanges), ardiin duu (chants populaires),chants satiriques, chants démonstratifs ettatlaga (solo de moriin xuur, ou vièle à tête decheval) y sont passés en revue, avec ce stylede diphonie propre à l'Ouest mongol.

On y trouve également de remarquablesimprovisations pour trois voix, sur lesquellesJohanni CURTET (doctorant enethnomusicologie, chanteur diphonique etauteur des enregistrements du CD) se joint auduo familial.

Un souvenir de la tournée portugo-françaiseeffectuée en 2006 par TSERENDAVAA etTSOGTGEREL est fourni en complément dece CD sous la forme d'un DVD contenant desextraits du concert donné par le duo aufestival Les Orientales. Signalons en outreque le livret comporte de superbes photos depaysages et de très intéressantes notesinformatives rédigées par Johanni CURTET,dans lesquelles il évoque les origines duchant diphonique, ses techniques et sondéveloppement dû à sa professionalisation,en tant que pure forme artistique.

Précisons toutefois qu'il y a un légerdécalage entre la liste des morceaux du livretet l'indexation du CD. Mentionné comme ledeuxième morceau, la première version duchant long Xoer Altai Nutag figure en fait surla quatrième plage du CD. De même, la set-list du DVD ne mentionne pas l'improvisationà trois voix qui clôture le film. Mis à part ceslégers inconvénients, cet album constitue uneréférence de choix pour tout amateur despratiques vocales et musicales mongoles.

Site : www.routesnomades.frLabel : www.budamusique.com

Stéphane Fougère

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GROUPES PROGRAMMES

Asie et Moyen Orient

Altan Bulag Bouriatie 1Un étonnant ballet qui met surscène la culture de la région du LacBaïkal : musique, danse ettraditionnels chants gutturauxaccompagnés par le Morin Khour,vielle à tête de Cheval. Ce balletprésentera les divers symboles dela culture de la République deBouriatie, par le chant et la dansetelle la danse des cygnes, la dansedes hommes (sur les genoux), ladanse de la fleur du Baïkal.

Une compagnie de jeunes fillesacrobates qui forment des tableauxvivants de Dieux dans la traditionde leur peuple nomade d’origine.mongole.

Namsadang Nori, Corée du SudCorée Namsadag NoriUne compagnie traditionnelle quiprésente deux formes d’art issuesdu patrimoine culturel immatérielde Corée : les danses de Lions dela région d’Anseong, saynètesmasquées, et le Namsadang,théâtre itinérant avec danses decordes et acrobaties.

Ensemble, GéorgieLes chants polyphoniques et lesdanses de Géorgie sont mis enscène de manière spectaculaire parce groupe du Caucase quiimpressionne par l’énergie de sesreprésentations.

Turquie Derviche Turquie 1Les enfants Derviches du collègede Mavigun, viennentaccompagnés de leur Maître, quiles initieaux traditions soufis.

Afrique

village de Djiguibombo, MaliMasque Dogon1Chez les Dogons, les masquessont de sortie lors de cérémoniesrituelles célébrant le deuil et lalevée de deuil. Un groupe deporteurs de masques et demusiciens de la falaise deBandiagaraprésenteront les traditions de cetterégion reculée du Mali.

Cette compagnie malienne estformée par des danseuses de laville de Bandiagara. Ellesprésententles danses traditionnelles defemmes dans la culture Dogon.

Amériques

Theatre de Oakland, USAJubileedance USA1Un groupe de danseurs californiensvenus pour faire vibrer lesfestivaliers aux rythmes desmusiquesCajuns et Texans du Far Westaméricain.

Mexique Mexcaltitan 1Un ensemble traditionnel quiprésente les multiples facettes descultures régionales de Nayarit(Huichols) et de Guadalajara,Jalisco.

Huichole, Mexique HuicholChamane 1Don Catarina, le Chamane, viendraaccompagné de quelques membresde sa communauté. Ilsprésenteront les rites et traditionsqui font partie de leur viequotidienne. Cette communauté vitdans

la province de Nayarit au centreouest du Mexique.

Brésil Capibaribe RoueL’énergie est la flamboyance desmusiques et danses de la région dePernambuco, Nordeste deBrésil (Forró, Frevo, Maracatu…).Ces groupes réunis spécialementpour le festival de Gannat, estcomposée des musiciens d’HerbertLucena e Banda et des danseursde la Troupe Capibaribe.

Océanie

Papouasie Nouvelle GuinéeUn groupe de natifs Papous deNouvelle Guinée présenteraquelques unes des danses etcérémonies rituelles de cette île duPacifique.

Europe

ilinden Macédoine 1Cet ensemble élaboré présentetoutes sortes de dansestraditionnelles de leur région,danses lentestypiques d’hommes, danses defilles, danses en rond…

group, Irlande Mummers 1Les Mummer’s présentent lescoutumes du temps de Noël, ungroupe de personnes affublées decostumes ridicules et portant desmasques vont de maisons enmaisons, s'ils y sont bien accueillisils amusent leurs hôtes avec leurspitreries.

Roumanie Calus Roumanie1Groupe d’hommes de la régiond’Olt. Le Rituel du Calus à lafertilité. Ensemble de jeux,parodies, chants et dansesexécutés par des danseurs

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hommes accompagnés de deuxviolons et unaccordéon.

Bleuniadur est un ballet de pays,reconnu par le Ministère de laCulture pour sa recherche sur lesdanses et airs à danser du Léon,entre création contemporaine etreprésentation folklorique.La Bourrée Gannatoise, AuvergneBGEvoque sur des rythmes auvergnatset bourbonnais les scènes ruralesquotidiennes et les fêtestraditionnelles du XIXème

(République Tchèque) Vlcnovjan 1La Chevauchée des Rois est unrituel de passage important perpétuéavec attention dans lamunicipalité de Vlcnov. Cérémoniecélébrée tous les ans depuis le XVesiècle, de jeunes cavaliersen costume traditionnel défilent poursymboliser l’accès à l’âge adulte.

PROGRAMME « Villes et villagespartenaires », 17/18 juilletUne programmation dans les villeset villages de la région. Un véritablefestival « Hors les Murs »,permettant de présenter laprogrammation du festival et deprésenter le festival à un publicélargi. Une ouverture atypique dufestival…

Jeudi 17 juillet

communauté Huichole (Mexique)

Dance Ensemble, Géorgie

Mummers group (Irlande) etSanggar Seni Budaya Kreisna,Papouasie Nouvelle Guinée

(Russie) et Uyn Balig, Bouriatie(Russie)

Capibaribe, Brésil et La Danse duLion et le Namsadang Nori,Corée du Sud

Mali et les danseuses du groupeYogo Ere, mali

Macédoine

Magura, Roumanie et EnsembleVlcnovjan, Moravie (RépubliqueTchèque)

Vendredi 18 juillet

from Bitola, Macédoine

e Capibaribe, Brésil et La Danse duLion et le Namsadang Nori,Corée du Sud

Mexcaltitan et communautéHuichole (Mexique)

Bouriatie (Russie) et Uyn Balig,Bouriatie (Russie)

(Bretagne)

Mummers group (Irlande) etSanggar Seni Budaya Kreisna,Papouasie Nouvelle Guinée

du Mali et les danseuses du groupeYogo Ere, mali

Dance Theatre d’Oakland, USA

Magura, Roumanie

LES SPECTACLES MUSIQUES ETDANSES

avec le Abkhazian song and danceEnsemble

d’ouverture avec tous les groupesdu festival

continents avec les masquesDogons du Mali, Altan Bulag

(Bouriatie), Ilinden Bitola deMacédoine, Jubilee American DanceTheatre de Oackland aux USAet Sanggar Seni Budaya Kreisna dePapouasie Nouvelle Guinée

voix avec les chants diphoniques deBouriatie et les choeursgéorgiens (Eglise Saint Etienne)

Monde fait découvrir au public larichesse du travail de chorégraphieengagé par les ballets invités. AvecBleuniadur (Bretagne), JubileeAmerican Dance Theatre(USA), Ballet Folklorico Mexcaltitan(Mexique), Herbert Lucena etCapibaribe (Pernambuco,Brésil), Altan Bulag (Bouriatie),Abkhazian song and DanceEnsemble (Géorgie)

Enfants du Monde, un programmespécial pour les enfants. Avecles enfants de la BourréeGannatoise (Gannat), les danses duLion et le Namsadang Nori(Corée), danses de Shivainterprétées par trois magnifiquesacrobates Bouriates, les enfantsDerviches (Turquie), les Mummers(Irlande)

vivants, un programme dédié auxtraditions les plus ancienneset les groupes ethniques invités.Avec les enfants derviches(Turquie), Ilinden from Bitola(Macédoine), les Mummers(Irlande), les danses du lion et leNamsadang Nori (Corée), lachevauchée des Rois (Vlcnov),(Tchéquie), le Calus de Roumanie,la communauté Huichole(Mexique) et les danses huicholesinterprétées par le Ballet FolkloricoMexcaltitan (Mexique)

avec tous les groupes invités

à l’Est, une soirée en hommage auxpays de l’Est. Avec la chevauchéedes Rois (Tchéquie), le Calus de

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Roumanie, Ilinden from Bitola(Macédoine),l’ensemble de Bouriatie etAbkhazian song and DanceEnsemble (Géorgie)

soirée autour des peuples vivant enterres volcaniques oubrûlantes… Avec la BourréeGannatoise (France), les Dogons duMali, Sanggar Seni BudayaKreisna de Papouasie NouvelleGuinée et la communauté Huichole(Mexique) et les danseshuicholes interprétées par le BalletFolklorico Mexcaltitan (Mexique)

Festival des enfants : une journéevolcanique. Une après midiavec animations, ateliers etspectacles à vivre en famille, sur lethème des volcans et des« colères de la terre ». Le spectacleprésentera Sanggar seni BudayaKreisna de PapouasieNouvelle Guinée, la danse du lion etle Namsadang Nori (Corée), lesMummers d’Irlande

Gannat, carrefour du Monde, unesoirée sous le patronage de laMunicipalité de Gannat. Avec AltanBulag (Bouriatie), la Danse du Lionet le Namsadang Nori(Corée), Bleuniadur (Bretagne), leJubilee American Dance Theater(USA) et Herbert Lucena etCapibaribe (Pernambuco, Brésil)

avec tous les groupes invités

fête, avec la Bourrée Gannatoise,les Masques Dogons (Mali),Ilinden de Bitola (Macédoine) et leAbkhazian song and DanceEnsemble.

NUIT DES ESPRITS

Mercredi 23 juillet, minuit, Place duFestivalUne soirée spéciale, dans l’intimitédes cosmologies du Monde.La nuit des esprits, une soiréespéciale, présentant les traditionsliées aux célébrations sacrées etaux cosmologies des peuplesinvitées, avec les Mummers(Irlande), les enfants derviches(Turquie),les Huichols (Mexique), la sortie desmasques Dogons (Mali)

CABARET, de 23h à 4h du matinDu samedi 19 au samedi 26 juillet,de 23h à 4h du matin, centre socioculturel de GannatTous les soirs, trois groupesprogrammés.

ATELIERS DANSES DU MONDELes ateliers permettent au public des’initier aux danses du Monde encompagnie des groupes invitéspar le festival.

o 10h30 – 12h : danses du MassifCentral avec la Bourrée Gannatoise(enfants)o 10h30 – 12h30 : danses cajunsavec le Jubilee Dance Theater(adultes)

o 10h30 – 12h : danses papous,avec Sanggar seni Budaya Kreisna(enfants)o 10h30 – 12h : danses brésiliennes

(Frévo, forro) avec Herbert Lucenaet Capibaribe (adultes)o 14h30 – 16h30 : danses bretonnesavec Bleuniadur (adultes)

o 10h30 – 12h : danses dogons duMali avec les danseuses de YogoEré (enfants)o 11h – 12h30 : la danse du Lionavec les danseurs de Corée

o 10h30 – 12h : danses bouriatesavec Altan Bulag (enfants)

o 11h – 12h30 : danses irlandaisesavec les Mummers (enfants)o 14h30 – 16h30 : danses deMacédoine avec Illen Bitola (adultes)

o 10h30 – 12h : danses roumainesavec le Calusul de Roumanie(enfants)o 10h30 – 12h : danses de Géorgieavec le Abkhasian song and DanceEnsemble (adultes)o 14h30 – 16h30 : dansesmexicaines avec le Ballet FolkloricoMexaltitclan (adultes)

Ateliers artisanat et arts duMondeDes ateliers de confection demasques, marionnettes, sculpturesur bois, etc. seront égalementprogrammés afin de permettre aupublic de s’initier aux savoir fairetraditionnels du Monde :

Un festival Jeune PublicSamedi 26 juillet, Place du FestivalUne journée consacrée aux enfantsavec des animations à vivre enfamille. Cette année, le festivaldes enfants est organisé enpartenariat avec Vulcania. Denombreux ateliers permettent auxenfantsde circuler d’un pays à l’autre etd’une discipline une autre, partantainsi à la découverte de savoirfaire originaux

Un Symposium InternationalMardi 22 juillet, de 10h à 16h30« Les traditions : de la vie à la scène» enjeux et problématiques de ladiffusion et de lacréation dans le cadre du PatrimoineCulturel Immatériel

Ciné conférencesExposition « Richesse duPatrimoine Immatériel d’Afrique :Masques d’Afrique de l’Ouest »Repas typiquesAnimations gratuites

Association Nationale Cultures etTraditions - Festival "Les Culturesdu Monde"BP58 - 03800 GANNATTél : 04 70 90 12 67 | Mail : [email protected]

Site : www.gannat.com

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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CREATIONS DANS LESMUSEES - Gratuit (dans lalimite desplaces disponibles)

Lundi 14 juillet, à 16h30UN THE AU CHATEAUD’AVIGNON EN CAMARGUEJardin des métamorphosesde SERGE HUREAU etOLIVIER HUSSENET,Franceavec SERGE HUREAU,OLIVIER HUSSENET, ALAINAUBIN, CLAUDEBARTHÉLEMY etFRANÇOIS MARILLIER

Mardi 15 juillet 2008, à 20 hAu Choeur du Muséon,Musée Arlaten (muséed’ethnologie provençale créépar Frédéric Mistral)ASSURD, Italie du Sud

Mardi 15 juillet, à 21h30DANS LA NUIT DU MUSEE(Musée départemental ArlesAntique)HOURIA AICHI &L’HIJAZ’CAR, Les Cavaliersde l’Aurès, Algérie/France

LES MOMENTS PRECIEUX -Tarif unique : 12 €

Dimanche 13 juillet, à 19h30

La leçon de chants dumonde, conférence chantéepar Martina A.CATELLA

Mercredi 16 juillet, Cour del’Archevêché, à 19h30GONG LINNA, Chine

Jeudi 17 juillet, Cour del’Archevêché, à 19h30MOTION TRIO, Pologne

Vendredi 18 juillet, Cour del’Archevêché, à 19h30TEZETA, Israël/Ethiopie

Samedi 19 juillet, Cour del’Archevêché, à 19h30JERONIMO MAYA & LEO DEAURORA,Espagne/Andalousie

Dimanche 20 juillet, Église deBarcarin - Salin de Giraud, à11hANGELIQUE IONATOS,Grèce

SOIREES SUDS AUTHEATRE ANTIQUE

Dimanche 13 juillet, à 21h30Le TRIO JOUBRAN,PalestinePremière partie :L’ENSEMBLESHANBEHZADEH, Iran

Lundi 14 juillet, à 19h30

Les 30 ans des éditions ActesSud :Récital poétique deMAHMOUD DARWICH avecDIDIER SANDRE pour laversion française et lesFrèresJOUBRAN pourl’accompagnement musical

Jeudi 17 juillet, à 21h30GORAN BREGOVIC & leGrand Orchestre desMariages et desEnterrements, BalkansPremière partie : GACHAEMPEGA, France/Provence

Vendredi 18 juillet, à 21h30TOUMANI DIABATE en solo,Mali (exceptionnellementpour les SUDS, à Arles)LO COR DE LA PLANA,France/Pays d’Oc

Samedi 19 juillet, à 21h30BUIKA, EspagneBENJAMIN ESCORIZA, lavoix de RADIO TARIFA,Espagne/Andalousie

AUX ATELIERS SNCF4 soirées à l’Atelier desForges :Mercredi 16 à partir de 21h30et jeudi 17, vendredi 18 etsamedi 19 juillet après lesconcerts du Théâtre antique

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Concerts-vidéo en live, Dj etmurs d’images viendrontdonner une nouvelle tonalité -plus électrique - à laprogrammation du Festival…

Mercredi 16 juillet, à partir de21h30OJOS DE BRUJO SOUNDSYSTEM, EspagneFAMILHA ARTUS, France-Gascogne

Jeudi 17 juillet, après leconcert au Théâtre AntiqueDARKO RUNDEK & CARGOORKESTAR, Balkans

Vendredi 18 juillet, après leconcert au Théâtre AntiqueTOUMANI DIABATEQUINTET, Mali

Samedi 19 juillet, après leconcert au Théâtre AntiqueSILVERIO PESSOA, Brésil

Et aussiLes Scènes en Ville avecMAALESH, Comores (PrixMusiques de l’Océan indien) /le duo VALLASCURATI, Italie / LOBARTAS, Occitanie / LECHOEUR DE LA ROQUETTE,Provence / VICTOR DEME,Burkina Faso…

Les Apéros-découverte, lesSiestes Musicales, les Salonsde Musique, les P e t i t s -déjeuners orientaux, la Radiodes Suds, la JournéeBuissonnière, le Repas de

Quartier, le concert du 14Juillet, des rencontres, desprojections cinéma …(programmation en cours)

34 STAGES EN 2008(de l’initiation à la masterclass)

Flamenco (initiation àprofessionnel) avec JavierLatorre, Isabelle Gazquez,Lydia PeñaSévillanes (initiation, débutantet moyen) avec Lydia PeñaPalmas (initiation et débutant)avec Jerónimo UtrillaSalsa cubaine (initiation,débutant et moyen) avec JuanFrancisco Sierra FernandezDanses napolitaines (initiation)avec Davide della MonicaDanses de fêtes des Paysd’Oc (initiation) avec MariePicardDanse orientale (initiation,débutant et moyen) avec MayKazanBharata Natyam (initiation,débutant) avec ArmelleChoquardDanse africaine (initiation,débutant et moyen) avecSeydou BouléBollywood (initiation) avecDolsyTango argentin (initiation,débutant et moyen) avecChristophe Apprill & CharlottePedrantOud (professionnel) avecWissam Joubran, SameerMakhoulPercussions orientales(professionnel) avec YousefHbeisch

Cajón (moyen) avec NanMercaderTambours & vents(professionnel) avec ManuThéron, Hafid DouliEnsemble mandingue(initiation et débutant) avecLaurent RigaudChants séfarades (moyen etprofessionnel) avec FrançoiseAtlanVoix du monde (tous niveaux)avec Martina A.CatellaImprovisation & créationvocale (tous niveaux) avecJean-Yves PénafielCalligraphie arabe (tousniveaux) avec Abdou AmriZahriUne histoire des musiques dumonde (tous niveaux) avecAbajiYoga & musiques (tousniveaux) avec Ronald MackInscriptions aux stages surwww.suds-arles.comou auprès de Agathe Blondel :04 90 96 06 27Tarifs de 90 à 180 euros (sansprise en charge)Avec prise en charge dans lecadre de la formationprofessionnelle: nouscontacter

Les SUDS, à ARLESMaison des Suds66 rue du 4 septembre13200 ArlesTél. 04 90 96 06 27 / Fax 0490 96 79 [email protected]

Site : www.suds-arles.com

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Samedi 19 Juillet 2008Espace Gradlon : fest-noz vraz avec DavidPasquet Group, Plantec, HiksPlace St-Corentin : soirée Moules-Frites avecDjiboudjep

Dimanche 20 Juillet 2008Espace Gradlon : Lunasa - Urban TradEspace Evêché, 14h : concours national desbagadoù de 3eB/4eEglise St-Mathieu : Chœur Bt du Monde

Lundi 21 juillet 2008Espace Gradlon : Georgian LegendEspace Evêché : Les Goristes, Sylbat,Le Chant des Sardinières

Mardi 22 juillet 2008Espace Gradlon : Regards vers l'Ouest,créations de Pascal JaouenEspace Evêché : Trio Empreintes, Robert-Noguet Quartet, Red Cardell

Mercredi 23 juillet 2008Espace Gradlon : Alan Stivell, Ozan TrioEspace Evêché : Hopi Hopkins, BAS 29,Ramoneurs de Menhirs

Jeudi 24 juillet 2008Espace Gradlon : Loreena McKennittEspace Evêché : Le Diabl' dans la fourche,Iwan B, Sloï

Vendredi 25 juillet 2008Espace Gradlon : La Nuit des EtoilesCeltiques (30 ans de Keltia Musique)Espace Evêché : The Churchfitters,Yann Raoul, Skilda

Samedi 26 juillet 2008Espace Gradlon : Lagad TanEspace Evêché : Comas et Alain Genty, BillEbet, Merzhin

Dimanche 27 juillet 2008Espace Gradlon : I MuvriniEspace Gradlon et centre-ville : Grand DéfiléBreton, Abadenn Veur...

CONTACT ET INFORMATIONS

Festival de Cornouaille5 bis, rue de Kerfeunteun (place de laTourbie)29000 QUIMPER - 02.98.55.53.53

Office de Tourisme de Quimper7, rue de la Déesse29000 QUIMPER02.98.53.04.05

Site : www.festival-cornouaille.com

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Juliette CollacheSolo de harpe Celtique PoitevineSoutiers (79) /// Jardin du Val deFlores /// 28 juillet 08 /// 21h00

Mieko MiyazakiSolo de cithare japonaise, le kotoSoutiers (79) /// Jardin Val deFlores /// 28 juillet 08 /// 21h00

DyoukTrio de violons PoitevinsXaintray (79) /// Eglise /// 29 juillet08 /// 21h00

Duo AcadieViolons d’AcadieXaintray (79) /// Eglise /// 29 juillet08 /// 21h00

Ours du ScorffChansons bretonnes pour toute lafamilleParthenay /// Bastringue /// 30juillet 08 /// 19h00

Meeting In ExtremisDuo Mieko Miyazaki - SylvainRouxParthenay/// Amphi MCP /// 30juillet 08 /// 21h30

MazaldaBal jazz tradParthenay /// Bastringue /// 30juillet 08 /// 22h00

Marif CoffineauPortrait d’une femmeParthenay /// Théâtre /// 31 juillet08 /// 17h00

NioubardophoneEntre jazz américain et rythmearmoricainParthenay /// Bastringue /// 31juillet 08 /// 19h00

Boya invite Christian MaesMusiques bulgaresParthenay /// Palais des Congrès/// 31 juillet 08 /// 21h00

André Minvielle et son petitOrphéonNouvel opus dutroubadourvocalchimisteParthenay /// Palais des Congrès/// 31 juillet 08 /// 21h00

KomredBal d’AuvergneParthenay /// Bastringue /// 31juillet 08 /// 23h30

Dzouga !Violons d’AuvergneParthenay /// Théâtre /// 01 août08 /// 17h00

Indestwas KaApéro-concert guadeloupéenParthenay /// Bastringue /// 01août 08 /// 19h00

Didier Kowarsky et Hijâz’CarConte et musique «contemporientale »

Parthenay /// Palais des Congrès/// 01 août 08 /// 21h00

Les GirlsLe Show d’AcadieParthenay /// Palais des Congrès/// 01 août 08 /// 21h00

Trio Bestvater/Massi/ThébautBal Poitou / CanadaParthenay /// Bastringue /// 01août 08 /// 23h30

Les OrientalesVoyage de la Jordanie au MorvanParthenay /// Théâtre /// 02 août08 /// 17h00

Clack’AzingApéro-concert acadienParthenay /// Bastringue /// 02août 08 /// 19h00

Indestwas KaGwoka guadeloupéenParthenay /// Palais des Congrès/// 02 août 08 /// 21h00

Trio JagueneauBal ex-citan et poitevinParthenay /// Palais des Congrès/// 02 août 08 /// 22h30

Gasconha plus…Bal ex-citan et poitevinParthenay /// Palais des Congrès/// 02 août 08 /// 22h30

+ stages et animations

Hébergement possible en hôtel,chambre d’hôte, camping...renseignement à l’Office detourisme de Parthenay - Tel : 0549 64 24 24

Site : www.metive.org/-Festival-.html

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Vendredi 1er août

20h00 Cotriade:Repas traditionnel depoisson et musiquesde la mer. AvecCapstern, La Virée,Toreth. - Port dePêche

22h00 Soirée RockAvec Celtas Cortos,Sibrydion. - EspaceMarine

22h00 Quempallou -Folk galicien. - EspaceBretagne

23h30 LesBaragouineurs -Espace Bretagne

1h00 Ampouailh -Espace Bretagne

Samedi 2 août

15h00 Musique etdanses des PaysCeltes Avec Banda deGaitas Xarabal, PerraaT. - Espace Marine

21h30 NolwennKorbell et Soig SiberilAvec Lleuwen Steffan.- Palais des Congrès

21h30 Soirée de Galadu Pays de Galles -Avec Clerorfa,Crasdant, DowlaisMale Voice Choir. - Grand Théâtre

22h00 LoreenaMcKennitt - EspaceMarine

22h00 TheresaKavanagh - EspaceBretagne

22h30 Nuit MagiqueBretagne. - Stade duMoustoir

23h30 MichelTonnerre - EspaceBretagne

1h00 Startijenn -Espace Bretagne

Dimanche 3 août

10h00 GrandeParade des NationsCeltes - Départ Coursde Chazelles.

19h00 Triomphe desSonneurs - Plus de3000 sonneurs etdanseurs. DépartPlace Alsace-Lorraine.Centre Ville

21h30 Canal deNantes à Brest -Spectacle de LaGodinette. Avec desimages de laCinémathèque deBretagne - GrandThéâtre

22h00 MovingHearts - EspaceMarine

22h00 CarregLafar - EspaceBretagne

22h30 NuitMagique n°2 - Stadedu Moustoir

23h30 Hiks - EspaceBretagne

1h00 IMG - EspaceBretagne

Lundi 4 août

21h30 Carte BlancheBagad Sant Nazer -Grand Théâtre

21h30 QuempaillouPick of the Litter,McDonald Band -Palais des Congrès

22h00 GrandeNuit du Pays de GallesAvec Bagad Brieg,Catrin Finch, Clerorfa,Crasdant, DowlaisMale Voice Choir -EspaceMarine

22h00 Mutenrohi -Espace Bretagne

23h30 Toud' Sames -Espace Bretagne

1h00 Arvest - EspaceBretagne

Mardi 5 août

15h00 Les Après-Mididu Folk AvecMutenrohi (Galice),King Chiaulee (Ile deMan), Calan (Pays deGalles). - Palais desCongrès

21h30 Concert deHighland Bagpipe -Présenté par John

Wilson. Avec BobWorrall, LionelTupman, FinlayMc Donald… Palaisdes Congrès

21h30 AlainPennec Quartet etQFTRY - CréationAlain Pennec. - GrandThéatre

21h30 Musiquessacrées : Irlande etAsturies Avec groupeirlandais et les voix d’Escontra’l Raigañu. -Eglise Saint Louis

22h00 Idirinvite la Bretagne - Enpremière partie : TrioEmpreintes. - EspaceMarine

22h00 LosCinquitrinos - EspaceBretagne

22h30 NuitMagique n°3 - Stadedu Moustoir

23h30 Karigosse -Espace Bretagne

1h00 Penn Gollo -Espace Bretagne

Mercredi 6 août

15h00 LesAprès-Midi du Folk -Avec Kekezza, LosCiquitrinos, Pick of theLitter. - Palais desCongrès

21h30 Femmesd'Irlande - Palais desCongrès

21h30 MusiquesSacrées du Pays de

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Galles Avec DowlaisMale Voice Choir,harpiste et Plygain. -Eglise Saint Louis

22h00 BretagneTzigane Avec ErikMarchand et lesBalkaniks, Titi Robin,Bruno Saadna, GurvantLe Gac. - EspaceMarine

22h00 Dulcamara -Espace Bretagne

22h30 NuitMagique n°4 - Stade duMoustoir

23h00 Les "After" duFestival Soirée Galloiseavec Mc Mabon et HenWald Fy Manau. - LeManège

23h30 Esquisse -Espace Bretagne

1h00 Dam Vat -Espace Bretagne

Jeudi 7 août

15h00 Les Après-Mididu Folk Avec CarregLafar (Pays de Galles),Theresa Kavanagh(Irlande), Kekezza(Cornouailles). -Palais des Congrès

21h30 Soirée FolkAvec Daimh (Ecosse)et Dulcamara(Asturies). - GrandThéâtre

21h30 Celtic AttitudeAvec Mutenrohi(Galice), Crasdant(Pays de Galles) etCeol Oidí (Irlande). -Palais des Congrès

21h30 Musiquessacrées : Soñamb IhuelAvec André Le Meut,Philippe Bataille,

Kanerion Pleuigner. -Eglise Saint Louis

22h00 The ChieftainsAvec invités. - EspaceMarine

22h00 King Chiaulee -Espace Bretagne

22h30 Nuit Magiquen°5 - Stade du Moustoir

23h00 Les "After" duFestival - Soirée rapbreton avecRaggalendo, IwanBenead. - Le Manège

23h30 Oktopus Café - Espace Bretagne

1h00 Esquisse -Espace Bretagne

Vendredi 8 août

21h30 Conte à BullesAvec Alain Le Goff,Mariannig Larc’hantec,Jérôme Lereculey. -Palais des Congrès

21h30 L’inconnu medévore - Hommage àOratorio Xavier Grall. -Grand Théâtre

22h00 Anniversaire deSoldat Louis Avec leBagad de Lann Bihouéet invités. - EspaceMarine

22h00 Daimh -EspaceBretagne

22h30 NuitMagique n°6 - Stade duMoustoir

23h00 Les "After" duFestival - Soirée Rockavec Sylbat, Xera. - LeManège

23h30 Carré Manchot -Espace Bretagne

1h00 Pevar Den -Espace Bretagne

Samedi 9 août

19h00 Nuit du Port dePêche Avec DominiqueDupuis (Acadie), RedHot Chilli Pipers(Ecosse), IMG (fest-noz). - Port de Pêche

21h30 Ode à l'Acadie -Grand Théâtre

21h30 Soirée HarpeAvec Les Fileuses deNuits, Lilly Neil, MeinirHeulyn. - Palais desCongrès

22h00 TrophéeCidrerie des Terroirs -Concours de jeunesgroupes Folk desNations Celtes. -Espace Bretagne

00h00 Bleizi Ruz fêteses 35 ans - EspaceBretagne

Dimanche 10 août

22h00 Kenavoan Distro - Soirée declôture. Avec Leilia,Bagad Brieg, Le BigStal... - Espace Marine

22h00 Calan - EspaceBretagne

23h30 Alambig Electrik- Espace Bretagne

1h00 Djiboudjep -Espace Bretagne

Tous les jours ensemaine: 10h00:Master Class au Palaisdes Congrès14h30: Musiques etDanses des PaysCeltes à l'EspaceMarineL'après-midi: Concourset trophées...

***Correspondance du 14mai au 21 juillet auService Billetterie :8 rue Nayel, 56100Lorient02 97 64 03 20

Site :www.festival-interceltique-

2008.com

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Les 8 & 9 août 2008 et les 7 & 8 août 2009sur le port de Saint-Nazaire!

« C'est un billet pour une traversée aller-retour quenous proposons, le voyage durera deux années, c'estbien le moins, afin que les échanges soient le plusriche possible. Notre prospection n'en sera que plusfructueuse et les artistes invités auront ainsi latitudede nourrir des projets de création ou de croisementsmusicaux et de penser leur séjour ou résidence outreAtlantique.Pour cette première année en Transes-Atlantiques,nous ferons escale aux USA et plus particulièrementà New-York, au Brésil, en Argentine, au Mali, enAfrique du Sud, au Cap Vert, en Côte d’Ivoire, auNigéria et en République Démocratique du Congo…Embarquement immédiat ! »

Patrice BULTING

vendredi 8 août 2008

RAMIRO MUSOTTO (BRESIL - ARGENTINE)Scène Estuaire > 20h

VIEUX FARKA TOURE (MALI)Scène du port > 20h

DEE DEE BRIDGEWATER(USA - NEW-YORK)Parc expo > 21h30

AGUA NA BOCA (FRANCE)Salle Jacques Brel

ANTIBALAS (USA - NEW-YORK)scène du Port >22h30

BALKAN BEAT BOX (USA - NEW-YORK)Scène estuaire > 23h

HERMINIA (CAP VERT)Salle Jacques brel

CHARLELIE COUTURE (France)Parc expo > 00h30

DJ CHICO CORREA (BRESIL)Scène estuaire > 2h

samedi 9 août 2008

AGUA NA BOCA (FRANCE)Scène Estuaire

ASA (NIGERIA)Scène du port > 20h

Sonic Youth (New-York)Parc expo > 21h30

HERMINIA (CAP VERT)Salle Jacques Brel

FRED ESLEY, PEE EE ELL S & guests(USA - NEW-YORK)scène du Port >22h30

KONONO N°1(REP. DEMOCRATIQUE DU CONGO)Scène estuaire > 23h

ALPHA BLONDY (CÔTE D'IVOIRE)Parc expo > 00h30

DJ CHICO CORREA (BRESIL)Scène estuaire > 2h

REMY KOLPA KOPOUL a.k.a RKK (france)

Sous réserve de modifications

Renseignements et InformationAssociation Les EscalesBP 161 - 24, rue d’Anjou44613 Saint-Nazaire CedexTél. 02 51 10 00 00 / Fax 02 51 10 00 01Email : [email protected] jour location 10 € - sur place 14 €2 jours location 16 € - sur place 20 €

Site : www.les-escales.com

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Les Finistères - Musiques du bout du monde

Concerts de musiques du monde et musiqueclassique

# CUBA SON ! (1/2), Changüi de Guantanamo /Familia Valera Miranda Vendredi 5 septembre 2008à 20h30Théâtre Le Trianon, Paris (75)

# CUBA SON ! (2/2), Eliades Ochoa yCuarteto Patria / Septeto Nacional IgnacioPiñeiro Samedi 6 septembre 2008 à20h30Théâtre Le Trianon, Paris (75)

# UN DIMANCHE AUX CARAÏBES, Négoce etSignature, Cœur de Chauffe, Dédé Saint-Prix,Marrons de Moore Town, Théâtre Dansé Cocolo,Ti-Coca & Wanga Nègès, Nostalgia Steel Band, EliaCortés et Modesto Cepeda, Mimi BarthélémyDimanche 7 septembre 2008 à 12h30Château de Villarceaux, Chaussy (95)

# UNE NUIT AU DÉSERT, Yair Dalal Samedi 13septembre 2008 à 20h45Abbaye Notre-Dame du Val, Mériel (95)

# SUR LE CHEMIN DE SAINT JACQUES,Discantus Samedi 13 septembre 2008 à 20h45Eglise de Saint-Sulpice-de-Favières, Saint-Sulpice-de-Favières (91)

# CHOEUR D'ISLANDE, Carmina Chamber ChoirDimanche 14 septembre 2008 à 16h30Eglise Notre-Dame, Magny-en-Vexin (95)

# Salon de musique : TEXACO de PatrickChamoiseau, Pierre Barrat et Pascal ContetDimanche 14 septembre 2008 à 10h15Musée national du château de Malmaison, Rueil-Malmaison (92)

# LA DERNIÈRE REINE D'HAWAI, The RoseEnsemble Dimanche 14 septembre 2008 à 16h30Eglise Saint-Mathurin de Larchant, Larchant (77)

# YANN-FANCH KEMENER, Yann-Fanch KemenerDimanche 14 septembre 2008 à 16h30Granges de Port-Royal, Magny-les-Hameaux (78)

# SHI TCHUE, la pie bavarde (1/2), Nicolas Frize,compositeur Samedi 20 septembre 2008 à 18h30

Serres d'Auteuil, Paris 16e (75)

# DANYEL WARO, Danyel Waro Samedi 20septembre 2008 à 20h45Halle de Méréville, Méréville (91)

# LE SON DE VERACRUZ, EnsembleConstantinople Samedi 20 septembre 2008 à 20h45Théâtre municipal Fontainebleau , Fontainebleau

(77)

# Salon de musique : RAGA APPROCHEDU CONTINENT INVISIBLE de J.M. LeClezio, Pierre Barrat et Justin ValliDimanche 21 septembre 2008 à 10h15Château de Grouchy, Osny (95)

# SHI TCHUE, la pie bavarde (2/2), Nicolas Frize,compositeur Dimanche 21 septembre 2008 à 16h30Maison d'éducation de la Légion d'honneur, Saint-Denis (93)

# A FILETTA, polyphonies corses, A FilettaDimanche 21 septembre 2008 à 16h30Eglise Saint-Etienne, Brie-Comte-Robert (77)

# VOYAGE D'AUTOMNE, Philippe Cassard, DanielMesguich Dimanche 21 septembre 2008 à 16h30Abbaye des Vaux de Cernay, Cernay-la-Ville (78)

# FOLIAS DE CUBA, Doulce Mémoire Vendredi 26septembre 2008 à 20h45Théâtre du Garde-Chasse, Les Lilas (93)

# MARIZA, Mariza Vendredi 26 septembre 2008 à20h30Cirque d'Hiver, Paris 11e (75)

# MARIZA, Mariza Samedi 27 septembre 2008 à20h30Cirque d'Hiver, Paris 11e (75)

# Salon de musique : LE PARTAGE DES EAUXd'Alejo Carpentier, Pierre Barrat et Alicia PereaDimanche 28 septembre 2008 à 10h15Chateau de Blandy-les-Tours, Blandy-les-Tours (77)

# MARIZA, Mariza Dimanche 28 septembre 2008 à16h30Cirque d'Hiver, Paris 11e (75)

# CHANTS DES CROISADES, Diabolus in Musica& Zephyr al Andalous Dimanche 28 septembre2008 à 16h30

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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Collégiale de Champeaux , Champeaux (77)

# Ciné-concert : FINIS TERRAE, La Muse en circuit /Compagnie (Mic)zzaj Samedi 4 octobre 2008 à20h45Auditorium Jean-Pierre Miquel, Vincennes (94)

# Salon de musique - L'EDEN CINÉMA deMarguerite Duras, Pierre Barrat, Duo Ykeda et AliceMitterrand Dimanche 5 octobre 2008 à 10h15Château de Maisons, Maisons-Laffitte (78)

# BAROQUE DES PHILIPPINES, XVIII-21 LeBaroque Nomade, et musiciens indiens Tagalos duSud des Philippines Dimanche 5 octobre 2008 à16h30Eglise Notre-Dame, Milly-la-Forêt (91)

# CARLOS NUNEZ, Carlos Núñez Dimanche 5octobre 2008 à 16h30Pavillon Baltard, Nogent-sur-Marne (94)

# L'ENFANCE DE LOIN, Kaija Saariaho,compositrice Lundi 6 octobre 2008 à 20h30Théâtre des Bouffes du Nord, Paris 10e (75)

# FACTORY (1/4), Jacques Schwarz-Bart "Abyss",David Walters meets Mélissa Laveaux, ProfesseurInlassable Mercredi 8 octobre 2008 à 18h30La Cigale, Paris (75)

# FACTORY au PLAN de Ris-Orangis, $olalpresents the Moonshine Sessions Live Mercredi 8octobre 2008 à 20hLe Plan - Ris-Orangis, Ris-Orangis (91)

# FACTORY (2/4), $olal presents the MoonshineSessions, Anthony Joseph & the Spasm Band, GillesPeterson Jeudi 9 octobre 2008 à 18h30La Cigale, Paris (75)

# FACTORY (3/4), Poni Hoax, South Central Live,Pivot, Bobby Hardcore Liberace Vendredi 10 octobre2008 à 18h30La Cigale, Paris (75)

# PEER GYNT, Orchestre National d'Île de France ?dir. Yoël Levi Samedi 11 octobre 2008 à 20h30Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, Montigny-le-Bretonneux (78)

# FACTORY (4/4), Leila Live featuring Terry Hall &Martina Topley-Bird, Principles of Geometry + AntiVj,CLP - Chris de Luca vs. Phon.o, Phon.o Samedi 11octobre 2008 à 18h30La Cigale, Paris (75)

# ORCHESTRE ANDALOU D'ISRAËL, OrchestreAndalou d'Israël & Emil Zrihan Dimanche 12 octobre2008 à 17hLe Bataclan, Paris 11e (75)

CONTACTS :

Festival d'Ile de France51 rue Sainte-Anne75002 ParisTél. Billeterie: +33 (0)1 58 71 01 01Fax: +33 (0)1 58 71 01 11

Site : www.festival-ile-de-france.com

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Ethnotempos • Musiques Ethniques d’Aujourd’hui

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