migros magazin 42 2010 f aa
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Moraliser la finance? Ne rvons pas!
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REPORTAGE 16
Mlanie Freymond,
la porteuse despoir
La prsentatrice de la TSR est galement
ambassadrice pour la Suisse de lONG World
Vision. Migros Magazine a accompagn la
Vaudoise lors dune visite au Bangladesh.
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Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
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La morale en renfort
Steve Gaspoz,
rdacteur en chef
DITORIAL
Depuis la crise, les banques sont au centre de toutes les attentions.
Pas un jour ne passe sans que lon entende parler de rmu-
nrations excessives, de manque de morale, de relvement
des rserves, de taille critique... Les banques ont jou,
probablement trop, et certaines ont perdu. Des milliards
pour commencer, leur crdibilit ensuite. Et quand on sait
quil faut des annes pour tablir un lien de confiance et
redorer limage dune enseigne, les annes prochaines
sannoncent encore difficiles pour certains tablissements
particulirement touchs.
Prise dun subit dsamour, on se prcipite pour museler la finance.
Certains banquiers ont jou avec le feu, se sont brl les
doigts, aujourdhui les politiciens voudraient leur couper les
ailes, limiter leurs lans les plus fous. Et pour le faire, ils
nhsitent pas faire appel des concepts jusquici rservs
lintimit de chacun. Lors de lune de ses rcentes ru-
nions, le G20 na-t-il pas affirm la ncessit de moraliser
la finance? Impensable encore il y a peu, cette proposition
fait mouche auprs des gouvernants, mais plus encore de la
population (lire notre entretien en page 36).
Car quand a va mal, cest toujours le peuple qui trinque. Les
banques ont faut, les Etats les ont sauves, les contribua-
bles ont pay la note. Mais ce serait un peu simpliste de
sarrter l. Car si les Etats ont sauv les banques avec
notre argent, ils se sont ensuite bien rattraps grce la
reprise du march, et donc grce aux risques pris par les
banques. La fraude est lun de ces risques dont notre pays
sest fait une spcialit avec la bndiction du systme. Ny
a-t-il pas l comme un air de morale gomtrie variable?
PhotosFranoisWavre/Rezo,MathieuRod,LaurentdeSenarclens
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route des diligences
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Comment grer les crises des
enfants.
RUBRIQUES
Migros Flash 8
Temps prsents 14
Minute papillon 32
La chronique
de Jean-Franois Duval.
Offre aux lecteurs 112
Auto 114
Mots flchs / Impressum 117
RUSSITE
Jacques-Antoine Besnard 118
Le champion du monde de dirigeable
air chaud.
RCITS
Reportage au Bangladesh 16
Avec Mlanie Freymond, animatrice
de la TSR et ambassadrice de World
Vision en Suisse romande.
Vigne et vin 22
Chez les soeurs Perey, nouvelles
patronnes du Domaine des Abesses.
Nature 28
Avec les ornithologues, au col
de Jaman (VD).
ENTRETIEN
Charles Wyplosz 36
ACTUALIT MIGROS
Qualit 42
Les produits Migros passs
sous la loupe. Reportage au labo.
Enfants 47
Le site internet dOceanmania,
pour dcouvir les fonds marins.
EN MAGASIN
Balades culinaires 50
Partir la dcouverte de la Suisse,
avec SuisseMobile
Nouvelle marque 54
Premium, la gamme Migros qui met
leau la bouche.
Miss Suisse 72
Interview de Kerstin Cook,
ambassadrice de la marque Lger.
DUCATION 26
Anglique Currat,
ducatrice, aide les ados
retrouver confiance en
eux en les mettant en
contact avec ses huskies.
Portrait.
CUISINE DE SAISON 84
La comdienne Nathalie Pfeiffer raconte sa passion pour
le thtre et parle des risques du mtier autour dun curry.
NATURE 28
Passionns et
ornithologues
sont au col de
Jaman pour
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oiseaux de
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Reportage.
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Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
NEWS
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LE CONSEIL BB DE LA SEMAINE
Pourquoi bb sent-il
si bon?
Qui a dj tenu un nouveau-n dans ses
bras le sait: les bbs sentent incroya-
blement bon. Lexplication vient du fait
que la peau des tout-petits ne possde
pas encore de protection acide, soit une
mulsion recouvrant la peau et forme
par le sbum, la sueur et la masse des
cornocytes. La peau de bb affiche
donc encore un pH neutre. De plus, les
experts estiment que lalimentation
base de lait uniquement
favorise galement ce doux parfum. Ce nest quaprs
six semaines environ que la peau devient plus acide et
donc plus rsistante aux germes. Ce faisant, la bonne
odeur de bb disparat.
PhotosKeystone,Bab.ch,GettyImages
Monsieur Wikipdia:
Jimmy Wales.
LE PRODUIT FRAIS
DE LA SEMAINE
Laile ou la cuisse?
Le poulet fait lunanimit. En Suisse, chaque
habitant en consomme prs de 11 kg par an.
Notre conseil pour que la viande reste la fois
juteuse et croustillante: farcir le poulet de
quartier de citron et badigeonner la peau dune
marinade au citron et au miel. Divin.
Cassis de Dijon: premiers
produits en rayon
Depuis cet t, le principe du Cassis de Dijon est entr
en vigueur en Suisse. Celui-ci permet un article
commercialis dans lUnion europenne (UE) dtre
vendu en Suisse sans autres modifications. A noter
que pour les denres alimentaires, une autorisation
est ncessaire. Dsormais, Migros a reu le feu vert
pour proposer des sirops de fruits labors selon les
normes de lUE. Ainsi, deux sirops sont disponibles
depuis la mi-octobre: le sirop framboise (bouteille de
1,5 l) cote dsormais Fr. 3.50 au lieu de Fr. 4.80 et le sirop aux
baies (proposs dornavant en bouteille de 1,5 l au lieu de 0,75 l)
cote Fr. 2.80 au lieu de Fr. 3.30.
Et les gagnants sont...
A loccasion de la Journe mondiale des
animaux qui sest droule le 4 octobre
dernier, Migros a organis un grand
concours de dessin. Prs de mille uvres
denfants sont parvenues aux organisateurs.
Les gagnants sont:
Elia, 7 ans, de Mels (SG),
Cleste, 10 ans, de
Lucerne, et Dano, 9 ans,
dOberschan (SG). Tous
reoivent un abonnement
dune anne pour aller en
famille dans un des zoos
de Suisse.
Ssser Duft der Babys:
Bis zur sechsten
Lebenswoche.
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MIGROS FLASH
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Un altruiste
rcompens
Jimmy Wales, fondateur de lencylopdie en ligne Wikipdia,
est le laurat du prix Gottlieb Duttweiler.
E
n honorant Jimmy Wales, le prix
Gottlieb Duttweiler rcompense
un prcurseur qui ne cherche pas
largent ou la clbrit, mais qui sou-
haite partager et transmettre le savoir.
En moins de dix ans, lAmricain Jim-
my Wales est ainsi parvenu avec Wi-
kipdia mettre en place un rseau
mondial de connaissances. Gratuite,
cette encyclopdie en ligne a rvolu-
tionn laccs linformation, contri-
buant ainsi dmocratiser le savoir.
Le prix Gottlieb Duttweiler est d-
cern intervalles irrguliers des
personnalits qui se sont distingues
par une contribution exceptionnelle
dintrt gnral. Les laurats prc-
dents sont notamment lancien secr-
taire gnral de lONU Kofi A. Annan
et le prsident tchcoslovaque Vclav
Havel. La remise du prix dot de
100 000 francs se droulera lInstitut
Gottlieb Duttweiler de Rschlikon
(ZH) le 26 janvier 2011.
Sir Gardiner Genve
La premire des six tournes des Migros-Pour-cent-culturel-Classics
annonce la couleur: la saison 2010/2011 sera flamboyante. Cest en effet
lOrchestre rvolutionnaire et romantique et son chef-star Sir John Eliot
Gardiner qui ouvrent les feux. La clbre formation sera sur la scne du
Victoria Hall de Genve le mardi 19 octobre avec le violoniste vedette
Thomas Zehetmair et le jeune talent suisse Christian Poltra (violoncelle).
Au programme: desuvres romantiques de Brahms et Schumann, dans
lesquelles Sir Gardiner excelle particulirement.
Informations: www.migros-pour-cent-culturel-classics.ch
Billetterie: www.culturel-migros-geneve.ch
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COURRIER DES LECTEURS Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
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Ecrivez-nous! Un article de Migros Magazine vous fait ragir? Ecrivez-nous en mentionnant clairement vos nom, prnom, adresse et numro de tlphone: Migros Magazine, Bote
aux lettres, case postale 1751, 8031 Zurich; [email protected]
Migros Magazine no 38 du 20
septembre. A propos de larticle
Mdicaments sans ordonnance
Migros
Les urgences
seront dbordes
Je travaille en pharmacie depuis
plus de trente ans et le projet
de Migros de vendre des
mdicaments sans ordonnance
me choque profondment. Bien
sr, ces mdicaments sont
moins chers ltranger, et
pour cause: pensez vous que les
prix des salaires et des locaux
par exemple soient les mmes
que chez nous? Le conseil
professionnel est-il de mme
qualit? Jen doute! Avez-vous
conscience de la dangerosit de
certains mdicaments qui vous
paraissent anodins? () Ce qui
me fait grimper aux rideaux
cest quand vous osez mettre en
titre que vous voulez lutter
contre lenvol des cots de la
sant; mais de qui vous mo-
quez-vous? Des pauvres gens
qui vont croire que leurs primes
maladie vont baisser en ache-
tant une aspirine dans vos
rayons! Au contraire les
urgences vont tre dbordes
de cas dautomdication. ()
Lauriane Vuadens,
Vouvry
Les primes ne
baisseraient pas
Dans votre rcent article concer-
nant la vente de mdicaments
sans ordonnance Migros, vous
prtendez pouvoir lutter contre
lenvol des cots de la sant: or
ces derniers sont avant tout
engendrs par les traitements
hospitaliers et ambulatoires, les
analyses de laboratoire, limage-
rie, les mdicaments prescrits et
rembourss par les assurances
(), les primes dassurance, etc.
Votre expert dit clairement que
par votre action la prime de
lassurance de base ne baisserait
pas. Mais les cots de la sant,
par contre, risqueraient daug-
menter fortement cause des
problmes lis la possibilit
dacheter des mdicaments en
libre service. Il ny a qu voir
comment cela se passe aux
Etats-Unis o un grand pourcen-
tage des hospitalisations est d
une prise incorrecte de mdica-
ments. Barbara Duthaler,
Thnex
Et les conseils des
pharmaciens?
Dans ma bibliothque je possde
depuis 1991 Le guide des mdica-
ments vendus sans ordonnance.
Jusqu ce jour je ne lai pas
ouvert, donc pas lu non plus.
Dans la prface, je relve un
passage important et intressant:
Ce livre me parat galement
recommandable aux mdecins
praticiens. En effet, leur rflexe
devrait tre, avant de rdiger leur
ordonnance, de senqurir auprs
de leurs patients des mdica-
ments que ceux-ci consomment
dj spontanment. Or il
nexistait pas douvrage suscepti-
ble de les renseigner rapidement
sur la composition des quelque
4000 prparations vendues
librement, et qui peuvent
interfrer de faon parfois
dangereuse avec les mdica-
ments prescrits sur ordonnance
mdicale. () Noublions pas
les bons conseils donns par les
pharmaciens. De longues tudes
srieuses sont la base pour la
confiance que nous pouvons
avoir en eux. Cest du srieux!
Georgette Lambert-Brunner,
Genve
Migros Magazine no 39 du 27
septembre. A propos de larticle
Le combat dune mre contre la
maladie de ses enfants
Un dsquilibre
de lintestin
Jai trouv intressant votre
article sur la dysbiose intestinale.
Jaimerais toutefois prciser que
la dysbiose est un dsquilibre de
la flore intestinale et non,
comme vous lcrivez, une
permabilit de lintestin qui en
est plutt une consquence.
Catherine Lenoir,
Genve
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Les chiffres calculs reposent sur des exemples spcifiques. Base de calcul: versement
64 ans pour les femmes, 65 ans pour les hommes (tat 2010). Il est tenu compte de
lexonration du paiement des primes en cas dincapacit de gain aprs 90 jours.
Exemple dun homme de 35 ans, mari, domicili Zurich, revenu imposable de
CHF 90 000. (base de calcul: exercice fiscal 2010).
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Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
TRAIT POUR TRAIT
SUR LE VIF
IMPULSIONS
Jacques-Etienne Bovard,
professeur et crivain
Le don dadmirer
DessindeChapatteparudansLeTempsdu14octobre2010.
Rduire le taux de
nicotine est inefficace
LUE veut durcir la loi anti-fume en diminuant notamment la teneur en
nicotine des cigarettes. Et la Suisse? Le point avec Ursula Koch, cheffe de
la section alcool et tabac lOffice fdral de la sant publique.
Lenvie rend malheureux, en-
tendais-je souvent quand jtais
gosse. Aussi bien devant les cho-
ses sucres qui scintillaient der-
rire des vitrines, que dans telle
salle de concert, pendant quOs-
trakh jouait le concerto de Bra-
hms: Dans la vie, on na jamais
tout ce quon voudrait; ma foi, il
faut apprendre tre heureux
avec ce quon a.
Ouais, dis plutt avec ce
quon na pas! songeais-je en di-
sant adieu aumillefeuille comme
au Stradivarius. Ces adultes!
Donc alors il fallait sappliquer,
conomiser tout sauf sa peine,
exiger toujours davantage de
soi-mme, et se prparer
chouer, laisser les autres rus-
sir sa place! Tu comprendras
plus tardMonil!
La Suisse a vot rcemment une
loi sur la fume autorisant
notamment les fumoirs. Notre
pays peutil rester un lot au
milieu de lEurope ?
Les propositions du commissaire
europen la Sant sont en effet
plus svres que la loi suisse.
Cette dernire dit quil est
interdit de fumer sur le lieu de
travail et dans les lieux accessi-
bles au public. La loi fixe les
exigences minimales enmatire
de protection contre le tabagisme
passif mais les cantons peuvent
se montrer plus restrictifs.
LUE souhaite rduire la teneur
des cigarettes en nicotine et
rendre le packaging plus
agressif. Desmoyens efficaces?
On amontr que les fumeurs
tiraient plus fort sur les cigarettes
light pour obtenir leur dose de
nicotine, cette mesure nest donc
pas efficace. Quant aux emballa-
ges, la Suisse a introduit depuis
le 1
er
janvier de cette anne dj
des avertissements combinant
textes et images.
La cigarette alimente lAVS
hauteur de 2milliards de francs.
Desmesures plus restrictives
nemenaceraient-elles pas son
financement?
Cest une chose. Mais la cigarette
engendre des cots trs levs. Le
professeur Jeanrenaud et son
quipe de lUniversit deNeuch-
tel avaient fait une estimation
pour lanne 1995.Dans le domai-
nede la sant, ils se chiffrent 1,2
milliards; 3,8 milliards pour
labsentisme au travail, linvali-
dit etc.; 5 milliards pour la
perte de la qualit de vie.
Propos recueillis par C.Fontannaz
-
TEMPSPRSENTS
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15
A voir:
Les robots et nous.
De lacte chevaleresque
au conte en SMS, il ny a quune
prise. Branche par deux
plasticiens qui mlent cartons et
installations vido dans ce
spectacle de cble et dpe.
Virtuel vs humain, qui perdra? Un
combat philosophico-loufoque.
& de Halory Goerger et
Antoine Defoort,
20 et 21 oct, Thtre Arsenic,
Lausanne.
A couter:
Chanteur de charme.
On dirait quil sort dun
film de Sautet, Benjamin Paulin.
Avec son beau costume, son
sourire la Montand. Et en plus, il
chante: Dites-le avec des
flingues. Crooner, slameur, ce
doux cynique dcortique son tre
et son re.Benjamin Paulin,
Lhommemoderne, AZ.
A visiter:
Traces de cours. O
se niche lhistoire dans
notre quotidien? Dans cette
expo, Eva Leitolf a conduit sept
tudiants de la Formation
suprieure de photo de Vevey
donner du sens au prsent. Un
discours neuf sur lidentit.
En filigrane, Photoforum
PasquArt, Bienne.
A lire:
Let it be. LIvre poule
ou LYves au trsor,
John Lennon, fantasque, se
joue des mots et redessine son
poque. Entre textes et
illustrations, cette cueillette de
brins de vie fait chanter les
pages. Et on se met fredonner
Imagine. Une rdition
franaise des 60s (re)
dcouvrir absolument.
John Lennon, En flagrant
dlire, Robert Laffont.
DANS LOBJECTIF
PhotoSigiTischler/Keystone
> Nos chroniqueurs sont nos htes. Leurs opinions
ne refltent par forcment celles de la rdaction.
Le phare le
plus haut
du monde
Une rplique du phare de la
ville de Hoek van Holland
trne dsormais 2046 m
daltitude. Au col de lOberalp
entre les valles dAndermatt
et du Rhin, l o le fleuve
prend sa source. Allum pour
la premire fois mercredi
dernier, le feu, dune hauteur
de 14 m., est un clin doeil la
mer du Nord, o se jette le
Rhin.
par
Virginie Job,
journaliste
MES BONS
PLANS
Ils avaient pourtant raison de
dire cela. Et moi de renauder, au
seuil de cet apprentissage qui nen
finit jamais: la vie, soi, les autres
Se connatre, cheminer travers ce
quon peut faire par soi-mme et
qui napporte pas ce quon en esp-
rait, entre ce qui se refuse et ce qui
est donn Puis voil quun jour,
en coutant, en lisant, on se dcou-
vre capable de jouir dun don quon
na pas, et sans doute naura ja-
maisQuelle grce a mu la ran-
cur envers soi-mme en mer-
veillement face au gnie dautrui?
Il est peut-tre l, le grand don:
on aurait pu glisser du ct de
lamertume, croupir jamais dans
le dsespoir des jaloux, et voil que
la grandeur dautrui, mesure
quelle se rvle, vous illumine et
vous lve. Quest-ce qui nous a si
bien inspirs, dans ce carrefour es-
sentiel? Et peut-on faire profiter
les autres de ce trsor sans fond?
Cest ce que jeme demande, en
parlant de littrature mes lves.
Dj pas facile de leur enseigner
lanalyse de texte et la dissertation.
Alors les ouvrir ladmiration, qui
compte tellement plus? Comment
leur rendre aimable le gnie de
Proust ou dAnne-Lise Grobty en
les forant couter, lire, r-
pondre entre deux sonneries? Par-
fois a passe, sans que je sache trop
bien pourquoi. Parfois je dsesp-
re.
Eh oui, dans le grand thtre de
lcole et de la vie, il faut savoir sou-
vent se contenter du rle de
louvreur. Et de celui de parent
avec son gosse, devant la vitrine
dune boulangerie ma foi
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16
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Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
L
e soir prcdent le dcollage
pour Dhaka, capitale du Ban-
gladesh, Mlanie Freymond
prsentait llection deMiss Suisse
sur la TSR. Sa robe de gala tout
juste retire, des poses glamour et
des paillettes plein la tte, la jeune
Lausannoise ad soudain sacclima-
ter la chaleur touffante, au chaos
de la rue, aux coups de klaxons in-
cessants dun trafic intense qui ru-
nit camions, motos, chvres et
rickshaws au milieu de routes d-
fonces par les inondations et le
passage rcurrent de cyclones. Le
choc de plus de 150 millions de
Bangladais qui vivent sur un terri-
toire d peine quatre fois la super-
ficie de la Suisse, soit plus de 1000
habitants au kilomtre carr. Un
autre univers, dautres conditions
dexistence aussi. Plus de 40%de la
population y vit en dessous du seuil
de pauvret.
Je mtais prpare dcou-
vrir un pays qui cumule tous les
malheurs du monde, raconte M-
lanie Freymond. Surtout, je me
demandais en quoi consistait exac-
tement le parrainage dun enfant
sur place et son utilit.Nouvelle-
mentmarraine et ambassadrice de
lONGWorld Vision en Suisse ro-
mande (lire lencadr), la Vaudoise
ne simagine pas laccueil que lui
rserve le village de Langulia situ
environ 150 km de Dhaka, dans
la rgion deMuktagacha. Toute la
communaut sest runie au cen-
tre de la bourgade et la couvre de
fleurs. Et de sourires, hacho en
bengali, accompagns de regards
intenses. Certains villageois nont
jamais vu dOccidentaux. Cest
comme si jtais tombe de la lune,
rigole lanimatrice. Mais leurs
yeux restent respectueux.
Un rel moment
de partage
Du haut de ses 5 ans, Rakib attend
impatiemment de voir en vrai
celle qui a chang la vie de sa fa-
mille. Les premiers changes res-
tent timides, jusqu ce que sa
marraine lui offre un ballon, quil
ne quittera plus de la journe. Trs
fier, il joue au milieu du village
avec Mlanie et les autres enfants
de la communaut. Un moment
de rel partage, sillumine lanima-
trice de tlvision. Mme si on ne
parle pas la mme langue, on sest
compris. Dans sa petite maison
de taule ondule, Rakib
montre le grand lit o la fa-
Mlanie
Freymond,
une marraine
au grand cur
Ambassadrice de World Vision en Suisse
romande, lanimatrice de la TSR est alle
rendre visite son filleul Rakib dans la rgion
de Muktagacha, au nord-est du Bangladesh.
Migros Magazine la accompagne.
Mlanie Freymond, pose en sari avec son filleul Rakib, 5 ans, et ses parents, Yeakub Ali et Ruma Akter.
-
REPORTAGEBANGLADESH
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17
Mlanie Freymond, pose en sari avec son filleul Rakib, 5 ans, et ses parents, Yeakub Ali et Ruma Akter.
Mlanie Freymond Langulia, le village de son filleul.
Lun des centres de World Vision se trouve dans
la ville de Mymensingh (photo).
Dans le village de Rakib, des pompes eau potable
ont t installes.
Une rizire dans la rgion de Muktagacha.
Shilpe, dont lenfant est parrain par World Vision, a
reu une machine coudre.
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Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
REPORTAGEBANGLADESH
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mille dort et une commode
vitre, lintrieur de la-
quelle trne la photo de sa bienfai-
trice. Nous la regardons tous les
jours, signale la mre de lenfant,
RumaAkter, 23 ans. Ctait inima-
ginable pour nous que Mlanie
puisse venir nous voir. Grce
elle et World Vision, jai lespoir
que mon fils devienne mdecin.
Un but qui semble inaccessible
pour la plupart des habitants de
cette rgion rurale o le taux dal-
phabtisation atteint seulement
23%, contre 43% pour lensemble
du pays. Moins de la moiti de la
population y touche un revenu
provenant dune activit. Les sala-
ris sont en majorit des agricul-
teurs qui cultivent riz, jute et lgu-
mes.
Si les pluies torrentielles de la
mousson sabattent tous les ans
sur le Bangladesh, le pays nen
souffre pas moins du manque
deau potable. Des gisements dar-
senic naturel polluent la nappe
phratique. Diarrhes, diphtrie,
cholra et typhus dciment encore
la population. LEtat agit et tente
damliorer les conditions dhy-
Le travail
de World Vision
World Vision International est
une uvre daide humanitaire
chrtienne qui secoure les
populations dans le besoin
quelle que soit leur origine
ethnique, leur religion et leur
sexe. Cette ONG compte
40 000 collaborateurs dans une
centaine de pays. Fonde en
1982,World Vision Suisse
soutient plus de 100 projets
dans 30 contres. Plus de
55 000 parrains et marraines
helvtiques envoient chaque
mois 50 fr. et contribuent de la
sorte lamlioration des
conditions de vie dun filleul, de
sa famille et dune communaut
dans un pays en voie de
dveloppement.
Dans un pays comme le Bangla-
desh, 50% des enfants souffrent
de malnutrition, 70% des
femmes accouchent la maison
dans de mauvaises conditions
sanitaires et 3% dentre elles
mourront avant davoir pu voir
leur bb. Quelles solutions
propose World Vision? Un
meilleur accs leau potable,
des cours dhygine et dalimen-
tation aux familles, un suivi de
lducation des enfants avec la
cration, entre autres, dcoles
enfantines destines habituer
parents et bambins au monde
scolaire, etc. LONG travaille
galement en collaboration avec
des mdecins qui prodiguent
leurs soins aux enfants parrains
et leur famille.
A Dhaka,World Vision lutte
aussi contre la prostitution
des jeunes filles et intervient
dans les bidonvilles, en installant
notamment des toilettes
publiques et des points deau
potable. Elle intervient au sein
des familles, en proposant des
ides de revenu. Shilpe, jeune
maman dont lenfant est
parrain, a ainsi reu une
machine coudre qui lui permet
de confectionner des saris et de
les vendre.
Infos: www.worldvision.ch/fr
ou au 022 306 12 50.
gine, en construisant des puits
deau potable. Mais comme le
gouvernement change tous les
cinq ans, chaque nouvelle lec-
tion toutes les dmarches entre-
prises doivent tre rediscutes,
explique Eugene Rodrigues, chef
de projet World Vision. Les gens
en ont marre et sont de plus en
plus nombreux vouloir partici-
per nos projets. Car un parrai-
nage ne sadresse pas qu un en-
fant, mais toute une commu-
naut.
Un systme
de microcrdit
Lamre de Rakib fait maintenant
partie dune association de fem-
mes, le Chamely Women Deve-
lopment Group, qui existe de-
puis six mois. Chacune des vingt
membres donne vingt takas (30
centimes suisses) par mois une
cheffe lue qui va dposer largent
dans une banque dinvestisse-
ment. World Vision supervise le
groupe. Ce systme de microcr-
dit leur permet de raliser des
conomies utiliser en cas de
crise, telles que les famines dues
aux inondations. Elles esprent
russir pargner environ 15 000
francs suisses en cinq ans.
Le groupe continuera fonction-
ner sans nous ds 2015, indique
Raju Rozario, chef de projets
World Vision. Les femmes appren-
nent ainsi planifier pour leur fa-
mille et la communaut. Et acqui-
rent une certaine libert. Dtail
dimportance dans un pays majo-
rit musulmane (environ 90% de
la population) qui ne cde que peu
de droits aux femmes. Le gouverne-
ment semble pourtant faire de plus
en plus defforts dans ce sens. Par
exemple, lge lgal du mariage est
aujourdhui de 18 ans pour les jeu-
nes filles et de 21 pour les hommes.
Auparavant, il arrivait que des
fillettes de 10 ans se retrouvent
devoir grer un mnage.
Mlanie Freymond, mue, re-
considre limportance de son don
mensuel. Mon filleul a la chance
dtre duqu, il est nourri comme
il faut grce aux cours de nutrition
qua suivis sa maman. Les habi-
tants ont une pompe eau et des
toilettes. Ce nest pas rien
pour eux. Largent que je
Dans la rgion, World Vision soutient 2000 enfants.
GrceMlanie et World vision, jai lespoir que
mon fils deviennemdecin
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En vente au rayon frais des plus grands magasins Migros.
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REPORTAGEBANGLADESH
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21
Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
donne entrane un change-
ment, mais pas seulement.
On leur enseigne un savoir que
plus personne ne pourra leur en-
lever. Et avec desmoyens locaux.
World Vision apprend notam-
ment aux paysans, hommes et
femmes, comment fabriquer des
fertilisants naturels moindre
cot. En se basant sur dancien-
nes techniques. Jusqu six pro-
duits toxiques taient utiliss
pour un seul champ, rvle Raju
Rozario. Nous leur expliquons,
laide dillustrations, ce qui est
bien et ce qui pose des probl-
mes. Les adultes retournent
donc lcole et rpondent aux
questions de lenseignant, appli-
qus. Nous travaillons ici depuis
2007, ajoute Raju Rozario. Les
premiers contacts se sont avrs
compliqus. La mixit des classes
posait problme aux hommes.
A la fin de son sjour, Mlanie
Freymond a eu loccasion de
sentretenir avec Urs Herren, 55 ans,
ambassadeur suisse en Rpublique
populaire du Bangladesh, dans sa
rsidence Dhaka. Compte-rendu.
Mlanie Freymond: Quapporte
concrtement la Suisse au
Bangladesh?
U.H.: La Suisse travaille en partena-
riat avec le Bangladesh depuis
lindpendance du pays selon trois
axes principaux: le renforcement des
comptences des gouvernements
locaux, surtout la campagne; laide
la formation professionnelle, de
nombreux jeunes en ont besoin; le
soutien des paysans - de leurs
propres cultures aux tals des
marchs - afin quils puissent vendre
leurs produits plus efficacement.
Mme si financirement le Bangla-
desh nest que peu dpendant de
laide au dveloppement, qui ne
reprsente que 2% du PIB, le pays
profite de lexprience et du
savoir-faire de la Suisse et du travail
des ONG en relation avec des
partenaires locaux.
M.F.: Quel rle jouent les ONG
dans le dveloppement du pays?
U.H.: Le Bangladesh compte des
milliers dONG, dont beaucoup
demeurent des initiatives locales.
Grce ces organisations, de
nombreux buts ont t atteints, par
exemple en matire dalphabtisa-
tion. En mme temps, des organis-
mes financs de lextrieur permet-
tent une scolarisation qui devrait
plutt tre du ressort de lEtat, qui
doit russir accder une base
fiscale plus large. Toutefois, les
dmarches entreprises par les ONG
ont souvent servi de modle au
gouvernement. Une bonne articula-
tion entre le travail des uns et les
efforts des autres est donc
indispensable.
M.F.: O constatez-vous le plus
damliorations?
U.H.: Les objectifs du Millnaire
pour le dveloppement fixs par
les Nations Unies ont permis de
faire des progrs considrables,
dont une diminution de plus de
50% du taux de mortalit des
enfants de moins de 5 ans depuis
1990. Il faut aussi noter que lEtat a
mis sur pied des programmes
spcifiques pour augmenter le
nombre de filles scolarises. Et
qu ce jour, on arrive presque la
parit au niveau primaire. De plus,
le gouvernement espre quen
2025 le Bangladesh ne sera plus un
pays pauvre. Il sagit maintenant de
raliser de grands efforts au
niveau des infrastructures.
Notamment en matire dnergies
et dans la gestion des fonds
publics, en sattaquant des
problmatiques telles que la
corruption, pour quon puisse
envisager de passer dun taux de
croissance de 6% 9%. Reste
encore contrer le problme des
catastrophes naturelles, qui
provoquent rgulirement de
graves dgts sur lconomie. Sans
oublier la question de la malnutri-
tion, lun des grands dfis relever.
Aujourdhui, ils sont de plus en
plus nombreux vouloir partici-
per aux projets.
A lheure des au revoir,Mlanie
Freymond, habille du sari offert
par la communaut et maquille
par les villageoises, est toute cham-
boule. Ces moments resteront
gravs vie dansmammoire. Tant
de couleurs, dimages et de visages.
Si jai la chance de revenir, je me
rendrai Langulia avec mon com-
pagnon, qui partage avec moi le
parrainage de Rakib. En attendant,
nous communiquerons par cour-
rier. Je vais lui montrer que je ne
loublie pas. LaVaudoise retiendra
cette expression en bengali: sho-
moshanai, qui signifie pas de pro-
blme et que chaque Bangladais
prononce tous les jours...
Virginie Job,
de retour du Bangladesh
Photos Christian Funke et Virginie Job
Mlanie Freymond et Urs Herren, lambassadeur de Suisse.
Le travail des ONG a souvent servi de modle au gouvernement
Rakib, tout
heureux
davoir reu
un ballon de
sa marraine.
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22
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Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
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RCITVIGNE ETVIN
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23
La vigne
au fminin
pluriel
A Echandens (VD), Solange et Lucie Perey
vendangent pour la deuxime anne au
Domaine des Abbesses, dont elles ont la
charge depuis janvier 2009. Portrait de deux
jeunes femmes qui nont pas froid aux yeux.
E
ntre deux poses pour la photo,
lune, Solange, 25 ans, picore
le raisin. Lautre, Lucie, 23 ans,
le dvore. Lune prfre soccuper
de la vinification, lautre aime tra-
vailler au grand air.
Lan dernier, lorsque le propri-
taire du Domaine des Abbesses,
Echandens (appellation Morges),
leur propose de reprendre la ges-
tion des vignes et la fabrication du
vin, elles nont pas hsit signer
le bail et sengager pour quinze ans.
Jai travaill trois ans ici. On
connat la rgion, les gens, les c-
pages, ctait une opportunit ne
pas rater, explique Lucie. Le do-
maine de nos parents, Vufflens,
tait trop petit pour quon le re-
prenne, ajoute Solange. Il faut
dire que lamour du raisin est une
histoire de famille chez les Perey.
Grands-parents, oncles, pre et
bientt frre aussi: tous vigne-
rons.
Quand lane a dit quelle vou-
lait devenir caviste, aprs avoir
tran dans les vignes depuis toute
petite, le pre a t trs surpris. Il
a essay de me dcourager, rit
Solange, qui pensait aussi deve-
nir cuisinire ou chocolatire, une
histoire de gots toujours.
De lapprentissage
au brevet fdral
Lucie a suivi. Dabord par des sta-
ges dhorticulture, puis un appren-
tissage de viticultrice qui lamene
jusquau brevet fdral. Un brevet
convoit galement par sa grande
sur, qui songe passer le sien en
nologie.
Lan dernier, elles se sont lan-
ces, nhsitant pas crer de nou-
velles tiquettes, et mme de nou-
veaux assemblages pour se distin-
guer de lancien propritaire. Avec
succs, puisque la clientle est res-
te fidle et que de nouveaux cu-
rieux ont dgust le dli-
cieux nectar. Celui-ci a
Solange ( g.) et Lucie Perey ont sign pour quinze ans au Domaine des
Abesses.
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24
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RCITVIGNE ETVIN Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
dailleurs remport une mdaille
dargent pour le chasselas blanc.
Premier essai transform.
Pas de quoi pourtant mettre la
pression sur les deux jeunes fem-
mes loccasion de leurs deuximes
vendanges. Je suis plus relax. Lan-
ne passe, ctait le stress, avec
douze personnes sous mes ordres,
il fallait grer, confie Lucie...
Moi pas du tout, complte Solan-
ge. Lan dernier, une amie nolo-
gue ma aide, expliqu comment
procder pour la vinification.Cette
fois, je nai quune stagiaire pour
maider. Heureusement, sil y a un
problme, je peux appeler mon
pre!
A chacune
sa spcialit
Pour rgler les questions de leur
collaboration, elles ont tranch:
lors de conflits sur la meilleure
manire de faire, Lucie a raison
pour les questions touchant la
vigne, alors que Solange a le der-
nier mot pour ce qui concerne le
vin. Ctait une occasion unique,
un challenge. On a hsit. Nous
sommes jeunes et on sengage pour
quinze ans. Dun autre ct, pour
planter et faire fructifier de nou-
veaux cpages, cest un temps as-
sez court. Outre les classiques
chasselas et pinot noir, elles ont
par exemple plant de laltesse, du
mara ou dumerlot, et lane rve
de gewrztraminer. La premire
anne, nous avons beaucoup tra-
vaill. Il faut attendre un an et
demi pour que la chane se mette
en route, expliquent-elles. Elles
nont pas eu de vacances en 2009
et seulement quelques jours cette
anne.
Jusqu ce que toute la rcolte
soit rentre, une petite boule au
ventre demeure, mais les surs
Perey se rjouissent des vendanges
qui battent actuellement leur
plein. Cest le rsultat dun an de
travail. Il y a fort faire, mais cest
la fte! sexclament-elles en cur.
Toute la famille met la main la
pte. Les oncles, tantes, cousins et
leur ane (la seule ne pas tre
vigneronne) aident la vigne, leur
mre prpare les repas, la grand-
mre soccupe des quatre-heu-
res...
Cest ensuite, seulement, que le
gros du boulot commence pour So-
lange, qui senfermealorspourquel-
ques mois dans sa cave, jouer les
alchimistes, jongler entre les gots
et les assemblages. Peut-tre que
durant les vendanges, onaura tout
coup une ide pour le vin et on es-
saiera de nouvelles saveurs. Cest
Les vins blancs:
Le chasselas est le cpage le
plus courant en Suisse romande et
au Domaine des Abbesses, o il
reprsente 70% de la production.
Son arme fruit et dlicat fait de
lui un vin qui saccommode avec
beaucoup de choses et reste
facilement reconnaissable.
Laltesse se dcline en deux
versions: ptillante ou blanc sec
cors et lgant, qui est encore
meilleur aprs vieillissement.
Les vins rouges:
Le pinot noir est lautre numro 1
en Suisse, version rouge. On le
reconnat dabord sa robe claire
et sa lgret. Il possde une
teinte dagrumes en bouche. Il
accompagne parfaitement
quantits de mets, de lapro au
dessert en passant par la viande
rouge. Il peut tre mri en ft de
chne.
Le gamay se distingue par ses
armes de petits fruits rouges,
parfois un peu cors et pic. Il ne
gagne pas grand-chose tre
conserv pendant des dizaines
dannes.
Le gamaret, le mara et le
garanoir sont trois cpages
suisses rcents, issus du croise-
ment entre gamay et reichenstei-
ner. Le gamaret est plus pic et
se boit volontiers plus g, alors
que le garanoir trompe par sa
couleur trs intense qui laisse
penser quil est trs cors, alors
quau contraire, il est plutt fruit
et peu acide. Le mara, homologu
en 2009, est gnralement cors
et color, avec des notes dpices
et de fruits noirs.
Le merlot se rvle gnralement
rond et relativement cors, tout en
conservant une touche fruite de
baies rouges et de lierre. En
Suisse, on le trouve surtout au
Tessin. Il se sert le plus souvent
avec des viandes lgres ou des
fromages.
Des cpages au doux nom
lavantage dtre indpendantes!
Pendant ce temps, Lucie ef-
fectuera sa tche prfre: la
taille. Cest de lart! Je suis de-
hors, il ny a personne, jai le
temps de rflchir. Sur les cinq
hectares du Domaine, plus deux
quelles louent une cooprative,
il y a de quoi soccuper. Et
lorsquelle a termin, elle va don-
ner des coups de main aux co-
pains vignerons, qui le lui rendent
par exemple en tapant les piquets
des jeunes pousses.
Un contrat pour faire face
aux alas de la vie
Les surs Perey voient venir avec
srnit les treize ans et demi de
bail qui leur restent. Le seul souci
serait que lon tombe enceintes en
mme temps. Il faudra quon se
coordonne pour avoir nos enfants
en alternance. Et notremaman sera
mise contribution. Pour les
autres imprvus de la vie, divergen-
ces ou disputes, elles ont rdig un
contrat entre elles.
Elles ont t nommes vigneronnes
de lanne pour lappellation Mor-
ges et ont eu lhonneur de monter
sur le char du cortge. Dans la r-
gion, tout le monde se connat,
ctait davantage pour le clin dil
quon a reu le prix, confie Solan-
ge. Et dinsister: tre femme dans
ce mtier na rien dextraordinaire.
Mlanie Haab
Photos Catherine Leutenegger
Solange et Lucie Perey prsenteront leurs
vins au Comptoir de Morges du 19 au
24 octobre.
Internet:www.vins-lesabbesses.ch
Dans leur cave,
les surs ont cr
de nouveaux
assemblages.
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NOUVEAU
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Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
Avec ses huskies,
elle redonne
confiance aux ados
Educatrice de formation, Anglique Currat utilise ses chiens
pour aider les adolescents en difficult trouver la matrise
de soi. Rencontre et explications dans un petit coin de paradis.
D
ans la petite maison au bord
de la fort, ils sont treize
autour des gamelles, mais a
ne semble pas leur portermalheur.
Son premier chien, Anglique
Currat la eu quand elle tait en-
core enfant: Un compagnon de
jeux et de sorties aussi bien quun
confident. Aujourdhui, elle sest
installe Fiaugres dans le dis-
trict de la Veveyse (FR), entoure
de ses huskies, Qanuk, Tanska,
Alaska, Alaq, Ayasha, et les autres-,
de son akita amricaine, Sweety, et
de son cocker Snoopy, qui se prend
un peu pour le matre de ce petit
monde. Une chance davoir trouv
cette maison qui appartenait un
musher: les parcs chiens taient
dj installs.
Une bonne manire
de revaloriser les jeunes
La jeune femme raconte quune
fois sa formation dducatrice
acheve, lide lui est trs vite ve-
nue dutiliser des chiens dans son
travail. Elle stait dit que les ado-
lescents en difficult, si on leur
confiait la responsabilit dun ani-
mal, pourraient se sentir capa-
bles de faire autre chose que des
btises, et prendre conscience de
possder certaines compten-
ces. Unemanire de les revalori-
ser, eux qui ont perdu confiance
en ltre humain, et dvelopp une
grandemfiance vis--vis des adul-
tes.
Elle commence avec un labra-
dor et une berger allemand au
Mont-sur-Lausanne, dans une ins-
titution spcialise. Au dbut, il
sagissait surtout de cohabitation,
de balades, de jeux. Peu peu le
projet se transforme, une fonda-
tion voit le jour Tendres pat-
tes, encore la recherche de nou-
veaux membres et de bnvoles.
Les jeunes sont ainsi invits par-
ticiper lducation du chien, en
pratiquant des exercices dobis-
sance. Pas si vident: Pour don-
ner un ordre, se faire respecter,
accepter que le chien nobisse
pas, ladolescent doit sobliger
une rflexion sur lui-mme.
Anglique Currat utilise
dabord un chien facile, le cocker
ou lakita, on leur dit assis!
ils font assis, on leur dit cou-
ch! ils font couch. Histoire
de montrer dentre au jeune
quun adulte est capable de lui
faire confiance, de lui laisser un
chien et que cest lui qui le m-
ne.
Rsultat espr: ladolescent
devra pouvoir saffirmer sans les
modes de fonctionnement quil
connat habituellement, savoir la
violence verbale ou physique, la
rvolte. Bref saffirmer en ma-
trisant le chien et en sematrisant
soi-mme.
Rien nest gagn davance, mais
lchec mme a son utilit: a
permet au jeune de se dire, oui,
cest vrai, je narrive pas matriser
ce chien, a mnerve, je suis en
train de monter les tours. Si un
jeune se plaint que le chien nar-
rte pas de tirer, quil nobit
pas, Anglique lui montrera que
lui aussi est comme a dans la vie
quotidienne, quil utilise le mme
schma avec les gens: Cest pres-
que un effet miroir. Autrement
dit, le chien fou qui se reconnat
dans le chien fou.
Quest-ce que tu veux que
je fasse avec des chiens?
Il sagira ensuite de faire compren-
dre au jeune que sil est capable
avec les chiens de sarrter, de se
contrler, de trouver des solu-
tions, il devrait pouvoir repro-
duire la mme attitude dans sa
relation avec les gens. Mais cela,
a prend du temps. Parfois il faut
mme rfrner les ardeurs du jeu-
ne, ses excs dautorit qui peu-
vent dpasser lducation et sap-
procher mme de la mal-
traitance.
Au dpart les gamins, videm-
ment, sont rarement volontaires.
Il y en a certes qui sont totale-
ment ouverts, preneurs ds le d-
but. Mais dautres avec lesquels
cest plus compliqu. Ceux qui di-
sent: Des chiens? Quest-ce que
tu veux que je fasse avec des
chiens?
Mais le feeling avec les btes
gnralement sinstalle vite.
-
PORTRAITDUCATION
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27
Mieux, parfois, a devient pres-
que une dpendance. Voire un
inconvnient: Ils construisent un
tel lien de confiance et de scurit
avec le chien, quils narrivent plus
sen dtacher.
Anglique et son amour
pour les huskies
Si elle a dbut ses activits de zoo-
thrapeute avec dautres races,
lheure aujourdhui pourAnglique
est au husky. Le chien polaire la
toujours fait rver. Chaque fois
quelle en voyait, elle se disait quun
jour, elle aussi, en aurait un. Cha-
que fois, on lui faisait remarquer
que le husky cest compliqu, a
demande du travail, cest fugueur,
cest ceci, cest cela. A la fin Ang-
lique na cout personne.
Surtout quand elle sest rendu
compte de tout ce quun chien
pouvait apporter un jeune. Elle
sestmise imaginer des attelages,
dabord simplement avec une trot-
tinette, ou un vlo, aujourdhui des
karts, et en hiver le traneau. Las-
pect ducatif sen trouve ainsi lar-
gement renforc: Faire des bala-
des en fort avec un chien en
laisse, cest bien, mais conduire
toute un attelage, en tre respon-
sable, cest quand mme autre
chose.
La prudence est videmment
de mise, surtout avec le traneau
roulettes: Je le laisse moins faci-
lement conduire, je suis en tout
cas toujours assise devant, cest
plus lourd, plus difficile manier,
si on lche, a fait plus de dgts
quavec un vrai traneau.
Au dbut les jeunes nont de
contact quavec un ou deux chiens:
la meute entire, a serait trop ri-
che, trop fort en motions diver-
ses: Il y en a qui sont laise avec
une bte puis quand ils se retrou-
vent face tout le groupe ils se
sentent dpasss. Anglique leur
apprend aussi regarder les pattes
des chiens, sous le ventre, dans la
gueule, faire connaissance avec
lanimal de faon scuritaire,
pour quil ait les bons gestes ds le
dpart. Ce pourrait tre, enfin, le
slogan de la dame aux chiens: SOS,
patte tendue. Laurent Nicolet
Photo Mathieu Rod
Renseignements: www.tendrespattes.ch
Rapport aux btes
Avec les animaux, Anglique
Currat sest toujours sentie
particulirement laise, dans
une sorte de relation
naturelle. Elle passe son
enfance dans un village paysan,
Semsales (FR), et devient trs vite
familire avec les vaches: Jtais
tout le temps en train daller les
caresser, de discuter avec.
Aujourdhui encore elle estime
quaprs ducatrice paysanne
est le plus beaumtier du
monde. Les ts quelle
pouvait passer lalpage en
tout cas la rendait folle de
joie.
Et puis il y a eu les chiens. Beau-
coup de chiens, tous diffrents. Il
y en a qui sont trs faciles, qui vont
obir tout de suite. Et dautres qui
rsistent : Cest vraiment nous,
alors, qui devons tre adquats,
avec notre corps autant quavec
nos paroles. Si on crie au pied! et
quon est soi-mme avachi, a ne
marche pas.
Ses huskys, travers deux
portes, sont nes chez elle, la
maison. Autrefois, elle en recueillait
facilement: le husky est un chien
que lon abandonne trs souvent.
Petits, ce sont des peluches, mais
adultes ils deviennent trs
dynamiques et anims dun gros
besoin dexercices et de dfoule-
ment. Aujourdhui pourtant
Anglique a renonc accueillir
des chiens venus de lextrieur:
Ctait souvent des btes
stresses, compltement folles,
qui hurlaient tout le temps et
faisaient des bonds comme a.
Les chiens dsormais elle les
prfre son image, des
chiens quelle a pu faonns
et qui lui correspondent. Des
chiens hypercalmes, qui ne
bougent pas et qui ne crient pas
quand on les attelle.
Anglique Currat,
dans la campagne
fribourgeoise,
entoure de ses
huskies.
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28
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Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
Sur la route des migrateurs
Chaque anne, ornithologues ou simples passionns se retrouvent au Col de Jaman (VD).
Jour et nuit, les yeux en lair, ils guettent les oiseaux de passage. Pour les observer et les
baguer un un. Reportage entre terre et ciel avec le biologiste Laurent Vallotton.
D
immenses perches de dixm-
tres de haut avec entre elles
des filets de nylon noir. 1300
m2 de mailles, comme un fin ri-
deau, un filet de pche en plein
ciel, qui barre la valle de lIntya-
mon juste sous la Dent de Jaman
(VD). Cest l que, chaque anne,
du 1er aot mi-octobre, 24h sur
24, des ornithologues passionns,
seconds dun essaimde bnvoles,
attrapent lesmigrateurs au vol. Soit
138000oiseaux de 122 espces de-
puis 1991. Pour les observer, les
baguer, avant de les relcher.
Ce jour-l, profitant dune
troue dans le brouillard, les orni-
thologues arpentent les filets, le
regard lev et le sac de toile la
main. Parmi eux, Laurent Vallot-
ton, biologiste au Musum dhis-
toire naturelle de Genve, lil
rond comme celui des oiseaux
quil suit avec passion depuis une
vingtaine dannes, fait partie des
fondateurs du groupe dtudes fau-
nistiques de Jaman. Il reconnat
un tarin sa premire note, repre
les geais distance, leur vol
chaloup et leur tache blanche
sur le croupion, quand le botien
ny voit que des ailes.
Les pinsons des arbres
en nombre
Cet aprs-midi-l, un petit passe-
reau a atterri dans les filets. Cest
une femelle pinson des arbres,
loiseau le plus courant en Suisse.
Il reprsente 30% de nos captu-
res. Il sagit alors de le dmailler,
de dgager doucement pattes et
tte sans forcer. Cest la partie
dlicate. Certaines petites espces
qui ont de la force, comme lesm-
sanges bleues, paniquent et sem-
mlent dans les fils. Laurent Val-
lotton, dont les mains ont dj
reu les coups de bec parfois tran-
chants des geais et autres grosbecs
casse-noyaux, emporte sans peine
sa petite prise jusqu la cabane de
baguage. Pour la pese, la mesure
de la troisime rmige, lvalua-
tion de son taux de graisse, liden-
tification de son sexe et son ge. Le
pinson, avec sa bague n449974,
repart ensuite dun coup daile fou
vers le bleu du ciel.
Tsirp-itt, le chant du pipit far-
louse ricocheentre les rochers et les
feuillus jaunissants. Une nouvelle
capture?Non, cenest quuneattrac-
tion acoustique, sortie dun haut
parleur cach dans un sac poubelle.
Un enregistrement diffus pour s-
duire les oiseaux et faciliter les pri-
ses. Avant la repasse, onnattrapait
pas la caille des bls chaque anne.
Maintenant, onencapture cinquan-
te par saison, confirme Laurent
Vallotton.
Certes, sur les trois millions
doiseaux qui survolent chaque nuit
la Suisse en automne, seule une in-
fime part tombe dans les filets de
Jaman.Difficile dattraper lesmigra-
teurs nocturnes, qui volent
200 m daltitude. Seuls sont
Bienvenue aux bnvoles
Au Col de Jaman, au-dessus de
Montreux, ce sont prs dune
centaine de bnvoles qui
viennent prter main forte au
cours de la saison de baguage. Et
tout renfort est bienvenu. Avec
le raccourcissement des vacan-
ces universitaires, cest plus
difficile de trouver des volontaires
qui peuvent rester trois mois,
constate Laurent Vallotton,
co-fondateur du groupe dtudes
faunistiques de Jaman. Ds 12 ans
et sans limite dge, biologiste ou
simple amoureux des oiseaux, les
portes sont ouvertes tous,
mme aux civilistes, qui peuvent
venir couler leurs semaines de
service sur lalpe.
Au programme dun court ou long
sjour: le dmaillage des oiseaux,
linformatisation des donnes et
lintendance. Quant au baguage
proprement dit, il est rserv aux
spcialistes. Il faut en effet un
permis pour passer la bague aux
pattes des emplums. Que lon
obtient aprs avoir russi un
examen didentification de
cinquante oiseaux la station
ornithologique de Sempach.
A dfaut de permis, on peut
toujours parrainer un oiseau
raison de 5 francs par tte:
lheureux donateur reoit alors
un diplme et a le plaisir de
pouvoir relcher son protg en
plein ciel.
Bon savoir: quand on trouve un
oiseau bagu, mme mort, il est
utile de le signaler auprs de la
Station ornithologique de
Sempach, qui peut en tirer de
prcieuses informations.
www.vogelwarte.ch
Infos pour la prochaine saison de
baguage : www.oiseau.ch/jaman
Laurent Vallotton, biologiste, tenant un geai des chnes.
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REPORTAGENATURE
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29
Rmi Fondeux,
bnvole, dgage
dlicatement un
geai des chnes
pris dans le filet.
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REPORTAGENATURE
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31
Migros Magazine 42, 18 octobre 2010
EN BREF
Ces incroyables
voyageurs
Ce sont prs de cinq milliards
doiseaux qui survolent lEurope
en automne. Des migrateurs
transsahariens comme les
gobemouches et les pouillots
fitis, qui filent vers lAfrique.
Mais aussi des migrateurs
courte distance tels le rouge-
gorge ou le serin, qui mettent le
cap sur le bassin mditerra-
nen. Lil carquill sur les
toiles et les champs magnti-
ques, appels au dpart par
leurs hormones en prise directe
avec la dure du jour, certains
peuvent voler pendant vingt-
quatre heures, soit 50km/h,
1000 km en une nuit. A lire: La
migration des oiseaux, par M.
Zucca, Ed. Sud Ouest 2010.
Quid du baguage?
Baguer le plus grand nombre
doiseaux possible et les
relcher en esprant que
quelquun les retrouve, permet
dtudier les migrations: la
dure de vie dun oiseau, sa
vitesse de dplacement, sa
direction. De ses informations
sont tires des cartes de
migration, comme celles
recenses dans louvrage de
Lionel Maumary, Laurent
Vallotton & Peter Knaus,
Les oiseaux de Suisse
(Ed. Station ornithologique
suisse & Nos Oiseaux, 2007).
Evolution
A cause du rchauffement
climatique, les ornithologues
ont observ des diffrences
dans le timing des migrations.
Certaines espces arrivent plus
tt sous nos latitudes. Dautres
montent de plus en plus vers le
nord. Cest le cas du gupier et
de certaines fauvettes
des maquis, qui prennent
aujourdhui leurs quartiers en
Suisse. Dautres espces
sdentaires de plaine, comme
la msange nonnette ou le
bruant jaune, nichent
dsormais plus haut.
pris les tranards qui vo-
lent plus basse altitude ou
ceuxquitombentpour senourrir
la leve du jour. Et surtout les mi-
grateurs diurnes et grgaires qui
suivent les reliefs. Tout dpend aus-
si des conditions mtorologiques.
Lidal: dubeau temps, avecunvent
douest qui arrive face auxoiseauxet
les force voler plus bas.
Dans les filets, cette anne,
beaucoup de geais, de sittelles, et
de msanges borales, des espces
forestires qui viennent parfois de
Rpublique tchque ou de Bilo-
russie et sen vont dans le Sud de la
France. Des fringilles aussi, pin-
sons, linottes, bouvreuils, tarins
presque aussi nombreux ici que les
aiguilles de pin. En tout, pour ldi-
tion 2010, prs de 4000 captures,
mais tout nest pas jou, les deux
dernires semaines pouvant tre
dcisives. On va sans doute arriver
8000 captures en fin de saison,
estime Samuel Progin, tudiant en
lettres et bagueur ses heures. Qui
ne cache pas sa joie davoir attrap
cette anne un oreillard monta-
gnard. Un vrai scoop: Cest une
petite chauve-souris mconnue,