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PARIS, 2005

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Nous remercions les membres des organisations suivantes qui nous ont assisté

dans l’identifi cation et dans la prise de contact avec certains des poètes participant dans

cette entreprise.

P.E.N. Club français (Fédération Internationale des PEN Clubs ; P.E.N. = Poètes,

Essayistes et Nouvellistes)

La « Mittelfest » Internationale annuelle (2000) de Cividale, Italie

Le Bureau Arabe d’Éducation des États du Golfe

L’Organisation Internationale de Baccalauréat

Le Festival International de Poésie de Medellín, 1999, Medellín (Colombie)

L’Institut d’Opéra et de Poésie de Vérone, Italie

Nous remercions spécialement Madame Kirsten De Motte Halperin pour sa

contribution à la conception de ce guide.

Une sincère note d’appréciation au Président du P.E.N. Club français, Monsieur

Alexandre Bloch, ainsi qu’à l’ancien Surintendant des Arènes de Vérone, Monsieur

Gianfranco de Bosio, pour leur spéciale participation dans ce projet.

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Ce livret est une collection de conseils de presque cinquante poètes importants de 25 pays et de 5 continents, sur les meilleures façons de présenter la poésie aux élèves del’enseignement secondaire. Il a été élaboré principalement pour être utilisé dans les programmes de formation des enseignants dans le but d’apporter aux méthodes d’enseignement de la poésie deux dimensions importantes : aussi bien la perspective créatrice des poètes eux-mêmes que la perspective de différentes cultures concernant la lecture et l’écriture de la poésie.

Il ne s’agit pas d’une méthodologie en soi. Habituellement, les manuels utilisés par des professeurs pour concevoir le plan des leçons pour l’enseignement de la poésie sont écrits par des pédagogues et sont en grande partie basés sur la recherche et les expériences tirées de l’enseignement.

L’enrichissement de ces méthodes par la prise en compte des points de vues des poètes les plus importants et vivants actuellement peut être de grande valeur dans la formation des professeurs permettant de stimuler la pensée créatrice des élèves du niveau secondaire. En fait, il est à espérer que les utilisateurs de ce guide inviteront les poètes dans leurs salles de classe. En outre, le perfectionnement des méthodes de formation des enseignants par des points de vue de différentes cultures devrait élargir l’approche des professeurs dans les lycées mettant l’accent sur l’éducation multiculturelle ou l’éducation à la paix.

Le texte propose des réponses aux questions sur l’enseignement de la poésie au niveau de l’école secondaire. Ces réponses ont été reçues dans des différentes langues. Elles sont toutes présentées dans trois publications séparées, en anglais, en français et en espagnol. Les textes complets des trois publications, ainsi que les réponses dans d’autres langues que l’anglais, le français ou l’espagnol, peuvent être consultées dans leur langue d’origine sur le site Web :http://www.unesco.org/education/teachers/poetry

Chaque poète a aussi été invité à fournir au choix, des données biographiques : certains l’ont fait, d’autres pas. Les renseignements fournis sont présentés.

Afi n d’offrir une synthèse des contributions et de la pensée des différents poètes, un résumé rédigé par le remarquable poète irlandais Paul Muldoon est présenté au début de la version anglaise et une vue d’ensemble par la toute aussi remarquable poétesse libanaise Vénus Khoury-Ghata au début de la version française. Cependant, le but de ce projet n’est pas d’évaluer ou de comparer les idées présentées par tous ces poètes. Chaque utilisateur de cette brochure dans chaque partie du monde aura des motifs différents pour juger de l’utilité de différentes sections.

Nous souhaitons exprimer notre profonde gratitude à tous les poètes qui ont participé à ce projet et qui ont fait don de leurs pensées à l’UNESCO et à tous les enseignants du monde.

Ce livret est distribué gratuitement.

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par Vénus KHOURY-GHATA

POURQUOI FAUT-IL INTÉGRER LA POÉSIEDANS L’ENSEIGNEMENT SCOLAIRE ?

La poésie magnifie la vie, élève le langage, suscite une compréhension du monde au-delà du quotidien, raffine l’écriture, sensibilise les jeunes, enraye l’angoisse due à la course derrière le confort matériel, permet de capturer un instant réel, dit le poète libanais Salah Stétié.

La poésie étant un langage universel au même titre que la musique et la peinture, elle crée des liens entre les jeunes issus de pays différents, rapproche leurs sensibilités, rend homogènes leurs réactions face à un poème, qu’il soit écrit en français, en anglais ou en espagnol.

Aux jeunes qui résistent à ce langage inhabituel qu’est la poésie, il faut la présenter sous une forme ludique, une sorte de jeu avec les mots et les images.

Nombreux les poètes interrogés qui mettent l’accent sur le pouvoir apaisant de la poésie qui familiarise les jeunes avec tout ce qui échappe au langage quotidien, utilitaire, renseigne sans en avoir l’air sur des faits historiques : Waterloo de Victor Hugo raconte l’ultime défaite napoléonienne. Des poètes arabes de l’époque abbasside ou omayade racontent les déchirements internes entre les tribus ennemies à l’orée de l’Islam.

Le poète pakistanais Ahmad Ishfaque met l’accent sur l’action positive de la poésie dans son pays. Les poèmes chantés en chœur ou même présentés telles des joutes entre élèves du même âge, récités devant des adultes qui notent leurs prestations, ont un effet bénéfique sur ces adolescents qui se rappelleront leur poème toute leur vie.

COMMENT INCITER LES JEUNES A DEVENIR CRÉATIFS ?

Bien que la plupart des poètes déconseillent la mémorisation du poème comme méthode valable pour inciter les jeunes à devenir créatifs, il faut comprendre que ces poètes parlent de la mémorisation comme approche unique de la créativité. Donc la mémorisation a de la valeur quand elle débouche sur de l’invention, quand elle devient une base sur laquelle les jeunes peuvent se poser pour voler de leurs propres ailes.

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Comment inciter les jeunes à devenir créatifs ? En formant les enseignants pour qu’ils donnent aux jeunes l’envie d’écrire de la poésie soit en paraphrasant un poète connu, soit de décrire en poème une scène qu’ils ont vécue, conseille le poète irlandais Eavan Boland, et en invitant des poètes en classe. Ou en créant des clubs de poésie, où les jeunes liront leurs poèmes, compareront leurs textes, se critiqueront au besoin. Poèmes et textes publiés dans un journal scolaire, dans une revue ou un journal, dit le poète bulgare Lubomir Levtchev.

Aux jeunes attirés par l’image, on peut leur demander de raconter en vers une toile de peinture célèbre telle « Le naufrage de la méduse » ou « L’enlèvement d’Europe » ou « La mort d’Atala », toiles qui ne peuvent pas laisser indifférent.

Les poètes arabes favorisent la mémorisation du poème, méthode qui a donné ses preuves en d’autres temps, mais qui n’est plus conseillée.

Les poètes africains conseillent d’inviter des conteurs et des griots en classe. De les promener dans la nature et leur demander de la décrire. D’autres aimeraient trans-porter les poèmes écrits par les jeunes sur disque compact.

Nombreux favorisent la manière narrative et la lecture du poème à voix haute. Voire sa théâtralisation.

Le poète éthiopien Fékadé Azeze conseille de mettre le poème en musique, de le croquer au crayon, de l’illustrer.

Tous les poètes interrogés mettent l’accent sur l’enseignant, son rôle est primordial. C’est à lui, en faisant la différence entre un texte écrit en prose et un poème, de dire quelle est la différence entre les deux genres.

La poétesse sud-américaine, Rocío Silva Santisteban, conseille au jeune de tenir une sorte de journal dans lequel il copie des poèmes qu’il aime ou qu’il a écrit, des pensées. Il pourra également copier des chansons qui lui plaisent.

Pratiquer la méthode du « cadavre exquis « chère aux surréalistes. Un élève récite un vers, le suivant récite un autre vers qui commence par la dernière lettre de celui qui l’a précédé. Il faut leur donner des thèmes faciles, à leur portée.

PEUT-ON INITIER LES JEUNES A D’AUTRES CULTURES ?

On peut sensibiliser les jeunes à la culture d’un autre pays mais après leur avoir expliqué le contexte géographique de ce pays, son histoire, ses us et ses coutumes. Connaissances qui faciliteraient la compréhension de sa littérature, même de sa poésie. Pour ma part, je suggère une lecture de «Kalila oua doumna» traduit de l’arabe, et

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duquel s’était inspiré Esope pour écrire ses fables, ainsi que La Fontaine pour écrire les siennes. Ces contes célèbres écrits en persan, et qui ont voyagé au cours des siècles dans toutes les langues dont le grec et le français sont le meilleur exemple à donner sur la sensibilisation des jeunes à d’autres cultures.

La poésie folklorique, le rap, les chansons peuvent également sensibiliser les jeunes issus de pays différents.

Et pourquoi pas le cinéma. Les dialogues de Prévert sont imprégnés de poésie. Plus près de nous de jeunes cinéastes font passer la poésie à travers l’image.

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NOMPays de Naissance/

de Résidence

Langage

de la réponse

01. AIDOO Ama Ata Ghana Anglais

02. AL-BABTAIN Abdulaziz Koweït Arabe

03. AL-GOSAIBI Ghazi Arabie Saoudite Arabe

04. AL-HAZMI Mansour Bin Ibrahim Arabie Saoudite Arabe

05. AMOA Urbain Côte-d’Ivoire Français

06. ANOMA KANIE Léon-Maurice Côte-d’Ivoire Français

07. ARBELECHE Jorge Uruguay Espagnol

08. Asociación de Opiniones de Escritores Costa Rica Espagnol

09. AZEZE Fékadé Éthiopie Anglais

10. BLOT Jean France Français

11. BOLAND EavanIrlande/

Etats-Unis d’AmériqueAnglais

12. BONI Tanella Côte-d’Ivoire Français

13. CADORESI Domenico Italie Italien

14. CAMARA Nangala Côte-d’Ivoire Français

15. CLANCIER Georges-Emmanuel France Français

16. DADIÉ Bernard Côte-d’Ivoire Français

17. DAVID Sandu Romania/Israël Anglais

18. DJELHI YAHOT Adamoh Côte-d’Ivoire Français

19. FORD-SMITH Honor Canada/Jamaïque Anglais

20. GEBEYEHU Berhanu Éthiopie Anglais

21. GENTILUOMO Paolo Italie Italien

22. GROBLI Zirignon Côte-d’Ivoire Français

23. GUEVARA MIRAVAL Jaime Pablo Pérou Espagnol

24. HELFT Claudine France Français

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NOMPays de Naissance/

de Résidence

Langage

de la réponse

25. HELU-THAMAN Konai Tonga/Fidji Anglais

26. ISHFAQUE Ahmad Pakistan Anglais

27. JARAMILLO MUÑOZ Eduardo Hugo Équateur Espagnol

28. KASSAHUN Dagnachew Éthiopie Anglais

29. KHOURY-GHATA Vénus Liban Français

30. KISS Irén Hongrie Italien

31. KONAN Nokan Côte-d’Ivoire Français

32. LEVTCHEV Lubomir Bulgarie Russe

33. MIEZAN-BOGNINI Joseph Côte-d’Ivoire Français

34. MORANDINI Luciano Italie Italien

35. MOTION Andrew Royaume Uni Anglais

36. MULDOON Paul Irlande du Nord/Etats-Unis d’Amérique

Anglais

37. SECK MBACKÉ Mame Sénégal/France Français

38. SILVA SANTISTEBAN Rocío Pérou Espagnol

39. STÉTIÉ Salah Liban/France Français

40. VILLALTA Gian Mario Italie Italien

41. WOLDE-EYESUS Haddis Éthiopie Anglais

42. WOLDE-SADIK Neway Éthiopie Anglais

43. WORKSHOP (Atelier de Medellín, 1999)

- DUTTON Paul

- RAKEI Fatema

- Anonyme

- Anonyme

- Anonyme

Canada

Iran

Pays Bas

Anglais

Anglais

Anglais

Anglais

Espagnol

44. YIMAM Baye Éthiopie Anglais

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1. Comment souhaiteriez-vous que la fi nalité de la poésie soit présentée aux adolescents ?

2. Comment voudriez-vous que les enseignants différencient-ils le langage de la poésie de celui de la prose ? Y a-t-il des méthodes didactiques permettant d’inciter les adoles-cents à utiliser la poésie pour exprimer ou comprendre des sujets qui pour des raisons thématiques ou affectives, sont diffi ciles ?

3. Comment les enseignants pourraient-ils contribuer à motiver les jeunes à visualiser les images créées par les textes poéti-ques et cultiver l’attention à l’utilisation des images dans l’expression poétique ?

4. Comment les enseignants peuvent-ils aider les élèves du secondaire à utiliser la poésie pour affi ner leur compré-hension de la différence entre perception subjective et perception objective ?

5. Y a-t-il dans votre pays d’origine ou le pays où vous résidez des méthodes qui vous semblent personnellementeffi caces pour enseigner la poésie aux élèves du secondaire et qui pourraient être utilisées tout aussi bien dans d’autres régions du monde ?

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AIDOO Ama Ata (Ghana)

1. Comme tous les produits artistiques, la poésie nous distrait et nous détend en apai-sant la tension due au travail ou à d’autres causes. Quand il s’agit de très bonne poésie, elle renseigne sur les autres mondes, dont nous ne sommes pas conscients. Quand elle donne le meilleur d’elle-même, la poésie peut nous inspirer à devenir meilleurs en tant qu’êtres humains.

2. La poésie emploie moins de mots pour représenter l’idée la plus verbalement expansive. Elle a, ou doit avoir, un rythme intérieur.

3. En les incitant à faire travailler leur imagination et à ressentir les dimensions multi-ples des mots.

4. Pour commencer, en demandant aux élèves d’essayer d’être des poètes et de ressentir les ambiances ou les évènements que les poètes transmettent.

5. Des représentations parallèles des idées.

AL-BABTAIN Abdulaziz Saoud (Koweït)

1. En présentant aux adolescents quelques exemples ou quelques modèles de poèmes arabes classiques, afin qu’ils puissent découvrir tout ce que ces poèmes renferment comme aspects suscitant leur curiosité, leur étonnement, les invitant à les lire, les comprendre et les critiquer pour mieux saisir la singulière créativité de ces poèmes.

0. Ces modèles de poèmes classiques doivent avoir des thèmes ou des sujets corres-pondant aux attentes des adolescents, à leurs inquiétudes, à leurs soucis. Ces sujets doivent être traités dans ces poèmes avec beaucoup d’objectivité en proposant les solutions appropriées à leurs problèmes ou du moins en les incitant à chercher les solutions qui leur conviennent.

0. En variant les sujets ou les thèmes traités par ces poèmes sans négliger d’aborder le côté moral ou social des choses, mais aussi le côté subjectif (les états d’âme, les sentiments, les émotions) ou bien le côté patriotique engagé.

2. Je trouve la première partie de la question (« Comment voudriez-vous que les ensei-gnants différencient-ils le langage de la poésie de celui de la prose ? ») assez étrange. Les enseignants ne sont guère le bon groupe cible pour répondre à cette question !

0. La langue de la poésie se distingue de celle de la prose par la musicalité, le rythme, les syllabes, les rimes.

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0. La meilleure méthode pédagogique pour faire aimer la poésie par les adolescents c’est de leur apprendre à analyser les poèmes, à les démonter, les disséquer de sorte qu’ils puissent apprécier le fond et la forme, le style, les métaphores de chaque poème. Les inciter à les apprendre par cœur et leur communiquer l’amour ou la passion de composer des poèmes et devenir des poètes.

3. En les encourageant à lire les principales sources de la langue arabe, à savoir le Coran, la poésie antéislamique et surtout les grands ouvrages ou œuvres qui servent de références en poésie.

4. Le terme arabe pour « poésie » (shi’r) vient du terme shu’ur qui veut dire « sentiment » ou « conscience » soit, par définition, la perception subjective. Une fois que la jeune personne ou l’élève s’est bien familiarisé avec les outils de la poésie à savoir la langue, la musicalité, le vers et le rythme, ainsi qu’avec les règles de grammaire et l’inflexion, et qu’il aura acquis une bonne connaissance de son héritage culturel comprenant la richesse des synonymes de sa langue, ces divers facteurs aideront ses talents poéti-ques innés à se manifester et à s’épanouir. En premier lieu, il ou elle apprendra à exprimer ses sentiments et ses problèmes personnels, ce qui relève du domaine de la perception subjective. Cette perception subjective précède nécessairement la percep-tion objective qui, elle, est la sphère de tout ce qui ne relève pas du subjectif. Et de là l’élève apprendra à faire la différence entre les deux sortes de perception.

5. A ce jour, je n’ai pas identifié une telle méthode. Cependant, il existe un élément infrastructurel qui pourrait étayer des méthodes d’enseignement efficaces à la condition qu’elles soient développées de façon adéquate. Je me réfère aux librairies audio-visuelles de poésie arabe sous forme d’enregistrements sur vidéo-cassette dans lesquels la poésie est déclamée par une voix attrayante avec une attention particulière à la grammaire et à l’expression.

AL-GOSAIBI Ghazi (Arabie Saoudite)

1. Le meilleur moyen c’est de sélectionner des textes poétiques ne comportant pas de choses étranges dans les mots, la terminologie, le vocabulaire, autrement dit de sélectionner des textes classiques. C’est la première condition, et la deuxième réside dans le thème de ces textes. Les thèmes doivent être faciles, à la portée des élèves ou des étudiants comme par exemple un texte décrivant une chose passionnante ou une relation humaine.

2. Le sujet ne concerne pas que la langue. La poésie diffère de la prose par sa musicalité (rime), sa cadence (rythme), et par la transparence et le symbolisme de son langage.

2. Quant aux enseignants, il faut les équiper d’ouvrages et de recueils d’illustres poèmes en arabe, anciens et modernes. Deux magnifiques exemples sont le D’iwan - -

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al-shi’r al-‘arabi (anthologie de poésie arabe), publié par Adonis, et l’ouvrage intitulé Kitab al-shi’r al-‘arabi al-mu-asir (poésie arabe contemporaine), édité par Ibrahim Al-Urayyid.

3. Un être humain qui ne possède rien, ne peut rien donner à un autre être humain : un enseignant qui n’apprécie pas le langage imagé, ne sera pas capable de transmettre une appréciation de ce langage à ses élèves. L’important c’est de s’éloigner de la méthode qui consiste à coller au sens des mots au premier degré, mais plutôt il faut enseigner aux élèves de regarder chaque vers comme un tableau, comme une pein-ture à l’huile, et expliquer les recoins et les reliefs de ce tableau.

4. L’enseignant peut donner comme exemple des vers illustres pour inciter les élèves à en composer eux-mêmes dans des situations analogues. Par exemple, lors de la remise des diplômes il peut citer le vers composé par le grand poète arabe Al-Mutanabbi qui dit :

« L’homme ne peut espérer atteindre tout ce qu’il désire,les vents soufflent à leur gré et pas au gré des bateaux ».

ou alors les vers du grand poète égyptien, Chawki :

« Les choses désirées ne s’obtiennent pas que par l’espoir,mais le monde peut être conquis par la lutte ».

5. Non.

AL-HAZMI Mansour Bin Ibrahim (Arabie Saoudite)

1. Je ne suis pas certain de ce que vous voulez dire par « la finalité de la poésie » ; c’est peut-être une erreur de traduction. S’il s’agit de l’objectif final déterminé ou déve-loppé par le poète tout au long de son poème, il faut reconnaître que ces objectifs ont beaucoup évolué au fil des siècles. Je veux dire qu’un texte peut avoir plusieurs lectures. Et je pense que la lecture des poèmes est devenue une mission difficile, non seulement pour les jeunes mais aussi pour les gens très cultivés. Par conséquent, dispenser une formation continue de la poésie moderne devient indispensable.

2. Il n’existe pas de limites précises séparant la prose de la poésie, mais les anciens ont rattaché la poésie aux sentiments et à la rêverie et la prose, elle, a été rattachée à la pensée. Toutefois, les questions littéraires ne sont jamais aussi définitives ou catégoriques comme c’est le cas pour les questions scientifiques. Dans tous les cas, nous assistons ces derniers temps à la naissance d’un genre nouveau : le poème en prose; il se peut qu’il y ait un mélange des genres qui rend difficile actuellement toute différenciation entre prose et poésie comme c’était le cas par le passé dans la période classique.

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3. A mon avis, l’esprit des jeunes peut s’imprégner davantage de ces images poétiques à travers une lecture approfondie et une formation portant sur la compréhension et l’appréciation de la poésie, permettant ainsi à leur imagination d’intégrer ces images comme ils l’entendent. De nos jours, il serait peut-être judicieux de recourir aux nouveaux outils ou aux nouvelles technologies pour promouvoir la compréhension de figures de style complexes : par des moyens télévisuels ou cinématographiques.

4. Je crois qu’en général les enseignants eux-mêmes ont besoin d’une formation spéciale pour accomplir cette tâche avec succès. En même temps, il serait essentiel de créer ou de reproduire l’atmosphère qui convient en vue de stimuler l’interaction entre l’enseignant et l’élève. Il faut aussi recourir aux activités extra scolaires afin que la poésie devienne un hobby, une passion, et non pas une simple composante du programme.

5. Malheureusement non, ces méthodes n’existent pas. À mon avis, la compréhension et l’appréciation de la littérature sont devenues des thèmes tellement abstraits pour les étudiants d’aujourd’hui, qu’il n’est pas possible de faire une comparaison entre ces derniers et leurs prédécesseurs des générations antérieures. Il se peut que ce problème soit un problème d’ordre général et non pas particulier à un pays donné.

AMOA Urbain (Côte d’Ivoire)

1. L’expérience que nous avons faite avec nos étudiants (Section Musique de l’ENS) nous autorise à affirmer comme indiqué dans notre Thèse de Doctorat d’État inti-tulé : « Textanalyse du discours poétique. Le cas du langage tambouriné », que le maître doit :

1) dire pour faire sentir le texte poétique

2) faire sentir pour mettre en musique et/ou réécrire théâtralement pour faire jouer.

2. Qu’ils aient une initiation approfondie sur le langage poétique, sur la poétique du texte en prose et sur la poétique du texte poétique.

Principe de base : comprendre le texte et savoir en apprécier le fonctionnement. Pour les méthodes et stratégies notre thèse qui peut être mise à disposition en fait un objet essentiel.

3. Le cours de poésie, ainsi que nous l’avons pratiqué dans nombre de lycées et à travers les sessions que nous avons animées pour le compte de l’Agence Intergouvernementale de la Francophonie est une fête : fête de réécriture – fête de théâtralisation – fête de la musique (à deux niveaux : la quête de la musicalité du texte, prélude à la musicalisation). Le cours de poésie doit être un prélude à un récital de poésie.

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4. Au nombre des approches souhaitées pourrait figurer celle qui consiste dans l’appréciation de la poésie en tant que création et art. D’où la nécessité pourl’enseignant de :

1) comprendre le texte et savoir interpréter l’inconscient de ce texte ;

2) sentir ;

3) faire sentir et comprendre (sentir → subjectivité / comprendre → objectivité).

5. Il peut être retenu, entre autres :

• Dire à haute voix en mimant le récit

• Dire à haute voix en mettant en situation des personnages

• Ponctuer le récit de chants et de participation collective

• Faire apprendre le texte en le jouant comme une pièce de théâtre

• Produire des cassettes didactiques.

ANOMA-KANIE Léon-Maurice (Côte-d’Ivoire)

1. Nous considérons la Poésie comme le fondement et la synthèse de tous les genres littéraires à partir desquels l’essentiel de la culture est compris et approfondi. Un poète par conséquent peut être facilement romancier, dramaturge, conteur, auteur de chansons, de chants, etc. C’est pourquoi son importance doit être soulignée dans les enseignements. D’où l’erreur de sa suppression dans les programmes scolaires. Il faut absolument étudier et enseigner la Poésie qui est un tout. Savoir qu’on naît poète, on le devient quelquefois par l’étude, la culture et le travail. La poésie peut aboutir à la philosophie et à la science.

2. Pour initier les jeunes au langage poétique, différent de la prose, les habituer à humaniser les êtres et les choses (objets inanimés avez-vous une âme..., etc.). Faire parler les choses inanimées comme si elles étaient des hommes, comme des personnes et surtout, faire imaginer ce qu’on veut exprimer et ne pas le dire franche-ment, directement.

Exemple : Le jour se lève, non, prose. Il faut dire par exemple : La nuit s’achève et éclaire le jour, poésie !

3. Pour réussir, les enseignants doivent être eux-mêmes poètes d’abord pour aimer et faire aimer la poésie et l’enseigner. L’idéal serait d’utiliser les bons poètes pour ensei-gner leur art. C’est une condition de réussite. Cette ignorance aboutit à l’impasse que nous connaissons actuellement.

4. Il faut que l’enseignant soit d’abord, non seulement instruit mais cultivé, résultat de beaucoup de lecture, de culture et d’observations personnelles, car on peut être instruit et non cultivé, éclairé.

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5. Les contes – les proverbes, les aphorismes africains –. Ne pas hésiter à aller dans les villages, les campements et écouter les habitants, les chefs traditionnels, leurs langages aux multiples saveurs.

ARBELECHE Jorge (Uruguay)

1. La poésie est un reflet du monde et de l’homme exprimé par le moyen du langage et qui s’appuie à la fois sur la sensibilité et sur l’intellect.

2. Le moyen le plus efficace d’atteindre les adolescents passe par le biais de la sensi-bilité dans une première étape. La différence entre la langue poétique et la prose doit être subtile car le discours poétique n’a pas à être nécessairement littéraire et pompeux.

3. La visualisation d’une image poétique pourra s’appuyer sur d’autres formes d’expres-sion comme la plastique, la musique et l’informatique.

4. Ils peuvent les aider à acquérir le sens des nuances et s’efforcer de promouvoir et orienter la création personnelle des adolescents afin qu’ils ressentent la nécessité de l’expression artistique.

5. Il n’existe pas de méthode. En général, ici comme ailleurs, il existe un préjugé vis-à-vis de la poésie dont on estime que c’est la chose la plus difficile à enseigner.

Asocio de Opiniones de escritores (Costa Rica)

1. La poésie répond au besoin d’exprimer les sentiments de votre être intime qui résu-ment l’analyse d’une situation particulière ou de l’existence en général.

2. Le langage poétique diffère de la prose. Celle-ci est directe et concise et définit exactement la situation ou un aspect de la situation. La langue poétique atteint d’emblée à l’essence des choses. C’est comme un concentré de l’essence des choses et des situations qui autorise de multiples interprétations.

3. Il faut lire et analyser de nombreux textes. La poésie n’appartient pas seulement à celui qui la crée. La beauté qui s’en dégage a besoin d’être partagée. Privé de lecteurs capables de vivre le texte poétique et d’en ressentir l’impact, celui-ci n’existe pas. La beauté n’est pas quelque chose que je suis seul à pouvoir sentir, il faut que tous ou le plus grand nombre vibrent en sa présence.

La poésie est synthèse, vérité et beauté. Avant tout, beauté de la parole, pas seule-ment du point de vue de la forme mais surtout du contenu.

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4. La poésie comme toute forme d’expression qui passe par le langage doit être intelli-gible, non par la raison mais par le sentiment.

Elle doit être lue et perçue comme le sentiment formé ici par le biais de la parole et qui émane par soi seule pour parvenir jusqu’au for intérieur de l’adulte ou de celui qui écoute. Ce n’est pas seulement l’exactitude de la langue. C’est la combinaison de paroles et d’idées transcendées par la beauté, dont le contenu va au-delà du langage sans cesser pour autant d’être harmonieux. Il faut pétrir la langue jusqu’à ce qu’elle rende exactement le sentiment poétique.

Il faut éviter d’utiliser une langue confuse et incompréhensible, impropre à trans-mettre les idées et les émotions. C’est pourquoi la justesse d’expression est le moyen le plus approprié pour transcrire la beauté inhérente à la poésie.

5. Pas spécialement, mais la méthode la plus indiquée est la lecture des textes et la pratique de la poésie.

Il faut permettre aux élèves d’exprimer leurs sentiments en évoquant et en concré-tisant des situations chargées d’affection : un paysage, une nuit de pleine lune, un coucher de soleil, une matinée ensoleillée, une belle chanson, une action exaltante, etc., autant de situations auxquelles il convient de confronter les jeunes pour éveiller en eux ce monde poétique qui existe en chacun de nous, même si certains sont plus aptes à l’exprimer. Sitôt terminée la rédaction du poème ou du texte poétique, il faut inviter l’auteur à se relire une ou plusieurs fois pour épurer sa langue. Supprimer les mots inutiles et éviter de répéter gratuitement les mêmes idées ou les mêmes sentiments.

AZEZE Fekade (Éthiopie)

1. Je pense que, d’une manière générale, la littérature peut être l’un des instruments servant à construire la défense de la paix « dans les esprits des hommes ». Je voudrais penser que l’enseignement de beaux poèmes courts, écrits dans un langage simple mais traitant de divers sujets et questions très importants pour l’humanité, contri-buera dans une large mesure à façonner la personnalité des jeunes gens partout dans le monde. Le fait de faire revenir la poésie (ou la littérature en général) dans les écoles secondaires, les universités et autres établissements supérieurs à des doses raisonnables ouvrira, j’espère, la voie au bon sens et la fermera à Rambo, au kung-fu et à la violence dans les têtes des jeunes.

2. Il n’y a pas d’autre moyen qui me vienne à l’esprit, à part l’utilisation de textes illustrés pour les deux formes. Bien sûr, l’idéal serait de commencer avec des textes simples et de passer progressivement à des textes plus complexes. Mais c’est plus facile à dire qu’à faire.

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« Inciter les adolescents à utiliser la poésie pour exprimer ou comprendre des sujets qui pour des raisons thématiques ou affectives sont difficiles » : 1) choisir les poètes qui emploient des images et des mots simples pris dans le quotidien des gens plutôt que des poètes qui font appel à des images intellectuelles (légendes et mythes grecs, romains, bibliques, etc.), 2) débattre du poème, en commençant par le titre, avant de le lire, 3) que l’enseignant explique le thème du poème ou le sujet avant d’aborder le poème en classe. J’ai trouvé que cette méthode portait ses fruits quand j’ai enseigné des poèmes en amharique.

3. Une foule d’images est employée dans les conversations de tous les jours. Ce qu’on considère comme prose ne l’est pas toujours exactement. Beaucoup d’images et de métaphores sont employées dans la langue de tous les jours. Les enseignants doivent, à mon avis, leur prêter davantage d’attention qu’ils ne l’ont fait jusqu’à présent. Les rassembler et les citer comme autant d’exemples illustrant l’emploi d’images dans la routine quotidienne serait un bon début.

Une autre manière de motiver les jeunes est de les encourager à mémoriser des poèmes courts, simples, beaux et profonds. Ceci les aide à développer leur sens du rythme et leur goût de la poésie.

En outre, on devrait envisager l’enseignement de la poésie comme l’enseignement de la vie : beauté, laideur, mort, valeurs, guerre, sécheresse, etc. Si on en fait quelque chose d’aride et d’excessivement scolaire (en abordant des questions de métrique, etc.), on dissuade généralement les jeunes élèves. Il serait plus enrichissant si ensei-gner la poésie voulait dire enseigner à ressentir, à comprendre la manière dont les autres ressentent et vivent et comment parvenir à un équilibre entre la multitude de sentiments qui affluent à nous.

4. C’est une bonne question. Le problème sévit fortement parmi nos étudiants, généra-lement indépendamment de leur champ de spécialisation. Il faut donc s’y attaquer comme au problème général de perception qu’il est.

La poésie peut, d’une certaine manière, contribuer à atténuer ce problème. La solu-tion clé réside dans la compétence de l’enseignant qui choisit, présente et explique des textes appropriés qui servent à illustrer un thème donné. Bien sûr, l’élaboration de manuels scolaires peut être envisagée par l’UNESCO et ses experts.

5. Je crois que chaque enseignant a ses propres méthodes. Que je me rappelle, nous n’avons jamais parlé de cette question en public.

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BLOT Jean (France)

1. Comme l’expression de la vie même, le bond spontané du langage. Le moyen de dire ce qui échappe aux mots. L’univers de leur cœur secret. Comme ce qui reste de l’enfance aux adultes.

2. Comme le contraire de l’Ordre syntaxique. De la Dictature du langage officiel.Comme un jeu – une libération. Écrivez n’importe quoi, n’importe comment!

3. La Vidéo : montrez un film sur l’Albatros.Lisez : le poème. La cigale et la fourmi...Dites-leur de bien regarder un arbre, un nuage.Demandez-leur de dessiner ce qu’ils ont vu dans un poème. Insistez sur la surprise naturelle de la métaphore juste.

4. Les animaux décrits par les dictionnaires. Les mêmes dans les fables (ou T.S. Eliot). Un film sur la rose, la montagne, le lac..., les mêmes dans des citations des poètes – (Lamartine, Hugo, Baudelaire etc.). Le vin etc.

5. Non.

BOLAND Eavan (Irlande/Etats-Unis d’Amérique)

1. Le principe premier de l’enseignement de la poésie est la participation. La poésie ne peut être enseignée aux adolescents, ni aux adultes ni à quiconque, que s’ils ne participent pas à ce qu’ils lisent et entendent. Ceci induit que la poésie doit être profondément ancrée dans leur culture, leur milieu, leur histoire ou anti-histoire. Elle ne doit pas être enseignée comme un ensemble académique et oppressif de déclarations solennelles, mais comme quelque chose à laquelle ils peuvent adhérer et qu’ils peuvent s’en approprier.

2. La manière de différencier langage prosaïque et langage poétique est encore une fois affaire de débat, d’engagement, loin de tout principe absolu. Le fait est qu’un chant de guerre zoulou (comme celui entendu lors de l’investiture de Nelson Mandela) est fort différent d’un poème de Wallace Stevens. Mais les différences sont complexes, pas simples. Chaque société produit une idée légèrement différente de ce qui est prosaïque et de ce qui est poétique. L’important, en termes d’éducation, est d’ouvrir le débat et de ne pas l’étouffer par des conclusions.

3. Une méthode consiste à construire des modèles et des emblèmes sur la manière dont est fait un poème. Prenez une image d’un poème de la guerre de 1914-1918 et demandez aux élèves de la classe d’écrire cette image comme s’ils étaient des soldats pendant la guerre civile des États-Unis (ou une autre, selon le contexte), ou un poème

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d’Anne Bradstreet sur l’incendie de sa maison et demandez-leur de refaire cette image en la situant dans le contexte d’un incendie criminel en ville à l’époque actuelle. Une fois qu’ils participent – toujours le même principe –, ils visualisent l’image dans le contexte dont elle provenait d’abord, c’est-à-dire l’expérience humaine. Extraire des images de ce contexte ne mène généralement à rien avec de jeunes élèves.

4. Je ne le vois absolument pas comme une fonction de la poésie, laquelle aurait plutôt une fonction inverse. L’enseignement devrait établir des passerelles entre les deux, plutôt que les opposer. La difficulté est de faire en sorte que les élèves fassent confiance à des appréciations subjectives.

5. Il existe tant de manières différentes d’enseigner la poésie qu’aucune d’entre elles n’est parfaite. L’Irlande a beaucoup misé sur le travail mnémonique et pas toujours avec de bons résultats. Mais il n’y a pas de doute sur le fait que le travail de groupe – le regroupement d’élèves en petites équipes où chacun lit aux autres et où on écrit ensemble – renvoie à l’aspect communal de la poésie d’autrefois et il est très efficace pour contrarier la crainte que l’élève qui aime la poésie soit montré du doigt comme un « ringard » ou un asocial.

BONI Tanella (Côte-d’Ivoire)

1. La poésie c’est d’abord la parole primordiale. Et la parole s’exprime et se condense dans le mot, le rythme et l’image.

2. Il s’agit d’insister sur la spécificité du mot poétique en tant que porteuse d’image et de sens.

En outre un seul mot ne fait pas un poème.

La poésie se trouve dans la liaison, l’agencement des mots.

3. La poésie c’est aussi la voix et pas, comme on l’enseigne souvent, la récitation. Motiver les jeunes pour qu’ils écrivent eux-mêmes des poèmes : poèmes collectifs (à propos d’un événement ou d’une situation donnée). Poèmes individuels à partir d’un vocabulaire trouvé ensemble, etc.

Insister sur l’aspect jeu et fête des mots pour donner le goût de la poésie. Il s’agit avant tout de libérer le langage.

4. Insister sur le fait que la poésie est d’abord une affaire de sensibilité, de percep-tion du sujet, de visualisation et surtout d’émotion. La perception objective est une affaire de vérité et de démonstration.

5. La recherche en commun d’un vocabulaire et l’écriture de textes poétiques soit en commun, soit individuellement.

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CADORESI Domenico (Italie)

1. Même si je ne crois pas qu’il y ait un consensus sur les « finalités » de la poésie, puisque ces « finalités » dépendent des « conceptions du monde et de la vie » personnelles, j’estime pouvoir affirmer que mon souhait est de voir un jour la poésie proposée dans les programmes éducatifs comme une discipline à part entière, libérée de l’immense champ de la littérature, mais qui se réduit pour l’instant presque toujours à un répertoire de noms et de titres.

Et ce ne serait pas là un traitement de faveur, étant donné que jouissent déjà d’un tel statut, par exemple, les beaux-arts et la musique (même si c’est presque toujours seulement de manière superficielle, ce qui donne lieu en l’occurrence à cécité et surdité !).

Par ailleurs, je ne voudrais pas être pris pour un idéaliste qui invoque l’usage abstraitement spirituel d’une poésie censée être la dépositaire de ce que d’aucuns appellent la « voix des muses ».

À mon avis, la poésie est au contraire un moyen de communication parfaite-ment technico-expressif, absolument « a-technologique », qui peut être décodé et recomposé pour qu’on puisse en appréhender la valeur et en avoir une véritable information.

D’où la nécessité de la traiter d’une manière autonome, même si ce doit être sur des plans différents.

Du reste, ce serait nécessaire avec tous les arts.

2. Il existe une discipline qui s’appelle « narratologie », donc la différenciation « existe ». Il suffirait que les enseignants le sachent et qu’ils aient la possibilité d’y travailler objectivement en ayant bien conscience des motifs pour lesquels ils le font.

La « différenciation » est en réalité un fait spécifique et technique et elle est néces-saire si l’on ne veut pas retomber dans la généricité confuse propre à Benedetto Croce et à son école.

S’agissant de mettre en évidence la « différenciation » qui nous intéresse ici, nous pourrions noircir bien des pages... ce qui est ici impossible. Toutefois, on peut du moins dire une chose très importante : il faut « avoir toujours bien présente à l’es-prit la distinction entre prose et poésie ». Mais il faudrait encore préciser de quelle « prose » il est question. Je veux, quant à moi, évidemment parler de la « prose narra-tive » qui a des finalités artistiques. Mais est également prose la « liste des courses », qui a l’unique fonction d’informer objectivement celui qui la lit, sans lui demander de “participer.”

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À propos des « méthodes didactiques » visant à l’usage généralisé de la poésie pour exprimer et comprendre des idées difficiles, pour des raisons thématiques ou affectives, je ne suis pas vraiment d’accord. Cela me semble être un genre de projet éducatif qui instrumentalise la poésie d’une manière inacceptable.

3. En leur faisant comprendre, éventuellement par des agencements de mots construits expressément, l’avantage d’une connaissance imaginative qui est une « chose » diffé-rente de la connaissance objective et conventionnelle.

4. La « perception subjective » n’est pas plus importante que la perception « imaginative », qui peut être commune à beaucoup de gens. C’est-à-dire les synthèses expressivo-linguistiques qui peuvent être rapprochées des synthèses « expressivo-chromatiques », « symboliques », « métaphoriques » ou relevant du signe qui sont présentes dans la peinture et la musique.

D’autre part, il faut beaucoup de temps et beaucoup de professionnalisme spécialisé pour obtenir des résultats avec des personnes « non douées » et donc étrangères à un type donné de connaissances.

5. Je dirais qu’on peut les trouver surtout dans la culture populaire (cantilènes, comp-tines, proverbes, chants de chœurs, chants spontanés de travail, etc.), on peut en exploiter les significations et les valeurs minimales pour gravir ensuite sur des plans supérieurs qui conduisent peu à peu à l’expression artistique.

CAMARA Nangala (Côte-d’Ivoire)

1. La poésie est d’abord et avant tout, affaire d’émotion. Sa finalité est de célébrer le beau par musicalité des sons. Il faut montrer aux adolescents qu’outre la versifica-tion, les allitérations sont aussi porteuses de rythme.

2. La poésie se distingue de la prose par un rythme ou une cadence voulu(e) qui l’in-nerve et par les métaphores. Il est souhaitable d’initier des ateliers au cours desquels seraient dits des poèmes. On pourrait aussi initier des clubs de poésie dans les établissements scolaires pour inciter les adolescents à écrire des poèmes. Ces clubs pourraient inviter des poètes, des conteurs.

3. La difficulté rencontrée par les adolescents est comment placer le poème dans son contexte. Pour faciliter la visualisation des images, il est souhaitable que les adolescents soient confrontés à des images relevant de leur environnement immé-diat. L’adolescent placé devant des poèmes extérieurs à son expérience quotidienne voit dans la poésie une discipline redoutable. L’initiation doit se faire au moyen de poèmes qui touchent immédiatement l’enfant. Des textes de griots, de conteurs ou de cérémonies traditionnelles peuvent être utilisés à cet effet. Dans mon livre « Le printemps de la liberté », j’ai mêlé poésie et prose afin de familiariser le lecteur avec la poésie. L’avenir dira si cette expérience est concluante.

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4. La pratique de la poésie fait grandement défaut dans les établissements scolaires secondaires. Comment utiliser une arme qu’on ne maîtrise pas ? L’idée des clubs de poésie, de concours de poésie, de rencontres avec des poètes, des conteurs... est une piste. L’organisation de visites guidées de certains sites peut également déclen-cher l’impulsion.

5. -

CLANCIER Georges-Emmanuel (France)

1. Des lectures de poèmes – aussi bien d’aujourd’hui que d’hier et des siècles passés – lectures faites avec cœur et compétence, et n’oubliant pas le côté ludique nil’humour de certaines oeuvres, des rencontres, des entretiens avec des poètes, voilà qui donnerait aux enfants et aux adolescents le sentiment que la poésie magnifie la vie, leur offre un temps, un espace plus vaste, plus profond. De même la lecture des « arts poétiques » des grands poètes s’exprimant dans leurs livres ou dans leur correspondance ferait sentir aux élèves l’exigence existentielle qu’implique toute création poétique authentique (par exemple de Rilke, Lettres à un jeune poète).

2. A mon sens, plutôt que de différencier aux yeux des adolescents le langage de la poésie de celui de la prose, il convient de leur faire sentir la différence qualitative entre langage utilitaire de la communication et langage de la création poétique, que celle-ci fasse appel au vers ou choisisse la prose.

Il faut, par maints exemples, faire apparaître que la poésie peut rayonner au-delà du poème, dans le « poème en prose » bien sûr, mais encore dans des romans, des récits, des œuvres théâtrales, des films.

3. Maints poèmes sont en « correspondance » – au sens baudelairien du terme – avec des œuvres picturales, voire avec des images de films. Les enseignants pourraient donner à voir ces images et lire ou faire lire par les élèves eux-mêmes les poèmes « correspondants ».

Cf. par exemple : Baudelaire et les peintres, Hugo et ses propres dessins, Apollinaire et Picasso et les arts africains, Cocteau, Prévert et leurs films, poètes et peintres surréalistes, etc.

Senghor, Césaire, Depestre, et des « images » de leurs terres natales. Edouard Glissant, etc.

4. Il y aurait surtout intérêt à faire percevoir aux adolescents, par exemple grâce à des entretiens réunissant des poètes et des scientifiques (biologistes, astrophysiciens, astronomes, bio-chimistes), les analogies entre la perception poétique et la percep-tion scientifique des infinies complexités et des prodigieuses énigmes des êtres vivants de notre planète et de l’univers.

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5. Redécouvrir la valeur des poèmes appris et récités par cœur, poèmes choisis par les élèves eux-mêmes dans des œuvres d’une qualité certaine. Généraliser la pratique des ateliers d’écriture de poésie, non point avec le dessein de « former » de nouveaux poètes, mais afin de permettre aux élèves, par le jeu des exercices d’écriture, de mieux percevoir et comprendre les itinéraires intérieurs et le travail langagier de la création poétique, et, en conséquence, de s’orienter vers une meilleure lecture, plus sensible, plus riche et plus profonde de la poésie ancienne et moderne.

DADIÉ Bernard (Côte-d’Ivoire)

1. Il n’y a pas de finalité en poésie.C’est une liberté totale.C’est un langage essentiel – unité de souffle.

2. Définir un lexique de base pour chaque poète.Gestuelles.Avoir une grande sensibilité des mots, avoir une envie d’aller au dictionnaire.

3. –

4. –

5. Le conte – unité de souffle.

DAVID Sandu (Roumanie/Israël)

1. En développant et en révélant des parties cachées de l’âme, en particulier de l’âme de l’adolescent, ce qui ouvre de nouveaux horizons pour comprendre l’expression abstraite et la relation existant entre les mots. Pour susciter une compréhension du monde au-delà de la réalité quotidienne, encourager une connexion entre ce qui est écrit dans le poème et sa réflexion dans l’âme du lecteur. Pas pour imposer des interprétations autoritaires mais pour développer des voies individuelles et indépen-dantes et une réaction authentique et directe. L’enseignant est le guide. Le lecteur, comme dans l’histoire de Roshoman, apporte sa propre version, différente de celle qui est écrite.

2. En lisant abondamment de la poésie et en la comparant avec la prose, par une étude théorique de la prosodie et des concepts en poésie tels qu’image,métaphore, etc.

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3. En sensibilisant sur la littérature. L’enseignement doit être en prise avec la vie de tous les jours et le monde des élèves. En sensibilisant sur le contexte linguistique des images et par de riches exemples ; en comparant avec la prose pour en souligner les différences.

4. L’acquisition du savoir poétique donne aux élèves une conception objective de la poésie. La connaissance subjective de la poésie dépend de l’esprit ou mentalité de l’élève et de son affinité affective vis-à-vis d’un poète et de son écriture. En effet, la véritable compréhension de la poésie passe par la coopération entre le poète et son lecteur.

5. En Israël, la poésie est enseignée dans le cadre de la littérature en général. L’acquisition, l’amour et la connaissance en matière de poésie dépendent dans une large mesure du degré d’ouverture de l’enseignant vis-à-vis de la poésie et de son aptitude pédagogique. Ce qui peut contribuer à amener l’élève à la poésie et l’en rapprocher est la possibilité d’étudier la poésie contemporaine près du monde de l’élève, plutôt que la poésie classique.

DJELHI YAHOT Adamoh (Côte-d’Ivoire)

1. • Un genre de langage, d’écriture qui présente une moralité à tirer.

• Permet d’intérioriser les concepts et idées véhiculés.

• Permet une amélioration de la diction, une maîtrise de la langue, car contrairement aux autres formes d’écriture, la poésie peut s’apprendre par cœur.

• C’est une manière insolite de dire.

2. Les enseignants pourraient différencier le langage de la poésie de celui de la prose par: la structure, les images et les symboles.

Les méthodes didactiques pourraient être des supports imagés, l’usage des paraboles (familier aux Africains) et le sens de la rhétorique.

3. Les enseignants pourraient demander aux jeunes de représenter, à partir de dessins, l’histoire ou le récit racontés à partir du texte poétique. Ils pourraient également inclure dans les programmes davantage de textes poétiques, mais non hermétiques, car les textes poétiques très diffi ciles n’incitent pas les enfants à y prendre goût. Ils pourraient également faire étudier des textes poétiques qui traitent des problèmes, des sujets en rapport avec leur milieu, l’actualité, etc.

4. –

5. –

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FORD-SMITH Honor (Canada/Jamaïque)

1. La poésie est une puissante réflexion sur la diversité et le pouvoir de la voix.

Je crois que les élèves peuvent tirer profit de différentes manières de l’exposition de la poésie qui leur est faite. L’exposition à la poésie qui est lyrique (c’est-à-dire qui exprime un sentiment). La poésie qui incite, la poésie dramatique ou encore celle qui raconte une histoire, toutes sont autant de reflets des différentes voix des peuples du monde.

2. Pour les adolescents, une approche évidente passe par le travail basé sur la chanson populaire, le rap, les salles de danse, etc., tous moyens conduisant au cœur de la poésie. Les improvisations et les jeux interactifs qui encouragent l’acquisition d’aptitudes orales et d’une sensibilité mnémonique sont autant d’autres moyens. Ils peuvent être équilibrés par l’emploi de compositions de natures mortes, sur lesquelles les élèves peuvent écrire pour eux et de manière réfléchie.

3. Une fois encore, je commencerais par des images appartenant au domaine popu-laire – et demanderais aux élèves d’en expliquer la signification. J’aurais recours à la publicité commerciale, au dub, à la poésie folklorique et rap en même temps qu’aux ballades – par exemple d’Oscar Wilde – et je leur demanderais de réfléchir sur des images et de les traduire en se servant de journaux, de la photographie, du théâtre et d’improvisations intertextuelles.

4. Je ne suis pas d’accord avec cette notion de la différence. Tout travail est dans une certaine mesure subjectif. Je crois que les élèves ont besoin de travailler à cerner leurs investissements dans un lieu social ou personnel donné, en cultivant une conscience de la voix et de la mesure dans laquelle la raison pour laquelle ils sont détermine ce qu’ils voient.

5. Je ne pense pas que les techniques poétiques s’appliquent universellement et en tout temps, mais la Poésie peut être un chemin vers la compréhension de la diffé-rence. Un chemin pour comprendre que chaque personne est différente de vous. C’est important pour que chacun maîtrise sa destinée et pour la société civile, mais c’est également important pour acquérir une faculté d’écoute et d’observation. J’ai recours à des exercices de jeu rythmique inspirés par les cultures des Caraïbes avec mes élèves, que j’alterne avec des exercices privés d’écriture sur les réactions à des poèmes et à des compositions de natures mortes, que j’élabore à partir du tissu social qui m’entoure à l’aide d’objets trouvés. J’assemble ces objets dans un environ-nement et je développe des improvisations écrites autour d’eux.

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GEBEYEHU Berhanu (Éthiopie)

1. Si mon jugement n’est pas prématuré, le retour de la poésie dans les programmes scolaires constitue un pas vers le passage d’une culture de guerre à une culture de paix.

La poésie a une importance notable dans la mise en place de la notion de culture de la paix et dans sa pratique auprès de nos enfants. Elle permet, à mon sens, aux jeunes de donner un sens à leur vie. Elle leur enseigne également les valeurs, les attitudes, les comportements et les manières d’être qui renforcent la coexistence pacifique et le respect des libertés et des droits fondamentaux de chacun.

2. Le langage poétique est bien sûr quelque peu inhabituel. Il peut être identifié au plus haut degré de déviation de la normale et de l’habituel. Je ne crois pas qu’il existe une méthode spécifique pour enseigner la poésie. Cependant, mon expérience personnelle m’a appris qu’on peut élaborer une approche qui y aide :

• En soumettant aux élèves des extraits mêlant des registres divers et comportant différentes formes du langage, ainsi des archaïsmes, mots dialectaux, néolo-gismes, etc.

• En leur apprenant à être attentifs à l’intention ou aux intentions du poète quand celui-ci emploie un mot ou une expression particulière.

• En fournissant aux élèves le cadre historique et en situant un texte dans son contexte.

3. Je crois que les enseignants peuvent aider les jeunes à visualiser ces images de diverses manières :

• En faisant travailler à l’élève sa capacité de se concentrer sur un mot donné, de cerner le contenu sensoriel qu’il enferme : la couleur, les dimensions, le goût, le mouvement, la sonorité qu’il évoque, etc.

• En formant les élèves à examiner la relation que ces mots sous-entendent hori-zontalement et verticalement.

• En exposant aux élèves diverses méthodes pour appréhender le sens et en les formant à ces méthodes.

4. En exposant aux élèves différentes méthodes d’envisager les diverses propriétés tech-niques et physiques, on peut les aider à assimiler l’habitude de réagir objectivement.

Ceci peut être soutenu par l’apport aux élèves de descriptions de modèles appropriées.

Les descriptions démontrant l’approche objective devront commencer, je crois, par présenter l’information la plus élémentaire qui soit pour ensuite passer à des paliers plus complexes. Cependant, à ce stade, les descriptions tant linguistiques

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que techniques devront être adaptées pour établir les significations fondamentales et explorer celles qui sont moins évidentes.

5. Non.

Toutefois, je crois que l’efficacité de toute méthode d’enseignement de la poésie dépend du talent personnel de chaque enseignant. Chaque poème appelle une approche différente. Cependant, certaines approches sont plus utiles que d’autres, dont les suivantes :

• Présenter un poème dans son contexte,

• Encourager les élèves à faire appel à leur intuition et à leur imagination,

• Les encourager et leur apprendre à décrire un poème entièrement et, bien entendu, les doter des instruments et des modèles nécessaires.

GENTILUOMO Paolo (Italie)

1. La Poésie n’existe pas, pas plus que n’existe la Musique. Ce qui existe, ce sont les genres, les modes et les goûts. Les adolescents doivent percevoir la liberté de choix de langage que la poésie leur autorise, qu’il s’agisse pour eux de s’exprimer ou simplement d’y goûter. La finalité de la poésie est donc de communiquer quelque chose à quel-qu’un d’une manière donnée. Si on fait passer cette idée, ce sera au jeune de décider, selon sa sensibilité, comment aborder la poésie, le langage de la poésie, sans forcer. La force de l’exemplification dans cette approche me semble fondamentale : au-delà même d’un programme scolaire quel qu’il soit, il conviendrait de lire des textes (sans forcément donner une explication conventionnelle) qui disent tout et le contraire de tout : poésies ludiques ou comiques, poésies qui font un abondant usage de mots gros-siers, poésies sur la sexualité, bref, tout un répertoire qui, par tradition, ne fait guère bon ménage avec l’idée de la poésie telle qu’on la transmet à l’école. Une fois le mur de la méfiance envers la poésie abattu, la conscience de l’adolescent sera libérée de ses préjugés, de sorte que celui-ci acceptera également le répertoire traditionnel.

2. La meilleure méthode, à mon avis, c’est la lecture à voix haute : temps et rythme feront immédiatement émerger la différence. Les enseignants devraient apprendre à lire les textes à voix haute, mais pas comme des acteurs (trop souvent, la diction des acteurs est pompeuse et elle colle d’une manière fausse à la lettre du texte même). Ils doivent au contraire être disposés à suivre et à servir les indications d’exécution implicites dans le texte : Ungaretti sera aussi lent que sera rapide son contemporain Marinetti parce que les pauses et les accélérations sont déjà enfermées dans leurs vers. Seule la voix nous permet déjà de rendre le ton pétaradant de Palazzeschi, ou encore la cadence pleine d’ironie de Gozzano, etc., très simplement mais très efficacement, et d’aider ainsi les jeunes à comprendre ne serait-ce qu’à l’oreille, avant même de comprendre visuellement. Une fois encore, j’insiste sur la lecture à voix haute.

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3. Avec la traduction sous d’autres formes d’art et vice-versa, avec la contamination des diverses formes d’expression entre elles. Musiquer les textes, les transformer en bandes dessinées, les théâtraliser, les dessiner comme s’ils étaient des affiches publi-citaires de films, bref, créer toute une série de courts-circuits visuels à partir du sens du texte qui, en l’espèce, ne peut être éludé ni collé de près mais seulement compris pour être, pourquoi pas, éventuellement vulgarisé, mais inévitablement intériorisé. Si le court-circuit fonctionne, la visionnarité poétique est bientôt assimilée et utilisée.

4. Cette question me paraît être bien trop précise si on n’entre pas dans un plan didactique élaboré. En restant sur une perspective d’opinion, je crois que le moyen approprié est la comparaison systématique entre deux manières de voir la même chose, de pair avec un discours sur les sources d’information (lequel comprend cependant tout ce qui montre quelque chose d’une certaine manière). Bien sûr, la lecture des poésies sur la guerre d’Ungaretti et les textes sur le même sujet de Marinetti (pour reprendre encore l’exemple de ces deux pôles contraires !) nous fait apparaître de manière banale mais évidente une perception subjective. Le fait d’ajouter à ces lectures les données relatives au nombre de morts dues à la première guerre mondiale peut aider à faire la transition vers une perception objective. La poésie sera toujours un point de vue et, à ce titre, elle doit être confrontée avec des faits extérieurs, parmi d’autres. Inciter les élèves à reproduire mentalement l’expé-rience de gravir un coteau et de s’arrêter derrière une haie : cela plaira à certains, tandis que cela ne dira rien à d’autres. Qu’on lise ensuite L’infinito de Leopardi, et on comprendra alors bien mieux la valeur affective de cet incipit « Sempre caro mi fu... » (« Toujours cher me fut... ») sans lequel une expérience semblable ne nous conduit pas aux mêmes résultats. Pour résumer, il s’agit de donner lieu à une confrontation systématique.

5. La méthode consiste à entrer directement dans la langue de la poésie, dans l’unité minimale de celle-ci, c’est-à-dire le mot. Une première phase d’approche joueuse et riche d’énigmes, qui à la fois désacralise et divertit, peut être une bonne approche, mais, honnêtement, à ma – coupable – ignorance, je ne suis pas sûr qu’un pareil système puisse faire l’affaire n’importe où. J’estime que le raisonnement sur la langue est toujours valable, mais, d’après ce que je connais, cette manière d’approcher la poésie (que j’emploie moi-même pour les enfants entre sept et treize ans, mais qu’on peut adapter pour des élèves plus âgés) peut porter ses fruits en Europe. Je ne saurais, hélas, en dire davantage.

GROBLI Zirignon (Côte d’Ivoire)

1. Favoriser la sublimation des pulsions et l’entrée dans le chant du langage et du désir.

2. L’approche poétique au contraire de l’approche prosaïque fera appel à l’ouverture sur l’intériorité, sur les sentiments, sur la méditation, sur l’oraison.

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3. Il est possible de combiner l’expression plastique avec l’expression poétique, ce qui se fait déjà dans le cas des illustrations des textes pour la jeunesse.

4. La poésie étant un dialogue avec un interlocuteur invisible elle ressortit davantage à la méditation, au recueillement que le discours objectif.

5. –

GUEVARA MIRAVAL Jaime Pablo (Pérou)

1. Comme un jeu qui puisse être aussi un jeu libérateur car il est nécessaire pour le cultiver de réussir un certain équilibre constant d’alternatives qui donne de la sécu-rité affective sans essayer de donner ou de retrancher du pouvoir ou de leur enlever quoi que ce soit qui leur appartienne ou qu’ils désirent. Il s’agit simplement de donner du plaisir et du savoir en instruisant grossièrement et en raffinant ce qui est déjà affiné en aiguisant la vue et l’ouïe grâce à l’écoute.

Par exemple, cela devient presque une philosophie de vie quand on l’applique de pair avec l’éducation et la culture pour faire des jeunes des êtres plus complets. Cela leur apprend à être toujours plus libres et à pouvoir louer ce qui est louable sans restrictions ni retenues mesquines, ainsi que critiquer sans crainte ce qui est critiquable ou intolérable. Un homme bien élevé et raffiné par la poésie ne sera jamais un homme répressif ni intolérant. Bien au contraire, il connaîtra mieux que les autres l’âme humaine et il n’en sera que davantage sensé et tolérant.

L’idée, dans l’Antiquité, d’associer poésie et folie est une belle et brillante conception héritée du passé grec et de ses religions. Elle vient de ce que les possédés étaient dans leurs emportements comme des malades atteints d’une maladie sacrée, mais elle est sans doute aussi révélatrice de ce que l’exercice de la poésie peut être comme une passion exclusive et irrépressible. En revanche, il n’est pas dans sa nature intrin-sèque d’être autodestructrice ou destructrice, ni de mener au déséquilibre des sens comme l’a proclamé Rimbaud au XIXe siècle. Sans la poésie, beaucoup de choses nobles ne seraient pas de ce monde, y compris l’amour passionné qui peut être cana-lisé par l’honnêteté et la vérité, ainsi que l’amour envers la justice. La poésie s’y est toujours attachée quand elle a eu l’occasion de le faire depuis l’Antiquité, en passant par Eschyle, Dante, Shakespeare, Dostoïevski, Brecht ou Vallejo, parmi tant d’autres.

On n’est plus jamais, après la poésie, comme avant. On devient au contraire un être moderne de la libération. Mais de quoi se libère-t-on donc à un âge aussi précoce ? À l’âge si tendre de douze ans c’est la libération des émotions aveu-gles et des errances de la violence pour la violence, car, en enseignant leurs noms (ceux des émotions), au lieu de les ignorer, on les canalise et on cultive les résistances pour ne pas les prendre sans savoir auparavant ce qu’elles sont et

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ce qu’elles ne sont pas dans les diverses circonstances, et on peut commencer à apprendre des émotions nouvelles et à apprendre les gestes pour les dominer. Ces émotions sont parfois à fleur de peau ou elles menacent de jaillir comme autant d’éruptions ou d’acné ou de surgir confusément et précipitamment, presque comme une hémorragie, au moindre signe – rougir par exemple – ou encore la transpiration des mains ou des pieds ou l’anxiété permanente de ne pouvoir trouver la sérénité, elles sont autant de symptômes d’insécurité ou de désorienta-tion ou déracinement ou désintelligence émotive, etc. La poésie est alors quelque chose d’extrêmement utile aux adolescents maintenant et jusqu’à ce qu’ils arri-vent à la vieillesse, car la poésie ne connaît pas de limites d’âge ni de durée d’apprentissage, ni d’époques limitées de culture, de souffrance, ni d’extinction sûre, comme ces produits périssables qu’on achète sur les marchés ou ceux qui sont conditionnés et qui ont une date limite de consommation.

Après la poésie, on est comme libéré du poids énorme de la charge humaine que donne la vie animale. Si elle n’est pas accompagnée fréquemment de poésie, l’on devient toujours plus vulnérable et sans défense face aux émotions négatives et il ne sera désormais plus facile de revenir à l’être enthousiaste qu’on a souvent été pendant la jeunesse. Cet être a fait place à un être timoré et sans défense, qui n’est plus préoccupé que de sa survie. C’est pour cela que, pour l’éducation et la culture, la poésie est l’un des meilleurs stimulants en même temps qu’elle est l’un des plus puissants antidotes contre les démons du pouvoir et les tentations d’autoritarisme inhumain... Dès lors, être attentif à apprendre davantage pour mieux comprendre les êtres humains est une obligation humaine... – rougir serait tout au plus un symp-tôme mineur qui passe parfois inaperçu, un peu comme la transpiration des mains ou des pieds, ou un état d’intranquillité permanente, celle-là même de l’anxiété déjà évoquée, parce que ce sont les premiers symptômes de quelque chose qui pourrait être beaucoup plus important, etc.

2. C’est comme pour les jeux de la vérité et du mensonge. La prose semblerait relever du mensonge et la poésie de la vérité. Mais ce n’est qu’un mirage ou une fata Morgana du désert. Les deux font forcément partie d’un même besoin d’expres-sivité, la différence étant que la prose artistique, qui doit évidemment rendre compte, fait davantage appel à la communication que la poésie, même si toutes deux peuvent être naturellement inventives et fantastiques. Cependant, la nature de l’expansion en progrès propre à tout récit ou description ou forme romancée d’évènements la rend moins intense à beaucoup d’égards, tandis que la poésie, au contraire, a toujours besoin d’être essentiellement expressive, étant donné que les émotions sont sa matière première et que celle-ci doit être plus intense, ou, si on veut, synthétique, pour pouvoir les véhiculer et/ou les transporter (c’est-à-dire transporter ces émotions presque sur les épaules ou presque en couchette ou en wagon-lit). C’est pour cela qu’on dirait qu’elle doit être toujours plus près de la vérité étant donné que les émotions sont moins maniables, moins flexibles et moins corruptibles que les descriptions. Il y a du vrai dans tout cela, mais cela n’est pas suffisant.

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L’intensité et la hauteur qui semblent être à première vue l’un des plus grands problèmes contradictoires typiques de la comparaison entre la prose et la poésie pourraient bien être une idée réductrice d’un axiome presque toujours accepté comme étant absolue : « Plus long est le poème, moins intense il l’est ; plus court est le poème, plus intense il l’est ». Cela semble plutôt normal, mais cela ne se produit pas aussi simplement que cela en littérature car il reste une troisième voie possible, une sorte de « voie royale » qui permet de comprendre mieux le malen-tendu et, peut-être, faux dilemme. Toutes deux, loin d’être contradictoires ou antinomiques, sont plutôt complémentaires et entre-tissées et toutes deux main-tiennent des relations des plus complexes avec les signifiants et les signifiés, une sorte de relation de dépendance-indépendance que le langage de l’écriture a avec ses signifiants et signifiés.

L’intensité et la hauteur servent dans les deux cas à fixer et à définir mieux les alter-natives suffisantes pour les émotions présentes à des époques et dans des espaces divers selon qu’elles sont les clés ou les codes ou les clés chiffrées permettant d’entrer et sortir ou d’évoluer dans ces mondes complexes (poèmes ou romans qui sont comme des voûtes, comme des labyrinthes, comme des coffres-forts de qu’on ce qu’on appelle les émotions-actions, devenues valeurs suprêmes) et où les sensations et les sentiments servent de surcroît à véhiculer les états d’âmes propres à chaque évènement littéraire. La poésie cherche à transformer, en le métamorpho-sant le lecteur en un être différent de celui qu’il était quand il a commencé à lire ou à prendre goût à lire de la poésie. Cette relation sera intensément active et non passive, comme c’est souvent le cas de la prose romancée, qui demande un lecteur-récepteur complètement acquis à disparaître de son milieu temporel et spatial et à entrer en interaction, chose que la poésie lui demande ou lui exige bien, sorte de spirale sans fin où la même chose peut apparaître comme diversité de voix, de diverses manières, sur divers plans et niveaux totalement étrangers aux hiérarchies mais en revanche d’imaginaires développés au maximum.

La poésie est alors – on pourrait dire au sens figuré par rapport au langage – comme une sorte de sas de transport ou de transfert qui sert à dématérialiser l’être et à le libérer de sa lourde charge de concrétion aveugle ou obscure qui le rend si vulné-rable en même temps qu’elle sert à le situer dans une concrétion différente meilleure ou plus grande, plus transparente ou plus intense et fulgurante de matérialité distincte dans un lieu distinct de celui où le lecteur doit entrer et demeure ; dans ce cas cela signifie entrer ainsi dans le livre, de même que, dans d’autres cas, cela revient à entrer dans une salle de cinéma et c’est ainsi que se forge la libération.

Quand les émotions entrent en jeu dans les oeuvres des grands poètes et roman-ciers, personne ne pense plus à la vérité ni au mensonge de la communication ou de l’incommunication, dans la vraisemblance ou invraisemblance, notions qui n’ont plus cours, personne ne se demande pourquoi aussi bien ces actes, nouvelles ou poésies sont semblables ou non, aux époques au cours desquelles ils ont vécu. Maintenant, l’œuvre est transportée par un créateur démiurge qui a dans ses mains un matérialiseur-dématérialiseur, elle se laisse simplement porter ou transporter

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à travers les espaces des émotions qui se manifestent presque toujours sous des formes d’action en autant de vaisseaux ou de véhicules qu’en a décidé le créateur. C’était ainsi autrefois, du temps de Jules Verne. Pourquoi n’en serait-il plus de même avec chacun de nous ?

Dans la Poésie, le langage est alors un ensemble d’invariables pleines de variables et de variantes et de variétés qui servent à ce que les êtres humains voyagent sans cesse d’un lieu à un autre – c’est précisément ce qui fait que la prose et la poésie sont artistiques, même si ce que cherche la poésie, c’est à transformer le lecteur en le métamorphosant en un être différent de ce qu’il était quand il a commencé sa lecture ou quand a commencé sa passion pour la lecture de poésies – par le biais de médiations, successions, intermédiations, conjonctions, corrélations ou correspondances, disponibilités, portations ou transportations qui sont générale-ment actives et non chimériques, comme dans les romans qui essayent d’arracher le lecteur aux temps et aux espaces des milieux qui l’environnent et de l’entraîner, captif, sans laisser de passif, tandis que LA POÉSIE CHERCHE CONSTAMMENT À CE QUE LE LECTEUR GAGNE UN SUPPLÉMENT D’ÊTRE À CHAQUE FOIS, À BRÈVE ÉCHÉANCE OU À LA LONGUE, ET À CE QU’IL SOIT MEILLEUR QU’IL N’ÉTAIT AU DÉBUT DE SA QUÊTE DE MÉTAMORPHOSE, parce que la poésie ne cherche pas à ce que ses lecteurs remplacent les personnages ou les situations ou atmosphères si elles ne sont pas convenablement dramatisées en tant que telles ou si elles ne touchent pas, dans leurs affinités électives, aux imaginaires qui leur sont proposés par le langage.

3. a) Que le professeur fasse éprouver en priorité les sensations-perceptions en choisissant des textes de valeur mais appropriés aux âges perceptifs des élèves, même s’il ne faut pas pour autant chercher des textes qui soient trop ordinaires ou faciles.

b) Que le professeur commente toutes les sensations possibles des divers textes d’un même auteur pour que les élèves puissent apprécier comment ceux-ci évoluent aussi sensoriellement dans les divers espaces et temps de leurs livres et de leurs vies.

c) Que le professeur amasse un certain capital accumulé de sensations de divers auteurs, si possible avec des annotations dans les cahiers des élèves qui fassent office d’aide-mémoire pour toute la classe, ensemble d’élèves qui sont autant d’in-dividus en même temps qu’ils forment un collectif de travail.

d) Que le professeur entreprenne de polémiquer de manière constructive sur les analyses à l’heure des émotions liées aux sensations diverses trouvées chez les auteurs pour commencer à organiser des batteries d’inquiétudes chez les élèves où le connu et ce qui est considéré comme étant déjà connu soit à présent réactivé à un autre niveau nouveau et éventuellement à l’aide d’analyses plus poussées (à ce stade, des choses parfois inimaginables qui paraissaient avoir été enfouies dans les textes peuvent émerger au grand jour).

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e) Que le professeur, suite à des lectures successives de sensations avec des émotions établisse, des comparaisons (et ne cherche pas toujours des textes sensationnels et/ou des textes trop rabâchés et expliqués). Porter alors à la consi-dération des élèves les sentiments-émotions-sensations exposés dans les poèmes et établir les commentaires participatifs correspondants, qui sont d’ordinaire contradictoires. Chercher ensuite les éléments complémentaires et entre-tissés, pour ensuite les éclaircir progressivement (les plus dissimulés ou cachés se présentent comme des énigmes ou des mystères – Mallarmé est à ce propos un bon exemple très motivant).

f) C’est ici que le professeur doit faire appel à tous ses ressources pour démêler les différentes opérations des processus des écritures qui mènent leurs plans opération-nels de pair avec des actions de jonction disjonction, connectives, co-adjuvantes, tensives, réflexives, etc., que les auteurs réalisent avec les imaginaires qui sont les leurs. Tout au long du processus a, b, c, le professeur doit être un guide de hauteurs, disons au sens figuré comme un guide de montagne, attentif aux divers sentiers à suivre et au fait que de dangereuses crevasses sombres à peine recouvertes d’une fragile couche de glace sont toujours prêtes à dévorer les imprudents, en plus de devoir savoir distribuer et partager les rations correspondantes entre ses élèves de manière équitable.

g) Une fois atteint ou couronné un sommet, il sera impératif de prononcer quel-ques mots d’éloge pour récompenser les efforts des montagnards face aux difficultés parce que la poésie est très difficile, elle est beaucoup plus difficile que la prose et le seul fait de s’y consacrer pour la vie est un sacrifice digne de tous les éloges.

h) Tout ceci oblige à avoir des programmes scolaires modernes pour former et sensi-biliser les enseignants ad hoc, et les doter d’une sorte de manuel scolaire exemplifié, comptant de préférence avec le concours de poètes qui développent ce qui n’a ici été qu’esquissé sommairement. Des savoir-faire continentaux et internationaux, parce que les poètes du vingtième siècle ont été prolifiques, autant sinon davantage que ceux du dix-neuvième siècle. Ainsi, un cours de poésie n’est qu’une partie d’un processus qui doit s’étaler sur les cinq années du cycle secondaire pour pouvoir englober les poètes locaux, régionaux et nationaux du pays où est dicté le cours en question.

i) Pour résumer, le professeur doit, sans peur aucune, faire ressentir les émotions des poèmes, les sensations les plus enfouies ou secrètes (quelque chose qui soit un défi ou une énigme à base de lettres et de mots et qui devra être aussi passionnant pour les jeunes élèves que les images des médias qu’ils aiment tant regarder à la télévision). Une bonne finalité, et il faut insister là-dessus, dans ces étapes initiati-ques est de souligner le caractère ludique et le jeu mental constant (presque autant que dans le jeu d’échecs) d’interactions qui existent entre les auteurs et les lecteurs presque toujours avec des ouvertures ou des entrées provocatrices porteuses de défis et hautement sensorielles et si souvent énigmatiques que toute poésie possède quand c’est de la bonne poésie.

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j) Parce que, évidemment, est Poésie tout ce qui est inventif ou création et, bien entendu, a fortiori à douze ans, âge des découvertes et des révélations parfois surprenantes et incroyables, parfois très brutales, ponctuées de poussées adultes et tellement définitives pour qui se refuse encore à sortir de l’enfance et de la puberté où le monde se présente à eux comme un véritable imbroglio plein de pressantes responsabilités... La poésie est un bon moyen pour apprendre à connaître et à manier les émotions de ce qui est et de ce qui a été et de nouvelles possessions qui s’ajoutent à des besoins réels de construction de choses et qui ne sont autres que les choses du changement.

4. –

5. –

HELFT Claudine (France)

1. A la manière de l’ART... sans Finalité ! Mais comme une des manifestations de l’être à la vie. Le Poème est une manière de pénétrer l’âme du monde lui aussi ; mais à l’identique de l’ART il est aussi construction et artisan : apprendre à déceler l’inspira-tion du travail, puis à bâtir le poème « autrement » toujours « autrement ».

2. En comparant ! Dès l’étude de textes visant à exploiter le pouvoir suggestif du poème, qui dit autre chose que les mots et se situe dans un domaine à part qui n’est pas philosophie ; mais idée de philosophe, non pas chanson mais rythme intérieur : le poème est SOUFFLE autant qu’écriture ! CHERCHER... le SOUFFLE.

3. Par tous les moyens modernes d’expression :

• Montages cinématographiques ou photographiques.• Peintures ou dessins.• Musique qui rejoint le poème dans l’indicible.• Réapprendre le SILENCE dans le dire du poème. • Et l’intelligence de l’INTUITIF.• Retrouver le « jeu naturel » de la petite enfance.

4. Voir réponses précédentes.

Apprendre à désorganiser la phrase et à réinterpréter le MOT. Revaloriser le pouvoir suggestif du mot ; ouvrir le chemin de l’imaginaire : ex : ce « TOIT » où marchent les colombes... quel « TOIT » Le Poète à l’Ecole.

5. Le meilleur exemple est celui d’un excellent poète enseignant à Epinal, Richard Rognet, dont les archives éloquentes devraient servir de guide à l’enseignement du Poème.

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HELU-THAMAN Konai (Tonga/Fidji)

1. De façon telle qu’ils découvrent qu’elle a à voir avec leur vie et leur cadre de vie.

2. a) Le langage poétique contient symbolisme, images et rythme et il est écono-mique.b) Encourager les adolescents à écrire de la poésie... à créer les effets décrits en (a).

3. Les enseignants doivent comprendre les cultures des jeunes et les images qui sont les leurs, et les encourager à faire usage de ces images pour créer de la poésie... C’est comme cela qu’ils pourront mieux apprécier les images que créent les poètes.

4. ( J’ai du mal avec cette question parce que les notions de perception subjective et de perception objective sont culturellement marquées. Dans ma culture, par exemple, il n’y a pas de différence.)

5. J’ai personnellement enseigné la poésie d’une manière telle, que les élèves ont fini par aimer lire et écrire de la poésie.

ISHFAQUE Ahmad (Pakistan)

1. Pendant des siècles, la poésie dans la partie du monde qui est la mienne (le Pakistan) a été un enseignement de valeurs humaines fondamentales et une source d’inspiration. Depuis que la poésie ourdou s’écrit suivant des règles strictes – chaque distique (deux vers) d’un ghazal a une longueur fixe et enferme une pensée entière –, il est facile de mémoriser des centaines de distiques et naturellement d’assimiler leur contenu. Ce n’est pas étonnant que les distiques soient cités dans les discours, les écrits et même dans les conversations ordinaires. Cela pourrait être un exemple à suivre pour les adolescents d’autres pays.

2. Cela arrive tout le temps dans mon pays ! Tout le monde, et pas seulement les adolescents, fait usage de la poésie « pour exprimer ou comprendre des sujets qui pour des raisons thématiques ou affectives sont difficiles ». Comment l’en-seignez-vous ? Cela demande des efforts concertés, et parfois un siècle ou deux, au moins !

3. C’est tout simplement le rôle du poète. L’enseignant ne peut aider que si le poète a déjà fait son travail correctement.

4. Même réponse que pour la question n° 3.

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5. Plusieurs méthodes sont utilisées dans mon pays (le Pakistan). On peut aussi les employer dans d’autres pays. Il s’agit des suivantes :

La publication de poèmes

Les revues universitaires, les revues d’intérêt général, et même les journaux qui publient de la poésie, offrent de nombreux débouchés aux jeunes poètes. On arrive généralement à faire publier toute création qui soit d’une qualité honnête. Cette circonstance offre une couverture, et ouvre la reconnaissance, à tout poète qui le souhaiterait. D’autre part, les poètes confirmés orientent et aident les poètes en herbe ; c’est une vieille tradition dans notre société.

L’intégration dans les manuels scolaires

Les manuels ourdous, quel que soit le niveau scolaire, contiennent tous des passages de la grande poésie adaptés aux élèves de chaque groupe d’âge. Les passages, soigneusement choisis, sont toujours de bons exemples et ont une incidence posi-tive sur les élèves. Ceux-ci sont nombreux à se souvenir de certains ou de la totalité de ces poèmes toute leur vie durant.

La poésie chantée en chœur

Depuis très longtemps, une pratique courante dans les écoles secondaires au Pakistan consiste à chanter en chœur un extrait d’un poème édifiant le matin avant le début des cours. Un ou deux élèves conduisent tandis que le reste des élèves, rassemblés dehors, suivent en chœur.

Un des morceaux préférés est une prière d’enfant, écrite par le poète pakistanais Muhammad Iqbal (familièrement appelé Allama Iqbal) au début du XXe siècle. Il commence ainsi : « Lab pe aati hai dua ke tamanna meri » (Mon souhait vient à mes lèvres comme une prière). Ce poème a inspiré des millions de Pakistanais au fil des décennies.

« Bait bazi »

Les élèves des écoles secondaires (et aussi des établissements d’enseignement supé-rieur) participent à des compétitions au cours desquelles deux camps s’opposent à coups de vers qu’ils ont mémorisés au fil du temps. Un membre de l’équipe A récite un distique. Un concurrent de l’équipe B doit alors réciter un distique commençant par la dernière lettre du distique récité par l’équipe A. C’est ensuite au tour de la première équipe de réciter un distique commençant par la dernière lettre de ce distique. Et ainsi de suite jusqu’à ce que l’une des deux équipes ne parvienne pas à trouver un distique idoine dans le temps imparti.

Si les livres recèlent des distiques qui ont un contenu conforme, les élèves peuvent assimiler de bonnes valeurs tout en se livrant à une compétition grisante.

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Les mushai’ra

De nombreux élèves commencent à écrire des vers quand ils arrivent à l’adoles-cence. Ils participent à des séances poétiques appelées mushai’ra en ourdou, la langue nationale du Pakistan. Le poète le plus important dans l’assistance préside tandis que les autres récitent leurs dernières créations. C’est le plus jeune qui commence. Les mushai’ra font accéder les élèves à la grande poésie. Les poètes en herbe se voient considérablement encouragés quand leurs meilleurs distiques sont loués par leurs aînés en tribune.

Ceux qui ne siègent pas à la tribune sont présents en grand nombre parmi le public. Leur carnet à la main, ils notent ceux des distiques récités par les jeunes poètes qu’ils préfèrent. Pendant leurs heures de loisir, nombreux sont les élèves qui lisent les oeuvres des plus grands poètes classiques et modernes.

JARAMILLO MUÑOZ Eduardo Hugo (Équateur)

1. Comme une possibilité de communication et de réalisation personnelle, en ceci qu’elle est un langage qui permet de toucher les autres grâce à ses potentialités sensibles et intelligentes à la fois et, d’autre part, la poésie est un reflet de la créati-vité et de l’imagination.

2. Le langage de la prose est plutôt familier et quotidien, alors que le langage poétique exige un maniement plus poussé des images et des figures.

Le premier est plus descriptif et narratif, donc plus explicite, ce qui lui permet de rendre compte de la réalité immédiate. La poésie suggère et émeut, elle nous ouvre donc l’accès aux domaines de la fabulation et de la matérialité. Le narratif enrichit le développement de la pensée logique, tandis que le langage poétique favorise la pensée analogique.

3. Il est important de mener des activités qui se soutiennent dans le langage audio-visuel, afin d’élargir l’univers des images (auditives, visuelles, tactiles, etc.) pour enrichir la sensibilité face au langage poétique, et la capacité analogique, qui permet d’établir des relations entre la réalité et le magique.

4. En stimulant la création d’images et de procédés stylistiques qui correspondent à leurs idées, à leurs rêves, à leurs aspirations et qui pourront être utilisés pour struc-turer des textes poétiques, narratifs ou dramatiques.

5. Au collège militaire « Eloy Alfaro », ils favorisent un travail de création qui va de la lecture critique à la rédaction de textes et à l’élaboration de scénarios jusqu’à l’édi-tion vidéographique qui encourage la créativité et la participation collective.

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KASSAHUN Dagnachew (Éthiopie)

1. Je crois personnellement en l’importance qu’il y a à présenter la poésie aux adoles-cents en suivant les points suivants : Premièrement, la nécessité de changer les activités et les comportements humains exige l’usage de techniques et procédures efficaces qui aident à l’épanouissement personnel. Deuxièmement, la compré-hension de nous-mêmes et de notre milieu joue-t-elle aussi sur la part de notre contribution au monde qui nous entoure. Troisièmement, être productif et cons-cient peut découler de nos connaissances. Ces points peuvent être réalisés grâce à la poésie.

2. Pour commencer, la poésie étant un moyen par lequel nous pouvons représenter et décrire les actions passées, présentes et futures de la vie réelle sous forme d’expressions concises et intenses, les enseignants qui ne sont guère familiarisés avec ses éléments doivent être dotés d’un bon bagage en matière de genres litté-raires. Cette conscience peut aider les enseignants à cerner les différences. Les mots condensés (expressions), les techniques d’écriture et les émotions suscitées font partie de ces moyens. Bien que je ne puisse proposer de règle absolue en matière de méthodes d’enseignement, il est indiqué d’être flexible et d’user de diverses approches qui prennent en compte les besoins, les intérêts et les niveaux des adolescents.

3. En général, les enseignants peuvent motiver leurs jeunes élèves par la manière dont ils présentent les choses, c’est-à-dire le séquençage et le niveau de difficulté des documents ainsi que les techniques de présentation. Comme on le considère souvent, les enseignants devraient commencer avec des textes simples (élémen-taires) et passer ensuite à des textes plus difficiles (complexes). Quelle que soit la nature de ce que présente l’enseignant, il doit tenir compte des connaissances des élèves. En outre, les enseignants doivent présenter à leurs élèves de nouvelles valeurs, normes, pratiques et cultures venant d’autres pays. En s’appliquant à mettre les leurs en contact avec celles des autres, les élèves peuvent en effet développer leur faculté de réflexion.

4. Ceci est possible si les enseignants sont en mesure de lire dans les pensées et les vies de leurs élèves. Par conséquent, ils peuvent choisir des textes qui peuvent être identifiés à l’intérieur d’une certaine limite. Qui plus est, pour aiguiser leur compré-hension de la différence, les enseignants devraient expliquer les différences en employant certains modèles, en les classant en catégories. Enfin, je voudrais souli-gner l’importance de mettre l’accent sur le language employée.

5. Non.

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KHOURY-GHATA Vénus (Liban)

1. Par des lectures de poèmes aux jeunes en leur expliquant le sujet du poème et dans quelles circonstances il a été écrit.

2. Il y a de la Prose poétique, et de la Poésie écrite en vers (je ne peux l’expliquer en cet espace restreint). C’était le sujet de ma conférence hier au Lycée Franco-Irlandais à Dublin, où l’Alliance française m’a organisé une tournée dans divers établissements.

3. En leur faisant écrire des Poèmes à la manière de...

Je vous envoie un extrait du journal « Télégramme de Brest » qui explique la méthode employée par un professeur de français du collège Kervihan de Fouesnant, en Bretagne.

[Note de l’éditeur : Nous citons ci-après l’article sur l’expérience insolite, voire surréaliste pour les élèves, paru dans ledit journal : « Nous avons découvert et exploré l’œuvre poétique de Vénus Khoury-Ghata en classe de français avec notre professeur, M. Aurégan. A notre tour, nous avons créé des poèmes et des collages (images découpées et assemblées bizarrement) à la manière de l’auteur à partir de portraits ou d’un désordre du monde. Nous lui avons présenté lors de sa visite les textes mis en scène grâce aux talents du comédien Bruno Vivancos. Chaque classe jouait ses textes, tandis que M. Evennou, professeur de technologie, projetait textes et illustrations de l’avant-projet d’un livre électronique et d’un CD Rom sur un immense support mural. [….] Un entretien avec Vénus Khoury-Ghata et des lectures émouvantes de ses œuvres ont terminé chaque séance. ‘Aujourd’hui, j’ai le sentiment d’avoir enfanté: je ne sais plus si c’est moi qui vous ai copiés ou le contraire‘, a-t-elle déclaré après les spectacles, très émue. ET NOUS DONC ! Ainsi, nous avons pu faire la démonstration que poésie et technologie pouvaient servir la culture. »]

Ces poèmes faits à la manière de Vénus Khoury-Ghata sont actuellement sur Internet.

4. L’enseignant doit être assisté par un poète, et pas n’importe lequel. Certains poètes savent sensibiliser les jeunes à la Poésie. C’est ma passion. Je fais toujours suivre mes conférences dans les centres culturels français à l’étranger par des tournées dans les lycées et collèges.

5. Leur donner des lectures de poésie.

Les inciter à en écrire.

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KISS Irén (Hongrie)

1. Je ne crois pas qu’il existe une finalité générale de la poésie autre que l’auto-expres-sion de chaque poète. Toutefois, il y a des thèmes généraux « pérennes », comme l’amour et la mort, qui inspirent les poètes de toutes les époques. Il est d’autre part évident que, parmi tous les genres littéraires, la poésie est celui qui rend possible l’expression la plus libre de soi-même. Je dirais même que, plus un poète est souve-rain dans son expression, meilleure sera (en puissance) la poésie qu’il produit.

2. Je crois que, dans ce domaine, la méthode comparative aide beaucoup : un ensei-gnant peut faire valoir à ses élèves, par exemple, comment un thème (p. ex : l’amour de la patrie) peut être développé par des moyens poétiques et par ceux de la prose. De la même manière, on peut aussi illustrer que la méthode intuitive d’un poète peut conduire aux mêmes découvertes que les cheminements spéculatifs de la méthode scientifique.

3. Je crois que, plutôt que de parler d’images, il nous faudrait parler de symboles. Quel que soit le symbole, on peut remonter à sa naissance et à sa diffusion : son message et la nécessité spirituelle, idéale ou intellectuelle, pour laquelle il a commencé à poindre.

En ce qui concerne les genres, en revanche, il est intéressant de chercher à comprendre la raison pour laquelle les mêmes images, symboles ou motifs appa-raissent simultanément aussi bien dans la littérature que dans la peinture et dans la musique (par exemple la vision « gothique » du romanticisme ou le Saint Graal).

4. Je crois que la perception est toujours subjective, ne serait-ce que parce que même la matière de l’univers se comporte subjectivement : il suffit de penser à la structure des atomes ou aux lois de la cosmologie. Le cas échéant, on peut distinguer entre subjectivité latente (sciences) et subjectivité évidente (poésie, arts).

5. Quand j’analyse des poésies avec mes élèves, j’utilise souvent les méthodes de l’histoire des idées et de la théorie de la culture, en puisant particulièrement dans l’histoire comparative des motifs. Généralement, la méthode comparative, que ce soit avec d’autres auteurs ou avec d’autres genres, se révèle très payante pour moi.

KONAN Nokan (Côte-d’Ivoire)

1. Il est difficile de répondre à cette question. Mais en récitant des poèmes à des jeunes, on peut susciter en eux une envie de créer eux-mêmes. Donc la pratique orale me semble être la manière de communiquer la poésie qui est liberté. On doit laisser l’adolescent l’appréhender et lui permettre de cultiver cette liberté.

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2. La poésie est le langage essentiel, et l’enseignant doit montrer cette essentialité, qui la diffère de la prose – ce n’est une différence fondamentale, étant entendu que de la prose peut émaner une forme de poésie. (Le conte africain est à la fois poésie et prose) les deux sont donc indissociables dans la conception africaine du conte.

La méthode est d’amener l’enfant à aimer la poésie, et l’aimant, il deviendra lui-même « producteur » de texte poétique.

3. Amener les adolescents à aimer la poésie, à y adhérer profondément, faire sien le langage imagé et rythmique. A partir de cette situation, ils pourront alors devenir auteurs.

4. Il faut amener la personne à se connaître, en traduisant ses sentiments par la voie de la poésie. Ainsi, elle pourra traduire ses pensées à partir d’une approche beaucoup plus scientifique.

5. Chez nous il existe l’oralité, la palabre, les méthodes audio-visuelles (écoute, et diction). La télévision facilite la compréhension, le dire du poème, la chanson. Enregistrement de poèmes pour en faire une écoute.

LEVTCHEV Lubomir (Bulgarie)

1. Comme un jeu. Comme ce qu’il y a de plus immatériel et de plus élevé. Comme la possibilité de manifester l’élégance de sa nature. Comme une pensée métaphorique où les mots désignent plus qu’eux-mêmes (ou comme la possibilité de dire plus avec moins de mots).

2. Les enseignants doivent connaître et faire connaître aux élèves l’idée de Valéry selon laquelle « la poésie s’étudie mais ne s’enseigne pas ». Il faut présenter la poésie en relation avec la musique et les arts plastiques. Il faut donner aux enfants la possibilité d’entrer eux-mêmes en contact avec la poésie et de faire leurs propres choix. On ne saurait choisir, pour thème de réflexion avec des adolescents, la différence entre la langue poétique et la prose, dans la mesure où la poésie est le résultat d’un thème tandis que la littérature a un sujet. La différence n’est pas dans la langue mais dans le ton de la pensée.

3. En donnant aux adolescents la possibilité de mettre eux-mêmes à l’épreuve leurs capa-cités créatrices. De la sorte, ils comprendront eux-mêmes la différence qu’il y a entre une pensée exacte et scientifique et une pensée métaphorique (non exacte, artistique).

4. Cela doit aussi se faire indirectement. La poésie n’a pas de pire ennemi que l’expli-cation. Il est très utile d’organiser des concours de poésie où les prix sont décernés par les élèves eux-mêmes. L’introduction de la création poétique dans les jeux élec-troniques peut produire des résultats inattendus.

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5. Les clubs littéraires scolaires, les revues et journaux littéraires scolaires sont dans notre pays une tradition ancienne et ont donné de bons résultats. Je ne pense pas qu’il y ait là quoi que ce soit d’original mais ces activités continuent d’être attrayantes. Le rassemblement international d’enfants intitulé « l’Étendard de la paix », organisé dans le cadre d’un système de prospection, de perfectionnement et de mise en œuvre de talents, a donné d’excellents résultats, mais c’est une activité qui a cessé.

MIEZAN-BOGNINI Joseph (Côte-d’Ivoire)

1. La poésie constitue un puissant mouvement de création. Elle fustige le labeur des hommes, l’élan fougueux de leur vie, l’incertitude de la non-conformité de la perception de cette vie sous un angle persuasif, traduisant leurs joies et leurs peines. Ce sont de puissants éléments qui permettent à l’artiste en général et au poète en particulier, d’établir un échange entre la nature et l’homme. C’est cela la finalité de la poésie qui donnera aux adolescents un sentiment d’équilibre, de foi en l’avenir, une force et une volonté de vivre leurs vies qu’ils pourront bâtir sur des socles bien solides.

2. 1) Ils doivent leur faire comprendre que la poésie est un code imaginaire qui exprime la tension de l’artiste au moment où il est envahi par une pulsion légitime parfois vive ou faible, tandis que la prose permet à l’artiste d’exprimer tous ses sentiments de manière étalée pour mieux se faire comprendre.

2) A mon humble avis, il n’y a aucune méthode didactique qui puisse indiquer la voie d’une compréhension possible des écrits d’un artiste. Car les raisons thémati-ques ou affectives relèvent de la sensibilité qui apparaîtra dans le subconscient de chacun d’eux lorsqu’ils seront en face de ces textes.

3. 1) Ils doivent leur communiquer le puissant désir de lecture et ce d’une manière assidue. Leur donner le temps de méditer et d’analyser ces images au plus profond de leur être, afin de vivre les mêmes sentiments éprouvés par le poète.

2) Ils doivent se prêter à leur inculquer la raison persuasive d’utiliser ces images, en imaginant d’autres expressions poétiques susceptibles de les amener à s’ouvrir à eux-mêmes et au monde, dans une vision poétique forte et universelle.

4. Tout œuvre poétique accompagne une force subjective en lui conférant le support d’une animation encline à une perception objective, qui n’est autre que la vie elle-même ciblée à travers les sentiments et surtout les besoins ressentis et exprimés par le poète. La perception subjective est une manifestation de l’Universelle, tandis que la perception objective constitue la voie royale du dévoilement inté-rieur qui donne corps à la susceptibilité du poète qui désire toujours impliquer son

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entourage à la joie ou à l’amertume qu’il vit tous les jours. Les enseignants doivent les aider à la compréhension de ces besoins ressentis qui leur permettra de mieux capter la pensée de l’auteur.

5. C’est d’abord prendre contact avec l’œuvre. La parcourir d’une manière globale, car la poésie est matière et diversité. Ils doivent se faire plaisir en la lisant et en la décou-vrant avec tout leur cœur, toute leur intelligence et toute leur sensibilité à mieux la percevoir dans son infinité.

MORANDINI Luciano (Italie)

1. D’une manière anti-livresque, anti-scolaire, inventive, en décrivant la poésie comme un univers de sentiments et de pensées qui se transforment en images au contact entre le monde de la réalité que nous voyons, touchons, entendons dans toutes ses aspérités et cet autre, que chacun porte en soi, en le rendant tel qu’il est : un sujet qui voit et écoute, touche, sent et imagine, qui va bien au delà des évènements qu’il perçoit, dans la réalité de l’imaginaire, en vertu d’une sorte de « magie » du mot rythmé, conquis dans sa valeur particulière de haute communication expressive.

2. En faisant comprendre – exemples en main – la différence qu’il y a entre le langage de la communication quotidienne, qui transmet des messages simples et plats, qui ont une utilité immédiate, et le langage qui élève la langue au rang d’essence du récit, de communication complexe qui grandit sur elle-même, pour devenir, par exemple, un « roman », dans lequel se trouvent des descriptions d’extérieurs et d’in-térieurs, des représentations d’époques historiques, des descriptions de personnages et de psychologies, d’entrelacements de destins et de situations, de confrontations dialogiques dans un tout qui obéit à des manières particulières de voir des situations humaines et un monde exprimés d’une manière qui se définit comme style.

En ce qui concerne la communication poétique – toujours avec les textes en main – démontrer qu’elle se distingue du genre narratif parce qu’elle exprime les « récits » mêmes en synthèses d’images scandées rythmiquement et cachant bien davantage dans celles-ci – même dans celles qui sont apparemment les plus simples – les diverses significations.

Les seules méthodes existantes qui permettent aux adolescents d’explorer le langage de la poésie et d’en faire éventuellement usage appartiennent à la préparation, à l’ex-périence, à la passion et l’imagination des enseignants, du moins de ceux habitués à travailler concrètement sur des textes plutôt que de manière abstraite en suivant des manuels plus ou moins en vogue. L’illustration et la démonstration pratique des nombreuses méthodes d’approche critique, tant de la poésie que du roman, devraient venir dans un deuxième temps, après la compréhension et l’assimilation des rudiments indiqués plus haut.

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3. À ce sujet aussi, je peux affirmer, pour en avoir fait l’expérience directement, qu’une telle recherche – qui est presque un jeu de chasse au trésor – peut intéresser les jeunes et aiguiser chez eux une curiosité qui donnera ensuite lieu au désir de se mettre individuellement à l’épreuve.

Je voudrais évoquer seulement un exemple, né d’une analyse faite en classe de L’infinito (l’Infini) de Leopardi adaptée à l’âge des élèves de troisième d’une école publique professionnelle de commerce.

Après avoir défini le sens du mot idillio (idylle), qui vient du grec (eidýllion, diminutif de eídos : vision, cadre), et avoir informé les jeunes sur son évolution historique jusqu’à Leopardi, qui utilisait le terme « Idylles » pour certaines de ses œuvres, dans lesquels l’émotion lyrique jaillit de la contemplation d’un paysage, nous avons, ensemble, tiré du texte poétique les éléments du paysage, constitué essentielle-ment d’un coteau appelé populairement Mont Tabor, alors très boisé et hérissé de haies. Nous nous sommes ensuite mis en situation, nous avons imaginé que nous étions là-haut, loin du bruit, de l’agitation d’une ville ou d’un village, plongés dans le silence. Chacun a alors cherché à s’exprimer, en imaginant les sensations qu’il ressentirait : bien-être, mélancolie, repos, solitude, peur, béatitude. Au paysage appréhendé depuis son intérieur, nous avons ensuite ajouté autre chose : la couleur du ciel, un bleu vu au-dessus des arbres et des haies, une étendue impalpable sans confins. Donc quelque chose de non fini, de non délimité. En tendant l’oreille, nous avons cherché à entendre, unique voix de vie, un bruissement de feuille. Chaque jeune s’est ensuite efforcé de porter à la surface de sa conscience, à travers la mémoire, des sensations, des pensées, des sentiments éprouvés au cours de promenades à la campagne et auxquels il n’avait prêté jusque là ni oreille ni attention. Les jeunes étaient maintenant prêts à comprendre les significations de « l’Idylle », le cheminement de Leopardi à travers ce paysage, à imaginer l’infini et l’éternel, l’appréhension qu’ils peuvent inspirer, accompagnée toutefois d’une certaine joie insolite, et à comprendre comment, au milieu de tant de silence et d’espace sans fin, un simple bruissement de feuilles peut vous entraîner dans la réalité de la nature, de la vie quotidienne, dans la réflexion sur l’histoire, la vie terrestre, sa finitude douloureuse, et pourquoi Leopardi désirait en cet instant-là « se noyer dans l’immense mer de l’infini et de l’éternel ».

En définitive, les élèves, une fois compris le noyau de signification du texte, étaient placés en condition – chacun selon ses propres possibilités – d’apprécier la limpi-dité de la poésie, le raffinement avec lequel les pensées et les sentiments étaient exprimés. Ainsi s’était ouvert un passage aussi à une analyse formelle de « l’Infini », tant du point de vue de sa structure que de celui linguistique et métrique.

4. Une poésie qu’on a fait lire et comprendre ne peut pas ne pas pousser à envisager une telle question.

Précisément à ce propos, je recommence l’exercice d’analyse précédent exécuté par les élèves et par moi-même.

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Avant tout, nous nous sommes penchés sur les éléments physiques, objectifs, présents dans « L’infinito », en cherchant à les définir au mieux en recourant au dictionnaire : coteau = relief géophysique à mi-chemin entre hauteur et colline ; haie = abri constitué d’une disposition plus ou moins ordonnée de plantes arbustives ; plante = organisme vivant végétal ; vent = mouvement plus ou moins régulier ou violent de masses d’air atmosphériques provoqué par des différences de pression entre des points situés sur un même niveau et subissant la même gravité. Les jeunes ont tout de suite compris que chacune de ces choses est en soi réalité, un objet qui est hors de nous, scientifiquement, froidement descriptible. D’ailleurs, il n’a pas été du tout difficile de faire comprendre aux élèves ce qui change au moment où les objets externes entrent en contact avec notre œil, non plus comme vision extérieure, scientifiquement, objectivement définissable, mais comme cause de sensation profonde, détonateur de remous de mémoire, pensée, sentiment, vision intérieure de soi et du monde, c’est-à-dire de connaissance personnelle, subjective, pour laquelle un arbre, par exemple, d’organisme purement naturel qu’il est, devient un objet impliqué, pour une raison personnelle, dans notre imaginaire affectif.

Et la poésie, à cet égard, est l’exemple sans doute le meilleur pour ne plus faire oublier la distinction entre perception objective, c’est-à-dire avertissement de la réalité extérieure, et perception subjective ou avertissement d’ordre gnostique lié aux manières d’être inhérentes à chaque être humain.

5. La poésie, plutôt que d’être « enseignée », doit se sentir, se comprendre, s’aimer comme signe créatif de la plus haute conscience de l’homme, dévoilant l’in-commensurable richesse, aussi bien qu’artistico-culturelle, formatrice, symbole même de la diversité de la manière de se poser face au monde. Et ceci dans les écoles de partout dans le monde, puisque, en chaque lieu du monde, il existe des poètes, c’est chez eux que les écoles, souvent, devraient puiser une aide – sans rien retrancher au précieux travail des enseignants – en leur faisant rencontrer les jeunes, pour faire sentir la poésie telle qu’elle est, de la vive voix de celui qui la fréquente au quotidien. C’est peut-être là que réside la méthode la plus efficace pour faire converser les consciences des jeunes avec toutes les valeurs humaines, historiques, civiles, sociales et existentielles que la poésie incarne et exprime dans leur diversité.

MOTION Andrew (Royaume-Uni)

1. Comme quelque chose qui est essentiel à leur vie affective.

2. Concentration, énergie, surprise, compétence formelle et libération.

3. En réfléchissant par rapport au sujet.

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4. La question est trop compliquée pour qu’on puisse y répondre brièvement !

5. Oui, beaucoup. La plupart d’entre elles sont très bien décrites par la Poetry Society (Société de poésie) ici à Londres.

MULDOON Paul (Irlande du Nord/Etats-Unis d’Amérique)

1. Comme une manière de donner un sens au monde, qui ne diffère guère de la biologie en tant que système de révélation.

2. Ils devraient écrire en langage « prosaïque » et non « poétique ». Ils devraient être encouragés à écrire non pas à propos de ce qu’ils savent, mais à propos de ce qu’ils ne savent pas.

3. La chose la plus difficile à enseigner est ce que Keats appelait la « capacité néga-tive », une sorte d’ignorance sage. Les enseignants n’admettent pas de bonne grâce leur ignorance.

4. Je ne connais pas cette distinction.

5. Apprendre à écrire en prenant exemple sur d’autres textes. Écrire et lire font partie de la même activité.

SECK MBACKÉ Mame (Sénégal)

1. Comme un apport enrichissant la vie quotidienne mais surtout comme soupape spirituelle susceptible de les aider à enrayer l’angoisse des temps présents occa-sionnée par la quête frénétique du confort matériel.

Quand la poésie dit que le bois vit, elle peut expliquer, faire comprendre de manière agréable que ce même bois loue la grandeur du Seigneur.

2. En retournant aux sources pures de l’Afrique en général et du Sénégal en parti-culier pour recourir à la poésie appelée woi, à la différence de la prose appelée wêssar. Comme notre tradition orale est très poétique, il n’y a qu’une transposition à faire de l’oralité à l’écriture. Le Cheick Ahmadou Bamba Mbacké l’a bien illustré en utilisant les caractères arabes pour en faire des poèmes en wolof, poèmes d’un souffle extraordinaire et d’une très grande popularité.

3. En leur proposant la poésie, non pas comme un cours dogmatique où la rigueur est de rigueur mais comme des instants privilégiés de loisirs au point que les élèves l’attendent avec fièvre pour ensuite vivre dans la fièvre du moment, en pleine

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délectation et dans la fièvre d’une autre attente. Il va sans dire qu’il faut motiver l’en-seignant au point de vouloir vivre la poésie pour ensuite pouvoir la communiquer.

4. En les amenant à se regarder de l’intérieur d’abord puis regarder l’environnement et son charme et après cette perception superficielle d’abord pénétrer l’intérieur des choses qui nous entourent en progressant dans la profondeur des sentiments et sensations à la manière d’un zoom.

5. Oui au Sénégal : c’est la mémorisation pour la poésie des langues nationales écrites en caractères arabes. La meilleure méthode est de la dire à haute voix puis de la chanter. Ainsi beaucoup l’apprennent et la chantent pendant qu’elle est dite.

SILVA SANTISTEBAN Rocío (Pérou)

1. La poésie n’est pas un instrument, elle n’est pas un mécanisme intermédiaire permettant de parvenir à quelque chose ; la poésie est une fin en soi. C’est pour cela que parler de finalité est problématique. À quoi sert la poésie ? Seulement à stimuler ce que les adolescents, les jeunes et les adultes, surtout dans le tiers monde, ont mis en sommeil : le plaisir esthétique et la capacité de s’étonner devant le langage.

2. C’est difficile, mais le plus important serait d’insister sur le fait que la poésie cherche le plaisir du langage même, dans une nécessité intense d’élaborer des images, alors que la prose cherche la communication d’idées, de faits, de peurs, de surprises.

S’il existe des méthodes développées, je ne les connais pas. Je ne suis pas péda-gogue mais poétesse. Ce que je crois, c’est que, par la fonction émotive du langage, on peut arriver à sensibiliser un adolescent à des thèmes qui lui sont étrangers. Et, justement, la poésie met l’accent sur les émotions et la forme par laquelle ces émotions sont transmises avec les mots.

3. En premier lieu, ne pas apprendre par cœur les poèmes. Ce qui fait l’émotion dans la poésie, c’est justement le fait que, quand le lecteur « revient » sur le texte, il le « reconnaît » avec chaque fois davantage d’intensité. En apprenant par cœur, nous perdons cette capacité de refaire une rencontre avec notre lecture précédente qui va toujours être différente de la lecture présente. Apprendre par cœur un poème par devoir peut être – mais ne l’est pas toujours forcément – contre-productif.

En second lieu, il s’agit de stimuler chez le lecteur (enfant ou adolescent) la cons-truction de quelque chose de différent dans sa lecture du texte. C’est-à-dire que son « interprétation » ne se limitera pas à trouver les figures rhétoriques ou « le message » du texte, mais que le lecteur créera au contraire quelque chose à partir de ce texte (dessins, histoire racontée, pâte à modeler, etc.) et, de cette manière, il envisagera ses propres images.

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4. La poésie est justement un espace où on peut travailler ces différences pour souligner la manière dont nous, les êtres humains « construisons » des modèles d’interprétation de la réalité que nous croyons apparemment être objectifs, mais qui sont en réalité absolument subjectifs et porteurs d’énoncés de pouvoirs qui cachent des « biais », des « marques ». À cet égard, on a pu, par exemple, travailler avec la poésie orale ou aborigène (ce terme me met mal à l’aise mais je n’en trouve pas d’autre) et tester comment dans les différentes cultures existent des conceptions du monde totalement différentes et « riches de leurs différences » qui soulignent comment, l’arbre qui a, pour certains, une signification, aura dans une autre culture une signification différente.

5. Au Pérou, les enfants de sept ou huit ans sont extrêmement attirés par la poésie, essentiellement parce que les éléments prosodiques de celle-ci leur font découvrir le caractère ludique des mots et le jeu absolument libre que permettent les mots (les rondes et comptines enfantines ne sont-elles pas justement des jeux de mots, des devinettes ?), mais l’école, par un processus laborieux, constant et long, les exclut de cette forme de se rapporter au langage par ses méthodes carrées, cartésiennes, et cet empressement insupportable à tout rationaliser.

Parmi les méthodes sur lesquelles on pourrait travailler avec les jeunes de cycle secondaire, on peut citer les suivantes :

a) Qu’ils aient un « cahier de pensées » sur lequel ils inscriront tout ce qui leur vient à l’esprit, ils copieront des chansons, des poèmes, des phrases spirituelles, des plaisanteries et ils écriront ce qu’ils veulent, qu’ils dessinent, qu’ils interprètent. Ce cahier peut faire l’objet d’un bilan en fin d’année (une telle évaluation devra, bien entendu, être hétérodoxe).

b) Pratiquer la méthode surréaliste du « cadavre exquis » : un élève commence un poème et un autre poursuit (sans lire la phrase précédente) et ainsi de suite jusqu’à ce que le texte atteigne une quinzaine de lignes. On peut travailler en groupes de quatre ou cinq.

c) Composer des poèmes parodiques et satiriques. Imiter les classiques, rompre avec l’idée qu’il ne faut pas toucher à ce qui est canonique et classique. Écrire des sonnets irrévérencieux. Lire les auteurs « interdits ».

d) Travailler avec des paroles de chansons récentes (le rap est une manière de mettre en langage rythmique les problèmes de beaucoup de jeunes d’aujourd’hui, même si les paroles sont souvent violentes et banales, ce pourrait être une manière « d’entrer » dans les intérêts des jeunes).

e) Travailler avec de multiples auteurs contemporains, des jeunes, qui d’une manière ou d’une autre posent un regard littéraire proche de l’univers des adolescents, pour ensuite passer aux classiques.

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STÉTIÉ Salah (Liban/France)

1. La poésie n’explique pas la vie. Elle donne la vie à sentir et à voir . Le poème, avec les mots de la langue, tente de donner une équivalence à une situation donnée, vécue ou rêvée et la finalité de toute poésie est de permettre une capture d’un instant du réel dans ce qu’il est et dans ses prolongements imaginaires et/ou spirituels.

2. La prose donne les instruments qu’il faut pour analyser, enchaîner les effets et les causes, comprendre intellectuellement les motifs et les ressorts, le pourquoi et le comment des êtres et des choses. La poésie se contente de montrer violemment les êtres et les choses dans leur lumière sans donner ni le comment ni le pourquoi. « La rose est sans pourquoi » dit Angelus Silesius. Les enseignants se doivent d’expliquer que le mystère du poème est parallèle à l’énigme d’exister. Il faut qu’ils agissent non point didactiquement, mais subtilement, intuitivement, en jouant sur le clavier sensible : œil, oreille, cœur, etc.

3. Les enseignants peuvent et doivent montrer comment une image poétique est une « condensation » du réel, obtenue par l’expérience du poète qui sait, à la manière de la vie, mettre en vis-à-vis les contraires et faire en sorte que, de cet affronte-ment, jaillisse une étincelle éclairante. Les images aident à synthétiser et à décanter la réalité vécue tout en montrant qu’elle se prolonge au-delà de « nous » dans une vaste zone d’échos et de résonances. L’image permet de voir et d’éclairer ce qui est caché ou ce qui est non aperçu.

4. La perception objective et la perception subjective sont des notions dépassées. Certes, on peut estimer que l’objet qui a une existence en soi doit être palpé, mesuré, compris, situé en tant que tel dans l’économie de l’univers. Mais le propre de la poésie (celle d’un Rilke par exemple) est de montrer que tout objet du monde « extérieur » a une présence dans l’homme et au sein de son intériorité : la poésie est une saisie du monde par la réfraction de celui-ci dans la langue qui est l’iden-tité de l’homme.

5. La pratique populaire de la poésie est encore vivace au Liban et dans l’ensemble du monde arabe. Il y a là un terreau fécond pour que naisse, par une heureuse « conta-mination », l’accès à une poésie plus ambitieuse et plus élaborée.

VILLALTA Gian Mario (Italie)

1. Je souhaite que la poésie soit présentée aux adolescents depuis l’intérieur d’une expérience vécue par des lecteurs et des passionnés, comme quelque chose qui mérite avant tout attention et écoute (afin d’éduquer l’écoute et l’attention envers l’expression humaine dans un de ses moments les plus sublimes et synthétiques – mais il ne convient pas d’employer ces grands mots avec les adolescents).

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Il faudrait se demander avant tout pourquoi la poésie ne soulève pas l’intérêt des enseignants, qui en savent généralement bien peu, et qui, s’ils en savent davantage, l’ont appris en étudiant de manière abstraite et « par échantillons ».

Les adolescents ont beaucoup plus de mal que les enfants et les adultes à approcher la poésie lyrique, leur monde intérieur étant centripète, fixé sur les rares thèmes qui sont les leurs et s’ouvrant à grand-peine sur les sentiments d’autrui. Je le dis par expérience : la poésie narrative ou comique est plus facile à proposer. Ou alors, il faut faire en sorte qu’ils présélectionnent les sujets et qu’ensuite l’enseignant trouve des passages adaptés pouvant cadrer avec les exigences manifestées.

2. La poésie a une nature différente de celle de la prose et pas seulement une forme différente. De fait, la poésie précède la prose, qui comporte l’assimilation de l’écri-ture et de son processus de rationalisation.

Nous avons tous au fond de nous en revanche une compréhension profonde et intuitive du geste-parole. Dans la poésie, la trace corporelle de l’expression verbale reste à plus d’un égard présente. Je dirais même plus : le lien moteur qui lie perception et expression devrait ressortir – si nous voulons, même si en Italie cela se comprend peu, puisque nous sommes plus proches de la parole théâtrale. Du théâtre, si possible, apprendre une didactique du mot vivant.

Structuralisme, formalisme et écoles sémiotiques d’analyse textuelle sont trop souvent la didactique du mot embaumé. Et elles se marient à la perfection avec un savoir privé d’expérience.

3. Si l’on insiste sur le fait que les enseignants devraient être choisis parmi ceux qui effectivement ont de l’expérience en matière de poésie, la logique profonde des images ne se modifie pas en passant de la parole à la représentation graphique ou à la séquence vidéo. Différent est le rôle du moyen, de même qu’est différent le niveau sur lequel se situe l’accroche interprétative : les possibilités d’une « traduc-tion » sont cependant très ouvertes. À ce propos, observons par exemple que le « ton » expressif des mots vaut autant que le fond à partir duquel l’image attire l’at-tention, ou que le « rythme » a à voir avec la vitesse du montage. Je crois que les rapports entre le cinéma et la poésie sont bien plus féconds que ceux qui existent entre la poésie et le roman, et que les deux langages techniques peuvent se rencon-trer à l’occasion.

4. Je préférerais distinguer entre référentiel (effort vers une correspondance avec l’objectivité) et expressif (effort vers une correspondance avec la subjectivité) : une des premières découvertes qu’on fait en didactique de la poésie est que non seule-ment, comme chacun peut s’y attendre, un certain engagement est nécessaire pour atteindre un degré acceptable de « référentialité », mais – et les adolescents ont du mal à le croire – qu’il faut un effort tout aussi grand pour trouver un niveau à peine plus profond de vraie expressivité.

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Ce que je suggère, c’est de faire usage de langages techniques et de les mettre en regard avec des passages judicieusement choisis de poésie : la maison, l’automobile, un champ, un pont, le corps humain – approfondir l’aspect d’efficacité référentielle (pour découvrir « l’étrangeté » d’un discours technique, c’est-à-dire les descriptions des géomètres, ingénieurs, arpenteurs, anatomistes). Ensuite, même thème, autres discours « techniques » : publicité, production industrielle, etc. Enfin, qu’on les mesure avec le discours « commun », son efficacité référentielle non spécialisée mais, par le biais du processus poétique, ô combien spéciale. Qu’on les confronte avec la poésie.

5. Non, ces méthodes n’existent pas. On a beaucoup fait pour les enfants (et pas toujours de manière heureuse) des classes maternelles et de l’école de l’obligatoire. Pour les cycles secondaires, on propose, en substance, les déchets de l’apprentis-sage universitaire des enseignants.

WOLDE-EYESUS Haddis (Éthiopie)

1. • Comme un moyen de communication qui traduit les sentiments et les émotions sans être verbeux.

• Comme une nouvelle forme d’expression qui décrit la nature d’une manière concise mais concrète.

• Comme une expression qui nourrit l’esprit et qui développe l’imagination.• Comme un moyen d’aider à imprimer des idées dans l’esprit des personnes.

2. Le langage poétique émeut et suscite des sentiments tendres. Il exprime les choses sur un mode bref mais puissant. Le langage prosaïque est quant à lui plus long et monotone.

Les méthodes que je suggère sont les suivantes :

a) Lire des poèmes (sur certains sujets) régulièrement pour susciter l’intérêt des adoles-cents (à l’aide d’enregistrements sur bande magnétique, disques compacts, etc.).

b) Demander aux adolescents de recueillir des poèmes à partir de livres ou en demandant aux gens autour d’eux.

c) Les encourager à écrire des poèmes eux-mêmes (pas pour les noter mais pour le plaisir qu’ils peuvent en tirer).

d) Rassembler leurs poèmes dans un fascicule.

3. 1) Lire un poème à un groupe de jeunes. Demander à chacun ce qu’il ou elle ressent et pense. Chacun pense différemment. Ne pas s’attendre, donc, à une réponse unique. Inviter les jeunes à en discuter.

2) Montrer des films, visiter des lieux d’art, voir des paysages.

3) Demander aux jeunes de dessiner ce que leur inspirent les textes poétiques.

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4. En mettant à profit les idées suggérées en réponse à la question n° 3.

5. Les enfants commencent par écouter des poèmes dans les églises et chez eux. Ainsi, la poésie leur devient familière depuis leur plus jeune âge. Elle fait partie de leur vie et ils savent l’apprécier. La poésie est présente dans les programmes scolaires. Il y a des clubs de poésie, des soirées de poésie et des concours de poésie dans les écoles et dans des lieux publics. Les meilleurs sont toujours récompensés.

Les parents demandent aux enfants d’écrire des poèmes à Noël et à l’occasion d’autres vacances.

WOLDE-SADIK Neway (Éthiopie)

1. Il est très important de faire attention et de penser au sujet, poésie ou poème, en particulier s’agissant d’adolescents. Je dirais même, que le moment est opportun.

C’est très bien de penser de la sorte et le partager comme un point de vue ou propos universel. Ce sont les adolescents qui, à leur âge, réfléchissent sur les poèmes ou sur la poésie et s’en servent pour exprimer leur amour et affection envers ceux qu’ils aiment, ceux qu’on appelle les petit(e)s ami(e)s.

2. Il est nécessaire, pour avoir une bonne connaissance de la littérature, d’avoir des bases de grammaire. La maîtrise des huit parties du langage est importante, de même que la connaissance du maniement du contexte, de la syntaxe et de la sémantique. Le choix et l’emploi de la langue pour la poésie et la prose sera facile et peut s’opérer avec sagesse, notamment si l’on a une solide connaissance de la gram-maire. La méthode et les documents sont essentiels pour enseigner la poésie. On peut recourir aux analogies et aux comparaisons, par exemple « courageux comme un lion », « tendre comme... », « beau comme un papillon », etc. (On peut développer une réflexion sur l’analogie entre brave et lion, etc. Le papillon est beau grâce à toutes ses couleurs, etc.).

3. En utilisant de bons exemples tirés de livres ou de son imagination. Montrer ou expli-quer un passage tiré d’œuvres classiques, par exemple du Jules César de Shakespeare, le discours ou l’appel de Marc Antoine, « Compatriotes, prêtez-moi vos oreilles ! Je suis venu enterrer César... » (Comment peut-on « prêter ses oreilles » à d’autres ? En débattre en vue d’une explication et une compréhension plus poussées. Ceci peut aider à inspirer le sentiment de l’expression poétique des mots « prêtez-moi vos oreilles » dans l’esprit de l’élève).

4. Pour la perception subjective, demander aux élèves d’écrire sur leurs propres senti-ments. Pour la perception objective, leur donner un objet réel et leur demander

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d’écrire dessus (de le décrire) brièvement. Les poèmes ou la poésie sont souvent trop concis et précis (exacts). C’est à l’enseignant de leur donner une indication, car certains mots tendent souvent à être subjectifs dans leur sens ou dans leur usage, plutôt qu’objectifs.

Par exemple :

penser = subjectif

dire = objectif

Je pense est indéfini, donc subjectif : Je pense que vous avez tort.

Je dis est défini : Je dis que vous avez tort.

5. Le temps et les événements sont de bons facteurs pour enseigner méthodiquement.

En temps de guerre – sur l’héroïsme et le sentiment national.

En temps de catastrophe, naturelle ou provoquée par l’homme, on peut apprendre [les élèves] sur les sentiments de compassion ou combien est dur, douloureux et laborieux l’évènement, c’est-à-dire quand on l’associe avec les pertes ou les coûts humains et matériels.

WORKSHOP (Atelier de Medellín 1999) : DUTTON Paul (Canada)

1. En les invitant à se lire les uns aux autres les plus grands poèmes de leur littérature, et même ceux qui sont moins « grands ».

2. En réponse à la première partie de la question : Je veux qu’ils ne s’en soucient pas. Ces distinctions ne sont pas absolues et il revient à chacun de percevoir cette différenciation, s’il le souhaite.

En réponse à la deuxième partie de la question : Il y a beaucoup de livres sur ce sujet mais je crois qu’il est largement plus important d’inciter les enfants à aimer les mots et à valoriser leurs qualités sensuelles (sonores, visuelles). Que l’on apprenne à aimer la langue pour ses propres qualités sensuelles et les idées et émotions suivront d’elles-mêmes.

3. En leur lisant de la poésie que les enseignants eux-mêmes aiment passionnément. Si un enseignant n’aime pas passionnément la poésie, il ne devrait pas être auto-risé à « l’enseigner ». Les enseignants doivent EN PREMIER LIEU amener les élèves à aimer les mots, la langue et la poésie. La visualisation et l’attention naîtront alors naturellement. La poésie DOIT D’ABORD ÊTRE RESSENTIE (lue, entendue) et non analysée.

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4. J’estime que ce n’est pas un objectif légitime pour l’étude de la poésie. C’est la psychologie qui doit être « employée » à cet effet. La poésie ne doit pas être utilisée, mais bien éprouvée - physiquement avec les yeux, les oreilles, la réaction du corps au rythme et à la pulsation. La poésie n’est pas un instrument à usage pragmatique mais un art, une nourriture de l’esprit.

5. Je ne sais pas.

WORKSHOP (Atelier de Medellín 1999) :RAKEI Fatema (Iran)

1. On devrait les instruire sur ce qu’est la poésie et ce qui la distingue des autres formes de littérature et ensuite leur soumettre quelques bons extraits de grande poésie clas-sique et contemporaine.

2. Je pense qu’il faudrait élaborer des livres différents de ceux qu’on connaît et que les enseignants eux-mêmes se familiarisent avec les méthodes en participant à des ateliers et, enfin, qu’on leur demande à tous d’avoir des méthodes similaires d’enseignement de la littérature et de différencier le langage poétique du langage prosaïque, pour ne parler que de cela.

3. Comme je l’ai dit ci-dessus, ils devraient d’abord se familiariser avec des méthodes adaptées à ces domaines et on devrait justifier à leurs yeux que les images sont importantes en poésie.

4. Tout ceci exige une formation des enseignants dans ces domaines et aussi d’imprimer des manuels scolaires qui insistent sur ces aspects en présentant des exemples les illustrant clairement.

5. Dans mon pays natal (l’Iran), les enseignants et l’administration chargée de la culture veillent à l’application de telles méthodes et certains comités ont été formés pour réfléchir sur le sujet. Je suggère qu’on désigne un comité international chargé d’une réflexion en la matière.

WORKSHOP (Atelier de Medellín 1999) : ANONYME 1

1. En leur faisant valoir que c’est amusant.

2. Les enseignants doivent être des poètes pour ressentir cette différence. La méthode consiste à tomber juste en écriture, lecture, écoute de la poésie. Demander aux élèves ce qui, à leur sens, est poétique.

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3. Les élèves doivent sentir qu’ils aiment l’émotion qu’une image peut donner. Ils doivent apporter eux-mêmes des images : Qui es-tu ? – Je suis un oiseau fou. Qui es-tu ? – Fuego negro.

4. En leur faisant s’essayer à la description objective, par opposition à la sensation subjective, l’imagination. N’avez vous jamais eu une perception objective ?

5. En invitant des poètes intéressants que les élèves reconnaissent comme étant des leurs.

WORKSHOP (Atelier de Medellín 1999) :ANONYME 2 (Pays-Bas)

1. En lisant de la poésie avec eux. En leur demandant leur opinion. En les stimulant quand ils veulent eux-mêmes écrire de la poésie.

2. Avant tout, l’enseignant lui-même doit être intéressé par la poésie. Il pourrait comparer les langages poétique et prosaïque. En général, la poésie offre une meilleure possibilité d’exprimer des sentiments et des émotions.

3. Cela dépend de l’enseignant et de la situation. En Hollande, beaucoup d’écoles secondaires accueillent des enfants qui peuvent être parfois de plus de vingt origines différentes. Des projets de traduction peuvent être très utiles et importants.

4. En les stimulant à écrire eux-mêmes de la poésie. On dit que dans chaque personne se cache un poète. Essayer de rendre cette idée claire et compréhensible afin que les élèves comprennent que la poésie fait partie de l’humain.

5. Les poètes qui vont lire dans les écoles. En Hollande, nous avons une fondation d’écrivains et poètes qui s’appelle École et Société et qui est soutenue par le Ministère de la Culture.

WORKSHOP (Atelier de Medellín 1999) : ANONYME 3

1. Je considère qu’il est absolument fondamental que le projet soit élargi sur tous les plans pour contribuer à une formation créative et sensible.

2. Disons qu’il n’existe pas de méthodes formelles, mais que chaque incursion et exploration de la poésie passe par la sensibilité et le désir. Des méthodes en mouve-ment et changeantes.

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3. Plus que motiver, il faut parler d’inciter et de provoquer les jeunes en direction de la poésie, qui est un moyen d’être dans le monde, d’aborder la réalité en tant qu’élément transformateur.

4. L’enseignant devrait avoir à cœur la poésie et être absorbé par elle, sinon, c’est inutile et banal. L’enseignant doit être habité par l’esprit poétique.

5. A l’université, je donne des cours de poésie. Nous y employons une méthode qui consiste à inventer et à chercher le sens. Il ne faut pas penser. La poésie, c’est l’imprévisible.

YIMAM Baye (Éthiopie)

1. Par « adolescents », j’entends les élèves de l’école secondaire. Je voudrais voir la poésie dans tous ses aspects essentiels, tant esthétiques que pédagogiques, intégrée dans la partie linguistique du programme scolaire. Elle peut aider à acquérir des apti-tudes en communication et à apprécier les aspects esthétiques de l’écrit alors que les élèves sont encore jeunes, donc flexibles.

2. En Éthiopie, la poésie est fondée sur un système de combinaisons de rimes. Il n’existe pas de poésie de vers libres comme on peut la trouver dans d’autres langues. Il est donc aisé pour les enseignants de distinguer ce qui est expression poétique de ce qui ne l’est pas. Je ne suis pas sûr qu’il y ait des méthodes pédagogiques qui soient uniquement applicables en Éthiopie ou qui ne fonctionnent qu’avec les élèves éthio-piens. Les méthodes sont générales mais les problèmes peuvent être propres à un lieu et se développer progressivement pour devenir universels.

3. À ce propos, les enseignants doivent être formés dans le travail poétique et dans l’emploi et l’analyse du langage poétique. Ils doivent être à la fois de bons versifica-teurs et de fins analystes de la poésie.

4. Ils peuvent aider les élèves à discerner différents types de perception grâce au recours aux images, au symbolisme et à un usage allégorique du langage. Cela les aidera à voir les choses sous un angle à la fois objectif et subjectif.

5. Je ne crois pas qu’il y ait des méthodes efficaces d’enseigner la poésie qui soient spécifiques en Éthiopie ou aux élèves éthiopiens. De telles méthodes, qu’elles soient efficaces ou non, sont générales mais les questions traitées doivent être locales dans un premier temps, pour ensuite se développer et devenir universelles, à mesure que les élèves deviennent plus mûrs dans l’art et le travail du langage.

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Nom et pays de résidence : Ama Ata AIDOO, Ghana

Pays de naissance : Ghana

Langue(s) de travail : anglais, akan

■ Publications :

Collection de poèmes :

- Someone Talking to Sometime- An Angry Letter in January- et d’autres poèmes.

Romans :

- Our Sister Killjoy- Changes

Nouvelles :

- No Sweetness Here- The Girl Who Can

■ Autres activités professionnelles : Professeur d’université ; Consultant en question de genre et éducation.

■ Prix / Distinctions :- 1987 : Prix de poésie « Nelson Mandela ».- 1982 : Premier prix international du « Pen Women’s Travel ».- 1982 : « The Commonwealth Writers’ for Africa » (pour le roman Changes), etc.

Nom et pays de résidence : Abdulaziz Saud AL-BABTAIN, Koweït

Pays de naissance : Koweït

Langue(s) de travail : arabe et anglais

■ Publications :Premier volume de poèmes, Buh al-bawadi (L’étendue des déserts) publié en 1995

■ Autres activités professionnelles :- Important homme d’affaires koweïtien, avec de considérables intérêts commerciaux et

industriels dans les secteurs pétrochimique et agroalimentaire en Europe, aux États-Unis, en Chine et au Moyen Orient, et des investissements dans plusieurs pays arabes.

- Membre de la Ligue d’écrivains de Koweït.- Membre du Conseil de la Faculté de Littérature, Université de Koweït.- Membre du Conseil du Fonds Charitable pour la Culture de Koweït.- Il a consacré beaucoup de temps, argent et efforts à des actions charitables.

Voici un résumé :

I. Dans le domaine de l’éducation et la culture :

Il a fondé plusieurs prix et établi divers fondations, écoles et collèges, tels que :- Un prix annuel de US$ 100,000 connu comme le Prix Abd al-Aziz Saud Al-Babtain /

Descendants de l’Imam Al-Bukhari; l’objet du prix c’est la promotion de la restauration des anciens liens culturels entre le Koweït et les États islamiques nouvellement indépendants ;

- La bourse de la fondation koweïtienne Saud Al-Babtain Kuwaiti; depuis 1991, la Fondation octroi 100 bourses par an aux étudiants venus des pays islamiques des répu-bliques d’Asie Centrale, pour leur permettre d’étudier à l’Université Al-Azhar au Caire ; par ailleurs, la fondation décerne cinq bourses par an aux étudiants du Maroc, cinq aux étudiants du Niger, et cinq aux étudiants d’Ouganda et Mali ; La Fondation couvre les coûts de logement, scolarité, voyage par avion, visas, nourriture, habillement, livres, frais divers et dépenses de santé pendant leur séjour au Caire ; jusqu’à présent, un total de 522 étudiants a bénéficié de ces bourses ;

- L’école secondaire « Président Hosni Mubarak », l’école secondaire « King Fahd », l’école secondaire « Sheikh Jaber al-Ahmad al-Sabbah » en Égypte en octobre 1990, et l’école « Dranga » au sud du Caire ;

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- Deux écoles, toutes les deux appelées « Kuwait School », à Qana au Liban[...]- The Kuwait-Morocco Friendship School (l’Ecole de l’Amitié Koweït-Maroc) dans la ville

de Marrakech au Maroc ;- The Kuwait-Morocco Solidarity Secondary School (l’Ecole de la Solidarité Koweït-Maroc)

dans la ville de Guelmin au Maroc ;- L’École secondaire « Sheikh Muhammad Min al-Shanqiti » à Basra en Irak ;- Le Collège d’études islamiques « Abd al-Rahman Al-Babtain Kuwaiti » à Almaty,

Kazakhstan ;- L’Ecole koweïtienne au Kirghizstan ;- L’Ecole « Ahmad ibn Abd al-Aziz » et l’école Kuwait dans la République du Mali en Afrique ;- Le Collège de littérature « Saud Al-Babtain Kuwaiti » à l’Université musulmane Aligarh

en Inde ;- L’École koweïtienne dans la ville de Quetta au Pakistan.

II. Projets humanitaires :

- A fondé le Centre de grands brûlés et chirurgie réparatrice « Saud Abd al-Aziz Al-Babtain » au Koweït. Ceci est le premier hôpital de ce type au Moyen Orient.

- A fourni des fonds pour l’établissement du « Kuwaiti Medical Centre » dans la région d’Arabistan de la République islamique d’Iran.

- A fondé le « Saud Al-Babtain Festival Hall » (entrée gratuite) à Riyad. C’est le premier établissement de ce type en Arabie Saoudite.

- A commencé l’établissement du « Centre de Cardiologie Saud Al-Babtain » dans la Province Orientale du Royaume d’Arabie Saoudite.

■ Prix / Distinctions :- Docteur Honoris Causa de l’Université de Tachkent pour ses contributions à l’enrichisse-

ment de la culture islamique.- L’Ordre du Mérite Culturel, Première Classe, par le Président de République de Tunisie.

Nom et pays de résidence : Ghazi AL-GOSAIBI, Arabie Saoudite

Pays de naissance : Arabie Saoudite

Langue(s) de travail : arabe et anglais

■ Publications :- 13 volumes de poésie et 30 de prose.

■ Autres activités professionnelles : -

■ Prix / Distinctions : -

Nom et pays de résidence : Mansour Bin Ibrahim AL-HAZMI, Arabie Saoudite

Pays de naissance : Arabie Saoudite

Langue(s) de travail : arabe

■ Publications :- Muhammad Farid Abu Hadid, katib al-riwayah (« Muhammad Farid Abu Hadid, romancier »).- Mu’jam al-masadir al-suhufiyyah li-diràsat al-adab wa’l-fikr fi’l-mamlakah al-‘arabiyyah

al-su’udiyyah (« Répertoire de Sources Journalistiques pour l’étude de la littérature et la pensée dans le Royaume d’Arabie Saoudite »).

- Fi’l-qissah fi’l-adab al-su’udi al-hadith (« Sur la nouvelle dans littérature saoudienne moderne »).

- Mawaqif naqdiyyah (« Positions critiques »).- Fi’l-bahth ‘an al-waqi’ (« A la recherche de la réalité »).- Salif al-awan (« Dans d’autres temps »).- Ashwaq wa-hikayat (« Désires et histoires ») – volume de poésies.

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■ Autres activités professionnelles : -

■ Prix / Distinctions :- Médaille Royale du Mérite, première classe.- Grande Médaille d’Or de l’Organisation pour l’Éducation, la Culture et la Science de la

Ligue arabe.- Prix d’honneur des dirigeants du Conseil de Coopération du Golfe.

Nom et pays de résidence : Urbain AMOA, Côte d’Ivoire

Pays de naissance : Côte d’Ivoire

Langue(s) de travail : français

■ Publications :- Les bruits du silence suivi de Les chaînes de la liberté, CEDA, Abidjan.- Les braises de la lagune, Edilag, Abidjan.- Un bouquet de rêves pour Madagascar (inédit).- Les fonds du Paradis, théâtre, Ed. Passerelles.

■ Autres activités professionnelles :- Enseignant-Chercheur à l’École Normale Supérieure d’Abidjan.- Directeur de la Planification et de l’Evaluation, Ministère de l’Enseignement Supérieur et

de la Recherche Scientifique.

■ Prix / Distinctions :- Chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres de la République française.

Nom et pays de résidence : Léon Maurice ANOMA KANIE, Côte d’Ivoire

Pays de naissance : Côte d’Ivoire

Langue(s) de travail : français

■ Publications :- Poésies, romans, nouvelles, pièces de théâtre, contes, chansons.

■ Autres activités professionnelles :- Ambassadeur de Côte d’Ivoire, conférencier, journaliste, attaché de presse du Président Houphouët-Boigny.

■ Prix / Distinctions :- Prix de Poésie « Le jasmin d’argent » – Prix de littérature et de poésie, Paris.- Officier des ordres nationaux : Côte d’Ivoire, Haute Volta, Madagascar.- Grand officier de l’ordre équatorial (Gabon).- Grand officier de l’ordre de Rio Branco (Brésil).- Conseil Magistral de la Chaîne des Rôtisseurs.- Membre de l’Organisation Mondiale des Poètes (crée par S.S. Senghor).

Nom et pays de résidence : Jorge ARBELECHE, Uruguay

Pays de naissance : Uruguay

Langue(s) de travail : espagnol

■ Publications :

Poésie :- Ágape.- Alfa y Omega.- El hilo de la lumbre.- A Federico.- La casa de la piedra negra.- Alta noche.- Sangre de la luz, etc.

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Essais :- Responsabilidad de la poesía.- El amor y la muerte en la poesía Española, etc.

■ Autres activités professionnelles :- Ancien Inspecteur de Littérature dans l’enseignement secondaire.- A présent, Directeur du Département de Littérature du Ministère de l’Éducation et de la

Culture.

■ Prix / Distinctions : -

Nom et pays de résidence : Asocio de Opiniones de Escritores, Costa Rica

Langue(s) de travail : espagnol

■ Publications :- Variées.

■ Autres activités professionnelles :- Professeurs d’espagnol, de philosophie et de linguistique.

■ Prix / Distinctions :- Tous sont de poètes reconnus au Costa Rica.

Nom et pays de résidence : Fékadé AZEZE, Éthiopie

Pays de naissance : Éthiopie

Langue(s) de travail : anglais, amharique

■ Publications :- Chuhät (Cris) – une collection de poèmes en amharique, mai 1993.- Eyyähedku Alhédem (Je marche sans faire des pas) – poèmes en amharique, 1997, réédités

en 1999.- Ayya Goshemé (Père Goshemé) – poèmes en amharique, 1997.- Unheard Voices : Drought, Famine and God in Ethiopian Oral Poetry. Addis Ababa

University Press, 1998 (en anglais).- An Introduction to Oral Literature, Alpha printers, 1999 (en amharique).

■ Autres activités professionnelles :- Recherche sur la littérature éthiopienne.- Recherche sur la littérature orale éthiopienne.- Recherche sur la littérature orale africaine.- « Scientifique Invité » – Université de Trondheim, Norvège. Parrainé par l’Université

d’Addis-Ababa et le Centre pour l’Environnement et Développement, Université de Trondheim, 1992.

(Membre de divers associations professionnelles.)

■ Prix / Distinctions :- DAAD – 1996

Nom et pays de résidence : Jean BLOT, France

Pays de naissance : France

Langue(s) de travail : français

■ Publications :

Poésie :

- Là où tu iras.- Vue du train, etc.

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Essais :

- Mandelstam.- Gontcharov.- Moïse, etc.

Romans :

- Les cosmopolites.- Tout l’été, etc.

■ Autres activités professionnelles :- U.N., UNESCO, PEN Club.

■ Prix / Distinctions :- de l’Académie, des critiques, Valery Lucebanel, etc.

Nom et pays de résidence : Tanella BONI, Côte d’Ivoire

Pays de naissance : Côte d’Ivoire

Langue(s) de travail : français

■ Publications :- Labyrinthe (1984, poèmes).- Une vie de Case (1990, roman).- De l’autre cote du soleil (1991, jeunesse).- La fugue d’Ozone (1992).- Grains de sable (1993, poèmes).- Les baigneurs du Lac Rose (1995, roman).- Il n’y a pas de parole heureuse (1997, poèmes).- + inédits (à paraître).

■ Autres activités professionnelles :- Professeur titulaire au Département de Philosophie, Université de Cocody, Abidjan.- Critique. Collabore à des revues culturelles (Agricultures, Mots Pluriels- revue électro-

nique, etc.)

■ Prix / Distinctions :- Chevalier de l’Ordre du Mérite Culturel de Côte d’Ivoire.

Nom et pays de résidence : Domenico CADORESI, Italie

Pays de naissance : Italie

Lange(s) de travail : italien et friulien

■ Publications :- Huit collections de poésie, deux de fiction, une anthologie pour les écoles.- Encyclopédie de 13 volumes sur Friuli-Venezia Giulia.

■ Autres activités professionnelles :- Trente-huit ans enseignant l’histoire et la philosophie.- Organisateur d’évènements culturels. A fondé trois prix littéraires ; le prix national de

poésie « Dino Menichini » octroyé le 23 octobre.

■ Prix / Distinctions :- Ceux-ci ne l’intéressent pas.

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Nom et pays de résidence : Nangala CAMARA, Côte d’Ivoire

Pays de naissance : Côte d’Ivoire

Langue(s) de travail : français

■ Publications :

Poésie :

- Mélancolie.- Monotonie.- Chants incantatoires.- Amarres rompues.

Nouvelles :

- Révélation.

Roman :

- Le printemps de la liberté.

■ Autres activités professionnelles :- Professeur de mathématiques et de physique.

■ Prix / Distinctions :- Lauréat du concours des CEDA (Centre d’Editions et Diffusions Africaines) « Racontes-moi

une histoire », 1989.- Lauréat du concours des CEDA (Centre d’Editions et Diffusions Africaines) « Une histoire

pour l’an 2000 », 1999.

Nom et pays de résidence : Georges-Emmanuel CLANCIER, France

Pays de naissance : France

Langue(s) de travail : français

■ Publications :

Poésie :

- Le paysan céleste (Collection Poésie, Gallimard).- Peut-être une demeure (Gallimard).- Oscillante parole (Gallimard).- Le poème hanté (Gallimard).- Passagers du temps (Gallimard).

Sur la poésie :

- La poésie et ses environs (Gallimard).- Dans l’aventure du langage (P.U.F.).- Panorama érotique de la poésie française : 1 er Tome : de Chénier a Baudelaire ; 2 ème Tome : de Rimbaud au Surréalisme (Éditions Seghers).

■ Autres activités professionnelles :- Ancien Vice-président de la Commission française pour l’UNESCO.- Ancien Directeur adjoint à l’O.R.T.F. (Office de Radio-télévision française).- Membre de l’Académie Mallarmé.- Vice-président International du PEN Club.

■ Prix / Distinctions :- Grand Prix de Littérature de l’Académie française.- Grand Prix de Littérature de la Société des Gens de Lettres.- Président du jury du Prix Apollinaire.

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Nom et pays de résidence : Bernard DADIÉ, Côte d’Ivoire

Pays de naissance : Côte d’Ivoire

Langue(s) de travail : français

■ Publications :

Poèmes :

- Afrique Debout (1951).- La Ronde des jours.- Homme de tous les continents.

■ Autres activités professionnelles : -

■ Prix / Distinctions : -

Nom et pays de résidence : Sandu DAVID, Israël

Pays de naissance : Roumanie

Langue(s) de travail : hébreu

■ Publications :- Sept collections de poèmes (traduits dans 12 langues).- Deux anthologies de traductions du roumain vers l’hébreu.

■ Autres activités professionnelles :- Agriculture (vergers de citronniers) et autres activités économiques apparentées.- Président du Centre PEN d’Israël.

■ Prix / Distinctions :- Prix ACUM, 1985.- Prix du Ministère de la culture roumain pour des traductions du roumain, 1996.

Nom et pays de résidence : Honor FORD-SMITH, Canada/Jamaïque

Pays de naissance : Canada

Langue(s) de travail : anglais, créole jamaïquain

■ Publications :- My Mother’s Last Dance (1997), Sister Vision Press, Toronto.- Lionheart Gal (1986), Women’s Press, Londres.

■ Autres activités professionnelles :

Conférences :

- Cultural Pluralism and the Arts, Université de Toronto à Scarborough [Dept: Visual & Performing Arts & Arts Management].

■ Prix / Distinctions :- Médaille « Musgrave », Institute of Jamaica.

Nom et pays de résidence : Berhanu GEBEYEHU, Éthiopie

Pays de naissance : Éthiopie

Langue(s) de travail : amharique

■ Publications :- Introduction à la poésie amharique (matériel didactique soumis à une maison d’éditions locale).- Un nombre d’articles, essais et critiques sur la poésie (en amharique).

■ Autres activités professionnelles :- Conférencier sur la poésie (amharique) et traditions orales, Département des Langues et

Littérature Éthiopiennes, Université d’Addis-Ababa, Éthiopie.

■ Prix / Distinctions : -

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Nom et pays de résidence : Paolo GENTILUOMO, Italie

Pays de naissance : Italie

Langue(s) de travail : italien

■ Publications :- Novene irresistibili, Periferia, Cosenza, 1995.- Catalogo, Zona, Lavagna, 1998.- et des publications dans des revues, catalogues, anthologies.

■ Autres activités professionnelles :- Organisateur d’événements théâtraux ; superviseur de cours de poésie dans des écoles

primaires et secondaires.

■ Prix / Distinctions : -

Nom et pays de résidence : Zirignon GROBLI, Côte d’Ivoire

Pays de naissance : Côte d’Ivoire

Langue(s) de travail : français

■ Publications :- Épaves, 1981.- Dispersions, Silex, 1982.- Point de Suture, Silex, 1989.

■ Autres activités professionnelles :- Psychothérapeute.

■ Prix / Distinctions : -

Nom et pays de résidence : Jaime Pablo GUEVARA MIRAVAL, Pérou

Pays de naissance : Pérou

Langue(s) de travail : espagnol

■ Publications :- Retorno a la creatura (Madrid, Cooperación Intelectual) 1957.- Los habitantes (Lima, La Rama Florida) 1963.- Crónica contra los bribones (Lima, Milla Batres) 1965.- Hotel del Cusco (Lima, Institut National de la Culture) 1971.- Un iceberg llamado poesía (Lima, Copé) 1997.- La colisión (Lima, Copé), 1999, contient cinq livres.

En el bosque de hielos.A los ataúdes, a los ataúdes.Cariátides.Quadernos, Quadernos, Quadernos.

■ Autres activités professionnelles :- Essayiste- Universitaire- Cinéaste- Critique de films et de livres dans de magazines et journaux

■ Prix / Distinctions :

Poésie :- Prix National de Poésie 1954, Lima, pour Retorno a la creatura.- Prix « Copé de Oro » 1997, Lima, pour Un iceberg llamado poesía.

Essais :- Prix International « Ciclo de Ensayo » 1987, pour Vallejo, Hominización.

Films :- Prix « Knopa de oro » de l’Institut National de Culture, 1967, Lima, pour le court-métrage

Semilla – urin muju.- Prix « Cetuc » de l’Université Catholique, 1983, Lima, pour le court-métrage Periódico de ayer.

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Nom et pays de résidence : Claudine HELFT, France

Pays de naissance : France

Langue(s) de travail : français (parle l’anglais et l’espagnol)

■ Publications :

Recueils de poèmes publiés depuis 1975 :

- L’Entredeux.- Un risque d’Absolu.- Parhélies, Métamorphoses de l’Ouche.- Infinitif du bleu.- Le Monopole de Dieu (1996). et à paraître en 2000 L’Étranger et la Rose.

Critique :

- articles dans différents journaux.

■ Autres activités professionnelles :- Tient des salons de poètes tels : I. Kadari, L. Ray, M. Dib, Ch. Dobinsky, Sarfati...- Organise des soirées au Centre Rachi, Théâtre Molière (Maison de la Poésie) à Paris.- Participe à de nombreux colloques (revient de Guadeloupe) tels que Cerisy-la-Salle.- Membre fondateur du « Rendez-vous des Poètes » et « Aujourd’hui poèmes », entre autres.- Articles dans différents journaux.

■ Prix / Distinctions :- Membre de l’Académie Mallarmé.- Membre du Jury Louise Labé – Présidente.- Membre du Jury Association des Amis d’Alain Bosquet.- Médaille de Vermeil de la Ville de Paris pour l’œuvre et son action au service de la poésie.

Nom et pays de résidence : Konai HELU-THAMAN, Fiji

Pays de naissance : Tonga

Langue(s) de travail : tongan et anglais

■ Publications :- Poésie - Éducation.

■ Autres activités professionnelles :- Professeur et enseignant.

■ Prix / Distinctions :- Chaire de l’UNESCO.

Nom et pays de résidence : Ahmad ISHFAQUE, Pakistan

Pays de naissance : Pakistan

Langue(s) de travail : urdu

■ Publications :- Plusieurs pièces de théâtre, romans et nouvelles.

■ Autres activités professionnelles :- Plusieurs.

■ Prix / Distinctions :- Plusieurs prix nationaux, officiels et non-officiels.

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Nom et pays de résidence : Eduardo Hugo JARAMILLO MUÑOZ, Équateur

Pays de naissance : Équateur

Langue(s) de travail : espagnol

■ Publications :

Poésie :

- A vuelo de pájaro.- Contrapunto.- Alfabetario.- Palabra Loco Timonel.- De puño y letra.- Palabras en el Laberinto.- En defensa propia.

Roman :

- Antes del fuego.

■ Autres activités professionnelles : -

■ Prix / Distinctions :- Troisième prix dans la Compétition Nationale de Poésie, Université Technique d’Ambato

(Pérou).- Mention Spéciale aux Jeux Floraux, Ambato, 1981.- Mention dans la Compétition Nationale de LA SEDE-QUITO, 1991.- Premier prix dans la Compétition Nationale de poésie et nouvelles tenu par l’Association

d’employés de la Maison de la Culture de Quito, 1992.

Nom et pays de résidence : Dagnachew KASSAHUN, Éthiopie

Pays de naissance : Éthiopie

Langue(s) de travail : amharique

■ Publications :- Deux livres en amharique, des journaux et papiers religieux.

■ Autres activités professionnelles : -

■ Prix / Distinctions : -

Nom et pays de résidence : Irén KISS, Hongrie

Pays de naissance : Hongrie

Langue(s) de travail : hongrois, anglais, italien

■ Publications :- Huit volumes de poésie, prose et pièces de théâtre, comprenant un volume publié en

Italie (Le cinque vie, Bergamo, 1987).

■ Autres activités professionnelles :- Professeur à la Faculté de Littérature Comparée de l’Université de Budapest.

■ Prix / Distinctions :- Médaille d’or au Festival International de la Poésie à Brianza.- « Award of Merit » de l’International Yeats Club.

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Nom et pays de résidence : Nokan KONAN, Côte d’Ivoire

Pays de naissance : Côte d’Ivoire

Langue(s) de travail : français

■ Publications :- Le soleil noir point (récit).- Violent était le vent (roman).- Cris rouges (recueil de poèmes).- Ablaha Pokou (théâtre).- Traversée de la nuit dense (théâtre).

■ Autres activités professionnelles :- Enseignement de sociologie.

■ Prix / Distinctions : -

Nom et pays de résidence : Lubomir LEVTCHEV, Bulgarie

Pays de naissance : Bulgarie

Langue(s) de travail : bulgare, russe

■ Publications :- A publié depuis 1950, plus de 50 livres en bulgare et plus de 60 traductions partout dans le

monde. Parmi ceux-ci :- The Mysterious Man, traduit par Vladimir Philipov, Chicago, Ohio Univ. Press, 1980- The Left-Handed One, traduit par John Robert Colombo et Nicola Roussanoff, Toronto,

Hounslow Press, 1977.- Stolen Fire, traduit par Ewald Osers, London-Boston, Forest Books-UNESCO, 1986.- La route des étoiles, traduction de Pierre Seghers, adapté du bulgare et présenté par

Jacques Gaucheron, avant-propos de Voznesenski, Paris, Ed. Fr. Reunis, 1975.- Poémes choisis, adaptation de Alain Bosquet, Paris, Ed. Saint-Germain-des-Près, 1982.- Le Chevalier, la mort, le diable, traduit du bulgare par Yordanka Bossolova, adapté par J.

Gaucheron et Pierre Seghers, Paris, Seghers, 1975.- Lapidarium, traduit par Rossitza Kouzmanova, adaptation de Par Pierre Sethers et Bernard

Delvaille, Paris, Seghers, 1977.- O caminho das estrelas, traduction d’Attilio Cancian, Sa o Paulo, Montanha Ed., 1976- Antología poética, traduction, avant-propos et notes par Alfredo Varela, Caracas, Central

University, Venezuela, 1980.- Passions, traduit du bulgare par I. Savelyev, G. Serebriakov et V. Firsov, avant-propos par

A. Voznesenski, Moscow, Progress Ed., 1977.- Seufzer in Bronze, Hrsg. U. Nachd. Von Wolfgang Koppe, Berlin, Aufbau-Verlag, 1981.- Sentiero di stele, Poema dai molti richiami, traduit du bulgare par Lavinia Borriero, Rome,

Bulzoni Ed., 1976.- Del más allá, traduit par Kleopatra Filipova, Madrid, Fundación Fernando Rielo, 1995- Saludo al fuego, adapté et traduit du bulgare par Nelli Konstantinova, Bogotá, Fund. Univ.

Central, 1981.- Poesia, adapté et traduit du bulgare par Desiderio Navarro, avant-propos de Tatiana

Gorstko, La Habana, Ed. Arte y lit., 1980.- Diario para quemar, traduit par Metodi Dinkov, version poétique par Arturo Corcuera,

Lima, Arte Reda, 1975.- Position, Inl. Och Tolkn av Poger Gyllin, Malmo, Wahlstrom-Widstrand, 1982.- Sky Break, traduit par Chtiliana Halatcheva-Rousseva, adapté par Pamela et Niles Bond,

Pueblo, Colorado, Passeggiata Press, 1997, etc.

■ Autres activités professionnelles : -

■ Prix / Distinctions :- Médaille d’or de poésie de l’Académie française et titre honoraire de Chevalier de la

Poésie, 1985.- Prix « Mate Zalka » et « Boris Polevoy », Fédération de la Russie, 1986.- Le Grand Prix de de l’Institut « Al. Puchkin » et Sorbonne, Paris, 1993.- Prix mondial de Poésie Mystique « Fernando Rielo », 1993, etc.

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Nom et pays de résidence : Joseph MIEZAN-BOGNINI, Côte d’Ivoire

Pays de naissance : Côte d’Ivoire

Langue(s) de travail : français

■ Publications :- Ce dur appel de l’espoir (poèmes), Présence Africaine.- Herve féconde (poèmes), Ed. Pierre-Jean Osvald, Paris.

■ Autres activités professionnelles :- Directeur-Général des Éditions Bognini.- Directeur-Fondateur du groupe « Institution les Prémices » (École Primaire Privée).

■ Prix / Distinctions :- Chevalier du Mérite Agricole (Académie Royale de Bénin – 1965 – Paris).

Nom et pays de résidence : Luciano MORANDINI, Italie

Pays de naissance : Italie

Langue(s) de travail : italien

■ Publications :- Nombreux livres de poésie et de fiction. Son dernier volume de poésie Fabula notturna, a

représenté la poésie italienne contemporaine dans le Mittelfest de 1997, avec une lecture dramatique organisée par le directeur Giuseppe Rocca.

■ Autres activités professionnelles :- Journaliste free-lance dans la Région de Friuli-Venezia Giulia.

■ Prix / Distinctions :- Très bonnes critiques mais ne recherche pas les prix littéraires.

Nom et pays de résidence : Paul MULDOON, USA

Pays de naissance : Irlande du Nord

Langue(s) de travail : anglais

■ Publications :- Nombreuses collections de poèmes.

■ Autres activités professionnelles :- Professeur à l’Université de Princeton (Etats-Unis d’Amérique).- Professeur de poésie à l’Université d’Oxford (Royaume-Uni).

■ Prix / Distinctions : -

Nom et pays de résidence : Mame SECK MBACKÉ, France

Pays de naissance : Sénégal

Langue(s) de travail : français

■ Publications :- Coopération franco-sénégalaise sur la Circulation des Personnes, IHEI Paris 1978.- Aspects médico-sociaux de la Petite Enfance au Sénégal, IEDES Paris, 1976.- Le Froid et le Piment (roman), N.E.A. 1983. Réédition par l’Harmattan, 2000.

Recueils de Poésies :

- Le Chant des Séanes, Orcocesa, Caracas, 1987.- Poèmes en étincelles, Dakar, 1999.- Pluie-poèsie : Les pieds sur la Mer, l’Harmattan, 2000.

Théâtre :

- Qui est ma femme ? l’Harmattan, 2000.

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■ Autres activités professionnelles :- Diplomate chargée des Affaires sociales au Consulat du Sénégal en France : 1974-1981.- Diplomate chargée de Presse au Royaume du Maroc : 1981-1982.- Chargée de mission au Cours Sainte-Marie de Hann (Sénégal) : 1994-1998.- Projets culturels en littérature, cinéma, musique, à Paris : 2000.

■ Prix / Distinctions :- Premier Prix de Poésie délivré par le Ministère de la Culture et remis par le Président de

la République du Sénégal, 1999.- Citoyenne d’honneur de la ville de Joal-Fadiouth, ville natale du poète Léopold Sédar

SENGHOR.

Nom et pays de résidence : Rocío SILVA SANTISTEBAN, Pérou

Pays de naissance : Pérou

Langue(s) de travail : espagnol

■ Publications :

Poésie :

- Asuntos Circunstanciales, Lluvia Editores, Lima, 1984 ; 2ème édition, la Edición, Lima, 1986.- Ese oficio no me gusta, Ediciones Copé, PETRO PERU, 1987.- Mariposa Negra, Jaime Campodónico Editores, la Edición, Lima, 1983 ; 2ème édition, la

Edición, Lima, 1996.- Condenado Amor, El Santo Oficio Editores, Lima, 1996.

Récits :

- Me Perturbas, El Santo Oficio Editores, Lima, 1995 ; 2ème édition, la Edición, Lima, 1996.

Éditeur :

- El combate de los ángeles. Literatura Género Diferencia. Programme d’études de genre, PUC, 1999.

■ Autres activités professionnelles :- Journaliste pour le journal « El Comercio »- Professeur de littérature grecque à l’École de philosophie « Antonio Ruiz de Montoya ».- Chercheuse adjointe de l’équipe de Communication et Équité de DEMUS (Bureau de

défense des droits des femmes).

■ Prix / Distinctions : -

Nom et pays de résidence : Salah STÉTIÉ, Liban/France

Pays de naissance : Liban

Langue(s) de travail : le français pour l’essentiel, l’arabe et l’anglais

■ Publications :- Les Porteurs de feu, Gallimard, 1972.- L’Eau froide gardée, Gallimard, 1973.- Fragments (poème), Gallimard, 1978.- La Unième nuit, Stock, 1980.- L’Être poupée, Gallimard, 1983.- Le Nibbio, José Corti, 1993.- L’Autre côté brûlé du très pur , Gallimard, 1993.- Hermès défénestré, José Corti, 1997.- Fièvre et guérison de l’icône, UNESCO, Imprimerie Nationale, 1998.

■ Autres activités professionnelles :- Ancien Ambassadeur du Liban auprès de l’UNESCO, en Hollande et au Maroc.- Professeur à l’Université de Naples (Italie).

■ Prix / Distinctions :- Grand Prix de la Francophonie de l’Académie française, 1995.- Prix « Max Jacob » pour Inversion de l’arbre et du silence, 1981.- Prix de l’Amitié franco-arabe pour les Porteurs de feu, 1972.

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Nom et pays de résidence : Haddis WOLDE-EYESUS, Éthiopie

Pays de naissance : Éthiopie

Langue(s) de travail : amharique et anglais

■ Publications :- Brochure : Comment utiliser un fertilisant et son application.

■ Autres activités professionnelles :- Journalisme Agricole.- Émissions radio pour agriculteurs.- Langage ecclésiastique Geez et poème (Kine).- Musique d’église (Messes).

■ Prix / Distinctions :- Médaille du Gouvernement éthiopien pour 25 ans de service.- « Ethiopia’s Honour Star Medal » [Médaille d’honneur] accordée par sa Majesté Impériale

Haile Selassie I, Empereur d’Éthiopie, pour de longs et méritoires services pour le Gouvernement éthiopien.

Nom et pays de résidence : Neway WOLDE-SADIK, Éthiopie

Pays de naissance : Éthiopie

Langue(s) de travail : amharique, anglais

■ Publications :- Brochure intitulée : That All Will Learn [Que tous apprennent] (1968-1970).- L’éducation hors l’école : Some New Ideas for the Final Draft of Task Force in Adult

Education.- Des efforts nationaux dans l’éducation non-formelle en Éthiopie, 1974.- Campagne nationale de littérature se référant à l’expérience de l’Éthiopie, un exposé pour

le Séminaire international « Share Ideas and Experiences », janvier 1985 à Kitwe, Zambie.

■ Autres activités professionnelles :- Stratégies alternatives pour l’éducation à Lesotho, Afrique du Sud – membre d’une équipe

de quatre personnes pour UNESCO/ILO Experts sur une politique éducative, juillet-septembre, 1973.

- A assisté à la Conférence internationale et à l’atelier sur l’éducation non-formelle « Nouvelles stratégies pour développer d’anciennes ressources », à Michigan State University, Kellog Center, USA, avril-mai 1974.

■ Prix / Distinctions :- Médaille du Ministère de l’Éducation éthiopien pour 25 ans de service.- « Ethiopia’s Honour Star Medal » (Médaille d’honneur) accordée par sa Majesté Impériale Haile

Selassie I, Empereur d’Éthiopie, pour de longs et méritoires services pour le Gouvernement éthiopien, mai 1970.

Nom et pays de résidence : Baye YIMAN, Éthiopie

Pays de naissance : Éthiopie

Langue(s) de travail : anglais et amharique

■ Publications:- Environ 80 articles publiés et un livre.

■ Autres activités professionnelles :- Éditeur de journaux (académiques).- Président d’Association professionnelle.- Chef d’Institut de recherche.

■ Prix / Distinctions :- DAAD (Échange académique allemand).- Prix de la Fondation nationale néerlandaise de science.

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