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Concours de recrutement des professeurs des écoles Comment faire entrer la poésie à l’école maternelle? soutenance du 18/05/05 05_04STA00268 Iufm de Nevers 2004 –2005 Carine Saint-André (PE2) Sous la direction de Mme Nathalie Charvy

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Page 1: Comment faire entrer la poésie à l’école maternelle?. L’école et la poésie A. Qu’est- ce que la poésie ? Anciennement, selon le Littré, la poésie était ramenée à «l’art

Concours de recrutement des professeurs des écoles

Comment faire entrer la poésie

à l’école maternelle?

soutenance du 18/05/0505_04STA00268

Iufm de Nevers2004 –2005

Carine Saint-André (PE2)

Sous la direction de Mme Nathalie Charvy

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Remerciements

« la vie c’est soi- même et soi-même c’est les autres. »

Onetti

Merci à toute l’équipe de formateurs IUFM, pour leur attention et leur suivi, et en particulierà Madame Nathalie Charvy, pour m’avoir guidée et soutenue dans l’élaboration de ce mémoire.Je remercie aussi, les élèves de la classe de moyenne et grande section de maternelle del’école St Eloi ainsi que leur enseignante Madame Fanny Rochette.

Je tiens à remercier aussi Laouali Maman pour avoir su me toucher avec ses mots, et à traverslui tous les poètes qui amoindrissent notre peine et permettent à notre joie de grandir.

Je remercie aussi Laurent Tartière, qui m’a convaincue de la place de la poésie en classe, etmontré le plaisir qu’elle peut procurer aux élèves. Ainsi que Marlène Mouillaud pour son travailsur la poésie et son engagement passionné dans l’enseignement.

Un grand merci à ma famille pour m’avoir donné le goût de l’enseignement, cru en moi etsoutenu dans toutes les épreuves de ma vie.

Une pensée pour mon père.

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SommaireREMERCIEMENTS............................................................................................................2

INTRODUCTION................................................................................................................ 4

I. L’ÉCOLE ET LA POÉSIE..............................................................................................5A. QU’EST- CE QUE LA POÉSIE ?............................................................................................... 5B. LA POÉSIE ET LES INSTRUCTIONS OFFICIELLES...........................................................................6

1. Les instructions officielles (IO) de 1923 à 1995........................................................ 62. Les instructions officielles aujourd’hui..................................................................... 73. Point sur la maternelle...............................................................................................8

C. POURQUOI LA POÉSIE À L’ÉCOLE ?.........................................................................................91. Développement de l’imaginaire................................................................................. 92. Construction de soi, socialisation............................................................................103. Maîtrise de la langue écrite et orale........................................................................114. le rôle de l’école.......................................................................................................12

II .FAIRE ENTRER LA POÉSIE DANS LA CLASSE :............................................... 13

IMPRÉGNATION POÉTIQUE ET DÉCOUVERTE D’UN NOUVEAU GENRELITTÉRAIRE.....................................................................................................................13

A.ECOUTER, LIRE................................................................................................................. 131. L’écoute en maternelle.............................................................................................132. Le rôle de l’enseignant.............................................................................................143. Les poèmes, les poètes, les recueils ........................................................................ 15

B. VOIR, RESSENTIR, RENCONTRER.......................................................................................... 171. L’arbre à poèmes..................................................................................................... 172. Les auteurs............................................................................................................... 17

C. DIRE.............................................................................................................................. 181. Dire une comptine, un poème...................................................................................182. S’exprimer................................................................................................................19

III.PERMETTRE AUX ÉLÈVES D’ENTRER EN POÉSIE: ...................................... 20

LES JEUX POÉTIQUES AU SERVICE DU DÉVELOPPEMENT DE L’ESPRITCRÉATIF ........................................................................................................................... 20

A. ECRIRE POUR DÉVELOPPER LA CRÉATIVITÉ ET FAIRE ÉMERGER LA NOTION D’IMAGE POÉTIQUE........ 201. La spécificité de la maternelle................................................................................. 202. Pourquoi créer des poèmes à l’école maternelle ?..................................................21

B. JEUX POÉTIQUES AU SERVICE DE LA CRÉATION....................................................................... 211. Jeux qui libèrent l’imaginaire et la créativité..........................................................212. Jeux qui permettent une approche précise de la langue écrite................................ 223. Jeux qui mettent en évidence certains procédés propres au langage poétique....... 23

C. PRODUCTION D’ÉCRITS...................................................................................................... 241. Réinvestissement à partir des jeux poétiques...........................................................242. Processus de création.............................................................................................. 243. Création d’un recueil............................................................................................... 26

CONCLUSION...................................................................................................................27

BIBLIOGRAPHIE............................................................................................................. 28

ANNEXES...........................................................................................................................30

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Introduction

Il existe un flou pédagogique concernant la poésie et notamment en maternelle. En effet trèspeu d’études ont été réalisées dans ce domaine. La culture poétique est encore très marginale,pourtant elle est source d’apprentissages et de plaisir pour ceux qui la rencontrent. Le rôle del’école n’est il pas de permettre aux citoyens de demain, de s’enrichir culturellement afin demieux se connaître eux-mêmes et de s’ouvrir sur le monde?

Il s’agit à travers ce rapport de mettre en évidence le lien école-poésie: Comment fairedécouvrir cette part de la culture littéraire souvent méconnue ou détournée de sa vocation etce dès le plus jeune age?

Les Instructions Officielles citent la poésie à plusieurs reprises, mais il n’en est donné aucunedéfinition et les compétences à acquérir dans ce domaine apparaissent de façon succincte. Parses caractéristiques, la poésie est difficile à cerner et à définir. Sa place dans les classes serésume souvent à la mémorisation d’un poème puis à sa récitation. Les enseignants se sentent-ils démunisface à la poésie: quelles activités proposer, comment aborder ce genre littéraire?La méconnaissance de la poésie par les enseignants est elle un frein à son introduction dans lesclasses ou tout simplement ne voient –ils pas l’intérêt d’un tel apprentissage?

Pourtant de nombreux chercheurs ont montré les enjeux de la poésie en classe. Elle contribueà la construction d’un socle essentiel à la mise en place d’apprentissages fondamentaux,notamment en permettant le développement de l’imaginaire, la construction de soi, lasocialisation et la maîtrise de la langue écrite et orale.

La pratique poétique en classe ne permet d’atteindre ces objectifs que s’il existe uneinteraction et une articulation entre écouter, lire dire et écrire des poèmes. Ces pratiquescomplémentaires, doivent être mises en œuvre dès l’école maternelle. Comment alors faireentrer la poésie à l’école maternelle? Comment faire découvrir ce genre littéraire souventméconnu à des enfants, pour lesquels un des apprentissages prioritaire est la maîtrise de lalangue orale? Quelles activités peuvent elles être mises en place alors que les élèves ne saventpas encore lire ni écrire de façon autonome?

Afin d’apporter des éléments de réponse à cette problématique, ma réflexion s’articulera entrois parties. Tout d’abord il s’agira d’éclaircir la notion de «poésie» en croisant plusieursdéfinitions partielles et de faire un bref historique du positionnement des InstructionsOfficielles afin de mettre en évidence les enjeux de la poésie à l’école. La didactique de lapoésie sera illustrée par des d’exemples issus de ma pratique. A travers les différentes voiesd’entrées en poésie: écouter, lire, dire, écrire, un examen des pratiques pédagogiques pouvantêtre menées en classe sera présenté. Tout d’abord en soulignant la nécessaire mise en placed’un « bain poétique » afin de permettre l’appropriation de ce nouveau genre littéraire, puis endétaillant un panel d’activités pouvant être mises en place en maternelle et permettant lacréation poétique.

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I. L’école et la poésie

A. Qu’est- ce que la poésie ?

Anciennement, selon le Littré, la poésie était ramenée à «l’art de faire des ouvrages en vers»,toutefois on n’écrit guère plus en vers, et comme l’écrit Janine Hiu1 «Nous savons d’autre partqu’il existe une prose poétique, par exemple celle de Chateaubriand et que les énoncésmathématiques ou des recettes de cuisine peuvent être versifiés sans que l’on puisse, pourautant parler de poésie.»

De par l’évolution des pratiques, la définition que l’on peut donner de la poésie a évolué. Selon l’Encyclopédie Universalis «la poésie est l’art du langage qui se caractérise par la miseen jeu de toutes les ressources de la langue (lexicales, syntaxiques, mais aussi sonores etrythmiques) afin de créer pour le lecteur ou l’auditeur un plaisir à la fois intellectuel etsensible». Elle réside en toute production dont l’effet est moins d’informer que decommuniquer. Dans un poème l’information peut y être nulle, il arrive que les mots manquentvoire les lettres: nous ne savons pas ce que le poème veut dire. Cependant, il nous dit, parfois ilnous chante, toujours il communique une émotion. Les définitions plus récentes de la poésiesoulignent cette communication des émotions et des sensations notamment suscitées par lesimages et le rythme obtenus par le jeu de langue. Ainsi en 2003 le Petit Larousse définit lapoésie comme «l’art de combiner les sonorités, les rythmes, les mots d’une langue pour évoquerdes images, suggérer des sensations, des émotions. Caractère qui touche la sensibilité quiémeut: la poésie d’un paysage.»Aucune définition universelle de la poésie ne peut être donnée. Pour George Jean la poésie est«un langage du corps et de l’esprit, elle est un langage qui joue avec lui même.» 2. PourMarguerite Laurent –Delchet la poésie est «un état, une manière d’entrer en contact avec lesêtres et les choses qui constituent le monde réel »3. Pour Elliot, 9 ans, en CE2, la poésiereprésente « quelque chose que l’on apprend, qui rime, qui est joli ». Enfin pour des élèves demoyenne et grande section de maternelle, au terme d’une semaine d’imprégnation, la poésie« c’est beau, c’est rigolo et parfois c’est triste ».

Pour Jean Pierre Siméon « la poésie ne se laisse pas enfermer dans une définition et c’est sarichesse. Les formes poétiques sont multiples : la prose, le vers libre ; l’aphorisme, le proverbeou le dicton assument la poésie autant que le poème stricto sensu ». Il semble que la poésie nese définisse, mais qu’elle se désigne.

La poésie est un art du langage, une certaine manière de travailler le texte. L’étymologiepermet d’approcher le sens du terme « poésie » et donne une définition assez juste de lamultiplicité de la démarche poétique, il vient du grec poiein qui signifie, créer, fabriquer. Onpeut donc définir la poésie comme une pratique qui utilise le langage (tous les moyens dulangage) pour fabriquer un poème. La poésie ne peut alors pas être l’objet d’une norme, elle nepeut être réduite à des critères de reconnaissance formels, ni à un catalogue des effetsproduits sur l’auditeur et le lecteur. La poésie ne doit pas être représentée uniquement parl’existence d’une forme canonique, la présence de vers ou de rimes. La difficulté se retrouve

1 Janine Hiu, Approches poétiques de la langue, cycle 2, enseigner aujourd’hui, Bordas Pédagogie.2 Georges Jean, Comment faire découvrir la poésie à l’école ? , Pédagogie Retz, 1997.

3 Marguerite Laurent-Delchet, Approches poétique du langage enfantin, in Michel Cosem, Le pouvoir de la poésie,Casterman, 1978 .

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aussi dans la définition du poème dont les formes sont si variées qu’on ne peut en tirer decaractéristiques générales.

C’est pourquoi il est important de familiariser très tôt les enfants à toute poésie afin qu’ilspuissent en donner une définition autre que structurale. L’enjeu est de leur faire découvrirtoutes poésies, afin quelles deviennent source de plaisir. Jean Pierre Siméon va plus loin enécrivant qu’« il faut problématiser la notion de poésie. Faire en sorte de proposer aux enfantsun répertoire si vaste, si large, si contradictoire à l’intérieur de lui-même, qu’il ne dise pas auxenfants : « la poésie c’est ça », mais qu’il suscite chez les enfants, la question perpétuelle :« Qu’est-ce que la poésie ? (…) Pour cela, il faut commencer par des lectures de poésie,fondées sur la diversité, sur la fréquence et la régularité»

Il est à noter, en dernier lieu, que l’on appelle parfois un texte poétique une « poésie » : c’estun emploi impropre, un texte poétique étant un « poème ».

Il n’est pas possible de soumettre la poésie à une seule définition, stable et immuable, car lapoésie est créée pour des raisons diverses, lyriques, épiques, cocasses…. Que la poésie abordetous les sujets, et que la poésie ne se réduit pas à un objet représentable avec une formeréglementée. Elle ne s ‘enferme plus dans une discipline : apprentissage linguistique, étude d’ungenre littéraire, pratique artistique car les apprentissages et la connaissance qu’elle engendresont transversaux.

B. La poésie et les instructions officielles

Il semble intéressant de faire un bref rappel historique des conceptions scolaires de la poésie,ceci à travers l’étude des Instruction Officielles de 1923 aux nouveaux programmes de 2002.Pour cela je me réfère à l’article de Françoise Sublet, la poésie et l’instruction scolaire de1923 à 1972. En effet, la place laissée à la poésie dans les écoles et les approches ontbeaucoup évolué au cours du siècle dernier, et ces engagements correspondent auxorientations définies par les Instructions officielles.

1. Les instructions officielles (IO) de 1923 à 1995

Dans les IO de 1923-1925 il est très peu fait allusion à la poésie : elle est uniquement abordéesous le chapitre de la récitation. Celle ci étant présentée comme un exercice qui est « l’un desmoyens d’enseigner aux enfants l’usage correct des mots et des tours de notre langue ». Lapoésie s’apparente alors à un langage rythmé et harmonieux dont la forme diversifiée et riméefacilite la récitation. Concernant « le fond » de la poésie, il s’agit selon les IO de 1938, de« sentiments forts et d’idées généreuses ». Les pratiques pédagogiques qui en découlent sontla récitation, la lecture orale prenant appui sur celle du maître, et l’explication de « texte »(analyse des mots, du rythme, de l’harmonie des vers). Plus tard les IO de 1953 associentpoésie et morale. Les enseignants présentent des textes « qui réunissent un grande émotion,de beauté (…) et la perception d’une haute qualité morale ».Il va falloir plus de 20 ans et les IO de 1972, qui consacrent quatre pages à la poésie, pourtenter de changer les représentations de la poésie et lui donner un nouveau statut dans laclasse. Même s’il est encore question du lien poésie-morale, d’une poésie assimilée au beau, àl’expression des sentiments, une place importante est réservée aux rédactions personnelles del’enfant et à leur respect. Le choix des textes par l’enseignant se fait à partir de « la fonctionexpressive du langage » et du niveau des élèves. Ainsi il est recommandé d’utiliser lescomptines et chansons pour les élèves du cours préparatoire. Dans ces nouvelles IO

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apparaissent de nouveaux auteurs comme Apollinaire ou Eluard ; il ne faut plus présenter queles grands classiques. Cependant aucune mention n’est faite des textes produits après lesannées 50.A partir de ces textes poétiques, les activités pédagogiques préconisées sont encorelargement la récitation et l’explication de texte. Cependant le maître se doit aussi « d’inviterles élèves à apprendre individuellement un poème à lire en classe (…) tout en respectant leurliberté de choix ». Même si la lecture à voix haute par le maître reste prépondérante, lesélèves ont une part de liberté non négligeable dans le choix des poèmes pris dans des livres depoésie présents dans la classe, et ce afin de procéder à des exercices de diction en lien avecles activités de « rythmique musicale et corporelle ». Les Instructions Officielles de 1995 consacraient à la poésie un paragraphe spécifique sousl’intitulé : « L’usage poétique de la langue », ce qui d’une certaine manière en faisait un domaineà part et la marginalisait.

2. Les instructions officielles aujourd’hui.

Les conceptions ont fortement évolué avec les programmes de 1995 qui soulignent « l’usagepoétique de la langue ». Il est intéressant de voir ce qu’il en est aujourd’hui dans les nouveauxprogrammes 2002. L’objectif principal de l’école primaire est « l’apprentissage et la maîtrise de la languefrançaise ». Ceci passe par un travail oral à l’école maternelle puis par l’introduction de lalecture et de l’écriture à l’école élémentaire. A l’école élémentaire, les textes « étudiés » enclasse peuvent faire l’objet « d’un travail de diction, récitation… ». Ce sont autant d’occasions« de donner sens et consistance au texte écrit, qu’il s’agisse de poésie ou de prose, avec untravail sur le souffle et le corps qui renforce la confiance en soi ». Dès lors, la poésie n’estplus uniquement un outil de mémorisation. Il est question de littérature, dans laquelle lire, dire,écrire sont liés, autour des textes variés dont la poésie. Elle apparaît, alors comme partieintégrante de la littérature : on évoque « les textes littéraires (indifféremment) en prose ouen vers » et les approches poétiques de la langue se situent de façon transversale par rapportà toutes les autres activités d’expression et de communication. On retrouvera donc desrecommandations concernant la poésie sous les rubriques diverses non seulement dans ledomaine de la maîtrise de la langue, comme « dire des textes », mais aussi au chapitre des« activités graphiques » ou encore de l’ « éducation musicale ».

Plus spécifiquement les IO énoncent :• « faire des propositions d’interprétation pour oraliser un texte appris par cœur ou

pour dire un texte en le lisant » pour le cycle 2,• « dire un poème ou un texte court parmi ceux qui ont été appris par cœur dans l’année

(une dizaine) en l’interprétant, pour le cycle 2,• pour le cycle 3, être capable de restituer au moins dix textes (de prose, de vers ou de

théâtre) parmi ceux qui ont été mémorisés », « dire quelques-uns de ces textes enproposant une interprétation (et en étant susceptible d’expliciter cette dernière) »,« mettre sa voix et son corps en jeu dans un travail collectif portant sur un textethéâtral ou sur un texte poétique » ;

• Au niveau écrit toujours pour le cycle 3 : « écrire un fragment de texte poétique enobéissant à une ou plusieurs règles précises et en référence à des textes poétiques luset dits ».

Le document d’accompagnement des dotations Poésie fait quelques propositions d’activitéspédagogiques comme : choisir un recueil, déambuler dans le livre que l’on a choisi, entrer dansdes recueils selon un monde ludique, confronter les manières de dire et les réceptions.

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3. Point sur la maternelle

A l’école maternelle le travail se fait essentiellement à l’oral, même si les apprentissages visésconcernent déjà la maîtrise de la langue écrite. En effet, même si l’apprentissage de la lectureet de l’écriture n’est pas au programme, l’école maternelle doit donner l’occasion à tous lesélèves d’une imprégnation orale des mots et des structures de la langue écrite, préalableindispensable à tout acte de lecture. Cette imprégnation se fait par rendez vous réguliers avecla littérature. Ces derniers créent l’occasion d’engager un dialogue, de relire le texte qui a étéentendu et de construire progressivement des représentations communicables par des motset des images. Tout comme à l’école élémentaire les textes sont de genres divers : poésie,roman, théâtre. La découverte de ces œuvres se prolonge par des activités d’interprétation quipermettent aux élèves de s’approprier encore davantage le texte écrit : mise en voix, esquissede mise en scènes, récitation par cœur. Ces moments servent de support à des activités deproduction de texte, notamment par le biais de détournement ou de pastiche. Cetteimprégnation se fait donc aussi par la dictée à l’adulte, qui offre à l’enfant qui ne sait pasencore écrire la possibilité de bénéficier de l’aide d’un secrétaire pour construire des textes.C’est l’occasion pour lui de parler les textes écrits et de mesurer la différence entre langageoral et écrit. Parallèlement l’enfant découvre les multiples fonctions de la langue écrite et lesdifférentes écritures qui l’entourent. Il est nécessaire qu’il prenne conscience des réalitéssonores de la langue. Pour cela il est préconisé de lui permettre de dire souvent des poèmes,des comptines, chansons ou jeux de doigts. Son attention aux rythmes et aux rimes lui faitalors découvrir que les paroles sont composées de sons. En effet, par l’écoute et lamémorisation de comptines et de poèmes, il s’agit « de familiariser les élèves avec le françaisécrit et de construire une première culture littéraire ». Cela nécessite l’affichage des texteslus dans la classe. Ces pratiques contribuent à la « construction progressive d’un richerépertoire de représentations et de langage » et ont pour objectif « d’attirer l’attention surles unités distinctives de la langue ». De plus, la sensibilité et l’imagination qui sont lesinstruments d’une relation au monde extérieur et intérieur, préconisent les activités quimettent en jeu la voix.

Les IO précisent quelques compétences devant être acquises en fin de maternelle, où l’onretrouve spécifiquement la poésie ou la comptine :

Compétences concernant le langage d’évocation- Dire chanter chaque année au moins une dizaine de comptines, de jeux de doigts ou de

poésies.Compétences concernant le langage écrit et plus particulièrement la découverte des réalitéssonores du langage.

- Produire des assonances et des rimesCompétences concernant la voix et l ‘écoute :

- Avoir mémorisé un répertoire varié de comptines et chansons.- Interpréter avec des variantes expressives un chant, une comptine, en petit groupe.

En maternelle l’oral est le vecteur principal de l’imprégnation poétique, mais il ne faut pasnégliger les possibilités de création des élèves qui peuvent se prolonger par une écriturecollective en dictée à l’adulte. La poésie, ici encore rassemble des compétences transversales,tant dans le développement de l’imaginaire et de la création, que dans l’acquisition de la langue,mais aussi dans l’apprentissage de la vie en collectivité, par la socialisation et la découverte desoi.

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Ces rappels sur les Instructions Officielles permettent de comprendre l’ancrage de cetterecherche autour de la poésie. Elle s’appuie sur tout ce qui est contenu implicitement dans lesprogrammes, à savoir les enjeux de la poésie à l’école et l’intérêt des différentes pratiquespédagogiques. Ces réflexions étant nécessaires à la mise en place d’une véritable pratique depoésie en classe.Les instructions officielles font du langage « un objet de jeu, de manipulation des sons, desrythmes, des intonations, des mots et des structures ». Ainsi la poésie ne se limite pas à unusage particulier de la langue, mais comprend à la fois une dimension ludique, patrimoniale etcréatrice.

C. Pourquoi la poésie à l’école ?

Le développement de l’imaginaire, l’apprentissage de la socialisation et la maîtrise de la langueécrite et orale sont trois compétences visées par les nouveaux programmes. Le maître peutatteindre ces objectifs utilisant la poésie.

1. Développement de l’imaginaire

Selon Janine Hiu, « l’imagination, c’est la faculté de concevoir par l’image ». Il est important denoter que, contrairement aux représentations les plus souvent partagées, la poésie ne se limitepas à l’imagination. En effet, la poésie se situe toujours à l’articulation entre le monde réel etle monde imaginaire, «la poésie travaille l’imaginaire pour exprimer la réalité »4. Il n’est pasrare qu’un enfant ne fasse pas de distinction entre le réel et l’imaginaire, il est donc du devoirde l’enseignant de l’amener à pouvoir opérer cette séparation. Or la poésie, du fait de soncaractère duel, peut être un bon moyen de montrer à l’enfant comment utiliser l’imaginaire àdes fins d’investigation du réel.Par la pratique de la poésie en classe, l’enseignant amène les élèves à se représenter desimages et à avoir un regard différent sur le réel. En effet, lors du jeu poétique et du premierjet de création poétique « si j’étais... »5, les élèves de grande section de maternelle de St Eloiavaient des propositions très réalistes ou proches du vécu de l’enfant « si j’étais un singe, jemonterais aux arbres pour manger toutes les bananes ». Puis l’imagination s’exprime peu à peu àtravers le langage poétique en rendant vivant et concret l’univers des sensations, des émotions,en particulier par les métaphores et les comparaisons dont la poésie fait usage. La productiondes élèves le montre lorsqu’ils écrivent « Si j’étais un dragon, je cracherais des feuxd’artifices ». Ce langage parle aux élèves, qui comprennent que la poésie n’est pas directementaccessible à la compréhension de chacun, mais elle nécessite l’intervention de l’imagination. Cepropos est justifié par l’enthousiasme que montre les élèves à l’écoute d’Haïkus. Ils saventapprécier ces petits textes sans qu’aucun ne me signifie qu’il ne comprend pas. La poésiedépasse alors la monotonie du quotidien, elle « agite » les esprits, engendre un dynamismecréatif chez celui qui souhaite s’en imprégner.Ce pouvoir de la poésie se retrouve aussi bien dans la lecture, l’écoute, la diction ou l’écriturepoétique. En effet, il ne peut y avoir poésie que s’il existe une relation duelle entre le texte etle lecteur ou auditeur. Le poème ravive l’imaginaire du lecteur, et tout poème est enrichi etnourri de l’imagination du lecteur ou l’auditeur. En maternelle, l’enseignant est un intérimaire,son l’interprétation orale du poème peut alors altérer l’appropriation personnelle du texte parl’enfant.

4 Georges Jean, Pour une pédagogie de l’imaginaire , Casterman, 19765 cf. annexe :séquence poésie

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2. Construction de soi, socialisation

S’exprimer c’est se libérer. Libéré des tensions du vécu, l’enfant découvre derrière la poésieun espace de liberté. Certains enfants n’osent pas prendre la parole du fait d’un langage limitéqui ne leur permet pas d’exprimer ce qu’ils ressentent. Or le langage poétique permet auxélèves de trouver un écho aux mots qu’ils s’inventent pour parler du réel. Elle leur permet decommuniquer ce qu’ils voient, ce qu’ils ressentent et donc participe à sa socialisation. La poésieincite les élèves à traduire leurs émotions, elle les aide à se libérer et à mieux vivre avec lesautres. J’ai pu, en effet constater une augmentation de la participation active des élèves lorsdes jeux poétiques. Le jugement ne faisant pas partie des séances de poésie, les élèves les plusréservés ont peu à peu pris la parole et fait des propositions. Ils ont pu aussi bénéficier del’émulsion de la classe, les efforts d’imagination de certains élèves ont permis l’ouverture desautres. Michel Cosem précise que « la poésie est découverte du monde, découverte de soi, desautres ». L’enfant développe sa personnalité en apprenant à mieux se connaître et à découvrirles autres. La poésie lui permet ainsi de découvrir d’autres modes de pensée et d’expression.

« Le mot, quand il est création, dénude. La première vertu de la poésie, aussi bien pour lepoète que pour le lecteur, est la révélation de l’être. La conscience des mots amène à la

conscience de soi : à se connaître, à se reconnaître. »

Octavio Paz à propos de Lopez Velarde, 1950 in Céa, op. cit.

La création poétique en groupe classe peut avoir une fonction de socialisation et d’affirmation.Les élèves apprennent à s’écouter les uns les autres, sans jugement, et ainsi à participer à unedynamique créative. Au fil des séances, les élèves ont remarqué que l’adhésion aux idées despairs ne suffisait plus, la poésie ouvre, il est vrai, un champ de possibles et valorise ladifférence ; ce qui a permis à chacun de lancer de nouvelles idées. La recherche d’originalitépeut alors être pour les élèves une manière de se démarquer positivement du groupe classe.Cette affirmation de soi fait partie de la construction de la personnalité. De plus comme danstoute action créatrice, on voit souvent une adhésion et une participation forte des élèves dits« en difficultés ». En effet j’ai pu constater qu’en proposant une activité nouvelle, faisantappel à la création, les élèves perdaient leur repères quant aux «leaders » de la classe. Nosséances de création poétique permettaient de laisser une place à chaque idée, les plus réalistespouvant être mélangées aux plus imagées afin de produire des effets.

L’écriture poétique individuelle permet aussi à l’enfant de se révéler de façon plus intime.« Les poèmes en disent long sur les drames ou les plaisirs cachés que vit l’enfant», cetteremarque de Georges Jean illustre bien ce propos.Par ailleurs, la place des poèmes dans la classe est importante car ils participent à laconstruction de la mémoire collective et culturelle commune. J’ai donc choisi de privilégier latrace écrite des poèmes lus, entendus et produits, et ce sous différentes formes, affiche,arbres à poèmes et recueils…, afin que chaque élève puissent s’en saisir quand il le souhaite.

La poésie amène aussi les élèves à développer leur sens critique. Les élèves à l’écoute et à lalecture de poésie peuvent opérer un choix, apprécier ou non un texte. Il faut les amener àpouvoir exercer leur propre jugement, et à adopter une attitude réflexive qui laisse une placeau doute, à la perplexité et à l’incertitude.

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3. Maîtrise de la langue écrite et orale

En explorant le patrimoine poétique, en rencontrant des poètes modernes et d’autres plusanciens, en découvrant des poèmes francophones ou traduits, l’élève construit sa culture. Secultiver, c’est s’enrichir, s’ouvrir sur le monde pour partager cette richesse.

Pour Michel Cosem « l’enseignement du français prend toute son importance si on veut bienconsidérer que c’est le développement de l’individu qui est en jeu, son imagination, son senscritique, sa vision globale du monde .»6 L’élève quand il découvre la poésie, découvre un langageà part : rimes, rythme, métaphore, champs sémantiques, expression verbale et graphismepoétique, qui va lui permettre de construire des connaissances importantes pourl’apprentissage et la maîtrise de la langue. J’ai choisi, afin de faire prendre conscience auxélèves des différentes formes écrites que peut recouvrir la poésie, de leur présenter despoèmes ayant diverses dispositions (calligrammes « Le cheval» et « l’œillet »7, « L’automne »,et « Dans Paris »8). Pour les calligrammes, il fallait deviner de quoi il s’agissait, « c’est uncheval ! Un cheval dessiné avec des lettres …avec des mots…Tu peux le lire ?». Je l’ai lu… « c’est une poésie ! ». Pour « L’automne » et « Dans Paris », suite à l’écoute, les élèves devaientqualifier la forme générale des textes.

En écoutant, lisant et écrivant des textes poétiques, l’enfant prend, de plus, possession decompétences linguistiques qui lui permettront de s’exprimer plus aisément. Selon Georges Jeanl’enfant qui apprend à parler rencontre trois types de difficultés :des difficultésarticulatoires ou globalement phonétiques ; des difficultés d’ordre lexical concernant les mots,leur sens, leur polysémie, leur emploi propre etc. des difficultés d’ordre syntaxique etmorphologique, relatives tout particulièrement à l’organisation des phrases autour des verbeset à l’usage des pronoms. La poésie par sa richesse permet de contribuer à diminuer cesdifficultés. En pratiquant le jeu du corbillon9, par exemple, les élèves de maternelle, sefamiliarisent avec la nature des mots. Dans ce jeu, ils devaient trouver des « mots- rimes »,mais aussi plus implicitement des noms. Un adverbe, un adjectif ou un verbe n’auraient puconstituer une réponse à la question « Qu’est-ce qu’il y a dans mes chaussons ?» .En effet, les poèmes enrichissent le lexique par les thèmes qu’ils évoquent, et la syntaxe parles structures qu’ils utilisent. L’enfant au contact de la poésie se familiarise et acquiert unvocabulaire riche et susceptible d’être réinvesti. Lors du jeu poétique « si j’étais » les élèvesétaient amenés à augmenter la diversité de verbes utilisés, en effet, nous avons pu constaterque les verbes manger et faire, ne permettaient pas de grandes perspectives d’actions à nosanimaux et entraînaient une redondance lassante. Dans le processus de création les élèves ontdu chercher de nouveaux verbes, ce qui a certainement permis un élargissement des idées etdes images, comme le souligne « je me baignerais dans le soleil ». De même l’élève intègre un métalangage propre à la poésie en côtoyant régulièrement, lesrimes, les vers, les strophes … elle lui permet aussi d’être plus sensible aux possibilitésphoniques de sa langue. Les rimes, les allitérations, les assonances, etc. présentes dans lespoèmes donnent à l’enfant l’occasion de s’imprégner des différents phonèmes de la langue et luipermet d’acquérir des intonations, des rythmes, de développer sa diction. La diction toutcomme la lecture d’un poème est un apprentissage à part entière, respiration, mélodie,accentuation, elles doivent donc être travaillées au service de l’esthétique et du sens. C’est pourquoi j’ai choisi de développer avec les élèves, lors de la diction d’une comptine10,outre la prise de parole en public, des compétences relatives à l’articulation et au volume

6 Michel Cosem, le pouvoir de la poésie, GFEN, Casterman, 19787 cf. annexe calligrammes.8 cf. annexe : poèmes de l’arbre à poèmes.9 cf. annexe : séquence poésie.10 cf. annexes : séquence poésie et j’aime mon sapin

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d’élocution. Cependant, il serait dommage que la poésie soit utilisée en classe simplement pourtravailler la diction orale.

Parmi les registres et niveaux de langue, la poésie représente un remarquable cas particulier,et il est tout à fait légitime d’examiner ce qui constitue l’essence même du poème, dans saforme comme dans son fond (rimes, images, sonorités et musiques…), sans dénaturer le poème,c ‘est un texte français, et à ce titre, il peut être l’objet d’observations et d’analyses pouraffirmer le sens et la maîtrise de la langue. Mais encore une fois, cet exercice ne doit pas êtrefait de manière systématique et ne doit pas constituer la seule voie d’approche de la poésie enclasse.

Enfin la production d’écrit permet de fixer à l’écrit une image ou une figure rhétorique qui lesséduit. Si elle est collective elle permet, de plus, de favoriser l’émergence des idées et dediversifier le lexique de classe.

4. le rôle de l’école

Beaucoup d’enfants n’ont de rapport avec la poésie qu’à travers l’école. La poésie de part saspécificité est souvent étrangère ou peu développée dans le quotidien des élèves. En effetdans la plupart de familles, on ne lit pas ou peu de poésie et elle est de même quasi- absentedes médias. La problématique de la présence de la poésie à l’école se situe au niveau de l’image sociale de lapoésie telle qu’elle est perçue par la majorité. Les enseignants n’échappent pas à ces idéesreçues. Il est temps de considérer la poésie comme autre chose q’une « élévation de l’âme » !« On découvre enfin que la poésie c’est d’abord des mots, des images, des métaphores, quiouvrent les portes de la réalité du monde, du rêve, de l’imaginaire », comme l’écrivait MichelCosem, dans une fiche poésie du JDI de …1976 !Certes, la poésie est un plaisir mais c’est aussi la formation de l’esprit critique et un appel àl’éveil aux choses du monde. Il est nécessaire d’envisager la poésie sous une autre forme quecelle de la récitation.

Comme nous le verrons dans la seconde partie, faire entrer la poésie à l’école c’est mettre enplace au sein de la classe un dispositif stimulant et dynamique qui développe chez chaque élèvele désir de lire, d’entendre, de dire et de produire des poèmes.

Jacques Fournier écrit en 1997 dans éducation enfantine « La poésie à la maternelle ? Elle yoccupe une place non négligeable, peut- être même plus importante qu’à l’école élémentaire sil’on pense aux histoires et aux chansonnettes qui concourent à l’éveil des enfants. Mais lapoésie la vraie celle qui joue avec les mots et les sons, qui fait sourire ou pleurer et marque àjamais une mémoire, cette poésie là, loin des fables et des comptines, est plutôt oubliée.Pourtant, dans sa richesse et sa modernité, la poésie peut se faire pédagogie. » Il est important de ne pas seulement faire dire la poésie, il faut la faire vivre, même si nous nesommes pas poète, tout comme nous pouvons enseigner les mathématiques sans êtremathématicien, ou la grammaire sans être grammairien. Parce que la poésie, au même titre quetoutes les matières enseignées à l’école, fait partie du patrimoine culturel, de la mémoirecollective.

Parce que la poésie contribue au développement de la personnalité, à la qualité de vie et àl’apprentissage de la langue, il est essentiel qu’elle ait sa place à l’école et qu’elle soit inclusedans la pratique des enseignants.

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II .Faire entrer la poésie dans la classe :Imprégnation poétique et découverte d’un nouveaugenre littéraire.

« L’enfant n’est pas un vase que l’on remplit mais un feu que l’on allume »Rabelais.

Il est indispensable de créer une relation, de faire exister la poésie quotidiennement à l’école.Elle doit être à portée de main, d’oreille, de regard. Car comme nous l’avons vu en premièrepartie, la poésie, état de la parole, ne se décrit pas mais se fonde sur la sensibilité, la capacitéde l’enfant à s’imprégner de ce qui l’entoure. Jean- Pierre Siméon écrit d’ailleurs : « Si on litrégulièrement de la poésie en la qualifiant de poésie et en parlant de poèmes, les enfants vonttrès vite intégrer ce qu’est la poésie... »C’est pourquoi, avant de mettre en place des situations faisant appel à la créativité, jeuxpoétiques, production de texte, il est indispensable de faire entrer la poésie dans la classe,c’est à dire de faire bénéficier les élèves d’un bain poétique, afin qu’il puissent apprivoiser, cenouveau genre littéraire11. En effet, c’est en se familiarisant avec du langage poétique (lesstructures, le lexique, les sonorités et les images), employé dans les textes poétiques, que lesélèves construiront des connaissances pouvant être réinvesties dans leurs productions et ainsientrer dans leur poésie .Mais si l’imprégnation est une étape préalable à la production de textes poétiques, elle doitrester présente en classe tout au long de l’année.

En entrant dans la classe la poésie permet le développement de nombreux apprentissages,l’écoute et la lecture à travers la lecture des poèmes, l’expression orale par l’expression desémotions et la diction, l’éveil des sens par la mise en place d’une ambiance privilégiée, agréableet originale. C’est en créant cet univers que l’enseignant va permettre aux élèves d’êtreattentifs, curieux et bienveillants vis à vis de la poésie.

A.Ecouter, lire.

1. L’écoute en maternelle.

En maternelle lire de la poésie, c’est l’écoute des poèmes lus par l’enseignant bien sûr, maisc’est aussi le contact avec les recueils, les anthologies présents dans la classe et que manipulel’enseignant lorsqu’il lit.

A la maternelle, surtout dans les petites sections, ce qui doit être privilégié, c’est l’éducation àl’écoute. En précisant que l’écoute du poème ne ressemble à aucune autre écoute, qu’elle a uneparticularité très forte. Nous avons une telle densité de langue et de représentations àtravers ce langage, que cela suppose une écoute particulièrement mobilisée, il faut doncproportionner l’étendue du poème et sa complexité aux capacités des enfants.

11 cf. annexe :séquence poésie

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Afin de rendre l’écoute efficace, et le moment agréable pour tous, il est nécessaire de créerune ambiance, Il faut, comme l’écrit Jean-Pierre Siméon, « une sorte d’immobilité, de suspensde tout » pour créer cet événement de la parole, solennel mais toutefois bref.

Selon Jacques Fournier dans éducation enfantine, le bain de poésie dans lequel sont plongésles enfants par la lecture quotidienne de textes poétiques renforce et/ou crée en euxplusieurs paramètres nécessaires à la constitution de la personnalité.

• Le sens critique, parce que l’enfant fera le choix parmi les textes proposés;• L’appropriation esthétique, parce que la poésie procède, au niveau émotionnel, de la

même manière que les autres arts, que sont la musique, la peinture, la danse, lethéâtre ;

• L’appropriation d’un vocabulaire, qui parfois existe déjà mais dans lequel l’enfant n’irapas, naturellement, puiser pour la phase de création qui suivra souvent l’écoute;

• La familiarisation avec l’image poétique, dont bon nombre de textes sont chargés etdont l’enfant, d’abord par imitation et sous l’impulsion de l’enseignant, usera dans laphase de création.

2. Le rôle de l’enseignant

Vivre en poésie, c’est d’abord éprouver du plaisir dans des conditions d’activités originales àdes moments privilégiés et réguliers. Des moments institutionnalisés, constitués desrencontres régulières pour lire, dire des poèmes que l’on a choisis ou écrits, rencontrer denouveaux auteurs et plus largement s’imprégner du langage poétique. Mais aussi des momentsinformels où, grâce à un milieu sollicitant, l’enfant lui même va chercher des poèmes à lire, àregarder, les recopier, les échanger avec un camarade, et ainsi nourrir une production libre etplus personnelle. Ces rendez- vous sont des moments de communication. Le moment doit êtrejudicieusement choisi pour favoriser la concentration ; il peut par exemple, commencer ou finirune demi- journée. Un lieu intimiste sera choisi, un coin regroupement accueillant, un endroitpropice à l’extérieur de la classe, dans la cour, un coin d’herbe dans un rayon de soleil...Unefois l’instant trouvé, l’enseignant doit être attentif à ce que chacun soit installéconfortablement, et puisse voir les autres, il doit assurer au groupe calme et détente afin delui permettre de vivre cet instant comme un moment chaleureux au cours duquel chaque enfantpourra découvrir un nouvel aspect de la poésie à travers la voix de l’adulte.

Pour rendre l’écoute des poèmes attractive, compréhensible, le texte choisi doit être préparé.Il sera lu une première fois. Afin de donner vie au texte, l’enseignant jouera de sa voix pouréviter la monotonie, jouera avec le texte, suspendra les mots avant de continuer le poème,alternera le sourire et le grave pour susciter l’intérêt . Nous nous trouvons en maternelle enface d’apprentis lecteurs, il est primordial de donner aux élèves le goût de la lecture, et qui at-il de plus agréable que de partager un texte lu avec expressivité. La lecture par exemple dupoème de Jacques Prévert « Soyez polis »12 permet de montrer que malgré la longueur dutexte, lu avec expressivité les élèves de moyenne et de grande section de maternelle restentsuspendus aux lèvres de l’enseignant. La lecture n’est pas qu’informative, elle estcommunicative certes, mais représente aussi réelle source de plaisir lorsqu’on la partage. Ledanger toutefois est de faire trop de théâtralisation. L’interprétation personnelle del’enseignant chasse l’auditeur de sa propre lecture. Ainsi Jean-Pierre Siméon13 met en gardeles enseignants sur ce fait « Si vous caractérisez trop par votre interprétation la lecture dupoème, alors l’enfant est obligé d’admettre votre lecture et d’une certaine façon, vous imposez12 cf. annexe : autres poèmes.13 Jean-Pierre Siméon sur remue_net.htm

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votre propre émotion du poème qui ne sera pas forcément la sienne. Donc lisez en «médiateur», en passeur. » ». On peut pallier cet écueil en variant le degré d’interprétation dans lalecture selon les textes. Certains petits poèmes, comme les haïkus peuvent être lus dénuésd’interprétation. D’autres poèmes, comme « l’escargot philosophe »14 de Vital Heurtebize,permettent, semble t-il, une approche, plus vivante de part sa ponctuation, sans risquerd’imposer son émotion. Bien que l’émotion soit aussi le plaisir du lecteur comme nous l’avons vuplus haut, l’enseignant de maternelle doit aussi savoir se positionner en « outil » permettantl’accès à la lecture.De même entre deux écoutes, l’enseignant sera attentif aux réactions des élèves, sanstoutefois les solliciter, et permettra les échanges. Nous verrons ce point en détail dans leparagraphe « s’exprimer ». Quelques mots seront ensuite rapidement expliqués, souvent à lademande des enfants. Certains textes ont besoin de cette approche parce que le sens dominesur la forme, mais nul besoin de s’adonner à une explication de texte. Le texte sera ensuiterelu. Certains poèmes seront photocopiés et affichés, pour permettre aux élèves de lesdésigner. D’autres seront conservés dans les recueils, à disposition des enfants. J’ai puconstater que certains élèves dans leur soif d’apprentissage allaient chercher les poèmesaffichés pour en recopier des extraits, ou les illustrer.

3. Les poèmes, les poètes, les recueils

« Un poème par jour. Si vous ne faisiez que cela, vous feriez l’essentiel. Parce qu’un enfant quientend un poème chaque jour, dans la classe, et un poème différent à chaque fois, d’époquedifférente, de nature différente, de forme différente, alors il enrichit extraordinairement sacompréhension de ce qu’est la poésie. »

Jean - Pierre Siméon

Tous les poèmes peuvent être présentés aux élèves, il est important de diversifier types depoèmes. Les registres de langue et les tons doivent aussi être variés et représentés, le grave,l’humour, le rire, l’insolite afin de montrer que le poète joue avec le langage, et les mots pourexprimer des émotions. Certains paramètres joueront toutefois dans le choix de l’enseignant comme, le sens immédiat,la longueur du texte, les difficultés lexicale et syntaxique. Il ne faut pas toutefois hésiter à présenter aux élèves des textes apparemment complexes. Cesont les élèves eux- mêmes qui feront leur choix au moment de l’écoute. En effet il seraitdommage de proposer à l’écoute des jeunes enfants seulement des textes immédiatement,perceptibles, compréhensibles, aux structures et aux contenus simplistes. La préhensionpoétique se situe tant au niveau sémantique qu’au niveau sensitif. C’est pourquoi il faut jouersur ces deux paramètres.Ainsi un des poèmes les plus appréciés des enfants fut un Haïku de Konsishi Raizan

« Mille petits poissons blancsComme si frétillait

La couleur de l’eau. »

Souvent la « poésie » rencontrée à la maternelle est constituée essentiellement de comptines.Elles permettent d’atteindre de nombreux objectifs de manière ludique: apprentissage durythme, des sonorités, de l’articulation, du souffle. Elles ont un rôle au niveau dudéveloppement de la motricité et familiarise les élèves avec les jeux du langage. Mais, la14 cf. annexe : poèmes de l’arbre à poème.

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comptine n’est qu’un cas particulier de la poésie, tout comme les fables, les haïkus, ou lessonnets. Pour présenter aux élèves ce qu’est la poésie, elle devra recouvrir différents types deformes.

Les enfants perçoivent la matière textuelle particulière qu’est le poème. Ils savent bien que cen’est pas la même chose que le conte ou le récit d’album. Pour amener les enfants à unepremière distinction entre texte littéraire et langage poétique, plusieurs textes ont été lusaux élèves. Deux poèmes, « L’automne » de Lucie Delarue-Mardus et « Soyez polis » deJacques Prévert, deux extraits d’album de littérature de jeunesse « L’automne de l’oursbrun », Keizaburo Tejima, L’école des Loisirs, et de « Poucette » 15de Hans ChristianAndersen, Lire c’est partir . Le but est de faire découvrir à l’enfant que la poésie se distingue du texte littéraire par desfaits d ‘écriture : importance de la « structuration sonore » de la syntaxe, du choix des mots,des images.Après chaque lecture, les élèves ont qualifié le texte. « L’automne » et « Soyez polis » ontclairement été identifiés comme des poèmes. Une majorité des élèves a qualifié l’extrait de« L’automne de l’ours brun » de poésie, sans doute car ce texte a une forte teneur poétique etest chargé d’une image forte. Cette réponse a été acceptée et expliquée. Comme les fables,certains textes peuvent être me semble t-il, classés dans la poésie. Par contre l’extrait dePoucette, a été qualifié d’histoire. Tout comme les poèmes, de nombreux poètes, doivent être représentés, reconnus ou moinsconnus, de tous temps, francophones ou de langue étrangère, pour montrer aux enfants que lapoésie n’a pas d’époque, de langue, ni de frontière16. Lors de la lecture d’un poème, soncréateur, doit être nommé et situé dans le temps. Un poète, c’est une personne, un visage. Unportrait. Une représentation peut être montrée aux élèves. Celui de Jacques Prévert estfamilier des enfants, il est souvent présent sur les recueils. L’édition Mango Jeunesse, dansses ouvrages, propose souvent des illustrations en ce sens. Ainsi les élèves prennent consciencede l’acte d’écriture d’un poème et les noms de leurs auteurs leurs sont familiers. Ils peuventalors plus facilement associer les poèmes d’une même plume. Suite à la lecture d’un poème deRobert Desnos issu de l’arbre à poèmes, qui sera présenté par la suite, les élèves ont à masurprise réagi immédiatement « Ah oui ! comme « l’oiseau du Colorado » ! » et ont désigné lepoème correspondant affiché au tableau.

Il est important, de laisser les recueils, les anthologies utilisées dans la classe, à portée desenfants. Ainsi ils peuvent les « lire » regarder les illustrations, l’installation du texte sur lapage. Ils feront la différence entre l’utilisation et la lecture d’un album, qui se lit de lapremière page à la dernière et souvent en une seule fois, avec l’utilisation d’un recueil, que l’onpeut parcourir, lire de façon aléatoire et à des moments épars. L’enfant viendra petit à petitvers nous avec un recueil en nous disant « tu nous en lis un ? » et non plus « tu nous le lis ? ».Ce contact avec l’objet est important il permet, de plus, aux élèves de savoir où certainspoèmes se trouvent. Sur la proposition d’un élève, «tu peux nous lire l’oiseau du Colorado ? »j’ai détaché le poème affiché au tableau. Un autre m’a alors interpellé et dit « Tu peux nous lelire dans le livre ? », je l’ai alors invité à aller le chercher et à l’ouvrir à la bonne page. Il estvrai que ce fut bien plus agréable ainsi.

15 cf. annexe : extraits de littérature de jeunesse.16 cf. annexe : poèmes de l’arbre à poème.

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B. Voir, ressentir, rencontrer

1. L’arbre à poèmes.

L’imprégnation poétique passe aussi par la mise en place d’un univers particulier, original,insolite. A St Eloi, un arbre à poèmes a poussé….

Le dernier jour, de mon stage nous avons récolté tous les poèmes (cf. annexe) chacun a choisile sien. Certains élèves avaient repéré l’emplacement de leurs poèmes préférés. Quelques« fruits » ont été lus, d’autres identifiés à la demande des élèves, « C’est lequel ? Celui dupetit escargot tu te rappelles ? ». Des élèves ont procédé à des échanges. A l’heure du départ,les enfants sollicitaient les adultes qui les entouraient, ATSEM, parents… pour une petitelecture supplémentaire !

2. Les auteurs.

Faire entrer la poésie dans la classe c’est aussi, rencontrer des poètes, correspondre aveceux. Sur un projet à long terme, des rencontres avec des poètes, notamment lors de la semaine dela poésie, peuvent être organisées, hors de la classe, mais aussi en son sein. Une telle rencontre, même brève, ou une correspondance, avec un auteur favoriserait unéchange constructif pour les élèves et leur enseignant. Le poète est bien vivant et ne serésume pas à un nom. Il peut répondre aux questions, expliquer sa démarche, échanger desidées, des images. A travers cette expérience la poésie peut rayonner, être communicative.De plus la mise en place d’un projet pédagogique en partenariat avec un auteur peut permettrede faire prendre conscience aux élèves que la poésie est un acte créatif, délibéré et construit.Lors de ces ateliers, la création et l’échange poétique, pourront mettre en évidence unecommunication et un partage d’émotions qui rendra plus concret une des fonctions de la poésie.

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Une semaine, après mon arrivée, un arbre apoussé dans notre classe, il était couvert depetits papiers de toutes les couleurs.Intrigués, les élèves m’ont invitée à en ouvrirun pour en savoir plus.Je l’ai lu…. C’est un poème ! Ont reconnu lesélèves. Nous l’avons remis sur l’arbre.Demain nous en cueillerons un autre… C’est ensuite à la demande des élèves que nousavons choisi, cueilli et dégusté chaque poème.

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C. Dire

1. Dire une comptine, un poème

« La poésie n’est pas dans ce que disent les mots, mais dans ce qui se dit entre eux et quiapparaît fugitivement dans les pauses et les silences. »

Octavio Paz17

La diction d’un poème, doit être différenciée d’une récitation de texte qui serait davantagebasée sur la mémorisation que sur l’interprétation. En effet, quel que soit le niveau des élèvesil faut être clair sur l’objectif poursuivi : développement de la mémoire ou des capacitésd’interprétation ? Les poèmes servent généralement de supports aux exercices demémorisation et l’on peut déplorer que la poésie ne soit souvent abordée que sous cet angle. Sitel est l’objectif, bien d’autres textes, ou traces écrites peuvent servir de supports. Pour lapoésie, le théâtre, une interprétation personnelle du texte mis en voix est nécessaire. Réciterpar cœur un poème dont le sens n’est pas immédiatement perceptible, sans se tromper et enproposant une interprétation audible est un exercice très difficile. En maternelle, dessupports et des aides peuvent être proposés aux élèves pour les aider dans la restitution dutexte afin qu’ils puissent se concentrer sur leur interprétation.Dire un texte, un poème en public constitue un véritable apprentissage. Georges Jean écrit que« la poésie impose un rythme respiratoire de base qu’il est fort difficile de transgresser si l’onne veut pas nuire à la transmission du ou des sens ». Ses propos montrent que le « dire »poétique est obligatoirement un entraînement à la respiration, à l’articulation, à l’accentuation…Tout ceci amène l’enfant à utiliser toutes les possibilités de sa voix. Pour permettre aux élèves de se mettre en bouche la rythmique du langage poétique j’ai choisiune comptine que l’on peut intituler « j’aime mon sapin… ».Pour les élèves de maternelle, même en grande section, il est difficile d’évoquer, de raconterun fait ou une histoire sans qu’ils aient de supports sous les yeux. Pour les aider, dans leurdiction, j’ai donc confectionné la guirlande suivante :

A chaque « tableau » correspondait une partie du texte de la comptine18. Afin de permettre unlien avec l’écrit, l’écriture script avait été ajoutée en dessous.En fin de journée un élève, volontaire, se plaçait sous la guirlande, et nous la contait.Le découpage en différents tableaux leur permettait outre de se rappeler l’ordre du texte, defaire des pauses dans leur diction. Ainsi nous avons pu dégager certains critères nécessaires àune bonne élocution, volume, articulation, et à une bonne écoute par le public, intonation,sourire, gestuels. Car il s’agissait ici de dire le poème, mais bien plus encore, de le transmettreaux autres ; le groupe d’ECOUEN19, qualifie cet échange de communication triangulaire20.

17 Octavio Paz préface au recueil de poèmes d’Elizabeth Bishop, Géographie III trad. Roubaud, Orr et Mouchard(Circé, 1992).18 cf. annexe : j’aime mon sapin…19 groupe de recherche d’ECOUEN , Former des enfants lecteurs et producteurs de poèmes, pédagogie pratique àl’école, Hachette Education20 cf. annexe : communication triangulaire

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2. S’exprimer

La poésie fait aussi raisonner en chacun une part d’intimité, elle permet une interprétationpersonnelle, un ressenti qui est propre à chacun. L’interprétation d’un texte, peut être due à sapolysémie, mais aussi à la « compréhension » que l’on en a. Toutefois une des caractéristiques de la poésie est qu’elle ne se comprend pas au sens propredu terme, elle se ressent, elle se perçoit. Jean Pierre Siméon écrit à ce propos : « Si le poète pouvait dire de façon intelligible et claireet d’une façon immédiatement compréhensible, ce qu’il dit dans un poème, pourquoi écrirait-ilun poème ? Ce qui fait le poème, c’est ce quelque chose qui n’est pas réductible à la parole, quenous ne pouvons pas formuler et pourtant dont nous avons le sentiment très fort en nous ».Lorsqu’on on lit un poème, il faut accepter de ne pas tout comprendre. Les enfants y arriventtrès bien, pour les adultes cet exercice est plus difficile. Cette ambition de vouloir toutcomprendre, et que tout soit compris, se retrouve dans notre enseignement. En effet, il seraitinadapté de demander aux élèves si ils ont compris ? Une consigne se comprend, pas un poème.Il existe dans la poésie une part de subjectivité, qui permet la personnalisation de lacompréhension. Chacun comprend alors à sa manière. Pour illustrer ce propos j’ai pu remarquerqu’aucun élève ne m’a stipulé qu’il n’avait pas compris le poème que je venais de lire, leurs raresquestions portaient sur des points de vocabulaire précis, « c’est quoi frétiller ? ».

Les élèves, en maternelle, ont un vocabulaire encore réduit, une connaissance des structuressyntaxiques minime, et des références culturelles à construire. Comment alors peuvent- ilscomprendre des poèmes riches de ces paramètres ? Dans la littérature de jeunesse, levocabulaire n’est pas enfantin, les structures sont complexes, les temps et les modesétrangers du vocabulaire quotidien des enfants. Pourtant ils comprennent l’histoire et captentles émotions sous-jacentes. Le contexte des mots inconnus permet de les intégrer et de leurdonner un sens. Comme nous l’avons vu, il n’est pas souhaitable, ni aisé d’ailleurs, desélectionner des poèmes adaptés à leur «compréhension » immédiate.

Nous pouvons toutefois leur demander ce qu’ils ressentent à l’écoute d’un poème. Lors de lapratique, j’ai pu constater que l’expression des émotions est un exercice difficile pour lesjeunes enfants, tant au niveau technique qu’émotionnel. Une grande écoute doit être instituéeet l’élève doit pouvoir s’exprimer de manière volontaire. Un échange de perception peut alorss’instituer. Le non dit doit avoir sa place. J’ai pu remarquer que certains élèves ne souhaitaientpas partager leur ressenti ou n’en avaient pas, ce qui est aussi un positionnement. Il nes’agissait pas non plus de se cantonner au traditionnel « j’aime, je n’aime pas, c’est beau…. », il aété intéressant de pousser la réflexion, « cela me fait penser à …», et ainsi commencer à faireémerger la notion d’images poétiques. Ainsi, suite à la lecture de « L’automne de l’ours brun » de Keizaburo Tejima, les élèvesdevaient exprimer ce qu’ils voyaient dans les étoiles…21. J’ai été surprise par la redondance despropositions, il semble que les élèves n’osaient pas faire part de leurs idées, ou ne se sentaientpas libres de le faire. Toutefois, suite au propos d’un des élèves « moi, je vois des pâtes », legroupe, après avoir rit, a pris conscience, de cet effet insolite. L’élève s’est justifié enexpliquant qu’il adorait les pâtes. La classe a ainsi prit conscience que toutes les pensées desélèves, leurs goûts, leurs sensations, pouvaient être ici exprimées. Les enfants ont alors faitdes propositions plus variées, traduisant semble-t- il des ressentis plus personnels, « on peutdire ce qui nous fait plaisir ? ». Il paraît important d’instituer un climat de confiance dans legroupe, de s’abstenir de tout jugement, de bien préciser qu’il n’existe pas de bonnes ou demauvaises réponses, de signifier aux élèves, qu’il peuvent dire ce qui leur fait plaisir.

21 cf. annexes: séquence poésie et annexe l’automne de l’ours brun.

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Cet exercice ne doit toutefois, pas être systématique, c’est la nature et le thème du textepoétique qui décideront de sa validité. Dans tous les cas, l’enseignant sera attentif aux avis, aux jugements, et aux questions de sesélèves.

III.Permettre aux élèves d’entrer en poésie: les jeux poétiques au service du développement de l’espritcréatif .

A. Ecrire pour développer la créativité et faireémerger la notion d’image poétique.

Afin de permettre des apprentissages plus spécifiques, les séances d’imprégnation poétiquepeuvent être renforcées par des séances de productions, consacrées aux jeux et à la créationpoétique. Ainsi les élèves pourront devenir acteurs, en expérimentant la poésie du côté descréateurs.

1. La spécificité de la maternelle

Les élèves de l’école maternelle ne maîtrisant pas l’acte d’écriture, la dictée à l’adulte tient unrôle fondamental. La création poétique est alors souvent collective.La pratique de la poésie en classe m’a donné l’occasion de constater que cette technique peutêtre une opportunité pour l’enseignant de relancer, stimuler, canaliser les propositions desélèves. De même, elle permet de gérer la capacité créatrice de chacun, d’encourager, decalmer les ardeurs. L’écriture collective présente un intérêt particulier, pour la simple raisonque nul enfant est naturellement poète, contrairement à certaines idées reçues. Comme j’ai pule remarquer, elle crée une dynamique entre pairs ; les idées se répètent puis rebondissent etfinissent par se développer. Le jeu pour les élèves, devient alors de trouver de nouvelles idées,pour se démarquer des autres.

Si les élèves ne savent pas écrire, ils ne savent pas lire non plus, ce qui peut être un obstacle,si l’on souhaite procéder à des modifications, ou tout simplement relire la production pour leplaisir. Afin de conserver les idées des élèves et qu’ils puissent se les approprier, un systèmed’étiquettes a été mis en place pour faciliter la lecture. Elles ont été réalisées à partir desidées issues d’un jeu poétique et à partir d’une collecte de mots que les enfants aiment pourleur sens ou leur sonorité.

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Les élèves ont ainsi pu, à chaque séance de travail, se remémorer et « lire » plus facilement cequ’ils avaient écrit. Les associations étant symbolisées par des étiquettes, ils ont pu procéder àdes échanges plus aisément. Un double des étiquettes avait été mis à disposition, afin que lesenfants, lors du temps calme ou de l’accueil du matin, puissent individuellement proposer desmodifications, tester de nouvelles associations.

2. Pourquoi créer des poèmes à l’école maternelle ?

Créer des poèmes à l’école maternelle c’est permettre de révéler le potentiel créatif dechaque enfant, c’est l’aider à s’approprier le langage poétique, à comprendre sonfonctionnement, c’est lui permettre « d’être attentif à découvrir ce qu’il y a dans la poésiedes autres » dit encore Aline Roméas. Créer des poèmes, c’est développer la sensibilité,l’affectif de l’enfant, c’est l’aider à se libérer de ses angoisses, d’émotions, de pulsionsprofondes. C’est enfin favoriser le désir de lire et de communiquer.

B. Jeux poétiques au service de la créationLe jeu poétique doit être considéré comme une approche, une expérimentation de la langue del’écrit et du langage poétique, comme un acte créateur mais il permet aussi à l’enfant deprendre conscience de lui –même et du monde.Comme les activités permettant l’imprégnation, les jeux poétiques doivent être proposésrégulièrement. A travers un jeu, une composante de la création poétique est travaillée(métaphore, image, rythme, structure, disposition spatiale, champ lexical…). Le jeu poétiqueest un entraînement, une manière de s’approprier les outils poétiques afin de les réinvestirdans des créations.

1. Jeux qui libèrent l’imaginaire et la créativité

Objectif pédagogique : libérer l’imaginaire et susciter la créativité. Reconnaître l’insolite et à travers lui, mieux voir la réalité.

En mettant en évidence l’insolite, le poète nous aide à voir autrement le quotidien et à endéchiffrer les symboles. Dans la mesure ou l’on jette un œil neuf et sans préjugé sur le mondele jeune enfant n’est pas surpris par l’insolite et le merveilleux. Son amour pour les contes defées le prouve. Il entre aisément dans un monde où l’extraordinaire devient naturel. Le succèsd’un conteur comme Tolkien22 prouve que nous avons plus que jamais besoin du merveilleux. Larecherche de l’insolite dans le quotidien nous incite à un autre regard sur ce qui nous entoure.« Une des fonctions de la poésie étant de « donner à voir », c’est par elle que l’enfant vaétablir son propre système de valeur en sachant reconnaître la vérité à travers l’insolite23 ».

Jeu des animaux : si j’étais…

Il s’agissait ici de faire travailler les élèves par groupe de cinq. Ils devaient répondre à laquestion « Si vous étiez un animal, qu’est ce que vous feriez ? » en ne proposant qu’une seuleidée. Un des objectifs était de trouver une seule proposition commune. Les élèves devaientéchanger pour retenir un animal et une action qui conviennent à tous. Cette organisation

22 Auteur du Seigneur des anneaux.23 S Christophe, C Grosset-Bureau, Jeux poétiques et langue écrite, pratique pédagogique, Armand Colin.

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permettait de n’avoir que six propositions à analyser et évinçait les tentatives de redite parimitation. Evidemment, le travail en groupe et la concertation, n’étant pas encore bien installésen maternelle, lors du regroupement collectif, chacun voulu proposer sa propre idée. Une seulepar groupe fut toutefois symbolisée au tableau. Après avoir relu les propositions, nous lesavons analysées. « Lorsque nous lisons cette phrase qu’est- ce que vous éprouvez ? » « C’estdrôle …, c’est impossible ! Rien.». « Lesquelles sont les plus agréables à entendre ? » Unesélection a été faite faite. Les propositions furent notées au tableau sous forme de dessins. Les enfants pouvaient ainsise repérer et relire leur premier jet24.

Jeu des couleurs

Ce jeu avait pour but de mettre en évidence l’image poétique, utiliser un autre mot« synonyme » pour évoquer la même chose, tout en touchant une dimension plus large del’imaginaire… C’est en écoutant des poèmes que l’enfant apprivoise l’image poétique et c’est enpratiquant qu’il en prend conscience.En demi- classe, un groupe devait chercher une couleur à associer à un animal, et l’autre groupedevait chercher des objets à associer à une couleur (vert= poireau, épinard, bouteille,pomme….), puis les groupes échangeaient. Cette fois les élèves pouvaient faire des propositionsindividuelles. Les animaux ont été proposés à partir des propositions du jeu si j’étais etprésentés sous forme d’étiquettes. Tout comme dans le jeu précédent, une analyse des recherches a été faite, en recherchant lesidées insolites pour les animaux et en triant le vocabulaire des couleurs relevé dans chaquegroupe.

Il y a…

En préliminaire, le poème de Paul Eluard « Dans Paris… » a été lu plusieurs fois aux élèves,afin qu’il s’approprient la structure et la logique du poème. Les élèves, par groupes de cinqdevaient trouver des idées à la manière de Paul Eluard. Suite à la mise en commun, une analysea été faite afin de bien préciser le système de construction du poème. Certaines propositionsont trouvé rapidement leurs limites : « Dans St Eloi, il y a une école, dans l’école il y a desenfants… » et dans les enfants ?.

2. Jeux qui permettent une approche précise de la langueécrite

Objectif pédagogique : Mettre en évidence des structures syntaxiques

Si j’étais…

A travers le jeu si j’étais vu dans « jeux qui libèrent l’imaginaire et la créativité », il s’agissaitpour les élèves de s’approprier la structure : si j’étais + un animal + verbe au conditionnel (jeferais, je serais….). En effet les élèves devaient répondre à la question « Si vous étiez unanimal, qu’est- ce que vous feriez ? » et répondre avec une phrase du type : si j’étais … je ….Cette structure fut réinvestie, par la suite lors du processus de création, à l’oral et reconnuesur le support à l’écrit.

24 cf. annexe : si j’étais…(premier jet)

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Il y a…De même pour l’utilisation de la structure : groupe prépositionnel+ il y a + groupe nominal.Lors du jeu poétique, les élèves devaient utiliser cette structure, elle fût réinvestie à l’orallors de la création.

3. Jeux qui mettent en évidence certains procédés propres aulangage poétique

Objectif pédagogique : Prise de conscience de la fonction poétique de la musique d’un motindépendamment de son sens. Habituer les enfants à isoler un ou plusieurs sons de la « chaîneparlée ». Donner aux enfants l’occasion d’être attentifs aux sonorités d’un mot, de leur prénomnotamment.

Jeu des prénoms

Si la plupart des didacticiens s’accordent sur le fait que l’enfant n’est pas naturellement poète,certains soutiennent que dès le plus jeune âge il joue naturellement avec les sons. J’étais moi-même habitée par ce sentiment, et dans le but de montrer aux enfants que la poésie n’était pasque rimes, comme ils le conçoivent souvent, je comptais évaluer leur connaissance en lamatière. J’ai donc mis en place comme premier jeu poétique, un jeu de rime avec les prénomsdes enfants, sur le modèle du poème de Obaldia. Aucun écho de rimes à mes attentes,simplement un petit « escargot c’est comme Océane ». Il semble donc que les jeux de rimes etde sonorités ne sont pas si naturels que cela pour les enfants. Apparemment la majorité desélèves de cet âge sait trouver des mots contenant un même phonème. Cette constatation,invite à imaginer un travail, sur la mélodie de la phrase. Il semble que la difficulté des enfantss’accroît lorsqu’ils doivent trouver deux mots commençant ou finissant phonétiquement de lamême manière. Inciter les élèves à frapper les syllabes peut peut-être constituer un exerciced’aide qui leur permettrait de mieux entendre la place du son dans le mot.

Jeu du corbillon

Pour travailler la notion de rimes, j’ai proposé aux élèves un jeu sur le principe du jeu ducorbillon en séance de langue orale.Les élèves étaient en demi-classe, à partir d’un dessin au tableau représentant une maison encoupe, à l’intérieur de laquelle étaient détaillés plusieurs éléments. Les élèves devaienttrouver à partir d’une question-devinette quels objets se trouvaient sous le sapin, dans leschaussons, etc…Un des groupes à la question : « Sous mon sapin, qu’est- ce qu’il y a ? », les élèves ont d’abordrépondu de façon très pratique « des jouets ! », pour faire face à ma négation, il firentd’autres propositions, bien décidés à trouver. A la proposition un train, mon visage s’est éclairépar un grand « oui ! ». Des élèves un peu perplexes m’ont fait remarquer que j’avais dit qu’il n’yavait pas de jouets ! Alors ? D’autres propositions ont afflué, chacun tentant sa chance, jusqu’àce que certains trouvent la solution à cette énigme en proposant, Robin, lapin etc… D’autresrecherches ont été faites avec différents objets. Ceux qui avaient trouvé, jouaient à leur tourà poser des devinettes…Pour le second groupe l’exercice fut plus difficile et donc moins concluant, moins d’élèves onttrouvé la clé. En règle générale, les élèves n’ont pas peiné à trouver des rimes en « in » et « on » par contreils ont eu beaucoup plus de mal à trouver des rimes en « i ». Nous pouvons remarquer, en tantqu’adulte que plus notre lexique est large plus le champs des possibles, pour réaliser ce type

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d’exercice, est grand. C’est pourquoi, pour permettre aux élèves d’élargir leur choix, il seraitintéressant de constituer une «boite à mots ». Elle serait nourrie tout au long de l’année, pardes mots de toutes natures, rencontrés au détours de nos lectures et sur propositions desélèves.

C. Production d’écrits

1. Réinvestissement à partir des jeux poétiques

L’imprégnation poétique quotidienne et les jeux poétiques mis en place permettent decréer des bases pour la création collective d’un poème qui s’appuiera sur une structuresyntaxique déjà connue et sur les propositions mises en commun. Cette mise en communcollective est une suite aux jeux poétiques et permet ainsi une création moins stéréotypéeet plus réfléchie. Les élèves devront réinvestir et apporter des idées, des images, ce quiencourage certains élèves à se détacher des idées de leurs pairs et à innover.

2. Processus de création

• si j’étais :

Pour débuter cette première phase de création, j’ai proposé aux élèves de reprendre lastructure du jeu « si j’étais ». Un tableau de lecture confectionné avec les étiquettesreprésentant les propositions du premier jet, leur a été présenté. Les élèves ont pu ainsi lireleur production, les élèves les plus réservés lors des phases de création, ont été sollicités pour« lire » le texte, ce qui leur a permis de formuler oralement la structure syntaxique si j’étais.En effet, les étiquettes, leur permettaient de retrouver l’enchaînement des idées mais leverbe utilisé et la structure syntaxique devait être retrouvée par les élèves. Les élèves ontdonné de nouvelles idées. Parallèlement nous avons remarqué que les verbes utilisé étaientsouvent les mêmes, comme nous l’avons vu dans le paragraphe « maîtrise de la langue écrite etorale », nous avons travaillé sur ce point. Ainsi, la production a énormément gagné en richesse,les propositions sont devenues plus abstraites, plus imagées25 . Il est en effet apparu unedynamique de classe au fur et à meure de cette séance, permettant l’émergence depropositions telles que « …je me baignerais dans le soleil », « je changerais les couleurs del’arc- en- ciel »..

Pour commencer la deuxième phase de création, l’album « si j’étais26 » a été lu aux élèves, puisleur production, de façon solennelle. Les enfants ont reconnu leur production, « c’est notrepoème ! ». Le panneau, confectionné avec les étiquettes correspondant aux propositions dusecond jet a été présenté aux enfants. Puis une comparaison a été faite entre la production etle texte « si j’étais… »; les effets comiques, insolites ont été soulignés. Une phase derecherche a alors été mise en place. Elle consistait à échanger le début d’une phrase avec lafin d’une autre afin de trouver de nouvelles situations cocasses, de nouveaux effets…

25 cf. annexe : si j’étais… second jet.26 « Si j’étais… » Marie Houblon et Olivier Latyk, Casterman.

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Les étiquettes en double exemplaire, furent laissées a disposition des élèves, afin qu’ilspuissent essayer de nouvelles combinaisons lors des temps d’autonomie.

Pour finir, les modifications issues de la phase de recherche furent prises en compte et le jeudes couleurs réinvesti dans la production. A chaque animal fut attribuée une couleur, sousforme imagée, grâce au réservoir de mots, constitué lors du jeu. C’est ainsi que le serpentimaginé bleu par les élèves devint couleur de nuit27.

Au final, nous pouvons relever que les élèves ont évolué dans la production, ils sont passés depropositions proches de la réalité à un univers plus imagé. Ils ont toutefois eu du mal àeffectuer des modifications dans la production, préférant souvent unanimement quelques idéesphares telles que « Si j’étais un serpent je mangerais les enfants. ». Cette proposition traduitbien l’univers imaginaire des enfants, avec ses prédateurs, et ses peurs. De plus, il est difficilede prendre une décision collectivement. Pour le jet final, nous avons adopté une des solutionspossibles. Toutefois la mise en forme du poème, accompagné de dessins, permet outre derelire le poème dans l’ordre choisi, de créer des variantes en mélangeant les animaux et lesactions.

• Il y a : En début de séance, afin de rappeler la structure du texte aux élèves, le poème de Paul Eluarda été relu. Un point de départ a été choisi. Ce fut le Pôle Nord. Afin d’enrichir la production,les élèves purent utiliser, dans, sur, sous…. Les idées se sont enchaînées, emboîtées.Toutefois, les élèves n’étaient pas tous en accord avec le même thème, certains étaient desfidèles partisans du Père Noël alors que d’autres préféraient la banquise. Les deux champs,furent développés et retenus, donnant lieu à deux productions distinctes28.

A travers cette production, on constate que les élèves ont attaché une importance à la fin dupoème, en finissant sur une touche fantastique, magique. L’étoile sur la bague, le Père Noëldans l’arc-en-ciel, sont des images agréables pour les élèves. Il semble de plus, que l’idée del’étoile comme celle de l’arc-en –ciel soient des réinvestissements des travaux faits en langueorale et lors de la production de «si j’étais ».

• Mes cadeaux :

Nous avons repris le dessin de la maison présenté dans le jeu poétique, ainsi que les mêmeséléments . En effet les élèves d’un groupe n’ayant pas bien compris le principe, je souhaitais lereprendre en groupe classe. L’émulsion et la répétition ont permis de collecter un plus grand

27 cf. annexe : si j’étais…production finale.28 cf. annexe : Mes cadeaux et Au Pôle Nord

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« réservoir » de mots. Une sélection des mots les plus adaptés, a été opérée, afin d’aboutir àune création poétique29.

Ces productions, montrent que les élèves s’avèrent capables de création. En préparant cetteséquence de poésie, ne connaissant pas le potentiel des enfants, je ne m’attendais pas à allerjusqu’à la production de poèmes. Je pensais proposer, parallèlement à la mise en place desactivités d’imprégnation poétique, des jeux afin de permettre les apprentissages vusprécédemment. Mais, les élèves à travers ces activités ont montré un grand enthousiasme etont construit des compétences, prise de conscience de l’image poétique, développement del’imaginaire, prise de confiance vis à vis d’eux mêmes et des autres. De plus, ils ont fait évoluerleurs pensées, en passant de propositions très réalistes, à des idées beaucoup plusrecherchées. Ils ont visiblement appris des textes lus en classe, mais aussi beaucoup de ladynamique de classe crée entre pairs.

3. Création d’un recueil

En constituant un recueil il s’agit de valoriser les productions des élèves. Il constituera de plusune trace pour la mémoire collective de la classe. Celui que nous avons réalisé regroupe les poèmes des enfants produits durant ces troissemaines, « Si j’étais… », les deux versions de « Au Pôle Nord », et «Mes cadeaux ». Lerecueil30 a été décoré par une production réalisée en graphisme, et a été emporté dans lesfamilles à l’occasion de Noël, afin je l’espère de pouvoir partager un petit moment poétique.

29 cf. annexe : Mes cadeaux et Au Pôle Nord30 cf. annexe : recueil.

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Conclusion

La poésie de par les multiples apprentissages qu’elle engendre, en outre soulignés par lesInstructions Officielles, et le plaisir qu’elle procure a bien sa place à l’école. Nous pouvons constater que malgré la rareté des références didactiques concernantl’enseignement de la poésie en maternelle des moyens peuvent être mis en œuvre afin delaisser une plus grande autonomie aux élèves et ainsi accroître leur liberté de choix et decréation.

Ce mémoire montre comment en faisant entrer la poésie en classe, nous pouvons permettre auxélèves de bénéficier d’un bain poétique qui leur permettra d’entrer dans leur poésie en créantleurs propres poèmes. C’est pourquoi ce travail détaille des situations d’imprégnation et dejeux poétiques, proposant de nombreux apprentissages qui conduiront les élèves à rencontrerla poésie lors d’activités diversifiées complémentaires et interactives.Les apprentissages liés à la pratique de la poésie en classe sont difficilement évaluables auterme d’une seule séquence de poésie. En effet il s’agit d’acquisitions à long terme. Cesdernières, qui ne sauraient être développées ou obtenues par un saupoudrage d’activités ou dejeux poétiques isolés, nécessitent une pratique intense et régulière.A l’issue de cette courte séquence, j’ai tout de même pu constater de manière générale, uneaugmentation de la prise de parole des élèves réservés et un réinvestissement des structuressyntaxiques, une écoute croissante entre pairs, une évolution dans les propositions des élèvesvers un univers où l’image poétique avait sa place, et grâce à la dynamique de classe, à unélargissement du lexique de chacun. Il semble d’autre part que les élèves aient élargi leurperception du monde poétique.

Ce mémoire montre de plus, que les élèves de maternelle sont enthousiastes lors de ladécouverte de ce nouveau genre littéraire et capables de création poétique. Les activitéspoétiques en classe sont source de plaisir et d’enrichissements pour les élèves et lesenseignants qui les accompagnent dans cette démarche. C’est pourquoi j’espère avoir convaincules enseignants de l’utilité de la poésie à l’école et les encourage à lui faire une place plusimportante dans leurs classes. Nous avons vu, que faire découvrir la poésie et mener desactivités de création repose plus sur un état d’esprit que sur une connaissance technique dansce domaine.

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Bibliographie

• La poésie, Paule Kassis, technique de classe, CLE international, 1993.

• Poésie et langage à l’école maternelle, Ginette Orreindy, l’Ecole, 1982.

• Former des enfants lecteurs et producteurs de poèmes, Groupe de recherche

d’Ecouen, coordination Josette Jolibert, Christine Sraiki, Liliane Herbaux ; Pédagogie

pratique à l’école, Hachette Education, 1992.

• Approches poétiques de la langue, cycle 2, Janine Hiu, Enseigner Aujourd’hui, Bordas

pédagogie, 2002.

• Jeux poétiques et langue écrite, S. Christophe/ C. Grosset- Bureau, pratique

pédagogique, Armand Colin, 1991.

• L’écriture poétique au cycle 2, C. Grosset- Bureau / M. Bélie, pratique pédagogique,

Armand Colin, 1995.

• Le comment de la poésie, P. Dufayet / Y. Jenger, collection sciences de l’éducation, les

éditions ESF, 1973.

• La poésie au cycle 2, Y. Crozier, les pratiques de l’éducation/ Ecole, Nathan Pédagogie,

2001.

• Poèmes à l’école, B. Blot / L. Porcher, Armand Colin – Bourrelier, 1980.

• Les poèmes à l’école, M.C. Martin / S ; Martin, Parcours didactiques à l’école,

Bertrand- Lacoste, 1997.

• A l’école de la poésie, G. Jean, Actualité Pédagogique, Retz, 1989.

• AÏE ! Un poète, Jean-Pierre Siméon, Seuil, 2003 .

• Poésies du monde pour l’Ecole, Anthologie de poésie et de jeux poétiques C2 , C3,Hachette éditions.

Sites Internet : Jean-Pierre Siméon sur remue_net.htm : www.remue.net/cont/simeon01.html

Dossier la poésie à l’école:

http://eduscol.education.fr/index.php?./D0102/biblio.htm%23poesie

Revues :

• Education enfantine, n°992, sept. 1997.

• Education enfantine, n°997, fév. 1998.

• JDI, n°1572, nov. 2003.

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Recueils :

• Haïku, Anthologie du poème court japonais, présentation, choix et traduction de

Corinne Atlan et Zéno Bianu, nrf. Poésie/ Gallimard.

• Un poème, un pays, un enfant, Anthologie, Bernard Lorainne, Le Cherche Midi , Editions

UNESCO .

• Les plus beaux poèmes pour enfants, Anthologie, Jean Orizet.

• Le Prévert, Le Desnos, Le Paul Eluard, Le René Char, Le Apollinaire, chacun dans la

collection Mango Jeunesse.

Albums :

• Si j’étais… Marie Houblon et Olivier Latyk, Casterman.

• L’automne de l’ours brun, Keizaburo Tejima, l’école des Loisirs.

• Poucette de Hans Christian Andersen, Lire c’est partir

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Annexes

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Annexe: séquence poésie

Imprégnation poétique et développement de l’esprit créatif

Ecole de St Eloi24 grandes sections et 6 moyennes sections.

Objectifs généraux :- rencontrer différents poètes pour la construction d’une culture poétique commune.- écouter des poèmes, prendre conscience des caractéristiques particulières de la

poésie et percevoir l’aspect insolite de certains poèmes.- dire un poème travaillé, de manière personnelle, - en regard des poèmes rencontrés, écrire des textes poétiques selon les approches

imitatives, ludiques, et créatives.- Echanger oralement pour exprimer ses sensations et faire évoluer ses idées.- développer la sensibilité et l’imagination et permettre l’affirmation de soi.

Imprégnation quotidienne : lecture de poèmes variés, découverte etexploitation d’un arbre à poèmes. Lecture et utilisation de différents recueil.Diction d’une comptine poétique.

Séance 1 : jeu des prénomsobjectif: évaluation diagnostique sur la reconnaissance et la manipulation des sonorités 1/2 classelecture du poème de Obaldia.Recueil des réactionsJeu des prénoms Collecte des mots qu’ils aiment

Séance 2 : s’exprimer par rapport à un texte poétique (séance de langueorale)objectif : s’exprimer à partir d’une « situation poétique » évoquée par un texte. album « L’automne de l’ours brun » de Keizaburo Tejima, l’école des LoisirsA partir de la fin : la lune s’est couchée, les étoiles brillent . Il voit en rêve… qui évolue dans leciel comme une étoile. », les élèves expriment ce qu’ils voient dans les étoiles…

Séance 3 : jeu si j’étais…objectif : trouver une proposition commune, susciter l’imaginaire, utiliser la structure dephrase: si j’étais … je…..Par groupe de 5 élèves : donner une proposition par groupe, travailler collectivement etrapporter sa réponse. Mise en commun et évolution possibleRecueil des propositionsSouligner les effets.

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séance 4 : création poétique : Si j’étais… 1objectif : jouer avec les mots, prendre conscience des effets obtenus par de situationinsolites.Reprendre le jeu et présenter le tableau de lecture avec les propositions du premier jet,lecture par les élèves.Rappel des effets trouvés, et réutiliser la structure si j’étais … je…..Les élèves donnent de nouvelles idées et poursuivent la création.Au tableau les noms sont notés sous forme de dessins, les enfants peuvent se repérer et relireleur poésie.

Séance 5 : présentation de l’arbre à poème

séance 6 : création poétique : Si j’étais… 2objectif : jouer avec les mots, évoluer vers propositions plus abstraitesLecture le premier jet aux enfants de façon solennelleLecture de l’album si j’étais…Présentation du tableau de lecture avec les nouvelles étiquettes, lecture par les élèves.Comparaison avec leur production.Phase de recherche, échanger des phrases de la production pour trouver d’autres situationsinsolites, d’autres effets.(les étiquettes sont laissées à disposition des élèves, pour trouver de nouvelles solutions).

Séance 7 : s’exprimer par rapport à un texte poétique : un Haïkuobjectif : exprimer son ressenti, ses émotions.

Séance 8 : jeu il y a…objectifs :faire ressortir une idée commune au groupe, comprendre la structure du texte et,utiliser la structure il y a Lecture du poème « Dans Paris » de Eluard , faire remarquer que les éléments sont emboîtésdu plus grand au plus petit (gestes).Travail en groupe de 5, trouver des idées dans la ville il y a , dans cette ville il y a une école,dans cette école il y a…Echanges d’idées, faire remarquer aux élèves que plus les idées sont imagées, originales, pluselles sont appropriées.

Séance 9 : création poétique : Il y a… 2objectifs : recherche d’effets poétiques à travers une production dont la structure estinspiré d’un poème existant.Lire la poésie de Paul Eluardréinvestir le jeu il y a…en utilisant sur, sous, dans… et la structure du texte.

séance 10: présentation de la guirlande de la comptine « j’aime monsapin »objectif : mémorisation dans l’otique de la diction du poème (articulation, volume,interprétation)

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séance 11: jeu des couleursobjectifs: susciter l’image poétique notamment à travers l’absurde et acquérir un nouveauvocabulaire.

Un groupe cherche une couleur pour des animaux : un dromadaire vert ou un éléphant mauve (1étiquette par enfant (deux ou 3 étiquettes par animaux)).Un autre groupe cherche des objets correspondants à une couleur expl vert= poireau, épinard,bouteille, pomme….Echange d’activitéEn groupe classe confronter les idées trouvées.

séance 12: création poétique : Si j’étais… 3objectif : jouer avec les mots, évoluer vers propositions plus abstraites, réinvestir le jeu descouleursRelire album si j’étais Lecture du second jet par les élèves.Prendre en compte les modifications et celles issues des manipulations avec les étiquettes enautonomieTrouver des couleurs « images » pour les animaux pour enrichir la production.

séance 13: jeu du corbillon (séance de langue orale). ½ classeobjectif : jouer avec les mots, prendre conscience que la musique d’un mot indépendamment deson sens, produire des rimes Le jeu du corbillon: avec les endroits où l’on peu trouver les cadeaux de Noël : dans meschaussures, chaussons, chaussettes, salon, la cheminée, sous le sapin, au pied du lit, en bas del’escalier.

séance 14: Comparaison de textes : objectifs : prendre conscience des formes particulières que peu recouvrir la poésieidentifier les poèmes à l’écoutes des différents textes suivants :deux poèmes, « L’automne »de Lucie Delarue-Mardus et « Soyez polis » de Jacques Prévert, deux extraits d’album delittérature de jeunesse « L’automne de l’ours brun », Keizaburo Tejima, L’école des Loisirs, etde « Poucette » de Hans Christian Andersen, Lire c’est partir .

séance 15: Disposition des textes poétiquesobjectif : prendre conscience des formes écrites variées que peu recouvrir la poésieRegarder différentes dispositions : calligrammes « Le cheval» et « l’œillet », « l’automne », et« Dans Paris ».

séance 16 : création poétique : mes cadeauxobjectif : écrire une poésie avec quelques rimes à partir des séances de langue orale, disposerun texte poétique.Reprendre le jeu du corbillonSélectionner le vocabulaire adapté au thèmeDisposer le texte.

séance 17 : confection de la carte « j’aime mon sapin »objectif :Mettre en relation la récitation de la comptine et les gestes en réalisant le sapindécrit dans la comptineréinvestissement des notions « dessus » et dessous ».

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Annexe: calligrammes

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Annexe: extraits de littérature de jeunesse

« La lune s’est couchée, les étoiles brillent.L’ourson regagne son terrier et s’endort près de sa maman.Il voit en rêve……un gros, très gros poisson d’or qui évolue dans le ciel, tel une étoile. »

Extrait de « L’automne de l’ours brun », Keizaburo Tejima, l’école des Loisirs

« Poucette passa l’été toute seule.Elle se nourrit du pollen des fleurs sauvages et bu la rosée du matinElle se tressa un lit de brins d’herbe à l’abri d’une grande feuille.Mais un beau jour, les oiseaux se turent et partirent ; les fleurs se fanèrent ;les feuilles des arbres tombèrent…L’hiver était là. Puis la neige se mit à tomber.Poucette grelottait dans ses vieux vêtements.Transie de froid, elle se mit à chercher un abri.»

Extrait de « Poucette » de Hans Christian Andersen, Lire c’est partir

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Annexe: communication triangulaire.

Le groupe d’ECOUEN parle de communication triangulaire :

Expression de soi à travers un poème (relation AB)Découverte (relation AC)Partage et communication (relation BC)

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A

B

C

B. Le locuteur« Je dis un poème. »« Je souhaite faire partager un momentfort que j’ai vécu : la rencontre avec cepoème. » « Je veux parvenir à faire vivre à ceux quim’écoutent la même relation forte .»« je veux essayer de communiquer ce quej’ai éprouvé. »

A. Le poème

C. L’auditeur« J’écoute le poème. »« Je me fais disponible à cette écoute(surtout si je dois moi aussi dire plus tardun poème). »« Je découvre mon camarade à travers cepoème. »« Je découvre ce que j’éprouve moi-même àl’écoute du poème .»

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Annexe: poèmes de l’arbre à poèmes

Il y a des jardins.

Il y a des jardins qui n’ont plus de paysEt qui sont seuls avec l’eauDes colombes les traversent bleues et sans nid.

Mais la lune est un cristal de bonheurEt l’enfant se souvient d’un grand désordre clair.

Georges Schéhadé

Aurore printanier.

Mon sommeil du printemps a oublié l’aurore

Voici que les oiseaux chantent de toute part.

Cette nuit bruissaient le vent et la pluie.

Qui sait combien de fleurs maintenant sont tombées ?

Meng Haoran

S’il fait beauNous irons au zoo

S’il fait grisNous resterons ici,

S’il fait chaudNous irons dans l’eau,

S’il fait froidNous irons au bois,

Et si…du cielTombent des trolls,

Alors ?Alors nous irons à l’école !

Mondou et Dupuy- Sauze

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L’escargot philosophe *

C’était un petit escargotQui n’aimait pas du tout la pluie« l’eau c’est la vie »dit-on souvent. Mais lui, n’en croyait pas un mot.Lorsqu’un jour, cédant enfin à son entourage,Il sortit affronter l’orage.Il n’avait pas,Si j’ose dire fait trois pas,Qu’il glisse sur une salade.Et le voilà parti de voltige en rouladePour s’arrêter nul ne sait où,Quand, sur un énorme caillou,Il vient, le malheureux, fracasser sa coquille !

Et se retrouver tout nu, comme une anguilleChacun se moque ou compatit.C’était un philosophe : il se redresse et dit :« que voulez vous que cela me fasse ? Voilà tout ! Je serai limace… »

Vital Heurtebize

Et la pluies’enfuitet la fées’en fût

et le lutinmalinRevint

au matindans mon jardin

Mondou et Dupuy- Sauze *

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Haïkus

Au nectar d’orchidée le papillon,parfume ses ailes.

Mastsuo Bashô

Soleil couchantLa grenouille aussi Est en larmes. Kobayashi Issa

Veil étang,Au plongeon d’une grenouilleL’eau se brise. Mastsuo Bashô**

Mille petits poissons blancsComme si frétillaitLa couleur de l’eau. Konsishi Raizan ** et *

Mon cœur batcomme une houle d’hirondelles.

Yotsuya Ryù *

A la surface de l’eauDes sillons de soiePluie de printemps

Ryôkan *

Des montagnes lointainesDans les prunelleDe la libellule

Kobayashi Issa

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Un enfant m'a dit

Un enfant m'a dit : le soleil est un œuf dans la poêle bleue…

Un enfant m'a dit : le soleil est une orange dans la neige…

Un enfant m'a dit : le soleil est une pêche jaune et rougesur un lit de velours qui bouge…

Un enfant m'a dit : le soleil est un bijou sur une robe…

Un enfant m'a dit : je voudrais,je voudrais cueillir le soleil.

Pierre Gamara

Dans Paris…**

Dans paris il y a une rue ; dans cette rue il y a une maison ; dans cette maison il y a un escalier ;dans cet escalier il y a une chambre ; dans cette chambre il y a une table, ; sur cette table il ya un tapis ; sur ce tapis il y a une cage ; dans cette cage il y a un nid ; dans ce nid il a un œuf ;dans cet œuf il y a un oiseau.

Paul Eluard

L’automne **

On voit tout le temps, en automne, Quelque chose qui vous étonne.C’est une branche tout à coup,Qui s’effeuille dans votre cou.C’est un petit arbre tout rouge,Un, d’une autre couleur encor,Et puis partout, ces feuilles d’or Qui tombent sans que rien ne bouge

Lucie Delarue-Mardus

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Ecureuil

Un écureuil sur la bruyèreSe lave avec de la lumièreUne feuille morte descendDoucement portée par le ventEt le vent balance la feuilleJuste au dessus de l'écureuilLe vent attend pour la poserLégèrement sur la bruyèreQue l'écureuil soit remontéSur le chêne de la clairièreOù il aime à se balancerComme une feuille de lumière

Maurice Carême

La fourmi **Une fourmi de dix-huit mètresAvec un chapeau sur la tête,Ça n'existe pas, ça n'existe pasUne fourmi traînant un charPlein de pingouins et de canards,Ça n'existe pas, ça n'existe pasUne fourmi parlant français,Parlant latin et javanaisÇa n'existe pas, ça n'existe pas.Et pourquoi pas ?

Robert DESNOS

L'Esquimau **

Un Esquimau sur un ÉléphantC'est original et c'est amusantCar l'un vient du froid et l'autre du chaudMais un Éléphant sur un EsquimauC'est dangereux car ça pèse tropMême si ce n'est qu'un éléphanteau.

Pierre GAMARRA

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Le cancre

Il dit non avec la têtemais il dit oui avec le cœuril dit oui à ce qu’il aimeil dit non au professeuril est debouton le questionneet tous les problèmes sont poséssoudain le fou rire le prendet il efface toutles chiffres et les motsles dates et les nomsles phrases et les piègeset malgré les menaces du maîtresous les huées des enfants prodigesavec les craies de toutes les couleurssur le tableau noir du malheuril dessine le visage du bonheur.

Jacques Prévert

Zoo

A la tombée de la nuit,Quand se sont refermée les grillesL’éléphant rêve à son grand troupeauLe rhinocéros à ses troncs d’arbresL’hippopotame à ses lacs clairsLa girafe à des frondaisons de fougèresLe dromadaire à des oasis tintantesLe bison à un océan d’herbesLe lion à des craquements dans les feuillesLe tigre de Sibérie à des traces dans la neigeL’ours polaire à des cascades poissonneuses…

Michel Butor

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Planète

Sur une planète il y aUne rivière pour le chevaux du soleilDu soleil en mille morceauxQui danse dans leur crinière.

Sur une planète il y aUn puits pour les crapauds de luneQui montent la nuit comme des bulles Pour jouer à saute- lumière.

Gérard Bocholier

J’aurais une grande boîte

J’aurais une grande boîtePleine de soleilPour les jours de pluiePleine de souriresPour le jours de grognePleine de courage Pour les jours de flemme.Et dans ma boîte j’aurai aussiPlein de coquillagesPour écouter la mer.Luce Guilbaut

L’écureuil*

Dans le tronc d’un plataneSe cache une cabane.Un petit écureuil est assis sur le seuil.Il mange des cerises,Tricote une chemise ;Recrache les noyaux,Se tricote un maillot ;Attaque les noisettes,Fait des gants, des chaussettes…Qu’importe s’il fait froid !Tant pis si vient l’hiver !Une maille à l’endroit,Une maille à l’envers :L’écureuil, fort adroit,Se fait des pull-overs.

Jean- Luc Moreau

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Le dragon à cinq pattes*

Un dragon, fort et fier,Se promenait sur ses terres…Quand soudain,PLOCK ! Il tombe par terre…« qui m’a fait un croche-patte ? »demande le dragon à cinq pattes.C’est moi le mille pattes des Carpates, Et maintenant tu as le nez comme une Pa ta te !

Pascale Estellon

La grenouille aux souliers percés*

La grenouille aux souliers percésA demandé la charité.Les arbres lui ont donnésDes feuilles mortes et tombées.

Les champignons lui ont donné le duvet de leur grand chapeau.

L’écureuil lui a donnéQuatre poils de son manteau.

L’herbe lui a donnéTrois petites graines.

Le ciel lui a donnéSa plus douce haleine.

Mais la grenouille demande toujours, demande encore la charitéCar ses souliers sont toujours, sont encore percés.

Robert Desnos

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Il y a *

Il y a un enfantDans le jardin fleuri.Ne serait-ce ma vie qui joue ?

Il y a un enfantDans le jardin fleuri.Ne serait-ce ma vie qui se met à jouer ?

Il y a un oiseauDans le grand cerisier.Ne serait-ce ma vie qui chante ?

Il y a un oiseauDans le grand cerisier.Ne serait-ce ma vie qui se met à chanter ?

Il y a un maçon,Montant sur son échelle.Ne serait-ce pas ma vie qui monte ?

Il y a un maçon,Montant sur son échelle.Ne serait-ce pas ma vie qui se met à monter ?

Maurice Carême

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Jean Joubert

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Jean Joubert

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Annexe: Autres poèmes

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Robert Desnos

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Jacques Prévert

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Annexe: Si j’étais… (premier jet issu du jeu)

Si j’étais un serpent

Je mangerais les enfants

Si j’étais un singe

Je grimperais aux arbres

Pour manger toute les bananes

Si j’étais une girafe

Je ferais peur aux parents

Si j’étais un papillon

Je volerais jusqu’au ciel

Si j’étais une coccinelle

Je lècherais des glaces

Si j’étais un éléphanteau

Je boirais du cacao

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Annexe: Si j’étais…(second jet)

Si j’étais un dromadaire

Je ferais du trampoline

Si j’étais un lion

Je changerais les couleurs de l’arc en ciel

Si j’étais un tigre

Je me baignerais dans le soleil

Si j’étais un koala

Je toucherais les étoiles filantes

Si j’étais un dragon

Je cracherais des feux d’artifice

Mais nous sommes des enfants

et nous voudrions changer lescouleurs

de la planète

pour que tout soit meilleur.

Les élèves de GS et de MS(école maternelle de St Eloi)

Si j’étais un serpent

Je mangerais les enfants

Si j’étais un singe

Je grimperais aux arbres

Pour manger toute les bananes

Si j’étais une girafe

Je ferais peur aux parents

Si j’étais un papillon

Je volerais jusqu’au ciel

Si j’étais une coccinelle

Je lècherais des glaces

Si j’étais un éléphanteau

Je boirais du cacao

Si j’étais un ours

Je sucerais des glaçons

Si j’étais un panda

Je ferais du toboggan

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Si j'étais...

Si j’étais un serpent couleur de nuit,

Je mangerais les enfants.

Si j’étais un singe clémentine,

Je ferais du trampoline.

Si j’étais une girafe épinard,

Je ferais peur aux parents.

Si j’étais un papillon petit pois,

Je lècherais des glaces.

Si j’étais une coccinelle châtaigne,

Je grimperais aux arbres

Pour manger toute les bananes.

Si j’étais un éléphanteau chocolat,

Je boirais du cacao.

Si j’étais un ours framboise,

Je sucerais des glaçons.

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Annexe: si j’étais… production finale

Si j’étais un panda tomate,

Je ferais du toboggan.

Si j’étais un dromadaire ciel,

Je volerais dans les airs.

Si j’étais un lion citron,

Je changerais les couleurs de l’arc- en- ciel.

Si j’étais un tigre couleur de pluie

Je me baignerais dans le soleil.

Si j’étais un koala lilas,

Je toucherais les étoiles filantes.

Si j’étais un dragon fraise,

Je cracherais des feux d’artifice.

Mais nous sommes des enfants

et nous voudrions changer lescouleurs

de la planète

pour que tout soit meilleur.

Les élèves de MS et de GS(école maternelle de St Eloi)

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Mes cadeaux

Dans le salon ?Cendrillon.

Sous le sapin ?Un indien.

Dans la cheminée ?Des jouets.

Dans mes chaussures ?Une voiture.

Dans mes chaussons ?Des bonbons.

Dans mes chaussettes ?Des cacahuètes.

Dans mon cadeau ?Un oiseau.

Sous le houx ?Un bisou.

Les élèves de MS- GS St Eloi

Au Pôle Nord.

Au Pôle Nord il y a de la neige, sur la neige il y a un traîneau, dans le traîneau il y a une hotte, dans la hotte il y a un cadeau, dans le cadeau il y a un arc-en- ciel, dans l’arc- en – ciel il y a le Père- Noël.

MS-GS de St Eloi, 2004

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Annexe: Mes cadeaux et Au Pôle Nord

Au Pôle Nord.

Au Pôle Nord il y a une banquise, sur la banquise il y a de la glace, sous la glace il y a de l’eau, dans l’eau il y a un pingouin, dans le pingouin il y a un poisson, dans le poisson il y a une bague, sur la bague il y a une étoile.

MS-GS de St Eloi, 2004

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