la poésie definition

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L’alexandrin : Les poètes classiques adoptent l’alexandrin pour sa symétrie. On trouve des exemples d’alexandrin réguliers dans le poème de Victor Hugo : « Le bison/trop bourru. Le babouin/trop bouffon » « Du reste, toute parole étant idée, le temps d’un langage universel !... Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant tout, parfums, sons, couleurs…. » La poésie, art du langage et pédagogie du futur Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny(1871) Dayres R.S. (2002), Eduquer à la poésie, Editions Chronique Sociale, Lyon La poésie Le mot « poésie » vient de la racine grecque « poiein » qui signifie fabriquer, créer. Le poète, comme un artisan, fabrique en effet ses poèmes avec des mots. Dans l’Antiquité, la poésie était associée à la musique et le poète ou « aède» accompagnait de sa lyre. De même, les troubadours au Moyen Age chantaient leurs poèmes. Les poèmes étaient alors transmis oralement et racontaient surtout les exploits de héros célèbres, ceux de Roland de Roncevaux par exemple. Si, aujourd’hui, la poésie est d’abord écrite, la musicalité est toujours essentielle : le poète joue avec les sonorités et les rythmes. La poésie prend des formes très diverses et sert des objectifs aussi variés : elle peut permettre de raconter, expliquer, décrire le monde, exprimer des sentiments personnels ou encore créer un univers fantaisiste. Mais elle s’appuie toujours sur le pouvoir des mots.

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L’alexandrin :

Les poètes classiques adoptent l’alexandrin pour sa symétrie. On trouve

des exemples d’alexandrin réguliers dans le poème de Victor Hugo :

« Le bison/trop bourru. Le babouin/trop bouffon »

« Du reste, toute parole étant idée, le temps d’un langage

universel !... Cette langue sera de l’âme pour l’âme, résumant

tout, parfums, sons, couleurs…. »

La poésie, art du langage et pédagogie du futur

Arthur Rimbaud, Lettre à Paul Demeny(1871)

Dayres R.S. (2002), Eduquer à la poésie, Editions Chronique

Sociale, Lyon

La poésie

Le mot « poésie » vient de la racine grecque « poiein » qui signifie fabriquer, créer. Le poète, comme un artisan,

fabrique en effet ses poèmes avec des mots.

Dans l’Antiquité, la poésie était associée à la musique et le poète ou « aède» accompagnait de sa lyre. De même, les

troubadours au Moyen Age chantaient leurs poèmes. Les poèmes étaient alors transmis oralement et racontaient surtout

les exploits de héros célèbres, ceux de Roland de Roncevaux par exemple.

Si, aujourd’hui, la poésie est d’abord écrite, la musicalité est toujours essentielle : le poète joue avec les sonorités et les

rythmes.

La poésie prend des formes très diverses et sert des objectifs aussi variés : elle peut permettre de raconter, expliquer,

décrire le monde, exprimer des sentiments personnels ou encore créer un univers fantaisiste. Mais elle s’appuie toujours

sur le pouvoir des mots.

La poésie consiste en un travail sur le langage. Le poète assemble les mots de manière originale pour produire des effets

variés.

La poésie est une forme spécifique du langage, destiné à remplir une fonction spécifique de communication.

Un poème peut avoir une forme fixe (vers de même longueur et rimes) ou une forme libre (vers inégaux, sans rimes) ; il

peut être ponctué ou non.

Un vers correspond à une ligne. Une strophe est un ensemble délimité par des blancs. On appelle quatrain une strophe de

quatre vers, tercet une strophe de trois vers. Un sonnet comporte deux quatrains et deux tercets, comme « le Buffet de

Rimbaud»

Le rythme et les sonorités des mots contribuent su sens du poème.

Pour respecter le nombre de syllabes d’un vers, il faut prononcer le «e » final d’un mot quand le terme suivant

commence par une consonne. Mais il ne se prononce ni en fin de vers ni quand le terme suivant commence par une

voyelle ou un « h » muet.

Les rimes peuvent être plates ou suivies (aabb), croisées (abab), embrassées (abba).

Quand un « son- consonne» est répété dans un poème, on parle d’allitération, quand c’est une voyelle, on parle

d’assonance.

La répétition d’un ou plusieurs mots en début de vers s’appelle une anaphore.

Pour produire divers effets, les poètes peuvent jouer sur la sonorité des mots et assembler des homonymes (exemple :

« vers » et « ver »

Ils peuvent aussi jouer sur le sens des mots champ lexical (exemple « roses » et « primevères »

Dans les poèmes, on trouve souvent des expressions imagées.

La comparaison rapproche le comparé et le comparant (ce à quoi l’on compare) au moyen d’un outil de comparaison.

Exemple « Tu le [le bonheur] prends comme un oiseau tombé des crêtes».

La métaphore met aussi en relation un compare et un comparant mais sans outil de comparaison. Exemple «[le bonheur]

est une alouette».

La personnification consiste à attribuer des caractéristiques humaines à des animaux, des éléments de la nature ou des

objets. Exemple « la nuit joue faux ».

Les textes poétiques ont des tonalites très variées selon les émotions exprimées par l’auteur : le ton peut être léger,

humoristique, mélancolique ou nostalgique.

On parle de texte lyrique quand l’auteur y exprime surtout, à la 1ere personne, des sentiments personnels comme

l’amour ou la tristesse : « lyrique » vient du mot « lyre» qui désigne l’instrument de musique utilisé dans l’Antiquité

pour chanter les poèmes.

La poésie joue parfois avec la disposition des mots sur la page et mêle texte et dessin.

Dans le calligramme, les mots sont disposés de façon à représenter par le dessin le sujet du poème.

L’image peut être poétique et exprimer avant tout la sensibilité de l’artiste en révélant sa vision du monde.

Une image poétique ne copie pas exactement la réalité (les arbres sont bleus dans un tableau) mais exprime des

émotions (joie, colère…..), des sensations (douceur, luminosité…)

Les couleurs comme les sujets (parfois tout à fait inventés) ont pour but de transmettre ces émotions au spectateur.

On parle de « peinture naïve » quand les artistes expriment une part d’enfance et de simplicité dans le dessin et dans les

couleurs.

C’est le cas du tableau de Marie- France Pion.

Manuel de français de 6ieme de la page 172 à la 187 :

La poésie lyrique

Le lyrisme est l’expression de sentiments personnels ; le poète part de son expérience intime pour exprimer ses

émotions : joie, tristesse, espoir, désespoir, nostalgie, pitié…

-Certains thèmes comme l’amour, le souvenir, le temps ou la nature sont particulièrement propices à cette expression

lyrique.

- Le ton lyrique caractérise les poèmes dans lesquels le poète exprime ses émotions, dans leur intimité et leur intensité.

- Il emplie la 1re personne et s’adresse à la 2e personne à ceux qu’il désire toucher.

- Il exprime ses émotions par des comparaisons ou des métaphores ; les exclamations et les interrogations les soulignent.

Le poète lyrique instaure souvent un lien entre sa sensibilité, ce qu’il perçoit et ressent, et le monde qui

l’entoure.

-Il établit des correspondances entre ses différentes sensations (visuelles, auditives, tactiles, olfactives)

et les relie à ses sentiments.

-Dans la poésie lyrique, pour toucher le lecteur, le poète s’appuie sur des images évocatrices, en

particulier les métaphores et les comparaisons.

-Il accentue la musicalité du poème par des variations de rythme, des rimes et des reprises sonores

comme les allitérations (répétitions d’un son-consonne) ou les assonances (répétitions d’un son-

voyelle).

Les thèmes de la poésie lyrique présentent des sentiments intimes que le poète exprime, de joie ou de

mélancolie, d’amour ou de solitude.

Le ton lyrique est caractérisé par l’expression des sentiments à la 1re personne.

Le poète, souvent, s’adresse à la 2e personne à celui ou à celle qu’il désire toucher. L’expression des

émotions est soulignée par des exclamations et des hyperboles.

Le poète lyrique met en correspondance ses sensations et ses sentiments.

Pour exprimer l’intensité des ses émotions, le poète à recours à des expressions imagée, des

comparaisons ou des métaphores, à des échos sonores

(Allitérations, assonances, rimes), à des effets de rythme.

Manuel de français Fil d’Ariane de la page 89 jusque la page 96.

La poésie lyrique

Le mot « lyrisme » vient du nom d’un instrument de musique, la lyre, dont jouait le poète et musicien

Orphée dans la mythologie grecque. Dans l’Antiquité, la poésie, la musique et le chant sont intimement

liés : les poèmes sont des chants rythmés, soutenus par un accompagnement musical.

Dès l’Antiquité et ensuite à toutes les époques, les poètes ont parlé d’eux-mêmes dans leur poésie ; ils

expriment de manière personnelle des sentiments ressentis par tous. La poésie lyrique associe une

forme de musicalité à une expérience intime du poète que chacun peut s’approprier.

Cette poésie développe des thèmes privilégiés tels que l’amour, mais également la mort et la fuite du

temps ou encore le lien de l’homme à la nature.

Un genre littéraire.

Au Moyen Âge, les troubadours et trouvères célèbrent le sentiment amoureux dans leurs poèmes

chantés. À la Renaissance, poésie et musique deviennent deux arts séparés ; les poètes français tels

P.de Ronsard ou J. du Bellay expriment leurs sentiments personnels dans des poèmes aux formes fixes :

sonnets, odes.

Aux XVIIe et XVIIIe siècles, les poètes symbolisent C. Baudelaire, P. Verlaine et A. Rimbaud expriment,

eux aussi, le sentiment amoureux.

Au XXe siècle, la poésie lyrique est représentée dans des poèmes qui s’affranchissement des formes

traditionnelles de la poésie, en choisissant des vers libres et en supprimant la ponctuation. Des auteurs

comme P. Eluard et L. Aragon célèbrent l’amour.

De manière plus récente, la poésie lyrique se retrouve dans la chanson.

Manuel de français 2e, empreintes littéraires, programme 2011, Éditions Magnard, Paris, 2011.

LE REGISTRE LYRIQUE

Définition :

Le lyrisme :

Il se manifeste par l’expression des sentiments personnels, heureux ou malheureux.

La musicalité lyrique :

Le mot « lyrique », dérivé de « lyre », a conservé l’idée de musicalité dans l’expression « art

lyrique », qui désigne l’opéra.

L’expression du Moi

Le registre lyrique accorde une place importante au locuteur, à ses émotions et à son expérience

personnelle. La première personne est omniprésente et s’adresse souvent à un destinataire : le

double jeu, l’être aimé, le lecteur ou une entité universelle (Dieu, la nature, le temps, etc.)

→Ex. : « Demain, dès l’aube, à l’heure où blanchit la campagne

Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends. »

Victor HUGO, Les Contemplations, 1856.

L’expression des sentiments

L’intensité des émotions peut être suggérée par divers procédés : le réseau lexical des sentiments

(de la joie à la souffrance), les interjections lyriques (« Hélas ! », « Las ! », « O», etc.), la ponctuation

expressive et les figures d’insistance (hyperbole, anaphore, gradation croissante, etc.).

→Ex. : « ˵ Levez-vous vite, orages désirés qui devez emporter René dans les espaces d’une autre

vie ! ˶ Ainsi disant, je marchais à grands pas, le visage enflammé, le vent sifflant dans ma chevelure,

ne sentant ni pluie, ni frimas, enfanté, tourmenté, et comme possédé par le démon de mon cœur. »

François-René de CHATEAUBRIAND, René, 1802.

Les thèmes lyriques

Thèmes personnels

Les mêmes thèmes reviennent fréquemment. Il s’agit de ceux qui touchent la vie personnelle :

l’amour, la solitude, le temps qui passe, la nature, la foi, le pays natal, etc.

Thèmes universels

Pourtant, le registre ne se réduit pas à un témoignage intime, il prend souvent une dimension

universelle et philosophique. Ainsi, il devient révélateur des sentiments de l’homme en général.

→Ex. : « Je reste là, perdu dans l’horizon lointain, /Et songe que l’Espace est sans borne, sans

borne, /Et que le Temps n’aura jamais …. Jamais de fin. »

Jules LAFORGUE, Derniers vers, 1890.

LE REGISTRE ÉLÉGIAQUE

Définition

Le registre élégiaque ne s’applique qu’à l’expression de la plainte et du regret.

L’élégie est d’abord une forme poétique antique. C’est à l’époque romaine que les sentiments de

tristesse et de mélancolie s’appliquent à l’élégie de manière plus systématique.

Les thèmes élégiaques

La mort, la souffrance amoureuse, l’abandon, la solitude en sont les thèmes principaux.

Sabbah H., Littérature 2de, Des textes aux séquences, Éditions HATIER, Paris, 2004

Le romantisme :

Le romantisme est un mouvement culturel et littéraire qui domine la première moitié du XIXe siècle

et dont les origines sont européennes et historiques.

Les origines du romantisme

La Révolution française donne l’occasion aux nobles émigrés en Allemagne et en Angleterre de

découvrir, puis de faire connaitre, à leur retour en France, une littérature dans laquelle la sensibilité

et l’expression du « moi » jouent un rôle essentiel.

EX : le courant appelé Sturm und Drang en Allemagne (« orage et tempête »), les œuvres de

Schiller, Goethe, celles de Shelley et Keats en Angleterre, les romans dits « gothiques » privilégient

le sentiment de la nature, l’expression des passions, l’introspection, et mettent en scène le

fantastique.

L’émergence du romantisme est également liée aux événements historiques qui suivent la

Révolution : les espoirs de changement, les rêves de gloire militaire des jeunes gens « nés avec le

siècle », Hugo, Musset, Balzac, Nerval, Vigny s’effondrent avec la Restauration. Il s’en suit un

profond sentiment de frustration, malaise existentiel qui prend le nom de « mal du siècle ».

Le romantisme

Il est un mouvement culturel et littéraire qui domine la première moitie du XIX e siècle et dont les

origines sont européennes et historiques.

Les origines du romantisme

La Révolution française donne l’occasion aux nobles émigrés en Allemagne et en Angleterre de

découvrir, puis de faire connaitre, à leur retour en France, une littérature dans laquelle la sensibilité

et l’expression du « moi » jouent un rôle essentiel.

Ex : Le courant appelé Sturm und Drang en Allemagne (« orage et tempête »), les œuvres de

Schiller, Goethe, celles de Shelley et Keats en Angleterre, les romans dits « gothiques » privilégient

le sentiment de la nature, l’expression des passions, l’introspection, et mettent en scène le

fantastique.

L’émergence du romantisme est également liée aux événements historiques qui suivent la

Révolution : les espoirs de changement, les rêves de gloire militaire des jeunes gens « nés avec le

siècle », Hugo, Musset, Balzac, Nerval, Vigny s’effondrent avec la Restauration. Il s’en suit un

profond sentiment de frustration, malaise existentiel qui prend le nom de « Mel du siècle »

Les caractéristiques du romantisme

L’analyse de nombreuses œuvres publiées à la même époque fait apparaitre des thèmes communs,

traduisant des apparitions semblables, exprimées dans de forme et à travers une écriture nouvelles.

Le « moi » : l’expression des sentiments personnels domine. Poètes et romanciers s’épanchent et

s’analysent, font part de leurs expériences, privilégient l’individu, ses passions, ses espoirs.

L’introspection permet de diagnostiquer les symptômes du mal du siècle : incertitudes,

insatisfactions, attentes vagues, sentiment douloureux du présent…

Ex : Chateaubriand traduit, le premier, dans René, le sentiment exalté de la nature, l’angoisse du

temps, la hantise d’une autre vie. Plus tard Musset analyse le désarroi de toute une génération.

Les temps, la nature, et ses mystères : la sensibilité romantique trouve un accord avec la nature

sauvage, se plait dans les orages et les tempêtes, qui symbolisent la violence des passions et

l’existence d’un monde infini et complexe, que le poète cherche à comprendre.

Ex : Les titres de recueils de Victor Hugo, Les Rayons et les Ombres, Les Chants du crépuscule, Les

Contemplations, Les Feuilles d’automne soulignent l’association étroite du poète romantique et du

monde qui l’entoure : il est l’écho et parfois le traducteur.

L’évasion dans l’espace et dans le rêve : le voyage est une façon d’échapper à un présent peu

satisfaisant. Réel, il conduit les artistes romantiques vers les pays exotiques ; imaginaire, il prend la

forme du rêve ou du retour dans le passé à travers la réminiscence.

Certaines œuvres sont marquées par un retour au Moyen Âge ou la Renaissance. Le fantastique

traduit l’attirance vers l’irrationnel.

Ex : Delacroix voyage au Maroc ; Lamartine, Chateaubriand, Nerval vont au Moyen-Orient ; L’Italie

et L’Espagne attirent Musset et Victor Hugo par leur passé et leurs couleurs. La rêverie est présente

dans Les Chimères, de Nerval, le souvenir dans les contemplations de Victor Hugo. Dans Gaspard

de la nuit, A. Bertrand recrée un univers médiéval fantasmagorique.

L’engagement : en décalage avec une société différente de celle de leurs rêves, les artistes

romantiques trouvent dans l’engagement social et humanitaire une manière d’exprimer leurs

attentes et de mettre en application leur idéal du poète et de l’écrivain, associés aux luttes de leur

temps.

Ex : Lamartine et Victor Hugo prennent position en dénonçant les misères et les injustices pour

l’auteur des Misérables, le poète doit être un mage, qui guide les hommes vers la lumière de la

connaissance.

Les innovations de l’écriture : le mouvement romantique est associé à l’idée de liberté. Celle-ci se

manifeste dans la diversité des thèmes d’inspiration, mais aussi dans l’écriture et dans les genres

littéraires.

Le drame, libéré des contraintes de la tragédie classique, illustre la volonté d’exprimer la vie réelle.

L’écriture poétique assouplit l’alexandrin, transforme les ballades ; sans refuser les formes fixes, les

poètes revendiquent une liberté de composition tandis la création du poème en prose permet de

dépasser l’incompatibilité de la prose et des vers.

Le romantisme résiste à la définition. Comment appréhender un mouvement d’art et de pensée

aussi complexe, aussi contradictoire, aussi vaste dans son champ d’extension culturel ? Aucune

discipline artistique, aucune nation d’Europe n’a échappé à la vague romantique. Le mot lui-même,

venu de l’anglais, repris en allemand, adapté en français, garde encore aujourd’hui, au delà de la

référence à un moment précis de l’histoire (la première moitié du XIX siècle), une signification

étendue sinon vague : on parle du romantisme d’une chanson, d’un vêtement, d’un film pour

évoquer certains sentiments, certaines couleurs. Autant de clichés.

La périodisation historique du romantisme suscite des débats : trouve-t-il son origine à la fin du

XVIII e siècle ou au début du XIXe ? On s’accorde à dire que l’Angleterre et l’Allemagne ont été

romantiques avant la France. Cherchant au mouvement des pères fondateurs, on pense à Rousseau

tout en affirmant qu’il est un philosophe des Lumières, on évoque Goethe en soulignant qu’il

demeure un classique, on parle du romantique mais on en fait un « préromantique ». Quant à la fin

du mouvement, on la situe en 1848 tout en observant Lamartine et Hugo ne cessent pas d’être

romantiques après cette date et que Nerval compose l’essentiel de son œuvre à partir de 1850.

Sans négliger ces difficultés ni tenter une impossible synthèse, il convient d’analyser dans quelles

conditions historiques le romantisme apparait et de décrire les tensions qui le traversent, les

mythes qu’il élabore et dont il se nourrit : ceux-ci donnent au mouvement sa problématique unité

mais surtout sa fécondité et son dynamisme.

Le mot romantisme vient d’Angleterre. Il caracterise aq l’origine l’emotion du lecteur de romans.

Adaptee en Allemand sous la forme « romantisch », il designe, dans cette langue , les œuvres qui

s’inspirent de la chevalerie et du christianisme du Moyen Age et s’opposent aux règles de la

tradition française classique. La volonté de rompre avec la clarté et l’ordre du classicisme,

représentée dans les années 1770 en Allemagne par le courant du Sturm und Drang (Tempête et

assaut), est formulé par l’écrivain allemand A.W. Schlegel. Ses théories sont complétées par son

amie Germaine de Staël dans De l’Allemagne (1810) : dans cet ouvrage qui veut faire partager au

public français l’enthousiasme de son auteur pour les littératures du Nord de L’Europe, Mme de

Staël précise que l’authenticité du romantisme tient à son enracinement dans les traditions d’un

peuple. « Le nom de romantisme a été introduit nouvellement en Allemagne pour designer la poésie

dont les chants des troubadours ont été l’origine, celle qui est né de la chevalerie et du

christianisme. Si l’on n’a admet pas que le paganisme et le christianisme, le Nord et le Midi,

l’Antiquité et le Moyen Age, la chevalerie et les intuitions grecques et romaines, se sont partagé

l’empire de la littérature, l’on ne parviendra jamais à juger sous un point de vue philosophique le

gout antique et le gout moderne. » (De l’Allemagne)

Le romantisme désigne donc à l’origine une forme nouvelle de sensibilité qu’écrivain et critiques

ressentent comme moderne (par opposition au gout classique pour l’Antiquité grecque et romaine)

mais qui, paradoxalement, s’émerveille de la spontanéité des ballades et des romans d’un lointain

passé médiéval.

Le folklorisme romantique

Ce retour aux sources du folklore s’est engagé des 1760 en Angleterre où Macpherson a recueilli

des Fragments d’ancienne poésie attribuées à un barde écossais du IIIe siècle : Ossian. Ces légendes

nocturnes, brumeuses et mélancoliques ont un extraordinaire pouvoir de séduction pour l’âme des

premiers romantiques. Le jeune Bonaparte parle du « bob Ossian » dans ses lettres à Joséphine et ,

plus tard, commandera à Ingres une grande composition allégorique : on y voit le vieux poète

endormi sur sa lyre entourée des créatures de ses rêves, des guerriers en armes sortant de la nuit

des temps (Le Songe d’Ossian, 1813).

La nuit et ses mystères, les figures légendaires du passé nourrissent également les rêveries

passionnées des grands poètes anglais : William Blake (1757-1827), Percy Schelley (1792- 1822)

ou George Byron (1788-1824). Elles alimentent les succès du roman noir ( voir le Frankenstein de

Mary Shelley, 1818) et la vogue nostalgique ( voir les romans de Water Scott).

L’entreprise des frères Grimm qui rassemblent les vieux contes germaniques (les « Marchen »)

rejoint les ambitions de Macpherson et illustre l’attrait du merveilleux pour les écrivains d’Outre-

Rhin.

Des influences majeures : Rousseau et Goethe

C’est ici que la référence des romantiques à Jean Jacques Rousseau prend tout son sens. Le

rousseauisme imprègne en effet leur nostalgie d’une vie naturelle et sauvage. Les décors de

montagne de La Nouvelle- Héloïse (1762), où se recueillent les cœurs amoureux ou solitaires,

forment une géographie imaginaire et symbolique pour les générations de 1880 et de 1820. Elles

trouvent un écho et leurs aspirations dans l’exaltation de l’individu singulier et l’affirmation de sa

solitude face au monde par le Rousseau des Confessions et des rêveries.

L’influence de Goethe est également déterminante dans la formation d’une sensibilité romantique :

Les souffrances du jeune Werther (1774), roman d’un amour impossible, partant d’un impossible

accord avec le monde, devient le bréviaire d’une jeunesse mélancolique, une sorte de prélude au

mal des « enfants du siècle » (voir René de Chateaubriand, 1802 ou La Confession de Musset). Les

thèmes de Faust, traduit par Nerval en 1828 (le recherche de l’absolu, le pacte diabolique, la

tragédie de la passion) retentissement dans de nombreux drames romantiques (voir notamment

Ruy Blas. de V. Hugo).

Le romantisme n’est pas un système de pensée cohérente et clos : traversé par des courants

philosophiques souvent contradictoires, diversifié en variantes nationales, il connait pourtant à

l’échelle europeenne dans la premiere moitiee du XIXe siecle une sorte d’universalitee par sa

refence constante

Le registre lyrique :

Le mot « lyrique » a pour origine la lyre, instrument de musique dont s’accompagnait le poète

Orphée.

Le lyrisme désigne à présent l’expression de sentiments personnels, d’élans et de passions, qu’elle

soit associée ou non à la musique.

Le registre lyrique n’est pas spécifique à la poésie, il figure dans tous les genres littéraires et dans

tous les arts.

Des significations différentes :

Dan la littérature gréco-romaine, le mot lyrisme est utilisé pour designer uniquement les genres

poétiques destinés à être chantés et qui sont accompagnés de la lyre.

Par la suite, le terme lyrique est appliqué à des formes poétiques, qui, sans être chantés, se

différencient de l’épopée et du drame, en célébrant par exemple l’amour, les plaisirs ou les

tourments de la vie.

Depuis le XXe siècle, on parle de lyrisme pour designer toute forme d’expression des sentiments

personnels et d’émotions.

Ex : Appartiennent au lyrisme les odes antiques célébrant les victoires, et la poésie amoureuse, la

poésie courtoise de Marie de France ou de Charles d’Orléans, les sonnets amoureux de Nerval ou

certains passages de René, de Chateaubriand, la poésie de la Renaissance.

Les grands thèmes du lyrisme

Expression de l’affectivité humaine, le lyrisme est associé à tout ce qui, dans la vie des hommes,

suscité bonheur ou chagrin.

On peut citer ainsi l’amour, partagé ou non, la douleur des ruptures ou des abandons et des

séparations, le sentiment du temps et le déplaisir de le voir s’enfuir.

S’y ajoutent les bonheurs de la vie familiale, l’amour de son pays, les plaisirs de la découverte, les

émotions esthétiques, la ferveur religieuse.

L’accord avec la nature, l’exaltation romantique pour un au-delà rêvé, la nostalgie du passé sont de

nature à s’exprimer avec des accents lyriques, chargés d’émotion.

Ex : On peut ainsi utiliser le mot lyrisme pour caractériser l’évocation du temps par Victor Hugo,

l’analyse pleine d’émotion que fait Musset de la situation des « enfants du siècle » ou l’évocation

nostalgique du passe par Nerval.

L’écriture lyrique

L’expression des émotions et des sentiments passe par l’utilisation d’un lexique particulier. La

ponctuation et la syntaxe jouent aussi un rôle important.

Le lexique : deux éléments dominent l’écriture lyrique, la présence de la première personne et le

lexique de l’affectivité.

L’omniprésence du je témoigne de l’importance, dans le lyrisme, de ce qui est ressenti, perçu,

pensée par celui qui parle. Il y a une utilisation de la fonction expressive du langage, centrée sur

l’émetteur. L’affectivité est rendue par l’emploi de termes relatifs aux sentiments, aux émotions, aux

sensations.

Ex : La première strophe du poème « Fantaisie » de Nerval illustre cette utilisation des mots :

présence insistante de « je », termes liés à la sensibilité, exclamation, échos sonores…..

Il est un air pour qui je donnerais

Tout Rossini, tout Mozart, et tout Weber,

Un air très vieux, languissant et funèbre

Qui pour moi seul a des charmes secrets !

La ponctuation, les rythmes, les figures de rhétorique :

Les élans d’enthousiasme, les plaintes diverses, comme las, hélas, oh, ô, qui rythment les phrases,

marquent des ruptures, soulignent les mouvements de la sensibilité.

Les structures de phrase reposent sur des rythmes significatifs : rythme binaire pour souligner les

oppositions et les dilemmes, rythme ternaire pour souligner des gradations

Ex :

Il faut enfin signaler l’importance des figures de rhétorique : métaphores, comparaisons,

personnification, antithèses, hyperboles, anaphore……

Elles contribuent à rendre plus imagée, plus concrète et plus originale l’expression de ce qui est

ressenti.

Ex :