l'indo-européen, un foyer originel en israël ?

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Thom Desbruyères L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? Langues et préhistoire africaine et eurasiatique Réflexions suite au livre Introduction à l’étude comparative des langues indo-européennes d’Antoine Meillet Foyer Foyer Foyer Foyer Levanto Levanto Levanto Levanto- europ europ europ européen en en en Proto Proto Proto Proto- pélasge lasge lasge lasge ? Proto Proto Proto Proto- étrusque trusque trusque trusque Proto Proto Proto Proto- ib ib ib ibère ? re ? re ? re ? Proto Proto Proto Proto- tokharien tokharien tokharien tokharien Proto Proto Proto Proto- hittite hittite hittite hittite Proto Proto Proto Proto-IE IE IE IE strict strict strict strict Proto Proto Proto Proto- hourrite hourrite hourrite hourrite

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D'où sont originaires les langues indo-européennes ? Quels mécanismes ont favorisé la diffusion de ces langues ? Peut-il y avoir un lien avec la langue étrusque ?Telles sont les questions auxquelles s'intéressent ces petites réflexions.

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Thom Desbruyères

L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Langues et préhistoire africaine et eurasiatique

Réflexions suite au livre Introduction à l’étude comparative des langues indo-européennes d’Antoine Meillet

Foyer Foyer Foyer Foyer

LevantoLevantoLevantoLevanto----

europeuropeuropeuropééééenenenen

ProtoProtoProtoProto----

ppppéééélasgelasgelasgelasge ????

ProtoProtoProtoProto----

éééétrusquetrusquetrusquetrusque

ProtoProtoProtoProto----

ibibibibèèèère ?re ?re ?re ?

ProtoProtoProtoProto----

tokharientokharientokharientokharien

ProtoProtoProtoProto----hittitehittitehittitehittite

ProtoProtoProtoProto----IE IE IE IE

strictstrictstrictstrict

ProtoProtoProtoProto----

hourritehourritehourritehourrite

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2 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Introduction : où situer le foyer des Indo-Européens ?

Le titre des ces réflexions, un foyer des Indo-Européens en Israël, est volontiers provocateur, en opposition notamment avec l’hypothèse autrefois développée au début du 20ème siècle (et abondamment reprise par la propagande nazie) d’une race nordique, pure et aryenne, parlant un ancêtre des langues indo-européennes. Même si le foyer proposé dans ces réflexions pour les Indo-Européens n’est pas exactement Israël, on verra que la solution proposée n’en est pas si éloignée. Dans une première partie de ces réflexions, partant de l’ouvrage d’Antoine Meillet, on s’intéressera aux progrès accomplis depuis, dans l’étude des langues Indo-européennes, ainsi que dans leurs tentatives de reconstitutions historiques. On s’intéressera en particulier aux progrès dans la compréhension de l’Etrusque, avec un rapprochement entre cette langue et l’Indo-européen (IE). On examinera également les progrès dans l’archéologie, notamment la proposition d’une vague d’avancée d’agriculteurs à partir d’un foyer agricole, cette vague d’avancée étant mise en correspondance avec une famille de langues. On verra enfin les divergences qui subsistent entre archéologues et linguistes. Dans une deuxième partie de ces réflexions, tentant de concilier données linguistiques et archéologiques, on proposera une vaste et nouvelle famille de langues, qu’on baptisera le Levanto-européen, et dans laquelle la famille IE occupera l’une des branches. Dans une troisième partie, toujours sur des arguments linguistiques et archéologiques, on proposera des arbres de diffusion relativement détaillés pour les familles de langues Indo-européennes, Etrusques et Afro-asiatiques.

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Partie I Progrès en linguistique et archéologie

I.1 Sur l’ouvrage Introduction à l’étude comparative des langues indo-européennes

On trouve en pièce jointe à ces réflexions, en version numérique, le fameux ouvrage Introduction à l’étude comparative des langues indo-européennes du célèbre linguiste Antoine Meillet. Il s’agit en fait d’une version téléchargeable depuis le site Gallica, le site de la BNF, site contenant de nombreux auteurs en langue française. Ces ouvrages étant malheureusement non référencés sur Google, contrairement aux documents disponibles sur scribd, on ignore souvent l’existence du très beau site de Gallica, où l’on peut trouver de remarquables documents. Personnellement, j’étais depuis longtemps à la recherche de cet ouvrage d’A. Meillet, quasiment indisponible en librairies. J’espère que le mettre sur scribd permettra une large diffusion de cet ouvrage. Il s’agit ici de la première édition, parue en 1903. On pourra alors regretter que dans cette édition, A. Meillet ne parle pas de la langue hittite, celle-ci ayant été déchiffrée quelques années plus tard, vers 1915 par B. Hrozny. Je crois qu’il est néanmoins prévu par les éditions Cambridge University Press une prochaine réédition de la dernière version de l’ouvrage d’A. Meillet. Même si l’ouvrage d’A. Meillet date de plus d’un siècle, on notera que concernant, ce qu’on peut appeler les langues classiques : sanskrits, latin, grec, allemand, les progrès quant à l’étude comparative n’ont pas été très importants. On peut avancer qu'à la fin du 19ème siècle, avec ce qu’on a appelé les néogrammairiens allemands, on observe une apogée dans les études comparatives des langues classiques. Il faut dire qu’à l’époque, l’étude du latin et du grec ancien était beaucoup plus rependue qu’aujourd’hui, ce qui offrait la possibilité d’une masse importante de gens intéressés par des études de ce type.

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4 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Dans d’autres domaines des études indo-européennes, depuis un siècle, on note néanmoins de grands progrès, en particulier la découverte du Hittite, du Tokharien, et puis surtout le rapprochement avec d’autres familles de langues, en particulier l’Etrusque. I.2 Progrès dans la compréhension de l’Etrusque

I.2.1 De nouvelles sources Grace à de nouvelles sources découvertes depuis un siècle, les linguistes ont pu progresser dans la compréhension de la mystérieuse langue Etrusque. Parmi ces nouvelles sources, on citera en particulier les fameuses tablettes en or de Pyrgi, découverte la plus extraordinaire de ces cinquante dernières années. En 1964, lors des fouilles d'un temple de l'ancienne Pyrgi sur la côte tyrrhénienne de l'Italie, furent trouvées ces tablettes en or. Il fut ainsi sorti de terre deux tablettes rédigées en Etrusque, et une troisième en Phénicien. On espéra alors que ces tablettes soient le texte bilingue tant attendu, reliant une langue relativement connue, le Phénicien, à une langue plus mystérieuse, l’Etrusque. Les étruscologues ont dû quelque peu déchanter, réalisant que la tablette en Phénicien ne reproduisait pas dans le détail, les tablettes en Etrusque.

I.2.2 Rapprochement entre l’Indo-européen et l’Etrusque Profitant néanmoins de ces nouvelles sources, quelques linguistes ont travaillé sur des apparentements entre l’Etrusque et l’Indo-européen. On citera les noms reconnus de Francisco Adrados et de Jean Faucouneau. Pour Jean Faucouneau, l’une des preuves à ces apparentements est les nombres étrusques : makh, thu, ci, huth, tsa, zal, traduits par un, deux, trois, quatre, cinq, six, et présentant des ressemblances avec le système numérique reconstitué de l’Indo-européen : *sem-s, *dwō(w) ou plutôt *t’wō(w), *tréyes, *kwetwores, *pénkwe, *sweks.

Les chiffres étrusques ont paradoxalement constitué autrefois un handicap au rapprochement de l’Etrusque avec les langues Indo-européenne, du fait d’une mauvaise traduction des nombres étrusques.

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Ainsi, dans beaucoup d’ouvrages, on trouve des nombres étrusques différents des nombres indoeuropéens reconstitués. Le lecteur curieux de ces rapprochements entre Etrusque et IE pourra consulter l’intéressant ouvrage de Damien Erwan Perrotin, Paroles Etrusques, suggérant de nombreuses similitudes entre ces deux familles, sur le lexique, la grammaire et les changements phonétiques.

I.2.3 Nombres de 1 à 10 On donne dans le tableau suivant, les nombres de 1 à 10 dans différentes langues. Le lecteur pourra s’essayer à quelques rapprochements. Indo-

européen Etrusque Hourrite Proto

Dravidien Elamite

Sumérien Sémite Arabe

1 *sem-s *oynos

makh *oru ki desh wa:hid

2 *dwō(w) *t’w ō(w)

thu shin *iru min ithna:n

3 *tréyes ci kig *muC atbazash

pesh thala:thah

4 *kwetwores

huth tumni *na:l lim 'arba`ah

5 *pénkwe tsa *cayN i xamsah 6 *sweks zal *caru i-ash sittah 7 *septm semph s hindia *eru i-min sab`ah 8 *okto cezp *ettu i-us thama:ni

yyah 9 *newn enva ? nizhi *tol i-lim tis`ah 10

*dekm *t’ekm

zar eman *pat(tu) hu `asharah

I.3 Progrès en archéologie

I.3.1 La « révolution » du carbone 14 A partir des années 1950 et 1960, les techniques de datation au carbone 14, ont été abondamment utilisées par les archéologues, leurs permettant une estimation fine, autre que les méthodes stratigraphiques, pour dater les objets en bois. Dans son livre Before Civilization (traduit en français Les origine de l’Europe, la révolution du radiocarbone), publié dans les années

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6 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

1970, l’archéologue Colin Renfrew décrit les progrès de cette technique ayant « révolutionnée » les anciennes datations. La « révolution » a notamment porté sur la datation des monuments mégalithiques de la façade atlantique européenne. Avec cette nouvelle technique, ces monuments sont apparus bien plus anciens que l’on ne l’avait pensé jusqu’alors : certaines datations remontaient même au-delà de 5 000 av JC. Ces datations excluaient donc pour ces monuments mégalithiques, toute influence orientale de type mycénienne ou égyptienne. C. Renfrew suggérait alors un développement autonome de la civilisation occidentale préhistorique, sans l’influence des grands centres de civilisations orientales. Il critiquait également vivement, la trop grande importance qu’on avait autrefois accordée aux phénomènes diffusionnistes. Sûrement qu’après la parution de ce livre, C. Renfrew s’est trouvé confronté à la demande d’une explication nécessaire, du fait Indo-européen. En effet, si on postulait un développement autonome des civilisations préhistoriques occidentales, et si on excluait toutes formes de diffusion depuis l’Orient, comme expliquer dans ce cas, la diffusion des langues IE en Europe ?

I.3.2 La « révolution » génétique Dans la décennie qui sépare son ouvrage Before Civilization de son autre ouvrage L’énigme Indo-européenne, sans doute que C. Renfrew a peu à peu fait évoluer ses idées, songeant qu’une diffusion à travers l’Europe avait dû finalement se produire depuis l’Orient, propageant les langues Indo-européennes. Cette diffusion étant néanmoins beaucoup plus ancienne que celles imaginées autrefois, avant la « révolution » du carbone 14. Toujours grâce à cette technique du carbone 14, de nombreux sites de l’Europe néolithique purent être datés. Peu à peu, il fut possible d’établir une carte précise des sites néolithiques de l’Europe, localisant dans le Temps et l’Espace l’avancée des agriculteurs depuis le Proche-Orient, jusqu’aux Îles britanniques. Ci-joint une telle carte, comme on l’a trouve dans de nombreux livres d’histoire relatant la « révolution » néolithique en Europe.

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Figure 1 : apparition et diffusion de l’agriculture en Europe

Parallèlement à la technique du carbone 14, les progrès en génétique, permirent de suivre à la trace, grâce à la mesure des évolutions de l’ADN, les espèces et essences domestiqués dans leur pérégrination à travers l’Europe. Dans la zone du Croissant fertile, on trouvait des espèces et essences sauvages proches de celles aujourd’hui domestiquées. Dans la zone européenne, les espèces sauvages en différenciaient fortement. Cela supposait une agriculture s’étant rependue à travers l’Europe, avec les mêmes semences et animaux, domestiqués depuis le Croissant fertile. De même, des progrès en génétique des populations furent réalisés par des chercheurs comme L. Cavalli-Sforza. Ces chercheurs constatèrent l’existence d’un gradient génétique de populations du sud-est de l’Europe à son nord-ouest. Ces généticiens proposèrent de faire correspondre ce gradient de population, à la diffusion de l’agriculture en Europe. Celle-ci s’était alors effectuée au détriment des populations de chasseurs paléolithiques indigènes, ces derniers ayant été en grande partie remplacés par l’arrivée des agriculteurs du Croissant fertile.

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8 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Dans les années 1960, certains auteurs précurseurs comme P. Bosh-Gimpera avait déjà proposé un rapprochement entre des agriculteurs Danubiens et la propagation des langues Indo-européennes en Europe. On doit néanmoins surtout à C. Renfrew, au début des 1980, une remis à l’ordre du jour de cette idée. Dans son livre L’énigme indo-européenne, C. Renfrew proposait un modèle convaincant de la vague d’avancée des agriculteurs à travers l’Europe. Il y soulignait les similitudes entre le mécanisme de diffusion d’une famille de langues, tel l’Indo-européen, et une vague d’avancée d’agriculteurs, propageant leurs techniques agricoles à partir d’un foyer originel, avec dans un premier temps, le remplacement en grande partie de la population autochtone par les agriculteurs.

I.3.3 Rapprochement entre foyers agricole et familles linguistiques Parallèlement aux travaux de C. Renfrew en Europe, les archéologues et linguistes travaillaient sur d’autres régions du monde, décelant de nombreux exemples de foyers agricoles et de familles linguistiques s’étant propagées à partir de ces foyers. Dans le tableau suivant, on dresse les principaux foyers agricoles de l’humanité, proposant alors les familles linguistiques qui ont pu se propager à partir de ces foyers. Foyer agricole Date

estimée Plante Animaux Famille linguistique

Anatolie 8 000 av JC Blé Taureau IE ? Corne ouest du croisant fertile

8 500 av JC 9 000 av JC

Blé, pois, olives

Mouton, chèvre, vache

Afro-asiatique ou IE ?

Corne est du croisant fertile, sud de l’Irak

8 500 av JC Blé, pois, olives

Mouton, chèvre, vache

Sumérien ?

Corne est du croisant fertile, Ouest de l’Iran, Monts Zagros

8 500 av JC Blé, pois, olives

Mouton, chèvre, vache

Elamo-dravidien ?

Ethiopie 8 500 av JC ?

Café, teff, bananier éthiopien

Afro-asiatique ?

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 9

Chine du nord 7500 av JC Riz, millet Porc, vers à soie

Sino-tibétain

Chine du sud 7500 av JC Riz, millet Porc, vers à soie

Austro-asiatique, Tai-kadai, miao-yao

Nigéria 3000 av JC Igname africain, palmier à huile

Bantou

Mexique 3500 av JC ?

Maïs, haricot, courge

Dindon Proto uto-aztéque ? Proto-maya ?

Pérou 3500 av JC ?

Patate, manioc

Lama, cobaye

Proto-quechua ?

Nouvelle Guinée 8500 av JC ?

Canne à sucre, banane

Indo-pacifique ?

I.4 Divergences entre linguistes et archéologues

Au début des années 1980, le linguiste T. Gamkrelidze et l’archéologue C. Renfrew, se fondant l’un sur des arguments linguistiques, l’autre sur des arguments archéologiques, proposèrent concomitamment un foyer très proche pour l’Indo-européen, localisé dans la zone anatolienne. Cette approche interdisciplinaire convergente était bien sûr encourageante pour comprendre le mécanisme de diffusion des langues Indo-européennes. Néanmoins, lorsqu’on regardait dans le détail les schémas de diffusion des langues Indo-européennes proposés par le linguiste et l’archéologue, les différences restaient nombreuses. Ainsi, l’archéologue C. Renfrew proposait un schéma simple de diffusion des langues Indo-européennes depuis l’Anatolie jusqu'à l’Irlande, quasiment en ligne droite. Le linguiste T. Gamkrelidze proposait quant à lui un modèle beaucoup plus complexe, avec une première voie se diffusant depuis l’Anatolie vers les Balkans, et une deuxième voie se diffusant depuis l’Anatolie vers l’Iran, faisant le tour de la mer Caspienne et revenant en Europe par la steppe ukrainienne. Dans le détail, on était loin d’un accord entre linguiste et archéologue, d’où peut-être les nombreuses critiques qui ont alors plu sur le modèle de C. Renfrew, malgré son intérêt évident.

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Un autre souci du modèle de C. Renfrew est peut-être la non prise en compte dans son modèle, d’éléments non Indo-européens, mais nécessitant également une explication, par les liens entretenus entre ces éléments et les langues Indo-européennes. Un modèle de diffusion des langues Indo-européennes ne doit pas apporter simplement des explications internes, il doit aussi éclairer des faits externes, en particulier pour deux familles de langues partageant avec lui des liens historiques, le Sémitique et l’Etrusque. Comme on l’a vu, l’Etrusque présente de nombreuses analogies avec les langues Indo-européennes. Néanmoins, la langue Etrusque s’insère mal dans le modèle de C. Renfrew. En effet, à quoi y correspond l’Etrusque ? Soit à une langue autochtone de chasseurs cueilleurs Italiens ? Dans ce premier cas, alors pourquoi tant de similitudes entre l’Etrusque et l’Indo-européens ? Soit à une langue allogène issue d’Anatolie ? Dans ce second cas, alors pourquoi davantage de différences entre l’Etrusque et le Hittite, qu’entre le Hittite et les autres langues Indo-européennes ? En outre, d’autres langues, il est vrai encore plus mystérieuses, comme celles des Pélasges, des Crétois minoens ou des Ibères s’insèrent également mal dans le modèle de C. Renfrew. Quant aux langues sémitiques, suivant le linguiste J. Greenberg, elles font parti d’une super famille afro-asiatique différente de celle à laquelle les langues Indo-européennes sont rattachées. En l’occurrence, J. Greenberg propose de rattacher l’Indo-européen, l’Etrusque, le Japonais, etc. dans une super famille appelée le Nostratique. On s’étonne alors d’une telle divergence entre langues Sémitiques et langues Indo-européennes, dans le cas où toutes deux ont des foyers originels localisés par C. Renfrew dans des régions proches : pour la première le Levant, et pour la deuxième l’Anatolie. Au vu de tous ces progrès et malgré ces divergences, proposons maintenant un modèle amendant légèrement celui de C. Renfrew, et permettant de résoudre en parti, ces contradictions archéologiques et linguistiques.

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Partie II Les langues Levanto-européennes

II.1 Les langues Indo-européennes et Méditerranéo-étrusques

II.1.1 Les langues IE La diffusion de l’agriculture en Europe est usuellement décrite selon deux courants principaux :

- l’un continental à partir de la vallée du Danube, - l’autre maritime le long du rivage nord de la Méditerranée.

On propose ici de modifier légèrement le modèle de C. Renfrew et de restreindre la diffusion de l’Indo-Européen, au courant danubien. On rejoint ici la proposition faite autrefois par P. Bosh-Gimpera, limitant dans un premier temps la diffusion des langues Indo-européennes aux Danubiens. On se rapproche également des propositions faites plus récemment par D. E. Perrotin dans son livre Paroles Etrusques.

II.1.2 Les langues Méditerranéo-étrusques Le courant maritime, le long du rivage nord de la Méditerranée, correspond alors à une autre famille de langues, qu’on peutt qualifier de Méditerranéenne. Ces deux familles de langues, Méditerranéenne et Danubienne (ou plutôt Indo-européenne) ont donc un ancêtre commun que l’on retrouve en Anatolie. Dans cette famille Méditerranéenne, on trouve l’Etrusque, la langue de Lemnos (petite île isolée au Nord de la mer Egée où on a découvert des inscriptions dans une langue proche de l’Etrusque), sûrement le Crétois minoen et le Pélasge, peut-être le Ligure, le Sicane de Sicile, le Tartessien et l’Ibère d’Espagne, etc. Le Basque est plutôt à rattacher à une antique couche paléolithique, datant d’avant l’arrivée des agriculteurs néolithiques. En référence à l’Etrusque, seule langue pour laquelle on dispose de quelques connaissances exactes, on propose de baptiser cette famille Méditerranéenne : le Méditerranéo-étrusque. D’autres auteurs, tels que D. E. Perrotin ont déjà fait des hypothèses similaires. Dans son livre Paroles Etrusques, il y développe d’ailleurs une intéressante analogie entre les phonèmes de l’Etrusque et les phonèmes du

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12 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Crétois minoen, phonème que l’on peut postuler à partir des écritures linéaire A, encore indéchiffrée, et linéaire B transcrivant du Grec mycénien. Quoiqu’il en soit, l’hypothèse d’une famille de langues Méditerranéo-étrusque ne pourra être validée que lorsqu’on aura réussi à déchiffrer ce linéaire A des Crétois minoens, voire l’écriture des Ibères, inspirée de l’alphabet phénicien (ou de l’alphabet grec). A l’aune des progrès réalisés ces dernières décennies dans la compréhension de la langue Etrusque, il pourrait d’ailleurs être intéressant de se repencher sur le déchiffrement du linéaires A et des inscriptions ibères, faisant l’hypothèse que les langues transcrites font parti d’une même famille Méditerranéo-étrusque.

II.1.3 Sur l’origine des langues Sémitiques On a évoqué précédemment un souci à l’hypothèse d’une origine proche orientale des langues Indo-européennes : les écarts constatés entre langues IE et langues Sémitiques. Comme exemple frappant de ces écarts, retenons que la plupart du lexique Sémitique est basé sur un triptyque de consonnes, caractéristique que l’on ne retrouve pas en IE. L’exemple canonique abondamment cité est en arabe, la racine k-t-b écrire. La proposition faite ces dernières décennies, en particulier par Christopher Ehret, de localiser le foyer originel des langues Sémitiques et Afro-asiatiques, non pas au Proche-Orient, mais sur les hauts plateaux d’Ethiopie, autre foyer d’une agriculture précoce, où de plus il existe des familles de langues proches du Sémitique, comme l’Omotique ou le Couchitique, permet d’éclairer les différences linguistiques entre le Sémitique et l’IE. On y reviendra abondamment à la fin de ces réflexions.

II.1.4 L’Hourrite Les rapports historiques entre l’IE et les langues Sémitiques étant relativement éclaircis, il est alors tentant de chercher des rapprochements entre l’ancêtre de l’Etrusque et de l’IE, et d’autres langues connues, dans la zone du Proche-Orient. On a proposé précédemment un rapprochement entre l’Etrusque et l’IE fondé sur les nombres, faisant implicitement l’hypothèse que des peuples

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 13

agriculteurs, utilisant abondamment les nombres dans leurs activités agricoles, feraient peu d’emprunts à d’autres peuples, permettant au lexique des nombres une relative stabilité. Suivant la même démarche, on peut alors proposer un rapprochement entre l’Hourrite, l’Etrusque et l’IE. On constate en effet que le trois kig, de l’Hourrite ressemble au ci de l’Etrusque. De même, le neuf nizhi et le dix eman de l’Hourrite ressemblent au *newn et au*t’ekm de l’IE, ainsi qu’au neuf enva de l’Etrusque.

Figure 2 : localisation des langues Hittite, Urartéen et Hourrite

Ce type de rapprochement peut paraître audacieux, car on ignore encore beaucoup de choses de la langue Hourrite. On sait essentiellement qu’aux environ de 1 500 av JC, des peuples de langue Hourrite ont établi le royaume du Mitanni, dans la zone de l’Euphrate supérieure, en Syrie du Nord. Des noms et du vocabulaire hourrites apparaissent dans un grand nombre de textes en écriture cunéiforme, entre 2 000 et 1 000 av JC.

HourriteHourriteHourriteHourrite

HittiteHittiteHittiteHittite

UrartéenUrartéenUrartéenUrartéen

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14 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

On connaît également une langue voisine de l’Hourrite : l’Urartéen, visiblement descendante indirecte. Ses locuteurs apparaissent dans l’histoire, en fondant à partir de 1 200 av JC un vaste royaume autour du lac de Van, dans l’est de l’Anatolie. La langue Hourrite étant encore mal comprise, c’est donc avec une grande prudence que nous proposons ici un rapprochement entre cette langue, et les langues Etrusque et IE.

II.1.5 Le foyer originel Acceptant donc cette hypothèse avec précaution, la question, c’est alors de localiser le foyer originel de ces familles de langues. En Anatolie comme le propose C. Renfrew ? Ou pourquoi pas, jusqu’au Levant (plus précisément en Israël) comme le suggèrent les premiers sites néolithiques connus, datant dans la région de Jéricho de plus de 9 000 av JC ? Choisissant de remonter jusqu’à l’origine de la vague d’avancée d’agriculteurs, on propose ici une super famille de langues : le Levanto-européen, et foyer agricole originel : le Levant. Cela paraîtra un peu croustillant de suggérer un ancêtre lointain à l’Indo-européen en Israël, alors que les études Indo-européennes ont été largement récupérées dans les années 1920-1940, pour postuler l’existence d’une race supérieure nordique, les fameux Aryens.

II.1.6 Sept taureaux Dans un tel scénario, les langues Sémitiques ont recouvert dans le Levant, une langue substrat, qu’on peut appeler le Proto-levantin, parente des langues Indo-européennes, Etrusques et Hourrites. Dans ce cas, on s’attendrait à trouver dans les langues Sémitiques quelques mots reliquats de cette langue substrat, identifiables par les caractéristiques suivantes :

- d’une part, ces mots auraient des parents dans les langues Hourrite, Etrusque ou Indo-européenne,

- d’autre part, ces mots seraient uniquement présents dans les langues Sémitique ayant recouvert le substrat Proto-levantin. Ils seraient absent des autres langues de la famille Afro-asiatique.

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 15

Examinons si ce scénario est valable, et s’il existe de tels mots. En fait, on connait une série de mots communs au Proto-sémitique et au Proto-IE. Citons taureau, *taurao (ou plutôt *thaurao) en Proto-IE et * thawr en Proto-sémitique, chèvre, *ghaido en Proto-IE, *gadj en Proto-sémitique, vin, *woino en Proto-IE, *wajn en Proto-sémitique, étoile, *haster en Proto-IE, *Hathtar (-at) en Proto-sémitique, sept, *septm en Proto-IE, *sabhatum en Proto-sémitique. On retrouve d’ailleurs certains de ces mots en Etrusque comme sept, semph, taureau, *Theuru ou vin, vinum. Ces mots communs supposent un contact entre les ancêtres respectifs de l’Indo-européen, du Sémitiques, et de l’Etrusque. Ci-joint le tableau avec les mots sept, taureau et vin dans quelques langues Levanto-européennes et Afro-asiatiques. Proto-

IE Etrus-que

Hour-rite

Proto-sémitique

Proto-omo- tique

Proto-couchitique Proto-HEC+

Proto-copte

Proto- berbère

sept *septm semph s hindia

*sabhatum

*tobba *lamala

* *fuss d sn

taureau *thaurao

*Theuru

*thawr

vin *woino vinum *wajn

L’analyse du mot sept révèle une forme assez proche en Proto-IE, Etrusque, Hourrite et Proto-sémitique. Par contre cette forme est absente à la fois du Proto-omotique, du Proto-couchitique, du Proto-copte et du Proto-berbère. Le mot sept confirme donc l’hypothèse d’une langue substrat Proto-levantine, formant l’une des branche d’une super famille Levanto-européenne. Il faudra évidemment d’autres preuves pour étayer ces réflexions. Tentons maintenant de reconstituer la diffusion à travers l’Europe et l’Asie, de cette super famille de langues Levanto-européenne.

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16 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

II.2 Reconstitution de la famille Levanto-européenne

II.2.1 Arbre de diffusion On propose ci-dessous l’arbre (schématique) de diffusion des langues de cette famille.

Figure 3 : arbre de diffusion des langues Levanto-européennes

II.2.2 Voies de diffusion de l’agriculture en Europe On suggère vers 8 000 av JC, une première séparation de la famille Levanto-européenne, avec des locuteurs Proto-levantins restant sur place (ces derniers seront plus tard submergés par les langues Sémitiques) et des locuteurs gagnant peu à peu le nord, y diffusant l’agriculture et l’élevage. Vers 7 500 av JC, ces locuteurs vont d’abord donner naissance en Syrie et dans la haute vallée du Tigre et de l’Euphrate aux langues Proto-hourrites, puis dans la péninsule anatolienne à des langues que l’on peut qualifier de Proto-indo-étrusque.

Famille Levanto-européenne Foyer agricole : Levant vers 8 500 av JC

Proto-levantin

Proto-hourrite Proto-indo-étrusque

Proto-indo-européen

Mer Noire vers 6 000 av JC

Proto-méditerranéo-étrusque

Mer Egée vers 6 000 av JC

Etrusque Lemnien Pélasge ? Crétois-minoen ?

Ibère ? Ligure ?

Proto-indo-européen (stricte)

Proto-hittite

Lycien

Proto-tokharien

Anatolie vers 7 500 av JC

Danube vers 5 000 av JC

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 17

Comme on l’a déjà évoqué, la diffusion de l’agriculture depuis l’Anatolie à travers l’Europe, va suivre deux voies principales, l’une via la mer Méditerranéen, l’autre via la et le fleuve Danube. On a proposé de faire correspondre la voie méditerranéenne à la famille Méditerranéo-étrusque et la voie danubienne à la famille Indo-européenne. Les Proto-hittites étant les premiers à se détacher de la famille Indo-européenne, peut-être sont-il restés sur la rive sud-ouest de la mer Noire, alors lac d’eau douce de superficie plus réduite, suivant les propositions faites en 1997 par les chercheurs W. Ryan et W. Pitman. Les Proto-tokhariens semblent également s’être détachés précocement de la famille IE pour gagner l’est asiatique. Les autres Indo-européens, qu’on va appeler ici les Indo-européens strictes (ou IE strictes) vont continuer à diffuser l’agriculture en Europe, via la vallée du Danube.

II.2.3 La théorie des laryngales et le Hittite Les langues Indo-européennes strictes regroupent toutes les langues IE, excepté le Hittite, le Palaïte, le Louvite, et leurs descendants proches : le Lycien et le Lydien. Ces cinq langues sont traditionnellement regroupées dans une famille Indo-européenne Anatolienne ; un fort consensus existe d’ailleurs chez les linguistes d’une séparation précoce des langues IE Anatoliennes, du tronc commun IE. La préservation de certains phonèmes de type laryngale dans le Hittite, en autres traits archaïques, permet en effet de postuler cette séparation précoce. Vers 1877, on doit au linguiste Ferdinand de Saussure (alors âgé de 18 ans), dans son Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes, une théorie sur les laryngales, supposant la disparition dans les langues IE de certains phonèmes, devant une voyelle appelée hypothétiquement schwa. Ces phonèmes qualifiés de laryngales (H2, H3, etc.) auraient disparu, tout en entrainant la « coloration » du schwa, c’est-à-dire sa transformation en différentes voyelles plus ou moins allongée, suivant la laryngale le précédant.

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18 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Le déchiffrement du Hittite vers 1915 et la découverte de phonèmes préservés de type laryngale, aux emplacements postulés près de quarante plus tôt par F. de Saussure, a brillamment confirmé dans les grandes lignes, l’hypothèse du linguiste. On a pu alors voir le Hittite comme une langue archaïque IE.

II.2.4 Le Tokharien Le Tokharien est une famille de langues assez mystérieuse découverte vers la fin du 19ème siècle, sur des écrits datant du 6ème siècle environ, dans l’actuel Turkestan chinois. Parmi les différents documents découverts, deux principales langues ont été répertoriées. Ces langues utilisaient des systèmes d’écriture proche de celles des écritures indiennes, relativement bien connues. Leur caractère indo-européen a pu ainsi être rapidement prouvé, vers 1908, après la découverte des premiers textes en Tokharien. Ces langues paraissent néanmoins profondément différentes des autres langues indo-européennes. On propose alors ici de les faire diverger précocement du tronc commun IE, peut-être juste après le Proto-hittite. On exposera dans le chapitre suivant, quelques arguments en faveur de cette séparation précoce. Dans le cas d’une séparation précoce, on peut imaginer que les ancêtres des Tokhariens aient gagné le Turkestan chinois, en passant par le sud de la mer Caspienne. Peut-être ont-ils propagé l’agriculture vers l’est depuis le Croissant fertile, butant finalement contre les foyers agricoles chinois (nord et sud). Peut-être sont-ils également à l’origine de la diffusion du blé dans ces foyers chinois, qui n’utilisaient à l’origine comme céréale que le millet et le riz.

II.2.5 Carte de diffusion On propose ci-dessous une carte, transcription géographique de l’arbre de diffusion de la famille Levanto-européenne : en rouge, la famille IE, et en jaune orange, la famille Méditerranéo-étrusque. On observera sur cette carte la propagation de l’agriculture en Europe, à partir du foyer agricole du Levant, cette propagation se faisant vers l’ouest.

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 19

On observera également deux propagations des langues IE vers l’est, l’une correspondant aux langues Satem et reposant vraisemblablement sur une économie d’élevage nomade dans la steppe eurasiatique, l’autre correspondant aux ancêtres des Tokhariens et correspondant peut-être, comme on l’a suggéré, à une diffusion de l’agriculture du Croissant fertile vers l’Est. On notera que les rivages dessinés sur cette carte, sont ceux de notre époque. Les rivages des époques de diffusion étaient sûrement très différents.

Figure 4 : diffusion des langues Levanto-européennes

Dans cette deuxième partie, on a proposé un rapprochement entre l’Indo-européen, l’Etrusque et l’Hourrite, les regroupant dans une vaste famille Levanto-européenne, avec un foyer originel agricole localisé au Levant. Ce modèle est en accord avec les travaux récents réalisés par quelques linguistes, proposant non plus comme autrefois un foyer originel des langues Sémitiques au Levant ou en Arabie, mais un foyer des langues Afro-asiatiques en Ethiopie.

FoFoFoFoyer yer yer yer

LevantoLevantoLevantoLevanto----

européeneuropéeneuropéeneuropéen

ProtoProtoProtoProto----

pélasge ?pélasge ?pélasge ?pélasge ?

ProtoProtoProtoProto----

étrusqueétrusqueétrusqueétrusque

ProtoProtoProtoProto----

ibère ?ibère ?ibère ?ibère ?

ProtoProtoProtoProto----

tokharientokharientokharientokharien

ProtoProtoProtoProto----

hittitehittitehittitehittite

ProtoProtoProtoProto----IE IE IE IE

strictstrictstrictstrict

ProtoProtoProtoProto----

hourritehourritehourritehourrite

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20 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Dans une troisième partie et quatrième partie, tentons maintenant de reconstituer avec davantage de détails, les arbres de diffusion des familles de langues Indo-européennes (strictes) et Afro-asiatiques.

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 21

Partie III Reconstitution historique de la famille Indo-européenne (stricte)

III.1 Arbre de diffusion

Pour les langues Indo-européennes (strictes), on propose l’arbre de diffusion suivant.

Figure 5 : arbre de diffusion des langues indo-européennes (strictes)

Examinons maintenant les arguments linguistiques et historiques que nous proposons pour ces différentes séparations.

Nord de la Caspienne

Famille Indo-européenne (stricte) Vallée du Danube vers 5 000 av JC

Proto-arménien

Tous les autres

Proto-germanique Tous les autres

Péninsule scandinave

Langues Satem

Proto-slavo-balte Proto-indo-iranien

Proto-grec Proto-albanais ?

Proto-italo-celtique

Actuel Ouzbékistan Actuel Russie

Tous les autres

Proto-thrace ?

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22 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

III.2 Propositions de reconstitution historique

III.2.1 La mutation consonantique de k à g et de t à d ? Selon la loi énoncée par J. Grimm en 1822, on postulait autrefois pour les langues Germaniques une mutation consonantique : un assourdissement des consonnes occlusives sonores. Par exemple, dans les langues Germaniques, le phonème g se serait transformé en k, le phonème d en t. Les autres langues comme le Sanskrit, le Latin ou le Grec, n’auraient pas subi cet assourdissement, conservant les phonèmes g et d initiaux. Ainsi pour le mot vache ou bœuf, on trouve pour l’Allemand Kuh ou l’Anglais cow (un son k), et on trouve pour le Sanscrit gauh (un son g). Lorsque les linguistes reconstruisaient autrefois la langue Proto-indo-européenne, ils proposaient le mot *gwou désignant la vache ou le bœuf. Selon eux, les langues Germaniques n’étaient pas d’ailleurs les seules à avoir subi cette mutation consonantique. Ils proposaient également que l’Arménien ait subi une mutation consonantique du même type, l’assourdissement des occlusives sonores. Par exemple, en Arménien, jour se dit tiv, en face du Latin dies. Dans les années 1970, certains linguistes comme T. Gamkrelidze ont remis en cause cette reconstruction linguistique qu’on peut qualifier de « classique ». Le problème originel était en fait, initialement tout autre. Il s’agissait d’expliquer une consonne mystérieusement manquante dans toutes les langues Indo-européennes. Pour solutionner cette absence, les linguistes T. Gamkrelidze et A. Martinet ont proposé simultanément une même explication. Dans le système « classique » (respectant la loi de Grimm), on reconstituait pour le proto IE une série d’occlusives sonores (b), d, g ; le (b) étant alors la consonne absente de toutes les langues Indo-européennes. Dans le système de T. Gamkrelidze et A. Martinet, il était proposé pour le proto IE, une série de sourdes glottalisées (p’), t’, k’ ; le (p’) étant alors la consonne absente de toutes les langues Indo-européennes.

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En effet, selon A. Martinet l’absence de p’ est un trait très courant dans les langues qui ont une série de sourdes glottalisées de ce type. Le tableau ci-dessous synthétise ces tentatives de reconstitution. Série « classique » de reconstitution

avec *gwou pour vache ou bœuf Série proposée par A. Martinet et T.

Gamkrelidze avec *k’wou pour vache ou bœuf

Occlusive sonore Occlusive sourde et glottalisée (b) (p’) d t’ g k’

En accord avec A. Martinet et T. Gamkrelidze, la forme reconstruite pour vache ou bœuf est *k’wou. Selon T. Gamkrelidze, il est évidement plus facile de passer d’une série occlusive sourde et glottalisée t’, k’ à une série sourde t, k qu’à un série sonore d, g. Ainsi, contrairement à ce qu’avait autrefois postulé J. Grimm, la mutation consonantique n’avait pas eu lieu dans les langues Arméniennes et Germaniques, mais dans l’ancêtre des langues Latine, Grecques ou Sanskrite, avec une sonorisation des sourdes, c’est-à-dire un passage des phonèmes t à d et k à g. Dans cette hypothèse, l’Arménien et l’Allemand étaient les formes les plus archaïques de l’IE stricte. D’autres arguments militent en faveur de cette reconstitution linguistique proposée par T. Gamkrelidze, d’une part dans la langue Hittite, d’autre part dans les langues Etrusque et Pélasge. Voyons d’abord le cas du Hittite. Nos connaissances du Hittite s’arrêtent à son écriture, utilisant une graphie cunéiforme. Dans ce cas, il est évident qu’on ne connaît pas la prononciation exacte de cette langue. L’écriture Hittite semble néanmoins distinguer deux séries d’occlusives, utilisant pour les différencier une graphie double ou une graphie simple. Les phonèmes de la graphie simple correspondent visiblement aux occlusives sonores du Grec, du Latin et du Sanskrit et aux sourdes du Germanique et de l’Arménien.

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24 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Les phonèmes de la graphie double correspondent visiblement aux occlusives sourdes du Grec, du Latin et du Sanskrit et aux sourdes aspirées du Germanique et de l’Arménien. On avait autrefois interprété la graphie simple, comme traduisant des occlusives sonores : d et g. Cependant, il semble aujourd’hui aussi pertinent de postuler pour cette graphie simple, une série d’occlusives sourdes. En effet, on trouve dans le Lycien, proche descendante du Hittite, une série d’occlusives sourdes, avec par exemple le phonème t. De même, on avait autrefois interprété la graphie double, comme traduisant des occlusives sourdes : t et k. Cependant, on peut y voir comme pour le Germanique et l’Arménien, une série d’occlusives sourdes aspirées, th et kh. Un autre argument à la reconstitution proposée par T. Gamkrelidze, est fourni par les langues Etrusque et Pélasge. En Etrusque, pour dire jour, don, maison ou cheval, il est utilisé les mots tin, tur, tam ou Tamna correspondant au Latin dies, dunum, domus et au grec dammalis avec le sens de bétail. De même, il est utilisé le mot Theuru correspond au taureau du Français1. Ainsi, on retrouve en Etrusque une série d’occlusives apicales th, t comme pour le Hittite, le Germanique ou l’Arménien, correspondant dans le Grec ou la Latin à la série t, d. Dans la langue Grecque, on trouve parfois des finales en -ntho- comme dans Corinthe, labyrinthe au lieu des fréquent -nto-. Les linguistes ont souvent rattaché ces finales en -ntho-, à une langue substrat du Grec, l’ayant précédée sur ce territoire. On peut alors la rapprocher de celle des légendaires Pélasges, à inclure dans la famille Méditerranéo-étrusque. Ainsi, on retrouverait dans cette langue substrat du Grec une série d’occlusives apicales th, t comme pour le Hittite, le Germanique ou l’Arménien. Soulignons au passage que l’aspect archaïque des langues Germaniques et Arméniennes a souvent été reconnu par maints auteurs cherchant à localiser le foyer originel des IE. Le souci, c’est que la Scandinavie (foyer historique et reconnu des langues Germaniques) et l’Arménie sont séparées par des milliers de kilomètres.

1 Le mot deux thu de l’Etrusque pose néanmoins problème, puisque face au deux de notre langue on s’attendrait à un tu.

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 25

On notera avec un certain amusement que suivant leur origine géographique, les auteurs ont eu tendance à situer le foyer IE en Europe du Nord (on pense alors aux légendaires peuples Aryens colportés par la propagande nazie), ou en Arménie. T. Gamkrelidze, d’origine Géorgienne, le fixe par exemple au sud du Caucase. On pourra regretter que la reconstitution historique proposée par T. Gamkrelidze soit finalement en contradiction avec ces recherches linguistiques. En effet, dans son modèle, T. Gamkrelidze ne propose pas une séparation originelle (et attendue) de l’Arménien et du Germanique, des autres langues IE strictes (on a du mal à comprendre pourquoi d’ailleurs, peut-être une difficulté à séparer initialement les Germains qui sont très loin du foyer proposé par T. Gamkrelidze). En suggérant le Danube comme foyer de l’IE stricte (et bien que cet argument ne soit évidemment pas une preuve), on a en quelque sorte un lieu intermédiaire entre la Scandinavie et l’Arménie, et la possibilité de postuler une séparation dans un premier temps des langues Arméniennes, puis dans un second temps des langues Germaniques, les deux seules langues IE strictes à n’avoir pas subi la mutation consonantique des occlusive sourdes en occlusive sonores. Sûrement que les langues Germaniques, faisant parti d’une première vague des IE en Europe occidentale, puis isolées dans la péninsule scandinave, sont restées à l’écart des grands bouleversements de l’Europe continentale (et des mutations consonantiques), avant de s’y diffuser à nouveau à partir du Danemark vers 500 av JC.

III.2.2 Correspondance des occlusives apicales En synthèse de ce qui précède, on propose les tableaux suivants avec les correspondances des occlusives apicales dans différentes langues de la famille Indo-européenne, et en grisé, de la famille Méditerranéo-étrusque. Dans la première colonne, on rappelle le système classique qui postule trois séries pour les occlusives, soude, sonore, et sonore aspirée. Dans la deuxième colonne, on donne le système proposé par A. Martinet et T. Gamkrelidze.

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26 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

1 2 3 4 5 7 Série Système

« classique » de reconstitution IE

Système proposé par A. Martinet et T. Gamkrelidze pour l’IE

Etrusque Pélasge Hittite

Lycien

1 t th ou t th th th t 2 d t’ t t ? t t 3 dh dh ou d t t ? t t

8 9 10 11 12 13 Série Vieux

Tokharien Arménien, Vieux Germanique

Haut Germanique

Latin, Grec

Slave, balte

Sanskrit, Vieil Iranien

1 t th d t t t 2 t t th, z, s d d d 3 t d t th d dh

Dans les troisièmes et quatrièmes colonnes, on donne la correspondance pour les langues de la famille Méditerranéo-étrusque. On notera que l’Etrusque ne comporte que deux séries d’occlusives, sourde et sourde aspirée. Dans la cinquième colonne, on donne la correspondance pour le Hittite. On a déjà vu que la graphie du Hittite distinguait à priori simplement deux séries d’occlusive. Comme pour l’Etrusque, les séries 2 et 3 sont donc confondues. On peut imaginer : soit une fusion, à la fois chez l’Etrusque et le Hittite, des séries 2 et 3, soit, plus logiquement, un stade primitif où les séries 2 et 3 n’étaient pas encore différenciées. Ainsi, la distinction des séries 2 et 3, serait ultérieure à la séparation entre le Hittite et les autres langues IE (on y reviendra dans un prochain paragraphe : passage de deux séries d’occlusives à trois séries d’occlusives ?). Dans la huitième colonne, on donne la correspondance pour le Tokharien. Sa graphie distingue trois séries d’occlusives. Néanmoins, ces séries semblent s’être formées à un stade récent, en fonction de la voyelle suivant l’occlusive. Ainsi, on reconstruit pour le Vieux Tokharien un stade ancien, où les trois séries d’occlusive n’étaient pas différenciées. On peut alors imaginer un stade encore plus ancien, avec deux séries d’occlusives distinctes, les séries 2 et 3 étant confondues. Dans ce cas, il est tentant d’imaginer une séparation du Tokharien du tronc commun IE, juste après le Hittite, et avant toutes les autres langues IE présentant trois séries d’occlusives, comme on l’a suggéré dans le chapitre précédent.

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Dans les colonnes qui suivent, on trouve des langues avec trois (ou plus) séries d’occlusives. Dans la neuvième colonne, on donne la correspondance pour l’Arménien et le Vieux Germanique. Comme on l’a vu, ces deux langues n’aurait donc pas subi de première mutation consonantique. Dans la dixième colonne, on donne la correspondance pour le Haut Germanique. Celui-ci a bien subi une mutation consonantique (en l’occurrence, pas comme on dit usuellement, une seconde, mais une simple première). Dans les colonnes 11, 12 et 13, on retrouve les langues qui ont subi la mutation consonantique (mutation différente de celle du Haut Germanique). On notera que le Sanskrit présente quatre séries d’occlusives. Il faut en effet ajouter une occlusive th supplémentaire, qui peut s’expliquer par la fusion d’un t et d’un h.

III.2.3 Langues Proto-italo-celtiques Dans l’arbre de diffusion, il est ensuite proposé une séparation entre les langues Proto-italo-celtiques et le reste des langues IE strictes. Les langues Proto-italo-celtiques ont dû continuer à se diffuser vers l’ouest de l’Europe, vers la façade atlantique, alors que les autres sont en gros restées sur place, dans la vallée du Danube, peut-être commençant à se diffuser vers l’est et les plaines ukrainiennes. La séparation des langues Proto-italo-celtiques du tronc commun, à ce stade, est sûrement plus fragile (moins argumentée) que les précédentes séparations ; elle se fonde avant tout sur des critères géographiques. Les langues Proto-celtiques se sont peu à peu rependues sur la façade atlantique de l’Europe, submergeant les descendants des bâtisseurs de Mégalithes, ces derniers parlant peut-être des langues Méditerranéo-étrusques, et/ou des langues lointaines cousines du Basque comme le suggèrent quelques toponymies bretonnes. Quant aux langues Proto-italiques, elles sont ensuite descendues vers le sud dans la péninsule italique, submergeant peu à peu les langues Proto-étrusques, et donnant finalement naissance au Latin.

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28 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

III.2.4 Langues Centum (ou Kentum) et Satem La séparation suivante est celle du Proto-grec du reste des langues IE strictes. Une nouvelle fois, cette séparation, à ce stade, reste fragile (moins argumentée), elle se fonde également sur des critères géographiques. Où a eu lieu la séparation des Proto-grecs du reste des langues IE ? Le plus plausible est la vallée du Danube. On peut aussi imaginer un scénario plus à l’est, dans la steppe ukrainienne. Quoiqu’il en soit, ces Proto-grecs vont gagner peu à peu le sud de la péninsule balkanique, submergeant peu à peu la langue des Pélasges. Le reste de langues IE strictes s’est ensuite diffusé vers l’est, dans la steppe ukrainienne. Il s’y est alors produit une nouvelle innovation linguistique : un phonème k se transformant en un phonème sifflant s. On distingue les langues porteuses ou non de l’évolution, par les dénominations Satem et Centum (ou plutôt Kentum) en référence au nombre 100, qui se prononce avec un s dans les langues Satem, et avec un k dans les langues Centum. On pense donc que les langues Centum sont les plus archaïques. Par exemple, l’archaïque Hittite est une langue Centum. Le latin, et par là le français sont également des langues Centum, séparées comme on l’a vu, plus précocement du tronc commun. Centum se prononçait en latin Kentum. Ce n’est que bien plus tard, que le cent du français a commencé par une sifflante se prononçant s. Parmi le groupe de langues IE strictes, que nous suivons dans les steppes russes et turcs, la plupart sont Satem, excepté le Tokharien dont la diffusion vers l’est a sûrement été antérieure aux langues Satem (on a déjà proposé une séparation primitive du Tokharien du tronc commun IE, juste après le Hittite). Les langues IE Satem vont finalement se diviser en deux. Certaines, qu’on peut qualifier de Proto-slavo-baltes vont rester en gros dans l’actuelle cœur de Russie. D’autres langues, qu’on peut qualifier de proto-indo-iraniens se diffusent vers l’est, à travers l’actuel Kazakhstan et Ouzbékistan. Parmi elles, certaines vont gagner l’Inde donnant naissance au Sanskrit. D’autres vont se propager à travers les hauts plateaux iraniens, vers l’ouest, revenant en quelque sorte vers le foyer originel IE, et donnant naissance au vieil Iranien.

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Le cas de l’albanais reste complexe. Cette langue semble être un mixte de langue Satem et Centum, la première étant peut-être une cousine du Proto-grec, l’autre peut-être une cousine du Proto-balto-slave. On pourrait alors rapprocher cette dernière du Proto-thrace, qui avec les maigres indices dont on dispose, semble être une langue Satem. On classe parfois l’Arménien dans les langues Satem, cela s’expliquerait par une forte influence des langues Iraniennes, langues Satem, sur l’Arménien.

III.2.5 Passage de deux séries d’occlusive à trois séries ? Suivant la constatation d’un archaïsme des langues Etrusque, Hittite, et peut-être Tokharienne (au sens que ces langues se sont séparées les premières du tronc commun IE et Etrusque), et la présence dans leur système phonologique de deux séries d’occlusives, on propose ici l’hypothèse d’un stade I primitif, avec deux séries d’occlusives, sourde aspirée et sourde. Cette hypothèse est d’ailleurs en légère contradiction avec l’hypothèse des glottalisées de A. Martinet et T. Gamkrelidze, qui présente un stade primitif à trois séries d’occlusives. On propose ensuite un stade II, avec l’apparition dans les autres langues IE du tronc commun, d’une troisième série d’occlusives, les sonores, constituée en grande partie à partir de la série 2 des sourdes. Dans cette configuration typique, on retrouve l’Arménien et le vieux Germanique. Seul le son p n’aurait pas connu une sonorisation d’une partie de ses effectifs, ce qui expliquerait l’absence de b. Il faudrait néanmoins comprendre le pourquoi exact d’un tel mécanisme, peut-être en faisant intervenir des glottales comme le suggère A. Martinet et T. Gamkrelidze. Lors d’un stade III, on observerait enfin la mutation consonantique dans toutes les autres langues IE du tronc commun. Le tableau suivant synthétise ce qui vient d’être énoncé, avec entre les stades I et II, l’apparition d’une troisième série d’occlusives, et entre les stades II et II, la mutation consonantique.

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Stade I Stade II Stade III Etrusque, Hittite,

Tokharien Arménien, Vieux Germanique

Sanskrit

1 th ph kh th ph kh t p k 2 t p k t p k d b g 3 d (b) g dh (bh) gh 4 th ph kh

On donne aussi pour le Grec ancien et le Latin, les trois séries d’occlusives. On observera que les sourdes aspirées ont eu tendance à laisser la place à des fricatives, par exemple le son ph est devenu un f dans le Grec moderne.

Stade III Grec ancien, Latin

t p k d b g th (ph) kh

III.3 Carte de diffusion des langues IE strictes

On propose ci-dessous la carte de diffusion des langues IE strictes à travers l’Europe et l’Asie, transcription géographique de ce qui vient d’être énoncé. Le passage du rouge foncé au rouge vif correspond à la mutation consonantique (la loi de Grimm inversée). Le passage du rouge vif à l’orange correspond à l’innovation Satem.

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 31

Figure 6 : diffusion des langues Indo-européennes strictes

ProtoProtoProtoProto----

celtiqueceltiqueceltiqueceltique

ProtoProtoProtoProto----

italiqueitaliqueitaliqueitalique

ProtoProtoProtoProto----grecgrecgrecgrec

ProtoProtoProtoProto----

germaniqgermaniqgermaniqgermaniqueueueue

ProtoProtoProtoProto----

arménienarménienarménienarménien

ProtoProtoProtoProto----

iranieniranieniranieniranien

ProtoProtoProtoProto----

indienindienindienindien Foyer IE strictFoyer IE strictFoyer IE strictFoyer IE strict

ProtoProtoProtoProto----

baltobaltobaltobalto----slaveslaveslaveslave

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32 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Partie IV Reconstitution historique de la famille Afro-asiatique

IV.1 Arbre de diffusion

Rappelons préalablement que le concept de famille Afro-asiatique a été proposé dans les années 1950 par le linguiste J. Greenberg. Cette super famille de langues regroupe les familles Sémitique, Couchitique, Omotique, Berbère, Copte (ou ancien Egyptien) et Tchadique. Pour la famille Afro-asiatique, reprenant en grande partie les travaux de Christopher Ehret, on propose l’arbre de diffusion suivant.

Figure 7 : arbre de diffusion des langues afro-asiatiques

En accord avec C. Erhet, il est proposé de localiser le foyer de la famille Afro-asiatique sur les hauts plateaux éthiopiens, aux alentour de 8 000 avant

Famille Afro-asiatique Foyer agricole : Ethiopie vers 8 000 av JC ?

Proto-omotique Erythréique

Proto-tchadique Proto-couchitique Nord Afro-asiatique

Proto-sémite

Levant vers 5 000 av JC

Proto-copte

Egypte

Proto-berbère

Lac Tchad vers 5 500 av JC

Proto-Amharique

Ethiopie vers 500 ap JC

Sud-arabique

Arabe Hébreu

Babylonien

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 33

JC. On y repère un foyer agricole cultivant la banane éthiopienne, le café, le teff, etc. On notera cependant que le Sahara était vers 8 000 avant JC, beaucoup plus vert qu’aujourd’hui, d’autres localisations peuvent donc être envisagées. Les explorations archéologiques ultérieures confirmeront ou infirmeront l’hypothèse d’un foyer éthiopien pour cette famille Afro-asiatique. Selon C. Ehret, la famille Afro-asiatique s’est d’abord divisée en deux. Sur les hauts plateaux éthiopiens sont restées les langues donnant naissance au Proto-omotique. Descendant vers la mer Rouge, s’est propagée une famille de langues que C. Ehret propose de nommer langues Erythréiques. La famille Proto-tchadique s’est la première séparée de cette branche Erythréique, ses locuteurs se sont diffusés vers le Sahara et la lac Tchad, au alentour de 5 500 avant JC. La branche Erythréique s’est ensuite partagée en une famille Proto-couchitique et en une famille Nord Afro-asiatique. La famille Nord Afro-asiatique a alors donnée naissance au Proto-berbère, au Proto-égyptien et au Proto-sémite. Cette dernière famille va se diffuser de l’Afrique à l’Asie, peut-être via la péninsule du Sinaï, atteignant le Levant, et submergeant les locuteurs du Proto-levantin. C. Ehret postule une arrivée des langues Sémitiques au Proche-Orient vers 5 000 avant JC. Lorsque commence l’histoire et l’existence des premières sources écrites, on observe la présence de langues sémitiques au Levant : Cananéen, Hébreu, Phénicien, etc. et dans la partie nord de la Mésopotamie : Akkadien, Assyrien, Babylonien, etc.. La partie sud de la Mésopotamie est alors peuplée de locuteurs Sumériens. Entre 2 000 et 1 000 avant JC, les locuteurs Sumériens vont peu à peu être submergés par les langues Sémitiques. Les langues Sémitiques vont également se propager le long de la mer Rouge, donnant naissance au Proto-arabe, et tout au sud, au Yémen, au Sud-arabique. En Ethiopie, les langues Omotiques des hauts plateaux sont recouvertes par des langues Couchitiques, ces dernières comprenant un substrat Omotique. Finalement, à une époque relativement récente, vers le 5ème siècle après JC, les langues Sémitiques Sud-arabiques du Yémen, vont franchir à nouveau la

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34 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

mer Rouge, tel un retour aux sources, se diffusant en Ethiopie et donnant naissance au Proto-guèze et au Proto-amharique. IV.2 Carte de diffusion des langues Afro-asiatiques

Ci-dessous, la carte de diffusion des langues Afro-asiatiques à partir du foyer agricole éthiopien.

Figure 8 : carte de diffusion des langues afro-asiatiques

IV.3 La corne est du Croissant fertile : Sumériens et Elamites

Dans les paragraphes précédents, on s’est particulièrement intéressé au Levant, y proposant une famille de langues originelle : le Levanto-européen. Le Levant est la corne ouest du Croissant fertile, croissant ainsi nommé, pour avoir abrité les premiers foyers agricoles humains vers 8 500 JC.

Foyer AfroFoyer AfroFoyer AfroFoyer Afro----

asiatiqueasiatiqueasiatiqueasiatique

ProtoProtoProtoProto----

tchadiquetchadiquetchadiquetchadique

ProtoProtoProtoProto----

berbèreberbèreberbèreberbère ProtoProtoProtoProto----coptecoptecoptecopte

ProtoProtoProtoProto----

sémitiquesémitiquesémitiquesémitique

ProtoProtoProtoProto----

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Proto Proto Proto Proto ----sudsudsudsud----

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ProtoProtoProtoProto----

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ProtoProtoProtoProto----

amhariqueamhariqueamhariqueamharique

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 35

Si on postule pour les premiers agriculteurs de la corne ouest, des langues Proto-levantines, cousines de l’Etrusque, de l’Hourrite ou de l’Indo-européen, on peut légitiment se demander quelles types de langues parlaient les premiers agriculteurs de la corne est du Croissant fertile, la Mésopotamie entre les deux fleuves du Tigre et de l’Euphrate ? A l’époque historique, on retrouve dans la corne est des langues Sémitiques, et deux langues à priori isolées : l’Elamite et le Sumérien. Le plus facile, serait évidemment d’imaginer la langue des premiers agriculteurs de la corne est, tel un lointain ancêtre de l’Elamite ou du Sumérien. Pour les Sumériens, on sait finalement peu de chose de leur origine ; on arrive néanmoins à relativement bien comprendre leur écriture cunéiforme, première du genre. Certaines légendes les voient arrivés d’au-delà des mers. On restera donc pour eux, dans ces réflexions, dans le mythe… Pour l’Elamite, quelques linguistes ont proposé de le rapprocher des langues Dravidiennes parlées dans le sud de l’Inde, avec peut-être une diffusion de cette famille Elamo-dravidienne depuis un foyer agricole localisé sur la corne est du croissant fertile, vers les monts Zagros, jusqu’au sud de la péninsule indienne. Cependant, dans les larges classifications de langues, établies par les linguistes J. Greenberg et M. Ruhlen, le Dravidien est pour l’instant exclu du Nostratique, vaste famille comprenant en autres l’IE, l’Etrusque ou les langues Altaïques (mais pas l’Afro-asiatique). Cela pose évidemment problème, car si l’Elamite est un lointain descendant de la langue des premiers agriculteurs de la corne est, on pourrait s’attendre à une proximité des langues originelles du croissant fertile, et donc à des rapprochements entre l’Elamite, le Dravidien et le Nostratique, dont font parti l’IE ou l’Etrusque. Les découvertes ultérieures devront donc confirmer ou infirmer ces propositions.

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36 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Conclusion : questions en suspens Depuis un siècle et l’ouvrage d’A. Meillet, de nombreuses avancées ont été réalisées en linguistique, en particulier dans la proposition de modèles théoriques, ou dans la découverte et l’étude de familles de langues à travers le Monde. Sûrement que durant ce siècle écoulé, les études Indo-européennes proprement dites, ont moins progressé que durant le siècle précédent : le maximum de l’effort avait en effet déjà été fourni par les linguistes, il restait moins d’éléments nouveaux à découvrir. En contrepartie, les linguistes occidentaux se sont alors ouverts à toutes les langues du monde : celles de l’Australie, de l’Asie et de l’Afrique. Un très gros travail de classification a été réalisé par des linguistes comme J. Greenberg, d’abord en Afrique, puis en Océanie, plus récemment en Amérique et Eurasie. Cette ouverture aux langues du monde a en définitive profité aux études Indo-européennes. En rétroaction positive, certains modèles généraux, établis dans d’autres familles de langues, ont pu être appliqués à la famille Indo-européenne. En particulier, le modèle de diffusion des langues au travers d’une avancée d’agriculteurs, depuis un foyer originel agricole, a été particulièrement mis en avant dans les années 1980 par l’archéologue C. Renfrew. Sa proposition de localiser le foyer Indo-européenne en Anatolie, et de corréler l’indo-européanisation de l’Europe avec la diffusion de l’agriculture, semblait particulièrement pertinente. Néanmoins, elle achoppait sur des différents archéologiques et linguistiques, liés en particulier à l’existence des Etrusques, des légendaires Pélasges ou des Crétois Minoens. Paradoxalement, d’autres modèles de diffusion avaient reçu un large assentiment, comme celui des langues Austronésiennes se diffusant à travers l’Asie du Sud-est, jusqu’à la Polynésie, selon une vague d’avancée d’agriculteurs, à partir d’un foyer localisé au sud de la Chine, proposition entre autres de P. Bellwood dans les années 1980. De même, il est aujourd’hui largement accepté, la diffusion des langues Bantoues à partir d’un foyer agricole localisé vers le sud du Nigéria, proposition entre autres de l’archéologue D. Philipson.

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 37

Cependant, si l’hypothèse de C. Renfrew présentait quelques failles, peut-être ne fallait-il pas les chercher dans le modèle de diffusion qu’il proposait, mais plutôt dans les familles de langues, dans le détail, qu’il suggérait de relier à cette diffusion. C’est ce qu’on suggère dans ces réflexions, en proposant des agriculteurs se propageant à travers l’Europe, les faisant correspondre dans le centre, le long du Danube, à une famille Indo-européenne, et dans le sud, le long des côtes, à une famille Méditerranéo-étrusque, le foyer étant repoussé jusqu’au Levant, certainement l’une des premières régions à avoir abrité des communautés agricoles. Cette proposition d’un foyer Levantin est d’ailleurs possible suite aux propositions de localiser l’origine des langues Sémitiques non plus dans le Levant ou en Arabie, mais en Ethiopie. Au-delà de ces progrès et de ces propositions, reconnaissons pour finir qu’il reste encore de multiples incertitudes. En Europe méditerranéenne, de nombreux peuples comme les Ibères, les Tartessiens, les Messapiens, les Ligures, les Crétois minoen, et même les Etrusque demeurent encore bien mystérieux. Un réel progrès serait de parvenir à déchiffrer le linéaire A des Crétois minoen, et les énigmatiques inscriptions Ibères. Si on s’aperçoit que ces langues sont proches de l’Etrusque, ce sera évidemment un fort argument en faveur d’une famille Méditerranéo-étrusque, telle qu’elle est proposée dans ces réflexions. De nombreux mystères subsistent aussi pour deux langues du Croissant fertile : le Sumérien et l’Elamite. Le souci, c’est qu’on comprend encore mal ces langues, surtout l’Elamite. Peut-être, prouvera-t-on un jour que ces langues possèdent une origine extérieure au Croissant fertile, comme dans le cas des langues Sémitiques ? Peut-être, pourra-t-on un jour les rapprocher de la famille Levanto-européenne ? Suivant les propositions faites dans ces réflexions, on devrait répondre pour ces deux langues, par oui, à au moins l’une de ces deux interrogations.

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38 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Bibliographie Ci-joint quelques ouvrages qui ont inspiré ces réflexions sur le foyer langues Indo-européennes. Ouvrages généraux sur l’archéologie [1] Cavalli-Sforza, Luca et Francesco. Chia siamo, la storia dell diverstà umana,

Milan, Arnoldo Mondadori, 1993. Ouvrage davantage sur la génétique que sur l’archéologie.

[2] Renfrew, Colin, Before Civilization, 1973. En français, Les origines de l’Europe, La révolution du radiocarbone, Flammarion, Paris, 1983.

[3] Vialou, Denis. La préhistoire Histoire et dictionnaire. Bouquins Robert Laffont, Paris, 2004.

Ouvrages généraux sur les langues [4] Martinet, André. Eléments de linguistique générale. Paris, Armand Colin, 1996,

quatrième édition. [5] Martinet, André. Evolution des langues et reconstruction. Paris, PUF, 1975. [6] Calvet, Louis-Jean. Histoires de mots. Paris, Payot, 1993. [7] Greenberg, J.H.. Indo-European and its Closest Relatives. The Eurasiatic

Language Family Volume 1 Grammar, Cambridge, 2001. [8] Renfrew, Colin, la diversification linguistique, dossier pour la science, les

langues du monde, octobre 1997 [9] Ruhlen, Merrit. The origin of Language. Tracing the Evolution of the Mother

Tongue, John Wiley, 1994. [10] Walter, Henriette. L’aventure des langues en occident, Paris, Robert Laffont,

1994. [11] http://www.zompist.com/euro.htm, site internet où on trouve les nombres de 1 à

10 dans de nombreuses langues.

Ouvrages sur les langues Indo-européennes [12] Bosh-Gimpera, P. Les indo-européens, Paris, Payot, 1961. [13] De Benoist, Alain. Indo-européens : à la recherche du foyer d’origine, Paris,

Nouvelle Ecole, 1997.

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 39

[14] De Saussure, Ferdinand, Mémoire sur le système primitif des voyelles dans les langues indo-européennes, Leipsick, Teubner, 1879

[15] Dumézil Georges. L’idéologie tripartie des Indo-européens, Bruxelles, Berchem Latomus, 1958.

[16] Faucouneau, Jean. Le déchiffrement du disque de Phaistos. Paris, l’Harmattan, 1999.

[17] Faucouneau, Jean. Les origines grecques à l’âge de bronze. Paris, l’Harmattan, 2005.

[18] Gimbutas, Marija, Old Europe in the fifth millennium B.C. The European situation on the arrival of Indo-Europeans, JIES, 1977.

[19] Gamkrelidze, Thomas, Ivanov, Vjacheslav, L’aube des langues indo-européennes, dossier pour la science, les langues du monde, octobre 1997

[20] Kuta, V. Dictionnaire des Celtes, Paris, Robert Laffont. [21] Martinet, André. Des steppes aux océans. Editions Payot & Rivages, Paris,

1986. [22] Meillet, A. Introduction à l’étude comparative des langues indo-européennes.

Paris, libraire Hachette, 1903. [23] Renfrew, Colin, Archaeology and Language. The Puzzle of Indo-European

Origin, London, Jonathon Cape, 1987 et 1989. En français, L’énigme Indo-européenne.

[24] Renfrew, Colin, La dispersion des langues indo-européennes, dossier pour la science, les langues du monde, octobre 1997

Ouvrages sur la langue Etrusque et le linéaire A des Crétois minoens [25] Adrados, Francisco Rodriguez, Etruscan as an Indo-European Anatolian (But

Not Hittite) Language, in JIES, automne-hiver 1989, pp. 363-383 [26] Briquel, Dominique. Les Etrusques, PUF, Paris, 2005. [27] Bonfante, Larissa. Reading the Past. Ancient Writing from Cuneiform to the

Alphabet, Etrusque, London, British Museum Publication, 1990. [28] Chadwick, John. Reading the Past. Ancient Writing from Cuneiform to the

Alphabet, Linear B, London, British Museum Publication, 1990. [29] Faucouneau, Jean. Le prétendu « mystère » de la langue étrusque. Les grands

secrets de l’Archéologie. N°5, Août, 2007. [30] Perrotin, Damien Erwan. Paroles Etrusques. Paris, l’Harmattan, 1999. On y

retrouve l’hypothèse d’une famille linguistique Méditerranéo-Etrusque : l’Etéo-Méditerranéen, propagée par l’avancée des agriculteurs en Méditerranée. Cette famille comprend notamment l’étrusque et le crétois minoen. Elle est présentée par l’auteur proche cousine de l’Indo-européen.

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40 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

[31] http://www.geocities.com/Athens/Crete/4060/dictionnaire_etrusque.htm auteur : Perrotin, Damien Erwan (après vérification, cette référence n’est malheureusement plus d’actualité)

Ouvrages sur la langue Hourrite [32] Laroche, Emmanuel. Glossaire de la langue hourrite, Editions Klinchsieck,

Paris 1980 [33] Walker, C. B. F.. Reading the Past. Ancient Writing from Cuneiform to the

Alphabet, Cuneiform, London, British Museum Publication, 1990.

Ouvrage sur les langues Afro-asiatiques [34] Diamond, Jared. De l’inégalité parmi les sociétés, Paris, Gallimard, 2000b

(pour la traduction française). [35] Ehret, Christopher, Langue et histoire dans Les langues africaine, Bernd Heine ,

Derek Nurse , Editions Karthala, 2004 (édition originale : African Languages : an introduction, 2000, Cambridge university press, Cambridge, Grande-Bretagne)

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L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ? 41

Table

Introduction : où situer le foyer des Indo-Européens ?...............................2

Partie I Progrès en linguistique et archéologie ......................................3 I.1 Sur l’ouvrage Introduction à l’étude comparative des langues indo-européennes....................................................................................................... 3 I.2 Progrès dans la compréhension de l’Etrusque .................................... 4

I.2.1 De nouvelles sources................................................................. 4 I.2.2 Rapprochement entre l’Indo-européen et l’Etrusque................. 4 I.2.3 Nombres de 1 à 10..................................................................... 5

I.3 Progrès en archéologie .......................................................................... 5 I.3.1 La « révolution » du carbone 14................................................ 5 I.3.2 La « révolution » génétique ....................................................... 6 I.3.3 Rapprochement entre foyers agricole et familles linguistiques.. 8

I.4 Divergences entre linguistes et archéologues....................................... 9

Partie II Les langues Levanto-européennes ..........................................11 II.1 Les langues Indo-européennes et Méditerranéo-étrusques.............. 11

II.1.1 Les langues IE ......................................................................... 11 II.1.2 Les langues Méditerranéo-étrusques ....................................... 11 II.1.3 Sur l’origine des langues Sémitiques....................................... 12 II.1.4 L’Hourrite ............................................................................... 12 II.1.5 Le foyer originel...................................................................... 14 II.1.6 Sept taureaux........................................................................... 14

II.2 Reconstitution de la famille Levanto-européenne............................. 16 II.2.1 Arbre de diffusion ................................................................... 16 II.2.2 Voies de diffusion de l’agriculture en Europe......................... 16 II.2.3 La théorie des laryngales et le Hittite ...................................... 17 II.2.4 Le Tokharien ........................................................................... 18 II.2.5 Carte de diffusion .................................................................... 18

Partie III Reconstitution historique de la famille Indo-européenne (stricte) .................................................................................................21

III.1 Arbre de diffusion................................................................................ 21 III.2 Propositions de reconstitution historique .......................................... 22

III.2.1 La mutation consonantique de k à g et de t à d ? ..................... 22 III.2.2 Correspondance des occlusives apicales ................................. 25 III.2.3 Langues Centum (ou Kentum) et Satem.................................. 27 III.2.4 Passage de deux séries d’occlusive à trois séries ?.................. 29

III.3 Carte de diffusion des langues IE strictes.......................................... 30

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42 L’Indo-européen, un foyer originel en Israël ?

Partie IV Reconstitution historique de la famille Afro-asiatique...........32 IV.1 Arbre de diffusion................................................................................ 32 IV.2 Carte de diffusion des langues Afro-asiatiques................................. 34 IV.3 La corne est du Croissant fertile : Sumériens et Elamites................ 34

Conclusion : questions en suspens .........................................................36