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1 Conseil Economique et Social Midi-Pyrénées Section Prospective LEXIQUE de SYSTEMIQUE et de PROSPECTIVE Jean-Claude LUGAN Professeur à l’Université des sciences Sociales de Toulouse 2006

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Conseil Economique et Social Midi-Pyrénées

Section Prospective

LEXIQUE

de SYSTEMIQUE et de PROSPECTIVE

Jean-Claude LUGANProfesseur à l’Université des sciences Sociales de Toulouse

2006

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LA PEDAGOGIE DE LA COMPLEXITE

C’est la loi dite « Joxe-Baylet » de février 1992 portant sur l’administration territoriale de laRépublique, qui en élargissant les droits des Conseils Economiques et Sociaux Régionaux, apermis la création de sections ouvertes à des personnalités extérieures, dont une consacrée à laprospective.

Dés la parution du décret d’application, le Conseil Economique et Social Midi-Pyrénées votaiten septembre 1993, la création de deux sections, l’une chargée de la prospective, l’autre del’Europe et de la coopération internationale.

La section prospective a été installée en 1994 et a pu bénéficier, dès sa création, del’enrichissement intellectuel de ceux qui auprès du Préfet de Région en 1990 avaient élaboréune première réflexion prospective.

Le grand mérite de la création de la section prospective et de son équipe d’animateurs,Bernard BRUNET, Jean Claude FLAMAND, Jean-Claude LUGAN, est d’avoir su fairepartager et rendre compréhensible par tous ce qu’est une réflexion prospective.

Ce fut difficile, parfois à l’intérieur du CESR, à l’occasion de travaux innovant sur la forme etsur le fond (Midi-Pyrénées, les Desseins de 2030). Ce fut aussi difficile à l’extérieur, où l’on aparfois ironisé sur nos initiatives, nos rapports sans les avoir lus d’ailleurs, en dénonçant lesmachines à gaz. D’autres expliquaient qu’il était impossible de gérer le présent, ils nevoyaient pas comment on pouvait se préoccuper de scénarios possibles à 20 ou 30 ans.Triste point de vue.

Ce lexique doit permettre à tous de faire un bout de chemin pour posséder les clés deconnaissances nouvelles et donner l’envie d’un nouvel enrichissement. Quels que soient lestitres et la fonction il est de notre responsabilité de permettre de partager le savoir pourrenforcer notre rôle de citoyen.

Clarifier les éléments de langage nécessaire à la compréhension d’une démarche prospectivetel est l’objet de ce document que le CESR est heureux de publier aujourd’hui en témoignantsa reconnaissance à l’universitaire Jean-Claude LUGAN.

Le CESR a tenu bon, sur ce sujet comme sur d’autres, pour défendre des idées nouvelles etune démarche nécessaire.

Le Conseil Economique et Social de la Région Midi-pyrénées est heureux de bénéficier dutravail de la section prospective et de permettre à l’un de ses membres, Jean-Claude LUGANde nous familiariser avec un langage de … spécialiste.

Cela permet aussi de rendre hommage à la qualité du travail de l’Université des SciencesSociales.

Jean-Louis CHAUZYPrésident du Conseil Economique et Social Midi-Pyrénées

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SE REPRESENTER LES FUTURS POSSIBLES POUR MIEUX PESER LESCONSEQUENCES DE LA DECISION PRESENTE !

Parce qu’elle permet de corréler les impératifs du court terme aux perspectives du longterme afin que les bonnes solutions d’aujourd’hui ne deviennent pas demain des problèmesinsolubles, la prospective est une démarche que l’idée de développement durable renddésormais indispensable.La région Midi-Pyrénées a été pionnière dans ce domaine. Sous l’impulsion de l’Etat puisdu Conseil Economique et Social Régional qui a été l’un des premiers en France à se doterd’une section prospective, deux exercices complémentaires de prospective territoriale(« Les chemins de 2010» puis « Les desseins de 2030 ») ont permis de se représenter lesfuturs de Midi-Pyrénées, mettant en évidence des enjeux essentiels d’aménagement duterritoire et de société.

La vulgarisation et la diffusion de la réflexion prospective constitue donc du point devue du CESR un enjeu important, qui devrait notamment permettre à la sociétérégionale :

de mobiliser en amont l’intelligence et l’énergie de ses forces vives autour d’unedynamique de réflexion collective, avec pour résultat une ouverture vers l’avenir dansune posture plus « proactive » que réactive,

de constituer un « réservoir d’idées » dont chacun, décideur comme acteur, public etprivé, pourra tirer profit dans l’élaboration de ses stratégies de développement,

de fournir à la décision publique les éléments de réflexion pour en envisager lesconséquences sur le long terme,

de constituer enfin, en tandem avec l’évaluation, un support méthodologique privilégiépour l’expression des instances de démocratie participative, qui trouvent ainsi lapossibilité de contribuer au débat public, sans risque de confusion avec le rôle des élusde la démocratie représentative.

C’est pourquoi ce lexique « Systémique et Prospective » élaboré par Jean-Claude Lugan,vient à point nommé pour « outiller » toutes celles et tous ceux qui, au CESR, dans lesconseils de développement, dans les associations, dans les entreprises, mais aussi nousl’espérons au sein des collectivités territoriales, voudront faire de l’approche prospectiveun moyen pour « décrypter la complexité » et envisager un mode de développement plussoutenable.Bien entendu, ce travail est aussi destiné aux étudiants (ceux de Jean-Claude et les autres !)pour qui il constituera un précieux vade-mecum, tout en leur donnant l’occasion d’entendreparler du CESR à qui le Professeur JC Lugan, membre de la section prospective, a faitl’honneur de confier la publication.

Bernard BrunetPrésident de la section prospective

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Jean-Claude LUGAN est membre de la section prospective du CESR de Midi-Pyrénées,professeur à l’université des Sciences Sociales et à l’Institut d’Etudes Politiques de Toulouseoù il dispense en particulier des cours sur la théorie des systèmes appliquée aux sciencessociales et des cours d’initiation à la prospective territoriale.Il est en outre chercheur au Centre de Recherche sur les Systèmes Sociaux dont il est lefondateur.

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Avertissement :

La systémique et la prospective sont de notre point de vue, étroitement liées. Elles fontappel à des concepts et à des notions, empruntés à des disciplines diverses : sciences de lamatière, de la vie ou du social, mais souvent spécifiées par rapport à leurs propres exigencesd'opérationnalité.

Fréquemment les étudiants avancés ou les praticiens qui se lancent dans laconstruction de modèles systémiques, et au-delà dans la prospective, éprouvent des difficultésdans la compréhension et l'utilisation de ces concepts et de ces notions, difficultés liées à leurscaractères souvent polysémiques. Ce lexique se veut donc une première tentative pourramener leurs significations dans le champ de la systémique complexe et de la prospective.

Étant nous-mêmes systémiciens, nous comptons sur les retours critiques (rétroactions),afin de faire de ce lexique un instrument évolutif, dont les articles seront autant d'outils quel'on pourra dans le temps affiner et perfectionner. À ce titre nous remercions vivement notrecollègue de l’Université des sciences sociales, Xavier Marchand-Tonel pour une premièrecontribution à la fois critique et constructive. En outre les travaux poursuivis par la sectionprospective du CESR de Midi-Pyrénées seront l'occasion, sans nul doute, de "retours"précieux. Nous exprimons aussi notre reconnaissance à Marie-Laure Constant, chargéed’études au CESR, qui a pratiqué une lecture très attentive de ce document et assuré sa miseen forme.

La lecture de ce lexique peut s'effectuer pour la plupart des articles à plusieurs niveaux :

: L'étymologie et, lorsque cela nous a paru utile, la citation du ou des synonymes.

: Les définitions usuelles et /ou les significations dans diverses disciplines.

: Les définitions liées plus directement à la systémique et à la prospective avec ici deuxsous niveaux :

- En caractères gras les éléments considérés comme fondamentaux.- En caractères normaux les éléments complémentaires et approfondis.

: Le renvoi indicatif à des auteurs ayant particulièrement utilisé et/ou développé la notionou le concept.

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1. ACCULTURATION

Du latin cultus : cultivé et de ad : idée demouvement vers quelque chose.

Processus de changement culturel résultantde contacts entre groupes de culturesdifférentes.Robert Redfield, Ralph Linton et MelvilleHerskovits, dans leur « Mémorandum sur l’étudede l’acculturation », propose une définition :"l’acculturation est l’ensemble des phénomènesqui résultent d’un contact continu et directentre des groupes d’individus de culturesdifférentes et qui entraînent des changementsdans les modèles culturels initiaux de l’un oudes deux groupes".

Chaque système social peut être caractérisépar une culture, c'est-à-dire un ensemble devaleurs et de normes comportementales plusou moins spécifiques. Lorsque deux systèmessociaux ou plus se retrouvent en contactprolongé, se produit chez les acteurs de cessystèmes des modifications dans leurscomportements, éventuellement dans leursvaleurs de référence. Ce qui signifie que deséléments d'une culture sont intégrés dansl'autre.L'acculturation ne doit pas être confondue avecl'enculturation qui est un processus d'acquisitionde la première culture d'abord dans le milieufamilial, puis dans le milieu social.

R. Linton, M. Herskovits, R. K. Merton, R.Redfield.

2. ACTEUR

Du latin actor : qui agit.

L'individu, le groupe, l ' institution,l'organisation qui agit. Il peut être utile dedissocier le terme d’acteur de celui d’"agent", quirenvoie à une passivité des individus en raisond’une détermination des comportements par lesstructures sociales. Néanmoins l’opposition entre"acteur" et "agent" a été refusée par certainsauteurs, comme Bruno Latour, qui parlent alors,

conformément à la perspective sémiotique,d’"actant" et qui incluent dans cette dernièrecatégorie les éléments non-humains (lesmicrobes, par exemple).

Dans un système, l'identification desacteurs, puis la reconstruction de leursstratégies et de leurs logiques constituent unephase essentielle de sa compréhension. Il en vade même en prospective pour la constructionde configurations du futur.

M. Crozier, E. Friedberg, B. Latour, A.Touraine.

3. ACTION

Du latin actio, de agere : agir.

Action individuelle ou action collective, c'est-à-dire une action commune à plusieurs acteurssociaux visant des objectifs partagés. (Voir lasociologie de l'action).

Dans un système social : actions produitespar un individu (acteur) en réponse à unesituation donnée, activité humaine composéed'une suite de comportements inspirés par desmotivations et orientés vers des objectifs.Chez T. Parsons, la notion d'action est au centrede toute analyse sociale et au-delà au centre del'analyse de tous les systèmes sociaux. Elle revêtchez lui un sens très extensif."L'action est toute conduite humaine, collectiveou individuelle, consciente ou inconsciente" (voir« Theories of society »).

P. Birnbaum, R. Boudon, M. Crozier, E.Friedberg, T. Parsons, G. Simmel, A. Touraine,M. Weber.

4. ADAPTATION, ADAPTABILITE

Du latin adaptare, aptus : apte, adaptation.

En biologie, processus par lequel unorganisme réagit pour survivre dans desconditions environnementales nouvelles.

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En théorie systémique du social et, plusparticulièrement chez les fonctionnalistes,processus fonctionnel par lequel un systèmesocial réagit en termes d'actions, d'échanges,voire de structures pour faire face auxchangements de ses environnements.Adaptabilité : capacité d'un système àrépondre aux variations de l'environnementtout en se pérennisant. Cette capacité va êtreliée à la complexité du système c'est-à-dire àsa capacité à imaginer des solutions répondantà la variété de ses environnements.

T. Parsons a développé cette notion d'adaptationd'un système social par rapport aux évolutionsenvironnementales. Il s'est inspiré de la biologiegénétique qui part du principe qu'un organismebiologique consiste en un processus d'adaptationà des réalités externes et internes plus ou moinsstables ou changeantes, et à partir de là plus unorganisme biologique est capable de s'adapter,c'est-à-dire d'innover dans ses comportements,plus il est biologiquement en avance. Pour lesSociétés, cette réactivité se manifesterait par leurdegré de complexité et plus précisément à longterme par la différenciation de leurs unitésconstitutives, à court terme par leur capacité àmaintenir un équilibre avec l'environnement ou àchanger un certain nombre de structures. Dans laperspective évolutionniste, plus les sociétésprogressent, plus les phénomènes dedifférenciation fonctionnelle et structurale sedéveloppent, s'accentuent. Les sociétés enquelque sorte se complexifient. De cette façon,dans l'optique structuro-fonctionnaliste, lesquatre sous-systèmes fonctionnel : économique,politique, intégratif, culturel, seront moinsdifférenciés, plus étroitement mêlés dans unesociété de type traditionnel que dans une sociétéavancée moderne. De même et à l'inverse d'unesociété moderne, dans une société de typetraditionnel, un ensemble structural concret n'apas de fonction spécifique, il assume en mêmetemps plusieurs fonctions.

Comment les phénomènes de différenciationse produisent-ils ? Selon T. Parsons de deuxmanières :Par segmentation, c'est-à-dire par l'émergencede sous collectivités qui se répartissent lesfonctions assumées auparavant par une seulecollectivité.Par spécification de la culture normative,c'est-à-dire que chaque nouvelle sous collectivité

définit certains éléments culturels comme luiétant spécifiques. Il s'agit d'une redéfinition desvaleurs et des normes par chacune de cesnouvelles collectivités, afin de mieux remplirleurs fonctions nouvelles. Ces processus desegmentation des collectivités et de spécificationde la culture engendrent inévitablement desproblèmes d'intégration. Autrement dit, le risqued'éclatement ou du moins d'écartèlement dessociétés complexes est constant.Dans la perspective de mutation sociale ou àcourt terme, on se situe sur des périodes detemps beaucoup plus courtes. Le conceptfondamental est ici celui d'équilibre oud'homéostasie. Ce concept emprunté à la biologiepeut se définir comme une tendance des êtresvivants à stabiliser leurs constantesphysiologiques.Selon T. Parsons, on peut distinguer quatre casfondamentaux :

a) le système est capable de conclure unesorte d'arrangement avec les exigences imposéespar un environnement dont certains composantsou certaines relations entre ces composants sesont modifiées, et cela sans qu'unetransformation fondamentale des structuresintervienne ; il s'agit alors d'un changementd'équilibre.

b) le système ne parvient pas à trouver unarrangement avec cet environnement et subitd'autres processus évolutifs, notamment unchangement de structures.

c) le système incapable de réagir auxchangements, voire aux pressions d'origineendogène, subit une dissolution pure et simpleen tant qu'ensemble maintenant des limitesdéterminées. C'est en quelque sorte unphénomène comparable à celui de la mortbiologique pour les organismes vivants.

d) enfin dernier cas, le système va devoirsupporter la consolidation d'une malformationconduisant à l'établissement de structuressecondaires à caractère "pathologique".Exemple : les communautés de marginaux ou dedélinquants plus ou moins réprimées, etc…Le changement d'équilibre correspond au cas oùl'équilibre serait rompu pour faire place à unnouvel équilibre, mais sans que le système lui-même soit modifié. Cela signifie que l'ensemblesystémique reste le même. Il se produitseulement certaines modifications relativementsuperficielles. Le changement de structurescorrespond au cas où, à la suite d'unemodification substantielle de l'environnement ou

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du milieu interne du système -les deux étantsouvent liés- une forte pression peut s'exercersoit de l'intérieur, soit de l'extérieur. Les rapportsentre sous-systèmes deviennent impossibles.Ainsi se produira une rupture qui va entraîner àson tour des changements profonds dans lastructure systémique.Soulignons qu'un changement d'équilibre peut seproduire sans qu'intervienne le niveau le plusélevé de la hiérarchie cybernétique de contrôle,c'est-à-dire le niveau culturel ; alors qu'à l'inverseun changement de structure implique destransformations au niveau de la fonction destabilité du modèle culturel. En effet, il estnécessaire que les nouvelles valeurs soientintériorisées par les membres du groupe social oude la Société, ou de moins par une partiesuffisante d'entre eux ; ceci afin que cesnouvelles valeurs s'institutionnalisent dans lesnouvelles structures. Par exemple, selon T.Parsons, les progrès, les innovations scientifiqueset techniques, constituent des transformations auniveau le plus élevé du contrôle cybernétique del'action et donc entraînent obligatoirement deschangements de structures. On perçoit ainsil'importance de la fonction de stabilité du modèleculturel dans un changement de structure. Ellepeut soit opposer une vigoureuse résistance auchangement structurel, soit au contraire posséderune certaine adaptabilité et jouer un rôlebeaucoup plus positif dans la transformationstructurelle.

B Malinowski, RK Merton, T. Parsons.

5. AFFECTEUR

Du latin affectus : état, disposition.

Dans les systèmes cybernétiques, c’est unorgane matériel qui détecte les modificationsdu milieu extérieur.

N. Wiener.

6. AGATHONIQUE

De l'auteur dramatique grec (400 av JC)Agathon qui selon Aristote aurait dit "il estprobable que l'improbable arrivera".

Dans un système social, le comportementhumain et les conduites sociales sont le résultatd'un grand nombre de facteurs qui ne sont pasliés. Dans la mesure où l'inventaire complet deces facteurs et de leurs interactions possiblesn'est pas réaliste, l'émergence de phénomènesreste imprévisible.Anticiper dans un modèle d'analyse et par deslois de probabilité, l'émergence certaine dephénomènes qui n'étaient pas prévus, c'esttraiter ces phénomènes comme étantagathoniques.En prospective, on a affaire à bon nombre deprocessus que l'on peut qualifierd'agathoniques.

Aristote.

7. AGREGATION

Du latin aggregare : réunir.

Action de réunir des éléments distincts pourformer un tout homogène.

Dans les systèmes sociaux, processus parlequel une série d'actions individuellesséparées produisent en se combinant unphénomène collectif dont l'émergence ne peutêtre ni prévue, ni voulue par les individus.C'est un concept clef de l'individualismeméthodologique selon lequel tout phénomènesocial doit être expliqué par l'agencementd'activités d'individus.R. Boudon distingue certains types d’agrégation,notamment les effets d’amplification et ceux deneutralisation, qui ne sont pas sans rapport avecles "feedbacks" positifs et négatifs.

R. Boudon, E. Durkheim.

8. ALEATOIRE

Du latin aléa : jeu de dés, de chance.

Usuellement ce qui est soumis au hasard.En mathématique variable aléatoire : applicationd'un ensemble appelé univers et muni d'uneprobabilité dans l'ensemble des nombres réels.

Dans un système : des processus dont laréalisation comporte une part plus ou moins

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importante d'indétermination, donc d'aléas ;on raisonnera alors en termes de probabilité.

Y. Barel, J-L. Le Moigne, E. Morin, I.Prigogine.

9. ALGORITHME

Du nom d’un mathématicien arabe AlKhawarizmi

Ensemble de symboles et de procédéspermettant d’effectuer des calculs, une séried’opérations à réaliser afin d’obtenir unrésultat recherché.

En systémique les systèmes compliqués seprêtent à des calculs algorithmiques, car sesont des systèmes déterministes et doncprogrammables.Par contre les systèmes complexes qui incluentdes processus aléatoires, chaotiques se prêtentdavantage à des procédures heuristiques (voirarticle Heuristique).

10. ANALYSE (Bivariée)

Du grec analusis : décomposition et du latinvarius : nuancé.

Dans un système, c'est l'analyse de larelation entre deux variables ; elle indique sila relation est forte ou faible, positive ounégative. La relation est positive lorsque lesdeux variables varient dans le même sens. Lesrelations entre les variables peuvent être soitlinéaires soit traduisibles en fonctions, faisantapparaître des relations pour certainesvaleurs et pas pour d'autres.

Divers ouvrages de méthodologie en sciencessociales.

11. ANALYSE (Factorielle)

Du grec analusis : décomposition et du latinfactor de facere : faire.

Analyse statistique permettant de réduire àun nombre restreint de facteurs, appelésdimensions, un grand nombre de variables

interconnectées de manière complexe dans unsystème donné. Par exemple 50 variables surl'intégration sociale ramenées à 4 dimensions.

Divers ouvrages de méthodologie en sciencessociales.

12. ANALYSE (institutionnelle)

Du grec analusis : décomposition.

Méthode d'analyse considérant les crises etles conflits dans les organisations et dans lessystèmes complexes en général, comme desanalyseurs c'est-à-dire comme des situationsqui révèlent ce qui n'est pas explicite dans cesystème et qui font surgir la face cachée de laréalité du système.

Divers ouvrages de méthodologie en sciencessociales.

13. ANALYSE (multivariée)

Du grec analusis : décomposition, et du latinmultus : nombreux et varius : nuancé.

Dans les systèmes complexes, la réalité selaisse rarement saisir par la relation de deuxphénomènes : la stabilité de la relation entreces deux phénomènes et surtout le rapport decausalité entre deux variables doivent êtrevérifiés. Des analyses plus complexes, mettanten jeu 3 variables ou plus doivent êtreenvisagées.Plusieurs cas :

1) x et y sont toutes les deux en corrélationavec une troisième variable z à laquelle ellesdoivent leur relation

2) x et y sont deux indicateurs d'une mêmevariable

3) x et y sont deux indicateurs d'une mêmecause

4) x et y sont complémentaires5) x est cause de y

Si l'introduction d'une variable z fait disparaîtrela relation x et y, on dira que cette relation n'étaitqu'apparente, donc x et y seront deux variablesindépendantes.

Divers ouvrages de méthodologie en sciencessociales.

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14. ANTICIPATION

Du latin anticipatio, de ante : en avant et decapere : prendre . En anglais : Forward Thinking.

Au sens courant, c’est l’action d’accomplirune chose plus tôt que prévu ou convenu

En systémique, ce serait le modèle del’évolution d’un système construit sur desbases logiques. Mais la complexité desprocessus peut amener des événementsimprévisibles qui pourront dans la réalitécontrarier ces évolutions fondées sur desparamètres logiques.

15. ANOMIE

(voir article Norme)

Du grec a : préfixe privatif et nomos : loi.

Concept créé par J-M. Guyau au milieu duXIXe siècle pour exprimer l’idée que la moralede l’avenir ne sera déterminée par aucune loiuniverselle, que l’individualisation des règlesmorales et des croyances est un processus à lafois inévitable et souhaitable.Pour E. Durkheim et ses disciples, l’anomiesignifie la confusion, voire la disparition derègles, de normes dans un système socialdonné ou plus exactement l’inadaptation decertaines règles par rapport aux évolutionssociétales, sans que de nouvelles normes plusen phase émergent. Ce dérèglement socialfavorise les comportements violents, sous laforme de suicide, délinquance, criminalité.Quelles sont les causes de cet état d’anomie ? E.Durkheim explique que, par suite d'une divisionsociale du travail de plus en plus accentuée dansnos sociétés, les relations entre les organesconstitutifs du système social ne sont passuffisamment réglementées. Il se crée alors unesituation d’absence de normes. Il faut donc encréer de nouvelles correspondant mieux à cettenouvelle situation sociétale.Pour R.K. Merton, l’anomie résulterait d’un écartentre les objectifs et idéaux fixés par une sociétéou un groupe social et l’ensemble des règles, desnormes institutionnalisées qui définissent lesmoyens acceptables pour poursuivre cesobjectifs. Il identifie plusieurs types de réponsedes acteurs sociaux afin de réduire cet écart

(réponses innovatrices, conformistes, ritualistes,de repli, de révolte).

Un système complexe doit être en capacitéde faire évoluer ses normes afin de s‘adapteraux variations environnementales, voire demodifier ses environnements, afin de mieuxpoursuivre les objectifs qu’il s’est fixé. Ilexiste toujours une phase d’inertie plus oumoins longue entre la régression des anciennesnormes et l’émergence des nouvelles. C’est cetétat que l’on peut qualifier d’état anomique.La prospective tant dans l’élaboration desdiagnostics que dans l’élaboration desscénarios ne peut évacuer les contraintes liéesaux situations d’anomie.

E. Durkheim, RK. Merton

16. ANTAGONISME

Du grec agon : combattre et antagônistès :adversaire.

Oppositions de forces, d'intérêts, d'acteurs, degroupes d'acteurs, d'idéologies.Voir le rôle des antagonismes de classes dans ladoctrine marxiste. Les contradictions sontnécessaires au développement.

En systémique, on considère que lessystèmes complexes notamment, peuvent êtreanimés par des processus compatibles et/ouantagonistes, qu'ils soient d'ordre politique,économique, culturel, social. Le problèmeétant pour le système de dépasser cesantagonismes pour son propre bénéfice.Pour E. Morin, tout système est un ensemblede complémentarités et d'antagonismes. Ainsià la d i f férence des équi l ibresthermodynamiques d'homogénéisation et dedésordre, les équilibres systémiquesorganisationnels sont des équilibres de forcesantagonistes. Toute relation organisationnelle,donc tout système, comporte et produit del'antagonisme en même temps que de lacomplémentarité.E. Morin énonce le principe d'antagonismesystémique : l'unité complexe du système à lafois crée et refoule de l'antagonisme.D'ailleurs dans les organisations et les sociétéshumaines, l'antagonisme organisationnel /anti-organisationnel constitue un problème

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central. Il n'y a pas d'organisation sans anti-organisation.Dans cette perspective, une crise dans unsystème pourra se définir comme une défaillancedans la régulation, c'est-à-dire dans le contrôledes antagonismes. En quelque sorte la crise sedéclenche par des transformations de différencesen opposition, de complémentarités enantagonismes, et ainsi le désordre se répand dansle système en crise. Plus grande est la complexitéorganisationnelle, plus les risques de crise sontprobables, mais plus le système est en principecapable de dépasser ces crises et éventuellementd'en tirer expérience pour son propredéveloppement. En réintroduisant le conceptd'entropie, on pourra dire que l'accroissementd'entropie est le résultat du passage de lavirtualité à l'actualisation des potentialités anti-organisationnelles. Au-delà de certains seuils decontrôle ou d'utilisation, cette entropie devientirréversible.La distinction entre systèmes actifs et systèmesnon actifs devient essentielle. En effet, lessystèmes non actifs ne peuvent "pomper" àl'extérieur de l'énergie, de l'information, del'organisation réparatrices. Ils ne peuvent doncn’évoluer que dans le sens de la désorganisation.Seuls les systèmes actifs peuvent lutter contrel'effet désintégrateur des antagonismes : enrenouvelant l'énergie (en la puisant dansl'environnement), en intégrant et en utilisant leplus possible les antagonismes de façonorganisationnelle, en corrigeant les désordresintérieurs, en faisant face aux agressionsextérieures, en se multipliant de façon à ce que letaux de reproduction dépasse le taux dedisparition. C'est ce que réussissent à faire lessystèmes vivants.

K. Marx, E. Morin, A. Touraine.

17. ASSIMILATION

Du latin assimulare : rendre semblable, desimilis : pareil.

Processus plus ou moins long par lequel unindividu ou un groupe d'individus s'intègrentdans un système social c'est-à-dire adopte lesvaleurs et les normes caractéristiques etconstitutives de ce système.

L'intégration est une condition de lapérennisation d'un système en général et d'unsystème social en particulier.

A. Burgess, R. Park, G. Simmel, F. Tonnies.

18. ASYNCHRONISME

(voir articles Synchronie, Diachronie)

De a : préfixe privatif et du grec sunkhronos,de sun : avec et de khronos : temps.

Manque ou absence de synchronisation, c’est-à-dire décalage dans le temps.

Tous les sous–systèmes d’un même systèmesocial n’évoluent pas de manièresynchronique, d’où des tensions.Pour T. Parsons, les sous-systèmes (politique,économique, intégratif, culturel) étant ouvertsles uns sur les autres, procèdent à deséchanges. Ces interactions, ces échanges sont àl’origine d’une dynamique du système socialet cela d’autant plus qu’il se produit desasynchronismes entre ces sous-systèmes.Autrement dit ces sous-systèmes ne sont pasmécaniquement en phase et lorsque cesasynchronismes perdurent et manifestent unecertaine intensité, les tensions peuvents’accroître et conduire à des bouleversements,à des conflits et à des changements au sein dusous-système sociétal.Ces déséquilibres, selonT. Parsons, peuvent être à l’origine d’unemeilleure adaptation des systèmes sociaux et àl’origine d’une plus grande complexité.

W Buckley , J-L. Le Moigne, T. Parsons.

19. AUTO-ECO-ORGANISATION

Voir les articles : Autonomie, Ecosystème,Organisation.

C'est E. Morin qui a développé cette notiondans la « Méthode » et dans « Introduction à lapensée complexe ».Un système fermé n'a guère d'individualité,pas ou peu d'échanges, de relations avecl'environnement. À l'inverse un système auto-organisateur se distingue et se détache de sesenvironnements grâce à son autonomie et son

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individualité ; mais il se relie d'autant plusqu'il doit procéder à des échanges et accroîtresa complexité : il est auto-éco-organisateur.En d'autres termes un système complexe est à lafois plus autonome et moins isolé qu'un systèmefermé. Il a besoin de puiser dans sesenvironnements de l'énergie, des matériaux, del'information, c'est-à-dire des éléments afin : enpremier lieu de se maintenir, de se pérenniser, ensecond lieu d'accroître sa complexité, son ordreet ainsi développer ses capacités d'adaptation etd'action par rapport à des environnementsvariables. L'environnement est en quelque sorte àl'intérieur du système complexe.

H. Atlan, E. Morin, J-L. Le Moigne, E.Schrödinger.

20. AUTONOMIE

Du grec autonomos et du latin autonomia quise gouverne avec ses propres lois.Contraire : hétéronomie.

En psychologie, c’est la capacité d’unindividu à conserver son intégrité et sonindépendance vis-à-vis du milieu physique etsocial.En sociologie et en science politique, l'autonomieest le pouvoir d’un groupe de s’organiser et des’administrer lui-même sous certainesconditions. Elle est distincte de l’indépendance,car si l’autonomie implique la liberté, c’est àl’intérieur d’un groupement plus vaste.

L'autonomie systémique est la capacitéd'un système : soit de poursuivre ses propresfins de manière indépendante des pressionsexercées par des variables exogènes, c'estl'autonomie comme autogénèse, soitd'influencer ses environnements et decontrôler les influences de ces derniers, c'estl'autonomie comme discrétion.Un système complexe ne se pérennise qu'enpuisant son énergie et ses informations àl'extérieur. Il peut être et même doit être enmême temps ouvert et fermé.Ainsi un système d'un certain niveau decomplexité notamment un système social est à lafois autonome et dépendant, dans la mesure où ilprocède à des échanges avec l'extérieur. Leconcept d 'autonomie devient a ins icomplémentaire de celui de dépendance, alors

qu'en même temps ces deux termes sontantagonistes.Jean-William Lapierre distingue sept degrésd’autonomie :

1- l’autoconservation passive : la permanenced’une forme ;

2- l’autoconservation active : la permanenced’un mouvement ;

3- l’autorégulation, qui assure la poursuited’un objectif assigné au système de l’extérieur endépit des variations de l’environnement, ce quinécessite une téléonomie et des boucles de rétro-action ;

4- l’autoreproduction : une autorégulationprogrammée de l’intérieur, dont l’homéostasieest une illustration ;

5- l’auto-adaptation : l’apprentissage, quinécessite une capacité de mémorisation ;

6- l’auto-organisation : le système décide demodifier ses règles de fonctionnement pourmieux atteindre son but ;

7- l’autotransformation : sa différence avecl’auto-orgnisation recouvre la distinction établiepar Frédérik G. Bailey entre les règlesnormatives, qui assurent la conformité au but, etles règles pragmatiques, qui assurent l’efficacitédes moyens. L’auto-organisation correspondalors à un changement de stratégie à l’intérieurde règles du jeu inchangées, alors quel’autotransformation correspond à unemodification des règles du jeu.

H. Atlan, J-W. Lapierre, J-L. Le Moigne, E.Morin, Varela.

21. AUTOREGULATION

Du grec autos : de lui-même et du latinrégularis : qui a la forme d'une règle.

L'autorégulation est un mécanisme decontrôle, notamment sous la forme derétroactions assurant la stabilité d'un systèmelorsque ce dernier est perturbé par desvariations dans ses environnements. End'autres termes, c'est la capacité d'un systèmed'opérer des ajustements pour rester dans unenorme. C'est la caractéristique fondamentaledes systèmes cybernétiques.

Y. Barel, J-W. Lapierre, J-L. Le Moigne, E.Morin, N. Wiener.

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22. AUTOPOIESIS

Du grec autos de lui-même et poiésis actionde faire.

Pour la démarche systémique, voir aussiautonomie et auto-éco-organisation.Pour N. Luhmann, un système trouve sonunité dans l’établissement d’une différenceavec son environnement. Il se focalise ainsi surses particularités. Il est « auto-référentiel ».Sa survie au cours du temps montre, desurcroît, qu’il a la capacité de continuer à sedistinguer et de maintenir ses frontières, doncde créer sa structure et ses élémentsconstitutifs ou encore de se produire lui-même. Il est, en d’autres termes,"autopoïétique", pour reprendre le conceptque N. Luhmann emprunte aux biologisteschiliens Humberto Maturana et FranciscoVarela."Un système autopoïétique est organisé commeun réseau de processus de production decomposants qui : a) régénèrent continuellementpar leurs transformations et leurs interactions leréseau qui les a produits ; b) constituent lesystème en tant qu’unité concrète dans l’espaceoù il existe, en spécifiant le domaine topologiqueoù il se réalise comme réseau" (F. Varela,« Autonomie et connaissance »).Sur cette base, N. Luhmann distingue troistypes de systèmes en fonction du moyen deleur autopoièse : celle des systèmes vivantsrepose sur la vie, celle des systèmes psychiquessur la conscience et celle des systèmes sociauxsur la communication.A ce stade, il est essentiel de souligner, à la suitede Luhmann, que "clôture autopoïétique nesignifie pas isolement". Certes, un système nerépond pas nécessairement à une modification deson environnement. En outre, quand il décide d’yréagir, il le fait à partir de ses structures et selonses propres principes de fonctionnement.Néanmoins, il ne peut pas totalement négligerson environnement pour au moins deux raisons :tout d’abord, il se constitue comme système dansla distinction avec ce qu’il se représente commeun désordre extérieur ; ensuite, même si ellessont produites par l’autopoïèse du système, sesstructures doivent être et rester compatibles avecson environnement.

N. Luhmann, F. Varela.

23. AXIOMATIQUE, AXIOLOGIE,AXIOME

Du grec axiôma : principe évident.

Un axiome est une proposition évidente etindémontrable. Exemple : le tout est plus grandque la partie.Un postulat est une proposition qu'il seraitabsurde de nier, mais dont on peut concevoir lacontradictoire. Exemple le postulat d'unicité : parun point pris hors d'une droite, il ne passe qu'uneparallèle à cette droiteDès le début du siècle, les mathématiciens et leslogiciens ont abandonné l'ancienne distinctionentre axiomes et postulats et ont parléd'axiomatisation, travail qui consiste à regrouperen tête d'une théorie déductive l'ensemble despropositions non démontrées et les règlesopératoires de dérivation des théorèmes de lathéorie à partir de cet ensemble.L'axiologie est la science des valeurs, la théoriedes valeurs morales (Voir en particulier RobertBlanché : « Introduction à la logiquecontemporaine »).L'axiomatique est l'étude des axiomes et de leurutilisation dans différents systèmes.L'axiologie traite de l'ensemble des valeurssociales et individuelles. En sociologie, elleanalyse les valeurs qui sont à la source de larecherche scientifique. Les valeurs culturellesinfluencent en effet le choix des phénomènes quel'on va étudier et l'interprétation qui en sera faite.

Toute démarche systémique ne peut fairel'impasse sur les valeurs qui président auxobjectifs du système.De même en prospective, la construction descénarios ne peut que s'appuyer sur desaxiomes.

R. Blanché, N. Bourbaki, J-L. Le Moigne, H.Poincaré.

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BB

24. BIFURCATION

Point où une voie se divise en deux.À l'origine le terme était réservé aux voies decommunication, puis le sens s'est étendu.

En mathématique, la théorie desbifurcations étudie les changementsqualitatifs dans l'évolution de systèmes,lorsqu'on modifie les paramètres de cessystèmes.En physique Ilia Prigogine nous montre dans sa« Théorie des structures dissipatives et del'ordre par fluctuation », qu'il n'y a pasnécessairement exclusion, mais éventuellementcomplémentarité entre phénomènes désordonnéset phénomènes organisateurs. Autrement ditdans un système instable peut se produire unefluctuation dont l'amplification, loin del'équilibre, aboutira à une structure d'ordre. Labifurcation est le point critique à partir duquel cenouvel état qualitatif devient possible. Il s'agit aufond d'une déviance microscopique qui au bonmoment a privilégié une voie réactionnelle.La bifurcation est aussi une notion de lathéorie des catastrophes, indiquant le point oùun phénomène passe brusquement d'unrégime à l'autre, de l'interindividuel au socialou d'un système social à un autre (cf. R.Thom).

La sociologie interactionniste a tenté demettre en évidence des mécanismes analoguesdans le domaine du social. T. Shelling (« L atyrannie des petites décisions ») a étudiénotamment l'incidence de la taille critique sur laconfiguration d'un système social. Il a montré àtravers un certain nombre d'exemples dont onpeut déterminer une taille critique, c'est-à-dire unnombre où une proportion au-delà de laquelle lemécanisme de réaction en chaîne se déclenche eten deçà de laquelle il ne se déclenche pas.Dans les systèmes complexes qui sont dessystèmes ouverts en non-équilibre, une sériede bifurcations peut les conduire par despaliers plus ou moins nombreux, à des étatsd'auto-organisation plus complexes. Il estdonc important d'essayer d'identifier lesseuils, les points de bifurcation possibles dansles systèmes que l'on cherche à comprendre.

H. Poincaré, I. Prigogine, T. Shelling, R.Thom et les théoriciens du chaos.

25. BIO-SOCIAL (sous-système)

Du grec bio : vie et du latin sociare : associer.

Il est formé des éléments, des unités activeset des processus en charge de permettre lareproduction biologique de la populationselon certaines normes sanitaires et sociales etd’intégrer les individus dans la collectivitéterritoriale, au travers d ’un certain nombrede règles et de normes comportementales.

J-W. Lapierre, T. Parsons.

26. BOITE NOIRE

Traduction du terme anglais "black box".

À l'origine, notion plutôt utilisée par lespolitologues anglo-saxons.

En systémique, la boîte noire est unsystème dont l’organisation est décrite pardes fonctions de transfert et non par l’analysede ses éléments structuro-fonctionnelsinternes. On parlera d’intrants (inputs) etd’extrants (outputs), à partir desquels, onessaiera de recomposer les processus internesau système de transformation des intrants enextrants. La boîte est dite noire car enprincipe les observateurs ne peuvent ypénétrer, sauf s'ils sont eux-mêmes desacteurs du système. Exemple les instances dedécision d'un système politique, ou d'uneentreprise multinationale etc…

D. Easton, J-L. Le Moigne, E. Morin, T.Parsons, N. Wiener.

27. BOUCLE (rétroactionnelle)

Du latin buccula : petite joue et de bucca :bouche.

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Ce qui s'enroule en forme d'anneaux et seferme sur soi-même.

On parle de boucle rétroactive ou de"feed-back" dans un système cybernétique,par exemple rétroaction des extrants sur lesintrants ou sur les processus internes dusystème. Les boucles rétroactives sont deséléments essentiels de régulation du système.En science politique, David Easton développeun modèle cybernétique du système politique.Parsons construit son modèle systémique surdes principes cybernétiques.

W. Buckley, D. Easton, J-L. Le Moigne, E.Morin, T. Parsons, N. Wiener.

28. BRUIT

Du latin brugere, croisement de rugere : rugiret de bragere : braire.

Dans la théorie générale descommunications, ce qui peut altérer ouperturber le message.En physique, le terme tend à être assimilé audésordre.

Les sources d'un bruit dans un système decommunication peuvent être diverses : lamauvaise qualité du vecteur, desperturbations d'origine exogènes, lesdifférences de code entre les unités actives dusystème etc.Shannon distingue trois sources de bruits : lemessage lui-même en cas d’erreur de codage ;les insuffisances techniques de la voie decommunication et l’environnement.

Mac Luhan, A. Moles, C. E. Shannon,Silberman.

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CC

29. CATASTROPHE(théorie des catastrophes)

Du grec katastrophé : bouleversement.

Théorie élaborée par le mathématicienCristopher Zieman, "il y a catastrophelorsqu’une variété continue des causes entraîneune variation discontinue des effets".Pour le mathématicien René Thom, "il y acatastrophe dès qu’il y a discontinuitéphénoménologique". Chez R. Thom, la théoriedes catastrophes formalise la géométrie desdiscontinuités dans les systèmes dynamiques.La catastrophe est un type de discontinuitéqu’un système dynamique doit franchir pourpasser d’une région de son déploiement à uneautre.Les points catastrophiques sont ceux danslesquels les propriétés qualitatives du supportprésentent une discontinuité, par exemple lepassage du noir de l’écriture au blanc de lafeuille de papier.

Comme la théorie des bifurcations, lathéorie des catastrophes étudie le lienqualitatif entre l'évolution d'un système régipar des paramètres et celle de cesparamètres. L'aspect intéressant de cettethéorie, notamment pour les systèmessociaux réside dans l'apparition de situationscritiques pour lesquelles une légèremodification des paramètres peut présenterdes conséquences importantes.Dans l’approche des systèmes complexes, ilpeut être instructif de repérer les éventuelspoints "catastrophiques" et au-delà lesconditions à partir desquelles, certainssystèmes vont manifester des mutationsqualitatives sous forme de ruptures.Méthode de description de la discontinuité dansles phénomènes sociaux, la théorie descatastrophes permet de décrire des phénomèneséchappant aux statistiques classiques. En effetcelles-ci posent que le comportement d'un grandnombre d'individus est continu et qu'uneévolution se fait toujours dans la mêmedirection. Cette théorie décrit aussi l'émergencede réalités qualitatives nouvelles à partir del'accumulation quantitative de phénomènes

sociaux. Le passage de la quantité se fait à partirde seuils critiques dénommés catastrophes.Exemples : départ de mouvements sociaux,mobilité sociale etc.

E. Morin, T. Shelling, R. Thom.

30. CAUSALITE

Du latin causa : cause et procès. Rapport quirelie la cause à l'effet.

En philosophie, le principe selon lequel toutphénomène a une cause, les mêmes causesproduisant, dans les mêmes conditions lesmêmes effets.

En systémique complexe, il est importantde distinguer diverses formes de causalité :

- causalité linéaire : A produit B quiproduit C etc…

- causalité circulaire : A produit B, maisB est aussi producteur de A ou du moins si Ainfluence B, B influence A, avec despossibilités d'amplification négative des effets(spirale descendante) ou d'amplificationpositive (spirale ascendante).

Aristote, R. Descartes, E. Morin, B. Pascal.

31. CHAMP

Du latin campus : terrain.

En physique ensemble des valeurs que prendune grandeur physique en tous les points d'unespace déterminé.

En systémique c'est l'espace d'acteursconsidéré de manière autonome, à l'intérieurduquel les interactions obéissent à des règlesspécifiques.On pourra distinguer le champ économique,le champ politique, le champ culturel, lechamp social…. Les actions, lescomportements des acteurs dans un champobéissent à des normes, des règles quicorrespondent à une logique déterminée parla spécificité de l'enjeu du champ.

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Chaque champ peut être, sous certainesconditions, considéré comme un système ousous-système.

R. Boudon, P. Bourdieu, M. Crozier, E.Friedberg.

32. CHANGEMENT SOCIAL

Du bas latin cambiare : échanger.

Dans la systémique fonctionnaliste, toutesociété, comme tout système vivant, produitcontinuellement des écarts à la norme, de ladéviance, voire des crises, qui l'obligent àchanger en permanence afin de retrouver uncertain équilibre momentané. Le changementpour un système complexe, c'est-à-direouvert, provient souvent de stimuli d'origineextérieure, par exemple des innovationstechniques.Certains types de changement social peuventêtre lus à travers la théorie des catastrophes,c'est-à-dire quelle accumulation de phénomènesquantitatifs fait basculer le système, à partird'un certain seuil dans une nouvelle logiquequalitative (voir article catastrophe).

G. Gurvitch, R. Boudon, T. Parsons

33. CHAOS

Du grec khaos : immensité de l’espace.

Notion issue de la physique et desmathématiques.C'est le mathématicien H. Poincaré (voir« Science et Méthode », 1908) qui, à partir duproblème des trois corps et les équations de ladynamique, a été l'initiateur de la théorie duchaos."Une cause très petite, qui nous échappe,détermine un effet considérable que nous nepouvons ne pas voir, et alors nous disons quecet effet est dû au hasard. Si nous connaissionsexactement les lois de la Nature et la situationde l’univers à l’instant initial, nous pourrionsprédire exactement la situation de ce mêmeunivers à un instant ultérieur. Mais, lors mêmeque les lois naturelles n’auraient plus de secretpour nous, nous ne pourrions connaître lasituation initiale qu’approximativement. Si cela

nous permet de prévoir la situation ultérieureavec la même approximation, c’est tout ce qu’ilnous faut, nous disons que le phénomène a étéprévu, qu’il est régi par des lois ; mais il n’enest pas toujours ainsi, il peut arriver que depetites différences dans les conditions initialesen engendrent de très grandes dans lesphénomènes finaux ; une petite erreur sur lespremières produirait une erreur énorme sur lesderniers. La prédiction devient impossible".Puis beaucoup plus tard Edward Lorentz aredécouvert presque par hasard le chaos dansles phénomènes météorologiques (effetpapillon).

Principe : si l’on modifie mêmelégèrement l’état initial d’un système, sanouvelle évolution peut divergerexponentiellement de son orientationpremière jusqu’à ce que les deux évolutionsn’aient plus rien en commun.Dans les processus chaotiques, l’ordredéterministe crée du désordre, du hasard, alorsque dans les processus déterministes, desoscillations irrégulières d’apparence aléatoires,produisent du bruit déterministe.Pour E. Morin : "Est chaos exactement ce quiest inséparable dans le phénomène à doubleface par lequel l’Univers à la fois se désintègreet s’organise, se disperse et se polynuclée. Cequi est chaos, c’est la désintégrationorganisatrice. C’est l’unité antagoniste del’éclatement, la dispersion, l’émiettement ducosmos et de ses nucléations, sesorganisations, ses ordonnancements" (« LaMéthode »).La Théorie du chaos est une théorie non linéaireappliquée dans les sciences «dures», avec destentatives d’application dans les sciences«molles». Le problème tient à ce que l’étudequantitative du chaos dans un système donnéexige une compréhension quantitative desaspects dynamiques du système (équationstemporelles). Néanmoins dans les sciencesbiologiques et sociales, on ne connaît pas lesbonnes équations temporelles. En outre si ceséquations existaient, elles se modifieraient parceque le système apprend et change de nature.Donc pour le moment le concept de systèmechaotique ne peut être traité que de manièrequalitative, comme un concept stimulant dansl’approche des systèmes complexes pour ouvrirde nouvelles pistes théoriques.

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René Thom, conteste l’existence dephénomènes chaotiques et hasardeux. I lappartient à l’Ecole herméneutique qu’ilrattache à Platon et Aristote. Il recherche descauses aux phénomènes et pour lui le monde estintelligible et Prigogine a amalgamé dans unescience du chaos des phénomènesessentiellement différents dont certains relèventdu déterminisme et d’autres de la descriptionprobabiliste. Renoncer au déterminisme,privilégier le hasard et le chaos, ce seraits’abandonner aux modes intellectuelles. Lesthéories de Prigogine ne sont que la mise enforme dans un langage scientifique depréférences philosophique, par exemple cellesde Heidegger et Nietzsche, qui ont remplacé lalogique par l’absurde et la nécessité par laprobabilité. Pour R. Thom derrière les hasardsde la mécanique quantique, il existecertainement des causes déterministes, maisnous ne les connaissons pas encore.

E. Lorentz, E. Morin. H. Poincaré, I.Prigogine, R. Thom.

34. CINDYNIQUE

Du grec cindy : danger.

Une nouvelle science qui étudie lescatastrophes (incendie, tempête, naufrage),les facteurs communs qui les caractérisent etles dangers sous leurs aspects divers :technologiques, climatiques, psychologiques,anthropologiques.Les dangers peuvent s'apprécier selon deuxaxes : la gravité, la probabilité.Dans nos sociétés, l'aspect attractif des dangerspeut être exploité à des fins commerciales : pourvendre des cartes ou des ouvrages sur lesrisques, on crée des angoisses par des livres, desfilms.Les nouvelles technologies peuvent être auservice de la science du danger. Internet a unrôle prédominant à jouer : en matière deprévention d'une part et en matière de gestionde crise d'autre part. En effet, avec lestéléphones portables, les systèmes denavigation, de nouveaux moyens apparaissentpour prévenir et informer les populations de lapossibilité de tel ou tel danger. Mais le rôle del'Internet et ses enjeux en matière de cindyniquese trouvent également au coeur des situations de

crise, avec le scénario catastrophe : quand plusaucune communication ne fonctionne, quelssystèmes de remplacement peuvent être mis enplace ? Les spécialistes de la cindynique sepenchent sur toutes ces questions et un pôleappelé Cindynopolis, consacré aux dangers dansles villes, est en train de se former à l'initiativede Georges-Yves Kervern.Les notions de gestion des risques et la sciencedu danger sont des notions très récentes.Néanmoins la notion de gestion des risques estdéjà très présente dans le milieu de l'entreprise(le "risk manager").Le danger est un phénomène assez rusé qui a lapartie belle dans la mesure où les populations,dans un premier temps, préfèrent le refouler.C'est même un concept majeur de lapsychosociologie cindynique : on n'a envie nide voir le danger, ni d'en parler. Pendant cetemps, le danger travaille et les tunnels brûlent,les barrages se brisent, les terrains glissent, lestrains déraillent. La volonté de voir que ledanger existe, cette lutte contre le refoulementc i n d y n i q u e e s t c e r t a i n e m e n t ,philosophiquement, la racine de cette science. Àpartir de 1987, se sont produites les catastrophesde Bhopal, Tchernobyl ainsi que l'explosion enplein vol de la navette Challenger. Un colloquesur les risques a été organisé à partir duquel aété créé l'Institut Européen des Cindyniques.L'idée est de mutualiser toutes ces technologiesliées à la gestion de risques, en préventiond’une crise ou lorsqu’elle se déclenche.

Pour la prospective, cette nouvellediscipline de la complexité devrait constituerune source d'information et d'inspirationmajeure.

H. Atlan, J-P. Dupuy, G-Y. Kervern, Y.Precontal.

35. COHERENCE (systémique)

Du latin cohaerentia : harmonie logiqueentre les divers éléments d'un ensemble (idées,faits, etc.).

Dans un système complexe, la cohérenceoptimale correspondrait à une situation danslaquelle tous les processus animant lesystème seraient en phase avec les objectifs,les finalités du système. Dans la réalité,

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certains processus sont en congruence avecles objectifs, d'autres sont plus ou moins encontradiction.

L. von Bertalanffy, J-W. Lapierre, P. Gonod.

36. COMMUNICATION

Du latin communicatio et communicare :rendre commun et communis commun. C'estl'idée de mettre en commun. Le sens généralimplique un rapport avec d'autres.

La cybernétique, la théorie de l'information,la théorie mathématique de la communicationont réintroduit la notion de communication dansle concept de système.

Un système de communication est composéd'un émetteur, d'un code, d'un canal, d'undécodeur et d'un récepteur. Ainsi lacommunication vise la transmission par unsystème ou sous-système de communication, demessages cognitifs ou affectifs, conscients ouinconscients.La communication est centrale dans lesthéories des systèmes, notamment en ce quiconcerne les systèmes cybernétiques :processus de sélection, de transmission desinformations, de rétroaction qui vontpermettre au système de fonctionner dans sesenvironnements et de se transformer.Plus un système est complexe et plus lacirculation de l'information y joue un rôlefondamental pour sa pérennisation, sonadaptation et sa capacité même à modifierses environnements.Dans la perspective de G. Bateson et l’Ecole dePalo Alto, la communication n’est passeulement un échange de sens : elle établit unlien social et elle permet à chaque locuteurd’affirmer son identité et son statut. En outre, aufur et à mesure que la communicationprogresse, ses possibilités d’évolution serestreignent, ce qui n’empêche pas lasurvenance de confusions, dont on peut sortirpar la métacommunication, ou decontradictions, dont le "double bind" – "doublecontrainte" ou "double obligation" – est un casparticulier (une personne émet deux messagesqui s’excluent mutuellement).Pour N. Luhmann les systèmes sociaux reposentsur la communication. En effet, au départ, Ego

et Alter ne se connaissent pas et ils ne peuventdonc pas déterminer leur comportement enfonction de ce que l’autre attend ou estsusceptible de faire. Pourtant, à partir dumoment où Ego agit, Alter est amené à réagir –positivement ou négativement – et cette réactionsuscite elle-même une acceptation ou un refusde la part d’Ego et ainsi de suite. Une fois lepremier geste fait, chaque individu répond àl’autre. Un lien est créé, qui repose sur ledégagement d’un sens partagé et qui, parconséquent, ne peut pas se résumer auxcaractéristiques individuelles de chacun desprotagonistes. Les communications sont alorsles seules composantes de la société. Lesindividus sont indispensables à la constitutionde la société, mais ils ne sont pas des élémentsde celle-ci. Ils font seulement partie de sonenvironnement. Comme l’observe N. Luhmann,"la présence d’arsenic dans le sang ou un étatd’excitation psychologique ne sont pas desévénements sociaux ; ils le deviennentseulement lorsqu’ils se transforment encommunications, toujours et dans la mesure oùle système social le permet".

W. BucKley, J-L. Le Moigne, N. Luhmann,C.E. Shannon, N. Wiener.

37. COMPLEXITE

Du latin complectere : embrasser etcomplexio : assemblage. Idée d'être composéd'éléments divers.

Dans une perspective systémique, c'estd'abord un phénomène quantitatif, c'est-à-dire la quantité d'interactions etd'interférences entre un grand nombred'éléments, ou d'unités actives (exemple 30milliards de cellules en interaction pourl'organisme humain), ces quantitésd'interaction défiant les possibilités de calcul.Ce peut être ensuite les incertitudes, lesindéterminations, les phénomènes aléatoires etchaotiques. Ces incertitudes, comme l'expliqueE. Morin, tiennent soit aux limites de notreentendement, soit sont inscrites dans lesphénomènes.La complexité c'est l'incertitude au sein desystèmes richement organisés, faits demélanges entre de l'ordre et du désordre.

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L'objec t i f sc ient i f ique a cons is tétraditionnellement à éliminer l'imprécision,l'ambiguïté, la contradiction, à l'aide d'appareilslogicomathématiques de plus en plussophistiqués. Si cet appareil convient à certainstypes de phénomènes (les systèmescompliqués), il ne convient pas auxphénomènes ou systèmes véritablementcomplexes. I l est donc nécessaireintellectuellement d'intégrer l'idée d'une certaineambiguïté entre le sujet et l'objet, le désordre etl'ordre, l'auto-hétéro- organisation.E. Morin s'efforce de distinguer les modèlesde basse complexité, de moyenne complexité,de haute complexité, cela en fonction desdéveloppements de l'auto-organisation(autonomie, individualité, richesse desrelations avec les environnements, aptitudesà l'apprentissage, créativité, etc…).Pour N. Luhmann, l’existence et l’activité d’unsystème supposent une réduction de ce qu’ilappelle la « complexité » et qu’il définit commel’ensemble des événements possibles : lesystème, en soi, représente l’émergence d’unordre là où il y avait seulement un chaos depotentialités et, de plus, comme il ne peut pastraiter toutes les données de son environnement,il doit sélectionner celles qu’il prend en compte.

Ashby, Y. Barel, J-L. Le Moigne, N.Luhmann, E. Morin, E. Schrödinger, J. VonNeumann, N. Wiener.

38. COMPLICATION

Du latin complicare : lier ensemble.

Un système compliqué est un système enthéorie totalement prévisible, doncentièrement programmable.Par exemple, les systèmes mécaniques,électriques, électroniques, chimiques,thermiques, balistiques etc… sont des systèmescompliqués. En d’autres termes, la possibilité decontrôler les variables permet de déterminerl'état futur souhaité du système compliqué."La complexité n'est pas la complication : cequi est compliqué peut se réduire à un principesimple comme un écheveau embrouillé ou unnoeud de marin. Certes le monde est trèscompliqué, mais s'il n'était que compliqué,c’est-à-dire embrouillé, multi dépendant, etc…,il suffirait d'opérer les réductions bien

connues : jeu entre quelques types de particulesdans les atomes, jeu entre 92 types d'atomesdans les molécules, jeu entre quelquesphonèmes dans le langage. Je crois avoirmontré que ce type de réduction, absolumentnécessaire, devient crétinisant dès qu'il devientsuffisant, c’est-à-dire prétend tout expliquer. Levrai problème n'est donc pas de ramener lacomplication des développements à des règlesde base simple. La complexité est à la base"(Edgar Morin : « La Méthode », T I, 1977).

J-L. Le Moigne, E. Morin

39. COMPOSANT SYSTEMIQUE

Dans un système, les composantssystémiques sont les éléments relatifs auniveau inférieur de l’analyse, soit sécables,soit indésagrégeables, soit que l’on décide des’arrêter au niveau d’analyse qui convient àla nature du phénomène que l’on a choisid’étudier et aux problèmes posés sur cephénomène. Les niveaux inférieurs étantconsidérés comme des boîtes noires (voir J-W.Lapierre « L’analyse des systèmes appliquéeaux sciences sociales », Syros, 1992).

E. Morin, J-W. Lapierre.

40. CONSTRUCTIVISME

Du latin struere : élever.

Dans le positivisme, l'objet s'impose àl'observateur alors que dans le constructivisme,c'est l'observateur qui construit l'objet.Pour G. Bachelard, P. Bourdieu, c'est une phaseessentielle de toute recherche scientifique quiconsiste à découper un secteur de la réalitéscientifique et à découvrir derrière lesapparences un système de relations propre ausecteur étudié.G. BACHELARD écrit : "rien n'est donné, toutest construit" (« Le nouvel esprit scientifique »).

La systémique contemporaine se rattacheassez nettement au courant constructiviste,par opposition au courant positivisme. Toutsystème est une construction.

G. Bachelard, P. Bourdieu, J-L. Le Moigne.

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41. CONTRE-FINALITE

Voir Finalité.

Dans un système social, la contre-finalitéest le principe qui régit les finalitéscollectives. Ce principe est d'un autre ordreque les principes qui régissent les actionsindividuelles menées par des acteurs ou desgroupes d'acteurs. Dès lors, ces actionsindividuelles peuvent s'inscrire dans unecontre-finalité par rapport aux objectifs dusystème.Par exemple l'agriculture extensive peutprovoquer l'érosion des sols, ou la destructionde forêts, alors qu'à terme ce serait l'intérêt de lacollectivité d'éviter ces dégradationsécologiques.

D. Easton, T. Parsons.

42. COUPLAGE

Du latin copula : lien, liaison.

En électrotechnique : possibilité de transfertréciproque d'énergie entre deux circuits séparés.

À l'intérieur d'un système, les élémentsqui le composent établissent des relationsd'intensité différentes ; c'est ce que lessystémiciens dénomment le degré decouplage entre éléments ou variables.On peut distinguer trois grands cas possibles :

- à une valeur d'un élément A correspondune valeur de l'élément B et une seule, on diraque A et B sont fortement couplés.

- à une valeur constante de l'élément Acorrespond une variation de l'élément B entredeux seuils x et y ; au-delà de ces deux seuils, lavaleur de A varie; on dira que le couplage estflexible.

- à une valeur de A correspondentplusieurs valeurs de B ou n'importe quellevaleur de B ; on dira que le couplage est faibleou nul.Sur ces bases, un système sera très intégré,lorsque tous ses éléments seront fortementcouplés. Bien sûr on peut distinguer dans unensemble des sous-ensembles relativementautonomes, c’est-à-dire des sous-ensemblesdont les éléments ou variables sont fortementcouplés entre eux. Ce sont des sous-systèmes.

L. von Bertalanffy.

43. CRISE

Du grec krisis : décision, puis du latinmédical crisis.Il prendra un sens figuré au XVIIe et au XVIIIesiècles, notamment celui de crise politique.

Notion très utilisée de manière courante dansdes domaines divers : crise économique,sociale, crise de la famille,de l'adolescenceetc… Elle signifie "période de perturbation, dedésordre" et peut exiger, pour être résolue, uneffort d'innovation.

Notion utilisée dans les théoriessystémiques fonctionnalistes. La crise setraduit par des dysfonctionnementsimportants dans le système social.Dans la théorie structuro-fonctionnaliste, lacrise permet au système de s'adapter à deschangements internes ou externes.Plus grande est la complexité organisationnelle,plus les risques de crise sont probables, maisplus le système est en principe capable dedépasser ces crises et éventuellement d'en tirerexpérience pour sa propre activité, sonadaptation et son développement.

Y. Barel, E. Morin, T. Parsons.

44. CULTURE (sous-système)

Du latin cultus : cultivé.

En anthropologie culturelle, c'est l'ensembledes valeurs, des croyances, des institutions, descomportements, des modes de vie communs àun ensemble d'individus et servant à constituerces individus en une collectivité particulière etdistincte des autres."La culture, ou la civilisation entendue dans unsens ethnographique étendu, est cet ensemblequi comprend les connaissances, les croyances,l'art, le droit, la morale, les coutumes et toutesles autres aptitudes et habitudes qu'acquiertl'homme en tant que membre d'une société".(Tylor, « Primitive Culture », 1871).

En systémique, on parlera de sous-système culturel comme composante d'un

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système social. Ce sous-système culturel estl'ensemble des éléments, des unités actives etdes processus relatifs à l'intériorisation, à ladiffusion, à la création des valeurs, desreprésentations, des codes intellectuels,linguistiques, éthiques, esthétiques plus oumoins spécifiques à une collectivité. Ce sous-système culturel "commande" d'une certainefaçon les autres sous-systèmes composant lesystème social.

P. Bourdieu, B. Malinowski, R. K. Merton,T. Parsons, Tylor.

45. CYBERNETIQUE

Du grec kubernan : gouverner.

Science et technique des systèmescapables d'autorégulation programmée grâceà des processus de réception, de traitementde l'information, et à des boucles derétroaction. L'appareil de pilotageautomatique des avions, le thermostat d'unechaudière ou le régulateur d'une centralesont des machines cybernétiques (voirservomécanisme).

La cybernétique est la science del’information et du contrôle (Cf. NicolasWiener).L. von Bertalanffy : "On identifie souvent lathéorie des systèmes avec la théorie ducontrôle cybernétique. Ce qui est incorrect…Théorie des mécanismes de contrôle dans latechnologie et la nature, fondée sur lesconcepts d’information et d’effet retour, elleest une partie de la théorie des systèmes ; lessystèmes cybernétiques constituent un casparticulier, certes important, celui des systèmesautorégulés." (L. von Bertalanffy, « Théoriegénérale des systèmes », Dunod, Paris, 1980).Talcot Parsons introduit des relations de typecybernétique dans son modèle systémiquegénéral : le système général d’action."L’action est toute conduite humaine, collectiveindividuelle, consciente ou inconsciente"(Talcot Parsons, « The Social System »).Une action se situe ainsi dans quatre plans à lafois : le plan biologique, le plan psychique, leplan social, le plan culturel, d’où la nécessitéd’une démarche interdisciplinaire.

Parsons s'est inspiré de la cybernétique sur labase des observations effectuées dans lessciences biologiques et les sciences ducomportement. En effet dans les organismesvivants, il existe des structures et desmécanismes qui opèrent comme agences decontrôle, d'une part des processus métaboliquesdéfinis comme l'ensemble des transformationssubies dans un organisme vivant par lessubstances qu'il absorbe et d'autre part desprocessus de comportement. Selon lui, lesystème comportemental est constitué par unsystème cybernétique, localisé principalementdans le système nerveux central qui opère àtravers plusieurs mécanismes intermédiairespour contrôler les processus métaboliques del'organisme et l'usage de ses possibilitésphysiques, par exemple les mouvements ducorps et des membres. Les autres sous-systèmesde base du Système Général d'Actionconstituent des agences de contrôlehiérarchiquement et cybernétiquementordonnées du comportement des organismes etdes individus.Dans une hiérarchie cybernétique, un systèmese situe vers le haut de l'échelle lorsqu'il estriche en informations et vers le bas lorsqu'il estriche en énergie. Un système plus élevé dans lahiérarchie cybernétique exerce un contrôle surles systèmes inférieurs par les informations qu'illeur fournit.La hiérarchie cybernétique met en évidencequ'il s'agit d'une structure d'interdépendancesfondée sur l'étagement successif desmécanismes de contrôle de l'action. Ainsi :

a) Le sous-système biologique constitueraitle point d'articulation entre le système d'actionet les caractéristiques anatomiques etphysiologiques de l'organisme et d'autre part lepoint de contact avec l'environnement naturel.Ce qui signifie que les besoins biologiquespeuvent être considérés comme des mécanismesde commande et de contrôle de l'action. Lafonction d'adaptation constitue la fonctioncentrale de ce sous-système.

b) Le sous-système psychologique contrôlele système biologique. En d'autres termes lesbesoins psychologiques sont les mécanismes decommande et de contrôle de l'action, enparticulier sur l'organisme biologique. Lafonction fondamentale de ce système est dedéfinir des objectifs d'action et de lespoursuivre.

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c) Le sous-système social contrôle, quant àlui, les personnalités des acteurs qui leconstituent, par le moyen des normes sociales.Ces normes règlent en effet au sein d'unsystème social l'interaction des acteurs sociaux.Elles sont des mécanismes de commande et decontrôle de l'action. Ce contrôle s'exerce sur lesacteurs à la fois de l'extérieur et de l'intérieur,dans la mesure où les valeurs et les normes sontintériorisées par les acteurs au cours duprocessus de socialisation. La fonctionfondamentale du système social est la fonctiond'intégration des acteurs au groupe social oud'une manière plus large à la société.

d) Le sous-système culturel contrôle l'actionpar l'intermédiaire du système social. Il estcomposé d'éléments abstraits : idéologies,valeurs connaissances, symboles. C'est unsystème riche en information et pauvre enénergie. Sa fonction fondamentale est lafonction de maintenance du modèle cultureldominant dans la société considérée.Le système social est analytiquement constitué :

a) d’un sous-système économiqueb) d’un sous-système politique.c) d’un sous-système d’organisation sociale.d) d’un sous-système de socialisation.

Ces sous-systèmes sont ouverts les uns sur lesautres et procèdent à des échanges à l’origined’une dynamique du système social, selon làencore une logique cybernétique.(Voir T. Parsons : « The social system », TheFree Press of Glengoe, New York, 1951).D. Easton en 1965 dans «A system analysis ofpolitical life » (Analyse du système politique,traduction de P Rocheron, Armand Colin,PARIS, 1974) a construit un modèle du systèmepolitique d’inspiration cybernétique. Saproblématique : un système politique alloue defaçon autoritaire des valeurs qui ne peuvent êtreallouées par d’autres sous-systèmes.Il utilise les notions d’inputs, d’outputs, derétroactions compensatrices et de rétroactionscumulatives qui constituent des notions clefs detout système cybernétique.

D. Easton, E. Morin, T. Parsons, J. deRosnay, L. Von Bertalanffy, N. Wiener.

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DD

46. DECISION, DECIDEUR

Du latin decidere : trancher et caedare :couper.

Au sens usuel, la décision est entendued'abord comme une activité de l'esprit et sonrésultat. Action de décider quelque chose, de sedécider après délibération, parfois comme unedisposition de l'esprit ("agir avec décision"). Elledécrit aussi le seul résultat, sous la forme d'uneinstruction ou d'un arrêté.Mais l'usage confond souvent le processusd'élaboration de la décision avec son momentfinal, le choix définitif. C'est pourquoi, lesanglo-saxons distinguent volontiers le processusde son résultat (H.A. Simon ne parle que du"Decision-making Process"), alors que lesthéories dites mathématiques de la décision neportent que sur le "choix final". La théorienormative de la décision s'intéresse auxconditions à remplir pour que les décisionssoient optimales.

La capacité à décider et à coordonner sesdécisions est une caractéristique de lacomplexité des systèmes.Dans les systèmes complexes, la décision estun processus social qui se déroule dans letemps au cours duquel les solutionsalternatives sont constituées et découvertesprogressivement et auquel participent desacteurs multiples qui sont relativementautonomes les uns par rapport aux autres,mais reliés stratégiquement entre eux. Ilspoursuivent des objectifs divers et n'ontqu'une information imparfaite ; ils ne sontcapables que d'une rationalité limitée. Danscette perspective, la notion de solutionoptimale n'est pas pertinente. Il n'existe quedes solutions satisfaisantes ou des solutions lesmoins mauvaises.Décideur : tout acteur ou groupe d'acteursqui à un pouvoir de désigner des objectifs, demobiliser des moyens dans un système.

P. Grémion, M. Crozier, J-L. Le Moigne, H.Simon.

47. DEVELOPPEMENT DURABLE

Du latin volvere : tourner et de durus : qui nese laisse pas facilement entamer, plier.

Concept d’origine anglo-saxonne (sustainabledevelopment), apparu dans les années 1980 etofficialisé par l’ONU au sommet de la Terre àRio en 1992.Ce concept est l’objet de multiples définitions etdébats.

L’idée fondamentale : le développementdurable se propose de répondre aux besoinsdu présent sans compromettre la capacité desgénérations futures à satisfaire les leurs, etcela en recherchant un équilibre entre lacroissance économique, la justice sociale, et lerespect de l’environnement.Aujourd’hui tout exercice de prospective nepeut faire l’impasse sur un scénario incluantles multiples dimensions d’un développementdurable.

D. Bourg, J-M. Le Bot, P. Lascoumes, site duMinistère de l’écologie et du développementdurable (www.ecologie.gouv.fr), site de laD I A C T ( a n c i e n n e m e n t D A T A R :www.diact.gouv.fr).

48. DEVIANCE

Du latin deviare : sortir de la voie.

En psychologie, la déviance s'applique à unensemble de conduites variées ayant en communle non-respect de normes généralementacceptées.

En systémique sociale dans la perspectivefonctionnaliste et structuro fonctionnaliste, touteconduite qui s'écarte des normes dominantes.Selon la théorie fonctionnaliste dans unsystème social, le comportement déviant est lesymptôme d'une dissociation entre desaspirations culturellement définies et lesmoyens institutionnels de réaliser cesaspirations. Les fonctionnalistes distinguent

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plusieurs comportements possibles de la part desacteurs dans un système social donné :conformiste, innovateur, ritualiste, rétractif,rebelle.T. Parsons montre que les acteurs peuventconstituer des communautés marginales (bandesde délinquants, bandes mafieuses, communautésrefusant le conformisme etc…). Pour cesociologue, cela dénote une incapacité dusystème social à réduire ces formations socialesqui peuvent ainsi prendre un caractère"pathologique" par rapport au modèle culturel etsocial dominant.Dans tout système complexe, les phénomènesde déviance par rapport au modèle dominantsont plus ou moins fréquents; ils peuventmême constituer les prémisses de référentielsculturels et de comportements sociauxinnovants qui constitueront ensuite lesnormes de référence.

R. K. Merton, T. Parsons.

49. DIACHRONIE

(voir Synchronie)

50. DIALOGIQUE

Du grec dialogos : discours, entretien ; qui esten forme de dialogue.

S'emploie en philosophie au sens de relationréciproque.

En systémique : processus qui obéit à deuxlogiques apparaissant contradictoires.L'ordre et le désordre sont antinomiques, l'unsemble supprimer l'autre, mais en mêmetemps, dans certaines conjonctures, ilspeuvent collaborer et produire del'organisation et de la complexité. Ce principedialogique permet de maintenir la dualité ausein de l'unité.Une organisation naît d'éléments stables quipeuvent se reproduire et dont la stabilité peutporter en elle-même une mémoire, qui peut êtreun élément de cette reproduction, et d'autre partdes éléments, des phénomènes fluctuantsinstables, en contact avec les environnementschangeants du système, mais qui peuvent sereconstituer à partir des mémoires du système.

Autrement dit l'organisation vit de deux logiquesqui ne sont pas simplement juxtaposées, maisnécessaires l'une à l'autre.En prospective, on considère qu'un systèmecomplexe, par exemple un territoire, uneorganisation sociale, économique, politique,sont animés à la fois par des mouvementstendanciels plus ou moins lourds,déterministes, et simultanément par desp h é n o m è n e s a l é a t o i r e s ( m e s u r e sprobabilistes), voire des phénomènes de typechaot ique qui peuvent para î trecontradictoires, mais qui en fait peuvent secombiner pour produire de l'organisationterritoriale.

Y. Barel, P. Gonod, J-L. Le Moigne, E.Morin, H. Poincaré.

51. DIFFÉRENCIATION

Du latin differentia : différence.Action de différencier ou résultat du processusde différenciation.

En biologie : acquisition par les systèmesvivants de différences croissantes entre leursdiverses parties au cours de leur développement.

Dans les systèmes sociaux, il s'agit dumême type de phénomènes : acquisition parles acteurs ou les groupes d'acteurs sociaux ded i f f é r e n c e s c u l t u r e l l e s , s o c i a l e sprofessionnelles etc…Processus par lequel les positions sociales sontdéfinies et distinguées les unes des autres, grâceà l’assignation pour chacune d'elles, d'un rôlespécifique. Tout système social existe grâce àun processus de différenciation.Cette idée se retrouve chez E. Durkheim avec ladivision sociale du travail et dans la théoriesystémique de T. Parsons, avec les notions dedifférenciation fonctionnelle et à long terme.Dans cette perspective, plus les sociétésprogressent, plus les phénomènes dedifférenciation fonctionnelle et structurale sedéveloppent, s'accentuent. Les sociétés enquelque sorte se complexifient.De cette façon, dans l'optique structurofonctionnaliste, les quatre sous-systèmesfonctionnels : économique, politique, intégratifet culturel, seront moins différenciés, plusétroitement mêlés, dans une société de type

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traditionnel que dans une société avancéemoderne.De même, dans une société de type traditionnel,un ensemble structural concret n'a pas defonction spécifique, il assume en même tempsplusieurs fonctions. Ainsi durant la périodemédiévale, les collectivités religieuses assuraientdes fonctions économiques, politiques etculturelles. Aujourd'hui encore, dans certainessociétés tribales, le pouvoir religieux, le pouvoirpolitique, le pouvoir judiciaire sont exercés parun chef unique.À l’inverse, dans les systèmes sociaux ditsmodernes, apparaît une différenciation entre lesquatre fonctions fondamentales : adaptation,définition et poursuite des objectifs, intégration,maintien du modèle culturel.

Comment les phénomènes de différenciationse produisent-ils ? Selon T. Parsons de deuxmanières :

a) Par segmentation, c'est-à-dire parl'émergence de sous collectivités qui serépartissent les fonctions assumées auparavantpar une seule collectivité. C'est ainsi qu'avant larévolution industrielle en Occident, la fonctionde socialisation était assurée de façon presqueintégrale par la famille. Dans les systèmessociaux modernes, la famille ne constitue, mêmesi elle reste encore privilégiée de ce point de vue,qu'une structure de socialisation parmi d'autres :l'école, les associations parascolaires, lesassociations sportives, culturelles, etc…

b) Par spécification de la culturenormative, c'est-à-dire que chaque nouvellesous collectivité définit certains élémentsculturels comme lui étant spécifiques. Il s'agitd'une redéfinition des valeurs et des normes parchacune de ces nouvelles collectivités, afin demieux remplir leurs fonctions nouvelles.Exemples : l'armée met en exergue les valeurscomme l'honneur, le sens civique, le courage, lavirilité ; l'entreprise quant à elle valorisel'efficacité, la rationalité, l'organisation, le sensdu travail bien fait, etc.Ainsi la prolifération des structures concrètes,des collectivités et sous collectivités, conduit à ladiversification de la culture des sociétéscomplexes. Ces processus de segmentation descollectivités et de spécification de la cultureengendrent inévitablement des problèmesd'intégration. En effet, chaque fois que denouvelles structures apparaissent et que denouveaux rôles se créent, il faut que s'établisse

une coordination entre ces nouvelles structures,ces nouveaux rôles d'une part, et les anciennesstructures, les anciens rôles d'autre part. D'oùl'importance pour T. Parsons de la fonctiond'intégration dans les sociétés complexes,puisque c'est d'elle que dépend une évolutioncohérente. Autrement dit, le risque d'éclatement,ou du moins d'écartèlement, des sociétéscomplexes est constant.Pour N. Luhmann, tant que la société est unensemble indifférencié, l’accroissement dunombre de personnes et de leurs possibilitésd’entrer en relation augmente la complexitéde la communication et tend paradoxalementà bloquer celle-ci. Il devient alors nécessaireque les différents domaines de la vie socialesoient pris en charge par des sous-systèmesspécialisés. Ceux-ci sont également auto-référentiels et autopoïétiques. Ils affirment leurdifférence en traitant l’information qui relève deleur secteur grâce à un code binaire particulier àchacun, légalité/illégalité pour le droit, avoir/nepas avoir pour l’économie, vérité/non-véritépour la science, gouvernement/opposition pourla politique, etc.Ils fonctionnent, de surcroît, grâce à deslangages spécialisés propres que N. Luhmanappelle des "moyens de communicationgénéralisés au plan symbolique" qui favorisentles échanges en leur sein et marquent, en outre,leurs frontières. Les normes pour le droit,l’argent pour l’économie, la vérité pour lascience et le pouvoir pour la politique en sontquatre exemples.Ils se donnent, pour finir, un programme qui leurpermet de prendre une décision face à un choixcodifié en mode binaire. C’est ce quereprésentent les lois pour le droit, les prix pourl’économie, les théories pour la science et lesprogrammes politiques.

E. Durkheim, T. Parsons, J. de Rosnay.

52. DIFFUSION

Du latin diffusio : action de répandre,débordement.

Mouvement d'un ensemble de particules dansun milieu sous l'action de différences deconcentration, de température etc… Diffusiond'un rayonnement incident dans toutes lesdirections lorsqu'il traverse certains milieux.

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Processus par lequel une information, uneopinion ou une pratique se répand dans unsystème social donné. La diffusion d'uneinformation peut être exponentielle, car uneinformation peut se répandre à une vitesseproportionnelle au nombre d'acteurs déjàinformés qui répandent à leur tour l'information.À l’inverse dans un système social composé d'unpetit nombre d'acteurs, la diffusion del’information est logistique, c'est-à-dire que cettediffusion décroît en fonction de la diminution dunombre d'acteurs qui n'ont pas été informés.

I. Prigogine, E. Morin.

53. DISPERSION

Du latin dispertio : dispersion, destruction etde dispertire : répartir, distribuer.

Notion statistique pour traiter les variablesd'un système donné. C'est l'importance des écartsentre les valeurs d'une variable, souvent mesuréspar rapport à la moyenne. Les principalesmesures de dispersion sont la variance qui est ladistance moyenne des valeurs par rapport à lamoyenne et la déviation standard ou racinecarrée de la variance.

En prospective la dispersion peut être utiledans l'exploitation des matrices structurelles.

Voir divers ouvrages sur les méthodes dessciences sociales.

54. DIVERSITE

En bas latin diversus : varié.

L'un des caractères fondamentaux d'uneorganisation, d'un système complexe, est detransformer de la diversité en unité, sansannuler la diversité, par exemple : associationde protons, neutrons, électrons dans l'atome ;associations diverses dans la molécule ;association d'individus divers dans uneentreprise etc., mais aussi de créer de la diversitédans et par l'unité.La diversité organise de l'unité qui elle-mêmeorganise la diversité. La diversité estmaintenue, entretenue, voire créée etdéveloppée dans et par l'unité systémique

qu'elle-même crée et développe. Cette relationentre l'ordre répétitif et la variété est unerelation complexe. Si l'ordre répétitifprédomine, il a toutes les chances d'étouffer lespossibilités de diversité interne et va se traduirepar l'existence de systèmes faiblement organiséset aux faibles capacités d'émergence. Mais acontrario l'extrême diversité risque de faireéclater l'organisation et de se transformer endispersion. L'accroissement de variété qui tend àla dispersion dans le type d'organisation où il seproduit requiert dès lors une évolution del'organisation dans le sens de la flexibilité et dela complexité.On note le développement de la différenciationanatomique, fonctionnelle, organisationnelle deséléments ou des sous-systèmes. Une telleorganisation exige de fortes contraintes, ledéveloppement d'un appareillage de contrôle etde commande, le développement descompétences et de l'autonomie des individualitéscomposant le système et par conséquent lamultiplication des intercommunications et descoopérations internes.

W. Buckley, E. Morin, T. Parsons.

55. DYSFONCTIONNEMENT

(voir articles Fonctionnalisme etStructuro-fonctionnalisme).

Du grec dus : préfixe péjoratif, mauvais et dulatin functio : accomplissement, exécution

En biologie : perturbation du fonctionnementd’un organisme vivant qui ne satisfait plus, ou demanière partielle, à sa finalité parce quecertaines fonctions sont mal remplies.

En systémique sociale, les notions defonctionnement et de dysfonctionnement sontdes notions centrales dans les modèlesfonctionnalistes (R. K. Merton, B.Malinowski) et le modèle structuro-fonctionnaliste (T. Parsons).(Voir articles correspondants).Le fonctionnalisme a suscité un contre courantthéorique qui rejetant les principes de base dufonctionnalisme (équilibre, contrôle, intégration,fonction etc…) a tenté d’édifier une sociologiedavantage fondée sur les conflits sociaux, la lutte

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des classes sociales, la concentration despouvoirs (L. Horowitz, A.W. Gouldner).

B. Malinowski, R.K. Merton, T. Parsons

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EE

56. ECHANGES

Du latin cambiare : échanger, troquer.

Ensemble des relations entre des groupes,des pays différents, se traduisant par lacirculation des hommes, des biens, des idées.

En systémique, on parlera des échangesentre les sous-systèmes composant unsystème et des échanges de ce système avecles systèmes extérieurs. Plus un système estcomplexe, plus il est ouvert et procède à deséchanges avec les systèmes environnants etplus les échanges entre ses sous-systèmescomposants sont nombreux. Ils peuventprendre diverses formes : énergie,informations, hommes et femmes (exogamie),pouvoir, influence, monnaie, etc.

H. Atlan, C. Levi-Strauss, J. de Rosnay, T.Parsons.

57. ÉCONOMIQUE (sous-système)

Du grec oikonomia : administration de lamaison ; système régissant les activitésd'échanges.

Dans un système social, le sous-systèmeéconomique ou logistique regroupe les unitésactives, les activités de production etd'échanges de biens et de services, et lecontexte qui peut les favoriser ou les gêner.

T. Parsons.

58. ECOSYSTEME

Du grec oikos : maison et systema :ensemble cohérent.

D'une manière générale, les ensemblesdont les interrelations constituent le ou lesenvironnements du système considéré.Un écosystème est l'ensemble des populationsvivant sur un territoire donné et des élémentsabiotiques (facteurs de l'environnement

intervenant sur la composition dupeuplement d'un biotope : humidité, lumière,température, etc…) qui lui sont liés,l'ensemble étant défini plus par sonfonctionnement que par sa localisation.Les animaux et les végétaux ne sont pas répartisau hasard à la surface du globe. Certainesespèces sont regroupées en fonction desconditions particulières du milieu et forment desensembles appelés biocénoses. Par exemple labiocénose d'une forêt est formée des végétaux,des animaux, les micro-organismes qui lacomposent. L'espace occupé par une biocénoseest appelé biotope, c'est-à-dire l'ensemble desfacteurs de l'environnement. La biocénose etson biotope entretiennent des relationsnombreuses et complexes. Ils constituent unensemble fonctionnel auquel le scientifiqueaméricain Tansley a donné en 1935 le nomd'écosystème.L'étude de la structure et du fonctionnement desécosystèmes est l'objet d'étude de l'écologie.

J-W. Lapierre, E. Morin, J. de Rosnay,Tansley.

59. EFFECTEUR

Du latin efficere : réaliser, exécuter.

En cybernétique, l’effecteur est un organed’action sur le milieu extérieur ; il produitdes effets qui, mesurés, peuvent à leur tourémettre des rétroactions sur les "inputs" quientrent dans le système

N. Wiener.

60. ELEMENT

Du latin elementarius : élémentaire.

En science, c'est l'unité insécable.

Dans un système, c'est le niveau inférieurde l'analyse, soit que l'on ne puisse fauted'information le désagréger, soit que l'ondécide de s'arrêter au niveau d'analyse quiconvient à la nature de l'objet que l'on a

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choisi d'étudier et aux questions posées surcet objet. Quand on décide de s'arrêter à unniveau pertinent d'analyse, on traite leniveau inférieur comme une boîte noire.Selon E. Morin : "le terme d'élément ne renvoiepas à l'idée d'unité simple et substantielle, maisest relatif au tout dont il fait partie. Ainsi leséléments des systèmes dont nous allons parler(molécules, cellules, etc) sont eux-mêmes dessous-systèmes qui deviennent dès lors sous-systèmes et/ou des événements, et/ou desindividus (êtres complexes doués d'une forteautonomie organisatrice). Un tout complexedans les organismes peut apparaître commeélément/événement d'un système social et d'unsystème de reproduction biologique".

L. von Bertalanffy, J-W Lapierre, E. Morin.

61. EMERGENCE

Du latin emergere : sortir de.

En systémique, comme en prospective, onparle de phénomènes ou de processus enémergence par opposition à des phénomènesou des processus en régression. Par exemplede nouveaux comportements ou de nouvellesstructures familiales qui vont plus ou moinsrapidement se substituer aux comportements oustructures antérieurs.En prospective, afin de pouvoir élaborer desconfigurations du futur qui aient unecertaine pertinence, il est très importantd'identifier les processus en émergence et lesprocessus en régression.

E. Morin.

62. ENDOGENE, EXOGENE

Du grec endon : dedans et genos : origine.

Ce qui prend naissance à l’intérieur d’unorganisme, d’une structure, d’un ensemblesocial, sous l’influence de causes strictementinternes. Le contraire exogène : qui provient del’extérieur (du grec exo : au-dehors et genos :origine).

En systémique et en prospective, lorsquel’on construit un système technique, social,

organisationnnel, il est important dedistinguer les variables et les processusendogènes à ce système et les variables etprocessus exogènes qui caractérisent lesenvironnements de ce système.L’une des difficultés est d’établir lesconnections, les interactions entre lesprocessus endogènes et les processusexogènes.

J-W. Lapierre, E. Morin.

63. ENERGIE

Du grec energia : force en action.

En physique, c’est une grandeurcaractérisant un système et exprimant sacapacité à modifier l’état d’autres systèmes.L’énergie peut se présenter sous diversesformes : mécanique, thermique, chimique,magnétique, nucléaire.

En systémique, W. Buckley distingue troistypes de systèmes, à partir notamment durapport énergie/information.

1) Les systèmes en équilibre relativementclos et entropiques. En progressant versl'équilibre, ces systèmes perdent de leurstructuration et leur énergie devient minime. Ilsne sont affectés que par des perturbationsextérieures et ne possèdent pas de sources dechangements endogènes. Les composants de cessystèmes sont relativement simples et liés entreeux directement plus par l'échange d'énergieque par l'échange d'informations. Lacaractéristique de tels systèmes est defonctionner pour maintenir leur structure initialeà l'intérieur de limites préétablies. Cettecaractéristique implique l'existence de bouclesde rétroaction avec l'environnement etéventuellement des échanges d'informations, demême que des échanges d'énergie. Ceséchanges se rattachent beaucoup plus àl'autorégulation, c'est-à-dire au maintien de lastructure qu'à son changement. C'est notammentle cas des systèmes mécaniques fonctionnant àpartir de sources énergétiques diverses.

2) Les systèmes intermédiaires, parexemple les systèmes homéostatiques commeles systèmes vivants qui sont à la fois ouvertset néguentropiques et conservent un niveaud'énergie modéré. Plus exactement dans ces

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systèmes vivants, les phénomènes dedésorganisation suivent leur cours (entropie) ;mais de façon simultanée se produisent enprincipe des phénomènes de réorganisation(néguentropie). Ici entropie et néguentropie sontinséparables.

3) Les systèmes complexes adaptatifs. Cesont les espèces vivantes, les systèmespsychologiques ou socioculturels. Ils sontouverts et néguentropiques, mais ils sontouverts aussi bien sur l'intérieur que surl'extérieur, dans la mesure où les échanges entrecomposants peuvent entraîner des modificationssignificatives des composants eux-mêmes.Certes ils consomment de l'énergie, maisl'information y joue un rôle essentiel. Cessystèmes adaptatifs socioculturels sont fondéssur des symbolisations. Ils manifestent unecertaine spécificité par rapport aux autressystèmes adaptatifs par le fait que, dans cessystèmes, le champ des transformationspossibles s'élargit, l'information génétique ayantun rôle décroissant et les éléments culturels unrôle croissant.Pour W. Buckley, la société et au-delà touteorganisation sociale, sont des systèmescomplexes adaptatifs. Ces systèmes sociauxsont situés dans un environnement à la foisdiversifié et contraignant (Walter Buckley :« Sociology and modern system theory »).Les systèmes sociaux actuels consomment unegrande quantité d'énergie sous diverses formes,mais aussi une quantité croissanted'informations. Les TIC (techniquesd'information et de communication)constitueraient un axe essentiel des sociétéspostmodernes.T. Parsons dans son modèle systèmique établitun ordre cybernétique entre les différents sous-systèmes : les plus riches en énergie et les pluspauvres en information se situant en bas del'échelle cybernétique, les plus riches eninformations et les plus pauvres en énergie sesituant en haut de l'échelle cybernétique.

H. Atlan, W. Buckley, J-L. Le Moigne, T.Parsons, J. de Rosnay.

64. ENJEU

Du latin jocus : jeu.

D'une manière générale, ce que l'on peutgagner ou perdre dans une organisation, en tantqu'acteur ou groupe d'acteurs.

En prospective, il est importantd'identifier quels sont les enjeux pour uneorganisation économique, politique, unecollectivité territoriale, mais aussi pour lesdifférents acteurs ou groupes d'acteursanimant ce territoire ou cette organisation.Cela constitue une condition nécessaire pourpouvoir construire d'abord un diagnostic etensuite des scénarios dotés d'une certainepertinence.

M. Crozier, E. Friedberg, M. Godet.

65. ENTROPIE

Du grec entropê : retour, involution.

Dans les transformations d'énergie, c'est latendance vers un état de désordre moléculaireoù l'énergie n'est plus utilisable sous forme detravail . Le deuxième principe dethermodynamique, établi par Carnot etClausius, énonce cette tendance à la dégradationde l'énergie, le premier principe affirmant laconservation de la quantité d'énergie à traversles transformations. De cette façon si la quantitése conserve, la qualité (au point de vue del'ingénieur) se dégrade, car de plus en plusd'énergie se disperse en chaleur inutilisable. Ceconcept a été emprunté à la physique par labiologie, l'économie, la sociologie où il a pris lesens général de tendance à la désorganisation ouà la déstructuration.Le terme a été forgé en 1865 par le physicienallemand Rudolph Clausius pour désigner unefonction d’état, permettant de donner uneexpression quantitative au deuxième principe dela thermodynamique.L’entropie est la quantité thermodynamique quimesure le niveau de dégradation de l’énergied’un système (voir aussi J. Monod : « Le hasardet la nécessité », Editions du Seuil, Paris,collection Points, 1970).Le principe d’ordre de Boltzmann : toutsystème tend vers son état le plus probable quiest celui du désordre maximal. L’entropie d’unsystème revêt une double signification :

a) elle traduit la complexité du systèmeconsidéré, c’est-à-dire que pour un système

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donné, l’entropie sera maximale lorsque toutesles configurations seront équiprobables.L’entropie sera d’autant plus grande que lesystème pourra revêtir plus de configurations(équiprobables) distinctes.

b) elle traduit le degré d’indétermination dusystème, c’est-à-dire que l’entropie estminimale lorsque l’une des configurations estcertaine.L’entropie d’un système sera d’autant plus forteque ses configurations (en nombre constant)seront plus équiprobables.

Walter Buckley utilise cette notiond’entropie dans sa typologie des systèmes(voir article ENERGIE).Les systèmes complexes adaptatifs comme lesespèces vivantes, les systèmes psychologiquesou socioculturels sont des systèmes ouverts etnéguentropiques."Quand l’organisation interne d’un systèmeadaptatif acquiert les caractéristiques qui luipermettent de discerner les divers aspects de lavariété et des contraintes environnementales,d’agir en fonction de et en réponse à cesaspects et contraintes, nous pouvons dire alors,en général, que le système a transformé unepartie de la variété et des contraintesenvironnementales et l’a intégrée à sonorganisation sous forme structurelle ouinformel" (Walter Buckley, « Sociology andmodern system theory » ).Pour W. Buckley, déviance positive et variétésont nécessaires à l’évolution normale d’unsystème.Michel Forse veut dépasser la contradictionéquilibre, déséquilibre stabilité-mouvement,par le paradigme entropique :

a) Tout système fermé composé d'unepopulation nombreuse tend spontanément etirréversiblement à évoluer vers son état deplus grand désordre.

b) Il n'existe aucune dérogationdéfinissable ou mesurable à ce principe ; ilvaut donc pour les systèmes sociaux.

c) Si un système est ouvert, ce qui est lecas d'une société ou d'une organisationsociale, il peut gagner de l'ordre en puisantdans l'environnement la néguentropie(entropie basse) nécessaire, et cela n'est pascontraire à la loi d'entropie croissante.

d) Plus le système social, l'organisation,sont isolés, moins ils sont capables demaintenir un certain degré de néguentropie,

c'est-à-dire de différenciation etd'organisation, et plus ils sont fragiles face àtoute perturbation ou agression exogènes.Selon M Forsé, si l'on applique le principenéguentropique de l'information de Brillouin,l'on pourra mesurer le degré d'ordre d'unsystème selon trois dimensions de changement :les changements selon la qualité, leschangements selon la quantité, les changementsselon le lieu et le mouvement. (Voir l'ouvragede M FORSE « l'Ordre improbable » )

H. Atlan, K. Bailey, Boltzman, L. Brillouin,W. Buckley, J-P. Dupuy, M. Forse, J-C. Lugan,J. Monod, E. Morin, I. Prigogine, T. Shelling, J.von Neumann, B. Waliser.

66. ENVIRONNEMENT

De l'ancien français viron : ronde.

Ce qui entoure un ensemble quelconque.Synonyme : milieu.

En systémique, tous les éléments quientourent le système, qui sont constitutifs dusystème ou de l'ensemble considéré commetel. L'environnement d'un individu comportedes aspects psychologiques, sociologiques etculturels, spatiaux, géographiques.L'environnement d'un système socialcomporte des é léments naturels ,géographiques, culturels, économiques,politiques, sociaux. Un système complexe,comme un système social doit, afin de sepérenniser, être à la fois ouvert et fermé surses environnements, c'est-à-dire procéder àdes échanges avec ces environnements,échanges sous forme d'énergie, d'informationetc… ("inputs"), qui lui permettent de sereconstituer, de s'adapter, d'évoluer en tantque système et de produire des "outputs" surces environnements. En d'autres termes unsystème complexe et ses environnements sonten interaction permanente.Toute organisation, dans le sens où elle doitempêcher le système de se "dissoudre " dansl'environnement, se ferme d'une certaine façon.Les systèmes non actifs se contentent depréserver le plus longtemps possible lanéguentropie originelle. À l’inverse lessystèmes dits ouverts procèdent à des échangesavec des environnements qui leur sont utiles

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pour se transformer et se reformer sans cesse.Ils se reforment en se refermant."Ainsi s'impose le paradoxe : un système ouvertest ouvert pour se refermer, mais est fermé pours'ouvrir, et se referme en s'ouvrant" (E Morin :« La Méthode », Tome 1).Exemple : la frontière d'un pays qui à la foisinterdit et autorise le passage.Ainsi selon E. Morin, clôture organisationnelle,ordre interne, stabilité structurelle, permanencephénoménale, constituent une indissociableconstellation conceptuelle qui rend compte de larésistance du système aux pressionsdestructrices de l'intérieur et de l'extérieur.Pour W. Buckley la société, et au-delà touteorganisation sociale, sont des complexesadaptatifs. Ces systèmes sociaux sont situésdans un environnement à la fois diversifié etcontraignant :"Quand l'organisation interne d'un systèmeadaptatif acquiert les caractéristiques qui luipermettent de discerner les divers aspects de lavariété et des contraintes environnementales,d'agir en fonction de et en réponse à ces aspectset contraintes, nous pouvons dire alors, engénéral, que le système a transformé une partiede la variété et des contraintesenvironnementales et l'a intégrée à sonorganisation sous forme structurelle ouinformelle" (Walter Buckley : « Sociology andmodern system theory »).

H. Atlan, W. Buckley, D. Easton, J-W.Lapierre, J-L. Le Moigne, E. Morin, T. Parsons,J. de Rosnay.

67. EPISMOLOGIE

Du grec épistêmé : savoir et logos : discours,science, raison.

Discipline traitant des conditions, de lanature, de la méthode et des résultats de laconnaissance scientifique. Elle traite donc aussides dimensions non logiques de la productionscientifique : psychologiques, sociales,politiques, historiques. L’épistémologie estessentiellement un exercice critique.

L e s p a r a d i g m e s s y s t é m i q u e scontemporains se réfèrent à desépistémologies plus constructivistes quepositivistes.

Pour une épistémologie positiviste, tout estdonné par la réalité des objets étudiés, lepositif = le réel. Pour le "constructivisme", laconnaissance est construite par lemodélisateur qui en manifeste le projet, dansses interactions permanentes avec lesphénomènes qu'il perçoit ou qu’il conçoit. Ceprocessus actif de construction de laconnaissance est au coeur du processus demodélisation des phénomènes ou dessystèmes perçus complexes.

T. Kuhn, J-L. Le Moigne, E. Morin, K.Popper.

68. EQUIFINALITE

Du latin aequus : égal et finis : terme.

En systémique, principe selon lequel desconditions initiales différentes peuventproduire un même résultat.

L. von Berlanffy, M. Forsé.

69. ETAT (d'un système)

Du latin status de stare : se tenir debout,s'oppose au mouvement ; une manière d'êtremomentanée. Étymologiquement, un état estune matière d'être à un moment donné.

L'état d'un système se définit commel'ensemble des valeurs de ses variablesd'entrée, d'état ou de sortie à un momentdonné du temps. C'est aussi la manière dontses sous-systèmes interagissent à un momentdonné. Les deux définitions sont liées. Del'interaction entre les sous-systèmes dépendla production de ce qui sort et la réception dece qui entre.État stable : voir article Stabilité.

W. Buckley, L. von Bertalanffy.

70. EVALUATION

Du latin valere : valoir. Démarche visant àmesurer les résultats d'une action.

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Les critères, notamment pour les systèmescomplexes, ne sont pas faciles à définir. Onpeut concevoir qu'évaluer consiste à mesurerles écarts entre un objectif clairement affichédu système en T0 et le résultat obtenu en T0+n.

J-L. Le Moigne,, H. A. Simon.

71. EVENEMENT

Du latin evenire : arriver et eventus : ce quiest venu.

Ce qui se produit, arrive ou apparaît.Pour G. Bachelard : le fait est construit,constaté, il n'existe pas indépendamment de laméthode.

L'événement est le résultat d'une sélectionparmi les faits ; c'est un fait considérécomme important pour le système et sonévolution par l'observateur de ce système.Dans des conditions particulières, les faitspeuvent se transformer en événements.Dans la théorie du chaos, un événement quipeut paraître négligeable en un momentquelconque de l'évolution d'un système peutavoir une influence considérable sur l'évolutionde ce système dans le temps (voir articleChaos). Ces phénomènes d'amplification sontd'autant plus probables que les systèmes sontloin de l'équilibre.En prospective, un événement peut modifiertrès sensiblement des processus tendanciels.C'est pour cette raison que la démarcheprospective doit s'appuyer sur la systémiquecomplexe qui intègre la notion d'incertitude,d'imprévisibilité de certains processus.

G. Bachelard, E. Morin.

72. EXOGENE

(voir article Endogène)

73. EXTRANT (OUTPUT)

Du latin extra : ce qui est en dehors.Extrant : traduction française de " output".

En économie, les extrants (ou outputs)correspondent à la quantité de biens ou deservices produits par la combinaison de facteursde production (voir tableau des échangesinterindustriels).

En systémique, ce qui sort (la plupart dutemps un flux, mais aussi des actions) dusystème (synonyme : variable de sortie). Lesextrants ont des effets sur les environnementsde ce système.Les extrants (ou outputs) sont produits parles processus internes au système, grâce auxintrants (ou inputs). D'une certaine façon lesextrants peuvent être considérés comme desintrants transformés par le système. Lesrapports intrants/extrants peuvent servir àmesurer le rendement d'un système. Parexemple un système qui ne ferait subir aucunetransformation aux inputs pourrait êtreconsidéré comme un système trivial, c'est-à-direau rendement nul.David Easton a utilisé ces notions d'outputs,inputs dans la construction de son modèle dusystème politique.

D. Easton, R. Landry, J-L. Le Moigne, T.Parsons.

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FF

74. FIN

Du latin finis : limite. Le moment ous'achève quelque chose, le terme. Souvent aupluriel "fins" signifient les objectifs verslesquels on tend.Synonyme : objectif, but.

Ensemble des valeurs et idéaux qui inspirentles décisions des individus, des groupesd'acteurs, des décideurs politiques.

En systémique, "fin" équivaut à objectifs(voir article Objectifs, Téléonomie etTéléologie).

D. Easton, M. Crozier, T. Parsons.

75. FLEXIBILITE

Du latin flexibilis et de flexus participe passéde flectere : fléchir.

Capacité d'un système de s'adapter auxcirconstances, à la variété, aux évolutions deses environnements. Les systèmes compliquésn'ont pas de flexibilité. À l’inverse c'est l'unedes caractéristiques des systèmes complexes.La flexibilité suppose du jeu à l'intérieur dusystème. Ainsi un système dont les éléments,acteurs, actions etc…, seraient très fortementcouplés verrait son potentiel de flexibilitélimité.

L. von Bertalanffy, E. Morin.

76. FLUX

Du latin fluxus : écoulement.Synonyme : écoulement quantité.

Quantité de matière, d'énergie,d'information, circulant entre les différentssous-systèmes ou acteurs d'un système. Unflux est caractérisé par sa nature, sastructure, sa direction, sa fréquence, sadurée, sa fonction.

77. FONCTION,FONCTIONNALISME

Du latin functio : accomplissement,exécution.

Dans les systèmes biologiques, la fonctiond'un organe désigne le type de contributionde cet organe à l'équilibre du systèmeorganique dont il fait partie; elle lui permetde s'adapter à son milieu interne et externe.La notion de fonction s'oppose à celle de fin oude but. La relation entre un phénomène, unprocessus et un système plus englobant estindépendante du caractère intentionnel de cephénomène. Le terme de fonction fait référenceaux conséquences objectives et observables,non aux intentions subjectives. La notion defonction est à la base d'une série de paradigmeset théories ; néanmoins les explications entermes de fonction sont souvent insuffisantes.Cette notion est surtout utile pour observer lesphénomènes, car lorsque l'on identifie lesfonctions, on cerne plus facilement l'ensemblestructuré qui supporte le comportement"fonctionnel" et l'explication en termes destructures et de causalités est plus pertinente.

Le fonctionnalisme est l'une des théoriessociologiques fondamentales. Les concepts debase des théories fonctionnalistes sont lesystème et la fonction. Ce sont lesanthropologues et les e thnologuesfonctionnalistes, puis structuro fonctionnalistesqui ont considéré les sociétés comme dessystèmes, notamment dans les années qui ontsuivi la Seconde Guerre Mondiale.Les principes fonctionnalistes peuvent serésumer ainsi :

a) toute société, toute collectivité, touteorganisation, est un système intégré d'éléments,c'est-à-dire un ensemble relativement stable etpermanent.

b) chacun de ces éléments assume unefonction qui contribue au maintien du système.

c) tout système social qui fonctionne estfondé sur le consensus de ses membres autourde valeurs et de normes fondamentales.

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Il s'agit donc de théories mettant l'accent surl'équilibre, la maintenance d'un système social,donc en première hypothèse, difficilementcompatibles avec une analyse qui placeraitl'accent sur les éléments dynamiques, leséléments de changement à l'intérieur de cessystèmes sociaux. Il faut néanmoins distinguer :

- En premier lieu le fonctionnalismeabsolu de B. Malinowski, selon lequel toutélément d'un système social ou d'uneorganisation est fonctionnel par rapport àl'ensemble du système.

- En second lieu le fonctionnalisme relatifde R. K. Merton, selon lequel il peut existerdes éléments dysfonctionnels dans unsystème social quelconque.

- En troisième lieu le structurofonctionnalisme de T. Parsons, qui aintroduit la notion de déséquilibre et dechangement structural. Le principal reprochequi a été adressé à cette théorie est d’être fondéesur un principe conservateur, à savoir que toutsystème social chercherait à maintenir ou àretrouver son équilibre. En d'autres termes sides déséquilibres se produisent par tensions ouconflits, le système social considéré se réfère àdes impératifs fonctionnels qui tendent àimposer la stabilité.Donc trois principes théoriques prévalentchez les théoriciens fonctionnalistes : laprimauté des valeurs sociales, les mécanismesd'intégration et l'importance du consensus.L'analyse fonctionnaliste s'est avérée utile pourla compréhension des phénomènes liés à lastratification et à la mobilité sociale, pour lesrelations entre milieux sociaux et l'étude dufonctionnement des grandes organisationssociales.N. Luhmann reproche à Parsons d’avoir négligéla fonction au profit de la structure. Lesociologue américain, partant des institutionsexistantes pour s’interroger sur les conditions deleur pérennité, se mettait dans l’impossibilité deconsidérer les structures comme le résultat d’unprocessus. Il négligeait ainsi le caractère moteurde la fonction. N. Luhmann se propose donc derenverser la démarche de Parsons : il veutremplacer le "fonctionnalisme structurel" de cedernier par un "structuralisme fonctionnel",dans lequel la structure est subordonnée à lafonction.

E. Durkheim, N. Luhmann, B. Malinowski,R. K. Merton, T. Parsons.

78. FRACTALE

Du latin fractus : brisé.

La géométrie que nous utilisonsordinairement est la géométrie diteEuclidienne, dans laquelle les formes sontrégulières : triangles, carrés, cercles,rectangles. La géométrie fractale est lagéométrie d'objets géométriques dont lacréation ou la forme ne trouve leurs règlesque dans l'irrégularité et la fragmentation.On parle d'objet fractal pour désigner unobjet qui possède une structure dont le mêmemotif se répète à l'infini. À toutes les échellesd'agrandissement . Le physicien BenoitMandelbrot a utilisé ce terme parce qu'il évoqueà la fois l'idée de cassure et de fraction. Il écrit :"J'ai forgé ce mot en 1975 à partir du latinfractus qui décrit une pierre brisée de façonirrégulière. Les fractales sont des formesgéométriques qui contrairement aux formeseuclidiennes ne sont pas du tout régulières. Enpremier lieu elles sont irrégulières partout ; ensecond lieu, elles manifestent le même degréd'irrégularité à toutes les échelles. Un objetfractal semble similaire qu'il soit examiné deloin ou de près. Il est semblable à lui-même."La ressemblance à soi-même ("self-similarity") implique que chaque sous-système d'un système fractal est équivalentau système global. Par exemple dans untriangle fractal, chacun des petits triangles eststructurellement identique au plus grand. Ainsicertaines fractales sont seulement semblables àelles-mêmes de manière statistique ; leurs petitsmorceaux agrandis ne peuvent se superposer àl'ensemble du système. Mais ils ont le mêmetype général d’apparence.La nature offre de nombreux exemples deformes présentant un caractère fractal : floconsde neige, feuilles de végétaux, certaines côtesmaritimes rocheuses, les éclairs durant unorage, la ramification des bronches etbronchioles dans les poumons, les vaisseauxsanguins. Dans les films, les effets spéciauxsont composés en grande partie d'imagesfractales. La théorie aide à comprendre parexemple les phénomènes de turbulence, nonseulement la manière dont ils se produisent,mais le mouvement de turbulence lui-même.

En systémique complexe, cette notion estencore peu utilisée. Elle pourrait néanmoins

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ouvrir la voie à des métaphores fructueuses,notamment dans l'approche de certains typesde structures des systèmes sociaux.Michael Batty, professeur à l'université deLondres cherche à utiliser la géométrie fractaledans l'étude des villes et de leur développementen jouant sur la dimension et l'échelle.

M. Batty, B. Mandelbrot, E. Lorentz, H.Poincaré, Trinh Xuan Thuan.

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GG

79. GOUVERNANCE.

Du latin gubernare : diriger. Gouverne :vieux terme de marine signifiant l'ustensile,ancêtre du gouvernail et l'acte de s'en servir.

Terme apparu dans les années 1980 pourexprimer le fait que le pouvoir politique nepeut plus être assumé exclusivement par lesorganismes d'Etat dans des sociétés de plusen plus complexes.La notion de gouvernance est utilisée aussi parles institutions financières internationales pourdésigner les institutions et les nouvellespratiques politiques, les modes de gestion desadministrations publiques et des entreprisesprivées. L'idée essentielle de la gouvernance estque les gouvernements n'ont pas le monopole dela puissance publique et la capacité derégulation au niveau international notamment.La gouvernance privilégie la notion de réseaux.Employé également par les politologuesquébécois comme Gérard Bergeron pourdésigner l'action de gouverner un État en ladistinguant de l'acteur (le gouvernement).La gouvernance : un processus decoordination d’acteurs, de groupes sociaux,d’institutions qui produisent des compromis,des consensus politiques et sociaux, discutéset définis collectivement, permettantd’atteindre des objectifs spécifiques dans desenvironnements fragmentés et incertains.

La prospective peut être considéréecomme un instrument d'une gouvernanceterritoriale plus démocratique et plusefficace, en ce qu'elle oblige, afin d'avoir unecertaine pertinence, un débat entre diversacteurs du territoire considéré : politiques,économiques, associatifs, éducatifs etc…

G. Bergeron, A. Dunsire, J-P. Gilly., P. LeGalès, J. Kooiman, R. Mayntz.

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HH

80. HETEROGENEITE

Du latin heterogeneus, du grec hétéro :l'autre et genos : origine. Qui est forméd'éléments différents, disparates.

Dans un ensemble, mélange de caractèresdifférents qui rend difficile l'établissement decatégories.

Processus, artefacts qui composent etaniment un système. Plus les systèmes sontcomplexes, plus ils contiennent descomposants hétérogènes. Du point de vue dela théorie néguentropique, plus un systèmeest hétérogène plus sa capaciténéguentropique est élevée, c'est-à-dire plus ila une capacité à accroître son ordre interne.

W. R. Ashby, W. Buckley, M. Forsé, E.Schrödinger.

81. HETEROMORPHE (Système)

(voir aussi article Homomorphe)

Du grec heteros : autre et morphé : forme.

Qui présente des formes très différenteschez une même espèce.À l’inverse des systèmes homomorphes, lessystèmes hétéromorphes sont de naturedifférente (en biologie ce sont des êtres quiprésentent des caractères très variés à l'intérieurd'une même espèce) et par conséquent toutetentative de construire un modèle de référenceunique ne peut être que réducteur. Par exempleles systèmes physico-chimiques, les systèmesbiologiques, sont des systèmes hétéromorphes.

Les systèmes sociaux sont éminemmenthétéromorphes. Il est donc nécessaire demanifester une certaine prudence lorsquel'on fait "glisser" un concept d'une "famille"de systèmes à une autre.

Y. Barel, L. Von Bertalanffy.

82. HEURISTIQUE

Du grec heuriskein : trouver, qui sert à ladécouverte.

En histoire, c'est la recherche des documentspour établir des faits.Dans les sciences d'une manière générale unedémarche qui privilégie l'investissementintellectuel, plus que la méthodologie.

En prospective par exemple, pour obtenirdes configurations du futur et notammentdes scénarios de rupture, il peut être plusefficace de privilégier la réflexion collectivedans des séances de "Brain-storming" quedans des modes d'investigation techniquelourds.

T. Khün et divers traités d'épistémologie.

83. HOLISME, HOLISTIQUE

Du grec holos : entier.

Démarche qui consiste à considérer lesphénomènes dans leur totalité et non plusseulement dans une série de composants oude processus.

La théorie des systèmes insiste sur lanécessité de ne pas considérer un phénomèneou une organisation quelconque comme unsimple assemblage d'éléments ou de parties,mais aussi et surtout comme une entité donton ne peut saisir le sens que globalement."Le simple fait d'analyser un organisme, maisde ce fait à partir de ses composants entraîneune perte d'information sur cet organisme" (H.Atlan, « L'organisation biologique et la théoriede l'information »).La théorie des systèmes a donc réagi à ceréductionnisme dans et par l'holisme, mais de cefait a opéré une sorte de réduction au tout,provoquant une certaine cécité sur les élémentset les parties en tant que tels."Le tout devient une notion euphorique dans lamesure où elle pousse à ignorer les contraintes

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internes, les qualités propres aux parties, unenotion fonctionnelle dans la mesure où lesantagonismes internes sont ignorés" (E. Morin,« La Méthode »).Sont renvoyés ainsi dos-à-dos les excès duréductionnisme et les excès de l'holisme.Pour E. Morin, les deux explications doiventêtre récursives.

H. Atlan, Y. Barel, L. von Bertalanffy, E.Morin.

84. HOLOGRAMMATIQUE

Du grec holos : entier, tout et gramma :caractère d'écritures.

L'hologramme est obtenu par une méthodede photographie en relief utilisant lesinterférences de deux faisceaux laser, l'unprovenant de l'appareil producteur, l'autreréfléchi par l'objet à photographier.

En systémique, cela signifie uneréciprocité de perspective entre uncomposant d'un système et le système lui-même. La partie est dans le système, mais lesystème est dans la partie.

E. Morin.

85. HOMEOSTASIE

Du grec homoios ou homos : semblable etstasticos : relatif à l'équilibre.

Mot forgé par Walter B. Cannon poursignifier la capacité qu'a un système vivantde maintenir dans un état stable certaines deses variables internes, malgré les variationsdu milieu extérieur et grâce à des processusphysiologiques de régulation. L'exempleclassique est celui de la température interne ducorps humain : elle varie au cours de la journée,mais ses variations sont limitées à quelquesdixièmes de degrés au-dessus et au-dessous de37°.Les études comparatives semblent montrer quetoute organisation complexe doit avoir desajustements autocorrectifs afin de prévenir unarrêt de son fonctionnement ou une rapide

désintégration de ses parties quand elle estsujette à un fort stress.

Dans un système, l'homéostasie est larecherche perpétuelle d'un équilibre,toujours remis en cause. T. Parsons s'inspirantde la biologie, a introduit cette notion dansl'explication des équilibres sociaux.

H. Atlan, W. Buckley, E. Morin, T. Parsons,J. de Rosnay.

86. HOMOGENEITE

Du grec homos : semblable et genos :origine. Qui est formé d'éléments semblables.Contraire d’hétérogénéité.

Du point de vue du paradigme entropique,plus un système est homogène plus sonentropie, son désordre interne a des probabilitésd'être élevé, c'est-à-dire plus il a une capacité àvoir s'accroître son désordre interne etinversement.

C'est l'une des caractéristiques dessystèmes sociaux de pouvoir combattre cettetendance à l'homogénéisation, à l'entropiecroissante, c'est-à-dire selon l'expression deW. Buckley d'être des systèmesnéguentropiques.

W. R. Ashby, L. Brillouin, W. Buckley, M.Forsé, E. Schrödinger.

87. HOMOMORPHE (système)

(voir aussi article hétéromorphe)

Du grec homos : semblable et morphé :forme.

En systémique se dit des systèmes quimanifestent des formes semblables ouproches et pour lesquels, il est possible deconstruire un modèle de référence communet éventuellement des règles detransformation communes.

Y. Barel, L. von Bertalanffy.

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88. HYPERCOMPLEXITE

Du grec huper : au-delà et de complexio :assemblage.

On peut considérer que des systèmeshypercomplexes sont composés d'unecombinaison de systèmes déjà complexes ; cequi a pour effet de démultiplier etd'amplifier les caractères de la complexité. Ilexiste là une sorte de parallélisme chez E.Durkheim entre sociétés segmentairessimplement composées et sociétés segmentairesdoublement composées.

E. Durkheim, E. Morin.

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II

89. IDENTITE (Collective)

Du latin idem : semblable.

En sociologie et ethnologie, aptitude d'unecollectivité à se reconnaître comme groupe.Cette aptitude permet la cohésion du groupe(identité ethnique, identité régionale, identitélocale, identité professionnelle).

À l’égard des systèmes extérieurs, laconstruction d'une identité collective pour unsystème social implique un mouvement dedifférenciation à partir duquel s'affirme sonautonomie. À l'intérieur du système, l'identitécollective provoque une certaine fusion quiefface plus ou moins les différences desindividus ou des groupes. L'existence d'uneidentité collective d'un système social n'est pascontradictoire d'une ouverture sur des identitésd'autres systèmes. La dialogique fermeture /ouverture est là encore pertinente. Identité etintégration sont dans des rapports dialectiques.

Erikson, T. Kuhn, Gergan, R.K. Merton, E.Zavalloni.

90. IDENTIFICATION

Du bas latin identificare, de idem : de mêmeet de facere : faire. Dans le langage courant,identifier, c'est reconnaître un objet, unepersonne, un phénomène.

En psychanalyse, on parle d'identificationd'un individu à quelqu'un d'autre. Freud y voitun processus essentiel de formation du moi. Onparle de reconnaissance d'un objet, d'unindividu, d'un système.

En systémique, l'identification est celledes éléments constitutifs d'un système.Ludwig von Bertalanffy écrit quel'identification des éléments, de leursattributs, de leurs interrelations, constituel'une des phases les plus constructives et lesplus révélatrices de la démarche systémique.Elle introduit toujours de la clarté dans unedémarche plus ou moins confuse.

On peut également parler d'identification d'unindividu à son système, par exemple à uneorganisation ou à un parti politique.

W. R. Ashby, L. von Bertalanffy, S. Freud.

91. IDEOLOGIE

Du grec idea : apparence, forme et de logos :discours, parole.

Fin du XIX, Destutt de Tracy utilise le motpour définir la science des idées : système depensée.Une idéologie peut être considérée comme unsystème d'idées, de jugements explicites, maisorganisé et faisant référence à des valeurs. Cesystème peut servir à expliquer, à justifier lasituation d'une société, d'une collectivité, d'ungroupe, à proposer une orientation précise auxactions de ces ensembles sociaux.

Tout système social se réfère de façon plusou moins explicite à une ou à des idéologies :idéologie républicaine, démocratique,communiste, fasciste etc… C'est K Marx quifera de l'analyse des idéologies une condition dela compréhension des formations sociales.En prospective, tout scénario ou famille descénarios se réfère explicitement ouimplicitement à des dimensions idéologiqueset par-delà à un système de valeurs.

E. Durkheim, K. Manheim, K. Marx, M.Weber.

92. INCERTITUDE

Du latin incertus : vague, douteux. Ce qui nepeut être connu avec précision, ce qui ne peutêtre déterminé à l'avance, qui laisse place audoute.

En mathématique et physique, les relationsd'incertitude d'Heisenberg sont des relationsd'inégalité qui établissent que l'on ne peutconnaître simultanément la position et la vitessed'une particule.

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Les théorèmes de Gödel, adapté à lalogique mathématique, vaut selon E. Morinpour tout système théorique. Il démontre quedans un système formalisé, il est au moinsune proposition indécidable, cetteindécidabilité ouvre une sorte de brèche dansle système qui devient incertain. Si laproposition indécidable dans ce système peutêtre démontrée dans un autre système ou unméta système, ce dernier comportera aussi sabrèche logique.L'incertitude est une caractéristique dessystèmes complexes. Ils sont potentiellementimprévisibles, à l'inverse des systèmescompliqués qui sont programmables doncpotentiellement prévisibles. M. Crozier et E.Friedberg ont développé dans les organisationssociales concrètes la notion de zoned'incertitude en relation avec les phénomènes depouvoir.

M. Crozier, E. Friedberg, K. Gödel, E.Morin.

93. INCOMPLETUDE

Du latin completus participe passé decomplere : achever et de in : privatif.

En psychopathologie, le sentimentd'incomplétude correspond à un sentimentd'inachevé éprouvé par certains malades.

En systémique complexe, c'est l'idée quele modèle ne peut rendre compte de latotalité du système concret ; d'où la nécessitéde prendre conscience qu'il s'agit d'uneconstruction limitée en fonction d'un projet.E. Morin écrit clairement (« Introduction à lapensée complexe ») que la pensée complexeaspire à la connaissance multidimensionnelle,mais qu'elle sait qu'au départ, la connaissancecomplète est impossible et que l'un desaxiomes de la systémique complexe estl'impossibilité, même en théorie, d'uneomniscience. La systémique complexe doitcomporter la reconnaissance d'un principed'incomplétude et d'incertitude.

H. Atlan, E. Morin.Voir article Incertitude ainsi que les théorèmesde K. Gödel.

94. INDETERMINATION

Du latin determinatio et determinare : établir demanière précise et in : privatif.

Caractéristique de ce qui n'est pas délimité,précisé.En mathémat ique , l es re lat ionsd'indétermination sont l'expressionnumérique de l'incertitude.

Un système complexe ne peut êtretotalement déterminé et donc prévisible, àl'inverse d'un système compliqué, dont onmaîtrise en principe tous les paramètresd'évolution. Les processus d'ordre aléatoire,chaotique sont sources d'indéterminationd'un système complexe.

Y. Barel, E. Morin, I. Prigogine.

95. INDICATEUR

Du latin indicare : qui montre.

Des variables qui ne peuvent êtreobservées directement, par exemple lesvaleurs, les attitudes etc, doivent êtrecaractérisées par des observationsempiriques permettant d'observerindirectement, voire de quantifier cesvariables. Ces données sont dénommées desindicateurs.

En prospective afin d'effectuer dessimulations pertinentes sur des variables etde repérer des processus en émergence dansla réalité touffue des phénomènes, il est utilede constituer des batteries suffisantesd'indicateurs.

Ouvrages sur les méthodes en sciencessociales.

96. INFERENCE (statistique)

Du latin inferre : porter dans.Sur la base d'un certain nombred'observations, on peut formuler desprédictions basées sur des lois statistiques.

Ouvrages sur les méthodes en sciencessociales.

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97. INFORMATION

Du latin informare : instruire.Synonyme : message, donnée, signe,renseignement.

Définition usuelle : donnée qui crée pourun acteur, ou un groupe d'acteurs, unereprésentation nouvelle d'un état, d'un mot,d'un contexte ou d'un événement par rapportà un ensemble de représentations intérieurespossibles.Avant d'être définie comme un "produit" ou un"fait", l'information peut d'abord être définiecomme une action : action d'une personne quifait savoir à d'autres quelque chose sur quelquechose ou quelqu'un (action de s'informer, derecueillir des renseignements sur quelqu'un,quelque chose). Par extension l'informationdevient "l'ensemble des activités de collecte, detraitement et de diffusion de "nouvelles" qu'ona p p e l l e r é c u r s i v e m e n t d e sinformations". L'information devient alors"produit", connaissances, concernant un sujetdéterminé, connaissances susceptibles d'êtrereprésentées à l'aide de conventions (qui sont àleur tour des connaissances !) afin d'êtreconservées, traitées ou communiquées.Cette définition complexe et pourtantfamilière conduit à caractériser l'informationentendue dans sa généralité par un schématernaire, une forme (physique ou syntaxique)qui, émise intentionnellement par au moins unémetteur qui lui attribue une signification(sémantique), est susceptible de transformer lareprésentation du contexte dont dispose sonrécepteur (pragmatique).G. Bateson, dans une formule succinctedevenue célèbre, dira "l'information est unedifférence qui engendre une différence (signephysique, objet qui transforme, pragmatique,une connaissance représentée, sémantique, lemodèle mental du receveur)".Ces trois composantes sont distinguables maisne sont pas séparables. Le récepteur peutprivilégier telle ou telle d'entre elles, il ne peutéliminer les autres. C'est ainsi que dans uneorganisation la même information sera tenuepour une banale "donnée" par un acteur, sansintérêt par un autre et enfin décisive pour telautre.On ne peut donc déterminer a priori à laquellede ces trois composantes telle ou telleinformation doit être exclusivement attachée.

La théorie mathématique de lacommunication de C. Shannon a permis enoutre de mettre en valeur le fait que le modede transmission de l'information (le canal)affectait sa forme physique et par làconcernait potentiellement sa signification etson interprétation. W. Weaver a mis cetargument en valeur. C'est pour cette raison quel'on désigne depuis 1948 cette théorie sous lesnoms conjoints de "Shannon et Weaver".

Cette complex i té du conceptd'information est devenue plus intelligiblepar les développements récents des théoriesde l'organisation et de la complexité (E.Morin...) : "L'organisation, informée, devient"informante" (autrement dit engendre desinformations qui potentiellement latrans formeront) . L ' in format ion formel'organisation qui la forme" (E Morin, « LaMéthode ») ·. Ces interprétations incitent àprivilégier la production et l'action del'information plutôt que son état (elles ontconnu d'importantes généralisations analogiquesdans le domaine de la biologie génétique).Il existe une approche quantitative del’information selon laquelle celle-ci peut êtretraitée comme une grandeur mesurable. Cetteidée remonte au moins à Leibniz, qui avaitmontré que tout message peut être ramené à unesérie de questions auxquelles il peut êtrerépondu par « oui » ou par « non ».Aujourd’hui, en informatique notamment, lenombre de « bits » (contraction de « binarydigit ») d’un message est le nombre minimal dequestions binaires (à réponse par « oui » ou par« non ») qu’il faut poser pour obtenir sanséquivoque la totalité du contenu de ce message.Cette indication, précieuse pour traiter desquestions de débit de transmission et de volumede mémorisation, ne dit rien quant à la"quantité" ou la valeur de l'informationentendue dans sa complexité.

L. Brillouin, E. Morin, C. E. Shannon.

98. INSTITUTION

Du latin instituere : fonder

Action de former ou de fonder de manièredurable.

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En droit et en science politique ce sont lesstructures fondamentales d'un payspermettant de définir un régime politique etrelevant du droit public : par exemple lesinstitutions politiques, les institutionsjudiciaires. Mais ce sont également les corpsconstitués : armée, écoles, églises.En sociologie, le terme d'institution signifie lesconduites, les manières d'agir, de penser, deparler extérieures aux individus et quis'imposent à eux (selon des normes). Lesacteurs sociaux individuels jouent un rôle dansla genèse des institutions, mais de la synthèsede ces actions émerge une nouvelle productionsociale : un système engendré par ces actions.

Pour les systémiciens, considérer unensemble de phénomènes comme desinstitutions, cela signifie considérer cesphénomènes comme liés à l'intérieur d'unsystème. Il faut donc étudier l'ensemble despratiques sociales d'un groupe ou d'unesociété et l'articulation entre les activitésphysiques et les activités de l'esprit àl'intérieur de ces ensembles, afin de cernerles institutions et donc essayer decomprendre les processus politiques, sociaux,culturels etc… construits par les acteurs d'unsystème donné.Il existe bien sûr des relations entre lesinstitutions très "formalisées" au sens juridiqueet les institutions au sens sociologique.Aujourd'hui dans la démarche systémiquecomplexe, on ne met plus l'accent uniquementsur les contraintes exercées par les institutions,mais aussi sur les aspects relationnels etconflictuels à l'intérieur des institutions ; donc àla fois sur leurs aspects structurels etdynamiques.

C. Castoriadis, E. Durkheim, M. Hauriou, R.Lourau, M. Mauss, G. Michaud

99. INTEGRATION

Du latin integrare : renouveler, rendre entier.

Action de faire entrer une partie dans untout.En biologie, psychologie, sociologie :ensemble des phénomènes par lesquels seconstitue l'unité organique d'un être vivant,d'un système mental, d'un système social.

À l'intérieur d'un système, les élémentsqui le composent établissent des relationsd'intensité différentes ; c'est ce que lessystémiciens dénomment le degré decouplage entre éléments et variables.On peut distinguer trois grands cas possibles :

- à une valeur d'un élément Acorrespond une valeur de l'élément B et uneseule. On dira que A et B sont fortementcouplées.

- à une valeur constante de l'élémentA correspond une variation de l'élément B entredeux seuils X et Y; au-delà de ces deux seuils,la valeur de A varie. On dira que le couplage estflexible.

- à une valeur de A correspondentplusieurs valeurs de B ou n'importe quellevaleur de B. On dira que le couplage est faibleou nul.Sur ces bases, un système sera très intégré,lorsque tous ses éléments seront fortementcouplés. Bien sûr on peut distinguer dans unensemble des sous-ensembles relativementautonomes, c'est-à-dire des sous-ensembles dontles éléments ou variables sont fortement couplésentre eux et plus faiblement couplés avec lesautres variables composant le système global.Ces sous-ensembles peuvent être qualifiés desous-systèmes.Du point de vue du paradigme entropique, unsystème très fortement intégré est un systèmeplus en équilibre et donc plus soumis auxrisques d'entropie croissante. Mais on peut faireaussi ressortir a contrario, que dans un systèmeintégré la diffusion de l'innovation sera à la foisplus aisée et plus rapide.

E. Durkheim, L. von Bertalanffy, T. Parsons,J. de Rosnay, H. Spencer, F. Tonnies.Voir aussi article Couplage.

100. INTERACTION,INTERRELATION,INTERACTIONNISME

Du latin inter : entre et de actio : action defaire, accomplissement d'une chose.Synonymes : échanges, influences, relationscirculaires.

Concept central du systémisme. Échangesentre deux éléments, deux acteurs, deux sous-

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systèmes entraînant une influenceréciproque.L' interact ion crée une s i tuat iond'interdépendance et la fréquence desinteractions est à l'origine d'interrelations.Dans l'étude d'un système social concret, il estnécessaire d'établir le niveau et la qualité desinteractions et par voie de conséquence desinterrelations entre les acteurs animant cesystème ; ceci afin de pouvoir éventuellementrepérer des leviers de changement et construiredes stratégies ad hoc.Interactionnisme : courant sociologiqueexpliquant les phénomènes sociaux par lesinfluences réciproques des actions desacteurs. Ainsi lors d'interactions prolongées,il se crée un système d'attentes et les acteursvont alors agir plutôt en fonction de cesattentes mutuelles qu'en fonction des actionsréelles de leurs partenaires.L'expression interactionnisme symbolique a étécréée en 1937 par Blumer, mais ce sont lesauteurs comme G. Simmel (1917), et G. H.Mead (1934) qui ont servi de référenceprincipale à la naissance de ce courant.L'interactionnisme symbolique a été surtoutdéveloppé aux E.U, dans les études urbaines del’Ecole de Chicago (R. E. Park), dans lesrecherches d'E. Goffman sur les institutionstotales (1961) ou l'étude des rites d'interaction etl'ethnométhodologie de Garfinkel (1967).L'interactionnisme symbolique considèrel'action réciproque des individus et les signesqui la rendent visible comme le phénomènesocial majeur. Ainsi les entités comme lasociété, les institutions, les classes sociales, laconscience collective n'ont pas de réalitéindépendante des interactions sociales. Pour G.Mead par exemple, une institution est la réponsecommune apportée, sous des formes variées, parles membres d'une communauté à une situationparticulière. Les conduites sociales ne sont pasdéterminées par des structures ou des systèmes,elles trouvent leur principe dans leur propredéroulement dans le temps.L'interactionnisme symbolique obéit à unecertaine logique systémique moderne, dans lamesure où il considère les conduites humainesnon comme une simple réaction à unenvironnement, mais comme un processusinteractif de construction de cet environnement.Ce processus est interactif, car l'activitéindividuelle n'est possible que parl'appartenance à une communauté de

signification qui nous permet de comprendre lepoint de vue des autres, et de modifier notrecomportement par anticipation de leurscomportements.

H. Blumer, R. Boudon, H. Garfinkel, E.Goffman, G. H. Mead, G. Simmel, R.E. Park

101. INTERDISCIPLINA-RITE

(voir article Pluridisciplinarité)

102. INTRANT (INPUT)

Du latin intrare : entrer d’inter : entre.Synonyme : variable d'entrée.

En économie, les intrants ou inputscorrespondent à la quantité de facteurs deproduction matériels ou immatériels qui entrentdans une organisation pour être transformés enoutputs.

En systémique ce qui entre (la plupart dutemps un flux, mais aussi des actions) dansun système (synonyme : variable d’entrée).Les intrants ou inputs sont transformés parles processus internes au système.Les rapports intrants/extrants peuvent servirà mesurer le rendement d'un système. Parexemple un système qui ne ferait subir aucunetransformation aux inputs pourrait êtreconsidéré comme un système trivial, c'est-à-direau rendement nul.David Easton a utilisé ces notions d'outputs,inputs dans la construction de son modèle dusystème politique.

D. Easton, R. Landry, J-L. Le Moigne, T.Parsons.

103. INVARIANT

Du latin varius : varié et de in : préfixeprivatif. Ce qui ne varie, ce qui est constantSynonyme : constant

En physique et chimie, un système invariantest un système en équilibre dont la variance estnulle.

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Dans un système, c'est un élément dont lagrandeur reste constante quelles que soientles variations des autres éléments du systèmeou de ses environnements.Dans les relations entre acteurs, c'est laprésence de séquences répétitives d'interactions.Il est très utile de repérer dans l'analysestratégique systémique et/ou prospectiviste cesinvariants interactionnels qui permettent derepérer, voire d'expliquer des processustendanciels.

C. Levi-Strauss

104. IRREVERSIBILITE

Du latin reversus participe passé derevertere : retourner et de in : préfixe privatif.

Une action irréversible est une action qui nepeut être entravée.En chimie, l'on dira d'une réaction qu'elle estirréversible lorsqu'elle se produit jusqu'à sonachèvement et qui n'est pas limitée par laréaction inverse.

En systémique et en prospective, il estnécessaire d'évaluer le degré d'irréversibilitédes processus en œuvre dans un systèmedonné, de manière à pouvoir ensuite élaborerdes stratégies et des actions pertinentes etréalistes.

J-L. Le Moigne, E. Morin.

105. ISOMORPHISME

Du grec isos : égal et morphos : forme.Objets de formes égales, équivalentes.

L. von Bertalanffy préconisait dedévelopper l'isomorphisme des systèmes, end'autres termes les caractères communs et lesrègles d'évolution communes, de façon àconstruire une théorie générale des systèmes,c'est-à-dire une théorie applicable à dessystèmes de n'importe quel type. Il s'agissaitlà d'un problème épistémologique de fond pourla systémique. Des systémiciens comme W.Buckey, Y. Barel et d'autres, ont relativisé lesambitions de L. von Bertalanffy, en montrant

que les systèmes physico-chimiques, lessystèmes biologiques, les systèmes sociaux,n'étaient pas isomorphes, mais plutôthétéromorphes et par conséquent n'obéissaientpeut-être pas aux mêmes règles d'évolution.Dans cette perspective, une théorie générale dessystèmes était certainement illusoire ou pour lemoins d'opérationnalité réduite.

Y. Barel, L. von Bertalanffy, W. Buckley.

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JJ

106. JEU

Du latin jocus : jeu.

Communément : activité à laquelle on se livrepar plaisir.Activités de loisirs ou sportives soumises à desrègles conventionnelles avec des gagnants etdes perdants sur la base de qualitésintellectuelles ou physiques.La théorie des jeux est un ensemble de méthodesmathématiques permettant la résolution deproblèmes faisant intervenir des règles dedécision et des notions de stratégie et detactique.

Le jeu dans un ensemble quelconque ou unsystème quelconque peut consister aussi endes marges de manœuvre possibles et quiévitent ainsi une rigidité excessive du système.Plus un système est complexe, plus il estcaractérisé par du jeu, c'est-à-dire au fond del'incertitude.M. Crozier et E. Friedberg, dans « L'Acteur et leSystème » ont développé cette notion de jeu dansce qu'ils dénomment "les systèmes d'actionconcrets"."Un système d'action concret est un ensemblehumain structuré qui coordonne les actions deses participants par mécanismes de jeuxrelativement stables et qui maintient la structure,c'est-à-dire la stabilité de ses jeux et les rapportsentre ceux-ci, par des mécanismes de régulationqui constituent d'autres jeux".E. Friedberg dans « Le Pouvoir et la Règle » estd'avis que l'on ne peut partir d'un ensemble derôles définis à priori comme nécessaires au bonfonctionnement de l'ensemble et intériorisés parles acteurs, mais que l'on doit tendre àreconstruire les rapports de pouvoir et denégociation entre les individus et les groupes àtravers lesquels ces rôles sont ou non traduitsdans des comportements effectifs. Puis on doitessayer d'établir les articulations de ces rapportsles uns aux autres dans des jeux réglés. Chacundes acteurs agit selon des stratégies à partir d'uneestimation de ses propres gains ou pertes. Danscette perspective, le fonctionnement d'unensemble social quelconque pourra apparaîtrecomme le produit d'un ensemble de jeux

articulés en un système englobant, conçu lui-même comme un "méta-jeu".Le jeu est un construit humain, c'est-à-direpolitique et culturel, et il souligne le caractèrecontingent et construit des phénomènes d'ordreet d'intégration, donc le caractère problématiqueet non naturel de la société ou d'une organisationsociale.La plupart du temps, il n'existe pas un, maisplusieurs jeux plus ou moins interconnectés etdont l'interconnexion suppose une régulationglobale. Cette régulation est celle du systèmed'action concret, qui peut donc se conceptualisercomme un méta-jeu règlant les articulations desdivers jeux opérationnels.Étant donné l'évolution de nos sociétés, lescontextes d'action seraient marqués par uneinterdépendance beaucoup plus grande entre desacteurs dont les décisions n'affecteraient passeulement les interactions au sein du système,mais aussi le système lui-même. Cette situationd'interaction stratégique conduirait naturellementles acteurs à vouloir gérer cette interdépendanceplus ouvertement et à l'organiser plusexplicitement.

M. Crozier, E. Friedberg, O. Morgenstern.

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LL

107. LEVIER DE CHANGEMENT

Du latin levare : lever.

Un levier est une tige de commande d'unmécanisme.

Dans un système, les leviers sont lesmoyens d'action dont peuvent disposer lesacteurs ou certains acteurs pour provoquerdes changements dans les processus, lesstructures, les règles de ce système.En prospective, il est fondamentald'identifier les leviers de changement dessystèmes et les acteurs éventuellementcapables de les mettre en œuvre dans le cadredes divers scénarios. Il ne suffit pas en effetd'identifier les variables stratégiques, encorefaut-il identifier les acteurs ou groupes d'acteurscapables d'agir sur ces variables stratégiques.

Divers travaux de prospective.

108. LIMITE

Du latin limes : limite, frontière.

Au sens concret, ligne matérielle ousymbolique marquant la fin d'une étendue.Synonyme : frontière, borne.Néanmoins, la borne est une notion quantitative,la limite est d'ordre plus qualitatif ; la borne parnature peut être franchie, la limite par nature nepeut l'être.Au sens mathématique, la limite est unegrandeur fixe dont une grandeur variable peuts'approcher d'aussi près qu'on le veut, mais sansjamais l'atteindre.

Dans la démarche systémique complexe,la délimitation d'un système et des sous-systèmes est un problème en soi. En effet, unsystème complexe est un systèmepart icul ièrement ouvert sur sesenvironnements avec lesquels ils procèdent àdes échanges d'énergie, d'informations. Cetteouverture implique la notion de limites et lemaintien de ces limites ; en d'autres termes onpourra parler de système ou de sous-système

lorsque des ensembles d'éléments et derelations, d'interactions entre ces élémentsseront dans des situations d'interdépendancesuffisamment stables dans le temps.La notion de limite d'un système signifiequ'une différence significative théoriquementet empiriquement existe et tend à êtremaintenue entre les processus qui sontintérieurs au système ou au sous-systèmed'une part et ceux qui lui sont extérieursd'autre part. Par exemple un lac, une forêt, uneville, une nation peuvent être considérés commedes systèmes par rapport à leursenvironnements.D'une façon plus concrète, le découpage ensystèmes ou sous-systèmes ne peut s'imposer demanière objective ; il dépendra du projet dusystématicien, de la problématique systémiquequ'il voudra privilégier. E. Morin parle d'un "artdu découpage" des systèmes.La démarche prospective qui s'appuiera surdes modélisations systémiques devra de lamême manière bien identifier les limites dusystème territorial, organisationnel etc…avant de procéder à des simulations etconstruire des configurations du futur.

E. Morin, T. Parsons.

109. LONGITUDINALE (Recherche)

Du latin longitudino : longueur, qui est faitdans la longueur.

Étude d'un phénomène, d'un groupesocial ou d'un processus étalée sur unelongue période de temps.

La recherche longitudinale correspond àl'esprit même de la prospective. Si l'on veutconstruire des scénarios d'une certainepertinence, il faut rechercher les tendanceslourdes dans l'évolution des phénomènes,mais aussi tenter de repérer les points et lesmoments de rupture dans le passé etimaginer les points de rupture possibles dansle futur.

Ouvrages sur les méthodes en sciencessociales

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MM

110. MACRO SYSTEME

Du grec makros : grand et systema :ensemble cohérent.

Les macro-systèmes sont par exemple lessystèmes nationaux ou internationaux.

E. Morin, J. de Rosnay

111. MATRICE

Du latin matrix, matricis, mater : matrice,souche reproductrice.

Dans un sens technique, moule servant àreproduire des objets en série.Thomas Kuhn parle de matrice disciplinaire :c'est l'ensemble des généralisations symboliques,des croyances, des valeurs et des exemples quisont communs aux membres d'une communautéscientifique.En mathématique, construire une matriceconsiste à élaborer un tableau avec des colonneset des lignes et permettant ainsi une lecturerapide ou un calcul rapide des différentescombinaisons, interactions entre les données, ouvariables inscrites dans les colonnes et les lignes.Dans la théorie des jeux, on construit desmatrices de décision, sous la forme d'un tableaureprésentant l'ensemble des choix qui s'offrent àun ou plusieurs acteurs, ainsi que lescaractéristiques et résultats associés à chacune deces décisions ou combinaisons de décisionspossibles.

En systémique et en prospective laconstruction d'une matrice à partir d'unnombre suffisant de variables doit permettrede mesurer pour chacune de ces variables sondegré de dépendance ou son degré d'influencepar rapport à toutes les autres, c'est-à-direpar rapport au système dans son ensemble.L'on peut ainsi identifier des variablesmotrices et stratégiques, faire des simulationssur cette matrice et ainsi construire desscénarios.

M. Godet, P. Gonod, H. de Jouvenel, T.Kuhn.

112. MEMOIRE

Du latin mémoria : mémoire.

Terme générique désignant la capacitéchez les êtres vivants de fixation desexpériences, de rétention, de recognition et derappel d'informations.Dans les systèmes électroniques (ordinateurs parexemple), c'est la capacité à traiter desinformations selon un programme déterminé,puis la capacité à les stocker sous forme plus oumoins codées et à les restituer.

Par analogie, on considère que les systèmessociaux (organisations économiques,politiques etc…) sont dotés de mémoires danslesquelles ils peuvent puiser des informationsqui leur seront indispensables ou utiles pouragir dans leurs environnements.La capacité de mémorisation est unecaractéristique de la complexité (voir J-L. LeMoigne, « La modélisation des systèmescomplexes »).

J-L. Le Moigne.

113. METACOMMUNICATION

Du grec meta : au-delà et communicatio :action de communiquer, de faire part.

Message verbal ou non-verbal à propos de cequi est dit ou va être dit ou à propos desrelations.C'est la capacité d'une interactioncommunicative de se décrire elle-même sur saqualité, sa fiabilité.Synonymes : échange sur l 'échange,communication sur la communication, messagesur le message.

Plus un système est complexe, plus sacapacité de metacommunication doit êtreimportante. Le "feedback" est une sorte de

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métacommunication (voir article cybernétique).Dans des systèmes où la quantité d'informationset sa vitesse de circulation est fondamentale, lametacommunicat ion es t un facteurincontournable de régulation et d'adaptation deces systèmes.

114. METAJEU

(voir article Jeu)

115. METASTABLE (Système)

Du grec meta : après, ensuite, au-delà etstable du latin stare : être debout.

En chimie, c'est un système, un mélange quin'est pas stable en théorie dans les conditionsenvisagées, mais dont la vitesse detransformation est tellement faible que lesystème a l'apparence de la stabilité.

En systémique sociale, c'est l'état d'unsystème dont la stabilité est sur le point dedisparaître. C'est un état d'équilibre danslequel une modification locale va entraîner deproche en proche une reconfiguration dusystème et le passage à un nouvel équilibre.On peut considérer aussi que la métastabilité estun état intermédiaire entre la stabilité etl'instabilité ; en quelque sorte le système n'est nitotalement déterminé, ni totalement chaotique.

J-L. Le Moigne.

116. METATHEORIE

Du grec meta : après, ensuite et théoria :observation, contemplation.

Théorie d'ordre supérieur qui intègre desthéories appartenant à un même champ deconnaissances ou de disciplines (Sciencesphysiques, sciences sociales).

L'on peut considérer que la théorie dessystèmes a vocation à être davantage unemétathéorie fédératrice de diverses théoriesqu'une théorie proprement dite.

Y. Barel, T. Kuhn.

117. METAPHORE

Du grec et du latin métaphora : transport.

Il s'agit d'une figure de réthorique fondéesur le transfert à une entité du terme qui endésigne une autre. La métaphore peut êtreconsidérée comme une sorte d'analogie, unecomparaison sous-entendue.

En systémique sociale, on utilise desnotions, des concepts, des paradigmesempruntés à d'autres disciplines scientifiques,par exemple entropie, bifurcation,homéostasie, etc, qui utilisées avec lesprécautions épistémologiques nécessairespeuvent aider à la compréhension de certainsphénomènes.Dans l'histoire de la systémique, on observe queles paradigmes analogiques empruntés auxautres sciences sont à la fois divers et peuventconstituer des sources d'inspiration pour lessciences sociales.Néanmoins si l'analogie stimule l'imagination,elle doit être relativisée et maîtrisée afin d'éviterles confusions entre systèmes appartenant à deschamps disciplinaires différents ; ce qui auraitinévitablement pour effet d'occulter lespropriétés spécifiques ou émergentes de tel outel type de systèmes.Par exemple : l'approche d'un système social,d'une organisation sociale ou politique par uneanalogie cybernétique, peut constituer une basede départ utile, mais à la condition de prévoirsimultanément ses limites et les conditions deson dépassement. Y. Barel attire l'attention sur lefait que la systémique doit éviter les analogiessuperficielles, même si la distinction entreanalogie scientifique et analogie métaphoriquene paraît pas si simple :"L'analogie métaphorique d'aujourd'hui peutêtre la matière première de la science dedemain" (Y. Barel).

Y. Barel, E. Morin.

118. META-SYSTEME

Du grec meta : préfixe exprimant laparticipation, la succession, le changement etsystema : ensemble.

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Un système résultant des interrelationsmutuellement transformatrices et englobantesde deux systèmes antérieurementindépendants.

E. Morin.

119. METHODOLOGIE

Du grec methodos, de meta : après et dehodos : voie menant au but et de logos : étude,discours.

Partie de la logique qui étudie a posterioriles méthodes des différents ordres deconnaissance et particulièrement les méthodesdes différentes sciences.Art pratique de la recherche scientifique.La méthodologie doit être adaptée à la fois auxéléments théoriques et aux phénomènes que l'onsouhaite rendre intelligibles.La méthodologie doit aider le chercheur àréduire l'influence de ses propres valeurs etpréjugés.

Pour le systémicien et le prospectiviste, ils'agira de construire le système sur lequel ilpourra faire des hypothèses explicatives et dessimulations sur son évolution et ensuite grâceà des techniques, conduire les investigationsempiriques (techniques d'enquêtes, choix debatteries d'indicateurs, etc…).

R. Boudon, R. Descartes, E. Kant, E.Morin. Divers ouvrages de méthodes en sciencessociales.

120. MESO-SYSTEME

Du grec mesos : au milieu de et systema :ensemble cohérent.

Par définition, les meso-systèmes sont dessystèmes situés entre des macrosystèmes etdes microsystèmes.Par exemple les régions françaises ou les landersallemands peuvent être considérés au planpolitico-territorial comme des meso-systèmes.

E. Morin. J-L. Le Moigne

121. MICRO-SYSTEME

Du grec mikros : petit et systema : ensemblecohérent.

Par opposition aux macro-systèmes ce sontdes systèmes que l'on peut observer plusdirectement et plus aisément.

E. Morin. J-L. Le Moigne.

122. MILIEU

(voir article Environnement)

123. MODELE

Du latin modulus : mesure.

Ce qui sert de référence, ce qui est donnépour être reproduit (le modèle du peintre).Personne ou objet qui représente idéalement unecatégorie, une qualité, un prototype d'un objet.La recherche scientifique s'est progressivementapproprié le concept de modèle au cours du XXesiècle par l'intermédiaire sans doute de son usagedans les "arts et métiers" (modèle réduit oumaquette), et elle l'utilise courammentaujourd'hui pour désigner les "représentations"des phénomènes qu'elle cherche à comprendreou à expliquer.Dans les sciences expérimentales, c’estl’ interprétation d’un ensemble dephénomènes B au moyen d’une structure Apréexistante dans un domaine phénoménaldifférent. Par exemple en physique, le modèlede Rutherford–Bohr a utilisé la structure dusystème solaire A pour interpréter lesphénomènes atomiques B. Dans ce casl’utilisation d’un modèle repose sur le postulatd’une certaine isomorphie entre les phénomènesA et B.Deux ensembles sont liés par une relationd’isomorphie quand ils sont apparentés par unestructure commune.Le modèle mathématique est une représentationmathématique d'un phénomène physique,économique, humain, construit afin de rendreplus intelligible ce phénomène.Le modèle est alors un "système de symboles"indifféremment et simultanément graphique,discursif, mathématique, iconique, dont

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l'extrême souplesse potentielle permet derendre compte de la plupart des perceptionsdont on dispose lorsqu'on souhaite décrire unphénomène (observé ou imaginé) afin del'interpréter intelligiblement. Cela peut allerdes systèmes de notation mathématique auxsystèmes de notat ion musicale ouchorégraphique, en passant par les systèmes denotation chimique ou les systèmes d'écriture lesplus divers, chacun d'eux se dotant de règlesd'articulation ou de grammaire aisémentconnaissables.La "méthode des modèles" ouvre des espaces àl'investigation de type scientifique, sanscontraindre la représentation par un langage trop"fermé". Plutôt que de "commencer parsimplifier", l'observateur peut aujourd'hui"commencer par modéliser", et ceci de façonintelligible, reproductible et communicable, dèsque l'on veille à expliciter "les règles du jeu de lamodélisation". Par exemple, les principes de la"modélisation systémique" ou les "préceptes dela modélisation analytique", le premier d'entreeux étant d'expliciter toujours le projet del'observateur-concepteur qui élabore ou quiinterprète le modèle considéré. Lesdéve loppements des méthodes deprogrammation informatique et la prodigieuseouverture de l'espace symbolique permis par latechnique des écrans-fenêtres (libérant de lasymbolique pauvre et limitée du "clavier"traditionnel) ouvrent à la méthode des modèlesle champ des simulations les plus diverses,permettant de concevoir et d'évaluer lescomportements spat io- temporels desphénomènes modélisés.

En termes de systèmes, on peut distinguer lessystèmes concrets (le système politiqueaméricain ou britannique ou français, le systèmede l'Eglise réformée ou catholique etc), et lessystèmes abstraits (par exemples, le modèleparsonien, le modèle marxien).Les modèles abstraits sont de deuxcatégories : les modèles formels et les modèlesthéoriques.Les modèles formels sont des sortes de schémasconventionnels sans relations directes avec leséléments concrets qu'ils tendent à expliquer :modèles cybernétiques, modèles mathématiques.Ils ont un caractère logique et symbolique.Les modèles théoriques, à l'inverse, constituentune généralisation à partir de l'observationd'éléments concrets par des méthodes

empiriques, généralisation qui va servir de baseà une abstraction. Les types idéaux de MaxWeber par exemple sont constitués par lescaractères communs à toutes les organisationsbureaucratiques.La distinction entre modèle formel et modèlethéorique n'est pas rigoureuse, dans la mesure oùtout modèle formel entretient nécessairement uncertain rapport avec la réalité, puisqu'il estconstruit afin d'expliquer cette réalité. Àl’inverse tout modèle théorique comporte undegré d'abstraction et de généralisation quil'éloigne de la réalité concrète et le conduit versune certaine formalisation.Les modèles formels sont plus éloignés del'expérience et plus dominés par le raisonnementlogique. Les modèles dits théoriques sontessentiellement basés sur l'expérience, laformalisation étant moins poussée et moinsconventionnelle.

I- Le concept de modèle formel en sciencessocialesA. Rosenbluth et N. Wiener (« The roles ofmodels in sciences in Philosophy of science »,vol 12, janvier 1954, p 317) affirment à la fois lanature symbolique et logique du modèle formelet son homologie avec le système factuel qu'ilreprésente. Donc quels rapports unissent unmodèle formel aux faits qu'il systématise?En fait la systématisation ne peut exister qu'auniveau du modèle sans correspondre à dessystèmes empiriques.Les degrés de formalisation.Pour Ludwig von Bertalanffy, de l'étude dessystèmes généraux, on déduit des principes oudes lois indépendants de leur contenu concret.Certaines lois de la nature peuvent êtredécouvertes non seulement sur une baseexpérimentale, mais aussi par un raisonnementpurement formel.La théorisation consisterait à élaborer unschéma abstrait à partir de systèmes étudiésempiriquement, alors que la formalisationconsisterait à construire un systèmeconventionnel sur une base axiomatique.Comme l'écrit A. March in « La physiquemoderne et ses théories » (1965), la physiquemoderne est incompréhensible à des non-physiciens, non parce qu'elle ne s'embarrasse pasde représentations compréhensibles, mais parceque son étrangeté tient à l'objet même d'unerecherche qui ne supporte pas la représentationconcrète.

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La démarche analogique se borne à figurer, àreprésenter un système par une image tirée d'undomaine différent. C'est une illustration plutôtqu'une explication.La modélisation dans les sciences sociales s'esttoujours fortement appuyée sur des analogiesavec les sciences de la nature.Néanmoins dans une première phase, lessystèmes sociaux, comme les systèmes physico-chimiques et biologiques ont été desconstructions philosophiques fortement teintéesd'idéologie (cosmologie sociopolitique de Platonou d’Aristote ; cosmologie matérielle deDémocrite, fondées sur l'intuition et surl’éthique). Ces théories intègrent des élémentsempiriques, mais ils sont relativement peunombreux, par rapport à l'importance de l’édificeconstruit. Elles reposent sur la conception apriori d'une essence de l'homme et de la société.Par la suite l'on est passé des théories à basephilosophique aux théories à base empirique oùla part des éléments expérimentaux est devenuedominante, même si des éléments idéologiquessont présents pour combler les lacunes deconnaissances empiriques.Les progrès de la physique pendant laRenaissance initie une inspiration mécanique dela société. On cherche à découvrir les leviers decommande qui permettent de contrôler lamachine sociale (exemple : l'analyse deMachiavel).Avec les progrès de la biologie, les organismesvivants vont prendre la place des machinescomme modèles de construction des systèmessociaux, même si l'on trouve déjà cette imagebiologique chez Esope et Aristote.À partir du XVIIIe siècle, ces analogiessommaires vont faire place à des comparaisonsplus poussées. De Spencer à Merton en passantpar Durkheim, les systèmes sociaux vont êtreconstruits sur le modèle des organismes vivants.Les systèmes sociaux apparaissent comme dessystèmes d'interactions. Ce courant reste trèsimportant dans la sociologie moderne.Au XXe siècle, les progrès de la physiquemoderne et des mathématiques sont à l'origined'une nouvelle étape dans la voie de laformalisation, étape au cours de laquelle lesmodèles formels vont tendre à se substituer auxmodèles théoriques.Ce dédoublement axiomatique revient à direqu'il y a coupure entre le rationnel etl'expérimental, le logique et l'intuitif. En d'autrestermes pour chaque science, il y aurait la

possibilité d'une double lecture : abstraite,rationnelle et formelle, ou concrète, empirique etmatérielle.Les sciences sociales, tout en étant moinsavancées que les autres iraient dans la mêmevoie.On peut concevoir une loi d’évolution dessciences selon 4 étapes : descriptive, inductive,déductive, axiomatique.Les limites de la formalisation.L'élaboration de modèles formels de plus enplus sophistiqués ne correspond pas toujoursà un développement parallèle de l'explicationet laisse même souvent de côté les problèmesles plus importants notamment en sociologie.Pour Anatol Rapoport, les phénomènes sociauxne peuvent se ramener à des lois simples commeen physique. Notons simplement les critiques deJacques Attali sur la formalisation en économieet de Vassili Léontieff pour qui l’axiomatisationest de plus en plus éloignée de la réalité et deplus dépendante des progrès autonomes de lathéorie mathématique.La plupart des modèles formels embrassantl'ensemble du système social ne sont pasaxiomatiques, mais analogiques ; ils ne recourentpas aux mathématiques, mais à la figurationgraphique, par exemple l ' inspirationcybernétique d’Easton et de Parsons.Les modèles formels en science politique et plusgénéralement en sociologie sont analogiques :cybernétique, structures des organismes vivants,mécanismes d'échanges économiques.

II- Les modèles partielsCe sont des modèles qui s'appliquent à certainescatégories d'interactions, par opposition auxmodèles généraux qui embrassent l'ensemble desinteractions et constituent des sortes de visionsdu monde sociétal.Exemples de modèles partiels :- Les modèles anthropologiques concernant lesrelations de parenté construits à partir del’analyse structurale (Cf. Levi-Strauss).- Les modèles de coalition de partis (VonNeumann et Morgenstern).- Le modèle de Downs sur la stratégie des partis.- Les modèles des systèmes politiques globaux :D Easton et Karl Deutsch.- Le modèle général de T. Parsons.

Le concept de modèle théorique en sciencessociales.

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Ils sont construits à partir d'une analysecomparative des systèmes politiques ousociaux concrets afin d'en dégager leséléments communs les plus significatifs, lesrelations de ces éléments entre eux et avecl'extérieur, leur genèse historique et leurévolution.Le modèle ainsi construit est d'abord explicatif,en ce sens qu'il rend compte du fonctionnementdes systèmes qui en dérivent d'une façon plusprofonde et plus rigoureuse que l'étude dechacun d'eux pris isolément. Il peut permettreaussi de prédire éventuellement l'évolution de telou tel système concret.Si les modèles théoriques sont construitsd'après les systèmes concrets, ils sontcependant le résultat d'une opérationintellectuelle abstraite qui correspond auconcept de théorie. L'observateur établit unesélection, un ordre, une classification selon uncertain arbitraire. On rejoint ici la notiond'idéaltype de M. Weber, du modèlebureaucratique de M. Crozier, du modèle despartis politiques de M. Duverger, des modèlesdes groupes de pressions construit par JeanMeynaud. Il s'agit de modèles structurels, maison peut aussi construire des modèlesdécisionnels.Comme les modèles formels, les modèlesthéoriques peuvent être construits à tous lesniveaux : socié té g lobale , n iveauxintermédiaires, niveaux restreints d'interaction.Ces modèles théoriques de la société globaleont nécessairement certains aspectsidéologiques. Le choix entre les éléments dessystèmes concrets et les grandes lignes de leuragencement en modèles est largement inspiré parles idées plus ou moins préconçues desobservateurs.Quelques exemples de grands modèlesthéoriques :

• Le modèle marxiste classique.• Les modèles néo marxiens (Gramsci,

Althusser).• Les modèles généraux non marxistes : le

modèle développementaliste.• L'esquisse d'un modèle général de M.

Duverger

En systémique complexe, modéliser, c'estl'action intentionnelle de construire, parcomposition de concepts et de symboles, desmodèles susceptibles de rendre plusintelligible un objet ou un phénomène perçus

complexes et d'amplifier, comme le précise J-L. Le Moigne, le raisonnement de l'acteurprojetant une intervention délibérée au seinde cet objet ou de ce phénomène. Ceraisonnement viserait notamment à anticiperles conséquences des projets d'actionspossibles. La prospective est bien en ce sensune discipline de la complexité.Depuis plusieurs siècles, la science occidentale asouvent privilégié la connaissance desphénomènes naturels dont elle se proposed'établir des modèles. Elle considère cesphénomènes comme compliqués voirehypercompliqués, mais potentiellementdéterminables, ne serait-ce qu'en termes deprobabilité. Elle se propose aussi de lesexpliquer par composition successive d'élémentssimples, totalement décrits et prévisibles. Lesphénomènes seraient donc réductibles à desmodèles éventuellement compliqués, maispotentiellement simplifiables. Par conséquent, ilne pourrait y avoir qu'inadéquation des modèlesdu "compliqué", lorsqu'on veut les utiliser pourrendre compte des phénomènes complexes. Sil'on voulait synthétiser comme le fait Joël deRosnay dans « Le Macroscope », les différencesentre modélisation analytique et modélisationsystémique, on pourrait dire que :

a) la modélisation analytique :- isole les éléments d'un ensemble,- insiste sur leur nature,- joue sur la modification d'une seule variable(les autres étant maintenues constantes),- n'intègre pas la durée et l'irréversibilité desphénomènes,- valide les faits par expérimentation répétitive,- adopte des modèles linéaires et détaillés,- manifeste de l'efficacité lorsque les interactionssont linéaires et faibles,- est plutôt fondée sur un enseignementmonodisciplinaire,- conduit à une action programmée dans sondétail, et enfin- procède d'une connaissance précise des détailset floue des objectifs.

b) la modélisation systémique :- relie les éléments d'un ensemble,- insiste sur leurs relations,- joue sur la modification de plusieurs variables,- intègre la durée et l'irréversibilité desphénomènes,- valide les faits par comparaison dufonctionnement du modèle avec la réalité,

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- adopte des modèles à boucles rétroactives,- manifeste de l'efficacité lorsque les interactionssont non linéaires et fortes,- est plutôt fondée sur un enseignementpluridisciplinaire,- conduit à une action par objectifs,- procède d'une connaissance floue des détails etprécise des objectifs.

Modélisationanalytique

Modélisationsystémique

Objet ProjetÉlément Unité active

Ensemble SystèmeStructure Organisation

Pour autant il ne faudrait pas sous-estimerl'importance de l'expérience accumulée par lesméthodes de modélisation analytique :mathématiques et statistiques de la décision,théorie du contrôle optimal, programmationdynamique, théories des ensembles flous,recherche opérationnelle, cybernétique. Il n'enreste pas moins que ces théorisations et cesméthodes ne conviennent pas aux systèmescomplexes, même si la tentation est grande de seservir d'un outil ou d'une méthode que l'onconnaît et que l'on a expérimentés, à l'image del'ivrogne cherchant sa clef sous le réverbère,dans la mesure où seul cet endroit est éclairé.Entre 1960 et 1980, de nombreux ouvrages ontexposé, sous le nom d'analyse des systèmes, uneméthodologie de la modélisation analytiquedissimulée sous un vocable systémique.Aujourd'hui de nombreux systémiciens pensentque cette analyse ne se prêtait qu'à lamodélisation de systèmes fermés, compliqués,mais pas complexes.Dès 1934 G. Bachelard en appelait à uneépistémologie non cartésienne. L'idéal de lascience contemporaine étant de traiter lacomplexité, il proposait en quelque sorte dechanger de registre :"Il ne s'agit pas de recenser des richesses, maisd'actualiser une méthode d'enrichissement"(Gaston Bachelard, « Le nouvel espritscientifique »).Ce changement de registre ne signifie pasdétruire le registre précédent, mais il s'agit des'efforcer d'utiliser le moins possible lesconcepts caractéristiques de la modélisationanalytique au profit de concepts plus adaptés à lacomplexité.

D'après J-L. Le Moigne (voir « La modélisationdes systèmes complexes »), il faut construire unappareil conceptuel et symbolique qui permetteune représentation sans mutilation a priori desphénomènes complexes. En effet sil'intelligibilité du compliqué se fait parsimplification et donc par mutilation,l'intelligibilité du complexe devrait se faire parmodélisation, car si l'on simplifie un systèmecomplexe, on détruit a priori son intelligibilité.La question est alors de savoir quelle méthodeutiliser pour modéliser la complexité.L'idée d'unité complexe doit lier la penséeanalytique, simplificatrice et réductionniste, àla pensée de la globalité et du complexe. PourE. Morin, si la recherche d'unités élémentairessimples, l'exercice de décomposition d'un objet,d'un phénomène pris comme système, enéléments, demeure une caractéristiquefondamentale de l'esprit scientifique, elle ne doitplus être la seule et ne doit plus avoir selon sapropre expression, le dernier mot.Modéliser un système considéré commecomplexe, c'est à la fois identifier et formulerquelques problèmes sous la forme d'énoncéset chercher à résoudre ces problèmes enraisonnant par simulations. En quelque sorteen faisant fonctionner le modèle problème, ontente de produire des modèles solutions.Le modèle est un système artificiel qui agencedes symboles, symboles qui associés peuventproduire d'autres symboles.Exemple : les symboles associés dans lesécritures idéogrammiques.En général les scientifiques sont accoutumés àquelques grands types de modèles qu'ils fontfonctionner plus ou moins aisément parsimulation, en fonction de leur capacité decomputation, autrement dit de leur capacité àtraiter les symboles en termes d'agrégation,d'association, de construction, d'effacement,d'enregistrement etc…Dans le cadre de la modélisation analytique, onpeut considérer qu'il existe des évidencesobjectives indépendantes de l'observateur,auxquelles on accède par décompositionssuccessives, c'est-à-dire par analyse. Cesévidences stables sont reliées par des relations detype cause à effet, que l'on peut identifier dèslors que l'on a procédé à leur recensementprésupposé exhaustif, en fermant le modèle.Lorsque seule la démarche analytique est connuecomme méthode de modélisation, nous avonstendance à découper les phénomènes mal connus

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en tranches parallèles. Ainsi découper un pouletcomme un saucisson, c'est-à-dire en tranches, nedonne pas une représentation intelligible dupoulet, alors que la méthode est valable pour lesaucisson. (Exemple cité par J-L. Le Moigne).J-L. Le Moigne précise que lorsque l'on doitconvenir :

a) que l'on n'est pas certain de ne pasavoir oublié un élément ou une variableimportante (hypothèse du système fermé)

b) que l'on n'est pas certain que les effetss'expliquent régulièrement par des causesclairement identifiables

c) que les évidences objectives ne sontévidences que dans le cadre d'une idéologiedonnée,…alors, on est en droit de penser que lephénomène à expliquer n'est pas simplementcompliqué, c'est-à-dire réductible à un modèlefermé, mais est de nature complexe. Il faut alorsfaire appel à des modèles ouverts.Par exemple, cela signifierait que modéliser pardes méthodes analytiques des phénomènescomplexes (comme la crise de l'agriculture, ladélinquance juvénile, la dégradation de certainsquartiers urbains, la croissance du chômage, lapollution de l'eau et de l'atmosphère etc…) estvoué à l'échec.Cette modélisation des systèmes complexesprend ses appuis scientifiques au sein desp a r a d i g m e s d e s é p i s t é m o l o g i e sconstructivistes, alors que les sciencesclassiques se réfèrent plus volontiers auxparadigmes des épistémologies positivistes."Rien ne va de soi, rien n'est donné, tout estconstruit” (G. Bachelard, « Le nouvel espritscientifique »).Cela signifie que pour une épistémologiepositiviste, tout est donné par la réalité des objetsétudiés, le positif = le réel. Pour le"constructivisme", la connaissance est construitepar le modélisateur qui en manifeste le projet,dans ses interactions permanentes avec lesphénomènes qu'il perçoit ou qu'il conçoit. Ceprocessus actif de construction de laconnaissance est au coeur du processus demodélisation des phénomènes ou des systèmesperçus complexes.Pour J-L. Le Moigne la modélisation systémiquedoit partir de trois axiomes de logiqueconjonctive :

a) L’axiome d’opérationnalité téléologiqueou de synchronicité.

b) L’axiome d’irréversibilité téléologiqueou de diachronicité,

c) L’axiome d’inséparabilité ou deconjonction ou d’autonomie ou du tiers "inclus".(Voir ouvrage « Théorie du système général,théorie de la modélisation »).Ce systémicien a lancé le concept de systèmegénéral à partir de la conjonction de deuxconcepts supports de procéduresmodélisatrices :

• La procédure cybernétique.• La procédure structuro-fonctionnaliste.

La conjonction systémique sera la conjonctiondes deux conjonctions cybernétique etstructuralisteEn d'autres termes, le modèle du système généralserait la représentation d’un phénomène actifidentifiable par ses projets dans unenvironnement actif, au sein duquel il fonctionneet se transforme téléologiquement.J-L. Le Moigne propose une "complexification"progressive du modèle systémique :

1- Le système est identifiable,2- Le système est actif, il fait,3- Le système est régulé.,4- Le système s’informe sur ses propres

comportements,5- Le système décide de son comportement,6- Le système mémorise les informations,7- Le système coordonne ses décisions

d’action.8- Le système imagine et conçoit de nouvelles

décisions possibles,9- Le système se finalise.

(Voir son ouvrage « La modélisation dessystèmes complexes »)Il insiste sur la projectivité du système demodélisation ; c'est-à-dire sur le fait que lemodèle systémique va être construit non enfonction de la subjectivité de l'observateur oud'une illusoire objectivité, mais en fonction deson projet cognitif.La modélisation systémique caractérise unedes grandes méthodes de modélisationcontemporaine, ("modéliser un phénomèneperçu ou conçu complexe comme et par unsystème en général"). Elle veille d'abord àexpliciter "les points de vue" que se proposel'observateur-concepteur qui la met en oeuvre etensuite à souligner son propre projet, qui est deproposer une des formes de compréhensionintelligible du phénomène sans prétendre"l'expliquer" (cela se passe "comme si", et non"comme cela, et seulement comme cela"). Elle

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est donc explicitement fondée sur deuxhypothèses de base :

- Phénoménologique : elle cherche àrendre compte des fonctions et fonctionnementsdu phénomène (attitude plus proche de celle duphysiologiste plutôt que de celle del'anatomiste).

- Téléologique : elle cherche à expliciterles finalités (qui peuvent être de type causalstrict, le système ayant alors pour fin d'obéir auxlois externes qui le commanderaient!), finalitésqu'elle attribue au phénomène modélisé enveillant à les différencier explicitement desfinalités de l'observateur-concepteur. Elle seradonc plus attentive à la "cohésion" (oucongruence) sémantique qu'à la "cohérence"formelle du système modélisé. (Exempleclassique de la "double négation", le contraire ducontraire d'un énoncé peut n'être pas exactementni uniquement cet énoncé d'origine).

On peut distinguer les modèles descriptifs quicherchent à être la représentation la plus fidèlepossible des éléments, des processus d'unsystème et de leurs relations et les modèlesnormatifs qui cherchent à être la représentationplus ou moins idéale d'un système à élaborer etfaisant apparaître la nature des intrants et desextrants, des structures et des processus internesnécessaires à cet état idéal d'un système. Cemodèle doit être intellectuellement cohérent.En prospective, un scénario peut êtreconsidéré comme un modèle normatif. Parcontre le modèle systémique initial résultantde l'observation des phénomènes et processusd'un système complexe quelconque peut êtreconsidéré comme descriptif.

L. Althusser, J. Attali, L. von Bertalanffy, M.Crozier, K. Deutsch, E. Durkheim, M. Duverger,D. Easton, A. Gramsci, J-L. Le Moigne, V.Léontieff, C. Levi-Strauss, N. Luhmann, R. K.Merton, Von Neumann et Morgenstern, T.Parsons, Anatol Rapoport, A. Rosenbluth et N.Wiener, J. de Rosnay, H. Spencer,Rutherford–Bohr, M. Weber.

124. MODELISATION

(voir article Modèle)

Construction de modèles qui exige lacapacité des ou du modélisateur à se

représenter des éléments, des processus etleurs interrelations par rapports à desobjectifs de connaissance ou d'action.

125. MORPHOGENESE

Du grec morphé forme et genénésis :génération.

Études de toutes les formes sociales commeétant directement issues d'un conflit entre deuxou plusieurs formes qui les engendrent et lesmaintiennent par leurs conflits mêmes. C'estaussi un concept de base de la théorie descatastrophes empruntées aux mathématiques.

En systémique, les processus quiconduisent un système à passer d'une forme àune autre.

E. Morin, R. Thom.

126. MORPHOLOGIE SOCIALE

Du grec morphé : forme et logos : discours.

Étude de la relation entre les conduitessociales et l'environnement physique d'unecommunauté.Tout groupement humain, du plus restreint auplus vaste, de la famille à la nation, est unensemble d'individus qui occupent une certaineplace dans l'espace. Son volume, le nombre et lanature de ses parties, la façon dont elles sontdisposées sur le sol, le rythme de renouvellement(démographie), sont autant de caractères quiconstituent le substrat matériel sur lequel reposela vie du groupe.

Pour un système social, il est intéressantd'observer les interactions entre lescomportements de ses acteurs et l'environnementgéographique, climatique de ce système.En prospective, les scénarios doivent intégrerles influences des environnements sur lesévolutions potentielles des comportements desacteurs animant le système.

E. Durkheim, M. Halbwachs.

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127. MULTISTABILITE

Du latin multus : nombreux et de stabilis, destare : se tenir debout.

Capacité d'un système à se maintenir enétat stable de plusieurs façons, par diversesmodifications des interactions entre ses sous-systèmes.

L. von Bertalanffy.

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NN

128. NEGUENTROPIE

(voir article Entropie)

Néguentropie : littéralement, entropienégative.

Évolution d'un système à base énergétiquedont l'entropie diminue, contrairement audeuxième principe de la thermodynamique, soitpar un apport d'énergie nouvelle, soit par unapport d'énergie organisatrice.

Plus généralement en systémique,tendance d'un système à gagner de l'ordreinterne, en "pompant" de l'énergie, del'information à l'extérieur, en d'autrestermes à lutter contre la tendance"naturelle" de tout système à évoluerspontanément vers l'entropie, vers ledésordre.

K. Bailey, W. Buckley, M. Forsé, J-C.Lugan, E. Morin.

129. NORME

Du latin norma : équerre et par extension :règle.

Règle inconsciente et intériorisée,définissant le comportement socialementacceptable ; manière de faire, d'être ou depenser socialement définie et préconisée. Onpeut distinguer la norme écrite (juridique) et lanorme coutumière (transmise de façon orale).En cas de déviance par rapport à une norme, lesinstances de contrôle du système social peuventprendre des sanctions.Pour Foucault, c'est une mesure servant àapprécier ce qui est conforme à la règle.

Analyser un système social donné, c'estaussi identifier les normes de référence desacteurs afin de comprendre leurs stratégieset leurs actions.

E. Durkheim, M. Foucault, R.K. Merton.

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OO

130. ORDRE / DESORDRE

Du latin ordo, ordinis : rang.

Manière dont les éléments d'un ensemblesont placés les uns par rapport aux autres.En algèbre, relation d'ordre sur un ensemble,relation binaire, réflexive, antisymétrique ettransitive dans cet ensemble.Principe d'ordre : principe qui détermine le rangde chacun des éléments dans une succession(ordre alphabétique, chronologique, ordre dujour).Dans le domaine social, ensemble de règles quigarantissent le fonctionnement d'une société,d'un groupe humain.

Pour E. Morin, l'organisation implique àla fois de l'ordre et du désordre.L'organisation n'est pas l'ordre. L'ordre eststatique, rigide, se maintient invariant tantqu'il n'est pas remis en cause par undésordre. L'organisation est dynamique,souple ; elle n'est jamais achevée. E. Morinécrit :"Le désordre est tout phénomène qui parrapport au système considéré, semble obéir auhasard et non au déterminisme dudit système"(E. Morin, « Le paradigme perdu : La Naturehumaine »).Ainsi pour une machine artificielle, tout ce quiest désordre, bruit, erreur, accroît l'entropie dusystème. À l’inverse, un organisme vivantfonctionne malgré et avec du désordre, du bruit,de l'erreur. Selon E. Morin, ce paradoxes'éclaire, si l'on considère l'organisation dusystème vivant comme un processus d'auto-production permanente, laquelle résorbe,expulse l 'entropie qui se produitcontinuellement à l'intérieur du système etrépond aux atteintes des organisationsextérieures.Pour W. Buckley, c'est la capacité dedéviance qui peut permettre à un systèmesocial de réduire ses tensions, doncd'accroître son ordre (voir plus loin).Dans le droit fil du paradigme entropique,W. Buckley distingue les systèmes enéquilibre clos et entropiques qui ne peuvent

évoluer que par le désordre et les systèmesadaptatifs ouverts et néguentropiques.

Quelles sont les caractéristiques de ces deuxgrandes catégories de systèmes et leursdifférences ?

1/ Les systèmes en équilibre relativementclos et entropiques.En progressant vers l'équilibre, ces systèmesperdent de leur structuration et leur énergiedevient minime. Ils ne sont affectés que par desperturbations extérieures et ne possèdent pas desources de changements endogènes. Lescomposants de ces systèmes sont relativementsimples et liés entre eux directement, plus parl'échange d'énergie que par l'échanged'informations. La caractéristique de telssystèmes est de fonctionner pour maintenir leurstructure initiale à l'intérieur de limitespréétablies. Cette caractéristique impliquel'existence de boucles de rétroaction avecl'environnement et éventuellement des échangesd'informations, de même que des échangesd'énergie. Ces échanges se rattachent beaucoupplus à l'autorégulation, c'est-à-dire au maintiende la structure qu'à son changement. C'estnotamment le cas des systèmes mécaniquesfonctionnant à partir de sources énergétiquesdiverses.Des systèmes intermédiaires existent, parexemple les systèmes homéostatiques commeles systèmes vivants qui sont à la fois ouverts etnéguentropiques et conservent un niveaud'énergie modéré. Plus exactement dans cessystèmes vivants les phénomènes dedésorganisation suivent leur cours (entropie) ;mais de façon simultanée se produisent enprincipe des phénomènes de réorganisation(néguentropie). Ici entropie et néguentropie sontinséparables.

2/ Les systèmes complexes adaptatifs.Ce sont les espèces vivantes, les systèmespsychologiques ou socioculturels. Ils sontouverts et néguentropiques, mais ils sontouverts aussi bien sur l'intérieur que surl'extérieur, dans la mesure où les échanges entrecomposants peuvent entraîner des modificationssignificatives des composants eux-mêmes.Pour W. Buckley la société, et au-delà touteorganisation sociale, sont des complexes

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adaptatifs. Ces systèmes sociaux sont situésdans un environnement à la fois diversifié etcontraignant :"Quand l'organisation interne d'un systèmeadaptatif acquiert les caractéristiques qui luipermettent de discerner les divers aspects de lavariété et des contraintes environnementales,d'agir en fonction de et en réponse à ces aspectset contraintes, nous pouvons dire alors, engénéral, que le système a transformé une partiede la variété et des contraintesenvironnementales et l'a intégrée à sonorganisation sous forme structurelle ouinformelle." (Walter Buckley, « Sociology andmodern system theory »).Ainsi l'évolution d'un système social commencepar un processus de transformation réussie de lavariété environnementale et de ses contraintesdans sa propre organisation. Afin de réussir ceprocessus de transformation, le système socialdoit être doté d'une certaine plasticité, d'unecertaine irr i tabil i té par rapport àl'environnement, d'un ensemble de critères et demécanismes sélectifs, d'un dispositif pourpréserver et propager les transformationsréussies.Dans les systèmes adaptatifs biologiques oupsychologiques, les liaisons environnement-système, s'effectuent respectivement par lecodage génétique (inné) et par l'apprentissage(acquis).Dans les systèmes adaptatifs socioculturelsfondés sur des symbolisations, on observe d'unepart des processus analogues de codage, desélection et de conservation des transformationsacquises, d'autre part des contraintes qui semanifestent par des comportementssymboliques des individus et des groupessociaux. Ces processus aboutissent à la cultureet à l'organisation sociale. Néanmoins lessystèmes socioculturels manifestent unecertaine spécificité par rapport aux autressystèmes adaptatifs par le fait que, dans cessystèmes, le champ des transformationspossibles s'élargit, l'information génétique ayantun rôle décroissant et les éléments culturels unrôle croissant. De plus les rôles destransformations internes, c'est-à-dire deséchanges entre les éléments des systèmessocioculturels, croissent par rapport à ceux destransformations externes ou environnementales,d'où l'apparition de nouvelles caractéristiquescomme le développement de la symbolisation etde la conscience de soi-même.

De ces nouvelles caractéristiques, émerge unecertaine capacité à traiter les problèmes présentsen fonction des processus de transformationpassés et futurs, mais également la capacité defixer des objectifs et de se référer à des normes.Selon W. Buckley, apparaissent aussi desrétroactions d'ordre supérieur, parce que lessystèmes évoluent non seulement en fonction deleurs propres états internes, mais aussi enfonction des contraintes de leur environnement.Selon W. Buckley, les principesfondamentaux de fonctionnement et dedysfonctionnement d'un système socialtiennent au niveau de tension interne et à sacapacité de déviance.La tension est toujours présente dans lessystèmes socioculturels, sous la forme d'efforts,de frustrations, de déviations, d'agressions, deconflits, de créativité, etc... Ces tensionsnaissent d'une sorte d'écart entre les aspirationsdes groupes d'individus et les moyensdisponibles pour satisfaire ces aspirations. Larecherche de la réduction de ces tensions par lesacteurs conduit aux changements structurels etde ce fait, les notions d'équilibre, d'homéostasie,sont inadaptées aux systèmes sociaux. W.Buckley se rapproche ici très nettement duparadigme entropique.La capacité de déviance constitue une autrecaractéristique des systèmes socioculturels quipeut les amener à transgresser, dans une plus oumoins large mesure, ces impératifs fonctionnels.La déviance positive montre la capacité dusystème social à manifester une certaineflexibilité, à inventer des alternatives, à varier,afin de mieux répondre aux stimulations del'environnement. La déviance négative est lacrispation de la société sur des ensembles decontraintes et de variétés passées. Ce type dedéviance ne peut que freiner l'adaptation dusystème social aux nouvelles conditionsexternes et, à la limite mettre, son existence endanger. Dans nos sociétés, pour qualifier cetype de déviance, on utilise communémentl'expression d'attitudes "passéistes". Doncdéviance et variété sont nécessaires à l'évolutionnormale d'un système, à son gain d'ordre, maiselles supposent en contrepartie l'existence demécanismes de sélection visant à préserver demanière plus ou moins permanente une partiede la diversité du système social à la suite de sesadaptations aux systèmes environnants.Ces mécanismes de sélection sont :

- La concurrence économique.

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- Le jeu du pouvoir, de l'autorité et tous lesconflits qui s'ensuivent.

- Les comportements collectifs divers.Ces mécanismes de sélection au plan d'unsystème social seraient l'équivalent de lasélection naturelle au niveau biologique et de lasélection par essais et par erreurs au niveaupsychologique.

L. Brillouin, W. Buckley, J-P. Dupuy, M.Forsé, E. Morin.

131. ORGANISATION

Du grec organ : instrument.

Action d'organiser et de s'organiser ; et lerésultat de cette actionLa définition des dictionnaires rappelle en peude mots la richesse et l'intelligible complexitéde ce concept formé par la médecine du XVesiècle pour rendre compte de l'activitémultiforme de ce "système d'organes" qu'est unsystème vivant. Depuis, le mot s'est déployédans toutes les disciplines, se stabilisant parfoispour ne désigner que "la chose organisée" (lastructure, ou l'ensemble structuré d'une machineou d'une institution sociale). Mais il apparaissaitvite que l'organisé, s'il se "désorganisait"souvent lorsqu'on n'y prenait pas garde, étaitaussi "organisant" et même "s'organisant".L'idée d'auto-organisation était déjà dans lespremiers usages du mot, en particulier au débutdu XIXe siècle, avant que les théories de"l'organisation dite scientifique du travail"(OST) ne semblent la pétrifier au début du XXe.L'essor de la cybernétique, puis de lasystémique allait redonner à l'usage du conceptd'organisation la vigueur et la complexité qu'onlui connaît aujourd'hui.

La définition synthétique la plus complètedont nous disposions aujourd'hui estformulée par E. Morin dans « LaMéthode » : propriété d'un système capableà la fois de maintenir et de se maintenir, derelier et de se relier, ainsi que de produire etde se produire. Définition fonctionnelle etsystémique, qui permet d'échapper auxdescriptions de la "structure" présuméeinvariante et quasi indépendante de l'activité dusystème, que privilégiaient les définitionsanalytiques ou anatomiques classiques. Cette

définition incite à considérer les structures dansleur genèse permanente ainsi qu'y invitait J.Piaget ; elle permet aussi de rendre compte de ladualité de cette "génétique organisationnelle" :l 'o rganisa t ion es t conjonct ion de"différenciation" (en composants fonctionnelsspécifiques) et de "coordination" (oud'intégration"), construisant son "identité-intégrité" dans cette conjonction.L'organisation est une forme organisée del'action suffisamment stable pour être perçuedans l'exercice de cette action et susceptibled ' ê t r e p r o d u c t r i c e d ' e l l e - m ê m e .L'organisation est organisée et organisante,s'organisant elle-même en organisant sonaction dans son environnement, tout en étantinséparable de cet environnement danslequel elle agit, auquel elle appartient et enmême temps susceptible d'en être distinguée,différenciée, reconnue par l'acte deperception du modélisateur. Le modélisateurpeut être le système-organisation lui-même,s'auto-identifiant et s'auto-connaissant ; ilpeut être un processus d'auto-organisation etse définir de façon auto-référentielle (Voir« la Méthode », E. Morin). Dépendante etsolidaire de ses environnements qu'elle relie,qu'elle produit, qu'elle maintient, elle s'endifférencie par autonomisation ens'organisant elle même, se produisant, sereliant, se maintenant, se régulant.D'autre part l'organisation étant un processus,elle ne peut s'entendre que dans le temps, letemps irréversible de l'action. C'est en celaqu'elle se distingue de la structure comprisecomme charpente, squelette relativementstable.

M. Crozier, J-P. Dupuy, E. Friedberg, E.Morin, J. Piaget.

132. OUTPUT

(Voir article Extrant.)

133. OUVERTURE / FERMETURE(d'un système)

(Voir article Système compliqué,Système complexe).

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134. PARADIGME

Du grec paradeigma : exemple.

En grammaire, modèle, exemple type. Ainsien français, le verbe aimer est le paradigme desverbes du premier groupe.Dans le domaine scientifique, ce terme prend dessignifications sensiblement différentes selon lesauteurs.Le premier sens, le plus répandu : un modede conceptualisation capable de faire l'objet, àun moment donné dans une communautéscientifique, d'un consensus. Il va donc êtreun ensemble structuré de théories, de savoir-faire, acceptés par cette communautéscientifique et ainsi former un cadreconceptuel global qui oriente des rechercheset des constructions théoriques. C'est le sensdonné par T. Kuhn.Exemples en sciences sociales, paradigmesfonctionnaliste, structuro-fonctionnaliste,actionnaliste, agonistique etc…On peut distinguer les paradigmes analogiques(organicistes), les paradigmes explicatifs(structuro-fonctionnalistes), les paradigmes quis'appuient sur des postulats (sociologiepositiviste de Durkheim).Ces paradigmes sont plus ou moins isolés les unsdes autres, mais une théorie ou une métathéoriepeut très bien faire appel à des élémentsparadigmatiques différents.Pour E. Morin, un paradigme est un type derelations logiques (inclusion, conjonction,disjonction, exclusion) entre un certainnombre de notions et de catégories maîtresses.Un paradigme privilégie certaines relationslogiques au détriment d'autres et c'est pour celaqu'un paradigme contrôle la logique du discours.La notion de paradigme a légitimé une visionrelativiste de la science.La notion de paradigme est également utiliséepour l'analyse du fonctionnement dess c i e n c e s . Ce sont des types idéaux. Onconsidère qu'un paradigme est constitué detrois éléments : une communauté scientifique,une conception du domaine d'investigation,des habitudes dans la solution des problèmesdans un domaine (habitus, pratiques).

On peut aussi considérer qu'il s'agit d'unereprésentation sociale afin d'analyser lesinstitutions dans la mesure où on retrouve danstoute institution : valeurs, connaissances,pratiques.

La démarche systémique peut êtreconsidérée comme un paradigme, reconnucomme pertinent par un ensemble descientifiques, et à l'inverse critiqué pard'autres.

T. Kuhn, E. Morin.

135. PARADOXE

Du grec paradoxos, de para : à côté et dedoxa : opinion, contraire à l'opinion commune.

Proposition qui énonce une totalité danslaquelle elle est incluse. Exemples : le paradoxecrétois (Un crétois dit que tous les crétois sontdes menteurs…), "la validité des mathématiquesne peut se prouver puisqu'elle fait appel auxmathématiques".Un paradoxe surgit chaque fois que celui quiparle de quelque chose est lui-même cette choseou que cet acteur est son propre champ d'action.On distingue toutefois trois sortes de paradoxes :

1. Les paradoxes qui révèlent unecontradiction dans la texture même du monde(paradoxes physiques, par exemple la mécaniquequantique et la théorie de la relativité ontengendré de nombreux paradoxes) ;

2. les paradoxes qui viennent d'erreurs deraisonnement (sophismes) ;

3. les paradoxes qui bien que reposant surune réalité cohérente et un discours rigoureuxprésentent une conclusion impossible à tirer(dilemmes logiques ou apories, voir théoriesfonctionnalistes et théories agonistiques).

L'explication du système social fait partie dusystème à expliquer.Y. Barel a en particulier relié paradoxe etsystème :"Un système est et n'est pas un système : il estet n'est pas systématique. Il reste peut êtresystémique, mais à la condition de bien voir lanovation complète effectuée par l'idée de

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système : un système qui se connaît et se vitaussi comme un non-système est unphénomène paradoxal… ce que je propose estun nouveau point de vue, une nouvelle manièrede regarder un système social : non pas commeune machine logique expulsant hors d'ellemême ce qui la contredit, mais comme unemachine paradoxale, le paradoxe naissant deson vice logique inéliminable : la tâched'imposer sa logique à son fondement, qui horsde toute logique. Un système social est commeun raisonnement ou une théorie quichercherait à "démontrer" ses postulats ou sesaxiomes, une théorie qui se voudraitmétathéorie" (« Le paradoxe et le système »).

Y. Barel, K. Gödel, E. Morin.

136. PERFORMANCE

Mot anglais, provenant de l'ancien françaisparformer : accomplir.

Ce sont les résultats obtenus par unsystème quel qu'il soit, en fonction desobjectifs qui lui ont été initialement fixés ouqu'il s'est fixé lui-même.La performance d'un système mécanique(système compliqué) par exemple est assez aiséeà évaluer. Il n'en va pas de même pour unsystème complexe : une organisation, unsystème social macro, méso ou micro, et celapour de multiples raisons : manque de définitionclaire des objectifs, voire conflits sur cesdéfinitions même des objectifs par des groupessociaux rivaux. L'identification des objectifs, sicela est possible, est une condition préalable del'appréciation de la performance d'un systèmesocial. Entre en jeu l'identification de l'échelledes valeurs et des idéologies de référence de cesystème.

137. PERMEABILITE

Du latin permeare : passer au travers.

Caractéristique d'un ensemble qui se laissetraverser par un corps étranger (liquide, gaz etc).En biologie, on parle de la perméabilité sélectivequi est la propriété des membranes biologiquesde ne laisser passer que certaines substances.

Un système, notamment complexe, seranécessairement ouvert aux flux, auxinfluences extérieures. Le problème étantpour le système de maintenir cetteperméabilité dans certaines limites afin de nepas perdre son identité systémique, autrementdit de ne pas disparaître comme système.

E. Morin et voir article Système ouvert,système fermé.

138. PHENOMENE

Du grec phainoménia : apparences,phénomènes célestes.

Au sens commun : événement surprenant,une survenance d'événements d'une catégoriedonnéeFaits, événements, phénomènes sont des notionsconnexes.En philosophie, ce qui apparaît à la conscience,le donné immédiat de l'expérience, perceptionreprésentant l'unité de la chose et de lareprésentationEn phénoménologie, le phénomène estl'apparition originaire de la chose même.En science, c'est un fait constaté pouvantdevenir matière à recherche scientifique, uneréalité susceptible d'être observée, mesurée,expérimentée.

Un système peut être observé comme unphénomène, mais son contenu est un ensemblede phénomènes plus ou moins observables etmesurables

G. Bachelard, F. Hegel, E. Kant, E. Morin.

139. PLANIFICATION

Du latin planum : plan de surface unie, sansaspérité, par extension action de rendre leschoses claires dans l'espace ou le temps (enanglais : strategic planning).

La planification : processus qui fixe pourune organisation quelconque, après étude etréflexion prospective, les objectifs à atteindre,les moyens nécessaires à mettre en œuvre, lesétapes de réalisation et les méthodes de suivide ces dernières.

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140. PLURIDISCIPLINARITE,INTERDISCIPLINARITE,TRANSDISCIPLINARITE

Pluridisciplinarité

Du latin pluralis : composé de plusieurs,pluriel.

La pluridisciplinarité implique seulement lacollaboration de plusieurs disciplines dansl'étude d'un phénomène déterminé. En d'autrestermes la pluridisciplinarité apporte deséclairages différents et juxtaposés.

Interdisciplinarité

Du latin inter : entre et disciplina : ensemblede règles, d'obligations qui régissent certainesorganisations.

Elle concerne l'étude d'un objet par plusieursdisciplines à la fois, mais en outre elle établit desrelations entre diverses sciences ou disciplines etconcerne le transfert des méthodes d'unediscipline à l'autre.

Transdisciplinarité

Du latin trans : au-delà et disciplina :ensemble de règles.Elle est un dépassement des "enfermements"disciplinaires.

La transdisciplinarité permet à la fois deconcevoir l'unité de la science et ladifférenciation des sciences selon la nature deleurs objets et selon les types et les complexitésdes phénomènes.Pour B. Nicolescu : "la transdisciplinarité peutêtre définie, ainsi que le préfixe "trans"l'indique, comme ce qui est à la fois entre lesdisciplines, à travers les différentes disciplines etau-delà de toute discipline. Et elle a commefinalité la compréhension du monde présent,dont un des impératifs est l'unité de laconnaissance ." (« La transdisciplinarité,Manifeste », Ed. Du Rocher, 1996).Edgar Morin, critiquant le cloisonnement dessciences lié au positivisme, appelle à latransdisciplinarité qui doit être, selon ses proprestermes, disciplinaire et qui permettra deréarticuler, de conjoindre les diverses disciplines

scientifiques enfermées dans leur cécité et leurarrogance.

La démarche systémique est par essenceinterdisciplinaire, dans la mesure où ce sontles interactions, les interrelations, entre lepolitique, l'économique, le culturel, le social,l'environnemental qui sont au centre de laproblématique. Elle ne peut être dans unpremier temps (voir article système)qu'interdisciplinaire de façon à dépasser lasectorisation mutilante de la réalité et tendreensuite vers la transdisciplinarité.La réciprocité de perspective interdisciplinaireest une préoccupation centrale de T. Parsonsdans la construction de son modèle systémique(voir plus loin article système). La théorie dessystèmes peut aider à progresser sur la voie de latransdisciplinarité. Il s'agit en quelque sorte deréparer "les dégâts" des méthodes exagérémentdisjonctives.

E. Morin, B. Nicolescu.

141. POLITIQUE (sous-système)

Du grec politikos, issu de polis : ville.

Le sous-système institutionnel etdécisionnel est en principe l'ensemble desinstances d'une collectivité dont la fonctionconsiste à prendre les décisions intéressant latotalité de cette collectivité et engageant sonavenir.Système d'action dont l'enjeu est le pouvoir qui,comme idéal-type, s'oppose à l'économique et ausocial.Le système politique est une médiation entre lesystème social et l'histoire d'une société, d'unecollectivité. Ses dimensions sont la mobilisation,l'expression de la volonté d'un développementcollectif, le progrès, la démocratie. Le politiquedoit proposer des projets à la société.Ces instances politiques sont animées par desacteurs qui doivent analyser les demandes enprovenance des autres sous-systèmes internes etdes systèmes externes (économiques,professionnels).

D. Easton, T. Parsons et divers ouvrages descience politique et/ou de sociologie politique.

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142. POUVOIR

Du latin posse : pouvoir, être capable de.

Ensemble de relations dynamiques entreindividus ou bien groupes mettant en œuvredes stratégies, mobilisant des ressources(ressources humaines , f inancières ,informatives), négociant et concluant desalliances pour la réalisation d'objectifs.

Dans un système, le pouvoir peut être fondésur quatre éléments : la force, le pouvoir légalbasé sur des règles de droit, le pouvoirtraditionnel qui repose sur la coutume, lepouvoir charismatique qui tire sa force d'uneautorité personnelle.Dans un système social, les lieux d'exercice dupouvoir, les acteurs exerçant le pouvoir et lesformes de pouvoir doivent être identifiés,repérés pour comprendre au moins une partiedes processus de décision influençantl'évolution de ce système.En prospective, il en va de même : identifierles variables stratégiques caractéristiquesd'un scénario implique d'identifier si possibleles acteurs ou groupes d'acteurs capables depeser sur ces variables stratégiques.

T. Parsons, M. Crozier, E. Friedberg et diversouvrages de science politique.

143. PRAXEOLOGIE

Du grec praxis : action et logos : discours.

La praxéologie est la théorie générale despratiques de l'action. Elle se présente commeune science axiomatico-déductive, c'est-à-direqu'en économie ou dans le domaine de la viesociale, la théorie se déduit du fait que l'individune peut pas faire autrement que de faire deschoix, ce qui distingue radicalement les sciencessociales des sciences de la nature.En sociologie, on parle de techniquespraxéologiques, c'est-à-dire de méthodes parlesquelles les sociologues tentent de concevoirleur propre démarche comme partie intégrante deleurs observations pour mieux en contrôler leseffets. Ils sélectionnent les informations, les faitspertinents dans leur théorie en fonction deshypothèses de travail.

Le systémicien va procéder de même enfonction de ses options d'entrée dans le système :diverses entrées cognitives, diverses entréesdécisionnelles.La démarche prospective peut entraîner unenouvelle praxéologie politique, en initiant uneréflexion sur l'avenir, réflexion associant lesdécideurs politiques, mais aussi les diversacteurs des sphères privées et associatives.Des systémiciens comme J-L. Le Moigne et desprospectivistes comme P. Gonod sont d'avis qu'ilfaudrait chercher à articuler systémique, théoriessociales et prospective et engendrer ainsi dessynergies entre elles. Cette dialectique complexepourrait ainsi ouvrir la voie à ces nouvellespraxéologies politiques et favoriser lacompréhension des interventions complexes surla complexité.

P. Gonod, L. von Mises (économisteinventeur du terme), J-L. Le Moigne et diversouvrages d'épistémologie.

144. PREVISION

Du latin videre : voir et prae : d'avance (enanglais forecasting).

La Prévision : mettre en évidence certainesrelations entre les événements à partirdesquels il est possible de calculer le degré deprobabilité des différentes évolutionspossibles de ces événements.

145. PRO-ACTION

Du latin pro pour, en faveur de, et de actio :action.

D'une manière générale, mécanismeconsistant pour un ensemble doté d'unecertaine autonomie d'action à influencer etfaire réagir son environnement dans un sensfavorable à ses propres objectifs. C'estl'inverse de la rétroactivité.

Trois grandes types d’attitude et d’actionpossibles pour un système par rapport à sesenvironnements :Passivité : le système subit leurs contraintes, ilest donc menacé.

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Réactivité : le système cherche à s'adapter à sesenvironnements, notamment par l'analyse deseffets de ses actions sur ces environnements eten les ajustant au mieux (rétroactivité).Pro-activité : le système anticipe les effets deses extrants sur ses environnements et parconséquent sur le système lui-même.En systémique, la pro-activité peut êtreconsidérée comme un ensemble de processusconsistant pour un élément ou un acteur ouun sous-système à influencer et à faire réagirses environnements de façon favorable auxobjectifs qu'il poursuit.Piaget appelait aussi la proactivité le « feed-forward ».En prospective dans l'élaboration desscénarios relatifs à un système complexe, lespotentiels de pro-activité constituent desidentifications majeures.

M. Godet, P. Gonod.

146. PROBLEMATIQUE

Du bas latin problematicus : constituant unproblème insoluble.

Art de bien poser un problème ou unensemble de problèmes plus ou moins liésentre eux.Ensemble des problèmes qui se posent àpropos d'un sujet donné.

En systémique et en conséquence enprospective, il n'est pas possible de prétendretraiter de manière exhaustive l'ensemble desproblèmes d'un ensemble social, culturel,économique etc… (principe d'incomplétude).Il faut déterminer, choisir, construire, uncertain nombre de problèmes et les organiserdans une problématique.

147. PROBLEME

Du grec problêma : ce qui est proposé, ce quel'on a devant soi.

Un problème est une question ou plusieursquestions à résoudre de manière rationnellepar la déduction et l'observation.Le problème est plus élaboré que la question,c'est-à-dire qu'en le posant, on détermine ce que

l'on cherche comme susceptible de recevoir unesolution.Le problème d'autre part s'inscrit dans un largecontexte.

148. PROCESSUS

Du latin processus : progrès.

Suite continue et ordonnée de faits oud'opérations présentant une certaine unité ou sereproduisant avec une certaine régularité.Suite continue d'opérations constituant lamanière de fabriquer, de faire quelque chose :processus de fabrication. Séquence dephénomènes dynamiques (mouvements,réactions chimiques, activités cellulaires,opéra t ions techniques , ac t ions oucomportements, interactions humaines) menant àdes résultats déterminables.

En analyse des systèmes : tout changementdans le temps de matière, d'énergie oud'information qui se produit dans le système,traitant ces variables d'entrée et les menantaux variables de sortie (voir J-W. Lapierre,« L'analyse de systèmes »).J-L. Le Moigne (voir l'ouvrage « L amodélisation des systèmes complexes ») a uneapproche plus "technique", puisqu'il définit unprocessus par son exercice et son résultat. Il y aselon lui processus lorsque se produit dans untemps donné, la modification de la positiondans un référentiel espace-forme d'un produitou d'une collection de produits quelconquesidentifiables par leur morphologie. Unprocessus est donc à priori un complexed'actions multiples et enchevêtrées que l'onperçoit par l'action résultante. On peut doncreprésenter un processus ou complexe d'actions,par l'articulation ou la composition de troisfonctions fondamentales :

- La fonction de transfert temporel :stockage, mémorisation.

- Les fonctions de transformationmorphologique : traitement, computation.

- Les fonctions de transfert spatial :transport, transmission.Ces fonctions s'exercent sur une collection deproduits quelconques identifiables par leursformes (objets physiques, conceptuels ousymboliques).

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Un processus à la différence des notionsd'évolution ou de progrès n'implique pas deréférence à des valeurs ou à des normes.Autre définition large et simple que nousproposons : "un processus serait une suitecontinue et ordonnée de faits, d’opérationsprésentant une certaine cohérence, unité, et sereproduisant avec une certaine régularité,donc un complexe d’actions multiples etinterrelationnées que l’on perçoit par l’actionrésultante réelle ou projetée dans le futur".En prospective, il est important dedistinguer : les processus endogènes etexogènes, les processus non intentionnels,c'est-à-dire non voulus qu'ils soient favorablesou défavorables à tel ou tel scénario et surlesquels les acteurs du système peuvent plusou moins exercer une influence et lesprocessus intentionnels positifs ou négatifspar rapport aux options du système, mais quirelèvent d'une volonté d'acteurs.

P. Gonod, J-W. Lapierre, J-L. Le Moigne.

149. PROGRAMMATION

Du latin pro : devant et du grec graphein :écrire.

La programmation établit à l’avance une suited’opérations, les phases d’un projet etc…

L’une des caractéristiques des systèmescompliqués est d’être déterminés, doncprogrammables ; alors que les systèmescomplexes, même s’ils sont composés enpartie de sous-systèmes compliqués, sontcaractérisés essentiellement par de l’aléatoire,de l’incertain, du chaotique, donc ne sont pastotalement programmables.

J-W. Lapierre, J-L. Le Moigne

150. PROJET / PROJECTIVITE

Du latin projectio : projection et projicere :projeter.Ce que l'on se propose d'accomplir et que l'onrelie à un but, à un objectif.Avoir un projet c'est l'idée d'actions futures, ceque l'on a l'intention de faire (projet de loi, projetarchitectural, projet d'établissement).

Dans l'étude des systèmes sociaux, il estfondamental d'identifier les projets des acteurs,décideurs publics et privés. Cette identificationest aussi un moyen de saisir indirectement leursstratégies, leurs logiques.La modélisation systémique postule que l'actionde modéliser n'est pas neutre et que lareprésentation du phénomène n'est pasdisjoignable de l'action et du projet dumodélisateur.Pour J-L. Le Moigne l'idéal de lamodélisation ne sera plus l'objectivité dumodèle, comme dans la modélisationanalytique, mais la projectivité du système demodélisation. La projectivité étant la capacitédu modélisateur à expliciter ses projets demodélisation, c'est-à-dire les finalités qu'ilpropose au modèle d'un système complexe qu'ilperçoit à priori comme finalisé et finalisant (J-L.Le Moigne, « La modélisation des systèmescomplexes »).En prospective le repérage des projets permetnotamment de construire des scénariostendanciels.

M. Godet, P. Gonod, H. de Jouvenel, J-L. leMoigne, G. Loinger.

151. PROSPECTIVE

Du latin prospectivus : permettant de voirloin (en anglais : Foresight, Futures Studies).

Terme introduit par Gaston Berger (1896-1960) pour désigner l'ensemble desrecherches ayant pour objet la constructionde scénarios possibles pour l'avenir.Quelle que soit la pertinence d’un travail deprécision, celui-ci ne couvre jamais l’ensembledes futurs possibles.L’avenir est un champ ouvert qu’il est possiblede cultiver. Selon Jacques Lesourne, l'avenirapparaît être à la fois le fruit du hasard, de lanécessité, mais aussi de la volonté.L’analyse historique est importante. Elle permetun regard différent sur le présent et constitue unpoint d’appui pour envisager le futur.La Prospective est une mise en mouvementintellectuelle et politique, un regard.La Prospective est une discipline des scienceshumaines qui s’appuie sur les fondements del’économie, de la sociologie, et de la sciencepolitique pour maîtriser les dynamiques

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(tendances, évolutions) et les changements quien découlent (impacts structurels).(Voir Fabienne Goux-Baudiment, « Donner dufutur aux territoires », Guide de prospectiveterritoriale des acteurs locaux, Certu, Lyon,2000).Normative, elle est un outil d’intelligencecollective.Elle permet de définir une vision du futur. Cettevision engendre des objectifs à atteindre pourune organisation donnée : entreprise, Etat oucollectivité territoriale. Elle peut se décliner enprojet d’entreprise ou de territoire, matérialisépar des politiques bien définies.La Prospective peut faire l’objet d’étudesfondées sur des réflexions exploratoires ou desexercices selon une pluralité de modalités pourcréer une intelligence collective. Critique, elleexige un esprit non-conformiste en quête desolutions alternatives.La Prospective est une démarche rigoureuse,transdisciplinaire et en réseau. La Prospectiveprédispose à la pro-activité (voir article pro-activité). Tout comme l’Histoire, la Prospectivepermet de porter un regard enrichi sur le présent.Trois dimensions majeures de la Prospectivecontribuent à mieux éclairer les enjeux cruciauxdu devenir :

• Sa vision sociétale de la réalité• Sa maîtrise de la dimension du temps• Sa globalité dans l’examen des mutations

économiques, sociales, politiques et culturelleset leurs répercussions dans l’espace.Par l’identification de scénarios et de logiquesd'intervention, la Prospective permet d’introduiredans le débat public une logique depréméditation plutôt que de remédiation.Une réflexion prospective commune ouvre unenouvelle dimension à l’autonomie des acteursqui y participent, donc à l’efficacité collectived ’une collectivité.

En résumé les fonctions de la Prospectivesont :

1) Identifier des tendances lourdes,ressources, contraintes, marges de jeu possiblesd'un système donné.

2) Définir des évolutions potentielles,imaginer l'éventail des futurs choix possibles envue d'adaptations du système considéré à cesenvironnements.

3) Désigner les objectifs à viser par rapportaux évolutions souhaitées.

4) Penser le temps long pour agir avec plusd'efficacité sur les mécanismes de la prise dedécision à courte échéance. La Prospectivepermet d’élaborer des stratégies cohérentes etd’améliorer la qualité des décisions à prendre.

5) Se préparer aux choses improbables. Si levent est favorable, tout le monde ou presque peutpratiquer la voile. Si la tempête se lève, seuls lesmarins préparés pourront l’affronter.

6) Un moyen de connecter penseurs etdécideurs. Les penseurs ne peuvent agir ; lesdécideurs n’ont plus le temps de penser.

7) La Prospective permet aux décideursd’affiner leur projet (projet = pro-jacio : je jettedans le temps, je projette une image, un étatsouhaitable).

8) Rechercher une méthodologie rationnelle,scientifique à la préparation des stratégies enavenir incertain.

9) Nous acculturer au futur. Imaginer le futurnous habitue à penser le futur. Dépasser noscraintes sur le futur donc le penser comme unespace ouvert à l’action, un espace de liberté.

10) Modifier le temps de la décisionpolitique. À l’heure du développement durable,la décision ou la non-décision politiqued’aujourd’hui engage une responsabilité et uneprécaution par rapport au temps long à la foisrelativement au bien être et au droit desgénérations futures et aux capacités decompétitions des territoires. Donc permettrel'émergence d'une nouvelle culture du tempspolitique.

11) Mettre en évidence : risques, inerties,ruptures possibles dangers, phénomènes enémergence, opportunités d'action, logiquesd'acteurs, bifurcations des variables (acteurs etfacteurs) des environnements.Démarche systémique et prospective sontétroitement mêlées. La démarche systémiquefourni t la matr ice inte l lectue l leinterdisciplinaire indispensable à laprospective.

M. Godet, P. Gonod, H. de Jouvenel, G.Loinger.

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RR

152. RATIONALITE

Du latin rationalis : fondé sur la raison.

Caractère de ce qui est fondé sur la raisondans l'ordre de la connaissance. Apparaîtrationnel ce qui est ou paraît nécessaire,logique, démontrable, voire universellementacceptable. Système rationnel = système depensée fondé sur la raison.

153. REACTIVITE

Du latin reagere : pousser de.

Aptitude à réagir notamment de la part d'uncorps chimique, d'un organisme vivant, d'unsystème social à des stimuli d'origine exogène.

Pour un système, la réactivité auxchangements qui se produisent dans sesenvironnements est une condition de sonadaptation et par là de sa pérennisation, desa survie dans le temps.Une notion qui complète la notion de réactivitéest la notion de temps de réaction ou inertie quisépare le moment d'une sollicitation ou d'unstimulus en provenance de l'environnement et lemoment de la réponse à ce stimulus.

L. von Bertanffy, N. Wiener

154. RECALCITRANCE

Du latin recalcitrare : regimber, faireopposition.

Dans un système social, désigne le refusdes individus d’être considérés comme desimples instruments mis au serviced’objectifs définis en dehors d’eux.

M. Crozier, E. Friedberg, P. Selznick.

155. RECURSIVITE

(voir article Rétroaction)

Du latin reccurere : revenir en arrière.

La récursivité caractérise ce qui estsusceptible d'être indéfiniment réappliqué auxrésultats de sa propre application.Produit et cause sont dits récursifs lorsqu'ilssont en même temps cause et producteur dece qui les produit.

La récursivité est une propriété essentielledes systèmes complexes.L'idée de récursivité est donc une idée enrupture avec l'idée linéaire de cause à effet, deproduit-producteur. Il s'agit d'un cycle auto-constitutif, auto-producteur, auto-organisateur.Par exemple une entreprise économique, unsystème politique local, en tant qu'ensemblesd'acteurs agissant, sont en même tempsproducteur et produit.

J-L. Le Moigne, E. Morin.

156. REDONDANCEINTERACTIONNELLE

Du latin redundare : regorger, de unda onde.Synonymes : reproductions, réitération.

Augmentation de la longueur d'unmessage par introduction de symbolessupplémentaires avec pour objectif lavérification.

Répétition d'un même type d'interactionentre des systèmes. Cette répétition peut êtreinutile et consommer de l'énergie et del'information, ou bien servir de vérification àdes interactions vitales pour le système.

L. von Bertalanffy, J-L. Le Moigne, T.Parsons.

157. REGULATION

Du latin regulare : diriger, régler.

En biologie, propriété des organes, tissus etcellules des êtres vivants à réagir de façonadaptative à un grand nombre d'excitations.

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Action d'ordonner les éléments d'unsystème, de les canaliser ou de les maintenirentre des limites maximales et minimalesd é t e r m i n é e s . La régulation peut êtreimmanente ou extérieure au système.Ce sont aussi d'une autre façon des actionsmises en œuvre pour chercher à réduire lesécarts entre des objectifs fixés par le systèmeet les résultats effectivement atteints.Dans un autre cas, le système peut aussimodifier ses objectifs en fonction des évolutionsde l'environnement.

L. von Bertalanffy, J-L. Le Moigne, T.Parsons.

158. RELIANCE

Du latin ligare : attacher, joindre.

En sociologie, la reconstruction de liensentre des acteurs sociaux séparés ou isolés, paropposition à la déliance qui serait ladécomposition de ces liens sociaux.

Dans la systémique complexe, E. Morinsouligne qu'il est impossible pour l'esprithumain d'appréhender tous les savoirs ; il fautdonc prendre conscience de leurs interrelationset de leurs interdépendances.Il faut se placer dans une attitude de dialoguepermanent entre les diverses disciplinesscientifiques, notamment par l'utilisation deconcepts qui vont traverser les cloisonsdisciplinaires traditionnelles et permettreainsi de mieux appréhender la complexité del'homme et des systèmes sociaux.

M. Bolle de Balle, E. Morin.

159. REPRESENTATION (Sociale)

Du latin repraesentare : reproduire.

Ensemble de valeurs, de notions, depratiques qui oriente les acteurs dans leurstratégie, leurs actions, leur environnementet qui permet leur communication.

Cet ensemble peut être considéré comme unsystème car ces valeurs, ces notions, cespratiques sont dans un état d'interaction et de

congruence. Elles se renforcent les unes lesautres.Dans l'analyse des systèmes concrets, il estimportant pour comprendre les logiques desacteurs, d'avoir une idée de leurs représentationssociales.

E. Durkheim.

160. RESISTANCE

Du latin resistere : s'arrêter, faire obstacle à.

Au sens pratique, action de s'opposer à uneforce contraire. On distingue résistance passive(refus d'obéissance) et résistance active (onexerce une contre-force).En mécanique, la résistance est une force quis'oppose au mouvement.En psychologie et psychanalyse, réaction dedéfense inconsciente opposée par le sujet aucours de l'analyse (pour Freud une difficultéféconde).

Dans la systémique complexe, larecherche des points de résistance internes,l i é s s o u v e n t a u x c h a n g e m e n t senvironnementaux, est une phase essentiellede l'analyse d'un système. Néanmoins il fautse garder de toute appréciation en termes depositivité et de négativité. Cette appréciation nepeut que se référer explicitement au système devaleurs dominant dans le système considéré.Dans les théories privilégiant le conceptd'adaptation d'un système par rapport auxévolutions et soll icitations de sesenvironnements, on parlera de points ou desous-systèmes d'inertie et de points ou sous-systèmes d'innovation.En prospective, en référence à chaqueprocessus et, au-delà, en référence à chaquescénario, les stratégies et les actions derésistance et, a contrario les stratégies et lesactions d'innovation, ainsi que les acteurs quiles induisent, sont importantes à repérer afinde mesurer les degrés de pertinence de cesprocessus et de ces scénarios.

L. von Bertalanffy.

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161. RESULTATS

Du latin resultare : rebondir, de saltare :sauter.

Ce qui résulte d'une action, d'un principe,d'un calcul.

Les résultats obtenus par un systèmepeuvent être soit quantitatifs, soit qualitatifs.Pour les systèmes complexes, les résultatsqualitatifs sont très fréquents, car il estimpossible de quantifier sérieusement certainesvariables et/ou processus.Il est possible de distinguer dans un systèmede décision et d'action, social, politique,économique etc…, des indicateurs de moyenset des indicateurs de résultats. Les indicateursde moyens par exemple mesureront leséquipements matériels mis à la disposition decertains groupes sociaux et les indicateurs derésultats la fréquentation et l'utilisation de ceséquipements.

H. A. Simon.

162. RETROACTION

Traduction de l'anglais "feed-back". Du latinretro : en arrière et actio, de agere : agir.

Retroactif(ve) : se dit d'une mesure qui a desconséquences rejaillissant sur des faits survenusantérieurement.

Action des variables de sortie d'unsystème sur ses variables d'entrée, soitdirectement (flux autonome), soitindirectement par l'intermédiaire de l'actionde ses variables de sortie sur les variablesd'entrée de certains systèmes composant sonenvironnement , sous condition d'entréed'information sur le résultat de cette action. Laboucle de rétroaction est la séquence :- Variable d'entrée 1 (input) d'un système,variable en provenance de l'environnement, vaproduire à travers le système (processus) lavariable de sortie 1 (output) qui va modifier àson tour la variable d'entrée 2 par la bouclerétroactive. La variable d'entrée 2 va produire àtravers le système (processus) la variable desortie 2 (output) qui va modifier à son tour lavariable d'entrée 3 par la boucle rétroactive etainsi de suite en fonction du nombre des

variables d'entrée et de sortie. Ces variablesd'entrée d'une part et de sortie d'autre part étantconsidérées de même type (énergie,information).La boucle rétroactive est en elle-même unprocessus de circulation d'informations.On peut distinguer :- l e s rétroactions négatives qui sont desprocessus visant à réduire l'écart par rapport à lanorme de fonctionnement et/ou de productiondu système (ce type de rétroaction cherche àmaintenir le statu quo).- les rétroactions positives qui sont desprocessus qui, suite à des informationsprovenant des environnements, tendent àaccentuer les déviations par rapport à la normeinitiale. Ces rétroactions conduisent auxchangements du système, c'est-à-dire à sonévolution et à son adaptation, mais aussi à sadéstabilisation et dans certains cas à sadestruction.

J-L. Le Moigne, N. Wiener.

163. RUPTURE

Du latin rumpere : rompre.

Au sens physique, cassure.Au sens social, annulation d'un accord, d'unerelation.Dans le domaine des sciences, on parlera derupture épistémologique. Par exemple l'idée,introduite par G. Bachelard, de discontinuitéradicale qui sépare la conception nonscientifique et la conception scientifique duréel. Il en est de même de la rupture introduitepar ce même philosophe des sciences entre ladémarche positiviste et la démarcheconstructiviste.

En systémique, opposition entre un étatprésent d'un système donné et l'état qui leprécède immédiatement. La théorie descatastrophes de R. Thom, qui traite deschangements de forme des systèmes, peut êtreconsidérée comme une théorie de la rupture.En prospective les scénarios de rupture fontréférence à des processus qui s'inscriventdans des logiques inverses des scénariostendanciels.

G. Bachelard, R. Thom.

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SS

164. SCENARIO

De l'italien scenario : décor, descriptiond'une mise en scène et du latin scena : scène.

Au sens le plus répandu, canevas, plan,scène d'une pièce de théâtre.Dans le domaine cinématographique, unscénario est la description de l'action d'un filmd'un point de départ à un point d'arrivée fixé àl'avance (cf. le "happy end hollywoodien").

En prospective c'est le déroulementhypothétique d'un certain nombre deprocessus consécutifs à des données dedépart ou plus précisément la description del'état présent d'un système, d’un état futurpossible de ce système et de l'ensemble desprocessus permettant de passer de cettesituation présente à cette situation future.Dans un scénario cinématographique, la fin estdéterminée à l'avance, alors que, dans unscénario prospectiviste, la fin est inconnue.La qualité de la construction du modèle-systèmeinitial est la condition nécessaire de la qualité etde la pertinence des divers scénarios.Il n’existe pas de réflexion prospective dansl'absolu, c'est-à-dire en dehors de référencesidéologiques. De fait, rares sont les référentielsqui manifestent une rupture avec les modèlesdominants axés sur la croissance ou qui ne sontpas bloqués par le passé et le présent.Face à ces difficultés, il peut être utile deconstruire des scénarios de "rupture" quiserviront d'instruments d'optique permettantd'ouvrir le champ de vision.La valeur d'un scénario sera fonction :

1) de la pertinence des observations del'état présent du système.

2) des hypothèses de base.3) de la cohérence des relations

destinées à intégrer l'ensemble des variablesde l'évolution récente. Cette cohérence a unevaleur pédagogique : rendre plus lisibles lesprocessus fondamentaux, leurs pointsd'articulation et les enjeux. En retour, cettecohérence présuppose que chacun des processusse développe dans le sens de l'état futur(présupposé) du système.

Les principaux types de scénarios :• Les scénarios tendanciels ou au fil de l’eau.• Les scénarios d’anticipation sur l’évolutiondes environnements.• Les scénarios offensifs ou de rupture parrapport aux tendances de l’environnement.

J. Arcade (Futuribles, 27/04/2000) proposequelques éléments méthodologiques pourconstruire des scénarios :A) Environnement Continu : prééminence destendances

Exploration prospective : choix d’unscénario tendanciel.

Orientation stratégique : Intériorisation d'unscénario et infléchissement favorable de soncontour.

Actions stratégiques : déclinaison desactions dans le cadre du scénario

B) Environnement discontinu : rupturespossibles pressenties.

Exploration prospective : quelques scénarioscontrastés et vraisemblables.

Orientation stratégique : pari délibéré surl’avenir avec prééminence du souhaitable.

Actions stratégiques : stratégie multi-panachée en avenir multi-scénarios.

C) Environnement Invisible impondérableExploration prospective : une quasi-infinité

de situations difficilement formalisables.Orientation stratégique : règles génériques

de conduite pour gérer au mieux les surprises.Actions stratégiques : un tronc commun

prudent complété chemin faisant de modulesauxiliaires.

J. Arcade, J. Godet, P. Gonod, H. deJouvenel, G. Loinger.

165. SIMULATION

Du latin simulatio et simulare : action desimuler, de feindre.

Construction et manipulation d'unmodèle représentant les processus quicaractérisent un système.

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En prospective, les scénarios sont dessimulations effectuées sur la base d'uncertain nombre d'hypothèses ou deprocessus.On peut réaliser des simulations sur ordinateuret introduire un grand nombre de variablesquantifiables. Ces opérations sont moins facilespour des variables qualitatives, même si desrecherches opérées conjointement par desinformaticiens et des chercheurs en sciencessociales sont encourageantes.

166. SOCIALISATION

Du latin sociare : associer.

Processus lent et continu par lequel unindividu, dès sa naissance assimile lesvaleurs, les codes intellectuels, esthétiques,éthiques propres au système social auquel ilappartient et qui vont lui permettrent devivre dans ce groupe et d'être accepté par lui.

E. Durkheim, T. Parsons. Divers manuels desociologie.

167. SOUS-SYSTEME

Étymologie : voir article Système.

Ensemble qui manifeste une certainesubordination à l'égard du système dont il estpartie intégrante. On repère un sous-systèmeà l'intérieur d'un système ou considérécomme tel, par une intensité plus grande desinteractions entre certains composants parrapport aux autres composants.

L. von Bertalanffy, J-W. Lapierre, E. Morin.

168. STABILITE

Du latin stabilitas : stabilité, de stare : êtredebout.

Caractère de ce qui est stable, de ce quitend à conserver son équilibre.En mécanique, propriété que possède unsystème dynamique de revenir à son régimeétabli après en avoir été écarté par uneperturbation.

En chimie, état de plus basse énergie pour unsystème.

Un système social sera dit stable s'il semaintient durablement sans profondesvariations de ses structures et de ses fonctions(voir article Structuro- fonctionnalisme).

T. Parsons

169. STATISTIQUE

Du latin status : état.

Étude des ensembles numériques et de leursrelations.La statistique est un moyen d'obtenir desindications probables sur des ensemblesimparfaitement connus. La statistique annuleles singularités aléatoires par la régularité decertaines tendances.La régularité statistique se manifeste dans lasomme ou dans la moyenne d'un grand nombred'actions élémentaires.

En prospective, la régularité statistiquepermet de repérer les permanences, lesprocessus tendanciels dans un système donnéet par-delà d'envisager la construction descénarios dits tendanciels ou au fil de l'eau.

Ouvrages sur les méthodes des sciencessociales.

170. SPSS

"Statiscal package for social sciences"

Il s'agit du logiciel le plus utilisé pour lescalculs effectués en sciences sociales.

171. STOCHASTIQUE (processus)

Du grec stokhastikos : qui vise bien, habile àconjecturer.Synonyme : aléatoire.

En mathématique, relative au hasardcalculable.La musique stochastique est un procédé decomposition musicale intégrant des variablesaléatoires.

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Un processus stochastique est un processus danslequel à une valeur déterminée d'une variable Xcorrespond une valeur simplement probable deY, c'est-à-dire un point de la courbe defréquence de B.Les variables stochastiques sont des variablesaléatoires c'est-à-dire dont les valeurs sontles probabilités attachées à un ensembled'éventualités complémentaires, c'est-à-diredont l'une exclue les autres.Les modèles stochastiques sont notammentutilisés pour l'étude de la mobilité sociale, de lacroissance démographique, des phénomènescollectifs comme les phénomènes de foule.

La prospective est une discipline qui parexcellence doit intégrer la notion deprocessus et de variables stochastiques.

Voir article Variable.

172. STRATEGIE

Du latin stratégia : commandement militaire.

À l’inverse de la tactique qui vise unavantage particulier, la stratégie se veut uneaction globale en vue d'atteindre un résultat.Dans le domaine militaire, art de combinerl'action de forces, en vue d'atteindre un objectifmilitaire. Par extension, l'art de coordonnerl'action des forces militaires, politiques,économiques, psychologiques impliquées dansla conduite d'un conflit.Cette notion s'est étendue ensuite à lacompétition dans les domaines de l'économie, lapolitique, le social, le sport ou le jeu.En théorie de la décision, la stratégie dominanteest la situation dans laquelle l'incertitude liée aucontexte n'en entraîne aucune sur la décisionqu'il faut prendre, puisque celle-ci estindépendante de ce contexte.

Dans l'analyse d'un système social ousociétal, concret, l'identification des acteurset de leurs stratégies est un exercice difficile,mais fondamental.Si cette analyse revêt une certainepertinence, elle permettra de construire unedémarche prospective plus étayée.

M. Godet, M. Crozier, E. Friedberg, A.Touraine.

173. STRUCTURE,STRUCTURALISME,STRUCTURO-FONCTIONNALISME

Du latin structura : construction,arrangement, disposition.

À l'âge classique la structure signifiaitl'arrangement de matériaux dans un édifice.Dans une acception plus générale, c'est lamanière dont les éléments d'un systèmephysique ou abstrait sont arrangés les uns parrapport aux autresEn sciences sociales, le terme est polysémique,c'est-à-dire utilisé de manière peu rigoureusetantôt comme équivalent du termeorganisation, tantôt de système, d'ensemble…En psychologie sociale, c'est un réseau derelations (Bavelas) ou un champ d'interactions(Lewin).En psychologie, en réaction contre l'atomisme,la Gestalt-théorie repose sur la notion de formeet de structure comme signification.En linguistique, Hjelmslev définit la structurecomme une entité autonome de dépendanceinterne. On distingue en grammaire générativetransformationnelle, la structure profonde et lastructure de surface. La structure profonde est lastructure syntaxique non observable mais seulepertinente pour l'interprétation sémantique desphrases. La structure superficielle est seuleobservable (Chomsky).Le structuralisme est une théorie et uneméthodologie qui, en biologie et dans lessciences humaines, privilégie les relationsfonctionnelles entre les éléments du système,aux dépens du contenu et de l'évolution deceux-ci.C'est une tentative de parvenir à une explicationscientifique en termes de structures.La structure d'un système peut être linéaire(caténaire), centrée (cruciforme), hiérarchique(arborescente), cyclique (circulaire).En anthropologie structurale, Levi-Straussconsidère que la structure est un modèle, lareprésentation formelle d'un groupe derelations (parenté, mythes). Ainsi dans lesstructures élémentaires de la parenté, nonseulement le système détermine les conjointsinterdits, mais aussi la catégorie d'individus àépouser.

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En économie, la structure représenterait unensemble à évolution lente (la structure desprofessions et métiers, la structure des activitéssectorielles, etc…), à l'inverse desphénomènes de conjoncture plus variables etplus instables.En démographie, répartition d'unepopulation selon un ou plusieurs critères(profession, âge, statut social, etc..).En physique, la théorie d'Y. Prigogine désignela spécificité des structures biologiques qui sontdes états de non-équilibre exigeant unedissipation constante d'énergie et de matière. Unensemble matériel tend, s'il est suffisammentcomplexe, à se structurer de façon telle qu'ilminimise l'accroissement d'entropie. La luttecontre l'entropie n'est pas seulement unepropriété spécifique du vivant, elle est unepropriété de la matière. La notion destructure dissipative supprime l'apparentecontradiction entre l'organisation du vivantet le second principe de la thermodynamique.On peut donc à partir de là envisager lesphénomènes d'auto-organisation que peuventmanifester, dans certaines conditions, despopulations composées d'éléments à prioriidentiques (molécules en chimie, individushumains dans les villes, etc…).En sociologie, la structure d'une manièregénérale correspondrait aux aspects les plusstatiques, les plus ordonnés de la réalité socialeà l'opposé des aspects les plus dynamiques decette même réalité.Les structures sociales peuvent correspondreaux relations entre les rôles joués par les acteurssociaux.

En systémique, pour Piaget, la structureest un système de transformation quicomporte des lois en tant que système, et quipeut se conserver par le jeu même de sestransformations, sans que celles-ciaboutissent en dehors de ses frontières oufasse appel à des éléments extérieurs. Unestructure comprend ainsi les trois caractèresde totalité, de transformation et d'auto-réglage.En systémique sociale, pour T. Parsons, lastructure représente la permanence desconditions permettant au système social defonctionner (voir article Système).N. Luhmann reproche à T. Parsons d’avoirnégligé la fonction au profit de la structure.Pour lui, le sociologue américain, partant des

institutions existantes pour s’interroger sur lesconditions de leur pérennité, se mettait dansl’impossibilité de considérer les structurescomme le résultat d’un processus. Il négligeaitainsi le caractère moteur de la fonction. N .Luhmann se propose donc de renverser ladémarche de T. Parsons : il veut remplacerson « fonctionnalisme structurel » par un« structuralisme fonctionnel », dans lequel lastructure est subordonnée à la fonction.W. Buckley, apporte quelques précisions surl'appréhension de la structure dans les systèmes.Pour lui dans les systèmes mécaniques etorganiques, l'observation de la structure estdirecte, parce que celle-ci a une existencephysique concrète, alors que dans lessystèmes socio-culturels, la structure est uneconstruction théorique ; elle se définit commeune sommation de processus temporels. Ellen'est que la stabilité relative de micro-processus en évolution. La compréhensionconjointe de la structure et de sonchangement suppose la mise à jour de lamatrice d'interactions qui lui est sous-jacenteet qui relie individus et micro-groupes.La modélisation analytique en quête d'unhypothétique invariant non exposé àl'irréversibilité des phénomènes avait mis enexergue la notion de structure. Dans lamodélisation des systèmes complexes, le termed'organisation se substitue au terme de structure(voir article organisation).Le structuro-fonctionnalisme est un courantthéorique né aux Etats-Unis qui propose unmodèle d'analyse des ensembles sociaux,fondé sur les impératifs fonctionnels de toutesociété, de toute vie sociale organisée. Cesimpératifs sont les suivants :

a) tout système social mobilise desressources qu' i l prélève dans sonenvironnement.

b) tout système social poursuit des objectifs.c) tout système social intègre les différents

intérêts qui le composent.d) tout système social entretient les

engagements des acteurs sur un système devaleurs.Les différents sous-systèmes composant lesystème social répondent à ces quatreimpératifs : l'économie, la politique, la justice etl'enseignement.(Voir à l’article Système, la théorie de T.Parsons).

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W. Buckley, N. Chomsky, Hjemslev, C.Levi-Strauss, Luhmann, E. Morin, T. Parsons,H. Piaget, F. de Saussure.

174. SUPRA-SYSTÈME

Du latin supra : au-dessus et systema :ensemble.

Un système contrôlant d'autres systèmes,mais sans les intégrer. Exemple le systèmepolitico-administratif.

E. Morin, J-W. Lapierre

175. SYSTEME

Du grec systema : ensemble cohérent.

La notion de système appartient à laclasse des termes polysémiques. Un systèmedans quelque domaine que ce soit peut sedéfinir de différentes façons :

- Au sens physique, un ensemble d'élémentsliés entre eux par des structures stables, voireconstantes au sein d'un tout déterminé (systèmesolaire, système nerveux).

- Au sens intellectuel, un ensemble denotions ou de concepts organisés de manièrelogique et ayant pour but de traduire à l'aide desymboles tout ou partie du réel.

- Au sens pratique, ensemble des moyensmatériels et des procédés techniques destinés àobtenir des résultats définis.

- Une méthode de classification fondée surl'emploi d'un nombre restreint de critères.Le concept de système, concept fondateur de lasystémique, apparaît dès le XVIIIe siècle(Encyclopédie de Diderot d'Alembert) pourdésigner les "systèmes symboliques de notationmusicale". Condillac dans son « Traité desSystèmes » de 1754, écrira : "le système est cequi permet à l'esprit humain de saisirl'enchaînement des phénomènes" Le mot serarepris et relancé à partir de 1950 par lebiologiste théoricien L. Von Bertalanffy quivoulait rendre compte dans le même langagedes systèmes artificiels (ou mécaniques, fermésdisait-il) et des systèmes naturels (biologiquesou ouverts). On prendra conscience peu à peuque ce concept est un héritage direct de larhétorique antique, science de l'argumentation,

et plus particulièrement de sa composanteprincipale : "L'inventio". Mais l'audience duconcept d'ensemble mathématique depuis undemi-siècle, a fréquemment conduit l'usagerécent à une "réduction" de la notion de systèmeà la notion d'ensemble ordonné d'élémentsabstraits, ce qui a souvent freiné en pratique lesdéveloppements contemporains d'une théorie,puis d'une science des systèmes car dans lamesure où le système est un ensemble, on n'anul besoin d'une théorie des systèmes car lathéorie des ensembles est bien construite et ellefera l'affaire sans s'encombrer de synonymesredondants.

L'apparition plus récente de la notion desystème complexe a donné une nouvelle etsalutaire impulsion à cette notion de système.Celle-ci apparaît comme une notionheuristique, évolutive et cumulative. Par voiede conséquence la modélisation systémiqueest elle-même un processus évolutif entreperfectionnisme exhaustif et unesimplification réductrice.Voici quelques définitions progressives,autrement dit qui opèrent un certain nombre desauts épistémologiques, de ce que l'on peutentendre comme étant un système.

Première définition (élémentaire) :"Un système est un ensemble d’élémentsquelconques dont chacun peut se trouver dansdivers états. Si les changements d’états sontmesurables, on peut considérer ces élémentscomme des variables et l’état du système à unmoment donné, sera la liste des valeurs de cesvariables élémentaires".

Deuxième définition :"Un système est un ensemble d’élémentsidentifiables, interdépendants, c’est-à-dire liésentre eux par des relations telles que, si l’uned’elles est modifiée, les autres le sont aussi etpar conséquent tout l’ensemble du système estmodifié, transformé. C’est également unensemble borné dont on définit les limites enfonction des objectifs (propriétés, buts, projets,finalités) que l’on souhaite privilégier. "(Cf. L. Von Bertalanffy dans « La Théoriegénérale des systèmes »)

Troisième définition :"Un système est ensemble d’éléments eninteraction dynamique, organisé en fonction

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d’un but". (J. de Rosnay, dans Le« Macroscope »)

Quatrième définition :"Un système est une Unité globale organiséed’interrelations entre des éléments, actions ouindividus." (E Morin, « La Méthode »)

Cinquième définition :"Le système est un ensemble organisé deprocessus liés entre eux par un ensembled’interactions à la fois assez cohérent et assezsouple pour le rendre capable d’un certaindegré d’autonomie".(J-W. Lapierre, « L’analysede systèmes »)

Sixième définition :"Un système est :- un ensemble en rapports réciproques avec unenvironnement, ces échanges lui assurant unecertaine autonomie.- un ensemble formé de sous systèmes eninteractions, cette indépendance lui assurantune certaine cohérence.- un ensemble subissant des modifications plusou moins profondes dans le temps, tout enconservant une certaine permanence."(Bernard Waliser, « Systèmes et Modèles »)

Septième définition (essai de synthèse) :"Un système peut être considéré comme unensemble d’interactions privilégiées entre deséléments, des acteurs ou des groupes d’acteurset leurs produits : effets, actions, processus.Ces interactions peuvent conduire à desinterrelations qui vont être à l’origine d’unecertaine permanence du système et lamanifestation de son existence, c’est-à-dired’une autonomie relative par rapport à sesenvironnements.Les combinaisons variables de ces interactionsselon les conjonctures et les stratégiesconduisent à l’émergence de processus quiinscrivent le système dans une dimension à lafois dynamique et temporelle.Les interactions entre ces processus sont plusou moins en phase avec la téléonomie(objectifs) du système. De leurs niveaux dedépendance et de congruence dépendra doncle niveau d’organisation et de performance dusystème.Peuvent être considérés comme sous-systèmesdes sous-ensembles de processus plusétroitement liés entre eux par rapport à

l’ensemble des autres processus animant lesystème.Afin de se pérenniser et de s’adapter, lesystème doit procéder à des échanges (intrants,extrants) plus ou moins permanents avec sesenvironnements. Ainsi de manière simultanée,un système d’un certain niveau de complexité,est transformé par son environnement enmême temps qu’il le transforme" (J-C.Lugan : « La systémique sociale », 4e édition).

Plusieurs niveaux d’analyse sont possibles :Méta système (voir article Méta système),système, sous-système (voir article Sous-système) supra système (voir article Suprasystème).Voir infra les articles :Système compliqué/système complexe (systèmedécomposable et système quasi-décomposable),Système fermé /système ouvert (système quasi-isolé).Pour J-L. Le Moigne (voir « La théorie dusystème général, théorie de la modélisation »,Puf, 1977), la construction intellectuelle dusystème, objet abstrait, peut se faire selon unemodélisation trialectique de l'être, du faire, dudevenir. La représentation pondère unedéfinition fonctionnelle (ce que l’objet fait), unedéfinition ontologique (ce que l’objet est) et unedéfinition génétique (ce que l’objet devient).

J. d'Alembert, L. von Bertalanffy, E. deCondillac, D. Diderot, J-W. Lapierre, J-L. LeMoigne, E. Morin, J. de Rosnay, B. Waliser.

176. SYNCHRONIE, DIACHRONIE

Du grec sunkhronos de sun : avec et dekhronos : temps.

Une étude synchronique fait abstraction dutemps. Synchronique : se dit des mouvementsqui s'effectuent dans le même temps. Une étudediachronique, à l'inverse, compare lesphénomènes dans une durée.

Un système s'inscrit à la fois dans unedimension synchronique et diachronique.Synchronique c'est-à-dire que le systèmeexiste dans le même temps que d'autressystèmes, le temps des simultanéités, maisdans des espaces différents. Cette

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synchronicité rend possible des comparaisonsentre des systèmes contemporains.Diachronique, c'est-à-dire qu'il s'inscrit dansune dimension temporelle, l'ordre dessuccessivités. Ainsi l'on peut comparer lesdivers états du système à travers le temps.Pour comprendre un système complexe, il faut àla fois prendre en compte sa dimensionsynchronique et sa dimension diachronique.En prospective, l'on peut comparer dessystèmes contemporains (présent), effectuerune démarche rétrospective, c'est-à-dire fairel'histoire du système social considéré, lamanière dont il a été produit et ensuite, àpartir de ces observations, imaginer lesconfigurations futures possibles de cesystème.

E. Morin, J-L. Le Moigne.

177. SYSTEME d'ACTION

Du grec systema : ensemble cohérent et dulatin actio : fait ou faculté d'agir.

Dans la théorie des systèmes, le systèmed'action intègre diverses dimensions. Pour T.P a r s o n s , "l'action est toute conduitehumaine, collective ou individuelle, conscienteou inconsciente" (« The structure of socialaction »).Cette action va se situer dans quatre plans àla fois : le plan biologique, psychique, socialet culturel.Ainsi l'action d'un acteur ou d'un grouped'acteurs sera en quelque sorte la résultante detous ces plans, d'où la nécessité chez T. Parsonsd'une démarche interdisciplinaire pour saisir lesdifférentes dimensions de l'action. C'est l esystème général d'action.

a ) Les structures économiques ou lesous-système économique. Il est relatif àl'activité de production et d'échanges de biens etde services, en particulier dans les sociétés dontl'objectif constant est la croissance économique.Ses fonctions plus spécifiques consistent àmobiliser les ressources matérielles afin que lesystème social d'une part s'adapte aux variationsde son environnement, environnement constituéà la fois par le milieu géographique et lessystèmes économiques environnants, et d'autrepart puisse poursuivre ses objectifs. L'impératif

fonctionnel de ce sous-système est doncl'adaptation. L'élément structural central estconstitué par les rôles sociaux. Plusconcrètement la division des tâches, leséchanges de biens, la capacité technique,l'innovation technique relèvent de cesstructures; la monnaie en constitue le médiumd'échanges privilégié. C'est le domained'investigation de la Science Economique, maisaussi de la Sociologie du travail.

b) Les structures politiques ou le sous-système politique. Il peut être défini commel'ensemble des processus, des fonctions,conduisant à la définition et à la poursuite desobjectifs concernant cet ensemble social. Encela ces processus impliquent des décisions quimobilisent des ressources humaines etmatérielles, engagent des actions collectivesd'une part, régulent et coordonnent les rapportsentre les acteurs et les groupes d'acteursconstitutifs de l'ensemble sociétal d'autre part.C'est en cela que réside l'impératif fonctionnelassumé par ce sous-système. Autrement dit, onpeut considérer que le sous-système politique apour fonction d'organiser l'action collectivedestinée à atteindre des objectifs ayant enprincipe une signification pour l'ensemble dusystème social ou du moins pour la majorité desacteurs qui le constituent. Cette fonctionsuppose en théorie :

1) Une légitimité des instances ou desorganes politiques de la collectivité

2) Une participation des membres de cettecollectivité à l'information et aux décisions quiconcernent l'ensemble des acteurs ou certainsgroupes d'acteurs sur la base de deux principes :

o La hiérarchisation des responsabilitéspar la distribution de l'autorité ; l'autoritéprécisant le cadre normatif à l'intérieur duquelun acteur social ou un organe politiquequelconque pourra exercer le pouvoir.

o La division des tâches et desresponsabilités en fonction des compétences.

3) Une certaine autonomie du sous-systèmepolitique de la collectivité considérée parrapport à des systèmes politiques plus vastes.Dans ce sous-système, les collectivitésconstituent l'élément structurel central et lepouvoir, le médium privilégié d'échanges.

c) Les structures juridico-normatives oule sous- système d'organisation sociale.Lorsqu'il s'agit d'une société globale, la

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première activité qui s'exerce au sein de cesystème est celle de la reproductiondémographique des acteurs constituant lesystème sociétal. Sans cette activité, le systèmedisparaît au bout de quelques générations. Cettereproduction ne s'effectue pas selon des règlessimplement biologiques, mais aussi selon desrègles sociales : règles d 'a l l iancesmatrimoniales, relations entre les sexes,relations entre les diverses couches d'âge, etc...L'impératif fonctionnel, d'ailleurs conditionnélargement par la fonction de reproduction, estcelui d'organisation et d'intégration sociale. Ilconsiste à coordonner les groupements, lesrelations, leurs activités respectives au sein dusystème, selon des modes, des règles écrites ounon, de manière à ce que soient assurés unecertaine cohésion ou intégration du systèmesocial et un certain consensus sur les objectifs.Les normes constituent donc l'élément structuralcentral de ce sous-système. L'organisationsociale est à la fois l'une des conditions d'unecertaine intégration du système sociétal et l'unedes sources de tension, puisque les statuts sontdes enjeux, de même la répartition des rôles etl'interprétation des normes. De plus lespressions et les contrôles sont plus ou moinsbien supportés. Pour T.Parsons, l'influenceconstitue le médium d'échanges caractéristiquede ce sous-système.Au sein d'organisations à vocation spécifique(organisations productives, bureaucratiques,etc.), la fonction réelle est la fonctionorganisationnelle qui s'effectue à travers unsystème normatif, un système de statuts formelsou non, la fonction de reproduction sociales'effectuant elle, au sein du sous-système social.

d) Les structures de socialisation ou lesous- système de socialisation. L'impératiffonctionnel de cet ensemble structural est lamaintenance du modèle culturel et par-delà lastabilité normative. Autrement dit ces structuresde socialisation doivent faire en sorte que lesvaleurs, les normes, les symboles, les signes, lelangage, c'est-à-dire l'ensemble des codesnécessaires à la communication et à l'interactionsociale soient connus du plus grand nombrepossible d'acteurs et que ceux-ci lesintériorisent.Cette fonction est en principe plus conservatriceque les autres, puisqu'elle doit maintenir "l'ordreculturel" et par-delà "l'ordre normatif".D'ailleurs, lorsque le modèle culturel et

normatif est trop rigide, il peut "freiner"l'évolution des autres structures et de leursfonctions. Dans le cas où ce modèle manifesteplus de flexibilité, les structures de socialisationréagissent mieux aux sollicitations dont ellessont l'objet de la part des autres structurescomposant le système social (pressionsendogènes) ou de la part des systèmesextérieurs (pressions exogènes). Les valeursconstituent l'élément structural fondamental deces structures, et les engagements généralisés ensont le médium privilégié.Que faut-il entendre par engagementsgénéralisés ?Il s'agit de l'engagement des acteurs vis-à-vis dumodèle culturel, des valeurs et des normes quile constituent. Seul cet engagement, cette"loyauté", permet un certain accès au pouvoir, àl'influence, à l'argent.Dans les systèmes sociétaux existent descollectivités qui assument ces fonctions desocialisation, de transmission du modèleculturel d'une manière plus spécifique : lafamille, l'école, les médias, mais aussi d'autresstructures, bien que ce ne soit pas leur objectiffondamental (les associations culturelles, lessyndicats, les partis politiques, etc...).Dans les organisations sociales plus restreintes,par exemple les entreprises, il n'existe pas ourarement de structures qui doivent assumer latransmission de valeurs, de normes qui seraientrelativement spécifiques à ces organisations.Néanmoins dans les organisations économiquesd'une certaine taille, peuvent être créés desorganes ayant pour mission de générer un espritd'entreprise, un esprit de corps, d'intégration,afin que les acteurs aient une volonté deconquête, voire d'agressivité vis-à-vis del'extérieur.Exemple : les séminaires de cadres organiséspour créer ou développer des motivations danscertaines entreprises.La notion de système d’action concret de M.Crozier et E. Friedberg, doit être réintégréedans le systémisme social."Un système d’action concret est un ensemblehumain structuré qui coordonne les actions deses participants par mécanismes de jeuxrelativement stables et qui maintient lastructure, c’est-à-dire la stabilité de ses jeux etles rapports entre ceux-ci, par des mécanismesde régulation qui constituent d’autres jeux" (M.Crozier et E. Friedberg, « L’Acteur et leSystème »).

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E. Friedberg a approfondi l’épistémologie de lanotion de système concret, en rejetant toutprémisse fonctionnaliste à priori. Pour E.Friedberg, la notion de système est une notionheuristique (du grec heuristiquê : art detrouver). L’utilisation heuristique de la notionde système vise la construction par des acteursempiriques du mode d’intégration et derégulation de leurs transactions. D’où unedouble opération :

a) traduire un problème en un réseaud’acteurs empiriques concernés directement ouindirectement par ce problème.

b) décrire et analyser la structure desrelations entre ces acteurs pour comprendre enquoi ce réseau forme un système.La délimitation du système pertinent posequestion : "Pour prouver l’existence d’unsystème, il faut en effet pouvoir montrercomment les résultats des interactions dans lesystème reproduisent les caractéristiques de lasituation et la constellation d’actions mêmes quileur ont donné naissance, comment, en d’autrestermes, la constellation d’actions de départ senourrit d’elle-même à travers des processusendogènes d’auto-entretien. C’est alorsseulement que l’on pourra montrer en quoi lesystème structure une culture, comment ilaffecte la rationalité et l’identité des acteurs,devient un filtre pour la perception même de laréalité, et comment il crée ainsi les conditionsde sa propre stabilité / instabilité" ( E.Friedberg, « Le Pouvoir et la Règle »).L’orientation de la démarche, chez E.Friedberg est actionniste. Les modèlesd’interprétation ont une validité partielle,locale, contingente.On peut espérer dépasser cette validité partielleet locale par une analyse comparative entresystèmes concrets.Selon A. Touraine, "la société n’est pas cequ’elle est, mais ce qu’elle se fait être" ; elleexerce une action sur elle-même, que lesociologue appelle "historicité". Cettedernière a trois composantes interdépendantes :

• un "modèle de connaissance", la perceptionque la collectivité a de son identité et de sonmilieu,

• un "mode d’accumulation", qui prélève unepartie de la production consommable afin del’investir, et

• un "modèle culturel", la façon dont lasociété se représente les modalités et le sens desa capacité créatrice.

Pour orienter les pratiques, le modèle cultureldoit se traduire en principes d’organisation de lavie collective dans trois domaines : il doit êtreassocié à une conception de la hiérarchisationsociale, à la définition d’un mode deconsommation et à un type de mobilisation desressources. Mais il existe aussi entre ces quatredimensions – le modèle culturel et les troisautres – des tensions, qui sont structurées selonp l u s i e u r s c o u p l e s d ’ o p p o s i t i o n s ,mouvement/ordre, orientations/ressources etcu l tu re / soc ié té . Des re la t ions decomplémentarité et d’antagonisme sont ainsimises en évidence entre les quatre élémentsdistingués. Elles constituent, dans levocabulaire d’A. Touraine, le "systèmed’action historique" (S.A.H.).

M. Crozier, E. Friedberg, T. Parsons, A.Touraine.

178. SYSTEME COMPLEXE etSYSTEME COMPLIQUE

Voir étymologie de système (articleSystème) et complexe du latin complexus :entrelacement, connexion, enchevêtrement.

Ainsi comme le fait remarquer J-L. LeMoigne, le contraire de complexe n'est passimple, mais implexe qui caractérise une unitéd'action indécomposable, et pourtantirréductible à un élément unique. L acomplexité est un tissu de constituantshétérogènes inséparablement associés : ellepose le paradoxe de l'un et du multiple.Un système compliqué est un système dontl'évolution est prévisible dans la mesure oùl'ensemble de ses composants ou de sesparamètres sont eux-mêmes prévisibles,voire maîtrisables. Ainsi un systèmemécanique, un système thermodynamique, unsystème électronique, balistique, etc… sont dessystèmes certes compliqués, mais prévisibles etdont on peut en principe maîtriser l'évolution.La complication peut être conçue commeenchevêtrement d'interactions, de rétroactions,elle n'est qu'un élément de la complexité.À l’inverse un système complexe est unsystème que l'on tient par définitionirréductible à un modèle fini aussiapprofondi que soit ce modèle. En d'autrestermes, la notion de complexité implique

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celle d'imprévisibilité possible, d'émergenceplausible du nouveau et du sens, au sein duphénomène que l'on tient pour complexe. Parexemple, l'imprévisibilité potentielle descomportements humains. Ainsi la notion decomplexité ne postule pas un déterminismelatent qui impliquerait l'existence théoriqued'une sorte de "Démon de La Place" capable demaîtriser toutes les variables. Toutefois"l'imprévisibilité" n'est peut-être pas unepropriété naturelle des phénomènes, mais uneprévisibilité incalculable en pratique devientune imprévisibilité potentielle.Pour E. Morin, est complexe ce qui ne peut serésumer en un maître mot, ce qui ne peut seramener à une loi, ce qui ne peut se réduire àune idée simple."Le paradigme de simplicité est un paradigmequi met de l'ordre dans l'univers et en chasse ledésordre. L'ordre se réduit à une loi, à unprincipe. La simplicité voit soit l'un, soit lemultiple, mais ne peut voir que l'Un peut être enmême temps Multiple. Le principe de simplicitésoit sépare ce qui est lié (disjonction), soitunifie ce qui est divers (réduction)" (E. Morin,« Introduction à la pensée complexe »)."La complexité, nous explique E. Morin,s'impose d'abord comme impossibilité desimplifier ; elle surgit là où l'unité complexeproduit des émergences, là où se perdent lesdistinctions et clartés dans les identités et lescausalités, là où les désordres et les incertitudesperturbent les phénomènes, là où le sujet-observateur surprend son propre visage dansl'objet de son observation, là où les antinomiesfont divaguer le cours du raisonnement....""La complexité n'est pas la complication : cequi est compliqué peut se réduire à un principesimple comme un écheveau embrouillé ou unnoeud de marin. Certes le monde est trèscompliqué, mais s'il n'était que compliqué,c’est-à-dire embrouillé, multi-dépendant, etc…,il suffirait d'opérer les réductions bienconnues : jeu entre quelques types de particulesdans les atomes, jeu entre 92 types d'atomesdans les molécules, jeu entre quelquesphonèmes dans le langage. Je crois avoirmontré que ce type de réduction, absolumentnécessaire, devient crétinisant dès qu'il devientsuffisant, c'est-à-dire prétend tout expliquer. Levrai problème n'est donc pas de ramener lacomplication des développements à des règlesde base simple. La complexité est à la base"(Edgar Morin, « La Méthode », tome 1).

De la sorte, le concept de système, entenducomme un enchevêtrement intelligible etfinalisé d'actions interdépendantes, a très viteété adopté pour décrire la complexité. Il sert àexprimer la conjonction de deux perceptionsantagonistes :- D'une part un phénomène que l'on perçoit dansson unité ou sa cohérence ou son projet.Exemples : un système solaire, un systèmeéducatif, un système politique.- D’autre part dans ses interactions internesentre composants actifs dont il constitue larésultante.Exemples : une composition musicale, unecombinaison de jeu dans une équipe sportive,une combinaison de rôles d'acteurs dans unepièce de théâtre ou dans une organisation detravail etc...Cette définition bivalente, le Tout et la Partie,l'unité système et les interactions multiples, lacomposition et les composants, donne, selon J-L. Le Moigne, à la notion de système toute safécondité. Elle permet en effet de décrire nonseulement les phénomènes complètementdécomposables dits compliqués, mais aussi lesphénomènes quasi-décomposables qu'E. Morinappelle les phénomènes de basse complexité etles phénomènes différenciables, maisindécomposables sans encourir un risque demutilation ou phénomènes dits de hautecomplexité.Un système complexe n’est pas directementdécomposable sous peine de détruire sonintelligibilité, mais il est quasi-décomposable,lorsqu’on peut y identifier des sous-systèmesquasi isolés reliés entre eux et avecl'environnement . Il est alors défini par leréseau d'interrelations entre sous-systèmes, lesrelations entrées-sorties de chaque sous-système, les relations liant les entrées-sorties dusystème aux relations des sous-systèmes avecl'environnement. Les interrelations entre sous-systèmes peuvent être matérielles, énergétiquesou informationnelles. Deux types de propriétéspeuvent être distinguées : microscopiques,spécifiques de chacun des sous-systèmes,macroscopiques, définies au niveau global dusystème.H. A. Simon (« La science des systèmes »,1974) montre que la plupart des systèmesnaturels ou artificiels est quasi-décomposable,c'est-à-dire que le comportement à courtepériode d'une partie est indépendant de celui desautres parties. Une raison fondamentale de

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l'apparition et de la survie de tels systèmesréside dans leurs capacités de stabilité etd'adaptation.La démarche systémique doit donc viser à êtreassez complexe pour rendre compteintelligiblement des "systèmes complexes" à lafois indécomposables et potentiellementimprévisibles.Logique disjonctive et logique conjonctive :La méthode analytique a besoin d'unelogique disjonctive, puisque les résultats dudécoupage doivent définitivement êtredistingués et séparés. Un opérateur doit êtrecomplètement séparé du résultat de l'opération;autrement dit l'opérateur ne doit pas se produirelui-même, être le résultat de sa propreopération. Cet axiome de séparabilité ou dedisjonction est appelé parfois l'axiome du tiersexclu.On comprendra alors l'inadéquation de lalogique disjonctive mise en oeuvre dans letraitement de problèmes postulantp r é c i s é m e n t l ' i n d é c o m p o s a b i l i t é ,l'inséparabilité, en éléments identifiables etstables.Les phénomènes que nous percevons dans etpar leurs conjonctions complexes ne peuventêtre saisis par la logique disjonctive.Apparaissent nécessairement de nouvelleslogiques naturelles ou non formelles qui sesubstituent aux logiques disjonctives, ce sontdes logiques dites conjonctives.Les logiques disjonctives reposent sur les troisfameux axiomes : A est A ; B ne peut être à lafois A et non A ; B est A ou non A.Exemples de conjonctions inséparables :- L'énergie est ce qui est, produit et provient dutravail, c'est la conjonction producteur x produitque l'on souhaite exprimer.- Le mot jeu exprime à la fois l'action du jeu etle résultat de cette action.- Le mot organisation exprime à la fois l'actiond'organiser et le résultat de cette action.Autrement dit l'organisation, la chose organisée,le produit de cette organisation et l'organisantsont inséparables.L'important pour la qualité du raisonnementmodélisateur est la capacité à se référer à uncorps d'axiomes explicitement exprimés. SelonJ-L. Le Moigne, la modélisation systémiquedoit partir de trois axiomes de logiqueconjonctive :

a) L'axiome d'opérationnalité téléologiqueou de synchronicité, autrement dit un

phénomène modélisable est perçu comme uneaction intelligible et donc téléologique, non-erratique, présentant quelque forme derégularité.

b) L'axiome d'irréversibilité téléologiqueou de diachronicité, autrement dit unphénomène modélisable est perçu comme unetransformation et comme formant un projet dansla durée.

c) L'axiome d'inséparabilité ou deconjonction ou d'autonomie ou du tiers" inc lus" ; autrement dit un phénomènemodélisable doit être perçu conjoignantinséparablement l'opérant et son produit quipeut être producteur lui-même. L'idée derécursivité est donc une idée en rupture avecl'idée linéaire de cause à effet, de produit-producteur. Il s'agit d'un cycle auto-constitutif,auto-producteur, auto-organisateur.Par exemple, une entreprise économique, unsystème politique local, se repèrent à travers desactions destinées à atteindre un ou des objectifs(principe d'opérationnalité téléologique). Sesactions s'inscrivent dans le temps en tant queprojet (principe d'irréversibilité téléologique oude diachronicité). L'organisation, en tantqu'ensemble d'acteurs agissants, est en mêmetemps producteur et produit (principed'inséparabilité ou du tiers inclus).Or, l’existence et l’activité d’un systèmesupposent une réduction de ce que N .Luhmann appelle la "complexité" et qu’ildéfinit comme l’ensemble des événementspossibles : le système, en soi, représentel’émergence d’un ordre là où il y avaitseulement un chaos de potentialités et, de plus,comme il ne peut pas traiter toutes les donnéesde son environnement, il doit sélectionner cellesqu’il prend en compte. La principale fonctiond’un système est, par conséquent, laréduction de la complexité.

J-L. Le Moigne, E. Morin.

179. SYSTEME OUVERT,SYSTEME FERME

Voir l'étymologie de Système.

Un système fermé n'est envisageablequ'au plan théorique, mais un systèmecompliqué, par exemple un systèmemécanique, ne peut fonctionner qu'à l'aide

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d'apports extérieurs : carburant, oxygène,information etc…Simplement cette ouverture ne tient pas auchoix du système, mais à l'intervention d'unopérateur extérieur.À l’inverse, les systèmes complexes ont unecertaine auto-détermination dans le jeu defermeture et d'ouverture.Le système complexe est à la fois ouvert etfermé. Fermé il garde son autonomie, ouvertil peut s'enrichir d'énergie, d'information,procéder à des échanges avec leursenvironnements et ainsi se transformer et sereformer sans cesse. Exemple : la frontièred'un pays qui à la fois interdit et autorise leséchanges."Ainsi s'impose le paradoxe : un système estouvert pour se refermer, mais est fermé pours'ouvrir et se referme en s'ouvrant" (E Morin,« La Méthode », tome 1).À la manière dont on parle de systèmes quasi-décomposables, on peut introduire la notion desystèmes quasi-isolés. Il s'agit d'un systèmedont le comportement est influencé par sonenvironnement, au travers de relationsd’interaction et de couplage. Un tel systèmepossède les propriétés suivantes : il effectue destransactions avec l'environnement, maisseulement selon certains processus que l'onappelle entrées (ou stimuli, ou afférences ouadmissions, ou inputs ou intrants), et sorties (ouréponses, ou efférences ou émissions, ououtputs ou extrants). Il fait subir aux entrées desmodifications internes (transformationqualitative ou quantitative, commutation,stockage ou transport) afin de produire lessorties. Lorsque ces conditions sont remplies, lesystème se "détache" nettement de sonenvironnement et son comportement proprepeut être étudié).

H. Atlan, L. von Bertalanffy, E. Morin, J. deRosnay.

180. SYSTEMIQUE

Voir étymologie de l'article Système.

À partir des années 70, des théoriesdiverses (théorie des systèmes ouverts,théorie cybernétique, théorie de lacommunication, théorie du système général,théorie de l'organisation) vont avoir

tendance à s'organiser en une disciplineautonome : la systémique. Le projet de lasystémique sera d'élaborer des méthodes demodélisation des phénomènes, par et comme unsystème en général. Cette science des systèmes,en se construisant, va à la fois fédérer, intégrerles acquis des expériences modélisatricesaccumulées par l'étude des systèmesrelativement spécifiques et essaimer ensuscitant le développement d'autres disciplinesspécialisées : l'astrophysique, les neurosciences,les sciences de la communication, de lacommande, de l'information, de la décision, del'organisation, de la cognition, de l'ergonomie,du comportement, de l'écologie, etc…La systémique (le mot apparaît en 1977 et lespremières sociétés scientifiques portant ce nomapparaissent à partir de 1979) est devenue lenom usuel de "la science des systèmes"("systems science" ou "general system science"en anglais). Elle se définit, à partir de la doubleexpérience modélisatrice de la cybernétique etdes sciences de l'homme et de la société. Le"structuraliste" J. Piaget la définit, en 1968,comme "la discipline dont le projet estl'élaboration et le développement des méthodesde modélisation des phénomènes perçus ouconçus complexes comme et par un système engénéral". L'usage condense volontiers par "lasystémique", la "modélisation systémique",usage handicapé parfois par la rémanence dulibellé d'origine anglo-saxonne "systemsapproach" ("Approche système", voire"analyse-système"), qui introduit beaucoup deconfusion et n'introduit aucune rigueur dans laformulation. Cela a contribué à retarderl'audience de la systémique dans les institutionsacadémiques, qui craignent beaucoup, à justetitre, les charlatans. Science des méthodes demodélisation systémique, la discipline ne vadonc pas chercher à "résoudre" autrement etmieux les problèmes, dont on dit qu'ils"résistent" à la modélisation analytique, elle vachercher à les formuler différemment. Sonprojet épistémique n'est pas d'expliquer ni deprescrire, mais de décrire intelligiblement selonle mot de P. Valéry, qui fut certainement l'undes pionniers fondateurs de la systémique ; ses"cahiers" maintenant disponibles en témoignent.En se développant, la systémique s'est aisémentdifférenciée de la "systématique", science de laclassification des espèces naturelles, devenue lataxinomie au XXe siècle. Puis, elle a suscité uneample réflexion sur ses propres fondements

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paradigmatiques (« Paradigme de lacomplexité », E. Morin) et épistémologiques("épistémologies constructivistes"), réflexionqui se poursuit aujourd'hui en s'enrichissant desmultiples expériences de la modélisation dessystèmes complexes qui s'accumulent dans tousles domaines du savoir : sciences des éco-systèmes, sciences de l'ingénierie, sciences de lacognition, de la communication, de l'éducation,etc…L'adjectif systémique désigne tout ce qui serapporte à l'analyse des systèmes. Àdistinguer de systématique, qui signifie toutce qui est ordonné méthodiquement,notamment dans un discours, l'exposé d'unephilosophie, voire un comportement. Selon lasystémique, l'organisation d'un systèmecomporte de l'ordre, mais aussi du désordre :en ce sens, un système n'est pas systématique.

Y. Barel, L. von Bertalanffy, E. Morin, J. deRosnay, B. Waliser.

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TT

181. TACTIQUE

Du grec taktiké : art de disposer, de rangerou de faire manœuvrer des troupes sur unterrain.

Par extension ensemble des moyensutilisés pour atteindre un objectif. Latactique s'inscrit dans une stratégie.

Un système doit définir des objectifs etensuite élaborer une stratégie et en fonction desévénements développer des tactiques pourconcrétiser cette stratégie.

182. TELEOLOGIE

Du grec télos : fin et logos : étude.

Aristote posait à priori la fin et explicitaitensuite les moyens pour y parvenir.

La téléologie, c'est l'étude des finalitésd'un système.Est téléologique ce qui concerne un rapport definalité, ce qui est relatif à l'explication par lescauses finales.En systémique sociale : le système desvaleurs, les idéologies sont à la source desobjectifs poursuivis par un système.De même en prospective, les valeurs, lesidéologies sont sous jacentes à chaquescénario et doivent être explicitées du mieuxpossible.

Aristote, J-L. Le Moigne.

183. TELEONOMIE

Du grec telos : fin et nomos règle.

Terme utilisé par les cybernéticiens commeéquivalent de finalité, mais aussi par lesbiologistes pour conserver l'idée de progression,de mouvement dans les mécanismes de la vietout en rejetant le caractère métaphysique del'idée de finalité et tout caractère psychologique

de l'idée d'intention, ce qui correspondrait plutôtau terme de téléologie.

En systémique, la notion de hasardorganisationnel introduite par Henri Atlan,qui a développé une théorie de l'organisationsur le principe d'ordre par le bruit, peut êtreconsidérée comme assez proche de cettenotion de téléonomie ou de finalité sans fin.Un système complexe évolue selon unetéléonomie, mais aussi une téléologie.

H. Atlan, J. Monod, N. Wiener.

184. TENDANCE, TENDANCIEL

Du latin tendere : tendre vers.

Au sens physique, action, force par laquelleun corps est poussé à se mouvoir dans unedirection, vers quelque chose.Mouvement de la conjoncture (dans le domaineéconomique ou financier) suffisamment continupour qu'une prévision soit envisageable.On peut aussi considérer la tendance commeun mouvement de longue durée, continu, lentà la hausse ou à la baisse, qui représentel'évolution d'un phénomène.Une loi tendancielle indique la direction d'unphénomène évolutif, mais elle n'exclue pas lapossibilité de renversements de tendancesprovisoires et partiels.

En prospective, il est fondamental derepérer dans un système les processustendanciels, notamment de longue durée etqui constitueront la base d'élaboration descénarios dits tendanciels ou au fil de l'eau.

M. Godet, P. Gonod, B. de Jouvenel, G.Loinger. Divers ouvrages de prospective.

185. THEORIE

Du grec theoria :observation, contemplation.

Une théorie est un système depropositions scientifiques, soit logiquement et

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expérimentalement établies, soit en attente devérification ou de falsification (K. Popper).Elle est constituée d'un ensemble de concepts etde propositions dont les termes sont définis dela manière la plus rigoureuse possible et qui doitsatisfaire les exigences suivantes :

a) Pertinence par rapport à un ensembled'hypothèses sur un phénomène donné(problématique).

b) Cohérence interne.c) Testabilité au moyen d'une méthodologie.

Pour K. Popper, c'est la capacité pour unethéorie à affronter l'épreuve de l'expérience.Toute théorie opère une réduction de la réalité(voir article Modèles).Exemples de théories dans divers domaines :théorie atomique, théorie de la relativité, théoriedes quanta, théorie du chaos, théorie génétique,théorie de l'évolution, théorie des jeux, théoriedes conventions, théorie de l'action, théorie dela décision etc…

La démarche systémique peut êtreconsidérée soit comme une théorie, soitcomme une métathéorie, un méta-langagequi pourrait servir de cadre conceptuel à deséléments théoriques divers (voir articleSystème).

G. Bachelard, E. Morin, K. Popper.

186. TEMPORALITE

Du latin tempus : le temps, division de ladurée, moment, instant.

Du point de vue physique et métaphysique,c'est la dimension du réel qui rend possibles etintelligibles ses mouvements et sestransformations.À la différence de l'espace, le temps a uncaractère d'irréversibilité. Il comprend lesdimensions du passé, du présent (éphémère) etdu futur.

En prospective, l'un des problèmesmajeurs dans la construction desconfigurations du futur est la temporalitédifférentielle des processus. En effet, lesprocessus naturels, politiques, économiques,culturels, éducatifs etc… ne s'inscrivent pasdans des temporalités identiques. Ainsi dans laconstruction des scénarios, des stratégies et des

modes d'action choisis pour prendre tel ou telchemin vers le futur, il faut intégrer le mieuxpossible ces temporalités différentes, sinon lerisque est d'aboutir à des synchronicitésartificielles et donc des scénarios sanspertinence.

H. Bergson, P. Gonod, E. Husserl, E. Kant,Lyapounov, I. Newton, M. Planck, H. Poincaré.

187. TRANSDICIPLINARITE

(voir article Interdisciplinaire)

188. TRANSFORMATION

Du latin transformatio : transformation.

En mathématiques, passage d'une figure àune autre par une mise en correspondance deleurs éléments respectifs (Voir articleCatastrophes et la théorie des catastrophes deR. Thom).En linguistique N. Chomsky a élaboré unegrammaire générative et transformationnelle oùil explique la syntaxe d'une langue à partir dedeux systèmes de règles : un système de basequi engendre des structures profondes par unensemble de règles et un systèmetransformationnel qui les applique dans desstructures de surface par des règles desuppression, d'adjonction, de réarrangementetc…En ethnologie, C. Levi-Strauss considère qu'unestructure sociale ne se rapporte pas à la réalitéempirique, mais aux modèles construits d'aprèscelle-ci. Une structure offre les caractères d'unsystème et tout modèle appartient à un groupede transformation dont chacune correspond à unmodèle de même famille, si bien que l'ensemblede ces transformations constitue un groupe demodèles.

La transformation est le passage d'uneforme à une autre pour un système donné. Cechangement qui touche le système présupposeune certaine permanence et pérennisation de cesystème.En systémique et, par-delà dans le domainede la prospective, il serait prétentieux etambitieux de vouloir découvrir ou élaborerdes règles de transformation des ensembles

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sociaux quelle que soit leur dimension.Néanmoins par l'identification de variablesstratégiques ou motrices, il devient plusréaliste de concevoir des stratégies favorisantles transformations de telle ou telle structureet le renforcement ou le ralentissement de telou tel processus.

C. Levi-Strauss, J-L. Le Moigne, E. Morin,N. Chomsky.

189. TOTALITE

Du latin totalis de totus : tout.

Ensemble considéré comme la réunion detous les éléments. La totalité c'est l'intégralité.E. Kant définit la totalité comme la synthèse del'unité et de la pluralité. Elle constitue l'une desdouze catégories de l'entendement sous larubrique de la quantité.F. Hegel définit la totalité à la fois commel'ensemble du système qui se déploie de l'idée àl'esprit absolu et chacun des moments qui lareprésentent d'un point de vue particulier.T. Adorno oppose à la totalité hégélienne,suspecte de tout justifier, la totalité négative,totalité indéfiniment ouverte et éclatée.

La totalité est la propriété des systèmessociaux ouverts selon laquelle toutemodification d'un élément ou d'un processuspeut entraîner des modifications du systèmedans sa totalité ; la totalité n'étant pas dansles systèmes complexes la somme des parties.Le tout est plus que la somme des parties.Dans les systèmes complexes, totalité etsommativité ne sont pas équivalentes.En fonction des types de systèmes, on peutdistinguer différentes formes de totalité :La totalité extensive : ensemble exhaustif deséléments donnés et considérée comme lasomme de ses éléments (systèmes matérielssimples).La totalité intensive : l'intégrité d'un ensemble,considérée comme l'unité de ses élémentsconstitutifs (systèmes complexes).La totalité mécanique qui, par opposition à latotalité organique, contient des élémentssimplement juxtaposés (systèmes compliqués,par exemple une horloge, un moteur, etc…).La totalité organique qui par opposition à latotalité mécanique intègre ses éléments de façon

à ce que la modification de l'un de sescomposants entraîne une modification desautres composants ainsi que de l'ensemble dusystème (exemple les organismes vivants).

Th. Adorno, F. Hegel, E. Kant, E. Morin.

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UU

190. ULTRASTABILITÉ

Du latin ultra : au-delà de et du latin stare :être debout.

Capacité d'un système, fortementperturbé par des variations inhabituelles ouexcessives de ses variables d'entrée, à limiterles variations de ses variables de sortie afinqu'elles restent conformes à ses objectifs, à satéléonomie, grâce notamment à une auto-transformation de son organisation

L. Von Bertalanffy.

191. UTOPIE

Du grec ou : non et topos : lieu, c'est-à-direde nulle part.

Utopia : nom de l'île imaginée par ThomasMore.C'est la conception d'une société idéalementdirigée et organisée.K. Mannheim oppose l'utopie, espéranceouverte de possibles, à l'idéologie conservatrice,soucieuse de légitimer un état de fait établi.Dans le domaine social, une constructionutopique consiste à ne pas prendre en compteles contraintes inst i tut ionnelles ouorganisationnelles. On parlera par exempled'utopies communautaires, d'utopies libertaires.

En prospective, il peut être utile deconstruire des scénarios dits utopiques quipermettront d'ouvrir le champ de vision surle futur.

K. Mannheim, T. More.

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VV

192. VALEUR

Du latin valor : valeur.

Ce sont les manières d'être qu'une société,un groupe social reconnaît comme idéales etqui leur servent de référence pour apprécierles actions des acteurs individuels oucollectifs. On parle de valeurs dominantes ou devaleurs variables qui s'organisent sur un échelledes valeurs. L'échelle des valeurs est unehiérarchie établie entre des principes moraux.

Pour les théories fonctionnalistes oustructuro-fonctionnalistes, les valeurs dans unsystème social forment elles-mêmes un système,c'est-à-dire que les valeurs sont liées entre ellesde manière cohérente.Lorsqu'on étudie un système social, il estimportant d'essayer de percevoir quel est sonsystème de valeurs afin de mieux interpréterles logiques d'acteurs.De même en prospective dans la constructiondes scénarios, il est fondamental d'exposer demanière explicite le système de valeurs sous-jacent ou les idéologies de référence.

E. R. Kluckhohn, T. Parsons, E. L. Strodbeck,M. Weber.

193. VARIETE

Du latin varietas : variété, diversité.

Qualité d'un objet composé de partiesdiverses.

Caractère différent ou opposé des partiesd'un système, mais aussi des environnementsde ce système.L'évolution d’un système social commence parun processus de transformation réussie de lavariété environnementale et des contraintes danssa propre organisation."Quand l'organisation interne d'un systèmeadaptatif acquiert les caractéristiques qui luipermettent de discerner les divers aspects de lavariété et des contraintes environnementales,

d'agir en fonction de et en réponse à cesaspects et contraintes, nous pouvons direalors, en général, que le système a transforméune partie de la variété et des contraintesenvironnementales et l'a intégrée à sonorganisation sous forme structurelle ouinformel" (W. BUCKLEY, « Sociology andmodern system theory »).W. R. Ashby a énoncé la loi de variétérequise pour un système. Ce théorèmemontre le caractère contradictoire de la notiond'auto-organisation et le caractère illusoire dela recherche du contrôle absolu d'un systèmecomplexe. Pour qu'il puisse y avoir possiblitéd'auto-organisation, il faudrait que le systèmepuisse, à partir de son propre fonctionnement,déterminer le changement de fonction qui lerégit ; mais pour cela il faudrait imaginer uneautre fonction d'un niveau supérieur quimodifierait celle-ci ; donc cela signifierait quele système aurait été défini de manière erronéepar la fonction de départ.W. R. Ashby définit la variété d'un systèmecomme la néguentropie (le logarithme dunombre d'états possibles de ce système) et ilmontre que pour maîtriser un système d'unevariété donnée, il faut le coupler à un autresystème de variété supérieure ou au moinségale.

W. R. Ashby, W. Buckley.

194. VARIABLE

Du latin variabilis : variable.

Entité variable : être mathématique dont ladéfinition admet un certain ensemble deréalisations ou d'actualisations.Toute donnée susceptible de varier. Lesvariables dites indépendantes ouexplicatives expliquent les variablessecondes ou variables dépendantes.

Dans un système, selon leur niveau demesure dans le traitement statistique, on peutdistinguer différents types de variables :

1) Les variables nominales indiquent queles catégories sont différentes (hommes,femmes par exemple).

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2) Les variables ordinales (les données, lesobservations) sont rangées dans un certainordre (exemple fort, moyen, neutre, faible etc).

3) Les variables à intervalles établissent lesdistances entre éléments. Les catégories doiventêtre équidistantes (par exemple les populationsclassées selon l'âge).

4) Les variables continues qui peuventadopter toutes les valeurs possibles d'unintervalle (exemple : la température, la taille etc).

5) les variables aléatoires susceptibles deprendre n'importe quelle valeur dans un systèmedonné et qui peuvent être traitées en termes deprobabilité. Une variable aléatoire est ditediscrète lorsqu'elle ne peut prendre que desvaleurs isolées et elle est dite continue lorsqu'ellepeut prendre toutes les valeurs d’un intervalle.Dans l'analyse de systèmes et dans ladémarche prospective, on peut distinguerd'abord les variables exogènes (extérieures ausystème, mais qui peuvent influencer sonévolution) et les variables endogènes(intérieures au système).On peut procéder à la construction de matricesstructurelles à partir de variables (voir plus haut).

Divers ouvrages sur les méthodes dessciences sociales.

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SOURCESSOURCES

Dictionnaire de la sociologie, sous la direction de Raymond Boudon, Essentiels, Larousse, Paris, 1989.

Dictionnaire des termes de la sociologie, Ad Hermans, Flash Marabout, Belgique, 1991.

Dictionnaire de sociologie, Joseph Sumpf et Michel Hugues, Larousse, Paris 1973.

Dictionnaire étymologique et historique du Français, Jean Dubois, Henri Miterrand, Albert Dauzat,Larousse, Paris,1997.

Dictionnaire de philosophie, Christian Godin, éditions du Temps, Fayard, 2004.

Le dictionnaire des sciences, sous la direction de Lionel Salem Hachette, Paris, 1990.

Précis de vocabulaire philosophique et épistémologique, Marie-Claude Bartholy et Pascal Acot, Texte enliberté, Editions Magnard, Paris,1975.

Lexique des sciences sociales, Madeleine Grawitz, 7e édition, Dalloz, Paris,2000.

Nouveau vocabulaire philosophique, Armand Cuvillier, Armand Colin, Paris,1956.

Le Petit Larousse 2003.

Prospective et complexité, Pierre Gonod, table ronde MCX, juin 1992

Quelques définitions utiles pour la prospective, P. Gonod et M. Sebillote, Séminaire INRA de formation à laprospective, Gif-sur-yvette, 2000

Site Internet Web dictionary of Cybernetics and Systems

Liste indicative d’ouvrages de systémique et de prospective qui nous ont aidés dansl'élaboration de ce lexique :

Y. Barel, Le paradoxe et le système, Presses universitaires de Grenoble,1989.

Y. Barel, Prospective et analyse de systèmes, La documentation française, Paris,1970.

L. von Bertalanffy, Théorie générale des systèmes, Dunod, Paris,1980.

M. Godet, L'avenir autrement, A Colin,1991.

M. Godet, De l'anticipation à l'action, Dunod, Paris,1991.

P. F. Gonod, Dynamique de la prospective, Aditech, 1990.

J-W. Lapierre, L'analyse de systèmes, Syros, Paris,1992.

J-L. Le Moigne, La modélisation des systèmes complexes, Dunod, Paris,1990.

J-L. Le Moigne, La théorie du système général, théorie de la modélisation, PUF, Paris,1984.

J-C. Lugan, La systèmique sociale, Que-sais-je ? PUF,4e édition, 2005.

E. Morin, La Méthode, collection Points, Editions du Seuil, Paris.

La Méthode (t.1), La Nature de la Nature, Le Seuil, 1977. Édition de poche, collection "Points", 1981.La Méthode (t.2), La Vie de la Vie, Le Seuil, 1980. Édition de poche, collection "Points", 1985.

La Méthode (t.3), La Connaissance de la Connaissance, Le Seuil, 1986. Édition de poche, collection"Points", 1990.

La Méthode (t.4), Les Idées. Leur habitat, leur vie, leurs moeurs, leur organisation, Le Seuil, 1991.

La Méthode (t.5.1), L'identité humaine, Paris, Le Seuil, 2001. Nouvelle édition, coll. "Points", 2003.

La Méthode (t.6), Ethique, Paris, Le Seuil, 2004.

E. Morin, Introduction à la pensée complexe, ESF, Paris, 1990.

J. de Rosnay, Le Macroscope; Pour une vision globale, Collection points, Le Seuil, Paris, 1975.

H. A. Simon, Sciences des systèmes, Sciences de l'artificiel, Dunod,1991.

Revue Futuribles : directeur B de Jouvenel.

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TABLE

A 6

1. ACCULTURATION 62. ACTEUR 63. ACTION 64. ADAPTATION, ADAPTABILITE 65. AFFECTEUR 86. AGATHONIQUE 87. AGREGATION 88. ALEATOIRE 89. ALGORITHME 910. ANALYSE (BIVARIÉE) 911. ANALYSE (FACTORIELLE) 912. ANALYSE (INSTITUTIONNELLE) 913. ANALYSE (MULTIVARIÉE) 914. ANTICIPATION 1015. ANOMIE 1016. ANTAGONISME 1017. ASSIMILATION 1118. ASYNCHRONISME 1119. AUTO-ECO-ORGANISATION 1120. AUTONOMIE 1221. AUTOREGULATION 1222. AUTOPOIESIS 1323. AXIOMATIQUE, AXIOLOGIE, AXIOME 13

B 14

24. BIFURCATION 1425. BIO-SOCIAL (SOUS-SYSTÈME) 1426. BOITE NOIRE 1427. BOUCLE (RÉTROACTIONNELLE) 1428. BRUIT 15

C 16

29. CATASTROPHE (THÉORIE DES

CATASTROPHES) 1630. CAUSALITE 1631. CHAMP 1632. CHANGEMENT SOCIAL 1733. CHAOS 1734. CINDYNIQUE 1835. COHERENCE (SYSTÉMIQUE) 1836. COMMUNICATION 1937. COMPLEXITE 1938. COMPLICATION 2039. COMPOSANT SYSTEMIQUE 2040. CONSTRUCTIVISME 2041. CONTRE-FINALITE 2142. COUPLAGE 2143. CRISE 2144. CULTURE (SOUS-SYSTÈME) 2145. CYBERNETIQUE 22

D 24

46. DECISION, DECIDEUR 2447. DEVELOPPEMENT DURABLE 2448. DEVIANCE 2449. DIACHRONIE 2550. DIALOGIQUE 25

51. DIFFÉRENCIATION 2552. DIFFUSION 2653. DISPERSION 2754. DIVERSITE 2755. DYSFONCTIONNEMENT 27

E 29

56. ECHANGES 2957. ÉCONOMIQUE (SOUS-SYSTÈME) 2958. ECOSYSTEME 2959. EFFECTEUR 2960. ELEMENT 2961. EMERGENCE 3062. ENDOGENE, EXOGENE 3063. ENERGIE 3064. ENJEU 3165. ENTROPIE 3166. ENVIRONNEMENT 3267. EPISMOLOGIE 3368. EQUIFINALITE 3369. ETAT (D'UN SYSTÈME) 3370. EVALUATION 3371. EVENEMENT 3472. EXOGENE 3473. EXTRANT (OUTPUT) 34

F 35

74. FIN 3575. FLEXIBILITE 3576. FLUX 3577. FONCTION, FONCTIONNALISME 3578. FRACTALE 36

G 38

79. GOUVERNANCE. 38

H 39

80. HETEROGENEITE 3981. HETEROMORPHE (SYSTÈME) 3982. HEURISTIQUE 3983. HOLISME, HOLISTIQUE 3984. HOLOGRAMMATIQUE 4085. HOMEOSTASIE 4086. HOMOGENEITE 4087. HOMOMORPHE (SYSTÈME) 4088. HYPERCOMPLEXITE 41

I 42

89. IDENTITE (COLLECTIVE) 4290. IDENTIFICATION 4291. IDEOLOGIE 4292. INCERTITUDE 4293. INCOMPLETUDE 4394. INDETERMINATION 4395. INDICATEUR 4396. INFERENCE (STATISTIQUE) 4397. INFORMATION 44

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98. INSTITUTION 4499. INTEGRATION 45100. INTERACTION, INTERRELATION,INTERACTIONNISME 45101. INTERDISCIPLINA-RITE 46102. INTRANT (INPUT) 46103. INVARIANT 46104. IRREVERSIBILITE 47105. ISOMORPHISME 47

J 48

106. JEU 48

L 49

107. LEVIER DE CHANGEMENT 49108. LIMITE 49109. LONGITUDINALE (RECHERCHE) 49

M 50

110. MACRO SYSTEME 50111. MATRICE 50112. MEMOIRE 50113. METACOMMUNICATION 50114. METAJEU 51115. METASTABLE (SYSTÈME) 51116. METATHEORIE 51117. METAPHORE 51118. META-SYSTEME 51119. METHODOLOGIE 52120. MESO-SYSTEME 52121. MICRO-SYSTEME 52122. MILIEU 52123. MODELE 52124. MODELISATION 58125. MORPHOGENESE 58126. MORPHOLOGIE SOCIALE 58127. MULTISTABILITE 59

N 60

128. NEGUENTROPIE 60129. NORME 60

O 61

130. ORDRE / DESORDRE 61131. ORGANISATION 63132. OUTPUT 63133. OUVERTURE / FERMETURE (D'UN SYSTÈME) 63

P 64

134. PARADIGME 64135. PARADOXE 64136. PERFORMANCE 65137. PERMEABILITE 65138. PHENOMENE 65139. PLANIFICATION 65140. PLURIDISCIPLINARITE,INTERDISCIPLINARITE, TRANSDISCIPLINARITE

66141. POLITIQUE (SOUS-SYSTÈME) 66

142. POUVOIR 67143. PRAXEOLOGIE 67144. PREVISION 67145. PRO-ACTION 67146. PROBLEMATIQUE 68147. PROBLEME 68148. PROCESSUS 68149. PROGRAMMATION 69150. PROJET / PROJECTIVITE 69151. PROSPECTIVE 69

R 71

152. RATIONALITE 71153. REACTIVITE 71154. RECALCITRANCE 71155. RECURSIVITE 71156. REDONDANCE INTERACTIONNELLE 71157. REGULATION 71158. RELIANCE 72159. REPRESENTATION (SOCIALE) 72160. RESISTANCE 72161. RESULTATS 73162. RETROACTION 73163. RUPTURE 73

S 74

164. SCENARIO 74165. SIMULATION 74166. SOCIALISATION 75167. SOUS-SYSTEME 75168. STABILITE 75169. STATISTIQUE 75170. SPSS 75171. STOCHASTIQUE (PROCESSUS) 75172. STRATEGIE 76173. STRUCTURE, STRUCTURALISME,STRUCTURO-FONCTIONNALISME 76174. SUPRA-SYSTÈME 78175. SYSTEME 78176. SYNCHRONIE, DIACHRONIE 79177. SYSTEME D'ACTION 80178. SYSTEME COMPLEXE ET SYSTEMECOMPLIQUE 82179. SYSTEME OUVERT, SYSTEME FERME 84180. SYSTEMIQUE 85

T 87

181. TACTIQUE 87182. TELEOLOGIE 87183. TELEONOMIE 87184. TENDANCE, TENDANCIEL 87185. THEORIE 87186. TEMPORALITE 88187. TRANSDICIPLINARITE 88188. TRANSFORMATION 88189. TOTALITE 89

U 90

190. ULTRASTABILITÉ 90191. UTOPIE 90

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V 91

192. VALEUR 91193. VARIETE 91194. VARIABLE 91

SOURCES 93