les éléments paratextuels : référents sociaux dans la...

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République Algérienne Démocratique et Populaire Ministère de L’enseignement Supérieur Et de la Recherche Scientifique Université Larbi Ben M’Hidi, Oum El Bouaghi Faculté des Lettres et des Langues Département De Français Mémoire de Master Thème: Présenté par : Sous la direction de : M elle .Imane Chabi M. Amor Nabti. Members du jury President: Melle. Selma Benabdelkader, M.A. “A” université O.E.B. Rapporteur: M. Amor Nabti, M.C. “B” université O.E.B. Examinateur : M. Karim Boulahbel, M.A. “A” université O.E.B. Promotion: 2015-2016 Les éléments paratextuels : référents sociaux dans La maquisarde de Nora Hamdi

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République Algérienne Démocratique et Populaire

Ministère de L’enseignement Supérieur

Et de la Recherche Scientifique

Université Larbi Ben M’Hidi, Oum El Bouaghi

Faculté des Lettres et des Langues

Département De Français

Mémoire de Master

Thème:

Présenté par : Sous la direction de :

Melle.Imane Chabi M. Amor Nabti.

Members du jury

President: Melle. Selma Benabdelkader, M.A. “A” université O.E.B.

Rapporteur: M. Amor Nabti, M.C. “B” université O.E.B.

Examinateur : M. Karim Boulahbel, M.A. “A” université O.E.B.

Promotion: 2015-2016

Les éléments paratextuels : référents

sociaux dans La maquisarde de

Nora Hamdi

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Je remercie Dieu tout puissant de m’avoir offert la

patience et le courage pour arriver au bout de ce travail

Je saisis cette occasion pour présenter mes

remerciements à mon directeur de recherche monsieur

Nabti Amor pour ses qualités humaines et scientifiques,

ses orientations, sa patience et sa présence à tout instant

malgré ses préoccupations professionnelles. Sans oublier

ses précieux encouragements tout au long de mon travail.

Je remercie infiniment le cousin de mon père qui

depuis Paris m’a été d’un grand soutien Mr Brahim

Chemli.

Je remercie vivement les membres du jury : Mme

Benabdelkader Selma et Mr Boulahbel Karim pour

leur acceptation d’évaluer mon modeste travail.

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Je dédie ce modeste travail :

A mon père, Wahab.

A ma mère, Hassina.

Amon respectueux enseignant, monsieur Nabti Amor, le

rapporteur de ce mémoire.

A ma chère sœur, Nour El Houda et son fiancé Ala.

A mes chers frères, Ridha et Fadi Djazil.

A la mémoire de mon grand-père paternel Mahmoud.

A la mémoire de mes grand-mères paternelles Yamina et

Akila.

A mon grand père maternel Larbi.

A ma grand-mère maternelle Messouda.

A mes oncles : Rachid et Abdelhamid

A ma chère tante Meriem.

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Sommaire :

Introduction générale………………………………………………..06

Première partie: Seuil du roman « La Maquisarde ». La notion du paratexte………………………………………15

Chapitre I: Analyse du paratexte auctorial. 1- Le titre…………………………………………………………...21

2- La dédicace……………………………………………………... 30

3- L’épigraphe……………………………………………....……...32

4- L’incipit……………………………………………………….....35

Chapitre II: Analyse du paratexte éditorial. 1- La première de couverture………………………………………44

2- La symbolique de l’image de la première de couverture....…......47

3- La quatrième de couverture …………………………………….49

Deuxième partie : Approche sociocritique. La sociocritique, outil d’analyse littéraire…………………...53

Chapitre I : La sociocritique, outil d’analyse littéraire.

1- L’historique et la définition de la sociocritique…………………....56

2- Outils principaux de la sociocritique…………………………....61

Chapitre II : la socialité de La maquisarde. 1- Survol sur la guerre d’Algérie…………………………………..68

2- La guerre l’Algérie dans le récit………………………………...70

3- Le rôle de la maquisarde dans le récit…………………………..76

Conclusion.......................................................................................83

Bibliographie………………………………………………………….86

Sitographie ……………………………………………………………89

Annexes……………………………………………………………......92

Résumé……………………………………………………………….10

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Introduction:

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La littérature c’est un art, elle est le carrefour des cultures. Elle dépasse

la communication utilitaire, se caractérise par une immense créativité, une

liberté infinie avec toute l’épaisseur sémantique. Elle est un produit d'activité à

la fois sociale et culturelle. La littérature donne sens ǎ la vie. Selon Roland

Barthes« La littérature ne permet pas de marcher mais elle permet de

respirer»1.

Le roman est l’un des genres de cette littérature, qui est un récit de

fiction en prose. C’est un produit littéraire qui échoit à un écrivain de haut

talent, dans chaque partie de cette œuvre il ya des détails qui prouvent et

illustrent et expliquent le contenu du livre au lecteur. Le texte littéraire peut

traiter du réel sans perdre sa littérarité, Todorov affirme que:

« Rien n’empêche une histoire qui relate un événement réel d’être

perçue comme littéraire […] on peut imposer une lecture littéraire à n’importe

quel texte. La question de la vérité ne se posera pas pace que le texte est

littéraire »2

La société joue un rôle majeur dans la construction du sujet traité dans

le livre, car les lois et les valeurs changent donc la pensée de l'auteur aussi

change, par conséquent, les thèmes du livre changent aussi. Tout livre participe

à la conservation et à la réforme de l’institution que nous appelons la littérature.

Notre travail de recherche s’inscrit dans la littérature maghrébine

d’expression française qui a été écrite par les plumes d’écrivains algériens, elle

s’impose en force par sa richesse littéraire en Algérie par rapport à ses voisins,

elle est sans doute un produit littéraire de l’occupation coloniale et comme la

1 Barthes, Roland, Littérature et signification, (1963), Essais critiques, Seuil, 1964, p. 264. 2 Cité par Merad, Souad dans La voix féminine entre essence historique et reconstruction

identitaire dans « La femme de l’émir » de Fouzia Oukazi, Mémoire de MASTER, Université

de Mohammed kheider, Biskra, 2013/2014, p. 7.

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décrivait si bien l’icône algérienne de cette littérature, Kateb Yacine : « butin

de guerre ».

Il est évident que l’histoire de la littérature maghrébine d’expression

française en Algérie c’est distingué par les premiers œuvres de Kateb Yacine,

Mouloud Feraoun, Mouloud Mammeri, Mohamed Dib… et d’autres. Il est vrai

que cette littérature est dominée par des plumes masculines, mais au fil du

temps, des plumes féminines commencent à occuper l’espace littéraire. Parmi

ces romancières nous citons Assia Djebbar, Malika Mokadem, Leîla Sebbar,

Maîssa Bey et beaucoup d’autres. Cette littérature féminine s’est engendrée par

la présence de deux facteurs qui sont la parfaite maîtrise de la langue française

et cette colère casée par l’oubli et qu’il fallait extérioriser. Le plus souvent la

littérature maghrébine d’expression française a regroupé deux univers

culturellement différents où elle a été écrite par des écrivaines algérienne nées

en Algérie et d’autres nées en France. Parmi lesquelles nous trouvons Nora

Hamdi à laquelle nous nous intéressons.

Nora Hamdi née le 26 avril 1968, malgré son jeune âge, elle a pu

marquer sa présence dans les domaines ; artistique, littéraire et

cinématographique. Elle est née en France à Argenteuil dans une famille

d’origine algérienne, Nora Hamdi est la sixième fille d’une famille de douze

enfants. Elle a grandit à Sartrouville et se passionnait très tôt pour le dessin.

Après l’adolescence, elle s’est installée à Paris, fait des petits boulots pour

pouvoir payer des études d’arts plastiques et suivait en parallèle des cours de

soir aux beaux arts. Elle évolue dans le milieu du graffiti, du hip-hop et de la

mode, puis peint ses premières toiles dans divers ateliers entre Paris et la

banlieue. Après huit ans de peintures et d’expositions, elle se consacre aux

films et à la littérature. Elle commence un film documentaire sur le mouvement

artistique des Lettristes et Situationnistes, elle a écrit et réalisé deux courts

métrages,<< Petits ensembles au bout de la nuit >>et <<La danse dans le

noir>>.

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En 2002 elle co-signe, avec Virginie Despentes au scénario, la bande

dessinée Trois étoiles. Pour ses premiers romans nous allons voir qu’elle a

publié en 2004 Des poupées et des anges, l’histoire de deux sœurs adolescentes

de la banlieue parisienne, qui, entre modernité et tradition, cherchent leur place

de femme. Elle est lauréate du prix Yves Navarre pour son premier roman.

En 2005 elle écrit Plaqué or, un second livre influencé par l’univers de

John Coltrane, l’histoire traite de l’identité à travers l’art entre une comédienne

et un musicien, frère et sœur, (avec une quatrième de couverture signée par

Jean-François Bizot). Puis elle écrit deux nouvelles, « La désinvolture du

prince charmant » dans la revue littéraire Bordel, et « Les filles de Pissevin «

pour le théâtre Kaléidoscope à Nîmes. Ensuite, elle devient jury au festival du

court métrage de Lille. En 2006 elle commence l’adaptation de son premier

roman Des poupées et des anges au cinéma avec dans la distribution des rôles:

Leila Bekhti, Karina Testa et entre autres, Samy Nacéri, Léa Seydoux, Samuel

Le bihan… En 2008 le long métrage Des poupées et des anges qu’elle réalise

sort sur les écrans, elle est lauréate du prix Les enfants terribles, et pour ce

premier rôle au cinéma, l’actrice Leila Bekhti est nominée au césar 2009 et

également nominée avec l’actrice Karina Testa pour le Prix Lumière 2009. En

2010 elle revient à l’écriture et publie Les enlacés, qui traite des relations

amoureuses. En 2011 elle sort son quatrième roman<< La couleur dans les

mains>> elle est finaliste du prix Lilas, le roman est inspiré de son expérience

dans la peinture.

En 2014, après trois ans de recherche et d’enquête, elle revient avec son

cinquième livre La maquisarde (Editions Grasset), un roman basé sur le

parcours de sa mère en Kabylie, plus précisément dans la région de Tademaït,

durant la guerre d’Algérie, ainsi que sur des faits historiques à la mémoire des

femmes disparues et de français qui ont soutenu la cause algérienne.

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Notre recherche sera consacrée à son dernier roman<< La

maquisarde>>, qui est après trois ans d’investigations, elle revient avec ce

roman émouvant qui retrace l’histoire de la guerre d’Algérie et met en exergue

la vaillance et la bravoure des femmes durant cette guerre. Paru aux éditions

Grasset en 2014 et Sédia en 2015. Il compte 142 pages et se compose de 29

chapitres dans lesquelles elle évoque les souvenirs d’enfance et d’adolescence

de sa mère pendant la guerre de libération nationale en Kabylie dans la région

de Tademaït et les montagnes de Sidi Ali Bounab.

A travers ce roman, Nora Hamdi a voulu rendre hommage à sa mère et

aux autres femmes qui ont lutté aux côté des hommes durant la guerre de

libération algérienne. L’auteure décrit sa mère comme une fille timide qui

n’avait que seize ans quant elle a rejoint le maquis dans des conditions terribles

dictées par l’oppression des soldats français.

La maquisarde, une histoire romancée d’une vie réellement vécue, crue

et authentique. La narratrice relate sa vie personnelle qui faisait partie de la

guerre d’Algérie, elle vivait dans une région de Kabylie où la culture des

olives et l’élevage des bétails étaient toutes les activités essentielles de sa

famille et de la population de l’époque. Les français ont dépossédé la famille

de la narratrice de leurs pans de terre. Son frère aîné était arrêté par l’armée

française, mais il a réussit à se tirer pour aller se refugier dans la forêt. Il a fini

par quitter la région, en continuant de visiter, de temps en temps, discrètement,

sa mère et sa sœur et par la même occasion ravitailler ces compagnons de

lutte. Avec les harcèlements répétitifs les conditions deviennent insupportables

pour la mère et sa fille ce qui les a poussé à rejoindre le maquis pour être à

côté du frère aîné.

La jeune maquisarde fut arrêtée et internée par l’armée française dans

un camp de concentration d’où elle réussira à s’enfuir. Après avoir erré dans les

montagnes elle s’est retrouvée emprisonnée de nouveau, où elle a rencontré une

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française qui se prénommait Suzanne et qui a épousée la cause algérienne.

Cette infirmière de nationalité française a été pour l’héroïne comme une sœur.

La narratrice a échappé à une mort certaine grâce à un soldat français

qui lui accorda ainsi une nouvelle vie. La maquisarde s’est mariée et elle a

quitté le pays pour lequel elle s’est battu corps et âme. Elle continue sa vie en

France ou elle vit toujours. Nora Hamdi à travers ce récit nous a donné un

aperçu sur ce qu’a enduré sa mère et beaucoup d’autres femmes durant la

guerre de libération nationale.

Notre choix du roman, La maquisarde, est motivé, lors de notre visite à

Alger qui a coïncidé avec la cinquième foire du livre vingtième session, suite a

une discussion littéraire avec des étudiantes algéroises qui nous ont fait savoir

que Nora Hamdi était de passage pour dédicacer son dernier livre qui nous a

intrigué par son titre et sa couverture au édition Grasset et aussi les autres

éléments paratextuels qui nous donne l’idée que l’histoire de ce récit fait partie

de l’histoire de la guerre d’Algérie. Après la lecture le sujet du livre ne nous a

pas laissé indifférentes à cette page de notre histoire celle du militantisme des

femmes. Ce qui motiva une fois de plus notre choix c’est la fluidité et la

simplicité du récit ainsi que cette histoire racontée est tirée de faits réels.

Nous avons élu comme objet d’étude La maquisarde de Nora Hamdi

pas uniquement parce qu’il relate un vécu réel d’une héroïne de la guerre

d’Algérie, mais parce que nous pensons que c’est un sujet qui mérite d’être

traité avec plus de soin et en profondeur. Et pour convier la jeunesse en

générale et la jante féminine en particulier à s’intéresser au sujet, car il aura de

l’influence sur la personnalité de chaque jeune Algérienne.

Notre travail de recherche est sous l’intitulé « Les éléments

paratextuels : référents sociaux dans La maquisarde de Nora Hamdi. ». Le

choix d’un titre ou d’autres éléments paratextuels n’est nullement le fait d’un

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hasard, car ils sont comme un avant goût, ou une odeur qui se dégage d’un

mets royal, ces indices vont titiller la curiosité du lecteur pour le faire plonger

dans le bassin des détails.

Notre recherche a pour objectif de montrer que les indices de la socialité

de notre roman apparaissent dans l’incipit et même dans les éléments

paratextuels. Nous tenterons de répondre à cette question qui constitue notre

problématique :

Dès le titre une orientation vers la guerre d’Algérie nous est proposée, ce

roman serait-il une représentation d’une séquence de vie de la guerre

d’Algérie ?

Notre problématique aura au centre de son intérêt de mettre en valeur les

éléments paratextuels qui nous orientent vers la sociocritique. D’autres

interrogations sont susceptibles d’être soulevées :

- Le paratexte aide-t-il réellement à nouer un contrat de lecture ?

- Quelles sont les indices qui montrent la socialité de notre roman ?

En guise de réponse à cette problématique et ces questions nous avons émis

les hypothèses suivantes :

- Il y a une relation indispensable entre les éléments paratextuels et le

contenu du texte de ce fait nous comprenons à travers les indices

paratextuels de notre roman que Nora Hamdi a voulue nous transmettre

l’histoire et le vécu de sa mère et beaucoup de femmes qui ont lutté pour

l’indépendance de l’Algérie.

- Le paratexte est un concept qui prépare le lecteur dans sa compréhension

du contenu de texte.

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- Des indices apparents qui nous montrent la socialité de notre roman,

nous trouvons entre autres la guerre sanglante d’Algérie qui est une

réalité dont l’écho a atteint les coins les plus reculés du monde. Le rôle

de la femme dans cette guerre n’était pas négligeable, au contraire, il

avait une grande importance; vue tout ce quelle a pu endurer durant les

sept années de guerre.

L’analyse de toute œuvre nécessite une démarche. Pour que nous pouvons

atteindre notre objectif de recherche, premièrement nous devons faire recours à

la notion du paratexte selon Gérard Genette et Vincent Jouve, et deuxièmement

nous aurons certainement besoin de faire appelle à l’approche sociocritique

selon Claude Duchet.

Notre plan de travail se divise en deux parties essentielles, chaque partie

contient deux chapitres. D’abord l’introduction consacrée à la biographie de

l’écrivaine, la présentation de l’œuvre ainsi qu’au résumé, les motivations, la

problématique et les hypothèses.

La première partie, s’intitule : seuil du roman « La maquisarde », où le

titre du premier chapitre c’est : « analyse du paratexte auctorial », englobant :

le titre, la dédicace, l’épigraphe et aussi l’analyse de l’incipit. Tandis que le

deuxième chapitre prend comme titre : « analyse du paratexte éditorial », nous

abordons les titres suivants : la première de couverture, la symbolique de

l’image de la première de couverture et la quatrième de couverture.

La seconde partie est consacrée à l’approche sociocritique dont le premier

chapitre s’intitule : « la sociocritique, outil d’analyse littéraire » ce chapitre est

réservé pour la présentation théorique de l’approche sociocritique, il se

compose de trois titres : l’historique et la définition de la sociocritique, outils

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principaux de la sociocritique. Alors que dans le deuxième chapitre qui porte le

titre suivant : « la socialité de La maquisarde », nous tenterons de faire une

analyse sociocritique de notre roman ce qui nous conduira à formuler les titres

suivants : Survol sur la guerre d’Algérie, la guerre d’Algérie dans le récit, le

rôle de la maquisarde dans le récit.

Enfin, notre travail de recherche sera achevé par une conclusion, dans

laquelle nous tenterons de répondre à nos questionnements.

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Première partie : Seuil du

roman « La Maquisarde ».

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La notion de paratexte :

« Il existe autour du texte du roman, des lieux marqués, des balises qui

sollicitent immédiatement le lecteur, l’aident ǎ se repérer, et orientent presque malgré

lui, son activité de décodage. »1

Les balises qui existent autour du texte dans le roman font partie du

paratexte. Alors avant d’entamer la lecture d’une œuvre littéraire, nous

remarquons en premier lieu des éléments paratextuels qui l’entourent qui sont

de biais essentiels et qui aident le lecteur à anticiper les grandes lignes de

l’histoire. Dès le départ le lecteur est impliqué dans une lecture consciente qui

lui permet d'aller vers une interprétation profonde de l’œuvre. Dès lors, le titre,

ses escortes, la dédicace, des épigraphes et beaucoup d’autres éléments, vont

éventuellement contribuer à mettre en éveil l’intérêt et la curiosité du lecteur.

Ce dernier va déployer toute son imagination et son savoir pour mieux

connaître le monde de l’œuvre et donc à mieux s’inscrire dans le roman.

Un paratexte est souvent subordonné au service de son texte. Cette

notion du paratexte est l’ensemble des éléments qui accompagnent le livre,

l’entourent afin d’assurer sa présence au monde, sa réception et sa

consommation comme Gérard Genette l’a définit dans son ouvrage « Seuils » :

« L’œuvre littéraire consiste, exhaustivement ou essentiellement, en un texte,

c’est-à-dire (définition minimale) en une suite plus ou moins longue d’énoncés

verbaux plus ou moins pourvus de signification. Mais ce texte se présente rarement à

l’état nu, sans le renfort et l’accompagnement d’un certain nombre de productions,

elles-mêmes verbales ou non, comme un nom d’auteur, un titre, une préface, des

illustrations, dont on ne sait pas toujours si l’on doit ou non considérer qu’elles

1Mitterant Henri, « Les titres des romans de Guy des Cars », in Duchet, Sociocritique,

Nathan, Paris 1979, P. 86.

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appartiennent, mais qui en tous cas l’entourent et le prolongent précisément pour(…)

assurer sa présence au monde, sa «réception» et sa consommation»1

Autrement dit le paratexte assure le changement de l’état du texte à celui du

livre ce qui marque l’existence et l’accueil de ce dernier. Pour Genette :

« Le paratexte est donc pour nous ce par quoi un texte se fait livre et se

propose comme tel à ses lecteurs, et plus généralement au public. Plus que d’une

limite ou d’une frontière, il s’agit ici d’un seuil ou […] d’un vestibule qui offre à tout

un chacun la possibilité d’entrer ou de rebrousser chemin […] et accompli, d’un

meilleur accueil du texte »2

Les indices paratextuels désignent donc tout ce qui accompagne un

texte mais n'en fait pas partie. Ces éléments du paratexte constituent une

relation entre le lecteur et le texte d’une part et d’autre part entre l’auteur et le

lecteur. Selon Jakobson « Le paratexte vise à établir un premier contact avec le

lecteur »3. Cet effet, le paratexte est un pont entre le texte et le lecteur. Certains

éléments paratextuels sont indispensables car ils préparent l’espace où le texte

fonctionne « Le paratexte, en donnant des indications sur la nature du livre, aide le

lecteur ǎ se placer dans la perspective adéquate. »4 Grâce au paratexte, le lecteur

entre immédiatement en contact avec l’œuvre dans la mesure où ses éléments

paratextuels regroupent des renseignements donnés sur le texte, orientent et

guident le lecteur lors de sa lecture. Selon Gérard Genette : « Le paratexte n’a

pas pour principal enjeu de [faire joli] autour du texte, mais bien de lui assurer un

sort conforme au dessein de l’auteur »5, mais il est également important de

l’adhérer au choix de l’ouvrage.

1 Gérard Genette, Seuils, Ed. Seuil, 1987, p. 7 2 Gérard Genette, Seuils, Ed. Du Seuil, 1987, p. 7-8. 3 R. Jakobson, Linguistique et poétique, dans Essais de linguistique générale, Paris, Ed de

minuit, 1963, chap. xi, p. 248. 4 Vincent Jouve, Poétique du roman, deuxième édition, Armand Colin Paris, 2007, P. 8. 5 Gérard Genette, Seuils, Ed. Du Seuil, 1987, p.411.

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En effet le paratexte permet au lecteur d’émettre des hypothèses se sens

en anticipation sur la lecture. Il est le miroir d’un texte ; car il nous donne une

image qui reflète le contenu de celui-ci. Il est considéré comme un moyen

important qui englobe le tout de l’œuvre littéraire. Ainsi que c’est un

intermédiaire entre l’auteur et le lecteur en fondation d’ « un pacte de lecture »

qui vise à faire agir le public pour assurer la réception du livre. L’association

du paratexte au texte fait un échange d’informations qui a pour but d’affecter le

lecteur, captiver son attention et l’aide à comprendre le contenu du roman.

Donc il joue un rôle majeur dans « l’horizon d’attente » et la réception du livre.

D’après Genette le paratexte a plusieurs caractéristiques : spatiales,

temporelles, substantielles, pragmatiques et fonctionnelles.

« Quant à l’étude particulière de chacun de ces éléments, ou plutôt de ces

types d’éléments, elle sera commandée par la considération d’un certains nombre de

traits […]. Ces traits décrivent pour l’essentiel ses caractéristiques spatiales,

temporelles, substantielles, pragmatiques et fonctionnelles. Pour le dire de façon plus

concrète : définir un élément de paratexte consiste à déterminer son emplacement

(question où ?), sa date d’apparition, et éventuellement de disparition (quand ?), son

mode d’existence, verbal ou autre (comment ?), les caractéristiques de son instance

de communication, destinateur et destinataire (de qui ?, à qui ?), et les fonctions qui

animent son message : pour quoi faire ? »1.

-Les caractéristiques spatiales (où ?) nous permettent de connaître

l’emplacement de chaque élément qui à une fonction différente par rapport à

l’autre.

1 Gérard Genette, Seuils, Ed. Du Seuil, 1987, p. 10.

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-les informations temporelles (quand ?) c’est le moment d’apparition et

de disparition du paratexte.

-les traits substantiels du paratexte (comment ?) relèvent de l’approche

textuelle de ses éléments. Ainsi que les signes iconiques ou matériels très

signifiantes dans l’impacte du paratexte sur le public du lecteur.

-le statut pragmatique et fonctionnel sont les caractéristiques essentielles

du paratexte. En effet ce sont les fonctions qui animent son message (pourquoi

faire ?). Le paratexte avec ses caractéristiques essentielles occupent une place

très importante dans la diffusion et la réception du livre.

Genette distingue, deux composantes du paratexte ; le paratexte

éditorial, tout ce qui est relatif à l’éditeur et le paratexte auctorial, tout ce qui

est relatif à l’auteur. Il catégorise aussi, le péritexte et l’épitexte. Vincent Jouve

dans son ouvrage « poétique du roman » nous montre comment Genette a

décomposé le paratexte en deux catégories:

« Genette, s’appuyant sur le critère de l’emplacement, distingue deux sortes

de paratexte : le paratexte situé à l’intérieur du livre (titre, préface, notes, titres de

chapitres) auquel il donne le nom de péritexte, et le paratexte situé (…) à l’extérieur

du livre (entretiens, correspondances, journaux intimes) qu’il baptise épitexte. Si le

péritexte n’est jamais séparé du texte, l’épitexte lui n’est souvent adjoint qu’a

posteriori, à la faveur d’une édition érudite et pour donner un éclairage contextuel et

biographique… »1

Genette subdivise le paratexte en deux parties, la première désigne les

éléments qui entourent le texte littéraire et se situent à l’intérieur du livre ; le

péritexte (le titre, l’épigraphe, la dédicace…), la seconde désigne les

productions qui entourent le livre et se situent à l’extérieur du livre ; l’épitexte

1 Vincent Jouve, poétique du roman, Ed, Armand Colin, Pris, 2007, p. 9

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(entretiens et interviews donnés par l’auteur avant, après et pendant la

publication de l’œuvre, les commentaires et les critiques). La présence du

péritexte est indispensable pour un texte littéraire alors que l’épitexte dépend

de la volonté de l’écrivain.

Il est évident que notre roman contient un certain nombre d’indices

paratextuels, nous avons opté notamment a l’analyse du paratexte auctorial (le

titre, la dédicace, l’épigraphe) et l’incipit ainsi que le paratexte éditorial (la

première et la quatrième de couverture…) où Nora Hadmi nous annonce le plus

important de son roman « La Maquisarde ». D’abord nous commençons par le

premier chapitre qui est l’analyse du paratexte auctorial puis nous passons au

deuxième chapitre celui de l’analyse du paratexte éditorial.

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Chapitre I : Analyse du

paratexte auctorial.

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1. Le titre :

La titrologie1 c’est une discipline qui s’intéresse aux titres des œuvres

littéraire. Cette discipline a été célébrée par Léo. H.Hoek en 1982 dans son

ouvrage "La Marque du titre". Depuis un certain nombre d’années elle occupe

une place importante dans l’approche des œuvres littéraires. Puis en 1987,

Gérard Genette publia "Seuils", où il a créé la notion de paratexte, qui est une

étude sur les éléments qui entourent le livre et le titre l’un des éléments étudié

par cette notion.

Le texte a été souvent le centre d’intérêt de plusieurs disciplines, ainsi

que l’importance accordée au titre dès le XXe siècle, fait naître la nécessité

d’étudier ce dernier et qui reste toujours en évolution, il est rendu parmi les

sujets les plus traités au niveau des recherches de différents domaines.

En littérature, le titre est un élément paratextuel très important dans la

relation entre l’auteur et le lecteur d’un côté, ainsi qu’il est considéré comme «

l’un des lieux privilégiés »2 de l’influence de l’œuvre sur le lecteur d’un autre

côté et par lequel « un texte se fait livre et se propose comme tel à ses lecteurs, et

plus généralement au public »3. Il est le premier contact entre le livre et le public.

C’est à travers le titre que l’auteur essaye de transmettre à son lecteur une

vision générale de façons plus ou moins clair et brève sur l’histoire de son

œuvre.

Pour Charles Grivel, le titre, « signe par lequel le livre s’ouvre »4

Autrement dit le titre est considéré comme l’initial d’un texte et la clé

d’ouverture. Nous estimons que le titre est l’élément qui occupe une place

1 Léo H. Hoek. La marque du titre : dispositifs sémiotiques d’une pratique textuelle. Paris, Mouton,

1981.Cité par J-P Goldenstein in Entrées en littérature, Paris Hachette, 1990, p.68 2Genette, G., Palimpsestes, cité par Delcroix, M.; Hallyn, F. ; Angelet, C., in Méthodes Du Texte:

Introduction Aux Etudes Littéraires, Edition De Boeck Supérieur, Bruxelles, 1987, p. 202. 3 Genette, G., Seuils, Edition Du Seuil, 1987, p. 7-8. 4 Grivel, Charles, Production de l’intérêt romanesque, La Haye : Mouton, Paris, 1973, p. 173.

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d’une importance capitale dans l’appareil paratextuel dont la présence reste

incontestable pour la plupart des textes littéraires « Avant le titre, il y a le texte,

après le texte, il demeure le titre ».1 Charles Grivel souligne aussi la puissance du

titre dans la mesure où « l’autorité du texte se lit et se subit dès sa marque

inaugurale »2.

Alors le roman que nous avons choisi pour notre travail de recherche

c’est bien « La Maquisarde », qu’est le cinquième roman de Nora Hamdi. Nous

avons commencé l’ étude de ce livre par son titre, en se basant pour cela sur ce

qu’a dit Léo Hoek : « Il faut commencer l’étude du texte par celle de son titre »3.

L’appareil titulaire c’est le premier signe que l'œil du lecteur embrasse

avant tout autre chose et qu’il ne peut manquer, car il se trouve dans plusieurs

emplacements dans le livre, c’est le cas du titre de notre roman. Il est placé

dans la première de couverture et d’autres emplacements que Gérard

Genette nous a indiqués:

« Le titre comporte quatre emplacements presque obligatoires et passablement

redondants : la première de couverture, le dos de couverture, la page du titre et la

page de faux titre qui ne comporte en principe que lui(…) encore fréquemment

rappelé sur la quatrième de couverture… »4.

Pour Claude Duchet le titre quelle que soit sa forme, sa structure ou son

sens, il est un texte à la fois « littéraire » et « publicitaire » :

« Un message codé en situation de marché : il résulte de la rencontre d'un

énoncé romanesque et d'un énoncé publicitaire ; en lui se croisent nécessairement

littérarité et socialité : il parle de l'œuvre en termes de discours social mais le

1http://www.memoireonline.com/11/13/7703/m_Lecture-structurale-de-Vautrin-d-Honore-de-

Balzac5.html. Consulté le 25/03/2016 11:10 . 2 Grivel, Charles, Production de l’intérêt romanesque, La Haye : Mouton, Paris, 1973, p. 166. 3 L. H. Hoek, La Marque du titre, La Haye, Mouton, 1981, p. 1. 4 Genette, G., Seuils, Edition Du Seuil, 1987, p. 69.

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discours social en terme de roman […] le titre résume et assume le roman, et oriente

la lecture»1.

Le choix d’un titre n’est nullement le fait d’un hasard par l’auteur, il

aide le lecteur à comprendre le sens de l’œuvre et de décoder le message caché

qu’il véhicule. Le titre comme il est un élément littéraire peut être aussi un

référent d’une réalité social. Le titre peut être absolument réalisé par l'auteur,

mais l'éditeur a aussi un rôle dans la création du titre surtout concernant le côté

commercial et publicitaire pour répondre aux besoins du « marché littéraire »,

ce qui ouvre la porte d’entrée dans l’univers livresque et participe de la

médiation entre l’auteur et le lecteur, « la responsabilité du titre, est toujours

partagée entre l'auteur et l'éditeur »2. Mais Nora Hamdi déclare dans un entretien

sur son livre « La Maquisarde » dans le magazine littéraire l'IvrEscQ que ce

titre c’est son propre choix :

« L’ivrEscQ : Votre titre « La Maquisarde » est-ce un choix de l’éditeur ou le

vôtre ? Nora Hamdi : c’est plutôt mon choix. Tout mon ouvrage ressort ce titre, la

maquisarde »3.

En premier temps le titre est l’intermédiaire entre l’auteur et le lecteur, il

y a une relation de production et de consommation, c’est-à-dire à coté d’un

aspect littéraire (littérarité)4 se superpose l’aspect commercial. Ces deux

aspects sont inséparables.

Ensuite le rôle primordial qu’a joué le titre dans la création d’une

relation initiale entre le lecteur et le texte n’est pas à démontrer. C’est souvent à

1 Duchet, Claude, «Eléments de titrologie romanesque», in LITTERATURE n° 12, décembre1973. 2 Genette, G., Seuils, Edition Du Seuil, 1987, p. 77-78. 3https://www.facebook.com/nora.hamdi.902/photos/pcb.896949690390669/896949187057386/?type=3&theater. Consulté le 25/03/2016 à 22 :00. 4https://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rarit%C3%A9. 25/03/2016. « Roman Jakobson, invente le

concept de littérarité (ou literaturnost) au début du XXe siècle et le définit comme « ce qui fait d'une

œuvre donnée une œuvre littéraire » dans Questions de Poétique (1973) ». Consulté le 25/03/2016 à 22 :10.

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travers le titre que le lecteur décide de lire ou non un roman surtout quand

l’auteur n’est pas connu préalablement. Notre choix pour ce roman a été

conditionné par ce titre « La Maquisarde », titre ayant suscité notre curiosité. Il

fait partie du champ lexical de notre guerre de libération nationale « la guerre

d’Algérie » et particulièrement par sa féminité.

La valeur du titre réside dans les différentes fonctions qui doivent

atteindre l’objectif de celui-ci. Ces fonctions portent diverses nominations

chez quelques théoriciens. D’abord selon Henri Fournier, l’auteur doit

focaliser ses efforts sur la création du titre qui « donne une idée complète autant

que possible du contenu de l'ouvrage »1. Cette idée est réalisée par la fonction

désignative ou référentielle du titre, ainsi qu’à travers sa fonction énonciative

ou sémantique « en s'attachant toutefois à stimuler la curiosité du lecteur »2.

Souvent, le titre peut « acquérir une importance majeure par l’influence »3 grâce à

sa fonction séductrice. Pour Charles Grivel, le titre doit comporter trois

fonctions : « 1. Identifier l’ouvrage, 2. Désigner son contenu, 3. Le mettre en valeur

»4. Ainsi Leo Hoek, associe les fonctions du titre à sa définition comme « un

ensemble de signes linguistiques […] qui peuvent figurer en tête d’un texte pour le

désigner, pour en indiquer le contenu global et pour allécher le publique visé »5.

Pour que le titre puisse accrocher l'attention du lecteur, éveiller son

intérêt et provoquer sa curiosité, selon Vincent Jouve, il doit remplir trois

fonctions essentielles, que nous essayerons de dégager dans notre corpus :

1 Fournier, Henri, Traité de la typographie, Imprimerie de H. FOURNIER, Paris, 1825, p. 126. 2 Ibid. 3 Ibid. 4 Genette, G., Seuils, Edition Du Seuil, 1987, p. 80. 5 ibid

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1 / la fonction d’identification : le titre identifie l’œuvre c'est-à-dire il

nomme le livre. Dans le cas où le titre de notre corps « La Maquisarde » sert

d’abord à nommer l’œuvre. Il se présente comme un nom propre qui désigne un

individu, autrement dit comme une carte d’identité du livre, tel que Gérard

Genette le définit : « Le titre, c'est bien connu, est le « nom » du livre, et comme tel

il sert à le nommer, c'est-à-dire à le désigner aussi précisément que possible et sans

trop de risque de confusion »1. Le titre est souvent un critère d’identification et de

distinction parmi d’autres livres.

2 / la fonction descriptive : le titre explique et donne des informations

sur le contenu du texte. C’est une fonction de désignation comme la définit

Hoek et Grivel. Nous remarquons que le titre de notre roman donne des

informations sur le contenu de l’ouvrage. Il nous renseigne par sa signification

et sa marque du féminin « La » que le contenu parle d’une femme qui a rejoint

le maquis mais pour des raisons différentes. Le titre reste toujours plus ou

moins énigmatique parce qu’il nous oriente vers plusieurs hypothèses

concernant d’identité de cette maquisarde. Et ces hypothèses nous pouvons

confirmer ou infirmer par d’autres éléments paratextuels et surtout par la

découverte du texte.

3 / la fonction séductive : parmi les rôles majeur de notre titre est de

séduire un public. L’auteur essaye donc a travers cette fonction d’attirer

l’attention vers son livre pour que ce dernier soit parmi les livres les plus

vendus et lus. Dans la mesure où elle doit susciter l’attrait et l’admiration du

lecteur par le bon choix du style et une langue bien claire « un beau titre est le

vrai proxénète d’un livre »2. Nora Hamdi essaye d’attirer notre attention par son

titre « La Maquisarde ». C’est un titre très poignant et un choix très sensible

car il traite le thème de la femme combattante qui a beaucoup donné à la guerre

de libération nationale et elle a risqué de sa vie et surtout de son honneur.

1 Genette, Gérard, op. cit. p. 83. 2 ibid, p. 95. (Le roman bourgeois, Pléiade, p. 1084.)

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Le titre peut aussi convoquer ou souligner le contenu ou la forme du

texte. Hoek est le premier qu’à fait cette distinction entre deux types de titres

où l’un désigne le contenu et l’autre la forme, Genette parle de cette distinction

de Hoek dans son ouvrage « Seuils » :

« Hoek, donc distinguait (..), deux classes de titres : les « subjectaux», qui

désignent le «sujet du texte », et les « objectaux », qui « réfèrent au texte lui-même »

ou « désignent le texte en tant qu’objet »»1.

En effet les titres subjectaux : sont les titres qui servent à désigner le

sujet du texte ainsi que sa signification générale. Exemple: Le Père Goriot, Le

Rouge et Le noir. Selon Genette ce sont les titres thématiques. Alors que les

titres objectaux : sont les titres qui désignent le texte en tant qu’objet, c’est-à-

dire, en tant qu’appartenance à une classe donnée de récits. Ce type de titre

débute souvent par l’avant goût d’une histoire de……ou aventure de ….. etc.

Il s’apparente donc à une indication plus ou moins générique ou formelle du

texte. Ainsi que selon la terminologie de Gérard Genette le titre se présente

sous deux formes : la première un titre « thématique »2 (évoquant le contenu).

La seconde un titre « rhématique »3 (décrivant la forme) qui désigne la façon

d’écrire le texte, car ce référant a celui-ci comme objet.

Le point de départ de l’analyse de notre roman « La Maquisarde »

débute par le désir d’expliquer ce titre qui est attirant par sa marque de

féminité. Le lecteur va d’abord supposer le sens, l’histoire et sa relation avec le

contenu de l’œuvre.

En premier contact avec «La maquisarde », nous avons d’abord cherché

son sens : le mot maquisarde vient du mot maquis du sens « Lieu retiré où se

réunissaient les résistants à l'occupation allemande au cours de la Seconde Guerre

1 Genette, Gérard, op. cit. p. 81. 2 Vincent, Jouve, Ed, Armand Colin. p. 82. 3 Ibid.

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mondiale ; groupe de ces résistants. »1. Ce mot avec le suffixe –ARD, ainsi que

maquis plus –ARD signifie « Noms de personnes liés à un lieu »2, par rapport à

l’histoire un maquisard veut dire : «Résistant combattant dans le maquis, franc-

tireur pendant la guerre de 1939 et 1945 »3, donc il est membre d'un maquis. En

effet ‘maquisarde’ c’est une « Féminisation de maquisard, femme qui a pris le

maquis »4.

D’après cette définition nous constatons que « La Maquisarde » est un

titre thématique car il suggère les évènements du texte (de quoi il parle le

texte). Nous pensons que l’auteur de cette histoire met le lecteur dans un cadre

historique particulier. C'est-à-dire ce titre nous positionne dans un cadre spatio-

temporel particulier : le mot maquisarde ne peut désigner qu’une femme

combattante dans un maquis durant une guerre et qu’elle est probablement le

personnage principal de ce récit. Nous supposons que ce roman s’inspire d’une

séquence historique de la guerre d’Algérie.

A l’égard de notre première hypothèse, nous avons l’impression que

Nora Hamdi a opté pour ce titre poignant d’une part pour attirer l’attention de

la nouvelle génération qui a que des bribes et pour d’autres rien concernant le

militantisme féminin. D’une autre part, dans le but de mettre en lumière l’oubli

et le manque d'intérêt à l'égard de l’engagement des femmes durant la guerre de

libération et par là-même occasion, rendre hommage à ces femmes courageuses

qui ont fait le choix de rejoindre le maquis, en s’efforçant de couper tous les

liens familiaux ; parents, frères et époux. Elles ont sacrifié leurs vies pour

libérer leur patrie. Elles ont enduré les atrocités de la guerre : la torture, les

camps de détention, la résistance. Elles ont, également, une vie faite de

privation, de froid, de faim et de manque de leurs proches. Et le pire de tout,

c’est la hantise de la mort. 1 Dictionnaire, Larousse expression, edtion 2010. 2 http://www.dictionnaire.exionnaire.com/que-signifie.php?mot=-ard. Consulté le 29/03/2016

à 13:55. 3 Dictionnaire, Hachette, éditions, 2010, p. 991. 4 https://fr.wiktionary.org/wiki/maquisarde. consulté le 29/03/2016 à 14:30.

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La famille algérienne était conservatrice au point où le moindre écart de

conduite d’une fille était impardonnable et passible de punitions les plus

insoutenables allant jusqu’à la mort parfois. La plupart d’entres elles étaient

célibataires lorsqu’elles ont rejoints le maquis pour vivre aux côtés des

maquisards. Ce fait marque la coupure avec le mode de vie traditionnel, elles

étaient mal vues par la société et dénigrées par les mauvaises langues. Le

courage de ces braves filles était en réalité considéré par d’autres comme un

acte honteux, c’est par cette insurrection qu’elles ont réussi à faire tomber les

tabous.

La société algérienne comme celle magrébine qui sont des sociétés

conservatrices, par excellence, avaient, à l’époque, une optique limitée envers

la femme qui devrait, à leur sens vivre sous la protection des hommes ; son

rôle a été réduit à enfanter et élargir le cercle de la famille, prendre soin de son

mari et s’occuper des tâches ménagères. Elle était considérée comme tentatrice

(FITNA), et un élément de déstabilisation, de désordre et de déséquilibre au

sein de la société à chaque fois qu’elle entre en scène.

Durant l’époque coloniale les maquisardes ont rompu avec cette vision

imposée par la famille où la tribu, car elles ont pu changer de mode

vestimentaire et vivre au milieu des hommes dans les mêmes conditions dures

aux maquis. Alors à la lumière de ces différentes caractérisations, il ressort de

ce titre que c’est un symbole de courage, de sacrifice et de d’engagement ; des

qualités qui ont surgi d’un être considéré depuis toujours comme faible et sans

ressources.

Nous pensons donc que l’auteur à travers ce titre à voulu mettre en

évidence une force restée cachée pendant longtemps a l’intérieur de la femme

qui n’a pas trouvé le terrain propice pour la faire surgir. La guerre de libération

était l’occasion pour elle de démentir par sa bravoure les préjugés. Cette

théorie qui réduit la femme à un être sans force et sans intelligence. Le nom de

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Djamila Bouhired qui a inspiré beaucoup de créateurs dans les domaines

artistiques et littéraires, ainsi qu’un grand nombre de femmes combattantes

dont les noms ont été gravés dans les mémoires et inscrits sur les pages des

livres d’histoire ; mais beaucoup d’autres demeurent oubliées par l’histoire. Ce

pan de l’histoire de la guerre d’Algérie reste à explorer.

Néanmoins ce titre nous laisse tourner dans des zones d’ombres, car

cette maquisarde peut être aussi une femme qui a rejoint le maquis pour

s’abriter afin de fuir un malheur, ou bien une femme à la recherche d’un

quelconque trésor et ce qui n’a aucune relation vis-à-vis du militantisme et

l’époque coloniale. Cependant le titre reste comme un flash qui nous donne une

image pour un court moment sur les hypothèses formulées, qu’il reste à

confirmer par la lecture.

Enfin, la relation entre le titre et le texte est indissociable ce qui reflète

un rapport de complémentarité entre les deux de façon où le premier annonce et

le second détaille : le titre dégage des idées concernant le thème du roman.

« La Maquisarde » nous pensons que cette femme a rejoint le maquis pour

libérer sa patrie. Il nous reste de connaître les conditions qui motivent cette

femme de rejoindre le maquis et déterminent son rôle pendant cette période

coloniale. Donc c’est à travers le récit que nous connaîtrons les détails. Cette

idée est confirmée dans les propos de Christiane Achour et Amina Bekkat :

« L’un annonce, l'autre explique, développe un énoncé programmé jusqu'à

reproduire parfois en conclusion son titre, comme mot de la fin et clé de son texte »1.

Certains éléments paratextuels nous orientent aussi comme : dédicace,

l’épigraphe, incipit et exipit … etc. Ils peuvent fournir des informations qui

nous aident à bien cerner le titre de notre roman et nous corrigent certaines

1 Achour C, Bekket. A, Clefs pour la lecture des récits, Convergences critiques II, édition du

TELL, Blida (Algérie), 2002. p.72.

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hypothèses concernant la réalité ou autrement dit l’identité de cette maquisarde

et peut être les raisons pour lesquelles elle a rejoint le maquis. Nous passons

donc à un autre élément paratextuel qui nous donne un bref aperçu sur le récit.

2. La dédicace :

« Dédicace c’est une inscription par laquelle un auteur dédie son œuvre à

quelqu’un, ou en offre un exemplaire avec sa signature. » 1

La dédicace c’est un hommage que l’écrivain fait de son œuvre à une

personne ou plusieurs par une note tracée en tête du livre. Peut être aussi une

expression qu’une personnalité (en particulier un artiste, un auteur), écrit sur

une photo, un œuvre qu’elle offre à des admirateurs. Néanmoins la dédicace

n’est pas seulement un hommage que fait un auteur à quelqu’un, qui est le

dédicataire. Il s’agit d’un message qui accompagne le texte, message dans

lequel l’auteur adresse des mots à quelqu’un pour:

« Donner à voir des éléments propres à la subjectivité de l’auteur, comme si

ce dernier utilisait les marges du roman pour faire retour sur lui et rappeler, sans

cesse, les raisons pour lesquelles il écrit.»2

La dédicace peut parfois devenir un aperçu de l’histoire même du texte,

le choix de l’auteur d’un dédicataire n’est pas seulement de lui rendre

hommage, car il est possible qu’il y ait une relation pertinente entre le

dédicataire et le texte comme il a définit Gasparini, la dédicace « peut devenir

une clé si (elle) est identifiable à un personnage du récit »3.

1 Dictionnaire, Hachette, Edition 2010, p. 438. 2 Jeanne Fouet, Aspects du paratexte dans l’oeuvre de Driss Chraibi. Université de Besançon.

Doctorat. 1997, p. 102 3 Philipe Gasparini, Est-il je ? Éd Seuil, 2004, p 72.

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En s’appuyant sur ces considérations, nous allons examiner la

dédicace de notre roman.

La dédicace de Nora Hamdi dans son roman « La Maquisarde » c’est :

« A ma mère.

Et à la mémoire de toutes les femmes disparues, oubliées, de la guerre d’Algérie. »1

Dans cet indice paratextuel nous remarquons qu’il y a une certaine

présence de subjectivité, car l’auteur rend un hommage particulier à sa mère.

Ce qui nous donne une image que la romancière est humaine et attachée aux

valeurs familiales et plus particulièrement à sa mère ; mais aussi, honorer

toutes les autres femmes ayant pris part à cette guerre de libération.

Cependant d’après le deuxième dédicataire, nous apprenons que

l’auteur veut donner au lecteur un avant goût sur le contenu de l’œuvre.

D’abord nous supposons qu’il y a un accord entre sa mère et ces femmes de la

guerre d’Algérie, il est possible que la mère de Nora est l’une de ces femmes

disparues et oubliées dans l’histoire de la guerre d’Algérie et peut être

l’héroïne de ce récit.

A travers cette dédicace, nous croyions que l’auteur désire nous

transmettre qu’il existe une relation pertinente entre les dédicataires et la guerre

d’Algérie qui est la disparition et l’oubli de la mémoire de sa mère ainsi que

des femmes en générale. En effet nous constatons que l’écrivaine a voulue

mettre en lumière le rôle des femmes dans la guerre de libération qui n’ont pas

été suffisamment considérées dans l’histoire de la guerre d’Algérie.

1 Nora, Hamdi, La Maquisarde, édition, Grasset, 2014, p. 07.

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L’indication de cette dernière nous informe que l’évènement principal

de ce récit est probablement la guerre de libération nationale.

Cet élément paratextuel nous aide partiellement à vérifier notre

première hypothèse concernant le titre « La Maquisarde » qui est une femme

qui a rejoint le maquis pour une raison honorable celle de libérer sa patrie et

nous pensons que cette maquisarde c’est la mère de Nora Hamdi. Nous passons

alors à un autre élément de l’appareil paratextuel de notre roman.

3. L’épigraphe :

Selon Genette :

« Je définirai grossièrement l’épigraphe comme une citation placée en

exergue, généralement en tête d’œuvre ou partie d’œuvre ; « en exergue » signifie

littéralement hors d’œuvre, ce qui est un peu trop dire : l’exergue est ici plutôt un

bord d’œuvre, généralement au plus prés du texte, donc après la dédicace si dédicace

il ya.»1.

L’épigraphe est généralement une citation ou bien une parole d’un

écrivain placée au début d’une œuvre littéraire, c’est un produit esthétique

sélectionné par l’auteur et ne constitue pas une simple mesure d'embellissement

du texte. L’épigraphe peut annoncer ou résumer le contenu et peut aussi

éclairer les intentions de l’auteur. En effet cet élément paratextuel oriente notre

lecture et la rend plus productive, selon Genette l'épigraphe a quatre

fonctions2 qui ne sont pas explicites et le lecteur doit l’interpréter : d’abord,

l’épigraphe peut être un commentaire du titre ou au contraire, le titre peut

changer le sens de l’épigraphe. Deuxièmement, l'épigraphe peut indiquer ou

souligner la signification du texte. Troisièmement, le nom d'épigraphe (la

1 Gérard, Genette, Seuils, Edition du Seuil, 1987, p. 147. 2 Ibid. p. 159, 160, 161, 162, 163.

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personne citée) est souvent le message essentiel tandis que la citation est

secondaire. En dernier lieu, l'épigraphe, peut signaler l'époque, le genre ou la

tendance d'un écrit.

Le texte de notre roman « La Maquisarde » débute par la citation de

l’écrivain algérien Kateb Yacine :

« On n’entend pas la voix des femmes. C’est à peine un murmure. Le plus

souvent c’est le silence. Un silence orageux. Car le silence engendre le don de la

parole. »1.

A la lumière de cette citation, nous pensons directement au lien de

celle-ci avec le titre d’une part et d’une autre avec le texte.

En premier lieu, nous remarquons que l’auteur veut faire un

commentaire sur le titre à travers l’intégration de cette épigraphe, car elle

évoque le même thème que le titre qui est la femme, tandis que la citation parle

des femmes. L’auteur veut nous transmettre que derrière la marque du

singulier, qui se trouve dans le titre, se cache un grand nombre de femmes; ces

femmes qui n’ont pas de voix. Nous pensons donc à la simple évocation d'un

individu pour passer à une dimension plus élargie qui implique l'existence d'un

problème de nature sociale. Et d’après la signification du titre nous comprenons

que l’absence de voix des femmes, c'est-à-dire qu’elles ont combattu dans

l’ombre et en silence, avec secret et pudeur.

Deuxièmement, nous supposons que cette épigraphe c’est une indication

ou bien une signification du texte où nous croyons que l’histoire de ce texte est

l’une de ces femmes qui ont lutté en silence. Les femmes algériennes même

après l’indépendance n’ont pas réussit à mette en évidence l’importance de leur

rôle pendant la guerre de libération nationale, car rejoindre le maquis pour une

1 Nora, Hamdi, La Maquisarde, Edition Grasset, 2014, p. 09.

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femme est considéré par la société algérienne comme un fait honteux, malgré

qu’elles ont sacrifié leurs vies pour l’indépendance de l’Algérie.

C’est par cette réalité que se propage au sein de la société algérienne

qu’il existe que des murmures sur le combat des femmes durant la guerre.

C'est-à-dire que cette citation suggère que les femmes n’ont pas été

suffisamment présentes dans l’histoire de la guerre d’Algérie et il n’y a pas

tellement de paroles féminines dans cette dernière, malgré la diversité des écrits

le militantisme de la population féminine, souffre d’une certaine carence et il

reste un sujet très peu exploré. Pourtant les algériennes se sont engagées dans la

guerre de libération dès le début du combat. Toutefois, durant la guerre le

militantisme des femmes a connu un écho favorable dans l’opinion publique, à

la fois sur le territoire national qu’à l’étranger, à l’origine de ce fait c’est que la

contribution des femmes était apparente et sentie. Une fois la guerre finie, les

femmes se sont retrouvées confrontées à un nouveau combat ; celui de

réclamer sa part de reconnaissance, après une longue lutte féminine un

murmure remplaça le silence. Le nombre de femmes qui ont participé à la lutte

est impressionnant, sauf que parmi elles peu de noms ont pu surgir.

La répétition du mot « silence » renforce le sens principal de cette

épigraphe qui est le silence imposé à beaucoup de femmes algériennes par la

pudeur, les coutumes, la mauvaise interprétation de la religion et pour d’autres

c’est l’ignorance qui est à l’origine de ce fait, il y avait des générations de

femmes qui ne sont pas allées à l’école, qui ne savent ni lire ni écrire, la seule

chose qu’elles ont c’est une réclamation de reconnaissance qui reste étouffée et

oubliée par des historiens, des témoins et des écrivains.

En dernier lieu à travers cette épigraphe, nous constatons que l’histoire

racontée dans le texte est celle de l’époque coloniale, ça nous fait savoir que ce

livre est un roman historique. Notre dernière constatation est que la dernière

phrase de la citation, nous fait penser que Nora Hamdi, à travers ce roman, veut

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donner la parole aux femmes en retraçant leur vécu révolutionnaire durant la

guerre de libération nationale. Enfin cette épigraphe c’est une ouverture sur le

texte, nous commençons par l’analyse de l’incipit.

4. L’incipit :

Après l’étude des différents éléments dans la périphérie du texte (titre,

dédicace, épigraphe, première de couverture et quatrième de couverture) qui

nous ont révélé des informations assez intéressantes, il est temps d'aborder le

texte proprement dit en débutant par son commencement autrement dit par son

incipit.

Malgré l’évolution du roman au fil des siècles, l’incipit est toujours

présent et répond à plusieurs conventions qui vont mettre en place le récit.

Selon le dictionnaire littéraire l’incipit est :

« Une formule latine qui, […] désigne la première phrase, voire les premiers

mots d’un texte ; et, suivant une acception concurrente. Les premières lignes…

parfois même tout le début, d’une œuvre. […]Dans la mesure également où il a

l’origine d’une première rencontre entre le lecteur et l’univers du texte, donc lieu du

pacte de lecture... »1.

Et selon Jean Raymond l’incipit est :

« La première phrase d’un récit est toujours une entrée dans un espace

linguistique nouveau, l’accès au champ romanesque, l’émergence de la parole

narrative, l’émergence du signifiant. »2

1 Aron, Paul/Denis, Saint-Jacques /VIALA Alain, Le dictionnaire du littéraire, Presses Universitaires

de France, Paris, 2002, pp, 374.375. 2 Jean, Raymond, « ouvertures, phrases-seuils », in pratique de la littérature, Paris, Seuil, 1978. P. 13.

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Tout d’abord le terme ''incipit '' vient du verbe latin incipio qui veut dire

(commencer). L'incipit sert à désigner le début d'un roman. Nous remarquons

que l’incipit est varié peu importe ses limites car ce passage peut être effectué

par le premier mot ou la première phrase d’un roman aussi nommé phrase-

seuil, comme il peut être les premières phrases et parois plusieurs pages.

L’incipit commence au moment où le narrateur de la fiction prend la

parole, il est « une annonce ou du moins une orientation générale.»1, il est donc un

élément textuel crucial pour le commencement de la lecture. Il introduit le

roman par des significations qui fait naître du suspense et donne l’envie au

lecteur d’entrer dans le roman.

Pour Claude Duchet, l’incipit est à concevoir comme « Le lieu stratégique

d’une mise en texte conditionnée »2. L’incipit occupe une place stratégique

dans l’œuvre. Il est un lieu qui doit introduire l’appareil textuel par

informations (personnage, temps, lieu…) qui visent à répondre aux questions :

qui, où et quand ?

Selon Vincent Jouve, l’incipit remplit précisément trois fonctions : « il

informe, intéresse et propose un pacte de lecture »3 :

Informer : l’incipit crée un monde fictif en donnant des

informations sur les personnages, le lieu, le temps. Des

descriptions intégrées à la narration permettent de répondre aux

trois questions que se pose tout lecteur lorsqu’il aborde une

histoire : Où? Quand? Qui?

1 Friedrich D. E. Schleiermacher, Herméneutique. Pour une logique du discours individuel, Paris, Le

Cerf, 1987, p. 102 2 Claude, Duchet, « Enjeux idéologiques de la mise en texte » in Revue de l’université de Bruxelles,

n˚3-4, 1979, p. 318. 3 Vincent, Jouve, Poétique du roman, Ed, Armand Colin. p. 17.

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Intéresser : l’incipit consiste à susciter la curiosité du lecteur, il

doit l’accrocher dans la mesure où l’attention du lecteur doit être

stimulée par l'imprévisibilité du récit, l'adresse directe au lecteur,

la confrontation de celui-ci à une énigme ou l'entrée d'emblée

dans l'intrigue.

Nouer le pacte de lecture : l’incipit a une valeur d’annoncer et

préparer la suite du texte. En effet, une série de signaux

indiquent, dès les premières lignes, le genre du roman (roman

épistolaire, roman réaliste...). l’un des cas les plus étudiés est

celui du roman réaliste.

En général, l’incipit d’un roman réaliste se caractérise par la référence à

une date et à des lieux précis qui ancrent le récit dans un monde familier. Selon

Vincent Jouve « Raconter une histoire au passé (cas le plus général des

romans réalistes) »1. De même si le narrateur, fait référence à un lieu ou un

évènement réel, c’est parce qu’il sait que le lecteur, reconnaissant dans le texte

ce qui existe hors du texte, sera poussé à recevoir l’ensemble de l’histoire

comme issue de la réalité.

Alors l’incipit ne s’agit pas seulement d’un passage pour commencer un

texte, mais aussi il y a toujours une relation avec le hors-texte que ce soit

historique, social, économique, idéologique et psychologique. Donc l’incipit est

un entre-deux où se concentre tout l’effort à la fois de la production du texte et

pour faciliter sa réception en créant un pacte de lecture et un horizon d’attente.

1 Vincent, Jouve, Poétique du roman, Ed, Armand Colin. p. 17.

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Les premières phrases de notre roman « La Maquisarde » sont les suivantes :

« J'ai seize ans. La guerre d'Algérie vient de me frapper de plein fouet.

Comme beaucoup de jeunes filles menacées de mort, je n'ai jamais eu autant envie de

vivre. C'est l'hiver. Le vent ne cesse de souffler. La lumière vient de tomber sur les

montagnes de Sid Ali Bounab. »1

-« J’ai seize ans. », Le début de notre incipit nous informe par une

phrase simple et déclarative que la narratrice est une adolescente de seize ans.

C’est une indication sur le personnage principal de cette histoire où nous

constatons l’existence de la fonction informative. La présence du « Je » narratif

nous donne l’impression que c’est un récit autobiographique. Cependant nous

comprenons d’après le résumé représentatif du contenu de la quatrième de

couverture que l’auteur a pris la parole ce qui provoque notre curiosité et nous

oriente vers une autre notion:

« C’est ma mère. Je la regarde sans mots. De sa vie, De ses quinze ans en

Kabylie, je sais peu de choses. Presque rien. Ma mère était paysanne, elle cueillait

des olives, elle surveillait les moutons. Elle dormait sur la terre battue et ne

connaissait ni l’école, ni la liberté. Longtemps je n’ai pas osé la questionner. Puis j’ai

enquêté, je suis partie en Algérie. J’ai découvert que ma mère, timide et discrète, était

une héroïne. Qu’elle avait connu, si jeune, le maquis, la résistance, la fuite, le camp.

Sans doute la torture et la violence des hommes. J’ai compris aussi qu’elle avait aimé

la fraternité et la vraie liberté… »2

Ces phrase «c’est ma mère », « Puis j’ai enquêté, je suis partie en

Algérie » nous laisse comprendre que l’auteur est la fille de l’héroïne. Dans ces

indications nous constatons que ce récit est donc une biographie écrite comme

1 Nora, Hamdi, Ed, Grasset. P. 10. 2 Ibid. Le verso du roman.

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une autobiographie car la fille (l’auteur) commence l’histoire par la première

personne du singulier, où nous entrons aussitôt dans l’esprit d’une adolescente,

ce qui rend le récit vivant est proche de la réalité. Toutefois, cet incipit apparait

aussi comme un condensé du roman, faisant aussi écho au titre de notre roman,

nous pouvons dire que ce livre c’est un Journal d’une maquisarde qui est la

propre mère de l’écrivaine.

« La guerre d’Algérie vient de me frapper de plein fouet. » le début de

cette phrase nous montre déjà à la fois l’évènement et l’époque racontés dans

ce récit. Tout d’abord l’histoire de la guerre d’Algérie est une réalité amère

vécue par les algériens et les algériennes du 1er Novembre 1954 jusqu’à

l’indépendance en 1962. L’écho de cet évènement a pu se propager à travers

tout le globe, par le biais de la littérature en langue française. Grâce à la

littérature les populations française et algérienne ont développé un nouvel

intérêt pour la guerre. Les romans sont devenus des intermédiaires pour

raconter la vérité et ils ont été aussi utilisés pour critiquer certains événements

de la guerre1. A partir des années 80 de nombreux auteurs français, algériens et

français d’origine algérienne ont été influencés par la guerre d’Algérie. Cette

guerre qui a servie d’exemple pour tous les révolutionnaires du monde. De

stimulant pour les peuples opprimés en quête de liberté et de matière grise pour

beaucoup d’écrivains, de poètes, de journaliste et de cinéastes. La guerre

d’Algérie reste jusqu’à ce jour un thème omniprésent dans les créations

littéraires, artistiques et cinématographiques.

« La guerre d’Algérie » est aussi une indication temporelle. Cette

indication désigne que l’histoire racontée dans ce récit s’inscrit dans l’époque

coloniale et plus précisément durant les années cinquante. Tous les mots dans

cette phrase «la guerre d’Algérie », « frapper », « de plein fouet » sont des

1 Stora, Benjamin, « L’opinion publique en métropole », in : La Guerre d’Algérie et les

Français, Paris, Fayard, 1990. p. 270.

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significations de violence et de torture. La narratrice veut nous transmettre

qu’elle a affronté la guerre directement et violemment.

« Comme beaucoup de jeunes filles menacées de mort, je n’ai jamais eu

autant envie de vivre.» la narratrice veut mettre en scène les jeunes filles qui

ont vécu les mêmes conditions qu’elle, celles de la colonisation où elles ont

risqué leurs vies. Ce qui a fait épanouir leur désir de vivre.

« J’ai faim de tout. », la faim c’est un symbole de privation, de manque

et besoin. Ici la faim pour la narratrice n’est pas seulement un besoin de

nourriture, mais aussi un vif besoin, une grande envie de tout : liberté, amour,

droit…

« C’est l’hiver. Le vent ne cesse de souffler.». L’hiver comme il est une

indication temporelle, ainsi qu’un symbole de désespoir et d’obscurité qui est

connue pour être l’état d’ignorance. Après, la narratrice veut nous faire entrer

aussitôt dans une atmosphère pleine de terreur, de menace, de destruction, de

peur et de violence, celle d’une Algérie qui vit sous le joug de la colonisation

française. La narratrice a réussit à nous faire imaginer et vivre la scène au

même degré qu’elle.

« La lumière vient de tomber sur les montagnes de Sidi Ali Bounab. »

d’abord la lumière, au sens figuré c’est la clarification qui est par opposition à

l’obscurité. Donc nous comprenons qu’après les conditions de soumission, de

peur et d’humiliation il y a une volonté d’émancipation et de libération. La

narratrice décrit le déclenchement de la guerre de libération nationale comme

une lumière qui incarne l’espoir de se libérer chez les habitants de ces

montagnes de Sidi Ali Bounab.

Les montagnes de Sidi Ali Bounab c’est une indication de lieu qui existe

réellement et qui a un passé marqué par les horreurs du colonialisme. Sidi Ali

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Bounab1 est une montagne bien boisée de Kabylie « est une région historique et

ethnolinguistique berbère située dans le Nord de l'Algérie, à l'est d'Alger. Terre de

montagnes densément peuplées »2.

Sidi Ali Bounab est une montagne qui surplombe précisément la ville

de Tademaït, à 18 Km à l’ouest de Tizi-Ouzou, elle a été le fief des maquisards

de la région durant la guerre d’Algérie. Tout en bas de la montagne, au nord,

s’étend une plaine que traverse l’oued Sébaou et où se dresse Tadmaït, une

ville à 83 Km à l’ouest d’Alger et 17km à l’ouest de Tizi Ouzou (Chef lieu du

département). Du temps de la colonisation, du temps ou Tadmaït était le camp

du Maréchal.

Cet incipit inscrit clairement le texte dans une esthétique réaliste. Nous

connaissons que l’évènement de la guerre d’Algérie et les montagnes de Sidi

Ali Bounab sont des références qui existent dans le hors texte. Le début de ce

récit nous a fournit quelques informations sur le personnage principal, le lieu et

le temps, ainsi qu’il provoque notre curiosité et nous laisse poser plusieurs

questions à propos du protagoniste, ce qui ouvre un horizon d’attente et fait

naître chez nous un grand suspense.

L’incipit a une valeur d’annoncer, il nous prépare la suite de l’histoire

par la description de la lumière qui vient de tomber sur les montagnes de Sidi

Ali Bounab et qui nous permet de dévoiler progressivement et

« naturellement » l’espace de l’intrigue.

Enfin, nous arrivons à déceler quelques thèmes abordés dans cet incipit

celui de la guerre d’Algérie qui est un thème omniprésent dans la littérature

maghrébine d’expression française qui a fait couler l’ancre de plusieurs

plumes algériennes ainsi que françaises. Mais d’après l’analyse de l’appareil

1 http://www.sidalibounab.com/sujet/sidi-ali-bounab/. Consulté le 01/05/2016 à 09 :35. 2 https://fr.wikipedia.org/wiki/Kabylie. consulté le 01/05/2016 à 09:52.

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paratextuel ainsi que l’incipit, nous constatons que le militantisme de la femme

c’est le thème le plus important dans ce roman.

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Chapitre II : Analyse du

paratexte éditorial.

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1. La première de couverture :

La première de couverture est appelée « le recto de l’œuvre » selon

Christiane Achour et Amina Bekkat :

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« La première de couverture (son recto) est la première accroche : il faut

observer contenu et mise en forme : le nom de l’auteur, le titre, l’éditeur, les choix

typographiques et les choix de couleurs »1

La première de couverture est la première page extérieure d’une œuvre.

Elle n’est pas numérotée et contient généralement : un titre, le nom de l’auteur,

la maison d’édition et parfois la mention du genre (poésie, conte, roman,...) et

des illustrations ayant de l'impact, elle peut également comporter d’autres

éléments. La première de couverture est le premier contact du lecteur avec le

livre et ses éléments, ces derniers ont une fonction d’information car ils

donnent des indications sur le contenu du livre et son auteur. La quatrième de

couverture éveille ainsi la curiosité. Le lecteur commence à imaginer l’histoire

du livre et formuler des hypothèses. Cette anticipation incite à commencer la

lecture pour vérifier l’exactitude des hypothèses formulées à partir de cet

élément paratextuel.

D’après Canvat2, les illustrations de la première de couverture

remplissent une fonction à la fois publicitaire, elles sont conçues pour attirer le

lecteur, référentielle, elles disent quelque chose du contenu du livre, esthétique,

elles ont un effet décoratif et idéologique, elles sont liées à des normes

culturelles.

Donc la première de couverture c’est un enjeu capital pour la vente d’un

livre, c'est-à-dire qu’une "bonne vente" passe par une bonne couverture. En

effet le choix d’une bonne illustration assure la bonne compréhension de la

signification d’une œuvre et le sens caché qu’elle véhicule.

1 Achour, Christiane, Bekkat, Amina, Clefs pour la lecture des récits, Convergences critiques

II, édition du Tell, Blida (Algérie), 2002. p. 75. 2 K.Canvat, La fable comme genre. Essai de construction sémiotique, In Pratiques, 1996, n°

91.

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Dans la première de couverture de notre roman, au dessus il est

mentionné le nom de l’auteur ainsi que le titre de l’œuvre « La Maquisarde »

et la maison d’édition au dessous.

D’abord, le nom de l’auteur et le titre attirent l’œil et influencent notre

moral. Notre première remarque c’est que les deux ont en commun une

marque de féminité, ils sont écrits en gras et avec deux couleurs différentes, le

premier est écrit en blanc sur un fond orange alors que le deuxième est écrit en

orange sur l’image de la première de couverture. D’après cette remarque nous

supposons que l’auteur a voulu se mettre dans la peau de cette maquisarde ce

qui nous laisse penser qu’il y a une relation intime et complémentaire entre les

deux. Le titre est gravé directement sur l’image de la première de couverture,

ça nous laisse penser que la femme qui est sur la gravure est l’héroïne c'est-à-

dire la maquisarde.

Les couleurs ont une valeur symbolique, celle–ci varie d’une culture à

l’autre. Cela implique que l’écriture en telle ou telle couleur n’est pas fortuite.

Concernant la couleur du titre qui est l’orange a plusieurs significations :

« Cette couleur peut aussi paraître stimulante et provocante, et symbolise le

danger. »1, « un signal lumineux orange marque une alarme, un danger proche »2 .

D’après ces significations nous pensons que cette maquisarde a vécu un danger,

qui peut être la terreur, l’atteinte à l’honneur ou la mort. Nous pouvons aussi

penser que le choix de cette couleur est une alarme qui annonce un

déclenchement d’une guerre, c'est-à-dire que cette maquisarde a vécu une

période coloniale.

1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Orange_(couleur). Consulté le 10/05/2016 à 17:54. 2 Ibid.

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Le nom de l’auteur est écrit en blanc ; « le blanc associé à l’absence… »1,

Ce qui est connu aussi chez tout le monde et qui est une vérité générale, c’est

que le blanc est symbole de paix. Il y a plusieurs interprétations que nous

pouvons donner à la couleur avec laquelle est écrit le nom de l’auteur.

Premièrement nous pensons que l’auteure est absente durant les évènements

racontés dans le récit. Deuxièmement nous supposons que l’auteur a vécu une

période de paix. Se basant sur l’interprétation des deux couleurs nous croyons

que l’histoire de ce roman relate le combat d’une maquisarde alors que l’auteur

ne faisait pas partie ni de cette époque ni de cette histoire.

Il est important de signaler que la première page de couverture est

illustrée par une image. Comme nous le savons, l’image possède ses propres

objectifs et fonctions. Elle véhicule un message, comme le titre. Nous passons

a l’interprétation et la symbolique de l’image insérée dans la première de

couverture de notre roman.

2. La symbolique de l’image de la première de

couverture :

L’image est une :

« Représentation d’une chose ou d’un être par les arts graphiques, plastiques ou

photographiques. »2

En ce qui concerne les livres, l’image est un élément signifiant faisant partie du

péritexte. Elle porte sur ce qui est important dans l’histoire. Les détails de

l’image exitent la curiosité du lecteur.

1 Simonnet, Dominique, Pastoureau, Michel, Le petit livre des couleurs, éditions du Panama,

Paris, 2005. p. 76. 2 Dictionnaire Encyclopédique 2005, Éd. Philippe Auzou, Paris, 2004, P. 960

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Nous proposons une analyse sémiotique de l’image de la première de

couverture. L’image a un rôle très important dans la signification d’une œuvre,

elle éveille notre imagination ce qui oriente notre compréhension.

Martine Joly définit et affirme que :

« L’image au sens commun du terme, comme au sens théorique est outil de

communication, signe, parmi tant d’autres, «exprimant des idées» par un processus

dynamique d’induction et d’interprétation. »1

La signification et l’interprétation de l’image se jouent dans les codes

d’observations différentes des lecteurs en situation de réception en fonction de

leur propre imagination. L’image offre un vaste champ d’interprétations qui

dépendent, d'une partie de la connaissance personnelle du lecteur, de sa

référence culturelle, de sa position sociale et de son inconscient.

La première de couverture de notre roman est occupée entièrement par

l’image d’une femme ce qui nous laisse penser qu’elle est le personnage

principal ainsi que le thème général de cette histoire. Mais nous remarquons

que l’image est légèrement décalée par rapport au centre, selon cette

observation nous supposons que cette femme n’a pas été prête pour la prise de

vue.

La photographie est en noir et blanc ce qui reflète l’époque coloniale.

L’image représente une femme berbère dans son habit traditionnel, le visage

découvert avec les longs cheveux entremêlés noirs couvrant son corps, elle a un

regard triste qui enfoui le désespoir, la souffrance et un grand silence.

Nous pouvons dire que la relation entre le titre et l’image est très claire

et l’un complète l’autre

1 Martine, Joly, L’image et les signe, Nathan Université, 1994.P, 36

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En se basant sur la signification du titre et l’interprétation de l’image,

nous constatons que le récit relate l’histoire d’une femme qui rejoint le maquis

pendant l’époque coloniale où elle a connu la peine, l’humiliation et

l’oppression.

3. La quatrième de couverture :

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La quatrième de couverture c’est comme la première de couverture

représente aussi d’autres éléments qui aident le lecteur à se faire un aperçu

général sur le contenu de l’œuvre ainsi que des informations sur son auteur.

La quatrième de couverture est la dernière page extérieure d'un livre. Elle

est aussi appelée «le verso d’un livre». Elle n'est pas numérotée et accueille

généralement un extrait représentatif du contenu ou une présentation de l'auteur

c’est-a-dire il y a quelques informations sur l'auteur, un code barre, des

informations sur la collection, des indications sur son âge, le prix…etc.

Genette signale que :

« La quatrième de couverture est un lieu très stratégique comportant un rappel

de titre, le nom d’auteur, sa bibliographie ou biographie, une prière d’insérer, le nom

de la maison d’édition, le prix de vente, le nom de la collection, un code-barre, un

numéro ISBN (International Standard Book Number) et une date d’impression ou de

réimpression. » 1

La quatrième de couverture permet au lecteur de se faire une idée plus

précise sur l’histoire du livre. Et plus précisément le résumé est considéré

comme la crème de l’œuvre.

D’après la première phrase du résumé de la quatrième de couverture de

« La maquisarde », nous comprenons que l’auteur a pris la parole dans ce

résumé pour parler de sa mère.

A l’instar de beaucoup de Moudjahidines, la mère de l’auteure n’aimait

pas se vanter. L’auteure comme tous les enfants qui veulent connaître le passé

de leurs parents. Nora Hamdi, devant le silence de sa mère a vu sa curiosité

exiteé de plus en plus.

1 Genette, Gérard, Seuil, op. cit. 1978. p. 30.

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Elle est partie en Algérie, à la recherche de l’histoire de cette mère

paysanne qui cueillait des olives et garder les moutons, qui n’a jamais connu

l’école. Alors l’enquêteuse découvrit la grandeur de cette mère timide et

discrète, qui était si jeune pour ne pas dire adolescente a connu le maquis et qui

a résisté à la férocité de l’occupant, elle a connu la fuite avec tout ce qu’elle

engendre et le camp de détention avec tout les horreurs qu’il peut cacher.

L’auteure nous fait savoir qu’elle a compris que sa mère avait aimé la

fraternité et la vraie liberté, non celle de brandir les drapeaux sur les toits des

institutions, mais cette liberté que l’homme peut sentir et vivre au fond de lui-

même.

Enfin d’après cet élément paratextuel nous avons eu une idée globale sur

le contenu de cette histoire, dont les faits sont tirés d’une histoire vécue

réellement par la mère de l’auteur. Cette histoire est traduite par cette dernière

en un œuvre de fiction.

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Deuxième partie :

Approche sociocritique.

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La sociocritique, outils d’analyse littéraire

L’existence de la littérature aux diverses conditions de la vie quotidienne

est importante pour enrichir l’esprit et l’imagination des hommes. De ce

fait, l'évolution de la littérature est liée à des changements que subit la

société, car il y a un rapport entre les formes et les structures sociales et les

formes et les structures du texte littéraire. La littérature sert à juger la

société tandis que la société sert à expliquer la littérature, à cet égard, pour

analyser une œuvre littéraire nous devons prendre la société en

considération, dont, le texte littéraire est produit.

Au fil de la dernière décennie, beaucoup de méthodes d’analyse littéraire

sont apparues dans la zone des analyses littéraires, et parmi ses méthodes

nous nous sommes orientés vers la méthode sociocritique parce qu’elle est

la plus propice pour notre corpus.

Notre choix de cette méthode repose particulièrement sur le fait que

l’auteure algérienne Nora Hamdi, s’est inspirée de la société algérienne

durant l’époque coloniale et spécialement du parcours combattant de sa

mère qui a lutté pour l’indépendance de l’Algérie, afin de mettre en lumière

les sacrifices non seulement de sa mère, mais aussi de toutes les femmes

qui ont milité dans l’ombre durant la guerre de libération nationale.

Il faut souligner que « La maquisarde » s’inscrit dans le cadre du

réalisme, consacré à une petite société algérienne de l’époque coloniale qui

peut être considérée comme une micro-société renvoyant à la macro-

société. C'est pourquoi, nous recourons à la démarche sociocritique de

Duchet.

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Et pour mieux cerner cette approche et la mettre en évidence nous

optons en premier lieu à présenter l’origine et l’historique de cette méthode,

sa définition selon quelques théoriciens et quelques outils principaux de la

sociocritique selon Claude Duchet dans le premier chapitre.

En deuxième lieu nous chercherons à appliquer les notions-clé duchétiennes

comme «société du texte» et «société du référent» à La maquisarde de Nora

Hamdi pour donner une lecture qui révèle le «réel social» du texte dans le

deuxième chapitre. Nous essayerons dans ce chapitre de relever dans le roman

des passages nous permettant d’analyser et de comprendre la socialité de notre

corpus. Pour cela, nous nous baserons sur les concepts que nous avons définis

dans le premier chapitre. D’ailleurs les indices de la socialité de notre roman

apparaissent dès le titre et les autres éléments paratextuels et plus clairement

dans l’incipit. Et c’est ce qui justifie notre intérêt pour l’approche sociocritique.

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Chapitre I : La

sociocritique comme outil

d’analyse littéraire.

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1. L’historique et la définition de la sociocritique :

1. 1-Les origines de la sociocritique :

L’émergence du concept «sociocritique » est liée par une autre

approche, celle de la « sociologie de la littérature » ; une approche sociale de la

littérature, qui s’intéresse aussi à l’étude des relations qui sont établies entre

l’univers social et d’autres disciplines, parmi les quelles la littérature.

En effet, avant le XXème siècle, il n’existait pas ce que nous appelons «

la sociocritique », il n’y a que des études Sociologiques qui s’intéressent à la

relation littérature et société.

L’histoire de la sociocritique a commencé avec les travaux de l’écrivain

L’Emile de J.J.Rousseau, puis cette notion est abordée par Madame de Staël,

dans son chef d’œuvre « De la littérature considérée dans ses rapports avec les

institutions sociales ». Dans cet ouvrage les faits littéraires et la société sont

bien liés comme une source fondamentale de la littérature, l’auteur tente de

cerner l’influence de la littérature sur les institutions sociales.

La littérature sert à juger la société. La société sert à expliquer la

littérature. De ce point de vue, la sociologie de la littérature entend étudier la

littérature comme un fait social, et pour bien étudier cette interférence entre les

deux structures, la sociocritique vient comme une discipline autonome de la

sociologie de la littérature. Dans ses débuts la sociocritique se présente comme

un concept ambigu, qui cherche encore son identité propre. L’histoire de la

sociocritique est liée toujours aux relations entre société et littérature.

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Quelques années plus tard, Auguste Comte et son approche historique de

l’art qui se trouve également dans une œuvre majeure de Taine Philosophie

(1865), où il tente d’expliquer une œuvre à partir du milieu social de son

producteur.

L’arrivée des théories marxistes sur la société au début du XXe siècle,

marqua profondément l’approche sociale de la littérature. Mais originalement

la notion de la « sociocritique », renvoie au Claude Duchet, c’est en 1971, qu’il

propose une lecture socio-historique du texte. C’est depuis l’année 1968 que

Duchet tente de construire cette approche « une poétique de la socialité,

inséparable d’une lecture de l'idéologique dans sa spécificité textuelle »1

1. 1-La définition de la sociocritique :

Au début, la sociocritique se manifestait comme une idée équivoque,

s’appuyant toujours sur les interférences produites, entre une société et un fait

littéraire, où Claude Duchet affirme que : « Il n’est pas sur que le terme de

sociocritique soit (…) lavé de toute ambiguïté »2

La sociocritique est une discipline qui apparue à la fin des années

soixante, ce terme littéraire produit pour la première fois en 1971 par Claude

Duchet dans son article paru dans la revue littéraire, Pour une sociocritique ou

variation sur un incipit, comme une réaction contre le structuralisme littéraire

qui isole la littérature des autres disciplines de connaissance. Dans lequel la

définit comme ainsi :

« Sociocritique et non la sociocritique : il serait présomptueux de vouloir

présenter ici un ensemble doctrinal. Il s’agit plutôt d’un exposé des problèmes posés

1 Claude Duchet, Sociocritique, éd, Fernand Nathan 1979. p. 4. 2 Claude Duchet, « Introduction, le projet Sociocritique : problèmes et perspective » .In

G.FALCONER et H.MITTERAND, éd, « La lecture sociocritique du texte romanesque »

(Toronto, A .M.Hakkert, 1975), p 5.

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par le progrès même des recherches relatives à l’analyse sociale et idéologique des

textes. »1

La sociocritique est une approche du fait littéraire, qui s’intéresse à

l’étude des productions littéraires au sein de la société qu’il a produit. Elle

s’intéresse pas à ce que le texte signifie, mais à ce qu’il transcrit, c'est-à-dire à

ses modalités d’incorporation de l’histoire, non pas seulement au niveau des

contenus, mais aussi au niveau des formes.

La sociocritique est comme un outil d’analyse littéraire sert à étudier les

diverses expositions sociaux-idéologiques dans un texte littéraire dans le but de

dévoiler l’ensemble des figurations, dissimulées dans un texte littéraire par son

auteur, dans le but aussi d’expliquer un texte littéraire par rapport à son origine

social. Puisque il s’agit de « lire » le social dans le texte, même si ce social est

caché, enterré, sous entendu.

Dans l’analyse sociocritique l’œuvre littéraire est considéré toujours

comme le fruit de la société ; « tel arbre tel fruit », nous expliquons l’œuvre par

rapport à son contexte social et historique.

Pour C Duchet le terme de sociocritique désigne la façon dont les textes

donnent à lire et à vivre le social, parce que l'écrivain est conditionné par sa

société, la reflète, l'exprime, cherche à la transformer ; elle existe dans l'œuvre,

où nous retrouvons sa trace, et sa description ; elle existe avant, dans et après

l'œuvre. En effet « La sociocritique », propose une lecture sociohistorique du

texte.

Il est important de comprendre que la sociocritique s’est basée au départ,

sur le principe du « Hors-texte », dont Claude Duchet, déclare que c’est : « Au

1 Claude Duchet, Sociocritique, éd, Fernand Nathan 1979. p. 05.

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cœur du texte, que l’on doit retrouver le Hors-texte »1, qui désigne, la présence

des facteurs réels et extérieurs à l’intérieur du texte. Et où la société à été

considérée comme une source essentielle, que la sociocritique a pris comme

objet fondamental, d’illustration. À cet effet, voila ce qu’écrit Claude Duchet

cité par Vincent Jouve : « le statut du social dans le texte et non le social du

texte »2

Claude Duchet écrit : « le texte est lui-même comme lieu où se joue et

s’effectue une certaine socialité »3. Donc tout texte, ne se produit qu’à travers des

scènes originales, dans un univers social véridique. Le texte romanesque, est vu

comme un espace du réel, dans lequel, se sont développés des activités sociales

explicitement ou bien d’une manière sous-entendue (implicitement), où se lit et

s’enracine la socialité. Celle-ci qui donne une allusion, à l’extra-texte, à tout ce

qui fait dans un contexte socio-historique.

La sociocritique est basée sur un vaste concept qui considère la

littérature et la société comme deux parties indissociables et définit l'œuvre

comme le résultat des conditions sociales de l'époque de l'auteur. La littérature

reflète les réalités socio-historiques et dessine la société du dehors dans le cadre

d‘un univers fictif. Chaque œuvre littéraire cache et englobe l‘ombre d‘une

société et le propre de la sociocritique est de faire sortir cette société en ouvrant

et analysant les différentes parties de l'œuvre.

«Effectuer une lecture sociocritique revient, en quelques sortes à ouvrir

l'œuvre du dedans, à reconnaître ou à produire un espace conflictuel où le projet

créateur se heurte à des résistances, à l'épaisseur d'un déjà là, aux contraintes d'un

1Claude Duchet, « Sociocritique », éd Fernand Nathan 1979, p 6. . 2 Vincent Jouve, « Poétique du roman », éd Armand colin, paris 2007, p 144. 3 Cité par Berger et al, 1999 :123 in la sociocritique comme outil d’analyse littéraire :

Approche Méthodologique. Mémoire Online. p. 43.

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déjà fait, aux codes et modèles socioculturels, aux exigences de la demande sociale,

aux dispositifs institutionnels»1

L'analyse sociocritique étudie le texte sous une perspective

particulièrement sociale et vise à chercher les marques de la société dans la

littérature. Le premier but de cette approche est donc la recherche d'une

«socialité du texte ». Cette socialité se révèle comme

«La façon dont le roman s'y prend pour lire le social, pour inscrire du social

tout en produisant par sa pratique, du texte littéraire, une production esthétique»2

C‘est pourquoi, elle est tout ce qui se manifeste dans le texte comme la

présence d'une société de référence et d'une pratique sociale. Ce par quoi

chaque texte littéraire s'affirme dépendant d'une réalité sociohistorique3

antérieure et extérieure à lui.

Il est bien évident que la socialité de l'œuvre est à la fois le résultat d'une

expérience personnelle et le produit d'un groupe social. Aussi, la sociocritique

s'intéresse à étudier et à mettre en relief les éléments de la société dans la

production littéraire et à découvrir «ce par quoi le roman s'affirme lui-même

comme société et produit en lui-même ses conditions de lisibilité sociale»4

Donc, il est définitif ; que la sociocritique est une science qui renvoie au

champ social à la pluralité. Elle traverse le cœur social qui s’inscrit et

s’incorpore franchement dans une organisation littéraire. Elle étudie la

littérature comme un fait social et démontre que chaque expression artistique

ou littéraire relève, plus ou moins, du réel social de son époque.

1 Claude Duchet, « Sociocritique », éd Fernand Nathan 1979, p 4. 2 Ibid. p. 7. 3 Claude Duchet, « une écriture de la socialité », in Poétique, N˚16, Paris, Seuil 1973. p. 449. 4 Ibid.

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Alors Claude Duchet Parmi les théoriciens de la sociocritique tente d'étudier les

particularités des sociétés humaines et d‘analyser les représentations du réel

social dans le texte.

2. Outils principaux de la sociocritique :

La sociocritique, comme « espace de pensées » ; un essai de symbiose

mental et un dialogue heureux de deux entités : un travail de l’auteur (réalité

imaginaire) et une société réelle. Ce qui favorise l’utilisation de certains

concepts et notions, servant dans le champ de ces études. Claude Duchet, nous

offre les instruments analytiques les plus connus et les plus jugés, qui sont,

société du texte ou du roman, société de référence, co-texte, discours social et

enfin le sociogramme. Il est à rappeler que nous n’allons pas nous servir de

tous ces concepts, seuls ceux qui s’apprêtent à l’analyse que nous avons

choisie, seront investis. Nous cherchons à appliquer seulement les deux notion-

clé déchutiennes tels que « société du roman » et « société du référence ».

2.2La société du roman :

La société du texte ou du roman est la société qui se dégage du texte

littéraire. Elle permet d'étudier le fait social à travers le texte. Elle est un monde

fictif qui représente la société réelle. Elle manifeste des lois, pratiques, valeurs,

structures sociales, économiques, politiques et tout ce qui se trouve dans

l'univers réel de l'écrivain. Les personnages de cette société sont semblables

aux hommes de la société réelle.

Donc la société du texte constitue un univers fictif reflétant les réalités

humaines. Il est à noter que la présentation de la société réelle est généralement

la particularité du texte réaliste qui reconstitue la réalité d'une façon explicite et

reproduit la société aussi fidèlement que possible.

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Derrière cette unité, la société textuelle (du roman), désigne que toute

société, se délivre, ressortit et retire légèrement d’un univers littéraire, ainsi que

le champ social existe et demeure une organisation littéraire. Certes, nous

avons constaté que l’imitation et le plagiat du sociale, s’était au siècle, avec la

gloire du roman réaliste spécifiquement consacré aux phénomènes reflétant

essentiellement, toute reproduction réelle. À l’opposé aux autres mouvements

littéraires, le réalisme romanesque, met l’accent sur la transformation idéale et

authentique de ce qui construit et figure le comportement d’une société sous ses

différents aspects. En effet, Gustave Flaubert multipliait les observations

objectives afin de peindre le social dans ses détails les plus minutieux.

« Aujourd’hui, a-t-il écrit, en écrivant Madame Bovary, homme et femme tout

ensemble, amant et maîtresse à la fois, je me suis promené à cheval, dans une forêt,

par une après-midi d’automne, sous des feuilles jaunes, et j’étais les chevaux, les

feuilles, le vent, les paroles qu’on se disait… »1

Cependant, la société du roman, comme son nom l’indique d’ailleurs,

n’existe que dans le texte et ce n’est que le reflet, l’image d’une collectivité

humaine, d’une organisation sociale prise comme référence ou comme modèle.

Duchet arrive de prouver, que son aspect spécifique, n’alimente pas une telle

théorie, d’une application normative, mais il se prolonge particulièrement à

l’identification d’un tissu romanesque (texte) dans sa profondeur, dans le sens

où, il a dérivé et introduit une certaine socialité renvoyant à un environnement

ailleurs, dans l’objectif de garantir l’autonomisation, de ce qu’il nomme : « la

société du roman ».

« Pour une démarche sociocritique Il ne s’agit pas d’appliquer des normes et

des étiquettes, mais d’interroger les pratiques romanesques, en tant que productrice

d’un espace social que j’ai proposé d’appeler société du roman. »2

1 Lagarde et Michard, « XIXème siècle », Paris, Bordas, p. 457. 2 Claude Duchet, Patrick Maurus, « Entretiens de 2006 », op.cit .p 1.

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Ces propos montrent que le principe sociocritique appliqué au roman, le

prend comme un microcosme social, reproduisant en lui des rapports

homologues à ceux qui régissent la société dans sa globalité. Duchet a précisé

par un exemple extrait de Madame Bovary de Flaubert que la casquette de

Charles Bovary, dont le modèle se serait trouvé chez un chapelier de Rouen,

n’est qu’un objet de papier, ne prenant son sens que par rapport à la poétique de

l’œuvre. Et c’est tout simplement parce qu’il n’y avait pas un vrai chapelier

dans un vrai Rouen.

Alors la société du roman est considérée comme la partie centrale, située

au fond du texte, dans lequel elle s’est propagée. Selon son nom, cette société

du roman fonctionne pour renvoyer l’image visible relative à une globalité

humaine d’un système social, pris comme un modèle, et un symbole, devant

être imité ou symbolisé à travers les mots et les verbes. Donc le roman, est en

adéquation avec la société et le fait littéraire, lui-même est détaché de celle-ci,

toujours retracée et délivrée dés le départ et la construction d’un texte. Ainsi,

toute œuvre raconte d’une manière ou d’une autre le social. Enfin la société du

texte renvoie donc à un espace social qui est à l'extérieure du texte et que

Duchet désigne sous le nom de «société de référence».

2.2La société de référence :

La littérature est un univers de papier qui représente l'univers réel de la

société. Pour que le texte littéraire soit lisible et compréhensible par ses

lecteurs, il faut qu'il se réfère à leurs réalités sociales et indique, d'une manière

explicite ou implicite, leurs pratiques et leurs pensées. La société de référence

aide à mieux comprendre la société du texte, parce que dans le texte, il existe

des éléments qui renvoient à une société hors du texte.

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« L’histoire est le monde construit par le texte et n’existant que par les mots,

ses phrases, son organisation etc. et le référent, c’est-a-dire le hors texte : le monde

réel et nos catégories de saisir du monde qui existent en dehors du récit, singulier

moins auxquels celui-ci renvoie »1

Le texte c’est toujours le témoignage d’une époque, pouvant même

donner des renseignements sur des événements relatifs un moment précis de

l’histoire. Donc, il est obligé de se rapporter au réel pour mieux s’exprimer une

œuvre littéraire. Et comme résultats décisifs, nous pouvons dire que toute

société du texte, est estimée comme le monde fictif, l’univers diégétique (c’est-

a-dire qui fait parti de l’action ou qui est liée aux événements dans une œuvre

de fiction, fabriquée par le texte).

Alors que la société de référence et plus réelle, s’attache visiblement à

l’ensemble des pratiques et des événements sociohistoriques déjà existants.

Dubois exprime cette idée ainsi :

« Tout ce qui manifeste dans le roman la présence hors du roman d’une

société de référence et d’une pratique sociale, ce pour quoi le roman s’affirme

dépendant d’une réalité sociohistorique antérieure et extérieures à lui, ses encrages

donc dans l’expérience réel ou imaginaire que le lecteur de cette société »2

D’une manière illustrative, chaque roman se réfère à un ailleurs, se

représente comme un extérieur au cœur de ce texte. Ce que Claude Duchet

arrive à qualifier par le concept de : « Société de référence » .Encore Ficher,

l’identifie par un autre terme, c’est celui de « macro-société »

En outre, « La société de référence » ,se focalise sur la prise d’une

structure sociale de plus en plus véridique, pour être notamment manifestée

1 Yves Reuter, Analyse du récit, Paris, Belin 2004, p 7. 2 Jacques Dubois, Les romanciers du réel, De Balzac à Simon, le seuil, collection « Points

Essais », 2000, p 42.

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dans une organisation diégétique, c’est-à-dire, que cette dernière n’est qu’un

reflet authentique de tout ce qui est extérieur, à l’intérieur d’un univers

romanesque.

Comme son nom l’indique : « La société de référence », est considérée

comme société source ou société mère. Elle est le support original sur lequel le

créateur littéraire se concentre afin de transformer tous ces actes sociaux. En

d’autres termes, le texte est toujours en relation directe avec cette particularité

sociale, avec ce dehors. Dans ce contexte Roger Caillois écrit : « Le roman trace

à son lecteur un tableau de la société »1

Enfin, la référence comme source valable est apparue comme le moyen

d’inspiration permettant à un producteur littéraire de bien saisir à la fois le

monde que le compose et encore qui l’entoure .Donc, il facilite la tâche de

communication entre une structure réalisable et l’autre qui est tout à fait réelle.

Autrement dit :

« La référence suppose le Hors-texte, lieu de rencontre et de connivence entre

lecteur « réaliste » et son auteur, mais ne se confond pas avec lui. Elle l’englobe mais

le dérobe »2

La sociocritique et ses outils nous permettent de comprendre et de

dégager les différents comportements sociaux dans le texte.

1 Caillois Roger cité par Bouzar Wadi in Roman et connaissance social, éd, OPU, Alger,

2006, p, 13. 2 Claude Duchet, « Une écriture de la socialité »,op.cit .p 451.

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2.3 Le hors-texte :

En sociocritique, quand nous citons le hors-texte, il ne s'agit pas des

éléments tels que le titre, l'avant-propos, la préface qui peuvent être présentés

par le même terme, mais nous parlons d'une catégorie très large qui permet la

lisibilité de la société dans le roman.

La sociocritique emploie la notion de hors-texte dans le but de représenter la

relation au texte. Duchet souligne que : « le hors-texte était plutôt une métaphore

du rapport du texte et du monde qu’une définition acceptable »1. Selon lui le hors-

texte remonte à une réalité extratextuelle, il s’agit de dévoiler les prédications

qui renvoient à une réalité existante hors texte.

Le hors-texte à un rôle important, son but est d’établir les liens entre « la

société du roman » et « la société de référence » à la faveur de l’évocation des

lieux, des évènements historiques et sociaux. Il possède tous les éléments qui

rendent le texte littéraire homogène et intelligible et représente les références

spatiales, temporelles et sociales de l’œuvre. À la fin nous pouvons dire que, La

société du référent est liée à une autre catégorie dite le hors-texte: «référence et

hors-texte sont indissociables et l'une renvoie à l'autre»2.

1 Claude Duchet, Patrick Maurus, « entretient de 1995 », op. Cit, p 25. 2 Claude Duchet, «Une écriture de la socialité», in: poétique, n° 16, Paris, Seuil, 1973. p. 451.

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Chapitre II : La socialité du

roman La maquisarde.

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1. Survole sur la guerre d’Algérie :

Après près de cent vingt quatre années d’occupation durant lesquelles le

peuple algérien a connu toutes les misères ; famine, ignorance, mépris, crimes

et assassinats de la part d’un occupant qui n’a pas cessé de piller les richesses

d’un pays qui n’était pas le sien sous le regard impuissant des propriétaires.

Cette terre qui n’a jamais été stérile a vu naître des hommes dont les

noms ont été associés aux adjectifs de courage, sacrifice et bravoure, Larbi Ben

M’hidi qui a été qualifié par ses propres ennemis de seigneur, Mustapha

Benboulaid, Zighoud Youcef et bien d’autres ont marqué l’histoire universelle.

Le premier jour de Novembre de l’année 1954, la première balle était

partie pour annoncer au monde entier qu’une guerre, pour une cause juste, vient

d’être lancée, avec la bénédiction de tout un peuple, la lutte armée pour la

libération de l’Algérie sera un exemple à suivre pour tous ceux qui rêvent de se

libérer.

Une guerre qui a durée plus de sept années, pleines de larmes, de feu et

de sang s’est soldée par l’indépendance de cette terre qui a été squattée par

l’une des plus grandes puissances de ce monde, mais la volonté et l’avidité

d’un peuple pour se libérer, a anéanti la force des armes.

Femmes, enfants et vieillards, chacun a porté sa part de différentes

manières, la gente féminine a joué un rôle capital dans la libération de

l’Algérie, malgré le conservatisme de la famille algérienne dicté par

l’interprétation de la religion, par les us et traditions, la femme algérienne était

forcée de faire un choix, aller aux côtés de ses frères dans leur lutte où un rôle,

capital que personne d’autre ne pourra jouer à sa place, l’attend.

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Et pour être juste, nous devons citer les aides extérieures qui ont donné

plus de détermination et de courage au peuple algérien pour venir à bout de sa

lutte, des états et des personnes ont joué un rôle vital dans cette guerre qui était

sans aucune pitié.

Beaucoup de pays ont contribué à la libération de notre pays, des

européens ont, également, permet à cette guerre d’avancer dans le bon sens en

mettant souvent leurs vies en danger pour une cause qu’ils étaient convaincus

de sa justesse.

La France a tout fait pour rester en Algérie, un pays riche plein de

pétrole et de gaz, ce qui a poussé à la création de beaucoup de problèmes au

gouvernement français de l’époque, les séquelles sont toujours visibles.

Aujourd’hui, les relations entre les deux pays n’ont jamais connu une réelle

stabilité.

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2. La guerre d’Algérie dans le récit :

Dans le récit « La maquisarde», Nora Hamdi raconte une société du roman

qui s’inspire totalement d’une structure sociohistorique notamment d’une

société de référence. Notre écrivaine a été très influencée par le vécu de sa

mère pendant l’époque coloniale. Dans ce roman l’auteure s’est basée sur

l’histoire de sa mère qui est une histoire vraie et réelle et sur l’histoire de la

guerre d’Algérie., elle a décrit tout au long du récit les bouleversements qu’a

connus la société algérienne. Donc nous pouvons dire que Nora Hamdi a

travers ce récit fait un retour vers le passé de sa famille, un passé lié à la guerre

dans la compagne algérienne et précisément en Kabylie, elle veut saluer le

courage des algériens plongés au cœur de la tragédie coloniale. Cette dernière

est considérée comme le Hors-texte, véhiculé par l’écrivaine et fonctionnalisé

dans son roman.

L’Algérie a connu une période navrante ; celle des années d’horreurs

intenses, qui ont été marquées par tant d’événements douloureux, signalant les

sévices extrêmes de toute une nation. La guerre d’Algérie a été un combat

violent qui a changé la vie de beaucoup d’Algériens. Cependant l’héroïne a

commencé dès l’incipit à parler de cette guerre « j’ai seize ans. La guerre

d’Algérie vient de me frapper à plein fouet »1. L’auteure a voulu nous informer

que la machine de la guerre vient de démarrer, alors que l’héroïne n’était

qu’une adolescente où elle a subit un changement radical de son vécu. Dans un

passage dans le récit elle nous décrit son enfance et la situation sociale de sa

famille avant le déclenchement de cette guerre :

«J’avais à peine cinq ans quand, dès l’aube, je me suis mise au travail. Après le

départ de ma famille travaillant dans les champs, j’étais déjà sur ma propre besogne.

Avec la semoule, je préparais le pain, je roulais les graines de couscous pendant des

1 Nora, Hamdi, La maquisarde, Edition, Grasset, Paris, 2014, p. 11.

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heures, puis je faisais cuire les pommes de terre. A l’heure du déjeuner, j’allais dans

les champs rejoindre ma mère, Esma, Amir et Réda. Je leur apportais la nourriture

préparée. Le déjeuner était souvent le même. Des galettes de pain, des olives et des

figues sèches. Puis je repartais en les laissant continuer leur corvée jusqu’à ce que la

nuit tombe. Dans l’après-midi je gardais les moutons dans les environs, pas loin de

nos terres. Le soir, après une journée d’intense labeur, je servais le plat de couscous

aux fèves. Chaque jour se passait ainsi. C’était notre façon de vivre. Celle des

paysans dans la montagne. »1

La narratrice a voulu nous décrire les dures conditions dans lesquelles elle

vivait avec sa famille avant le déclenchement de la guerre de libération

nationale. Malgré le bas âge de la narratrice qui ne dépassait pas les six années,

on lui a confié des tâche ménagers ; elle préparait le déjeuner qui était, tout les

jours, composé de galette d’olive et des figues sèches qu’elle ramène aux

membres de sa famille qui passe leurs journées dans les champs à faire de

pénibles travaux. Cette description nous laisse déduire que la famille de la

narratrice était une famille paysanne et pauvre. C’était le cas de grand nombre

de familles algériennes pendant l’ère coloniale.

Pendant la guerre la vie de la narratrice et sa famille et celle de tous les

algériens a été bouleversée « La crainte de voir l’armée entrer dans notre village

habite tous les esprits »2, la peur a hanté les esprits de tous les algériens au point

où on mange dans un silence total pour pouvoir guetter le moindre bruit ; les

visites inopinées et nocturnes des soldats français, qui, sous la menace des

armes, des arrestations sont opérées sommairement. L’auteure nous rapporte

que :

«En silence, on mange. On guette toujours le bruit. Ce que l’on redoutait arrive.

Des moteurs de camions résonnent au loin. Brusquement, la porte principale s’ouvre

à grands coups de pompes sur des soldats français armés qui foncent sur Amir et

1 Ibid. p. 17-18. 2 Ibid, p. 11.

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l’attrapent par le col. Avec ma mère, on se jette sur eux pour faire barrage mais

brutalement on est jetées à terre par deux autres soldats. Ils traînent Amir vers la

sortie, on court vers lui. Dehors c’est l’horreur. Sous les bourrasques de vent glacial

des camions de l’armée attendent devant chaque maison. Femmes et enfants hurlent

leurs déchirements. Leurs cris stridents résonnent. Tous les hommes du village sont

embarqués à l’arrière des camions. »1

L’oppression, l’injustice, la privation toutes ces pratiques du

colonisateur ont poussé le peuple à se révolter. La domination des terres des

familles algériennes par l’occupant était dans le but de les affamer et de couper

les vivres aux maquisards, car la culture des terres était la seule source de leur

alimentation, le même sort était réservé à la famille de la narratrice où Nora

Hamdi nous décrit cette situation dans cet extrait :

« De plus en plus d’Algériens se sont rebellés contre la colonisation qui nous

a fait sombrer dans cette terrible misère. La famine est arrivée faute de moyens. Le

colonialisme s’est étendu progressivement, privant les paysans de leurs terres. La

terre léguée par mon père a été abandonnée. Ma mère a été obligée de vendre tous

les animaux. Mais la vente des biens n’a pas suffi ; la famine était sans pitié. Tout le

monde était sous-alimenté, malade. »2

L’auteur a voulu nous informer que l’armée française non seulement,

elle a privé les populations de leurs biens, elle leur a enlevé les êtres les plus

chers en les tuant. Dans ce terreau la colère et la vengeance prennent racine :

« Les pleurs des femmes et des enfants se déchaînent. Je reconnais de proches

voisines qui découvrent leurs hommes tués lors de la rébellion. Chaque famille

cherche à reconnaître les corps. Des femmes soulèvent des cadavres pour les ramener

chez elles. La colère et la vengeance sont déjà dans tous les esprits. »3

1 Ibid, p. 13. 2 Ibid, p. 18. 3 Ibid, p. 14.

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L’auteure n’a pas omet de citer les harkis dans la guerre d’Algérie pour

nous faire savoir que dans cette guerre il y a une part de trahison. Comme dans

chaque guerre, la propagande joue un rôle important dans la mobilisation des

populations, mais voir des algériens habillés en tenue de l’armée française était

choquant. Pendant que la majorité de la population musulmane voit dans la

guerre un espoir d’émancipation, une partie d’algériens avait choisi l’autre

camp, celui des partisans de l’Algérie française. Les harkis étaient violents

dans leurs propos, car ils voyaient dans la révolte des masses leur trahison.

D’autre utilisent la manière douce en essayant de convaincre les villageois des

bienfaits du colonialisme qui promet une vie meilleure. Comme le disait Nora

Hamdi :

« Pour la première fois, j’ai vu des Algériens habillés en tenue militaire de

l’armée française. Je n’en avais pas vu la nuit du drame. C’était un vrai choc de

découvrir ce qu’on appelle les harkis. On m’avait parlé de ces Algériens-là, qui

étaient pour l’Algérie française, mais de les voir en vrai, c’était autre chose. C’est en

les découvrant que j’ai compris comment certains harkis étaient plus vicieux face à

notre rébellion. On leur rappelait trop leur trahison. La violence de leurs propos et

leurs expressions hystériques tranchaient avec celles des soldats français quand ils

attendaient les traductions des harkis. J’ai bien vu combien ils se sentaient terrifiés

par notre révolte. C’est lors d’une de ces visites que j’ai reconnu un homme du

village voisin de ma sœur, devenu harki. Quand je l’ai démasqué, il a essayé de me

convaincre des bienfaits du colonialisme qui, selon lui, promettait une vie meilleure.

J’ai vu dans ses yeux qu’il n’était pas du tout sûr de ce qu’il avançait. »1

Dans plusieurs passages l’auteure nous décrit la vie de clandestinité qui a

été imposée aux maquisards, L’armée française guette et contrôle tout. Alors il

était évident de vivre dans la clandestinité pour déjouer l’attention de

l’ennemie. Cette clandestinité ne peut être efficace que sous le voile de la nuit

sauf en cas de force majeur. C’était les mêmes conditions qu’a vécu la

narratrice avec sa famille :

1 Ibid. p. 19 – 20.

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« La nuit est tombée (...) je me redresse pour distinguer plus nettement le son, très

vite je discerne que quelqu’un lance des cailloux. D’un coup, je saisis le bras de ma

mère, elle me fait signe de jeter un œil vers la fenêtre, puis elle ouvre la porte arrière.

Amir et Elias sont dans la cour. Immédiatement ma mère les fait entrer. »1

Ce roman confirme que l’esclavage a existé durant l’occupation au point où

les algériens adultes comme enfants étaient sommés de céder le passage s’il

leur arrive de se trouver avec des européens sur le même trottoir. D’autre

français voyant de telles pratiques se sont rendus compte qu’il y avait injustice.

L’auteure nous fait savoir que cela change l’avis de quelques français comme

Jacques, qui est un prêtre avec l’infermière Suzanne ; choqués par le dur

quotidien des algériens ont décidé de venir en aide à la population musulmane :

« Suzanne venait d’arriver quand ils se sont rencontrés. Témoins de

leur quotidien, ils se sont parlé en voyant des gamins algériens descendre du trottoir

pour laisser passer des gamins colons français qui continuaient leur route

naturellement, sans voir l’air réprobateur des gamins algériens. C’est à ce moment-là

que Suzanne et Jacques ont compris que la situation n’était plus tenable. Ils ne

s’étaient jamais croisés avant cette scène ordinaire. »2

Cette vérité vient démentir les dires des défendeurs du colonialisme chez

Suzanne (une infermière française) :

«Avec Jacques, Suzanne a été invitée à un dîner dans la ville coquette du quartier

européen pour rencontrer le commandant. Lors de la soirée, Suzanne a tout de suite

compris où elle mettait les pieds quand la conversation s’est portée sur le bienfait du

colonialisme, rappelant que c’était la France qui avait construit le pays. »3

1 Ibid. p. 20. 2 Ibid. p. 81. 3 Ibid. p. 82.

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Nora Hamdi a voulu nous présenter une image à travers laquelle elle nous

montre l’humanité de quelques français qui ont pris position aux côté des

algériens dans leurs combats pour l’indépendance. Le prêtre et l’infermière

après avoir fait le constat de la misère et de la souffrance dans lesquelles des

algériens vivent dans des camps où il était formellement interdit à toutes

personnes de porter quelconque aide aux malades, Jacques et Suzanne se sont

engagés a venir en aide à ces gens qui souffrent. Nora Hamdi écrit :

« Suzanne lui à montré l’endroit où elle travaillait. Après lui avoir fait visiter son

église, Jacques lui a parlé de ces bidonvilles à l’entrée de la ville. Il lui a demandé si

elle pouvait l’accompagner pour soigner bénévolement des gens malades qu’il

connaissait. Suzanne n’était jamais sortie du quartier européen. Quand elle a

découvert la condition de ces gens dans la misère, elle a compris que l’armée lui

cachait la situation réelle. Elle a voulu en savoir plus. (…), il lui a raconté les

villages de regroupement où des gens vivaient dans une plus grande misère encore,

sans pouvoir se soigner. Les visites y étaient interdites aux médecins, et à toute autre

aide. Jacques avait mis en place une stratégie pour contourner ces interdits. »1

Pour être humain dans une guerre il faut pouvoir disputer la sainteté des

anges, car la guerre ne peut produire que des malheurs, des larmes et du sang

ainsi que des crimes et fait en sorte que tout le monde tire sur tout ce qui est

humain. L’écrivaine a voulu nous faire découvrir une réalité qui révèle le côté

humain chez quelques français qui se sont retrouvés mêlés à une guerre qu’ils

n’approuvaient pas. Le passage suivant le montre si bien :

« Le soldat au regard insistant rigole avec les autres. Je comprends qu’il veut me

violer avant de me tuer. Les autres soldats partent. (…) je ne comprends pas ce qu’il

cherche à faire. Il pousse l’une des cloisons qui tient mal et d’un coup sec, il force la

tôle pour agrandir la fine ouverture. Puis me fait signe pour que je passe. Quand je

m’approche tout restant les yeux rivés sur le passage, il me dit à voix basse : « J’y

1 Ibid. p. 82.

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suis pour rien moi dans cette guerre sur laquelle je crache, j’ai pas choisi d’être là,

personne m’a prévenu de cette merde, allez pars, t’es trop jeune pour mourir. »… »1

Nora Hamdi nous a présenté une image sur la guerre d’Algérie et elle a mit

au centre le rôle et le combat qu’a mené la femme.

3. Le rôle de la maquisarde dans le récit :

Lorsqu’on évoque la guerre de libération algérienne, des noms qui ont

été écrits dans l’histoire et qui résonnent dans le ciel de la résistance viennent

se mettre devant nous en grand nombre. Parmi lesquels on cite Larbi ben

m’hidi, Zighoud Youcef, Houari Boumédienne, mustapha Ben boulaid et la

liste reste longue.

Ce qu’il ne faut pas perdre de vue c’est que cette guerre n’a pas été faite

que par des hommes, des femmes ont pu se distinguer par un courage qui a,

parfois, dépassé celui des hommes. S’il y a un nom qui ne peut être oublié c’est

sûrement celui de Djamila Bouhired, et de Hassiba Benbouali et bien d’autres.

Mais l’histoire a certainement été privée de retracer l’héroïsme et les

faits d’armes de beaucoup d’autres femmes qui ont lutté pour libérer l’Algérie,

mais grâce à la littérature des sacrifices de femmes ont pu être révélés, et nous

avons pour exemple le récit de Nora Hamdi qui a voulu rendre hommage à sa

mère et par conséquent inviter les historiens à chercher dans ce volet de

l’histoire qui reste peu exploré celui du combat féminin. Tout ce que nous

avons pu savoir sur le rôle de la femme par les acteurs eux-mêmes (

Moudjahids et moudjahidates) nous l’avons senti à travers des passages qu’a

écrit Nora Hamdi.

1 Ibid. p. 112.

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La femme algérienne en générale était, tout le temps, torturée

moralement par le déchirement familial où l’incarcération des maris et des

enfants était systématique. Nora Hamdi le montre :

« Tout le village vit dans la peur. Il y a un mois, de l’autre côté du mont, ont

eu lieu les premiers recrutements d’hommes pour servir l’armée française. La crainte

de voir l’armée entrer dans notre village habite tous les esprits. »1

La femme seule après la perte de son homme le fardeau devient plus

lourd, car elle doit supporter la gestion de toutes les affaires de la famille, elle

est l’homme et la femme à la fois. Cette responsabilité a forgé la personnalité

de la femme paysanne, et timide la rendant plus forte que sa misère. L’auteure

nous a décrit cette réalité en écrivant :

« Après la mort de mon père, ma mère a dû gérer la famille. En plus des

terres, en héritage, il lui restait deux taureaux, dix moutons, un âne, une dizaine de

poules, et ces champs d’oliviers qu’elle n’a cessé de cultiver avec mes frères et sœur,

avant que l’armée française la prive de ses terres en s’installant progressivement

dans la Kabylie, comme dans tout le reste de l’Algérie. »2

Etre privé de savoir et de connaissance est le pire des sévices qui puisse

renforcer le sentiment de l’injustice. Aller à l’école était le souhait le plus cher

aux cœurs des algériens à cette époque, car la population commençait à se

rendre compte que le savoir était le garant d’une indépendance individuelle et

collective, en plus de la misère dans laquelle vivait la femme un autre tort plus

redoutable vient s’ajouter à d’autre, celui de l’ignorance. La narratrice n’a

jamais connu les bancs des écoles, elle connait l’histoire de son peuple a travers

les contes, et les chants traditionnels, comme le montre si bien où elle écrit :

1 Ibid. p. 11. 2 Ibid. p. 16.

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« Comme la plupart des enfants de mon entourage, je ne suis jamais allée à

l’école. Elle n’existe pas pour les enfants de la région. L’école est située dans la ville

de Mirabeau, à trois heurs à pied de mon village. L’école est pour les enfants de

colons. Pas pour les Algériens. Je ne sais ni lire, ni écrire, mais grâce à nos

traditions, à travers les contes, les chants et les légendes de mon pays, je connais per

cœur notre Histoire. »1

La société conservatrice avec ses coutumes et traditions sacrées

enchainaient les pensées de s’ouvrir sur quelque chose de nouveau. La sacralité

de la famille et la préservation de l’honneur étaient des sujets intraitables, une

femme qui rejoint le maquis était frappée par le sceau du déshonneur jusqu’à la

fin de sa vie. Malgré la grande mobilisation de la population, la participation

de la femme à la libération de sa patrie était pour grand nombre de familles

algériennes un sujet à ne pas aborder, tout le monde refuse d’avoir une fille ou

une sœur armée, mais les prisons et les camps de détentions ont joué un rôle

dans la propagation du militantisme dans les rangs des algériens cette séquence

a été bien illustrée par l’écrivaine où elle écrit :

« Je laisse ma voisine poursuivre. Elle se confie sur son désir de rejoindre le

maquis. Elle regrette de ne pas avoir suivi des connaissances qui le lui ont proposé.

Elle me raconte que déjà, beaucoup de jeunes filles de mon âge se sauvent là-bas. La

femme a hésité à cause de sa famille qui était contre. Mais maintenant qu’elle connaît

le camp du maréchal, elle projette fermement de s’engager si elle sort. Je ne dis

toujours rien. Je sais que dans tous les foyers, le sujet est abordé. C’est une lourde

décision. Beaucoup de familles ne supportent pas l’idée de voir leurs filles, femmes,

mères, sœurs prendre les armes. Tous ont peur des terribles représailles. Celles qui

s’engagent risquent le viol et le torture. »2

La femme, au début, avait un rôle logistique, elle était chargée de

rassembler des vivres et des médicaments pour les blessés et les malades, il est

1 Ibid. p. 16. 2 Ibid. p. 37.

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arrivé aux maquisards de se nourrir d’herbe ce qui fait fermenter la volonté de

leurs proches à trouver un moyen pour les nourrir même au cout de leurs vies,

Nora Hamdi le montre dans un passage comme suit :

« En attendant, le faim les tenaille. Ils mangent de l’herbe, sont affamés, sans

force. Je promets da faire le maximum pour préparer dans les jours qui suivent de la

nourriture en quantité. »1

Malgré toutes les souffrances l’espoir est toujours là, l’écrivaine a voulu

nous faire savoir que les algériens sont imbattables et qu’ils ressuscitent de

leurs souffrances :

« Quand je retourne chez moi, dès que je plonge sur mes peaux de moutons, je

me sens enfin revivre. L’espoir est de nouveau là. »2

L’indisponibilité des médicaments n’a pas empêché la femme de faire

recours à la vie traditionnelle pour venir en aide aux malades et aux blessés en

puisant, dans le savoir faire des grand-mères, dans le domaine des plantes

médicinales afin de soulager les maux des maquisards blessés et malades,

l’auteure nous le montre dans :

« Le feu est prêt, ma mère met la marmite dessus, je commence à pétrir la pâte

pour faire les galettes. Je me demande si la quantité de nourriture suffira. Les

hommes sont tous plus maigres les uns que les autres. Les prémices de la maladie

sont déjà là chez certains. La grippe risque de se répandre. Ma mère fait bouillir

certaines de ses plantes qu’elle fait aussitôt boire aux malades avant de manger.

Tourmentée devant les blessés, je me demande comment nous allons soigner ces

hommes sans médicaments. »3

1 Ibid. p. 23. 2 Ibid. 3 Ibid. p. 45.

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Au fil du temps la femme a grimpé les échelons, ces responsable jugeait

qu’elle était capable d’accomplir des missions de haute importance ce qui lui a

permet d’intégrer réellement la lutte armée par la grande porte en mettant sa vie

en danger en faisant passer des documents et des médicaments et en posant

même des bombes, dans le récit l’engagement de Dahbia qui rassemblait des

médicaments pour servir la cause défendue par son peuple, n’a pas laissé

l’héroïne indifférente, l’écrivaine écrit dans ce passage :

« En l’espace d’une heure de marche, mes pensées sont restées sur Déhbia.

Après avoir appris par une prisonnière du camp du maréchal que beaucoup de

femmes s’engagent, je découvre un autre genre de femmes du style de Déhbia. Elle

m’a vraiment marquée. Jamais je n’avais envisagé ce nouveau genre, une telle

femme. Des portes s’ouvrent pour moi. Je peux devenir, soit une maquisarde, soit une

militante. »1

Afin d’accomplir sa mission, la femme algérienne a été obligée de

changer radicalement, pour pouvoir passer sans attirer l’attention de l’ennemi

sur elle. La femme combattante a changé sa manière de penser, elle se sent

libre dans ses opinions et dorénavant elle ne laisse plus personne penser pour

elle, son rôle n’est plus limité aux tâches ménagères. Elle rêve déjà des mêmes

droits que ceux de l’homme, car elle a prouvé qu’elle était en mesure

d’accomplir des tâches qui ne peuvent être confiées qu’aux hommes. Elle

imagine sa vie dans une Algérie indépendante. Dans ce cadre l’auteure écrit :

« Elles se sont engagées dans le maquis et le militantisme. On a appris à

penser autrement. Avec la rage, la parole s’est libérée. Notre rôle a évolué, il n’est

plus limité aux tâches ménagères et aux enfants. La vaillance de toutes les femmes a

été prouvée. Egales dans notre mission, jamais on n’a été aussi fortes dans nos

opinions. Ce que j’ai vécu est définitivement marqué au fer rouge. (…). Depuis je

reste convaincue qu’après la guerre, à l’indépendance, la position des femmes va

1 Ibid. p. 50.

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changer. L’Algérienne va avoir les mêmes droits que les hommes. Les femmes ont

démontré qu’elles étaient au niveau des hommes. »1

Le roman de Nora Hamdi reflète une image proche du vécu réel de la

population en générale et de la femme en particulier. Donc nous pouvons

considérer cette histoire comme une séquence de vie durant la guerre de

libération.

1 Ibid. p. 106.

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Conclusion :

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En guise de conclusion, nous pouvons dire que le roman de Nora Hamdi

est l’un des écrits féminins algériens les plus attachés à leur pays. « La

maquisarde » est un récit historique, ses passages retracent un passé lourd de

souffrance et de privation. Par ce roman l’auteure a voulu rendre hommage aux

femmes maquisardes, qui souffrent d’un oubli blessant, et particulièrement à

sa mère et sa grand-mère.

Nora Hamdi a essayé à travers ce récit de mettre en évidence le rôle vital

qu’a joué la femme pendant la guerre de libération. De ce fait elle met l’accent

sur le drame qui a touché le peuple algérien, reflétant la période de la guerre

d’Algérie et ces atrocités. Le but demeure le désir de donner une voix aux

femmes combattantes et les extraire de l’oubli.

Arrivés à la fin de notre modeste travail, nous présentons notre objectif,

tout au long de cette étude, qui était un essai de répondre à la question

principale (la problématique) soulevée au début :

« Dès le titre une orientation vers la guerre d’Algérie nous est proposée,

ce roman serait-il une représentation d’une séquence de vie de la guerre

d’Algérie ? »

Pour mieux analyser notre corpus, et cerner notre problématique, nous

avons articulé notre recherche sur deux approches littéraires. Dans la première,

nous avons analysé les éléments paratextuels selon Gérard Genette et Vincent

Jouve. Nous nous sommes rendu compte que le paratexte nous a permis de

baliser notre analyse. Aussi, il nous a fourni une idée globale et assez claire sur

le contenu du corpus.

Alors que dans la deuxième, nous avons opté pour la sociocritique. Cette

démarche nous a permis de dégager le contexte sociohistorique de l’Algérie

pendant l’époque coloniale. Donc, nous avons essayé de donner un aperçu sur

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la démarche que nous avons convoqué dans notre étude, alors, nous avons fait

appel à la théorie sociocritique de Claude Duchet. Cette dernière nous a permis

à vérifier la socialité de notre roman. A partir des témoignages fournis par ceux

qui ont vécu l’époque coloniale nous réalisons que le roman de Nora Hamdi a

rapporté une séquence de vie d’une femme algérienne qui a participé dans la

lutte armée. Nous avons constaté que les faits rapportés par l’auteure ont été

vécus par sa mère. L’auteure a déclaré : « Ma mère a vécu à Alger jusqu’à

l’indépendance »1

En somme, « La maquisarde », est un roman de retour au passé, c’est le

fruit d’une enquête effectuée par l’écrivaine. Elle nous informe dans le dernier

chapitre du roman que :

« Connaître l’histoire de ma mère pendant la guerre d’Algérie a bouleversé

ma vie à jamais. (…) le voyage que je viens de faire reste à jamais gravé en moi.

Jamais je n’oublierai ce qu’a vécu ma mère. La seule façon d’entrer en empathie

avec elle était de me rendre sur les lieux. »2

Pour conclure, nous espérons avoir atteint l’objectif que nous nous

sommes fixé au début. Notre étude de ce corpus n’est pas une fin en soi. Ce

dernier riche par sa thématique, histoire, culture, féminisme … etc. pour donner

lieu à d’autres recherches dans ce sens.

1 Ibid. p. 130. 2 Ibid. p. 131.

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Bibliographie

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Bibliographie :

1. L’œuvre analysée :

- Nora Hamdi, La maquisarde, Editions Grasset, 2014.

2. Œuvres de l’auteure :

- Nora Hamdi, Des poupées et des anges, Au Diable Vauvert, 2004.

- Nora Hamdi, Plaqué or, Au Diable Vauvert, 2005.

- Nora Hamdi, Les enlacés, Au Diable Vauvert, 2010.

- Nora Hamdi, La couleur dans les mains, Léo Scheer, 2011.

4. Ouvrages théoriques :

- Achour C, Bekket. A, Clefs pour la lecture des récits, Convergences

critiques II, édition du TELL, Blida (Algérie), 2002.

- Roland, Barthes, Littérature et signification, (1963), Essais critiques,

Seuil, 1964.

- Claude, Duchet, « Enjeux idéologiques de la mise en texte » in Revue

de l’université de Bruxelles, n˚3-4, 1979.

- Claude Duchet, Sociocritique, éd, Fernand Nathan 1979.

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87

- Claude Duchet, « Introduction, le projet Sociocritique : problèmes et

perspective » .In G.FALCONER et H.MITTERAND, éd, « La lecture

sociocritique du texte romanesque » (Toronto, A .M.Hakkert, 1975).

- Claude Duchet, « une écriture de la socialité », in Poétique, N˚16,

Paris, Seuil 1973.

- Caillois Roger cité par Bouzar Wadi in Roman et connaissance social,

éd, OPU, Alger, 2006.

- Claude, Duchet, «Eléments de titrologie romanesque», in

LITTERATURE n° 12, décembre1973.

- Fournier, Henri, Traité de la typographie, Imprimerie de H.

FOURNIER, Paris, 1825.

- Friedrich D. E. Schleiermacher, Herméneutique. Pour une logique du

discours individuel, Paris, Le Cerf, 1987.

- Genette, Gérard, Seuils, Ed. Seuil, 1987.

-Genette, G., Palimpsestes, cité par Delcroix, M.; Hallyn, F. ; Angelet,

C., in Méthodes Du Texte: Introduction Aux Etudes Littéraires, Edition

De Boeck Supérieur, Bruxelles, 1987.

- Charles, Grivel, Production de l’intérêt romanesque, La Haye :

Mouton, Paris, 1973.

- Jean, Raymond, « ouvertures, phrases-seuils », in pratique de la

littérature, Paris, Seuil, 1978.

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- Jacques, Dubois, Les romanciers du réel, De Balzac à Simon, le seuil,

collection « Points Essais », 2000.

- K.Canvat, La fable comme genre. Essai de construction sémiotique, In

Pratiques, 1996, n° 91.

- Lagarde et Michard, « XIXème siècle », Paris, Bordas.

-Léo H. Hoek. La marque du titre : dispositifs sémiotiques d’une

pratique textuelle. Paris, Mouton, 1981.

- Henri, Mitterant « Les titres des romans de Guy des Cars », in Duchet,

Sociocritique, Nathan, Paris 1979.

- Joly, Martine, L’image et les signe, Nathan Université, 1994.

- Philipe Gasparini, Est-il je ? Éd Seuil, 2004.

-R. Jakobson, Linguistique et poétique, dans Essais de linguistique

générale, Paris, Ed de minuit, 1963.

- Stora, Benjamin, « L’opinion publique en métropole », in : La Guerre

d’Algérie et les Français, Paris, Fayard, 1990.

- Simonnet, Dominique, Pastoureau, Michel, Le petit livre des couleurs,

éditions du Panama, Paris, 2005.

-Vincent Jouve, poétique du roman, Ed, Armand Colin, Pris, 2007.

- Yves Reuter, Analyse du récit, Paris, Belin 2004.

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5. Dictionnaires :

- Dictionnaire, Larousse expression, edtion 2010.

- Dictionnaire, Hachette, éditions, 2010.

- Aron, Paul/Denis, Saint-Jacques /VIALA Alain, Le dictionnaire du

littéraire, Presses Universitaires de France, Paris, 2002.

- Dictionnaire Encyclopédique 2005, Éd. Philippe Auzou, Paris, 2004.

6. Sitographie :

- http://www.memoireonline.com/11/13/7703/m_Lecturestructurale-de-

Vautrin-d-Honore-de-Balzac5.html.

- https://www.facebook.com/nora.hamdi.902/photos/pcb.89694969039

0669/896949187057386/?type=3&theater.

- https://fr.wikipedia.org/wiki/Litt%C3%A9rarit%C3%A9.

- http://www.dictionnaire.exionnaire.com/que-signifie.php?mot=-ard.

- https://fr.wiktionary.org/wiki/maquisarde.

- http://www.sidalibounab.com/sujet/sidi-ali-bounab.

- https://fr.wikipedia.org/wiki/Kabylie.

- https://fr.wikipedia.org/wiki/Orange_(couleur).

- http://www.liberte-algerie.com/culture/jai-toujours-eu-envie-decrire-

sur-la-guerre-dalgerie-228827.

- http://lenouveaucenacle.fr/la-maquisarde-est-un-hommage-a-la-

resistance-de-ma-mere-entretien-avec-nora-hamdi.

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7. Mémoires :

- Cité par Merad, Souad dans La voix féminine entre essence historique

et reconstruction identitaire dans « La femme de l’émir » de Fouzia Oukazi,

Mémoire de MASTER, Université de Mohammed kheider, Biskra, 2013/2014.

- Cité par Berger et al, 1999 :123 in la sociocritique comme outil

d’analyse littéraire : Approche Méthodologique. Mémoire Online.

8. Les entretiens :

- Claude Duchet, Patrick MAURUS, « Entretiens de 2006 », op.cit.

- Claude Duchet, Patrick MAURUS, « Entretiens de 1995 », op .cit.

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Annexes

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Dossier 01 :

“J’ai toujours eu envie d’écrire sur la guerre d’Algérie”1

En résidence d’écriture en Algérie (à Dar Abdeltif, depuis le 16 juin dernier

et jusqu’au 16 juillet) pour l’adaptation de La Maquisarde en scénario,

l’auteure revient, dans cet entretien, sur son livre inspiré du parcours de sa

mère durant la guerre de Libération.

Liberté : Dans quel état d’esprit on écrit un livre inspiré de la vie de sa mère

? Quelles ont été les raisons qui vous ont menée à partager cette histoire

(familiale) ?

Nora Hamdi : Un jour ma mère a commencé un peu à me parler lorsque sa

mère est morte. Les paroles sont sorties malgré elle. Plus elle me disait des

choses, qui étaient pour moi incroyables, et plus je me disais c’est un film ce

qu’elle me raconte. Je ne connaissais pas du tout la vie de jeune fille de ma

mère, je connais la maman mais je ne connaissais pas l’individu qu’elle était.

J’écoutais ses bribes de souvenirs (comment sa famille à perdu ses terres, la vie

dans les villages, l’invasion de l’armée, le camp, les tortures…), et je n’ai pas

voulu poser de questions parce que chaque chose que j’entendais était quand

même très violente. Après, j’ai commencé malgré moi à prendre des notes ; je

suis écrivain, je ne peux pas rester comme ça. A un moment, je savais que je

tenais quelque chose et j’ai décidé de faire quelque chose autour de ça. En

l’écoutant j’ai réalisé quelque chose : Je m’étais déjà un peu intéressée à

l’histoire de l’Algérie mais je ne voyais pas tellement la parole féminine. Cette

parole, la vision des femmes manquait. Ce sont des générations de femmes qui

ne sont pas allées à l’école, qui ne savent ni lire ni écrire, la seule chose

qu’elles ont c’est leur parole et ce qu’elle peut nous transmettre. Je me suis dit,

1http://www.liberte-algerie.com/culture/jai-toujours-eu-envie-decrire-sur-la-guerre-dalgerie-

228827. Consulté le 20/05/2016 à 20:10.

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je suis quand même écrivain grâce à elle, j’ai le devoir de mettre des mots sur

ses mots à elle. J’ai alors commencé à faire des recherches et je n’ai trouvé que

des livres connus d’icones. Mais c’est la parole des petites gens, comme ma

mère, qui m’intéressait : le peuple qui a fait la guerre de Libération. C’était

important pour moi parce que je me suis dit qui va parler de ces personnes-là si

on ne les met pas en lumière. Il y a aussi l’histoire de mon oncle que ma mère a

suivi au maquis.

Liberté : Et donc vous êtes venues en Algérie pour enquêter ?

Nora Hamdi : En France, j’ai commencé à faire des recherches sur les

archives. Il y avait beaucoup de paroles de Français pieds-noirs mais je voulais

vraiment la parole de l’Algérien comme celle que j’entendais chez ma mère

que je n’avais pas en France. J’ai demandé à ma mère si je pouvais aller voir

mon oncle et il était vraiment ravi de m’aider. Il m’a emmené dans la maison

où il est né ; c’est un village détruit. Et par hasard, on est tombé sur une vieille

maison d’époque. Et vraiment, si je n’avais pas vu cette maison, je n’aurais pas

pu écrire et imaginer comment ma mère vivait. Voir ce lieu a été quelque chose

de décisif pour écrire, j’ai senti qu’il y avait la pâte. Quand j’ai vu ce lieu, cette

maison, je me suis dit : il n’y a pas de lumière, il n’y a pas d’eau, c’est la

guerre, il y a l’armée… J’ai tout visualisé.

Liberté : Votre texte est écrit à la première personne, les phrases sont

courtes et le style parfois tranchant. Une forme d’écriture différente de la

deuxième partie où un autre narrateur (vous) prend la parole. Comment cette

forme d’écriture s’est imposée à vous ?

Nora Hamdi : J’aime bien les phrases courtes, mais c’est vrai que dans ce

livre, je suis allée précisément dans les phrases courtes parce que chaque chose

que ma mère me disait c’était des paquets d’histoire, donc en écriture, il fallait

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que je mette des phrases courtes pour que le lecteur puisse vraiment s’imaginer,

visualiser ce que je dis. Ensuite, je me suis posé la question de me mettre ou

non dans le livre, je me suis demandée si j’avais le droit, puis j’ai réalisé que

c’était la meilleure réponse puisqu’elle me livre quand même quelque chose

d’assez fort qu’elle ne peut dire avec l’écriture, alors j’ai fait comme si c’était

elle qui parlait en m’oubliant. La phrase courte aussi parce que ma mère me

livrait des choses et puis il y avait des silences derrière. J’ai donc essayé de

rétablir ça. Il y a peut-être aussi un côté un peu tranchant parce que c’est la

guerre, je ne pouvais donc pas être complaisante avec ce sujet. De ce qu’elle

me racontait, il n’y a pas d’alternative, il n’y a pas tellement de choix et il

fallait qu’on sente cette ambiance chargée. C’est pour ça que j’ai fait le choix

de mettre à sa place, de prendre des tons, d’avoir des textes courts et d’être

objective. Pour ma part, dans la mesure où je n’ai aucun souvenir, je me suis dit

je vais aborder ce sujet comme un fait historique, comme ça en France, on ne

peut pas contester un fait historique. En tout cas, cette forme d’écriture était un

choix très réfléchi. Il ne fallait pas être trop larmoyante, il fallait rester digne.

Je suis partie du parcours de ma mère mais j’ai voulu également parler aussi de

cette autre France, j’ai voulu parler de ces gens qui ont soutenu également

l’Algérie et les mettre en lumière. Ma démarche est de mettre en lumière ce qui

n’a pas été vraiment mis assez, jusqu’à présent de ce que j’ai lu, sur le devant

de la scène.

Liberté : Comme par exemple le rôle des femmes dans la guerre de

Libération qui n’a pas été suffisamment mis en lumière ?

Nora Hamdi : En écoutant ma mère, je me suis demandé si ses choix de

femme, ses choix d’investissement dans la nation, ont été pris en compte par

l’Algérie. Et puis je me suis dit qu’il faut vraiment, sans créer de polémique

parce que de toute manière les femmes se battaient aux côtés des hommes,

rendre justice à ce niveau-là. Ce n’est pas d’un point de vue féministe, c’est

d’un point de vue naturel. Mon choix d’adaptation est vraiment rappeler ce

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choix naturel. Je ne suis pas née en Algérie mais j’ai suivi un petit peu de

l’extérieur ; les femmes, de ce que je voyais juste après l’indépendance, étaient

très modernes. Elles avaient un bel espoir. Elles se sont battues pour le même

niveau et quasiment vingt cinq ans après, il y a le Code la famille. C’est pire

qu’une prison intellectuellement ! J’avais envie aussi d’entrer dans la tête de

ces femmes-là qui ont fait l’Algérie.

Mais les femmes ne s’expriment pas beaucoup par rapport à ce qu’elles ont

vécu...

C’est de l’intime et je comprends cela. Si j’avais été torturée je ne sais pas

comment mettre des mots. Par exemple, il y a les gens qui ont fait Auschwitz

qui ne veulent pas se souvenir de ça. Parce que sinon s’il y a des souvenirs qui

reviennent, ils basculent dans la folie tellement c’est énorme ; parce que

reprendre une vie normale après l’horreur, ce n’est pas possible. Je pense aussi

que ces femmes-là qui ont ensuite essayé de vivre, je le vois pour ma mère, elle

a fait douze enfants, elle n’a pas arrêté, elle ne voulait pas réfléchir… Et boom,

les enfants sont partis, les souvenirs reviennent et je crois que c’est assez

insupportable. Donc peut-être qu’il y a cette part-là que je peux comprendre de

ces femmes-là qui ne peuvent pas en parler. Je crois qu’elles ne peuvent pas,

c’est dur de mettre des mots de toute façon sur ce qui nous est arrivé, c’est

limite des thérapies après qu’il faut faire.

Liberté : Comment est né votre intérêt pour l’Histoire et notamment celle

de la guerre de Libération ?

Nora Hamdi : J’ai toujours eu envie d’écrire sur la guerre d’Algérie parce

qu’en France, il y a toujours une espèce de tabou autour de cette guerre. Autant

en Algérie, ça me fait plaisir de voir que les gens sont très à l’aise et très forts,

autant, en France, les Algériens rasent un peu les murs quand même par rapport

à ce sujet. Mes parents n’en parlaient presque pas, sauf ma mère qui, à chaque

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fois, essayait sans trop donner de détails. Elle a toujours été fière de

l’indépendance de l’Algérie. Puis à l’école, dans ma génération, on n’en parlait

pas et ça me manquait beaucoup dans ma construction d’écrivaine. Je sentais

que j’allais écrire un jour là-dessus mais il fallait une maturité quand même

dans l’écriture. Auparavant, mes romans étaient vraiment des fictions, et là

c’est quand même basé sur l’histoire de ma mère et sur l’histoire de l’Algérie.

Il y a aussi la dimension romanesque que j’ai installée pour conduire cette

fiction. Mais c’est vrai que c’est un sujet dont on ne parle pas et c’est une

grande erreur. Ça fait une génération de gens violents parce qu’on leur a

confisqué leur passé, parce qu’ils voient que leurs parents ne peuvent pas en

parler ; ça fait mal aux enfants et une colère naîtra de ça.

C’est pour ça que c’est une grande erreur et je l’ai dit – je sais qu’en France

on ne veut pas trop m’entendre quand je le dis – ils vont créer des générations

de gens qui auront une mauvaise opinion de la France, parce que contrairement

à l’Allemagne avec le nazisme, la France n’a pas fait le ménage par rapport à la

guerre d’Algérie. La France ne veut pas faire ce travail avec l’Algérie, il y a

toujours un problème, et par exemple je ne suis pas étonnée que le Front

national soit aussi important parce qu’il y a beaucoup de nostalgiques de

“l’Algérie française” là-bas. Eux, ils falsifient l’histoire, ils donnent leur vision

c’est pour ça qu’il est très important que les enfants d’origine algérienne

s’emparent de leur histoire – ce n’est pas les autres qui vont le faire – et qu’ils

récoltent la parole de leurs grands-parents pour les plus jeunes ou de leurs

parents, comme moi. En plus pour la construction, le Français est très fort parce

qu’il connaît son histoire, l’Algérien est fort parce qu’il connaît son histoire, le

Français d’origine algérienne n’est pas très fort parce qu’il ne connaît pas son

histoire, et donc, dans sa tête, il n’est pas structuré et fort pour aborder

vraiment l’ensemble de la société. C’est peut-être aussi un choix politique en

France de biaiser un petit peu l’histoire de façon à mettre mal une génération

avec cette fameuse intégration où finalement c’est eux qui n’ont pas intégré

qu’il y a une émigration qui les a bien servis, qu’il y a eu une guerre derrière et

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qu’il y a eu 132 ans de colonisation. Je sais, avec mon livre, par exemple, qu’il

y a une grande écoute de la part de l’émigration parce que j’ai eu beaucoup de

témoignages disant tu as réussi à ce que ta mère te parle de ça, moi elle ne peut

pas, moi mon père ne peut pas mettre des mots là-dessus… Et c’est un grand

service parce que c’est une ouverture sur leur histoire. Il faut faire en sorte

qu’un Algérien en France puisse parler de la guerre d’Algérie sans problème, il

ne faut pas que ce soit un tabou. La génération actuelle doit se réapproprier son

histoire, chose que vous n’avez pas besoin de faire ici. Mais en France, je pense

qu’on a pris notre histoire en otage, enfin celle de nos parents, et comment se

construire sans histoire ? Ça ne peut passer que par l’écrit, le cinéma ou un

travail sociologique. Il faut que la parole se libère à ce niveau-là, et même pour

la France ça va lui rendre service parce que ça risque d’aller de plus en plus

mal chez les gamins de 18 ans. Il y a une désinformation totale. Plus il y aura

de l’information, plus l’échange se fera au mieux.

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Dossier 02 :

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« Une interview de Nora Hamdi sur TV5 Monde »1

« La maquisarde est un hommage à la résistance de ma mère »

Tour à tour peintre, cinéaste, écrivain, ou plutôt « écrivaine » comme

elle aime à le préciser, Nora Hamdi est tout simplement une artiste dont la

sensibilité se déploie dans différents champs d’expression. Avec La

Maquisarde (Editions Grasset), elle revient sur la guerre d’Algérie et rend

hommage à l’engagement de sa mère durant cette période tumultueuse.

Julien de Rubempré : Vous publiez « La Maquisarde », roman qui est un

hommage à votre mère, à travers la guerre d’Algérie. Pourquoi avez-vous

choisi cette époque pour écrire ?

Nora Hamdi : La Maquisarde est effectivement un hommage à la résistance de

ma mère qui ressemble à celui de toutes les femmes populaires algériennes

pendant la guerre et à celles disparues et mortes dans l’oubli. J’ai choisi cette

époque car elle fait partie de mon passé, un passé que je porte, comme

beaucoup de Français d’origine algérienne et Français de souche. Mon travail

est aussi de mettre en lumière les histoires du passée pour mieux aborder le

futur…

JdR : Sur quoi vous basez-vous pour votre récit, l’imaginaire, les témoignages

de votre mère, les documents historiques ?

Nora Hamdi : Je me suis basée sur les témoignages de ma mère, mon oncle

(ancien maquisard), ma tante, ainsi que toutes les anciennes femmes de cette

1http://lenouveaucenacle.fr/la-maquisarde-est-un-hommage-a-la-resistance-de-ma-mere-

entretien-avec-nora-hamdi. Consulté le 20/05/2016 à 20:25.

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génération que j’ai rencontrées. Aussi, sur des témoignages de femmes dans

des livres historiques, et films documentaires.

JdR : Ne trouvez-vous pas cela difficile d’écrire sur cette période alors que la

lumière est loin d’être faite sur celle-ci ?

Nora Hamdi : C’est justement parce que la lumière est loin d’être faite qu’il est

nécessaire d’en parler afin de l’éclairer. C’est difficile de l’aborder car peu en

parle de façon objective. Si on en parle sans tabou et juste en tant que faits

historiques, c’est facile. Et cela évitera les amalgames, c’est en connaissant son

passé historique que les Français d’origines algériennes seront plus fort dans

leurs têtes, comme le sont les Français de souche, car eux, depuis enfants, à

l’école on leur apprend leur propre Histoire, ce qui n’est pas le cas des enfants

d’immigrés algériens…

JdR : Pourquoi est-ce si important pour vous de transmettre cette histoire ?

Nora Hamdi : Le temps de taboues et autres indigestions de l’histoire doit se

terminer car les générations d’après cette guerre et celles de maintenant doivent

connaître ces faits historiques pour se construire. L’Allemagne a fait ce travail

avec la France. La France doit faire de même avec l’Algérie. C’est important

pour apaiser le vivre-ensemble, ce n’est pas en mettant sous silence ce passé

que l’on va avancer, bien au contraire, c’est une bombe à retardement que de

cacher le passé sous peine de soi-disant ré-ouvrir des plaies, je n’y crois pas.

Dans ce projet, on ne fait que manipuler l’histoire à des fins politiques…

JdR : A plus large échelle, considérez-vous votre roman comme un roman

historique, biographique ?

Nora Hamdi : Ma maison d’édition a défini mon livre comme « essai », car je

me base sur le parcours de ma mère et des faits historiques. Et c’est juste,

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comme cela est juste aussi, de le considérer comme roman historique. En ce qui

me concerne, je n’ai pas mis de « case » pour ce livre car c’est la première fois

que je n’invente rien. Ma création est juste au niveau de l’écriture, la façon de

me mettre dans la peau des personnages. La construction du récit est basée sur

des histoires ayant existé et des personnages inspirés de mes éléments récoltés,

ensuite mon travail de romancière est d’embarquer le lecteur dans une fiction.

JdR : Quel est votre regard sur les relations actuelles entre la France et

l’Algérie ?

Nora Hamdi : Je pense qu’il existe un malaise avec justement ce passé que

certains manipulent en mettant le mot « tabou » où encore indigestion de

l’histoire, sur ce passé que l’on a en commun. Passer sous silence ce passé qui

unit, inexorablement la France et l’Algérie est une façon d’ignorer ce passé,

une façon de ne pas reconnaître ceux qui se sont battus pour l’indépendance. Il

est important de faire la lumière sur cette guerre afin que certains politiques

(extrêmes) ne manipulent pas cette histoire à des fins politiques.

JdR : Quand vous voyez les supporters algériens défiler dans les villes,

pouvez-vous comprendre que cela puisse gêner les autres habitants ?

Nora Hamdi : C’est de la joie, de la fierté, en quoi cela est mal ? Quand il

s’agissait à l’époque de drapeaux italiens que je voyais lors des victoires, cela

ne suscitait pas tant de réactions, c’est donc bien la preuve que certains ont un

problème avec l’Algérie et donc son passé…

JdR : Ne pensez-vous pas, justement, qu’en vous en prenant par exemple à

l’armée française dans votre roman, vous pourriez participer à une forme de

récupération ?

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Nora Hamdi : Non, c’est le contraire. Mon travail d’écrivaine est aussi de

relater les faits et témoignages qui ont existé. Ce n’est un secret pour personne

que l’armée a manipulé et caché certaines situations comme par exemple les

tortures et autres. Le colonialisme n’a fait que détruire et créer des dégâts, des

haines, des victimes comme les harkis manipulés par l’armée, en les obligeant à

collaborer. Et je ne parle pas des «Appelés», ces Algériens pris de force, contre

leur gré, dans l’armée française pour combattre d’autres algériens. Sans oublier

ce grand nombre de soldats français qui ont découvert la situation à travers leur

service militaire, on ne les a pas prévenus que c’était la guerre en Algérie.

Beaucoup de militaires ont témoigné de cela, comme par exemple Marc

Garanger, la personne qui a fait la photo qui illustre la couverture de mon livre.

Il était envoyé en Algérie pour faire son service militaire, et là-bas, il a

découvert l’horreur et étant chargé de prendre en photo les gens des camps

pour faire leurs papiers d’identité, il a pu dénoncer ces horreurs. Il y a aussi

Germaine Tillon, ancienne résistante, qui a été manipulée par l’armée, elle était

envoyée pour négocier mais elle a été trahie par l’armée. D’ailleurs elle a

dénoncé la façon dont l’armée passait sous silence la vraie situation, elle en

parle dans un de ses livres….

JdR : Au niveau purement littéraire, quelles sont vos influences ?

Nora Hamdi : Simone de Beauvoir, Jean Paul Sartre, Georges Sand, Françis

Jeanson, Kateb Yacine, Marguerite Duras, Hubert Selby, Jane Austen, Guy

Debord, James Ellroy …

JdR : Songez-vous à une adaptation au cinéma ?

Nora Hamdi : Si j’ai l’occasion, j’adorerais tourner en Algérie….

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Résumé

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Résumé :

Notre modeste travail de recherche est une étude analytique, montrant

essentiellement l’importance des éléments paratextuels dans la compréhension

du contenu de « La maquisarde » de Nora Hamdi. Cette importance réside dans

le fait de son orientation vers une analyse sociocritique.

Tout d’abord, nous avons opté pour une analyse paratextuelle selon

Gérard Genette et Vincent Jouve, cette analyse nous a permis d’avoir une idée

globale sur le contenu de notre corpus.

Ensuite, nous avons aussi pris l’approche sociocritique selon Claude

Duchet, d’où nous sommes passés à une analyse textuelle qui nous a permis de

dégager les conditions de la femme algérienne durant la guerre de libération

nationale.

Mots clés : La femme, la guerre d’Algérie, l’occupation, l’oublie, la lutte de

reconnaissance, l’humanité.

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Abstract :

Our modest research is an analytical study, which essentially brings out

the importance of paratextual elements in understanding the content of the

Nora Hamdi’s book entitled « La maquisarde » (A woman resistant fighter).

This importance lies in the fact of its orientation towards sociocritical analysis.

First, we opted for a paratextual analysis according to Gérard Genette

and Vincent Jouve. This analysis allowed us to have an overall idea about the

content of our corpus.

Then, we have also taken the sociocritical approach according to Claude

Duchet, where we moved to a textual analysis that allowed us to identify the

conditions of the Algerian woman during the war for national liberation.

Keywords : Woman, Algerian War, Occupation, Forgetfulness, Struggle for

Recognition, Humanity.

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ملخص:

صر المناصية في فهم محتوى إن بحثنا المتواضع هذا هو دراسة تحليلية ، تبين في الأساس أهمية العنا

كتاب نورة حمدي "المجاهدة". وتكمن هذه الأهمية في أنها تتوجه نحو تحليل اجتماعي نقدي.

اخترنا أولا التحليل المناصي حسب جيرار جينات وفانسون جوف، و سمح لنا هذا التحليل بإن نكون

فكرة شاملة عن محتوى مدونتنا.

اعية النقدية حسب كلود دوشي، حيث انتقلنا إلى تحليل نصي باستخلاص ثم اتبعنا أيضا المقاربة الاجتم

أوضاع المرأة الجزائر خلال حرب التحرير الوطني.

المرأة، الحرب الجزائرية، الاحتلال، النسيان، النضال من اجل الاعتراف، الإنسانية. كلمات مفتاحية: