les cristallisation de la conscience - final 4 9 2012

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Université de Toulouse le Mirail, UFR Lettres, Philosophie, Musique – Département de Philosophie. LES CRISTALLISATIONS DE LA CONSCIENCE Le point central et le processus d'alignement d'un point de vue individuel et social Travail préparatoire pour le mémoire de M2 par Mr STERK Jurian Toulouse, année 2012-2013 1

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Page 1: Les Cristallisation de La Conscience - Final 4 9 2012

Université de Toulouse le Mirail, UFR Lettres, Philosophie, Musique – Département de

Philosophie.

LES CRISTALLISATIONS DE LA CONSCIENCE

Le point central et le processus d'alignement

d'un point de vue individuel et social

Travail préparatoire pour le mémoire de M2 par Mr STERK Jurian

Toulouse, année 2012-2013

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Introduction

« La structure et la physiologie du cerveau ne permettent pas d'expliquer le processus de la conscience. »1

C. G. Jung

Depuis longtemps les hommes perçoivent que leur unité vitale, leur être global, échange

avec la réalité sur différents plans, et que la conscience est le témoin de la totalité de ces échanges.

Quand les plans communiquent, la conscience se présente avec une coloration particulière. La

conscience, comme la lumière, intervient à chaque fois que sont mis en relation différents aspects

de la totalité de l'être2. En effet, à chaque fois qu'il y a communication, échange ou lien, il y a

transmission d'information. Et là où l'information circule, là où la vie se meut, alors il y a

apprentissage et alors, la conscience apparaît.3

La conscience est ce qu'il y a de plus mystérieux au monde, la conscience est la nature

ultime, le fondement même, omniprésent, de toute la réalité. Chaque niveau de la réalité est formée

d'informations et déterminée par la nature de la conscience, qui fait évoluer la vie dans des niveaux

plus ou moins denses d'information. La présence de la conscience dépend de l'organisation, ou plus

précisément, de la cristallisation du support (l'être vivant) avec lequel elle interagit. Les interactions

de la conscience sont infinies. L'ésotérisme maintient que l'individu est composé de couches,

comme celles d'un cadenas à combinaisons. Pour être ouvert, les numéros doivent correspondre.

L'ésotérisme compare aussi l'individu à une poupée russe « fractale », un oignon qui permet dans

certaines conditions au germe central de s'épanouir.

La « physique de l'information » cherche aujourd'hui un modèle de compréhension de la

conscience, cette « pierre angulaire » manquante. Les théories de cette physique4 ont des

implications profondes sur la nature de la réalité, sur l'organisation du vivant, et sur la spiritualité.

Jacques Vallée a récemment évoqué dans une conférence les exigences pour l'avènement d'une

nouvelle physique susceptible de dépasser les contradictions des modèles classiques :

1 Jung, C.G., Présent et avenir, Paris, Buchet/Chastel, 2004, p.462 « Mémoire, attention, observation, ne sont rien d'autre que l'observation d'un centre par un autre, ou l'écoute d'un

centre par un autre ». Gurdjieff, G.I., Gurdjieff parle à ses élèves, Monaco, Editions du Rocher, 1985, p.1563 Giorgio Piacenza, qui cherche à comprendre comment les réalités échangent l'information dans le cadre d'une

théorie intégrale, pense que : « le processus par lequel notre être spirituel effondre les possibilités en actualités semble être lié aux sentiments pré-verbaux associés à comment nos êtres entiers répondent aux conflits associés à cinq « limites » primordiales d'expérience. Selon ma compréhension, la processus a à voir avec les possibilités futures ainsi que les aspects de notre être spirituel expérientiel. », 2012, http://www.noetic.org/profile/AwakeningMindHeart/

4 Parmi les précurseurs et membres de ce courant, on retrouve Carl Jung, Wolfgang Pauli, Paul Kammerer, Arthur Koestler, David Bohm, Max Velmans, Landauer, Seth Lloyd, Philippe Guillemant...

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Premièrement, nous devons reconnaître l’Univers comme un sous-système d’une méta-réalité de structures d’informations, tout est structure d’information et tout est simultané. Je ne parle pas d’une base de données, je ne parle pas de notre technologie brute actuelle, c’est quelque chose d’évidemment beaucoup plus gros, beaucoup plus complexe, mais vous saisissez l’idée. Nous devrions reconnaître les dimensions comme un artefact culturel: nous créons des dimensions parce que nous avons de petites bibliothèques et que nous avons besoin de x, y et z, mais nous n’en avons pas besoin en physique, aussi nous devrions prendre du recul par rapport au concept de dimensions dans la physique du futur.

Le présent est sur-déterminé [...] il est déterminé par le passé et il est déterminé par le futur.

Et finalement, la conscience engendre notre impression de l’espace et du temps, c’est elle l’espace et le temps. Il s’agit de conscience au travers d’associations faites dans ce monde d’information et créant l’illusion de l’espace et du temps.5

Ces questions de la nouvelle physique ont une implication directe sur l'étude de la

conscience – et donc, l'intervention d'autres niveaux de réalité – car, comme le dit Philippe

Guillemant6, la conscience est impossible selon le modèle déterministe dominant de la physique

actuelle, ou bien elle existerait mais n'aurait absolument aucune action sur le monde matériel. Les

équations actuelles ne fonctionnent pas avec une autre conception du monde intégrant la

conscience.

La physique, au moins à deux endroit montre des failles, des failles béantes, qui entrouvrent très largement la possibilité que le monde ne soit pas mécaniste, que l'avenir ne soit pas déterminé, - déterministe - c'est-à-dire qu'il ne dépend pas du passé.

La mécanique en réalité serait impuissante à déterminer le cours des événements,la mécanique ne serait capable de déterminer qu'un champ des possibles et parmi ce champ des possibles il manque quelque chose pour déterminer où est-ce que l'on va. C'est là que tout le monde recherche la conscience.

Donc effectivement, la physique commence à nous apprendre aujourd'hui pourquoi les robots n'ont pas de conscience alors que nous on en a une. Quand on fabrique un robot, on le fabrique dans un monde 4D [trois dimensions d'espace + le temps]... On ne va pas lui attribuer quelque chose qu'on ne maîtrise pas par ailleurs.

Par contre, si l'on est capable de fabriquer un robot qui utilise un système indéterminismec'est à dire un système dissipatif, qui se nourrit des informations, qui produit lui même de l'information mais qui attire toujours plus d'informations, il est possible d'envisager qu'une conscience pénètre ce robot […]

On sait maintenant où loger la conscience, grâce à la physique moderne. [Il existe deux possibilités] : soit on dit qu'elle a quelque chose à voir avec la réalité quantique, c'est-à-dire qu'elle fait pas partie de notre monde 4D, qu'elle fait partie des mondes multiples de la mécanique quantique, soit on dit qu'elle fait partie de quelque chose qui a à voir avec les dimensions supplémentaires de l'espace.

Le physicien Arkadiuzs Jadczyk, qui travaille sur ces dimensions supplémentaires de

l'espace, a résumé ainsi l'avancée des recherches :

Et à la fin, de quoi est-il question ? Il s'agit de la conscience. Cette question est cruciale, au cœur de la définition même de l'être humain.

5 Jacques Vallée, Conférence à TEDx Bruxelles, le 22/11/2011, http://www.doublecause.net/index.php?page=Jacques_Vallee.htm

6 Dans une émission récente, http://www.agencetousgeeks.com/2012/05/mission-23/

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La plupart des religions affirment que la conscience existe en dehors de la matière, que la matière est devenue vivante à la suite d'une certaine forme de conscience disposée à ce que cela se produise. De la même façon, Ils affirment que la conscience qui anime les êtres humains continue après la mort. Le courant principal de la Science insiste sur le fait que la conscience individuelle disparaît à la mort du corps. Cependant, il y a un problème avec ce point de vue. Vous voyez, à l'heure actuelle, il n'existe aucune technologie capable de détecter la présence ou l'absence de toute forme de conscience. Autrement dit, il n'existe aucune preuve directe de l'existence ou de la non-existence de la conscience. La science moderne n'a même pas un cadre théorique dans lequel mener des expériences. Donc, compte tenu de son ignorance de la présence ou l'absence de la conscience, la science est incapable de soutenir cette affirmation.

C'est en fait ahurissant que, avec toutes les nombreuses branches de la science, et toutes les technologies qui ont été développées (la plupart pour l'éradication de la conscience !) qui explore tous les aspects de notre univers, notre réalité, nous n'avons toujours pas de science de la conscience. En bref, il y a un énorme fossé dans nos connaissances sur le phénomène qui est le substrat même de nos questions et de notre savoir sur tout le reste !7

Bien que cette science de la conscience reste à développer, déjà la théorie de Philippe

Guillemant donne à réfléchir sur le fonctionnement de la conscience :

La conscience est un phénomène très mystérieux, bien plus mystérieux que son contraire, l'inconscience, qui peut être considérée comme l'état ordinaire de tout automate, aussi perfectionné soit-il, si ce n'est de la matière elle-même […]

Il est pour commencer impossible de définir objectivement ce qu'est la conscience puisqu'elle est le siège même de la subjectivité. On peut de façon simpliste la confondre avec notre activité cérébrale en observant que tout se passe comme si notre conscience en était le produit. Oui mais quel genre de produit ? Ce n'est pas parce que notre conscience semble produite par notre cerveau qu'elle l'est réellement, car elle n'a absolument rien de commun avec un produit. En effet, tout produit ressort d'un procédé et donc de causes mécaniques, or en ce qui concerne la conscience personne n'a jamais mis en évidence son mécanisme de production. Encore faudrait-il déjà savoir où cette production a lieu et sous quelle forme, or cette question du siège de la conscience n'a jamais été résolue.

Nous ne savons pas non plus à quoi nous sert notre conscience, quelle est sa fonction. Nous voyons bien que nous sommes capables de faire un tas de choses inconsciemment, y compris des taches très complexes, et il nous arrive même de croire que nous sommes conscients alors qu'à posteriori nous nous rendons compte que ce n'était pas le cas, après nous être (r)éveillés. Il semble ainsi qu'il existe des degrés de conscience très distincts, et que du point de vue d'un certain degré de conscience (ou d'éveil), on puisse considérer que les degrés inférieurs correspondent à des états inconscients.

Et si un véritable réveil élevant le niveau de conscience conduisait à percevoir une différente

réalité, enrichie de possibilités ? Dans le roman d'Edwin Abbott, Flatland, quand les êtres

bidimensionnels limités de la « seconde dimension » se retrouvent inopinément en « troisième

dimension », ils éprouvent une terreur mortelle devant l'espace... eux qui ne connaissaient que la

largeur et la longueur. Une terreur similaire pourrait bien être au bout d'un réveil à une réalité de

« quatrième densité », où le temps et l'espace – l'illusion matérielle – pourraient être manipulés. Les

possibilités supplémentaires offertes à la conscience dans ce cas, vont de pair avec une progression

7 Laura Knight-Jadczyk, « Les Anciens /Nouveaux Âges Sombres et l'Inquisition - pourquoi il y a une telle pagaille sur notre planète et pourquoi l'Humanité est au bord de l'extinction », traduction SOTT, 15 janvier 2012, http://fr.sott.net/articles/show/7006-Les-Anciens-Nouveaux-Ages-Sombres-et-l-Inquisition-pourquoi-il-y-a-une-telle-pagaille-sur-notre-planete-et-pourquoi-l-Humanite-est-au-bord-de-l-extinction

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du « libre-arbitre »... mais comme l'explique Philippe Guillemant, la vision mécanique du monde

empêche de comprendre le lien entre conscience et libre-arbitre :

Ceci pose a priori un sérieux problème pour ce qui est de relier la conscience au libre arbitre. On pourrait en effet penser que si nous sommes conscients plutôt qu'inconscients, c'est parce que nous sommes différents d'une machine et que nous avons à ce titre une capacité de choix, se traduisant par notre conscience au moment du choix. Or qu'en est-il de nos choix conscients mais totalement conditionnés ? Qu'en est-il des choix que nous faisons dans un état de conscience où nous nous sentons libres, si nous nous rendons compte par la suite, après avoir acquis un plus grand état de conscience, que notre liberté était en fait illusoire, en comprenant par exemple que nous étions sous l'emprise de nos émotions, ou encore en train de rêver éveillé, voire réellement inconscient ?

Il semble donc impossible d'estimer un instant passé de notre vie comme ayant été vécu en conscience, ou tout au moins librement, car cette estimation peut changer durant un meilleur état de conscience futur. Inversement d'ailleurs, on peut réaliser inconsciemment des prouesses remarquables, comme par exemple certains beaux gestes ou actes de bravoure, où manifestement des choix reconnus comme libres ont été effectués. On parlera alors de présence d'esprit plutôt que de réflexe, et l'on remarquera que si la conscience pouvait être absente durant l'action réflexe, elle n'était pas pour autant absente dans le passé au moment de l'acquisition de cette faculté de présence d'esprit. Autrement dit, si l'état d'urgence ne nous permet pas de conserver un plein état de conscience de soi durant l'action, cela signifie pas que l'action n'a pas été orientée par la conscience, car cette orientation a parfaitement pu être programmée dans le passé, lors d'un apprentissage de la vie effectué en toute conscience et nous prédisposant à ce réflexe.

On peut donc sauvegarder le rapport entre conscience et libre arbitre à condition de dissocier le temps de la conscience du temps de la réalisation du choix. On peut ainsi réaliser des choix libres et authentiques de façon inconsciente, sachant qu'ils ont été au préalable préparés de façon consciente dans le passé. C'est aussi une façon de répondre aux arguments de certains neuroscientifiques qui nient purement et simplement l'existence du libre arbitre en étudiant les corrélats neuronaux de la conscience.

Il apparaît ainsi que la conscience peut tout à fait mettre en œuvre notre libre arbitre mais que cette fonction n’apparaît pas aisément car elle est intemporelle, puisqu'elle n'agit pas sur le présent mais directement sur le futur. Or, dans l'hypothèse scientifiquement acceptable (et aujourd'hui presque acceptée) où nos multiples futurs potentiels seraient déjà réalisés, cela correspond à une capacité d'action hors du temps sur les probabilités de ces potentiels (notre arbre de vie). Cela signifie que l'univers ne nous attend pas pour construire peu à peu notre futur et que cette construction commune se fait bien sous le contrôle de nos consciences.

Une question subsiste alors: à quoi nous sert notre conscience lorsqu'elle ne peut agir sur notre futur parce que nous sommes entièrement conditionnés dans nos actes présents?Dans ce dernier cas, notre conscience peut toujours nous servir à prendre conscience de nos actes afin d'en déceler éventuellement les véritables causes ou motivations. Elle nous positionne en tout cas en capacité d'observer le fonctionnement de notre automate intérieur et en particulier d'observer notre égo, son maître. Si notre conscience n'est pas rendue trop passive par ce fonctionnement automatique nous pouvons alors encore choisir de constater que nous sommes mus automatiquement, sous l'emprise de l'égo, ce qui serait juste et utile, ou a contrario de croire naïvement que nous agissons librement, de nous en enorgueillir même, ce qui alimente notre égo d'une illusion dont il raffole. Cela reste un choix, puisque notre conscience, si elle n'est pas trop ramollie ou passive, nous offre la possibilité de ne pas faire cette erreur. Cessons donc de vivre endormis.

S'il y a donc effectivement un lien entre conscience et libre arbitre, il repose avant tout sur notre compréhension ou connaissance de nous-mêmes. L'exercice de notre libre arbitre exige ainsi que nous ayons une bonne compréhension des motivations qui nous animent réellement, compréhension qui nous est permise par la fonction d'observateur de la conscience, cette fonction nous permettant de nous observer nous-même. A défaut d'une connaissance intérieure ainsi acquise, l'automate auquel nous persistons à céder nos décisions au travers de notre égo aura tendance à renouveler sans cesse les situations qui lui permettrons d'entretenir l'image la plus rassurante dont notre conscience a besoin, faute d'être suffisamment éveillée. S'agissant d'un fonctionnement erroné car purement automatique, nous renouvellerons alors toujours les mêmes erreurs. Aussi longtemps que notre véritable identité authentiquement libre restera ainsi masquée par notre égo avec la complicité d'une conscience molle, notre personne sera soumise au mécanisme de la souffrance peu à peu générée par le fonctionnement entropique de son automate (entropie = augmentation inéluctable du désordre). La machine que nous avons en charge ne peut en effet fonctionner durablement sans son véritable maître, l'être intérieur, la maladie étant le principal indicateur de sa destitution: elle est l'expression même du désordre

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entropique qui s'installe inévitablement dans tout système au fonctionnement purement mécanique.

La conscience semble donc nous servir principalement à deux choses: d'une part à nous laisser une chance d'évoluer au temps présent vers plus de maîtrise de soi, ce qui est nécessaire lorsque nous confondons trop souvent le véritable maître de notre machine avec le pilote automatique que constitue notre égo. D'autre part à faire des choix authentiquement libres c'est à dire qui modifient réellement notre ligne de vie hors du temps présent, lorsqu'enfin notre être intérieur parvient à ranger l'égo à sa place pour prendre lui-même les commandes. Nous devenons alors le réel acteur de notre vie.

Cette prise de commande par notre être intérieur associe donc les deux fonctions distinctes de la conscience que sont l'observateur et l'acteur. La première fonction d'observation opère au temps présent, la conscience permettant à notre organisme de devenir un observateur voire un capteur du monde qui l'environne, intérieur comme extérieur. La seconde fonction d'acteur, donc de création, opère hors du temps présent en modifiant notre ligne temporelle de vie dans le sens voulu par la conscience. Elle est donc liée à l'intention. Cette dernière fonction étant cependant intemporelle, je préfère parler de l'action de l'esprit plutôt que de la conscience, car nous avons l'habitude de relier la conscience au temps présent. C'est pourquoi je préfère dire que notre conscience possède une extension hors du temps présent que je nomme l'être intérieur ou encore l'esprit, qui réalise la fonction de l'acteur, celle du libre arbitre.

Pour réaliser cette seconde fonction essentielle, il nous faut donc tout d'abord identifier le pilote automatique que constitue l'égo pour le désactiver, ou tout au moins, puisqu'il est utile, faire en sorte que notre conscience fasse autre chose que de l'observer pour l'astiquer ou l'entretenir comme s'il était notre vraie personnalité, alors que ce pilote automatique n'est en réalité qu'un instrument sans âme. Si nous n'avons plus besoin d'observer ce faux miroir de nous-mêmes et que nous devenons alors capables de nous observer réellement nous-mêmes, c'est à dire d'observer nos actes et surtout nos pensées (comme si nous étions quelqu'un d'autre), nous pouvons alors vivre en toute conscience au temps présent, puis découvrir enfin l'existence de notre véritable être intérieur. Dans un second stade, ce dernier pourra alors nous instruire sur le sens de notre vie, qu'il est seul à connaître, et faire ainsi émerger nos intentions authentiques. Toutes les techniques de développement personnel ont pour but de parvenir au moins au premier stade, celui qui nous fait déjà découvrir le bonheur inconditionnel de vivre en toute conscience au temps présent. Au second stade, nous pouvons alors commencer à réaliser notre raison d'être, une œuvre qui se construit hors du temps et qui se réalise dans le futur avant même que ne se forment les voies qui nous y mènent. Nous remarquerons alors que l'univers nous facilite la tâche, car ces voies se forment au fur et à mesure où l'on avance en toute confiance vers elles (voir la théorie de la double causalité pour en comprendre le mécanisme).Bien entendu, nous sommes la plupart du temps contraints par différents facteurs sociétaux de réaliser dans le présent des choses qui nous sont imposées, en résultante de notre vie passée (ou karma), choses que l'on ne peut abandonner facilement afin de consacrer notre présent à vivre en conscience. Et aujourd'hui plus que jamais, force est de constater que nous vivons dans une société qui restreint de plus en plus nos possibilités de dégager du temps pour vivre réellement dans le présent.

A ce stade, j'espère avoir éclairé le lecteur sur la seconde fonction la plus créative de la conscience, celle qui se trouve en lien étroit avec notre libre arbitre, celle qui a le pouvoir de créer notre réalité hors du temps, dans notre futur, le pouvoir de générer par voie de conséquence des synchronicités qui témoignent de la magie du fonctionnement de l'univers.

Plus qu'une compréhension intellectuelle, c'est donc la recherche d'un développement de la

conscience, qui devrait faire l'objet d'une attention soutenue et disciplinée. Seule une voie active de

développement de la conscience peut affronter la « terreur de la situation », en intervenant sur ce

qu'il est possible d'améliorer : soi-même.

I – L'état ordinaire de sommeil

« L'homme tout à fait ordinaire est dissocié de la réalité. En effet, il est dans un état de transe. […]

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Il a dissocié une partie de sa conscience d'une autre partie. »8

Martha Stout

« Nous sommes à 1 pour cent nous-mêmes, à 99 pour cent sociologique »9

Margaret Anderson

La Personnalité est construite pour interagir avec la réalité, mais si cette activité n'est pas

dirigée par l'instance supérieure du Moi réel, il perd sa raison d'être. Le mode d'interaction se

« fige », se « cristallise », entraînant dans sa solidification la conscience qui se retrouve « bridée »,

prisonnière d'une palette d'habitudes.

La définition du dictionnaire pour personnalité est « le fait ou la qualité d'être une personne » et par cette description, chaque être humain […] a précisément une personnalité. Mais la définition psychologique de la personnalité est « un ensemble relativement durable de traits et de comportements. » 10

La Personnalité, sans un effort intérieur volontaire, ou des chocs de l'extérieur11, ne pourra se

« transmuter » de nouveau, c'est-à-dire, réarranger son « type de cristallisation », l'impulsion vitale

n'étant plus suffisante pour modifier le « code source ». Il arrive un moment où l'énergie consacrée

au développement de l'individu s'arrête. Cette énergie propre à la croissance qui s'exprime par la

curiosité et la vitalité est liée à l'enfance. Elle vient à un terme lorsque l'individu cesse d'évoluer, dès

lors que le mode de perception acquis par son apprentissage paraît suffisant. La Personnalité est

comme un métal : elle possède un réseau cristallin qui lui donne une « vie ». Si la chaleur détruit ce

réseau cristallin (fission), nous avons un métal mort. C'est pourquoi la Personnalité craint la

« chaleur », comme celle de la vision impartiale de soi-même et du remord de conscience. Elle

préfère toujours un réseau cristallin de mauvaise qualité plutôt que de faire l'effort de mourir à soi-

même pour en développer un nouveau de meilleure qualité.

Pourtant, notre perception, qui est le fait de ce que Castaneda nomme « point

d'assemblage », n'est pas immuablement figé. Il suffit d'un infime mouvement de cette « tête de

lecture » pour que le monde, c'est-à-dire l'ensemble des perceptions, permute totalement. C'est ce

qui se produit lors des chocs émotionnels, ou des états de conscience modifié. Le monde semble

différent. Un choc psychologique puissant permet après coup de « voir le monde avec des yeux

8 Stout, Martha, The Myth of Sanity, London, Penguin Books, 2002, p.279 Anderson, Margaret, The Unknowable Gurdjieff, London, Arkana, 1970, p.141 10 Stout, Martha, op.cit., p.10111 Chocs d'ailleurs nécessaires : « Essayer d'atteindre la perfection par soi-même est une erreur ! Il faut absolument les

chocs psychiques de personnes autour de soi pour nous réveiller, sinon on peut être très tranquille mais ce n'est pas un effet de la maîtrise de soi mais plutôt d'un profond sommeil. » Baines, John, The science of love, New York, John Baines Institute, 2008, p.147

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nouveaux ». C'est en fait, simplement, retrouver ce qui est perdu, faire table rase des anciens

« filtres » de la Personnalité qui ne lui appartiennent pas.

Avant d'atteindre la connaissance, il nous faut nous défricher nous-mêmes, retirer de nous jusqu'à la racine tout ce qui n'a été qu'habitudes, automatismes, tant du point de vue matériel que mental.Nous agissons souvent par impulsions, qui sont le résultat de causes dont nous ne retrouvons pas l'origine. L'être vivant est un assemblage. Il faut donc créer l'homogénéité de l'être et, de son homogénéité, découlera l'harmonie.12

Néanmoins, la perception se fixe en général à partir d'un certain âge, elle se calque sur le

niveau de perception de la collectivité. Le mot « âme » ne veut alors plus rien dire.

Quand nous vieillissons, nous nous identifions à la façon dont le monde extérieur nous voit — notre famille, nos amis, d’autres personnes, la culture en général. Mon identité et mon nom se mettent progressivement à vouloir dire une chose différente, quelque chose d’autre que le sentiment indépendant de je suis qui m’était si souvent familier quand j’étais petit enfant. Progressivement, je ne m’identifie désormais plus qu’aux critères que les autres personnes peuvent voir et savoir ou qui sont introduits en moi par des influences extérieures, et cela inclut nos pensées et opinions, qui nous viennent de l’extérieur, les innombrables émotions, nos goûts et aversions, nos idéaux et valeurs, notre sentiment d’estime de soi et notre situation. Et nous nous identifions de plus en plus à nos corps, à leurs plaisirs, leurs douleurs, et aux changements qui se déroulent en eux, y compris, bien sûr, l’intensité de l’éveil de la sexualité, et les sensations et toutes les émotions qui sont liées à la sexualité. Nous nous identifions à notre classe sociale, groupe ethnique, sexe ou nationalité ou à l’un ou à plusieurs aspects de notre vie communautaire, parmi les centaines qui existent. C’est alors que le mot "âme" — ou son équivalent — se met à vouloir dire tout un tas de choses très différentes. Parfois, il veut simplement dire l’esprit dans son état normal, composé, tel quel, de notions, pensées et vues qui ont été introduites en moi de l’extérieur ou qui ont accidentellement traversé mon esprit et qui s’y sont installés, à côté des "preuves" et justifications que ces notions errantes portent fièrement comme plumage. De telles entités, comme ces pensées et arguments vagabonds, peuvent-elles être identifiées à mon moi, mon âme ? Il suffit simplement de faire un "saut dans le temps", et se rappeler de soi petit enfant pour voir que nos pensées ordinaires ne sont pas notre moi. Il suffit simplement de se souvenir comment, enfant, nous nous sommes confrontés à la réalité ultime — la réalité de la mort et des blessures — pour voir que nous pensées quotidiennes, même nos raisonnements minutieux, logiques, ne sont pas le moi, ne sont pas l’âme. Quand le jeune enfant a besoin de comprendre, quand vous et moi avons besoin de comprendre un mystère, un fait ultime, une réalité écrasante, alors, et seulement alors, nous goûtons une nouvelle façon de pensée qui s’élève du moi intérieur. Une telle pensée a très peu de choses en commun avec les vues et les opinions qui vont et viennent dans l’esprit socialement conditionné.

C’est une question qu’il faut soupeser. Ces aspects de nous qui prennent la place du sentiment intime du je suis que nous connaissons enfant — ces aspects qui prennent sa place sont juste ces émotions semées en nous par un environnement culturel et social mystérieusement endommagé que les traditions de sagesse appellent, tout simplement, le "monde". Et ces patterns émotionnels, qui peuvent souvent contenir des éléments de la puissance des vrais sentiments, mais qui sont fortement composés de forces biologiques incontrôlées (que la psychiatrie moderne a perçu avec grande clarté) — ces patterns émotionnels se font passer pour le moi.13

Plutarque aussi, qui témoigne de l'impermanence dans son traité De E' Iapud Delphos,

s'étonne de constater qu'une « seule mort » apparaît redoutable, alors que l'homme « meurt » sans

cesse par l'écoulement du « temps ».

L'homme d'hier est mort pour faire place à celui d'aujourd'hui et l'homme d'aujourd'hui est en train de mourir

12 Carmi, Gabrielle, Le temps hors du temps, Paris, Editions J'ai Lu, 197713 Ravindra, Ravi, Un cœur sans limite, Halifax, Shaila Press, 2002

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pour faire place à celui de demain. Aucun de nous ne subsiste ni ne reste identique; nous sommes successivement plusieurs êtres... l'on change précisément en ceci que l'on devient étranger à ce que l'on était auparavant. Ce sont nos sens qui, par ignorance de l'être véritable nous font croire faussement que l'apparence a une existence réelle.

L'impression factice de continuité individuelle repose sur trois éléments : le nom,

l'expérience fixée par la mémoire, et la faculté d'ignorer les contradictions intérieures, autrement dit,

la faculté de se mentir et de mentir aux autres. Ainsi, « nous ne vivons que de contradictions et

pour des contradictions, la vie est tragédie et lutte perpétuelle sans victoire et sans espoir de

victoire; elle est contradiction. »14

Prolongeant le travail de Durkheim, le sociologue Jean-Claude Kaufmann s'est intéressé

au phénomène d'individualisation des sociétés contemporaines. Pour lui, l'individu ne doit pas «

être compris comme une unité substantielle distincte de la société » capable de s'autonomiser de

cette dernière par la seule force de sa pensée propre. Kaufmann démantèle l'idéologie des Lumières

(« holisme rationnel »), qui avait conduit à concevoir l'idée d'un « moi abstrait » séparé de la

société, doté d'une raison autonome. Bien que l'individu « se voit proposer des rôles de plus en plus

nombreux, ceux-ci demeurent des constructions collectives. »15, lesquelles s'inscrivent dans un

climat « d'idéologie céphalocentrique ou pire, égocéphalocentrique ». C. Dubar qualifiera l'identité

personnelle de « synthèse intermédiaire et incomplète, provisoire et changeante », « fiction

productrice de réalité », « processus changeant pris dans des forces contradictoires », « pluralité

ouverte faite de reformulations continuelles », et même « produit de bricolages, de combinatoires

de réseaux à géométrie variable »16 C'est cette situation périlleuse que Fichte essaya de décrire par

une difficile introspection :

Quand les « chocs » ne sont pas utilisés consciemment pour établir une harmonie nouvelle,

il s'instaure un état de « sommeil », d'un point de vue individuel et social. En prendre conscience

peut être une expérience effrayante.

[Je] partis tôt le matin. Dehors, il faisait humide et sombre. Des queues s’allongeaient aux arrêts de bus ; les gens prenaient d’assaut les autobus bondés, pour ne pas être en retard à leur travail. Leurs visages exprimaient une mélancolie sourde, coutumière ; ni joie, ni espoir dans leurs yeux. La fumée des cheminées d’usines bouchait l’horizon. Une journée ordinaire de travail commençait.C’était la même ville, les mêmes gens, au milieu desquels j’avais vécu toute ma vie ; mais maintenant je percevais tout de manière complètement différente. La ville m’apparaissait irréelle : les rues, les édifices, les

14 Miguel de Unamuno, Du sentiment tragique de la vie, Paris, Éditions de la Nouvelle revue française, 191715 Marc Loriol, compte-rendu de lecture in La Revue Française de Sociologie vol. 42, n°4, 2001, de Ego, Pour une

sociologie de l'individu, Une autre vision de l'homme et de la construction du sujet, par Jean-Claude Kaufman, Paris, Nathan (Essais et recherches), 2001, 288 p.

16 C. Dubar, La crise des identités : L'interprétation d'une mutation, Paris, PUF, 2007

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voitures, et tous ces malheureux agglutinés aux arrêts. Rien n’était vrai, comme au théâtre. L’entourage citadin était un sinistre décor, les gens n’étaient des acteurs fatigués, jouant un spectacle cosmique monstrueux, écrit par un dramaturge sans talent. Plus exactement, ce n’était même pas des êtres humains tels que les avait conçus le Créateur, mais des zombies tourmentés, préoccupés sans répit par quelque chose, ayant oublié la lumineuse joie éternelle — dont la recherche constitue, en fait, l’unique but et le sens de l’existence. La majorité d’entre eux ne soupçonnaient pas cette joie, de même qu’un lionceau né dans un zoo ne connaît pas la vaste étendue de la savane. Ils étaient résignés à une vie mécanique ; pratiquement, tout ce qui les occupait était l’embellissement de leurs cages et la reproduction dans la servitude. Derrière tout cela, je voyais la volonté abominable de quelqu’un, qui contraignait les gens à vivre comme ils vivaient et à faire des choses qu’ils exécraient. Qui était ce marionnettiste tout-puissant et impitoyable, tenant dans sa main d’acier les fils de ces innombrables destins malheureux ? Je ne connaissais pas la réponse, mais il était indispensable de tirer cela au clair, pour y changer quelque chose.17

Dans le théâtre de la vie, il existe dans un même individu « endormi » plusieurs niveaux de

perception correspondant à plusieurs aspects de soi, qui coexistent indépendamment. C'est l'état de

dissociation, l'extrême étant le « trouble de personnalité multiple ». Dans ce cas, plusieurs

personnalités portant différents panels de comportements, différentes mémoires, prennent

« possession » d'un même corps l'une après l'autre sans que celles-ci ne soient conscientes de leur

existence réciproque. Une personnalité n'aura conscience que d'un « trou de mémoire » lorsqu'une

autre personnalité est présente. Ce sont des cas extrêmes, mais Martha Stout a démontré que nous

sommes tous atteints de ce trouble à un niveau moins spectaculaire. Les actions ne correspondent

plus à la volonté du Moi réel. Les aspects de soi s'activent mécaniquement, prennent tour à tour le

pouvoir du Moi réel laissé vaquant. Cette situation laisse un goût amer et ne permet pas un

fonctionnement optimal de la conscience.18 Traditionnellement, cet état de dissociation est comparé

au niveau de conscience ordinaire qui est en vérité un état « onirique ».

L'hypnotisme peut être exercé collectivement et simultanément sur toute l'humanité par des forces planétaires qui cherchent leur propre bénéfice aux dépends de l'auto-détermination humaine. Ces forces planétaires s'efforcent de maintenir l'humanité endormie de sorte qu'elle ne voit jamais la vérité de la réalité. De la naissance à la mort, l'individu vit dans le plus profond des sommeils et tout ce qui lui arrive est "rêvé". Il croit qu'il est réveillé, mais il ne fait que rêver. Il croit qu'il est libre, mais il ne fait que rêver de liberté. Il croit qu'il a une volonté propre, mais ne fait que le rêver.19

Comme le rappelle Philippe Guillemant, « il existe des degrés de conscience très distincts ».

17 Beliaev, Ilia, Tosha, La vie et les enseignements d'un mystère russe, Paris, Accarias, 2004, p.46-4718 « Au fond, selon de nombreux spécialistes, le syndrome MPD peut être envisagé comme l’exacerbation d’une

tendance que nous portons tous en nous. Il y aurait un continuum, avec, à l’extrémité jugée “normale”, la rêverie, que tout un chacun pratique, imaginant son moi, avantageusement rectifié, dans des aventures gratifiantes, ou les différents "masques” que l’on arbore selon qu’on est seul ou en groupe, à son travail, dans sa famille ou dans une fête, voire même les comportements variés qu’on peut avoir face à chaque interlocuteur individuel. Or, nous vivons à une époque où les choix de vie et de carrière sont beaucoup plus ouverts et variés qu’auparavant, où les informations sur toutes les cultures passées et présentes sont disponibles comme jamais. Bref, notre civilisation nous pousse à la Multiplicité. D’ailleurs, notre moi “cartésien”, unique et linéaire, ne serait-il qu’une éphémère construction historique ? » Jean-Pierre Lentin, « Le mystère des personnalités multiples », Nouvelles Clés, Novembre 2006, http://www.nouvellescles.com/article.php3?id_article=672

19 Baines, John, The Secret Science, New York, John Baines Institute, 1994, p23

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Ces niveaux de conscience ont été exposés par Ouspensky et Gurdjieff, ainsi que plus récemment,

John Baines. Dans HypsoConsciousness, il indique :

Le "Je supérieur" est parfaitement intégré et possède une unité indivisible; le "Je inférieur" est divisible entre d'innombrables petits "Je" qui sont faiblement intégrés. Le "Je inférieur" est celui qui est projeté en d'innombrables parties, chacune suivant un courant d'activité mentale différent. Le "Je supérieur" est le "Je" de la concentration mentale, pleinement conscient du moment présent.20

Le "je inférieur" est suffisant pour agir dans la vie normale, de sorte que les années peuvent passer sans qu'on ne soit jamais en contact avec le "Je supérieur". Le vrai "Je", tel que défini dans ce travail, est un "Je capitalisé"; c'est le "Je Supérieur"; le produit de l'apprentissage réfléchi conscient de l'individu.21

L'homme ordinaire affiche un niveau extraordinaire de paresse mentale qui l'empêche de méditer sur ses expériences quotidiennes. Ce manque de compréhension réfléchie est ce qui marque la différence entre "l'anti-individu" et l'individu. Tout le monde pense, mais seuls quelques un raisonnent; et de ceux qui raisonnent, seuls quelques un sont conscients. La pensée peut exister sans raisonnement logique et le raisonnement peut exister sans la conscience.22

La Personnalité séparée du Moi réel ne fait que réagir aux circonstances extérieures. Chaque

aspect de la personnalité croît agir indépendamment, mais comme il agit « hors du centre », il est en

réalité incapable de transmettre la volonté du Moi réel. C'est ainsi que l'individu peut dériver au fil

des aléas de la vie sans aucune direction intérieure. L'unification du moi suppose un « centre de

gravité » capable de transmettre la volonté du Moi réel, ce centre de gravité ne peut le faire que s'il

se trouve au niveau du « plexus solaire » qui est le locus où pénètre l'énergie psychique vitale. « Le

moi se modifie constamment tant que l'homme n'est pas unifié, il est le résultat des événements

extérieurs et des chocs provoqués par ceux-ci. (…) Prendre conscience aiguë de cette pluralité est

un des motifs de détresse profonde.23 » Le sommeil ordinaire est un niveau partagé par l'humanité.

La conscience est éclatée. Elle est obscurcie, elle perd sa pureté et forme une ombre. Cette ombre,

c'est aussi « l'autre soi-même », un ensemble de fragments qui s'ordonnent autour de noyaux

échappant au centre de gravité.

[…] l'homme ne doit pas se dissoudre dans la multiplicité d'éléments incohérents […] La possession par l'inconscient, c'est justement d'être déchiré, morcelé en un grand nombre d'êtres et de choses, c'est une « disjonction ». C'est pourquoi le but du chrétien est, selon Origène, de « devenir un homme intérieurement unifié ».24

On observe alors que les circonstances vont mettre à jour ces noyaux, ces caractères, ces

rôles, qui resurgissent involontairement, par « réaction » à des stimuli extérieurs (théorie des

20 Baines, John, Hypsoconsciousness, New York, John Baines Institute, 1995, p.10321 John Baines, op.cit., p.9822 John Baines, op.cit., p.20923 Marie-Madeline Davy, La connaissance de soi, Paris, PUF, 200424 Jung, C.G., Psychologie du transfert, Paris, Albin Michel, 1980, p.52

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schémas, engrammes, et mèmes25). Il s'agit bien d'une mécanisation de soi, qu'exploite aussi les

techniques de contrôle mental26. La tradition chrétienne ésotérique révélée par Boris Mouravieff,

affirme que le « Moi de la Personnalité » est composé d'un nombre considérable de « petits moi ».

Les différents groupes de noyaux « tour à tour, règlent nos attitudes et nos actions ». Mouravieff

s'interroge : « Comment pouvons-nous concilier cet état chaotique avec une continuité, ne serait-ce

qu'apparente, de notre vie psychique ? » C'est une vision que partage Montaigne :

Je ne peins pas l'être, je peins le passage: non pas un passage d'âge en autre, ou comme dit le peuple de sept ans en sept ans, mais de jour en jour, de minute en minute. Il faut accommoder mon histoire à l'heure. C'est un contrerolle de divers et muables accidents et d'imaginations irrésolues et, quand il y eschet, contraires: soit que je sois autre moi-même, soit que je saisisse les sujets par autres circonstances et considérations.27

Ainsi le dit Ouspensky :

Nous savons ce qu'est l'homme de manière seulement imparfaite; nos conceptions à son sujet sont extrêmement fallacieuses et créent facilement de nouvelles illusions. Tout d'abord, nous avons tendance à considérer l'homme comme une certaine unité, et à considérer les différentes parties et fonctions de l'homme comme étant reliées ensemble, et dépendantes les unes des autres.28

Ainsi le dit Manly P. Hall :

Examiner ce sujet de façon critique revient à explorer l'un des mystères les plus profonds de la vie contemplative. Philosophiquement, la personnalité n'est pas UN SEUL être, Une entité, Un principe, Une force unique.29

L'homme est un robot créé par un d'inconnu, un robot dans lequel certains circuits fondamentaux ont été implantés comme les instincts de protection de soi, de reproduction, de réactions émotionnelles et capacités cérébrales de logique, déduction et analyse. Ce robot a alors développé une petite étincelle, qu'on peut appeler conscience, et qui reste inactive et non remarquée chez la majorité des êtres humains qui utilisent seulement les circuits robotiques qui furent implantés. Quelqu'un qui s'occupe de cette petite étincelle de conscience, la nourrit, lui permet de se développer de telle sorte qu'il peut détruire ces circuits et prendre effectivement contrôle du corps. Il dépasse toutes les limitations humaines, car il s'est rendu plus humain en dépassant les limites imposées à l'espèce [...] La condition humaine peut être comparée à un individu qui entre dans une automobile très compliquée sans savoir comment la conduire. Le corps physique d'un homme qui n'a jamais cultivé ni développé sa conscience, est comme une automobile qui roule sur une longue distance sans conducteur. 30

Dans une démarche ésotérique, la situation où la Personnalité est au pouvoir est anormale.

Sans vision d'ensemble de soi-même – ce qui suppose un point de vue extérieur et englobant –, il ne

25 Aaron Beck, Pavlov, Susan Blackmore... Un mème est « à la fois un processus biologique du type réactions d'un système à des stimulations et au final le résultat culturel de transformations neurochimiques au niveau de réseaux de neurones et de tout le substrat cérébral. » http://www.susanblackmore.co.uk/memetics/about%20memes.htm

26 D.C.Hammond, L'Exposé Greenbaum, 2010, http://www.futurquantique.org/2010/04/06/lexpose-greenbaum/ 27 Montaigne, Essais, III, 2, p.78928 Ouspensky, Tertium Organum, traduit en anglais par Claude Bragdon, Éd. Cosimo Classics, 1922, p.17629 Manly P. Hall, Self-unfoldment by disciplines of realization, The philosophical research society, Los Angeles, 194230 Baines, John, The science of love, New York, John Baines Institute, 2008, p 128-129

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peut y avoir non plus de vision d'ensemble du monde d'un point de vue suprasensible, spirituel. Les

événements prennent alors une valeur subjective, superficielle, et arbitraire. Plus important encore,

le rétrécissement de la conscience altère le regard – ce qui cause le manque, la dépendance :

La dépendance colore et limite les relations interpersonnelles. C'est faire œuvre d'abstraction que de considérer les gens comme possibilité de gratification d'un besoin ou comme de sources de fourniture. Ils ne sont pas appréhendés comme une totalité complexe, comme des personnes uniques [...]31

L'état ordinaire est un état où l'esprit se retire, où le corps est dévitalisé. C'est un état

fréquent d'absence, où la personne est « occupée » par quelque chose, et même, « pré-occupée ».

C'est un état d'aliénation mentale, caractérisé par l'emprise de certaines pensées. En effet, pourquoi

certaines pensées s'enracinent plutôt que d'autres, et pourquoi ne peuvent-elles pas être modifiées à

volonté... puisque ce sont de simples pensées ? Cette situation entraîne une perte de flexibilité

intérieure, une perte de « foi intérieure », de capacité à « changer ». C'est le premier pas vers

l'esclavage de la conscience, en proie à ses deux ennemis principaux selon Gurdjieff : la peur et

l'imagination.

Une personne peut se dissocier à n'importe quel moment dans sa vie quand elle traverse une dure période qui met sous tension ses émotions et pensées - les structures neurologiques. Le problème est qu'une fois que vous l'avez fait, il est plus facile de recommencer la fois suivante, et la fois suivante, et celle d'après... C'est comme une « trace » qui serait de plus en plus facile à suivre. On peut le voir comme des traces de carbone dans un distributeur de moteur à essence qui provoquent un mauvais allumage des bougies.32

Une première séparation entre le Moi réel et la Personnalité est généralement due à

l'influence de l'environnement sur l'enfant33, à cause de la confusion établie entre ce que l'enfant

« fait » et ce qu'il « est ». C'est ce que Jeanne de Salzmann appelle la « grande blessure » – la non-

reconnaissance et non-acceptation du Moi réel par l'entourage :

Le sentiment intime du je suis de l’enfance n’a pas reçu de soutien, n’a pas pu se développer en relation au corps et à l’esprit en croissance. La véritable graine de l’immortalité, qui dans un homme ou une femme peut réellement résister au temps, est passée en arrière-plan avec l’âge. Elle est un millier de fois plus vive et plus intense que nos émotions habituelles et elle souffre avec une force insoutenable et étrange quand elle — quand je suis — est amené à vivre sur le mensonge et la violence. Cette substance essentielle de la singularité humaine vit et grandit au travers d’expériences de vérité. C’est sa nourriture. Mais tel que nous le connaissons, dans notre monde de la société humaine, mystérieusement et incroyablement endommagé, la vérité n’est jamais offerte à l’enfant qui grandit, sous aucune forme assimilable. Quelque chose de tout à fait contraire est donné et, sous d’innombrables formes, le sentiment intime du moi est astreint à se retirer dans une "sub-conscience" inconnue de la psychologie moderne. C’est une subconscience qui est au-dessus du moi ordinaire,

31 Abraham H. Maslow, Vers une psychologie de l'être, Éd. Fayard, coll « L'expérience psychique » 1972, p.40 sqq32 Laura Knight-Jadczyk, Programmes, tampons et « Esprit du prédateur », 2007,www.futurquantique.org/articles/travail-esoterique/51-programmes-tampons-et-l-esprit-du-predateur-r 33 C'est ce que décrit Alice Miller : l'éducation lors de l'enfance produit une séparation intérieure qui fait qu'on se rend

plus compte, on ne réalise plus, ses propres émotions, sensations et pensées. On n'est alors conscient que d'une partie de ce que l'on pense, sent et éprouve, mais pas de la totalité du spectre des expériences.

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non en-dessous ; la subconscience des perceptions les plus fines, à l’opposé de l’inconscient du besoin biologique refoulé. Ce "refoulement métaphysique" est la grande blessure que partagent tous les hommes et femmes nés dans le "monde".

Les puissantes émotions qui se font passer pour le moi protègent en réalité cette blessure métaphysique. Elles se déclarent moi, mais elles ne sont pas le je suis à l’intérieur. Elles donnent l’impression d’être comme un moi, mais elles ne sont pas le Moi. Et ainsi, au cours de nos vies toute une structure se forme, agissant comme le Moi mais qui n’est pas le Moi. Si ces "moi’s" émotionnels étaient enlevés, l’âme blessée, intime, serait à nouveau en proie à la douleur et à la faim. Les grands mythes et légendes des anciennes traditions dépeignent le moi intérieur retenu prisonnier de forces qui prétendent être le moi mais ne le sont pas.34

Ce moi prisonnier qui vit dans la séparation est décrit par Elan Golomb dans Trapped in the

mirror. La première rupture entraîne un état de vie « défensif », où l'énergie est retenue par des

structures défensives. Un état de malaise intérieur conduit finalement à la séparation d'avec la

totalité de soi – et comme on le verra plus loin, seule la totalité de soi – réunie grâce à un centre

magnétique – permet le contact avec l'Âme.

Même un trauma mineur peut provoquer la fragmentation. […] Des fragments de l'esprit peuvent se séparer de la personnalité principale. Ces fragments peuvent rester en dehors de l'espace corps/esprit et refuser de revenir. […] Les gens s'échangent souvent des fragments dans une relation. […] Un patient peut décrire qu'il se sent détaché, sans ancrage, déconnecté, comme s'il n'était pas dans son corps, avec certaines parties du corps engourdi, pas entièrement ici. Les yeux peuvent paraître vides et ternes. Les sens peuvent être étouffés. Une courte durée d'attention et une mauvaise mémoire dans la vie quotidienne et en séance de thérapie peuvent indiquer un état de fragmentation de l'âme. […] Chaque fragment d'âme trouve son emplacement parfait dans le puzzle lorsqu'il revient dans l'espace vide, où que ce soit – parfois la tête, plus souvent le cœur. […] On demande au patient dans un état modifié de scanner son corps. Il peut découvrir des tâches sombres, des vides ou creux, des tubes creux et des espaces vides. Ce sont les espaces éthériques laissés par la fragmentation de l'âme. On demande au patient de se concentrer sur ces espaces, de chercher des fils qui sortent de l'espace vide. Ces fils peuvent être perçus par environ la moitié des patients. On demande au patient de choisir le fil qui semble le plus important et de le suivre. Cela le conduira à une scène, un événement, où il observera et décrira le trauma, et éprouvera la dissociation du fragment. 35

« L'enfant intérieur » est une expression qui fait référence à un fragment d'une partie de soi :

Cette partie sensible peut rester totalement en dehors de l'espace esprit/corps. Une telle séparation permet à l'enfance de survivre durant les premières années, avec la partie dure qui prend en charge la vie.36

Ainsi, le détachement d'avec soi-même et l'attachement à une expression limitée de soi-

même, la seule « acceptée », provoque l'effondrement de la conscience :

Le sentiment d'estime de soi de l'enfant est endommagé par un faux étiquetage. Plus son étiquette personnelle est exagérée, moins il sent sa valeur intrinsèque […] Ses qualités sont exagérées sans lien à la vérité […] Plus la valeur d'une personne est exagérée, plus il se sent petit. Un faux étiquetage détruit le sentiment de valeur. Tout est pour le spectacle. 37

L'ombre inconsciente prend le pouvoir. Elle contient l'ensemble de ces parties de soi qui 34 Ravindra, Ravi, Un cœur sans limite, Halifax, Shaila Press, 200235 Baldwin, William J., Healing Lost Souls, Charlottesville, Hampton Roads, 200336 Baldwin, William J., op.cit, p.60-6137 Stout, Martha, The Myth of Sanity, London, Penguin Books, 2002, p.29

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demandent à s'exprimer et que la Personnalité va s'efforcer de toujours débouter, car elle en a honte.

Au lieu de s'éloigner de façon inoffensive dans le passé, les événements les plus sombres, les plus effrayants de l'enfance et adolescence prennent de la puissance et autorité quand nous vieillissons. Le souvenir de ces événements nous éloigne de nous-mêmes, psychologiquement parlant, ou sépare une partie de notre conscience des autres parties. C'est ce que nous concevons comme une lutter pour continuer à survivre. Et c'est exactement ce que la plupart d'entre nous faisons : nous ne choisissons pas de mourir, ou de vivre ; nous continuons à survivre. Nous ne choisissons pas la non-existence ; ni ne choisissons la conscience complète. Nous peinons à avancer dans une sorte de brouillard cognitif au milieu de nul part, nous disons être sains d'esprit alors que dans ce lieu, nous n'avons presque jamais pris conscience de la brume.38

La liberté de conscience suppose d'isoler les corps étrangers profondément implantés qui

résistent au changement, les désactiver, et les décoller de la conscience comme des autocollants.

Tout ce qui est « étranger » et qui « colore » la conscience doit être fondu dans la totalité de la

brillance énergétique. Toute partie de soi ressentie comme « étrangère » possède, derrière les

apparences, un fragment de conscience (tout souvenir non intégré) qui empêche à l'énergie de

s'épanouir.

Expliquant que les souvenirs restent toujours « vivants », et qu'ils forment des réseaux en sommeil, Seth explique que « Dans les moments d' « espaces vides » conscients, ou dans certaines fluctuations, on perçoit souvent ces systèmes de souvenirs. En général, l'esprit conscient, avec son système de souvenirs propre, ne les accepte pas. Lorsqu'une personnalité se rend compte que ces autres réalités existent et que d'autres expériences de conscience sont possibles, elle active certains potentiels en elle-même. Ceux-ci modifient les connexions électromagnétiques à la fois dans l'esprit et dans le cerveau, et jusque dans les mécanismes perceptifs ; ils unissent des réservoirs d'énergie et mettent en place des voies d'activité qui permettent à l'esprit conscient d'augmenter sa sensibilité à ces données. L'esprit conscient est libéré de lui-même. D'une certaine façon , il subit une métamorphose et prend en charge davantage de fonctions. Petit à petit, il parvient à percevoir une partie du contenu qui lui était auparavant fermé. Il n'a plus besoin d'avoir peur des « espaces vide » comme s'ils étaient des preuves de non-existence. Les fluctuations dont j'ai parlé sont souvent tout à fait minuscules, et cependant hautement significatives. L'esprit conscient connaît bien son propre état de fluctuation. Lorsqu'il est obligé d'y faire face, il ne trouve pas le chaos, ou pire, la non-existence, mais la source même de sa force et de ses capacités. La personnalité commence alors à utiliser son potentiel. 39

Chaque déséquilibre de l'axe central de la conscience s'exprime par un phénomène de

transfert, car chaque aspect de soi qui n'est pas intégré, connu et conscientisé, se retrouve désiré

dans un aspect de la réalité – un être humain, un objet, une idée... – ce qui provoque l'état critique

d'identification, contraire à la conscience de soi. Tout déséquilibre provoque donc automatiquement

un attachement à une réalité qui contraint l'individu à agir selon ses « lois ». Ce phénomène est le

plus souvent présent lorsqu'il y a rapport de pouvoir, et donc, où l'individu « internalise » la

personne dominante dans sa propre psyché, agissant en étant gouverné de l'intérieur par cette

autorité extérieure. Plus il y a de déséquilibre donc, moins il y a d'autonomie et de conscience. Pour

38 Stout, Martha, op.cit., p.3-439 Roberts, Jane, Seth parle, l'éternelle validité de l'âme, Paris, Mama éditions, 2009, p.379-380

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Olga Kharitidi, nos zones d'ombres psychiques sont « occupées » par ce qu'elle appelle les « esprits

des traumas » :

Dans notre tradition, nous les appelons les « esprits du trauma ». Chaque fois que quelque chose vous blesse et que vous ne l'acceptez pas pleinement comme une partie intégrante de votre histoire, vous créez un espace dans votre mémoire ; un espace qui, si la douleur est forte et répétée de nombreuses fois, sera occupé par un esprit du trauma. […]Vous pourriez les définir comme des représentations non intégrées […] Le processus psychique interne, souvent étendu à travers les générations par l'héritage des modèles de trauma formés, il y a peut-être très, très longtemps, quand l'un de vos ancêtre vécût une douleur insupportable.Les gènes humains sont bien plus souples qu'on le pense. Ils perçoivent autant qu'ils agissent. Quand une douleur atteint le niveau des gènes, ils se comportent différemment et déforment la mémoire, empêchant la mémoire ne se complète. L'espace dans la mémoire est créé, et un esprit du trauma loge dans l'espace, caché à la conscience.

Quand vous vous distancez de la source de la souffrance, quand vous la considérez comme le contraire de ce que vous voulez être (Je suppose que vous voulez tous être bons, n'est-ce pas), vous perdez la possibilité de la changer. Comme elle continue à vivre en vous, en tant que partie de vous, en vous faisant faire un grand nombre de choix, mais que vous refusez de la reconnaître, vous restez dans une béatitude ignorance et vous continuez à souffrir. […]

L'espace dans la mémoire est peuplé d'images. Les démons de mémoire peuvent aussi être perçus comme des images, mais ils ont beaucoup plus d'énergie consciente en eux que les mémoires normales. Et précisément pour cela, quand ils sont perçus et transformés, ils ne disparaissent pas, mais changent la qualité de leur énergie et se mettent à vous servir après que vous les ayez conquis. C'est ainsi que les shamans obtiennent leurs plus puissants esprits qui les aident40.

La lumière est piégée dans la multitude du « nous » intérieur de même qu'une solution est

troublée par des corps étrangers, de même que notre corps est affaibli lorsqu'il doit se défendre

d'intrus pathogènes. La conscience est faible lorsqu'elle est divisée en de nombreuses parties. Elle

est divisée avant tout à cause de l'état de conditionnement de l'individu. Ce conditionnement

provient des programmes étrangers imposés à la conscience dès le plus jeune age, dans toutes les

interactions et situations de vie. Cet « esprit du prédateur » comme l'appelle Castaneda est cette

instance étrangère qui se manifeste à chaque fois qu'un individu se comporte selon un programme,

car il agit alors comme le voudrait la source du programme et s'aligne sur une autorité qui n'est pas

la sienne propre. Rendre conscients les programmes par l'observation de soi, c'est retourner à la

« nature originelle ». Un programme limite toujours l'individu par un automatisme, alors que la

nature originelle est ce qui devrait gouverner les automatismes... Elle est libre et au delà des

automatismes.

C'est dans la profondeur obscure du sommeil sans rêve que se trouve notre essence. Cette essence n'est pas du tout ce que nous appelons notre "moi". Au contraire, c'est plutôt son absence totale. Ce que nous avons l'habitude de prendre pour nous-mêmes n'est en fait qu'une minuscule couche de givre sur le sommet de l'énorme iceberg de notre inconscient. L'organisation de l'inconscient rappelle un oignon ou un chou: pendant des millions d'années notre évolution en a gravé les feuilles [...]

40 Kharitidi, Olga, Entering the Circle, New York, HarperOne, 1996, pp.42-43,50 et 147

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Au moment où nous nous réveillons du sommeil profond, notre essence impersonnelle revêt toutes ces couches l'une par-dessus l'autre, exactement comme lorsque nous nous habillons pour affronter une froide journée d'hiver. A chaque nouvelle couche de vêtements, notre essence nue se cache plus profondément. Nous devenons de plus en plus structurés, programmés; nous ressemblons de plus en plus à l'image que nous avons de nous. Le dernier petit bouton enfin attaché, nous voilà - millionième partie de ce que nous sommes en réalité - prêts à sortir. Bonjour !41

Pas d'existence réelle, état fluctuant de rêve, de mort sous les apparences de la vie... C'est

une condition générale, bien qu'il soit difficile de réaliser que chacun est prisonnier de cet état.

Pourtant, les individus ordinaires ne sont pas réels, ils ne l'ont jamais été. « les Indiens et les Grecs

n'accordaient aucune véritable réalité à l'individu. […] Aujourd'hui plus que jamais l'individu est la

donnée première, au-delà de laquelle il est impossible ou vain d'aller. »42 Mais comment se fier à un

mirage ? N'y a-t-il aucune réalité au monde ni aux individus ?

Moi-même, je ne sais absolument rien et ne suis rien. Les images sont : elles sont la seule chose qui existe, et elles ont connaissance d'elles-mêmes à la manière des images – des images qui passent, flottantes, sans qu'il y ait quelque chose devant quoi elles passent; des images qui se rapportent les unes aux autres par des images d'images; des images sans qu'il y ait rien de figuré, des images sans signification et sans but. [...] Toute réalité se transforme en un rêve merveilleux, sans une vie qui serait rêvée et sans un esprit qui rêverait; en un rêve qui se rapporte à un rêve de lui-même.43

Mais il est impossible « stopper le rêve », à moins d'être « hors du rêve ». Il faut en trouver

l'issue. Comme le dit Simone Weil : « Ce monde auquel je suis lié et que je regarde afin de le

connaître, est un monde mouvant, changeant; en observant ces perpétuelles contradictions, me voici

obligé de prendre conscience de son incohérence. Je ne puis m'appliquer à connaître ce qui est

changeant et qui ne cesse de m'échapper, il me faut donc nécessairement fixer un point

immuable.44 »

Une partie de soi appartient au temps, une autre n'appartient pas au temps. L'expérience de la

vie se situe dans le temps, mais plus elle est vécue consciemment, moins le temps n'a de « réalité ».

Le temps est subjectif et dans un état modifié de conscience, il n'a pas la même valeur.45 Nous avons

vu que la densité d'espace/temps est englobée dans une densité où l'espace/temps a moins

d'influence sur l'individu, et où l'individu qui a rejoint sa contrepartie énergétique a une action

tangible sur ce « décor ». Ainsi, la partie véritablement éternelle de l'individu est « hors du temps ».

41 Beliaev, Ilia, Tosha, La vie et les enseignements d'un mystère russe, Paris, Accarias, 200442 Giorgio Colli, « Des dieux et des hommes, L'individu comme illusion », dernière consultation 09/2012,

http://www.lyber-eclat.net/lyber/colli/apres_nietzsche/des_dieux.html 43 Fichte, Destination de l'homme, Livre II, p. 147-148, trad. J.-Chr. Goddard, Paris, Flammarion, 199544 Simone Weil, La pesanteur et la grâce, Paris, Éd. Plon, 1947, p. 2145 Voir Audrey Mouge, « Le temps, une illusion ? », 19 juillet 2012, INREES, http://www.inrees.com/articles/le-temps-

une-illusion/

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Ce qu'a pressenti le poète initié T.S. Eliot est juste.

Va t'en, va-t'en d'ici, va-t'en, dit l'oiseau, l'espèce humaineNe peut porter un grand poids de réalitéTemps passé et temps futurCe qui aurait pu être et ce qui a été Pointent vers une seule fin, qui est toujours présente [...]Au point de quiétude du monde qui tournoie. Ni dans la chair, ni désincarné ;Ni provenance ni visée ; au point de quiétude, c'est là qu'est la danse,Mais sans arrêt ni mouvement. Ne l'appelez pas fixité,Le lieu où le passé et l'avenir se joignent. Ni exode ni élan,Ni ascension ni déclin. N'était le point, le point de quiétudeLa danse n'aurait pas lieu, or il n'y a rien que la danse.Je puis dire seulement : là nous avons été ; mais je ne saurais dire où.Et je ne peux dire combien de temps, car ce serait le situer dans la durée. […]Temps passé et temps futurNe permettent que très peu de conscience.Être conscient, c'est ne pas être dans le flux du temps. 46

Le Moi réel ne peut être qu'impersonnel, il EST, et la Personnalité par un alignement juste

peut bénéficier de sa créative exaltation. Le Moi réel est le point central d'un cycle de manifestation

extérieure. Ce point, s'il est atteint, est indissociable de la sensation du « Présent » :

Être veut dire être dans le Présent. Car dans l'Avenir nous ne sommes pas encore et dans le Passé nous ne sommes plus. Ce que dans le langage courant nous appelons le Présent n'est en réalité que la partie plus ou moins proche du Passé où nous insérons nos prévisions de certains éléments probables de l'Avenir, - mais un Présent réel nous semble inexistant. Ainsi, en dernière analyse, le Présent nous apparaît comme une ligne de démarcation au passage de laquelle des événements évoluant dans le Temps, venant de l'Avenir, donc n'existant pas encore, se transforment mystérieusement en fait accomplis et comme tels passent immédiatement dans le Passé.

Cependant, malgré une apparence parfaitement logique, ce concept du Présent est faux.

En effet, tout ce qui existe, existe dans le Temps. Un objet possédant les trios dimensions de l'espace, bâti de solide matière, a encore besoin pour affirmer son existence de l'élément Temps, la « quatrième perpendiculaire ». Si on ne lui accorde ne serait-ce qu'un instant de Temps, il disparaît.

Le Présent a donc nécessairement une étendue. Pour l'homme extérieur, cette étendue est très courte ; elle est du reste individuelle. Mais si on la réduisait à zéro, son existence cesserait purement et simplement et c'est bien ainsi qu'advient la mort.47

Il faut partir en quête et retrouver le Présent.

II – Le réveil

46 Eliot, T.S., Quatre quatuors, trad. Claude Vigée, The Menard Press, p.10-1247 Mouravieff, Ecrits sur Ouspensky, Gurdjieff et sur la Tradition ésotérique chrétienne, Paris, Dervy poche, 2008

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« Nous sommes un être inconscient au départ, et après un très très long voyage, nous devons être soi-conscient. » 48

L'Aimé et l'Amour vinrent voir l'Ami qui dormait. L'Aimé appela son Ami, et l'Amour le réveilla.

Et l'Ami obéit à l'Amour et répondit à son Aimé.49

On pense habituellement que la conscience est un état de concentration mentale, un produit

de la réflexion sur soi, un corollaire du sentiment d'existence. Bien que ces moments fugaces

d'attention puissent ramener la conscience à la surface, ce n'est la plupart du temps pas le cas. La

conscience est une activité créatrice globale, pas seulement cérébrale. Par exemple, on peut réfléchir

à la tristesse sans faire attention à un sentiment de tristesse ressenti en même temps par un autre

aspect de soi. Il y a une disjonction entre les « centres » ou « cerveaux », ce qui produit une

l'impression de « manque », de « vide intérieur » décrite par Simone Weil :

Accepter un vide en soi-même, cela est surnaturel. Où trouver l'énergie pour un acte sans contrepartie ? L'énergie doit venir d'ailleurs. Mais pourtant, il faut d'abord un arrachement, quelque chose de désespéré, que d'abord un vide se produise. Vide : nuit obscure.50

C'est ce manque qui peut être utilisé intentionnellement pour voir les aspects de soi obscurs

qui demandent à être intégrés. Jung en parle comme d'un conflit intérieur avec « l'Autre », c'est-à-

dire la première phase de l’œuvre alchimique, le nigredo, la dissolution :

L'unité de la personne qui dit avec insistance « je veux, je pense », etc. éclate en morceaux et se désagrège sous l'effet du choc avec l'inconscient. Tant que le patient pouvait croire que quelqu'un d'autre (par exemple son père ou sa mère) était responsable de ses difficultés, il pouvait sauver à ses propres yeux l'apparence de son unité (putatur unus esse : il pense être un). Mais quand il se rend compte qu'il possède lui-même une ombre, qu'il porte son ennemi « dans son propre sein », alors le conflit commence, l'un devient deux, et comme l'Autre est lui-même une dualité, voire une pluralité faite de couples de contraires, ainsi qu'on s'en aperçoit peu à peu, le moi n'est bientôt plus rien que le jouet de toutes ces « volontés particulières » (mores) et c'est là ce qui amène chez le patient « l'obscurcissement de la lumière », c'est-à-dire une perte de la puissance du conscient et une désorientation concernant le sens et l'étendue de sa personnalité. […] Et qu'il a-t-il de plus fondamental que de savoir : « Voilà ce que je suis » ? Une unité se forme ici, qui est pourtant, ou qui était, une multiplicité. Ce n'est plus le moi d'autrefois, sa fiction et son apprêt artificiel, c'est un autre moi, un moi objectif […]51

Toutes les opérations y compris la coagulation passent d'abord par la dissolution préalable. Le but étant ici de pouvoir absorber, appréhender, connaître, saisir l'esprit de notre science qui est aussi la quintessence de la matière, il faut donc dissoudre le représentant, la synthèse de notre matière grave, notre ego. Ne vous inquiétez pas, cet ego dissout se recoaguler automatiquement, car il est cet aimant, cette force d'attraction et de coagulation propre au soufre attractif; Lors de sa dissolution et sublimation il pourra se lier, s'amalgamer avec cette quintessence ou esprit qu'il entraînera avec lui (capturera), lorsqu'il se recoagulera. Cet ego est comme le métal liquéfié qui se resolidifie automatiquement dès qu'on arrête de le chauffer. Les auteurs ont donc raison

48 Dubuis, Jean, « Commentary on the Path of Flamel », Triad Publishing, dernière consultation 09/2012, http://www.youtube.com/watch?v=vOUZFwk4ztc

49 Lulle, Raymond, Livre de l'Ami et de l'Aimé, Montpellier, La Différence, 1989, p.14550 Weil, Simone, La pesanteur et la grâce, Paris, Éd. Plon, 1947, p.5451 Jung, C.G., Psychologie du transfert, Paris, Albin Michel, 1980, p.53-54

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lorsqu'ils déclarent qu'il faut d'abord dissoudre les métaux pour capturer les esprits métalliques afin de les réincruder. (rendre cru). 52

Chaque activation de ce « moi objectif » constitue le « centre magnétique », autour duquel

va se relier harmonieusement le reste de l'individualité. Ce centre fera office d'une « épine »

douloureuse dans le sommeil, rappelant à soi le besoin impérieux de « sortir du film », du « roman »

de la vie. A ce moment-là, l'individu est en décalage, et s'oppose immédiatement aux influences

mondaines qui prônent le sommeil.

D'une manière générale, on peut dire que le rayonnement [du centre magnétique] aidera efficacement à parfaire le développement des centres inférieurs. De plus, sous son égide, les rapports entre les trois centres seront radicalement modifiés et la vie de l'homme sera influencée en conséquence.53

L'apparition du centre magnétique est susceptible de provoquer, dans l'organisme psychique, une profonde modification. Parvenu à un certain degré de croissance, ce centre établit des liens directs, non plus mécanique mais conscients, avec chacun des trois centres [...]54

Lorsque, prenant corps, le centre magnétique établit une autorité incontestée sur les trois centres de la Personnalité, celui qui était homme 1, 2 ou 3, devient homme 4. Le long de cette étape de son évolution, il aura pour tâche de reconnaître le mode de fonctionnement des trois centres psychiques, d'assigner à chacun d'entre eux le rôle qui lui est propre et de les équilibrer. Ainsi se parfait la croissance du centre magnétique et commence son développement. Celui-ci est fonction des efforts conscients qui sont fournis pour développer jusqu'à la limite les centres inférieurs. Au fur et à mesure que ce développement se poursuit, le centre magnétique absorbe le centre émotif inférieur, tout en s'identifiant de plus en plus au centre émotif supérieur. Les trois centres inférieurs étant pleinement développés et équilibrés, le centre magnétique s'identifie définitivement au centre émotif supérieur, tout en entraînant avec lui le centre émotif inférieur qu'il absorbe en même temps. Désormais, le centre émotif inférieur et le centre magnétique feront partie intégrante du centre émotif supérieur.55

Si ce travail de réunion n'est pas accompli suffisamment vite, il s'opère automatiquement

une involution de la conscience, une fragmentation de la personnalité. Cet effort conscient est

souvent comparé à une quête. Dans la Conférence des oiseaux56 le centre magnétique est symbolisé

par la Huppe qui réuni les 30 oiseaux pèlerins pour partir à la recherche de Simurgh, leur roi. Ainsi

le dit Berdiaev :

L’homme crée sa personne et dans la puissance créatrice il exprime cette personne. Dans l’autoconstruction du moi, de la personne, l’esprit humain accomplit un acte créateur de synthèse. Un effort créateur de l’esprit est nécessaire pour empêcher la désagrégation du moi, le dédoublement et la décomposition de la personne. L’homme n’est pas seulement appelé à la puissance créatrice comme activité dans le monde et sur le monde, mais il est lui-même puissance de création et sans cette puissance il n’a pas de personnalité. L’homme est un microcosme et un microthéos. Il n’est une personne que quand il ne veut pas être partie de quelque chose ou être composé de parties. La figure de l’homme est unité créatrice.Le moi se décompose et s’émiette dans ce temps accéléré, comme le temps lui-même et chaque instant du

52 Bouchet, Pascal, Alchimie et voie intérieure, Toulouse, Michel d'Orion Editions, 2003, p5653 Mouravieff, Gnôsis : Etude et commentaires sur la tradition ésotérique de l'orthodoxie orientale, tome 1, cycle exotérique, Boudry-Neuchâtel, Editions de la Baconnière, 1996, p.5254 Mouravieff, Op.cit., p.5455 Mouravieff, Op.cit., p.5656 Attar, La conférence des oiseaux, Paris, Seuil, 2002

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temps. L’intégrité et l’unité du moi sont liées à l’intégrité et à l’unité de l’indécomposable présent, de l’instant en sa valeur plénière, qui n’est plus un moyen pour l’instant suivant. Mais c’est dire que l’intégrité, l’unité et l’approfondissement du moi supposent la contemplation, car l’instant dans sa valeur plénière, l’instant indécomposable, est l’instant de la contemplation qui se refuse à être un moyen pour l’instant suivant, qui est communion avec l’éternité.L’intégralité et l’unité sont engendrées par le travail de l’esprit et c’est elles qui constituent la personnalité. L’individu naturel n’est pas encore une personne et l’immortalité ne lui est pas inhérente. N’est naturellement immortelle que l’espèce. L’immortalité se conquiert par la personne et désigne une lutte en faveur de celle-ci.57

C'est pourquoi le centre magnétique induit une urgence. Manly P Hall écrit58 que

nombreuses sont les personnes qui ont ruinées leur vies passant leur temps à contempler leurs

erreurs et en ignorant les opportunités. Il ne faut pas se condamner pour avoir commis des fautes.

L'acceptation de son côté imparfait et sombre est la première porte qui ouvre sur une partie de soi

délaissée, et c'est ce qui développe la « capacité à recevoir ». L'âme – les centres supérieurs –

enrichissent de beaucoup la vie, et lui donne un « sens ». La vie est, comme dit Gurdjieff, la somme

des moments où l'âme a vécu, ce qui n'est pas beaucoup si on les met bout à bout. Le réaliser est un

« choc » !

« En certaines occasions, ou dans des circonstances spéciales, quelque chose dans le tonal même prend conscience qu’il y a en nous une partie qui lui échappe. C'est comme une voix venant des profondeurs, la voix du nagual. Tu vois, la totalité de nous-mêmes est une condition naturelle que le tonal ne peut pas effacer complètement, et il y a des moments, surtout dans la vie d’un guerrier, où cette totalité se manifeste. C’est dans ces circonstances-là que nous pouvons nous interroger sur nous et évaluer ce que nous sommes. « J’étais préoccupé par ces chocs que tu avais ressentis, car c'est la façon dont le nagual émerge.C’est à ces moments-là que le tonal prend conscience de la totalité de l'être. Cela se manifeste toujours par un choc, car cette prise de conscience rompt le calme dans lequel nous sommes installés. Cette prise de conscience correspond, d'après moi, à la totalité de l'être qui va mourir. L’idée est qu'au moment de la mort, autre paire du couple véritable, le nagual entre en action, et ces états de conscience, ces souvenirs et ces perceptions emmagasinés dans nos genoux et dans nos cuisses, dans notre dos, dans nos épaules et dans notre cou, commencent à se dilater et à se désintégrer. Sans la force intégrante de la vie, tous ces éléments se séparent, à la manière des perles d'un collier cassé et sans fin. » Il me regarda. Son regard était serein. Je me sentais mal à l’aise, stupide. La totalité de nous-mêmes est quelque chose d'insaisissable, dit-il. Nous n’en avons besoin que d’une petite partie, pour exécuter nos tâches vitales, même les plus complexes. Pourtant quand nous mourons, nous mourons avec la totalité de nous-mêmes.Un sorcier pose donc la question suivante : « S’il nous faut mourir avec la totalité de nous-mêmes, pourquoine pas vivre alors avec elle ? » 59

D'habitude, ces chocs de l'apparition de la conscience sont éphémères et soumis aux aléas du

hasard. Malgré leur caractère éphémère, ils sont de fantastiques points de repères. Ils possèdent

toujours une saveur particulière, comme l'ont relaté Ilia Beliaev et Needleman dans ces deux

extraits très parlants :

57 Berdiaev, Nicolas, De la destination de l’homme, Essai d’éthique paradoxale, 1931.58 Hall, Manly P., Self-unfoldment by disciplines of realization, Los Angeles, The philosophical research society, 194259 Castaneda, Carlos, Histoires de pouvoir, Paris, Gallimard, 1974, p.177

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Un jour — je devais avoir dans les quatorze ans — je sortis de la maison et m’arrêtai net. Au-dessus de moi, un ciel clair de printemps, autour, des arbres en fleur. Je fus frappé de stupeur et saisi d’une question indicible : qu’est-ce que tout cela ? Cette question me transperça et m’emplit le cœur de perplexité et de ravissement devant l’insondable secret de l’existence.

Je me tournais de tous côtés, bouleversé par ce nouveau monde qui se découvrait soudain devant moi. Tous ces gens, toutes ces maisons alentours n’étaient plus seulement des gens et des maisons. Partout ce secret vivant et stupéfiant était présent. Tout apparaissait, en fait, complètement différent de ce que je pensais et m’imaginais jusque-là. Comment c’était en réalité, je ne le savais pas, mais l’idée que le monde environnant ne portait pas de nom, qu’il était indescriptible et infini, m’envahit avec toute la fraîcheur d’un ravissement jamais encore éprouvé.60

Ces moments existent.

J’ai quinze ans ; c’est un jour lumineux d’octobre ; il y a dans la rue une rangée de chênes et d’érables flamboyants ; le ciel est clair, d’un bleu cristallin ; c’est le début de la matinée. Je marchais vers l’école. Seul. Les voitures et camions commencent leur brouhaha matinal. Je ressens dans mes narines et sur mon visage l’air frais, pur et doux. Soudainement, sans raison apparente, je m’arrête. Je m’arrête complètement — il me semble en tout cas. Mais mes jambes continuent à bouger, mes bras se balancent en rythme. Des sentiments de joie et les agréables sensations de mon corps se diffusent en moi et mêlent comme deux rivières rapides. Mais mon esprit — mon esprit est maintenant lent et calme, voguant comme un bateau ouvert sur un lac tranquille.Au même moment, avec une saisissante clarté, je prononce mon nom à haute voix. Je ne me rappelle pas avoir eu l’intention de dire mon nom comme cela, à haute et intelligible voix, et pourtant son affirmation était pleine d’intention et de volonté, une intention que je n’avais jamais connue avant. Je dis mon nom : Jerry. Et j’ajoute : Je suis Jerry. Je suis là. Je suis vivant.

Cette expérience ne fait aucun doute. Je suis est apparu en moi alors que je marchais ce matin. Il n’y a aucun doute que je suis est venu d’une réalité hors du temps. C’était depuis mon chez moi, un chez moi plus profond et plus réel que tout ce que j’avais connu avant. A ce moment-là j’étais avec moi simultanément un enfant, un bébé et un vieillard attendant la mort. je suis fit son apparition ; ce serait plus exact de dire : il est venu.Et pourtant je suis était aussi dans le temps. Il allait avec moi, regardait les arbres, la circulation, la rue, les gens. Mais il regardait par des yeux qui servaient un nouveau but. Touchés par je suis, mes yeux ne souhaitaient que voir — ils ne montraient aucune peur ou désir ; mes oreilles ne souhaitaient qu’entendre, elles n’avaient pas d’attirances ou de répulsions ; mes poumons ne souhaitaient que respirer, mes lèvres goûter et parler, mon corps se déplacer dans l’océan de l’air et du temps ; je suis voulait être, simplement être. J’étais né, comme un bébé, mais une autre sorte de bébé, qui n’avait soif de rien, qui ne craignait rien, mais voulait purement et simplement regarder, voir, exister. C’était dépourvu de désir, et pourtant d’une incroyable intensité. Il est venu — comme pour me dire : Pourquoi as-tu attendu si longtemps ? Pas de façon accusatrice, mais avec incompréhension : pourquoi as-tu attendu si longtemps avant de me laisser entrer et être ici avec toi ? Et maintenant, il semblait me dire, laisse-moi grandir !

Et puis, petit à petit, il a disparu. Avec le passage du temps, en grandissant, débutant ma carrière et trouvant de la joie se transformant en tristesse, des triomphes se décomposant en angoisse, des défaites se révélant étrangement de magnifiques cadeaux et ouvertures, comme des passages cachés dans la glace et la pierre, puis en faisant une ou deux grandes erreurs dans ma vie émotionnelle — des erreurs semblables à celles que tout le monde fait, des erreurs qui font vraiment partie de notre structure interne et qui ne peuvent être évitées — en faisant de mon mieux, comme nous le faisons tous, et voyant de plus en plus que le mieux n’était pas suffisant, qu’il ne l’est jamais ; en trompant moi-même et les autres sur mon être intérieur, en recueillant du respect pour ce que je n’étais pas et de l’hostilité pour ce que je n’étais pas, bref, quand ma vie s’égarait, ces moments d’avènement revenaient encore et encore en de rares, en d’imprévisibles instants et conditions. Je me mis à réaliser que ma vie n’avait de sens qu’en ces moments, quand je tombais au beau milieu de ma vie. Je réalisais de plus en plus que la rivière du temps ne m’emmenait nulle part, seulement à la destruction ; mais qu’il y a une autre, une seconde rivière, au sein de la vaste rivière du temps, comme un courant à contre-sens que l’on trouve près des rives d’un fleuve rapide et profond. J’entendis dire que l’on pouvait entrer dans cet autre courant qui mène quelque part d’autre qu’à la destruction. Et avec le soutien de personnes qui cherchaient aussi, qui ont cherché plus longtemps que moi et qui ont trouvé l’aide que les grandes traditions de sagesse

60 Beliaev, Ilia, Tosha, La vie et les enseignements d'un mystère russe, Paris, Accarias, 2004, p.17

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tiennent pour nécessaire, j’ai commencé à chercher avec une plus grande intention et précision la source de mon être qui, comme l’a dit Emerson, descend en nous depuis l’on ne sait où.61

La rareté de ces expériences de conscience de soi pose la question de ce qui empêche son

émergence dans la vie quotidienne. Le courant involutif qui entraîne les hommes durant leur vie

s'oppose à l'effort initiatique de « rappel de soi ». Une fois la cristallisation ordinaire de la

Personnalité effectuée, son manque d'intégration ne laisse que très faiblement percer la pureté et

présence du Moi réel qui reste obscurci par les voiles des habitudes, modèles de pensée,

comportements, attitudes, etc. Le Moi réel ne perçant jamais au travers des couches factices de la

Personnalité, le « goût » de cette présence n'est guère connu, il peut même totalement être oublié.

Il apparaît ainsi que le temps n'est pas un mode substantiel des choses. Il n'intervient nécessairement et il n'impose sa loi que sur le plan d'une force donnée d'expérience, définie par le « désir ». Et lorsque s'actualisent, sur la base de cette dernière, les diverses potentialités de la vie que l'on s'est choisie, non seulement le sens de celle-ci fait défaut, mais, en effet, tout se déroule comme dans un état de songe ou dans un état somnambulique. C'est seulement en de rares occasions que cet état s’interrompra, en des moments de vision et de souvenir, durant lesquels le Moi reprend la fonction active de centre, de celui qui domine et dirige les éléments « fatals » de sa vie terrestre.

Dimitri Merejkowski [...] s'est servi d'une expression fort heureuse [...] il a parlé de se souvenir du futur. On ne saurait exprimer de meilleure façon le sens de ces moments d'éveil, durant lesquels affleure de nouveau, dans le Moi, l'état du « seigneur de la naissance », du sujet de la liberté transcendantale.

[...] C'est au contraire à partir de ce moment-là que l'on peut être suprêmement actif et réaliser l'expérience humaine proprement selon le but dans lequel on l'a voulue, sans confusion du rôle joué par l'acteur qui l'interprète [...]62

La conscience permet aux plans de communiquer entre eux, elle est le point de contact des

réalités, de la perception, elle est donc symboliquement « au centre » de notre géométrie intérieure.

Ce point central – l'axis mundi, le moyeu de la roue – selon sa présence, ordonne la réalité perçue.

C'est la nature de la réalité qui rend possible cet ordonnancement. La conscience, comme l'aimant

placé sur de la limaille de fer, créé les structures et les formes qui composent son environnement.

Elle est souvent comparée au son.

En japonais, kototama signifie "mot-âme" ou "esprit du mot" : les "mots-âmes" sont les sons purs qui cristallisent les vibrations originelles que nous percevons ensuite comme couleur, son et forme, dans le monde manifesté. Avant que toute manifestation soit perceptible dans le plan matériel, son essence vibre, résonne sur les plans subtils : ainsi, chaque principe manifesté par la couleur, le son ou la forme, a un kototama, un "mot-âme", une vibration principielle sacrée qui contient son essence, et en permet la manifestation. Ces "mots-âmes" n'ont de signification dans aucune langue : ils sont le substrat vibratoire essentiel de toutes les langues. Ainsi, la maîtrise du Kototama permet de décoder le sens originel des mots, quelle que soit la langue à laquelle ils appartiennent.63

61 Needleman, Jacob, Time and the Soul, San Francisco, Berrett-Koehler Publisher, 200362 Evola, Julius, Ur et Krur 1927, Introduction à la Magie, Paris, Archè Milano, 1983, p.15863 Padovani, Isabelle, « Le chant de l'unité », 2012, http://www.onsei-do.com/index_kototama.html Voir aussi :

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Avec les travaux du père de la phénoménologie, Franz Brentano, on sait que l'esprit construit

le monde en le percevant. Héraclite dit qu'on ne peut entrer deux fois dans la même rivière. On ne

perçoit jamais deux fois le même objet. « La croyance obstinée à la réalité du monde », rappelle

Candrakirti, philosophe indien du Vie siècle, demande un antidote, car même si « la réalité des

choses n'est qu'illusion, celle-ci peut néanmoins produire souillure [...] pour ceux qui n'ont pas

réalisé leur nature ». Mais bien sûr, l'antidote est inutile pour ceux qui « n'appréhendent rien qui

puisse être une illusion ou son absence »64.

La question qui se pose maintenant, est, comment le monde « souille » la conscience ?

Comment l'intériorité de l'être se voit affecté par cette réalité mensongère ? Pour Irène Hillel-

Erlanger, « l'Univers, tel que nos yeux croient l'apercevoir, diffère totalement de sa forme vraie.

Nous ne voyons et ne pouvons voir que ce qui est en nous-mêmes. », « rien n'étant à sa vraie place

dans sa forme réelle, chacun [...] se trompe de très bonne foi, dans tous les actes de sa vie », car «

l’œil évasif du Bonheur ne regarde que lui-même, enregistre, simplement, la Forme habituelle des

Choses, leur Forme convenue »65.

L'illusion n'est pas indépendante. Elle demande à être soutenue par la conscience. Irène

Hillel-Erlanger comme Andreï Tarkovsky dans Solaris (1972) ont illustré le principe de la

projection qui fait voir exactement ce que l'on cherche à voir. Alors vient l'attachement à sa propre

création66, qui est avant tout sa vision du monde, sa propre subjectivité. « La réalité du monde est

faite par nous de notre attachement. C'est la réalité du moi transportée par nous dans les choses. Ce

n'est nullement la réalité extérieure »67

Nous savons maintenant que ce que nous nommons matière n'est qu'un ensemble de phénomènes vibratoires et ondulatoires. Tout est vibration et la matière n'est qu'apparence. N'étant capables de percevoir au travers des filtres créés par nos sens que certaines longueurs d'onde : fréquence des sons, de la lumière par les couleurs, etc... Nous n'avons et ne pouvons avoir qu'une vision et une compréhension limitée de l'univers et de ses

Nakazano, Mikoto Masahilo, The Source of the Present Civilization, Santa Fe, Kototama Books, 199064 Mulamadhyamikakarikavrtti (ou Prasanapada), I, p. 44-46, cité et traduit par Lilian Silburn, Aux sources du

Bouddhisme, Paris, Fayard, 1997, p.18365 Irène Hillel-Erlanger, Voyages en kaléidoscope, Paris, Allia, 1919, p.18-19 et 3566 Les projections sont une réelle dispersion de soi par le transfert d'une partie énergétique de « matière subtile » dans

le monde invisible – la densité supérieure. La conscience est créative dans un sens très « concret ». Cela explique l'attachement. John Baines : « Reik believes that love always stems from an inner discontent with oneself, a discontent which is generated when one finds out that he is not what he thought he was and that he cannot fulfill what he demands of himself. […] Reik says says that « love is a permutation of idealized images ». By this he means that the lover transfers the essence of a day dream phantom onto his beloved and vice versa and manages to transform the phantasmagorical into a flesh and blood being. » The science of love, New York, John Baines Institute, 2008, p.97

67 Simone Weil, La pesanteur et la grâce, Paris, Éd. Plon, 1947, p.58

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véritables structures.Si l'univers est courbe, l'espace l'est également et donc le temps. Un univers courbé peut être assimilé à une sphère enfermant un temps global, « éternel ». Chaque système structuré, donc limité entre des zones de fréquences vibratoires déterminées, découpe une « tranche » de cette sphère d'espace-temps. Il en orientera le vecteur selon un passé, un présent, un futur. Sauf, s'il lui est possible de dépasser, par un moyen quelconque, les frontières vibratoires de son propre système, cet individu ne pourra établir aucun contact avec les autres « tranches » de l'univers ;. S'il change de longueur d'onde, il pourra passer dans un autre espace-temps. La naissance, la mort sont une modification perceptible par nous du changement des fréquences vibratoires : nous venons « d'ailleurs » et nous y retournons. Est-ce, pour nous, le seul moyen dont nous disposions ?La tradition initiatique semble vouloir infirmer cette certitude. L'alchimie, par l'obtention de la Pierre Philosophale, serait pour l'Adepte, un moyen de passer d'un espace-temps à un autre : ce qui lui vaut une réputation d'immortalité.68

La tradition initiatique nomme fréquemment « centre de gravité » le lieu où réside la

conscience. Le centre de gravité est le point d'équilibre où les réalités se croisent, il est représenté

comme une porte, un œil, un astre brillant, une source, ou sombre comme un puits, un trou noir. Il

est aussi associé à un lac, un miroir69... c'est une porte, par laquelle accéder à une réalité qui englobe

toutes les réalités.

Le centre, origine et terme, « oceanus sive mare magnum », est désigné en un autre endroit comme un « circulus exiguus », et un « médiateur » qui « fait la paix entre les ennemis ou éléments, si bien qu'ils s'aiment entre eux en un mutuel embrassement ». Le petit cercle intérieur correspond à la fontaine mercurielle du Rosarium […] En tant que représentant le « Mercure plus spirituel, plus parfait, plus noble », il est donné comme étant proprement la substance mystérieuse, et le texte observe à ce sujet : « Seul l'esprit pénètre tout, même les corps les plus solides » […]70

Du véritable soleil, nous ne saisissons en effet rien d'autre que la lumière et la chaleur, et le reste de ses propriétés ne nous est connu que par voie de déduction. La conscience émane semblablement d'un corps obscur, le moi, cette condition indispensable de toute conscience, celle-ci n'étant pas autre chose que l'association d'un objet ou contenu et du moi. Le moi, cette réalité dans laquelle on suppose ou l'on feint de voir la chose la mieux connue de toutes, est, en fait, un phénomène des plus complexes qui renferme en lui des obscurités insondables. […] Le corps rayonnant du soleil, ce sont le moi et son champ de conscience […] Cette importance du moi, que l'on ne saurait surestimer si l'on considère son rôle à l'égard de la réalité, explique pourquoi cette particule infinitésimale de l'univers mérite d'être personnifiée comme soleil, avec tout ce que cette image implique. […] le moi est le mystérieux arcane, la substance fugitive et la pierre recherchée.71

Ce même centre de gravité est appelé par Karl von Eckartshausen les « Yeux de l'Âme », si

bien représenté dans le mysticisme allemand.72

Les Yeux de l’Âme doivent être joyeux. La joie s'atteint par la paix intérieure et l'élimination des passions. Seule l'eau claire et calme laisse voir le reflet du Soleil. La lumière du Soleil se trouble dans les torrents bruyants des montagnes et les eaux sombres et boueuses.73

Ce point détermine donc le « taux » d'absorption de la réalité « actualisée » par le noyau

68 H. Elie, Ouverture sur l'Invisible, Le verbe, révélations des mystères du Haut-Razès, p.137, ed Belisane, Nice 198669 Voir Julien Bonhomme, Le miroir et le crâne, CNRS, Paris, 200670 Jung, C.G., Mysterium conjunctionis, Paris, Albin Michel, 1980, Tome 1, p.3971 Jung, C.G., Op.cit., p.15172 Voir les Paradoxa Emblemata de Freher ou encore Boehme pour des exemples.73 Von Eckartshausen, Karl, The Principles of Higher Knowledge, Salt Lake City, Merkur Publishing, 1989, p.23

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spirituel, un noyau essentiel en-dehors de l'espace-temps, dans une réalité où n'existe qu'un éternel

moment « présent ». Tous les « espace-temps » que pourra expérimenter l'être manifesté sont déjà

réalisés dans ce présent. Comme le dit Manly P. Hall, puisque l'univers est « mental », tout ce que

peut imaginer l'homme est ou sera manifesté un jour, quelque part.

A l'instant précis où la musique vous émeut, vous pouvez, si vous êtes intuitif, percevoir comment le passé, le présent et l'avenir de sa mélodie se télescopent en un seul point - un point qui est votre conscience. En un sens, à cet instant là, vous mettez, si j'ose dire, un pied dans l'ordre impliqué. Une partie de vous se met à participer consciemment à ce "réel primaire" qui est l'implication de notre espace-temps". Et Patrice Van Eersel d'ajouter un peu plus loin "Tout au fond de notre mémoire, au nœud central de notre conscience, là où se croisent notre volonté et notre capacité à ressentir, il y aurait donc un trou ? Un trou par où nous échapperions à l'espace-temps ?"74

Sur ce fondement de soi-même en dehors du temps, il est difficile de parler. Les gnostiques

parlent d'une « l'étincelle divine ». Son environnement correspond de près à la réalité « quantique »,

une mer énergétique créatrice et illimitée : le point zéro du champ magnétique, un océan de

vibrations subatomiques. Il s'agit en fait du « vide ». Olga Kharitidi décrit cet endroit « vide »

comme étant un espace intérieur qui est nommé « Lac de l'Esprit » :

Il y a en chacun de nous cet espace intérieur, mais au cours de la vie de la plupart des gens, il devient de plus en plus petit. En traversant la vie, le monde autour de nous essaie de remplir et de tuer cet espace intérieur, ton Lac de l'Esprit. Beaucoup de gens le perdent totalement. Leur espace est occupé par des légions de soldats étrangers, et il meurt. Tu as maintenant expérimenté cet espace en toi-même. Tu le connais. Tu n'auras plus peur du monde autour de toi. Ton espace ne sera jamais rempli d'autre chose que de toi-même, car maintenant que tu l'as expérimenté, tu peux reconnaître son impression et sa pulsation. Tu continueras à l'explorer. Plus tard tu découvriras aussi qu'il y a un Être Intérieur important qui vit là. Tu devras rencontrer et comprendre cet Être Spirituel. […]La seconde chose est le plus grand secret que je pourrais te dire. Nous avons comme tâche de construire deux choses durant nos vies physiques. Notre première tâche est de construire la réalité physique dans laquelle nous vivons. La deuxième tâche la création de nous-mêmes — de ce moi qui vit à l'intérieur de cette réalité extérieure.

Les deux tâches demandent une attention égale. Maintenir l'équilibre entre elles est un art très ancien et très exigeant. Dès que l'on oublie une tâche, l'autre peut nous piéger et nous faire son esclave pour toujours. C'est pourquoi le Lac de l'Esprit, la maison de l'Être Intérieur, est vide et mort chez tant de personnes. Ils en viennent vraiment à croire que le monde extérieur est le seul qui mérite leur attention. Tôt ou tard ils se rendront compte de leur erreur.75

Aujourd'hui, la destruction par l'homme de son environnement est le signe d'un détachement

de la conscience de sa source créatrice, d'un incompréhension du phénomène de la vie, qui bien sûr,

échappe à la vision matérialiste du monde. Cette réalité catastrophique dans laquelle l'homme

grandit, se meut et se meurt, annihile ses pouvoirs créateurs et est comparé à un profond sommeil,

une hypnose, un rêve, ou plus simplement, à la « mort » elle-même.

74 Delnord, Wilfrid, « Le corps, le souffle et la pensée », 09/2012, http://wilfrid.delnord.free.fr/le_corps_le_souffle_et_la_pensee.html

75 Kharitidi, Olga, La chamane blanche, Collection de poche, Pocket, Paris, 2004

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« Les chercheurs ne veulent pas d'une science de la créativité, qui relativiserait le principe de causalité aveugle, ridiculiserait leurs travaux et les mettrait au chômage. Mais sans créativité il n'y aurait pas d'existence, pas de pensée ni de monde. Tous les historiens à prétention scientifique, du cosmologiste au psychiatre, se contentent de faire frauduleusement de la prédiction a posteriori, escamotant à la fois leur propre finalité et celle d'autrui. Comme si la logique seule régentait le monde, comme si la connaissance était nécessaire pour agir et suffisante pour aboutir, comme si le sens était anonyme. Or le seul résultat à quoi parvient globalement la techno-science est de détruire la planète et l'Homme. Ce qui était parfaitement prévisible : pour créer du sens propre, pour faire durablement le Bien, il faut évidemment leur donner la priorité. Mais plus personne n'entend le cri des moralistes.

L'Homme serait-il déjà mort ? »76

III – L'attention

Comment maintenir la conscience ? L'impression d'être soi-même, d'être vrai, etc, n'est pas

très souvent liée au Moi réel. Le Moi réel apporte une vie et une énergie, une évolution permanente.

Il est facile de confondre ce Moi réel avec une Personnalité qui usurpe des énergies supérieures (par

exemple celles du centre sexuel), ou qui usurpe l'énergie des autres (comme avec les Personnalités

pathologiques77). A partir du moment où l'impression d'être quelque chose prendre de l'importance,

ce quelque chose est un rôle – une cristallisation de la psyché – et non le Moi réel. Ne voir que le

rôle, c'est se condamner à mourir avec lui, lorsque ce vêtement est usé.78

Un homme riche possède une richesse extérieure qui est d'une nature fragile et impersonnelle. Un homme fier ou égotique a un équivalent de richesse physique. Il est alourdit par un sentiment de sa propre importance. Quoi que nous avons, même s'il s'agit seulement d'une haute estime de nous-même, c'est un obstacle à notre progrès. Le plus gros de tous les fardeaux est la fierté personnelle. Un homme peut se débarrasser de ce qu'il possède, mais seulement des années de disciplines peuvent le libérer de la vanité de sa propre importance.79

L'attachement si commun à la Personnalité est ce dont jouait Nasrudin, comme par exemple

dans cette anecdote :

Un moine dit à Nasrudin :« J'ai atteint un tel détachement que je ne pense jamais à moi : je ne pense qu'aux autres.- Je suis si objectif, répond Nasrudin , que je peux me regarder comme si j'étais un autre. Je peux donc me permettre de penser à moi. »80

La connexion avec le Moi réel – le seul qui puisse témoigner de la justesse de nos actes –

76 Favre, François, « La plus grande escroquerie scientifique de l'histoire », 30/04/2007, http://auriol.free.fr/parapsychologie/cause-antichronique-favre.htm

77 Hort, Barbara E., Unholy Hungers, Boston, ed. Shambhala, 199678 Extérieur jouer rôle, intérieur jamais", dit Gurdjieff. L’individu adopte une persona en réaction à son expérience, par

peur ou à cause d’une résistance quelconque, ou encore parce qu’il éprouve le désir, le besoin viscéral d’être l’expérience, d’y participer pleinement. Chez la plupart des gens, l’image et l’être finissent par devenir tellement inséparables que l’image, tel un lierre parasite, va progressivement vider l’être de sa force vitale. L’individu se réduit alors à la persona, il n’a plus aucune substance.

79 Hall, Manly Palmer, Self-unfoldment by disciplines of realization, L.A., The philosophical research society, 199580 Shah, Idries Les subtilités de l'inimitable Mulla Nasrudin, Paris, Le Courrier du Livre, 2006, p.91

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doit être maintenue en permanence. L'équilibre demandé est le même que celui de la toupie qui

repose sur son point central. Pour que l'âme soit présente, avec ses énergies supérieures,

l'alignement parfait doit être trouvé. Mark Hedsel, dans The Zelator, nous montre que cette notion

était bien connue du mouvement médiéval qui donna naissance aux troubadours.81

La Voie du Fou n'est pas facile, car elle implique un acte d'équilibrage, dans lequel le Fou peut tomber et devenir un imbécile. C'est une voie rusée, une voie d'étrange connaissance. C'est 'la Voie Qui n'en Est pas Une" - "la Voie qui Ne Peut être Nommée". Ces titres seuls devraient nous alerter sur l'ignorance de cette Voie, à l'exception des ésotéristes. Peut-être que lorsque les autorités ecclésiastiques tentèrent d'éradiquer le Festum Fatuorum, la Fête des Fous, au 15ème siècle, ils parvinrent à faire passer dans la clandestinité tous les groupes ésotériques liés à cette Voie du Fou.82

Le même concept est présent chez Olga Kharitidi, qui dédie un passage de son livre Master

of Lucid Dreams aux prouesses d'une troupe d'acrobates à Samarkand83 :

Quand je les regarder marcher comme cela sur le câble, je me rappelle que la façon dont ils le font est proche de la façon dont nous organisons nos expériences de vie. Et ils le font consciemment. C'est pourquoi je t'ai dit que les acrobates pratiques une discipline particulière. Il y a toute une philosophie derrière leurs actions et après qu'ils l'aient accepté, cela devient le meilleur filet de sécurité qu'ils puissent avoir. Ils ne peuvent pas tomber du câble à moins qu'ils éprouvent de la peur. C'est vrai pour eux trois, ceux qui sont assis sur les côtés et celui qui les porte de l'autre côté. Tous les trois doivent être sans peur. De la même manière, notre conscience doit être organisée pour réaliser son potentiel. Les côtés droits et gauche de notre cerveau doivent être en équilibre et silencieux lorsqu'il est nécessaire d'être emmené de l'autre côté de l'expérience par celui qui est au milieu. […] La limite de l'asymétrie entre les fonctions des hémisphères droit et gauche était maintenant surmontée par la présence d'un troisième agent, celui capable de coordonner leur relation et communication.

Ce « fil » d'équilibre, ou « filet d'Ariadne » alchimique, se retrouve aussi dans le symbole

antique du labyrinthe, tout aussi évocateur de ce processus d'alignement qui demande les mêmes

tours et détours avant de découvrir le centre. La maîtrise du geste le plus simple pour atteindre la

cible demande à la fois connaissance et inspiration.

La quête du point commun reliant toute chose est le plus sûr guide pour nous sortir de la complexité apparente de cette science. C'est le fameux fil d'Ariane qui nous permettra d'entrer et sortir sans se perdre dans le labyrinthe tortueux du mental, afin d'y percer le secret voilé sous la forme terrifiante et dévorante du Minotaure.La quête alchimique alors vous permettra d'investir votre mental jusque dans les couches les plus opaques et les plus profondes de l'inconscient pour découvrir et révéler au grand jour les mystères de la sagesse dans toute sa splendeur.Que les curieux ne s'y trompent pas; dans la voie du tisserand, les jeux de mots, les analogies ne sont pas des spéculations intellectuelles. Il faut l'intuition du cœur pour voir la vraie richesse cachée derrière une simplicité telle, que les chercheurs trop savants la trouve impropre à leur étude.84

Mouravieff parle de la Personnalité comme d'une « pelote »

Nous comparerons la Personnalité à une pelote, dont on ne peut dérouler le fil que si on le prend par le début;

81 J. Wettstein, «Mezura», L'idéal des Troubadours, Thèse, Zurich, 1945, p.2782 Hedsel, Mark/Ovason, David, The Zelator, A modern initiate explores the ancien mysteries, Weiser Books, 200083 Olga Kharitidy, Master of Lucid Dreams, Santa Barbara, Hampton Roads Publishing, 2001, p.9884 Bouchet, Pascal, Alchimie et voie intérieure, Toulouse, Michel d'Orion Editions, 2003, p.6

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la découverte de ce trait fondamental permettra au Fidèle de débuter utilement dans le travail en vue d'équilibre et de développer sa Personnalité.85

L'homme tisse son expérience dans son cœur, là où son attention réside, là où s'emmêle, où

se démêle, son éternité et sa destinée. Le livre de Robert Régor Mougeot, Du Fil de la Vie au

tissage de toutes choses86, est une excellente étude dont voici un extrait des plus significatifs :

L’homme est fermement convaincu qu’il veille, qu’il est éveillé, mais en réalité, il est pris dans un filet de sommeil et de rêve qu’il a tissé lui-même. Plus ce filet est serré, plus puissant règne le sommeil. Ceux qui sont accrochés dans ses mailles sont les dormeurs qui marchent à travers la vie comme des troupeaux de bestiaux menés à l’abattoir, indifférents et sans pensée. Les rêveurs voient à travers les mailles un monde grillagé, ils n’aperçoivent que des ouvertures trompeuses, agissent en conséquence et ne savent pas que ces tableaux sont simplement des débris insensés d’un tout énorme.

Le juste milieu est aussi primordial pour le soufi Shabestari :

Toutes les vertus se trouvent dans un juste milieu,Éloigné à la fois de l’excès et du manque.Le juste milieu est la "voie étroite"Que borde de chaque côté l’abîme sans fond de l’enfer,Aussi fine et acérée que le fil de l’épéeSur lequel on ne peut se tenir. 87

Et l'on retrouve cette même idée de fil directeur dans les écrits de Giordano Bruno, très

proche de l'hermétisme :

Les âmes humaines sont comparées par Bruno à des lumières, distinctes de l'Âme Universelle, qui partout diffuse et infiltre tout. Une ouvre de purification guide chaque âme d'une forme vers une autre, d'un monde vers un autre. La vie de l'Homme est plus qu'une petite vie avec ses expériences et ses essais, elle doit être son Effort, sa Lutte pour reproduire sur Terre un peu de la Bonté, de la Beauté, et de la Vérité qui diffusent dans l'Univers et constituent son Harmonie. Le processus de croissance est lent, et semble plein de contradictions. Notre Terre ne commence-t-elle pas tout juste à se former, à se changer et se parfaire petit à petit, que des cataclysmes se multiplient, des convulsions la parcourent. L'Homme peut passer au travers des obstacles par la religion, la philosophie et la pensée. C'est le fil mystique, l'étoile qui guide toute transformation, opportunité, et expérience […]88

Comme le décrit très bien Michael Topper, le fil rejoint « l'Axe Conscient » dont la

nature même est le « vide », un vide magnétique autour duquel tout est ordonné.

Unlocking of those threshold values of the multidimensional being, generates a progressively deeper (functional) congruence between subconscious systems patterning the mind/body networks, and the Conscious axis itself. Such a deeper, multidimensional alignment and integration doesn’t mean a more rigid-inflexible structure; on the contrary, deeper integral harmony of the autonomic with the conscious systems imparts to the former greater available values of the latter, so that the essential indeterminacy belonging to void-

85 Mouravieff, Ecrits sur Ouspensky, Gurdjieff et sur la Tradition ésotérique chrétienne, Paris, Dervy poche, 2008, p.337

86 Mougeot, Robert Régor, Du tissage des formes aux entrelacs de la vie, 2004, http://sens-des-entrelacs.wifeo.com/index.php

87 Shabestarî, La roseraie du mystère, Paris, ed. Sindbad, p.6488 Coulson Turnbill, Life and Teachings of Giordano Bruno, Charleston, BiblioBazaar, 2010

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consciousness allows for expandingly elastic degrees of freedom in the variable patterning of memory-codes and subconscious circuits.89

C'est ce même « vide » dont parle Morihei Ueshiba, fondateur de l'Aïkido. « Si vous n'êtes

pas relié au vide véritable jamais vous ne comprendrez l'Art de la Paix. ». « Éloignez les pensées

restrictives et retournez au vide véritable. Tenez-vous au milieu du Grand Vide. Ceci est le secret de

la Voie du Guerrier. [...] il s’agit de se mettre au diapason de l’univers en maintenant la paix autour

de soi, en nourrissant la vie et en cherchant à éviter la mort et la destruction. »

Plotin fait comprendre que la vitalité, le rythme, dépend de l'attention que l'on porte au

centre. Il prend l'image de choristes formant un cercle autour du coryphée qui chantent et dansent.

S'ils se tournent vers les spectateurs, leur jeu s'arrête aussitôt, s'ils fixent le maître de chœur qui se

trouve au centre du cercle, leur rythme se déploie harmonieusement. « Puisque ce que l'âme

recherche est l'Unité, puisque ce qu'elle veut contempler est la source de toute réalité, c'est-à-dire le

Bien et l'Unique, elle ne doit pas se retirer du plan primordial pour sombrer dans le plan de

l'inférieur, mais plutôt renoncer aux objets des sens et de l'existence la plus rabaissée pour se

tourner vers ceux de l'existence la plus exaltée... »

Kudsi Erguner90 déclare que l'homme est tel un chariot tiré par des milliers de chevaux. Il

s'agit donc de créer une harmonie entre les chevaux qui tirent ce même chariot afin que leurs forces

et leurs motivations s'unissent. Cette allégorie que l'on retrouve dans les sources les plus

anciennes91 permet de se représenter et de garder à l'esprit la condition actuelle de l'homme.

L'attelage représente la structure de l'homme : son corps physique est figuré par le carrosse; les

chevaux représentent les sentiments et les passions; le cocher est l'ensemble des facultés

intellectuelles et la raison. La personne assise dans le carrosse est le maître. Seul ce dernier peut

accéder à l'immortalité. L'immortalité, pour les Anciens, n'était pas une abstraction philosophique,

mais une réalité atteignable par la connaissance initiatique qui « confère à celui qui l’embrasse et la

cultive, l’intégrale sagesse »92. C'est la doctrine de la philosophie pérenne, ou sophia perennis, celle

des initiés aux Mystères, qu'ils eussent pour nom Homère, Virgile, Ovide, Platon, Plutarque, ou

Apulée.

Dans son état normal, le système tout entier est en parfait état de fonctionnement : le cocher tient fermement

89 Michael Topper, « Hounds of Heaven; Biting the Brainwave Burglars », The New Thunderbird Chronicle, Vol. 2, No. 8 Oct.-Nov. ’91

90 Erguner, Kudsi, La Fontaine de la Séparation, L'isle-sur-la-Sorgue, Le bois d'Orion, 200091 Rapportée par Boris Mouravieff, op. Cit., p.1692 Fulcanelli, Les Demeures Philosophales, Paris, Pauvert, 1976, p.83

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les rênes en mains et conduit l'équipage en suivant la route que lui a indiquée le maître. Mais ce n'est pas ainsi que les choses se passe dans l'immense majorité des cas. Tout d'abord, le maître est absent. L'équipage doit aller le chercher pour se tenir à sa disposition. Tout est en mauvais état : les essieux ne sont pas graissés et crissent; les roues sont mal fixées; le timon a un jeu dangereux; les chevaux, bien que de race noble, sont sales et mal nourris; les harnais sont usés et les rênes ne sont pas solides. Le cocher dort. Ses mains ont glissé sur ses genoux et tiennent à peine les rênes qui peuvent à tout moment leur échapper. L'attelage avance malgré tout, mais d'une manière qui ne présage rien d'heureux. En effet, abandonnant la route, il s'engage sur une pente de sorte que le carrosse pousse maintenant les chevaux qui n'arrivent pas à le retenir. Plongé dans un profond sommeil, le cocher oscille sur son siège et risque de tomber. Un triste sort attend évidemment un tel attelage. Cette image offre une analogie très poussée avec la condition de la plupart des hommes et mérite d'être prise comme objet de méditation.

Une autre allégorie traditionnelle apparaît dans le texte gnostique des Actes de Pierre et des

douze apôtres93. Les apôtres se rendent un jour se rendre à la mer, trouver un bateau et naviguent,

pour finalement s'échouer sur une petite ville sise au milieu de la mer. Pierre se renseigne sur le

nom de la ville et apprend qu'elle se nomme « Demeure », « c'est-à-dire reste ferme en endurance »,

cela faisant référence au « dirigeant qui est en soi » qui « endure les épreuves » « au milieu des

vagues et des difficultés des tempêtes ». Dans la ville, Pierre et les apôtres rencontrent un bel

homme s'écriant dans la ville « Perle ! Perle ! » Les riches de la ville virent qu'il n'avait rien à leur

vendre et le méprisèrent. Les riches sont ceux dont la personnalité asphyxie l'âme et l'empêche, par

sa prépondérance, de se développer harmonieusement.

Nous pouvons comparer l'homme et ces forces à une armée sans général, mais avec de nombreux officiers, chacun donnant des ordres contradictoires. Ces soldats sont confus et ne savent pas à qui obéir et finissent par se battre entre eux. Le "Moi" devrait agir comme un général avec son armée et imposer ses ordres tout le temps, de sorte que la lutte soit fructueuse et non futile, comme ceux qui tous les jours luttent fortement et tenacement pour n'obtenir en fin de compte aucun résultat. Il est donc essentiel d'établir un ordre dans le corps physique.94

Plusieurs autres allégories traditionnelles nous renseignent sur le processus de ré-émergence

d'un Soi immaculé, portant à nouveaux ses rayons là où auparavant régnait confusion et désordre.

Dans une de ces allégorie95 l'homme est comparé à une maison sans Maître ni intendant, occupé par

une multitude de serviteurs. Chacun s'efforce d'être le maître, de sorte que la maison est menacée

des plus graves dangers. Seul espoir : que les serviteurs les plus sensés se réunissent et élisent un

indentant temporaire, pour que le Maître revienne – c'est-à-dire, qu'un centre magnétique se forme

pour que puisse régner le Moi réel. Celui-ci ne peut apparaître qu'au moment où l'homme se libère

des milliers de petits attachements et d'identifications : attachement à l'imagination, attachement à la

stupidité, attachement aux souffrances. Par ce travail la Personnalité est ainsi confrontée, du moins

indirectement, à sa propre mort. Georgette Leblanc note à ce propos :

93 Ecrits gnostiques : La bibliothèque de Nag Hammadi, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2007, p.81994 Baines, John, The science of love, New York, John Baines Institute, 2008, p.12595 Citée par Ouspensky, Fragments d'un enseignement inconnu, Paris, Stock, 2003. p.95

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Beaucoup d'amis m'ont submergée de questions et conseils. "Ne regardez jamais en vous-même, c'est fatal!" ou "Quoi faire de sa vie quand on a perdu toutes ses illusions?"J'ai répondu : "C'est comme si un paysan déclarait : On a arraché toutes les mauvaises herbes dans mon champ, que puis-je faire de ma terre à présent ?96

Gurdjieff compare la lutte pour sortir de l'état de « sommeil » spirituel à quelqu'un assis

inconfortablement entre deux chaises. Un déchirement ne peut exister qu'entre deux parties

profondément liées, dont les désirs sont contraires. Une partie désire confluer avec le monde, une

autre désire se retirer de cette activité qu'elle sait mortelle97.

"La vie proprement biologique et la vie spirituelle sont orientées en sens contraire", écrivait Brunschvicg dans son ouvrage (De la vraie et de la fausse conversion, p.169). Si l’homme biologique est lié au temps, l’homme intérieur appartient à l’éternité. L’éternité ne se présente pas comme une négation du temps, un avant ou un après le temps. C’est à travers le visible que j’accède à l’invisible, à travers le fini que je débouche sur l’infini, et c’est à travers le temps que ma démarche intérieure s’ouvre sur l’éternité.98

Ainsi Pindare99 mettait en garde le voyageur « Connaissons bien notre route, la portion qui

nous est fixée. Ne vas pas, ô mon âme, désirer une vie sans fin ». Rien ne peut être plus ardu que

d'arpenter un sentier qui s'oppose directement aux forces de la « mâya ». La légende de la Boîte de

Pandore nous enseigne que l'Espérance empêche les hommes de vivre dans l'appréhension de la

mort, et les fait accepter ce qu'impose la « mâya ». Pour ce faire, l'homme dû être plongé dans un

état d'hypnose. Il reste malgré tout un sentiment douloureux de nostalgie, une « épine dans la tête »,

qui rappelle qu'il n'y a pas d'acceptation des lois mondaines sans reniement de soi :

La plupart des hommes dans leurs actes violent la loi du ciel, s'écartent de leur nature innée, détruisent leurs sentiments vrais, perdent leur âme originelle et agissent en cela selon la foule. Quiconque néglige le soin de la nature se laisse envahir par les passions qui pullulent comme des roseaux; tout d'abord elles semblent nous soutenir, mais finissent par ruiner notre nature100.

Un chant de la Carmina Burana, manuscrit du XIIIe siècle, évoque la souffrance de cette

nature ruinée :

Rongé intérieurement / d'une violente colère, / amèrement / à mon âme je parle: / fait de matière, / des cendres des éléments, / je suis semblable à une feuille, / avec quoi jouentles vents.Car que ce soit propre / à l'homme sage / de poser sur la roche / le siège des fondations, /

96 Leblanc, Georgette, La machine à courage, Paris, Le Temps retrouvé, 1947, p.20697 Coomaraswamy, La Signification de la Mort : Meurs Avant Que Ne Meures : Etudes de Psychologie Traditionnelle,

Paris, Éd. L'Arche, 200198 Marie-Madeleine Davy, La connaissance de soi, Paris, Puf, 2010, p.6199 Pindare, Néméennes, 6, I-19100 Lao-tseu, Tchouang-tseu, Lie-tseu, Philosophes taoïstes, Tome 1, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1980,

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je suis le fou comparé / un fleuve qui coule, / qui dans sa course folle / jamais ne changede route.Je suis emporté tel / un navire sans matelot, / et par la voie des airs / tel qu'est portél'oiseau flottant; / les chaînes ne peuvent me tenir, / la clef ne peut me lier, / je cherche lesgens comme moi / et rejoins les tortus.La lourdeur de mon cœur / me semble un lourd fardeau; / plaisanter est plus aimable / etplus doux qu'un gâteau de miel; / quoi que Vénus ordonne / la tâche est douce, / elle n'habite jamais / les cœurs paresseux.Sur la large voie je marche / au désir de la jeunesse / je me plie ainsi qu'aux vices / oublieux de ma vertu, / je suis avide de plaisirs / plus que pour mon salut, / mort dans mon âme, / je porterai soin à la chair.101

Les gnostiques considèrent par ailleurs que ce reniement de soi n'est pas naturel, mais

artificiel, imposé par les « archontes » :

Voilà ce qu'est le tombeau du remodelage du corps! Ce que les voleurs ont imposé à l'homme, c'est le lien de l'oubli; et celui-ci est devenu un homme mortel. Telle est la descente primordiale et la séparation primordiale ! Mais Epinoia de la lumière qui est en lui, c'est elle qui éveillera sa pensée !102

La première étape du réveil initiatique, est donc, avec la constitution d'un centre magnétique,

la prise de conscience d'une division intérieure. Hélas!, s'élève la plainte de Faust... « Zwei Seelen

wohnen, ach! in meiner Brust »..., « deux âmes se partagent mon sein / Avec l'autre chacun veut

rompre les liens ». Raymond Lulle, philosophe, poète et mystique du XIVe siècle, ajoute, « L'Ami

parvient à l'être par la perfection de son Aimé et il parvient au non-être par son défaut. C'est

pourquoi il est question de savoir quel est de ces deux mouvements celui qui a le plus grand pouvoir

naturel en l'Ami. »103

Andrzej M. Lobaczewski, dans Ponérologie politique, reprend le concept de

désintégration positive :

Certains systèmes politiques ou religieux recommandent (...) d'arriver à une stabilité excessive de la personnalité mais, du point de vue de la psychologie, ce sont des états qui ne conviennent pas. Si l'évolution de la personnalité humaine ou de la vision du monde est figée trop profondément ou pendant trop longtemps, nous entrons dans le monde de la psychopathologie. Le processus de transformation de la personnalité prend tout son sens dans la créativité de sa nature, basée sur l'acceptation consciente qu'il s'agit du coursnaturel des choses. Nos personnalités passent par des périodes destructives résultant de causes diverses, particulièrement quand nous souffrons ou nous trouvons devant des phénomènes qui ne sont pas en accord avec notre expérience ou notre imaginaire. Ces périodes de "désintégration" sont souvent désagréables, mais pas toujours. Un bon travail de mise en scène permet par exemple de faire l'expérience d'un état de désintégration, tout eneffaçant les côtés déplaisants et en fournissant des idées créatives qui permettront une réintégration de la personnalité. Le bon théâtre provoque dès lors l'état connu sous le nom de catharsis. Un état de désintégration oblige à l'effort mental pour le surmonter et retrouver l'homéostase active.

101« Estuans interius », 2010, http://maddingue.free.fr/carmina-burana/cb-by-Orff.fr.html 102 Anonyme, Ecrits gnostiques : La bibliothèque de Nag Hammadi, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2007,

Livre des secrets de Jean103 Lulle, Raymond, Livre de l'Ami et de l'Aimé, Montpellier, La Différence, 1989, verset 313

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Le fait de dépasser cet état en corrigeant nos erreurs et en enrichissant notre personnalité, est un processus adéquat et créatif de réintégration qui mène à un niveau plus élevé de compréhension et d'acceptation des lois de la vie, à une meilleure compréhension de soi-même et des autres, et à une sensibilité plus développée dans les relations interpersonnelles. Notre ressenti confirme lui aussi le retour réussi à un état de réintégration; les circonstances déplaisantes par lesquelles nous sommes passés sont chargées de sens. C'est ainsi que l'expérience nous prépare à mieux affronter les situations ultérieures de désintégration. Cependant, si nous n'avons pas réussi à maîtriser les problèmes qui se sont présentés à nous parce que nos réflexes ont été trop rapides à repousser et substituer dans notre conscience ce qui était inconfortable, nous personnalité subit une égotisation [NdE : Semblable au retrait narcissique] rétroactive tout en n'étant pas libérée du sentiment d'échec. Les résultats en sont une dégénérescence : la personne devient plus difficile à vivre. Si nous n'avons pas été à même de remédier à cet état de désintégration parce que les circonstances qui l'ont provoqué ont été trop dramatiques ou parce que nous n'avons pas pu disposer d'informations essentielles à la reconstruction, notre organisme réagit par une névrose.104

Ainsi, le « le moi fondamental » qu'entraperçoit Bergson s'élève lentement à l'horizon, et

régénère les forces vitales endormies et glacées. Ce « moi fondamental » est en-dehors de

personnalité, la personnalité n'étant qu'une acquisition strictement temporaire.

Distinguons donc, pour conclure, deux formes de la multiplicité, deux appréciations bien différentes de la durée, deux aspects de la vie consciente. Au-dessous de la durée homogène, symbole extensif de la durée vraie, une psychologie attentive démêle une durée dont les moments hétérogènes se pénètrent ; au-dessous de la multiplicité numérique des états conscients, une multiplicité qualitative ; au-dessous du moi aux états bien définis, un moi où succession implique fusion et organisation. Mais nous nous contentons le plus souvent du premier, c'est-à-dire de l'ombre du moi projetée dans l'espace homogène. La conscience, tourmentée d'un insatiable désir de distinguer, substitue le symbole à la réalité, ou n'aperçoit la réalité qu' à travers le symbole. Comme le moi ainsi réfracté, et par là même subdivisé, se prête infiniment mieux aux exigences de la vie sociale en général et du langage en particulier, elle le préfère, et perd peu à peu de vue le moi fondamental.105

Lorsque réapparaît un ordre intérieur grâce à la direction consciente adoptée, l'état précédent

de « girouette » diminue. La girouette résiste de plus en plus intensément aux influences extérieures

qui la faisaient automatiquement réagir. L'attention se déploie et met fin à « l'homme fuyant » tel

que le décrit Evola.

La hiérarchie naturelle des facultés propres à un être humain au plein sens du terme, chez lequel la partie purement physique et somatique est dominée par les forces vitales, celles-ci obéissant à la vie de l'âme et au caractère, tandis qu'on trouve au sommet de tout l'être le principe spirituel et intellectuel, ce que les stoïciens appelaient le souverain intérieur, l'egemonikon. Le résultat, c'est un nombre toujours croissant d'individus instables et informes, c'est l'invasion de ce qu'on peut appeler la race de l'homme fuyant. Le type d'homme dont nous parlons n'est pas seulement rétif à toute discipline intérieure, n'a pas seulement horreur de se mettre en face de lui-même, il est également incapable de tout engagement sérieux, incapable de suivre une orientation précise, de faire preuve de caractère. Qui plus est, le mensonge, le mensonge gratuit, sans même un véritable but, fait naturellement partie du style de l'homme fuyant (...) Et si l'on fait remarquer à un représentant de cette race de l'homme fuyant un tel comportement, l'individu s'étonne, tant ce comportement lui semble naturel, ou bien se sent agressé et réagit de manière quasiment hystérique. Car on ne veut pas être « dérangé ». Chacun pourra constater, dans le cercle de ses relations, cette sorte de névrose, pour peu qu'il y prête attention.106

104 Lobaczewski, Andrew M., Ponérologie politique, Castelsarrasin, Pilule rouge, 2006105 Bergson, Essai sur les données immédiates de la conscience, 1888, p.59106 Evola, Julius, L'arc et la massue, trad. De l'italien par Philippe Baillet, Paris, Éd. De la Maisnie, 1996

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L'attention est comparable à la pratique du « rappel de soi » enseignée par Gurdjieff. Elle

se rapproche aussi du « satipatthana » de tradition bouddhique et de la « veille » de la tradition

chrétienne. La faculté d'attention n'est jamais très développée chez l'homme en général. L'attention,

se manifeste rarement mais laisse toujours une trace profonde dans la mémoire. Simone Weil lui

donne plus d'importance que la volonté, et, se référant à Malebranche, explique que l'âme s'y refuse

avec autant de véhémence que le corps s'oppose à la fatigue. Le travail consiste à soumettre la

Personnalité aux injonctions de l'âme, c'est-à-dire la partie de l'individu qui n'est pas soumise à ce

monde, et qui est constitué de ce « fond » essentiel. Comme le dit Shabestarî,

L’homme qui parvient au secret de l’UnitéEst celui qui ne s’arrête pas aux étapes de la route.Le connaissant est celui qui connaît l’Être même,Celui qui est témoin de l’Être absolu.Il ne perçoit d’autre être que l’ÊtreEt rejette au loin sa propre existence.Ton existence n’est que ronce et ivraie :Rejette le tout loin de toi.Va balayer la chambre de ton cour,Prépare-la à devenir la demeure du Bien-Aimé.Quand tu en partiras, Lui, Il y entrera ;En toi, vidé de toi, Il manifestera Sa beauté.107

Quand l'énergie fine de ce « Bien-Aimé » ne transparaît pas au travers de la Personnalité, il

demeure un ensemble de forces latentes mais pures, que la nuit révèle par les rêves. C'est une

essence vulnérable et sensible, souvent craintive, qui est toujours défavorisée dans son expression

par rapport à la Personnalité. L'individualité craint en effet la réalité suprasensible, derrière le

monde physique-perceptible, comme le décrit Rudolf Steiner dans L'initiation :

La force qui permet à l’âme de se maintenir indépendante dans le monde élémentaire existe dans la vie humaine ordinaire. L’âme ignore d’abord cette force, mais elle la possède. Pour la posséder consciemment,il faut toutefois qu’elle s’y prépare. Il faut qu’elle s’approprie cette force intérieure qui s’acquiert pendant la préparation à la clairvoyance. Aussi longtemps que l’homme ne peut se décider à élaborer en son âme cette force intérieure, il a une crainte compréhensible de reconnaître le monde spirituel qui l’entoure et, inconsciemment, il a recours à l’illusion que le monde spirituel n’existe pas ou, du moins, ne peut être connu. Cette illusion le délivre de la crainte instinctive qu’un monde spirituel extérieure et réel puisse s’emparer de son "moi" en absorbant ou en noyant son individualité.108

Cette « autre personne » en soi, découverte au travers de l'initiation, a cependant une

capacité perceptive magnifique, incroyablement étendue, et immensément riche. Ce « panel »

perceptif étendu est dangereux pour la Personnalité qui n'ose absorber des signaux – des

informations – trop indésirables pour sa fragile stabilité. Il existe donc un « câblage » entre cette

107 Shabestarî, La roseraie du mystère, ed. Sindbad, p.49108 Steiner, Rudolf, Le seuil du monde spirituel, Genève, Editions Anthroposophiques Romandes, 1994, p.30

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essence et la Personnalité, plus ou moins dense, dont l'extrême séparation est révélée par

l'expression populaire « perdre son âme ». La conscience dépend donc de l'étendue d'un tel câblage

et des informations conscientisées.

Si la conscience arrive à un sentiment net et vivant de ce fait, elle apprend alors à distinguer dans l’organisme de l’âme un noyau intérieur qui est d’une réalité autonome en face de tout ce qui, au sein de l’âme consciente, peut être objet de développement entre la naissance et la mort. La conscience arrive à reconnaître dans son tréfonds l’existence d’un être réel dont elle se sent la créature. Et elle sent que le corps, le support de cette conscience, en dérive également avec toutes ses forces et toutes ses qualités. Plus l’âme se familiarise avec la vie occulte, plus elle sent mûrir en elle un être spirituel qui se soustrait aux influences de la vie consciente. Elle sent comment cet être intérieur, au cours de la vie entre la naissance et la mort, devient de plus en plus fort et autonome. Elle apprend à connaître que, dans les limites de la vie entre la naissance et la mort, cette entité profonde se comporte à l’égard de sa vie toute entière comme la graine vis-à-vis de la plante au sein duquel elle évolue ; mais la graine de la plante est un être physique, tandis que le germe de l’âme est un être spirituel.109

Pour Eugène Canseliet, l'alchimie est précisément cette « volonté d'élévation, de progression

constante » visant à atteindre un « état de conscience découlant pour l'homme du phénomène

d'harmonie qui peut s'établir entre le rythme de son âme et celui de l'âme universelle. » Par cette

voie, suivie laborieusement, « la créature peut échapper à la sphère limitée, ô combien décevante,

de l'individu et de sa collectivité » En alchimie donc, la première phase, l’œuvre au noir, est

déterminante pour le reste des opérations. « Ces dissolutions, ébranlements et ablutions exaucent

pour ainsi dire la prière de l'âme enfermée au centre de la terre : les verrous des enfers sont brisés.

En termes psychologiques, ce qui s'était consolidé en convictions immuables – plus encore : la

personnalité toute entière – se dissout et s'ouvre à de nouvelles réalités, le moi se prépare à recevoir

les influences du Soi »110

John Baines. Celui-ci dans « The Stellar Man », indique deux manières de recevoir les

influences du Soi :

Pour que coïncident notre esprit et notre corps, il y a deux méthodes basiques :

A – ChaosB – Ordre

Les deux systèmes demandent un médiateur ou intermédiaire pour établir un contact entre le corps et l'esprit.

• Dans le cas A—Chaos, l'individu utilise son inconscient (dans lequel le passé, présent et futur coexistent) pour s'unir au spirituel. C'est appelé chaos car cela produit un sentiment de désorientation spatial et temporel, qui peut affecter les conditions matérielles de la vie d'un individu, mais qui accroît son illumination spirituelle.

109 Steiner, Rudolf, Op.cit., p.35110 Von Franz, Marie-Louise, Aurora Consurgens, le lever de l'aurore, Paris, Ed. La fontaine de pierre, 1982, p.294

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• Quant à B—l'Ordre, un médiateur artificiel est créé par le biais de la théurgie; mais il est surconscient, pas inconscient. [...]

Chaque méthode tente d'amener l'esprit à la réalité temporelle du corps physique, car le contraire ne peut être fait.

Retrouver l'essence source de vie, est le sujet, dans la gnose, du Discours sur la

régénération :

La vision intellectuelle de soi qui provoque la régénération consiste "à ne plus former ses représentations sous la figure du corps à trois dimensions" (CH, XIII, 13). Cela implique une mutation de la conscience. Il faut s'abstraire de l'environnement des objets visibles, afin de "se rendre étranger au monde" (CH XIII, 1) Il faut aussi rejeter l'évidence illusoire que le moi des autres est contenu dans leur corps : "tu me vois, mon enfant, avec les yeux, mais ce que je suis, tu ne peux pas le comprendre en me regardant avec les yeux du corps et par la vue sensible" (CH XIII, 3). […] On abolit ainsi la différence entre "l'homme matériel", composé des quatre éléments, et "l'homme essentiel" (CH, I, 15) […] A ce moment-là, on se sent une faculté euphorique d'ubiquité, on s'élève au-dessus du temps, on devient Eon comme Dieu. La vision de soi-même se change ainsi en vision du Tout.111

IV – Naissance de l'âme

L'ascète qui aspire à la libération de l'âme dans cette vie doit d'abord se faire un corps « glorieux ».112

Madhava

Mon corps est une coquille où un petit poussinVeut être couvé pour être éclos de l’Éternel Esprit113

Angelus Silesius

Quand la Personnalité désormais reliée au centre magnétique reçoit les énergies nouvelles

qui lui permettent de passer d'un état solide à un état liquide puis enfin gazeux114, cette

transformation enfante une conscience qui perçoit le monde spirituel – la densité supérieure de

réalité. Cette nouvelle « hyperconscience » hypersensible est décrite comme un « organe de

perception de la vérité» par le mystique allemand Karl von Eckartshausen, peut-être l'un des auteurs

les plus précis sur ce processus :

Plus un corps a d’organes pour la réception, le développement et la propagation d’influences diverses, plus certainement son existence est riche et, parfaite, parce qu’il a plus de potentiel vital. Mais plusieurs forces peuvent dormir en nous pour lesquelles nous n’avons point d’organes, et qui par conséquent ne peuvent pas agir.Ces forces latentes peuvent être éveillées, c’est-à-dire, que nous pouvons nous organiser nous-mêmes pour

111 Anonyme, Ecrits gnostiques : La bibliothèque de Nag Hammadi, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade,2007, p.944112 Madhava cité par Eliade, Mircea, Alchimie asiatique, Paris, L'Herne, 1990, p.64113 Silesius, Angelus, Le pèlerin chérubinique, Paris, Les éditions du Cerf, 1994, p.119114 Selon Mouravieff

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qu’elles deviennent actives en nous. L’organe est une forme dans laquelle une force agit ; mais toute forme consiste dans la direction déterminée des parties vers la force agissante. S’organiser pour l’action d’une force veut dire simplement, donner aux parties une telle forme ou situation, afin que la force puisse y agir. C’est en cela que consiste l’organisation. Maintenant, de même que pour un homme qui n’a point d’organes, point d’yeux pour la lumière, la lumière n’existe réellement pas, lorsque cependant tous ceux qui ont cet organe en jouissent ; ainsi beaucoup d’hommes peuvent ne pas jouir de quelque chose dont d’autres peuvent jouir. je veux dire qu’un homme pourrait être organisé de telle sorte qu’il sentirait, entendrait, verrait, goûterait des choses qu’un autre ne pourrait sentir, ni entendre, ni voir, ni goûter, parce que l’organe lui manquerait. Ainsi, dans ce cas, toutes les explications seraient infructueuses ; car l’un mêlerait toujours les idées qu’il aurait reçues par son organe particulier avec les idées de l’autre, et il ne pourrait goûter et comprendre quelque chose qu’autant que cela s’approcherait de ses propres sensations. Comme nous recevons toutes nos idées par les sens, et que toutes les opérations de notre raison sont des abstractions d’impressions sensibles, ainsi nous ne pouvons nous faire aucune idée de beaucoup de choses, parce que nous n’avons point encore de sensations de ces choses. Cela seul pour lequel nous avons un organe, nous devient perceptible. De là, il paraît être démontré que les hommes organisés pour le développement des forces supérieures, ne peuvent donner à ceux qui ne sont pas organisés pour cela, aucune idée, sinon très vague, de la vérité supérieure. Ainsi toutes nos disputes et nos écrits servent peu. Les hommes doivent d’abord être organisés pour la perception de la vérité. Quand nous écririons des in-folio tout entiers sur la lumière, des aveugles n’en verraient pas plus clair. On doit leur donner d’abord l’organe de la vision. Maintenant, la question est : En quoi consiste l’organe de perception de la vérité ? Qu’est-ce qui rend l’homme capable de la recevoir ? je réponds : Dans la simplicité du cœur ; car la simplicité met le cœur dans une situation convenable pour recevoir purement le rayon de la raison et celui-ci organise le cœur pour la réception de la Lumière.115

L'étoile est le symbole alchimique de la réalisation intérieure, elle préfigure l'ouverture de

l’œil spirituel, c'est-à-dire, la capacité à illuminer le monde par la conscience – au contraire des

yeux de chair qui ne font que capter la lumière extérieure.

La sagesse antique enseigne que la glande pinéale était l’organe d’origine de la vision, c’est-à-dire le troisième œil, nommé en sanskrit "dangma" ou "l’œil de Shiva". C’est l’œil qui voit tout de la franc-maçonnerie, et le sens du mot "Bouddha". Et en unissant son étincelle à la glande pituitaire, elle fait se fusionner le cercle brisé, et consomme ainsi le mariage hermétique dans lequel, grâce à une immaculée conception dans le cerveau, la grande lumière, celui qui brille, Lucifer, naît comme une étincelle lumineuse dans le troisième ventricule qui est la chambre du maître maçon dans le rite ancien et accepté.116

Cet œil, né de la réorganisation totale de la Personnalité, est aussi évoqué par Mark Hedsel,

qui le compare au symbole du vesica piscis, une porte sur le monde spirituel :

L’œil de Bosch est une variante graphique de l’œil du Ru du symbolisme égyptien antique, puisque le Ru signifiait ’portail’, ou ’entrée secrète’ - et le Christ est aussi ’La Voie’. Le Christ, comme le Ru, est l’entrée du monde Spirituel, le guide de l’initié moderne. La résurrection du Christ, lorsqu’Il s’élève dans une vie supérieure au-dessus du tombeau, rayonnant d’une auréole de lumière, est l’éternel symbole de l’initiation. La peinture de Bosch suggère que si nous pouvons faire le tour de notre Soi (notre œil intérieur) et rejeter les sept péchés capitaux, nous pourrions alors voir le Christ dans toute sa gloire. Nous pourrions être élevés à la vie supérieure de l’Esprit. La peinture de Bosch est une image rare de la fission, puisque les sept arcs extérieurs concentriques représentent les ténèbres en l’homme - les sept péchés - tandis que les arcs concentriques intérieurs représentent l’être de Lumière qu’il pourrait devenir. La peinture est résurrectionnelle, car la voie vers la Lumière intérieure passe par la lutte sextuple contre le péché. Bosch a pris soin d’intégrer dans chacune

115 Von Eckartshausen, Karl, La nuée sur le sanctuaire, Livres mystiques, 09/2012, http://livres-mystiques.com/partieTEXTES/Echkartshausen/Lanuee1/introduc.html

116 Cooper, Bill, Émission radio, « The Hour of the Time N°453 », 4 octobre 1994

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de ces sept funestes images un symbole d’espoir : il existe une rédemption pour chacun des sept péchés.117

Ainsi il est toujours question d'une naissance au monde spirituel par le biais d'une porte.

C'est ce qui est décrit par Taisha Abelar, une auteure proche de Castaneda, qui traite de la division

entre l'énergie (de l'âme ou double) et la Personnalité coupée de ce niveau primordial. La réunion de

ces niveaux est appelé « vol abstrait » : un état où le corps physique devient totalement conscient de

sa contrepartie énergétique.

Clara expliqua que nous sommes convaincus qu’un dualisme existe en nous ; l’esprit est la part insubstantielle en nous, et le corps en est la part concrète. Cette division maintient notre énergie dans un état de séparation chaotique et l’empêche de s’unifier.« Rester divisé est le lot de notre condition humaine, admit-elle. Cependant, notre division n’est pas entre l’esprit et le corps, mais entre le corps, qui héberge l’esprit ou le soi, et le double, qui est le réceptacle de notre énergie fondamentale. »Elle expliqua qu’avant la naissance la dualité imposée à l’homme n’existe pas, mais qu’à partir de la naissance les deux parties sont séparées par la force de l’intention de l’espèce humaine. Une partie se tourne vers l’intérieur et devient le double. À la mort, la partie la plus lourde, le corps, retourne à la terre pour être absorbée par elle, et la partie légère, le double, devient libre. Malheureusement, comme le double n’a jamais été mené à la perfection, il n’expérimente la liberté que pendant un instant, avant d’être éparpillé dans l’univers.« Si nous mourons sans effacer notre faux dualisme du corps et de l’esprit, nous mourons d’une mort ordinaire, dit-elle.Comment pouvons-nous mourir autrement ? »Clara me fixa avec un sourcil levé. Plutôt que de répondre à ma question, elle me révéla sur le ton de la confidence que nous mourons parce que la possibilité de nous transformer ne nous est pas concevable. Elle souligna que cette transformation doit être accomplie pendant la durée de notre vie, et que l’achèvement de cette tâche est le seul but que puisse avoir un être humain. Toutes les autres réalisations sont transitoires, puisque la mort les transforme en néant..118

Taisha Abelar indique ensuite qu'il existe des « portes » entre le double et le corps physique,

ce qui rejoint l'idée d'un « câblage » entre ces deux plans.

Fais bien attention et souviens-toi de ceci. Pour que toi et moi soyons sains d’esprit, nous devons travailler avec acharnement à équilibrer non le corps ou l’esprit mais le double. » [...]« Comment pouvons-nous être sûrs d’équilibrer le double ?- En ouvrant nos portes, répondit-il. La première porte est dans la plante du pied, à la base du gros orteil [...]« La deuxième porte est la zone incluant le mollet et le creux du genou, dit-il en se penchant et passant la main sur mes jambes. La troisième est située aux organes sexuels et au coccyx. » [...]« La quatrième et la plus importante est dans la région des reins », dit-il. [...]« Le cinquième point est entre les omoplates, dit-il. Le sixième est à la base du crâne. Et le septième au sommet de la tête.[...]Si notre premier centre ou le deuxième est ouvert, nous transmettons une certaine sorte de force que les gens peuvent trouver intolérable, continua t-il. Par contre, si la troisième et la quatrième porte ne sont pas fermées comme elles sont censées l’être, nous transmettons une certaine force que les gens trouveront extrêmement attirante. »[...] Récapituler ta vie […] a desserré encore plus certaines de tes portes. Le craquement que tu entends à ta nuque est le moment où ton côté droit et ton côté gauche se sont séparés. Cela laisse une brèche directement au milieu de ton corps où l’énergie monte jusqu’au cou, l’endroit où le son est entendu. Entendre ce « pan » signifie que ton double est sur le point de devenir conscient.

117 Hedsel, Mark/Ovason, David, The Zelator, A modern initiate explores the ancien mysteries, Weiser Books, 2000, p.220

118 Abelar, Taisha, Le passage des sorciers, Paris, Seuil, 1998, p.66 sqq

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- Que devrais-je faire quand je l’entends ?- Savoir que faire n’est pas tellement important parce que nous ne pouvons pas faire grand-chose. Nous pouvons soit rester assis les yeux fermés, soit nous lever et bouger. L’important est de savoir que nous sommes limités parce que notre corps physique contrôle notre conscience. Mais si nous sommes capables d’inverser la situation de sorte que notre double contrôle notre conscience, nous pouvons faire pratiquement tout ce que nous imaginons. »[...] Tu ne peux apprendre sur le double qu’en agissant.119

Taisha Abelar, quand elle évoque la dualité du corps et de l'énergie, s'approche du soufisme

de Faridoddin 'Attar, qui au chapitre « La Naissance de l'Âme », évoque le sort120 de celui qui n'a

pas rejoint à temps sa contrepartie énergétique, c'est-à-dire « substitué l'âme au corps, gagné le

corps à l'âme » :

[…] Celui prisonnier de cet étau aux multiples tours meurt sans avoir trouvé l'âme et rejoint le néant. Dépourvu de l'âme prévoyante, comment oses-tu te qualifier d'homme ? L'homme n'est pas seulement mélange d'eau et d'argile; il est aussi mystère divin et âme pure. Cent univers remplis d'anges, devant une goutte de semence, comment se prosterneraient-ils ? Ton désir ne suffit pas, ô poignée de terre, pour que terre, tu deviennes âme pure. L'homme, ce produit de la semence en quête de l'âme, doit subir d'incurables tourments. Le soutient à cette entreprise ? l'errance. Le baume à cette douleur ? la douleur même. De la semence originelle jusqu'ici, vois combien le chemin est long ! Le cœur requis par la Quête est, jusqu'à la Résurrection, ivre fou. Ton esprit, ce pèlerin, de tourments dans la Quête n'a de repos ni jour ni nuit. Il court, s'acharnant avant le trépas à substituer l'âme au corps, à gagner le corps à l'âme. Ce qui importe ici-bas, est l'effort de ton esprit; que celui-ci, pas une seconde, ne s'écarte de la Voie ![p.25-26-27] 121

La capacité à percevoir une grande quantité d'informations, une très grande énergie, et donc,

à se rapprocher d'une vue objective de la réalité, est ce dont Karl von Eckartshausen témoigne dans

Principles of Higher Knowledge,

L'assimilation ou "Devenir Un" sont des mots que la plupart de nos Philosophes ne comprennent pas, et pourtant ils sont profondément intégrés à la Nature et sont sans faute. C'est la source, l'origine de l'harmonie dans notre Âme.

Il y a un certain pouvoir, une certaine force chez les Êtres Humains, qui met en mouvement cet Être Fluide, cette substance fluide, et elle s'écoule d'Être Humain à Être humain.

Elle a un effet de moi à toi et reflue à toi. Cette condition est la condition de l'harmonie, et le flux est harmonieux. Dans cette condition harmonieuse, Tu et Je deviennent une seule personne. Je vois et j'entends à travers toi, alors il ne me reste rien à part mon instinct et mes vertus morales. C'est la seule chose que ta Volonté m'a laissée en moi.

119 Taisha Abelar. Op.cit,.pp.293-296 120 Ce sort est évoqué par Lu Tsou également : Ce point germinal est quelque chose de grand. Avant que ce corps qui

est notre naisse de nos parents, au moment de la conception, ce point germinal est d'abord engendré et la nature et la vie y habitent. L'une et l'autre sont mêlées et forment une unité : mêlées inséparablement comme la semence de feu dans la fournaise à raffiner, combinaison d'harmonie originelle et de conformité à la loi divine. C'est pourquoi il est dit« Dans l'état antérieur à la manifestation il y a un souffle inépuisable. » Il est dit encore : « Avant que les parents aient engendré l'enfant, le souffle vital est entier et l'embryon parfait. » Mais lorsque le corps se meut et déchire la bulle du fruit, c'est comme si l'on perdait pied sur une haute montagne : l'homme tombe jusqu'à terre en poussant un cri et dès lors la nature et la vie sont séparées. A partir de ce moment la nature ne peut plus voir la vie, ni la vie, la nature. Et le destin entame alors son cours; de la jeunesse, il passe à la maturité, de la maturité, à la vieillesse, et de la vieillesse au deuil.[nous soulignons]. Tsou, Lu, Le Secret de la fleur d'Or, Médicis Entrelacs, 1998

121 Attar, Le livre de l'épreuve, Paris, Fayard, 1981, pp.25-27

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Quand tu penses, un Être Fluide, une substance fluide, circule de toi à moi et a un effet sur mon cerveau, comme si je pensais moi-même.

Quand tu lis, c'est comme si je lisais moi, car mes fibres vibrent ainsi que mes nerfs, à ces conceptions que tu penses nécessaire de relier aux mots que tu lis.

Quand tu m'as demandé une question, je te vois en Esprit, ce qui veut dire : je te vois en Vérité, en réalité, pas en chair; ce qui veut dire, pas en erreur, pas à tort, pas en mensonge ou avec des préjugés.

Mes fibres grossissent avec un pouvoir intérieur. Les nerfs associés s'étendent. Il semble qu'un couvercle lourd, une carapace lourde est enlevée de chaque corps que je regarde. Les choses qui n'étaient pas visibles auparavant le sont maintenant. Même la nuit la plus noire s'est éclairée car même la nuit la plus noire est sombre en rapport avec notre organisation. Toutes les choses deviennent très claires maintenant en mon Âme. Mes conceptions sont de vraies conceptions car elles sont maintenant elles-mêmes; elles sont la chose elle-même.122

L'unification de la conscience à l'âme est partout appelé une « réunion », un « mariage »,

entre deux pôles, l'un adapté à la perception ordinaire des choses, et l'autre, hors du temps et de

l'espace, dissimulé par de nombreux voiles qui sont ceux que le travail initiatique s'efforcera

d'enlever123. Ces voiles, ou séparation d'avec l'âme, sont en d'autres mots des déséquilibres

empêchant l'expression de l'âme par le corps matériel, qui ainsi reste « figé » dans un état de

cristallisation gouverné par le fonctionnement de l'ensemble de ses « automatismes », qui forment la

Personnalité. Cette gouvernance de la Personnalité sur l'être est fâcheuse car elle opère un tri des

perceptions, et donc, du « courant de conscience » qui traverse continuellement l'individu. La

Personnalité est déterminé par les « portes » ouvertes ou closes, qui se trouvent non pas entre

l'individu et le monde extérieur, mais au sein de l'individu lui-même. Ce sont de véritables verrous

pour la conscience, qui provoquent à terme, l'épuisement des forces vitales et la mort. Le travail

initiatique consiste à l'éclatement de ces portes, voiles ou verrous, pour une perception plus

objective de la réalité.

« La conscience est petite ». Par cette remarque, je voulais dire que la fonction de conscience de soi que l'on appelle « conscience » fonctionne en toutes circonstances comme un outil neurologique – une sentinelle mentale – admettant et et organisant de relativement petites quantités d'information de nos esprits et du monde extérieur. Cette sentinelle mentale nous permet de fonctionner dans notre vie quotidienne, et ne pas être submergé par les signaux. A chaque instant, la « conscience » n'appréhende pas la totalité de l'esprit, pas plus qu'elle n'appréhende la totalité du monde.124

L'homme, comme il est démontré sous hypnose, est conscient d'une quantité innombrables

122 Castaneda, Carlos, Histoires de pouvoir, Paris, Gallimard, 1974, p.177123 La doctrine du salut des cathares : « Final salvation means the restoration of the heavenly man, when the fallen soul

will be united with its divine body and spirit. This is what in the Bible is called the resurrection of the dead. » Van den Broek and Hanegraaff, Gnosis and hermeticism, New York, State University of New York Press, 1998, p.96 Celle-ci rejoint ce que dit Mouravieff du salut : « Le corps psychique – la Personnalité – après avoir acquis, par des efforts conscients déterminés la qualité du corps spirituel, se joint à jamais au Moi réel, étincelle du Christ, pour former l'Individualité. Dès lors, il vit. C'est le salut. » Mouravieff, Gnôsis, Op.cit, p.291

124 Stout, Martha, The Myth of Sanity, London, Penguin Books, 2002, p.102

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d'informations à propos de la réalité, l'homme se « souvient » de tout, à un niveau profond.

Seulement, la Personnalité, par son alignement plus ou moins juste avec la conscience, ne

« perçoit » qu'une mince partie de toute cette « nourriture » informationnelle. Cette « nourriture »

non assimilée, ne permet pas le développement du réceptacle de l'âme.

La capacité à recevoir pourrait être mesurée durant la journée, selon les moments. C'est le

symbole du bol : la capacité mentale de recevoir. « Les expériences de la journée, les problèmes de

la vie, le karma, et le dharma, tout doit être accepté dans le bol ouvert de la conscience […] qui peut

dire ce qui est ou non une nourriture ? » L'attention développe la volonté du Moi réel.

Il n’y a qu’une seule technique pour développer ou alimenter cette volonté et cette foi, et c’est la focalisation de l’attention. La durée d’attention de ceux que vous appelez ‘des enfants’, est considérée comme courte. La durée d’attention spirituelle de la plupart d’entre vous est celle de l’enfant. C’est donc une question de souhait de devenir capable de concentrer son attention et de la maintenir sur la programmation désirée.125

V – Croissance de l'âme

Comme le montre Ouspensky dans les Fragments d'un enseignement inconnu, le corps est

une usine de transmutation des énergies qui produit une énergie très fine, de la même nature que

l'énergie sexuelle. « La substance de la qualité la plus haute produite par l'usine est [l'énergie

sexuelle] et, pour toutes les fonctions supérieures, l'usine ne peut employer que cette substance

supérieure. » Malheureusement, une grande partie des énergies supérieures potentielles sont perdues

avant l'accomplissement de leur fonction première qui est « l'activation » de l'âme.

Nous devons toutefois nous rappeler qu'avec chaque impression extérieure, d'ordre sonore, visuel ou olfactif, nous recevons du dehors une certaine quantité d'énergie, un certain nombre de vibrations; cette énergie qui, de l'extérieur, pénètre dans l'organisme, est une nourriture. De plus, comme je l'ai déjà dit, l'énergie ne peut pas être transmise sans matière. Si une impression extérieure, introduit avec elle dans l'organisme une énergie extérieure, cela signifie donc qu'une matière extérieure pénètre aussi dans l'organisme et le "nourrit", au sens le plus plein du mot. [...]

Tout le travail proposé par Gurdjieff est donc la mise en contact […] de l'énergie "brute" des impressions avec l'énergie de la respiration, se développant dans le corps.[...]

Cette mise en contact n'est possible que par un choc qui est le "rappel de soi", et qui va permettre d'augmenter l'énergie supérieure, tout comme la respiration par son choc avec la nourriture produit l'énergie supérieure [sexuelle]. [...]

Ce choc est en relation avec l'instant où l'impression est reçue, […] au moment où une impression pénètre dans notre conscience. Un choc artificiel en ce point signifie une certaine sorte d'effort, faite au moment où l'on

125 Ra (Elkins/Rueckert/McCarty), The Ra Material, The Law of One, Book II, Atglen,Whitford Press, 1982, p.98

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reçoit une impression.126

L'accomplissement de cette fonction, le suprême raffinement des énergies supérieures,

nécessite un effort répété de perception consciente. La principale cause du développement spirituel

avorté est donc l'absence d'attention. L'attention, dans le développement de l'énergie au sein du

corps, permet de faire passer un palier vibratoire à l'énergie. L'attention demande une discipline, un

choc volontaire, sans quoi l'homme reste plongé dans un état mécanique suffisant à la vie

ordinaire127. Gurdjieff décrit que la naissance de l'âme n'intervient que lorsque le corps est « saturé »

des hautes énergies :

Pour acquérir une âme, il faut avant tout posséder la substance correspondance. […] Si nous avons quelques cristaux de sel et les mettons dans un verre d'eau, ils se dissoudront rapidement. Nous pourrons en ajouter et en rajouter, ils se dissoudront encore. Mais vient un moment où la solution est saturée. Alors le sel ne se dissout plus et les cristaux restent entier au fond du verre. Il n'en va pas autrement pour l'organisme humain. Même si les matériaux requis pour la formation de l'âme sont constamment produits dans l'organisme, ils y sont dispersés et dissous. Il faut qu'il y ait surabondance de ces matériaux pour que la cristallisation soit possible. La matière ainsi cristallisée prend alors la forme du corps physique de l'homme ; elle en est la copie et peut en être séparée. Ces deux corps ont une vie différente, et chacun d'eux est assujetti à un autre de loi différents. 128

Seule cette cristallisation permet finalement à la conscience de passer à un autre niveau de

réalité. Cette même conception d'un raffinement des énergies par un travail sur soi se retrouve dans

les enseignements du taoïsme nei-dan :

Une fois que le ching a été transmuté en ch'i au travers de la méditation et de la respiration yogique, le pratiquant rejette les enchevêtrements de la vie mondaine et "quêtait la paix" de sorte de revivifier le shen au travers du ch'i. (Habituellement, on rapporte que la zone où la graine du shen réside est entre et derrière les sourcils – le troisième oeil diront certains). Mais une fois que le shen était conçu il devait rester en gestation; puis ensuite naître; et une fois né il avait besoin d'une nourriture; et ainsi de suite jusqu'à pouvoir exister de lui-même. La procédure demandait un raffinement continuel du ching en ch'i et le transfert de l'énergie du ch'i au shen. Il va sans dire que cela prend longtemps, peut-être toute la vie du pratiquant, et ce n'était pas quelque chose à prendre à la légère.

Pour l'alchimiste taoïste, le dantien était le creuset dans lequel l'élixir d'immortalité était préparé. C'était là que le ching était raffiné en ch'i, et dans le dantien le ch'i purifié était envoyé dans la "Vallée de l'Esprit" entre les sourcils pour donner naissance à l'embryon shen.129

Les traditions initiatiques placent ce développement de l'âme comme la priorité absolue de

l'existence qui autrement est vaine. Le Secret de la Fleur d'Or affirme que le champ de l'âme est

« un espace d'un pouce carré » :

126 Ouspensky, Op.cit., pp. 265-267127« Qui a l'esprit mécanisé ne possède plus la pureté de l'innocence et perd ainsi la paix de l'âme. » Lao-tseu,

Tchouang-tseu, Lie-tseu, Philosophes taoïstes, Tome 1, Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 1980, p.170128 Gurdjieff, G.I., Gurdjieff parle à ses élèves, Monaco, Editions du Rocher, 1985, p.278-279129 Danaos, Kosta, The Magus of Java, Rochester, Inner Traditions, 2000

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« C'est dans le champ d'un pouce carré de la maison d'un pied carré que l'on peut ordonner la vie ». La maison d'un pied carré est le visage. Le champ d'un pouce carré dans le visage : qu'est-ce que cela pourrait être sinon le cœur céleste ? Au milieu du pouce carré réside la splendeur. Dans la salle pourpre de la cité de jade réside le dieu du vide et de la vitalité suprêmes. Les confucianistes l'appellent centre du vide; les bouddhistes : terrasse de la vitalité ; les taoïstes : terre des ancêtres, ou château jaune, ou passe obscure, ou espace du ciel antérieur. Le cœur céleste est comparé à la résidence, la lumière est le maître de maison.

C'est pourquoi, dès que la lumière commence sa révolution, les énergies du corps tout entier se présentent devant son trône, de même que quand un saint roi a établi la capitale et jeté les bases de l'ordre, tous les vassaux s'approchent en portant des tributs, ou, comme lorsque le maître est paisible et lumineux, les valets et les servantes obéissent d'eux-mêmes à ses ordres et chacun fait son travail. C'est pourquoi vous avez seulement à provoquer la révolution de la lumière; c'est là le secret le plus haut et le plus merveilleux. La lumière est facile à mouvoir mais difficile à fixer. Lorsqu'on la fait circuler assez longtemps en cercle, elle se cristallise : c'est le corps spirituel naturel. Cet esprit cristallisé se forme au-delà des neuf cieux. C'est l'état dont il est dit dans le livre du Sceau du Cœur : « En silence tu t'envoles le matin».

La gestation et la naissance de l'âme suppose la cristallisation d'énergies fines qui

proviennent du fond vital de l'univers, de l'étincelle divine, et qui sont « aimantées » par les énergies

fines développées par l'individu conscient :

Le Prana est une substance de l'essence (Shaw s'en est approché avec sa « force vitale »). La vie du corps planétaire est le sang, et la vie du [corps subtil] est le Prana. Si le Prana est cristallisé dans un être consciemment ou accidentellement, l'être doit travailler sur lui-même pour parfaire ce germe d'une d'âme, ou il devra revenir sans cesse avec différents vêtements extérieurs, et pendant ce temps souffrir et languir, jusqu'à ce que la perfection soit atteinte. « Béni est celui qui a une âme, béni aussi est celui qui n'en a point, mais douleur et peine vont à celui qui n'en a que la conception ».130

Nous ne recevons pas seulement une nouvelle Âme avec cette régénération, mais aussi un Corps nouveau [….]. Ce Corps est extrait du Verbe Divin ou de la Sophia céleste […] Il est spirituel, plus subtil que l'Air, semblable aux rayons du Soleil qui pénètrent tous les corps, et aussi différent du vieux corps que le Soleil resplendissant l'est de la Terre obscure ; et bien qu'il reste dans le vieux Corps, celui-ci ne peut pas le concevoir, encore qu'il arrive parfois à la sentir. »131

Selon John Chang132, l'univers est divisé en deux pôles toujours en conflit, le yin et le yang.

L'univers est un champ de bataille entre la force expansive (créatrice) et la force attractive

(entropique) :

Au troisième siècle, les sages chinois ont décrit le processus par lequel les choses ont été créées de la Source et y retournent. Pour symboliser l'état qui qui précède le commencement du temps et de l'espace, ceux qu'on appellera Taoïstes sont venus avec le concept de wu-chi (littéralement, "il n'y a pas d'extrémité"), symbolisé par un cercle. Wu-chi est la condition de la tranquillité dans laquelle toutes les choses sont indifférenciées de l'ultime. De cet état un point de mouvement, de pur yang, resplendit. Il y a une interaction entre le yin et le yang qui conduit à l'état de t'ai chi (la suprême extrémité), ici le yin et le yang sont embrassés, distincts et pourtant ensemble, luttant contre leurs forces respectives. [...]

Pour un aperçu immédiat de comment les mathématiques modernes peuvent être appliquées aux théories de John, regardez le travail du Dr. Ilya Prigogine. En 1977 il reçut le Prix Nobel pour avoir montré comment les

130 Nott, C.S. Teachings of Gurdjieff, A Pupil's Journal, London, Arkana, 1961, p.204131 Gichtel cité par Eliade, Forgerons et alchimistes, Paris, Flammarion, 1977, p.135132 Kosta Danaos, Op.cit, pp.13 sqq, 42 sqq, 67

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systèmes chimiques complexes tendent à s'organiser eux-mêmes en des relations structurées de leur propre fait—en d'autres termes, que l'auto-organisation est une caractéristique fondamentale de l'univers. Ces systèmes chimiques se comportent presque comme s'ils étaient vivants, excepté pour le fait qu'ils ne génère ou ne reproduisent pas de cellules. De tels systèmes auto-organisés semblent être à mi-parcours entre ce qui peut être considéré comme vivant et ce qui ne le peut pas. Je suis persuadé que la complexité et la théorie du chaos détiennent la formule mathématique pour modéliser l'interaction du yin et du yang. […] Je ne répéterai jamais assez que le yin et le yang sont des forces opposées. La vie elle-même est un mélange d'énergies yin et yang qui existent en parallèle. Le symbole archaïque du t’ai chi décrit bien mieux leur équilibre que le symbole moderne utilisé aujourd'hui.133 [Le symbole archaïque est un assemblage de demi cercles noirs et blancs opposés les uns aux autres].

Le yin est le chaos primal qui existe avant la création de l'espace-temps, au-delà de la forme

et fonction. Il est incompréhensible pour nous et c'est la partie essentielle de notre être. La gravité

est yin, comme les trous noirs. « La gravité est cette force dans l'Univers qui veut que toute la

matière s'effondre dans une seule masse, et ultimement en une seule singularité. La gravité est la

force qui cherche à compresser le temps et l'espace en un seul trou noir massif. » Le Yin est la

vibration, le froid interstellaire de l'espace, le vent glacé, c'est l'hiver et la nuit, le sommeil et l'eau.

Il est essentiel et nous fait vivre134. « L'énergie Yin est au-delà de l'espace et du temps, et pourtant

elle fait toujours partie de notre être », en bref, « chacun de nous sommes un trou de ver vivant,

respirant, dans le tissu de l'espace temps ». Nous sommes à l'image des étoiles... ou des trous noirs.

La lutte cosmique se reflète dans nos corps.

L'énergie yang est le feu solaire, la force qui s'oppose à la gravité et qui créé l'espace-temps.

Sans cette force yang, toute la gravité aurait déjà provoqué l'effondrement de l'univers sur lui-

même. Le yang est la fusion nucléaire solaire qui nourrit nos vies, la lumière qui éloigne l'obscurité,

la substance qui nous apporte la joie. C'est le champ électromagnétique dans son ensemble. Mais le

yang seul nous tuerait comme un homme dans le désert mourrait d'insolation. En nous, le yin et le

yang s'affrontent, leur mise en relation intentionnelle est réalisée grâce à l'alignement.

L'âme est comme une « bulle » remontant à la surface de l'océan yin. Elle éclate à la mort de

sorte qu'elle ne réalise pas son potentiel « solaire ». Il s'agit donc d'associer le yin primordial au

yang de l'identité pour « illuminer » notre conscience. C'est l'interaction entre le yin et le yang qui

est source de vie. « Les sages taoïstes d'antan et John Chang nous ont enseigné que ces deux

énergies circulent parallèlement dans nos corps. » C'est pourquoi si le yang est renforcé et mis en

relation avec le yin, il rendra la conscience « solaire ». John Chang explique qu'il faut d'abord

remplir d'énergie solaire « l'entrepôt d'énergie » du corps. Cet entrepôt est le centre magnétique ou

« dantien », qui compresse l'énergie yang. Cette « boule » est maintenue par des « cordes » ou liens,

133 Danaos, Kosta, Op.cit., « The nature of reality », pp.15,31,54134 Ce qui rappelle les « ondes instables de gravité ».

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qui peu à peu sont coupés jusqu'à ce que l'embryon naisse et aille se mêler au yin du monde

spirituel, qui s'écoule dans le corps par le périnée. L'embryon peut alors « aimanter » l'énergie yin,

formant le symbole du « t'ai chi », qui est l'équilibre du yin et du yang. Psychologiquement parlant,

le système nerveux central gère à la fois les fonctions yin et yang, inconscient et conscient. Le

cortex frontal gère le yang, et l'arrière du cerveau gère le yin.

Les individus qui ont développé leur conscience ont associé le yin et le yang, dans les

"nœuds zéro" de cette onde stationnaire, atteignant finalement l'illumination quand ils atteignent le

haut de la tête, ce qui lui donne des facultés de type « chamaniques »135. Un shaman a ce qu'on

appelle en Chine, des « yeux yin » : il peut voir le monde yin des défunts. John Chang compare ce

processus de constitution progressive du corps subtil au remplissage d'un verre, depuis le fond

jusqu'en haut. A un certain niveau, l'union du yin et du yang fait réaliser que « la conscience de

chacun de nous est interconnectée avec la conscience de tout le monde - nous faisons partie, comme

l'avait prédit Jung, d'une conscience collective. » Quand la conscience augmente, l'énergie vitale,

cette eau qui monte dans le vase corporel que l'on remplit, accroît la possibilité de s'attacher à

l'illusion, car l'égo reçoit également cette énergie. C'est pourquoi Gurdjieff et Michael Topper

mettent en garde de ne pas dévier de direction au cours d'un développement qui dans le pire des cas,

peut former un centre magnétique noir.

L'énergie de la kundalini [...] peut être équilibrée et harmonisée au travers des chakras ou système vertical des plexus et centre endocriniens de telle façon qu'elle "déroule" son verrouillage serpentin. Au cours de ce moment spirituellement prodigieux, elle participe à une repolarisation globale des courants et champs-d'énergie de la forme de l'esprit-corps; elle aligne et intègre les systèmes multidimensionnels à des niveaux progressivement plus élevés d'intensité et de complétude potentielle. L'arrière du cou représente le point-de-transition crucial au niveau duquel le courant de nature éveillée de la kundalini marque une pause, pour ainsi dire, et se rassemble pour le saut fatidique dans lequel il "se jette dans l'abîme" qu'il y a entre les centres inférieurs et supérieurs corrélés aux "mondes" inférieurs et supérieurs.C'est à ce moment qu'une ouverture aux influences cosmiques a lieu; une telle ouverture ou vulnérabilité est opérationnelle même pour tous ceux dont "l'éveil du pouvoir du serpent" est pratiquement si éloigné qu'il ne représente en fait rien du tout, et est particulièrement stimulé par des quantités excessives d'alcool, de stupéfiants ou de substances-spirituelles etc.L'influx ''d'influence cosmique'' est particulièrement critique dans le cas d'un incident à grande échelle de la kundalini; des influences à la fois de type positif et négatif, équilibré et déséquilibré, sont disponibles lors du test de ce moment-là. A cette étape cruciale le "magazine déchargé" du courant multidimensionnel de la nature, dont le répertoire est lu plus largement, grésille à la base du cerveau — sa présence distincte peut même être "entendue" intérieurement comme un son de sifflement ou de crépitement, et sentie comme un scintillement électrique dans la région médullaire. A cette position, du moins temporairement, elle active des systèmes instinctuels codés dans le R-complexe (le cerveau postérieur reptilien) correspondant "de haut en bas" aux centre abdominal, coccygien etc. La revitalisation intense et l'éveil des schémas liés aux besoins instinctuels, de survie/de territoire et de modes de reproduction ainsi que la "volonté de puissance" associée au plexus solaire, gonfle la sensitivité psychique globale relative aux ouvertures respectives de ces influences

135Les bouddhistes tibétains ont une technique yogique nommée "phowa", "transfert de l'esprit", qui permet d'envoyer sa conscience par le chakra coronal, et de la faire aller ensuite dans un autre corps ou forme. Ce yoga est nommé "translocation de l'âme au Monde Céleste d'Amitabha, le Bouddha Dhyani de Lumière Illimitée, en tibétain Oe-pa-me

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''positives'' et ''négatives''.L'alignement réussie avec le positif-cosmique attire le pouvoir du serpent, ou la kundalini, soumis à une force d'attraction, aux zones cérébrales, éveillant le légendaire troisième œil, et rendant plus disponibles les valeurs spirituelles profondes d'inspiration et d'intelligence créatrice. Ceci tourne la "tête" du serpent-kundalini (ou courant de la nature) dans l'alignement-polarisation positif, vers les lobes supérieurs, où il se référera respectueusement aux pouvoirs abstraits et propriétés divines d'une authentique Gnose spirituelle, située structurellement au niveau du "chapeau" cérébral ou sahasrara cortical.136

Le plus important, selon John Chang, est de se souvenir que « nous sommes notre corps », et

que nous pensons avec notre corps. La mauvaise intégration du corps bloque des énergies, en

particulier au niveau des jambes et des extrémités. Les souvenirs aussi sont stockés dans le corps, le

cerveau n'étant qu'une « tête de lecture ». L'inconscient personnel est directement relié aux cellules

du corps137. « Chaque pensée est associée à une réaction neurophysiologique concomitante qui peut

à notre époque même être mesurée » Par la méditation, « nous souhaitons que l'énergie remonte et

circule dans la partie supérieure du corps ». La méditation est un droit de naissance, c'est un

processus par lequel on peut récupérer les énergies qui nous ont été volées durant la vie

quotidienne. L'alignement est le but de la méditation. John Chang explique que quatre facteurs

affectent le résultat de la méditation : le corps, l'émotion, la bioénergie (ch'i), et l'esprit. « La vraie

méditation ne peut être atteinte qu'avec l'équilibre du corps, des émotions, du ch'i et de l'esprit.138 »

Si l'on dévie de cette verticalité équilibrée vers un facteur particulier, comme une émotion (si nous

sommes en colère contre quelqu'un) ou le corps (si nous sommes fatigués) et que l'angle de

déséquilibre est trop grand, on sort de la "sphère" de méditation. L'approfondissement de la

méditation est décrite comme des sphères dans des sphères etc, recherchant "l'axe" parfait. Grâce à

la méditation nous rendons notre esprit subconscient plus humain -- plus proche de notre vrai soi.

Kosta Danaos compare aussi l'alignement à un mélange parfait, comme pour une brique,

composée de terre, d'eau et cuite par le feu d'un four. Le corps (la terre) contient de l'eau (le champ

yin de notre essence), et nous sommes cuits par le feu de la bioénergie, le ch'i. Ces trois éléments

doivent être en équilibre. Cette métaphore de la brique nous vient de Spyridon d'Athènes, et

Gurdjieff nous en relate une autre presque identique pour illustrer cet équilibre : la cuisson du pain.

L'union de la Personnalité et du Moi réel consiste donc en cette synchronisation, ou

assemblage cohérent de « vide » et de « plein », ce but étant, pour John Chang, l'étape le plus

importante et la plus risquée du développement spirituel d'un point de vue énergétique. C'est

l'effroyable « combat des deux natures » en alchimie. Comme le « plein » dépend, pour sa

cohérence, sa cristallisation et sa vie, des énergies du « vide », une rupture de ce lien, et une

136 Topper, Michael, Magnum Organum, in Valdamar Valerian, Matrix IV, The Equivideum, Washington, Leading Edge Research, 1994, pp.559-560

137 Ce qui rappelle le phénomène de « mémoire cellulaire ».138 Kosta Danaos, Op.cit., p.130

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conscience qui se croit « indépendante » conduit à un mode entropique, destructeur139, tandis qu'un

renforcement de ce lien produit des effets bénéfiques extraordinaires. En alchimie, cette

organisation autour du « vide » est la « magnésie », qui permet l'augmentation progressive du

niveau de conscience.

La compréhension de la réalité en terme d'informations, permet de mieux comprendre l'âme,

qui est un « corps » – une interface – dont les moyens perceptifs permettent la réception d'une plus

grande quantité d'informations, ce qui « cristallise » un autre espace-temps et d'autres « lois »

cosmiques. La densité supérieure dans laquelle se trouve l'âme, théorisée en physique, connue

autrefois sous l'expression « Jérusalem céleste », est composée d'une matière beaucoup plus

malléable par la pensée que la densité matérielle, une matière qu'on peut appeler « quintessence »

ou « éther ».

Nous pouvons faire un parallèle avec les systèmes informatiques. Ils sont faits « à l'image »

de l'homme. L'homme aussi, est fait « à l'image » de son âme. La différence tient au niveau de

conscience du système, informatique ou humain. En appliquant cette comparaison à l'âme, la

différence en terme de conscience entre le « système humain » et l'âme permet de dire que si

l'homme a des « droits de lecture » au sein de la manifestation (le « film » de la vie), l'âme a des

« droits d'écriture », des droits d'administrateur. Elle « code » la manifestation.

Nous pouvons avoir de très bonnes raisons de dire que nous sommes nous-mêmes des êtres en quatre dimensions et nous ne sommes tournés vers la troisième dimension que par un seul de nos côtés, c’est-à-dire par une petite partie seulement de notre être. C’est seulement cette partie de nous qui vit en trois dimensions, et nous ne sommes conscients que de cette partie comme étant notre corps. La plus grande partie de notre être vit dans la quatrième dimension, mais nous n’avons pas conscience de cette plus grande partie de nous-mêmes. Ou bien, il serait encore plus juste de dire que nous vivons dans un monde quadridimensionnel mais que nous ne sommes conscients de nous-mêmes que dans un monde tri-dimensionnel.

En accédant au rapport Nature/Connaissance, l'on s'aligne sur l'axe vertical de l’Être, qui pourrait être défini comme l'axe de gravité en chacun de nous. Peut-être qu'en s'alignant sur cet axe il nous est théoriquement possible « d'ouvrir une porte » donnant accès à cet axe. Et une fois dans cet axe, il serait alors possible d'ouvrir un passager vers n'importe quelle position [des dimensions infinies].140

Ce corps subtil – appelé aussi double – est beaucoup plus sensible à la pensée que le corps

139 « Les voyants affirment que l'être humain est comme un goutte d'eau qui se détacha de l'océan de la vie et commença à briller par elle-même. Cette brillance est le point d'assemblage de la perception. Mais, une fois que le coeur lumineux est dissous, la conscience individuelle se désintègre et devient cosmique. Comment pourrait-elle fait demi-tour ? Pour les sorciers, chaque vie est unique, et tu espères qu'elle se répète ? Tes idées sont originaires de la haute opinion que tu as de ta propre unité. Mais, comme tout le reste, tu n'es pas un bloc solide, tu es fluide. Ton moi est une somme de croyances, un souvenir; rien de concret ! » (Torres, Armando, Rencontres avec le Nagual, Monaco, Editions Alphée, 2007, p.203 sqq)

140 Ouspensky, The fourth dimension, 1908, cité par Knight-Jadczyk, Laura, L'Histoire secrète du monde, Un fil d'Ariane, Castelsarrasin, Pilule rouge, 2005, p.753

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physique, mais englobe le corps physique, de sorte que toute atteinte ou modification de l'âme

modifie directement la manifestation – l'apparence – du corps physique. Le travail nécessaire au

transfert de la conscience dans un réceptacle plus libre, plus perceptif, celui de l'âme, est le véritable

but de l'initiation, qui confère à l'Adepte la liberté sur le monde de la manifestation ordinaire.

Je le questionnai à propos de l'effort énorme qui est indubitablement demandé pour se préparer un double dans l'environnement du rêve.

Il répondit

: Pour la majorité des sorciers, cet effort est l'autre option, la porte pour un autre royaume de la conscience qui leur permettra, au moment approprié, d'avoir l'intention du pas définitif dans la tierce attention. En conférant autonomie et consistance à leur double, ils se préparent à rester conscients après la mort. Lorsque ce double est complet et que le moment arrive, leur conscience abandonne la coquille humaine pour de bon, le corps physique se flétrit et meurt, mais la faculté d'être continue.141

En donnant vigueur aux Organes que l'Âme utilise pour communiquer avec les objets extérieurs, l'Âme doit acquérir des pouvoir plus grands non seulement pour la conception mais aussi pour la rétention : c'est pourquoi, si nous souhaitons acquérir davantage de connaissances, les organes et ressorts secrets de la vie physique doivent être merveilleusement renforcés et revigorés. L’Âme doit acquérir de nouveaux pouvoirs pour concevoir et retenir... [L'alchimiste] doit posséder le pouvoir magnétique d'attirer et de coaguler d'invisibles éléments astraux.142

« L'Être Fluide » est traditionnellement représenté par un embryon qui se développe au

niveau du cœur puis s'élève au sommet de la tête. Ce processus est comparé en alchimie à la poule

qui couve son nid, attendant patiemment l'éclosion du poussin.

Cet enfant engendré est une graisse qu'on appelle âme et œuf, parce que cette âme rouge se cache dans sa propre eau blanche spirituelle, laquelle ils ont extraite de la pierre, et que dans son mélange ils ont appelé magnésie. Ils ont appelé cette eau œuf de la mer, parce que sa racine est l'eau; ils l'ont appelé air, et encore de beaucoup d'autres noms. Cela vient de ce qu'ils ont assimilé leur rougeur au jaune de l’œuf, et l'eau blanche dans laquelle elle est portée au blanc d’œuf. Lorsque les couleurs ou les teintures se sont montrées, c'est comme lorsque le poulet paraît hors de l’œuf. Ils ont encore appelé leur pierre qui est la magnésie : mer, parce que c'est d'elle que montent leurs nuages et leurs pluies.143

"Hermès, toi des Grecs, dit: "Dans cet air, il y a un air et un non-air". Il dit aussi : "Leur feu que nous t'avons montré est une eau, notre feu est un feu et un non-feu." Et comme le dirent les sages: "Les hommes attirent l'esprit de l'air, duquel, par la volonté de Dieu, consiste leur esprit. De même, l'airain des sages attire l'esprit de leur humidité et acquiert la force; cet airain croît et est nourri comme les autres choses qui reçoivent de l'accroissement. Sache que par attraction de l'air, l'esprit prospère et que sa vie en provient. Par là est signifiée l'âme de la pierre qui a été rendue ténue par l'extension de l'esprit dans la fixation.144

Empédocle conseille de protéger et nourrir cet embryon lumineux avec soins :

...Comme un homme voulant sortir par la nuit noire

141 Torres, Armando, Rencontres avec le Nagual, Monaco, Editions Alphée, 2007, p.170142 Eugène Philalèthe, cité par Manly P Hall, cité par LKJ p.754 ed pilule rouge 2006143 Al-Tamani, Mohammed Umail, Le livre de Senior, Paris, Dervy, 1990, p.84144 Al-Tamani, Mohammed Umail, Op.cit., p.40

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Prépare une lanterne, ardent morceau de feuDans un abri diaphane qui le protègeDu vent, et la clarté rayonne hors de ce piègeDe corne, ainsi un feu éternel est issuDes membranes de l’œil et de son fin tissu,Reflété par la chambre d'eau de la pupille,Et subtil, il éclaire au dehors...

Et 'Attar exhorte de veiller, de défendre ce « diamant » :

Je suis un étrange vivant. Je ne veux rien d'autre en ce monde que rester sans cesse éveillé. [...]Si tu n'es qu'un brasseur de vent, bonne nuit et fais de beaux rêves ! Si tu cherches la vérité, tu n'as pas le droit de dormir. Veille jalousement sur la cité du cœur, car de fieffés voleurs convoitent le diamant qui gît dans sa chambre profonde. Prends garde, ils sont nombreux, ils connaissent la route. Il te faut ardemment tenir les yeux ouverts. Quand tu auras appris à veiller jour et nuit sur ton trésor intime, alors tu parviendras au secret de l'amour. Dans l'océan de sang où nous barbotons tous, la connaissance vient aux veilleurs indomptables. Celui qui bravement endure l'insomnie, en Sa présence un jour s'éveillera vraiment. Sois fidèle à ton cœur.145

Le développement du germe de l'âme au niveau du cœur est une constante commune à toute

spiritualité :

Dans ses Rawâ'ih al-jamâl wa fawâtih al-jalâl, le Maître du Khawârazm apporte de longs développement sur les "centres subtils" et en particulier "le centre subtil du coeur", siège de l'âme pacifiée, ses lumières et les couleurs qui caractérisent celles-ci ; le Soleil du coeur est appelé le Maître de l'Invisible, le Guide ou la Balance de l'Invisible, élevant le mystique de la station du cœur au Ciel. Najm al-Dîn "Dâyeh" al-Râzî (1256), classifie les lumières colorées visualisées dans le cœur, selon leurs sept degrés ascendants de profondeur : blanche, jaune, bleu-gris, verte, bleu azur, rouge et noire. […]

La pratique de la vision est basée sur des techniques de concentration et des oraisons de prières que la maîtres disent avoir reçues par transmission orale grâce à des chaînes d'initiés qui aboutissent toutes aux imâms historiques; le sujet constitue un des plus grands secrets des Ecoles et dans les sources écrites une grande discrétion est de règle sur tout ce qui relève des aspects techniques de la pratique, ou bien les choses y sont expliquées à l'aide d'un langage et d'expressions que seuls les disciples initiés sont censés comprendre. Pourtant, en ce qui concerne notre problématique, certaines allusions, en somme assez rares à travers les textes, me semblent suffisamment parlantes; parmi les maîtres de la confrérie des Ni'matullâhiyya, Muzaffar 'Ali Shâh (1801) écrit dans son traité en persan intitulé Le Soufre Rouge : "Le cœur réel spirituel est le lieu de manifestation de la Lumière de Dieu et le Miroir des épiphanies de la Présence de l'Imâm; il s'agit d'une entité subtile divine, une entité immatérielle spirituelle. Et la forme physique de ce cœur réel est l'organe charnel de forme pinéale situé à gauche du creux de la poitrine qui est comme une fenêtre donnant sur l'entité subtile spirituelle et comme le vicaire de l'entité immatérielle. Toute épiphanie abstraite réalisée dans le cœur spirituelle, se manifeste sous une forme ou une représentation concrète dans le cœur physique. La forme parfaite, représentation de l'Epiphanie parfaite... est la Forme de l'Homme. Salihiyya, œuvre de Nûr 'Ali Shâh le Second (1918), autre maître de la même confrérie, comporte de nombreuses allusions : "La Lumière qui se manifeste dans le cœur est celle de l'Imâm, une Lumière dans le cœur du croyant fidèle, plus éclatante que celle du soleil... Il n'y a en fait aucune commune mesure, la Lumière de l'Imâm est la manifestation de la Lumière de Dieu [ou de la Vérité, haqq] et celle du soleil n'est que ténèbres et poussière... [...]

Un texte indien : "Par la concentration sur le centre du cœur, le yogi obtient le savoir illimité, connaît le passé, le présent et l'avenir; il possède la clairvoyance et la "clairaudiance"; il peut voir les dieux et les déesses et maîtrise les êtres surnaturels qui se meuvent dans l'espace. Celui qui, chaque jour, fixe son regard intérieur sur la Flamme cachée du cœur, obtient le pouvoir de se mouvoir dans les airs et celui de se rendre à volonté partout dans le monde "(Shiva Samhitâ)

Il est intéressant de constater que les facultés prodigieuses que le texte shivaïte énumère pour l'ascète qui se concentre sur la "Flamme du cœur" sont exactement celles qui sont attribuées aux imâms et parfois à certains

145 Attar, La conférence des oiseaux, Paris, Seuil, 2002, p.281

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de leurs initiés, en particulier les "représentants" de l'imâm caché. 146

Nous trouvons un écho de cet l’œil du cœur chez Olga Kharitidi :

Pendant un bref moment il y eut une interruption dans ma perception. C'était comme si mon visage, mon identité, s'est déplacée en dessous de sa position habituelle dans ma tête pour s'arrêter au niveau du cœur. Pendant quelques secondes, il me semblait effectivement voir le monde depuis la partie centrale de mon corps, comme si des yeux mon cœur s'était fait des yeux et pouvait voir. Cela s'est accompagné d'une forte vague de chaleur et d'excitation qui frappa ma poitrine comme un éclair et qui disparût rapidement.

Le corps spirituel actualisé après l'ouverture de la porte du cœur, se trouve en-dehors de

l'illusion spatio-temporelle, et a bien sûr des pouvoirs beaucoup plus étendus sur l'illusion du monde

tel qu'appréhendé par la Personnalité. Rudolf Steiner évoque cette seconde naissance ainsi :

Il est alors capable de transposer dans l’état de veille ses perceptions de rêve : alors le monde sensible prend à ses yeux une coloration toute nouvelle. Comme un aveugle-né qu’on opère voit, après son opération, le monde physique s’enrichir de toutes les données visuelles, de même l’homme devenu clairvoyant perçoit dans ce qui l’environne des qualités, des choses et des êtres nouveaux. Il n’a plus besoin maintenant d’attendre de rêver pour vivre dans un autre monde ; il peut se mettre, quand il le juge bon, dans l’état de conscience nécessaire à la perception supérieure. Cet état a ensuite pour lui une importance analogue à celle des perceptions qu’on a dans la vie ordinaire quand les sens sont actifs, comparées à celles qu’on a quand les sens sont relâchés. On peut dire littéralement que le disciple ouvre les sens de son âme et contemple les choses qui doivent rester cachées à ceux de son corps.147

Manly P. Hall explique sur ce processus :

En méditation la personnalité transcendante est visualisée au début comme naissant dans l'aura du cœur. Elle y demeure en contemplation de la Loi. Au fur et à mesure de la réalisation, la personnalité transcendante s'élève le long du nerf vague jusqu'au cerveau. Elle s'y assoit au niveau du lotus à mille pétales – l'aura de la glande pinéale.

Ainsi avec l'âme qui peu à peu s'éveille, l'âme qui est la lumière et l'aurore naissance de

Boehme, les moments de conscience s'accumulent jusqu'à former une continuité dans la vie. La vie

n'est alors plus une série d'incidents qui semblent tous séparés, distincts, mais un film qui peu à peu

prend sens... Les moments de conscience sont d'habitude séparés par des laps de temps, des

intervalles plus ou moins longs de sommeil. C'est seulement avec la « cristallisation » du Soi que la

conscience peut maintenir sa luminosité :

Nous avons utilisé le terme particulier [entité cristallisée] parce qu’il a une signification assez précise dans votre langage. Quand une structure cristalline est formée à partir de votre matière physique, les éléments présents dans chaque molécule sont liés d’une façon régularisée avec des éléments de chacune des autres molécules. Ainsi la structure est régulière et quand elle est pleinement et parfaitement cristallisée, elle a certaines propriétés. Elle ne se fend pas ni ne se brise ; elle est très forte sans effort, et elle irradie en traduisant

146 Amir-Moezzi, Mohammed Ali, Le guide divin dans le shî'isme originel, Paris Editions Verdier, 2007, pp 132-134 et p.142

147 Steiner, Rudolf, L'initiation, Genève, Editions Anthroposophiques Romandes, 1990, p.174

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la lumière en une belle réfraction qui donne à beaucoup d’entités du plaisir à l’œil.148

On peut comparer l'être à un arbre et les branches à des niveaux de conscience. Le niveau de

conscience ordinaire se trouve quelque part à mi-hauteur – rarement le soleil ne traverse les

branchages et rarement la vue se dégage. Mais arrivé au sommet de l'arbre, en arpentant les

branches les plus fines en suivant l'art de l'équilibre, la conscience devient permanente, la

perception s'étend.

Si par le développement de la conscience et la pratique des disciplines philosophiques le disciple élargit ses fondations jusqu'à l'antaskarana, le pont de la conscience, la structure du monde change car il donne à cette structure un nouveau degré de conscience (...) A partir de là les forces destructrices du monde inférieur n'exercent plus d'influence sur le Soi illuminé.

Bien sûr la conscience, la réalisation de la conscience, le simple fait d'être conscient, revient

à être capable d'accepter TOUT CE QUI EST, ce qui demande un grand travail.

VI – Alignement et polarisation

S'approcher de l'inconnu voudrait dire arriver à la porte de la perception et être capable de l'ouvrir, et voir. 149

Jeanne de Salzmann

Passé un certain seuil initiatique de l'intégration-alignement du corps / esprit, un minimum congruente avec la la valeur de l'être-total, l'Esprit de l'Absolu peut être connu, goûté, touché, expérimenté, fait sien et

progressivement identifié comme son propre Être à un degré d'indélébilité. C'est sûrement un élément clef de toute pratique spirituelle réelle, sa présence se retrouve et se reconnaît uniformément à tous les stades

historiques des Mystères.150

Michael Topper

Mme de Salzmann décrit ainsi le processus de « l'alignement juste » 151 :

Vous voyez ce côté, le côté mécanique, et vous savez que quelque chose existe de l’autre côté. Qu’est-ce qui peut établir le lien entre les deux ? Quelquefois il est possible de se placer au milieu. […] Pour pouvoir amener une énergie supérieure au contact avec la Terre, l’homme doit avoir une relation harmonieuse, un juste échange, entre ses centres. Tout est en mouvement. Les énergies de nos centres aussi sont en mouvement, mais pas en harmonie entre elles. […] Si même un pied n’est pas correctement aligné, la relation avec l’énergie supérieure peut être rompue.

Sans la relation avec l’énergie supérieure, la vie n’a pas de sens. L’énergie supérieure est le Soi permanent, mais vous n’y êtes pas relié. Pour établir cette relation, il faut générer une substance fine. Sinon l’énergie du corps est trop basse pour établir le lien avec la très haute énergie qui vient d’en haut. Vous devez persévérer —

148 Ra, Op.cit, p.113149 De Salzmann, Jeanne, The Reality of Being, The Fourth Way of Gurdjieff, Boston, Shambhala, 2010, p.163150 Topper, Michael, Op.cit, 517151 Ravindra, Ravi, Un cœur sans limite, Halifax, Shaila Press, 2002

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rester devant le manque. Petit à petit, arrangez-vous pour trouver des conditions qui vous aident. […] La relation entre le penser — le niveau supérieur de la pensée — et le corps est la chose la plus immédiate sur laquelle travailler. Lorsque ces deux énergies s’unissent, il en naîtra quelque chose de neuf. Il faut plus d’intensité et un tempo plus rapide dans le corps pour que sa force puisse égaler celle du penser. C’est seulement à ce moment-là qu’ils pourront être en relation l’un avec l’autre. […] Les idées seules ne peuvent pas nous changer. La vraie transformation est amenée par une énergie plus haute — venant d’au-dessus de la tête — qui entre dans le corps et agit sur lui. Il y a une résistance en tout point conforme aux lois. Petit à petit le corps reconnaîtra que cette transformation est bonne pour lui aussi, alors il coopérera. Il faut lui donner ce dont il a besoin, pas nécessairement ce qu’il désire.

Il y a trois forces — celle du corps, celle du penser et celle du sentiment. Si elles ne sont pas ensemble, également développées et en harmonie, il ne peut s’établir une relation stable avec une force supérieure. Tout dans le Travail est une préparation à cette relation. C’est le but du Travail. L’énergie supérieure veut descendre au niveau du corps, mais elle ne le peut pas sans notre travail. C’est seulement en travaillant que vous pouvez réaliser ce pourquoi vous êtes là et participer à la vie du cosmos. C’est cela qui peut donner un sens et une signification à votre vie. Autrement, vous n’existez que pour vous-mêmes, égoïstement, et votre vie n’a pas de sens. […] Si la cheville ou le bras sont d’une manière plutôt que d’une autre, la liaison est perdue et l’énergie supérieure ne peut pas passer. […] L’énergie supérieure est là mais ne peut descendre que si le corps est disponible et en équilibre, sans tension. […] Tout est là dans le corps. La relation dépend de la disponibilité du corps. Vous devez exiger quelque chose. Vous devez connaître de mieux en mieux votre résistance, celle du corps et celle du penser. […] Le Seigneur est là, mais il a besoin de mon corps pour venir. Le corps n’est pas prêt. Il doit être préparé. Si la tête et le corps sont reliés, alors apparaîtra l’énergie supérieure que les religions nomment Seigneur. […] Le corps ne comprend pas le penser. Si le corps comprend que lui aussi reçoit quelque chose, alors il coopère. Il a besoin d’être un instrument. […] Si l’on est ouvert à un courant vertical, c’est ce qui crée le corps astral. L’autre courant, l’horizontal, est l’énergie du corps physique. L’un des courants n’est pas aux dépens de l’autre ni à sa place. Sans le courant vertical, l’existence n’a pas de sens. Mais sans l’autre courant d’énergie, aucune action n’est possible dans le monde. Pour être complet, un être humain doit être relié à ces deux courants. […] La chose la plus importante est l’attention consciente — de plus en plus fine, de plus en plus forte. […] Tout le travail c’est d’être relié à l’énergie supérieure et de la laisser passer à travers moi, même quand je suis en mouvement. […] Il est nécessaire de maintenir un contact entre le penser et le corps, c’est-à-dire une sensation. Cela permet une ouverture pour l’énergie qui vient d’au-dessus de la tête. Pendant qu’on est en relation avec cette énergie, il y a une sorte de liberté que l’on peut sentir. Autrement, il y a toujours une peur.[…] Le corps est nécessaire pour que le “Je” puisse avoir une action. Ce “Je” peut créer un nouveau corps si la liaison est assez forte, c’est-à-dire si l’on permet à l’énergie supérieure de passer jusqu’en moi. La réponse consciente ou attention, qui procède en moi, qui est personnelle, sert de fil conducteur pour relier le “Je” et le moi. Le “Je” n’est pas personnel. Le “Je” a le pouvoir de m’éveiller et de servir la Terre. La Terre dans son ensemble a besoin d’énergie plus consciente. […] L’énergie qui vient d’en haut est le second corps. On peut la ressentir dans le corps tout entier.

Le potentiel de la conscience dépend de la possibilité d'expression qu'offre le « support »

qu'est la Personnalité, c'est-à-dire, l'interface entre le monde extérieur et intérieur, lui-même

composé des trois « cerveaux » généralement admis par toutes les traditions : le centre

moteur/instinctif, le centre émotionnel, et le centre intellectuel. La relation de ces trois cerveaux est

plus ou moins cohérente, et leur couplage plus ou moins harmonique. Plus la dissociation est

grande, moins la capacité d'interaction avec la réalité est importante, et donc, moins la conscience

de soi est présente.

Il y a trois forces, celle du corps, celle du penser et celle du sentiment. Si elles ne sont pas ensemble, également développées et en harmonie, il ne peut s’établir une relation stable avec une force supérieure. Tout dans le Travail est une préparation à cette relation. C’est le but du Travail. L’énergie supérieure veut descendre au niveau du corps, mais elle ne le peut pas sans notre travail. C’est seulement en travaillant que vous pouvez réaliser ce pourquoi vous êtes là et participer à la vie du cosmos. C’est cela qui peut donner un sens et une signification à votre vie. Autrement, vous n’existez que pour vous-même, égoïstement, et votre vie n’a pas de

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sens.152

Gabrielle Carmi rejoint cette même conception tripartite traditionnelle :

La réunion en méditation des trois principes «volonté», «sagesse», «intelligence» amène au projet, à la réalisation et à la création.La «volonté» = pour soi, ambition ; pour ceux qui dépendent de vous, action.La «sagesse» = l'amour, la connaissance.L’ «intelligence» = la pensée-sensation, une forme de volonté, une possibilité d'action mentale à l'état de veille.Plus l'individualité est développée, plus l'intelligence est un champ d'action et se rapproche de l'intelligence universelle. Le défaut de l'intelligence purement intellectuelle est de se développer au détriment de l'intuition par une compilation de l'esprit gui ne voit plus dans un problème que le côté intelligence concrète en faisant abstraction des données humaines. [...]Pour nous comprendre nous-mêmes, il faut retrouver dans notre conscience de veille les éléments qui sont dans notre moi profond. Les «réaliser» pour que notre équilibre se fasse.C'est notre «non-souvenir» de ce que nous sommes réellement qui crée notre déséquilibre. Nous adoptons souvent une attitude qui n'est pas conforme à notre moi réel, et qui en est même le plus souvent l'expression contraire, provoquée par la défense de l'expression de notre moi réel. On veut résoudre des conflits anciens ignorés de notre conscience de veille qui sont réveillés et souvent très activés par les événements de cette vie-ci. D'où déséquilibre. Ou alors, nous souffrons du sentiment que notre existence et notre valeur réelle ne sont pas reconnues comme elles devraient l'être. Nous le sentons confusément sans en découvrir les raisons profondes.Cela pour plusieurs causes : nous ignorons que notre moi profond est formé de trois principes ou forces. Que seul il se souvient des expériences lointaines, qu'il en est le «résultat», et nous recherchons la cause de notre déséquilibre uniquement dans les expériences de cette vie, ce qui fausse le problème.Les trois parties de notre moi se décomposent ainsi :1 - La volonté qui fait vivre, sentir, agir.2 - L'intelligence qui pense et juge.3 - La personnalité réelle de l'être, résultat de la somme des expériences passées. [...]C'est l'ajustement des trois principes qui ramène l'équilibre.153

L'alignement, ou de développement harmonieux de toutes les parties de la personnalité, est

la voie dite la plus rapide. Elle demande le plein épanouissement de la « brillance » de la conscience

par un effort volontaire de « réparation » ou « renforcement » de chacune des disharmonies ou

faiblesses dans le caractère/la personnalité.

The centers and currents don't really operate as a linear scale of potencies aroused "inturn", giving a recitation of facultative credentials at each respective level before proceeding a notch"upward". Rather, the autonomic energy currents (which normally keep the Conscious axis deflected "offside" through the vital-web of their processes, patterning a compound focal lockin of fixed perceptual distortion in unbalanced ratios of alignment through both "horizontal" an "vertical" axes) may undergo repolarization and functional realignment with respect to the integrative Common Denominator of the cerebrospinal channel. Such a realignment, distributing the multidimensional ratios of current-interaction according to a threshold harmony of integral adjustment, achieves a permissive self-congruence of the Conscious Axis so that—in effect—Its Whole-value becomes available as the overt organizational Term of all possible planes or variable states of manifestation!There is no special significance that adheres to one possible plane or level of perception; there is no "indispensable" field of focus in the compound triangulations of the processing nature-currents. Even the physical field of focus, the plane of ordinary perceptions, becomes theoretically fit to serve as the sufficient occasion or incidental "place" in the Self-knowing of Consciousness, the liberative Awareness of Spirit-Being!

152 Ravindra, Ravi, Op.cit.153 Carmi, Gabrielle, Le temps hors du temps, Paris, Editions J'ai Lu, 1977

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The "secret" is simply this: the requisite, threshold "symmetries" or balanced organizations of the energy-currents through the vertical distribution of centers, may be achieved according to systems of external alignment amongst the centers, or internal alignment within each center!The rotation of energy-tumblers through patterned "locks" of the centers is less frequently associated with the internal readjustment of any given center. Such readjustment establishes a variant alignment of the current-potentials characteristic of the given center, so for example a latent or recessed power of that center is drawn forward and made to "flower". If for instance the particular, adjustive practice was to realign internal patterns of a lower or "vital" center (sequentially one of the first unfolded by the upflowing sakti), some "supernormal" power associated with that center would be potentiated, and available to "demonstration". Such are the ki powers sometimes demonstrated in the martial arts, resulting from characteristic concentration in the tan-tien or vital-abdominal power center.These internal alignments and potentiating, rotational symmetries are less frequent because the various powers they release would, on a collective scale, serve to reorganize the whole potential of the physical field; heretofore this was spiritually verboten since the physical plane had to be kept in a state of 3rd-density "masking" as a stably reliable School of a certain type. While such restriction is somewhat lessened in this time of millennial transit to 4th density, it must still be generally adhered to, as the "lessons" of this focal plane still largely involve the coded restrictions we know as the "way things are".It is, then, the external alignment and symmetric adjustment between and amongst the centers that comprises the minimum and acceptable circumstance of Conscious Self-congruence. It does not require or involve any "sequential unfolding" of purely evolutionary stages. It requires the harmonious alignment of vital, psychic, mental and spiritual centers with the Axis of consciousness. In this way the vital-psychic dimensions of energy and subtle force may still be functionally recessed, locked within the holding-pattern of their particular center; and yet the "ordinary", fixed framework of physical focus may serve as sufficient basis for the direct realization of Whole-Conscious value.Have you ever considered why, under ordinary circumstances, your framework of attention or threshold of awareness is unconsciously restricted to the standard, two-degree field of focus? Have you ever considered why, on top of this, you're seldom if ever directly aware of any "direction" or dimension of your Being other than "straight ahead", in linear canalization of consciousness? why you're never immediately and simultaneously aware of the dimensions "above" and "below", "to the sides" and "behind" etc.? Has it ever occurred to you that the Whole-value of Conscious Identity is not contractually committed to or permanently equated with such a narrow, restrictive field of focus as conventionally characterizes the available magnitude of awareness? What keeps "you" attached to these mechanical boundaries of focus? What reduces down and seems to diminish the Whole-value of absolute Spirit-consciousness, to the dimensions of sequential object-content? to identified equation with the linear association of thoughts? The real function of the energy-current, the developmental nature-pattern, is that of aligning in conformal adjustment and harmonious congruence with the Conscious axis. It is meant to be led, organized, ordered and integrated through the directly governing value of that axis. The "kundalini" is not meant to be worshipped and adored as an independent agency, for on its own, "out of sight" of the direct down-beaming of Spirit Consciousness, it grows only capriciously—and it grows inevitably awry, guided (in its "evolutionary" unfolding) to employ the potentiated form of its coded current in conformance to the oblique perspective of ego-intent. Consciousness is not meant to be locked into enchanted adherence to its ostensibly "phallic" structure, but rather, its structure is meant to be globally organized and aligned with reference to the Whole-value of Consciousness.Notice that standard kundalini-practice necessitates worship of the Sakti-current, continuous adoration of it in order to effectually integrate awareness in lockstep adjustment and adaptation right "behind" it. This "method" merely helps to maintain the illusion of its strict, phallic sequence of "linear" unfolding, as it artificially encloses the force of identity in fascinated correspondence with the flow of facultative "jewels" continuously drawn outof itself.154

Ra donne plus de précisions sur ce point où se rencontrent les énergies inférieures et

supérieures et où donc, se trouve la conscience :

Le concept le plus important à saisir en ce qui concerne le champ énergétique, est que le pôle inférieur ou négatif attire vers lui l’énergie universelle du cosmos. De là elle monte pour être rencontrée par, et subir la réaction de l’énergie spiralante positive qui se dirige vers le bas depuis l’intérieur. La hauteur du niveau

154 Topper, Michael, Op.cit, « Realigning The Line », pp.642-644

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d’activité d’un rayon chez une entité est le locus où l’énergie extérieure du pôle sud est rencontrée par l’énergie spiralante positive intérieure. A mesure qu’une entité devient plus polarisée, ce point monte. Ce phénomène a été nommé par vos peuples ‘la kundalini’. Cependant, il vaut mieux le penser comme étant le lieu de rencontre des compréhensions vibratoires, dirons-nous, cosmique et interne.155

La fonction de l’esprit est d’intégrer l’aspiration vers le haut de l’énergie du mental/corps/esprit avec la descente et l’influx de l’intelligence infinie.156

Mark Hedsel prône de même l'alignement dans le rôle du développement de l'Ego, qui est la

totalité de soi-même.

Le Voie du Fou est la voie de l'Ego en développement. En ésotérisme, l'Ego est le Soi. Ce Soi est une goutte d'eau dans l'Esprit Universel, ou Divinité. Le terme sanskrit manas peut être traduit par "l'individu immortel", ou par "l'esprit supérieur", c'est l'équivalent du vrai Ego. C'est cette goutte d'eau de la Divinité qui a cherché l'expérience par son implication dans la matière. Cette minuscule particule de la Divinité est dirigée vers la matière afin de se percevoir, ou d'acquérir de l'expérience dans le domaine de Sa propre création.

Comme il est en lien direct avec la Divinité, l'Ego pleinement développé est indestructible. Cependant, au travers des effets de l'incarnation, et de l'obscurcissement consécutif dans l'implication avec la matière, l'Ego humain ne reste pas omniscient, comme sa source Divine. En ce sens - dans le fait que sa connaissance cosmique est limitée par le masque 'cagoulé' de l'individualité - l'Ego fonctionne rarement avec son plein potentiel spirituel. D'incarnations en incarnations, l'Ego erre dans ce qu'on doit appeler une obscurité spirituelle en comparaison à la lumière des plans spirituels. Malgré tout, il est possible pour l'Ego de par ses propres efforts, de retrouver son plein potentiel, et d'enlever l'individualité assombrissante de ses yeux. Au sein de la vie - enchaîné au corps physique - l'Ego doit travailler dans la matière avec trois organes, ou 'corps', nommés en ésotérisme l'Astral, l'Ethérique et le Physique, dont nous allons parler bientôt. Ces corps sont contrôlés par l'Ego humain, qui dans la littérature hermétique est décrit comme descendant du Monde Spirituel comme un grand oiseau - un pélican, phénix ou cygne - pour habiter la chair dans le monde matériel. Cet oiseau parait curieux, car il a trois ailes plutôt que deux. L'Ego n'est pas tout à fait seul quand il est lancé à la dérive depuis le monde Spirituel supérieur. Il est accompagné de trois corps Spirituels supérieurs, invisibles à la vision ordinaire. Comme la déesse Vénus, l'Ego est assisté par trois Grâces, une triade d'êtres Spirituels, qui décrivent une danse majestueuse autour d'elle. Dans ces trois êtres, nous retrouvons les trois compagnons Spirituels supérieurs de l'Ego nouveau-né : dans la littérature ésotérique moderne, c'est l'Atman, le Buddhi et le Manas.

L'Ego est tiré dans le royaume terrestre par trois corps inférieurs. Ceux-là à la fois le protègent et le relient au monde matériel.

Cette image de l'Ego, nourri par des puissances Spirituelles, et pourtant plongé dans la matière, n'est pas facile à comprendre. Le résumé du Tableau 1 pourrait clarifier ces relations.

Le diagramme présuppose que l'Ego en lui-même est le verre réfléchissant - une sorte de miroir de potentiel - de sorte que l'Astral en dessous se reflète dans le Manas au-dessus : le Physique se reflète dans l'Atman au plus haut. Cette image miroir établit le développement futur de l'humanité : par exemple, c'est par le développement du potentiel Spirituel dans l'Atman que le physique sera racheté. Parfois, l'Atman s'écrit 'Atma'.

Le physique est le seul corps parmi les sept qui est visible à la vision ordinaire. Tandis que les trois inférieurs s'interpénètrent plus ou moins, l'Ego est situé (dans la mesure où il est actif dans l'espace et le temps) plutôt autour de la tête. Les trois corps supérieurs, sur lesquels l'humanité travaillera dans les époques futures, sont à l'état d'embryon, et sont le mieux perçus comme existant au-dessus de la tête. Cependant, il est erroné de les localiser dans l'espace et le temps.157

Nous avons vus que toute information échappant au prisme de triage de la Personnalité,

155 Ra, Op.cit.,p.125156 Ra, Op.cit, Book I, p.85157

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échappe alors à la conscience, induisant une dissociation qui ultimement, diminue les énergies

vitales jusqu'à la mort. L'objet de l'initiation est de provoquer le changement radical de ce

« prisme » de tri de la réalité. Ce prisme est le corps lui-même, dans son ensemble, qui selon

l'hermétisme est un microcosme à l'image du macrocosme. Le corps est organisé autour des

différents centres subtils appelés traditionnellement « chakras » correspondant à tous les niveaux de

réalité, visible et invisible. Leur état d'équilibre favorise une « couleur » plutôt qu'une autre dans

l'atmosphère subtile de la Personnalité. Dans The Ra Material obtenu par Elkins/Rueckert/McCarty,

on trouve une explication détaillée de la constitution de l'être humain158, et du travail nécessaire à

son équilibrage. Ra définit ainsi le « mental », « corps » et « esprit » :

Ces termes sont des termes descriptifs simplistes qui équivalent à un complexe de foyers d’énergie; le corps, comme vous l’appelez, étant le matériau de la densité dont vous faites l’expérience à un espace/temps ou temps/espace donné; ce complexe de matériaux étant disponible pour des distorsions de ce que vous appelleriez la manifestation physique.

Le mental est un complexe qui reflète ce qui afflue de l’esprit et ce qui émane vers le haut à partir du complexe corps. Il contient ce que vous connaissez comme les sentiments, les émotions, et les pensées intellectuelles dans leurs complexités les plus conscientes. En descendant dans l’arbre du mental nous voyons l’intuition, qui est de la nature du mental plus en contact ou en accord avec le complexe total d’actualité. En descendant jusqu’aux racines du mental nous trouvons la progression de la conscience qui se tourne graduellement de la mémoire personnelle à la mémoire raciale, aux influx cosmiques, et devient ainsi un contacteur direct de cette navette que nous appelons le complexe ‘esprit’.

Ce complexe esprit est le canal par lequel ce qui entre en provenance de tous les divers afflux universels, planétaires et personnels peut être dirigé vers les racines de la conscience, et par lequel la conscience peut être dirigée vers le passage de l’infini intelligent au travers de l’énergie intelligente équilibrée du corps et du mental.

Vous verrez par cette série d’affirmations définitives que le mental, le corps et l’esprit sont inextricablement mêlés et ne peuvent aller l’un sans l’autre. C’est ainsi que nous nous référons au ‘complexe mental/corps/esprit’ plutôt que de tenter de les traiter séparément car le travail, dirons-nous, que vous faites pendant vos expériences se fait par l’interaction de ces trois composantes, et non pas par une seule d’entre elles.159

Selon cette source, chaque individu est l'expression de la conscience au travers de différents

corps. La conscience se manifeste de manière plus ou moins équilibrées selon les corps activés. La

conscience s'exprime différemment selon le niveau d'équilibre de la personne. Il y a sept niveaux, le

rouge étant la physicalité pure, la matière pure, et le violet étant la spiritualité pure, correspondant à

l'Unité160. Entre ces deux pôles sont répartis les formes de vie de tous les règnes de la nature –

158 Ra, Op.cit, en français: http://www.llresearch.org/transcripts/issues/1981_french/1981_0227_book_2.aspx 159 Ra, Op.cit, p.25160 Pour les « degrés de matérialité, vibrations et vide/physique quantique : voir Nicolescu, Basarab, « Gurdjieff's

philosophy of nature », 1997, gurdjieff-bibliography.com

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visible et invisible. Tous les degrés de l'être – corps, émotionnel, mental, spirituel – sont aussi des

niveaux entre ces pôles. Autrement dit, un changement de conscience nous donnerait un corps

différent adapté à cette conscience. Notre perception de la réalité dépend ultimement de notre

niveau de conscience, qui à son tour détermine la manifestation de notre véhicule corporel, lequel

détermine enfin la capacité d'attention et de réception des signaux de notre environnement

(sensibilité). Le corps physique actuel n'étant qu'une des possibilités de manifestation et non un

« fondement ». Cela rejoint le modèle holographique de la conscience :

Le modèle holographique peut également fournir une explication à la conscience, à ce qui fait qu'on peut être conscients de nous-mêmes. Le modèle holographique rend inutile la recherche du siège de la conscience, ou de l'emplacement de la mémoire. Je crois que la conscience n'est pas simplement le résultat de neurones s'activant dans le cerveau, mais plutôt qu'elle réside dans chaque cellule et se manifeste au travers de tous les systèmes de nos corps. Cela devient encore plus évident quand nous considérons le corps comme un système dynamique, énergétique et interactif.161

Je pense que les trois domaines principaux (ce qui rappelle l'idée de l'existence des principes de Corps, Âme et Esprit dans la métaphysique classique) peuvent se combiner et se mêler dans des proportions différentes pour former différents types d'environnement expérimentaux ou ‘univers’ où l'information est décodée et expérimentée par le locus de la conscience. Le principe holographique s'applique ici.162

Il s'agit donc d'établir l'harmonie et l'intégration totale du soi pour ouvrir le corps

(correspondant par analogie au plexus solaire) aux énergies supérieures du double énergétique semi-

physique (correspondant par analogie au chakra cardiaque). Ce processus est comparé à une mort et

une nouvelle naissance. Les chakras sont comparés à une « échelle » sur laquelle l'énergie première,

indifférenciée (rayon rouge) grimpe au travers des filtres des chakras le point polaire essentiel du

7ème chakra (rayon violet), pour se marier à l'énergie descendante cosmique, "pranique".

Les points-pivots fondamentaux de chaque niveau de développement, c’est-à-dire de chaque densité au-delà de la deuxième, peuvent être vus comme suit: premièrement, l’énergie basique du rayon rouge. Ce rayon peut être vu comme le rayon fondamental de renforcement pour chaque densité. Il ne sera jamais dédaigné comme étant moins important ou productif d’évolution spirituelle, car c’est le rayon fondamental.[...]

Le rayon orange est l’influence ou patron vibratoire dans lequel le mental/corps/esprit exprime sa puissance sur une base individuelle. Ainsi donc, le pouvoir sur des individus peut être vu comme de rayon orange. Ce rayon a été très intense parmi vos peuples sur une base individuelle. Vous pouvez voir dans ce rayon le traitement d’autres ‘soi’ comme des non-entités, des esclaves ou du cheptel, n’accordant de la sorte aucun statut à autrui. [...]

Le rayon fondamental suivant est le jaune. Celui-ci est le grand rayon ‘marchepied’. A ce rayon le mental/corps se potentialise vers son plus complet équilibre. La puissante triade rouge/orange/jaune propulse l’entité dans le centre du rayon vert. Celui-ci aussi est un rayon basique, mais non pas un rayon primaire.

Ceci est la ressource pour le travail spirituel. Quand le rayon vert a été activé, nous trouvons que le troisième rayon primaire est à même d’entamer la potentialisation. Celui-ci est le premier véritable rayon spirituel en ce sens que tous les transferts sont d’une nature mental/corps/esprit intégrés. Le rayon bleu assied les

161 Danaos, Kosta, Op.cit162 Piacenza Cabrera, Giorgio, « Uncertainty, New Physics, Universes and the Applicability of an Integral, Noetic

Worldview », 2012, http://www.noetic.org/discussions/open/321/

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apprentissages/enseignements de l’esprit dans chaque densité à l’intérieur du complexe mental/corps qui anime le tout, en communiquant à autrui cette totalité ‘d’êtritude’

Le rayon indigo, bien que précieux, est le rayon sur lequel seul travaille l’adepte, comme vous l’appelez. C’est le passage vers l’infini intelligent qui apporte l’énergie intelligente. C’est le centre énergétique sur lequel il est travaillé dans les enseignements considérés comme intérieurs, et occultes, car ce rayon est celui qui est infini dans ses possibilités. Ainsi que vous le savez, celles qui soignent, enseignent et travaillent pour le Créateur de toute manière qui peut être vue à la fois comme radieuse et équilibrée, sont des activités qui sont du rayon indigo.

Comme vous en êtes conscients, le rayon violet est constant et ne figure pas dans une discussion des fonctions d’activation de rayons en ce sens qu’il est la marque, le registre, l’identité, la véritable vibration d’une entité.

Ra évoque aussi la « polarisation négative » qui, comme la configuration régulière positive,

permet aussi d'accéder à des forces et à une perception supérieures, sans que pourtant le niveau

cardiaque soit activé :

Le modèle négatif de rayons est le rouge/orange/jaune passant directement au bleu, ceci n’étant utilisé que pour contacter l’infini intelligent. [...]

Le rayon jaune est un rayon focal et très puissant, et concerne l’entité par rapport à, dirons-nous, des groupes, des sociétés, ou des grands nombres de complexes mental/corps/esprit. La vibration de ce rayon jaune est au cœur des actes belliqueux par lesquels un groupe d’entités ressent la nécessité et le droit de dominer d’autres groupes d’entités et de plier leur volonté aux volontés des maîtres. La voie négative, comme vous l’appelleriez, utilise une combinaison de rayon jaune et de rayon orange dans ses plans de polarisation. Ces rayons, utilisés de manière exclusive, vont susciter un contact avec l’infini intelligent.

Plus récemment, un architecte géobiologue suisse, Stéphane Cardinaux, a dédié un chapitre

de son livre aux différentes organisations et alignements possibles des chakras. Par ailleurs il est

intéressant de s'arrêter à sa description de la conscience :

Pour moi, la conscience est la capacité à « éclairer » la réalité – visible et invisible – en faisant le lien (rendre conscient) entre le plan matériel et les plans plus subtils. La conscience puise dans les plans archétypaux (le supraterrestre) – causal, spirituel et divin – pour donner un sens aux plans terrestres – mental, astral, éthérique et physique. La conscience est à la fois observatrice et expérimentatrice des processus qui relient les plans entre eux. Elle couvre donc l'être humain dans son ensemble, dans la totalité de ses chakras et pas seulement au niveau mental, d'où émane ce que nous appelons communément « la pensée » qui est liée à la matière, par l’intermédiaire d'un cerveau. La spiritualité est dépendante du 7e chakra car c'est lui qui capte les informations des plans subtils et les fait circuler dans tout le corps.163

A un niveau individuel, la conscience passe donc par un équilibre de soi ou un déséquilibre

de soi, qui mène à l'une ou l'autre des polarisation : positive ou négative. L'accumulation de

l'énergie est liée à la pureté du degré d'orientation vers l'un ou l'autre des pôles service-de-soi ou

service-des-autres. Dans la polarisation positive de la conscience, le seul et unique accès est donc le

rayon vert, le cœur, auquel se fusionne le centre magnétique de la Personnalité : le plexus solaire

163 Cardinaux, Stéphane, Bioénergie, Paris, Editions Trajectoire, 2009, p.74

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fusionne avec le cœur. Ceci provoque un alignement global, l'apparition d'un « haut voltage ». Le

« flux » vital, grâce à cet alignement, « descend » dans le centre émotionnel supérieur (le cœur), et

de là, alimente en énergie le centre intellectuel inférieur (bas de la tête) et le centre émotionnel

inférieur (le ventre/plexus solaire). Puis cette énergie cardiaque grandit et fait le lien entre le plan

strictement matériel (base de la colonne vertébrale) au plan strictement spirituel (haut de la tête), ce

lien représente l'ultime réalisation spirituelle permettant le Grand Œuvre.

Le chemin vers cette étape n'est autre que celui du Cœur. Si tu veux être parmi les hommes vrais, cherche l'union qui procure l'extase ! D'abord, dépasse le Sensible ; puis l'Imaginaire ; puis l'Intellect ; puis le cœur : voici pour toi l'état ! Alors ton âme sera immergée dans cet état ; à cette station, l'affaire pour ton âme sera aisée. Il est en toi cinq demeures spirituelles ; leur harmonie dépend de toi entièrement. La première demeure est celle du Sensible ; la seconde, celle de l'Imaginaire ; la troisième, celle de l'Intellect, lieu du tumulte et du vacarme ; la quatrième est celle du Cœur ; la cinquième, celle de l'Âme, dont l'accès est difficile. Lorsqu'ainsi tu connaîtras ta propre nature, tu pourras risquer ta vie pour la connaissance du divin. Lorsque tu auras dépassé ces cinq demeures ; tu seras le maître des sept sphères ! Tu verras ton être hors de toi-même ; l'intellect et l'esprit, tu les percevras sans intellect et sans esprit : Tu verras tout d'un autre œil ; tu entendras tout et pourtant tu sera sourd […]164

Dans le même ordre d'idées, Stéphane Cardinaux donne une explication de l'alignement qui

rejoint le Matériel de Ra :

Confronté à la mort, la vie prend valeur nouvelle, chose incompréhensible tant que dure la dualité « vie/mort » structurant le schéma « 6/3/1 » (mental/corps). Ce dernier remis en cause, l'individu va, peu à peu, explorer un mode de comportement activant surtout les chakras 7, 4 et 1. Bien ancré dans la réalité, le spirituel est mis au service des autres. Les désirs personnels passent au second plan car ce qui est bon et juste pour les autres l'est aussi pour soi – et vice versa. […] L'axe énergétique vertical prend alors de l'ampleur, le champ vital augmente et la conscience s'élargit. Le corps lui-même se redresse physiquement [….] Avec un mode de fonctionnement « 7/4/1 » puis finalement, « 7 à 1 » (tous les chakras), l'individu se relie à tous les plans de conscience. Il y a cohérence entre ses pensées et ses actes, entre les informations qui lui parviennent, son ressenti et le vécu de son corps physique : tout ce qu'il expérimente fait sens […] tout est sacré, tout est vivant – la conscience est partout.165

Michael Topper montre aussi en quoi il est extrêmement difficile de s'aligner sur ce vide,

dans son article « Mind/Brain behaviors » :

Une Autre Polarisation des Systèmes de Conscience

Nous pourrions exprimer ainsi la situation : la fonction de la conscience directe, holistique, créative et volitive est positivement corrélée à un pattern spécifique de l’activité du système autonome ou subconscient lorsque le mode parasympathique est favorisé. Lorsque est établi un ratio dont les patterns favorisent le système sédatif (parasympathique), les systèmes nerveux subconscients/autonomes fonctionnent de façon plus alignée avec l’axe conscient et volitif, et en en sont donc des fonctions intégrées plus harmonieusement. Les états de conscience éveillés et les valeurs plus intégrales de la volonté sont, de ce fait, indéniablement propres à un spectre spécifique de ratios d’organisation entre les branches sympathiques et parasympathiques des processus subconscients.

Au contraire, nous pouvons postuler que les niveaux les plus bas de conscience, favorisant l’activité prédominante des ondes bêta au travers du cerveau gauche analytique, sont les fonctions d’un patterns neuro-

164 Attar, Le livre de l'épreuve, Paris, Fayard, 1981, p283165 Cardinaux, Op.cit., chap. « Initiation – l'intelligence au service du cœur », p.137

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végétatif chronique verrouillant les cycles de cognition dans des états d’attention limitée, de nervosité superficielle, couplé avec des syndromes dominants de fuite ou d’attaque du système excitatoire.

Les niveaux inférieurs de conscience fonctionnant avec la prédominance du cerveau gauche sont ensuite encodés dans les patterns métaboliques des processus autonomes, déplaçant presque l’être (multidimensionnel ou de valeur totale) de conscience volitive d’une auto-congruence intégrale avec son propre axe, le polarisant en réalité en des codes d’identification relativement primitifs par un blocage vital dans le sens inverse à celui de l’adaptabilité plus profonde et complémentaire du système en tant que tout.

Pour le dire encore autrement : lorsque les patterns de pensée fonctionnent à un niveau d’unité harmonique relativement bas, affichant une attention relativement faible/fluctuante dans le spectre de la conscience de veille (mise entre parenthèse par les paramètres "inconnus" des cycles plus profonds d’ondes cérébrales dont l’activité est placée en retrait), nous pourrions envisager que la valeur-Vide de la Conscience auto-congruante coïncidant avec l’axe central est déplacée ou "écartée", fonctionnellement piégée en tant que code cognitif configurant le cadre de son identité au travers des ratios-d’interaction des plexus frontaux méditant leurs propre activité viscérale.

A l’inverse lorsque les patterns de pensée sont intégrés à un haut degré fonctionnel de conscience de valeur totale opérant grâce à la dominance des cycles alpha, thêta et delta, nous pourrions envisager que les processus autonomes sont harmonieusement alignés avec un ratio optimal stabilisant adaptativement la valeur-Vide de la conscience en une congruance réceptive-vigilante avec son propre axe, prouvant en effet que les systèmes subconscients sont des fonctions et harmonies intégrales du système de la Conscience de valeur-totale (ou canal cérébro-spinal vertical, multidimensionnel).

La Question de la Conscience-du-Vide

Nous pourrions nous demander, alors, ce qui nous empêche d’atteindre une telle stabilisation maximale et harmonie positivement polarisée, dans laquelle les systèmes autonomes ou subconscients sont intégrés et respectent avec obéissance la Valeur de l’axe conscient d’où dérivent leurs courants polarisés ?

Les décennies d’expérimentations avec les patterns d’ondes cérébrales nous apprennent que plus on en vient à "quantifier" les amplitudes fiables de l’activité réellement éveillée/créative, plus on a de chance de rencontrer les profonds niveaux thêta ou delta habituellement associés à l’inconscience ou au sommeil (l’association a été faite car précisément ils sont communs au-delà du champ et de la portée du cadre étroit de concentration de veille des ondes bêta et sont donc détectables seulement lorsque l’orage des ondes bêta est réduite au silence durant le sommeil). Ainsi les états profonds thêta et delta sont les expressions d’une valeur opérative, naissante, de la conscience-du-vide directement-éveillée, c’est-à-dire la valeur totalisante de l’axe cérébrospinal au travers duquel tous les patterns cognitifs, quels que soient leur champ, sont nécessairement polarisés.

Pourtant la conscience-du-vide, directement connue (plutôt qu’indirectement utilisée comme facteur central "d’indétermination" dans les variables fluctuantes de l’action volitive ou volontaire) est démasqué de ses patterns habituels, accoutumant et donc chroniques, de cognitions stylisées — symboliquement représentatifs. Elle constitue précisément, par son propre mécanisme introspectif s’éveillant à sa valeur centrale, le Territoire de l’Inconnu. Etant intrinsèquement indéterminée, "non-programmée", elle n’est pas réductible à un pattern connaissable ou à un programme appris, elle est dans l’approche qu’elle adopte envers sa propre appréhension-de-soi d’une magnitude discutable. Elle n’apparaît pas au début comme une conviction (car la "certitude" est depuis longtemps devenue par défaut le domaine des patterns stochastiques ou répétitivement-accoutumant de l’identification polaire) mais un Point d’interrogation. Et pour la conscience normative depuis longtemps accoutumée par habitude, un point d’interrogation équivaut à un Doute.

Tout d’abord donc, les niveaux de thêta et delta ouvrant sur les magnitudes directes de la conscience-du-vide auto-révélatrice, représentent pour les niveaux de la conscience habituée un degré critique d’incertitude. Ils comportent un seuil d’appréhension, une reconnaissance de soi pas qui n’est pas -au début- réjouissante. C’est la vraie raison (autrement inexplicable) pour laquelle les chercheurs ont associé les états thêta aux épisode épisodes émotionnels aberrants au début de leurs recherches dans le nouveau domaine des ondes cérébrales. Sans l’aide des études plus tardives sur l’état de conscience méditative, les chercheurs ont rapidement appris que dans des conditions ordinaires et en suivant des sujets ordinaires, l’irruption d’états thêta indiquait des épisodes de peur et de colère, qui accompagnent habituellement des émotions, souvenirs, craintes,... enfouies ou refoulés. Pourquoi alors, plus tard, lorsque un vaste suivi de sujets méditants montra l’importante participation de patterns d’onde thêta soutenus lors des états de relaxation méditative profonde, sembla-t-il y avoir un tel décalage avec les études antérieures de sujets ordinaires (non-méditants) ?

Ce Qui Nous Fait Éviter Le Vide

L’interprétation des initiés révèle la raison de ces décalages apparents, et montre qu’il ne s’agit pas du tout

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d’un décalage mais d’une clé — une clé donnant la réponse à ce qui nous empêche potentiellement d’atteindre l’harmonie optimale de systèmes nerveux intégratifs au service durable de la valeur de la Conscience.

Si, comme nous l’avons vu, les profonds patterns d’onde thêta et delta représentent le seuil de "l’inconnu" (une sorte d’état avant-coureur de la conscience-du-vide directe) alors évidemment, durant le processus d’enculturation en particulier, lorsque les jeunes systèmes tentent de constituer des patterns mémoriels stables, homéostatiques, de toutes les magnitudes disponibles dites fiables, les diverses impressions reçues normalement durant le processus d’apprentissage qui peuvent être interprétées comme des menaces à l’homéostasie psychique tendraient naturellement à verrouiller ou s’encoder dans les programmes inconscients au niveau thêta - après que toute relation menaçante avec l’ordre stabilisateur des patterns d’ondes bêta ait été préalablement masquée, régulièrement refoulée sous le seuil surface de l’appréhension consciente auto-réflexive (donc les ondes "thêta" tendraient uniquement à surgir, chez les sujets "ordinaires", sous la contrainte d’une réminiscence émotionnelle etc.) ; et lorsque de plus l’impression menaçante serait placée dans la catégorie générale de "l’inconnu", c’est-à-dire l’inattendu, l’imprévu, l’indésirable, l’imprévisible etc.

C’est en effet pourquoi les ondes thêta (et delta) sont associées à une profonde créativité ; la créativité fonctionnant le plus librement et profondément dans l’expression directe de la variable indéterminée ou "inconnue" ; nous pouvons donc en déduire que le processus ordinaire de l’enculturation, ou la stabilisation vécue par tout le monde des normes acceptables du "connu", tend même temps à poster des gardiens enfouis, inconscients, devant les portes profondes de cet Inconnu qui pousse à la créativité, cassant l’amplitude des ondes thêta (qui représentent ce seuil de la Réalité créative consciente-du-Vide et de tous ses corrélats paranormaux) par de féroces et repoussantes sentinelles, affreuses prétoriennes colériques du déni auto-protecteur. Ainsi le processus d’enculturation tel qu’il est actuellement pratiqué et transmis par les parents, tend à être nettement anti-créatif. Il met en place des blocages en s’appropriant l’onde créatrice (les "amplitudes" de la valeur-du-vide) et en l’obligeant à servir d’unité de patrouille inconsciente contre elle-même.

Cela devrait néanmoins nous donner une idée de ce qu’il arrive quand on médite sur l’approche d’une intégration positive, optimale, et d’un alignement des centres de flux inconscients avec l’axe conscient (provoquant tacitement le déplacement concomitant vers le cerveau-droit, le pattern d’approche gestalt et les magnitudes hautement créatives des ondes thêta/delta aboutissant à l’abîme-du-vide de l’Inconnu - en effet les chercheurs postulent maintenant que l’apparence de l’activité thêta et delta chez les guérisseurs et clairvoyants consiste justement en une tentative d’incorporer l’Inconnu). Nous pouvons voir qu’en méditant sur ce changement salutaire un lion barre le chemin - un lion plus ou moins grand selon la personne, selon le degré établi de refoulement et de réaction de peur incorporée au fonctionnement du complexe psychique. Partout où l’indice de cette plus grande magnitude d’Être est suggéré (correspondant objectivement à l’activité thêta/delta), pour certains c’est déjà trop, le spectre de l’Inconnu devient tout de suite écrasant, excédant, et submerge le système d’énormes patterns de réaction de peur.

Exploration Furtive Du Territoire de l’Inconnu

Prenez quelqu’un fonctionnant manifestement sur une base plus ou moins continue d’un mélange de patterns d’ondes cérébrales favorisant les ondes thêta et parfois même de profondes ondes delta. Comme une telle personne fonctionne de manière holistique sur des niveaux qui sont par définition associé aux forces psychiques et aux activités "de longueur d’onde" transpersonnelles, il est plus que probable que même la personnalité la plus fermée/défensive sentira quelque chose... la présence vaguement inquiétante juste de ce facteur opératif de X-l’Inconnu corrélé aux Thêta, etc. En effet une personnalité réactive et syndromatiquement fermée sur elle-même est sans doute la plus susceptible de ressentir cette valeur supernormale dans la présence d’une telle personne, puisque en un sens elle est si négativement sensible à ce niveau au travers de l’anxieuse surveillance de la peur. La sentinelle de la peur profondément enfouie détecterait rapidement la présence éveillée ou directement-active de cette valeur supernormale par le biais de l’intermédiaire en question. Mais n’étant sensibilisé à ce seuil que sous la forme d’une réaction de peur inconsciemment encodée, le sujet n’identifierait sa présence active que par cette norme d’interprétation. La personnalité craintive ne peut qu’inconsciemment "intercepter" cette présence en tant que menace, incursion potentielle du territoire obscur, Inconnu.

Elle serait non seulement extrêmement effrayée de s’approcher d’elle-même de ce territoire ; mais aurait aussi tendance à redouter et craindre instinctivement quiconque lui suggérant de façon subliminale la Présence réelle, éveillée de cette valeur "terrible". [...]166

En passant, la même crainte de l'inconnu est décrite par Jeanne de Salzmann :

166 Topper, Michel, Mind/brain behaviors, The New Thunderbird Chronicle, Vol. 1, No. 7

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Lorsque la Réalité s’approche de nous — non pas les petites choses que nous nommons ainsi avec sérieux —, mais la vérité objective intemporelle sur ce qu’est l’homme et ce qu’il est destiné à être — nous la fuyons automatiquement et fuyons ce qu’elle nous montre sur l’insignifiance de notre ego. Et pourtant sous la surface de notre persona socialement constituée, notre ego, il y a cette même connaissance calme, comme une chaleur, un indice de joie. Le Jeune Eliot ressent de la terreur, la terreur d’être visité par une force infiniment supérieure à sa compréhension ; la terreur d’être vu par ses propres yeux ! […] Il existe une forme de peur totalement différente de la peur que notre éducation et monde psychologique a introduit en nous : une peur de la vérité objective.

Nous Occidentaux, sommes adaptés à vivre dans un milieu conflictuel et peu propice au

recueillement, mais ce sont justement des conditions dont il faut se servir pour catalyser le

développement de soi par un meilleur équilibre. La quête initiatique dans un monde moderne

provoque l'accélération des épreuves, d'où le besoin proportionnel d'intégration des expériences.

Toujours cet art sacré de l'équilibre...

VI – Maintenir la vibration dans la société

La conscience est l'attribut de la créativité. Ce n'est pas seulement le pouvoir de connaître, de percevoir, de sentir ; c'est aussi la capacité de créer et, chez l'homme, de vouloir. 167

John C. Pierrakos

L'homme se place habituellement sous l'influence de la société, qui lui offre un soutien mais

ne peut satisfaire son développement. La société possède un « inconscient collectif » et aussi une

« perception collective » déterminée par l'ensemble des consciences reliées à un niveau profond168.

La perception d'un peuple se « normalise » donc autour de son « âme collective » comme l'ont

montré Théodore Illion, John Baine, Gustave Le Bon, et bien sûr, Carl Gustav Jung. Il est difficile

d'y résister à moins d'être totalement intégré :

Seul peut résister à une masse organisée le sujet qui est tout aussi organisé dans son individualité que l'est une masse. Je me rends parfaitement compte combien une telle phrase doit paraître incompréhensible à l'homme d'aujourd'hui. Il a oublié la notion qui avait cours au Moyen Âge que l'homme est un microcosme, pour ainsi dire une image en réduction du grand cosmos. […] L'homme a en lui les correspondances du vaste monde, grâce à l'activité réfléchissante de sa conscience d'une part, et d'autre part grâce à sa nature instinctive héréditaire, archétypique, qui l'inscrit dans le monde ambiant.169

Le perception collective d'une réalité commune, Martha Rose Crow l'explique ainsi : « La

réalité collective, ce sont ces endroits où il y a une intersection entre la réalité courante et les

167 Pierrakos, John C., Le noyau énergétique de l'être humain, Paris, Sand, 1991168 Comme expliqué par Lynne McTaggart, dans Le Lien quantique, Macro Editions, 2012169 Jung, C.G., Présent et avenir, Paris, Buchet/Chastel, 2004, p.60

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réalités des autres. » Quiconque entrant dans le domaine d'influence d'un peuple se retrouve

influencé subtilement par le mode de perception de ce peuple.

C'est, selon Kaufmann, dans le concept d'habitudes que la sociologie doit trouver ce principe d'articulation de l'individuel et du collectif. Les habitudes constituent l'ensemble des schémas mentaux incorporés dans l'inconscient de l'individu, qui régulent et rendent possible son action. Ce patrimoine d'habitudes, d'images mentales, l'individu ne le construit pas seul face à lui-même, mais principalement par la confrontation aux modèles que lui renvoie quotidiennement le monde social. Mais, insiste J.-C. Kaufmann, si notre structure mentale est essentiellement façonnée par le monde social, cette socialisation du psychisme individuel n'est en rien « totalitaire », uniforme. L'individu intègre des normes sociales diversifiées et souvent contradictoires, son action étant ainsi perpétuellement tiraillée entre des schémas mentaux parfois opposés.170

En se construisant, la Personnalité s'adapte à ce mode normatif de perception, et, ce faisant,

se retrouve prisonnière d'un monde illusoire répondant aux désirs – plus ou moins artificiels – d'une

collectivité, ce que Mouravieff appelle la « Loi Générale ». Les désirs de la collectivité deviennent

les désirs de la Personnalité. La Personnalité est d'autant plus tiraillée par la multiplication de ces

désirs qui ne sont pas ceux de l'âme. Olga Kharitidi montre ainsi en quoi le regard des autres forme

le regard de soi-même :

"Je souhaite en savoir plus sur comment nous nous créons nous-mêmes. Je commence à comprendre comment nous créons notre propre réalité. Maintenant je veux apprendre ce que tu entendais par créer l'être qui vit dans cette réalité.""Regarde toi et les autres personnes autour de toi. La seule et unique chose que font les gens tout le temps est d'essayer de construire leur Soi. Tout le monde parle sans arrêt à cet être changeant, évoluant, essayant de le former.""Les gens ont trois précédés principaux pour ce faire. Ils se parlent dans leur tête du passé, le reconstruisant en changeant ou effaçant les choses qui ne correspondent pas à l'être qu'ils essayent de créer et en donnant de l'importance aux choses qui l'aident. Ils pensent aussi au futur, imaginant ce qu'ils vont faire, à quoi ils vont ressembler, ce que seront leurs possessions, et comment ils seront acceptés par les autres.""La troisième chose que font les gens est en rapport à ce qui les relie au présent. Inconsciemment, ils sont toujours conscients de la perception que les autres ont de ce qu'ils sont et ce qu'ils font, et ils y réagissent continuellement. Certaines de ces réactions soutiennent leur sentiment du Soi, tandis que d'autres le démolissent. Ils voient que certaines personnes sont attirées par eux et que d'autres ne le sont pas. La plupart du temps, quand ils sont avec des personnes qui ne soutiennent pas leur sentiment du Soi, ils éprouvent ce qu'on pourrait appeler une aversion. A l'inverse, quand ils éprouvent un soutien d'eux-mêmes par les gens autour d'eux, ils se mettent à aimer ces gens en particulier. De la sorte, les gens combinent le passé, le présent et le futur pour se créer eux-mêmes. Si tu es attentive, tu remarqueras que ça se produit dans toute personne et dans toute situation. Regarde autour de toi. Tu remarqueras de nombreux exemples.""Mais quand tu as réalisé tout ce que tu pouvais sur ce procédé, alors tu en viendras à l'existence de l'autre Soi, qui est conscient de tout cela mais indépendant. C'est ton Soi du Cœur, et c'est là où commence la magie et la vraie liberté. C'est la source du grand art du choix."171

Nous avons vu que le développement de la conscience suppose la séparation d'avec cet

ensemble vivant qu'est « l'âme de la foule », cet « œuf cosmique » qu'il faut briser comme le

rappelle Joseph Chilton Pearce dans The Crack in the Cosmic Egg172. Celui-ci va à l'encontre d'un

170 Lellouche, Serge, compte-rendu de lecture « d'Ego, Pour une sociologie de l'individu », op. Cit., p77171 Kharitidi, Olga, Entering the Circle, New York, HarperOne, 1996172 Il définit la culture comme un "œuf cosmique" ordonnant la perception de l'univers.

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haut niveau de conscience :

La presse, le cinéma, la télévision, la radio, la publicité, les vitrines, l'endoctrinement politique et religieux, tout recouvre une conspiration bien organisée destinée à maintenir le sommeil hypnotique. L'utilisation de couleurs vives, de métaux brillants, de publicité à néons, de formes architecturales fantaisistes, et la succession interminables d'images visuelles retient l'individu dans un "piège mental". Cependant, les vrais mécaniques de l'hypnose sont produits dans la sphère psychique de l'individu et en particulier dans le champ imaginatif.173

Bernanos le réaffirme en disant que « l'on ne comprend absolument rien à la civilisation

moderne si l’on n’admet pas tout d’abord qu’elle est une conspiration universelle contre toute

espèce de vie intérieure. » On apprend dès l'enfance à quitter la « subjectivité » personnelle pour

rejoindre la « subjectivité » collective (nommée « objectivité ») et qui est en fait un « moule »

fabriqué pour nourrir le fonctionnement destructeur de la société.

La seule vraie différence entre ce qu'on appelle l'expérience subjective et objective est définie par la position de l'attention. Les gens ordinaires font toujours une énorme différence entre les expériences intérieures et extérieures, et tendent à considérer comme « objectifs » les seuls événements extérieurs. Cela se produit car l'attention de ces gens n'a pas été formée à se concentrer sur la réalité intérieure, y compris les rêves.Un enfant ne développe que les modes d'attention qui sont soutenus par la majorité. Les gens apprennent durant la vie à joindre leur attention à l'attention des autres pour voir la réalité de la même façon que tout le monde. Quand ils vont dormir et entrent dans l'état de rêve la nuit, ils se retrouvent seuls, et à moins d'avoir eu un entraînement spécial, leur attention de rêve est faible. L'expérience est moins tangible, car ils y mettent moins d'énergie pour la générer. Ils disent que c'est subjectif et non réel. […]Il faut beaucoup de pouvoir pour apprendre pour soi que l'importance de la réalité et de l'expérience ne dépend pas du soutien des autres, mais de la capacité que l'expérience a de toucher et activer les modes les plus profonds de transformation en vous.174

Un facteur clef de cette « conspiration universelle » est la présence d'individus

pathologiques à la tête des masses somnambules175. La conscience individuelle est donc encore plus

dévalorisée, inacceptable dans un système « d'âme-groupe »176 industrieuse aux allures de ruche. La

hiérarchie se « nourrit » de la force d'attention dont l'âme est dépossédée. L'attention est une force

qui est détournée par le principe entropique, à la fois à un niveau matériel (rapports sociaux) et

spirituel (prédation énergétique)177. L'information est une nourriture, et vice versa. Comme

l'explique Michael Topper, les systèmes hiérarchiques autoritaires provoquent l'effondrement de la

liberté d'expression car « l'information » nécessaire à cette liberté disparaît chez les individus

soumis à ce régime.

173 Baines, John, The science of love, New York, John Baines Institute, 2008174 Baines, John, Op.cit, p.205175 Lobaczewski, Andrew M., Ponérologie politique, Castelsarrasin, Pilule rouge, 2006176Le concept d'âme-groupe se retrouve dans celui d'égrégore, voir par ex, Abellio, « Etat dévotionnel et voie

gnostique », http://sophia.free-h.net/spip.php?article179 177 On remarquera ici que quiconque s'éveillant devra faire face à ces « attaques », : « Le disciple devra lutter contre

toute l'opposition qui surgira de ceux au service de la bête. Cela peut être des amis, connaissances, conjoints, frères, sœurs, ou parents, qui tenteront par tous les moyens possible de dissuader sa résolution. » John Baines, Op.cit, p. 211

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Même si leur nombre n’atteint pas dix fois celui des aliénés et des criminels manifestes, leur pourcentage relativement faible comparé à l’ensemble de la population ne s’en trouve pas moins largement contrebalancé par la nocivité toute particulière de tels individus. Leur état d’esprit en effet correspond à celui d’un groupe ou d’une masse en état d’excitation collective, en proie à des préjugés affectifs et à des phantasmes qui les portent à prendre leurs désirs pour des réalités. Au sein d’une telle masse ce sont les éléments asociaux qui sont les adaptés : ils s’y sentent comme des poissons dans l’eau ; leur vécu personnel, leur expérience intime, leur ont déjà appris le langage et le maniement de tels états affectifs.178

La société valorise principalement le processus qui fige la conscience dans le moule

perceptif de la Personnalité. En d'autres termes, l'individu n'a pas l'énergie suffisante pour une

évolution adaptative intérieure179 et doit utiliser les mêmes réseaux neuronaux qui réactivés en

permanence font péricliter le potentiel du cerveau. L'individu se lie de plus en plus profondément

dans la matière et ainsi, « s'endort ». Conserver l'énergie pour redéployer ses facultés de perception

est donc la clef du voûte d'un parcours initiatique au sein de la société.

Dans la conception de don Juan, le fait que nous soyons piégés en traitant notre perception pour nous conformer À un moule social perd tout pouvoir dès l’instant où nous réalisons que nous avons accepté ce moule, héritage de nos ancêtres, sans même nous soucier de l’examiner. Pour nos ancêtres, percevoir un monde d’objets solides pénétrés de valeur soit positive, soit négative, avait résulté d’une nécessité absolue de survie, dit don Juan. Après une éternité d’usage d’une perception ainsi conditionnée, nous sommes aujourd’hui dans l’obligation de croire que le monde est fait d’objets.Je ne peux pas concevoir le monde fait autrement, don Juan, plaidai-je. Sans ambiguïté, c’est un monde d’objets. Pour le prouver, il suffit de se cogner dessus.- Bien sûr, c’est un monde d’objets. Nous ne nions pas cela.- Que prétendez-vous alors ?- Je prétends que c’est en premier lieu un monde d’énergie ; ensuite c’est un monde d’objets.

Notre façon de percevoir est celle du prédateur, me déclara-t-il une autre fois. Une manière très efficace d’évaluer et de classer nourriture et danger. Mais là ne réside pas l’unique façon de percevoir dont nous sommes capables180

A propos de la conservation de l'énergie, Manly P Hall explique :

Le but de l'énergie est d'animer toutes les parties de la nature; de fournir l'essence même de la réalisation -- la vie elle-même. La plupart des gens portent très peu d'attention à l'allocation de leur énergie. Ils perdent l'énergie sans distinction jusqu'à ce qu'elle soit partie et qu'ils se demandent sérieusement pourquoi l'univers les a affligés. Les études sérieuses des métaphysiciens commencent lorsqu'ils ont atteints ces années où l'énergie décline. L'exubérance de la jeunesse est passée, le labeur et la responsabilité ont pris leur dû, et il est nécessaire d'organiser les ressources et conserver toute la vie pour le but principal de vivre et de s'illuminer.

Cette économie de l'énergie s'élabore par la une simplicité des actions, des gestes etc. Manly

P. Hall prend la mer comme exemple : la mer comme notre vie avec tous ses aléas, ses vents, les

émotions, opinions, orages d'inquiétudes et terreurs de tous les jours... Et pourtant il est possible de

178 Jung, C.G., Présent et avenir, Paris, Buchet/Chastel, 2004, pp.7-21179 « Adaptative unconscious »180 Castaneda, Carlos, L'Art de rêver, Paris, Gallimard, 1993 p.18

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maintenir une île de calme lorsque le corps et l'esprit forment un « enclos »181 pour se protéger des

influences extérieures. C'est ce qu'exprime le symbole du « 8 »182, le symbole de la cape, ou

manteau des adeptes, qu'ils referment sur eux pour se recueillir intérieurement. L'initié Appolonius

de Tyane après avoir refermé son manteau de laine, voyageait dans son second corps où il le

désirait.

Cette "clôture des forces vitales en soi" signifie que l'individu doit en toutes choses se conserver lui-même; car personne ne peut accomplir un haut degré d'accomplissement spirituel s'il disperse ses ressources. Nous devons nous souvenir que la méditation et la conscience utilisent pour leur réalisation la même énergie que celle utilisée pour les occupations et préoccupations de la vie.

La récupération de l'énergie demande donc un double travail de séparation des sources

entropiques et d'alignement sur le principe positif :

De nombreux humains sont désaccordés car ils ne font que prendre, au lieu de donner et prendre. Quand les humains prennent de la nature et n'expriment par leur appréciation pour ce qui a été donné, ils se coupent eux-mêmes de certains aspects de leur propre nature. Ils vivent une existence stagnante plutôt que circulaire. Quand les humains font joyeusement partie de la grande symphonie de la vie il y a liberté et croissance. Mais quand les humains s'accaparent et méprisent ce qui est si librement donné, ils s'en séparent eux-mêmes. C'est là que commence la mort. La mort est un aspect de la conscience humaine qui n'est pas en mouvement et pas en communication avec le flux et la vitalité de tous les niveaux d'énergie.183

Nous tendons vers la vie pour prendre, pour s'opposer, pour maîtriser. Toutes nos affirmations sont dans les tensions. Mais ces tensions nous séparent d'une énergie subtile, une réalité plus essentielle. […] Notre attention ne peut jamais avoir d'action s'il y a une résistance tendue dans le corps. 184

Le Dr John C. Pierrakos, inspiré par les thérapies reichiennes, explique que lorsque l'égo

soutire et disperse l'énergie du noyau énergétique pour son propre compte, dans le but de le

conformer à l'environnement, il le « tue » petit à petit, ce qui apporte blocages et maladies.

Lorsque la périphérie [énergétique du corps] est «blindée » par les blocages, l'aptitude de l'organisme à métaboliser l'énergie extérieure est affaiblie, et les blocages inhibent la phase de charge du cycle réciproque en perturbant la force vitale des vortex de captation. Le centre énergétique peut s'effondrer totalement ou en partie et devenir indistinct ou invisible […] La baisse de conscience qui déforme la réalité intérieure se double d'un affaiblissement de la perception du monde extérieur ; et les blocages d'énergie constituent un cercle vicieux, un symptôme qui se nourrit de lui-même – une névrose ou une psychose.185 […] Nous privons ainsi notre noyau d'une part de la force vitale indispensable à son fonctionnement ; et nous privons les vortex de réception du mouvement provenant du noyau qui entretient leur réceptivité.186

181 Autrement nommé « strategic enclosure »182 Cf aussi John Baines, Op.cit.183 Leslie Wieder, June, Song of the spine, sound healing & vibrational therapy, Charleston, Booksurge publishing,

2001, p.116184 De Salzmann, Jeanne, The Reality of Being, The Fourth Way of Gurdjieff, Boston, Shambhala, 2010, p.64185Ce qui est confirmé par l'alchimiste Cyliani : « [La médecine universelle...] rétablit l'équilibre et permet à l'esprit

d'entrer et de sortir librement à travers notre propre forme comme l'eau à travers une éponge ; car le dérangement de notre corps ne vient uniquement, exception faite des indispositions mécaniques, que des courants de la vie qui ne peuvent librement circuler. » Cyliani, Hermès dévoilé, Paris, Editions traditionnelles, 1982, p.22

186 Pierrakos, John C., Le noyau énergétique de l'être humain, Paris, Sand, 1991, p.109

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Ce que provoque l'état de tension, l'état « défensif », est la dispersion des énergies dans un

cercle fermé d'auto-contemplation alors que ces énergies auraient pu être utilisées pour développer

une plus grande sensibilité et un corps subtil. Gurdjieff explique que l'organisme produit tous les

jours une énergie bien supérieure à ce qu'exigerait la dépense normale, mais qu'avec notre vie

anormale, nous la dépensons en pure perte.

Si un homme souffre de tensions chroniques, alors, même s'il ne fait rien, même s'il est étendu, il dépense plus d'énergie qu'un homme qui passe toute une journée à des travaux physiques. Tandis qu'un homme qui n'a pas ces petites tensions chroniques ne gaspille certainement pas d'énergie quand il ne travaille pas ou ne remue pas.

Demandons-nous maintenant : y en a-t-il beaucoup parmi vous qui soient libres de cette terrible maladie ? […] Presque tous, nous avons cette charmante habitude.

N'oublions pas que cette énergie dont nous sommes en train de parler si facilement, et que nous gaspillons involontairement sans aucune nécessité, est l'énergie même dont nous avons besoin pour le travail que nous avons l'intention d'entreprendre. Sans elle nous ne pouvons rien accomplir. [….]

Nous dépensons toujours plus d'énergie qu'il n'est nécessaire, en utilisant des muscles dont nous n'avons pas besoin, en laissant nos pensées tourner en rond, et en réagissant trop avec nos sentiments.

Relâchez vos muscles, n'utilisez que ceux qui sot nécessaires, tenez vos pensées en réserve et n'exprimez vos sentiments que lorsque vous le voulez.

Ne vous laissez pas affecter par les apparences, elles sont inoffensives par elles-mêmes.

C'est nous qui acceptons d'être blessés.187

En effet, la Personnalité a pour habitude de sélectionner ce qu'elle se permet d'éprouver, en

faisant abstraction de tout le reste. Ce déni psychologique de la Personnalité188 est l'état que

Wilhelm Reich appelle « cuirasse émotionnelle », un état de tension où l'énergie ne parvient à

s'exprimer librement. La surévaluation narcissique suppose des mensonges à soi-même nécessaires

au maintien de ce déséquilibre. Le résultat est un développement unilatéral de l'homme.189 Celui-ci

est automatiquement destructeur :

Nous opérons dans quatre domaines distincts : le physique, le mental ou intellect, l'affectif ou émotionnel, et le spirituel […] L'ego […] fonctionne de façon positive et créative quand il est en phase avec les quatre plans humains et en harmonie avec le reste de l'humanité et de l'environnement. Il fonctionne de façon négative quand il surdéveloppe un ou plusieurs domaines aux dépens des autres et de l'environnement. […] Les quatre aspects de l'existence humaine recèlent un énorme pouvoir positif quand l'ego s'empare de l'un ou de plusieurs au détriment des autres. C'est aussi vrai pour la société que pour les individus.190

187 Gurdjieff, G.I., Gurdjieff parle à ses élèves, Monaco, Editions du Rocher, 1985, p.153-153188 A l'opposé du déni, la connaissance de soi dépend de ce que l'on VOIT : « The primary change is the seeing and

accepting what is seen, in the midst of our manifestations. Seeing without judging, with impartial interest, is a feature of consciousness and the stream of intentionality. » Briggs in « Opie’s study of Michael Currer-Briggs », 08/2011, http://gurdjieffbooks.wordpress.com/2011/08/03/approaching-inner-work-opies-study-of-michael-currer-briggs/ L'intégration est synonyme de conscientisation, dévoilement, révélation, c'est-à-dire que le simple fait de « voir », d'attester de l'existence d'une chose, renforce la conscience du Moi.

189 Gurdjieff, Op.cit , p.111 190 Pierrakos, Op.cit, p.142

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Comme le dit aussi Jeanne de Salzmann :

Essayez un moment d'accepter l'idée que vous n'êtes pas ce que vous croyez être, que vous vous surestimez - en fait, que vous vous mentez à vous-même. Que vous vous mentez à vous-même à chaque instant, toute la journée, toute votre vie. Que ce mensonge vous domine au point que vous ne pouvez plus le contrôler. Vous êtes la proie du mensonge. Vous mentez, en tout lieu. Vos relations avec les autres - mensonges. L'éducation que vous donnez, les conventions - mensonges. Votre enseignement - mensonges. Vos théories, votre art - mensonges. Votre vie sociale, votre vie de famille - mensonges. Et ce que vous pensez de vous-même - mensonges aussi.Mais vous ne vous arrêtez jamais dans ce que vous faites ou ce que vous dites, parce que vous croyez en vous. Vous devez vous arrêter intérieurement et observer. Observer sans préconçu, en acceptant un moment l'idée du mensonge. Et si vous observez ainsi, en payant de vous-même, sans auto-apitoiement, en abandonnant toutes vos prétendues richesses pour un moment de réalité, peut-être verrez-vous soudain, en vous-même, quelque chose que vous n'aviez jamais vu auparavant. Vous verrez que vous êtes différent de que ce que vous croyez être. Vous verrez que vous êtes deux. Un qui n'est pas, mais qui prend la place et joue le rôle de l'autre. Et un qui est, mais si faible, si intangible, que sitôt apparu, il disparaît immédiatement. Il ne peut supporter le mensonge. Le moindre mensonge le fait s'évanouir au loin. Il ne combat pas, il ne résiste pas, il est battu d'avance. Apprenez à regarder jusqu'à voir la différence entre vos deux natures, jusqu'à voir les mensonges, la tromperie en vous. Quand vous verrez vos deux natures, ce jour-là, en vous, la vérité naîtra.191

Il est également vrai que toute tendance à l'introversion – dans un sens négatif de rupture

d'avec « le flux » – endommage notre propre sensibilité. « Toutes les expériences d'une vie normale

contribuent respectivement à notre propre pouvoir de l'âme. Si nous nous restreignons de nos

propres vies et réduisons la sphère d'expérience personnelle nous frustrons l'universalité de nous-

mêmes. C'est l'erreur commune des métaphysiciens. »192 Au contraire, l'alignement donnant accès au

flux produit des modifications sensibles sur tous les plans :

L'action du flux ne se limite pas aux changements dans le corps physique, le psychisme ou l'énergie. Il exige l'homme tout entier. Si celui-ci accepte sans réserve de s'en remettre à lui, le flux transforme son esprit et son corps en un transmetteur accompli, au travers duquel la claire lumière de la conscience éternelle se déverse sur le monde. Elle ne poursuit qu'un seul but : amener l'homme et le monde à l'harmonie et à la perfection. Toutes les créatures vivantes sentent le rayonnement du flux. [...]Toutes les sensations agréables deviennent plus intenses et plus raffinées. Les organes sensoriels se mettent à fonctionner à un haut niveau de perception - qui permet de découvrir un nombre incalculable de nuances dans les couleurs, les odeurs, les sons et les sensations tactiles. Le monde n'est plus une terne photographie en noir et blanc, mais se transforme en une étourdissante symphonie sensorielle. La vie a vraiment un nouveau goût.[...]Le fait que le flux nous soit donné témoigne de cette loi. La chaîne du sacrifice et de la responsabilité réciproques est le lit par lequel s'écoule son courant. En ce sens, la hiérarchie des forces de Lumière est une structure assez fragile, puisqu'elle est fondée sur une servitude volontaire et non sur la contrainte. Il suffit qu'un seul anneau de la chaîne se détache pour que le flux cesse de couler. Par exemple, si un homme rencontre la force et que son ego se mette à enfler, le flux qui ne peut plus être transmis, se tarit... […]C'est un problème d'attention. Si le flux devient ininterrompu, comme un filet d’huile qu'on transvase d'un pot dans un autre, tu parviendras obligatoirement à la source. Le flux faiblit si tu fais une faute et se renforce si tu agis correctement.Prends le flux comme un maître. Par la modulation de son intensité, il corrige en permanence tes actions, aussi

191 De Salzmann, Jeanne, La première initiation, Gurdjieff Electronic Publishing, 2003, http://www.gurdjieff.org/salzmann3.htm

192 Manly P. Hall, Op.cit

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bien intérieures qu'extérieures.193

L'explorateur Théodore Illion, dans In Secret Tibet, résume exactement les effets du

délitement des énergies quand ce « flux » disparaît et montre en quoi l'égocentrisme maintient

l'organisme dans un état psychique et physique de contraction.

(...) la vie, moins on sépare tout ce qu'il y a dans la vie entre le "moi" et le "non-moi", plus on est détendu psychiquement, et plus la relaxation physique s'ensuit automatiquement. Plus nous sommes égocentriques, plus nous maintenons l'âme et le corps dans un état de tension. Si nous considérons la vie en terme d'avoir au lieu de la considérer en terme d'être, l'état perpétuel de vouloir obtenir quelque chose nous place dans un état de contraction, à la fois psychiquement et physiquement. Les vrais saints tibétains ne veulent rien avoir, quoi que ce soit. Ils prennent la vie en terme d'être, non en terme d'avoir. Si vous regardez un magnifique couché de soleil ou écoutez une merveilleuse musique et oubliez totalement que vous êtes M. ou Mme. Tel-ou-Tel, vous ne désirez rien pour M. ou Mme. Tel-ou-Tel; en ces moments vous ressentez la félicité de l'impersonnel. Vous ne voulez pas avoir le couché de soleil pour vous-mêmes et en priver les autres, vous ne voulez pas posséder une musique magnifique, et pourtant ressentez le bonheur et connaissez la félicité de l'absolu désintéressement qui ne cherche aucune récompense, quelle qu'elle soit, pour le fait d'être désintéressé. C'est la vraie spiritualité. [...]

"Maintenant, écoute moi avec attention," continua-t-il, après une petite pause. "Dès l'instant où tu fais un effort pour rester jeune, tu vieillis. Dès l'instant même où tu fais un effort pour garder quelque chose, tu as peur de le perdre. Et la peur empoisonne un homme, quoi qu'il fasse et quoi qu'il mange. C'est la peur qui détruit la jeunesse des gens." [...]

Vous ne pouvez pas rester jeune par certaines pratiques. Si vous vieillissez dans le cœur, l'âge physique survient rapidement, quoi que l'on mange ou que l'on fasse pour rester jeune. Et qu'est la jeunesse ? C'est la liberté envers les préjugés, la liberté envers les manières habituelles de penser ou manières habituelles de vivre. Donc aussi longtemps que nous sommes spontanés, aimants, et enthousiastes nous sommes jeunes. [...]

Et cela est le Nirvana, le vrai Nirvana, pour lequel tant de fausses notions prévalent, non seulement dans les pays occidentaux mais aussi en Orient, puisque le vrai Nirvana est souvent confondu avec le faux Nirvana qui est une fabrication des prêtres. Le faux Nirvana est l'abolissement et la négation de la vie, mais le vrai Nirvana est son plein épanouissement par la spiritualisation de la matière, au lieu d'une fuite ou d'une sur-exagération de son importance. Le vrai Nirvana est un état dans lequel l'homme est tout et rien en même temps. C'est un état d'être qui est au-delà de la mort, au-delà de la peur de la mort. Ce remplacement d'un égoïsme volontairement limité du "moi" par un désintéressement illimité n'est pas une annihilation mais un différent état de conscience. Un tel "moi" se met lui-même volontairement à la disposition du monde et travaille pour le monde, parce qu'il se sent un avec les joies et les tristesses du monde et non parce qu'une récompense égoïste lui est promise, même subtilement.194

La capacité d'attention, de communication entre tout ce qui est dissocié, le « flux », c'est

finalement... l'amour, mais pas un amour subjectif, mélange de projection, de narcissisme et de

« fusion ». C'est un amour objectif de la réalité.

En 3e densité, le procédé de perception est une circulation bilatérale des valeurs de lumière transmettant les structures noétiques de l'environnement via l'endroit correspondant aux glandes pinéale-pituitaire. Les valeurs d'énergie codées chargées de l'empreinte psychique de la Nature sont introduites et "mélangées" aux substances de l'énergie rayonnante reçues par la nourriture et autres impressions sensorielles. Ces valeurs de lumière sont généralement reçues via le système sensoriel et sont transmises à l'extérieur via la glande Pinéale en "charge"

193 Beliaev, Ilia, Op.cit., 104-105 et 138194 Illion, In Secret Tibet, London, Rider & Co, 1991, p.152-153, p.171, 172, 187

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des "impressions identitaires" de l'individu. En règle générale, il y a beaucoup de perte due à la comparativement faible intégration corps/esprit.Afin de monter vers la classe supérieure de circulation et d'incorporation plus efficace de la Lumière, des impressions plus pures sont requises. "Plus pures" signifie plus objectives. Moins l'entité réceptrice apporte de "déformation" ou de "distorsion" à l'impression lumière, plus celle-ci est pure. Cette pureté ou objectivité d'impressions est optimisée en correspondance avec une appréhension profonde et unitive de la conscience.195

Conclusion : Créer des réseaux

Sans l’homme, la Terre ne peut pas recevoir l’énergie d’un niveau supérieur. Ainsi, si certains travaillent consciemment, ils permettent la descente de cette énergie.

Il peut recevoir de l’énergie d’un niveau supérieur pour avoir une action sur le niveau plus bas, non une réaction. Sinon il y a de la disharmonie sur Terre. On peut le sentir. 196

Ravi Ravindra

La partie oubliée de nous-mêmes, la partie de notre histoire qui a été rejetée, jouera un rôle clé dans le renouveau de l'humanité.197

Kosta Danaos

L'alignement est un concept applicable à un niveau individuel, mais aussi à un niveau social.

Et au-delà des différents points de vue que l'on peut porter sur la société, ce qui se démarque le plus

est la suprématie du principe entropique. La destruction est omniprésente, elle s'est insinuée dans

tous les rapports existant entre l'homme et la réalité, que cette réalité soit le cosmos, la nature, la

société, l'individu... Et c'est ce « taux » de destruction qui devrait choquer tout individu porté par ce

mouvement général. Ce taux de destruction devrait provoquer une réorganisation – un réalignement

– à un niveau individuel et social, ce qui ne semble pas être le cas. On remarque plutôt une

ségrégation de toute volonté créatrice, s'opposant donc à ce courant principal. La conscience est

étouffée, la vie bafouée198. La polarisation positive de l'alignement à grande échelle – ce qui n'est de

toute évidence pas à l'ordre du jour – est nécessaire au changement de « cristallisation » de la réalité

collective. Nous sommes donc face à un choix entre deux principes connus depuis bien longtemps :

Le principe générateur et conservateur de la nature se meut vers lui et tend à l'être, et le principe destructif et corrupteur s'éloigne de lui et tend au non-être.199

195 Topper, Michael, « A propos du harcèlement », http://www.quantumfuture.net/fr/topper_harcelement.htm 196 Ravindra, Ravi, Op.cit197 Kosta Danaos, Op.cit., p.160198 A ce sujet René Nelli indique : « On sera surpris d'apprendre que toute cette mythologie de la mort a été nettement

dénoncée, il y a 700 ans, par les cathares du Languedoc et d'Italie, qui la mettaient sur le compte du Mauvais Principe, pour mieux en dégoûter les hommes. Le dessein de Lucifer – lit-on dans un texte de Muratori concernant les sectes cathares – était de fabriquer avec la matière chaotique des automates qui fissent la preuve que de l'extérieur les êtres animés n'étaient que des machines. […] Comme l'avaient pressenti les cathares – et plus tard Leibniz – on jurerait que l'imagination de « l'Homme-Lucifer » est déterminée à se vouloir par avance anéantie, à tarir la pitié et la merci, comme si elle escomptait que la fin des temps – où tout se ramène à zéro – démontrera, en effet, de façon définitive, que tout n'était vraiment que zéro. » Nelli, René, Lumière du Graal, Paris, Les Cahiers du Sud, 1951, p.323

199 Plutarque, Isis et Osiris, Paris, Guy Trédaniel, 1990, p.179

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Empédocle donne au principe générateur du bien le nom d'amour et d'amitié, souvent encore il l'appelle « harmonie au doux regard ». Quant au principe du mal, il le désigne sous le nom de « haine pernicieuse », de « discorde sanglante ». Les Pythagoriciens s'expriment en donnant plusieurs noms aux deux principes. Ils appellent celui du bien l'unité, le défini, le stable, le direct, l'impair, le carré, l'égal, le côté droit, le lumineux ; et le principe du mal la dyade, l'indéfini, le mû, le pair, l'oblong, l'inégal, le côté gauche, le ténébreux. Tels sont pour eux les principes qui servent à de fondement à la génération. Anaxagore appelle Intelligence, le principe du bien, et celui du mal, Infini. Platon, qui souvent s'exprime comme d'une manière enveloppée et voilée, donne à ces deux principes contraires, à l'un le nom de « toujours le même », et à l'autre, celui de « tantôt l'un tantôt l'autre ». Mais dans ses Lois, ouvrage écrit par lui dans un âge plus avancé et dans lequel au lieu de s'exprimer d'une façon énigmatique et symbolique, il se sert de ses mots propres, il affirme que le monde n'est pas mis en mouvement par une seule âme, mais par un grand nombre peut-être, et tout au moins certainement par deux. L'une est la créatrice du bien, et l'autre, qui lui est opposée, produit des effets opposés. Il admet encore une troisième nature intermédiaire, qui n'est privée, ni d'âme, ni de raison, ni de mouvement qui lui soit propre, comme quelques-uns l'ont pensé, mais qui, tout en dépendant des deux autres, tend toujours à suivre la meilleure, la désire, la poursuit. […]200

Peut-on imaginer que le taux d'alignement des membres d'une société a les mêmes effets sur

la réalité que les multiples petits moi à un niveau strictement individuel ? Et que les chocs induisent

des processus de fusion ? Il semble que oui. Des individus alignés, en réseau, et un grand choc

pourraient créer les conditions d'une évolution sociale. Nous en arriverions à un point de

basculement naturel. La fameuse théorie du « centième singe » et de la « noosphère », reprise par

Castaneda, qui suppose la non-localité et/ou que l'information se communique à un niveau subtil :

Il y a de cela 12 ou 15 ans, le nagual Carlos Castaneda évoquait constamment le thème de la masse critique. J’eus la chance de le connaître à cette période. Il m’expliquait alors l’idée de masse critique par l’exemple des fourmis qui, me racontait-il, se déplacent de façon anarchique et s’orientent difficilement, avançant puis rebroussant chemin, tant que leur groupe n’a pas atteint une certaine masse, appelée la masse critique, qui, de son seul fait, les organise et les ordonne de telle façon qu’elles deviennent capables de s’orienter et de se diriger sans hésiter dans la direction qui leur convient. [Carlos Castaneda] rêvait de ce qu’il appelait la « révolution de la perception ». Alors que nous étions assis dans un spacieux café à l’architecture moderne et au toit de verre, dans le quartier de Westwood à Los Angeles, il me dit que notre monde, ce monde qui nous paraît si solide, si ferme, si bien ancré, se trouve simplement soutenu par quelques fils très fins et qu’il suffit de très peu de chose, une masse critique de « percepteurs », pour que cette structure de fer se désagrège. Cette désagrégation c’est la révolution de la perception. [...]

A la différence des philosophes et des sociologues, pour Castaneda, la prison de l’homme c’est sa perception, et la liberté de l’homme c’est la liberté de percevoir. C’est cela, la grande nouveauté. Même Merleau Ponty, le penseur de la perception, n’est pas parvenu à une telle affirmation. Le fait que la prison de l’homme soit sa perception signifie que nous sommes prisonniers d’un monde déterminé dont la constitution a été établie sans notre participation active : on ne nous a pas demandé si nous voulions vivre dans ce monde-ci, nous n’avons pas eu d’autre alternative. Le sorcier voit que notre mal-être fondamental prend racine dans l’exiguïté de notre perception, bien que nous sachions, de façon sourde et impalpable, que des possibilités inouïes se trouvent à notre portée sans que nous en fassions usage. D’où la nécessité de cette révolution de la perception qui fut l’un des rêves du nagual Carlos Castaneda. Il considérait comme essentiel à la réalisation de cette révolution qu’une certaine masse de personnes partagent une nouvelle et plus vaste manière de percevoir. Cette certaine masse, inconnue, c’est la masse critique, celle

200 Plutarque, Op.cit, pp.156-157

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qui permet aux fourmis de s’organiser autour d’un but commun, et celle qui permettra à l’humanité de briser les paramètres de sa perception quotidienne, sa prison, et de s’aventurer dans un monde différent, neuf. [...] Carlos Castaneda disait que le phénomène de la masse, tel qu’il l’avait observé par rapport aux enseignements de son maître don Juan, était quelque chose d’inédit dans la sorcellerie, quelque chose que don Juan ignorait totalement. Pour Castaneda, la masse signifiait une force spéciale, quelque chose comme l’impulsion d’un moteur, une force qui manquait à l’individu réduit à sa seule personne. Pour Castaneda, les individus dans une situation de masse s’optimisent et ceux qui conduisent la masse s’optimisent pareillement. Energétiquement parlant, la masse n’est pas seulement la somme de ses membres, elle produit une énergie propre dont peuvent bénéficier tout ceux qui la composent.201

La théorie quantique des événements202 pourrait aussi être appliquée à un niveau

macroscopique si l'on se fie à ce texte de vulgarisation d'Arkadiusz Jadczyk :

La matière/énergie telle quelle, "préfère", semble-t-il, l'état chaotique.

La matière/énergie telle quelle n'a pas même un concept de "création" ou "d'organisation". C'est la conscience qui donne vie à ces concepts et par son interaction avec la matière, elle pousse l'univers soit vers le chaos et la dégénérescence, soit vers l'ordre et la création.203

Ce phénomène peut être mis sous forme de modèle mathématique et simulé sur un ordinateur utilisant la Théorie Quantique des Evènements. Est-ce que la Théorie Quantique des Evènements donne un modèle fidèle de l'interaction de la conscience avec la matière ? Nous ne le savons pas. Mais il y a des chances pour que ce soit le cas, parce qu'elle semble décrire les phénomènes plus correctement que la mécanique quantique orthodoxe ou ses théories rivales (Mécanique Bohmienne, GRW, etc).

Ce que nous apprenons de la Théorie Quantique des Evènements peut être dit simplement comme suit:

Appelons notre univers matériel "le système". Le système est caractérisé par un certain "état". Il est utile de représenter l'état du système par un point dans un disque. Le point au centre du disque, son origine, est l'état de chaos. Nous pourrions aussi le décrire comme "potentiel infini". Les points sur le bord représentent les "purs états d'être", c'est à dire des états de "connaissance pure, non floue". Entre les deux il y a des états mitigés. Plus l'état se rapproche du bord, plus pur et plus "organisé" il est.

Un "observateur", une "unité de conscience", extérieur, se fait une idée - peut-être exacte, peut-être fausse, peut-être entre les deux de l'état réel du système, et observe le système avec cette "conviction" au sujet de son état. L'observation, si elle se prolonge, a pour résultat que l'état du système "saute". C'est dans ce sens qu'on crée sa propre réalité; mais comme toujours, le diable est dans le détail.

Les détails sont que l'état résultant de l'observation du système peut être plus pur ou plus chaotique, cela dépend de la "direction" du saut. La direction du saut dépend de l'objectivité de l'observation: dans quelle mesure l'observation est proche de la réalité de l'état.

D'après la Théorie Quantique des Evènements, si les attentes de l'observateur sont proches de l'état réel du système, le système saute, le plus souvent, vers un état plus organisé, moins chaotique.

Si d'autre part les attentes de l'observateur sont proches de la négation de l'état réel (c'est à dire quand les convictions de l'observateur sont plus proches du faux que du vrai par rapport à l'état REEL - la réalité objective) alors l'état du système va sauter vers un état plus chaotique, moins organisé. En outre, ce saut

201 Coll, Rosa, « La masse critique », 04/2007, http://activerecapitulation.uniterre.com/14819/La+masse+critique.html 202 Jadczyk, Arkadiusz, « La théorie quantique des événements », 01/2012, http://fr.sott.net/articles/show/6586-La-

Theorie-Quantique-des-Evenements mar., 10 jan. 2012203 « Non :Aucune forme de matière, si puissante soit-elle, et quelles que soient les bribes de matière qui viennent s'y

ajouter, ne peut évoluer d'elle-même vers la conscience. » Roberts, Jane, Seth parle, l'éternelle validité de l'âme, Paris, Mama éditions, 2009, p.407

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prendra, selon la règle, beaucoup plus de temps.

Autrement dit, si la connaissance de l'observateur à propos de l'état réel, est proche de la vérité, alors l'acte d'observation et de vérification en lui-même provoque promptement un saut et l'état résultant est plus organisé. Si la connaissance de l'observateur à propos de l'état réel est fausse, alors cela prend en général très longtemps pour provoquer un changement dans l'état du système, et l'état résultant est plus chaotique.

Ce que cela signifie c'est que de l'ordre peut être tiré du chaos grâce à l'observation de ce chaos tel qu'il EST et non pas en prétendant qu'il en est autrement.

En résumé, celui qui "croit" en la possibilité de "créer une réalité" différente de ce qu'elle EST, augmente le chaos et l'entropie. Si vos convictions sont perpendiculaires à la vérité, même si elles sont inébranlables vous êtes fondamentalement en conflit avec la vision que l'univers a de lui-même, et je peux vous assurer que ce n'est pas vous qui allez gagner. Vous attirerez la destruction sur vous-mêmes et sur tous ceux qui se livreront avec vous à ce genre d'exercice de "bras de fer" avec l'univers.

D'autre part, si vous êtes capable de voir l'univers comme il se voit lui-même, objectivement, sans cligner les yeux et en l'acceptant, vous vous alignez alors sur l'énergie créatrice de l'univers et votre propre conscience devient un transducteur d'ordre. Votre énergie d'observation, accordée de manière inconditionnelle, peut apporter l'ordre dans le chaos, peut créer à partir d'un potentiel infini

C'est la lecture objective de la réalité qui permet une interaction fructueuse avec le monde

grâce à l'apport d'informations génératrices d'ordre dans un système plus ou moins chaotique. Cette

organisation de la réalité par la conscience est ce qui est appelé par certains auteurs204

« spiritualisation de la matière ». La conscience est en quelque sorte le « son » qui ordonne la

matière. La réalité est sans cesse « reconstruite » par la conscience, l'ensemble des « habitudes de

perception » formant la trame de ce qui est perçu normalement205. Peut-on penser que la perception

collective est proportionnelle aux consciences alignées sur cet ensemble d'habitudes, mais que le

détachement d'un nombre suffisant de consciences permettrait une autre cristallisation sociale de la

perception collective ? Le phénomène d'hallucination collective laisse entendre qu'un groupe

projette plus facilement une image subjective commune, on peut à l'inverse penser aussi qu'un

groupe peut plus facilement percevoir objectivement la réalité grâce à ce réseaux de consciences en

interaction. Peut-on alors imaginer un phénomène d'amplification lorsque qu'entre en résonance le

« son » des consciences d'un « orchestre » de fréquences ? La réalité collective peut-elle « fondre »

sous l'impact de ce « son », ouvrant la réalité comme le vitriol alchimique ouvre la matière ? Le

contact avec « l'infini intelligent » somme toute fait des miracles...

Nous avons considéré le mental comme un arbre. Le mental contrôle le corps. Avec un mental focalisé, équilibré et conscient, le corps confortable dans tous les penchants et distorsions qui procurent alors un confort adéquatement équilibré pour cet instrument, l’instrument est alors prêt à entreprendre le grand œuvre. C’est le travail du vent et du feu. Le champ énergétique du corps spirituel est un chemin ou canal. Lorsque

204 John Baines, Op.cit, p.66, et Pascal Bouchet, Op.cit, Michael Topper, etc205 Le développement de la conscience permettrait de s'affranchir du « consensus partagé » selon John Chang : « Je

suggère qu'une grande partie du pouvoir de John vient du fait qu'il a tant de ch'i yang accumulé dans son dantien [centre magnétique] qu'il peut influencer le cours de la loi naturelle autour de lui, surmontant fondamentalement la réalité qui a été surimposée à notre Univers par l'esprit de notre inconscient collectif. »

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corps et mental sont réceptifs et ouverts, alors l’esprit peut devenir une navette ou un communicateur à partir de l’énergie individuelle/volonté d’élévation, et à partir des influx de feu et de souffle créateurs dirigés vers le bas.La capacité de guérir, comme toute autre, ce que cet instrument appellerait des aptitudes paranormales, est affectée par l’ouverture d’un passage ou navette vers l’infini intelligent. Il y en a beaucoup, sur votre plan, qui ont une faille ou un passage aléatoire dans leur champ d’énergie spirituelle, parfois dû à l’ingestion de substances chimiques telles que ce que cet instrument appellerait LSD, qui peuvent, au hasard et sans contrôle, puiser dans des sources énergétiques. Ce peuvent être ou non des entités qui souhaitent servir. La raison d’une ouverture prudente et consciente de ce canal est de servir d’une manière plus fiable, d’une manière plus commune ou habituelle, comme cela est vu par le complexe de distorsion du guérisseur. Pour d’autres, il peut sembler que ce soient des miracles. Pour celui/celle qui a ouvert avec soin la porte vers l’infini intelligent, ceci est ordinaire; ceci est habituel; ceci est comme cela doit être. L’expérience de la vie devient quelque peu transformée. Le grand œuvre se poursuit.206

L'ouverture à « l'infini intelligent » transforme le son inaudible et lointain de la conscience

en son clair et puissant. Nous pourrions penser qu'une « résonance » de ce son peut se produire sur

les instruments désaccordés, c'est-à-dire les Personnalités qui ne se sont ouvertes à ce canal.

Cependant, pour qu'il y ait un réel accord créateur entre différentes consciences, il faut avant tout

que chacune d'elles aient appris à s'intégrer, s'aligner sur le principe lumineux et central... Dans ce

cas, chacune des consciences accroît et bénéficie de la « lumière » commune, ce qu'Ilia Beliaev

décrivait dans son expérience du « flux » :

Nous élaborions un nouveau mode de vie qui consistait à nous transformer nous-mêmes et notre entourage en utilisant des énergies de haut niveau. Il ne fallait pour cela, ni construire des églises, ni écrire de nouveaux livres sacrés, ni créer des organisations pour le salut des âmes, ni suivre des rituels secrets ou ostensibles. Accepter, dans la vie quotidienne, l'immortalité de son âme est très difficile, du fait que le monde qui nous entoure est essentiellement matérialiste. Pour un chercheur solitaire, recherche spirituelle signifie lutte avec le monde entier. Les vainqueurs de cette lutte ne sont qu'une poignée, c'est pourquoi ils nous sont si chers.Pour Tosha, la seule façon de sortir de cette affligeante situation était le travail de groupes comme le nôtre, au sein même de notre société moderne - à l'opposé de la règle monastique, qui, pour le salut des moines, les protège derrière d'épaisses murailles. La possibilité d'assurer son propre salut est probablement inversement proportionnelle à l'épaisseur des murs des monastères.D'après la conception de Tosha, les groupes semblables au nôtre doivent être branchés au flux et servir authentiquement de radiants et de transformateurs au milieu environnant. Ces groupes n'ont pas de structure formelle. Ils ne créent ni nouvelle idéologie, ni nouvel enseignement. Ils donnent aux gens la possibilité de ressentir la lumière et pas seulement d'en parler. Il est indispensable que les gens sentent ce que veut dire vivre dans la lumière et qu'ils en éprouvent le goût. Alors seulement apparaît la possibilité d'une spiritualisation visible de la vie.207

La conscience unit. Elle tisse des liens, créé des réseaux, éclaire là où il y a de l'ombre. D'un

point de vue individuel, elle rassemble et intègre des points de conscience fragmentés en une unité.

Elle « lie » tout ce qu'elle « lit », car elle opère à un niveau plus profond que les éléments perçus.

Son origine est le flux vital insaisissable qui permet à toute manifestation d'exister208. Elle est donc

206 Ra, Op.cit., Book 1, http://www.llresearch.org/transcripts/issues/1981_french/1981_0124_book_1.aspx 207 Beliaev, Op.cit., p.238 208 À rapprocher, par exemple, de la « kurunba » des aborigènes australiens : « un océan de force qui soutient la

manifestation de l'énergie et de la matière dans le monde matériel »

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directement liée, d'un point de vue humain, à l'empathie. L'empathie est la capacité d'intégrer –

conscientiser, ressentir, accepter – les expériences, émotions, pensées, d'autrui. A un certain niveau,

il y a une jointure naturelle entre la conscience de soi et de celle des autres qui permet de ressentir

l'inconscient comme un livre ouvert. De la même façon que la conscience rétablit dans l'unité les

différents aspects d'une personnalité individuelle, elle peut aussi rétablir dans l'unité différentes

personnes, ce qui pourrait vouloir dire que nos consciences forment une seule unité fragmentée dans

cette densité de matière, qui cherche par le biais d'expériences communes, sa réunion finale.

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Table des matières

Introduction

I – L'état ordinaire de sommeil

II – Le réveil

III – L'attention

IV – Naissance de l'âme

V – Croissance de l'âme

V – Alignement et polarisation

VI – Maintenir la vibration dans la société

Conclusion : Créer des réseaux

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Bibliographie

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