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agriculture Le journal du Réseau Cerfrance 55 AOÛT SEPTEMBRE OCTOBRE 2019 P. 17 COMPRENDRE Comprendre votre EBE P. 19 INFORMER Oser l'épargne salariale P. 20-21 MANAGER Comment booster son efficacité ? les clés de la réussite EXPORT : CONSEIL & EXPERTISE COMPTABLE www.cerfrance.fr

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Page 1: les clés de la réussite - CerfranceLe Réseau Cerfrance existe pour accompagner les entrepreneurs de TPE, PME et professions libérales des territoires, de tous les secteurs d’activités

agriculture

Le journal du Réseau CerfranceN°55AOÛT

SEPTEMBREOCTOBRE 2019

P. 17 COMPRENDREComprendre votre EBE

P. 19 INFORMEROser l'épargne salariale

P. 20-21 MANAGERComment booster son efficacité ?

les clés de la réussiteEXPORT :

CONSEIL &EXPERTISE COMPTABLE www.cerfrance.fr

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gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 552

SOMMAIRENo 55 - août, septembre, octobre 2019

www.facebook.com/CerfranceRetrouvez nos vidéos et tous nos conseils sur :

Hervé Demalle,Président du Conseil National du Réseau Cerfrance

S’INFORMER P. 3 L’actualité en bref

DOSSIER EXPORT : LES CLÉS DE LA RÉUSSITE

P. 4 Vendre à l'export, c'est possible !

P. 4-7 Retour sur le parcours d’exception d’une petite coopérative de producteurs fromagers qui a tout d’une grande !

P. 8-9 La gastronomie française en recul à l’étranger  Comment retrouver le chemin de l’export ?

P. 10-12 L’export : une opportunité Pourquoi et comment ?

P. 13 Je veux vendre mes produits à l’international Quelques notions clés de fiscalité.

P. 14-15 Export et normes sanitaires Soyez très vigilant !

P. 16 Salons à l’export Quelques règles à respecter pour vos salariés.

COMPRENDREP. 17 Comprendre votre EBE

Un indicateur clé de votre performance économique.

DÉCRYPTERP. 18 Licenciement sans cause réelle

et sérieuse  Règles d'indemnisation remises en cause.

INFORMERP. 19 Osez l’épargne salariale !

Pour fidéliser et motiver vos équipes.

MANAGERP. 20-21 Comment booster son efficacité ?

Ou comment allier efficacité et plaisir ?

ÉVALUERP. 22-23 Chiffres utiles

RÉUSSIRP. 24 Brasserie des Trois Becs

Une filière complète maîtrisée, du champ au verre.

Pâturages Comtois : aller chercher la réussite en dehors de nos frontières

Éditeur : Conseil National du Réseau CerfranceAssociation loi 1901 - Siège social : 18 rue de l’Armorique 75 015 Paris - Tél. 01 56 54 28 28 N° CPPAP - 1023 G 88449 - Tiré à 95 889 exemplaires ISSN 1950-7992 - Ce numéro comporte 24 pages.Parution trimestrielle : août, septembre, octobre 2019 Prix du n° : 2,50 € TTC - Dépôt légal à parution Abonnement annuel : 4 numéros : 10 € TTC Service abonnement - Tél. 01 56 54 28 28 ou www.cerfrance.frDirecteur de la publication : Hervé Demalle Directrice de la rédaction : Bénédicte El Nemer - Le Masson Rédactrice en chef : Anne-Sophie Postec

Comité de rédaction composé de collaborateurs du Réseau Cerfrance : Anne Bras (Finistère), Mylène Chamant (Moselle), Christophe Delestre (Seine Normandie), Christelle Dupin Rappart (Méditerranée), Bénédicte El Nemer-Le Masson (Paris), Emmanuel Grange (Isère), Sandrine Jean (Haute-Loire), Noëlle Lecuyer (Yonne), Thierry Lemaître (Champagne Nord Est -Ile de France), Jacques Mathé (Poitou-Charentes), Emmanuelle Parou (Centre-Limousin), Anne-Sophie Postec (Paris), Serge Thomas (Haute-Savoie)Conception - réalisation : Image Plus - PIBS (Parc d’Innovation Bretagne Sud) - Place Albert Einstein - CP 49 - 56038 VannesTél. 02 97 40 10 10 - Courriel : [email protected]

agriculture

Guy Mercier, Président Pâturages Comtois adhérent Cerfrance BFC

l’éditoUN MONDE QUI BOUGE Nous sommes en train de vivre de grands bouleversements technologiques et sociétaux. Dans un monde qui bouge, les métiers de l’agriculture s’adaptent, à de nouvelles donnes d’ordre sociétal comme à un marché qui s’internationalise.Je vois une jeune génération être curieuse, faire partie de groupes de réflexion sur ces sujets, partager ses expériences et chercher des solutions pour répondre aux attentes de la société et pouvoir continuer de vivre du métier d’agriculteur.Le Réseau Cerfrance existe pour accompagner les entrepreneurs de TPE, PME et professions libérales des territoires, de tous les secteurs d’activités et dans toutes les phases de vie de leurs entreprises.Chacune des 62 associations de gestion et de comptabilité qui constituent votre Réseau s’adapte à vous pour continuer à cultiver cette pépite : la relation humaine privilégiée avec chacun d’entre vous, client adhérent.

Photographies : Conseil National Cerfrance, Fotolia, Image Plus, Antoine Meyssonnier - Impression : Rotos Vincent - 32 avenue Thérèse Voisin - 37010 Tours

Le Réseau Cerfrance s’engage en faveur de la protection de l’environnement. Ce journal est imprimé sur du papier issu de forêts gérées durablement. L’impression est assurée par une imprimerie labellisée Imprim’vert, attestant de bonnes pratiques dans la récupération et le traitement des déchets dangereux.

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N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner 3

S’INFORMERS’INFORMERl’actualité en bref

LA DÉDUCTION POUR L’ÉPARGNE DE PRÉCAUTION RENTRE EN APPLICATIONL’administration a commenté dans plu-sieurs publications en date du 19 juin 2019 les dispositions de la nouvelle épargne de précaution qui remplace la déduction pour investissement et la déduction pour aléas dans les exer-cices clos à compter du 1er janvier 2019 jusqu’au 31 décembre 2022. On y trouve notamment des exemples de mise en œuvre de la constitution de l’épargne de précaution par augmentation de la valeur des stocks.

LE MARCHÉ MONDIAL DU BIO EN PASSE D’ATTEINDRE LES 100 MILLIARDS D’EUROS

Le marché mondial du bio serait en passe d’atteindre les 100 milliards d’euros, a annoncé Michel Reynaud, vice-président d’Ecocert, le 18 juin, lors du colloque international de l’Agence bio. En 2017, l’Ifoam (Fédération Internationale du Bio) estimait le marché à 90 milliards d’euros. À titre de comparaison, le marché ali-mentaire mondial était estimé à 5 000 milliards de dollars (McKinsey, 2015). En bio, 40 milliards d’euros étaient consommés aux États-Unis et 37 milliards d’euros en Union européenne. “Mais à la différence des États-Unis, l’UE connaît aussi une forte évolution de la production, note Michel Reynaud, parce qu’il existe des aides pu-bliques à la conversion, ce qui n’existe pas aux États-Unis.” On compterait selon lui 400 000 agriculteurs bio en Europe, contre “quelques milliers aux États-Unis”.

LES SALICULTEURS SONT RATTACHÉS À LA MSAL’activité salicole est la production de sel alimentaire par cristallisation du sel présent dans l’eau de mer sous l’action du soleil. Cette activité n’est pas assimilée à une acti-vité civile agricole. Toutefois, du point de vue social, la pratique administrative assi-mile les saliculteurs à des agriculteurs et ils sont affiliés à la Mutualité Sociale Agricole.

LA DÉCLARATION PRÉALABLE DE DÉTACHEMENT EST MODIFIÉELa mesure est entrée en vigueur à compter du 1er juillet 2019. La déclara-tion prévoit notamment de nouvelles mentions obligatoires pour la décla-ration de détachement, ainsi que des adaptations concernant les détache-ments de courte durée. Un arrêté, publié le même jour, liste les activités concernées par ces dérogations.

TESA ET PRÉLÈVEMENT À LA SOURCE : TRANSMISSION AUTOMATIQUESur son site internet dédié au Tesa https://tesa.msa.fr/, la MSA rappelle aux employeurs agricoles qui déclarent leurs salariés avec le Tesa + ou le Tesa simplifié qu’ils n’ont aucune démarche spécifique à faire pour le prélève-ment à la source. En effet, les informa-tions sont transmises  à l’administration fiscale directement par la MSA.

“OUPS” : LE DROIT À L’ERREUR A SON SITELa loi du 10 août 2018 pour un État au service d’une société de confiance (dite “Essoc”) a créé au profit des usagers de l’administration, dont les entreprises, un droit à l’erreur leur évi-tant d’être sanctionnées en cas d’erreur commise de bonne foi. Les usagers se doivent toutefois de ré-gulariser leur situation rapi-dement, de leur propre ini-tiative ou lorsqu’ils y ont été invités par l’administration.  

Le ministre de l’Action et des Comptes publics, Gérald Darmanin, a annoncé le 4 juin dernier le lancement de oups.gouv.fr, “le site du droit à l’erreur”. Particuliers et pro-fessionnels y retrouveront un inventaire des erreurs les plus fréquentes sur divers su-jets (déclaration et paiement de cotisations sociales, formalités d’embauche, rupture du contrat de travail notamment) et, bien entendu, des conseils pour les éviter.

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gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 554

DOSSIER

PÂTURAGES COMTOIS A DÉJÀ PLUS DE 30 ANS D’EXISTENCE. CETTE COOPÉRATIVE DE PRODUCTION FROMAGÈRE EST NÉE

EN 1985 ET N’A CESSÉ DE S’AGRANDIR JUSQU’EN 2002, PAR RAPPROCHEMENTS SUCCESSIFS DE DIFFÉRENTES STRUCTURES.

RETOUR SUR LE PARCOURS EXCEPTIONNEL DE PRODUCTEURS QUI ONT SU TIRER PROFIT D’UNE CRISE LAITIÈRE POUR GARDER

UNE VRAIE DYNAMIQUE SUR LE TERRITOIRE EN RÉUSSISSANT LE PARI DE L’EXPORT !

Noëlle Lecuyer, responsable juridique

Les produits alimentaires français ont toujours la cote à l'étranger, surtout quand ils ont une connotation “terroir” !

Face à une offre domestique abondante, trouver des marchés loin de son exploitation offre un vrai potentiel de développement. Il faut oser

se démarquer et chercher une bouffée d’oxygène. Ceci peut nécessiter de quitter sa zone de confort habituelle

pour aller chercher des clients hors de nos frontières.

De simple producteur, vous êtes de plus en plus nombreux à franchir le pas et à devenir transformateur-commerçant. Pourquoi pas exportateur ?

Aller chercher les clients en dehors des frontières peut devenir une nécessité, un challenge, une nouvelle stratégie commerciale. Dans ce dossier,

vous trouverez de nombreuses informations vous permettant d’aborder l’export de manière sereine.

Essayer, c’est se développer !

Noëlle Lecuyer, responsable juridique

VENDRE À L'EXPORT,C'EST POSSIBLE !

EXPORT : LES CLÉS DE LA RÉUSSITE

Pâturages Comtois : aller chercher la réussite

en dehors de nos frontières

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N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner 5

L’ascension internationale d’une coopérative fromagère françaiseBien implantée en plein cœur de la Haute-Saône, Pâturages Comtois pour-suit encore son développement et peut se définir en quelques chiffres : 35 millions de litres de lait traités, 31 millions d’euros de chiffre d’affaires, près de 60 salariés et plus de 10 millions d’euros d’investissements au cours des 15 dernières années. La petite coopé-rative laitière s’est transformée en PME regroupant 77 exploitations laitières et 180 exploitants agricoles.Parmi ses réussites, la plus remarquable est sans aucun doute la présence de la coopérative dans plus de 40 pays différents (Pays Baltes, Dubaï, Chypre, Australie…), sur 5 continents et avec près de 250 références produits.80 % du chiffre d’affaires de la coopé-

rative est réalisé en dehors de l’Hexa-gone soit, par exemple, 20 % vers les États-Unis. Pour comprendre comment elle en est arrivée là, il faut reprendre l’histoire de l’entreprise et se remémorer le contexte de crise économique dans le secteur du lait dans les années passées.

Un contexte de crise qui pousse à se dépasserL’emmental était le produit quasi unique en Haute-Saône. La région produisait aussi des pâtes molles de manière artisa-nale. Dans les années 1980, les produc-teurs ont dû faire face à une crise qualita-tive lors de l’introduction de l’ensilage dans la nourriture des animaux et à la nécessité d’avoir des unités de produc-tion plus modernes et performantes. Tous ces facteurs ont incité les grosses laiteries à aller investir en Bretagne.Mais “l’effet boomerang” n’a pas tardé

à se faire sentir : le marché français s’est trouvé très vite saturé par les grosses unités de fabrication face auxquelles les petits producteurs n’étaient pas du tout en capacité de rivaliser. Là où ils avaient une capacité de 10 à 15 meules par jour, les structures industrielles sortaient 400 à 800 unités par jour.Le secteur étant en grave difficulté, la coopérative a consulté les producteurs et, plutôt que de baisser les bras, avec l’aide des affineurs et d’Euro mar-ché devenu Carrefour, elle a fait le pari de l’emmental grand cru et des pâtes molles qui permettaient encore d’obtenir des parts de marché. Un outil de production adéquat a été développé mais cela ne suffisait pas. Les coopéra-tives fabriquaient, les affineurs commer-cialisaient et la plus-value sur le produit échappait aux producteurs. Une fois de plus, Pâturages Comtois est allée de

Rep

orta

ge

Le 1er avril dernier, Emmanuel Leroy a pris la direction de la coopérative laitière d'Aboncourt-Gesincout présidée par Guy Mercier, ici à droite.

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l’avant et a fait le choix d’adapter son organisation pour mettre en place la commercialisation directe de ses pro-duits : dans un premier temps, les pâtes molles, puis l’emmental grand cru.

Une aventure export à tenterLa grande aventure de la vente à l’export est arrivée un peu par hasard, on peut même dire par erreur. Jusqu’alors des camions entiers partaient uniquement pour l’Italie sous l’impulsion de Monsieur Carteret, directeur et initiateur de la politique commerciale de recherche de nouveaux débouchés. Le président Guy Mercier témoigne : “C’était en 1987. Un jour, nous recevons un appel d’un grossiste en fromage du Canada. Il avait goûté quelques-uns de nos fro-mages, apprécié les produits, trouvé notre adresse et voulait travailler avec nous. Une caisse d’échantillons destinés à la Hollande et passant par Lille n’est jamais arrivée à destina-tion initiale mais, posée sur une palette en partance pour le Canada, elle est arrivée jusque chez notre nouveau client ! Bien entendu, au-jourd’hui, une telle histoire ne serait plus possible, il n’est pas pensable qu’un colis puisse se promener tout seul sans document de transport !”La nécessité de changer d’orientation et d’adopter une véritable politique com-merciale à l’export est apparue comme une évidence et une réelle nécessité.

Une nécessaire réorganisation pour jouer dans la cour des grandsDu statut de coopérative de fabrica-tion avec son circuit de distribution, Pâturages Comtois est passée à celui de PME avec une organisation commer-ciale, un besoin de contacts à l’étranger nécessitant l’adaptation de l’outil pour gérer la logistique d’envoi de denrées périssables dans des pays parfois très lointains.

La coopérative a opté pour la solution d’agents commerciaux multicartes, sa présence sur les salons internationaux et le bouche-à-oreille entre les différents distributeurs a suffi à procurer de nouveaux circuits, la qualité des produits faisant le reste. La France reste une réfé-rence et permet d’afficher une superbe carte de visite pour tout ce qui concerne les produits alimentaires.Le secret de Pâturages Comtois : être petit parmi les grands mais être pionnier et leader sur quelques produits ciblés. À l’échelle de pays comme la Chine ou l’Inde, peu importe le pourcentage avec lequel on pénètre le marché, l’important c’est d’entrer : la qualité du produit et le service font le reste.

Une adaptation des produits pour répondre aux contraintes logistiques…Pour acheminer sans aucun problème des produits laitiers à l’autre bout du monde sans risque sanitaire ou de détérioration du produit, la coopérative adapte sa recette. En fonction de la destination finale, elle utilise des contai-ners climatisés, réfrigérés ou même de congélation. Pour l’anecdote, saviez-vous qu’il n’est pas plus cher d’acheminer par bateau une livraison jusqu’à Shanghai qu’en camion jusqu’à Lille ?La congélation des produits est l’une des dernières innovations de Pâturages Comtois. Il y a eu certaines réticences au départ mais le procédé ne détériore

DOSSIER EXPORT : LES CLÉS DE LA RÉUSSITE

Pâturages Comtois

70500 Aboncourt-Gesincourt

Création1985

Effectifs60 salariés

Forme juridique Coopérative- Président : Guy Mercier- Directeur : Emmanuel Leroy

Activités Production et commercialisation de fromages au lait de vache, pâtes molles, gruyère

Chiffre d'affaires 32 millions d’euros

Points de collecte 77 soit 170 producteursAujourd’hui : 36 millions de litres de lait collectés en progression

CARTE D’IDENTITÉ

Une nouvelle ligne automatisée mise en service en 2018 a permis

de gagner en qualité et en régularité de production. Cette

dernière atteint aujourd'hui 15 à 20 tonnes de fromages par jour.

Tout au long du processus de transformation, une série de contrôles est réalisée par le laboratoire interne.

Chaîne de conditionnement du brie.

Lavage à la saumure au début du processus

d'affinage pour certains types de fromages.

6 gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 55

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N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner 7

pas le produit, c’est une question d’adaptation et de processus pour le client, la décongélation doit respecter des procédés très précis. Les ventes de produits congelés se développent, c’est le signe que la qualité est au rendez-vous !

… et linguistiques !En matière de contraintes, on peut aussi citer l’étiquetage des produits qui doit se faire dans la langue du pays de consommation. Les distributeurs ou clients adressent à Pâturages Comtois leur modèle d’étiquette avec chacun leurs mentions particulières et la coopérative les édite avec une machine capable d’écrire dans toutes les langues quels que soient les alphabets.

Les pieds sur terre…Le Président de la coopérative reste lucide, vendre à l’export reste difficile et nécessite une remise en question per-manente : “Notre regret aujourd’hui est que la France n’aide pas plus les petites entreprises dans leurs dé-marches de vente à l’étranger. Quant

aux structures régionales, même si elles sont favorables à ce développe-ment, puisque leur territoire peut en retirer des avantages tels que des emplois ou une certaine notoriété, elles ne nous apportent aucun véri-table appui technique”.

… Et des projets plein la têteMalgré tout, la coopérative prouve que la vente à l’étranger de produits alimen-taires français n’est pas réservée aux grands groupes.Il faut oser, le marché ukrainien en est un exemple. Pâturages Comtois n’y était pas présent il y a quatre ans et, aujourd’hui,

le pays représente un débouché de 2 millions d’euros. La coopérative y est allée contre l’avis des banques. Personne n’y croyait, trop risqué…Le choix de l’export fait depuis trois décennies, avec toujours plus de développement en termes de nouveaux produits, s'est révélé judicieux. L’export de fromage fondu est en réflexion pour s’ajouter au plateau actuel, en plus des pâtes molles.La Chine, c’est 150 millions d’habitants qui ont un revenu moyen similaire aux Français. Il y a encore des perspectives de développement pour Pâturages Comtois.

Repo

rtage

Pâturages Comtois propose diverses catégories fromagères : Emmental Grand Cru, Gruyère, pâtes molles, soit pas moins de 19 références distribuées à l'export dans plus de 40 pays.

À chaque distributeur étranger son étiquette.

Après l'affinage, les fromages sont prêts pour le conditionnement.

Les chaînes d'emballage sont totalement automatisées.

RETROUVEZ CE REPORTAGE DANS L’ÉMISSION

“PAROLES D’AGRICULTEUR” SUR LA CHAÎNE TÉLÉ. : DEMAIN !

À PARTIR DU LUNDI 2 SEPT. 2019 à 07h20, puis M. 19h20 - Me. 21h30 J. 12h35 - V. 08h00 - S. 12h00 - D. 19h30

REDIFFUSION SEMAINE SUIVANTE L. 16h55 - M. 07h20 - Me. 19h20 J. 20h30 - V. 11h25 - S. 08h00 - D. 12h00

• ADSL : canal 31 TNT Ile de France, canal 94 Numéricable, canal 236 Free, canal 165 Orange, canal 337 SFR

• Réseaux câblés • Internet : www.demain.fr

www.cerfrance.fr

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gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 558

ON NE FAIT PLUS LA COURSE EN TÊTE

En 2004, la France est devenue le pre-mier exportateur mondial de produits agroalimentaires. Depuis 2007, une lente dégradation de notre dynamique exportatrice a repositionné la France au quatrième rang mondial, derrière les États-Unis, les Pays-Bas et l’Allemagne. Soulignons d’ailleurs l’incroyable per-formance des Hollandais, commerçants dans l’âme, dont la taille du pays est in-versement proportionnelle à leur capa-cité exportatrice.

Cette comparaison doit faire réfléchir l’ensemble de l’agriculture et de l’agro-alimentaire français qui, avec l’offre de produits agricoles la plus variée au monde et la gastronomie la plus répu-tée, peine à concrétiser ses atouts à l’exportation. Le Salon International de l’Agriculture révèle tous les ans l’excep-tionnelle diversité des aliments issus de la ferme France. Rajoutons que, depuis 2004, les opportunités de marchés à l’international se sont considérable-ment élargies, notamment en direction

de l’Asie, pour des produits alimen-taires plus élaborés ou plus identifiés (vins, fromages…) et à plus forte valeur ajoutée.

COMMENT EN EST-ON ARRIVÉ LÀ ?

Les entreprises agroalimentaires fran-çaises ont du mal à prendre le train en marche. D’une part, les politiques de subvention à l’exportation ont privilégié les productions agricoles de matières premières (céréales…) D’autre part, les produits élaborés, notamment les pro-duits plus terroirs, sont essentiellement réalisés par des petites entreprises dont la capacité exportatrice est très faible. Pourtant, la taille de l’entreprise ne doit pas être un frein, nos voisins Italiens ou Allemands (80 % des entreprises agro-alimentaires exportent contre 20 % en France) démontrent un dynamisme à l’export dont nous pouvons nous ins-pirer. Le mouvement coopératif qui collecte la majorité des productions des fermes françaises (70 %) est parti-culièrement absent, mis à part dans le secteur des grandes cultures. Pourtant, la valeur ajoutée des céréales vendues à l’export est particulièrement faible. Heureusement, la prise de conscience est là, du côté des pouvoirs publics et des entreprises et même dans certaines coopératives (Agrial, Euralis…) qui in-tègrent des stratégies de conquêtes avec des produits plus élaborés.

DES LEVIERS À ACTIVERL’idée pour les petites entreprises de chasser en meute (modèle italien) semble être acquise, encore faut-il l’or-ganiser. Les moyens de promotion sur les différents continents ne manquent pas, que ce soit du côté de l’État avec BPI France1, Business France2, mais aussi

DOSSIER

Jacques Mathé, économiste

En matière d’export, la ferme France a perdu

son dynamisme face à la concurrence américaine

ou encore hollandaise. Pourtant nos atouts sont

énormes : une grande diversité de productions,

des produits à haute valeur ajoutée connus et

reconnus (vins, fromages…) Encore faut-il accepter de

jouer collectif, de raisonner filière pour aller plus loin,

ensemble…

EXPORT : LES CLÉS DE LA RÉUSSITE

LA GASTRONOMIE FRANÇAISE EN RECUL À L’ÉTRANGERCOMMENT RETROUVER LE CHEMIN DE L’EXPORT ?

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N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner 9

les missions exports dans les régions. Ces organismes facilitent l’accès aux marchés internationaux, la participation aux salons, fournissent des soutiens lo-gistiques notamment aux petites entre-prises familiales. Le SIAL à Paris est aussi un lieu incontournable pour rencontrer des acheteurs étrangers.

S’APPUYER SUR NOS MEILLEURS

AMBASSADEURS : LES TOURISTES

N’oublions pas que nos premiers clients étrangers, et souvent nos premiers ambassadeurs, sont les touristes du monde entier en visite dans l’Hexagone. Ils seront bientôt plus de 100 millions à venir goûter nos spécialités culinaires. Cela en fait des bocaux de foie gras ou du fromage de chèvre à écouler si on sait un peu s’organiser pour cibler cette clientèle (ce qui n’est pas vraiment le cas, actuellement). On peut se deman-der pourquoi l’agriculture française n’a pas su répondre à ces clients passifs, alors que les secteurs des cosmétiques ou de la mode ont réussi à coordon-ner leurs espaces de ventes pour offrir

plus de visibilité à leurs produits pour les clients étrangers. Les corners3 des Galeries Lafayette ne désemplissent pas de la clientèle asiatique. On rêverait d’avoir aussi des corners remplis de vic-tuailles des régions de France !

JOUER COLLECTIFIl reste à la ferme France à sortir de sa dépendance au marché européen, qui représente les deux tiers de ses expor-tations, pour partir à la conquête des autres continents. Il reste à coordon-ner les actions publiques de soutien pour leur donner plus d’efficacité. Il reste surtout aux agriculteurs, et à leurs filières, à se persuader que nombre de consommateurs sur la planète sont friands et admiratifs des produits ali-mentaires français. Pourquoi ne pas

Si cette question ne se pose pas en viticulture, où nombre de caves parti-culières se sont engagées depuis long-temps dans la vente hors de France, l’interrogation peut paraître bien sau-grenue pour des éleveurs laitiers ou des céréaliers. Pourtant, à y regarder de plus près, des agriculteurs français sont déjà engagés dans des ventes à l’exportation sans avoir la taille d’une multinationale ! Des éleveurs de race parthenaise ou

limousine exportent depuis de nom-breuses années des animaux reproduc-teurs sur toute la planète, aidés par leur syndicat de race. Les éleveurs laitiers de l’Aubrac (coopérative Jeune Montagne) exportent leur fromage à New York, ceux de la coopérative laitière d’Échiré dans le Poitou, à Tokyo. Bref, collectivement beaucoup d’exploitations françaises sont concernées par les marchés de biens de consommation à l’export.

Une exploitation agricole, une filière locale ou une coopérative ont-elles leur place à l’export ?

1- Financement des entreprises et assurance export2- Agence pour le soutien des entreprises à l’international3- Zone de vente spécifique située dans un point de vente

physique qui est réservé à une marque donnée ou à une enseigne partenaire. Le principe des corners est d’abord apparu dans le contexte des grands magasins parisiens au sein desquels des espaces spécifiques avec vendeurs dédiés sont réservés à certaines marques.

4- Dans le monde entier

Agroalimentaire françaisREPÈRES 2018

18021

20+ 7

Md€ DE CHIFFRE D’AFFAIRES

% À L’EXPORT

% DES ENTREPRISES EXPORTENT

Md€ SOLDE BALANCE COMMERCIALE

accompagner les boulangers français qui ont du succès dans le monde entier et qui ouvrent des boutiques tous les jours dans les plus grandes capitales, avec des farines françaises  ? Ces dé-bouchés sont à portée de main. Encore faut-il vouloir raisonner filière, décloi-sonner nos comportements. À ce jeu-là, les Pays-Bas sont un bon exemple  ! Le 21e siècle sera-t-il celui de l’agroali-mentaire français “all over the world4” ?

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DOSSIER

Jacques Mathé, économiste Emmanuelle Parou, conseillère en ressources humaines

L’EXPORT : UNE OPPORTUNITÉ POURQUOI ET COMMENT ?

Exporter aujourd’hui est plus facile qu’hier : Internet et les réseaux sociaux favorisent la promotion et les transactions. De plus, la France jouit à l’étranger d’un prestige inégalable en matière alimentaire. Si diversifier ses débouchés grâce à l’export semble bel et bien représenter une opportunité, des points de vigilance sont toutefois à maîtriser pour se lancer en toute connaissance de cause : transport, conditions sanitaires et communication, notamment.

EXPORT : LES CLÉS DE LA RÉUSSITE

L’EXPORT : UNE VRAIE OPPORTUNITÉ !

L’e-commerce facilite les échanges

Le développement des transforma-tions à la ferme dans des circuits directs avec les clients offre des opportunités de marchés hors du territoire français. D’autant que la généralisation des outils de communication et de promotion grâce à Internet et aux réseaux sociaux permet à un producteur de petite taille de commercer à frais très réduits. Pas besoin de se déplacer à Francfort pour développer des ventes en Allemagne. Un site web dynamique, une page Facebook attractive et une plateforme de vente à distance permettent de réaliser des commandes sans quitter son exploitation. Ajoutons que la mul-tiplication des offres de transport, notamment pour des colis de moins de 100 kg, permet de livrer rapidement et avec sécurité sur l’ensemble de l’Union européenne.

Une compétition prix moins rude

En ce qui concerne les prix, la compé-tition est souvent moins intense qu’en France, notamment pour des produits qui ont une forte identité française. En revanche, les exigences de qualité, notamment dans la chaîne de livraison, la qualité du packaging ou encore la fraîcheur, sont des facteurs de risques commerciaux. Cette problématique est d’autant plus aiguë dans les pays hors Union Européenne.

Des acheteurs groupésPlusieurs plateformes pilotées en France par des commerçants chinois recherchent des produits originaux, du terroir. Elles proposent une livraison sur Rungis ou en entrepôt à l’aéroport parisien Roissy-Charles de Gaulle. Ces plate-formes se chargent de la logistique et de la commercialisation en Chine. Ainsi, les producteurs peuvent vendre en Asie sans assumer les conditions d’importation sur le marché chinois. D’autres opérateurs étrangers font aussi l’interface entre le pays importa-teur et les producteurs français. C’est le cas en viticulture de la Société des Alcools du Québec (SAQ) qui achète di-rectement chez les vignerons ou dans les coop viticoles et qui gère le trans-port jusqu’au Canada.

10 gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 55

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N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner 11

Une reconnaissance mondiale

Plus globalement, les agriculteurs fran-çais et leurs filières (comme les Italiens d’ailleurs) bénéficient d’un avantage comparatif unique au monde  : celui d’appuyer leurs différentes produc-tions sur des recettes, une gastrono-mie, des savoir-faire reconnus sur toute la planète. Cette notoriété est déjà un atout de communication de grande valeur. Elle est cependant trop mal uti-lisée pour être concrétisée en chiffre d’affaires.

LES POINTS DE VIGILANCE ET RECOMMANDATIONS

Le transportCommercer des produits alimentaires, que ce soit en France ou à l’étranger, c’est commercer des produits vivants, instables, sensibles aux conditions de transport. Il y a un risque de périssabilité et donc de perte de chiffre d’affaires.

Le suivi des colis et la permanence de la chaîne du froid doivent faire l’objet d’une attention particulière. Pour certains produits très sensibles (pro-duits laitiers ultra-frais, fruits, viande fraîche…), les expéditions lointaines sont difficilement réalisables. Limiter le risque commercial et financier, c’est aussi savoir refuser une commande.

Les normes et conditions sanitaires et douanières

C’est parfois un vrai casse-tête et les procédures peuvent être longues pour obtenir les agréments d’exportation des denrées animales et végétales. Là encore, commercer dans l’Union euro-péenne facilite les choses. Du côté fran-çais, il faut obtenir un certificat d’expor-tation avec la procédure Expadon. Côté pays importateur hors UE, il faut consul-ter les services des ambassades des pays concernés. Expédier de la salaisonnerie aux États-Unis peut prendre plusieurs années pour obtenir les droits, c’est donc inaccessible pour un producteur ou une petite filière locale. Aux normes et droits s’ajouteront évidemment des taxes douanières dont le montant peut faire doubler le prix du produit.

Le paiement des expéditions

Il est recommandé d’exiger le paiement à la commande, d’autant plus si les commandes sont de petits montants. Attention cependant à la lisibilité de la facture et à sa traduction dans la langue de l’acheteur. Les conditions de vente à l’export font l’objet d’accords internatio-naux que la France a signés. Il est aussi recommandé de consulter le site de la Coface* qui analyse les risques des diffé-rents pays.

L’anglais pour communiquer

On ne vous demande pas d’être bilingue pour pouvoir réaliser une vente de pots de confiture en Angleterre. Mais une traduction en anglais de vos docu-ments commerciaux, vos flyers, votre site web est quand même un mini-mum si vous voulez réaliser une partie de votre chiffre d’affaires à l’étranger. Pour le reste, les nouvelles générations, notamment dans le monde agricole, ont réalisé des stages à l’étranger pen-dant leurs études et sont plus à l’aise avec les langues. Ce sera d’ailleurs un atout d’intégrer dans une exploita-tion un associé ou salarié maîtrisant l’anglais si les ventes à l’export sont régulières. Pouvoir aussi converser avec un touriste sur un marché de pro-ducteurs peut offrir des opportunités commerciales.

* www.coface.fr

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gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 5512

DOSSIER

Une communication adaptée à la culture

du paysEn plus de la langue, il convient de bien s’imprégner des modes de consomma-tion dans les pays ciblés. Les voyages d’études (souvent subventionnés pour les petites entreprises), la participa-tion à des foires et salons sont un bon moyen de prendre le pouls d’un marché avant de conclure un contrat commer-cial. Prendre en stage un étudiant origi-naire du ou des pays ciblés est aussi un bon moyen pour appréhender les habi-tudes culinaires et commerciales.

S’informer, réseauterNombre d’organisations publiques ou professionnelles apportent des sou-tiens aux entrepreneurs. Les missions économiques des ambassades et les bureaux export de Business France sont à solliciter. Souvent, les premiers déve-loppements de marchés à l’internatio-nal se réalisent avec des partenaires (vos

clients français) déjà engagés et pré-sents sur place. C’est un moyen peu ris-qué de faire ses armes à l’exportation. La maison Pierre Oteiza, salaisonnier en porc basque, dispose d’un réseau de distributeurs en Asie. Il en profite pour distribuer aussi le fromage de brebis fermier Ossau Iraty. Les éleveurs laitiers bénéficient ainsi du réseau développé par la maison Oteiza, sans avoir à inves-tir dans une action commerciale.

Le développement en France des pro-ductions locales permet à des exploi-tations ou à des filières de trouver des clients bien au-delà des frontières. C’est moins un problème de débou-chés que de volonté et d’ambition pour valoriser des produits alimentaires en respectant quelques règles qui condi-tionnent la réussite de ces projets. Sans compter l’enrichissement et la satisfac-tion personnelle de rencontrer d’autres cultures et d’autres horizons.

Faire de l’export à son échelle ! Retour d’expérience de Florence Veilex, domaine de la Chapinière

lorence Veilex rachète le domaine de la Chapinière en 2003 avec son mari, Eric Yung. Rien ne prédesti-

nait cette docteure en mathématique à la viticulture, si ce n’est le plaisir de la dégustation du vin et l’envie de créer une entreprise agricole. Les rencontres et la découverte du terroir de la Tou-raine l’amènent à retourner sur les bancs d’école. Elle y obtient un BTS de viticulture et œnologie qui fait sa fierté, et reprend les rênes du domaine.L’année qui suivra son installation est catas-trophique pour la viti-culture. Le marché du négoce s’effondre. Les prix se réduisent comme peau de cha-grin. Conquérir le mar-ché de l’export semble

une voie pour trouver de nouveaux débou-chés. Pour s’y lancer, Florence Veilex rejoint trois autres confrères en 2007. Le projet est peaufiné collective-ment et devient une SARL. Une salariée permanente est em-bauchée pour chercher et trouver des débouchés sur le grand export. Malgré l’énergie et l’investissement, le groupe-ment ne parvient pas à développer suffi-

samment les ventes pour garder sa salariée. La logique du grand export avec de gros volumes né-cessite de gros moyens. Les liens entre les viti-culteurs se poursuivent mais avec moins d’inves-tissement. Dix ans après cette expé-rience, les quatre do-maines ont tous agrandi leur surface et le marché du négoce est reparti.

Force est de constater que l’export a pris racine chez les porteurs de projet. Chaque domaine le développe à son échelle. Florence Veilex a saisi, quant à elle, des opportunités à partir des ren-contres tissées sur les salons. “Se posi-tionner sur l’export, c’est compliqué et il faut le vouloir. C’est long  !” vous dira Florence Veilex. “Cela demande des compétences linguistiques, notamment, et cela impose de choisir ses marchés en cohérence avec son volume”. Au-jourd’hui, 30 % de sa production part à l’étranger. Un pari export réussi pour le domaine de la Chapinière !

Pour découvrir le domaine de la Chapinière : www.lachapiniere.com

EXPORT : LES CLÉS DE LA RÉUSSITE

F

Séance de dégustation à Boston, USA

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N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner 13

out d’abord, il faut distinguer les ventes intracommunautaires des exportations car les règles

en matière de TVA sont différentes.

LES VENTES INTRA- COMMUNAUTAIRES

Elles concernent toutes les ventes réa-lisées par une entreprise assujettie à destination d’entreprises assujetties situées à l’intérieur de la communauté européenne. Dans ce cas, l’opération est exonérée de TVA auprès du vendeur si certaines conditions sont remplies  : - la livraison est effectuée dans le cadre

d’une vente, par un assujetti à un autre assujetti dans le cadre de son activité économique,

- le bien est expédié ou transporté hors de France à destination d’un autre État membre de la communauté.

La justification de l’expédition est appor-tée par tout moyen de preuve. Si l’une de ces conditions n’est pas remplie, l’exonération ne peut pas être appliquée. Le vendeur doit, en conséquence, sou-mettre à la TVA française sa livraison.

À savoir : les ventes entre profession-nels à l’intérieur de la communauté doivent faire l’objet d’une déclaration d’échange des biens (DEB) aux douanes dès le premier euro d’expédition. Je vends à un particulier, est-ce que je dois appliquer de la TVA ?Oui, on doit appliquer de la TVA car le particulier n’est pas assujetti. La TVA ap-plicable est en principe celle du pays de départ du bien, dans certaines situations on peut aussi trouver à appliquer la TVA du pays de livraison, ce qui peut être plus avantageux si le taux de TVA y est moins élevé (régime dit “des ventes à distance”).

LES EXPORTATIONS

Ce sont les ventes à destination des pays situés en dehors de l’Union Européenne ou à destination d’une col-lectivité d’Outre-Mer.À la différence des livraisons intra-communautaires, que le client soit ou non un assujetti, elle est exoné-rée de TVA dès l’instant où la preuve de l’exportation peut être apportée.

À savoir : pas de déclaration d’échan- ge de biens à faire dans le cadre des exportations.

Les exportations dites touristiquesLorsqu’elles sont emportées par l’ache-teur lui-même, certaines marchandises peuvent bénéficier d’une procédure spécifique réservée aux particuliers sous certaines conditions :• le voyageur n’a pas son domicile ou sa

résidence habituelle en France ou dans un autre État membre de l’Union euro-péenne,

• la livraison ne porte pas sur les tabacs manufacturés, les marchandises qui correspondent par leur nature ou leur qualité à un approvisionnement com-mercial ainsi que celles qui sont frap-pées d’une interdiction de sortie,

• les biens sont transportés en dehors de l’Union européenne avant la fin du troisième mois suivant celui au cours duquel la livraison est effectuée,

• la valeur globale de la livraison, TVA comprise, excède 175 €.

Quelle procédure pour la détaxe ? La demande d’agrément est adressée à la Direction générale des douanes et des droits indirects (DGDDI), qui dispose d’un délai de 30 jours à partir de la réception de la demande pour se prononcer :• en cas de refus, le demandeur peut

présenter ses observations auprès de la DGDDI dans un délai de 30 jours. L’administration devra statuer définiti-vement,

• en cas d’acceptation, la décision est prise sur la base d’un audit réalisé par l’administration.

L’agrément est délivré pour une période de 3 ans, renouvelable 3 mois au moins avant la date d’expiration.

Pour sa mise en œuvre, le vendeur a deux possibilités :• accorder immédiatement au client la

détaxe et attendre le renvoi du borde-reau visé par la douane,

• ou encaisser la TVA et restituer à son client, après réception du bordereau visé par la douane, la somme qu’il s’est engagé à rembourser.

QUELLES MENTIONS

SUR MES FACTURES ?

Livraisons intracommunautaires• les numéros de TVA intracommunau-

taire du vendeur et de l’acquéreur,• la mention “Exonération de TVA, article

262 ter, I du CGI”.Exportations• la mention  : “Exonération de TVA en

application de l’art. 262 I du CGI”.

Noëlle Lecuyer, responsable juridique

T

Ventes intracommunautaires, TVA, DEB… Focus sur quelques notions indispensables à connaître avant de vous lancer à l’export.

HALTE

DOUANE

QUELQUES NOTIONS CLÉS DE FISCALITÉ

JE VEUX VENDRE MES PRODUITS À L’INTERNATIONAL

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gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 5514

DOSSIER

Pour exporter des productions agricoles, il faut bien avoir conscience de vendre des marchandises pour la plupart vivantes ou périssables… à la différence de produits tels que des machines, ordinateurs ou avions. Un certain nombre de précautions liées à la

qualité s’imposent donc avant de se lancer à la conquête des marchés étrangers !

SOYEZ TRÈS VIGILANT !

EXPORT ET NORMES SANITAIRES

Concernant les denrées péris-sables, leur durée de conserva-tion est plus ou moins longue.

Quant aux organismes vivants, ils néces-sitent des soins et sont facteurs de ma-ladie ou de contamination. Entre l’export de blé et celui d’animaux vivants, en passant par les fruits et légumes et les fromages, les préoccupations diffèrent notablement. Néanmoins, elles relèvent de la même nécessité de connaître les normes et les usages dans les pays destinataires.

CHAQUE PAYS A SES PROPRES EXIGENCES

Les normes de qualité d’une produc-tion sont essentielles à maîtriser. Là encore, elles peuvent être très diffé-rentes selon la marchandise et les clients destinataires. Citons l’aspect, le goût, l’emballage et l’étiquetage, la traçabilité,

le niveau de résidus d’intrants, la présence de pathogènes…Les normes sanitaires concernent particu-lièrement le domaine de l’agroalimentaire. Les produits consom-mables et les animaux

doivent faire l’objet de contrôles plus ou moins sévères. Dans ce domaine, l’ori-gine de la complexité tient dans l’insta-bilité chronique des règles qui évoluent au gré des épizooties frappant les dif-férentes régions du globe comme, par exemple, la Peste Porcine Africaine (PPA) ou la Fièvre Catarrhale Ovine (FCO). Il faut être en veille permanente…

À QUI S’ADRESSER ?Les Directions Départementales de la Protection des Populations (DDPP), anciennement Directions des Services Vétérinaires (DSV) ont la connaissance des règles et des normes sanitaires des différents pays. Au sein des filières, on peut aussi trouver un appui par l’inter-médiaire d’interprofessions, d’organi-sations ou de groupements de produc-teurs, de syndicat de races... Il appartient au candidat à l’exportation de trouver le bon interlocuteur correspondant à son produit.

UE OR NOT UE ?D’une façon générale, les formalités sont plus faciles et harmonisées au sein de l’Union européenne. En matière d’exportation d’animaux par exemple, le certificat sanitaire est valable dans tous les pays membres. Cependant, tous n’ont pas le même niveau d’exigence. Le Royaume-Uni, l’Irlande, l’Allemagne sont tout aussi stricts que la France. Et, en Allemagne, les exigences sont même

EXPORT : LES CLÉS DE LA RÉUSSITE

Thierry Lemaître, responsable conseil et Sandrine Jean, conseillère en gestion

au début, j'exportais des œufs sur des îles paradisiaques, puis des

pondeuses, puis des poulaillers et aujourd'hui ?

Je me suis exporté moi-même !

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N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner 15

Vous voulez exporter des ovins

reproducteurs vivants ? Quelques conseils de base.Si le trajet excède 8 heures, un arrêt est nécessaire pour permettre aux animaux de boire et manger. En l’absence de véhicule approprié, vous devrez rejoindre un centre de rassemblement. Les transporteurs spé-cialisés utilisent des camions étanches avec ventilation et abreuvoir pour éviter de faire descendre les animaux.

Le véhicule de transport doit être agréé par la DDPP (l’agrément est valable 5 ans). L’étanchéité aux déjections doit être garan-tie pour éviter les contaminations sur la route.

24 heures avant le départ, le vétérinaire doit se rendre chez vous. Il vérifie le bou-clage, certifie le bon état de l’animal et mentionne, le cas échéant, le numéro du lot du vaccin obligatoire pour voyager.

Vous devez ensuite vous rendre à la DDPP qui établit d’abord l’itinéraire au vu des localités de départ et d’arrivée, délivre en-suite le certificat sanitaire attestant le bon état sanitaire de votre troupeau. Vous vous munirez du dossier de suivi de l’animal mentionnant notamment sa génétique et ses performances. Alors seulement, vous pourrez prendre la route…

Vous voulez vendre du fromage au lait cru en dehors de nos frontières ?

Retour d’expérience. Quelques précautions sont peut-être à prendre, comme l’illustre l’histoire de Marie-Agnès. Éleveuse de vaches laitières en GAEC avec son père, elle transforme et commercialise quelque 400  000 litres de lait par an. Ils ont fait le choix, voilà 2 ans, d’exporter une petite partie de leur pro-duction en Allemagne. Ils ont vu leurs fro-mages retirés de la vente Outre-Rhin suite à des analyses réalisées par les services de sécurité alimentaire allemands révélant une suspicion d’Escherichia coli, productrice de shigatoxines (E coli STEC). En Allemagne, suite à une crise sanitaire sur des graines germées en 2001, cette recherche est sys-tématique. En cas de suspicion, le principe de précaution s'applique.

À chaque pays ses propres règles  : en France, cette analyse n’est pas obligatoire. Les conséquences se sont avérées lourdes pour Marie-Agnès et son père  : analyses et alerte sanitaire en France, retrait des produits, destruction de la cave par me-sure préventive, mise en place d’actions correctives sur l’élevage et pasteurisa-tion obligatoire du lait. Les exploitants ne connaissaient pas, quelques semaines plus tôt, l’existence de cette bactérie, cette der-nière ne faisant pas partie, aujourd’hui, du plan de maîtrise sanitaire sur les exploita-tions fermières.

Si le problème semble désormais derrière l'exploitation, cette histoire aura impacté son chiffre d’affaires. Sans une bonne si-tuation financière préexistante, un très bon relationnel avec sa clientèle et une bonne gestion de crise, l’exploitation aurait bel et bien pu ne pas s’en relever.

Cette aventure aura nécessité beaucoup d’énergie de la part de notre éleveuse qui compte valoriser cette expérience en témoignant auprès des éleveurs locaux et, pourquoi pas, s’organiser collectivement pour se faire accompagner davantage sur cet enjeu de la maîtrise sanitaire.

différentes entre les Länder…Si l’export est réalisé hors de l’UE, il fau-dra s’arrêter obligatoirement à la douane pour d’autres formalités. Prévoir alors rafraîchissements et nourriture pour soi comme pour les animaux !

NE PAS OUBLIER LE CLIENT FINAL

Au-delà des normes et exigences en vi-gueur dans le pays destinataire, il ne fau-drait pas négliger celles du client. Elles peuvent se révéler encore plus contrai-gnantes que les normes locales. La satisfaction client doit rester une priorité, d’autant plus avec les réseaux sociaux, où les informations circulent très vite et à l’échelle mondiale !Ensuite, il ne faut pas sous-estimer la “barrière de la langue” qui peut conduire à des déboires si les subtilités ne sont pas maîtrisées. Converser ou négocier avec un acheteur situé à plusieurs cen-taines, voire milliers, de kilomètres est parfois difficile…

SAVOIR DOMINER ET GÉRER LES CONTRAINTES

DE L’EXPORTExporter des produits agricoles ne s’in-vente pas et il ne faut pas sous-estimer les tracas et les charges administratives obligatoires. Il est évident que la com-plexité de la démarche dépend énormé-ment de la production exportée, mais il faut retenir qu’il est indispensable de bien connaître les règles et les normes en vigueur tout au long du trajet em-prunté par la marchandise exportée.

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gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 5516

DOSSIER

Mon salarié peut-il refuser de faire un salon ?Certaines professions induisent la né-cessité de se déplacer  : un salarié ne peut donc pas s’y opposer au motif que le contrat ne dit rien. En revanche, pour le salarié sédentaire à qui vous deman-deriez, d’une manière exceptionnelle, d’effectuer ce genre de voyage, celui-ci pourra le refuser s’il invoque des obliga-tions familiales impérieuses.

Puis-je recourir ponctuellement à des salariés pour se rendre dans une foire ?Oui, vous rédigerez alors un contrat à durée déterminée dont le motif sera l’accroissement temporaire d’acti-vité. Ne négligez pas toutes les clauses relatives au remboursement des frais professionnels.

Quels sont les frais que je dois rembourser à mon salarié ?Tous les frais inhérents à ses missions (frais de transport, de repas et d’héber-gement) doivent être pris en charge par

l’entreprise. Néanmoins, vous pouvez plafonner les remboursements pour éviter que votre salarié ne choisisse un hôtel 4 étoiles et s’offre des repas gastronomiques !Vous avez la possibilité de limiter le rem-boursement aux dépenses strictement nécessaires, dans la mesure où vous en avez informé le salarié. Par exemple  : train remboursé au tarif 2e  classe. Dans tous les cas, vous rembourserez sur jus-tificatifs de facture.

Mon commercial a un contrat de 35 heures hebdomadaires, comment sera décompté son temps de travail s’il part une semaine sur un salon à Milan ?Selon le Code du travail, le temps de travail effectif est “le temps pendant lequel le salarié est à la disposi-tion de l'employeur et se conforme à ses directives sans pouvoir va-quer librement à des occupations personnelles”.En conséquence, le temps passé sur le salon est du temps de travail effectif. De ce fait, si votre salarié fait plus de 35  heures sur la semaine, vous devez payer des heures supplémentaires majo-rées de 25 % de la 36e à la 43e et 50 % pour les suivantes.En outre, veillez à respecter les durées maximales de travail, soit 48 heures par semaine et 46 heures sur 12 semaines consécutives.

Comment se calcule le temps de travail pendant les déplacements ?La prise en compte des temps de dépla-cement est partiellement prévue par le Code du travail : “le temps de déplace-ment professionnel pour se rendre sur le lieu d'exécution du contrat de travail n'est pas un temps de travail effectif”. Cela signifie, en pratique, que le paiement des heures ne déclenchera pas de majoration d’heures supplémen-taires. Sauf si pendant le temps de tra-jet, les éléments caractérisant le travail effectif sont présents, ce temps prend alors la qualification de temps de travail effectif.En revanche, s'il dépasse le temps nor-mal de trajet entre le domicile et le lieu habituel de travail, il fait l'objet d'une contrepartie financière ou sous forme de repos.

Christelle Dupin-Rappart, responsable juridique

QUELQUES RÈGLES À RESPECTER POUR VOS SALARIÉS

TEMPS DE TRAVAIL PENDANT LES DÉPLACEMENTS

Exemple tiré de la convention collective du tourisme

Décompte et indemnisation des temps de déplacement et de voyage En plus du temps consacré à la mission (considéré comme temps de travail), le temps de déplacement est assimilé à du temps de travail effectif, tandis que le voyage (aller et retour) pris en dehors du temps de travail, au-delà des 5 premières heures, n'est indemnisé qu'à 50  % du temps passé.

EXPORT : LES CLÉS DE LA RÉUSSITE

NOTRE CONSEIL

Pensez à vérifier la validité des papiers de l’équipe (carte d’identité, passeport…) !

SALONS À L’EXPORT

Lorsque vous participez à un salon à l’étranger, outre tous les aspects administratifs et commerciaux, il convient aussi d’organiser la présence

des équipes sur place. De combien de personnes avez-vous besoin et pour quoi faire ? Devez-vous embaucher spécifiquement ou pouvez-vous utiliser

vos ressources internes ? Réponses aux questions les plus fréquentes.

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N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner 17

EBE

UN INDICATEUR CLÉ DE VOTRE PERFORMANCE ÉCONOMIQUE

COMPRENDRE VOTRE EBE

Un peu de théorie…L’EBE est ce qu’il reste de votre pro-duction une fois que vous avez payé les consommations de matières premières, d’approvisionnements, les charges “ex- ternes” (loyers, assurances, entretien, honoraires, télécommunications, dépla-cements…), les impôts, taxes et charges de personnel, y compris les cotisations sociales du chef d’entreprise. Il s’agit donc d’un premier niveau de résultat, d’un indicateur de rentabilité qui mesure l’efficacité économique de l’entreprise et sa capacité à gagner de l’argent en faisant son métier de base. Mais nous n’en sommes pas encore au bénéfice… Restent à prendre en compte d’autres postes comme les amortissements de

l’infrastructure, les intérêts d’emprunts ou encore les éléments exceptionnels (plus-values, pertes sur créances, …).

Quelle est sa vocation ?Cet indicateur est central dans la gestion de l’entreprise. C’est l’EBE qui permet de couvrir :• l’autofinancement des investissements,• les annuités d’emprunts,• les autres charges inévitables (IS, …),• les revenus du chef d’entreprise (outre

la rémunération de gérance en société, déjà déduite de l’EBE).

Une fois ces besoins satisfaits, le reliquat d’EBE permet d’envisager l’avenir  et de nouveaux projets : renforcer la trésore-rie, se développer, conforter sa protec-tion sociale, etc.Tout tourne donc autour de l’EBE : la ges-tion de l’entreprise telle qu’elle existe, mais aussi telle que vous voudriez qu’elle soit.

Mais passons à la pratique…Décortiquer votre EBE va renvoyer à de nombreux sujets à travailler :• vérifier l’adéquation de la main-d’œuvre

par rapport au volume d’activité,• traiter les crédits baux (déduits de

l’EBE) comme un endettement (dont les annuités ne sont pas déduites de l’EBE),

• s’interroger sur un loyer versé à soi-même ou à sa SCI  : couvre-t-il un em-prunt non visible dans les comptes de l’entreprise ?

• estimer la capacité à rémunérer le tra-vail du chef d’entreprise,

• estimer la capacité de l’entreprise à as-sumer de nouveaux projets et de nou-veaux financements…

Socle d’analyse du fonctionnement de l’entreprise et de sa projection, l’EBE est l’indicateur clé sur lequel vous ap-puyer pour réfléchir vos projets. Voici pourquoi vos conseillers y prêtent tant d’attention !

Quels autres usages ?Plusieurs ratios classiques d’analyse fi-nancière sont basés sur l’EBE, parmi les-quels on peut citer : • Annuités/EBE qui mesurent la part

d’EBE consacrée au remboursement d’emprunts,

• Capital Restant Dû/EBE qui mesure le poids des dettes financières en années d’EBE.

Il existe même des méthodes d’éva-luation d’entreprise qui placent l’EBE au cœur du raisonnement : c’est dire son importance puisque c’est sur la confiance qu’il lui accorde qu’un repre-neur engagera son avenir.

NOTRE CONSEIL

Même s’il existe des statistiques profession-nelles faisant référence à l’EBE, prenez du

recul dans leur interprétation. Par exemple, un ratio Annuités/EBE meilleur que les

moyennes de la profession ne signifiera pas forcément que votre entreprise gagne

suffisamment d’argent pour couvrir tous vos autres besoins, et inversement.

L’EBE ou Excédent Brut d’Exploitation : un sigle dont vous avez déjà entendu parler par votre comptable, votre conseiller ou votre banquier. Il semble beaucoup

les intéresser mais le comprenez-vous et savez-vous quoi en faire ? Focus sur un incontournable de la gestion de votre entreprise.

Emmanuel Grange, conseiller d’entreprise

COMPRENDREC

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Variation de trésorerie

nette

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La rentabilité

L'autonomie financière

Charges opérationnelles

Frais généraux

AmortissementsFrais financiers

Autres produits/charges

AnnuitésAutofinancement

Revenus du dirigeant

Disponible potentielcréé ou consommédans l'exercice

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gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 5518

DÉCRYPTER

e juge prud'homal accorde désor-mais au salarié une indemnité encadrée en fonction de l’ancien-

neté (voir le tableau ci-dessous). Ce barème s’impose au juge et s'applique à tous les salariés.

Un barème remis en causeOr, depuis septembre 2018, à plusieurs reprises, des Conseils de Prud’hommes (CPH) ont censuré le barème d’indemnité pour licenciement injustifié estimant que ce dernier viole la charte sociale européenne et la convention N° 158 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT). Les juges estiment que le plafonne-ment des indemnités prud’homales ne permet pas d’apprécier les situations in-dividuelles des salariés injustement licen-ciés dans leur globalité et de réparer de manière juste le préjudice qu’ils ont subi. Ils déplorent que ces barèmes ne soient pas assez dissuasifs pour les employeurs.Ainsi, le CPH d’Amiens a accordé au sala-rié 3 mois de salaire (au lieu d’un mois en application du barème). Celui d’Angers

a indemnisé un salarié ayant 12 ans et 9 mois d’ancienneté à hauteur de 12 mois de salaire (le barème prévoyait entre 3 et 11 mois).

Si l’application du barème est confortée, les salariés peuvent-ils obtenir mal-gré tout des compléments d’indemnisation ?La réponse est positive et doit être prise sous deux angles.Tout d’abord, les textes prévoient que le barème peut être mis à l’écart dans certains cas  : par exemple, les juges peuvent prononcer la nullité du licencie-ment si les faits reprochés sont liés à un harcèlement moral ou sexuel. Par ailleurs, si le licenciement est dis-criminatoire, c'est-à-dire lorsqu’il a été motivé par un critère d’âge, de sexe ou d’origine… ou si les ruptures de contrat portent atteinte aux libertés fondamen-tales, telles que la liberté d’expression du salarié, le droit au respect de la vie privée, le juge peut dans ce cas octroyer des indemnités au-delà des plafonds.

Ensuite, certains préjudices ne sont pas compris dans le barème : c’est le cas notamment si le salarié démontre un préjudice moral distinct du licenciement injustifié  : à titre d’exemple, le Conseil des Prud’hommes de Troyes a octroyé une indemnité pour préjudice moral en raison des circonstances brutales et vexatoires ayant entouré la rupture (appauvrissement de ses missions, “mise au placard”). Par ailleurs, un salarié peut demander des dommages-intérêts liés au retard ou au non-paiement de salaire, à la non-communication des critères de licenciement. Il peut aussi obtenir des sommes liées à l’exécution même du contrat de travail  : rappel de salaire, clause de non-concurrence, rembourse-ment de frais…

Affaire à suivre…Il s’agit ici d’un combat d’idées où s’op-posent le syndicat des avocats et les or-ganisations patronales (MEDEF et CPME). Que fera la chancellerie ? Pour l’instant, tous ces débats ne permettent pas une grande visibilité aux employeurs !

RÈGLES D'INDEMNISATION REMISES EN CAUSE

Depuis septembre 2017, les ordonnances Macron ont créé un barème d’indemnisation du licenciement

sans cause réelle et sérieuse. En effet, le montant des dommages et intérêts alloués au salarié n’est plus laissé

à la libre appréciation des juges. Explications.

Christelle Dupin Rappart, responsable juridique

L

ANCIENNETÉ du salarié (en années complètes) 0 1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 11 12 13 14 15 16 17 18 19 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30+

Indemnité minimale (en mois de salaire brut)

Entreprise ≥ 11 salariés - 1 3

Entreprise < 11 salariés - 0,5 1 1,5 2 2,5 3

Indemnité maximale (en mois de salaire brut) 1 2 3,5 4 5 6 7 8 8 9 10 10,5 11 11,5 12 13 13,5 14 14,5 15 15,5 16 16,5 17 17,5 18 18,5 19 19,5 20

BARÈME

LICENCIEMENT SANS CAUSE

RÉELLE ET SÉRIEUSE

L'indemnité est désormais encadrée en fonction de l’ancienneté du salarié.

!!?

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N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner 19

INFORMER

POUR FIDÉLISER ET MOTIVER VOS ÉQUIPES

Pour nombre de dirigeants, l’épargne salariale est réservée aux grandes

entreprises : trop chère, trop complexe, au caractère

trop collectif… en un mot, inadaptée aux exploitations de petite taille. Force est de

constater que ces reproches ne résistent pas à l’épreuve

des faits… à condition d’utiliser les dispositifs pour ce qu’ils sont, c’est-à-dire des outils destinés à récompenser et

à fidéliser les équipes.

Serge Thomas, conseiller d’entreprise

OSEZ L’ÉPARGNE SALARIALE !

Une gratification à coût réduit, mais…Pour une exploitation agricole, les sommes versées au titre de l’épargne salariale ne supportent plus aucune charge. Mieux, la déductibilité des primes d’intéressement ou de l’abonde-ment versé au titre d’un Plan d'Epargne Entreprise (PEE) ou d’un Plan d'Epargne Pour la Retraite COllectif (PERCO) per-met aux dispositifs d’épargne salariale d’afficher un “coût  minoré” grâce aux économies d’impôt et/ou de cotisations sociales que permettent ces dispositifs. Attractif ? Sûrement, mais pas suffisant pour construire une politique d’épargne salariale. Cela peut sonner comme une évidence (ou comme une injustice), mais la mise en place d’outils tels que l’inté-ressement ou le PEE nécessite que l’en-treprise gagne de l’argent..

…qui nécessite d’en avoir les moyens…Deux questions principales se dégagent lorsque l’on aborde la question de l’épargne salariale :• Quel budget  le dirigeant peut-il (ou

veut-il) mobiliser ? • Quel objectif souhaite-t-il atteindre au

travers de ces dispositifs ? Même avec “zéro forfait social”, l’exploi-tation devra assumer une charge sup-

plémentaire proportionnelle à son ef-fectif dans la mesure où tous les salariés de l’entreprise en seront bénéficiaires. Si l’on ajoute que l’épargne salariale ne peut pas se substituer à un élément de rémunération en place dans l’entreprise, il est clair qu’un contrat d’intéresse-ment ou un PEE doivent être envisagés comme des outils de partage d’une par-tie des bénéfices de l’entreprise en vue “d’optimiser l’implication des salariés” et non pas comme des outils “d’optimisa-tion fiscale et sociale”. De plus, ces outils collectifs ne doivent pas se substituer au maintien d’une poli-tique de rémunération individuelle faite d’évolution de salaires, de primes qui permettent de récompenser une com-pétence et/ou une performance indivi-duelle ou spécifique.

…et qui doit répondre à un objectif.

La question économique validée, reste celle de la finalité de l’opération. De ce point de vue, les objectifs sont à l’image des outils disponibles : multiples. D’un côté, nous avons les dispositifs destinés à favoriser l’épargne à moyen terme (PEE) ou la retraite (PERCO) et pilo-tés par le dirigeant qui décide de verser ou non de l’abondement, ainsi que du niveau de cet abondement.De l’autre, nous avons l’intéressement et la participation dont les versements sont aléatoires, voire inexistants car définis en fonction des résultats de l’entreprise.

Ainsi, chaque outil peut répondre à une finalité différente :• l’intéressement pour récompenser col-

lectivement les salariés de leur contri-bution aux résultats de l’exploitation,

• le PEE pour leur permettre de se constituer une épargne,

• le PERCO pour les aider à consolider leur retraite…

Autant d’objectifs qui ont une même finalité  : impliquer et fidéliser vos salariés.

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gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 5520

MANAGER

Un individu efficace, ça se voit !

L’efficacité personnelle concerne tous les domaines de la vie, alors comment définir ce concept ? “C’est la capacité d’un individu à traiter les évène-ments qui le concernent en vue d’un but à atteindre” vous dira Philippe Richard. “Un individu efficace, ça se voit”, vous répète-t-il  ! Il exécute une tâche avec précision et qualité, avec moins de temps et plus de plaisir que d’autres confrères.

Les trois caractéristiques des individus efficaces

La personne efficace dispose d’un haut niveau de savoir-faire (ce n’est pas fonction du niveau d’études). Elle a le plaisir et l’envie d’apprendre en perma-nence. Elle utilise les contraintes comme une source d’apprentissage. Elle sait faire émerger les compétences et les qualités chez les collaborateurs qu’elle encadre. L’individu efficace n’hésite pas non plus à aller chercher ce qui lui manque chez des personnes plus com-pétentes que lui. L’individu efficace est mobile dans ses relations. Il sait s’associer et se séparer d’autrui en fonc-tion d’intérêts partagés et sans conflit majeur. Il prend des décisions impopu-laires si besoin et ne cherche pas à plaire à tout prix. Il se remet en cause. Enfin, l’individu a la capacité de se fondre

dans un milieu donné. Philippe Richard appelle cela la “conformabilité”. À l’aise avec tout le monde, il travaille avec des personnes différentes de lui.

Alors, comment gagner en efficaci-té ?  “De la méthode !” vous répétera à souhait le consultant. Et le tour est presque joué !

Anticiper, encore et toujours anticiper

L’efficacité dans le travail repose sur la ca-pacité à analyser un problème, une situa-tion bien en amont. C’est tordre le cou aux bons vieux réflexes de foncer tête baissée dans l’action. C’est évaluer les temps de travaux nécessaires. Attention !

On a souvent tendance à sous-estimer leur durée. Par ailleurs, il faut aussi sor-tir de la croyance qu’un travail bien fait nécessite beaucoup d’heures !

L’objectif et rien que l’objectif !

Se fixer un objectif et le garder coûte que coûte quoi qu’il arrive  ! Dans les exercices que le consultant propose, c’est flagrant  ! Le maintien de l’objectif maximise le résultat de l’équipe qui s’y tient. La personne efficace se fixe un ob-jectif et s’y tient. Par exemple, Frédéric souhaite gagner 1 heure par jour pour finir plus tôt son travail et partager le dîner avec sa famille. Il se donne un mois pour y parvenir.

OU COMMENT ALLIER EFFICACITÉ ET PLAISIR ?

COMMENT BOOSTER SON EFFICACITÉ ?

Rencontrer Philippe Richard, consultant en développement personnel, c’est découvrir le Monsieur “efficacité” qui œuvre lors de la formation Cerfrance

“Entreprendre et Réussir”. Avec une méthode rompue et un art de la transmettre bien à lui ! Le consultant a participé à une enquête menée auprès de plusieurs centaines de salariés pour comprendre les mécanismes de l’efficacité et les comportements

qui s’y rattachent. Il nous donne les clés pour comprendre la recette de l’efficacité et nous aider à renforcer la nôtre !

propos recueillis par Emmanuelle Parou, conseillère en ressources humaines

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N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner 21

L’objectif clarifié, comment y parvenir ?

La créativité sur les moyens à mettre en œuvre pour atteindre l’objectif est de mise. Frédéric peut relever son temps de travail pendant une semaine et l’ana-lyser. D’autres pistes sont possibles  : organiser un remue-méninges avec ses associés pour trouver des idées, donner de la souplesse à son emploi du temps… Philippe cite d’ailleurs “ce chef d’entre-prise qui réserve 30 minutes chaque jour aux imprévus”.

Contrôler et reconnaître la réussite

Une fois qu’on se décide pour une méthode, il ne faut pas oublier de se contrôler pendant le mois de mise en œuvre. On acte la réussite de l’opéra-tion ou réajuste si nécessaire. Quand on travaille en équipe, dire bravo et merci maintient la motivation de tous… contrairement aux idées reçues ! Le consultant insiste sur une dernière chose et pas des moindres pour favoriser l’efficacité de votre entreprise  : privilé-giez la coopération à la compétition !Dans les réunions, on a trop tendance à vouloir convaincre les autres, à avoir le dernier mot et surtout à ne pas baisser la garde ! Le consultant nous invite à pri-vilégier la coopération à la compétition. Les points de vue diffèrent à propos d’un problème donné ? Osons sortir de

l’affrontement et pratiquons plutôt le oui que le non excluant. Un chef d’en-treprise très efficace sait que lorsqu’il est au pied d’une montagne, il n’en voit qu’une face. Ses collaborateurs voient les autres. Pourquoi se priver d’une vi-sion en 3D ? Un individu efficace écoute et il a une totale absence de préjugé. La coopération rapporte plus que la com-pétition. Un exemple : Didier Deschamps,

pour la dernière coupe du monde, n’a pas choisi les meilleurs joueurs indivi-duels mais les meilleurs joueurs à même de faire équipe. Cela donne le résultat que l’on connaît.Pour résumer, l’efficacité personnelle, c’est un subtil maillage entre la rigueur liée à de la méthode d’action et des valeurs telles que la solidarité…Réjouissant, vous ne trouvez pas ?

L'exemple d'Olivier : allier efficacité et plaisir !Olivier est pépiniériste et éleveur de bovins allaitants. Il gère une équipe de deux salariés permanents. Il est sans cesse dérangé au téléphone par l’un ou l’autre. Faute d’anticipation, les salariés se retrouvent parfois devant un chantier où le matériel n’est pas prêt. La trésore-rie est tendue et notre dirigeant, épuisé. Olivier participe à “Entreprendre et Réussir”. Après la formation, le diri-geant aménage un bureau pour l’équipe de permanents. Il cale désormais une réunion d’équipe en fin de semaine. Les salariés font remonter les réussites, les dysfonctionnements et les choses à faire. Olivier établit aussi une liste des travaux sur le paper-board. Le lundi matin avec l’équipe, un court échange lui permet de caler les derniers ajuste-ments du planning.

Résultats des courses  : Olivier n’est plus dérangé par le téléphone. Les salariés viennent consulter les travaux, rayent quand ils les ont terminés. Les chantiers sont réalisés dans de meilleurs délais. Olivier a pris le temps d’anticiper. L’équipe a mis quelques mois à s’habi-tuer à l’organisation. Olivier a tenu. Il est aujourd’hui plus reposé et les résultats s’en ressentent.

Privilégiez la coopération à la compétition pour favoriser

l’efficacité de l'entreprise !

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22 gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 55

ÉVALUER

Depuis le 01/01/2019

Smic horaire 10,03 €

Smic mensuel base 35 h 1 521,22 €

Minimum garanti 3,62 €

Date de clôture de l’exercice comptable

Taux maxi. des intérêts déductibles

31 décembre 2018 1,47 %

31 janvier 2019 1,46 %

28 février 2019 1,44 %

31 mars 2019 1,42 %

30 avril 2019 1,41 %

31 mai 2019 1,39 %

Indice Variationannuelle n-1

3e trimestre 2018 128,45 + 1,57 %

4e trimestre 2018 129,03 + 1,74 %

1er trimestre 2019 129,38 + 1,70 %

2e trimestre 2019 129,72 + 1,53 %

Heures annuelles effectuées

Jour de repos compensateur

de 1 861 à 1 900 1

de 1 901 à 1 940 2

de 1 941 à 2 000 3

Indice 2018 103,05

France entière Avril 2019 Variationannuelle n-1

Ensemble 104,22 + 1,30 %

Hors tabac 103,76 + 1,10 %

Applicable du 1er octobre 2018 au 30 septembre 2019

SMIC HORAIRE BRUT et MINIMUM GARANTI

TAUX DE RÉMUNÉRATION DES LIVRETS D’ÉPARGNE

REPOS COMPENSATEUR ANNUEL en cas d’heures supplémentaires

INDICE NATIONAL DES FERMAGES

PRIX À LA CONSOMMATIONbase 100 année 2015

COMPTES COURANTS D’ASSOCIÉS

INDICE DE RÉFÉRENCE DES LOYERS

OAT (10 ans)

1,18

1,17

1,16

1,15

1,14

1,13

1,12

1,00

1,00 %

0,80 %

0,60 %

Source : Insee

Taux de l’échéance constante à 10 ans (TEC 10)

Taux et plafonds applicables depuis le 01/08/2016

Livret A LDD PEL CEL LEP Livret Jeune 22 950 € 12 000 € 61 200 € 15 300 € 7 700 € 1 600 €

0,75 % par an

au minimum

1 % par an

hors prime d’État

ouvert à compter du 01/08/2016

0,50 % par an

hors prime d’État

0,75 % par an

0,75 % par an

1,25 % par an

Plafond maximal

Valeurs quotidiennes

Source : Banque de FranceComité de Normalisation Obligatoire

Source : chiffres et taux F. Lefebvre

Source : Boursorama

PARITÉ €/$

EURIBOR (3 mois)Source : Boursorama-0,20

- 0,25

-0,30

-0,35janvier

2018avril2018

juillet2018

oct.2018

janvier201913/08 10/10 07/12 08/02 09/04 11/06

14/08 12/10 12/12 14/02 16/04

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23N° 55 août 2019 I agriculture I gérer pour gagner

Coursproduits €/t06/18 06/19

Prix unité fertilisante06/18 06/19

Solution azotée 39 % 153 173 0,51 0,58

Ammonitrate 33,5 % 260 262 0,78 0,78

Super phosphate 46 % 320 344 0,70 0,75

Chlorure de potassium 60 % 295 287 0,49 0,48

BILANS MONDIAUX blé/maïs en Mt

BILANS EUROPÉENS import/export blé/maïs en Mt

IPAMPA (INDICE DES PRIX D’ACHAT DES MOYENS DE PRODUCTION AGRICOLES)

PRODUITS LAITIERS INDUSTRIELS

MARCHÉ VIANDE BOVINE

MARCHÉ VIANDE PORCINE

EXPORTATION BOVINE

CONSOMMATION FRANÇAISE DE PRODUITS LAITIERS

ENGRAIS

PRODUCTION CONSOMMATION STOCKS FIN EXPORTATION IMPORTATION

Juin 2018 Juin 2019

778 759

293 3154,34

1120 1134

1,8

198 187170 189226 228

17,9

1133 1145

2,4

22,5

Source : FranceAgriMer conjoncture, indicateurs de suiviSource : rapport USDA - février 2019

Source : Web-agri

Blé Maïs Bilan 2018/2019

Proj. 2019/2020

PÉTROLE BRENT (Mer du Nord) en $/barilLes tensions dans le Golfe pourraient faire flamber

les cours du pétrole.

La demande en maïs pour l'alimentation animale est forte, la commission prévoit

une hausse des importations.

Portée par une météo favorable, la production de blé aux USA et dans la mer Noire pourrait atteindre des records cette année.

La croissance de l'indice s'explique par les postes engrais, aliment et énergie.

En €/tMai 2018

Mai 2019

Beurre industriel 5 353 4 533Poudre de lait écrémé 1 393 1 905

Poudre de lait entier 2 689 2 889

Janv.-Mars variationannuelle n-1

Broutards en têtes 299 200 1 %

Jeunes bovins finis en têtes 5 000 17 %

Évolution en cumul annuel mobile (mars 2019) Volume Prix

Lait de consommation - 3,80 % 1,80 %Ultra-frais - 2,30 % 1,40 %Fromage - 1,10 % 1,80 %

Beurre - 2,80 % 13 %Crème - 0,50 % 5,50 %

LAIT Prix réel en €/1 000 l

Lait conventionnel Lait bio

Prix Évolutionn/n-1 Prix Évolution

n/n-1Oct. 2018 367,30 1,10 % 501,15 0,10 %Nov. 2018 367,10 0,20 % 502,65 0,40 %Déc. 2018 361,10 - 0,90 % 492,46 - 0,70 %Janv. 2019 357,10 1,80 % 481,21 - 1,50 %Fév. 2019 357 1,80 % 473,53 - 1,60 %

Mars 2019 345,70 3,10 % 463,87 - 1,60 %Avr. 2019 348,80 7,40 % 425,65 2,90 %

Source : FranceAgriMer, enquête mensuelle

La conjoncture laitière reste porteuse et devrait permettre un prix 2019 légèrement majoré par rapport à 2018.

Source : FranceAgriMer

Source : FranceAgriMer d’après le panel Kantar Worldpanel

Source : Insee

La baisse des naissances de veaux allaitants pourrait limiter l'offre en broutard cet automne.

En €/Kg - Prix moyen pondéré - cotis. nationales Juin 2018 Juin 2019

Vache R 3,76 3,86

Jeunes bovins R 3,70 3,77

Broutards Charolais 350 kg 2,85 2,87Source : Agreste d’après FranceAgriMer

Source : Bulletin économique interbev Source : France Agricole

L'ouverture du marché algérien soutient les exportationsdes broutards lourds ce printemps.

La luzerne déshydratée reste à un prix élevé.

21,3 21

La segmentation du lait de consommation n'enraye pas la baisse de consommation.

En €/Kg Mai 2018 Mai 2019

Cours du porc MPB 1,186 1,457Source : Marché du porc breton

Les exportations soutenues vers l'Asie font augmenter les cours.

ALIMENTS POUR ANIMAUX en €/t

Avr. 2019 Évolution m-1 Évolution n-1

IPAMPA 104,5 0,20 % - 3,40 %

732 736

277 325

Source : Boursorama

Tourteau de soja Montoir

Tourteau de colza Montoir

Luzerne déshydratée

13/08 10/10 07/12 08/02 10/04 12/08

AGENDADÉCLARATIONS À FAIRE

DANS LES PROCHAINS MOIS • 5 AOÛT - TVA 2e acompte

• 5 NOVEMBRE - 3e acompte de TVA

• OUVERTURE DE DEMA'TIC pour demander le remboursement partiel de la taxe sur le GNR et le GN

85 $

80 $

75 $

70 $

65 $

60 $

55 $

50 $

Les prix des produits industriels se maintiennent à un bon niveau,l'offre laitière reste limitée.

Bilan 2017/2018

Proj. 2018/2019

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gérer pour gagner I agriculture I août 2019 N° 5524

RÉUSSIRISÈRE

(38)

ARDÈCHE(07)

DRÔME (26) HAUTES- ALPES

(05)

Gigors-et-Lozeron

UNE FILIÈRE COMPLÈTE MAÎTRISÉE, DU CHAMP AU VERRE

Jeune ingénieur agronome, Emmanuel Feraa décide en 2015 de créer sa brasserie sur la commune de Gigors-et-Lozeron dans la Drôme, au pied du massif du Vercors. Une

brasserie oui, mais pas n’importe laquelle. Artisanale, résolument locale et bio qui maîtrise 100 % de la chaîne de production. “Comme dans le vin, je souhaite apporter une expression

de terroir dans mes bières“, souligne-t-il. Retour sur une aventure exceptionnelle !

Régine Maxence, assistante de direction

BRASSERIE DES TROIS BECS

Objectif autoproductionDe l’eau de source prélevée directement dans le parc régional du Vercors en passant par l’orge et le houblon, toutes les ma-tières premières utilisées par l'entreprise sont produites dans la Drôme en agricul-ture biologique. La culture du houblon est encore confidentielle et les brasseurs ren-contrent des difficultés d’approvisionne-ment. C’est pourquoi, en 2016, Emmanuel s’est lancé ce pari audacieux de création d’une houblonnière avec pour objectif l’autosuffisance de son exploitation. La transformation des matières premières est réalisée dans la brasserie ainsi que la mise en bouteilles et la commercialisation.

Une brasserie responsableL’écologie est un pilier central du déve-loppement de la B3B. Plusieurs actions sont menées afin de diminuer l’empreinte carbone : recyclage et consigne des bou-teilles, chauffe-eau solaire, récupération de l’eau du système de refroidissement pour le nettoyage. Le travail du sol, sa fer-tilisation sont réalisés eux aussi selon des procédés le plus naturel possible  : labour par traction animale, compostage plutôt qu’engrais ou encore don des déchets brassicoles pour l’alimentation animale.

Une production de terroirLa gamme de la brasserie se compose de six bières biologiques de type ALE (triple

fermentation)  : brune dont une de sai-son, rousse, ambrée dont une à l’ortie et blonde. Les recettes inventées par Emmanuel se basent sur la tradition trap-piste belge caractérisée par un goût mal-té. Vendues auprès de grossistes locaux, elles font désormais partie des cartes de restaurants gastronomiques.

Une entreprise en forte croissanceEmmanuel fait partie de cette vingtaine de brasseurs qui maîtrisent la filière com-plète en agriculture biologique. Le suc-cès est au rendez-vous, il lui arrive d’être en rupture de stock sur certaines bières. De 450 hl/an, la brasserie est passée au-jourd’hui à 2 000 hl/an avec une équipe de 4 salariés, complétée par des saisonniers. 2019 marquera la concrétisation d’un projet important  : de nouveaux locaux sur un terrain de 5  000 m2 regroupant un bâtiment de produc-tion, stockage et vente directe. L’investissement de 1,3 million d’euros a pu être financé notam-ment grâce à un tour

de table local  : un prêt FRIS de France Active dédié aux entrepreneurs engagés et accordé par Initiactive, des apports en capital via l’intervention du club local de business angels (Rhône Vallée Angels) et du fonds d’investissements mis en place par la Communauté de Communes. Deux banques locales ont apporté leur soutien au projet en se partageant pour moitié l’enveloppe de prêt. Enfin, une opération réussie de financement participatif en ca-pital avec Tudigo, dans le cadre de l’offre “Cerfrance Avantages*”, a permis de bou-cler le plan de financement.Musicien dans l’âme, Emmanuel ne s’ar-rête pas là. Ayant eu l'ambition de propo-ser un lieu de vie sociale, il a ouvert son pub au public, avec musiques, spectacles et bonnes bières fermières.Si vous passez par la Drôme, venez prendre l’air dans le cadre idyllique des contreforts sud du massif du Vercors, en y dégustant une bière bien fraîche !

www.brasseriedestroisbecs.fr

*Cerfrance Avantages est un portail abritant de nombreux services destinés à favoriser la réussite économique des

adhérents Cerfrance. Réductions exclusives sur une centrale d’achats, avantages de type CE, accompagnement au

financement participatif… Pour en savoir plus : www.cerfrance.fr/offres/avantages

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