le supplément 100% pastel pratique des arts

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DES A RTS Spécial pastel n°2 Pratique SUPPLÉMENT DE PRATIQUE DES ARTS N° 100 – 23 SEPT. / 24 NOV. 2011 II Rencontre J.-Y. Marrec Amoureux de son littoral breton, il rend hommage, à sa manière pointilliste, à la beauté du monde marin. VI Portfolio Quatre artistes à découvrir. VIII Démo : nature morte M.-H. Auclair Célèbre pour ses portraits, l’artiste québécoise traite les objets de ses natures mortes avec la même sensibilité. X Un tableau à la loupe H. Champagne Des décennies qu’il arpente le Grand Nord à la recherche de ses sujets. Aujourd’hui, il nous décrypte un de ses pastels et sa méthode sur le motif. XIII Démo : scène d’intérieur B. Monerie Frottez-vous à des sujets familiers : un coin de salon où l’on se sent bien est un bon prétexte pour travailler des défis techniques, comme la lumière et la transparence. Au sommaire de ce cahier 100 % pastel Au sommaire de ce cahier 100 % pastel la nature Au plus proche J.-Y. Marrec Horace Champagne « Le paysage est mon véritable amour » Spécial atelier Nature morte Scène d’intérieur 6 6 de

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Un cahier dédié à votre pratique favorite, le pastel : Pratique des Arts part à la rencontre des maîtres pastellistes, vous fait découvrir leur technique et leurs secrets de peintre. Les artistes testent le matériel (papiers, pastels, fixatifs, outils…), vous donnent des recettes pour faire évoluer votre pratique. Enfin, la rédaction s'attache à décrypter les tableaux de nos artistes contemporains, pour aborder les principes de la composition, de l'harmonie des couleurs, du travail de l'estompe…

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Page 1: Le supplément 100% pastel Pratique des Arts

DESARTSSpécial pastel n°2

PratiqueSU

PPLÉME

NTDE

PRATIQUE

DESA

RTSN

°100

–23

SEPT./

24NO

V.2011 II Rencontre J.-Y. Marrec

Amoureux de son littoral breton, il rendhommage, à sa manière pointilliste,à la beauté du monde marin.

VI PortfolioQuatre artistes à découvrir.

VIII Démo : nature morte M.-H. AuclairCélèbre pour ses portraits,l’artiste québécoise traiteles objets de ses natures mortesavec la même sensibilité.

X Un tableau à la loupe H. ChampagneDes décennies qu’il arpente le Grand Nordà la recherche de ses sujets. Aujourd’hui,il nous décrypte un de ses pastelset sa méthode sur le motif.

XIII Démo : scène d’intérieur B. MonerieFrottez-vous à des sujets familiers :un coin de salon où l’on se sent bienest un bon prétexte pour travaillerdes défis techniques, comme la lumièreet la transparence.

Au sommaire de ce cahier 100%pastelAu sommaire de ce cahier 100%pastel

la natureAu plus proche

J.-Y. Marrec

HoraceChampagne

« Le paysageest mon véritable

amour »

Spécial atelier

• Nature morte• Scène d’intérieur

N° 6N° 6

de

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Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011II

LAMERESTSAPASSIONDANS UN ATELIER HABITÉ PAR LES « PRISES DE VUE » D’UNE BRETAGNE RENDUE PRESQUE POINTILLISTEPAR LA TOUCHE DE PASTEL, JEAN-YVES MARREC NOUS FAIT DÉCOUVRIR, ENTRE DEUX EXPOSITIONS ESTIVALESDANS LE FINISTÈRE ET LE MORBIHAN, SON ŒUVRE DE « PASTELLISTE PAYSAGISTE » : UN HOMMAGE À LA MER.

’atelier, à l’étage de la maison, ne laisserien présager du travail effectué parJean-Yves Marrec lorsqu’il se penchesur ses feuilles de papier Canson. Nulletrace de ses activités au sol ou sur lesmurs, par exemple… Petit indice néan-

moins : les livres ici présents sont à l’abri, dans unebibliothèque aux vitres apparemment bien scellées.Car la poudre de pastel viendrait s’immiscer danschacune de leurs pages et les abîmer, à coup sûr,s’ils n’étaient pas ainsi protégés. Dans le prolon-gement de la bibliothèque coffre-fort, une solideplanche posée sur plusieurs tréteaux court sur laquasi-totalité du côté de la pièce, surplombée parla fenêtre, et révèle l’infinité des nuances offertes

Lpar les marques du marché. Au bout de la planche,sur la droite, Jean-Yves Marrec, penché sur sonchevalet, met la dernière main à un pastel, unpaysage maritime capté près de Concarneau. Ancrédans une terre hantée par les peintres de la Marine,tout aussi amoureux de la mer, il aime effective-ment se présenter comme un « pastelliste paysa-giste ». Pastelliste à plein temps depuis dix ans,l’expression lui est venue rapidement pour carac-tériser son travail. « J’ai fait un peu d’animaux etde natures mortes au pastel, cela fonctionnait bien;mais ne m’intéressait pas vraiment. » Et dans sespaysages, Bretagne oblige, la mer est omniprésente.Car tout en elle l’attire : « Je l’aime calme, agitée,j’aime capter ses lumières, ses ambiances, ses

odeurs ; c’est mon monde. J’aurais vécu à la mon-tagne, sans doute aurais-je travaillé les montagnes.Dans le désert, j’aurais peint des chameaux ! Maisaujourd’hui, je conçois mon travail exclusivementau bord de la mer. »

L’INFLUENCE DES PEINTRES DE LA MARINELorsque Jean-Yves Marrec découvre le travail deJacques Coquillay, peintre officiel de la Marinedepuis 1995 et grand pastelliste de la Bretagne,c’est le choc. « À l’époque, je travaillais à l’huile, jefaisais un peu d’acrylique et d’aquarelle, mais jen’avais pas trouvé ma voie. Je n’avais encore jamaisabordé le pastel ; en découvrant Coquillay, j’ai immé-diatement adoré son travail. » Poursuivant son

Jean-Yves Marrec

Pors Peron. Pastel sec, 35 x 35 cm. Février a Concarneau. Pastel sec, 50 x 50 cm.

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Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011 III

PORTRAITJean-Yves Marrec est né àQuimper en 1961. Autodidacte,il s’est formé au pastelau contact d’amis peintreset au fil de ses lectures.Il fait partie de l’Associationde peintres et sculpteursde Quimper Cornouaille.De nombreux prix etrécompenses jalonnentson parcours. Il présenterégulièrement ses pastelsdans des Salons régionaux(Salon de Fouesnant-les-Glénan, Salon du pastelen Bretagne à Fougères…)et au cours d’expositionspersonnelles.www.jeanyvesmarrec.weonea.com

pastelSpécial

Épaves n° 3. Pastel sec, 22 x 22 cm.

Page 4: Le supplément 100% pastel Pratique des Arts

qu’opère l’œil entre les bateaux, comme si lespectateur était en promenade dans un jardin etdécouvrait au fur et à mesure les beautés poussantçà et là. « Il ne faut pas tout montrer immédiate-ment, l’œil doit être surpris, sinon le pastel perd deson charme ; le ciel, lui aussi, accompagne le mou-vement, d’une certaine manière. »Comment gagner encore en synthèse ? En étanttoujours plus précis dans le travail d’approche dufutur pastel. Armé de son appareil photo, Jean-Yves Marrec capte les lieux et les ambiances,

s’exerce à la contemplation. « Je peux rester trèslongtemps à regarder un coin pour l’intégrer,l’observer, capter l’eau, les reflets, tout ce que j’aidevant les yeux. Je ne prends jamais de notes, toutse met en place dans ma tête et ressort lorsquej’en ai besoin. La photo viendra simplement figerla composition, pour un éventuel futur tableau. »Ensuite, Jean-Yves Marrec laisse s’opérer le travailde l’esprit, et ressortira, ou pas, un jour, en guisede support à un nouveau pastel, une photo deces moments d’éternité. �

Mon papierde prédilectionJe travaille sur duMi-teintes Canson,contrecollé sur unecartonnette afin d’avoirun support bien rigide.J’utilise le côté lisse.Mes fonds sont toujoursde la même couleurkraft, elle me convientbien, et ce depuis ledébut. Sur un tel fond,l’œil n’a pas besoin deréajuster les couleurs.

parcours d’autodidacte, Jean-Yves Marrec engrangeles lectures sur le sujet, notamment les ouvragesde Coquillay, puis il se met au travail. Quelquedix ans plus tard, l’influence est toujours là, notam-ment dans la gamme des couleurs et le travail desciels, même si Jean-Yves Marrec privilégie désor-mais les teintes plus nuancées.Aujourd’hui, les peintres de la Marine continuentde marquer son apprentissage, tandis qu’il exposeavec certains d’entre eux, à l’instar de Jean LeMerdy, présent dans la même galerie que lui à Brest.Pour autant, son style, son univers, ses ambiancesse créent librement, au fil des touches et des aplats.Ceux qui apprécient son travail reconnaissent soncoup de pâte. « Ils me demandent souvent commentj’arrive à réaliser des choses aussi fines au pastel.C’est ma façon de faire ; je travaille exclusivementpar touches. Sans être pointilliste, je suis un peuimpressionniste dans la pose de mes touches. Jecherche à rendre une impression, à créer uneambiance. » Une œuvre que Jean-Yves Marrec aime-rait rendre encore plus synthétique, en continuantde travailler avec des teintes douces, qui lerapprochent des couleurs naturelles.

SURPRENDRE L’ŒILCette recherche point déjà dans une série de tra-vaux récents présents dans l’atelier, inspirée del’ambiance d’un cimetière de bateaux à Douarnenez :Jean-Yves Marrec en a tiré cinq pastels en « grosplan », avec différentes orientations pour travaillerla lumière et les reflets. Les fonds sont foncés, lesous-bois est en arrière-plan. « Avec les gros plans,j’ai pu accentuer le fond et faire ressortir toutesles couleurs claires des épaves. Ces épaves n’ont riende triste, j’ai pris les couleurs aperçues sur placeet “appuyé” dessus pour obtenir quelque chose. »Dans chaque œuvre, les différences viennent de lalumière et des reflets dans l’eau, « avec juste suf-fisamment d’eau pour avoir le reflet du bateau ».Une autre série peaufine l’approche, autour dechantiers navals. « Il ne s’agit évidemment pas,pour moi, de faire de la quantité, mais bien de trans-mettre, sur un thème, tout ou au moins une bonnepartie de ce qu’on peut en dire. » Et le mouvement,dans ces pastels, naît des volumes et du slalom

Texture et relief au pastelJ’estompe très peu, sauf au début de mon travail, par exemplepour les arbres, afin de nourrir le papier. Mais je n’enabuse pas, sinon le papier devient mou. Je travaille plus ensuperposition ou juxtaposition ; c’est ma façon de trouverl’effet de matière. J’essaie par-dessus tout d’avoir du relief,et c’est assez compliqué au pastel, car contrairement àl’acrylique par exemple, tout sature vite. Le relief se créedonc entre les valeurs claires et foncées. C’est l’associationdes couleurs qui crée les textures.

Une astuce…À certains stades de mon travail, à force de juxtapositionset de superpositions, il m’arrive d’avoir un trop-plein de pastel.Je prends donc une lame de rasoir et je gratte le papier.Cela m’aide à récupérer de l’accrochage ou encore à obtenirdes effets de matière.

À l’abri à Guinivrit. Pastel sec, 35 x 35 cm.

Le Chantier. Pastel sec, 28 x 38 cm.

pastelSpécial

Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011IV

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La matière par les couleursEN PRATIQUE pastel

Spécial

CIEL, ARBRES, MER, SABLE, ROCHERS… POUR CHACUN DE CES ÉLÉMENTS, J’UTILISE UNE GAMME DE PASTELS PLUTÔT ÉTENDUE, MAIS JEPRIVILÉGIE TOUJOURS LES COULEURS DOUCES, APPLIQUÉES PAR JUXTAPOSITION ET SUPERPOSITION, AFIN D’OBTENIR UN EFFET DE MATIÈRE.

1. Mise en place de l’ambiance.Après une première mise en place au crayonpastel, je commence par le ciel, car il donnel’ambiance et détermine le choix des futurescouleurs. Je pose les couleurs rapidement,je reviendrai ensuite dessus au fur et à mesure.Un bleu foncé soutenu pour le haut, un bleuplus clair pour le bas et le lointain donnentune perspective au paysage.

2. Trouver les mélanges. Avec un vertfoncé, un vert froid plus clair et trois vertsplus chauds, je mets en place la végétation,faite de superposition de couleurs. Au départ,pour bien trouver les mélanges, j’estompeles couleurs au doigt ; pour le reste, je necherche pas à obtenir un travail de pastelestompé; je reviens avec des aplats pourlui donner de la nervosité.

4. Premières lumières.Je pose quelques lumières autravers des arbres et commenceà leur donner du volume.J’utilise mon ongle pour dessinerles branchages et reviens dansle creux avec le pastel. Maisles finitions viendront après.Je m’intéresse à la ligned’horizon, avec un gris violacépour créer l’éloignement de larivière derrière. Un violet clair,que j’utilise beaucoup, servirapour les ombres plus claires.

6. Dernières animations. Après avoir fixé le pastel,une fois qu’il est un peu sec, je place quelques bateauxpour lui donner de l’animation. Je travaille leurs refletssur le sable mouillé. Pour obtenir des traits fins, je casseun morceau de pastel ou je me sers d’un carré Conté noir.

Texte et photos : Hélène Renais.

3. Travail des ombres. Avec du bleu indigotrès foncé, je pose quelques ombres sur lesrochers pour un premier équilibre ; je continuela végétation avec un vert froid foncé. Je restedans les demi-teintes, avec un vert anglais, unbrun rougeâtre et une couleur terre. J’esquissela démarcation mer-terre avec un marron, unocre et un beige. Je rajuste ensuite sur le cielavec les tons de départ.

Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011 V

5.Mer et rochers.Je commence la mise enplace des rochers avecquelques ombres. J’installela rivière en reprenant lesteintes du ciel. Avec un ocrejaune un peu clair, un grègeet un beige, je travaillel’alternance de sable sec etmouillé. J’intensifie le borddu sable avec un marron.Je pose les teintes desrochers, travaillées avec unocre, un grège, un brun clair,un beige, un gris et un grisviolacé. Un violet clairdonne un peu de nuanceà l’ensemble.

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Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011VI

Remley Martin www.remleymartin.com

États-Unis« Élevée au contact de la nature, à laquelle je suis très attachée, je peins aujourd’huiuniquement en plein air, aimant découvrir de nouvelles terres à traduire sur le papier.Pour moi, le pastel représente un point d’ancrage dans mon activité principale de peintreà l’huile ; j’aime son adaptabilité à toutes les situations rencontrées en voyage, ainsi quesa polyvalence : je n’hésite pas à l’utiliser sur tous types de supports. »

Sandra Burshell www.sandraburshell.com

États-UnisDepuis vingt-cinq ans, sa série des « Roomscapes » s’attache à faire le portrait de latranquillité domestique et de la quiétude du quotidien. C’est quand tout se combine– clair-obscur, lumière, ambiance d’un lieu – qu’elle est saisie par l’envie de peindre.La figure humaine s’insère dans cet ensemble, sans en être l’intérêt principal.Ce « réalisme expressif » fait la part belle aux jeux entre pastel et papier.

Quatre artistes à découvrir

The Library.

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Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011 VII

Texte : la rédaction.Photos : D. R.

PORTFOLIO pastelSpécial

Sharon WillÉtats-Unis

« Mon but en peinture est d’essayerde capturer la beauté fugace de la

lumière : c’est pour moi un véritableengagement que d’en garder la

trace sur la toile. Le paysage est saprincipale source d’inspiration.

D’ailleurs, je peins dehors le plussouvent possible : l’observation

directe est la seule façon dese rendre compte des subtilitésde couleur qu’offre la nature. »

http://sharonwill.com

Corner Light.15,2 x 20,3 cm.

David NappGrande-Bretagne

Des paysages de son Kent nataljusqu’aux sites italiens en passant

par le sud de la France, où il vécut,David Napp peint les terres qu’il

habite. Sa dernière série, inspiréepar le Maroc, nous transporte dans

les souks vibrant d’odeurs et les ruesbruyantes et bondées. De la lumière

aveuglante aux tourbillons decouleurs, tous les sens sont ici mis àcontribution. L’artiste vit aujourd’huidans les Abruzzes, près de Pescara,région à laquelle il vient également

de consacrer une série.

www.davidnappfineart.com

Les Teinturiers, Marrakech.65 x 50 cm.

Tubac Pots Series III.

Page 8: Le supplément 100% pastel Pratique des Arts

www.mhauclair.com

PalettePastels Sennelier,Rembrandt, Girault,Derwent.

� Terre d’ombre, terred’ombre brûlée et grissouris pour les premièrescouleurs du pot et du fond.

� Pour le pot seulement,gris vert jaunâtre, grissouris, gris violacé etgris vermillon.

� Reflets de la fenêtre :bleu d’Angleterre etvert de chrome.

� Prunes et reflets surle pot : brun de vermillon,garance brûlée, brun noiret bleu intense

� Rehauts : bleu outremertrès clair et jaune brillant.

J’AI UN RAPPORT SENSIBLE AU SUJET : CES

PRUNES M’ÉVOQUENT DES GARNEMENTS

RAPPELÉS À L’ORDRE PAR LEUR TUTEUR,INCARNÉ PAR LA DROITURE ET LA FROIDEUR DU

VASE. MAIS POUR CANALISER MES ÉMOTIONS,JE M’APPUIE SUR LA TECHNIQUE : JE MAÎTRISE

MON SUJET PAR UNE ÉTUDE POUSSÉE QUI

CONSTITUE LE SOLIDE SQUELETTE DE L’ŒUVRE.

Marie-Helene AuclairNature morte

aux prunes

2 Après une étude précisesur papier Canson,je décalque mon dessinau fusain sur un papierà tracer (papier-calque), ennotant aussi le contour desombres. Les fruits sont àpeine esquissés. Dans cettepériode caniculaire, ilss’abîment vite et je doisles remplacer juste avantde démarrer le pastel.

3 Entrele papier àtracer et monsupportKitty Wallisgris, j’insèreune feuillede papiermanillerecouverteau fusaintendre grandformat.

2 Lorsque je juge que j’ai appliqué suffisamment de pastel,j’estompe très légèrement avec un papier essuie-toutpour fondre les couleurs. Toujours en demeurant dansdes tons moyens, je commence à établir les ombresdu fond : je peins de façon à sculpter le sujet de manièreà donner l’impression qu’il ressort du support. L’illusiontridimensionnelle me fascine.

1 Je pose les premières couleurs au pastel en tonsmoyens en aplat par couches très légères pourne pas saturer le support. Je veille à travaillerl’ensemble du tableau en même temps.

‘‘

Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011VIII

4 Je retrace lescontours du vaseet du verre à l’aided’un crayon pastelgainé de bois grisfoncé pour conservermon dessin, lesprunes fraîches sontdessinées au fusainesquisse.

1 Mêlantmatité,brillance ettransparence,tons clairs etfoncés, lesobjets sontplacés sousune lumièreforte quisouligne leursvolumes etcontours.

De la composition… à l’esquisse

Page 9: Le supplément 100% pastel Pratique des Arts

GUIDE PRATIQUE pastelSpécial

« Pour l’harmonie,les mêmes teintes ont

servi au fond et auvase : cela contribue

aussi à créer uncontraste saisissant

avec les prunes. »

3 Je couvre l’ombre par une teinte plus claire pour lui donner l’illusion dela transparence. J’estompe légèrement le fond à l’aide d’un essuie-tout.

6 C’est le moment de peindre le verre,les fruits me pressent… Situés àl’intérieur du verre, ils sont peints avantlui. Attention, un verre trop travaillé perden transparence et devient terne commede la matière plastique. À l’inverse,un reflet vertical et quelques rehautssuffisent à suggérer sa matière età lui donner du volume.

4 Je pose peu à peu les tons plus foncés; ce sont les fruits mûrs qui medictent à quel rythme je dois peindre, ils changent de couleur rapidement.Je dois toutefois me maîtriser pour continuer à travailler avec patienceet ne pas céder à mes émotions qui ont parfois tendance à s’emballercomme un cheval fou…

5 Je force les ombres etles tons foncés puis

peins les feuilles. Peu àpeu, j’entreprends les

tons plus clairs et jecommence à établir

les rehauts, en veillantà l’harmonie.

Je délaisse mon modèlepour me concentrersur le tableau seul.

J’estompe à la mie depain par endroits sur le

vase pour suggérertextures et profondeur.

Quelques retouches parendroits apporteront

encore plus de vie.

Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011 IXDémo, texte et photos : Marie-Hélène Auclair.

Page 10: Le supplément 100% pastel Pratique des Arts

PORTRAITInstallé au Québec, il vit et travaille enplein cœur de la campagne. Il se passionnedepuis trente ans pour la peinture depaysage sur le motif, à la recherche d’unenature authentique et préservée. Maîtrepastelliste de la Société de pastel de l’Estdu Canada, il est honoré d’un prix qui porteson nom, décerné aux jeunes talents dontla progression a été remarquable.

ratique des Arts : Horace, racontez-nous, en quelques mots, l’histoirede ce pastel.Horace Champagne : Il représentela réserve faunique des Laurentides,au Québec, un de mes endroits préfé-

rés. Je m’y rends surtout en automne, pour les cou-leurs et les premières tombées de neige. Ces arbresqui dans la lumière tombante passent du doré aurouge profond sont des mélèzes laricins. On voit icila source de la rivière Montgomery qui se jette dansle Saint-Laurent, 120 kilomètres au sud. Si en vieillis-sant je peins davantage d’après photos, je reste trèsproche de la réalité, tout en m’autorisant à dépla-cer quelques éléments et à accentuer les couleurs.

PDA : Pouvez-vous nous décrire la conduite d’uneœuvre?H. C. : L’élément auquel j’attache le plus d’impor-tance est la composition. Les couleurs, les valeurssont làpourgarder leschosesenmouvement.Mêmes’il faut qu’il y ait, dans chaqueœuvre, une zonederepos. Je commence toujours par un dessin préli-minaire, afin de fixer la composition une fois pourtoutescar, commevous lesavez,une foisque lepas-telestposé, impossiblede revenirenarrière! J’utilisetoutes les couleurs (je peuxenemmener 300 sur lemotif !), sanspréférences. Jenesuispasd’unenatureà apprécier les journées grises,mais il m’est arrivéde réaliser de beaux pastels dans la brume et souslapluie, enTerre-Neuve, oùde toute façon il fait grishuit jours sur dix !

P

AUCŒURDEHorace Champagne

Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011X

La neigePrenez une feuille de papier de teinte moyenne à sombre ;choisissez un pastel bleu ou violet clair, apposez destouches horizontales vives et des touches tout en rondeur,ondulantes… Voilà, vous venez de peindre la neige !

La compositionCe que vous voyez dans cette

œuvre est presque tout ce quej’avais sous les yeux. J’ai pris

beaucoup de photos de cepaysage. Si j’avais peint ce

pastel sur le motif, j’aurais toutdéplacé de manière à obtenirce que je voulais et j’auraissûrement placé cette vieille

branche magnifique de manièreà ce qu’elle devienne un

élément important du pastel.Celle-ci nous emmène vers

le coude de la rivière àl’arrière-plan puis par-dessusla rivière au premier plan, quiest traité de manière lâchée.

Le choixdu papier

La couleur du Pastel Card estpour moi primordiale. Ce pastela été réalisé sur du n° 10 bleu

clair, qui constituait un tonmoyen parfait pour l’ensemble

de l’œuvre. C’est en fait mateinte de choix pour mes sujetshivernaux – bien que j’apprécieaussi les bleus plus foncés, quipermettent à l’œuvre finale de

vraiment vous sauter au visage.J’évite les papiers clairs et il

m’est impossible de travaillersur du blanc. Pour ce pastel, lateinte terre de Sienne brûlée

n° 3 aurait été tout aussi bien,car c’est une belle teinte chaude.

Premiere Neige dans le parcdes Laurentides, Québec.

30,5 x 45,7 cm.

(Suite en page XII)

Page 11: Le supplément 100% pastel Pratique des Arts

LANATURE« LE PAYSAGE EST MON VÉRITABLE AMOUR. J’Y VOIS DES PEINTURES OÙ QUE MON

REGARD SE POSE. » ET EN TRENTE ANS DE PRATIQUE À LA RECHERCHE DU MOTIF,HORACE CHAMPAGNE N’A CESSÉ D’EXPLORER CETTE NATURE QU’IL AIME TANT. MAÎTRE

DU PASTEL, IL N’A POURTANT PAS DE RECETTE, JUSTE UNE CERTITUDE : « LA PASSION !POSEZ UNE SEULE TOUCHE DE PASTEL AVEC PASSION ET C’EST LA VIE QUI JAILLIT ! »

Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011 XI

TTAABBLLEEAAUU ÀÀ LLAA LLOOUUPPEE pastelSpécial

« On peut dire que je travaille à l’instinct jusqu’à la moitié de l’œuvre. Tout est réalisé en peu de temps. En extérieur, chaque pastel

demande moins d’une heure, et ce quel que soit le format. »

La toucheLa touche large est monécriture. De cette façon,je peins très vite. La pire chose quipourrait m’arriver seraitde devoir recouvrir cestouches généreuses !Elles paraissent, pour le spectateur,spontanées… mais pourmoi, ce sont des joyauxde ma création !

Texte : la rédaction. Photos : D.R.

Les couleursJe travaille sur toute la surface en mêmetemps. J’ai commencéavec un geste souple,sans trop appuyer,avant d’ajouter destouches de bleu clairau premier plan. En fait, je « vois » lescouleurs au fur et àmesure que j’avancedans mon sujet. Je place toujours àcertains endroits de la composition descouleurs plus vivesqu’il ne faut.Le soleil était à unangle différent, j’ai donc poussé les couleurs, lesrenforçant dans lescollines au fond. L’air avait la clarté du cristal, mais j’ai accentué le violetde manière à avoir un contraste avec l’orange.

Page 12: Le supplément 100% pastel Pratique des Arts

Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011XII

Travailler d’après photoJe me sers d’un appareil photo pour enregistrer mes sujets.En hiver, je mets mes bottes de neige pour aller dans lescontrées sauvages et vers la solitude. Je peux prendre descentaines de clichés afin de capturer la bonne lumière. À un moment donné, je sais que je vais trouver la scèneque je veux peindre. Au Canada, nous aimonspresque tous la neige, et rien ne surpasse laréverbération du soleil sur la neige fraîche, ainsi que les ombresmouvantes, parées de bleus et de violets.

PDA : Pour vous, quel est le secret d’une pein-ture réussie?H. C. : Voilà bien la question n° 1 que l’on me poseet je pense que la réponse est : il n’y en a pas.J’ajouterai cependant ceci : vous devez d’abord maîtriser les bases. Je n’aime pas les règles, et pour-tant le respect de règles de base est le fondementde tout art. Vous êtes ensuite tout seul avec votreinterprétation ; il n’y a pas deux personnes quivoient le sujet de la même façon.Ce qui compte par-dessus tout, en un mot : la passion. La passion est ce qui nous pousse à nousdépasser. Quand on est passionné, pas besoin deréfléchir, car c’est elle qui prend le dessus. Une seuletouche de pastel, si elle est posée avec passion,jaillit alors de la feuille ! � Lever du soleil à travers la mer

agitée. Rose Blanche, Terre-Neuve.45,7 x 30,5 cm.

Lumière d’automne dansla forêt. Île d’Orléans,Quebec. 30,5 x 38 cm.

Mes conseils pour peindre en plein airSoyez préparé et nevous encombrez pasavec trop de couleurs.À l’extérieur, je peinssur un petit tabouretpliant et je fixe lafeuille sur une planchede contreplaqué placéesur mes genoux, maboîte de pastels au sol à mes côtés. Je prédécoupe mesfeuilles au formatdésiré : 8 pouces par10 (20,3 x 25,4 cm) et12 pouces par 15 (30,5 x 38,1 cm) pourles plus courants, ou 16 pouces par 20 (40,6 x 50,8 cm)pour les plus grands et 6 pouces par 8 (15,2 x 20,3 cm)pour les petites choses de trente minutes maximum.

Mon matérielJ’utilise des pastels Sennelier, Girault, Unison. Le Cansonétait mon papier de choix, le côté fin, mais depuis unequinzaine d’années, je prends du Pastel Card de chezSennelier. C’est avec lui que je travaille, mais desdouzaines de supports étant aujourd’hui disponibles, je ne peux que vous encourager à tous les essayer.Je n’utilise jamais de fixatif, jamais ! Je me sers en revanched’une lame de rasoir tenue à angle droit afin de fairetomber le surplus de poudre, voire effacer quelques petiteserreurs ; attention, cela ne fonctionne que sur de petiteszones et il faut surtout être très précautionneux.

pastelSpécial

Horace Champagne

« Je n’estompe que très rarement. Une œuvre sur trente, peut-être, demande à ce que les

contours et les nuages soient un peu adoucis. »

À voirDécouvrezl’ensemble de son travail ainsi quedes extraits de sesDVD sur son site :www.horacechampagne.com

Page 13: Le supplément 100% pastel Pratique des Arts

GUIDE PRATIQUE pastelSpécial

Matériel� Gammes complètes desmarques Blockx, Unison,Sennelier, Daler-Rowney,Girault, Schmincke…même si je n’en emploiequ’un vingtième !

� Gomme mie de pain

� Pastelmat deClairefontaine, d’unton soutenu pour faireressortir la couleuret les contrastes.

PaletteUnison� Vert 25

� Gris A 27

� Gris 7 et 9

� Bleu-violet 6

� Bruns terre 10, 16 et 17

� Orange A 13 (rouge)

� Jaune 7

� Brun laqué

Girault� Violet 391

� Violet Van Dyck 409

� Ocre jaune 177

� Ocre de chair 19

� Momie 107

� Orange

� Noir

Artworks� Vermont 280

� Spring 560

� Olivia 195

Et aussi…� Ocre de ru 120(Sennelier)

� Rouge indien(Winson & Newton)

� Fuchsia (Blockx)

� Blanc (Daler-Rowney).

TOUR À TOUR PUISSANTES ET DOUCES, PROFONDES ET ÉCLATANTES, LESCOULEURS DU PASTEL SE PRÊTENT BIEN AUX CONTRASTES ET À L’EXPRESSIONDES CONTRE-JOURS. BRIGITTE MONERIE A CHOISI UNE SCÈNE D’INTÉRIEURPAISIBLE QU’INONDE LA LUMIÈRE D’UNE FENÊTRE OUVERTE SUR LE JARDIN.

Intérieurun jour d’été

1 J’esquisse ma composition sur un premier support, pourme rendre compte des proportions et adapter mon format.Ensuite, les contours sont réalisés au fusain : très fin, ilpermet de les reprendre facilement. Pas de crayon pastel,dont la mine peut rayer le papier et rendre toute repriseimpossible. Ici, la précision est importante… Les traits nedoivent pas être trop appuyés afin de faciliter la restitutiondes couleurs et des ombres.

2 Je reprends le dessinavec un pastel noirGirault de manière àretravailler les formeset les masses, préciserencore le dessin,traduire les plis et lesombres. Le pastelpermet de rectifier letrait en gardant unecertaine mesure :il faut garder àl’esprit la fraîcheur etla spontanéité del’interprétation.Certains contrastesméritent déjà d’êtreappuyés : je marque,par exemple, l’intérieurde la cheminée avec latranche du pastel.

Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011 XIII

Brigitte Monerie

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« L’intérieur est un choix plaisant,qui peut tenir lieu d’entraînementsur certains points techniques. »

Texte et photos : Elsa Colin.

Choisir un sujetfamilierLe traitement des contrastes, lesproportions, le rendu des volumes,comme ici le bras du fauteuil, maissurtout la lumière vont changer aufil des heures. Préférez un cadrepersonnel grandeur nature, un coinqu’on aime bien chez soi, qu’onaura plaisir à retravailler plus tard,de la même façon ou un peudifféremment… pour défier ànouveau les points techniques surlesquels on a buté la première fois.

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Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011XIV

3 J’ai envie decommencer par lejardin et l’exubérancetout en contrastes dela végétation d’été,offerte par la fenêtregrande ouverte. Lenoir, le bleu foncé vontdétailler la silhouettedes arbres. J’osequelques touchesabstraites plus claires,vertes, qui pourrontêtre reprises ensuite.

Mes conseilsRien ne sert de courir, vous êteschez vous et avez tout le temps !Malgré son apparente simplicité,une scène d’intérieur mériteréalisme et rendu précis desformes, des proportionssoignées, un bon équilibregénéral. Avant de commencer,un bon repérage des rapportsde taille du mobilier peut êtrenécessaire. Posez les couleurssans vous presser, par couchesfines, de manière à pouvoir lesrectifier plus facilement ensuite.Il ne faut pas hésiter à vérifier sacomposition en prenant un peude recul, de temps en temps.Aux trois quarts de la réalisation,il peut être utile de cadrer letravail en fixant sur votre papierdu ruban de masquage : celapermet de savoir où l’on va et,surtout, d’éviter d’assombrir oude forcer le trait.

5 Je traduis l’intrusion hardie du soleil danscet intérieur bien paisible en plaçant les rais delumière (sol, cheminée…). J’estomperai ensuitele « surplus » de zones très claires : pour vivequ’elle soit, la clarté doit rester naturelle. L’unedes principales difficultés de l’exercice est des’en tenir à la reconstitution de l’éclat du jourtel qu’il était projeté au début du travail : unephoto prise à ce moment-là peut tout de mêmese révéler utile par la suite. Il faudra, tout aulong de la composition, extrapoler les couleursqu’influence la direction de la lumière.

6 Je commence à travailler le fauteuil, point central dela composition. Plus on dispose de pastel de qualité, plusriche est la palette et bien meilleure est la restitution desformes, le réalisme de la composition. Pour rendre le volumedes bras du fauteuil, je procède par gestes précis, arrondis,dans le sens de la forme, de son galbe.

7 Par sa couleur vive, le coussin accentue encore l’effet deprofondeur, d’intimité chaleureuse de la scène : j’ai prisla liberté de métamorphoser en orange l’écru trop neutre

de mon coussin, ce qui va attirer l’œil au milieu du tableau.Trois tons d’orange sont utilisés, pas plus – clair, moyenet foncé : c’est suffisant pour rendre le volume réaliste.

Un peu de jaune, par touches, rehausse le rendu de l’étoffe.

4 Ici, le travail des ombres est très important et permet de restituer uneambiance d’intérieur vivante, qui a de la profondeur. Pour traduire cesombres avec plus de sensibilité, je choisis le violet, à mon sens plus

adapté que le brun ou le gris. Et, dans la lumière, on trouve toujours unpeu de bleu… Ici, le violet sert parfaitement l’ombre du mur. Attention

cependant à ne pas employer tout à fait le même ton de violet surdes éléments contigus, ce qui troublerait la compréhension de l’œuvre.

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GUIDE PRATIQUE pastelSpécial

Pratique des Arts n° 100 / Octobre-Novembre 2011 XV

9 Dans cette composition, un beau rendu desrideaux – clairs – n’est pas facile. Pour s’en sortir,on peut choisir une couleur qui n’attire pas trople regard et, pourquoi pas, miser sur le flou. Autreastuce : appuyer la lumière avec du blanc estompé,à la verticale, pour rendre le tissu plus vivant sansavoir à trop insister sur le drapé, les plis.

10 Le travail des détails peut êtrepoursuivi. Pour la revue, le violetsoutenu est intéressant : déjà

utilisé dans les parties médianesde la composition, il complètesans trancher – l’œil est donc

toujours attiré par le fauteuil. S’ilest tentant de reproduire le

feuillage, mieux vaut procéder parpoints et petites touches pour

ne pas, là encore, laisser trop fuirle regard vers l’extérieur de la

scène, le jardin. Évitez d’y poserdes tons trop clairs qui pourraient

rapprocher la végétation etfausser la perspective. Il faut savoirs’arrêter à temps et ne pas poser

l’élément de trop, superflu,qui ruinerait les efforts accomplispendant ces quelques heures !

Gérer la lumièreLa particularité d’un travail encadre réel est de gérer le travail dela lumière. Réaliser un intérieurpermet ainsi de se frotter àcertaines difficultés : la lumièrechange au fil des heures. Ici, lafenêtre grande ouverte sur la clartéd’été, qui apporte des rais delumière vifs, contraste fortementavec l’ombre portée par le fauteuil,et surtout lacheminée.Appuyé,soutenu ettout enreprises, lepastel permetde restituerces contrastesainsi que laprofondeurde champ.

Encadrez !Ne tardez pas à encadrer laréalisation : le papier peut gondolerassez vite. Fixez avec un passe-partout pour laisser passer un peud’air entre les supports lorsqu’ilssont rangés – à la verticale bien sûr.

Test couleurLe choix descouleurs estcombinéau travaild’observationet d’intuition. Jegarde à portéede main unefeuille-test surlaquelle je poseles couleurs aufur et à mesure,pour être sûrede faire leschoix adaptés.

AstuceJ’utilise une règle pour vérifier meshorizontales et au besoin rectifierce qui n’est pas vraiment droit :la fenêtre, notamment, méritedes lignes cohérentes sous peinede desservir la perspective.

« Pour restituer l’ombre,derrière le tapis,

je renforce le vert,déjà utilisé, par du gris

clair. Dans la mêmeintention, je fonce le

mur derrière le fauteuilpour “décoller”

celui-ci du fond. »

8 Le travail des ombres se poursuit. Les tons foncéspermettent de « poser » les éléments : par exemple, onassombrit les pieds du fauteuil pour lui donner dupoids, l’asseoir au centre de la scène; on souligne lafenêtre pour donner moins d’importance aux élémentsqui l’entourent. Pour restituer l’ombre derrière le tapis,je renforce le vert par du gris clair ; je fonce le murderrière le fauteuil pour « décoller » celui-ci du fond.