joseph beuys plight, 1985 sauver le monde : en artiste · anissa oui, la pemièe impession ue...

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« Tout homme qui prend le temps de réfléchir sur lui-même s’aperçoit que les véritables valeurs esthétiques sont d’ordre immatériel, qu’elles sont purement spirituelles. » Joseph Beuys 1 Antoinette J’avais oublié que c’était aussi grand ! Hubert Oui, moi aussi. C’est immense ! Anissa Mais, comment on stocke ce genre de... Céline C’est calme ! 1 Toutes les interventions de Beuys sont extraites, sauf mention contraire, d’une conférence donnée par Joseph Beuys à Villeneuve d’Asc, le 24 mars 1984. Manon Dès qu’on passe l’entrée, on entend quelque chose de différent. Céline C’est fou, ça absorbe tous les sons, les sons ne continuent pas. Dès qu’il y a plus de bruit... il n’y a plus de bruit ! Camille On a l’impression d’avoir des boules Quiès dans les oreilles. Antoinette Ça fait du bien ! Camille Et si on ne parlait plus. Si on s’accordait 20 minutes de silence avant l’annonce de fermeture du musée. Hubert On se tait vraiment ? (Rires) Camille J’ai vraiment l’impression d’avoir des boules Quiès dans les oreilles, je suis désolée, je me répète, ou d’être dans une télécabine et d’avoir de la pression dans les oreilles. Manon Je ne ressens pas cet aspect gênant. Je ressens juste le calme. Je ne perçois pas du tout le côté pression. Joseph Beuys Plight, 1985 Sauver le monde : Œuvrer en artiste Avant de quitter le musée, notre petit groupe s’est installé pendant une vingtaine de minutes dans « Plight » de Joseph Beuys. Nous nous étions donnés comme thème « la musique » et plus largement le son, les sons et lharmonie.

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Page 1: Joseph Beuys Plight, 1985 Sauver le monde : en artiste · Anissa Oui, la pemièe impession ue j’ai eue quand je suis rentrée. «Tiens ! On dirait un hôpital psychiatrique.»

« Tout homme qui prend le temps de réfléchir sur lui-même s’aperçoit que les véritables valeurs esthétiques sont d’ordre immatériel, qu’elles sont purement spirituelles. » Joseph Beuys1 Antoinette J’avais oublié que c’était aussi grand ! Hubert Oui, moi aussi. C’est immense ! Anissa Mais, comment on stocke ce genre de... Céline C’est calme !

1 Toutes les interventions de Beuys sont extraites, sauf mention contraire, d’une

conférence donnée par Joseph Beuys à Villeneuve d’Asc, le 24 mars 1984.

Manon Dès qu’on passe l’entrée, on entend quelque chose de différent. Céline C’est fou, ça absorbe tous les sons, les sons ne continuent pas. Dès qu’il y a plus de bruit... il n’y a plus de bruit ! Camille On a l’impression d’avoir des boules Quiès dans les oreilles. Antoinette Ça fait du bien ! Camille Et si on ne parlait plus. Si on s’accordait 20 minutes de silence avant l’annonce de fermeture du musée. Hubert On se tait vraiment ? (Rires) Camille J’ai vraiment l’impression d’avoir des boules Quiès dans les oreilles, je suis désolée, je me répète, ou d’être dans une télécabine et d’avoir de la pression dans les oreilles. Manon Je ne ressens pas cet aspect gênant. Je ressens juste le calme. Je ne perçois pas du tout le côté pression.

Joseph Beuys Plight, 1985 Sauver le monde : Œuvrer en artiste

Avant de quitter le musée, notre petit groupe s’est installé pendant une vingtaine de minutes dans « Plight » de Joseph Beuys. Nous nous étions donnés comme thème « la musique » et plus largement le son, les sons et l’harmonie.

Page 2: Joseph Beuys Plight, 1985 Sauver le monde : en artiste · Anissa Oui, la pemièe impession ue j’ai eue quand je suis rentrée. «Tiens ! On dirait un hôpital psychiatrique.»

Alexandra Oui, avec les boules Quiès, je trouve qu’il reste toujours une sorte de sifflement qui, moi, m’insupporte. Alors que là, c’est très très calme. Céline On est sur un télésiège. On est tout seul. Il n’y a que la neige. Hubert Il fait chaud ici ! Antoinette Oui, il fait bon. C’est une petite caverne. Anissa Ah, mais il n’y a donc que moi qui suis oppressée et très mal à l’aise ? Je vis très mal cet instant. Camille Si vous avez envie qu’on bouge Anissa, vous me le dites. Anissa Non, non, non, pas du tout. C’est juste que... Je ne sais pas, le plafond est bas, il n’y a pas de fenêtre... Ca pue ! Je n’arrive pas à respirer ! Manon Tu n’arrives pas à respirer ? Anissa Non ! Camille Mais vous pouvez rester ?

Anissa Oui, oui, bien sûr, je peux rester. C’est juste que je n’ai pas du tout ce sentiment d’apaisement. Hubert Il y a un thermomètre sur le piano, si besoin. Anissa En plus, c’est marron, voire grisâtre. Il n’y a aucune lumière, ça me... Camille Qu’est-ce que ça évoque pour vous, ce matériau, ce feutre, partout sur les murs qui étouffe les sons, voire nous étouffe ? Manon C’est pour l’isolation. Antoinette C’est assez brut comme matière... (Silence) Camille Qu’en pensez-vous, de ce lieu capitonné ? Anissa Hôpital psychiatrique ! Camille Hôpital psychiatrique ?

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Anissa Oui, la première impression que j’ai eue quand je suis rentrée. «Tiens ! On dirait un hôpital psychiatrique.». Antoinette Moi, j’ai vraiment plus l’impression d’être dans un grenier. Manon Oui, j’allais dire « grenier » aussi. Antoinette Mais l’odeur n’est pas retranscriptible. Camille Oui, il y a une odeur très particulière. Antoinette Ça sent peut-être un peu le grenier… Céline Ça sent la poussière aussi. Antoinette Peut être parce que ça sent comme ça, dans le grenier de ma grand-mère… Manon Moi, ce n’est pas l’odeur mais je vois vraiment les greniers dont on refait l’isolation. Enfin, avant de mettre, je ne sais pas comment ça s’appelle, le Placoplatre, on met quelque chose qui ressemble à ça, pour isoler...

Céline Moi, je ne suis pas très originale mais ça me fait penser à un studio d’enregistrement, sans fenêtre, avec une petite ouverture, je ne sais pas, pour la régie-son derrière. Antoinette Je trouve que ça fait comme une petite scène, cette ouverture, là-bas, comme des rideaux de scène. Anissa Oui, des coulisses. Antoinette Comme s’il y avait un effet miroir et que... de l’autre côté du miroir... je ne sais… Il pouvait se passer quelque chose. Manon Un studio d’enregistrement pas très bien fini, alors ! Céline Pas très bien fini mais hyper efficace ! Camille Pour les gens à l’extérieur, sans doute. Mais je ne suis pas sûre qu’en matière d’acoustique ce soit très bon... Le feutre absorberait la musique du piano. Tiens, justement, un piano, dans une pièce capitonnée de feutre… Céline Un piano fermé.

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Camille Un piano fermé dans une pièce capitonnée qui pourrait faire penser à un grenier ou à un studio d’enregistrement... Manon Mais qui n’en n’est pas un du tout. Camille Vous remarquerez aussi que, le piano n’a pas de tabouret. Pour jouer, ça va quand même être compliqué… Enfin, on peut toujours « jouer du piano debout » ! (rires) Vous ne trouvez pas qu’il y a une sorte d'antinomie ? Antoinette Si ! Hubert C’est de l’anti-musique, du contre-son. Antoinette Cela voudrait dire que l’on se situe dans ce petit truc dont on parlait, dans ce point, là, à partir duquel tout advient, tout se crée… mais ça n’arrive pas à sortir ! C’est peut-être l’angoisse de l’artiste ? En même temps, Beuys était plus pour le fait que chacun accède à ce petit point. Beuys Que tout homme apprenne à œuvrer en artiste ! Antoinette Tout le monde est artiste. C’est pour ça que ses matières sont brutes, parce qu’il travaillait avec le tout venant.

Beuys Chaque homme doit développer ce qu’il sent en lui de possibilités créatrices. Camille Beuys s’est créé une sorte de mythologie personnelle, inspirée de la réalité. Il raconte que pendant la Seconde Guerre Mondiale, alors qu’il était effectivement pilote de la Luftwaffe sur le front russe, son avion, abattu, se serait écrasé en pleine Crimée. Là, il aurait été retrouvé par des Tartares qui l’auraient nourri de miel et recouvert de graisse, lui permettant de se réchauffer et de guérir de ses blessures... Céline Comme ce dieu grec qui grandit au milieu des chèvres ! Antoinette Au milieu de chèvres ? Céline Oui, c’est l’enfance d’un dieu. J’ai son nom sur le bout de la langue. Il y a une sculpture du Bernin le représentant nourri par la chèvre Amalthée. Alexandra Ah ! Mais c’est Zeus, la chèvre Amalthée ! Céline Oui ! Zeus exactement ! Il est protégé par sa mère. Alexandra Oui, Rhéa le cache et le confit à la chèvre Amalthée pour qu’il ne soit pas dévoré par son père Chronos, qui a pris l’habitude de dévorer ses enfants à peine nés afin de s’assurer qu’ils ne le détrônent jamais.

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Camille Bel exemple de refus de transmission !... Le miel, quant à lui, est porteur d’une symbolique puissante, nutritive et curative. L’abeille est associée à la ruche, au travail collectif. C’est l’essaim, la communauté qui fait la force de l’abeille ! Beuys Afin d’éviter toute méprise, quand je dis que chaque homme est un artiste, je ne veux pas dire que chaque homme est un peintre ou un sculpteur. Je veux dire que l’éducation des enfants, l’agriculture, la science, la médecine, la politique ou l’administration sont des domaines où peuvent s’exercer des facultés artistiques et qu’il faut développer celles-ci à l’intérieur de chacun de ces secteurs. Ce qui fait défaut à ces disciplines humaines dans leur parcellisation actuelle, c’est cet aspect de lien social signe d’une conception anthropologique de l’art capable de refaire l’unité face à cet émiettement. Camille Anissa, vous avez pensé à un hôpital psychiatrique en entrant ici. J’ai le sentiment que Beuys confère une mission thérapeutique à sa pratique artistique : soigner la civilisation, la guérir. L’hôpital psychiatrique, c’est, ce devrait être, l’hôpital pour les âmes. Un matérialisme évidé de tout sens est en train de tuer les âmes. Hubert C’est terrible ! Camille Je discutais avec un ami peintre, il y a quelques jours, alors que je préparais cette rencontre, au sujet de Beuys, justement. Cet ami mettait en relation le mur de Berlin, qui tombe seulement en 1989, et l’incapacité, l’impossibilité, pour Beuys, de peindre. On ne peut pas peindre. C’est un problème d’accrochage. Le Mur, c’est le Mur de Berlin,

le mur de la séparation et de la honte, une cicatrice au cœur de l’Europe, une fissure en bosse. Il y a blessure, boursouflure, anesthésie tant la douleur est grande. Il faut retrouver la sensibilité, retrouver l’usage des sens, se rouvrir au monde… à l’Autre ! Alors peut-être qu’il sera possible de peindre à nouveaux des tableaux. Ça, c’est moi qui le dis, pas Beuys ! Céline D’où les matériaux utilisés qui sollicitent vraiment notre sensibilité, tous nos sens, pas seulement la vue ! Camille Je crois. Oui. Anissa Ça fait réfléchir. Manon Je n’avais jamais entendu parlé de Beuys Camille C’est un artiste mystérieux. Il se donne volontiers une fonction chamanique. Il s’est créé un personnage, un peu mystique. Il est certain que le rôle que Beuys se donne en tant qu’artiste n’est pas indépendant de la manière dont son travail est perçu. Il me donne l’impression d’un écorché vif, d’un cœur transpercé. Antoinette Son travail est extrêmement difficile à exposer et à faire sentir. Il a réalisé beaucoup de performances et d’installations dont souvent il ne reste que des photographies. Mais c’est très complexe et je trouve qu’il est assez insaisissable. Beuys, ça se regarde pas. Ça s’éprouve !

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Camille Il veut nous faire traverser l’image, mais pas intellectuellement : physiquement, corporellement. Nous pouvons dire, je crois, qu’il travaille, qu’il est travaillé, et qu’il veut nous faire travailler ce thème de mort-renaissance, thème qu’entretient sa légende personnelle. « Plight » signifie « Emergency », « urgence »… Il y a urgence. Notre société est en danger de mort. Hubert Oui, ça veut dire «instant critique». Camille Voilà, instant critique. Moment de crise où il nous appartient d’opérer des choix décisifs. Hubert «Situation critique» (Silence) Camille Situation critique. Quand on est là, comme nous le sommes, dans l’œuvre, entourés de tout ce feutre et de tout ce silence, se produit quelque chose d’étrange. J’ai l’impression que nous avançons vers la parole. Antoinette C’est vraiment particulier ! On est dans un univers clos. Souvent, dans les musées, il y a d’autres œuvres autour et puis des gens qui parlent. Notre esprit est appelé ailleurs. Là, il n’y a pas de distraction possible. L’œuvre nous emprisonne.

Beuys Le son du piano à queue est emprisonné dans le feutre, normalement on utilise un piano pour faire naître des sons. Quand on ne s’en sert pas, il est silencieux, muet, mais il a toujours un potentiel de sonorité. Ici, il n’y a plus de son possible et le piano est condamné au silence. La relation à la vie humaine est indiquée par les deux croix rouges signifiant détresse, urgence.2 Camille « Plight » est à mettre en résonance avec le piano à queue enveloppé de feutre, « Infiltration homogène », de 1966. Antoinette On peut le voir ici ? Camille Oui. Non. Pas en ce moment. Anissa Mais c’est lui qui a monté ça ? Camille Non, il est mort en 87. Anissa Mais alors, du coup, depuis combien de temps elle est ici cette œuvre ?

2 Citation extraite du film de John Halpern, « Joseph Beuys Transformer », produit

par I.T.A.P. Pictures, 1988.

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Camille Je ne sais pas. Elle n’a pas tout le temps été là. Beuys a laissé des instructions d’installation, j’imagine. La mise en place est faite par le personnel du musée. Anissa Enfin, c’est toujours les mêmes dimensions, d’une exposition à l’autre. Camille Je ne sais pas mais je suppose que oui. C’est le même problème qu’avec les œuvres de Boltanski. Elles sont achetées et peuvent être désinstallées et réinstallées par le personnel du musée. Anissa Ok. Camille Il est certain qu’une installation nous conduit, nécessairement, à repenser le statut de l’objet d’art. Beuys Mon intention est qu’un tel objet stimule la discussion. Il ne faut en aucun cas le considérer comme un produit esthétique.3 Antoinette C’est pour ça que c’est difficilement exposable. Camille Exactement

3 Idem.

Antoinette Dans un musée. Camille Dans un musée, c’est compliqué. Antoinette Parce que c’est pas... C’est pas fait pour ça ! Camille En tout cas, pas, peut-être pas, pour le musée dans son acception traditionnelle. C’est un travail presque opposé à la définition traditionnelle du musée comme lieu de conservation d’objets à valeur esthétique, historique, contemplative… Antoinette C’est un travail pour les lieux publics, les écoles, dehors, le monde ! C’est fait pour tout le monde. Vraiment. De manière directe. Hubert Non mais en plus, on devrait pouvoir y aller, je ne sais pas pourquoi ils ont mis ces trucs en plexi. Ils devraient ouvrir. Camille A votre avis, pourquoi ils ont mis ça ? Ces trucs, comme vous dites ? Ces barrières en plexiglas ? Anissa Pour éviter que les gens se jettent dessus ! Antoinette Et puis ça serait trop bruyant sinon ! Il y aurait trop de monde ! Les gens ne pourraient pas s’empêcher de toucher.

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Camille Oui. Les gens ont besoin de toucher pour voir. Il est certain, aussi, que c’est une œuvre qui appelle le contact. Ce n’est pas de la malveillance. Si une personne unique touche le feutre du piano, ça ne laisse pas de trace, mais 50, mais 100 mais 1000 finissent par détruire l’œuvre. Un musée doit gérer ça. Anissa En même temps, c’est un choix. On peut très bien accepter que l’œuvre soit plus ou moins démolie parce que touchée par le public qui a besoin de ça pour se l’approprier. Je ne sais pas. On ne peut pas prôner un art vivant qui appelle le contact, la chaleur et, en même temps, se protéger derrière des panneaux en plexi. C’est contradictoire. Céline Non ! Tu ne peux pas accepter ça ! Et les autres après ? Anissa Bah, soit on fait de l’œuvre d’art une idole qu’on met sous verre et que les conservateurs conservent, soit on décrète qu’elle est le fruit de son époque et qu’elle doit avant tout être au service de ses contemporains. C’est assez le sens de la performance, je trouve. Céline A ce compte-là, aujourd’hui, on ne pourrait plus voir un Titien, par exemple. Anissa Pas forcément, c’était une autre époque, le rapport aux œuvres était différent. Un gardien Il est l’heure. Merci de bien vouloir regagner la sortie.

Hubert On n’a pas entendu l’annonce !

Joseph Beuys, Infiltration homogène, 1966 (Cette conversation est la retranscription d’une rencontre organisée en 2013 au Centre Pompidou dans le cadre du Cercle “L’oeil à L’oeuvre” qu’animait Camille Laura Villet.)