invisibles, · 2011. 7. 12. · • fiches inrs de la collection champs électromagnétiques,...
TRANSCRIPT
18 Travail & Sécurité 05 - 08 18 Travail & Sécurité 05 - 08
© S
téph
ane
Lacr
oix
pour
l’IN
RS
Travail & Sécurité 05 - 08 19
Omniprésents dans notre environnement, tant domestique que professionnel, les rayonnements électromagnétiques suscitent de multiples questions sur leurs effets potentiels sur la santé, à court et à plus long termes. Dans le monde du travail, les sources d’exposition sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus répandues : domaine médical (IRM), domaine industriel (équipements de soudage, électrolyseurs, lignes de transports électriques, transformateurs, alternateurs, fours de fusion, fours de vulcanisation, chauffage par induction), radiocommunications et télécommunications (émissions
satellitaires, stations hertziennes, téléphonie mobile, radars), etc. La transposition de la directive européenne 2004/40/CE « concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à l’exposition des travailleurs aux risques dus aux agents physiques (champs électromagnétiques) », qui est le texte de référence sur la question, initialement fixée au 30 avril 2008, a finalement été reportée de quatre ans. En attendant, comment les entreprises concernées par ces questions s’organisent-elles pour prévenir les risques de surexposition et préserver la santé de leurs salariés ?
Champs électromagnétiques
Invisibles, mais bien présents
20 Travail & Sécurité 05 - 08
Quels sont les effets des rayonnements électromagnétiques sur la
santé des salariés ? Alors que le développement de nou velles technologies industrielles et médicales tend à augmenter sans cesse les sources d’expositions professionnelles aux champs électromagné tiques, la question, posée depuis des années, fait toujours débat. Les risques éventuels engendrés font l’objet de multiples controverses. Étant donné la diversité des paramètres physiques qui caractérisent ces rayonnements (fréquence, puissance, intensité…), les problèmes évoqués se révèlent complexes. « Les entreprises se posent beaucoup de questions sur le sujet, mais pas forcément les bonnes. Elles se préoccupent par exemple plus de l’antenne
Champs électromagnétiques
Des interrogations récurrentesPrésents dès lors qu’une application électrique est en fonctionnement, les champs électromagnétiques sont partout dans notre environnement. En milieu professionnel, le seul texte réglementaire qui fasse référence en matière d’exposition aux rayonnements électromagnétiques est la directive européenne 2004/40/CE, dont la transposition vient d’être reportée de quatre ans. État des lieux.
relais à proximité que du trans-formateur électrique à haute tension ou du poste à souder par résistance au sein de l’éta-
blissement », constate Philippe Demaret, technicien supérieur au département Ingénierie des équipements de travail de
© S
téph
ane
Lacr
oix
pour
l’IN
RS©
Idé
pour
l’IN
RS
Travail & Sécurité 05 - 08 21
l’INRS. En milieu professionnel, les limites d’exposition autorisées sont globalement cinq fois supérieures à celles du grand public. En l’absence d’un cadre réglementaire français précis, la référence actuelle est la directive européenne 2004/40/CE. Or, sa transposition au niveau national, initialement prévue pour fin avril 2008, a finalement été reportée au 30 avril 2012 (voir encadré), illustrant la complexité du sujet. Les effets biologiques à court terme des ondes électromagnétiques sont connus : échauffement des tissus pour les hautes fréquences (> 100 kHz) ; stimulation du système nerveux par conduction électrique pour les basses fréquences (0 à 10 MHz) ; les deux phénomènes pouvant coexister entre 100 kHz et 10 MHz.
Quatre grandes mesures
de préventionLes effets à court terme doivent être prévenus par le respect des valeurs limites, définies par l’ICNIRP (1) et reprises par la directive. Á cette fin, les mesures de prévention préconisées sont la réduction à la source, par diminution de la puissance
d’émission, et l’installation d’un blindage intégré. L’aménagement des postes et lieux de travail dès
leur conception peut y contribuer. Si
cette option n’est pas possible, une autre solution est
envisageable : la protection collective (blindage d’une zone de travail). L’éloignement de la source est également recommandé, l’exposition diminuant rapidement avec la distance. Enfin, en dernier recours, des protections individuelles (combinaisons qui ne protègent pas contre les champs électromagnétiques basses fréquences) doivent être utilisées.
Un sujet propice aux extrapolations
En revanche, les effets à long terme, lors d’expositions prolongées inférieures aux valeurs limites, restent méconnus et suscitent le débat. Á l’heure actuelle, il n’existe aucune preuve scientifique d’effets à long terme résultant d’une exposition faible mais prolongée. Néanmoins, une littérature abondante sur le sujet a montré qu’un certain nombre d’études révèlent des effets inattendus, qui ne peuvent être expliqués par les mécanis
mes classiques d’interaction et auxquels il n’a pas été possible d’attribuer une signification biologique. Les recherches demandent donc encore à être approfondies. Autre questionnement : certaines personnes sontelles plus sensibles que d’autres aux champs électromagnétiques ? Sur ce point, les opinions divergent. Un avis médical
sur la compatibilité avec un poste exposant aux champs électromagnétiques doit être prononcé pour les porteurs d’implants actifs (pacemakers, stimulateurs cardiaques…), conformément à la directive européenne. Il semble également prudent de porter une attention particulière aux femmes enceintes, aux porteurs d’implants
La directive européenne 2004/40/CE
Initialement fixée au 30 avril 2008, la transposition par les États membres de la directive européenne 2004/40/CE
concernant les prescriptions minimales de sécurité et de santé relatives à l’exposition des travailleurs aux risques dus aux agents physiques (champs électromagnétiques) a été reportée au 30 avril 2012. Cela résulte principalement des protestations de la communauté des radiologues, pour qui le texte « limite de façon disproportionnée l’utilisation et le développement de la technique de l’IRM ».Cette directive fixe des prescriptions minimales pour protéger la santé et la sécurité des travailleurs exposés à des champs électromagnétiques de 0 à 300 GHz dans leur activité professionnelle. Elle traite uniquement des effets reconnus nocifs à court terme sur le corps humain – stimulation du système nerveux et échauffement des tissus – et pas des effets à long terme, dont les éventuels effets cancérogènes, pour lesquels il n’existe pas de données scientifiques probantes permettant d’établir un lien de causalité, ni des effets résultants d’un contact avec un conducteur sous tension. Elle charge l’employeur de procéder à l’évaluation des niveaux des champs électromagnétiques auxquels les salariés sont exposés et de mettre en œuvre des mesures de protection, de formation et d’information sur le sujet ainsi qu’une surveillance médicale appropriée des employés. Elle définit des valeurs limites d’exposition (VLE) internes à l’organisme. Mais, celles-ci n’étant pas mesurables, la directive introduit parallèlement des valeurs déclenchant l’action (VDA), externes et différentes selon la fréquence des ondes. Il s’agit des mêmes valeurs que celles préconisées par l’ICNIRP.
22 Travail & Sécurité 05 - 08
passifs métalliques (broches) et aux personnes souffrant de troubles du rythme cardiaque. Selon Christian Bonnet, contrôleur de sécurité au Centre de mesures physiques de la CRAM de la région Centre, « de temps en temps nous sommes sollici-
tés par des salariés présentant des maux de tête ou ayant des malaises. Nous procédons alors à des mesures dont les résul-tats se révèlent parfois bien inférieurs aux valeurs limites. Il nous est par conséquent difficile de statuer sur ces situations ».
En l’état actuel des connaissances…
Les notions sont de l’ordre du ressenti individuel bien plus que des constats scientifiques avérés. Interprétation d’autant plus complexe qu’il convient de ne pas exclure les facteurs confondants, multiples, qui interfèrent constamment. Impossible également de nier le facteur psychologique, qui joue pour une large part. « Sans occulter les nombreux enjeux sociétaux et sociolo-giques autour de ces questions, le débat devient rapidement confus du fait des intérêts et des objectifs des différents acteurs. Puisque, jusqu’à pré-sent, rien n’a permis de prouver l’existence d’un risque, on ne doit pas contribuer à induire des sentiments de crainte », souligne JeanPierre Servent, ingénieur d’assistance conseil au département Expertise et conseil technique de l’INRS.Le report de la transposition de la directive européenne offre l’opportunité d’approfondir les connaissances sur les expositions sur le terrain. Cela est déjà en cours dans le cadre de la campagne nationale de mesures en entreprises menée depuis le début de l’année et jusqu’à fin 2009 par le département Ingénierie
des équipements de travail de l’INRS et les différents centres de mesures physiques des CRAM. Elle va permettre d’établir en entreprise, sur une quinzaine d’équipements par région, un état des lieux sur les rayonnements électromagnétiques, afin de définir ensuite
des mesures de protection et de prévention. Et d’accroître concrètement les données sur le sujet. 1. ICNIRP : Commission internationale pour la protection contre les radiations non ionisantes.
C. R.
La téléphonie mobile
Une étude internationale épidémiologique sur
les relations entre exposition au téléphone mobile et tumeurs de la tête, Interphone, est en cours. Menée dans treize pays et coordonnée par le CIRC (1), l’étude considérait comme pathologies : le gliome du cerveau, le méningiome cérébral, le neurinome du nerf acoustique et la tumeur de la parotide. Elle ne portait néanmoins pas spécifiquement sur une utilisation dans le cadre professionnel. Les résultats pour la partie française ont été publiés en septembre 2007. Ils ont mis en évidence qu’une utilisation régulière n’augmentait pas le risque de développer une de ces tumeurs. Cependant, le risque de gliome augmente chez les plus gros consommateurs (durées cumulées de communication d’environ 22 h par mois).
www.afsset.fr1. CIRC : Centre international de recherche sur le cancer
Des interrogations récurrentes
Pour en savoir plus• Fiches INRS de la collection Champs électromagnétiques, série
ED 4200 à 4210, téléchargeables sur www.inrs.fr. En particulier : - ED 4202 Les sources de rayonnements non ionisants (jusqu’à 60 GHz) - ED 4203 Les effets des rayonnements non ionisants sur l’homme - ED 4204 La réglementation en milieu professionnel - Dernièrement parue : ED 4210 Les lignes à haute tension et les transformateurs
• ED 5004 Champs et ondes électromagnétiques (0 Hz-300 GHz), collection Le point des connaissances sur…
• www.inrs.fr/dossiers/rni.html : dossier sur les champs électromagnétiques, avec questionnaire pour l’identification des risques et outil de calcul des valeurs déclenchant l’action.
• www.who.int/peh-emf/fr/ : dossier sur les champs électromagnétiques du site de l’OMS
• www.iarc.fr/indexfr.html : Centre international de recherche sur le cancer (iarc)
• www.ineris.fr : rubrique Expertise
• www.icnirp.org : site du Comité international de protection des rayonnements non ionisants (site en anglais)
• www.anfr.fr : Agence nationale des fréquences
• www.sante-radiofrequences.org : Fondation Santé et radiofréquences
• www.sfrp.asso.fr : Société française de radioprotection
• www.criirem.org : Centre de recherche et d’information indépendantes sur les rayonnements électromagnétiques
• www.afsset.fr : Agence française de sécurité sanitaire de l’environnement et du travail
Travail & Sécurité 05 - 08 23
■ Travail et Sécurité : Quelles réactions observez-vous, à travers les remontées faites par les médecins du travail par exemple, à propos du ris-que d’exposition aux champs électromagnétiques en entre-prise ?
Dr René de Seze, spécia-liste en radiologie : Lors du dévelop pement de nouvelles applications, comme c’est le cas actuellement pour les bornes wifi, quelques personnes expriment des interrogations et parfois des craintes. Les médecins du travail, qui jouent un rôle dans le processus d’information, sont très sollicités. Depuis plusieurs années, j’interviens en régions dans le cadre de journées de formationinformation de la profession, pour lesquelles le sujet des champs électromagnétiques attire toujours un grand nombre de participants. Néanmoins, les applications des champs électromagnétiques étant très variées, peu de médecins réclament une formation complète à la prise en charge, qui représenterait sans doute un investissement trop lourd. Par ailleurs, certains grands groupes (entreprises de l’électrolyse, opérateurs de téléphonie mobile, opérateurs de radiodiffusion, entreprises de transports…) demandent parfois un avis ou un conseil pour accompagner leur démarche de prise en charge de la problématique : définition des sources, des expositions,
cartographie des champs, information, formation, enregistrement des expositions… Les entreprises, même si elles ne génèrent pas nécessairement de fortes expositions, manifestent un réel besoin de conseil. Enfin, il m’arrive d’être interrogé lors de situations particulières où les salariés présentent des symptômes
qu’ils attribuent aux champs électromagnétiques ou bien lors de situations accidentelles, accompagnées ou non de symptômes. On ne relève dans la littérature qu’une quinzaine de cas d’accidents avec effets sur la santé, un événement qui, même s’il est certainement sousestimé, reste rare.
Spécialiste en radiologie, le Dr René de Seze mène des travaux de recherche à l’Ineris pour évaluer l’impact des champs électromagnétiques sur la santé. Entretien.
Dr René de Seze, spécialiste en radiologie : « Les champs électromagnétiques ne sont pas responsables de tous les maux. »
© S
téph
ane
Lacr
oix
pour
l’IN
RS
24 Travail & Sécurité 05 - 08
■ Quelles sont les principales situations d’exposition aux champs électromagnétiques en entreprise ?
Dr R. de S. : Il est aujourd’hui tout à fait possible de faire des mesures fiables d’exposition. Peu d’applications présentent un niveau d’exposition élevé par rapport aux valeurs limites d’exposition recommandées. On relève toutefois des niveaux d’exposition qui s’en approchent pour des opérations de soudage électrique, souvent à cause des câbles, donc en partie liés à des procédures et aux usages. Le soudage des matières plastiques (1), les émetteurs de télé ou radiodiffusion (2) ou certaines applications médicales (IRM, bistouri électrique, physiothérapie…) peuvent également générer des expositions significatives. Par ailleurs, il existe des situations accidentelles qui concernent principalement les radars (applications militaires, aéroports, police…) et la maintenance des installations (radiofréquence, fours à microondes industriels…). Ces accidents donnent majoritairement lieu à des brûlures et surviennent dans des circonstances particulières, lors des interventions d’entretien ou des phases d’installation, en l’absence de protections. La définition de procédures doit permettre de les éviter, mais la rareté de ces événements incite peu les constructeurs et fabricants de matériel ou les sociétés qui les utilisent à se préoccuper du risque de surexposition pouvant survenir dans ces situations.
■ Existe-t-il des populations plus sensibles que d’autres ?
Dr R. de S. : Aucune étude n’a pu montrer de relations de cause à effet entre exposition et symptômes, ni l’existence de populations plus sensibles que d’autres aux champs électromagnétiques. Si une hypersensibilité s’exprime, elle se fait sur le terrain dans une situation bien spécifique. Il sem
ble que la majorité des personnes qui se sentent exposées présentent une hyperactivité du système neurovégétatif qui se traduit par une hypersudation et une variabilité du rythme cardiaque. Une étude qui reste à confirmer évoque une sensibilité au courant électrique accrue chez ces personnes. Ce qu’il faut dire, à mon avis, sur l’aspect psychologique, c’est que bien des inquiétudes sont générées ou entretenues par des discours alarmistes ou par méconnaissance. La connaissance insuffisante des médecins du travail et des personnels sur ce sujet fait que l’exclusion de facteurs confondants (environnement de travail, bruit, facteurs chimiques…) n’est pas réalisée de façon systématique. Les champs électromagnétiques ne sont pas responsables de tous les maux et,
parfois, l’anxiété a plus de conséquences que les phénomènes incriminés. Quoi qu’il en soit, il est important de ne pas laisser subsister les inquiétudes. Le médecin du travail est aussi là pour lever les doutes et explorer la situation de travail dans son ensemble, en prenant en compte tous les facteurs environnementaux et sociaux. La décision d’extraire le salarié à la source, qui peut exceptionnellement être prise au cas par cas, doit également s’accompagner d’une infor mation. Il faut bien expliquer aux salariés que leurs inquiétudes peuvent ellesmêmes avoir une incidence sur les symptômes qu’ils observent.
1. Ndlr : Lire à ce sujet l’article sur l’entreprise Sipack, pages 26 et 27.2. Ndlr : Lire également les articles sur TDF et la Tour Eiffel, pages 30 et 31.
Propos recueillis par G. B.
Principaux effets sur l’homme des champs électromagnétiques
Effets directs• Champs statiques : réactions cutanées, modification de l’électrocardiogramme, malaises…• Champs électromagnétiques basse fréquence : le CIRC a classé les champs électromagnétiques basse fréquence comme possiblement cancérogènes pour l’homme (catégorie 2B) sur la base d’études épidémiologiques mettant en évidence un risque accru de leucémie chez des enfants exposés à proximité de lignes haute tension. Toutefois, aucun lien de cause à effet n’a à ce jour été établi entre les expositions incriminées et l’apparition de cancers. • Champs électromagnétiques haute fréquence : hyperthermie, effet athermique, symptômes non spécifiques pour lesquels il est difficile d’affirmer le rôle de l’exposition aux champs…
Effets indirects Déclenchement d’une explosion ou d’un incendie du fait d’un arc électrique, dysfonctionnement des systèmes électroniques, projection d’objets ferromagnétiques, effets particuliers sur les implants médicaux et sur la grossesse…
« Les champs électromagnétiques ne sont pas responsables de tous les maux. »
© S
téph
ane
Lacr
oix
pour
l’IN
RS
Travail & Sécurité 05 - 08 25
Existant depuis plus de cent ans, la production de chlore par électrolyse
nécessite des équipements électriques de puissance tels les transformateurs, redresseurs et barres de cuivre reliant les redresseurs aux électrolyseurs. Ces appareils véhiculent des courants continus importants et génèrent des champs électromagnétiques statiques auxquels sont superposés des champs alternatifs résiduels de basse fréquence (300 Hz, 600 Hz…). Or, les procédés nécessitent parfois la présence de salariés à proximité de ces équipements, pour des raisons de maintenance ou de production.
Limiter l’accès aux cabines de redresseurs
Comment les entreprises concernées abordentelles la question de l’exposition de leurs salariés ? Qu’estce qui est mis en œuvre concrètement ? « Bien que la transposition de la directive soit repoussée au 30 avril 2012, nous continuons à évaluer les niveaux d’expo-sition, à réaliser des mesurages et à chercher à concevoir des
instal lations générant des champs électromagné-tiques moindres, ainsi
que des modes opéra-toires exposant moins les personnels, répond JeanPaul Viallefont, ingénieur électricien chez Arkema, entreprise de chimie. Nous sommes en train de
finaliser la mise au point d’une nouvelle série de mesures avec un autre appareil pour pallier une certaine compensation entre les ondes de différentes fréquences. »Même approche chez Solvay, autre producteur de chlore. « Notre stratégie est de faire en sorte que les zones acces-sibles au personnel restent à des valeurs inférieures aux valeurs d’action et que l’accès aux zones où le champ est supérieur, ainsi qu’à l’intérieur des cabines de redresseurs, soit limité, explique Joachim Lange, ingénieur électricien de l’entreprise. Depuis 1999, nous avons recherché des solutions techniques pour répon-dre au mieux aux exigences de la directive. Cela a donné lieu à deux brevets. Nous sommes ainsi intervenus sur les moyens de conception même des s alles d’électrolyse “bipolaires”, la tech-nologie d’électrolyseurs la plus récente. » L’impact des très basses fréquences de champs électromagnétiques sur la santé apparaît relativement limité. Si certains symptômes réversibles (réflexes nerveux, perturbation de la perception de la vision comme les magnétopho s phènes) ont pu être observés pour des intensités supérieures à celles des installations d’électrolyse, les études médicales publiées dans différents pays n’ont pas montré d’effets négatifs sur la santé des travailleurs exerçant dans les installations d’électrolyse. « Dans la directive, la valeur d’ac-tion définie est inférieure d’un facteur 30 aux effets observa-
bles. », indique Joachim Lange. De fait, la mise en œuvre de la directive européenne n’est pas aisée pour les chloriers.
Trop éloignée de la pratique
« La directive présente des valeurs d’action sévères et des limites d’exposition à l’inté-rieur du corps humain non mesu rables. Elle doit donc être améliorée en expliquant notamment comment calcu-ler le courant induit dans le corps humain. Étant donné les valeurs limites retenues, l’appli-cation stricte de la directive telle qu’elle existe aujourd’hui péna-liserait toute l’industrie euro-péenne du chlore par rapport à d’autres producteurs comme le Japon », précise Joachim Lange. Les différents chloriers se sont associés au sein du syndicat EuroChlor afin de travailler sur des méthodes de sécurité, des méthodes de mesures ainsi que des solutions réduisant les champs électromagné tiques. Par ailleurs, le Cenelec (Comité européen de la normalisation électrotechnique) réfléchit actuellement à la rédaction d’une norme relative à la mesure des champs de tous types (magnétiques, électriques, multifréquentiels, pulsés…). « La situation demeure évolutive en attendant la transposition de 2012, et nous la suivons avec le plus grand soin en essayant d’anticiper… », conclut JeanPaul Viallefont.
C. R.
Les basses fréquences constituent une famille de champs électromagnétiques présents en milieu professionnel. Elles sont notamment rencontrées dans les usines d’électrolyse (du chlore, de l’aluminium).Illustration auprès de deux entreprises de cette filière.
En attendant 2012
La prévention au stade de la conception
© S
téph
ane
Lacr
oix
pour
l’IN
RS
26 Travail & Sécurité 05 - 08
Au seuil de l’atelier, des pictogrammes signalent la présence de
rayonnements non ionisants. Sur la ligne de conditionnement, un groupe de femmes s’active… En tête de ligne, elles sont deux à placer le produit dans des coquilles de plastique, puis à les disposer rapidement sur le tapis d’alimentation. Près de la soudeuse, la chef de ligne, postée sur une palette en bois qui la met au niveau de son poste de travail, alimente le carrousel de la presse. Elle place deux jeux de boîtes dans
les « contreélectrodes » avant de les couvrir d’une feuille de plastique. Toutes les neuf secondes, le carrousel effectue un quart de tour. La machine soude alors pendant deux secondes en émettant des ondes électromagnétiques à la fréquence de 27 MHz. Au quart de tour suivant, les emballages soudés viennent se positionner devant l’opératrice qui est chargée de les évacuer, elle aussi debout sur une palette en bois. Durant les deux secondes du « soudage », un champ électromagnétique
intense est venu chauffer le plastique pour souder les éléments en contact.
Un accès à l’information difficile
Comment évaluer le degré d’exposition d’une personne placée à proximité du générateur dans ces conditions de production ? « Il est vraiment difficile de trouver des infor-mations, surtout quand on est une PME dotée de peu de moyens et qui possède peu de compétences sur le sujet. Cela
L’évaluation de l’exposition à un champ électromagnétique se révèle difficile, car elle dépend de nombreux paramètres. L’entreprise Sipack en a fait l’expérience avec l’aide du Centre de mesures physiques de la CRAM de la région Centre. Cette PME spécialisée dans le conditionnement à façon (blisters) utilise des presses de soudage haute fréquence dans ses ateliers. Ces équipements exposent le personnel à des rayonnements électromagnétiques.
Soudage haute fréquence
De la difficulté d’évaluer l’exposition des salariés
© Y
ves
Cous
son/
INRS
Travail & Sécurité 05 - 08 27
Soudage haute fréquence
De la difficulté d’évaluer l’exposition des salariés
Le conditionnement à façon
L’entreprise Sipack opère dans le secteur très concurrentiel du conditionnement à façon. Dans ce secteur à faible
marge, l’adaptabilité, la réactivité et les services sur mesure au client sont les meilleurs arguments de vente. Le quotidien y est rythmé par les changements permanents de production. En effet, toute commande passée avant midi est sur les lignes de conditionnement le lendemain. Les effectifs permanents (environ 20 personnes dont une majorité de jeunes femmes) sont complétés par des intérimaires fidélisées selon la charge de travail.
Le CMP a mesuré le courant électrique grâce à des pinces de courant placées aux chevilles des opérateurs : les résultats sont inférieurs aux valeurs d’action réglementaires.
Les opératrices travaillent à proximité des postes à souder, pas toujours équipés de blindage. L’entreprise a cherché à savoir si ses employées étaient exposées à des champs électromagnétiques élevés.
doit en décourager plus d’un », indique Ludovic Francini, directeur de l’entreprise. Il évoque les dixhuit mois passés à rechercher des informations sur les champs électromagnétiques et, surtout, à identifier un organisme susceptible de lui fournir des données objectives sur l’exposition de ses salariées. C’est finalement le médecin du travail qui l’a mis
en contact avec le Centre de mesures physiques (CMP) de la CRAM du Centre.« Nos inquiétudes, lorsque nous avons contacté le CMP, étaient réelles et sérieuses. Mais l’idée que nous nous en faisions était fausse. Nous avons découvert des paramètres auxquels nous n’avions pas pensé », poursuitil. Aujourd’hui, Christian Bonnet et Philippe Defrance, contrôleurs de sécurité au CMP de la CRAM du Centre, vérifient que les dispositifs de protection mis en place par l’entreprise suite aux préconisations du CMP sont efficaces. Il s’agissait principalement de l’amélioration du blindage en cuivre existant. Avec un champ
mètre, ils relèvent les valeurs du champ électromagné tique en différents points de l’environnement immédiat du générateur. Les mesures sont inférieures à celles de la campagne précédente. Mais il est difficile de comparer ce qui n’est pas comparable : l’exposition dépend de la configuration de travail, de la durée d’émission du champ, de la
cadence, du produit fabriqué et de l’éloignement du personnel. Comme l’indique Christian Bonnet, « la cadence aujourd’hui est élevée. La pre-mière fois, le temps de sou-dage était de 3 secondes pour une séquence de 45 secondes et les produits fabriqués dif-férents. Et la configuration intervient aussi : à 20 cm de distance, le champ peut être très différent ».
Des blindages en option
Le CMP dispose d’une pince de courant permettant de mesurer le courant induit dans le corps des opératrices par la proximité du champ électromagnétique à haute fréquence. Les résultats restent très en dessous des valeurs d’action réglementaires, fixées à 100 mA. La mesure réalisée avec la pince de courant
placée autour de la cheville démontre l’intérêt de l’isolation électrique procurée par la palette en bois sur laquelle travaillent les opératrices. L’entreprise insiste sur la fiabilité et la sécurité de son outil de travail qu’elle fait vérifier régulièrement. Toutefois, cela ne suffit pas. Dans l’atelier, sur les cinq lignes de conditionnement avec soudeuses haute fréquence, une seule
est équipée d’un blindage d’origine. « Les fournisseurs et constructeurs proposent ce r-taines protections, mais en option afin de tirer les prix au plus bas, constate Christian Bonnet. Cela conduit cer taines entreprises, conscientes du risque, à aménager leurs pro-pres protections, sans garantie d’efficacité. »
C. L.
© Y
ves
Cous
son/
INRS
28 Travail & Sécurité 05 - 08
■ Travail et Sécurité : Le risque électromagnétique est-il domi-nant pour TDF ?
Éric Chargy, pilote national de la prévention des risques : TDF est confrontée à quatre grands risques professionnels : routier (un millier de nos salariés se déplacent quotidiennement sur les routes), électrique, les chutes liées aux interventions en hauteur et le rayonnement électromagnétique. Pour ce
dernier, nous n’avons jamais connu d’accident lié à une surexposition, sur un effectif de 600 à 800 salariés amenés à intervenir sur nos sites.
■ Que met en œuvre TDF pour que le risque électromagné-tique reste maîtrisé ?
É. C. : Nos ingénieurs prennent en compte les aspects exposition des personnes aux champs électromagnétiques
et depuis 20022003, notre entreprise a mis en place différentes procédures d’intervention sur sites ainsi que des outils pratiques. Il s’agit de l’identification et l’évaluation des risques ; d’une planification sécurité reposant sur une cartographie de tous nos sites et leur classement en différentes zones selon le degré d’exposition ; de la formation et l’information des salariés. Suite à une campagne de mesures sur nos sites, les voies d’accès et les postes de travail ont été classés en quatre catégories : zone 1 (exposition <61 V/m), zone 2 (de 61 à 122 V/m), zone 3 (122 à 200 V/m) et zone 4 (>200 V/m). Au total, 400 sites sur lesquels des mesures spécifiques sont à prendre ont été identifiés, dont une petite vingtaine en zone 4. Des panneaux de signalisation et d’information sont affichés sur chacun d’entre eux. Et, selon la zone et la durée d’intervention, différentes règles doivent être respectées.
■ Quelles protections collec-tives utilisez-vous sur le terrain ?
É. C. : Dans la mesure du possible, nous installons près des antennes des protections métalliques qui font office de cage de Faraday (grillage, panneaux métalliques à barreaux, jupes métalliques inversées). De façon plus anecdotique, il est apparu que les crinolines sur les échelles, prévues contre les chutes de hauteur, ont également un effet pro
Télédiffusion de France
Un risque maîtriséTDF exploite des installations radioélectriques dans des gammes de fréquences comprises entre 162 kHz et 40 GHz. Ses trois principales activités concernent le personnel intervenant sur ses 7 000 sites : l’implantation d’antennes à proximité d’autres installations déjà en service, la maintenance préventive et la maintenance corrective, ces deux dernières exposant à des émissions courtes, mais répétées. Entretien avec Éric Chargy, pilote national de la prévention des risques au sein de TDF.
© S
téph
ane
Lacr
oix
pour
l’IN
RS
Travail & Sécurité 05 - 08 29
tecteur qu’il est possible de renforcer par la pose d’un grillage. Et ponctuellement, lorsque c’est nécessaire, nous réduisons la puissance d’émission des antennes le temps de l’intervention.
■ Et pour les protections individuelles ?
É. C. : Nous avons fait appel à un fabricant qui a conçu une combinaison répondant pré
cisément à nos besoins. Il en existait déjà sur le marché, mais elles étaient inadaptées, tant en termes de protection que d’ergonomie. L’EPI en question est un mélange polyestercoton intégrant un maillage fin en acier inox, qui présente les caractéristiques d’une cage de Faraday : lorsqu’on le porte, on se retrouve à un niveau d’exposition équivalent à une zone 1. Il présente par ailleurs l’avantage d’être
porté en sousvêtement et non en survêtement, d’où un encombrement moindre. Dans le cadre de notre obligation d’employeur, nous fournissons cette combinaison à nos salariés, ainsi que des kits « pocket sécurité ». Ce sont des fiches qui rappellent les consignes de prévention à suivre sur nos sites. Ces kits sont également mis à disposition de nos prestataires et de nos clients. Il n’y a pas de distinction dans les
règles ni dans les moyens de prévention entre nos salariés et le personnel externe intervenant sur nos sites.
■ Des formations ont-elles été délivrées au personnel ?
É. C. : Oui, 85 % du personnel de TDF, tous services confondus, a suivi une formation sur le sujet. Il est légitime, étant donné notre domaine d’activité, que chacun connaisse les risques du secteur et soit à même de les comprendre et d’en parler. Nos médecins ont également été formés et informés, afin d’homogénéiser leurs connaissances, toujours dans l’optique de parler le même langage avec les mêmes références.
■ Pouvez-vous nous donner un ordre de grandeur financier correspondant à ces investis-sements ?
É. C. : Nous avons financé la phase d’ingénierie et de déploiement du projet : études théoriques, simulations, matériel de mesure, EPI. Il est difficile de chiffrer le temps consacré aux multiples réflexions sur le sujet. Aujourd’hui, les investissements concernent plus spécifiquement l’actualisation des données et le renouvellement du matériel, comme les combinaisons, qui ont une durée de vie limitée (45 lavages) et dont le prix unitaire est d’environ 600 euros.
Propos recueillis par C. R.
Il existe six familles de champs électromagnétiques : les champs statiques,
les basses fréquences, les moyennes fréquences, les hautes fréquences, les hyperfréquences et les télécommunications. Il n’est pas toujours aisé de rapporter l’exposition à une source électromagnétique dans un environnement de travail aux caractéristiques mêmes de cette source. En l’absence d’autre référence, on peut se reporter à la classification élaborée par le ministère néerlandais des Affaires sociales et de l’Emploi. Selon cette classification, les environnements de travail réputés donner lieu à une exposition acceptable a priori sont listés dans un tableau 1. Les autres sont regroupés en trois catégories dans un tableau 2, une division visant à simplifier la procédure d’évaluation des risques et à définir les mesures de protection nécessaires à mettre en place. Les principaux effets observés connus lors des interactions avec les champs électromagnétiques sont les effets directs (champ/organisme) et indirects (champ/élément intermédiaire/organisme). Si les effets biologiques ou sanitaires à court terme sont connus, l’impact sur la santé à plus long terme interroge. « Les seuls effets avérés
sur la santé sont la stimulation électrique du système nerveux et l’hyperthermie, explique Yaël Ganem, médecin-conseil à l’INRS. En cas de suspicion, le médecin du travail est relativement démuni : aucun examen complémentaire ne peut être prescrit pour détecter les effets sur la santé pour un salarié exposé à un champ magnétique. » Ses seules armes : l’examen clinique classique, des mesures de champ sur le poste de travail, les tests du retrait temporaire et, le cas échéant, la consultation de pathologie professionnelle. « Le lien entre une exposition et l’apparition de symptômes n’est pas établi. L’enjeu aujourd’hui est d’objectiver l’absence de dépassement de valeur limite d’exposition, ajoute Yaël Ganem. Pour les populations dites sensibles, femmes enceintes, porteurs d’implants médicaux, personnes qui présentent des antécédents de cancer, le médecin du travail peut prendre la décision d’appliquer un principe de précaution ou d’évitement et les soustraire à certains postes. » Cette situation, qui ne s’appuie sur aucune base scientifique, est toutefois loin de faire consensus.
G. B.
Des obstacles au repérage
30 Travail & Sécurité 05 - 08
Prenez un monument historique emblématique : la Tour Eiffel. Prévoyez
durant plusieurs mois la pose manuelle de milliers d’ampoules pour la faire scintiller de mille feux tous les soirs. Tenez compte de la présence de multiples émetteurs de radiofréquences en son sommet. À quels risques s’exposent les opérateurs intervenant à proximité immédiate des antennes situées au sommet de l’édifice, le « 6e étage » ? C’est le médecin du travail de la société Jarnias, employeur des cordistes ou « alpinistes de la Tour Eiffel », qui, le premier, s’est inquiété des risques éventuels que pouvaient encourir ses opérateurs. Afin d’établir un état des lieux préalable, il a fait appel au contrôleur de sécurité de la Cramif, Magali GaultierLecossec.
Une démarche durable
Une campagne de mesures impliquant le Centre de mesures physiques de la Cramif a alors été réalisée. « Cette étude
a été l’occasion d’une véritable prise de conscience. Jusqu’alors, peu de personnes avaient réalisé la problématique que posent les champs électromagnétiques en milieu professionnel », note Dominique Beaumont, médecin à la Cramif. Preuve que la prise de conscience sur les rayonnements non ionisants en milieu professionnel est relativement récente. « Au 5e étage (passerelle technique inférieure située au bas des arceaux), nos
S’éloigner de la source émettrice est l’une des solutions préconisées pour se protéger des rayonnements électromagnétiques. C’est celle qui a été retenue lors du chantier « scintillement » sur la Tour Eiffel. Ainsi, risquant d’exposer les opérateurs à des champs trop élevés à proximité des antennes, le maître d’ouvrage a renoncé à la pose d’ampoules sur les arceaux au sommet de l’édifice.
Scintillement de la Tour Eiffel
Le dernier étage ne brillera pas
Caractéristiques du chantier « scintillement »
• Fréquences : de 88 à 108 MHz.• Puissance : environ 20 kW dans chaque direction.• Intensité du champ : jusqu’à 1 100 V/m.• Temps de pose estimé par projecteur : 30 minutes.• Pour l’ensemble du chantier :
– 20 000 ampoules pour un total de 3 tonnes ; – 800 guirlandes électriques de 25 kg chacune pour une longueur de 18 km ; – 30 km de câbles.
© S
téph
ane
Laco
ix p
our
l’IN
RS
Travail & Sécurité 05 - 08 31
mesures du champ électrique ont atteint 63 V/m. Au 6e étage, juste sous les antennes FM, les résultats ont donné 400 V/m. Et juste devant les antennes, les valeurs sont montées jusqu’à 1 100 V/m, soit près de 20 fois la valeur déclenchant l’action fixée par la directive euro-péenne, qui est de 61 V/m », précise Emmanuel Marteau, ingénieurconseil, qui a réalisé les mesures pour le Centre de mesures physiques de la Cramif. La santé des opérateurs passant avant les beaux feux de la Dame de fer, il était exclu que les interventions se déroulent à proximité d’antennes en fonctionnement.
Des zones trop exposées
Alors, que faire ? La solution la plus efficace pour supprimer le risque – l’interruption de l’émission des antennes lors de l’intervention – n’étant pas envisageable, il a fallu trouver une alternative. La diminution de la puissance étant proportionnelle au carré de la dis
tance à la source, la solution retenue a été l’éloignement des opérateurs. Ils ne sont donc pas intervenus dans les zones les plus exposées. Ainsi, l’installation initialement prévue de 36 projecteurs sur chacun des quatre arceaux de la partie sommitale a été abandonnée. « Des mesures de protection collectives (cage de Faraday) et individuelles (combinaisons de protection) étaient déjà mises en place sur le site depuis 1999. Cette campagne de mesures a permis d’établir un protocole d’intervention définissant clai-rement des durées de présence en fonction de zones autour des émetteurs », note Gérard Navarre, chef du service sécurité à la Société d’exploitation de la Tour Eiffel. Un balisage a par ailleurs été installé autour du site « sensible ». Des EPI – combinaisons avec tissage métallique – ont également été mis à disposition des opérateurs. Et une large campagne d’information, incluant les mesures de prévention à mettre en œuvre sur le site, a été diffusée auprès de
toutes les entreprises intervenant au 6e étage : outre les cordistes, TDF, SPR (peintres), AmecSpie (électriciens), Otis (ascensoristes).
Une prévention collective
Les mesures de prévention ont donc pris diverses formes, de la modification du projet initial au balisage des zones exposantes en passant par une information des entreprises intervenant sur zone. « Au-delà des mesures mises en place à l’occasion de ce chantier, la démarche peut être qualifiée de durable puisqu’elle est tou-jours suivie par les entreprises chargées de travaux d’entretien ou de maintenance », résume Dominique Beaumont. « Notre objectif est désormais de par-venir à supprimer le port, rela-tivement contraignant, des combinaisons en augmentant encore les surfaces des cages de Faraday. Et nous commen-çons également à obtenir des périodes de coupure d’émission la nuit de la part de certains opérateurs », conclut Gérard Navarre. La solution idéale pour éliminer tout risque électromagnétique.
C.R.
Maintenance des antennes-
relais
Les antennes-relais de téléphonie mobile sont
installées pour une large part sur des édifices qui n’appartiennent pas aux opérateurs. La maintenance des sites – installations électroniques et ouvrages qui les accueillent – étant réalisée par des prestataires externes, le nombre d’acteurs concernés (y compris le gestionnaire du site) devient vite très important. Or, la mise en œuvre d’une démarche coordonnée de prévention est délicate. « La véritable mesure de prévention consiste à couper l’émission des antennes le temps de l’intervention. Nous tentons de faciliter le dialogue entre les différentes parties, mais ce n’est pas simple car tous ne parlent pas le même langage, explique François Blanchard, ingénieur-conseil à la Cramif. En théorie, les opérateurs se sont engagés à couper les antennes lorsque c’est nécessaire. Cette action est généralement réalisée à distance et, dans les faits, le salarié sur le site n’a pas le moyen de s’en assurer. C’est pourquoi, parmi les mesures que nous demandons (1), figure l’installation sur l’antenne d’un moyen visuel d’émission, comme un voyant lumineux. »1. Voir en particulier la note technique n° 19 publiée par la Cramif – DTE140 (téléchargeable sur www.cramif.fr)
Mesures de prévention- Identification et caractérisation des sources d’émission ;- balisage des zones ;- information des entreprises ;- suppression ou diminution de l’émission lors
des interventions lorsque c’est possible ;- information des médecins du travail pour organiser
un suivi adapté ;- vêtements de protection compatibles avec les tâches
et équipés de badges sonores ;- temps d’interventions fixés en fonction de la pénibilité
globale du travail pour le port des EPI.