Gérard Bossy

GURU NANAK Le Messager de l'Unité

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ITINERAIRE VERS L'HARMONIE - Mathieu

Gérard Bossy

GURU NANAK Le Messager de l'Unité

L'OR DU TEMPS é.d.i.t.i.o.n.s

1 rue 26 Mai 1944 38950 Saint Martin Le Vinoux

Tél. 76 75 82 45

© 1991 L'OR DU TEMPS pour la langue française, tous droits de reproduction réservés pour tous pays.

ISBN : 2 904112 25 1

GURU NANAK OU LE MESSAGER DE L'UNITE

Avant-propos Il est bien difficile et prétentieux d'essayer de s'engager sur

les pas d'un homme dont l'histoire remonte à plusieurs centaines d'années en arrière. L'horloge du temps efface bien des souvenirs et la poussière de l'oubli a vite fait de recouvrir les rayons de la mémoire.

Toutefois, quelques témoins du passé ont marqué de leurs empreintes la marche des siècles. En remontant dans le temps, il en est un dont le rayonnement n'est pas prêt de perdre de son intensité; il s'agit bien entendu de Guru Nanak.

Certaines traces de son passage sont encore bien visibles, mais d'autres sont plus difficiles à déchiffrer, tant la vie de ce grand Maître fut intense et mouvementée. Il existe plusieurs ouvrages en anglais et aussi en d'autres langues qui traitent de ce sujet. En consultant quelques-uns d'entre eux, dont «Glim- pses of the divine Masters» by Ranbir Singh, ed. International Traders Corporation ou «The life and teachings of Guru Nanak» by Sardarni Premka Kaur, ed. Brotherhood of life books, l'au- teur de ce livre a essayé de retracer le plus fidèlement possible l'existence de Guru Nanak.

Ce travail fut facilité par les quelques années que l'auteur passa au Pendjab, la patrie des Sikhs, et par l'aide précieuse apportée par le Dr Harbhajan Singh d'Amritsar qui, le premier, lui fit connaître les enseignements des grands Maîtres.

PREFACE

Que se passe-t-il quand, sur les routes étroites du Pendjab, un camion horriblement chargé, roulant à pleins gaz comme toujours, rencontre un autre camion croûlant sous le fardeau, comme l'autre, et n'allant pas moins vite ? L'un d'eux doit nécessairement descendre sur le large bas-côté non stabilisé. Dans le camion numéro un, le chauffeur voit rouge, jette un bref regard à l'image d'un saint suspendue au plafond, appuie sur l'accélérateur avec les derniers kilos de réserve et mar- monne: «Mon guru est plus fort que le tien, tire-toi !» Dans le camion numéro deux, le chauffeur cesse de chantonner, lance un bref regard à l'image d'un saint collée au tableau de bord, écrase rageusement le champignon qui ne peut donner que ce qu'il a et gronde: «Efface-toi, mon guru est plus fort que le tien !» Les deux chauffeurs ont bien sûr invoqué le même Guru Nanak.

Il y a souvent des camions renversés sur le bas-côté, le long des routes étroites du Pendjab, mais peu par rapport au nombre de rencontres de ce type. Avec cette anecdote certes caricaturale, on pourrait vouloir montrer qu'en Orient comme en Occident, le Ciel est devenu une section de la gendarmerie des routes, les saints devant bien faire quelque chose pour les malheureux qui les appellent au secours. Elle illustre aussi l'omniprésence du Guru Nanak, qui est de la loin la figure la plus populaire du Pendjab, presque un héros national. On penserait aussi à la popularité du Saint, mais en beaucoup plus gai, car jamais, sous aucun prétexte, les Maîtres de l'Inde n'ont prêché la punition, la violence, ni la vengeance. Selon leur conception du monde, les hommes n'ont pas besoin de châtiment, ils se punissent malheu- reusement eux-mêmes. Aussi, sur leur passage, ont-ils toujours répandu le soulagement. On ne les connaît que bienfaiteurs.

Si, dans le nord-ouest de l'Inde, le personnage de Guru Nanak est connu de tous, son héritage spirituel aussi est tou- jours bien vivant. L'audience de son enseignement avait donné déja la Tradition des Sikhs, qui ont recueilli dans leur livre sacré, le Guru Granth Sahib — d'où proviennent une partie des infor- mations et des textes réunis dans l'ouvrage de Gérard Bossy — les témoignages de dix successeurs consécutifs. Cette Tradition des Sikhs ne serait pas devenue une «religion» si les Docteurs n'avaient pas décidé que tel Maître était le dernier et qu'ensuite il n'y en aurait plus jamais d'autres. En fait, le flambeau a continué de se repasser dans le nord de l'Inde. Et celui qui l'a porté le plus haut, durant cette seconde moitié du vingtième siècle, fut sans doute Sant Kirpal Singh, dont l'enseignement a débordé le pays pour se répandre partout sur la planète, mais principalement aux Etats-Unis. Fils lointain de Guru Nanak, Sant Kirpal Singh — souvent cité dans le présent ouvrage — a lui-même des héritiers.

L'«Encyclopedia Universalis», qui plane haut au-dessus du vulgaire, appelle «religions populaires» les phénomènes reli- gieux tels le bouddhisme et certainement les manifestations du genre Nanak. Peu importe que Bouddha fût un prince et Nanak — comme Saint-François — un patricien. Qu'est-ce qu'une reli- gion qui n'est pas populaire ? Une institution plus ou moins politisée, plus ou moins étatisée, avec un peuple qui croit (et qui doit), et un clergé qui sait (et qui règne). Mais qui sait quoi ? Dans les religions magiciennes, il connaît un ensemble de tech- niques que nous disons «surnaturelles». Dans nos religions du salut, il a mémorisé des bibliothèques entières de raisonnements destinés à concilier les erreurs de la réalité du passé et du présent avec les vérités de dogmes intangibles, d'élucubrations sur les élucubrations de personnes ayant entendu parler d'un message originaire de l'espèce de celui de Guru Nanak. A l'origine de nos religions «nobles», il y a une religion populaire, parce qu'il y avait un simple groupe rassemblé spontanément autour d'un être inspiré. On projette une lumière utile en opposant au terme de «religion» et de «religieux» celui de la spiritualité dans ce qu'il y a de plus modeste et de plus vrai, la spiritualité vécue et non pas déclamée, orchestrée et hiér- archisée.

Ainsi les religions «populaires» seraient plus près de la réalité supérieure. En tout cas, elles ne sont que réalité. Les hommes étant ce qu'ils sont, il se constitue très vite en elles un noyau de mythes qui font partie du bagage indispensable des adeptes, et qui deviennent très tôt des automatismes, en atten- dant de donner lieu à des exégèses d'exégèses. Cependant, tant qu'il y a un vrai Maître, un homme doué du contact authentique avec le spirituel et capable de transmettre un enseignement intérieur, les adeptes ne sont pas nourris de belles histoires seulement — l'histoire du Guru Nanak est une très belle histoire — mais de réalités bien vécues. Hélas, lorsqu'ils évoquent ces expériences, ils sont seuls à savoir s'ils savent de quoi ils parlent.

Jean-Pierre Charles.

MESSAGE (A L'OCCASION DU 500è ANNIVERSAIRE DE LA NAISSANCE DE GURU NANAK)

Cet article est tiré du discours de Sant Kirpal Singh sur Guru Nanak et son message, diffusé sur «All India Radio» à l'occasion du 500ème anniversaire de la naissance du Guru.

«Nous célébrons aujourd'hui l'anniversaire de ce grand prophète de paix, le messie de son époque, la source de la spiritualité et le grand «Godman» dont la vie a répandu des rayons de spiritualité vers la fin du XVème et le début du XVIème siècle. Les conditions sociales et politiques dans le pays avaient atteint leur seuil le plus bas. L'âme exaltée qui a montré le chemin de la paix et de la droiture aux gens mal guidés, fut le grand Guru Nanak.

Ce grand soleil de la spiritualité apparut dans l'horizon de l'an 1469. Il est né dans le village de Talwandi, actuellement connu sous le nom de Nanakana Sahib. Des situations cahoti- ques régnaient dans le pays à cette époque. Au nom de la religion, mais toutefois poussées par l'envie, l'avidité et l'immo- ralité, toutes sortes d'atrocités étaient perpétrées par les gens au pouvoir. Méfiance et haine étaient à l'ordre du jour. Les Maîtres et les serviteurs avaient tous deux oubliés leurs devoirs et obligations respectifs. Le système des castes avait atteint un bas niveau. Les gens perdaient foi en la religion. Emu par les pleurs pitoyables des gens à l'agonie, Guru Nanak pria :

«Le monde entier est en train de se consumer dans les flammes invisibles du feu;

Sauve-le, ô Seigneur, du mieux que tu le peux dans ta compassion miséricordieuse».

Nanak fut un grand réformateur. Il fut le porte-flambeau de la paix, de la sincérité et de l'amour universel. Il ne voyait pas l'homme en tant que personne physique, mais en tant qu'être spirituel. Il prêcha : Dieu est un, le Créateur de l'univers. Nous sommes tous ses enfants et appartenons à la même famille humaine. Il insista sur l'idée de fraternité universelle. Pourquoi alors tous ces conflits ? Dieu est l'amour personnifié et demeure dans le coeur des hommes. Il existe une Lumière qui éclaire la création entière. Nous devons tous aimer la création entière.

«Les castes et les croyances n'ont pas d'importance dans son royaume.

Seul celui qui l'adore lui est cher.» Les enseignements de Guru Nanak ne concernent pas une

secte ou une communauté particulière, mais bien plutôt l'huma- nité entière. Ce sauveur de l'humanité a beaucoup voyagé et dans des pays lointains tels que l'île de Ceylan, la Birmanie, la Mecque, Médina et la Mésopotamie. Il a délivré son message divin à tous, indifféremment des diverses religions et idéologies politiques. Il croyait en la religion de l'homme et enseigna que l'évangile du Seigneur était destiné à tous. S'il était questionné sur sa religion, il disait :

«Je ne suis ni hindou, ni musulman. J'ai seulement un corps composé de cinq éléments, auquel on a donné le nom de Nanak, et dans lequel vibre la Force divine.»

Il exhorta les gens à gagner leur vie par des moyens honnêtes et légitimes. Il dit même : «Ne vous inclinez pas devant celui qui prétend être un «Godman» et vit de la charité d'autrui. Celui qui gagne sa vie à la sueur de son front et la partage avec autrui, celui-là peut connaître le chemin qui mène à Dieu.»

Il interdit aux gens d'empiéter sur les droits de leurs compagnons. Ceux qui réussissent sur le dos des autres ne peuvent pas avoir un coeur pur.

Maintes fois, il enjoignit avant tout d'avoir un coeur pur et de faire de bonnes actions : «Prononcez le nom de Dieu avec un coeur et une langue purs,

parce que sans ça, ce que vous faites ne portera pas de fruits.» De plus : «Ce sont seulement les actions qui comptent et non pas les

sceaux religieux que l'on porte. On récolte ce que l'on a semé.»

Il répéta : «Seules les actions comptent dans la balance divine. Ceci

déterminera la distance qui vous sépare de Dieu.» Guru Nanak purifia le coeur de tous ceux qui entrèrent en

contact avec lui. Avec l'alchimie de l'amour divin, il transforma des bandits tels que Kauda et Sajjan en hommes de piété. Guru Nanak fut un vrai mystique, toujours en communion avec Dieu et percevant Sa munificiente grâce. Il dit : «Nanak voit le Sei- gneur dans toute sa gloire.» Intoxiqué de l'amour du Seigneur, il resta toujours en extase.

Une fois, Babar, le grand empereur Moghol, lui offrit un bol de liquide à base de chanvre. Le Guru le refusa poliment et lui dit:

«O empereur, l'intoxication de ton pernicieux breuvage est faible et éphémère; par contre, j'ai goûté à l'ivresse produite par le vin du divin Naam qui jamais ne vient à manquer.»

Il prêcha que l'humilité, la compassion et le respect des prophètes de toutes les religions étaient l'essence même de la religion. Notre amour pour Dieu et notre aptitude à servir Sa création sont tout ce que l'on peut emporter avec soi lors de notre dernier voyage.

Selon lui, l'essence de la religion consiste à ce que tous les disciples de toutes les croyances s'unissent, contrôlent leur mental et recherchent la communion avec le Tout-puissant. «C'est seulement en disciplinant vos sens que vous pouvez attein- dre l'ultime but de la vie.»

«Tous les êtres humains ne forment qu'une seule classe sociale et la lutte engagée dans la vie ne peut être gagnée qu'en conquérant le mental.»

Il n'était pas partisan de la renonciation comme moyen de la réalisation de Dieu. Il croyait que le salut était possible pour un chef de famille s'il s'acquittait de ses devoirs et de ses obligations avec foi en Dieu.

Il était aimé de tous. Hindous et musulmans le respectaient également. Quand il quitta son corps physique, les hindous voulaient l'incinérer tandis que les musulmans désiraient enter- rer son corps. On raconte que lorsque le linceul fut relevé, il n'y avait rien d'autre qu'un seul amas de fleurs. Il vint sur terre tel des fleurs odoriférantes, dégageant leur parfum tout autour d'elles. Le tissu et les fleurs furent partagés entre les commu-

En l'an 1469, une étoile descendit du ciel de l'Inde et vint apporter à la terre entière la lumière tant nécessaire à l'évolution de l'humanité.

Guru Nanak fut un grand réformateur. Il fut le porte-flambeau de la paix, de la sincérité et de l'amour universel. Sa plus grande joie était de partager son savoir et d'amener les hommes à l'autel où communient toutes les âmes assoiffées du Verbe éternel.

Accompagné de deux disciples, l'un Hindou et l'autre Musulman, ce grand prophète de la paix parcourut pendant de longues années des terres lointaines et des contrées sauvages tout en chantant la gloire du Créateur et en dévoilant le lien qui nous unit à Lui.

La semence du Verbe a ainsi germé dans d'innombrables cœurs et c'est grâce à la bonté de ce Messager de l'Unité qu'aujourd'hui encore nous pouvons bénéficier pleinement de son enseignement, ce que nous propose cet ouvrage.

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