grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable...

12
1 • GRAINS DE SEL 47 Novembre Décembre 2017 L e Dunkerquois est décidément une terre de grands projets. Le grand débat sur l’exten- sion des bassins portuaires CAP 2020 qui vient de s’ouvrir nous prouve une fois de plus que l’on voit grand pour notre littoral. Après la concrétisation du terminal méthanier, après Ca- lais 2015, c’est au tour du Grand Port Maritime de Dunkerque de se lancer corps et âme dans un projet faramineux digne de l’époque de la pleine croissance, c’est-à-dire datant d’avant le premier choc pétrolier de 1973, une époque où l’on pensait que nos ressources naturelles étaient sans limites, que la planète pouvait supporter la pression exercée par toutes les activités humaines et que quasiment personne ne parlait de gaz à effet de serre et de change- ments climatiques. En outre, en 2017, on ne trouve rien de mieux à faire pour revitaliser le territoire que d’accueillir une usine belge de traitement de déchets chlorés à Loon-Plage. Cette usine classée SEVESO seuil haut dénom- mée “Indachlor”, si elle voit le jour, connaîtra- t-elle un développement aussi durable que les installations à risques qui l’ont précédée, à savoir Du Pont de Nemours puis Terris pour ne citer que des entreprises proches de ce nou- veau site loonois. Le développement du trafic conteneurs voulu par le port dans le cadre de son projet CAP 2020 ne vise qu’à accompagner et renforcer la mondialisation effrénée qui certes créera bien des emplois locaux (sûrement pas 16 000 comme annoncé par le maître d’ouvrage) mais qui en détruira beaucoup d’autres dans tout le pays ! En effet les marchandises entrant par centaines de milliers de conteneurs dans nos ports – français comme belges d’ailleurs – entrent forcément en concurrence avec nos produits manufacturés, concurrence bien sûr déloyale puisque répondant à des normes so- ciales et environnementales bien plus basses que chez nous. On croit que l’emploi se crée par le recours au grand projet : une ferme des 1 000 vaches ici, un réacteur EPR là-bas… mais bien souvent les créations d’emplois durables se nichent dans une foultitude de petits projets à taille humaine, que ce soit dans l’économie sociale et solidaire, dans l’agriculture paysanne ou bien encore dans la transition énergétique et la rénovation thermique des logements. Mais dans un bassin d’emploi comme Dunkerque, qui a souvent reposé sur la grande industrie, il est difficile de faire admettre qu’une autre voie est possible. Nicolas Fournier Grands projets et croissance à tout crin • 2 - CAP 2020 : le projet d’extension portuaire • 3 - La Bistade : la folie des grandeurs • 4 - Nucléaire à Gravelines : paroles, paroles… • 5 - La Poule aux œufs d’or • 7 - Perturbateurs endocriniens • 9 - Contre Inda- chlor • 10 - “Très cher voisin” • 12 - Repair Café : lutte contre le gaspi

Upload: others

Post on 08-Jul-2020

0 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

1 • GRAINS DE SEL

n°47NovembreDécembre2017

Le Dunkerquois est décidément une terre de grands projets. Le grand débat sur l’exten-

sion des bassins portuaires CAP 2020 qui vient de s’ouvrir nous prouve une fois de plus que l’on voit grand pour notre littoral. Après la concrétisation du terminal méthanier, après Ca-lais 2015, c’est au tour du Grand Port Maritime de Dunkerque de se lancer corps et âme dans un projet faramineux digne de l’époque de la pleine croissance, c’est-à-dire datant d’avant le premier choc pétrolier de 1973, une époque où l’on pensait que nos ressources naturelles étaient sans limites, que la planète pouvait supporter la pression exercée par toutes les activités humaines et que quasiment personne ne parlait de gaz à effet de serre et de change-ments climatiques. En outre, en 2017, on ne trouve rien de mieux à faire pour revitaliser le territoire que d’accueillir une usine belge de traitement de déchets chlorés à Loon-Plage. Cette usine classée SEVESO seuil haut dénom-mée “Indachlor”, si elle voit le jour, connaîtra-t-elle un développement aussi durable que les installations à risques qui l’ont précédée, à savoir Du Pont de Nemours puis Terris pour ne citer que des entreprises proches de ce nou-veau site loonois.

Le développement du trafic conteneurs voulu par le port dans le cadre de son projet CAP 2020 ne vise qu’à accompagner et renforcer la mondialisation effrénée qui certes créera bien des emplois locaux (sûrement pas 16 000 comme annoncé par le maître d’ouvrage) mais qui en détruira beaucoup d’autres dans tout le pays ! En effet les marchandises entrant par centaines de milliers de conteneurs dans nos ports – français comme belges d’ailleurs – entrent forcément en concurrence avec nos produits manufacturés, concurrence bien sûr déloyale puisque répondant à des normes so-ciales et environnementales bien plus basses que chez nous.

On croit que l’emploi se crée par le recours au grand projet : une ferme des 1 000 vaches ici, un réacteur EPR là-bas… mais bien souvent les créations d’emplois durables se nichent dans une foultitude de petits projets à taille humaine, que ce soit dans l’économie sociale et solidaire, dans l’agriculture paysanne ou bien encore dans la transition énergétique et la rénovation thermique des logements. Mais dans un bassin d’emploi comme Dunkerque, qui a souvent reposé sur la grande industrie, il est difficile de faire admettre qu’une autre voie est possible.

Nicolas Fournier

Grands projets et croissance à tout crin

• 2 - CAP 2020 : le projet d’extension portuaire • 3 - La Bistade : la folie des grandeurs • 4 - Nucléaire à Gravelines : paroles, paroles… • 5 - La Poule aux œufs d’or • 7 - Perturbateurs endocriniens • 9 - Contre Inda-chlor • 10 - “Très cher voisin” • 12 - Repair Café : lutte contre le gaspi

Page 2: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

GRAINS DE SEL • 2

CAP 2020 : Interrogations sur le projet d’extension

portuaire

Notre territoire est encore une fois sous les feux de la rampe avec le projet d’extension

portuaire dénommé CAP 2020. Il s’agit pour le port de Dunkerque d’étendre ses quais et de se donner la capacité d’accueillir à l’horizon 2030 pas moins de 2,5 millions de conteneurs (dits EVP pour “équivalents 20 pieds” correspondant à la taille conventionnelle des boîtes embar-quées sur les gigantesques porte-conteneurs d’aujourd’hui). Comme ce projet est estimé à 689 millions d’euros pour l’option “prolonge-ment du bassin Atlantique”, voire 829 millions pour l’option “nouveau bassin Baltique”, les au-torités se doivent d’organiser un grand débat public afin de jauger de l’opportunité du pro-jet. Ce débat public, animé par une commis-sion particulière du débat public (CPDP) éma-nant de la CNDP, s’est ouvert le 28 septembre et s’achèvera le 22 décembre 2017.

L’objectif du port (GPMD) est de capter une partie du trafic maritime qui passe au large de nos côtes (seconde route maritime du monde) et qui profite davantage aux ports d’Anvers, de Rotterdam ou encore de Zeebrugge. Si aujourd’hui Dunkerque reçoit 400 000 conte-neurs par an, quel impact cela va-t-il engen-

drer demain avec 2,5 millions d’EVP ? De l’aveu même du président de la CPDP, M. Jacques Archimbaud, c’est un camion qui sortirait du port de Dunkerque toutes les 30 secondes en moyenne ! Notre réseau routier (A16 et A25) va-t-il le supporter alors que l’on arrive déjà à une saturation du trafic poids-lourds dans notre agglomération et que nos routes sont déjà très accidentogènes (25% des accidents impliquent d’ailleurs des poids-lourds). Même si on tente déjà de nous rassurer en mettant en avant le report modal, c’est-à-dire le transport des conteneurs par voie fluviale ou ferroviaire, au final il faut bien s’attendre à un accroissement important du trafic routier sur le littoral. Et c’est encore une course effrénée pour une croissance économique débridée, où des mar-chandises, produites en Asie dans des condi-tions sociales et environnementales souvent discutables, nous arrivent par conteneurs et viennent concurrencer nos productions locales. On nous promet 16 000 emplois directs et indi-rects induits par cette hausse impressionnante de trafic, mais derrière ces conteneurs com-bien d’emplois détruits dans notre économie nationale ?

Nous sommes dans une guerre économique nous explique la direction du GPMD. Il faut investir des centaines de millions d’euros nous dit-on ! Sans être sûr qu’au final les navires viennent décharger à Dunkerque… Ce débat public en rappelle un autre : celui de l’implanta-tion d’un terminal méthanier à Dunkerque, dont on nous avait promis mots et merveilles et qui aujourd’hui semble fonctionner au ralenti et fait figure de grand projet inutile et coûteux.

N. F.

Page 3: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

3 • GRAINS DE SEL

La Bistade : halte à la folie des grandeursDans un précédent numéro, nous avons

évoqué la difficile cohabitation que vivent des habitants de Sainte-Marie-Kerque et Saint Pierrebrouck proches riverains, depuis plus de 20 ans pour les plus anciens, de la décharge exploitée par la Sté Opale-Environnement.En raison des nuisances qu’ils subissent 24 h sur 24, 75 requérants avaient saisi la Justice et obtenu que le périmètre affecté par les-dites nuisances passe de 800 à 2000 m. Ce premier succès relatif leur laissa espérer que, comme initialement prévu, cette décharge serait effectivement fermée à l’horizon 2020. Or il semble bien qu’il n’en sera rien puisque, suite à un accord passé sur le plan foncier avec la municipalité d’Audruicq propriétaire de ter-rains limitrophes, Opale-Environnement se pro-pose d’étendre son activité sur place au moins jusqu’en 2032…

Ras-le-bol

Regroupés au sein de l’association “La Bistade Environnement” affiliée à l’Adelfa, les riverains pointent du doigt, quant à eux, le fait que le site est à 1,20 m sous le niveau de la mer et en bordure de l’Aa, que le secteur est mal desservi en infrastructures routières par où arrivent les déchets, que la prolifération des goélands et mouettes, attirés par ces immon-dices, contribue à dégrader encore un peu plus l’environnement local. Ajoutons-y les risques sanitaires engendrés par ces accumulations de produits polluants. Et pour couronner le tout : les odeurs insupportables qui s’en dégagent. L’on a aucune peine dès lors à comprendre que tout le monde dans le secteur en a, comme l’on

dit, ras-le-bol et n’entend pas voir cet amas de déchets prospérer et culminer bientôt à 32 m, comme l’exploitant en affiche l’intention.

Il est évident que si cette extension obtenait l’aval des autorités, il s’agirait d’un surprenant retour en arrière. Désormais, au stockage en plein air des déchets, s’est substituée leur in-cinération. Les CVE ne manquent pas dans le secteur. On en trouve à Arques, à Dunkerque où le dernier équipement cité ne fonctionne pas à plein régime. D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des déchets et une loi de la transition écologique pour la croissance verte. En l’occurrence ils font auto-rité, opposés qu’ils sont à la pérennisation de décharges de déchets ménagers à ciel ouvert. Dans une région en surcapacité de sites de trai-tement de ces derniers, le sort de La Bistade ne devrait-il pas être définitivement réglé ?

Lassés de constater que leurs légitimes obser-vations ne sont guère prises en considéra-tion, une centaine d’habitants du secteur se sont rassemblés le samedi 21 octobre dernier devant la mairie de Sainte-Marie-Kerque pour manifester résolument leur opposition à ce que La Bistade continue d’être le réceptacle de déchets venus d’ailleurs. C’était peu avant la clôture de l’enquête publique lancée sur ce projet d’extension, projet dénoncé - autre fait notable, pour ne pas dire exceptionnel - par une majorité de conseils municipaux des villes et villages concernés, ainsi que par les élus de la communauté de communes des Hauts de Flandre.

Jean Sename - Thierry Lurson

Page 4: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

GRAINS DE SEL • 4

Nucléaire : « paroles, paroles, paroles.... »

Demain on démantèle ?

En des temps que les moins de 40 ans n’ont pas pu connaître, EDF proclamait urbi et

orbi : « le nucléaire est propre, sûr, bon mar-ché ». Et dans la foulée - record sans précédent et sans suite -, l’entreprise nationale dotait la France de 58 réacteurs (13 % du parc mondial !) avec la bénédiction d’un parterre d’élus applau-dissant à tout rompre.40 ans après, qu’en est-il de cette promesse n’engageant que ceux qui y crurent ? Propre ? L’industrie nucléaire émet quotidien-nement une pollution considérable. Celle, insidieuse, de centrales rejetant quotidienne-ment dans notre espace vital, en faible quan-tité certes, des éléments radioactifs gazeux et liquides dangereux pour la santé, en particu-lier parce qu’ils ont une vie très longue. Celle de la production de tonnes de déchets irréver-sibles dont on ne sait que faire : à La Hague une centaine de tonnes de plutonium, élément constitutif de la bombe atomique, végètent au mépris de la santé et de la sécurité de la popu-lation. Un peu moins de 10 % proviennent de Gravelines. Vous appelez cela propre ?

Sûre ? L’accident majeur n’a pas été pris en compte à l’origine dans la conception des réacteurs. Pourquoi ? C’était du domaine du “très improbable”. Moyennant quoi, l’indus-trie nucléaire a enfanté en moins de 30 ans Three Mile Island, Tchernobyl, Fukushima, les

deux derniers cités ayant eu des conséquences dramatiques sur leur environnement devenu inhabitable et la santé de milliers d’individus. D’autres accidents et incidents, certes moins graves, se produisent constamment dans des centrales vieillissantes. De l’avis maintenant des décideurs « nul ne peut garantir qu’il n’y aura pas un jour un accident grave en France » Vous appelez cela sûr ?

Bon marché ? Voilà 40 ans, EDF affirmait que l’électricité d’origine nucléaire « serait tel-lement bon marché que ce ne serait plus la peine d’installer des compteurs. » Depuis, elle a créé Linky et le coût de l’électricité ne fait que croître et embellir, ce qui sur un simple plan économique est une hérésie. Au fil des années, avec des installations amorties, rodées, des effets de série, l’expérience acquise, une en-treprise produit progressivement moins cher ou elle ferme ses portes. Ce n’est pas le cas pour l’électricien hexagonal tout simplement par ce que c’est l’État, en l’occurrence les ci-toyens contribuables consommateurs, qui paie ses errements : EPR à retardements, coûteuses bévues d’AREVA, faillite de ses exportations à l’étranger, pub outrancière et sans utilité…Vous appelez cela bon marché ?

Construisons ensemble la transition énergé-tique.

J. S.

C’est une idée qui passe mal dans les milieux au premier chef concernés, mais il faudra

bien s’y faire un jour. Nos réacteurs prennent de l’âge et l’on ne pourra pas prolonger indéfi-niment des cuves, des générateurs de vapeur, des enceintes de confinement qui au fil des jours présentent ici et là des signes évidents de faiblesse.

Or EDF et les autres industriels qui œuvrent à ses côtés, même s’ils s’en défendent, ont fait montre en matière de déconstruction des réacteurs usagés d’un dilettantisme relevant de l’imprévoyance. On en veut pour preuve le fait que les réserves financières pour mener à bien 58 démantèlements dans un proche ave-nir ne sont pas démontrées par une entreprise maintenue à flots par les milliards octroyés par l’État.

Également qu’à l’instar des autres pays nu-cléarisés, la France ne s’est pas encore dotée d’équipements fiables et pérennes pour stoc-

ker les millions de tonnes de déchets peu ou prou radioactifs produits par ces nécessaires déconstructions.

Or un démantèlement dure plusieurs décen-nies, 40 années au mieux, ce qui induit des frais de gestion non-productive très impor-tants, en sorte que l’addition finale est évaluée à environ 500 millions d’euros en hypothèse basse, voire un milliard selon certains experts.

Et encore une fois l’opération achevée, le prix de la gestion du stock de produits au rebut dont certains, les plus dangereux, pendant des millénaires, n’est pas quantifié, ni quantifiable.

Comme le relevait récemment le journal Le Monde : « la démolition d’une centrale nu-cléaire n’est jamais un long fleuve tranquille » et l’on comprend qu’EDF veuille en retarder l’échéance.

J. S.

Page 5: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

5 • GRAINS DE SEL

Ni responsables, ni coupables !

Suicide collectif dans la Colme

Depuis 2004, un peu plus de 40 000 per-sonnes sont décédées en France, victimes

de l’amiante. Et, indique le journal Le Monde, le chiffre pourrait s’élever à 100 000 d’ici à 2025.Or, alors qu’on savait cette fibre à l’origine de cancers professionnels depuis belle lurette, les membres du Comité Permanent Amiante, une officine de lobbying financée par les indus-triels, n’ont rien fait de tangible pour interdire l’usage de ce produit.À Dunkerque, parce qu’ininflammable, l’amiante a été longtemps utilisée notamment dans la navale avec pour les travailleurs les consé-quences catastrophiques que l’on sait.

Aussi l’Ardeva, membre de notre fédération, avait-elle entamé un long combat juridique afin que les responsables de ce désastre soient ju-gés. Serait-ce peine perdue ? Toujours est-il que la Cour d’Appel de Paris a annulé la mise en examen de ces derniers. Motif invoqué par les juges : l’impossibilité de savoir à quel moment précis les victimes ont contracté un cancer !

À ce prix-là, les auteurs de catastrophe sani-taire quelle qu’en soit l’origine peuvent réci-diver autant qu’ils l’entendent. Ils sont intou-chables…

Un dessin vaut souvent mieux qu’un long commentaire. Notre ami René

Patoor revient de la sorte sur l’héca-tombe qui en avril dernier a affecté la faune aquatique fréquentant la Colme et le canal des Moëres. Que s’est-il passé dans ces secteurs ? Des rejets toxiques d’origines indus-trielle, agricole, urbaine ? Un phéno-mène météorologique ? Mais pourquoi alors uniquement dans les voies d’eau précitées ?Les enquêteurs ont passé l’environne-ment au peigne fin, mais il semble bien que les responsables de cette agression caractérisée sont passés au travers des mailles du filet. D’où la réaction imagée de notre ami.À noter que début novembre, une nou-velle hécatombe est survenue. Des rive-rains parlent de déversement d’herbi-cides dans un watergang.

dessin de René Patoor

Page 6: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

GRAINS DE SEL • 6

Tout le monde a entendu parler de la ferme des 1 000 vaches de la Somme, notamment

parce que son implantation a suscité bien des oppositions. En sera-t-il de même avec celle des 302 820 poules pondeuses à l’année à Warhem ou de sa réplique à peine plus modeste qui à Pi-gam en accueillera 106 938, tandis qu’à Crochte un troisième éleveur annonce lui pouvoir bien-tôt nourrir 40 000 poulets ? Quant à Bourbourg où existe déjà un élevage intensif, ce sont 109 480 volailles qui sont annoncées.

Ces chiffres tout à fait officiels, qui seraient inspirés par ce qui se passe chez nos voisins belges et néerlandais, donnent le vertige, reconnaissons-le. Y a-t-il à ce point pénurie d’œufs, ou plus vraisemblablement, ne trouve-t-on pas en Flandre nombre d’éleveurs qui tra-vaillent transitoirement à façon pour des “commerciaux” de Belgique où l’éle-vage intensif n’est plus possible en ver-tu d’une réglementation beaucoup plus draconienne qu’en France ?

À ces premières questions basiques s’ajoute évidemment celle, par exemple, de savoir si des telles opérations seront réellement rentables pour leurs promo-teurs en des temps ou sur le plan écono-mique et selon le jugement des consom-mateurs la qualité alimentaire prime sur la quantité produite. Également si renta-bilité il y a, celle-ci sera conjoncturelle ou pérenne, tout en risquant de provo-quer l’effondrement des cours ?

Viennent ensuite à l’esprit les questions sani-taires : on se rappelle qu’il y a quelques mois, un éleveur de Les Moëres a perdu brutalement une partie de son modique cheptel avicole, sans qu’en soit révélée la cause qui ne serait pas, a-t-on assuré, la peste aviaire…Et puis les consommateurs n’ont-ils pas été ré-cemment sensibilisés avec l’arrivée sur le mar-ché d’œufs traités au fipronil, pourtant inter-dit ? Les éleveurs ont certes promis d’assurer désormais le bien-être animal. Avec 9 poules au m², difficile de faire respecter par 300 000 volatiles l’espace vital du voisin, sauf à les en-régimenter de façon coercitive.

Sûr, cela va “cocoter” !

Restent enfin les questions relatives à l’image de la Flandre et de son environnement. Nul ne devrait ignorer que la qualité des eaux n’y est pas assurée. Les nouveaux apports en azote via les épandages des fientes ne pourraient qu’amplifier les phénomènes d’eutrophisation, tandis que l’on ne manquerait pas de retrouver dans le sol davantage de produits chimiques de désinfection, des substances pharmaceutiques dont l’élevage intensif, quoi qu’en disent les professionnels, fait usage.

En vertu de quoi, avec l’ensemble des consom-mateurs et de leurs associations que l’État à l’écoute des lobbys entend pénaliser financiè-rement, nous revendiquons : gallin…assez !

J. S.

La Poule aux œufs d’or de retour ?

Page 7: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

7 • GRAINS DE SEL

Perturbateurs endocriniens :

Grande-Synthe en première ligne

Voici peu, avec leurs tracteurs des agriculteurs ont manifesté à Paris, bloquant les Champs… Elysées.

Exprimaient-ils ainsi une opposition musclée à la PAC, l’insuffisance des prix attribués à leurs productions ou les carences de l’aide sociale ? Que nenni ! Avec l’appui de la FNSEA, syndicat agricole majoritaire, ils voulaient tout simplement que le gouvernement,

certes ambigu sur la ques-tion renonce à interdire l’emploi du glyphosate, un pesticide apparenté au round-up, réputé can-cérigène. D’autant plus aberrant que les agricul-teurs sont eux-mêmes les premières victimes de ce pesticide, produit sur une grande échelle par la firme Monsanto, rachetée voici peu par l’allemand Bayer.

On l’a longtemps crue enterrée : la straté-gie nationale sur les perturbateurs endo-

criniens (SNPE), ces substances chimiques qui empoisonnent les biberons (bisphénol A), les jouets des enfants (phtalates), les cosmétiques (parabens) et une large gamme de produits d’usage courants et qui sont générateurs de cancers, va-t-elle passer la vitesse supérieure ? On peut l’espérer maintenant que les derniers obstacles à sa mise en œuvre ont été levés.

Sans plus attendre en tout cas, la ville de Grande-Synthe, jamais en retard lorsqu’il s’agit d’innover, a lancé cet été la plus grande en-quête jamais réalisée en France pour jauger leur impact sur la population. 200 adultes et 200 enfants ont été, sur la base du volontariat, sélectionnés par tirage au sort pour y prendre part. Il leur en coûtera une

mèche de cheveux de 3 cm à fins d’analyse et des réponses à un questionnaire portant sur leur quotidien : habitudes alimentaires, envi-ronnement, etc.

Les prélèvements capillaires seront envoyés en laboratoire et permettront à terme courant 2018 de savoir si les Grand-Synthois sont da-vantage impactés que d’autres par ces pertur-bateurs du système hormonal, générateurs de cancers du sein notamment, de troubles de la fertilité ou d’autres pathologies liées à l’usage de ces substances chimiques. Et surtout de remédier aux facteurs de risques qu’elles en-gendrent. Déjà en pointe sur le bio, le recours aux produits naturels plutôt qu’aux phytosa-nitaires, la ville entend progresser encore de façon significative sur le chemin de la santé publique.

J. S.

Aberration

Page 8: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

GRAINS DE SEL • 8

L’espoir fait vivre ?

Faubourg de Cassel : la lutte continue

En sept mois à compter du 1er janvier dernier six méthaniers ont accosté au terminal de

Loon-Plage pour y décharger leur cargaison de GNL. Autant dire qu’on est loin du compte puisque, optimiste en diable, la société ges-

tionnaire Dunkerque-LNG prévoyait lors de la mise en service de ce coûteux équipement d’accueillir en moyenne un méthanier et demi par semaine.En des temps où le pétrole à la source reste financièrement abordable, le GNL dunkerquois peine à se tailler une place au sein de ce mar-ché concurrentiel.Voilà sans doute pourquoi en juillet dernier Dunkerque-LNG a tenu à remonter le moral des troupes en annonçant qu’un ferry se fournira en GNL au terminal où la société créera une station d’avitaillement. Toutefois ce ne sera pas pour tout de suite : le ferry est encore en construction et la station ne devrait être opérationnelle que fin 2018… Dans l’attente, l’espoir fait vivre.

J. S.

L’association “L’hirondelle des Faubourgs” lance actuellement une pétition contre le

projet d’extension de la zone commerciale de la Croix Rouge B au Faubourg de Cassel et de-mande une étude socio-économique à la Com-munauté de communes des Hauts de Flandre (CCHF) afin de déterminer si les 8 millions d’euros investis par cette même collectivité ne serait pas plus utiles ailleurs (revitalisation des centres villes et centres de villages, mobilité, culture, politiques scolaires…).

D’autre part, la France perd chaque année 86 000 hectares de terres agricoles, soit l’équi-

valent d’un département tous les sept ans, dé-truisant des terres fertiles et réduisant la capa-cité des sols à absorber l’eau des phénomènes météo extrêmes d’ailleurs de plus en plus cou-rants. En cause : l’urbanisation et l’artificialisa-tion des terres, et force est de constater qu’en l’occurrence le projet d’extension de cette zone commerciale située au pied des remparts de Bergues en est une flagrante illustration.

N’hésitez donc pas à signer cette pétition et à gonfler les rangs des opposants à ce projet néfaste.http://lhirondelledesfauxbourgs.over-blog.com/

Le changement climatique : ce n’est pas du ventL’agence de l’eau Artois-Picardie a publié dans le numéro 68 de sa revue Contre Courant les conclusions à l’échelon régional d’une étude nationale “Exporte 2070” sur les évolutions du climat et de l’hydrologie dans le bassin qu’elle gère à l’échelle d’une cinquantaine d’années.

Les évolutions seraient en effet les suivantes :• température de l’air : + 2° environ• température de l’eau : + 1,6 °• niveau de la mer : + 45 cm• pluviométrie : - 5 à – 10 %• débit des rivières : réduction des débits moyens

de l’ordre de – 25 à – 40 %• recharge des nappes phréatiques : - 6 à – 46 % selon les nappes.

Pas vraiment rassurant ! Il faut agir contre les émissions de gaz à effet de serre.

Page 9: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

9 • GRAINS DE SEL

L’Adelfa, fédération d’associations de défense de l’environnement agréée par les pouvoirs

publics, tient à apporter les éléments suivants au registre d’enquête publique concernant l’im-plantation à Loon-Plage d’une unité de retraite-ment des résidus chlorés par le groupe Indaver sous la dénomination “Indachlor” :Le site Indachlor constituerait un énième site SE-VESO dans une zone déjà bien pourvue en site à risque. Est-ce normal que ce soit toujours les mêmes populations qui endossent ce risque ? Il s’agit là de surcroît d’une industrie du dé-chet, déchet qui est importé en grande par-tie de pays étrangers ; les résidus chlorés en provenance de toute une partie de l’Europe du Nord seront retraités chez nous. Il s’agit là d’une industrie de transformation du déchet, d’ailleurs même l’acide chlorhydrique produit à partir des résidus chlorés est également appa-renté à un déchet puisque le porteur du projet doit demander aux autorités la sortie du statut de déchet de cette matière.

L’A16 impactéeCette nouvelle industrie du déchet engendre-ra également une augmentation de trafic de transports de matières dangereuses (TMD) sur nos routes déjà très accidentogènes (sur l’A16 un quart des accidents impliquent des poids lourds). Nous ne pouvons être favorables au développement du trafic routier de produits dangereux sur notre réseau routier. De plus ces transports de matières dangereuses vont se démultiplier car ils proviendront aussi bien du sud de la France (région PACA notam-ment) que de l’Europe du Nord, et au vu des tarifs de transports ferroviaires on peut sup-poser que même si l’infrastructure ferroviaire est prévue sur le site Indachlor de Loon-Plage, c’est au final le transport routier qui sera pri-vilégié pour des raisons de coût économique.Par ailleurs, le secteur industrialo-portuaire où compte s’implanter le groupe Indaver compte déjà beaucoup de canalisations enterrées de toute sorte (hydrocarbure, alcool, gaz non odorisé…) et la pose de nouvelles canalisations peut s’avérer problématique.Nous jugeons que les risques inhérents à cette entreprise du groupe Indaver sont loin d’être négligeables, puisque la zone des effets irréver-sibles concernant le risque toxique dépasse le périmètre de l’installation et impacte une partie de la RD 601, route départementale qui peut ser-vir de voie de délestage à l’autoroute A16. En cas d’accident avec dégagement de gaz toxique, cu-mulé avec un ou des bouchons sur la RD 601, un nombre conséquent d’automobilistes pourraient alors être victimes de ces effets dits irréversibles. Et lorsque l’on prétend que l’étude des risques

prend en compte les situations les plus majo-rantes, cela n’est pas exact car de nombreux scénario d’accidents sont écartés de l’étude de danger du simple fait de leur très faible probabi-lité d’occurrence. Or on sait que l’accident vient souvent de là où on ne l’attend pas.

Les risques toxiquesLes émanations toxiques, émises lors de la marche normale de l’usine, n’arrangeront pas l’état de santé des populations de notre litto-ral déjà fortement impactées par de multiples pollutions, notamment d’origines industrielles. Nous sommes particulièrement inquiets des émissions de certains métaux lourds (Arsenic, chrome, cobalt, nickel, manganèse…) alors que le réseau de mesure de la pollution atmosphé-rique (AASQA Atmo Haut de France) relève déjà sur notre littoral des chiffres élevés concernant certains polluants comme le nickel ou le man-ganèse. Ce sont là des polluants qui peuvent avoir un impact non négligeable même à très faible dose ; en rajouter encore un peu plus dans l’air que nous respirons ne peut pas être bénéfique pour les populations riveraines. Les données présentées dans le résumé non tech-nique (pages 30 et 34) ne sont pas faites pour nous rassurer quoi qu’en dise le porteur du projet qui cherche à minimiser ses rejets.

Problèmes d’eauLa grande consommation d’eau industrielle, puisée dans le canal de Bourbourg, nous inter-roge également. Indaver n’a semble-t-il pas tout mis en œuvre pour récupérer au maxi-mum l’eau de pluie susceptible de tomber sur son site de Loon-Plage. Qui plus est, des rejets d’effluents liquides auront lieu dans les bas-sins du port, bassins qui se déversent ensuite dans la mer. La pression sur le milieu maritime est déjà forte sur notre littoral industrialisé, et là encore on va rajouter des rejets supplé-mentaires dans le milieu aquatique alors que les pouvoirs publics ont mis en œuvre des mesures de réduction des rejets de substances dangereuses dans l’eau (démarche RSDE).On peut aussi s’interroger sur l’impartialité de l’Autorité environnementale qui donne un avis motivé concernant le projet, mais qui est signé de la main même du directeur de la DREAL, ser-vice de l’État qui instruit le dossier.En résumé, même si on nous dit que le projet Indachlor respecte les normes, nous ne pou-vons pas être favorables à cette implantation industrielle qui n’améliorera pas la qualité de vie des habitants dans le secteur de Loon-Plage.Nous donnons donc un avis défavorable à ce projet industriel.

Pourquoi nous ne voulons

pas d’INDACHLOR

Page 10: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

GRAINS DE SEL • 10

Tu viens d’arriver dans notre campagne à côté de deux autres cultivateurs que je

connais depuis deux ou trois générations.On peut dire que tu en imposes !Tu as la plus grosse machine d’épandage de produits chimiques du village, “les tangons de la mort”, et même à l’occasion tu te sers d’un plus petit tracteur. Lorsque nous avons choisi de vivre ici, la haie bordant ton champ était faite d’aubépines.

Aujourd’hui, il ne reste que des trous et le sureau, sans doute moins sensible à tes pro-duits d’extermination. Il y avait l’escargot dont le hérisson s’occupait, les sauterelles et leurs variations de couleurs. Nous avons même fait connaissance avec le ver luisant. Eh oui !L’herbe était abondante et nourrissait partiel-lement mon petit élevage de lapins qui faisait le bonheur des enfants. L’aulne était fréquenté par le tarin.Mais désormais la guerre étant déclarée aux chardons, plus de chardonnerets, oiseaux ma-gnifiques. Les mésanges se raréfient, peut-être les pesticides répandus y sont-ils pour quelque chose… Les moineaux si familiers autrefois disparaissent, j’arrive aujourd’hui à les comp-tabiliser : 6, 7, 8, pas plus.

Chronique d’une mort annoncée…Il y a dans mon jardin d’agrément une petite mare. Autrefois une faune importante y vivait : grenouilles et têtards, mais aussi salamandres, et bien d’autres animaux tel le dytique, les sangsues et autres larves notamment de libel-lules. Véritable histoire naturelle enseignée aux enfants et petits-enfants, que dire encore lorsque la couleuvre était là ? Il ne nous reste plus que quelques photos…Tu es venu, je t’ai fait constater les dégâts que provoquaient tes produits épandus tournoyant dans les jardins. Tu as fini par reconnaître ta responsabilité, non sans difficulté, en précisant que si tu avais répandu d’autres produits, je n’aurais rien vu. Serais-tu un magicien de la chimie ? Tu voulais me dédommager avec un sac de haricots verts cultivés sur une pièce plus loin.

Compte tenu de tes épandages je n’ai pas ac-cepté, j’ai cru d’ailleurs comprendre plus tard que toi-même tu n’en mangeais pas.Il te faut tout éradiquer, tuer, couper, tronçon-ner et tu vas jusqu’à arracher les racines des ormes bordant tes cultures et qui ne t’appar-tiennent même pas : ils sont sur le domaine des VNF. Les branchages de ton massacre nous ont accompagnés sur les rives tout l’été.Ah, elle est belle la nature avec toi !Tu as fini par tenter de faire disparaître tes méfaits avec une machine à broyer, sorte de

rouleau avec des marteaux, m’a-t-on dit, dans un bruit assourdissant. Mais les racines, trop grosses, sont encore là.

« Oui mais, pourquoi, vous, les coupez-vous ? » Parce que j’ai fait une demande écrite et que je ne coupe que ceux qui sont morts.

« Oui mais, il ne faut pas écrire, après on ne peut plus faire ce qu’on veut »Argument extraordinaire !En 2016, tu es passé 66 fois, d’après ce que j’ai pu voir, devant mon domicile, avec ton joujou de la mort. Cette année j’ai abandonné le comptage, un mardi tu étais déjà passé le matin 6 fois, le vendredi précédent c’est à 23 heures que tu circulais.

« Oui mais, ce sont des doses homéopa-thiques » J’ai pris quelques photos des bordures de tes champs. Ce ne sont assurément pas des doses homéopathiques, les résultats sont édifiants.De tous ceux dans le village qui ont semé le blé d’hiver, tu es le seul à avoir des cultures où rien n’a poussé dans certaines parties.Tes collèges agriculteurs pensent que tu as du temps et de l’argent à perdre ; celui que tu passes sur ton joujou de la mort et celui du carburant et des produits épandus.Certains avouent même ne plus avoir à traiter leurs propres cultures. Tes épandages sont tel-lement importants et projetés tellement loin, qu’il ne leur est plus nécessaire de le faire.Mais bien sûr, il est impossible que tu sois le responsable puisque tu fais TOUT le nécessaire pour répandre ce qu’il faut afin d’améliorer le rendement.

Sans doute vas-tu retrouver ton fournisseur de poison qui parfois s’approvisionne auprès du made in China afin de rajouter une petite dose, disons homéopathique, de saloperie à forcer, quitte à devoir en payer le prix. Argent, par-lons-en… Est-il dépensé ou dispersé ?Avant la culture de lin bordant mon domicile, tu as épandu de l’engrais en granules.Ceux-ci sont passés au-dessus de mon garage de 3,50 m de hauteur et projetés à plus de 20 m dans la cour. Vous êtes trois agriculteurs près de chez moi, cela fait trois épandages… manifestement il y a une surcharge quelque part non maîtrisée. La terre n’est plus nourri-cière, elle n’est plus que le support de produits ajoutés.

« Oui mais, je n’ai plus qu’à mettre de l’herbe à côté de chez vous »Si ça se trouve tu serais plus riche.

(à suivre)

Très cher voisin agriculteur,

Page 11: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

11 • GRAINS DE SEL

La mise en service à Saint-Pol-sur-Mer de la nou-velle piscine baptisée Guynemer a connu un grand succès. Jeunes et moins jeunes ont plongé en masse dans le grand et le petit bains. Ce suc-cès populaire se double d’une exemplaire réus-site technologique. En effet l’énergie nécessaire pour réchauffer l’eau et les installations provient pour 60 % via le réseau urbain, mis en place par la Communauté Urbaine, de la chaleur perdue

par l’activité sidérurgique d’Arcelor-Mittal. 20 % autres ont pour origine trois centrales de cogéné-ration situées au CHD, à la piscine Paul Asseman et aux Glacis. Seuls donc 20 % d’énergie ne sont par d’origine renouvelable.

Bravo : voilà ce qu’on appelle de l’authentique “économie circulaire”.

Après 11 ans de combat, les Amis de la Terre- France viennent d’obtenir une victoire his-

torique. Ainsi, dans un arrêt rendu le 12 juillet 2017, le Conseil d’État fait droit à la requête des Amis de la Terre et enjoint au gouverne-ment de prendre des mesures relatives à la qualité de l’air sur l’ensemble du territoire, en particulier en matière de concentrations exces-sives de particules fines et de dioxyde d’azote, et ce dans les plus brefs délais. Une décision qui consacre de plus le droit pour les justi-ciables de saisir le juge pour qu’il impose le respect d’une Directive européenne à son Gou-vernement.

Cet arrêt condamne l’État pour dépassements répétés des normes d’émissions de particules fines et de dioxyde d’azote. Cela va contraindre le gouvernement de prendre de nouvelles me-sures pour lutter contre ces dépassements. Un

plan d’action devra être transmis à la Commis-sion européenne avant le 31 mars 2018. Rap-pelons que les particules fines et le dioxyde d’azote sont jugés responsables de 48 000 morts prématurées en France chaque année. Et le dernier scandale dit du “Diesel gate”, quand les constructeurs automobiles ont triché sur les estimations des rejets polluants, n’arrange rien à cet état de fait.Notre région est souvent concernée par ces dé-passements de normes. Les populations sont exposées régulièrement à ces polluants qui pénètrent jusque dans le sang et provoquent, outre des cancers, des maladies cardiaques. Gageons que grâce à cette victoire juridique, les pouvoirs publics prennent enfin les me-sures qui s’imposent, notamment en musclant davantage les Plans de protection de l’atmos-phère.

N. F.

Bravo !

Pollution de l’air : victoire historique des Amis de la Terre

À vos agendasNOVEMBRE• mercredi 15 à 18 h 30 : réunion-débat sur le projet d’extension portuaire Cap 2020,

salle Coluche à Loon-Plage• samedi 18 à partir de 10 h : rassemblement contre le CETA derrière l’église Saint-Eloi

à Dunkerque• samedi 18 de 9 h à 13 h et de 14 h à 17 h, Troc Livres organisé par l’association

ADELE à la Maison de l’Environnement• mardi 21 à 19 h30 : projection du film Les Saisons, salle Colette Bel, grand place,

Rexpoëde• jeudi 23 à partir de 14 h : échanges sur l’éolien avec la participation de France Nature

Environnement, Maison de l’Environnement• jeudi 23 à 18 h 30 : projection du film changer d’avenir par les Economistes Atterrés,

cinéma Le Varlin à Grande-Synthe• vendredi 24 à 18 h 30 : réunion publique Stop Linky à La Maison de l’Environnement• mercredi 29 à 19 h 30 : réunion publique organisée par L’Hirondelle des Faux Bourgs,

Foyer Saint-Martin à BerguesDECEMBRE• jeudi 14 décembre à 18 h 30 : dernière réunion sur Cap 2020, Sportica à Gravelines

Page 12: Grands projets et croissance à tout crin de sel 47.pdf · t-elle un développement aussi durable que les ... D’ailleurs n’existe-t-il pas un plan de gestion départemental des

GRAINS DE SEL • 12

Repair café : l’antigaspi en pointe

Directeur de la publication : Nicolas Fournier

Réalisation : François Vandenbunderimprimé sur papier recyclé

Le prix de l’abonnement : 5 €

ISSN 1293-5484

Maison de l’Environnement106, avenue du Casino 59240 DunkerqueTél. 03 28 20 30 40

www.adelfa.org

L’ADELFA bénéficie du concoursde la ville de Dunkerque,de la Communauté Urbainede Dunkerque

Un aspirateur qui aurait rendu son dernier souffle, une imprimante qui semble en bout

de course, une cafetière électrique qui ne remplit plus son office, un ordinateur récalcitrant… Faut-il nécessairement les mettre au rebut, au mieux leur offrir un dernier voyage vers une déchetterie et courir au plus vite chez un professionnel pour s’équiper d’un appareil performant ? Non, pas si sûr : tout n’est pas jetable et mérite souvent qu’on tente au moins une réparation.

C’est la mission que se sont fixée les Repair Café, des associations nouvelles venues qui ont pris racine à la Maison de l’Environnement à Dunkerque-Malo, ainsi qu’à Grande-Synthe. Une fois par mois, des équipes de bénévoles armés de tournevis, perceuses, pinces, bref l’attirail du parfait bricoleur, auscultent minutieusement les organes des machines en panne pour tenter de

leur donner une seconde vie. Certes, ce n’est pas banco à tous les coups, mais bien souvent les personnes ayant fait le déplacement re-partent avec le sourire en emmenant des appa-reils à l’aube d’une seconde vie.La mort, programmée dit-on, des produits uti-litaires de la vie quotidienne n’est pas une fa-talité. Réparer, recycler sont une réponse à un marché assoiffé de renouveler sans cesse ce qu’il produit. Le jetable n’est pas la panacée et il est bon, écologiquement bon, que des poches de résistance se développent et que le citoyen-consommateur y trouve son compte. Ajoutons que la démarche est salutaire, en ces temps où nombre de personnes connaissent des difficul-tés à s’équiper, puisque les interventions prati-quées par des bénévoles sont gratuites. Ce qui n’interdit pas éventuellement aux bénéficiaires de laisser une (modique) gratification aux asso-ciations de plus en plus sollicitées.

J. S.

Repair CaféMaison de l’Environnement, 106 avenue du Casino, Dunkerque-MaloLe dernier mercredi du mois de 17 à 19 h. Prise de rendez-vous au 03 28 20 30 40 ou [email protected]

Troc et Co11 Place de l’Abbé PierreGrande-SyntheContacts : l’Atelier, université populaire03 28 29 17 63

Pas d’âge pour

lire Grains de sel

Abonnez-vous – Réabonnez-vousSauf versement courant 2017 de votre quote-part (5 €), votre abonnement à “Grains de Sel” est venu à expiration. Si vous souhaitez que nous continuions de faire un bout de chemin ensemble (même plus si affinités), merci de nous adresser votre participation.

Donner aux pollueursl’énergie d’être meilleurs.