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Flics de mon cœur 1 : Gabriel

De Pierrette Lavallée

« Le Code de la propriété intellectuelle et artistique n'autorisant, aux termes des alinéas 2 et 3 del'article L.122-5, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage privédu copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et lescourtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou reproductionintégrale, ou partielle, faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause,est illicite » (alinéa 1er de l'article L. 122-4). « Cette représentation ou reproduction, par quelqueprocédé que ce soit, constituerait donc une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants duCode pénal. »

©2016 Les Editions Sharon Kena

www.leseditionssharonkena.com

ISBN : 978-2-8191-0036-2

PROLOGUE

La jeune femme retenait son souffle tout en se maudissant. Quelle idée elle avait eu de vouloirtravailler plus tard ce soir-là et assister au trépas de son patron ? Et pourquoi ne pas cumuler lapoisse en faisant tomber la lampe qui avait averti l’assassin de sa présence ? Ce n’était pas possible,elle avait une guigne pas croyable ! Non seulement le meurtrier avait eu le temps de la voir, maiscomme elle était là, au mauvais endroit, au mauvais moment, il avait fallu qu’en plus elle lereconnaisse. Elle avait suivi assez de séries policières à la télé pour savoir que ça ne servait à riende crier « au secours » ou « au viol », que ça ferait plutôt fuir d’éventuels secours et c’est ainsiqu’elle s’était mise à hurler « au feu » tout en déclenchant l’alarme incendie qui, par chance, setrouvait juste à côté de son nez.

Une cavalcade dans les couloirs avait fait réagir son ancien collègue qui s’était précipité vers lasortie, mais avant de quitter les lieux, il avait tracé, de son index, une ligne de son oreille droite à sonoreille gauche avant de le poser sur sa bouche. Elle s’était tétanisée, se demandant un moment s’ilvoulait lui montrer que son décolleté était trop échancré et qu’il voulait qu’elle mette un ras du cou,lorsqu’enfin elle avait percuté… Il venait de la menacer de mort. Si elle le dénonçait auprès de lapolice, ce serait son cadavre qu’on retrouverait. Elle s’était alors pelotonnée dans un coin de lapièce, derrière l’énorme fontaine à eau. Elle avait entouré ses genoux de ses bras et posé sa tête,attendant qu’un beau pompier en uniforme débarque pour la mettre en sûreté.

Là non plus, la chance n’avait pas été de son côté, le soldat du feu qui s’était présenté devant elleétait vieux avec un embonpoint certain sur les hanches et sur le ventre, mais en plus, il postillonnaiten parlant. À lui tout seul, il aurait pu éteindre un incendie, avait-elle pensé juste avant de revoir à labaisse son fantasme sexuel sur les hommes en uniforme… Non seulement celui-ci l’avait sermonnéecomme si elle n’avait que six ans sur les risques encourus d’utiliser l’alarme à mauvais escient mais,en plus, il l’avait saisie violemment par le bras pour la relever d’un geste brusque. C’est alorsqu’elle avait tendu l’index vers le bureau de feu son patron, appréciant l’ironie que ce soit justementun pompier qui vienne constater son décès…

Elle secoua la tête pour sortir de ses pensées et se raidit brusquement. Il y avait du bruit au rez-de-chaussée et elle savait que quelqu’un rôdait dans les pièces, elle en mettrait sa main à couper… Bonpeut-être pas finalement, parce qu’avec sa poisse, il s’agirait certainement d’un rongeur quidéambulait dans la cuisine à la recherche d’un morceau de fromage et elle se retrouverait manchotpour rien !

Un bruit de verre brisé la fit sursauter et, à moins que les rats et les souris ne boivent à présentdans du cristal, nul doute qu’un intrus s’était glissé chez elle. Elle réfléchit à une stratégie. Plannuméro un : prendre la batte de base-ball glissée derrière la porte et affronter l’individu… Leproblème était qu’elle n’avait pas la moindre batte, pas même une simple raquette de tennis. Scénario

numéro deux : se saisir de son portable et appeler les secours. Ça, en effet, c’était un bon plan, il yavait simplement un autre souci : son portable rechargeait sur la sellette dans l’entrée. Ne restait plusque le stratagème ultime, la tactique de la dernière chance : FUIR !

Elle se dirigea vers la fenêtre à guillotine et, là où toute personne sensée serait passée les piedsdevant, elle sortit le haut de son corps. Elle réalisa bien vite que le vitrier n’avait pas encore procédéaux réparations de ladite fenêtre et qu’à présent, elle était coincée de la tête à la taille à l’extérieur desa chambre alors que ses hanches et tout ce qui suivait étaient toujours à l’intérieur.

Elle poussa un juron à voix basse, posa ses mains sur le treillis et, se dandinant comme un canardallant à la foire, tenta d’extraire le reste de son corps de sa prison. Et elle descendit ainsi… surquelques centimètres avant de perdre l’équilibre et de chuter, cul par-dessus tête, sa nuisettevaporeuse formant une corolle autour de sa poitrine. Elle pria le petit Jésus et tous les anges quepersonne ne l’ait vue en si fâcheuse posture !

Vous allez bien, mademoiselle ? Vous avez fait une chute spectaculaire !

Oh misère, avez-vous un téléphone ? marmonna-t-elle en se levant précipitamment et enl’entraînant tout aussi rapidement à sa suite.

Bien sûr, vous avez besoin d’une ambulance ? lui demanda son serviable voisin, ne loupant riende ses formes épanouies.

Non, il faut que j’appelle le poste de police, murmura-t-elle en regardant de gauche à droite avecfébrilité, je crois qu’on cherche à m’éliminer !

D’accord, vous êtes sûre de ne pas être tombée sur la tête ? s’enquit-il, à la fois soucieux etmoqueur.

Elle se redressa et le fixa froidement, légèrement hautaine.

J’ai des relations, moi, môssieur, qui prêteront foi à mes paroles.

Il secoua la tête et lui tendit son portable. Elle composa le numéro de ses doigts tremblants.

Poste de Police du centre-ville, j’écoute !

Passez-moi le commissaire Joy Franchet, c’est une question de vie ou de mort !

CHAPITRE 1

L’inspecteur Gabriel Stamos poussa la porte du commissariat et ne put retenir un sourire enpénétrant dans le hall d’accueil. Il aimait l’ambiance de cet endroit depuis qu’il y avait mis les piedspour la première fois quelques mois plus tôt. Ses collègues l’avaient reçu avec sympathie et ilpouvait même dire qu’il s’y était fait quelques amis, mais c’est surtout son ancienne partenaire et àprésent la commissaire de ce poste qui lui avait fait apprécier les joies de la maison. Dommagequ’elle ait été aussi amoureuse de son ex et qu’ils aient redonné une chance à leur histoire, parce quelui aussi était tombé sous le charme de cette sublime bombe sexy.

Ah, Stamos ! l’interpella une jolie brune un peu typée, la chef te demande !

Merci beaucoup, Malika ! Tu es très jolie aujourd’hui ! la complimenta-t-il.

Garde ton baratin pour les blanches, mon joli, on sait parfaitement que ta queue ne se dresse quelorsque la chef te donne des ordres !

Pas besoin d’être aussi vulgaire, Zainoun, la colère ne sied pas à ton teint ! rétorqua-t-il enfronçant les sourcils. Et sache pour info que ton petit cul aussi est… bandant !

La jeune maghrébine poussa un juron et se dirigea vers son bureau. Gabriel ne put retenir unsourire. Malika Zainoun était agent de police depuis près de trois ans et avait la particularité detoujours tout ramener à ses origines maghrébines, pourtant Gabriel savait qu’elle était plus blancheque beur et s’amusait à la fois de sa complexité et de sa jalousie.

Gabriel n’était pas installé à son poste depuis une semaine que Malika avait tenté sa chance, lecoinçant dans les vestiaires et lui offrant un striptease qui aurait affolé plus d’un homme. Ce qu’elleignorait, c’était que le jeune inspecteur venait de faire connaissance avec Joy et qu’il espéraitsecrètement que quelque chose se passe entre eux, mais il était arrivé à un moment particulièrementdifficile dans la vie de la jeune femme qui venait de rompre avec Dorian Omerry, un ancien de lamaison reconverti en détective privé. Gabriel avait alors soutenu sa nouvelle coéquipière et lui avaitmême sauvé la vie lors d’une opération délicate, devenant ainsi plus proche d’elle. Malheureusementpour lui, Joy était fidèle en amour et il avait vite compris qu’il n’aurait jamais aucune chance avec lajolie brune qui ne les empêchait pas d’être de bons amis.

Il jeta un coup d’œil vers le bureau de la jeune femme et vit que la porte était ouverte, indiquantainsi qu’elle était disponible pour ses hommes. Il se dirigea vers le distributeur, se servit un sodapour lui et un sans sucre pour Joy, et la rejoignit dans son sanctuaire.

Elle était assise dans son fauteuil, les yeux fermés, s’appliquant à respirer doucement, lorsqu’il

entra dans la pièce.

Ferme la porte, Gab’, s’il te plaît ! lui demanda-t-elle sans même soulever les paupières.

Gabriel la dévisagea longuement. Elle paraissait fatiguée. Ses traits étaient tirés, de larges cernessombres se dessinaient sur ses joues et elle ne parvenait pas à garder les yeux ouverts.

Tu ferais mieux de rentrer, lui proposa-t-il en posant la boisson devant elle. Si ça continue, tu vast’endormir sur ton bureau.

C’est ce que j’envisage de faire mais avant il fallait que je te parle.

Elle se redressa sur son siège, tandis que Gabriel prenait place face à elle, et sembla être soudainbeaucoup plus alerte. Elle remercia Gabriel d’un signe de tête, retira l’opercule de la boisson et enavala une longue rasade d’un trait. Elle laissa échapper un soupir de contentement et Gabriel ne putempêcher son corps de réagir.

Bon sang, marmonna-t-il en remuant pour trouver une position un peu plus confortable, j’espèrequ’Omerry réalise la chance qu’il a !

Crois-moi, je lui fais payer sa rupture tous les jours que Dieu fait ! s’esclaffa-t-elle.

Et tes nausées ?

Elle rit de plus belle en voyant que Gabriel était un peu gêné de lui parler de choses aussi intimes.

C’est la catastrophe au matin, ce n’est pas la joie au midi, et le soir, je suis vannée, surtout avecdes journées aussi longues que celles-ci ! reconnut-elle. Et il y a le travail de terrain qui me manque !

Eh, ça va aller ? s’inquiéta-t-il alors que les larmes s’agglutinaient sous ses paupières.

Fichues hormones, marmonna-t-elle. Je passe mon temps à geindre sur mon sort, à pleurer commeune fontaine, avant de rire aux éclats et d’avoir une libido totalement hors de contrôle.

J’en viendrais à plaindre Omerry, si ça ne me faisait pas autant plaisir de l’imaginer ne sachantcomment gérer tes sautes d’humeur !

Ils rirent de concert, à nouveau complices, avant que Joy ne se rembrunisse.

Gab’, j’ai quelque chose à te demander.

Je suis tout ouïe !

J’envisage de te mettre en disponibilité pour une durée indéterminée… Je t’avertis tout de suite,ce sera sans perte de salaire et…

Attends, c’est lui, c’est ça ? gronda-t-il en se levant d’un bond, faisant référence au petit ami deJoy. Il ne supporte pas de me voir travailler avec toi, être à tes côtés tous les jours.

Assieds-toi, Gab’ ! lui dit-elle d’une voix lasse.

Mais pour qui se prend-il ? Qui était près de toi lorsque ce cinglé a failli te faire la peau ?

Stamos ! Assis ! Et c’est un ordre ! rugit-elle en touchant son bras, là où elle avait étépoignardée.

Ce dernier bougonna et se laissa tomber dans le fauteuil, le regard dur.

Omerry n’a rien à voir là-dedans ! soupira-t-elle.

Ben voyons et…

Non, Gab’, laisse-moi continuer. J’ai besoin de toi sur une affaire… officieuse.

Continue ! l’incita-t-il en se penchant vers elle, soudain attentif.

J’ai reçu un coup de téléphone d’une ancienne camarade de classe. Elle m’a appelée, terrorisée,pour me dire que quelqu’un avait pénétré chez elle par effraction alors qu’elle était à l’étage. Elle aréussi à s’enfuir et disons que…

Joy frotta ses tempes

… disons que je ne sais pas si je peux croire ou non à ses… divagations, poursuivit-elle.

Et si tu me racontais tout depuis le début ?

Joy prit une profonde inspiration et se lança.

Tu sais déjà quel noyau dur mes amies et moi formions au lycée. C’est là qu’Adaline entre enscène.

Humm, j’adore ce prénom, il me fait penser à une fleur exotique, douce, fragile, délicate…

Joy le regarda fixement avant d’éclater de rire.

On en reparlera plus tard ! dit-elle au bout d’un moment. Donc Adaline arrive en cours d’année,elle est seule et décide de s’incruster dans notre bande, mais le problème avec Adaline, c’est qu’elleavait toujours des histoires incroyables à raconter et que, au bout d’un moment, écouter ses faribolesest devenu lassant alors, petit à petit, on l’a exclue de notre groupe.

Une mythomane ?! C’est pour elle que tu veux me mettre en congés forcés !

Eh, ce n’est pas une menteuse ni une affabulatrice, le mot était peut-être un peu extrême… disonsjuste qu’elle a une imagination débordante. La preuve, elle a toujours voulu devenir écrivaine. Il y aenviron six mois, elle était à son bureau lorsqu’elle a été témoin du meurtre de son patron, perpétrépar un de ses collègues qui, avant de prendre la fuite, l’a clairement menacée de mort.

Je te parie qu’elle a planqué son joli petit cul jusqu’à ce que la brigade l’oblige à témoigner !

Eh bien non, elle s’est courageusement présentée à l’inspecteur responsable de l’enquête, lui arévélé tout ce qu’elle savait à propos des relations entre le meurtrier et sa victime et a fini en luirévélant qu’elle était sur place lorsque son boss a été tué.

Il faut avouer que peu de citoyens auraient fait comme elle. Ils se seraient planqués ou auraientnié en bloc « rien vu, rien entendu » !

Oui, c’est exact ! Pour ça, je n’ai rien à lui reprocher, elle a agi comme il le fallait et a permisl’arrestation de son collègue.

Que s’est-il passé ensuite ?

Adaline a parlé à l’inspecteur Flanagan des menaces perpétrées à son encontre, mais comme il nes’agissait pas d’un crime en bande organisée, qu’il était plutôt question d’un assassinat isolé, le jugeinstruisant l’affaire a déclaré qu’il n’y avait aucun danger puisqu’il n’y avait plus de menace.

Et n’oublions pas, ajouta Gabriel, qu’avec les contraintes budgétaires, ils n’avaient pas lesmoyens de la mettre sous protection !

Là aussi tu as parfaitement raison ! confirma Joy. Et ce soir, à vingt et une heures, j’ai reçu unappel d’Adaline, elle s’apprêtait à aller se coucher lorsqu’elle a entendu du bruit au rez-de-chausséeet, sans entrer dans les détails, elle s’est enfuie par la fenêtre de sa chambre !

Ton amie va se coucher comme les poules ! siffla Gabriel, à moins qu’elle n’était pas seule ou…

Adaline désirait juste se détendre après une journée fatigante, selon ses propres mots… Donc,dès que j’ai eu son message, j’ai envoyé une patrouille à son domicile, en premier lieu, pourl’amener ici afin qu’elle soit à l’abri et ensuite pour vérifier si tout était okay !

Et…

Rien ! Absolument rien !

Donc, pour toi, Adaline a inventé toute cette histoire… À moins qu’elle n’ait vraiment cru qu’il yavait quelqu’un chez elle et que…

Gab’, il a plu à verse toute la journée, lorsqu’Adaline est passée par la fenêtre de l’étage, elle esttombée, elle a marché pieds nus dans la boue, preuve en est celle qu’elle avait entre les orteils !

Où veux-tu en venir ?

Les gars ont été formels, il n’y avait aucune trace de pas à part les leurs !

Gabriel resta un long moment silencieux.

Dis-moi exactement ce que tu attends de moi ?

Je veux que tu restes à ses côtés quelques jours, le temps de t’assurer qu’elle ne risque rien, quepersonne n’en veut à sa vie. Et je te le demande comme une faveur, d’amie à ami !

Bon sang, Joy, tu sais que je ne peux rien te refuser, marmonna-t-il. Mais pourquoi moi ?

Déjà, parce que tu es nouveau et donc peu de monde te connaît comme étant un flic,deuxièmement, parce que j’ai confiance en toi !

Tu me prends par les sentiments, c’est ça ? soupira-t-il avant d’acquiescer. Bon, c’est d’accord.

Il y a encore une chose que tu devrais savoir au sujet d’Adaline, c’est qu’elle est…

Joy ne put finir sa phrase, une déflagration, venant sans conteste d’une arme à feu, retentit dans lecommissariat. Gabriel bondit sur ses pieds, ouvrit la porte du bureau et se précipita vers l’une dessalles d’interrogatoire, son SIG-Sauer{1} à la main ! Joy massa son front du bout des doigts.

… terriblement maladroite, poursuivit-elle à voix basse, en se levant à son tour, espérant que soninspecteur ne soit pas du genre à tirer avant, et parler ensuite.

CHAPITRE 2

En pénétrant dans la pièce, Gabriel se fit vite une idée de la situation. Une jeune femme, à peinevêtue, s’était saisie de l’arme de service du policier qui venait visiblement de l’interroger et avaittiré dans sa direction. Il agit donc en conséquence.

Police ! Lâchez cette arme ! hurla-t-il en la tenant dans sa ligne de mire.

La suspecte poussa un cri et laissa tomber le pistolet sur le sol en reculant d’un pas. Sans attendre,Gabriel la maîtrisa d’une clé de bras et la plaqua violemment contre le mur.

Je… je suis désolée, murmura-t-elle, le coup est parti tout seul…

Gabriel poussa un juron tout en lui passant les menottes. Il se demandait comment l’agent Printisavait pu être aussi négligent au point de se laisser distraire. Quoiqu’il devait admettre que laprostituée, que ce dernier avait sûrement ramassée pour racolage, était pulpeuse à souhait et que ledéshabillé sexy dans lequel elle se trouvait laissait peu de place à l’imagination.

Oh, c’est pas vrai ! murmura une voix lasse.

Gabriel se tourna et vit le regard de Joy posé sur lui.

Lâche-la, Gab’ !

Quoi ? s’exclama-t-il, abasourdi. Elle vient de tirer sur Printis et…

Je ne crois pas que ça se soit passé comme ça, le coupa la commissaire avant de se tourner versson agent qui fixait le sol, mal à l’aise. Hugo, que s’est-il passé ?

J’ai fait comme vous me l’avez demandé, Commissaire, je suis resté près de mademoiselle pourveiller sur elle, mais elle s’ennuyait, voyez-vous, et elle m’a demandé poliment si elle pouvait voirun pistolet et le soupeser et…

Et vous n’avez pas respecté le règlement, gronda Joy. Un agent ne doit jamais se départir de sonarme pour quelque raison que ce soit. Vous avez manqué de discernement en autorisant une civile àporter la main sur une arme réglementaire et pour cette raison, je vais être obligée de vous mettre àpied ! Allez dans mon bureau !

Merde, Joy, gronda Gabriel choqué tandis que, honteux, Printis quittait la pièce, tu ne peux pasfaire ça !

Non seulement je peux, mais je le dois, Stamos ! À présent, retire-lui les menottes ! ordonna-t-elle en indiquant la jeune femme qui tremblait à présent de tous ses membres.

Je suis vraiment désolée, répéta-t-elle. Joy, je t’en prie, ne le punis pas à cause de moi, c’est dema faute et…

Adaline, tu me gonfles ! rugit Joy. Ça fait à peine deux heures que tu es ici et déjà moncommissariat est sens dessus dessous ! Nous sommes en sous-effectif et je vais devoir me priver dumeilleur de mes inspecteurs et d’un bon agent, tout ça pour ta petite personne !

Gabriel n’en croyait pas ses oreilles ! Ainsi c’était elle qu’il allait devoir chaperonner ? Il devaitavouer que la jeune femme était loin de la poupée exotique qu’il s’imaginait. Il faut dire qu’Adalineétait tout l’opposé d’une créature divine. Elle était de taille moyenne et présentait des formes assezvoluptueuses réparties judicieusement dans des… poumons surdéveloppés mais aussi dans deshanches arrondies et un fessier joliment rebondi. Elle était à l’exact opposé de Joy, qui, même si sesformes étaient elles aussi très appétissantes, avait une silhouette sportive et musclée. Gabriel auraitparié son salaire qu’Adaline n’avait jamais vu une salle de musculation de sa vie à l’inverse de lajolie commissaire qui en était une utilisatrice assidue. De même, là où Joy avait le typeméditerranéen, c’est-à-dire brune avec un teint bis, Adaline était pâle, avec des cheveux châtainsqu’elle entortillait à présent nerveusement autour de son index. Mais le plus spectaculaire chez cetémoin à charge était le bleu magnifique de ses prunelles et pendant un instant, un court moment, ilplongea ses yeux dans les siens et une vague de désir, malvenu, surtout en présence de Joy, vrilla sesreins.

Adaline, voici l’inspecteur Gabriel Stamos qui va veiller sur toi les prochains jours. Tu serasentièrement sous ses ordres. Il te dit de sauter, tu sautes, il te dit de courir, tu cours, il te dit de te jeterdu haut d’un pont, là aussi, tu obéis sans te poser de questions !

Cette dernière remua la tête de bas en haut si rapidement que Gabriel dut se mordre la lèvre pourne pas éclater de rire.

J’ai compris, murmura-t-elle. C’est comme dans un plan sadomasochiste, il est mon maître, jesuis son esclave.

Aussitôt, tout un tas d’images traversa l’esprit de Gabriel qui les remisa dans un coin en setournant vers son amie qui venait de pousser un grognement.

Oh misère ! gémit Joy en levant les yeux. Gab’, voici Adaline Jacebourg, vingt-cinq ans,demeurant au 2062, avenue du parc. Je… il faut que j’aille voir Printis et ensuite je rentre ! Tu vast’en sortir ?

Tout ira bien ! la rassura-t-il en lui souriant.

Elle lui répondit d’un signe de tête et tourna les talons sans même prendre la peine de saluerAdaline. Cette dernière esquissa un semblant de grimace.

Merci, Joy, pour tout ! souffla-t-elle tristement sans que la commissaire ne daigne se retourner.

La porte de la salle se fut à peine refermée qu’Adaline poussa un long gémissement et se laissatomber sur la chaise. Elle enfouit la tête dans ses mains et laissa échapper un rire amer.

Je n’aurais jamais dû venir ici, énonça-t-elle. Je crois que vous feriez mieux d’y aller, je vaisrentrer chez moi et…

Pas question ! J’ai des ordres et je vais m’y tenir ! la coupa Gabriel. Tout d’abord, nous allonsnous rendre chez vous afin que vous puissiez emporter des affaires pour quelques jours. Ensuite, nousirons à mon appartement et vous me raconterez tout depuis le début !

C’est là que je suis censée acquiescer et vous suivre docilement, c’est ça ? lui demanda-t-elledans un profond soupir.

Cette fois, Gabriel ne put retenir un franc sourire.

Eh oui, vous allez devoir vous soumettre à tous mes désirs, la taquina-t-il.

Super et avec ma poisse légendaire, vous allez perdre la clé des menottes et je vais mourir,attachée à un lit sans personne pour me venir en aide, jusqu’à ce que je ne sois plus qu’un squelette.

Vous êtes toujours aussi pessimiste ?

Non, réaliste !

Gabriel observa de nouveau la jeune femme. Uniquement vêtue d’une nuisette d’un bleu pâlebordée de fourrure à l’ourlet et à l’encolure, et d’un string qui lui laissait les fesses à l’air, nul doutequ’elle ne passerait pas inaperçue.

Vous êtes arrivée ici vêtue de cette façon ? lui demanda-t-il.

Figurez-vous que m’habiller après avoir entendu quelqu’un rôder chez moi n’était pas dansl’ordre de mes priorités. Je n’ai pensé qu’à une chose… sauver ma peau !

Et personne ne vous a proposé quelque chose de plus… approprié ?

Non, souffla-t-elle en rougissant légèrement.

Adaline se sentit mal à l’aise sous le regard scrutateur du bel inspecteur. Pour la première fois,elle prit conscience de l’indécence de sa tenue. Lorsque les agents envoyés par Joy l’avaientretrouvée pelotonnée sur le canapé de son voisin, elle était encore sous le choc de son léger accident.Elle souffrait du dos, suite au retombé de la fenêtre sur ses reins et à la main, lorsqu’elle avait tentéde freiner sa chute. Aussi, lorsqu’ils lui avaient ordonné de les suivre, elle n’avait pas pris garde à satenue et était montée dans le véhicule de police sans un mot… Puis le regard effaré de Joy qui l’avaitaccueillie sans aménité l’avait ramenée des années plus tôt, lorsqu’elle et ses amies se moquaient

d’Ada la Cata. Elle sentit aussitôt les larmes lui monter aux yeux.

Eh, tout va bien ! Je vais vous trouver quelque chose et ensuite on ira chez vous !

Vous êtes gentil, renifla-t-elle.

Il ne faut pas toujours se fier aux apparences !

Sur ces mots, il sortit de la pièce, laissant la jeune femme à la fois contrite et… étonnammentexcitée par cet homme en uniforme. Elle décida de ne plus bouger, ne voulant pas donner, une fois deplus, une mauvaise image d’elle-même, encore que cette fois, elle avait fait fort. Jamais elle n’avaitéprouvé autant de honte d’avoir des formes aussi épanouies. Non, le mot qu’elle cherchait, c’étaitgrosse ! Voilà, elle l’avait dit, alors que tous les hommes bavaient sur des jeunes femmes à la taillemannequin à la limite de l’anorexie, elle avait de la chair qui débordait d’un peu partout. Commentaurait-elle pu deviner qu’elle allait devoir s’enfuir et uniquement vêtue d’une nuisette plus érotiqueque sexy ?

Elle plongea la tête entre ses mains tandis qu’un gémissement s’échappait de ses lèvres. Même Joyl’avait royalement ignorée… Mais ça, elle en avait l’habitude et ne lui en voulait même pas. Toutesles deux étaient diamétralement opposées et rien ne pourrait changer ça. Adaline soupira unenouvelle fois. Elle repensa à la chaleur du corps de l’inspecteur contre le sien lorsqu’il lui avaitpassé les menottes. Un corps ferme, musclé, dur… Une bouffée de chaleur l’envahit à la pensée de sapeau nue sur la sienne, de sa bouche s’abreuvant à ses lèvres…. Et voilà qu’en plus elle fantasmaitsur un flic… Le prestige de l’uniforme, une fois de plus, quoiqu’à dire vrai, autrefois, c’était lespompiers qui la faisaient craquer.

Gabriel Stamos, dit-elle à voix haute, appréciant la façon dont les deux noms glissaient sur salangue.

Inspecteur Gabriel Stamos, prononça-t-elle, à présent, d’une voix rauque.

Elle laissa échapper un léger rire et recommença une fois de plus, puis encore une…

Eh bien, dit la voix amusée de Gabriel, j’ai l’impression que vous avez mon prénom parfaitementen bouche.

Adaline gémit une nouvelle fois. Comment pouvait-elle être si idiote et se mettre dans dessituations pareilles ?

Tenez, poursuivit-il en lui tendant un survêtement. J’avais cette tenue dans mon casier et je vousrassure, elle est propre.

Merci ! marmonna-t-elle en pressant le vêtement contre son buste.

Si vous le désirez, vous pouvez vous changer dans les vestiaires des dames.

Merci, Inspecteur ! bafouilla-t-elle en se levant.

C’est tout au fond du couloir à droite !

Gabriel l’observa partir et secoua la tête. Il allait se rendre dans son bureau pour y chercher ledossier sur le meurtre du patron d’Adaline lorsqu’il entendit un rugissement.

À droite ! Bon sang, ce n’est pas difficile ! À moins que vous n’ayez un problème. Gauche,vestiaire des hommes, droite celui des femmes !

Je… je suis désolée… je… je n’ai rien vu, je vous le jure !

Moi, en tout cas, ma jolie, tu peux venir m’aider à me changer si tu veux, à moins que tu n’aiesbesoin d’aide pour retirer ce joli déshabillé !

Gabriel avait reconnu la voix autoritaire de l’agent Flint, qui n’avait plus que deux ans à tirer avantd’être en retraite et celle, grivoise, de Galan, qui était devenu au fil des semaines, un ami. Pourtant, ilfut étonné d’éprouver le désir de lui envoyer un coup de poing dans la figure pour les avances sanséquivoque qu’il venait de lancer à la jeune Adaline. Lorsqu’elle revint, elle avait revêtu nonseulement le pantalon mais également le pull lui cachant à présent la moindre parcelle de peau.

Je récupère un dossier et nous y allons ! énonça-t-il en fronçant les sourcils.

Adaline ne pipa pas un seul mot. Une fois encore, elle s’était fait remarquer en entrant tête baisséedans les vestiaires des hommes. Le plus âgé était furieux. On l’aurait été à moins en voyant unefemme se pointer au moment où vous mettiez une gaine sous votre uniforme pour aplatir une bedaineproéminente. Le second, lui, était sorti de la douche, ruisselant, le bas de son corps emmitouflé dansune serviette beaucoup… mais beaucoup trop petite, qui ne cachait absolument rien de ce qui s’ytrouvait dessous. Mais ce dernier, même s’il avait fait preuve d’ironie, n’avait pas été vindicatif.

Ne restait qu’à espérer que Miss Catastrophe ait fini de sévir pour la soirée parce que nonseulement elle était au bord des larmes mais en plus, elle n’avait qu’une hâte… aller se coucher !

CHAPITRE 3

Le trajet se déroula dans un silence quasi-religieux. Adaline avait bien vu que Gabriel était furieuxde son irruption dans les vestiaires des hommes. Une fois encore, elle avait laissé ses penséesvagabonder et franchi les portes sans même réaliser qu’elle s’était trompée.

Racontez-moi le déroulement de votre soirée que je me fasse une petite idée de la situation !ordonna sèchement Gabriel.

Il était dix-neuf heures lorsque j’ai préparé le repas. J’ai dîné d’une portion de bœuf à l’aigre-douce avec du soja et du riz. J’ai lu un peu avant de monter me coucher et je m’endormais lorsquej’ai entendu du bruit au rez-de-chaussée.

C’est ça que je ne comprends pas, pourquoi si tôt ? lui demanda-t-il

Je travaillais pour le cabinet d’expertise comptable Verjoint et lorsque mon patron a été tué, jeme suis retrouvée sans emploi et aussi sans référence. J’ai donc dû faire face à la situation enacceptant ce que je trouvais. Je cumule deux emplois. Un à la crèche de six à treize heures et un autreau fast-food du coin de quatorze à dix-huit heures.

Onze heures de travail par jour, ce qui fait cinquante-cinq par semaine. Vous savez que ce n’estpas légal ?

Mon contrat à la crèche n’est que de vingt heures hebdomadaire, c’est juste que… que j’adore lesenfants alors le reste du temps, je le fais en tant que bénévole, le renseigna-t-elle.

Donc si je comprends bien, résuma-t-il, vous travaillez presque sans discontinuer de six heuresau matin jusqu’à six heures au soir, et ce, toute la semaine ?

Oui, c’est ça ! lui confirma-t-elle avant d’ajouter à voix basse : et il y a les week-ends.

D’accord, et que faites-vous lors de vos jours de repos ? questionna-t-il, sentant une migrainepointer le bout de son nez.

Mon frère a ouvert une vidéothèque mais comme le samedi et le dimanche il a une vie sociale,contrairement à moi… je gère donc la boutique.

J’ai peur de demander, marmonna-t-il. Quels sont vos horaires ?

De treize heures à deux heures du matin, avoua-t-elle dans un souffle.

Nom de… Bon sang, jura-t-il, vous vous rendez compte que toutes ces personnes profitent devotre gentillesse ?

Adaline haussa les épaules. Bien sûr qu’elle le savait, elle n’était pas une imbécile, mais quepouvait-elle dire ? Elle ne savait pas dire non !

Il a besoin de moi ! se contenta-t-elle de répondre.

Les mains de Gabriel se crispèrent sur le volant. Il ne parvenait pas à comprendre commentcertaines personnes pouvaient jouer sur la carte de la sensibilité pour parvenir à leurs fins.

Nous serons bientôt arrivés chez vous. Une fois sur place, vous attendrez dans la voiture afin queje puisse m’assurer que le périmètre est sécurisé. Ensuite, vous viendrez chercher quelques affairespuis nous nous rendrons chez moi. J’ai une chambre d’amis où vous pourrez rester quelques jours, letemps que je sache si quelqu’un en veut vraiment à votre vie ou s’il s’agit de…

Il se tut si brusquement qu’Adaline se tourna vers lui et le dévisagea.

De mon imagination, c’est ça ? le coupa-t-elle tandis qu’il restait muet. Je comprends, voussavez. Joy a dû vous dire que je racontais toujours plein d’histoires plus loufoques les unes que lesautres ? Ses amies et elles ne m’ont jamais crue, n’est-ce pas ?

Ça, je ne peux pas vous le dire précisément, mais vous avez reçu des menaces et à présent vousdites que quelqu’un est entré chez vous par effraction alors je serai votre garde du corps.

Ouah, ça fait un peu morbide, marmonna-t-elle.

Pardon ?

Garder mon corps ! On dirait un croque-mort qui conserve les cadavres dont personne ne veut.

Il y a une autre possibilité, murmura Gabriel en se garant devant chez elle.

Ah bon ? Laquelle ?

Il se pencha vers elle, une lueur à la fois amusée et avide dans les yeux.

Que vous êtes un si bon coup au lit que je ne pourrai m’empêcher de vouloir garder votre corps àma disposition nuit et jour !

Elle le fixa si intensément qu’il ne put s’empêcher de vouloir la taquiner encore plus et frôla seslèvres des siennes. Pourtant, il ne s’attendait pas à les trouver si douces sous ses caresses ni siappétissantes. Et ce qui au départ n’était qu’une plaisanterie de la part de Gabriel ne le fut plus dèslors que les mains tremblantes d’Adaline se posèrent sur sa nuque. Il frissonna violemment, recula dequelques centimètres pour la dévisager et… la repoussa doucement.

Adaline s’empourpra de honte. Qu’est-ce qui lui avait pris de se jeter au cou de celui qui étaitcensé l’aider ? Elle sentit les larmes lui monter aux yeux et, sans même se souvenir des consignes quelui avait données Gabriel, chercha la poignée à tâtons et sortit de l’habitacle, son cœur battant sirapidement, qu’elle craignit un moment être victime d’un infarctus.

Bon sang, jura Gabriel en la voyant trébucher sur le trottoir.

À son tour, il descendit de la voiture, furieux.

Je peux savoir ce qui vous prend ? gronda-t-il en posant ses mains sur ses épaules et en lasecouant violemment. Je vous ai dit de rester dans le véhicule et de…

Laissez-moi ! hurla-t-elle alors. Vous ne comprenez pas que je ne veux pas de votre aide ! Jeveux qu’on me fiche la paix… je veux… je veux retrouver ma vie… qu’on… qu’on…

Elle éclata en sanglots sous le regard hébété de Gabriel. Il la relâcha comme si elle venait de lebrûler. Elle avança de quelques mètres, se laissa tomber au pied d’un arbre et laissa les larmescouler de ses yeux clos.

Gabriel s’en voulait… Jamais il n’aurait dû flirter ainsi avec elle. Il aurait dû agir avecprofessionnalisme et s’en tenir au règlement mais il ne pouvait pas se leurrer, il avait aimé ça.

Ne bougez pas de là ! marmonna-t-il. Je vais m’assurer que vous pouvez aller chercher vosaffaires.

Adaline ne répondit pas. Elle n’espérait qu’une chose : que ce genre de scène ne se reproduisepas. Elle attendit qu’il soit parti pour rouvrir les yeux et essuyer ses joues. Comment aurait-elle pupenser ne serait-ce qu’un instant qu’un gars comme lui, avec autant de sex-appeal, un homme aussibeau que les mannequins des magazines, puisse s’intéresser à elle ? Il n’avait fait que la taquiner et,une fois de plus, elle avait pris ses désirs pour la réalité.

Elle soupira, se leva et s’appuya contre le peuplier. Elle allait devoir gérer un autre problème, sonépouvantable maladresse et éviter de le blesser ou de faire des choses ridicules, par exemple setromper de vestiaires. Il devait la prendre soit pour une gourde, soit pour une nymphomane incapablede résister à l’attrait d’un uniforme !

C’est bon, venez !

Elle se dirigea lentement vers sa maison, prenant garde de ne pas marcher sur une déjection canineou pire, glisser sur une pelure de banane ! Ça lui était arrivé une fois et son coccyx fracturé àl’époque s’en souvenait encore. Elle franchit la porte de sa maison avec précaution et, alors qued’habitude elle s’y sentait à l’aise, cette fois elle ne parvenait pas à occulter le fait qu’on s’étaitintroduit chez elle, qu’on avait violé son intimité.

Il était là, il y avait réellement quelqu’un, murmura-t-elle en fermant les yeux.

Comment pouvez-vous en être si sûre ?

L’odeur, elle n’est pas la même !

Vous pouvez développer…

Je ne sais pas ! s’écria-t-elle, exaspérée, c’est vous le flic, pas moi ! Il faut en plus que je fassevotre travail ?

S’il vous plaît ! insista-t-il.

J’ignore comment expliquer ça… c’est comme lorsque vous allez chez vos parents. Dès que vousentrez et que vous inspirez, vous savez que vous êtes chez eux… Je crois qu’on appelle ça des odeursémotionnelles. C’est pareil quand vous entrez dans un café, ou au bistrot du coin, il y aura toujoursune odeur pour vous rappeler le match de foot que vous avez vu avec votre pote ou un rendez-vousavec une fille. Eh bien, c’est pareil ici. Dès que je franchis la porte, je ferme les yeux et je me dis, çay est, je suis chez moi. Est-ce l’odeur de la cire d’abeille, celle du parfum d’ambiance, ou celui demon parfum, je ne saurais vous dire, mais je me sens en sécurité. Tandis que là, lorsque je ferme lesyeux, il y a une odeur intruse, quelque chose qui brise cette perfection olfactive.

Gabriel ne put s’empêcher de la dévisager une nouvelle fois. Elle était si complexe… à la foisinnocente, sensible, et si un mot devait la décrire en ce moment-même, pour lui, ce serait poétique. Ilsecoua la tête, cherchant à reprendre ses esprits.

Ouais, il est temps pour vous de faire votre valise ! Je vous attends ici !

Adaline ouvrit la bouche mais la referma aussi vite. Elle se contenta de hausser les épaules et sedirigea vers les escaliers. Gabriel la regarda monter et sa démarche sensuelle le fit se raidir unenouvelle fois. Son pantalon de jogging moulait les fesses de la jeune femme de façon si avantageusequ’une vague de chaleur lui vrilla les reins. Il se morigéna intérieurement. Cette fille n’était pas pourlui, elle n’était qu’un témoin à protéger, et il savait parfaitement qu’il ne fallait pas mêler à la foistravail et plaisir. De nouveau, il fit le tour de la maison, mais rien ne semblait indiquer que quelqu’uns’y trouvait quelques heures auparavant.

Au bout d’une dizaine de minutes, il poussa un juron et grimpa les escaliers quatre à quatre. Rienne l’exaspérait plus qu’une femme mettant des heures à faire une simple valise. Il s’apprêtait àl’admonester vertement lorsqu’il vit son visage livide.

Adaline, que se passe-t-il ? demanda-t-il en se précipitant vers elle.

Il était là, Gabriel, murmura-t-elle. Il… il a laissé quelque chose dans… dans mon tiroir à sous-vêtements.

Gabriel poussa un juron et se dirigea vers le meuble en question. Une rose, fixée à un flacon deparfum par un élastique, gisait au milieu des strings, des soutiens-gorge et des guêpières de la jeunefemme. Et il y avait une carte de visite vierge sur laquelle avaient été imprimés ces mots : « Je te

veux et je t’aurai ! ».

L’inspecteur se précipita vers Adaline qui semblait plus morte que vive. Il lui saisit les mains etplongea son regard dans le sien.

Je ne le laisserai pas faire, vous m’entendez ?

Elle ne répondait pas, se contentant de fixer le vide. Il la secoua doucement jusqu’à ce qu’elletressaille et cligne des paupières.

Que… quoi ?

Il ne te touchera pas, d’accord ? insista-t-il en la tutoyant soudainement. À partir de maintenant,je ne te quitte plus d’une semelle, là où tu vas, j’y vais !

Ça va être chaud lorsque j’aurai besoin de me rendre au petit coin, marmonna-t-elle.

Le sourire n’atteignit pas les prunelles de Gabriel.

Il faut qu’on y aille ! Je vais appeler les collègues pour qu’ils tentent de chercher des empreintes.

Tout en donnant ses ordres par téléphone, il ouvrit les portes de l’armoire, saisit un sac de voyageet y jeta pêle-mêle, pull, pantalon, jupe, robe… puis il passa dans la salle de bain et d’un large gestedu bras fit tomber tout ce qui se trouvait sur l’étagère, dans un vanity, sous le regard impassibled’Adaline. Quelques minutes plus tard, il raccrocha et se tourna vers la jeune femme.

Il est temps qu’on y aille et qu’on laisse les agents prendre le relais, dit-il énergiquement. Tuviens ?

Il lui tendit la main. Elle plongea son regard dans le sien, prit une profonde inspiration et y posa lasienne. Quelques minutes plus tard, ils avaient quitté sa demeure.

CHAPITRE 4

Adaline se réveilla, un moment désorientée. Lorsqu’elle était arrivée chez Gabriel, aux alentoursde minuit, il l’avait aussitôt emmenée dans la chambre d’amis avant de lui indiquer la salle de bains.Elle avait pris une longue douche, laissant une nouvelle fois les larmes couler sur ses joues blêmesen se jurant que c’était la dernière, tout en évitant de sangloter de peur que Gabriel ne l’entende. Puiselle s’était couchée avant de s’endormir dès que sa tête se fut posée sur l’oreiller. Elle jeta un coupd’œil à son portable et poussa un juron. Elle devait se rendre à la vidéothèque dans une heure et neserait jamais prête à temps. Elle se leva d’un bond, se prit les pieds dans le dessus-de-lit avant des’étaler lourdement sur le plancher.

Elle poussa un gémissement pathétique lorsque la porte s’ouvrit à la volée et que Gabriel pénétradans la pièce l’arme au poing. Il se fit rapidement une idée de la situation et se précipita vers Adalinepour l’aider à se relever.

Je suis désolée !

Moi aussi, ça m’arrive de temps en temps lorsque je suis mal réveillé. Pourquoi est-ce que lescouettes ou les dessus-de-lit ne restent pas à leur place ?

Adaline laissa échapper un petit rire et s’assit sur le bord du lit.

Je suis terriblement maladroite, avoua-t-elle, un peu honteuse. Ma mère me dit toujours qu’à manaissance j’ai attiré sur moi le mauvais œil.

Gabriel rangea son arme dans la ceinture arrière de son pantalon et prit place à ses côtés. Il setroubla lorsqu’il inspira profondément et se gorgea des effluves qui émanaient de la jeune femme…des senteurs florales… Elle n’était vêtue que d’une nuisette minimaliste, de couleur noire, un peuplus longue que la précédente puisqu’elle lui arrivait à mi-cuisses. En revanche, son décolleté étaitencore plus vertigineux et Gabriel ne put s’empêcher d’y couler un regard avide. Bon sang, voilà queça lui reprenait. De nouveau l’attirance qu’il ressentait pour elle se fit plus pressante, plus urgente, etil ne parvint pas à se maîtriser. Il glissa ses doigts sous la longue chevelure d’Adaline et tourna satête vers lui.

Le cœur de la jeune femme manqua un battement, mais elle posa sa main sur sa poitrine.

Non, murmura-t-elle. Si c’est pour me repousser ensuite, je préfère que vous en restiez là.

Je ne sais pas ce qui m’arrive, lui révéla-t-il en plongeant son regard dans le sien. Je ne suis pasdu genre à sauter sur la première venue ni même à me glisser dans le lit d’une femme dès le premier

soir. Pourtant, avec toi, j’ai des difficultés à me contrôler. Je ne rêve que de poser mes mains sur lasoie de ta nuisette, la remonter le long de tes cuisses, observer tes réactions lorsqu’elle glissera surta peau… Je veux en baisser les bretelles, découvrir cette poitrine magnifique que l’on devine parl’échancrure. Je n’ai qu’une envie, prendre tes seins à pleines mains, les presser, les faire rouler,nicher mon visage entre tes deux globes opulents et m’enivrer de ton odeur. Je prendrai tes tétonsentre mes doigts et je les ferai rouler tout en les pinçant doucement à moins que tu ne préfères que cesoit plus sauvage, auquel cas, je les presserai plus fort, jusqu’à ce que tu cries à la fois de douleur etde plaisir.

Oh mon Dieu, gémit-elle en portant une main tremblante à sa poitrine, je crois que j’ai desdifficultés à respirer.

Tu la ressens aussi, cette attirance qui nous pousse l’un vers l’autre ? demanda-t-il en soufflantdoucement sur sa gorge.

Oui, mais ce n’est pas raisonnable. Je suis une fille convenable, j’essaie toujours d’agir avecsagesse. Ce n’est pas mon genre d’écarter les cuisses pour le premier venu… mais… mais…

Mais… insista-t-il en la taquinant, voyant à quel point elle semblait gênée.

Adaline se leva brusquement et se mit à marcher de long en large dans la chambre non sans secogner violemment au coin du lit à deux reprises…

Tu as quoi ? Trente… trente-deux ans ? Bon sang, tu es si sexy que tu pourrais être photographiésans problème pour les Dieux de la Police !

C’est vrai que nous avons notre calendrier mais je n’y ai pas encore posé, dit-il en gardant sonsérieux avec beaucoup de difficultés.

Je ne sais pas ce que tu attends de moi. Tu n’as qu’à claquer des doigts pour avoir toutes lesfilles que tu désires à tes pieds, alors je me pose cette question : « Pourquoi moi ? »

Si seulement je le savais, maugréa-t-il.

Lorsqu’elle trébucha une nouvelle fois, Gabriel poussa un juron et, l’attrapant par le poignet, la fitreprendre sa place à ses côtés.

Regarde-moi ça, murmura-t-il en soulevant légèrement le pan de son dessous. Tu vas avoir unénorme hématome.

J’ai l’habitude, souffla-t-elle, troublée par la proximité du jeune inspecteur.

Lorsqu’il releva la tête et vit dans son regard le même désir que le sien, il eut l’impression d’êtrefoudroyé sur place et, cette fois, il n’y résista pas. Il captura sa nuque dans sa main et posa sa bouchesur la sienne. Il ne voulut pas l’effrayer, aussi se contenta-t-il de l’effleurer de la langue avecdouceur, sans aucune précipitation. Ce fut elle qui mit le feu aux poudres en gémissant contre ses

lèvres et en se plaquant contre lui. Leurs corps s’emboîtaient à la perfection, les seins d’Adalines’écrasèrent contre le torse de Gabriel, qui frémit violemment. Tout son être hurlait de la faire sienne,de la prendre encore et encore jusqu’à ce qu’elle ne puisse plus prononcer qu’un seul prénom : lesien… Comme si Dieu répondait à ses prières, Adaline se cambra contre lui…

Oh, Gab’, je t’en supplie.

Les doigts d’Adaline se frayèrent un passage sous son tee-shirt. Voulant un contact plus rapproché,Gabriel prit les choses en main. D’un geste brusque, il retira son maillot, poussa la jeune femme enarrière et s’allongea sur elle. Il frissonna à nouveau en sentant les paumes fraîches d’Adaline sur sapeau. Elle lui caressait le torse, les reins, les hanches… Lui-même n’était pas en reste, il étaitparvenu, sans savoir comment, à faire glisser les bretelles de la jeune femme qui était à présent nuejusqu’à la taille. Il empoigna un sein avec douceur tout en dessinant du bout de la langue le contour deson mamelon. Elle réagit aussitôt… ou plutôt ses tétons manifestèrent leur contentement en sedressant et en se tendant vers lui. Ils étaient d’une couleur si sombre qu’ils semblaient gorgés desang, aussi gros que des noyaux de cerises, aussi durs également, mais ils avaient une particularitéqui l’intrigua et l’excita encore plus… ils étaient longs… près de deux centimètres d’érection etGabriel se demanda tout de suite l’allure qu’ils auraient ornés de pinces.

Ils sont si beaux, souffla-t-il en les caressant de la pulpe du pouce, je crois que je n’en ai jamaisvu d’aussi magnifiques…

De nouveau, il s’empara de sa bouche, mais il n’y avait plus rien de tendre dans son baiser. Ilvoulait lui faire comprendre qu’il la désirait sincèrement, que personne d’autre qu’elle ne comptaiten cet instant. Qu’ils étaient seuls et qu’il la voulait… désespérément.

Elle le repoussa toutefois doucement. Il était prêt à la supplier… lorsqu’elle retira sa nuisette.Gabriel remarqua alors qu’il n’y avait plus rien de maladroit ou d’hésitant dans ses gestes. C’étaitune femme en proie à un désir lancinant qui lui faisait face et il était bien décidé à la satisfaire.

Il l’empoigna par les cheveux, plongea son regard dans le sien afin qu’elle comprenne qu’il allaitla prendre là, tout de suite, et quand Adaline se laissa tomber en arrière, l’attirant vers elle, il réalisaqu’il n’aurait pas à la prier, qu’elle était parfaitement consentante. Il bondit hors du lit, posa son armesur la table de chevet et, sans rompre le contact, commença à retirer le premier bouton de son jean…puis un autre…

Oh, Gabriel, tu es magnifique ! énonça-t-elle, les yeux embués par la passion… Elle reculalégèrement afin de prendre place au milieu du lit et se cambra comme si le simple fait qu’il l’observeavait le même impact sur elle que s’il l’avait caressée du bout des doigts.

Gabriel s’apprêtait à ôter son jean lorsqu’un coup de sonnette retentit, brisant ce moment si parfait.

Ne réponds pas ! le supplia Adaline en tendant la main vers lui.

Gabriel ferma les yeux. Lui aussi aurait voulu poursuivre, mais il avait une mission à accomplir.Sans un mot, les mâchoires crispées, il reboutonna son jean, se saisit de son pistolet et, sans même

prendre la peine de remettre son tee-shirt, se dirigea vers l’entrée. Adaline poussa un grognement à lafois de frustration et de soulagement. Tout à coup, les doutes ressurgirent et elle se demanda ce qui luiavait pris pour agir comme une « Marie couche-toi là ». Elle se leva précipitamment, fouilla dans savalise et en sortit un jean et un maillot fait de lanières et de transparence. Elle réalisa alors queGabriel avait oublié de mettre dans sa valise des sous-vêtements et, soudain, le souvenir de la rose etdu flacon de parfum la frappa de plein fouet. Elle était en danger, sa vie était menacée et elle nepensait qu’à une chose, écarter les cuisses afin de satisfaire ses besoins physiques. Pathétique ! Ellese rendit dans la salle de bains, fit tomber au passage un flacon d’après-rasage, se coupa en leramassant et fila sous la douche…

L’arme au poing, Gabriel s’approcha lentement de la porte, jeta un coup d’œil par le judas etpoussa un juron tout en déverrouillant le battant.

Joy, l’accueillit-il dans un soupir, il est à peine neuf heures, tu n’es pas censée faire la grassematinée avec Omerry ?

Toi, tu es grincheux ! Miss catastrophe a encore frappé ? ironisa-t-elle en retirant sa veste.

Au même moment, le bruit d’un verre brisé retentit depuis la salle de bains.

J’ai la réponse à ma question, poursuivit Joy sur le même ton en levant les yeux au ciel avant dereprendre. J’ai des infos pour toi et je préférais venir moi-même plutôt que t’envoyer Zainoun,quoique je suis certaine que la vision de toi à peine vêtu l’aurait émoustillée plus que de raison.

Tu sais très bien, ma jolie, qu’il n’y a que toi que je veuille… émoustiller, la singea-t-il en riant.Tu veux boire quelque chose ?

Un café bien fort avec quatre sucres et sans lait !

Gabriel croisa les bras, mettant en valeur sa puissante musculature et la fixa, les sourcils froncés.

Bon d’accord, capitula-t-elle. Verse-moi un verre de lait ! Je vais finir par en avoir qui va mesortir du nez si on me le presse.

Gabriel se mit à rire, se prépara un expresso, le laitage pour la future maman, mit de l’eau àchauffer pour le thé d’Adaline et déposa le tout sur la table basse.

Bon alors, tu me racontes…

Je préfèrerais que Miss Cata soit là, elle aussi !

Quelques minutes plus tard, Adaline faisait irruption dans le salon tandis que l’odeur du parfum deGabriel se répandait dans tout l’appartement. Elle marqua un temps d’arrêt en avisant Joy assiseconfortablement dans le fauteuil face à Gabriel qui lui souriait tendrement. Ils relevèrent la tête en lavoyant et froncèrent leur nez en avisant les forts effluves qui titillèrent leurs narines.

J’ai fait tomber un flacon de parfum, avoua-t-elle nerveusement en se mordillant la lèvreinférieure.

Le principal est que tu ne sois pas blessée, lui répondit-il en tapotant la place à ses côtés. Vienst’asseoir, Joy a des choses à nous dire ! Je t’ai préparé un thé, j’ai vu en fouillant chez toi que c’étaitce que tu buvais.

Merci, Gab’.

Il lui servit son mug et le lui déposa entre ses mains froides.

Eh ! Ça va aller ! lui promit-il en lui souriant gentiment.

Joy fronça les sourcils. Elle n’avait jamais vu son ami aussi attentionné avec une femme et sepromit de lui en toucher un mot dès qu’elle aurait eu cette petite discussion.

Bonjour, Adaline, j’ai quelques questions à te poser !

CHAPITRE 5

Adaline frémit devant le regard implacable de Joy. Comme s’il avait perçu sa tension, Gabriel luidonna un petit coup de genou. Elle lui jeta une œillade et se sentit un peu mieux lorsqu’il lui souritavec douceur.

Que veux-tu savoir, Joy ?

Tout d’abord, le parfum qui a été retrouvé dans ton tiroir à sous-vêtements. Mes hommes ontretrouvé un flacon identique dans ton armoire de toilette dans la salle de bains…

Adaline fronça les sourcils.

En effet, reconnut-elle. Je l’ai acheté à la parfumerie rue des Volets Bleus, mais lorsque je m’ensuis mis, j’ai fait une réaction allergique et…

Le regard dubitatif de Joy rendit Adaline furieuse.

Tu ne me crois pas, c’est ça ? s’écria-t-elle à bout de nerfs. Franchement, j’en ai marre, Joy. Çadure depuis le lycée, vous m’avez toujours prise pour une mythomane et ça commence à me peser !

Bien sûr, susurra Joy, et toutes les histoires que tu nous racontais, tu vas nous dire qu’elles étaientréelles peut-être ?

Oui ! rugit Adaline.

Gabriel posa sa main sur la cuisse de la jeune femme et regarda fixement sa patronne.

Je ne crois pas que ce soit important et…

Pas important ? s’exclama Joy. Je tiens à te signaler, Adaline, que si tu nous mens, je porteplainte pour allégations mensongères.

Adaline se leva, se dirigea vers son sac à main, en retira un rapport de sortie d’hôpital datant dedeux semaines plus tôt et le tendit à Joy. Cette dernière le lut avec étonnement.

En effet, marmonna-t-elle. Il y est noté que tu as fait une forte crise d’asthme suite au parfum etque tu es restée plusieurs heures sous oxygène.

Gabriel lança un regard d’avertissement à sa commissaire et fit signe à la jeune femme de

reprendre sa place.

Heureusement que j’ai trop de boulot en ce moment, grinça Adaline, car ces papiers seraientrestés chez moi et je n’aurais eu aucune preuve. C’est ainsi que tu gères le commissariat, Joy, enaccusant même les innocents ?

Tu ne l’as jamais été, l’attaqua Joy en serrant les poings. Tu te rappelles lorsque nous étions enseconde, tu es arrivée un après-midi en boitant légèrement et en nous disant qu’un chien t’avait mordules fesses ?

Oui, et il est où le problème ?

Tu nous as menti, à mes amies et à moi aussi ! gronda Joy.

Mais c’est faux !

Tu vas me dire que sur le trajet pour arriver au lycée, un molosse s’en est pris à la partie charnuede ton anatomie, que tu as eu plusieurs fils et que l’après-midi même tu étais en cours, assiseplusieurs heures sur une chaise ?

Oui, Joy, c’est ce qui s’est passé ! murmura Adaline.

Raconte-moi ! l’invita Gabriel en lui pressant la main. Même si je ne vois toujours pas le rapportavec notre affaire !

C’était un matin, j’étais en retard parce que j’avais dû aider mon frère à démarrer sa voiture, il afallu que j’aille me laver les mains qui étaient pleines de cambouis. Lorsque je suis ressortie, il étaitparti sans moi et, bien sûr, avec ma chance habituelle, le bus était déjà passé. J’ai pris mon sac et j’aidécidé de prendre un raccourci. Tout le monde savait qu’au bout du chemin, il y avait le ferrailleurqui gardait deux énormes chiens de garde attachés devant sa grille. Pas de chance pour moi, l’und’eux était parvenu à se libérer… Il m’a coursée sur quelques mètres avant de m’attraper la fessedroite. J’ai hurlé, j’ai crié si fort qu’un voisin est arrivé et lui a tiré dessus avec des balles deplastique… Le chien s’est barré, ma mère est arrivée, nous sommes allées aux urgences. Elle étaitfurieuse.

On le serait à moins ! bougonna Gabriel. Ce propriétaire…

Contre moi, le contredit-elle, parce que j’avais désobéi en empruntant ce chemin et pour mepunir, elle m’a obligée à repartir en classe.

Elle releva la tête et plongea son regard dans celui de Joy.

Tu veux peut-être que je baisse mon jean afin que tu puisses voir les cicatrices ? Et si ça peut teconvaincre que j’ai dit la vérité, sache que j’ai vécu chaque minute de ces heures de cours comme sij’étais en enfer tellement je souffrais.

Joy secoua la tête.

Et le fait que tu aies participé à une représentation de cirque ? C’était vrai aussi ? lui demanda-t-elle

Je n’ai jamais menti, Joy. J’avais gagné à un concours et j’ai eu la possibilité d’entrer sur la pistegrimée en clown, j’étais si maladroite que j’ai fait fureur auprès des enfants. Je n’ai rien inventé nonplus, lorsque je vous ai proposé de rencontrer Jean-Claude Van Damme{2}. J’avais obtenu un passpour six personnes lorsqu’il est venu faire la promo de son dernier film. Vous avez refusé de venir,avançant je ne sais plus quel prétexte. J’y suis allée et là non plus je n’ai pas eu de chance, notreacteur Belge, qui était en pleine forme, a voulu montrer à ses fans quelques mouvements de karaté etm’a percutée la joue de plein fouet. J’ai gardé la marque de son pied pendant plusieurs jours mais lànon plus vous ne m’avez pas crue !

Et l’argent ? insista Joy, décidée à avoir le dernier mot.

Écoute, Joy, Adaline a répondu à toutes tes questions et…

Non, c’est bon, murmura cette dernière en se tournant vers Gabriel. C’est à cause de cette histoireque j’ai décidé que de vraies amies m’auraient soutenue et que j’ai décidé d’arrêter les cours, je nepouvais plus continuer…

Quoi ? Que s’est-il passé ? insista Gabriel.

Tu connais les amies de Joy ? Gillian, Éléa et les autres ? demanda Adaline à Gabriel.

Oui !

Alors tu sais comment elles sont : fières, hautaines et n’ayant aucun souci d’argent… et il y avaitmoi, vilain petit canard qui tentais de me faire une place parmi elles, qui rêvais de faire partie deleur bande… Je ne faisais que les coller, les suivre, voulant à tout prix me faire accepter. C’est ainsiqu’elles ont parlé devant moi d’un voyage qu’elles voulaient faire, une semaine à Disneyland Paris.Elles ont accepté à contrecœur que j’aille avec elles. Elles avaient le fric pour payer les entrées etl’hôtel. Moi, j’ai retiré toutes mes économies pour les accompagner. Puis le moment d’aller cherchernos tickets était venu. Aucune d’entre elles n’était disponible… Je me suis dévouée... Huit jours etsept nuits dans un des palaces les plus somptueux, le Disney’s Newport Bay Club{3}. Cinq mille eurosen liquide…

Bon sang mais vous étiez inconscientes ou quoi ? s’écria Gabriel. Elle aurait pu se faire agresseret…

C’est ce qui s’est passé, avoua Adaline en retenant un sanglot. Ils étaient trois, ils m’ont suiviedans une ruelle, m’ont frappée, arraché mes vêtements, laissée en sang dans cette impasse.

Et si c’était vrai, s’énerva Joy, qui commençait à se sentir mal à l’aise, pourquoi ne pas avoir

porté plainte ?

Parce que vous ne m’avez pas fait confiance, avoua-t-elle dans un souffle. Lorsque je vous aiappelées pour vous raconter ce qui s’était passé, vous m’avez traitée de menteuse !

Ton frère venait de s’acheter une voiture d’occasion et il se baladait avec, sous notre nez, lemontant encore noté sur le pare-brise, le montant exact avec lequel tu étais partie…

Jamais je n’aurais fait ça ! s’écria Adaline. Je voulais juste être votre amie, je ne vous aurais pastrahie ! Mais là encore, lorsque ma mère a vu que vous ne me croyiez pas, elle a décidé que ce n’étaitpas la peine de porter plainte, que de toute façon, avec ma malchance, c’est encore moi qui seraiscondamnée. J’ai quitté le lycée deux jours plus tard…

Alors, la voiture de ton frère ? demanda sourdement Joy.

Tu aurais creusé un peu plus, ou demandé au père d’Éléa de faire des recherches, vous auriez suque mon frère avait gagné cette somme en pariant aux courses ! Voilà d’où lui venait cet argent !

Gabriel posa sa main sur l’épaule de la jeune femme et la serra doucement contre lui.

C’est tout ce que tu avais à dire, Joy ?

Euh… non… balbutia-t-elle, soudain mal à l’aise. L’affaire… Nous avons découvert qu’unhomme avait acheté une dizaine de flacons de parfum, mais il a payé en liquide, donc on n’a aucunepiste sérieuse. Le fleuriste se rappelle également qu’un individu de sexe masculin lui a pris uneunique rose. S’il s’en est souvenu, c’est parce que l’individu en question lui a dit, je cite : « Je vaisl’étouffer de mes attentions jusqu’à la faire mourir de plaisir ».

Oh mon Dieu ! gémit Adaline en portant la main à sa bouche.

Tout ira bien ! la rassura Joy. Il ne t’arrivera rien, Gabriel te protégera envers et contre tout.

Et… et Arturo, c’est lui le responsable ? s’enquit Adaline en tremblant.

L’agent Galan Devreaux s’en occupe, la renseigna Joy. Il va récupérer la liste de ses visiteurs,des appels qu’il a passés et le rencontrera au parloir. Nous devrions avoir plus de renseignementsd’ici lundi soir. En attendant, tu es assignée à résidence !

Quoi ? Mais c’est impossible, il faut que j’aille aider mon frère, et j’ai mon boulot et…

Tes employeurs ont été avertis que tu serais indisponible pour une dizaine de jours, la coupa Joy.Nous espérons que tout ne soit plus qu’un mauvais souvenir d’ici ce laps de temps. En attendant,profites-en pour te reposer.

Joy se leva et se dirigea vers la sortie lorsqu’elle se retourna brusquement.

J’ai oublié de te demander… Y a-t-il quelqu’un qui a le double de tes clés ? Tes parents ? Tonfrère ? Un petit ami ?

Non, personne !

Et un ancien copain ?

Joy, je n’ai eu que deux relations, Hervé au collège, et Chad à l’université. Et je peux t’assurerque ni l’un ni l’autre n’a semblé désespéré à l’idée de me quitter !

Des abrutis, marmonna Gabriel tandis que Joy fronçait à nouveau les sourcils.

Tu ne t’es pas fait d’ennemis et…

Adaline éclata de rire.

Joy, tu me connais. Je sais que vous m’appeliez Ada la Cata… alors toi et moi savonsparfaitement que je suis ma seule ennemie !

D’accord ! Gabriel, raccompagne-moi, j’ai à te parler ! lui ordonna Joy.

Il se tourna légèrement vers Adaline.

Seul à seul ! reprit-elle sèchement. Dehors !

CHAPITRE 6

Gabriel suivit Joy sur le palier. Il était furieux contre la jeune commissaire, mais surtout de lafaçon dont ses amies et elle avaient agi vis-à-vis de la douce Adaline.

Je peux savoir quel est ton problème ? rugit-elle dès que la porte fut refermée.

Je… Quoi ?

Tu as remarqué comment tu te comportes avec elle ? Tu crois que je ne t’ai pas vu ? Ta main sursa cuisse, autour de ses épaules…

Mais merde, Joy ! Il est où le souci exactement ? gronda-t-il. Tu m’as mis en congé pour laprotéger, parce que là, dehors, il y a un psychopathe qui a juré de lui faire la peau !

Et tu es obligé d’être si tendre… si doux avec elle ? J’avais l’impression d’être en face d’uncouple, pas d’un de mes hommes et d’une cible potentielle !

Je vais peut-être me répéter mais… Et alors ?

Alors ? Gab’, tu es flic, tu es censé la protéger, pas baiser avec elle !

Si je ne savais pas que tu es follement amoureuse d’Omerry, je pourrais jurer que tu es jalouse !

Jalouse ? De Miss Catastrophe ? ironisa-t-elle. Merde, Gab’, cette fille n’est pas capable delacer ses chaussures sans faire un vol plané. Elle descend les escaliers, elle trébuche et se retrouvesur les fesses. Elle ne peut pas prendre un repas sans orner ses vêtements de taches, elle…

Bon sang, Joy, est-ce que tu t’entends parler ? On se croirait de retour dans les années lycée…Merde, je ne pensais pas que toi et tes amies étiez si pimbêches… Vous vous rendez compte dutraumatisme subi par Adaline ?

Gab’, tu es mon ami, je peux te dire que tu es en train de faire une énorme bêtise. Cette fille n’estpas pour toi…

Pourquoi, Joy ? Parce qu’elle ne rentre pas dans une taille 38 ? Parce qu’elle est maladroite ?

Gabriel accula Joy contre le mur.

Tu voudrais que je te dise quoi, Joy ? Que je m’intéresse à Adaline parce que tu m’as repoussé ?

Que je suis tellement brisé à l’idée que tu te sois remise avec Omerry que j’ai décidé de sauter sur lapremière fille avec des rondeurs venue ? Qu’est-ce que tu veux m’entendre dire ?

Il se pencha vers elle et articula près de son oreille.

Joy, mon cœur ne bat que pour toi, mais j’ai des besoins physiques et je suis troublé par lesformes de cette miss catastrophe en jupons. J’ai envie de la baiser, de m’amuser de sa maladresse etde…

Je… je… excusez-moi. Joy, tu as oublié ton portable et…

Adaline lui tendit et se précipita à l’intérieur tandis que Joy et Gabriel se regardaient, horrifiés.

Oh mon Dieu, Gab’, je suis désolée, chuchota Joy devant le visage livide de son ami. J’ignoraisque tu ressentais réellement quelque chose pour elle. Merde, vous vous connaissez depuis moins devingt-quatre heures !

Oui, eh bien, je peux te rassurer, grinça-t-il, à cause de mon petit numéro et des conneries que jeviens de débiter pour te faire comprendre qu’elle me plaisait, j’ai bien peur qu’elle ne me laisse plusl’approcher !

Tu as réellement envie d’elle ?

Oh bordel, oui ! s’écria-t-il.

Même si tu sais que ce n’est pas une fille pour toi ?

Quelqu’un t’aurait dit la même chose d’Omerry, aurais-tu baissé les bras ? Te serais-tu détournéeafin de choisir quelqu’un de mieux ?

Non ! chuchota-t-elle. C’était lui, dès le début !

Tout comme c’est elle depuis que j’ai posé les yeux sur son corps magnifique. Je ne croyais pasau coup de foudre, mais je peux te dire qu’en quelques heures, elle s’est incrustée sous ma peau !

Alors, ne la lâche pas ! Fais-lui comprendre que tu es là, et que tu es bien décidé à rester ! Ellemérite d’être heureuse, dit-elle dans un souffle. Je regrette tellement la façon dont nous l’avonstraitée.

Tu ne vas pas me sortir une ineptie du genre : « On ne mélange pas travail et plaisir » ?

Gab’, officiellement tu es en vacances ! Ce que tu fais avec Adaline ne regarde personne,capitula-t-elle.

Il se pencha vers son amie, la serra contre lui et se dirigea vers son appartement. Il jeta un coupd’œil par-dessus son épaule.

Souhaite-moi bonne chance, je crois que je vais en avoir besoin !

Et elle aussi, murmura Joy en voyant l’air décidé de son inspecteur.

*

* *

Gabriel n’eut pas à chercher longtemps après Adaline, il n’avait qu’à suivre les sanglotsdéchirants qui provenaient de la chambre. Il poussa la porte et s’installa près de la jeune femme.

Adaline, ce que tu as entendu est juste un affreux malentendu, commença-t-il en lui caressantdoucement les cheveux. Je tentais d’expliquer à Joy ce que je ressentais pour toi !

Oh… bien… sûr… hoqueta-t-elle. En… p… plus d’être une… catastrophe ambulante… Je suissourde !

Il n’y a pas de mot assez fort pour te dire à quel point je me dégoûte de t’avoir fait pleurer. Joyest une amie, seulement une amie, insista-t-il. Elle est en couple et attend un enfant. Il y a quelquesmois, elle a vécu une période assez difficile, une rupture, elle a été blessée, et j’étais là… Est-ce quej’avais envie d’une histoire avec elle ? Oui, peut-être ! Est-ce que mes sentiments pour elle étaientaussi forts que tu as pu le croire suite à notre discussion ? La réponse est non ! Elle était ma collègue,mon amie, mais rien de plus !

Pour la première fois depuis qu’il avait franchi la porte de la chambre, Adaline se tourna vers lui.Il semblait si sincère qu’elle aurait voulu le croire. Elle décida à son tour d’être honnête avec lui.

Je te désire, murmura-t-elle, comme jamais je n’ai désiré un homme. Je… je ne sais pas ce que jeressens pour toi, c’est bien trop tôt j’en suis consciente, mais lorsque je plonge mon regard dans letien, pour la première fois, je me sens belle, sexy. Mes kilos en trop ne sont plus qu’un mauvaissouvenir, ma maladresse disparaît…

C’est parce que c’est ainsi que je te vois, lui répondit-il en s’allongeant à ses côtés. Si Joy n’étaitpas venue tout à l’heure, tu sais ce qui se serait passé ! Je me serais glissé en toi, dans ta douceur,j’aurais dévoré ton corps de baisers, de caresses… Oh bon sang, si tu savais ce que j’ai imaginé…

Dis-moi, souffla-t-elle.

Il l’entoura de ses bras, s’installa confortablement et chuchota…

Tes seins… Tes seins me rendent fou, commença-t-il en les caressant à travers son haut. Lorsqueje les ai vus tout à l’heure, j’ai eu une irrésistible envie de les enserrer dans des pinces tétons. Je

veux les lécher, les mordiller, les rendre aussi sensibles que possible…

Il glissa sa main sous son top et en pressa un doucement.

Avec toi, j’ai peur de ne plus avoir aucune limite, je rêve de voir le bout de tes seins rougis parmes baisers, par les pinces. Je veux te faire jouir uniquement en m’occupant d’eux. Ils sont beaux,lourds, débordent de mes mains et, pourtant, je n’ai qu’une hâte : que tu me fasses suffisammentconfiance pour que je puisse nicher mon membre entre tes deux splendides globes… Je donnerai descoups de reins tout en enserrant ma queue entre tes jolis nichons afin qu’elle soit entourée de chaleur,de douceur. Et soit certaine qu’il ne faudrait que quelques va-et-vient pour que j’éjacule sur ta joliepoitrine. Je recueillerai ma semence du bout des doigts et je te la ferai goûter avant d’en barbouillertes mamelons. C’est la première fois que je marquerai une femme de cette façon, mais je suis sûr quej’adorerai te voir ainsi, nue, mon sperme sur ta peau.

Il serra un de ses seins plus fermement et elle gémit de plaisir…

Encore, murmura-t-elle en pressant ses cuisses l’une contre l’autre. Dis-moi encore ce que tuveux faire de moi.

Oh, si seulement tu savais à quel point mon imagination est fertile, laissa-t-il échapper dans uneplainte.

Il déboutonna le jean d’Adaline, baissa sa fermeture et glissa sa main dans l’ouverture.

Oh bon sang, gémit-il, j’ai oublié que tu n’avais pas de sous-vêtements.

Il plaqua sa paume sur son pubis, appréciant le fait qu’elle ne soit pas intégralement épilée. Oh,bien sûr, elle n’avait pas de « fourrure », mais une légère toison aussi douce que du duvet.

Il faudrait ensuite que je me consacre à cette adorable petite chatte, poursuivit-il en mordillantson oreille. Elle se sent délaissée et, pourtant, j’ai hâte de m’occuper d’elle. Je me glisserais entretes cuisses nues et te les écarterais jusqu’à ce que j’ai une vue dégagée sur ta féminité. Jem’installerais confortablement afin que je puisse la regarder, l’admirer, apprécier la façon dont ellesera trempée pour moi, car je n’ai aucun doute à ce sujet, tu vas mouiller, ma belle. Puis à l’aide demes pouces, j’écarterais tes pétales soyeux afin de me délecter en avisant ton clitoris qui s’érigeraitpour moi, tes lèvres écartées, ta vulve gonflée, et surtout l’entrée de ton intimité. Elle palpiterait enrythme avec les battements de ton cœur, du mien.

Il enfonça un doigt en elle avec douceur, se retenant pour ne pas gémir en la sentant se contractersur son majeur.

Puis je te goûterais, du bout de la langue, allant de bas en haut, aspirant entre mes lèvres ton petitbourgeon, puis recommençant, encore et encore, jusqu’à ce que tu exploses sous mes papilles,jusqu’à ce que je puisse goûter ta saveur intime sur ma langue…

Sur ces mots, il pressa son pouce sur sa perle à présent dure. Il ne fallut que quelques mouvements

circulaires à Gabriel pour mener Adaline à l’orgasme et, tandis qu’elle tentait de reprendre sesesprits, il lui embrassa doucement la joue.

Repose-toi, Adaline, je veille sur toi, murmura-t-il avant de quitter la pièce.

CHAPITRE 7

Le lendemain soir, Galan Devreaux était venu en personne faire son compte rendu à Gab’ maisaussi, il devait l’avouer, jeter un coup d’œil à cette femme à la fois magnifique, innocente et fragile.Il avait eu de mauvaises nouvelles à leur annoncer. À part son avocat, Arturo Bellope n’avait reçuaucune visite, aucun appel et encore moins de courrier, il avait été abandonné de tous et cherchait larédemption dans la foi. Galan était reparti une demi-heure plus tard en chuchotant à son ami qu’unefois l’affaire terminée, s’il ne posait pas une option sur la jeune femme, lui s’en chargerait volontiers.C’est la seconde fois que Gabriel eut envie de taper sur son collègue.

Le mardi, c’est l’agent Zainoun qui vint rendre visite à Gab’. Lui, qui avait une vie assez solitaire,voyait son appartement envahi à n’importe quelle heure du jour. Malika s’était plainte une nouvellefois de sa condition de Maghrébine incomprise jusqu’à ce que Gabriel l’ait interrompue sèchement enlui demandant la raison de sa présence. Elle avait fait le tour des parfumeries du coin et, à part cellede la rue des volets bleus, aucun autre flacon n’avait été vendu en ville, de même, le portrait-robot duclient repéré par le fleuriste n’avait rien donné ! Ils n’avaient aucune piste…

Gabriel poussa un juron en observant discrètement Adaline. Cette dernière s’ennuyait. Le week-end approchait à grands pas et la jeune femme était enfermée depuis près de cinq jours. De touteévidence, elle ne supportait pas l’inactivité et cet état la rendait encore plus maladroite si une tellechose fut possible. Le matin même, elle avait tenté de faire des crêpes, une très bonne initiativequ’avait saluée Gabriel, mais lorsqu’il avait entendu des cris et qu’il était arrivé dans la cuisine, ilavait laissé échapper un soupir à la fois de soulagement et de terreur contenus. L’écharpe d’Adalineavait pris feu, heureusement, elle avait eu la présence d’esprit de l’arracher de sa gorge et la jeterdans l’évier. Elle avait lancé un regard si pathétique à Gabriel qu’il n’avait pas eu le cœur àl’engueuler. Il s’était contenté de la serrer dans ses bras pendant qu’elle tremblait de frayeur.

J’ai une idée, s’écria-t-il tandis qu’il surfait sur internet. Que dirais-tu d’aller au ciné ce soir ?

C’est vrai ? Tu es sérieux ? s’exclama-t-elle, une lueur de bonheur dans les yeux.

Oui, c’est mortel ici, alors qu’est-ce que tu en dis ? Un policier ? Un thriller ? Une comédieromantique ?

Un bon film d’horreur bien sanglant ! décida-t-elle en riant.

Gabriel s’esclaffa à son tour.

Une femme comme je les aime ! En revanche, on va devoir prendre quelques précautions.

Je suis prête à me menotter à toi si ça me permet de sortir prendre un peu l’air.

Ne me donne pas de telles idées ou c’est à mon lit que je t’attache, la menaça-t-il.

Qui te dit que je refuserais ?

Gabriel en resta bouche bée. Après la scène du palier et celle plus intime qui avait suivi, Adalinen’avait montré aucun signe d’attirance envers lui et il avait pensé qu’il ne l’intéressait pas mais,visiblement, la coquine cachait bien son jeu. Il se leva de sa chaise et se dirigea vers Adaline qui,allongée sur le divan, lisait tranquillement.

Alors ainsi, tu ne refuserais pas d’être menottée, murmura-t-il en s’agenouillant à ses côtés.Qu’accepterais-tu d’autre ?

Je n’ai pas beaucoup d’expérience, avoua-t-elle en mordillant sa lèvre inférieure, alors à toi deme faire des propositions.

Aussitôt Gabriel sentit son sexe durcir sous la toile de son jean.

Tu me fais bander, chuchota-t-il à son oreille.

Voyons, monsieur l’inspecteur, quel langage ! le taquina-t-elle en caressant sa joue du bout desdoigts. Comment sommes-nous passés d’une séance de ciné à une conversation érotique ?

N’oublie pas que c’est toi qui as commencé ! rétorqua-t-il en riant. Où en étions-nous ?

Tu proposais de me menotter et je t’avouais que je n’étais pas contre cette idée.

Alors que pourrais-je te faire ? Oh, ça y est, je m’imagine très bien… Tu es allongée, tu ne portesaucun vêtement, tes mains attachées au-dessus de ta tête mettent en valeur ta poitrine magnifique.

On dirait que tu fais une fixation sur mes seins, murmura-t-elle en les prenant en coupe et en lessoupesant.

Oh bordel ! gémit-il en la voyant faire. Tu sais à quel point ça me fait de l’effet.

Alors… insista-t-elle, je suis nue…

Je me suis muni d’une plume, longue, colorée. Je t’en caresse la joue, les lèvres, la gorge… avantde glisser sur tes seins. Tu réagis violemment, en te cambrant sous mes effleurements. J’utilise lesbarbes{4} pour parcourir négligemment ton corps, comme si j’en étais désintéressé, mais il n’en estrien, au contraire, je surveille chaque réaction, chaque frémissement… Je réalise alors que, lorsqueje la glisse entre tes cuisses, tu les resserres, comme si ces doux attouchements t’étaientinsoutenables, comme si tu étais en proie à un désir qui te vrille les reins…

Tout en se caressant les seins, Adaline laissa échapper un long gémissement qui fit frémir Gabriel.

Touche-moi, Gab’, je t’en prie…

Gabriel posa sa main avec douceur sur celle de la jeune femme.

Non, je veux te voir te donner du plaisir, refusa-t-il en baisant ses lèvres, je veux te regarder…

Alors, continue de me parler, le supplia-t-elle.

Gabriel se racla la gorge à plusieurs reprises, troublé par la sensualité qui se dégageait d’Adaline.

Ta peau est réceptive, reprit-il, tu aimes ce que je te fais, et tes soupirs me comblent d’aise.J’utilise à présent la pointe de la plume et j’en trace des arabesques sur ton ventre, sur tes cuisses...Parfois, je te griffe un peu, mais loin de me repousser, tu en redemandes… Alors je l’utilise sur tesseins, sur tes tétons. Je m’amuse à te les piquer doucement et ça t’excite.

Adaline poussa un nouveau cri et pinça un peu plus fortement ses pointes dures et sensibles.Gabriel lui saisit la main, la guida vers sa féminité et la pressa longuement. Il releva sa jupe ample etl’enroula autour de sa ceinture élastiquée. Elle n’avait toujours pas récupéré ses sous-vêtements et dela savoir ainsi à longueur de journée, nue, offerte, mettait ses nerfs à rudes épreuves. Elle étaittrempée, il pouvait voir l’écoulement qui s’échappait de son entrecuisse. Il ne put s’empêcher d’ypasser les doigts, grondant à son tour en prenant conscience de son désir et il sut qu’il ne pourraitplus attendre une minute de plus…

Je… j’ai besoin d’être en toi, Adaline, laissa-t-il échapper en tremblant.

Alors qu’attends-tu ? demanda-t-elle tout en continuant de se caresser.

Il retira un préservatif de sa poche arrière, arracha les boutons de son jean et se protégea d’ungeste preste, trahissant une grande habitude. Adaline ressentit un pincement au cœur en faisant cetteconstatation mais lorsqu’il s’agenouilla à nouveau, qu’il l’attira jusqu’au bord du canapé et qu’ilnoua ses jambes autour de sa taille, elle oublia tout. Il se positionna à l’entrée de son intimité et elles’ouvrit pour lui, laissant échapper un long soupir lorsqu’il s’enfonça en elle millimètre parmillimètre.

Oh bon sang, Linie, tu es si chaude, si douce, si serrée…

Je t’en prie, Gab’, il me faut… il me faut…

Tu auras ce dont tu as besoin, lui promit-il en lui donnant un coup de reins.

Ouiiiiii, Gab’ !

Il la saisit aux hanches et se mit à aller et venir en elle tout en caressant ses seins. Elle se cambraviolemment et, l’attirant par la nuque, posa ses lèvres sur les siennes. Leur baiser fut aussi brûlantque la passion qu’ils ressentaient l’un pour l’autre. Leurs langues se nouèrent, se cherchèrent avant dese retrouver encore et encore. Leurs salives se mêlaient, leurs lèvres soudées ne se lâchaient plus…

Gabriel avait l’impression d’être serré dans un gant et avait peur de la blesser, mais Adaline étaitdéchaînée. Elle était si libertine, si sexy qu’il ne pouvait s’empêcher d’accélérer ses mouvements. Illa maintenait si fermement qu’elle en aurait sûrement des hématomes mais elle ne semblait pas s’ensoucier. Au contraire, ses mains étaient partout sur le corps de Gab’, elle le caressait, le griffait sousla passion, et quand elle jouit en hurlant son nom, il la rejoignit dans l’orgasme en la serrant dans sesbras.

Adaline tremblait violemment, des spasmes de plaisir contractaient ses muscles intimes, deslarmes ruisselaient sur ses joues empourprées mais jamais Gabriel n’avait vu de femme aussi bellesous la jouissance. Il posa un baiser plein de tendresse sur ses lèvres avant de se diriger vers la sallede bains.

Lorsqu’il revint, Adaline n’avait pas bougé d’un poil. Il se saisit d’un gant de toilette qu’il avaithumidifié et en rafraîchit son corps avant de le glisser entre ses cuisses.

Ça fait du bien, murmura-t-elle en s’étirant.

À ton service ! la taquina-t-il.

La prochaine fois, il faudra qu’on essaye le lit… et les menottes !

Moi qui pensais que tu étais une fille sage, me voilà avec une petite coquine à gérer.

Adaline se sentit rougir, se demandant si elle n’avait pas été trop bruyante, si elle n’avait pasmontré trop d’enthousiasme, si…

Arrête de penser si fort, je sais ce qui se passe dans cette jolie petite tête. Tu cherches à savoir sic’était aussi bien pour moi que pour toi, si je regrette, si j’ai pris du plaisir à te faire l’amour…

Sors de ma tête, Stamos ! gronda-t-elle en retenant un éclat de rire, mais tu as raison, je me posetoutes ces questions !

Alors, laisse-moi te rassurer ! Je crois que j’ai atteint le nirvana. Habituellement, lorsquej’atteins l’orgasme, je parviens à franchir des petites collines, avec toi, j’ai dépassé les sommets duKilimandjaro !

Oh, Gab’…

Elle se leva d’un bond, laissa sa jupe redescendre le long de ses jambes et se jeta au cou deGabriel.

… personne ne m’a jamais dit quelque chose d’aussi gentil.

Alors, laisse-moi t’en dire encore une. Lorsque tu fais l’amour, il n’y a rien de maladroit en toi,uniquement un érotisme effarant, lui dit-il sérieusement.

Adaline sentit son cœur se serrer et un sentiment étrange s’empara d’elle. Gabriel la fixaintensément, comme s’il lisait dans ses pensées.

Nous devrions choisir le film pour ce soir, laissa-t-elle échapper dans un souffle, sinon nous nesortirons pas de cet appartement.

Gabriel hocha la tête sans oser lui dire que ce programme paraissait plus alléchant que d’allers’enfermer dans une salle de cinéma.

CHAPITRE 8

Dès leur arrivée au complexe cinématographique, Gabriel repéra ses amis. Quelques heures plustôt, pendant qu’Adaline se reposait, il avait appelé Galan, Baldrick et Raphaël. Il s’agissait de troisagents dont il avait fait la connaissance à son arrivée au commissariat du centre-ville et avec lesquelsil avait noué une sincère amitié. Ils étaient là en renfort et se fondaient parmi les badauds. Galan setenait à l’écart pour ne pas être reconnu par Adaline. À chaque fois que Gabriel pensait à elle et aufait qu’elle avait croisé son ami dans les vestiaires, et ce, dans le plus simple appareil, un sentimentde possessivité l’envahissait. Il se serait cru revenu au temps de la préhistoire… il ne manquait plusqu’il se tape les poings sur le torse en criant : « À moi ! », pour parfaire le tableau.

Eh, tu vas bien ? lui demanda Adaline d’une voix douce en pressant sa main.

Oui, oui, ça va, j’inspecte juste les environs.

Détends-toi, lui conseilla-t-elle, je ne pense pas que celui qui en a après moi tente quoi que cesoit au milieu de la foule ! Et puis, tu n’es pas le seul à me protéger, je me trompe ? Galan est là-bas,de dos, au bar, et ça m’étonnerait qu’il soit là pour les boissons ! Il y a aussi le grand blond quidomine la foule de toute sa hauteur… mince il aurait pu être basketteur ou mannequin !

Il s’agit de l’agent Baldrick Stevajson, la renseigna-t-il en souriant. Tu es sûre que tu ne veux pasdevenir flic ?

Et risquer de tuer un de mes coéquipiers ? Tu as remarqué que les armes et moi ne faisons pasbon ménage et utiliser un Taser ? Je serais capable de m’électrocuter moi-même.

Gabriel éclata de rire.

Au fait, si je peux me permettre un conseil, Baldrick ne fait pas très discret ! lui dit Adaline enfaisant la moue.

Justement, qui pourrait penser qu’il est flic ? la contredit Gabriel.

Oui, tu as raison, reconnut-elle, mais il serait plus à sa place sur un terrain de sport.

Gabriel se pencha vers elle et en profita pour humer son parfum.

Il y en a encore un que tu n’as pas remarqué et…

Tu veux parler du gars sur lequel toutes les femmes présentes dans ce hall sont en train de baver ?

se moqua-t-elle.

Oh bon sang, comment tu fais ? maugréa-t-il.

C’est mon radar à beaux mecs qui s’affole lorsqu’il y en a un dans les parages, ironisa-t-elle.

Pourtant, la plaisanterie ne fut pas au goût de Gabriel. Il se saisit de la main d’Adaline et l’attira àl’écart.

Ne dis pas des choses pareilles, gronda-t-il en la plaquant contre le mur en posant ses mains dechaque côté de sa tête, j’en deviens fou !

Adaline s’esclaffa mais son rire se figea lorsqu’elle vit le visage tendu de Gabriel.

Tu es sérieux ? murmura-t-elle. Tu penses vraiment que j’essaie de te rendre jaloux ? Merde,Gab’, si quelqu’un devrait avoir des doutes ici, c’est moi ! Tu n’as pas remarqué toutes ces filles quite déshabillent du regard ? Tu n’as pas vu celle qui t’a souri de façon si provocante, que tous lesmecs autour ont failli avoir un orgasme ? Ce sont toutes des bombes, des filles aussi sexy que Joy,comment veux-tu qu’une fille comme moi puisse soutenir la comparaison avec l’une d’elles ?

Et pourtant, chuchota-t-il en mordillant sensuellement le lobe de son oreille, je n’ai regardéaucune autre que toi !

Oh, Gab’, gémit-elle.

Il s’empara de ses lèvres, il n’y avait plus de flic et de témoin, plus de garde du corps ou decliente à protéger, juste un homme et une femme en proie à des sentiments exacerbés. Leur baiser seprolongeait encore et encore jusqu’à ce qu’un raclement de gorge ne les fasse sursauter.

Stamos, merde ! Fais ton job ! gronda Baldrick à voix basse en se dirigeant vers les toilettes.

Gabriel posa son front sur celui d’Adaline, le cœur battant, le goût des lèvres de la jeune femmes’attardant sur les siennes.

On ferait mieux d’aller voir ce film, et j’espère qu’il sera bien sanglant parce que j’ai besoinde… décompresser, murmura-t-il en indiquant d’un signe de tête son entrejambe tendue par le désir.

Il recula d’un pas, referma sa veste afin de cacher la proéminence qui déformait son jean et, latenant toujours par la main, se dirigea vers la caisse. Quelques minutes plus tard, ils étaient installésdans la salle. Seul Baldrick les avait suivis et s’était assis quelques rangées au-dessus de la leur. Dèsque les lumières s’éteignirent, Gabriel s’empara de la bouche d’Adaline avec fièvre.

Nous aurions dû rester à l’appartement, murmura-t-il, j’ai envie de toi.

Elle fit un tel bond de surprise qu’elle renversa son gobelet de popcorn sur le siège devant elle,s’attirant un regard furibond de la part de l’homme qui y avait pris place.

Je… je suis désolée, marmonna-t-elle tandis que Gabriel riait silencieusement.

Adaline lui lança un regard furibond et tenta de se concentrer sur le film, mais elle n’y parvint pas.Les doigts de Gabriel dessinaient des arabesques sur sa main, sur son poignet, son avant-bras, et elleavait l’impression que chaque caresse se répercutait dans son bas-ventre. À de nombreuses reprises,les lèvres de Gabriel se posèrent sur sa joue, sur sa tempe, elle était si bien qu’elle se pelotonnacontre lui et, c’est enlacés, se caressant tendrement, qu’ils finirent la séance.

Ils attendirent que les autres spectateurs aient quitté la salle pour se lever. Ils furent rejoints parBaldrick qui leva les yeux au ciel.

Dire qu’il y en a qui paie pour mater un porno alors qu’il leur suffisait d’assister à cette séancepour être émoustillés ! Beau spectacle !

Ferme-la, Stevajson ! Tu n’as rien repéré ?

Non, à part deux ados qui n’ont rien manqué de votre performance !

Oh mon Dieu, gémit Adaline honteuse en enfouissant son visage dans ses mains.

Gabriel lança un regard terrible à Baldrick qui haussa les épaules en signe d’excuses.

Bon, nous ferions mieux d’y aller, énonça l’inspecteur. Baldrick, tu assures nos arrières !

Comme d’habitude !

Adaline et Gabriel sortirent enfin de la salle.

Je… j’ai besoin de me reprendre un peu, murmura Adaline, le visage écarlate. Je vais merafraîchir, j’en ai pour quelques minutes.

Avant que Gabriel n’ait pu prononcer le moindre mot, Adaline se précipita vers les sanitaires,bousculant violemment un homme au passage. Ce dernier se contenta de lui sourire et la fixalonguement lorsqu’elle lui tourna le dos. Gabriel fronça les sourcils et, discrètement, le prit en photo.

Tu as abandonné ta dulcinée, s’enquit Raphaël en se saisissant d’un programme et faisant mine del’observer.

Elle est partie se refaire une beauté.

Tu n’es pas obligé d’en faire autant pour faire sortir son harceleur, tu sais ?

Que veux-tu dire ? marmonna Gabriel.

Ben, t’afficher avec elle comme tu l’as fait tout à l’heure dans le hall ou la peloter pendant laséance… Baldrick m’a envoyé une petite photo, c’était… chaud !

Sache, Raphaël, que je n’ai pas agi ainsi pour faire sortir le loup du bois, gronda-t-il, menaçant,mais parce que j’en avais envie, parce que je ne pouvais pas m’en empêcher !

Bordel, ne me dis pas que tu kiffes cette fille ? Bon sang, Gab’, tu pourrais avoir toutes les nanasque tu veux, plus sexy, moins… ronde, moins godiche aussi !

Raph’, si tu n’as pas envie que je mette un terme à notre amitié, un petit conseil, ne parle plusjamais d’elle de cette façon ou tu risques de te prendre mon poing dans la gueule !

Raphaël regarda son ami, interloqué.

C’est bon, Gab’, j’ignorais que tu étais sérieux ! Je pensais qu’il s’agissait d’un rôle afin deconfondre celui qui harcèle Adaline…

Eh bien non, vois-tu ? Adaline commençait à devenir folle enfermée et…

Des éclats de voix les interrompirent. Gabriel et Raphaël se tournèrent vers le couple qui sedisputait et le sang de Gabriel ne fit qu’un tour lorsqu’il vit l’homme, assez jeune, se saisir du brasd’Adaline et la secouer violemment. Il se précipita dans leur direction, suivi de Raphaël. Du coin del’œil, il vit Galan et Baldrick se mettre également en mouvement. Le gars ne pourrait pas luiéchapper !

Adaline vit les quatre agents de police se précipiter vers elle. Elle savait avant même qu’ilsn’arrivent ce qui allait se passer. Gabriel attrapa violemment son agresseur et le plaqua contre le mur.

Bouge, remue ne serait-ce que le petit doigt et donne-moi ainsi l’occasion de te faire la peau,susurra-t-il à l’oreille de l’homme qui avait posé la main sur Adaline.

Cette dernière posa la main sur l’avant-bras de Gabriel et secoua la tête.

Ce n’est pas celui que tu cherches, Gab’, prononça-t-elle à voix basse, c’est mon frère Aaron.Mon frère ! insista-t-elle en voyant qu’il ne bougeait toujours pas.

Gabriel le relâcha brusquement et le repoussa en arrière.

Ne la touche plus ! gronda-t-il. Ne porte plus jamais la main sur elle !

Non mais attends, pour qui tu te prends ? s’exclama Aaron en avançant d’un pas, les poingsserrés. C’est de ma sœur dont il s’agit, elle m’envoie un message pour me signaler qu’elle estsouffrante, qu’elle ne peut pas venir travailler et elle se pavane là, comme si de rien n’était, à payerdes gigolos pour faire croire qu’elle a une vie sociale.

Se faire traiter de gigolo ne fut pas au goût des amis de Gabriel. Baldrick avança d’un pas etentrouvrit sa veste. Aaron pâlit en voyant l’arme glissée dans son holster.

Putain mais vous êtes qui ?

Je m’appelle Gabriel, et je suis le mec de ta frangine, alors un conseil, ne la menace plus commetu viens de le faire…

Ou quoi ? demanda Aaron, bravache.

Ce furent au tour de Raphaël et de Galan de montrer qu’ils étaient armés eux aussi.

Sinon on t’arrête pour violence et insulte à agents !

Des poulets ? Vous êtes des poulets ?!

Oui, et sache qu’à partir de maintenant, Adaline ne sera plus disponible pour gérer ta fichueboutique le week-end. Tu n’es pas le seul à avoir une vie et j’aime que ma femme soit dans mon lit,avec moi, lorsque je suis en repos, je me suis bien fait comprendre ? rugit Gabriel.

Aaron hocha la tête si vite qu’Adaline eut peur qu’il ne se brise une cervicale. Il quitta lecomplexe comme s’il avait le diable aux trousses. Sur le chemin du retour, Gabriel vit que la jeunefemme semblait soucieuse.

Eh tout ira bien, je te le promets !

Ce n’est pas ça, c’est juste… Merde, Gab’, tu lui as assuré que nous serions ensemble le week-end. Que se passera-t-il lorsque celui qui a pénétré chez moi sera arrêté ? Nous ne nous connaissonsque depuis quelques jours, crois-tu réellement qu’une fois cette affaire terminée notre relationperdurera ?

Lorsque mon père a rencontré ma mère pour la première fois, il s’est dit, c’est elle ! Deux moisplus tard, ils étaient mariés. Mon frère aîné avait vingt-huit ans lorsqu’il a rencontré Suzie, elle enavait dix-huit… ils sont mariés depuis une décennie et sont toujours aussi amoureux. Ma mère m’atoujours dit que lorsqu’un Stamos rencontrait la femme de sa vie, il la reconnaissait au premier coupd’œil et que, dès lors, il ne laisserait rien ni personne se mettre entre eux.

Qu’essaies-tu de me dire ?

Tu as parfaitement compris Adaline. La seule femme qui est faite pour moi se trouve juste à mescôtés.

CHAPITRE 9

Gabriel avait le cœur qui battait la chamade et un sentiment de peur étreignait sa poitrine.Lorsqu’il avait annoncé à la jeune femme qu’elle était à lui, elle n’avait pas réagi, se contentant detourner la tête vers la vitre. Elle ne prononça pas un mot non plus en descendant du véhicule ni mêmeen prenant l’ascenseur. Gabriel aurait voulu retourner en arrière et ne jamais avoir prononcé cesmots. C’était trop tôt, il le savait bien, mais il avait voulu qu’elle sache qu’elle était à lui et quejamais il ne la laisserait partir.

En arrivant sur son palier, il eut un moment de flottement, l’impression que quelque chose n’étaitpas normal. Il plaça son bras à l’horizontale pour éviter qu’Adaline ne passe devant lui.

Attends ! chuchota-t-il. Reste derrière moi.

Il sortit son arme, retira la sécurité et avança avec précaution. Un colis était posé contre sa porte etle prénom d’Adaline y était noté au marqueur. Il sortit aussitôt son portable et appela sa commissaire.

Joy, le fils de pute qui est aux trousses d’Adaline est parvenu à la dénicher chez moi, il y a uncolis suspect devant ma porte !

J’envoie une brigade de démineurs ! En attendant, virez-moi vos fesses de là ! Je vous rejoinsau Bonheur des Dames dans une heure. Ne touchez à rien !

Viens, on se tire !

Non ! s’énerva Adaline. J’en ai marre qu’il joue comme ça avec moi. Je sais que ça ne fait quequelques jours, mais je veux que ça s’arrête. Je veux retrouver ma vie, ma liberté !

Avant qu’il n’ait eu la possibilité de l’en empêcher, elle s’était saisie du paquet dont elle arrachal’emballage. Au centre d’un nid de papier de soie reposait un flacon de parfum, une rose et un mot.En tremblant, Adaline le décrypta. « Même si tu tentes de t’éloigner de moi en te mettant sous laprotection de la police, je te retrouverai ! Nos destinées sont liées. Tu ne lui appartiens pas, tu es àmoi ! ». Elle tendit le mot à Gabriel et se laissa tomber à même le sol, anéantie.

Gabriel était furieux. Il rappela Joy dans la minute.

Rejoins-nous à mon appartement ! Tu peux aussi dire aux démineurs qu’ils n’ont pas besoin de sedéranger et appelle les renforts, ce gars sait qui je suis !

Gabriel déverrouilla sa porte et s’assura de la sécurité avant d’aller chercher Adaline, toujours

prostrée dans l’entrée.

Allez viens, mon cœur, murmura-t-il en lui tendant la main. Nous serons mieux à l’intérieur. Joyne va plus tarder.

Mais qui est ce type ? demanda-t-elle d’un ton atone. Que me veut-il ?

Je ne sais pas, Adaline, je ne sais pas !

Lorsque Joy arriva une demi-heure plus tard, Adaline n’avait pas bougé. Elle était toujours assisesur le bord du divan.

Je présume que c’est toi qui as ouvert ce colis ? attaqua Joy directement sans prendre la peine desaluer personne. Et s’il y avait eu une bombe à l’intérieur ?

Avec ma malchance habituelle, je suis même étonnée qu’il n’y en ait pas eue, reconnut Adaline enlaissant échapper un rire amer.

Bon, tu as de la chance d’être dans un immeuble haut de gamme, Raphaël va inspecter lescaméras qui surveillent l’entrée mais il va avoir besoin de toi pour visionner les bandes vidéo. Tu esle seul à connaître les habitants et apte à remarquer si un intrus est parvenu à pénétrer dans les lieux !Malika et Baldrick enquêtent dans le voisinage pour savoir s’ils ont vu quelqu’un de suspect.

Je ne laisserai pas Adaline seule ici !

Je resterai avec elle en attendant que Galan me remplace. Raphaël devrait avoir récupéré lesbandes, vas-y !

Gabriel croisa le regard éperdu d’Adaline et se sentit sombrer avec elle. Pourtant, il afficha unsourire rassurant sur son visage. Il s’approcha, s’accroupit devant elle et lui saisit les mains.

Tout ira bien d’accord ? Joy sera là pour veiller sur toi ! Et vous pourrez parler du bon vieuxtemps, ironisa-t-il.

Ça ira, se força-t-elle à prononcer alors que tout en elle hurlait le contraire. Fais ton job, Gab’.

Joy vit avec stupéfaction son ancienne amie poser la main sur la joue de son inspecteur. Celui-ci nela repoussa pas, au contraire, il se saisit de son poignet et lui embrassa tendrement la paume.

Sois prudente d’accord ? S’il devait t’arriver quelque chose…

Toi aussi, Gab’. Ne joue pas au héros !

Il lui baisa les lèvres dans un baiser si tendre que les larmes montèrent aux yeux de Joy.

Fichues hormones ! bougonna-t-elle en sortant un paquet de mouchoirs de sa poche.

Adaline fixa longuement le dos de l’inspecteur Stamos tandis qu’il quittait l’appartement. Elle semit à trembler violemment et se tourna vers Joy.

Peut-on lui tendre un piège ? Crois-tu que si je sors seule de cet appartement, il aura le cran devenir me voir directement ?

Non ! trancha Joy.

Tu as peur que je fasse tout foirer, c’est ça ?

Joy se leva, prit place aux côtés d’Adaline et lui serra la main tendrement.

Non, Ada, ce n’est pas ça ! Mes meilleurs hommes sont sur le coup, ils vont attraper ce salaud. Etc’est sans compter sur Gabriel…

Il… il a dit qu’il tenait à moi, que… que j’étais la femme de sa vie ! se confia Adaline avantd’éclater d’un rire amer. Bon sang, tu l’as vu ? Comment peut-il croire que je suis faite pour lui ?

Parce qu’il voit en toi, il voit au-delà des apparences, ce n’est pas ton physique qui l’a attiré ni tamaladresse qui l’a rebuté, il a juste écouté ton cœur, ta gentillesse, ta douceur, ta bonté…

On ne se connaît que depuis une semaine, Joy, sept putains de petits jours !

Lorsque j’ai rencontré Dorian Omerry, je me suis dit, il sera à moi. Mais lorsqu’il me regardait,il ne voyait qu’une bimbo cherchant à attirer tous les mecs dans son lit. Lui sortait d’une rupturedouloureuse et notre histoire a mal débuté, très mal même. Tu vois, les adolescents qui se cherchentdu regard avant de se détourner et de recommencer encore et encore ? Ben ça, c’était nous ! J’étaiscertaine de ce que je voulais mais pas lui, il était un peu comme toi, il avait peur que je ne veuilleque m’amuser, que je ne cherche rien de sérieux et nous avons perdu plusieurs mois… J’ai été à deuxdoigts de mourir et c’est Gabriel qui m’a sauvée. Tu sais ce que je me dis avec le recul ? Que s’ilm’était arrivé quelque chose, je n’aurais pas pu profiter de ce bonheur dans lequel je vis à présent.Crois-moi, Adaline, si tu ressens un petit quelque chose pour Gab’, ne laisse pas tes peurs ou tesdoutes se mettre entre vous, s’il t’a confié ça, c’est qu’il est sincère.

Pourquoi es-tu si gentille avec moi ?

Parce que j’ai réalisé que nous nous étions mal comportées avec toi et si tu le désires, jevoudrais tout effacer et recommencer à zéro !

Tu sais que ça n’empêchera pas ma maladresse ? l’avertit Adaline

Lorsqu’on est ami avec quelqu’un, on l’accepte avec ses qualités et ses défauts ! la rassura Joy.

Oh bon sang, ça me fait penser à la pub : « Si vous n’aimez pas vos imperfections, quelqu’un les

aimera pour vous ! » se mit à rire Adaline.

Lorsque Galan pénétra dans l’appartement, il fut surpris de découvrir les deux femmes en proie aufou rire.

Bon, Mesdames, un peu de sérieux, Gabriel nous attend au poste. Non seulement il a découvertl’identité du harceleur, mais en prime une patrouille vient de le cueillir en bas de l’immeuble. Il aattendu le départ de Stamos et s’apprêtait à monter avec un bouquet de roses et… une bouteille dechampagne.

Alors lui, il ne doute de rien, s’exclama Joy en se levant. Quelle est son identité ?

Alexis Verjoint !

Le frère de mon patron… enfin de mon ex-patron ? s’écria Adaline, stupéfaite.

Tu le connais ? demanda Joy en s’arrêtant.

Uniquement sa voix. Il téléphonait régulièrement à son frère et comme c’est moi qui répondaisaux appels, il avait pris l’habitude de me draguer gentiment. Je ne sais pas pourquoi il en est venu àde telles extrémités.

Alors, allons au poste, peut-être a-t-il déjà tout avoué ? avança Joy.

Comme c’est Gabriel qui menait l’interrogatoire, je n’ai aucun doute à ce sujet ! ironisa Galan,c’est qu’il ne faut pas toucher à ce qui lui appartient !

Adaline agit de façon puérile et lui tira la langue. Galan leva les yeux au ciel et accompagna lajeune femme et sa commissaire au poste. Là, ils apprirent qu’Alexis Verjoint avait tout avoué. À lamort de son frère, il s’était senti si désemparé qu’il avait reporté les sentiments qu’il lui portait surAdaline qui, même si elle avait été menacée, avait dénoncé le meurtrier et son affection avait tourné àl’obsession.

Au vu des circonstances, un psychiatre serait amené à le rencontrer mais d’après Gabriel, nuldoute qu’il serait jugé irresponsable et devrait se faire soigner dans un hôpital spécialisé.

*

* *

Plusieurs heures plus tard, Adaline et Gabriel étaient de retour à l’appartement. La tension entreeux était insoutenable et Gabriel avait peur de perdre la jeune femme.

Voilà, c’est fini ! murmura-t-elle en se laissant tomber dans le divan. Je vais pouvoir reprendre

mon existence comme avant.

C’est vraiment ce que tu veux ? demanda-t-il d’une voix grave. Recommencer à trimer douzeheures par jour, sept jours par semaine ?

Non, dit-elle d’une voix douce, j’ai compris qu’en fait le boulot, c’était la planque idéale pour nepas affronter le vide complet de ma vie sociale. Ça me donnait l’illusion d’appartenir au monde desvivants mais exister réellement, ce n’est pas ça ! J’ai vingt-cinq ans et il est temps que je commence àassumer ma différence et… et…

Et quoi, Adaline ? insista-t-il, retenant son souffle.

Et j’espère que tu seras à mes côtés, laissa-t-elle échapper dans un murmure.

Gabriel la saisit dans ses bras et la gratifia d’un baiser étourdissant.

Ensemble, murmura-t-il. Toi et moi !

ÉPILOGUE

Trois mois plus tard…

Bon sang, dépêche-toi ! On sera en retard pour dîner chez Joy !

Un grand fracas retentit dans la cuisine et Adaline leva les yeux au ciel. Elle se précipita dans lapièce et retint un fou rire en voyant que Gabriel était assis sur le sol au milieu de la cuisine, lesaladier qui contenait quelques minutes auparavant la salade de pâtes, sur la tête.

Oh mon Dieu, mon chéri, que s’est-il passé ? s’écria-t-elle en se précipitant vers lui, tu t’es faitmal ?

Ce dernier la fixa froidement.

Il me semble que nous avons déjà eu cette discussion. Ne laisse plus la planche de skateboardtraîner dans la cuisine !

Ouille, je suis désolée, murmura-t-elle en se mordillant les lèvres. Mais c’est de ta faute aussi,quelle idée tu as eu de me faire essayer ce sport ?

Jamais je n’aurais pensé que tu serais aussi habile avec un tel engin sous les pieds !

Elle le regarda avec fierté. Sa maladresse n’était plus qu’un mauvais souvenir depuis que Gabriellui avait offert un pendentif taillé dans un œil-de-tigre. Cette pierre était censée la protéger du mal, laremplir de chaleur et de sécurité tout en lui permettant de se concentrer et d’utiliser son énergie à bonescient… Bon, c’est vrai qu’il lui arrivait encore certaines catastrophes mais Gabriel était un amouret il était là pour arranger les problèmes, comme la fois où, invitée chez ses parents, elle avait vouluaider à arroser les parterres de fleurs et avait confondu l’engrais et le désherbant. Quelle ne fut lasurprise de Georgia quelques jours plus tard en remarquant que toutes ses plantations avaient grillé !

Tu t’es blessé ? lui demanda-t-elle, inquiète, en voyant qu’il ne se levait pas.

Une lueur malicieuse brilla dans ses prunelles.

Non, mais tu comprendras que je dois te punir ! dit-il, faussement grondeur.

Elle recula d’un pas en portant les mains à sa bouche tandis que Gabriel se levait brusquement.

Dois-je aller chercher les menottes ? Vous allez me mettre en état d’arrestation InspecteurStamos ?

En effet, mais avant je vais devoir procéder à une fouille au corps.

Adaline éclata de rire et se jeta dans les bras de Gabriel qui vacilla et faillit se retrouver une foisde plus les quatre fers en l’air.

Je t’aime, Gabriel, lui avoua-t-elle pour la première fois. Tu m’as redonné confiance en moi, jen’ai plus honte lorsque je trébuche dans la rue, ou lorsque je renverse mon verre sur un de mesinvités. Tu m’as permis d’avancer et, grâce à toi, à tes encouragements, je fais enfin ce que j’aime. Terends-tu compte que dans six mois mon premier roman sortira dans toutes les librairies, même moi jen’en reviens pas !

Sans compter cette série de romans jeunesse… « Ada la cata ! »

Qui aurait pu dire un jour que je mettrais en scène mes propres mésaventures pour un jeunepublic ?

Tu mérites tout ce qui t’arrive, ma chérie, et plus encore, énonça Gabriel en l’embrassanttendrement. Et je voulais, moi aussi, te dire quelque chose. Je t’aime, dès le premier jour, depuis queje t’ai vue, ce flingue à la main, te demandant comment le coup avait pu partir et lorsque je t’aiplaquée contre le mur, j’ai regretté qu’il y ait tant de spectateurs autour de nous.

Oh, Gab’, murmura-t-elle.

Je sais qu’il t’a fallu du temps avant de m’avouer ton amour, je voudrais qu’on franchisse unnouveau cap. Enfin, c’est une proposition, tu y répondras lorsque tu seras prête. Linie, j’ai envie quenous vivions ensemble, que nous emménagions tous les deux et…

Oui !

Oui, tu vas y réfléchir ou oui, tu acceptes ? demanda-t-il, plein d’espoir.

Oui, j’accepte !

Gabriel poussa un cri de bonheur, saisit Adaline dans ses bras et la fit tournoyer. Ils ne prêtèrentpas attention à la chaise qui tomba dans un bruit sourd, ni même aux plateaux de verres qui sefracassèrent au sol. Ils étaient heureux tout simplement !

Couverture réalisée par Feather Wenlock

Crédits images : Depositphotos

N° éditeur : 917089-36540

dépôt légal : juin 2016

{1} Le SIG-Sauer SP 2022 est l’arme officielle de la police nationale, la gendarmerie, les douanes et l'administration pénitentiairefrançaises.

{2} Acteur belge jouant dans des films d’action

{3} Nom d’un des hôtels à Disneyland Paris.

{4} La barbe des plumes est rangée régulièrement des deux côtés du tuyau, la partie douce.

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