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L’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développement L’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développement Etude des systèmes d’élevage et les profils génétiques visibles des caprins dans les hauts plateaux de l’Oriental Mounsif M. 1 , et Amanoune A. 1 1 Département des Productions Animales et du Pastoralisme, ENA, Meknès (Maroc) Résumé. Cette investigation a eu pour objectifs la caractérisation de la conduite, de la productivité et de la diversité génétique des élevages caprins dans les hauts plateaux de l’Oriental (Provinces de Jerrada, Taourirt et Figuig). Les investigations relatives aux systèmes de conduites et des niveaux de production ont été réalisées sous formes d’enquêtes auprès d’un échantillon de 60 éleveurs et la caractérisation morphologique des animaux a été opérée sur un total de 100 individus dont 50 têtes ont fait l’objet de mensurations. La typologie des élevages pastoraux réalisée montre l’existence de 4 principaux types d’éleveurs : petits éleveurs pastoraux, petits éleveurs sédentaires agropastoraux, moyens éleveurs pastoraux et gros éleveurs pastoraux. Sur le plan morphologique, l’analyse des résultats a montré que les caprins de l’Oriental appartiennent à une seule et unique population avec une hétérogénéité moyenne en terme de la coloration du pelage dominée par 2 profils phénotypiques : Eumélanique et Eumélanique feu ventre clair. La population est de type primaire peu évoluée (Ipa = 0,77) qui n’a pas (ou peu) fait l’objet de processus de sélection de la part des éleveurs ou des organisations professionnelles. Deux principaux systèmes d’élevages ont été identifiés dans la région : le système pastoral, très dominant dans la zone et le système agropastoral cantonné dans le périmètre de Ain Beni Mathar dans la Province de Jerrada. Les performances de production et de reproduction réalisées par le cheptel caprin sont relativement faibles et restent en dessous des normes et des espérances. En effet, les paramètres de reproduction moyens enregistrés dans la zone sont : 74,63 ; 114,40 et 70,65% respectivement, pour les taux de fertilité, de prolificité et de productivité numérique. Les taux d’avortement et de mortalité restent aussi très élevés et sont respectivement, 11,82 et 21,30% avec 70 % des mortalités dans la catégorie des jeunes animaux de moins de 10 jours. La productivité de l’unité zootechnique (UZ) moyenne obtenue dans la zone est de 10,8 Kg/UZ/an, avec 10,18 Kg/UZ/an dans le système pastoral et 11,36 Kg/UZ/an dans le système agropastoral. L’analyse économique effectuée a montré que la rentabilité de l’élevage caprin est relativement faible. Cette rentabilité est négativement affectée par la part de la supplémentation qui représente 70% du coût total de production. Cette situation est liée au niveau de dégradation élevé des ressources pastorales. L’étude a évalué le coût moyen de production pour l’ensemble de la zone à 632,27 Dh/UZ et la marge bénéficiaire moyenne dégagée ne dépasse guère 200 Dh/UZ. Mots clés : Caprins, système, élevage, performances, production, reproduction, diversité. I- Introduction L’élevage caprin au Maroc revêt une importance capitale. Il est caractérisé par une biodiversité relativement importante avec des populations très variées et relativement bien adaptées à leur écosystème. Malgré sa faible productivité en raison d’une conduite quasi-exclusivement extensive dans des domaines pastoraux et sylvo- pastoraux, l’élevage caprin contribue à l’approvisionnement du pays en viande rouge d’environ 8 % de la production totale (FAO 2004). 47

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L’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développementL’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développement

Etude des systèmes d’élevage et les profils génétiques visibles des caprins dans les hauts plateaux de l’Oriental

Mounsif M.1, et Amanoune A.1

1 Département des Productions Animales et du Pastoralisme, ENA, Meknès (Maroc)

Résumé. Cette investigation a eu pour objectifs la caractérisation de la conduite, de la

productivité et de la diversité génétique des élevages caprins dans les hauts plateaux de l’Oriental (Provinces de Jerrada, Taourirt et Figuig). Les investigations relatives aux

systèmes de conduites et des niveaux de production ont été réalisées sous formes

d’enquêtes auprès d’un échantillon de 60 éleveurs et la caractérisation morphologique des animaux a été opérée sur un total de 100 individus dont 50 têtes ont fait l’objet de

mensurations. La typologie des élevages pastoraux réalisée montre l’existence de 4

principaux types d’éleveurs : petits éleveurs pastoraux, petits éleveurs sédentaires

agropastoraux, moyens éleveurs pastoraux et gros éleveurs pastoraux. Sur le plan morphologique, l’analyse des résultats a montré que les caprins de l’Oriental appartiennent à

une seule et unique population avec une hétérogénéité moyenne en terme de la coloration

du pelage dominée par 2 profils phénotypiques : Eumélanique et Eumélanique feu ventre clair. La population est de type primaire peu évoluée (Ipa = 0,77) qui n’a pas (ou peu) fait

l’objet de processus de sélection de la part des éleveurs ou des organisations

professionnelles. Deux principaux systèmes d’élevages ont été identifiés dans la région : le système pastoral, très dominant dans la zone et le système agropastoral cantonné dans le

périmètre de Ain Beni Mathar dans la Province de Jerrada.

Les performances de production et de reproduction réalisées par le cheptel caprin sont

relativement faibles et restent en dessous des normes et des espérances. En effet, les paramètres de reproduction moyens enregistrés dans la zone sont : 74,63 ; 114,40 et

70,65% respectivement, pour les taux de fertilité, de prolificité et de productivité numérique.

Les taux d’avortement et de mortalité restent aussi très élevés et sont respectivement, 11,82 et 21,30% avec 70 % des mortalités dans la catégorie des jeunes animaux de moins de 10

jours. La productivité de l’unité zootechnique (UZ) moyenne obtenue dans la zone est de

10,8 Kg/UZ/an, avec 10,18 Kg/UZ/an dans le système pastoral et 11,36 Kg/UZ/an dans le système agropastoral.

L’analyse économique effectuée a montré que la rentabilité de l’élevage caprin est

relativement faible. Cette rentabilité est négativement affectée par la part de la

supplémentation qui représente 70% du coût total de production. Cette situation est liée au niveau de dégradation élevé des ressources pastorales. L’étude a évalué le coût moyen de

production pour l’ensemble de la zone à 632,27 Dh/UZ et la marge bénéficiaire moyenne

dégagée ne dépasse guère 200 Dh/UZ.

Mots clés : Caprins, système, élevage, performances, production, reproduction, diversité.

I- Introduction

L’élevage caprin au Maroc revêt une importance capitale. Il est caractérisé par une biodiversité relativement importante avec des populations très variées et relativement bien adaptées à leur écosystème. Malgré sa faible productivité en raison d’une conduite quasi-exclusivement extensive dans des domaines pastoraux et sylvo-pastoraux, l’élevage caprin contribue à l’approvisionnement du pays en viande rouge d’environ 8 % de la production totale (FAO 2004).

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

Dans l’Oriental, les populations caprines restent encore mal connues et mal caractérisées, en raison de la rareté des travaux effectués sur les caprins dans cette zone. L’intérêt accordé au caprin ces dernières années apparaît dans l’augmentation substantielle de cette espèce au niveau des effectifs de petits ruminants, l’amélioration des prix de vente de la viande caprine qui parfois dépasse celle des ovins, et surtout de l’intérêt particulier réservé par le programme de l’Initiative Nationale de Développement Humain (INDH) qui a accordé une place de choix au développement de l’élevage caprin. Toutefois, la situation actuelle de la nature des systèmes d’élevage réservés à cette espèce, ni le niveau de production ne sont pas bien connus. Ces informations sont nécessaires pour disposer d’un pool de données à l’instar des populations ovines. Aussi, la dominance du système de production transhumant, ne permet pas de contrôler le flux des animaux notamment les reproducteurs, ce qui rend la mise en application de l’ensemble des concepts qui servent à cerner et caractériser les populations caprines existantes un enjeu délicat et fastidieux. Les travaux réalisés sur les systèmes d’élevage dans l’Oriental, s’accordent sur la dominance du système pastoral en raison de la vocation pastorale de la zone. Mais les enjeux auxquels sont soumis ces parcours (aléas climatiques, mise en cultures des parcours, surcharge animale et surexploitation) et ceux auxquels sont soumis les éleveurs notamment les enjeux sociaux (la scolarisation des enfants, offre d’emploi dans d’autre secteurs) constituent le moteur majeur de la distorsion de l’équilibre social préexistant et de la dynamique que connaissaient ces systèmes. Dans les hauts plateaux de l’Oriental, les parcours s’étendent sur environ 5 millions d’hectares dont 3,2 millions dans la zone du PDPEO. Leur contribution dans l’alimentation du cheptel est très importante et varie selon le système d’élevage et l’année climatique. Les chiffres sur les effectifs animaux ne sont qu’approximatifs : plus de 1 500 000 têtes ovines, 250.000 têtes caprines et 11.500 têtes bovines (PDPEO 1997). Selon le rapport du projet PDPEO (2000), les effectifs, connaissaient une régression graduelle d’une année à une autre (17,5 % pour les ovins et 45,7% pour les caprins) suite à la succession des années de sécheresse que connaît la zone et qui affecte les ressources pastorales fourragères et hydriques. Sur le plan économique, l’élevage demeure la principale activité de la population locale puisque il contribue à plus de 50 % au revenu des exploitations pastorales (INRA 2001). L’incidence des perturbations qui touchaient le système de production au niveau de la zone et qui consistent dans le recours régulier à la supplémentation pour garantir la survie du cheptel, l’assainissement continuel des troupeaux à cause de la vulnérabilité socio-économique des éleveurs et l’émergence des autres occupations concurrentielles méritent une réflexion sur l’avenir et la durabilité de l’activité de l’élevage dans la région (PDPEO 2000). La zone dispose de grandes potentialités en matière d’élevage de petits ruminants et de caprins en particulier en raison d’une flore diversifiée, arbustive et chamaephytique. Cependant, des contraintes énormes entravent la mise en valeur de ces potentialités. De nombreuses actions ont été entreprises dans le cadre de projets financés par l’Etat (PDPEO I et II) pour promouvoir les filières de petits ruminants et le développement et l’aménagement des parcours.

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L’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développementL’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développement

La présente étude qui s’inscrit dans cette perspective et vise la caractérisation des systèmes d’élevage caprins, et l’étude des marges dégagées. Les objectifs spécifiques de cette investigation sont :

• caractériser et inventorier le (ou les) système (s) d’élevage existant (s) et de leur importance ainsi que les facteurs de leur dynamique ;

• déterminer le niveau de productivité au niveau des systèmes dégagés ; • estimer les coûts de production et les marges dégagées de l’élevage caprin.

II- Matériel et Méthodes Pour répondre aux objectifs fixés, des outils d’investigation divers ont été utilisés. L’outil principal consiste en un questionnaire regroupant tous les éléments relatifs au thème abordé, précédé d’une phase exploratoire de la zone de l’Oriental auprès des services relevant du Ministère de l’Agriculture (DPA, CT). La base de données ainsi collectée a fait l’objet d’un traitement et d’une analyse statistique pour rendre les résultats dégagés fiables et crédibles. L’échantillonnage a pris en considération l’ensemble de la zone du projet PDPEO qui s’étale sur 3 provinces (Figuig, Taourirt et Jerada) subdivisées en deux zones principales : la zone Nord (Taourirt et Jerrada) et la zone Sud (Figuig) qui dépendent respectivement des directions provinciales de l’agriculture d’Oujda et Figuig. L’importance de l’échantillonnage est fortement corrélée à l’importance de l’effectif caprin exploité dans chaque zone. La composante classe d’éleveurs a été écartée vue la difficulté de repérer les groupes cibles sur le terrain à cause de leur immense mobilité et les statistiques (effectifs) non disponibles au niveau des services de l’agriculture de la région. 1. choix des éleveurs La synthèse bibliographique effectuée a montré que l’élevage caprin a une importante valeur numérique et socio-économique dans le système d’élevage pastoral notamment dans les zones montagneuses avec un mode de production extensif, c’est pourquoi un taux de sondage élevé lu a été réservé par rapport au système pastoral dans les Hauts Plateaux et au système agro-pastoral. Les taux de sondage par zone d’étude sont proportionnels aux effectifs caprins exploités (Tableau 1). Tableau 1. Taux de sondage par zone d’étude

Effectif caprin (têtes) Taux de sondage (%)

Zone Nord 140.000 56 Zone Sud 110. 000 44

Source : Rapport de PDPEO (2000) Le choix du taux de sondage devait être basé sur la méthode de pondération des communes en fonction de leurs effectifs caprins. Toutefois, une difficulté a été rencontrée suite à l’indisponibilité des effectifs précis par commune auprès des organes de développement de la zone (CT et DPA). C’est pourquoi, le nombre

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

d’enquêtes à réaliser par commune a été déterminé par les indications fournies par les agents des CT et les déclarations des éleveurs qui pré-estiment l’importance de l’effectif caprin dans les communes concernées par l’étude. Tableau 2. Taux de sondage dans les zones et les communes enquêtées

Zone Province Taux de sondage

(%) Commune rurale

Nombre enquêtes

Taux de sondage

(%) Bouaarfa 14 23

Tandrara 7 11 Sud Figuig 45

Maâtrka 7 11

Ain Beni Mathar 6 10

Mrija 5 8

Ouled Ghziel 5 8

Ouled Sidi Abdelkakem 4 7

Jerada 41

Tiouili 4 7

Al Ateuf 4 7

Nord

Taourirt 14 Ouled m’hammed 4 7

2. Collecte des données Le processus de la collecte des informations sur le terrain repose sur un questionnaire standard qui renferme des questions préétablies et cerne le thème abordé dans sa globalité. En effet, les éléments du questionnaire s’intéressent à 4 volets principaux :

• l’identification du milieu socio-économique de l’éleveur ; • le fonctionnement du système d’élevage adopté par l’éleveur ; • l’analyse du coût de production et marges générées ; • l’étude morphologique et morpho-métrique des animaux exploités.

2.1. Identification du milieu socio-économique de l’éleveur

Ce volet, mis l’accent sur la situation socio-économique de l’exploitation, l’importance accordée à l’élevage, les équipements et les moyens qui lui sont destinés. En effet, les points suivants ont été abordés :

• les caractéristiques et l’importance de l’espace exploitée (SAU, statut foncier, bour, irrigué) ;

• l’effectif et mode de faire valoir des cheptels exploités ; • l’inventaire des équipements destinés au service du cheptel.

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2.2. Fonctionnement du système d’élevage adopté Pour bien comprendre ce fonctionnement, les points suivants ont été examinés :

• la conduite alimentaire du cheptel : supplémentation, gestion des ressources pastorales, la source d’approvisionnement en aliments pour bétails, abreuvement ;

• la conduite de la transhumance : ampleur et fréquence de déplacement, période de transhumance, utilisation des parcours et des mises en repos ;

• la conduite de la reproduction : la lutte, sexe ratio, naissances, mortalités, avortements, ainsi que les paramètres de reproduction usuels (fertilité, fécondité, prolificité) ;

• la conduite sanitaire du troupeau : les dominantes pathologiques, modalités de traitements (traditionnel ou moderne), personnels intervenants (éleveur, agents de service, service vétérinaire privé) ;

• l’étude de l’UZ caprine et sa performance : détermination de la structure du troupeau (âge, sexe), les mouvements dans le cheptel (naissances, mortalités, achat, vente, réforme, renouvellement et autoconsommation) et estimation de la productivité de l’UZ.

2.3. Analyse du coût de production et marges bénéficiaires

Pour établir le coût de production et les marges bénéficiaires, on a adopté l’approche statique qui consiste en un flux de revenus et de dépenses au cours d’une année. Cet aspect détient comme objectif de mettre en évidence l’efficience économique des exploitations pastorales pratiquant l’élevage caprin pour formuler une hypothèse sur sa durabilité. Pour ce faire, l’étude des éléments ci-après s’avèrent nécessaire :

! Les charges occasionnées par une :

• utilisation des parcours : cotisation pour l’accès aux mises en repos et entretien des parcours versés au compte des coopératives pastorales ;

• alimentation et abreuvement du bétail (supplémentation, achat, pompage et transport d’eau) ;

• médication animale ; • main d’œuvre (berger, famille et autres) ; • transport : animaux et aliments ; • amortissement des équipements : matériels et bâtiments ; • charges diverses : entretien et amendes ;

! Les produits provenant de :

• productions animales : vente, autoconsommation et variation de l’effectif ; • productions végétales : fourrages (paille, luzerne, avoine) et aliments

concentrés (orge, blé), cette composante est relevée dans le document réalisée, mais elle n’est pas incluse dans le calcul des marges voire que la production fourragère totale est destinée essentiellement pour l’espèce bovine ;

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

Les principaux paramètres de calcul qui interviennent dans l’élaboration du coût de production et des marges bénéficiaires sont ceux récupérés auprès de la DPA de Figuig et du rapport de l’INRA (2001) et d’autres sources (ANOC).

2.3.1. Prix des intrants

Le prix des intrants est variable d’une compagne agricole à une autre, pour la compagne 2005, le prix des principaux intrants rencontrés au niveau de la zone est consigné dans le tableau ci-dessous. Tableau 3. Prix des aliments de la complémentation en 2005

Type d’aliment Prix (Dh/q)

Orge 150 Son 116-250 PSB 220-230

Source : DPA de Figuig, 2006

2.3.2. Frais de main d’œuvre

Le niveau de payement de la région a servi pour calculer le coût de la main d’œuvre familiale et aussi le coût de la main d’œuvre salariale autre que le gardiennage.

2.3.3. Durée d’utilisation des bâtiments et des matériels

La durée de vie ou d’utilisation des bâtiments et des matériels est un paramètre décisif dans le calcul de l’amortissement. En effet, les durées moyennes imputées dans les calculs sont figurées dans le tableau suivant : Tableau 4. Durée d’utilisation des bâtiments et des matériels

Bâtiment ou matériel Durée d’utilisation

(année)

Etable 25 Zriba 05 Camion 15 Tracteur 15 Charrette 10 Citerne 07 Réservoir (Khazna) 15

Source : INRA 2001

2.3.4. Coefficients de correction

Etant donné que les troupeaux rencontrés sont mixtes (ovin, caprin et bovin), il est nécessaire d’utiliser des coefficients de correction qui vont permettre d’estimer la part d’alimentation, d’amortissement, de la main d’œuvre et autres destinée à l’espèce caprine. Le coefficient de correction pour un poste donné est égal au pourcentage pondéré de l’espèce caprine dans la composition du troupeau.

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III- Traitement des données

L’ensemble des données recueillies sur les éleveurs et les élevages est organisé sous forme d’une matrice de dépouillement à l’aide du tableur Excel et a constitué une base de données qui a servi comme support de l’étude. La typologie des exploitations pastorales ainsi réalisée est le résultat de la combinaison de deux méthodes statistiques pour la classification : Analyse en Composantes Principales (ACP) complétée d’une classification hiérarchique. La première méthode est réalisée à l’aide du logiciel STAT-ITCF et la deuxième par le logiciel SPSS : option analyse Cluster. Les variables retenues pour une telle classification sont au nombre de 11 et touchent quatre volets principaux :

• le premier volet : se rapporte à l’importance des superficies mises en cultures en bour comme en irrigué. Malgré l’importance facultative de ce volet, il donne une idée sur la contribution des aliments autoproduits au niveau de l’exploitation dans le rationnement du troupeau, et l’avancement du processus de la mise en possession des terres collectives des parcours ;

• le deuxième volet : se rapporte à l’importance de l’effectif ovin, caprin et bovin exploité ;

• le troisième volet : se rapporte à l’importance de déplacement de l’éleveur, deux variables sont retenues pour expliquer cette importance : une variable boolienne « Rahal » et une variable quantitative « ampleur de déplacement » ;

• le quatrième volet : se rapporte à la conduite alimentaire, trois variables booliennes sont retenues : engraisseur, préparation des mâles à la lutte, préparation des femelles à la lutte et préparation des femelles au chevrotage.

A part le premier volet, les trois autres s’ajustent chacun selon un axe de la sortie de l’ACP en fonction de la corrélation des variables constituant le volet et l’axe en question. Deux axes sont retenus pour réaliser la typologie et qui expliquent environ 60 % de la variabilité totale. Les résultats de l’analyse sont cités en annexe.

IV- Résultats et Discussion

1. Typologie des exploitations pastorales

La typologie des systèmes d’élevage a été réalisée sur des variables de structure (effectif du cheptel) et de conduite (alimentaire et de transhumance) du troupeau. Les résultats ressortissants ont permis la distinction de 3 principaux groupes d’éleveurs. Cependant, le groupe des petits éleveurs est subdivisé en deux sous-groupes pour tenir compte du système d’élevage auquel les éleveurs appartiennent, ainsi, la typologie finale adoptée pour cette étude est la suivante :

• Groupe 1 : petits éleveurs pastoraux en cours de sédentarisation ; • Groupe 2 : petits éleveurs agro-pastoraux sédentaires ;

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

• Groupe 3 : moyens éleveurs pastoraux. Sont des éleveurs résidant à Ain Beni Mathar, mais leurs troupeaux sont conduits en zone pastorale loin de cette localité. L’apport de l’exploitation pour les caprins est très négligeable.

• Groupe 4 : gros éleveurs pastoraux.

1.1 . Groupe des petits éleveurs pastoraux (GI)

Les petits éleveurs pastoraux sont répartis sur la totalité de la zone du projet avec une atomisation concentrée dans la zone Sud qui regroupe plus de 60 % des éleveurs du groupe en question notamment dans la zone de Bouaarfa. La figure 1 illustre la répartition spatiale des éleveurs du groupe dans la zone d’étude.

Figure 1. Répartition des petits éleveurs pastoraux dans la zone d’étude

Les caractéristiques de ces éleveurs sont :

• un effectif moyen de l’ordre de 88,88 brebis, 25,84 chèvres et une vache ; L’élevage bovin est rencontré dans 48 % des cas ;

• la superficie moyenne mise en culture est estimée à 18,12 ha exclusivement en bour et dominée de l’orge. Notons aussi que 8% des éleveurs ne pratiquent aucun système cultural ;

• l’ampleur de déplacement est en moyenne 32,6 Km dans le cadre d’une transhumance endémique à la zone ;

• une forte tendance à la sédentarisation : 44 % des éleveurs sont des sédentaires ;

• le volume annuel des aliments de la complémentation est de 116 q/an d’orge, 49,2 q/an du son et 35,7 q/an de PSB.

1.2 . Classe des petits éleveurs agropastoraux (GII)

Ce sont les petits éleveurs sédentaires du périmètre de Ain Beni Mathar et d’Ouled Sidi Abdelhakem, et Tiouli, ils sont marqués par :

• des effectifs moyens de 119 brebis, 29 chèvres et 1,75 vaches. L’élevage bovin est représenté dans 60 % des cas ;

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• la superficie moyenne mise en culture est de 32,5 ha en bour et 2,12 ha en irrigué, 25 % des éleveurs ne possèdent pas des superficies irrigables ;

• les éleveurs sédentaires représentent 75% et le reste pratique des mouvements limités qui ne dépassent pas les 20 Km essentiellement pour exploiter les chaumes ;

• la contribution des aliments produits sur exploitation est significative. Toutefois, l’orge produite représente moins de 30 % de l’orge totale utilisée ;

• le volume annuel des aliments de la complémentation est de 132 q/an d’orge, 54,6 q/an du Son, la PSB n’est pas intégrée dans la ration des petits ruminants.

1.3. Classe des moyens éleveurs (GIII)

C’est une classe intermédiaire entre la classe des gros et des petits éleveurs. Les éleveurs de cette classe sont dispersés dans toute la zone d’étude avec des proportions variables comme le montre la figure 2.

Figure 2. Répartition spatiale des moyens éleveurs dans la zone d’étude

Cette classe est caractérisée par des éleveurs ayant :

• un effectif moyen de l’ordre de 290 brebis, 52 chèvres et 4 vaches. L’élevage bovin est rencontré dans 75 % des cas avec des effectifs variables allant de 2 à 11 vaches ;

• une superficie moyenne mise en culture est de 39,43 ha en bour ; • l’ampleur moyenne de déplacement est de 42,77 Km. Les éleveurs

sédentaires représentent moins de 15 % des éleveurs de cette classe ;

• le volume annuel des aliments de la complémentation est de 234 q/an d’orge, 116 q/an du son et 68,7 q/an de la PSB.

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

1.4. Classe des gos éleveurs pastoraux (GIV)

Les gros éleveurs pastoraux sont localisés dans la zone de Tandrara – Maâtrka (75% des éleveurs enquêtés) et dans la zone de Beni-Mathar et Ouled Sidi Abdelhakem (25 % des éleveurs enquêtés). Les particularités de ces éleveurs sont :

• l’effectif moyen de l’ordre de 543 brebis, 49 chèvres et 13 vaches ; • la superficie moyenne mise en culture est de 58 ha en bour ; • l’ampleur moyenne des déplacements est de 102 Km essentiellement dans

la zone d’action du PDPEO. Les éleveurs disposant de camion pour les déplacements se situent à 80 % ;

• le volume annuel des aliments de la complémentation est de 315 q/an d’orge, 194,3 q/an du Son et 85,63q/an de PSB.

2. Description des systèmes d’élevage caprin dans la zone d’étude

L’investigation effectuée à travers l’étude de la documentation disponible, des observations et des enquêtes a permis de dégager deux systèmes d’élevage : système d’élevage pastoral et agropastoral avec une dominance absolue du premier qui concerne 9 communes sur un total de 11 communes. Le système agropastoral est essentiellement concentré près du centre urbain d’Ain Beni-Mathar en raison de la disponibilité d’eau d’irrigation. Ce système existe aussi, mais dans une moindre mesure, dans les communes d’Ouled Sidi Abdelhakem et Tiouli. Ces deux systèmes ont beaucoup de points communs et se distinguent particulièrement par le mode de conduite alimentaire du troupeau. Par ailleurs, les 4 classes d’éleveurs déterminées dans la typologie ont fait l’objet de comparaisons en matière de performances techniques (alimentation, productivité et reproduction) et économiques (coût de production et marges bénéficiaires) et ce dans le but de dégager les groupes performants et de comprendre les stratégies adoptées par chaque groupe en matière des choix de gestion du troupeau. 2.1. Particularités de la conduite alimentaire par groupe

Les particularités de la conduite alimentaire représentent le facteur principal de discrimination des groupes d’éleveurs. En effet, les différences apparaissent plus dans les programmes alimentaires adoptés par chaque groupe que dans les calendriers alimentaires. Il a été aussi noté que le programme d’alimentation diffère entre les éleveurs du même système. Le résumé des programmes alimentaires poursuivis par chaque groupe et leur importance sont consignés dans le tableau 5.

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L’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développementL’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développement

Ce tableau a été conçu sur la base des considérations suivantes :

• les quantités d’aliment indiquées dans le tableau correspondent aux quantités moyennes distribuées par les éleveurs du groupe en question ;

• trois aliments constituent la colonne vertébrale de la conduite alimentaire dans la zone d’étude ont servi comme base de la comparaison. D’autres aliments sont utilisés mais avec une moindre importance notamment, la luzerne déshydratée et l’aliment composé dans le cas des grands éleveurs (GIV), et la luzerne verte ou fanée chez les agropasteurs (GII) ;

• le calcul des quantités d’aliments utilisés pour la supplémentation est déterminé selon la formule :

Qs = Qt ! CC/ (Et ! Ds)

Avec : Qs : Quantité journalière d’aliment de la supplémentation ; Qt : Quantité totale d’aliment utilisé durant toute la période de supplémentation ; Et : Effectif total supplémenté ; Ds : Durée de supplémentation ; CC : Coefficient de correction de l’aliment concerné ;

• la durée de la supplémentation adoptée est de 180 jours (de septembre à février) ;

• pour ce qui est de la pratique de l’engraissement, tous les éleveurs qui engraissent les ovins sont pris en compte dans cette étude puisqu’ils intègrent quelques têtes caprines dans le lot d’engraissement. L’engraissement exclusif de l’espèce caprine n’a pas été rencontré dans les élevages enquêtés.

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

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L’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développementL’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développement

L’analyse du tableau montre une hétérogénéité marquée entre les groupes d’éleveurs concernant l’importance et la philosophie dont ces programmes sont exécutés. Nous pouvons déduire que :

• la supplémentation est adoptée par tous les éleveurs et dans tous les groupes déterminés. Cependant nous notons une variation liée à la nature et la quantité d’aliments utilisés. En effet, les éleveurs utilisent pour la supplémentation une combinaison constituée d’orge, du son et de la PSB avec des quantités du mélange de 700 g, 564 g et 635 g respectivement pour les groupes GI, GIII et GIV. L’orge constitue la part la plus importante de la ration (plus de 2/3 de la ration totale). Les éleveurs agropastoraux utilisent aussi de l’orge et du son (PSB est réservée au bovin) mais avec une quantité de 428 g de mélange.

• l’engraissement est une activité qui dépend étroitement de la trésorerie de

l’éleveur, autrement des moyens dont il dispose. En effet, plus de 90 % des éleveurs du GIII et GIV sont des engraisseurs par excellence, et l’engraissement constitue pour eux la principale activité qui génère le maximum de profit. La logique du marché se trouve ainsi prédominante, notamment chez le GIV, et les exploitations sont gérées dans un esprit d’entreprise. Par ailleurs, la proportion d’engraisseurs dans le GI et GII est respectivement 56 et 75 % pendant une période limitée à la veille de El Aïd El Kebir. L’orge reste l’aliment d’engraissement par excellence pour l’ensemble des groupes.

• la conduite alimentaire pendant la lutte est un comportement qui reflète l’attitude

et le niveau de technicité des éleveurs en matière d’élevage. Si les éleveurs du GII ne pratiquent aucune préparation des mâles et des femelles à la lutte, la proportion d’éleveurs qui adoptent cette technique est de 68 % dans GI, 75 % dans GIII et 86 % dans GIV. En revanche la préparation des femelles est de 48, 58 et 86 % respectivement dans les groupes GI, GIII et GIV. Les éleveurs du GII ne jugent pas nécessaire de préparer leurs animaux pendant la lutte vue la qualité de l’alimentation distribuée sur toute l’année. Pour l’ensemble des groupes, la préparation se fait au moment des accouplements et jamais avant, ce qui affecte le rendement des géniteurs et des reproductrices.

• la préparation au chevrotage proprement dite est rarement pratiquée par

l’ensemble des éleveurs. Cette attitude est partiellement liée au maximum de naissances (60 %) qui sont de type Bekri, et qui se produisent en une période où le cheptel se trouve en pleine supplémentation. Le taux d’éleveurs qui supplémentent les chèvres avant le chevrotage est de 28, 50, 41 et 64 % respectivement pour les GI, GII, GIII et GIV.

2.2. Paramètres de reproduction Les conduites de reproduction et alimentaire conditionnent fortement la productivité de L’UZ. Le tableau 6 résume les paramètres moyens obtenus dans chaque groupe.

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

Tableau 6. Paramètres de reproduction moyens par groupe d’éleveurs

Paramètre GI GII GIII GIV

Taux de fertilité apparente (%) 67,60 65 68,26 83,33 Taux de fertilité réelle (%) 89,51 87,5 90,43 93,22 Taux de prolificité (%) 117,12 111,53 118,21 122,35 Taux d’avortement (%) 12,98 10 9,82 9,83 Taux de renouvellement chez les femelles (%) 20,50 6,25 20,15 25,76 Taux de réforme chez les femelles (%) 15,17 12,50 13,52 15,25 Productivité numérique (%) 59,15 58,75 67,85 94,57 L’analyse des résultats du tableau montre que :

• le groupe GII enregistre de faibles performances de reproduction par rapport aux autres groupes et par rapport à la moyenne de la zone. Ces résultats montrent que les groupes GIII et GIV constituent les élites de la zone et les GI et GII ont beaucoup de manques à gagner pour rendre leurs élevages plus performants ;

• la fertilité des femelles décline en passant du GIV au GII, les valeurs enregistrées sont respectivement, 83,33, 68,26, 67,60 et 65% pour les groupes GIV, GIII, GI et GII. Cette différence est probablement liée au faible rendement des reproducteurs en raison d’une conduite alimentaire aléatoire lors de la lutte (préparation à la lutte) ;

• la prolificité évolue dans le même sens que la fertilité. Les valeurs

enregistrées pour ce paramètre sont respectivement, 122,35, 118,21, 117,12 et 111,53% pour les groupes GIV, GIII, GI et GII. La conduite alimentaire avant et durant la lutte et pendant la gestation pourrait être une cause décisive de cette variation. Toutefois, la variation de la prolificité entre groupes est minime car elle est sous le contrôle du génotype plus que de l’environnement ;

• le groupe GI connaît une incidence d’avortement le plus élevée (12,98 %), le

reste des groupes connaissent la même incidence (10 %). Ceci montre que l’avortement est un phénomène lié plus au climat qu’à l’alimentation ;

• le déséquilibre entre les taux du renouvellement et de la réforme est très

apparent au niveau de tous les groupes. Ce déséquilibre est à l’avantage du renouvellement dans les groupes GI, GIII et GIV où les effectifs sont en croissance, alors que dans le GII, les effectifs subissent des réductions substantielles ;

• la variation du taux de productivité numérique entre les groupes évolue

parallèlement aux paramètres de reproduction. Les meilleures productivités ont été enregistrées au niveau du GIV suivi des GIII, GI et GII.

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1.3. Mouvement dans le cheptel Les mouvements dans le cheptel qui affectent les changements dans la structure et dans la composition du troupeau et par la suite dans l’unité zootechnique sont : les mortalités, les ventes, les achats et l’autoconsommation. Le tableau 7, donne les chiffres obtenus dans chaque groupe. Tableau 7. Mouvements dans le cheptel par groupe

Paramètres GI GII GIII GIV

Taux de mortalité avant sevrage (%) 24,11 20,75 16,35 7,3 Taux de mortalité après sevrage (%) 3,35 0 4,71 0 Taux de vente (%) 25,09 43,01 38,20 46,51 Taux d’autoconsommation (%) 2,37 2,75 2,67 4,65 Il apparaît que les mortalités sont très importantes dans les GI et GII. En revanche, les ventes et les consommations sont plus élevées dans les GIV, GII et GIII. Ces résultats donnent une idée globale et synthétique sur la conduite en général et les facteurs de production utilisés dans chaque groupe. Les groupes qui assurent un suivi adéquat de la reproduction et de l’alimentation réalisent des performances correctes.

2. Etude de l’Unité Zootechnique

3.1. Composition de L’UZ

La composition et la structure de l’UZ par groupe d’éleveurs est consignée dans le tableau 8. Tableau 8. Composition et structure de l’UZ par groupe (têtes)

Catégorie d’animaux GI GII GIII GIV

Chèvres 1 1 1 1 Boucs 0,06 0,07 0,06 0,057 Chevreaux 0-3mois 0,26 0,15 0,29 0,37 Chevrettes 0-3mois 0,33 0,43 0,38 0,56 Chevreaux 3-6mois 0,24 0,08 0,27 0,35 Chevrettes 3-6 mois 0,32 0,30 0,37 0,54 Chevreaux 6-10mois 0,16 0,01 0,14 0,16 Chevrettes 6-10mois 0,20 0,06 0,20 0,25 La composition de l’UZ est une variable liée à l’importance des mouvements à l’intérieur du cheptel. En effet les mortalités, les ventes et la consommation familiale déterminent la composition de l’UZ. La catégorie d’animaux qui affecte le plus le poids dans la composition de l’UZ est représentée par la tranche d’âge comprise entre 0 et 3 mois. En effet, à cet âge les animaux ne sont pas encore commercialisés et restent dans le troupeau. A partir de 3 mois, l’importance relative de chaque catégorie diminue régulièrement suite aux ventes et à l’autoconsommation.

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

3.2. Productivité pondérale de l’UZ La productivité pondérale de l’unité zootechnique caprine des différents groupes de la typologie réalisée est relatée dans le tableau 9. Tableau 9. La productivité de l’UZ par groupe étudié

GI GII GII GIV Type d’animaux

% PM (kg)

PVM (kg) % PM

(kg) PVM (kg) % PM

(kg) PVM (kg) % PM

(kg) PVM (kg)

Chèvres de réforme 0,15 25,6 3,84 0,12 25,6 3,07 0,13 25,6 3,33 0,14 25,6 3,58

Boucs de réforme 0,01 35,2 0,35 0,01 35,2 0,35 0,01 35,2 0,35 0,02 35,2 0,70 Chevrettes (6mois) 0,02 10,6 0,21 0,13 10,6 1,38 0,02 10,6 0,21 0,03 10,6 0,32

Chevreaux (6mois) 0,01 11,5 0,12 0,06 11,5 0,69 0,01 11,5 0,12 0,02 11,5 0,23

Chevrettes (10 mois) 0,12 12,7 1,52 0,23 12,7 2,92 0,17 12,7 2,16 0,28 12,7 3,56

Chevreaux (10 mois) 0,07 13,8 0,97 0,07 13,8 0,97 0,13 13,8 1,79 0,18 13,8 2,48

Productivité totale - 7,01 9,38 7,97 10,88 La productivité moyenne par groupe exprimée en Kg/UZ/an est respectivement 7,009, 9,379, 7,96 et 10,876 chez les groupes GI, GII, GIII et GIV. Comparant ces productivités par rapport à celle enregistrées par certains auteurs qui ont travaillé sur l’espèce caprine dans la même région de notre étude et qui sont figurées dans le tableau ci-dessous, on note une variabilité moindre entre les valeurs de la productivité enregistrée. Cette variabilité est liée à l’effet significatif de l’année climatique déroulante durant chaque opération de sondage des élevages. Tableau 10. Productivité pondérale de l’UZ enregistrée dans le Maroc oriental

Productivité (Kg/UZ/an) Région Auteurs

10,44 Figuig Caidi (1996) 10,53 Taourirt Mourid (2001)

7,5 Oriental Eres (1972) 5,5 Taourirt El Yesnansi (1997)

Le groupe GI et GIII réalisent à peu près la même productivité pondérale par UZ, l’explication qu’on peut suggérer est que la majorité des éleveurs des deux groupes sont localisés dans la même localité géographique, donc soumis aux mêmes caprices environnementaux qui influencent certains paramètres impliqués dans le calcul de la productivité notamment le taux de mortalité et le taux d’avortement. Les facteurs sociaux sont aussi similaires entre ces groupes qui consistent dans le fait que le caprin est l’espèce le plus sacrifiée pour les fêtes et les occasions autres qu’El Aid.

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4. Etude économique comparée 4.1. Répartition des coûts de production Les prix considérés dans cette analyse aussi bien pour les prix d’achats que pour les prix de vente des aliments et des animaux ont été puisés des documents fournis par la DPA de Figuig et par le Centre Régional de la Recherche Agronomique d’Oujda pour la compagne 2005. Ces valeurs ont été aussi ajustées par les déclarations des éleveurs enquêtés. Les tableaux suivants illustrent les prix des aliments et du bétail. La synthèse des résultats d’analyse économique est illustrée dans le tableau suivant. Le coût de production annuel (CPA) total chez les différents groupes d’éleveurs est de 11753, 12167, 24542 et 43277 Dh/an, tandis que les marges bénéficiaires brutes annuelles réalisées sont de 15078, 16023, 32984 et 57350 Dh/an respectivement dans le cas du GI, GII, GIII et GIV. Le résultat de l’analyse par groupe est détaillé dans ce qui suit. Tableau 11. Synthèse des résultats de calcul des coûts de production

unité quantité prix CC valeurs

Postes GI GII GIII GIV GI GII GIII GIV

Charges

Alimentation orge Qx/an 226,26 270,56 634 903,5 150 0,10 3552,85 4248,47 9955,39 14187,22

son Qx/an 57,18 76,14 136 323,3 183 0,23 2359,45 3141,80 5611,83 13338,42

PSB Qx/an 49,7 0 32,86 115,3 225 0,08 867,34 0,00 573,46 2011,29

AC Qx/an 4,16 0 51,42 130,8 170 0,11 79,61 0,00 984,06 2502,26

Total Dh/an 6859,25 7390,27 17124,74 32039,18

Abreuvement Dh/an

Total Dh/an 0,12 867,53 1068,52 1859,99 2445,45

amortissement Dh/an

matériels Dh/an 26,24 272,54 302,68 258,59

batiments Dh/an 119,06 353,3 45,12 24,56

Total Dh/an 145,3 625,84 347,8 283,15

Main d'œuvre Dh/an

MOS Dh/an 0,12 519,12 740 2982,85 5743,66

MOF Dh/an 0,15 2007,51 1460,12 734,56 676,34

autre MO Dh/an 0,13 36,63 76,34 60,86 86,75

Total Dh/an 2563,26 2276,46 3778,27 6506,75

Divers Dh/an

F_med Dh/an 0,13 102,31 220,82 259,13 446,73

F_trans Dh/an 0,13 556,83 182,34 456,67 554,89

autres Dh/an 0,12 659,14 403,16 715,8 1001,62

Total Dh/an 1318,28 806,32 1431,6 2003,24

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

Produits

PAP têtes

vente

chèvres têtes 5,16 3,33 7,85 10,56 500 2580 1665 3925 5280

boucs têtes 0,91 0,33 1,71 3,25 550 500,5 181,5 940,5 1787,5

jeunes têtes 10,08 10,11 24,45 42,33 425 4284 4296,75 10391,25 17990,25

Total têtes 16,15 13,77 34,01 56,14 7364,5 6143,25 15256,75 25057,75

Autoconsommé

jeunes têtes 4,36 6,67 4,45 3,75 425 1853 2834,75 1891,25 1593,75

VCA têtes

effectif final têtes 76,25 70,66 108,66 159 492 37489,08 34740,70 53423,78 78173,94

effectif initial têtes 64,33 56,33 76,45 96,56 492 31628,49 27695,21 37587,41 47474,69

variation têtes 11,92 14,33 32,21 62,44 492 5860,59 7045,49 15836,37 30699,25

Total Dh/an 5860,59 7045,49 15836,37 30699,25

Coût de

production

CPA Dh/an 11753,62 12167,41 24542,40 43277,77

CPU Dh/UZ 573,07 595,27 638,13 722,62

Marges bénéficiaires

MBA Dh/an 3469,77 4481,92 8789,77 14356,13

MNA Dh/an 3324,47 3856,08 8441,96 14072,98

MBU Dh/UZ 169,18 219,27 228,54 239,71

MNU Dh/UZ 162,09 188,65 219,50 234,98 4.2. Comparaison de la répartition du coût total par rubrique et par groupe

La comparaison des différentes rubriques du coût de production total au niveau des quatre groupes d’éleveurs fait ressortir les points suivants (Figure 3) :

• Les charges occasionnées par l’alimentation occupent la première position des rubriques des charges avec respectivement 73 et 70 % chez les GIV et GIII. Chez les groupes GI et GII, elles représentent dans l’ordre 59 et 60 %. Ces résultats indiquent que le recours à la supplémentation est devenu systématique chez les éleveurs de la région en raison de la dégradation des parcours suite aux années successives de sécheresse qui ont marqué la région ces dernières décennies et aussi à la tendance des éleveurs à la sédentarisation perturbant ainsi l’équilibre éleveurs-bétail-parcours.

• Les frais totaux de l’amortissement sont minimes et ne contribuent que de moins de 9% dans les meilleurs des cas dans la formation du coût total de production, ce qui explique le faible recours à la mécanisation et à la construction des bâtiments et aussi à l’usure massive des sujets amortissables (la durée d’utilisation est supérieure à la durée fixée).

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L’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développementL’élevage caprin : Acquis de recherche, Stratégie et Perspectives de développement

• L’utilisation de la main d’œuvre constitue aussi un poste de dépense très significatif. Elle représente 22 ; 19 ; 15 et 15 % respectivement pour les groupes GI, GII, GIII et GIV. La différence du coût de la main d’œuvre entre les groupes est liée à l’utilisation différente du groupe familial entre lesdits groupes. L’intégration de la main d’œuvre familiale dans le processus de production permet aux petits éleveurs de réduire leurs dépenses.

Figure 3. Répartition du coût total par rubrique et par groupe

4.3. Comparaison de la répartition de la production par groupe L’élevage caprin dans la zone d’étude est complètement orienté vers la production d’animaux. La production totale est commercialisée à hauteur de 48,84 ; 38,34 ; 46,25 et 43,69% respectivement pour les GI, GII, GIII et GIV. Le reste de la production est gardé au niveau de l’exploitation pour l’augmentation de la taille du troupeau et pour l’autoconsommation qui s’estime à 12,29 ; 17,67 ; 5,73 et 2,78 % de la production total, respectivement pour les groupes GI, GII, GIII et GIV (Figure 4).

Figure 4. Répartition de la production par groupe

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

4.4. Comparaison des coûts de production unitaire par groupe Le coût de production unitaire suit un sens ascendant en allant du GI au GIV. Il est respectivement 573,07 ; 595,27 ; 638,12 et 722,62 Dh/UZ. Cette variation n’est pas significative et nous pouvons conclure que le coût de production unitaire est relativement semblable dans tous les groupes (Figure 5).

Figure 5. Coûts de production unitaire par groupe 4.5. Comparaison des marges bénéficiaires unitaires Les marges brutes dégagées augmentent également en allant du groupe I au groupe IV. Elles sont de l’ordre de 169,18 ; 219,27 ; 228,54 et 239,71 Dh/UZ, respectivement pour les GI, GII, GII et GIV. Des écarts entre les groupes apparaissent au niveau des marges nettes réalisées, avec une différence maximale entre le GI et GIV (72,89 Dh). D’une manière générale, les marges nettes réalisées restent encore très faibles et ne dépassent guère les 200 Dh/UZ. Cette faible marge est probablement liée à la non maîtrise de la conduite alimentaire et aux phénomènes de sécheresse qui engendrent des frais de supplémentation très élevés provoquant une augmentation des charges. La valorisation de cette espèce est très possible si des mesures strictes sont prises en matière de conduite alimentaire, sanitaire et de reproduction. La maîtrise aussi de la commercialisation contribuera à une bonne valorisation de la production caprine dans la zone (Figure 6).

Figure 6. Marges bénéficiaires unitaires par groupes

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4.6. Comparaison du coût d’utilisation du parcours Le tableau suivant illustre le coût virtuel du parcours selon le groupe d’éleveurs avec une valeur de l’UF de l’ordre de 1DH/UF moins de celle de l’orge (1,5 DH/UF) en tenant compte des investissements déployés pour la production de l’orge. Tableau 12. Coût virtuel du parcours selon le groupe d’éleveurs

GI GII GIII GIV

Prix unitaire (DH/UF) 1 1 1 1 Apport total du parcours 2539,48 11717,7 5255,25 6088,68 Valeur d’apport du parcours (DH) 2539,48 11717,7 5255,25 6088,68

La contribution du parcours dans le coût de production total est de l’ordre de 2539,48 DH, 11717,7 DH, 5255,25 DH et 6088,68 DH respectivement chez les groupes GI, GII, GIII et GIV. En terme de pourcentage, cette contribution est évaluée à 21,6 % chez le groupe GI, 15,22 % chez le groupe GII, 21,41 % chez le groupe GIII et 14,06 % chez le groupe GIV.

5. Conclusions et recommandations Le Maroc oriental est connu depuis longtemps par sa spécialisation en matière d’élevage notamment des petits ruminants. Cependant, cette attitude connaît des mutations profondes conséquence directe des perturbations climatiques (succession des années de sécheresse) et de la dégradation progressive des espaces pastoraux. Ces mutations apparaissent également dans : l’assainissement des troupeaux dont l’exploitation devienne de plus en plus coûteuse à cause de la supplémentation étalée sur une longue période de l’année ; la forte tendance à la sédentarisation qui touche une fraction importante des éleveurs qui ne justifient plus l’opportunité d’un tel déplacement ; le développement des occupations concurrentes à l’activité d’élevage qui ne suffit plus pour subvenir aux besoins du groupe familial ; l’accentuation de certains phénomènes sociaux notamment l’exode rural et l’immigration qui conduisaient au dépeuplement de la zone et par conséquent à la dégradation du savoir local et la rareté de la main d’œuvre spécialisée en matière d’élevage. L’élevage caprin demeure une activité annexe à l’élevage ovin qui domine dans la région. Il est exonéré de la quasi-totalité des avantages dont l’ovin tire profit (encadrement technique et sanitaire, subvention et programmes de sélection de l’ANOC, etc.), cela combiné au mode de conduite purement extensif conduit à des performances en dessous des espérances. En effet, les paramètres de reproduction moyens enregistrés dans la zone d’étude sont : 74,73, 114,4 et 70,65% respectivement pour la fertilité, la prolificité et la productivité numérique. Alors que la productivité pondérale moyenne de l’UZ n’est que de l’ordre de 10,8 kg/UZ/an. La rentabilité de la spéculation se rétrécit de plus en plus du fait que la part de la supplémentation dans le coût de revient du poids vif produit ne cesse d’augmenter, et ne dépasse guère les 200 DH/UZ comme marge nette bénéficiaire.

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ACTES des 1ères journées de Recherches sur les Ruminants

Ce qui nécessite d’inventer des stratégies alternatives pour l’amélioration des performances des élevages et des revenus des éleveurs en limitant la sévérité de la distorsion de l’équilibre des écosystèmes pastoraux : troupeaux-éleveurs-parcours. La filière caprine dans la zone du Maroc oriental se trouve ainsi dans une situation critique qui nécessite de la part des acteurs de l’élevage dans la région une attention particulière pour assurer la durabilité d’une ressource s’elle est bien valorisée peut contribuer à l’essor de la région. Ainsi, les recommandations suivantes peuvent être suggérées comme voies d’amélioration de l’espèce caprine dans la région :

• amélioration génétique du cheptel via des croisements d’absorption pour augmenter les fréquences des allèles favorables dans la population et la reconstitution d’un pool de gènes qui permet par la suite de définir des races standard de la région ;

• amélioration de la productivité des parcours par la réhabilitation et la sensibilisation des ayants droits sur la nécessité de la gestion rationnelle des ressources en commun notamment chez les petits éleveurs qui ont un rayon de déplacement limité et dont l’alimentation du cheptel est basée essentiellement sur l’exploitation du parcours ;

• apport de soutien technique et financier (micro-crédit) pour les éleveurs les

plus vulnérables (petits éleveurs) afin de les rapprochés du moyen éleveur et pour assurer la durabilité du secteur d’élevage dans la région ;

• vulgarisation des programmes alimentaires pour la supplémentation,

l’engraissement, la préparation à la lutte et la préparation au chevrotage. En effet, la concentration des naissances observée pendant la période de disette alimentaire (hiver) nécessite de la part des éleveurs (toute catégorie confondue) une attention particulière pour les reproductrices en terme de la qualité et de la quantité de l’alimentation distribuée ;

• établissement d’un programme prophylactique notamment contre les

entérotoximies et les strongyloses (les dominantes pathologiques au niveau de la zone selon l’INRA et le laboratoire des analyses vétérinaires d’Oujda) et s’assurer de leur mise en application de la part des éleveurs ;

• encouragement de l’organisation professionnelle des éleveurs

(essentiellement les petits et les moyens éleveurs) notamment en matière d’approvisionnement des aliments pour bétails pour soulager les dépenses liées au transport des denrées ;

• encouragement de la mise en place des ateliers d’engraissement notamment

pour les croisements industriels chez les moyens et les gros éleveurs disposant de moyens pour amener l’activité durant toute l’année et la sensibilisation des acteurs sur la notion de la « qualité du produit » pour conquérir les marchés en dehors de la zone ;

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• création d’un noyau de l’élevage caprin laitier pour mieux valoriser le caprin et facilité l’écoulement de ses produits par la création des coopératives laitières en s’inspirant de l’expérience de Chefchaouen notamment chez les éleveurs sédentaires agropastoraux de Ain Beni Mathar dont les conditions d’implantation s’avère opportun (disponibilité d’eau et des cultures fourragères) ;

• désenclavement du marché local et contrôle du circuit de commercialisation

des produits, autrement faciliter le flux des produits animaux et des intrants (aliments) et vers la zone, une chaîne de transport subventionnée des produits s’avère nécessaire.

Références Caidi A. 1995. Eude comparative des systèmes d’élevage nomade, semi-nomade, et sédentaire, dans les parcours arides et subsahariens, cas de la commune rurale Bouichaouen, province de Figuig. Mémoire de fin d’étude de 3ème cycle en agronomie, Option : production animale, ENA Meknès. DPA. 2006. Prestations d’assistance technique et conseils pour l’évaluation du projet de développement pastoral et de l’élevage dans l’Oriental et propositions d’actions. Phase I. note méthodologique. Direction provinciale de l’agriculture de Figuig. PDPEO, 2000. Rapport annuel (Exercice 1999/2000). Direction provinciale de l’agriculture de Figuig. ERES. 1972. Périmètre d’amélioration pastorale d’Ain Beni Mathar. Rapport de l’étude pour l’Aménagement des Terrains de parcours du Maroc Oriental. Ministère de l’Agriculture et de la Réforme Agraire. Direction de la mise en valeur. El Yassenasni H.1999. Caractérisation de la conduite des élevages des petits ruminants et détermination de l’importance de la supplémentation dans trois communes rurales de la province de Taourirt. Mémoire de fin d’étude de 3ème cycle en agronomie, Option : production animale, ENA Meknès. Mourid N. 2001. Etude de la conduite des élevages et évaluation des effets de la sécheresse sur les performances des ovins et des caprins dans les provinces de Taourirt et d’Ifrane. Mémoire de fin d’étude de 3ème cycle en agronomie, Option : production animale, ENA Meknès. INRA. 2001. Système de production animale : caractéristiques et coût de production dans la zone d’action du projet du PDPEO. Oujda. Maroc.

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