document ressource Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... ·...

15
ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes 69364 LYON CEDEX 07 9 Allée Pierre de Fermat 63170 Aubière DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico-économiques évaluées Etat des lieux des RTE et focus sur l’organisation de leur production et de leur valorisation au sein des Chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône- Alpes Document ressource Maxime Guittat 44 ème promotion Élève ingénieur ISARA-Lyon Enseignant responsable : Directeur de mémoire : Perrine Vandenbroucke Bertrand Vincent

Upload: duongdang

Post on 13-Sep-2018

217 views

Category:

Documents


0 download

TRANSCRIPT

Page 1: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture

23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

69364 LYON CEDEX 07 9 Allée Pierre de Fermat

63170 Aubière

DOCUMENT RESSOURCE

Étude des références technico-économiques évaluées

Etat des lieux des RTE et focus sur l’organisation de leur production et de

leur valorisation au sein des Chambres d’agriculture d’Auvergne-Rhône-

Alpes

Document ressource Maxime Guittat

44ème promotion Élève ingénieur ISARA-Lyon

Enseignant responsable : Directeur de mémoire :

Perrine Vandenbroucke Bertrand Vincent

Page 2: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

1

Introduction L’objectif de ce document ressource est d’apporter des informations sur la production et la valorisation

de RTE au sein des Chambres d’agriculture. Sa lecture seule permet de prendre connaissance des RTE

faisant partie de la culture de travail des Chambres mais aussi celles produites par d’autres organismes

et pouvant être complémentaires ou concurrentes. Ce document ressource a également pour objectif

d’être un supplément au mémoire que j’ai rédigé. Les détails présents dans ce document permettent

d’avoir une connaissance plus poussée des RTE. La lecture conjointe du mémoire et du document

ressource est fortement suggérée afin de comprendre de manière aboutie les tenants et aboutissants de

ce sujet vaste et complexe. J’effectuerai tout d’abord un état des lieux des RTE évaluées puis j’aborderai

les différentes organisations des Chambres d’agriculture de la région pour la production et la valorisation

de RTE.

I) État des lieux des RTE évaluées L’objectif de cette partie est de décrire le fonctionnement de la production et de la valorisation de RTE.

Elle est constituée de cinq sous-partie qui correspondent chacune à un type de référence particulier.

1) Le dispositif INOSYS Réseaux d’élevage

Le dispositif INOSYS (« Innovations systèmes ») est piloté à l’échelle nationale par l’APCA. Il a été

mis en œuvre en Auvergne et en Rhône-Alpes à travers un travail collaboratif entre Chambres

régionales d’agriculture, Instituts d’élevage et DRAAF. Les objectifs de ce réseau sont de produire,

valoriser et diffuser des références sur les systèmes d’élevage innovants afin de bénéficier d’une

expertise dans le domaine du conseil et de la prospective (CRAA, 2014). Cela passe par la mise en place

dans chaque région d’un observatoire des systèmes d’exploitation dans les territoires. Sont concernés

les élevages ruminants : Bovins viandes et laits, Ovins viandes et lait, Caprins. Ce programme INOSYS

réseau d’élevage est mis en œuvre au sein de la Chambre régionale Auvergne-Rhône-Alpes via les

actions « Observatoire économique » des deux PRDAR. Ce dispositif entre donc dans une stratégie

globale de production et de valorisation de références.

Le dispositif INOSYS se décline en trois composantes (CRAA, 2014) :

a. La typologie

Il s’agit d’une typologie des systèmes d’exploitation, établie à dire d’experts et en collaboration avec les

Instituts techniques. Le rôle de cet outil est une analyse descriptive de l’agriculture française par une

catégorisation des exploitations selon différents critères. Les premiers niveaux de tri se font sur la base

d’un socle national. Un socle régional, avec des critères spécifiques au territoire, est ensuite utilisé afin

de caractériser, dans un souci de cohérence territorial, les exploitations de la région (CRAA, 2014).

L’objectif de cette typologie est l’analyse descriptive de l’agriculture de la région afin d’orienter au

mieux les projets menés par le réseau Chambre, dont la production et la valorisation de références

technico-économiques. Il faut être cependant vigilant sur le fait que cette typologie ne prend en compte

Page 3: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

2

que les exploitations considérées comme professionnelles, c’est-à-dire ayant un atelier significatif, une

main d’œuvre sur l’exploitation d’au minimum 0.5 UTA ainsi qu’une déclaration du chef d’exploitation

en tant qu’agriculteur ou pluriactif.

b. Un référentiel élevage

Il s’agit de repères technico-économiques sur les principaux systèmes collectés par les ingénieurs

références des Chambres et groupés dans la base de données DIAPASON par un animateur régional de

l’Idèle. On y trouve les données des fermes suivies ainsi que les données des cas-types (voir paragraphe

suivant), élaborées par les ingénieurs références. Les données et les cas-types sont élaborés en fonction

des besoins identifiés par les ingénieurs références ainsi que les conseillers. Chaque filière synthétise

ces données collectées en un document. La mise à jour des références est effectuée par les groupes

réseaux plusieurs fois par an.

c. Les cas-types1

Les cas-types sont produits à partir des données des fermes suivies groupées dans DIAPASON. La

création d’un cas-types se fait en fonction des besoins identifiés par les ingénieurs réseaux. Il s’agit

d’une exploitation théorique modélisée à partir du suivi d’environ 5 exploitations d’un même type.

Attention, il ne s’agit pas d’une moyenne, le cas type est représentatif d’un système de production d’un

territoire mais ne donne pas d’informations statistiques.

Le choix des systèmes à étudier est le fruit d’un consensus entre Idèle et Chambres. A partir de 2014 de

nouvelles fermes sont étudiées pour une période de 6 ans. Les fermes suivies doivent répondre aux

critères du socle national, c’est comme cela qu’elles sont choisies. On va prendre des exploitants ayant

de bons résultats, intéressés par les chiffres. Les clôtures comptables sont importantes pour le choix tout

comme l’inscription au contrôle laitier et d’autres critères pratiques. L’objectif des cas-types est

d’optimiser la production. Un socle régional existe et privilégie des systèmes locaux caractéristiques.

Tout en respectant la grille typologique, le but est également de suivre des exploitations ayant des

pratiques particulières et innovantes.

Le schéma de la figure 1 présente la façon dont les cas-types sont produits et valorisés. La réalisation de

ces cas-types provient à la fois d’un travail de l’animateur de l’Institut de l’élevage et d’un travail des

ingénieurs références des Chambres départementales. La méthode de fond est la même en fonction des

équipes en terme de références produites mais l’organisation varie. Leur utilisation est multiple. Ils sont

utiles aux conseillers pour accompagner les agriculteurs dans de nouveaux projets (installation,

transmission, évolution, nouvel atelier,..) ou pour améliorer le système existant.

Ils se présentent sous la même forme avec une introduction donnant des chiffres généraux sur

l’exploitation. On trouve ensuite des informations sur les surfaces (assolement, bilan NPK) puis sur

1 Informations tirées de divers entretiens avec Mathilde Bonestebe

Page 4: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

3

l’atelier d’élevage. Suivent ensuite divers chiffres sur le résultat économique et enfin le coût de

production.

Le dispositif INOSYS réseaux d’élevage assure également la production de cas-types en agriculture

biologique sur la région Auvergne-Rhône-Alpes. Le principe est le même que pour des cas-types

conventionnel à l’exception que les fermes suivis sont en système biologique. On compte cinq cas-types

bio régionaux en bovins lait et six cas-types nationaux en bovin allaitant.

Figure 1_Schema du fonctionnement de la production et de la valorisation de cas-types dans le cadre des réseaux d'élevage

INOSYS en Auvergne-Rhône-Alpes, production : Maxime GUITTAT et Cyril TISSEYRE

d. L’organisation en bassin de production

Les systèmes étudiés ne dépendent pas des limites administratives mais des bassins de production.

Ainsi peut-on avoir un travail collaboratif entre Chambre départementales de régions différentes. Voici

ci-dessous l’organisation des bassins de production selon les filières et le nombre de cas-types produits

par bassin et par filière :

Bovin lait :

o Rhône-Alpes PACA : 10

o Auvergne-Lozère 12

o Centre-Allier : 7

Page 5: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

4

Bovin viande :

o Sud Massif central : 13

o Rhône-Alpes PACA : 6

o Bassin Charolais : 18

Ovin Lait : 3

Ovin viande

o Auvergne-Loire-Rhône : 15

o Rhône-Alpes PACA : 17

Caprins :

o Rhône-Alpes/Bourgogne : 4

Figure 2_Carte des bassins de production d'INOSYS réseaux d'élevage sur la région AURA, production : Maxime GUITTAT

2) Les références en productions végétales2

Deux types de références sont produits en production végétale :

- Références systèmes, à l’échelle du système de culture.

- Références techniques, à l’échelle de l’itinéraire technique. Ces dernières représentent la

majorité des références produites sur la région Auvergne-Rhône-Alpes.

La quantité de références produites dépend de la filière concernée :

- Beaucoup de références pour les filières céréales à paille, maïs (grain et ensilage), oléagineux,

cultures fourragères, cultures dérobées/Cultures intermédiaires pièges à nitrates (CIPAN),

prairies, betterave et lentille

2 Informations recueillies auprès de Thomas Pacaud, Chargée de mission agronomie à la CRA

Page 6: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

5

- Peu de références techniques (ou systèmes) pour les filières dites mineures : protéagineux,

vigne, arboriculture, légumes plein champ, maraichage,…

Il n’y a pas de réseaux spécialisés grandes cultures comme on peut l’avoir pour les réseaux d’élevage.

Le nombre d’exploitations concernées par les grandes cultures est jugé trop faible pour nécessiter la

mise en place d’un réseau INOSYS territorial grande culture. Il existe le réseau INOSYS (et son outil

base de données diapason) en termes de grandes cultures à l’échelle nationale et sur certaines régions,

mais on n’a pas de réseau en Auvergne-Rhône-Alpes. Le seul réseau de production de références

technico-économiques que l’on a dans la région est le réseau INOSYS viticulture présent sur le

territoire Rhône-Alpes avec six cas-types. Des cas-types sont également produits du côté Rhône-Alpes

pour des productions maraichères et des céréales mais en dehors du dispositif INOSYS.

Des références de type Technico-Économiques sont produites pour les exploitations de type Polyculture-

Élevage pour ce qui est des cultures. La démarche est intéressante car cela permet d’avoir une vision

système (lien entre production végétale et animale) et pas seulement une vision filière.

On trouve également des références technico-économiques en agriculture biologique pour les

productions végétales, en arboriculture, en viticulture, sur les fourrages et enfin en maraichage.

Elles apparaissent sous forme de fiches technico-économique donnant des éléments le plus souvent

économiques comme la marge brute ou le coût de production, avec parfois quelques éléments techniques

les accompagnants. Un travail collaboratif entre les Chambres régionales, départementales, l’ITAB et

les GAB permet de produire ces références.

Des références sont produites via le Réseau DEPHY (Démonstration expérimentation et

production de références sur les systèmes économes en phytosanitaires), faisant partie du

programme Ecophyto. En Auvergne, on a un réseau par département :

- Deux réseaux grandes cultures pour le Puy-de-Dôme et l’Allier, plus axés sur la vente de

grains et fourrage

- Deux réseaux polyculture élevage pour la Haute-Loire et le Cantal, plus axés sur l’utilisation

des cultures dans l’alimentation animale

En Rhône-Alpes on a quatre réseaux répartis sur l’ensemble du territoire :

- Réseau polyculture-élevage

- Réseau arboriculture

- Réseau viticulture

- Réseau grande culture

Les objectifs actuels de triple performance basée sur les trois piliers de la durabilité entraînent

actuellement une révision de la collecte et de l’utilisation des références liées à la production végétale.

Page 7: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

6

Le développement des références systèmes est au cœur des travaux du réseau des Chambres

d’agriculture Auvergne-Rhône-Alpes afin de répondre aux objectifs évoqués précédemment.

3) Les références sur la diversification des activités agricoles

La production de références en diversification est pilotée par le Centre d’Etudes et de Ressources sur

la Diversification agricole (CERD). L’élaboration des références sur la zone massif central implique

la Chambre régionale Auvergne-Rhône-Alpes, les Chambres départementales de la région ainsi la CRA

Bourgogne et Limousin ainsi que les CDA Lozère et Aveyron qui sont les principaux collecteurs de

données. Ces références se présentent sous forme de fiches ou fascicules donnant des éléments technico-

économiques pour une production, une activité de diversification. Ces références sont produites grâce à

des enquêtes menées dans les fermes ciblées par le CERD. Les livrables produits sont diffusés par les

Chambres, le CERD et l’Idèle.

4) Les références produites par d’autres organismes

a. Les Réseaux INRA3

L’objectif des réseaux c’est d’essayer de comprendre comment la performance économique se construit

dans une exploitation et surtout comment elle évolue au cours du temps. Pour cela, les réseaux sont

construits sur le long terme avec un nombre d’exploitations assez important. Le réseau Bovin

Charolais comporte par exemple 66 fermes en 2014. De plus, en termes de constance sur le long terme,

nous pouvons apporter les chiffres suivants pour le réseau charolais:

Sur 35 ans c’est 24 exploitations en échantillon constant

Sur 25 ans c’est 35 exploitations en échantillon constant

Sur 15 ans c’est 53 exploitations en échantillon constant

L’angle d’attaque est axé gestion avec des méthodes d’enquêtes précises. Les exploitants sont calés

sur une campagne identique au 1er janvier pour la comptabilité et une comparaison est possible

sur une année et sur le long terme.

A la naissance du réseau, les fermes choisies étaient de grande taille et de bonne performance. Le critère

taille n’est aujourd’hui plus pertinent. Aujourd’hui ce n’est pas forcément la représentativité statistique

mais la diversité des systèmes de production qui est recherchée pour introduire dans les réseaux

des systèmes qui n’y sont pas encore. De plus, cela fait 18 ans que la question de l’AB se posait donc

l’effort a été fait d’intégrer des exploitations dans les réseaux. Aujourd’hui on a par exemple 13 fermes

en AB dans le réseau bovin charolais.

Les réseaux INRA tendent à se rapprocher des réseaux d’élevage INOSYS dans des projets de

recherches et développement regroupant divers organismes. Nous pensons plus particulièrement à

3 Informations recueillies lors d’un entretien avec Patrick Veysset, responsable des réseaux d’élevage de l’INRA

Page 8: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

7

un projet de production de références en agriculture biologique sur le massif central. Ce projet reprend

les fermes du réseau INOSYS, certaines de l’INRA avec une harmonisation des méthodes et une

utilisation commune de DIAPASON.

b. Références CER

Les CER ne produisent pas de références technico-économiques à proprement parlé mais plutôt des

références purement économiques. Cependant les CER apparaissent comme des acteurs majeurs du

développement agricole notamment dans le domaine du conseil. De plus en plus d’exploitants font

appels à cet organisme en tant qu’accompagnateur et conseiller lors de projets d’installation, de

création de nouvelles activités. Il faut donc considérer les CER comme des acteurs majeurs de la

production et de l’utilisation de références, et réfléchir aux aspects de concurrence mais aussi de

complémentarité.

5) Les références informelles

La phase de collecte d’informations nous a permis de valider l’hypothèse que l’expérience des

conseillers est considérée par un grand nombre d’acteurs comme de la RTE. C’est pourquoi il nous

paraît nécessaire de considérer ces références informelles dans notre évaluation car elles représentent

une quantité d’information non disponible. Le transfert et la production de ces références ne sont pas

formalisés puisqu’elles proviennent de réflexions personnelles alimentées par des échanges et des

expériences. La formalisation et le transfert de ce type de RTE nous paraît être un enjeu de la

valorisation.

II) La production et la valorisation de RTE dans les Chambres

d’agriculture d’Auvergne-Rhône-Alpes

L’objectif de cette partie est de comprendre les différentes organisations des Chambres d’agriculture de

la région Auvergne-Rhône-Alpes pour la production, le transfert et la valorisation des RTE. J’évoquerai

à la fois les organisations internes au CDA mais aussi l’organisation de travaux et groupes

interdépartementaux sur la région. Je finirai par un rapide travail de comparaison des financements

alloués aux RTE dans les Chambres d’agriculture du territoire.

L’ensemble des informations de cette partie provient d’une lecture légèrement différente des entretiens

réalisés pour le travail d’évaluation. Nous avons, avec Robin Freycenon, effectué une journée d’enquête

dans la Chambre du Cantal spécialement dédiée à son organisation. Les données que nous avons

collectées lors de cette journée agrémentent largement cette partie.

Page 9: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

8

1) Organisation des Chambres départementales pour la production et la

valorisation de RTE

a. Des organisations de production différentes

Si l’on observe l’organisation des différentes Chambres d’agriculture départementales concernant la

production de RTE, on remarque qu’il y a quasiment autant de modes d’organisation que de structures.

Ainsi certaines CDA s’impliquent grandement dans la production de RTE car elles y voient un outil

fondamental alors que d’autres (pourtant également utilisatrice de RTE) se désengagent de la production.

Pour INOSYS réseau d’élevage, le cadrage implique une équipe d’ingénieurs réseaux

interdépartemental des CDA animée par un agent IDELE : c’est l’équipe réseau. On remarque une base

commune entre les Chambres : l’implication d’ingénieurs réseau. C’est lui qui alimente la base de

donnée DIAPASON et qui participe à l’équipe réseau et à la construction de Cas-Types. Cependant, le

suivi de ferme qui permet de faire remonter des chiffres est organisé de façon différente dans les

différents départements comme on peut le voir sur la figure 3. Certaines Chambres, comme celle de

Savoie Mont-Blanc, ont choisi d’impliquer d’autres agents dans le suivi des fermes et la construction

de RTE. Ainsi si certaines structures s’appuient uniquement sur l’ingénieur référence désigné pour

suivre les fermes du réseau, certaines impliquent leurs conseillers (voir figure 3). De cette façon, les

conseillers collectent les informations auprès des agriculteurs et les transmettent à l’ingénieur réseau qui

les rentrent dans la base de données DIAPASON. Les agents impliqués peuvent être situés dans

différentes antennes de la structure permettant ainsi de couvrir plus facilement l’ensemble des territoires.

De cette façon, on garantit la vérification des informations ainsi que leur homogénéité. Seul l’ingénieur

référence participe à la vie de l’équipe interdépartementale.

Figure 3_Deux organisations différentes de production de RTE dans le cadre d'INOSYS RE, production : Cyril Tisseyre

Pour ce qui est de la production des RTE hors INOSYS RE, son organisation dans les départements est

plus hétérogène et difficile à appréhender. Elle peut s’appuyer sur les conseillers filières comme dans

la Drôme et le Puy de Dôme, ou sur des chargés d’études ou encore des conseillers d’entreprises qui

produisent des références à partir de fermes qu’ils suivent. Les formations coût de production sont par

Page 10: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

9

un exemple un moyen pour le conseiller entreprise de collecter et de diffuser de la référence. D’une

certaine manière, ils participent par ce biais à la production de références.

Le nombre de fermes suivies et le protocole de construction varient également. Si certains départements

comme la Drôme ont fait le choix stratégique de suivre la diversité des filières de leur territoire, d’autres

comme l’Ardèche ont choisi de ne pas produire de RTE ou peu. En découle alors un conseil dépendant

des données des autres départements ou alors d’une nature différente (basé sur l’expérience du conseiller

qui pourra comparer l’exploitation sur laquelle il intervient à des cas déjà vus).

b. Une valorisation hétérogène découlant de la culture des différentes Chambres

et des organisations du transfert

Ici également on a un large panel de cas différents. Si dans certains départements il y a une utilisation

quasiment systématiques de RTE dans le cadre du conseil, du positionnement des élus ou de la

prospective, dans d’autres elle se fait très ponctuellement. Il y a une grande multitude d’organisations

tant d’un point de vue physique, comme la localisation des bureaux, que hiérarchique. Ainsi dans la

Chambre du Cantal, les producteurs de références sont matériellement plus proches des utilisateurs et

intégrés dans les mêmes bureaux ou étages, facilitant ainsi les échanges, contrairement à d’autres CDA

comme celle du Puy-de-Dôme.

De la même manière, la structuration même des CDA en pôles et services ainsi que la place des agents

varie. Par exemple dans la Drôme, la CDA est organisée en 3 services : territoire, filière et économie.

Si certains utilisateurs comme les conseillers d’entreprises appartiennent au service économie, les

producteurs se trouvent dans le service filière. Ainsi, pour une meilleure communication entre ces

services, un poste d’ « animateur pivot » a été mis en place. Cet agent permet de faire le lien entre les

« spécialistes » ou producteurs de références et les conseillers d’entreprises ou utilisateurs. Dans le

Cantal, on retrouve au sein d’un même pôle développement économique les services références et

conseil d’entreprise. Les conseillers sont rattachés à des antennes territoriales constituant ainsi trois

équipes de conseillers, chacune des équipes étant suivie plus particulièrement par un ingénieur référence.

La localisation et le nombre d’antennes au sein d’un département joue sur la fréquence des contacts

entre conseillers et ingénieurs références. Il est plus aisé d’avoir des échanges lorsqu’il y a peu

d’antennes même si une multiplicité de ces dernières favorise la valorisation fine des RTE via un conseil

très localisé.

Ici encore, pour faire le lien entre producteurs et utilisateurs de références les Chambres ont développé

des organisations et méthodes différentes. Dans la Loire, il y a une réelle volonté de perméabilité et de

communication entre les différents services : les entretiens d’embauches se font avec les différents chefs

de services, réunions d’équipes régulières, communication, assignation d’un « parrain » lors d’une

entrée en fonction afin de mieux appréhender le fonctionnement de la structure. Dans le Cantal, la culture

de travail est assez similaire. Les jeunes conseillers suivent un parcours d’intégration du nouveau

Page 11: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

10

collaborateur durant lequel ils voient le directeur, le chef du pôle développement économique ainsi que

les ingénieurs références pendant une ou deux journées afin de découvrir les méthodes et démarches

pour une appropriation facilitée des références. Dans d’autres Chambres, comme dans le Puy-de-Dôme,

il semble qu’il y ait une séparation plus importante entre équipes et services qui ont des fonctionnements

distincts et plus indépendants.

Le rôle des chefs de service ou responsables de pôle est important dans la réalisation du transfert. Dans

le Cantal par exemple, le responsable du pôle Développement économique participe aux réunions

conseillers et à celles de ingénieurs références. Son rôle est donc primordial dans la circulation de

l’information.

Le transfert des références aux élus est également un point de divergence des organisations

départementales. Dans le Cantal, un comité de pilotage, comprenant trois élus et trois autres agriculteurs,

a été créé en 2015 afin de transférer les RTE aux agriculteurs mais aussi de les intégrer dans le processus

de production. Dans l’Allier, chaque filière a un représentant professionnel attitré avec lequel les

producteurs de références organisent une réunion de présentation et de dialogue autour des RTE chaque

année. Dans d’autres départements ce transfert est beaucoup plus ponctuel et n’est pas organisé de façon

aussi formelle. Dans la Haute-Loire par exemple les élus viennent au contact des ingénieurs références

lorsqu’ils ont besoins d’informations précises et non de façon régulière.

c. Des stratégies de fonctionnement hétérogènes

Cette tentative de comparaison des différentes stratégies des structures est basée sur les différents

témoignages que nous avons pu recueillir. N’ayant pu interroger de façon homogène les

différentes CDA ainsi que l’ensemble de leurs acteurs, le schéma produit et les commentaires sont

tout à fait subjectifs.

Les CDA ont adopté des stratégies différentes quant à la production de références ainsi qu’à

l’organisation de sa valorisation. Il semble qu’il y ait de manière générale une corrélation relative entre

Page 12: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

11

l’implication dans la production de RTE de manière générale et la formalisation de la valorisation. Cet

ensemble découlant d’une réflexion et de choix stratégique de fonctionnement de la part des CDA.

Si certaines Chambres comme le Cantal, la Drôme ou Savoie Mont-Blanc mettent un point d’honneur à

produire des références et à avoir une valorisation réfléchie et organisée, d’autres comme l’Ardèche se

placent à l’opposé. Ayant fait le choix de ne pas s’impliquer dans INOSYS réseau d’élevage et de ne

pas produire de RTE à grande échelle, elles sont dépendantes de celles des autres et ont adopté des

fonctionnements de conseil différents. La valorisation des RTE y est moins cadrée. La plupart des autres

Chambres se placent à un niveau à peu près similaire même si certaines organisations spécifiques ou

implication supplémentaires divergent. On peut penser à la perméabilité des services dans la Loire ou

la présence d’un comité de pilotage RTE dans l’Allier par exemple.

2) Quelle organisation entre les différentes Chambres ?

Il existe divers groupes interdépartementaux de travail et organisations autour des références. La plupart

de ces groupes sont régionaux. La fusion des régions étant récente et la réorganisation pas encore

effectuée, ces groupes sont amenés à être restructurés dans un futur proche.

Comme expliqué dans la partie précédente, le travail d’INOSYS réseau d’élevage s’appuie sur les

ingénieurs réseaux des CDA organisés par filière (bovin viande BV, bovin lait BL, caprin, ovins viande

et ovins lait) autour d’un animateur réseau de l’IDELE. Ces groupes réseaux peuvent être régionaux

Figure 4_Typologie des CDA selon leur implication dans la production de RTE et l'organisation de la valorisation

des RTE

Page 13: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

12

comme en Rhône-Alpes pour BV et BL ou par bassins de productions comme le bassin rustique en BV

de sud Auvergne et Lozère. Ces agents se rencontrent régulièrement pour construire des cas-types, les

mettre à jour, travailler sur des thèmes précis. Ils mènent donc des projets à l’échelle

interdépartementale.

Dans le cadre de l’action 8 du PRDAR en Auvergne, un groupe de producteurs de références a été créé

en 2014. Il est composé d’une personne par CDA, chacune représentant une filière différente, ainsi que

de deux personnes de la Chambre régionale pour les productions végétales et les productions animales.

Son rôle est de mener une réflexion sur la production de références pour répondre aux objectifs fixés

dans le PRDAR. Ce groupe décide aussi de la mise en place de sous-groupes de travail sur des

thématiques particulières selon les besoins (PAC en 2014, référentiel fourrager en 2016). Là encore, ils

sont composés d’une personne par CDA représentant une filière différente. Cette entrée multi filière a

pour but de créer du lien entre les différentes actions du PRDAR. En effet, l’action 8 est transversale et

des références peuvent être produites dans le cadre d’autres actions concernant l’agronomie, l’énergie,

les fourrages. Depuis 2016, un groupe d’utilisateurs de références a été mis en place et regroupe un

conseiller entreprise de chaque CDA dans le but de les intégrer dans les processus de réflexion régionale

autour des références.

Les Chambres de Rhône-Alpes ont mis en place en 2011 un groupe spécifique dédié à la diffusion de

référence : l’équipe TRACE (Topo Rhônalpin du conseiller d’entreprise). Son objectif premier est de

compiler l’ensemble des RTE produites au sein du territoire dans un document papier et informatique

diffuser à l’ensemble des conseillers de la région. Ce groupe organise une réunion annuelle pour ces

conseillers afin de les familiariser avec cet outil et de les questionner sur leurs attentes en termes de

références. La région Auvergne a entamé depuis 2015 les réflexions pour réaliser un document similaire.

Le groupe travaillant sur ce sujet est le groupe des producteurs de l’AE8 auquel s’est rajouté l’Idèle ainsi

que le chargé de mission agriculture biologique de la Chambre régionale.

Les chefs de service économie sont également réunis plusieurs fois par an pour valider les orientations,

du côté Auvergne et du côté Rhône-Alpes. Un observatoire économique régional, regroupant les chefs

de service de la nouvelle région, a été mis en place en mai 2016.

Page 14: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

13

3) Financements

Nous remarquons une variabilité des équivalents temps plein (ETP)4 consacrées aux actions

Observatoire économique. L’Ardèche, l’Isère et l’Ain mobilisent moins d’un ETP sur cette action

contrairement aux autres départements. Pour les autres Chambres, le nombre d’ETP varie entre 1 et 2.55.

Ce dernier chiffre, celui du Cantal, est à relativiser car le rôle de coordinateur régional confié à Mathilde

Bonestebe, de la CDA 15, fait grimper ce chiffre. Ces schémas nous permettent de voir des engagements

plus ou moins importants selon les Chambres pour les actions 6 et 8. Il semble que les Chambres

d’Auvergne mobilisent un peu plus d’ETP que celle de Rhône-Alpes.

4 Une capacité de « n » ETP correspond à une équipe de « n » personnes affectées à temps plein à la réalisation d'une tâche

CDA LOIRE ; 118,57

CDA DROME ; 85,34

CDA ISERE ; 79,62

CDA RHONE ; 146,58

CDA SAVOIE² ;

101,64

CDA ARDECHE ;

23,02

CDA AIN ; 48,69

CRA RA ; 162,91

Coût annuel 2014 de l'AE6 dans les différentes Chambres d'Agriculture de

Rhône-Alpes (k€)

CDA03; 1,45

CDA15; 2,55

CDA43; 1,55

CDA63; 1

CRA; 0,85

Nombre d'ETP affecté à l'AE8 dans les Chambres d'Auvergne en 2014

CDA03; 108

CDA15; 153

CDA43; 147

CDA63; 97

CRA; 77

Coût annuel 2014 de l'AE8 dans les différentes Chambres d'Agriculture d'Auvergne (k€)

CDA LOIRE ; 1,27

CDA DROME ; 1

CDA ISERE ; 0,55

CDA RHONE ; 1,1

CDA SAVOIE² ;

1,1

CDA ARDECHE ;

0,2

CDA AIN ; 0,75

CRA RA ; 1,35

Nombre d'ETP affecté à l'AE6 dans les Chambres de Rhône-Alpes en 2014

Figure 5_Nombre d'ETP affecté à l'AE6 dans les Chambres de Rhône-

Alpes en 2014, production personnelle

Figure 6_Nombre d'ETP affecté à l'AE6 dans les Chambres

d’Auvergne en 2014, production personnelle

Figure 7_Coût annuel 2014 de l'AE6 dans les différentes Chambres

d'Agriculture de Rhône-Alpes (k€), production personnelle

Figure 8_Coût annuel 2014 de l'AE8 dans les différentes Chambres

d'Agriculture d'Auvergne (k€), production personnelle

Page 15: DOCUMENT RESSOURCE Étude des références technico ...rhone-alpes.synagri.com/synagri/pj.nsf... · ISARA-Lyon Chambre Régionale d’Agriculture 23 Rue Jean Baldassini Auvergne-Rhône-Alpes

14

La comparaison des figure 7 et 8 nous permet de remarquer une différence à l’echelle régionale puisque

la CRA RA représente un pourcentage de dépense plus fort que la CRA Auvergne. Du côté Rhône-

Alpes, comme pour les ETP, l’Ain et l’Ardèche dépense peu pour l’action 6. Suivent ensuite l’Isère et

la Drôme. Le Rhône et la Loire sont ceux dont les dépenses sont les plus élevées. On retrouve des coûts

légérement plus élévés en Auvergne, avec notamment le Cantal et la Haute-Loire pour lesquels l’action

8 équivaut à environ 150k€.

Les figures 9 et 10 nous montrent que les Chambres d’Auvergne ainsi que celles de Savoie, du Rhône,

de l’Isère et de la Loire semblent apporter un financement propre supplémentaire conséquent dans la

réalisation des actions observatoire économique. Des départements comme l’Ain ou l’Ardèche, moins

engagés dans la production de références se contentent pratiquement des fonds CASDAR.

Bibliographie CRAA. La typologie INOSYS en Auvergne. En ligne, disponible sur http://www.myinosys.fr/, 2014.

0

20

40

60

80

100

% Financement CasDar (k€) par rapport au coût total (Rhône-Alpes)

Financement CasDar (k€)

0,0

20,0

40,0

60,0

80,0

100,0

CDA03 CDA15 CDA43 CDA63 CRA

% Financement CasDar (k€) par rapport

au coût total (Auvergne)

Figure 9_% Financement CasDar (k€) par rapport au coût total (Rhône-Alpes) Figure 10_% Financement CasDar (k€) par rapport au coût total

(Auvergne)