determinants de la performance des institutions de

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Université IBN ZOHR Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales Agadir UFR : Economie et gestion de l’espace Thèse de doctorat en Sciences économiques Présentée et soutenue publiquement le 22 décembre 2012 par Ali JEBLI Sous la direction de Monsieur le Professeur Lahoussine RACHIDI Jury Ahmed RHELLOU Professeur à la faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales - Agadir - Président Lahoussine RACHIDI Professeur à la faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales - Agadir - Directeur de thèse Mostapha AMRI Professeur à l’Ecole Nationale de Commerce et de Gestion - Agadir - Rapporteur Si Mohamed BOUAZIZ Professeur à la faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales - Agadir - Rapporteur Said AKRICH Professeur à la faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales - Agadir - Rapporteur Abdekbir ELOUIDANI Professeur à la faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales - Agadir - Rapporteur Année universitaire 2011 - 2012 DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE MICROCREDIT AU MAROC Une Analyse par les données de panel (2003 2010)

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Page 1: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

i

Université IBN ZOHR

Faculté des Sciences Juridiques, Economiques et Sociales

Agadir

UFR : Economie et gestion de l’espace

Thèse de doctorat en Sciences économiques

Présentée et soutenue publiquement le 22 décembre 2012 par

Ali JEBLI

Sous la direction de Monsieur le Professeur

Lahoussine RACHIDI

Jury

Ahmed RHELLOU Professeur à la faculté des Sciences Juridiques

Economiques et Sociales - Agadir - Président

Lahoussine RACHIDI Professeur à la faculté des Sciences Juridiques

Economiques et Sociales - Agadir - Directeur de thèse

Mostapha AMRI Professeur à l’Ecole Nationale de Commerce

et de Gestion - Agadir - Rapporteur

Si Mohamed BOUAZIZ Professeur à la faculté des Sciences Juridiques

Economiques et Sociales - Agadir - Rapporteur

Said AKRICH Professeur à la faculté des Sciences Juridiques

Economiques et Sociales - Agadir - Rapporteur

Abdekbir ELOUIDANI Professeur à la faculté des Sciences Juridiques

Economiques et Sociales - Agadir - Rapporteur

Année universitaire

2011 - 2012

DETERMINANTS DE LA

PERFORMANCE DES INSTITUTIONS

DE MICROCREDIT AU MAROC

U n e A n a l y s e p a r l e s d o n n é e s d e p a n e l ( 2 0 0 3 – 2 0 1 0 )

Page 2: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

i

La faculté des Sciences Juridiques Economiques et Sociales de l’Université

Ibn Zohr d’Agadir n’entend donner aucune approbation, ni improbation aux

opinions émises dans cette thèse. Ces opinions doivent être considérées

comme propres à leur auteur.

Page 3: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

ii

A mes parents, ma femme et mes filles

Page 4: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

iii

REMERCIEMENTS

Mes remerciements vont tout d’abord à mon Directeur de thèse, Monsieur le Professeur

Lahoussine RACHIDI, pour sa bienveillance, sa disponibilité, la pertinence de ses

suggestions et son engagement. Ses différentes corrections et ses conseils ont été

particulièrement la source de réussite de cette thèse.

Je tiens à remercier également les membres du jury Messieurs les professeurs Ahmed

RHELLOU, Mostapha AMRI, Si Mohamed BOUAZIZ, Saïd AKRICH et Abdekbir

ELOUIDANI qui ont bien voulu m’honorer de leur présence et pour leurs remarques et

conseils pertinents.

Mes remerciements profonds vont aussi à mes collègues de travail et à tous les membres

académiques et administratifs de l’institut ISIAM – Agadir qui ont su m’encourager dans

cette voie et dont le soutien a grandement facilité la réalisation de cette recherche.

A Monsieur Fayçal Zoubir j’adresse un remerciement tout particulier pour son aide et sa

disponibilité à chaque fois que j’ai besoin de lui.

Mes remerciements vont aussi aux membres de l’administration de la faculté des sciences

juridiques, économiques et sociales d’Agadir.

Enfin, je remercie ma famille ainsi que mes amis pour leur constant soutien pendant ma

thèse.

Page 5: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

iv

SIGLES ET ABREVIATIONS UTILISES

ACAET Association des Cadres et Anciens Elèves de Tanderara

AFD Agence Française de Développement

AG Assemblée Générale

AMAL Association Marocaine pour l’Appui au développement Locale

AMC Association de Micro-Crédit

AMOS Association de Microfinance Oued Srou

AMSED L’Association Marocaine de Solidarité et de Développement

AMSSF Association Marocaine Solidarité Sans Frontières

AMSSF/MC Association Marocaine Solidarité Sans Frontières / Micro-Crédit

AOS Association Oued Srou

ATIL Association Tétouanaise d’Initiatives Socio-Laborales

BRI Bank Rakyat Indonesia

CA Conseil d’Administration

CAMEL Capital adequacy, Asset quality, Management, Earnings and Liquidity

CDC Caisse des Dépôts et Consignations

CDG Caisse de Dépôt et de Gestion

CGAP the Consultative Group to Assist the Poorest (Groupe consultatif d’aide aux

populations les plus pauvres) : www.cgap.org

CMSMS Centre Mohammed VI de Soutien à la Microfinance Solidaire

Coopec Coopératives d’Epargne et de Crédit

CP Capitaux propres

CRS Catholic Relief Service

FBPMC Fondation Banque Populaire pour le Micro-Crédit

FENU Fonds d’Equipement des Nations-Unis

FIDA Fonds International pour le Développement Agricole

Page 6: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

v

FINCA Foundation for International Community Assistance

FNAM Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (www.fnam.ma)

FONDEP Fondation pour le Développement Local et le Partenariat

GIRAFE Governance and decision making process, Information and management

tools, Risk analysis and control, Assets, Funding, Efficiency and

profitability.

HCP Haut-Commissariat au Plan

IDH Indice de Développement Humain

IFA Institution Financière Alternative

IFI Institution Financière Internationale

IMF Institution de Microfinance

INDH Initiative Nationale pour le Développement Humain

INMAA INstitution MArocaine d'Appui à la micro-entreprise

LSDV Least Square Dummy Variable : Moindres carrés ordinaires sur les variable

indicatrices

MCG Moindres Carrés généralisés

MCO Moindres Carrées Ordinaires

MEA Modèle à Effets Aléatoires

MEF Modèle à Effets Fixes

MENA Middle East and North Africa (Moyen Orient Afrique du Nord)

MIX Microfinance Information eXchange (www.mixmarket.org)

MBB MicroBanking Bulletin (http://www.themix.org/microbanking-

bulletin/microbanking-bulletin)

ONG Organisation Non-Gouvernementale

PEARLS Protection, Effective financial structure, Asset quality, Rates of return and

costs Liquidity and Signs of growth

PIB Produit Intérieur Brut

PNUD Programme des Nations-Unies pour le Développement

RCB Rural and Community Bank

ROA Return On Assets

ROSCA Rotating Savings and Credit Association (associations rotatives d’épargne

et de credit)

Page 7: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

vi

SCR Sommes des Carrés des Résidus

SDI Subsidy Dependence Index (indice de recours aux subventions)

TVA Taxe sur la Valeur Ajoutée

UPI Unités de Production Informelle

VA Valeur Ajoutée

Page 8: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

vii

SOMMAIRE

Remerciements ..................................................................................................................... iii

Sigles et abréviations utilisés ................................................................................................ iv

Sommaire… ......................................................................................................................... vii

Introduction générale ............................................................................................................. 1

Chapitre I : Cédit, Microcrédit et microfinance ............................................................. 11

1.1 Définition du crédit -------------------------------------------------------------------------- 12

1.1.1 Le marché du crédit ............................................................................................................ 13

1.1.2 Imperfections du marché et rationnement du crédit .................................................. 15

1.1.3 Marché du crédit et financement des pauvres ............................................................. 26

1.2 Microfinance et institutions de microfinance : Définitions ---------------------------- 34

1.2.1 Définition de la microfinance .......................................................................................... 34

1.2.2 Produits de la microfinance .............................................................................................. 37

1.2.3 Institutions de microfinance (IMF) ................................................................................ 45

1.3 Développement de la microfinance et différents types d’institutions de

microfinance ------------------------------------------------------------------------- 47

1.3.1 Développement de la microfinance................................................................................ 47

1.3.2 Différents types d’institutions de microfinance ......................................................... 53

Conclusion du chapitre I -------------------------------------------------------------------------- 69

Chapitre II : Mesure de la performance des IMF .......................................................... 72

2.1 La notion de performance ------------------------------------------------------------------- 74

2.1.1 Efficience et efficacité ....................................................................................................... 79

2.1.2 Performance organisationnelle ........................................................................................ 82

2.1.3 Performance globale ........................................................................................................... 85

2.1.4 Performance individuelle .................................................................................................. 87

2.2 Performance des IMF et sa mesure -------------------------------------------------------- 89

2.2.1 Approche welfariste versus approche institutionnaliste ........................................... 89

2.2.2 Mesure de la performance des IMF ............................................................................... 93

2.3 Déterminants de la performance des IMF ---------------------------------------------- 109

Page 9: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

viii

2.3.1 Viabilité financière ........................................................................................................... 110

2.3.2 Portée des activités des IMF .......................................................................................... 116

2.3.3 Viabilité financière versus portée des activités ........................................................ 119

2.3.4 Impact de la microfinance .............................................................................................. 122

Conclusion du chapitre II ----------------------------------------------------------------------- 125

Chapitre III : Contexte de l’étude et Démarche méthodologique ............................... 129

3.1 Microfinance au Maroc ------------------------------------------------------------------- 130

3.1.1 Profil du pays et conditions macroéconomiques ...................................................... 131

3.1.2 Historique, développement et perspectives du microcrédit au Maroc ............... 142

3.1.3 Cadre légal et réglementaire du microcrédit ............................................................. 153

3.2 Positionnement épistémologique -------------------------------------------------------- 160

3.2.1 Le paradigme constructiviste ......................................................................................... 162

3.2.2 Le paradigme positiviste ................................................................................................. 163

3.3 Problématique et hypothèses ------------------------------------------------------------- 165

3.3.1 Problématique..................................................................................................................... 165

3.3.2 Hypothèses .......................................................................................................................... 167

3.4 Description des données et de l’échantillon -------------------------------------------- 172

3.4.1 Source des données utilisées .......................................................................................... 173

3.4.2 Description de l’échantillon ........................................................................................... 173

3.5 Modèle utilisé et description des variables --------------------------------------------- 175

3.5.1 Modèle .................................................................................................................................. 175

3.5.2 Description des variables ................................................................................................ 182

Conclusion du chapitre III ---------------------------------------------------------------------- 195

Chapitre IV : Traitement des données et résultats ....................................................... 199

4.1 Analyse descriptive des données --------------------------------------------------------- 200

4.1.1 Statistiques descriptives des variables endogènes ................................................... 205

4.1.2 Statistiques descriptives des variables exogènes ...................................................... 218

4.2 Performance des associations de microcrédit marocaines --------------------------- 233

4.2.1 Facteurs déterminants de la viabilité financière ....................................................... 235

4.2.2 Facteurs déterminants de la portée des activités des AMC ................................... 248

4.3 Implications pour les associations de microcrédit ------------------------------------- 251

Conclusion du chapitre IV ---------------------------------------------------------------------- 255

Conclusion générale .......................................................................................................... 258

Bibliographie ..................................................................................................................... 264

Page 10: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

ix

Annexes … ........................................................................................................................ 279

Liste des tableaux .............................................................................................................. 296

Liste des figures ................................................................................................................. 294

Table des matières ............................................................................................................. 297

Page 11: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

1

INTRODUCTION GENERALE

"Je crois fortement que nous pouvons créer un monde sans pauvreté,

si nous y croyons tous ensemble. Dans ce monde sans pauvreté, le

seul endroit où vous pouvez voir la pauvreté serait dans les musées

de pauvreté. Quand les écoliers visiteraient ces musées, ils seraient

horrifiés de voir la misère et l’indignité que certains êtres humains

ont dû supporter. Ils blâmeraient leur ancêtres d’avoir accepté ces

conditions inhumaines, qui ont duré si longtemps pour un très grand

nombre de personnes1"

Bien que la microfinance ait été mentionnée pour la première fois au Maroc en 1992, lors

de la conférence sur la désertification, organisée par l’Ecole Nationale d’Agriculture de

Meknès, c’est en 1993 que le microcrédit a vu le jour au Maroc par l’intermédiaire de

l’association AMSED. La première opération de crédit réalisée par cette association était le

prêt d’un petit montant (microcrédit) à un groupe de huit femmes. Cette opération,

première en son genre, a ouvert une nouvelle ère pour la frange pauvre de la population

marocaine.

Au Maroc, comme partout ailleurs, l’accès aux ressources financières constitue la

principale contrainte au développement des micros et petites entreprises (MPE) et un

important élément de blocage de leur croissance. Ainsi, une large frange de la population,

qui malgré son esprit entrepreneurial, ne trouve pas l’accès aux moyens financiers

nécessaires à la création ou au développement de toute activité génératrice de revenus.

Cette population est exclue par les banques commerciales. Les raisons majeures qui

expliquent cette situation sont les imperfections du marché de crédit, d’une part, et le fait

que les pauvres manquent de biens à présenter comme garanties lors de la demande de

crédits.

1Extrait du discours du Prix Nobel de la paix Muhammad Yunus, le 10 décembre 2006, Oslo. Disponible sur

<http://nobelprize.org/nobel_prizes/peace/laureates/2006/yunus-lecture-en.html> (consulté le 10.03.2010).

Page 12: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

2

Le microcrédit est venu combler le vide du financement des micros entreprises boycottées

par les systèmes financiers traditionnels. Ainsi, depuis 1993, le secteur du microcrédit a

connu un essor important au Maroc. En 1998 le Programme des Nations Unies pour le

développement (PNUD) a montré son intérêt à ce secteur en donnant aux associations de

microcrédit (AMC) une assistance financière et technique avec un budget de 1,7 millions

de US$. A son tour, l’USAID a octroyé au secteur un montant de 16 millions de US$

(Pallud, 2005). En 2000, le Fonds Hassan II a accordé une subvention de 100 millions de

dh à trois associations de microcrédit pour accroître les montants et les nombres des crédits

accordés2.

L’année 1999 a vu la promulgation de la loi n° 18-97 relative au microcrédit. Cette loi

stipule que le microcrédit est tout crédit dont l’objet est de permettre à des personnes

économiquement faibles de créer ou de développer leur propre activité de production ou de

service en vue d’assurer leur insertion économique. Cette définition est complétée par la loi

n°58-03 de mai 2004. Ainsi, la définition du microcrédit au Maroc englobera aussi tout

crédit qui servira aux personnes économiquement faibles pour :

Acquérir, construire ou améliorer leur logement ;

Se doter d’installations électriques ou assurer l’alimentation de leurs foyers en eau

potable.

D’autre part, la loi 04 – 07, promulguée en novembre 2007, élargit le champ d’intervention

des AMC au financement des souscriptions, par leur clientèle, de contrats d’assurance

auprès des entreprises d’assurances et de réassurance.

Actuellement, après une crise de croissance survenue à la fin de l’année 2007, douze

associations de microcrédit sont actives dans différentes régions du Maroc. Elles

coordonnent leurs efforts dans le cadre de la Fédération Nationale des Associations du

Microcrédit (FNAM). Ces associations ont un encours de prêts qui se chiffre à 4,7

milliards DH avec un nombre de clients actifs qui se chiffre à plus de 816 000 personnes,

2 Planet finance http://maroc.planetfinancegroup.org/FR/microcredit-maroc/etat-des-lieux.php (Consulté le

15.09.10)

Page 13: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

3

dont 44% se trouve dans les zones rurales3. Selon le classement réalisé par Forbes en

20074, trois AMC marocaines font partie des 15 institutions de microfinance (IMF) les plus

performantes à l’échelle mondiale. Ceci fait du Maroc l’un des leaders du domaine de la

microfinance.

Par ailleurs, en 2004, Planet Finance Maroc a réalisé une étude d’impact du microcrédit

dans le Maroc. Les résultats de cette étude montrent que le microcrédit a un impact positif

sur l’activité économique et sur les ménages. Ainsi, d’une part, il a été montré que le

microcrédit permet d’augmenter significativement les profits et les investissements des

micro-entreprises qui en bénéficient. Il a aussi un impact positif sur l’emploi. D’autre part,

l’augmentation des profits des micro-entreprises, suite à l’obtention des microcrédits, a un

impact positif sur les revenus des micro-entrepreneurs.

MIX (2011), pour sa part, montre que le secteur de la microfinance marocain est le plus

mature de la région MENA. En effet, la microfinance au Maroc se distingue par un niveau

d’infrastructures qui est le plus important de la région en termes de personnel et de réseaux

de succursales, d’une part, et de la plus grande base de l’actif et du portefeuille de prêt,

d’autre part. Le Maroc a eu en 2009 un encours de crédits de 609,9 millions USD presque

trois fois celui de l’Egypte qui vient en deuxième position (216,7 millions USD). En

termes de ressources accordées par les bailleurs de fonds internationaux à la région

MENA, le Maroc monopolise, à lui seul, 70 % de la totalité de ces fonds.

Intérêt et justification du choix du sujet

L’étude de la performance des IMF et de ses déterminants à l’échelle internationale a fait

l’objet de plusieurs publications, telles que : Ayayi et Sene (2010), Hartarska et Nadolnyak

(2007), Mersland et Strøm (2009) et Ahlin, Lin et Maio (2010). Dans un récent article,

3 Sources : la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (www.fnam.ma, consulté le 30.09.11).

4 Le classement Forbes de l’année 2007 des 50 meilleures IMF inclut quatre AMC marocaines. Trois AMC

marocaines sont classées parmi les 15 premières IMF : FONDEP à la cinquième position, AL AMANA à la

huitième position et la fondation Banque Populaire à la douzième position. La fondation ZAKOURA se

classe 27e dans la liste, parmi 641 IMF. (http://www.forbes.com/2007/12/20/microfinance-philanthropy-

credit-biz-cz_ms_1220microfinance_table.html ; consulté le 03.09.11)

Page 14: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

4

Allaire et al. (2009) cherchent à identifier les facteurs qui permettent à certains pays de

réussir dans la mise en place d’IMF performantes, alors que d’autres pays n’ont pas pu y

arriver. Les auteurs ont analysé les caractéristiques culturelles, institutionnelles,

économiques, historiques et géographiques de cinq pays de l’Afrique du Nord : le Maroc,

l’Algérie, la Tunisie, la Lybie et l’Egypte. Les auteurs ont cherché, d’une part, à

déterminer si le Maroc offre les conditions nécessaires à la réussite de la Microfinance,

d’autre part, ils ont cherché à déterminer ce qui distingue le Maroc de ses voisins de

l’Afrique du Nord avec lesquels il partage plusieurs caractéristiques communes.

Les résultats de cet article montrent que le succès de la microfinance au Maroc peut

s’expliquer par plusieurs facteurs, à savoir :

L'établissement d'un cadre juridique spécifique pour la microfinance ;

La densité de la population ;

L’étroitesse du territoire du pays ;

Le niveau de la pauvreté ;

Le montant des fonds reçus des bailleurs de fonds internationaux.

L’étude montre aussi que les pays qui disposent de revenus d’origine pétrolière peuvent

avoir un retard dans le développement du secteur de la microfinance. En outre, l'existence

dans un pays d'organisations chargées de centraliser l'aide internationale avant de la

redistribuer aux IMF peut entraîner une baisse de la participation des bailleurs de fonds,

celà est expliqué par l’importance des coûts de la bureaucratie.

Cependant, la généralisation des résultats des études qui portent sur des d’IMF considérées

à l’échelle régionale ou globale peut poser plusieurs problèmes, surtout les études qui se

basent sur les données disponibles sur le MIX market ou sur les IMF notés par les agences

de rating. Premièrement, bien que les échantillons utilisés soient assez diversifiés en termes

de couverture régionale et de taille, etc., ils restent non représentatifs des IMF à l’échelle

internationale ; les échantillons utilisés sont généralement sélectionnés sur la base de la

disponibilité des données et de leur qualité ainsi que de la volonté des IMF de rendre

publiques leurs informations (Ahlin, Lin et Maio 2010). Ce dernier point peut faire qu’on

ne se retrouve qu’avec les informations des IMF performantes qui sont plus motivées à

montrer leurs performances. En plus, il n’y a pas de données qui couvrent toutes les

Page 15: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

5

institutions des différentes régions. Allaire et al. (2009) rajoutent que les données

disponibles concernent, en général, les IMF formelles (telles que les banque, les ONG,

etc.) et IMF semi-formelles (telles que les coopératives). Les informations sur les IMF

informelles (tels que les groupes d’entraide) ne sont pas disponibles sur les bases de

données. Ainsi, les acteurs de la microfinance qui travaillent dans le secteur informel, et

qui sont très actifs dans certaines régions du globe, ne sont pas pris en considération dans

la plupart des études. Deuxièmement, Meyer (2002) note qu’une évaluation générale de la

performance des IMF est compliquée par la diversité des formes juridiques de ces

institutions, d’une part, et par la variété des objectifs suivis par chaque institution, d’autre

part. L’auteur présente plusieurs exemples de ce genre de problèmes, comme le fait d’avoir

dans un même échantillon des IMF comme la banque BRI et la Grameen Bank. La banque

BRI est plus orientée vers le marché et la réalisation de profits, ses produits financiers

ciblent surtout des individus tout en mettant l’accent sur la mobilisation de l’épargne

locale. De l’autre côté, la Grameen Bank a été créée dans un objectif d’offrir ses services

financiers à des groupes solidaires en appliquant des taux subventionnés et non pas

déterminés par le marché. Troisièmement, Ahlin, Lin et Maio (2010) notent que, étant

donné que les facteurs macroéconomiques et institutionnels spécifiques à chaque pays

affectent la performance des IMF, toute comparaison entre IMF qui ne prend pas en

considération ces facteurs est incomplète. Il est donc très difficile de généraliser les

résultats trouvés sur la base d’échantillon qui concernent de large région à l’échelle de

toute l’industrie.

Une façon qui permet de surmonter ce genre de contraintes et de considérer les IMF d’un

même pays. Ainsi, plusieurs auteurs se sont intéressés à déterminer les facteurs de succès

des IMF d’un seul pays. À titre d’exemples, nous citons le cas de :

Inde : de Crombrugghe et al. (2008) , Sen (2008) et Agarwal et Sinha (2010) ;

Ghana : Kyereboah et Osei (2008) et Aboagye et Otieku (2010) ;

Éthiopie : Ejigu (2009) et Kereta (2007) ;

Namibie : Adongo et Stork (2006) ;

Bénin : Honlonkou, Acclassato et Quenum (2006).

Devant cette littérature abondante sur la microfinance et les IMF et au vu des réalisations

du secteur de la microfinance marocain, il s’avère intéressant de réaliser un travail sur la

Page 16: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

6

performance des AMC marocaines et sur l’identification des facteurs de cette performance.

Le secteur de la microfinance marocain va bientôt clore sa deuxième décade, avec plus de

dix années passées sous la première loi qui réglemente le secteur. Nous pouvons donc

disposer de données assez importantes et de qualité pour mener à bien notre travail.

Enfin, l’intérêt de cette recherche réside dans le fait qu’elle se focalise sur un thème qui

reste encore, et pour longtemps, d’actualité. Un thème qui recherche à identifier des

facteurs contrôlables qui peuvent être pris en compte dans la gestion ou la réglementation

des AMC pour permettre au secteur de la microfinance de continuer à performer au Maroc

et dans les autres pays qui, éventuellement, cherchent à s’inspirer de l’expérience

marocaine.

Objectifs de la recherche

Le bref panorama des réalisations des AMC marocaines vu précédemment illustre le rôle

de ces institutions dans la lutte contre la pauvreté et l’exclusion ainsi que leur participation

dans le développement durable. Cependant, malgré ses résultats positifs, Hamdouch et al.

(2005) notent que :

"Un certain nombre de facteurs doivent être réunis et diverses actions doivent

être entreprises pour que ces institutions dépassent le simple stade de

l’expérimentation et du démarrage."

C’est dans ce cadre que nous avons décidé de réaliser un travail académique qui sera

neutre et rigoureux qui porte sur la performance des associations de microcrédit

marocaines. Nous cherchons à évaluer leurs performances et à dégager les facteurs qui

contribuent à la réalisation de ces performances. Ceci, afin que l’expérience des AMC

performantes puisse, d’une part, bénéficier aux autres associations actives dans le secteur

et, d’autre part, pour que cette expérience puisse être répliquable par toute autre institution

intéressée par le secteur.

Sur la base des données collectées à partir d’un suivi longitudinal des AMC marocaines sur

une période de huit ans, au cours de la période 2003 – 2010, on cherche parmi tous les

facteurs potentiels, ceux qui influencent le plus la performance financière et sociale des

AMC marocaines. Nous nous intéressons tout particulièrement à l’impact d’un ensemble

Page 17: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

7

de facteurs liés à la gouvernance, à l’utilisation des subventions, à la structure financière et

à certaines caractéristiques spécifiques aux AMC sur leur performance financière, d’une

part, et sur leur performance sociale, d’autre part. Nous nous intéressons aussi à la relation

qui existe entre la performance financière et la performance sociale et la possibilité de

l’existence d’une certaine forme de dérive de ces AMC de leur mission principale.

Démarche générale de la recherche

Notre recherche s’articule autour de la problématique suivante : Quels sont les facteurs

déterminants de la performance des associations de microcrédit marocaines ?

Dans notre démarche, nous adoptons une approche hypotico-déductive qui s’inscrit dans

le courant positiviste. Nous avons donc décliné la problématique de la recherche en un

ensemble de questions présentées sous la forme des hypothèses suivantes :

Hypothèse 1 : La mise en place de bons mécanismes de gouvernance aide à

l’amélioration de la performance sociale et financière des associations de

microcrédits.

En effet, la mise en place de mécanismes de bonne gouvernance d'entreprise permet

une bonne utilisation des ressources des AMC. Ainsi, les associations qui pratiquent la

bonne gouvernance d'entreprise sont plus susceptibles de réaliser de bonnes

performances. Une bonne gouvernance d'entreprise devrait donc être une préoccupation

majeure des dirigeants des AMC et des autres parties prenantes de ces institutions.

Hypothèse 2 : le montant des subventions augmente la performance sociale.

Cependant la performance financière s’améliore lorsque le montant des subventions

est faible.

On s’attend donc à avoir une relation positive entre la performance sociale et l’intensité

des subventions, d’une part, et une relation négative entre la performance financière et

l’intensité des subventions, d’autre part.

Hypothèse 3 : Plus la portée des services d’une AMC est importante, plus sa

performance financière s’améliore. Plus les résultats financiers sont bons, plus

Page 18: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

8

l’association disposera de ressources supplémentaires qui vont lui permettre

d’augmenter à la fois le degré de sa portée et son étendue.

On prévoit donc une relation positive entre la performance sociale et la performance

financière.

Hypothèse 4 : Un bon contrôle du portefeuille à risque permet, d’une part,

d’améliorer la performance financière des AMC et, d’autre part, de réduire leur

performance sociale.

Afin de tester ces hypothèses, nous avons considéré les données d’un échantillon composé

de 10 AMC marocaines sur une période de huit années, de 2003 à 2010. Ainsi, nos

données sont des données dites données de panel. Nous avons donc retenu les modèles les

plus appropriés pour analysés ce type de données ; notamment, le modèle à effets fixes

(MEF) et le modèle à effets aléatoires (MEA).

Cette thèse est composée de 4 chapitres. Le premier de ces chapitres, traite, d’une part, un

ensemble de questions relatives au crédit, au marché du crédit et aux raisons derrières

l’exclusion de la population pauvres de ce marché. D’autre part, le chapitre traite les

solutions développées à travers le temps pour palier à cette exclusion, qui pénalise les

pauvres, en particulier, et le développement national en général. Elle analyse aussi la place

qu’occupe la microfinance parmi les différentes solutions mises en place pour fournir les

services financiers aux populations exclues par les institutions financières traditionnelles.

Ensuite, le chapitre passe en revue les différents produits et services proposés par les

organismes spécialisés en microfinance. Le chapitre se termine par une présentation des

différentes phases par lesquelles a passé le processus de développement des institutions de

microfinance, à l’échelle internationale, ainsi que le recensement des différentes formes

que peuvent prendre ces institutions, depuis celles qui sont actives dans le secteur informel

jusqu’à celles œuvrant dans un cadre réglementé, en passant par les autres acteurs du

secteur de la microfinance.

Ce premier chapitre est, donc, l’occasion de montrer comment le marché du crédit présente

des imperfections qui ont pour conséquence de marginaliser une partie de la population,

notamment celle qui est pauvre, par les institutions financières traditionnelles. Nous

Page 19: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

9

découvrons aussi comment la microfinance, avec l’innovation dont a fait preuve certains

acteurs du domaine, a su développer des produits et des méthodologies de crédit qui ont pu

apporter des solutions de financement à ces populations exclues.

Etant donné que notre travail porte sur l’étude des facteurs déterminants de la performance

des AMC marocaines, le deuxième chapitre porte sur la notion de la performance, sur la

performance dans le cas particulier des IMF et sur l’analyse d’une revue de la littérature

sélectionnée, qui porte sur les déterminants de la performance des IMF. Ainsi, nous nous

intéressons, d’abord, à la définition de la notion de la performance et à ses relations avec

d’autres concepts, comme la performance organisationnelle, la performance globale, la

performance individuelle, l’efficience et l’efficacité. Une fois cette notion délimitée, le

chapitre s’intéresse, ensuite, à la performance telle qu’elle est définie et traitée dans le cas

particulier des institutions de microfinance, qui ont la particularité de suivre un double-

objectif : un objectif social et un objectif économique. Nous nous intéressons

particulièrement aux deux approches concurrentes, des fois complémentaires, du domaine

de la microfinance : l’approche welfariste et l’approche institutionnaliste. Sur le plan

pratique, le chapitre montre comment est décomposée la performance des IMF selon les

objectifs poursuivis par ces institutions. Ainsi, la performance d’une IMF est divisée en

deux composantes :

En tant qu’institution de développement, l’IMF a un objectif social qui détermine

sa performance sociale (ou la portée des activités d’une IMF) ;

En tant qu’institution financière, l’IMF a un objectif économique qui détermine sa

performance financière (ou la viabilité financière d’une IMF).

Dans la dernière partie du chapitre II, nous identifions, à travers l’analyse d’une revue

sélectionnée, l’ensemble des facteurs qui ont une influence sur la performance des IMF.

L’objectif est de sélectionner les variables explicatives qui vont nous permettre de valider

ou de rejeter nos hypothèses.

Nous nous intéressons dans notre travail à l’étude des AMC marocaines. Il est donc

essentiel de bien comprendre l’expérience marocaine dans le domaine de la microfinance

ainsi que le contexte institutionnel et juridique dans lequel évoluent les associations

étudiées. Le chapitre III est consacré, en partie, à une brève présentation du profil et du

Page 20: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

10

contexte socio-économique du Maroc. Le chapitre présente, ensuite, le cas spécifique de

l’expérience marocaine dans le champ de la microfinance. Le secteur du microcrédit est

étudié dans ce chapitre depuis ses premières prémices, en 1993, jusqu’après la crise du

secteur, en 2010. Il y est, aussi, question du cadre légal, réglementaire et institutionnel qui

ont permis le bon développement de ce secteur et son classement parmi les expériences les

plus concluantes à l’échelle internationale.

Par ailleurs, le chapitre III expose en détail la posture épistémologique et la démarche

poursuivie pour réaliser ce travail. Nous présentons la problématique de l’étude, la

formulation des hypothèses, les sources des données utilisées, l’échantillon, le modèle

économétrique utilisé et la description des variables retenues.

Dans le dernier chapitre de la thèse, chapitre IV, nous présentons l’analyse des données et

les résultats des différentes régressions estimées. Une partie de ce chapitre est consacré à

l’analyse de chaque variable retenue, en présentant l’évolution de sa moyenne calculée

pour toute les AMC sur les huit années de l’étude, et en présentant son évolution pour

chaque AMC.

Ensuite, le chapitre présente les résultats des différentes régressions retenues. Avant

chaque estimation, nous réalisons les tests de spécification et après chaque régression nous

réalisons des tests portant sur la robustesse des résultats trouvés. Pour cela, nous vérifions

pour chaque estimation l’absence de l’hétéroscédasticité, de l’autocorrélation des erreurs et

de la multicolinéarité des variables explicatives. Nous terminons ce chapitre par une

synthèse des résultats trouvés et des enseignements à en tirer.

Page 21: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

11

Chapitre I

CREDIT, MICROCREDIT ET MICROFINANCE

1974 dans un petit village de Jobra au Bangladesh, un professeur d’économie de

l’université Chittagong, Dr. Muhammad Yunus, rencontrât une jeune femme de vingt-et-un

ans qui fabrique des selles en bambou (Dossey 2007). Même si elle travaillait sept jours sur

sept, elle arrive avec beaucoup de difficultés à nourrir ses trois enfants. Chaque selle

vendue lui apporte l’équivalent de 0,02 USD. En effet, elle doit emprunter neuf cents pour

acheter la matière première. Elle devait aussi vendre sa marchandise au prêteur à un prix

largement au-dessous de celui du marché.

En faisant ses calculs, Yunus a trouvé que la paysanne payait un taux d’intérêt de 10 % par

jour, soit plus que 3 000 % par année. Yunus sait que cette situation était celle d’un très

grand nombre de pauvres à travers le monde. Des gens qui travaillent dur pour créer de la

valeur. Cependant, la plus grande partie de cette valeur va aux usuriers et aux

intermédiaires. Par manque de biens de valeur à présenter comme garanties lors de

demande d’un prêt, ces pauvres ne peuvent pas obtenir les ressources financières qui leurs

manquent auprès des banques commerciales ou des institutions de crédits.

Qu’est-ce qui explique le fait qu’une partie de la population ne peut avoir accès au marché

du crédit ? Quelles sont les solutions trouvées pour palier à cette situation qui pénalise les

pauvres en particulier et le développement national en général ? Quelle est la place de la

microfinance parmi ces solutions ?

La réponse à ces questions peut nous demander des dizaines ou même des centaines de

pages. Cependant, notre objectif principal est de comprendre la raison d’être de la

microfinance et sa place parmi les autres moyens développés pour fournir les services

financiers aux populations exclues par les institutions financières traditionnelles. Ainsi, ce

chapitre commence par une section qui porte sur le crédit et le marché du crédit. La section

identifie les imperfections qui sont à l’origine de l’exclusion d’une partie de la population

Page 22: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

12

des services des institutions financières. Nous traitons aussi comment certains acteurs du

secteur informel ont apporté des solutions à cette situation d’exclusion qui se présente pour

eux comme une opportunité, d’une part. D’autre part, nous traitons les solutions proposées

par les gouvernements soucieux de stimuler le développement.

Dans la deuxième section, nous abordons la solution qui consiste à créer d’autres

institutions financières appelées institutions de microfinance. Nous essayons donc de

donner une définition à la microfinance et aux institutions de microfinance, tout en passant

en revue les différents produits proposés par ces institutions.

Enfin, la troisième section porte sur les différentes phases de développement des

institutions de microfinance ainsi que les différentes formes que peuvent prendre ces

institutions.

La compréhension d’un thème aussi riche que la microfinance, fait que dans notre chapitre

nous avons abordé différents thèmes. Nous nous sommes trouvés aussi dans l’obligation de

traiter certains éléments de notre sujet dans telle section et d’y revenir dans une autre

section, au risque que le lecteur trouve une certaine redondance.

1.1 Définition du crédit

Du point de vu étymologique, le mot crédit a pour origine le verbe latin "credere" qui

signifie croire ou faire confiance. Le crédit est un échange espacé dans le temps. Celui qui

fait crédit (le prêteur ou le créancier) donne immédiatement de la monnaie ou un (des)

bien(s), en contrepartie, celui à qui l’on fait crédit (l’emprunteur ou le débiteur) donne la

promesse de donner dans un avenir, proche ou lointain, de la monnaie ou un (des) bien(s).

L’opération de crédit porte généralement sur un échange de monnaie entre deux parties

(Albertini, 2008).

Finlay (2005) définit la relation prêt-emprunt par ce qui est dû par une entité à une autre.

L’entité peut être une personne, une entreprise, un Etat ou toute autre forme d’organisation.

Le prêt et l’emprunt représentent les deux faces d’une même pièce. Le prêt représente la

chose donnée et l’emprunt la chose due. Etant donné que la monnaie est considérée comme

un moyen qui facilite les échanges à un moment donné, alors l’emprunt est l’équivalent

Page 23: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

13

d’une monnaie future qui est rendue disponible dans le présent et le prêt est équivalent à

une monnaie du passé qui sera perçue dans le futur. Le coût de ce voyage de la monnaie

dans le temps se présente sous forme du taux d’intérêt, des commissions et/ou des autres

charges calculées par le prêteur.

Dans un marché parfait, toute personne doit avoir les ressources nécessaires pour se

financer. Cependant, le contexte réel est tel que les marchés, notamment celui du crédit, est

plein d’imperfections. Ces dernières sont la cause principale derrière le fait qu’un grand

nombre de personnes, pour certains cas des entrepreneurs, sont abandonnées par les

systèmes financiers.

1.1.1 Le marché du crédit

Le marché a une place très importante en théorie microéconomique. Il est la place de

coordination des activités économiques des différents agents économiques. Les

économistes considèrent que les marchés sont purs et parfaits, ainsi ils permettent aux

intervenants de maximiser leur utilité à travers le mécanisme des prix qui sont déterminés

par la loi de l’offre et de la demande.

Le crédit, comme tout autre produit, est soumis à cette loi de l’offre et de la demande. Le

crédit est offert par les personnes qui sont disposées à remettre à plus tard une partie de

leur consommation, ce qui permettra à d’autres personnes de disposer de moyens

financiers qui leur permettront de consommer actuellement (avec des crédits à la

consommation) ou de financer des investissements (avec des crédits à l’investissement).

Ces dernières personnes représentent la demande pour le crédit. Le prix du crédit, c.-à-d. le

taux d’intérêt auquel est octroyé le crédit, doit être assez élevé pour que certains individus

puissent trouver un intérêt dans le sacrifice d’une partie de leur consommation actuelle. Ce

prix doit être au même temps assez faible pour que ceux qui contractent des crédits aient la

capacité et la volonté de les rembourser (Besley, 1994).

Dans un marché du crédit parfait, le prix (dans notre cas le taux d’intérêt) est déterminé par

la loi de l’offre et de la demande. Il est donc admis théoriquement que ce sont les bons

investissements qui seront sélectionnés. En effet, les personnes qui ont de bonnes

opportunités d’investissement réaliseront de bons taux de rendement, ce qui leur donnera la

Page 24: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

14

capacité de payer des taux d’intérêt plus élevés. Un tel marché du crédit est considéré

comme étant efficace au sens de Pareto ; c’est-à-dire que le marché du crédit représente

une répartition des ressources telle qu’il est impossible d’améliorer le bien-être d’une

personne sans détériorer celui d’une autre personne. On parle d’une situation où aucune

amélioration parétienne n’est possible5. Une amélioration parétienne peut survenir si une

personne, ayant une opportunité d’investissement mais ne disposant pas de capital pour

financer son projet, conclut un contrat d’emprunt avec une autre personne qui a du capital

mais par contre n’a pas d’opportunités d’investissement. Ces deux individus vont ainsi

améliorer tous les deux leur utilité. La seule condition nécessaire ici est de trouver une

formule qui permettra de répartir les gains qui seront générés par le projet pour que les

deux parties soient satisfaites. Ces améliorations parétiennes vont se reproduire tant que le

marché n’a pas atteint son équilibre. Le marché du crédit ne sera pas considéré efficace au

sens de Pareto tant que toutes les améliorations parétiennes ne sont épuisées.

Dans le cas du crédit, cette situation survient lorsque les prêts ne peuvent être réaffectés

par une personne, qui va ainsi rendre sa situation meilleure, sans rendre la situation d’une

autre personne plus mauvaise. L’efficacité au sens de Pareto est atteinte lorsqu’un individu

qui a obtenu un prêt n’a aucun intérêt à le re-prêter à un autre individu pour devenir un

prêteur à son tour. Autrement, le marché de crédit atteint son optimum lorsque tous les

emprunteurs arrivent à obtenir les crédits qu’ils désirent et ce à un prix qui reflète la

situation de l’offre et de la demande qui prévale sur le marché à ce moment (Besley 1994).

Le premier théorème fondamental du bien-être suggère que les marchés concurrentiels sans

externalités sont efficaces au sens de Pareto. Mais, les conditions d’une concurrence pure

et parfaite sont, entre autres conditions, l’existence d’un grand nombre d’acheteurs et de

vendeurs et l’absence de coût de transaction. Le marché du crédit ne répond pas à ces

conditions ni en théorie ni en pratique. Ce qui rend les choses encore plus compliquées

dans le cas du marché du crédit est la question du payement (Besley 1994). En effet, si

dans le cas des marchés des autres biens et services le prix de vente est connu avec

certitude à la date de la conclusion de la transaction, dans le cas particulier du marché de

5 On parle d’une amélioration parétienne lorsqu’au moins une personne accroît son bien-être sans que

personne d’autre ne soit appauvri.

Page 25: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

15

crédit, l’octroi d’un prêt peut être assimilé à la vente d’un bien à un prix aléatoire. Même si

le prix de vente (le taux d’intérêt) est fixé dans le contrat de crédit, la possibilité de non-

paiement des intérêts et/ou du principal fait que ce prix de vente n’est pas totalement

certain (Lobez 1988).

Besley (1994) identifie deux situations dans lesquelles une personne qui a contracté un

emprunt peut se retrouver dans l’incapacité de payer les intérêts et de rembourser une

partie ou la totalité du capital. Ces situations surviennent quand :

L’emprunteur n’a pas la capacité de payer ; par exemple, un emprunteur qui a des

problèmes financiers causés par une mauvaise conjoncture, la perte d’emploi, une

maladie grave, etc. ;

L’emprunteur n’a pas la volonté de payer même s’il a les moyens de le faire ; par

exemple, un prêteur qui n’a pas de moyens dissuasifs contre les personnes qui ne

remboursent pas leur crédit.

Malgré l’imperfection du marché du crédit soit imparfait, il peut atteindre un niveau faible

d’efficience. Ce niveau d’efficience explique pourquoi l’offre de crédit n’arrive jamais à

satisfaire la demande. C’est ce qui est communément connu chez les économistes comme

le rationnement du crédit dans le cas du marché du crédit.

Les principaux concepts clés du paradigme du rationnement du crédit sont : l’information

imparfaite, l’asymétrie de l’information, l’aléa moral et la sélection adverse.

1.1.2 Imperfections du marché et rationnement du crédit

La loi de l’offre et de la demande, appliquée au marché du crédit, nous renseigne qu’il

existe un taux d’intérêt d’équilibre qui permettra à toutes les personnes qui veulent

emprunter d’obtenir les crédits désirés, à condition d’être prêtes à payer ce taux d’intérêt.

Ainsi, s’il arrive que la demande de crédit dépasse son offre, le prix du crédit augmentera.

Par conséquent, la demande baisserait et/ou l’offre augmenterait jusqu’à ce que la demande

de crédit soit égale à son offre à un nouveau taux d’équilibre du marché du crédit (Stiglitz

& Weiss 1981). Le raisonnement inverse est valable s’il arrive que l’offre de crédit dépasse

la demande. Cependant, on remarque que sur les marchés du crédit existent certaines

Page 26: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

16

personnes qui ne peuvent pas obtenir des emprunts. Ces personnes ne peuvent emprunter

même s’ils manifestent la volonté de payer un taux supérieur à celui en vigueur (par

exemple, les entrepreneurs à faibles revenus qui ne disposent pas de garanties). On

rencontre aussi sur les marchés du crédit, des personnes qui ont obtenu un ou plusieurs

emprunts, mais n’arrivent plus à trouver des prêteurs qui sont disposés à leurs prêter des

fonds supplémentaires, même si elles sont prêtes à payer le taux d’intérêt en vigueur ou

même plus (par exemple, les entreprises qui ont dépassé leur capacité d’endettement ou qui

n’ont pas de capacité de remboursement).

Les situations sus-citées sont les principales caractéristiques du rationnement du crédit

dans le cas du marché du crédit. Le rationnement du crédit est une situation particulière

observée sur les marchés du crédit à l’équilibre, elle est caractérisée par un équilibre

durable sur ce marché avec une demande du crédit qui est supérieure à son offre. Le prix

(le taux d’intérêt) n’est plus une variable qui s’ajuste selon la loi de l’offre et de la

demande comme c’est le cas dans les marchés parfaits. Le marché du crédit est ainsi

considéré comme un marché imparfait.

Matthews et Thompson (2005) mentionnent que le rationnement du crédit peut prendre

deux formes :

Le rationnement du crédit est une situation qui se produit lorsqu’un emprunteur ne

peut obtenir tous les crédits désirés au taux d’intérêt en vigueur même s’il est prêt à

payer ce taux ;

Le rationnement du crédit se produit lorsqu’à l’intérieur d’un groupe d’individus

homogènes, certains arrivent à obtenir les emprunts désirés, tandis que les

demandes de certains autres ne sont pas satisfaites, même s’ils sont prêts à payer le

taux d’intérêts en vigueur.

Le rationnement du crédit est une situation permanente sur les marchés du crédit, elle ne

résulte pas d’un retard dans l’ajustement de l’offre de crédit suite à un choc exogène. Ce

n’est pas non plus une situation d’encadrement du crédit : volonté politique qui oblige les

prêteurs à restreindre leurs offres de crédit (Lobez 1988).

Page 27: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

17

Si au taux d’intérêt en vigueur, la demande de crédit est supérieure à son offre, la question

la plus simple qui vient donc à l’esprit est de savoir quelles sont les raisons qui empêchent

les banques d’augmenter les taux d’intérêt auxquels elles prêtent. Plusieurs auteurs ont

tenté d’apporter des explications valables pour comprendre cette situation (Lobez, 1988).

Parmi les auteurs ayant traité cette question, on trouve Stiglitz et Weiss. Dans leur célèbre

article de 1981 ‘‘Credit Rationing in Markets with Imperfect Information’’, les auteurs

justifient le rationnement du crédit par l’asymétrie d’information qui caractérise le marché

du crédit et qui existe entre une banque et un emprunteur. Cette asymétrie d’information

est selon les auteurs à la base de l’explication du rationnement du crédit à travers les

phénomènes de la sélection adverse et de l’aléa moral.

Avant d’aller plus loin, nous allons, dans ce qui suit, expliquer les concepts d’asymétrie

d’information, d’aléa moral et de sélection adverse.

1.1.2.1 L’asymétrie de l’information

Dans le modèle de la concurrence pure et parfaite, les économistes font l’hypothèse que les

agents économiques sont parfaitement informés. Cependant, ce modèle est loin de

représenter de manière satisfaisante la réalité. Dans notre vie de tous les jours, les agents

économiques ne disposent pas tous de la même information au même moment,

l’information est considérée comme imparfaite. Ceci est dû à l’existence d’asymétrie

d’information.

L’asymétrie d’information fait référence à une opération d’échange où les parties

impliquées ne disposent pas des mêmes informations sur certains aspects importants de

leur transaction : une des deux parties dispose d’informations pertinentes que l’autre partie

n’a pas. Dans le cas du marché du crédit, un emprunteur est en possession d’une meilleure

information relativement aux risques et aux rendements potentiels associés aux projets

d’investissement pour lesquels les fonds sont demandés, d’une part, ainsi que sur sa propre

solvabilité, d’autre part. Cependant, dans la plupart des cas, le prêteur n’a pas accès à la

totalité de ces informations. L’information est ainsi distribuée d’une manière asymétrique

entre les emprunteurs et les prêteurs. Selon Matthews et Thompson (2005), l’asymétrie

Page 28: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

18

d’information renvoie à une situation où un emprunteur est susceptible d’avoir plus

d’informations que le prêteur sur un projet qui fait l’objet d’un crédit.

Hillier et Ibrahimo (1993) mentionnent qu’en présence d’asymétrie d’information dans un

marché de crédit, le taux d’intérêt peut être utilisé par les prêteurs comme un outil pour

affecter la qualité de leur portefeuille de crédit plutôt qu’un mécanisme d’équilibre du

marché du crédit. Une conséquence directe de l’asymétrie d’information dans le marché du

crédit peut être le rationnement du crédit : les demandeurs de crédit veulent emprunter plus

que ce que veulent offrir les prêteurs au taux d’intérêt en vigueur, cependant les prêteurs

préfèrent ne pas augmenter le taux d’intérêt jusqu’au niveau qui permettra d’équilibrer

l’offre et la demande de crédit. Cette situation est due au fait que les prêteurs estiment

qu’une augmentation du taux d’intérêt aurait des effets négatifs sur la qualité de leurs

portefeuilles de crédit qui dépasserait largement les effets bénéfiques que procurerait

l’application d’un taux d’intérêt élevé.

La présence d’asymétrie d’information dans un marché de crédit peut l’amener à dévier

des comportements conventionnels des marchés parfaits et conduit à des situations qui sont

connues comme étant les problèmes de l’aléa moral et de la Sélection adverse :

Aléa moral (ou moral hasard, en anglais) est un problème ex-post de l’asymétrie

d’information : certains emprunteurs peuvent être tentés, après la conclusion du

contrat de crédit, de ne pas respecter les termes du contrat.

Sélection adverse (ou adverse selection, en anglais) est un problème ex-ante de

l’asymétrie d’information : certains emprunteurs peuvent ne pas révéler, avant la

conclusion du contrat de crédit, des informations qui leur sont défavorables.

1.1.2.2 L’Aléa moral6

Le problème d’aléa moral (ou moral hazard en anglais) est un des problèmes qui sont

observés dans les cas où il y a de l’asymétrie d’information entre deux parties

6 Cette partie est rédigée en grande partie sur la base de l’article : Hillier B. et Ibrahimo M. V., (1993),

« Asymmetric Information and Models of Credit Rationing ». Bulletin of Economic Research, volume 45, n°

4, pp. 271 – 304.

Page 29: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

19

contractantes : l’une des parties est nommée le principal (ou le mandant) et la deuxième

partie est nommée l’agent (ou le mandataire)7. L’Aléa moral est désigné parfois sous le

nom du hasard moral ou encore sous les expressions : risque comportemental ou risque

d’opportunisme ex-post (post-contractuel).

Le problème d’aléa moral se produit lorsqu’un principal conclut un contrat avec un agent

qui a la possibilité de prendre, après la signature du contrat, certaines décisions que le

principal ne peut pas totalement contrôler. Les conséquences de ces actions sur le contrat

donnent un résultat final qui peut être dans l’intérêt de l’agent et non pas dans celui du

principal, ce qui peut engendrer des conflits entre les deux parties. Le principal a donc

intérêt à mettre au point un contrat qui poussera l’agent à entreprendre des actions qui

tiennent compte de l’intérêt du principal même lorsqu’il se trouve dans l’incapacité de les

contrôler.

Ce genre de problème peut être observé, à titre d’exemple, dans le cas d’un contrat

d’assurance contre le vol de véhicule conclu entre une compagnie d’assurance (le

principal) et un assuré (l’agent). Dans ce genre de contrat, le principal s’engage, en

contrepartie d’une prime d’assurance annuelle, à indemniser l’agent en cas de vol de sa

voiture. Après la signature du contrat contre le risque du vol, l’agent n’a plus intérêt à

prendre des précautions contre le vol de sa voiture, telle que la mise en place d’un système

antivol, ce qui rend le vol plus probable. Afin de pousser l’assuré à prendre des précautions

raisonnables, même après la signature du contrat d'assurance, l’assureur peut imposer des

restrictions sur les circonstances observables dans lesquelles l’indemnité serait payée, ou

s’engage à payer seulement une compensation partielle en cas du vol. Le point principal est

7Les concepts d’agent et du principal font référence à la relation d’agence. Jensen et Meckling (1976)

définissent la relation d’agence comme étant un contrat par lequel une ou plusieurs personnes (le principal ou

le mandant) engagent une autre personne (l’agent ou le mandataire) pour effectuer en leur nom certains

services, qui nécessitent de déléguer à l'agent certains pouvoirs de décision. Si les deux parties contractantes

cherchent à maximiser leur utilité, il y a de bonnes raisons de croire que l'agent ne va pas toujours agir dans

le meilleur intérêt du principal. Selon les auteurs, il est généralement impossible pour le principal de

s’assurer, sans frais, que l'agent aura à prendre des décisions optimales qui vont dans l’intérêt du principal.

Ce dernier peut limiter les divergences d’intérêt, qui peuvent apparaître entre lui et l’agent, en acceptant de

supporter des coûts (coûts d’agence) liés à la mise en place d’incitations appropriées pour l'agent, d’une part,

et de systèmes de surveillance visant à limiter les activités aberrantes de l'agent, d’autre part.

Les auteurs notent également que les coûts d'agence survenir dans toute situation impliquant un effort de

coopération entre deux personnes ou plus, même si la relation principal-agent n'est pas claire.

Page 30: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

20

que le comportement de l’agent, que le principal désire contrôler, dépend des termes du

contrat entre les deux parties.

Dans le cas du marché du crédit, l’aléa moral est observé dans le cas de contrat de crédit

entre la banque (le principal) et l’emprunteur (l’agent). Le problème d’aléa moral peut

survenir lorsque le prêteur est incapable de discerner les actions de l’emprunteur. Ce

dernier peut être tenté, après la signature du contrat de crédit, de relâcher ses efforts qui

sont nécessaires pour la réussite du projet ou de carrément changer le type de projet qu'il

entreprend en s’engageant dans des projets qui ont des rendements espérés plus élevés

mais avec des risques très importants. L'emprunteur pourrait donc augmenter la prise de

risque et ainsi réduire la probabilité que le prêt soit remboursé sans que le prêteur puisse le

savoir. Si le projet échoue et le prêt n'est pas remboursé, le prêteur assume le coût de

l'emprunt (Besley 1984).

Par ailleurs, Sena (2008) mentionne qu’en présence d'aléa moral, une augmentation du taux

d'intérêt peut inciter les emprunteurs soit à choisir les projets les plus risqués ou soit à

choisir d’entreprendre une action qui peut affecter négativement les résultats de leur projet.

Par conséquent, un prêteur, au lieu d’augmenter le taux d’intérêt pour équilibrer l’offre et

la demande de crédit, préférerait rationner le crédit à l'équilibre et ne pas prêter à des

personnes qui sont jugées à risque.

Ainsi, si le taux d’intérêt appliqué au crédit affecte le comportement ultérieur de

l’emprunteur, alors la banque peut choisir d’appliquer un taux d’intérêt qui ne permettrait

pas d’équilibrer le marché de crédit si elle choisit le taux d’intérêt en partie pour influencer

le comportement incontrôlable de l’emprunteur et l’utilisation faite du prêt. Par exemple, si

un taux d'intérêt plus élevé encourage les emprunteurs à contracter des emprunts pour

financer des investissements dans des projets plus risqués, il peut être démontré que, afin

d'inciter les investissements dans des projets moins risqués, les banques peuvent avoir plus

d’avantage en appliquant un taux d’intérêt inférieur à celui qui permet l'équilibre du

marché du crédit.

Page 31: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

21

1.1.2.3 La sélection adverse

Comme dans le cas de l’aléa moral, le problème de la sélection adverse (ou advrese

selection en anglais) est un des problèmes qui sont observés en présence de l’asymétrie

d’information entre le principal et l’agent. On parle aussi de l’anti-sélection ou du risque

d’opportunisme ex-ante (précontractuel). Le problème de la sélection adverse apparaît dans

une transaction lorsque l’une des parties contractantes possède des informations pertinentes

sur la transaction que l’autre partie ne peut pas avoir avant la conclusion du contrat.

Akerlof (1970) met en évidence le problème de la sélection adverse à travers l’exemple du

marché des voitures d’occasion aux États-Unis. Sur ce marché les vendeurs possèdent plus

d’informations sur la qualité des voitures mises en vente que les acheteurs ne peuvent pas

connaître avant l’achat de la voiture et sa mise en circulation. Devant cette situation

d’asymétrie d’information, les acheteurs ne peuvent faire la différence entre les bonnes

voitures et celles qui sont de qualité mauvaise (ce type de voitures sont appelées lemons

aux Etats-Unis). Comme un acheteur n’a pas nécessairement la même information que le

vendeur sur la qualité de la voiture mise en vente, il court le risque de payer le prix d’une

bonne voiture pour l’achat d’une voiture de mauvaise qualité8. Akerlof (1970) montre que,

étant conscient de la présence de voiture de mauvaise qualité sur le marché et afin de

minimiser son risque, l’acheteur d’une voiture d’occasion ne sera prêt à payer qu’un prix

qui représente la moyenne des prix des bonnes voitures et ceux des mauvaises voitures. Par

conséquent, même si les deux types de voitures n’ont pas la même valeur, elles vont être

vendues avec le même prix. Ce prix va faire que les voitures de mauvaise qualité vont être

sur-évaluées et celles de bonne qualité sous-évaluées. Face à un prix faible, les vendeurs

des voitures de bonne qualité vont préférer se retirer du marché que de les vendre à un prix

en deçà du prix qui reflète leur vraie valeur. A terme, le marché va se retrouver dans une

situation où il n’y a que l’offre des voitures de mauvaise qualité : les mauvaises voitures

chassent les bonnes voitures. Enfin, étant conscient de cette situation, les acheteurs vont,

eux aussi, se désintéresser de ce marché. Ceci va empêcher le marché des voitures

d’occasion de fonctionner d’une manière efficace.

8 Afin de simplifier son étude, Akerlof (1970) fait l’hypothèse que dans le marché des voitures existent 4

types de voitures : Les nouvelles voitures de bonne qualité, les nouvelles voitures de mauvaise qualité, les

voitures d’occasion de bonne qualité et les voitures d’occasion de mauvaise qualité.

Page 32: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

22

Dans le cas du marché du crédit, le problème de la sélection adverse existe entre les

banques et leurs clients. Akerlof (1970) souligne que le problème de la sélection adverse

peut être constaté dans le marché du crédit des pays en développement comme l'Inde où les

usuriers (prêteurs privés) appliquent des taux d’intérêt très élevés. Dans ce pays, les

grandes banques localisées dans les principales villes appliquent des taux d'intérêt de 6, 8

et 10 pour cent, tandis que les usuriers, eux, appliquent des taux d’intérêt de 15, 25 et

même 50 pour cent. Selon l’auteur, la réponse qui justifie ce paradoxe apparent est que le

crédit n’est octroyé que si le prêteur :

Dispose de moyens faciles pour faire respecter son contrat (cas des banques), ou

Dispose d’une connaissance personnelle de la situation de l'emprunteur (cas des

usuriers).

Un intermédiaire qui tenterait donc d'arbitrer entre les taux de la banque centrale et ceux de

l'usurier est susceptible d'attirer tous les mauvais emprunteurs et, par conséquent, réaliser

des pertes.

Stiglitz et Weiss (1981) transposent l’analyse d’Akerlof (1970) au cas du marché du crédit.

Les prêteurs (les banques) sont identifiés aux acheteurs des voitures d’occasion dans le

modèle d’Akerlof ; ils représentent la partie mal-informée. Les emprunteurs sont identifiés

aux vendeurs de ces voitures, ils représentent la partie disposant de plus d’informations.

Comme la qualité des voitures d'occasion ne peut pas être connue par les acheteurs avant

l’acquisition, les prêteurs de leur côté ne peuvent pas connaître la qualité des emprunteurs

et/ou de leurs projets d’investissement, comme leur choix d'investissement, leur honnêteté,

leur tolérance au risque, leur capacité et leur volonté de rembourser les prêts, et ainsi de

suite.

Par ailleurs, Sena (2008) mentionne qu’en présence de la sélection adverse, l'augmentation

du taux d'intérêt exigé par la banque peut avoir un impact négatif sur le niveau de risque

moyen de l’ensemble des demandes de crédit présentées à la banque du fait que ceci peut

inciter les individus les plus risqués à demander des crédits. En effet, pour paye un taux

d’intérêt élevé, il faut investir dans des projets qui ont une rentabilité espérée élevée et par

conséquent un risque élevé. Les porteurs des projets les moins risqués ne peuvent pas se

permettre de se financer avec un prêt à taux d’intérêt élevé. Les projets qui peuvent se

Page 33: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

23

permettre un tel financement sont donc ceux qui ont un risque élevé : des projets avec une

faible probabilité de réussite mais qui peuvent générer des revenus très élevés en cas de

réussite. Ce sont les porteurs de ce type de projets qui peuvent être incités à demander des

crédits auprès des banques.

Stiglitz et Weiss (1981) notent que le problème de la sélection adverse lié au taux d’intérêt

est dû au fait que la probabilité de remboursement d’une dette diffère d’un emprunteur à un

autre. Comme le rendement espéré de la banque dépend de ces probabilités de

remboursement ; la banque chercherait à identifier les emprunteurs qui ont plus de chance

de rembourser, chose qui est difficile à réaliser. La banque a donc intérêt à mettre en place

différents dispositifs de sélection des demandes d’emprunt (screening devices). Le taux

d’intérêt qu’accepte de payer une personne peut agir comme un tel dispositif. En effet, les

personnes qui acceptent de payer des taux d’intérêt élevés peuvent être, en moyenne, très

risqués ; ils acceptent d’emprunter à un taux d’intérêt élevé car ils perçoivent leur

probabilité de remboursement du prêt comme étant faible. La banque ne dispose pas de

toute l’information sur le crédit demandé et le projet objet du crédit, elle risque de se

retrouver dans une situation où elle va sélectionner les mauvais projets, ceux qui offrent de

faibles chances d’atteindre les revenus prévus par l’emprunteur et de rejeter les bons

projets, ceux qui ont plus de chances de réussir. Ainsi, plus le taux d’intérêt augmente,

plus la proportion des emprunteurs risqués augmente parmi les clients de la banque ; ce qui

peut avoir un impact négatif sur les profits espérés de la banque.

Comme mentionné plus haut, la sélection adverse et l’aléa moral existent dans les marchés

du crédit. Ces deux problèmes de l'asymétrie d'information conduisent à un rationnement

du crédit. Le premier problème de la sélection adverse, se produit lorsque les banques ne

peuvent pas facilement déterminer quels sont les clients susceptibles d'être plus risqués que

d’autres. Pour compenser le risque pris, les banques voudraient appliquer des taux d’intérêt

plus élevés pour les clients les plus risqués par rapport à ceux qui sont moins risqués. Mais,

à cause de l’asymétrie d’information, les banques ne peuvent pas déterminer avec certitude

le risque de ses clients. La solution qui consisterait à augmenter les taux d'intérêt moyens

pour tout le monde, afin de compenser le risque dû au manque d’information, pousse

souvent les clients porteurs de projets moins risqués hors du marché du crédit. Le

deuxième problème, celui de l'aléa moral, se pose parce que les banques sont incapables de

Page 34: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

24

s'assurer que les clients investissent tous les efforts requis pour faire réussir leurs projets

d'investissement. L'aléa moral se pose aussi lorsque les clients essaient de s’évader avec

l'argent de la banque ou de l’utiliser à des fins autres que pour l’objet du contrat de crédit.

Les deux problèmes sont aggravés par la difficulté de l'exécution des contrats dans les

régions où les systèmes judiciaires sont faibles (Armendáriz et Morduch 2010).

Robinson (2001) résume les problèmes identifiés par le modèle de l’information imparfaite

du marché du crédit comme suit :

Le problème de la sélection adverse incite les banques à augmenter les taux

d'intérêts pour compenser les risques liés à leur incapacité à faire la distinction

entre les emprunteurs qui présentent un risque élevé et ceux dont le risque est

considéré comme faible.

Les taux d'intérêt élevés peuvent décourager les demandeurs d’emprunts qui sont

moins risqués et de les pousser hors du marché. Ce dernier serait donc composé en

grande partie par les emprunteurs risqués, ce qui augmenterait le niveau de risque

moyen des portefeuilles de crédit des banques.

Les emprunteurs, qui sont à responsabilité limitée, se voient chargés des taux

d'intérêt plus élevés du seul fait que la banque se considère dans une situation

d’asymétrie d’information. Afin d’augmenter la rentabilité de leurs projets pour

faire face aux taux d’intérêt élevés qu’ils supportent, ces emprunteurs peuvent être

amenés à choisir des projets risqués (problème d’aléa moral). Risques élevés

impliqueront une probabilité d’échec élevé et donc une probabilité de défaut de

paiement élevée.

Les banques seront devant une baisse de leurs rendements espérés causée par la

hausse du risque moyen des demandeurs de prêt. Il sera donc plus intéressant pour

les banques de garder leurs taux d'intérêt suffisamment bas pour éviter d’avoir un

profil à haut risque. Les fonds disponibles au crédit peuvent être rationnés par

d’autres moyens. Ainsi, le marché du crédit se trouvera dans une situation où les

prêts sont refusés à certaines personnes.

En résumé, nous pouvons dire que les deux problèmes liés à l’asymétrie d’information

(l’aléa moral et la sélection adverse) peuvent augmenter la probabilité de défaut du

portefeuille de crédit d’une banque. Si les taux d’intérêt sont augmentés pour compenser

Page 35: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

25

ces risques, alors, au-delà d’un certain taux d’intérêt *r , appelé taux d’intérêt optimal,

(figure I-1), les emprunteurs à faible risque quitteraient le marché de crédit. Les clients

porteurs de projets moins risqués ne pourront pas dégager une rentabilité qui leur permettra

de payer des taux d’intérêt élevés. Par conséquent, le risque moyen du portefeuille de

crédit des banques sera élevé, car composé en grande partie des projets à risque élevé, ce

qui rendrait le rendement espéré de la banque décroissant. Le profit de la banque décroît en

raison des problèmes de l’aléa moral et de la sélection adverse qu’induit l’application de

taux d’intérêt élevés. La banque aura donc intérêt à minimiser le risque plutôt qu’à choisir

une rentabilité élevée par l’application de taux élevés. Le résultat final sera le rationnement

du crédit : appliquer un taux d’intérêt *r qui n’est pas nécessairement le taux qui permet

d’atteindre l’équilibre de l’offre et de la demande sur le marché de crédit ; néanmoins ce

taux permettra de maximiser le rendement espéré des prêteurs tout en laissant certains

emprunteurs, qui sont disposés à payer le taux en vigueur, sans la possibilité d’obtenir du

crédit.

Figure I-1 : Courbe du rendement espéré d’une banque en fonction du taux d’intérêt

Source : Stiglitz J. E. & Weiss A. (1981). Credit Rationning in Markets with Imperfect Information. (p. 394).

Ren

dem

ent

espér

é de

la b

anque

Taux d’intérêt

Page 36: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

26

1.1.3 Marché du crédit et financement des pauvres

Selon Sena 2008, comme le rationnement du crédit est une caractéristique permanente de

l’équilibre du marché du crédit, alors les caractéristiques financières et personnelles à la

fois de l’emprunteur et du prêteur vont affecter la demande et l’offre du crédit et par

conséquent les caractéristiques de l’équilibre du marché du crédit. Ainsi, les emprunteurs

susceptibles d’être rationnés sont les entrepreneurs qui, soit, n'ont pas suffisamment de

garanties à offrir à la banque, soit, n'ont pas un long historique de transactions avec les

banques. Les entrepreneurs pauvres sont donc parmi les emprunteurs potentiels qui seront

rationnés par les banques.

Par ailleurs, la loi des rendements marginaux décroissants appliquée au facteur capital nous

enseigne que les entreprises ayant des capitaux relativement faibles devraient être en

mesure de réaliser des rendements sur investissement supérieurs à ceux des entreprises

ayant des capitaux élevés. En effet, la fonction de production qui lie le rendement d’un

investissement et le capital investi est une fonction concave (figure I-2). La concavité de

cette fonction est due à l’hypothèse selon laquelle lorsqu’une entreprise investit plus de

capital, elle devrait s’attendre à produire plus. Cependant, pour chaque unité de capital

supplémentaire, le gain supplémentaire sera de plus en plus faible. La figure I-2 nous

montre qu’un entrepreneur pauvre (qui a investi dans un projet à faible capital) a un

rendement marginal sur le capital supérieur à celui d’un entrepreneur riche (qui a investi

dans un projet à capital élevé). Ainsi, comparativement aux entrepreneurs riches, les

entrepreneurs pauvres devraient avoir plus de capacité à payer des taux intérêts plus élevés

aux banques (Armendáriz et Morduch 2010). Armendáriz et Morduch (2010, p.7) rajoutent

que :

« Le principe des rendements marginaux décroissants stipule qu’un simple

cordonnier travaillant dans la rue ou qu'une femme vendant des fleurs dans un

étal de marché devrait être en mesure d'offrir aux investisseurs des rendements

plus élevés que ceux que peut offrir General Motors, IBM ou le groupe Tata. »

Page 37: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

27

Figure I-2 : La rentabilité d’un investissement en fonction du capital investi

Source : Armendáriz, B. et Morduch, J. (2010). The Economics of Microfinance, 2

e éd. (p. 6).

Selon les deux auteurs, ce rendement élevé réalisé par les petits entrepreneurs est expliqué,

en partie, par le risque élevé qu’ils supportent par rapport aux grandes entreprises. Dans ce

cas, pour prêter à ce type d’entreprises, les banques n’ont qu’à appliquer une prime de

risque plus élevée que celle appliquée aux autres entreprises, autrement des taux d’intérêt

plus élevé. C’est vrai que les gouvernements ont mis en place des lois sur l'usure qui

interdisent aux banques de pratiquer des taux d’intérêt supérieurs à un pourcentage donné.

Cependant, même si les banques n’ont pas cette restriction, elles n’ont pas intérêt à

augmenter leur taux d’intérêt à cause de l’asymétrie d’information (problèmes de la

sélection adverse et de l’aléa moral traités ci-haut), d’une part, et du manque de garanties à

offrir par les pauvres aux banques, d’autre part. Ces problèmes pourraient être éliminés

dans deux cas. Premièrement, si les banques avaient à leur disposition des moyens non

coûteux qui leurs permettraient de recueillir et d’évaluer les informations nécessaires sur

leurs clients et de faire respecter leurs contrats. Deuxièmement, si les emprunteurs

disposaient de biens de valeur qu’ils pourraient présenter comme garanties. Dans une telle

situation les banques pourraient prêter sans trop de risques, sachant que les prêts qui

présenteraient des problèmes ont été couverts par des garanties.

Le constat sur le terrain est que les segments inférieurs du marché du crédit (les micro-

entreprises, les ménages à faibles revenus, etc.) sont largement ignorés par les principales

Rendement marginal d’un

entrepreneur pauvre

Rendement marginal d’un

entrepreneur riche

Capital

Ren

dem

ent

Page 38: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

28

institutions financières commerciales en faveur des clients qui présentent une valeur

ajoutée plus élevée. Selon le livre bleu des Nations-Unies (2006), les principales raisons

qui expliquent cette situation sont :

Des coûts de transaction élevés. D’une part, les frais administratifs supportés par

les banques ne changent pas quel que soit le montant du crédit traité. Ainsi, les

prêts qui portent sur des montants élevés sont plus rentables que ceux à faibles

montants qui sont susceptibles d’être demandés par les pauvres. La manipulation de

nombreuses petites transactions, généralement réalisées avec des emprunteurs

pauvres, est beaucoup plus onéreuse que l'entretien d'une seule opération

importante réalisée avec un emprunteur relativement aisé. D’autre part, pour

toucher un grand nombre de pauvres, il faut s’installer dans les zones pauvres.

L’éloignement géographique de ces zones fait supporter aux banques des coûts de

transaction plus élevés.

Des problèmes d'information. Il est plus difficile d’avoir des informations sur les

risques que présentent les petits emprunteurs (qui ne disposent pas généralement de

garanties efficaces) relativement aux gros emprunteurs.

Les personnes à revenus plus élevés réalisent d’une façon régulière plusieurs types

de transactions financières formelles (telles que les remises de chèques, les

paiements par chèques, l’utilisation des cartes bancaires, les opérations sur d’autres

produits financiers). Ceci permet à la banque de répartir ses charges fixes sur un

plus grand nombre de transactions.

Il est donc primordial que toute institution qui désire offrir des produits de crédit aux

pauvres prenne en considération ses constats. La littérature recense deux groupes de

prêteurs qui ont apporté des solutions au financement des pauvres :

Les solutions apportées par le secteur financier informel ;

Les solutions apportées par le secteur financier formel (les institutions de

financement pour le développement subventionnées par les Etats).

Page 39: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

29

1.1.3.1 Le financement des pauvres par le secteur financier informel

Pour se financer, les personnes qui, pour différentes raisons, ne peuvent pas emprunter

auprès des institutions financières formelles, font généralement appelle à d’autres

solutions, notamment celles offertes par le secteur informel. Selon Lelart (2006), les

exemples de ces solutions de financement alternatives sont observés dans la plupart des

villages du Tiers-Monde et dans certaines villes, comme les grandes métropoles

d’Asie. Dans ces régions, les prêts peuvent être en numéraire ou en nature. Les taux

d’intérêt appliqués sont abusifs, ils peuvent atteindre des taux de 50 à 100% pour une

durée qui est généralement courte.

Par ailleurs, Robinson (2001) classe le secteur informel du crédit en trois catégories. La

première catégorie est le secteur informel commercial, où sont actifs des prêteurs comme

les usuriers, les commerçants, les employeurs, les propriétaires des terrains, etc. La

deuxième catégorie est qualifiée de secteur informel non-commercial. Ce sont

généralement des prêteurs qui font partie de la famille, des amis, des voisins, etc. La

troisième catégorie, située entre les deux premières catégories, est composée d’une variété

de ROSCA, d’associations mutuelles d’aide et de sociétés de financement informel. Leur

objectif varie d’un objectif purement commercial à un objectif purement social et entre ces

deux extrêmes d’autres organismes présentent un mixte entre l’objectif commercial et

l’objectif social.

L’auteure mentionne aussi que les nombreux prêts qui sont contractés auprès de la famille,

des amis et des voisins ne portent habituellement aucun intérêt financier, ou dans certains

cas un taux d'intérêt peu élevé. Ces prêts peuvent entraîner des obligations sociales,

politiques, ou économiques envers le prêteur. Les obligations peuvent prendre la forme

d’une promesse de fourniture du travail gratuitement, d’être disposé à prêter à son tour

dans le futur au prêteur actuel, de fournir des informations, de fournir un soutien politique,

etc. Les prêts peuvent être de petits montants remboursables à court terme qui servent à

faire face à un besoin de consommation ou à des situations d'urgence. Les montants

empruntés peuvent aussi, dans certains cas, être sous forme de montants importants qui

servent à financer l'achat d’un terrain, la construction d'une maison ou les besoins relatifs à

des occasions spéciales, comme le mariage.

Page 40: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

30

Selon Robinson (2001), les usuriers ne prêtent généralement qu'à un petit nombre de

personnes auprès desquelles ils peuvent assez facilement se faire rembourser. L’auteure

relève deux méthodes utilisées par ces prêteurs pour surmonter les problèmes posés par la

possibilité d’existence de l’’information imparfaite :

La première méthode consiste à ne prêter qu’à des personnes sur lesquelles le

prêteur exerce déjà un certain contrôle par le biais des transactions existant depuis

longtemps (un fournisseur avec ses clients, un patron avec ses employés, un

propriétaire de terrain avec les agriculteurs, etc.)

La deuxième méthode consiste à utiliser des sources d’information non coûteuses

afin d’obtenir les informations nécessaires sur les emprunteurs potentiels. Des

sources comme les réseaux locaux, les alliances politiques, les appartenances

religieuses et différentes autres sources.

De tels liens ainsi que les sources d’informations utilisées permettent aux prêteurs

informels d’avoir des taux de remboursement élevés, d’une part. Mais ils peuvent aussi

jouer comme un frein qui limite le nombre d'emprunteurs par prêteur, d’autre part. En

conséquence, il y a généralement beaucoup de prêteurs dans le marché, chacun avec un

nombre relativement restreint d'emprunteurs. Ces prêteurs qui, généralement, ne veulent

pas accroître leur part de marché, ont tendance à maintenir les taux d'intérêt élevés.

Gonzalez-Vega (1995) accorde à dire que les services offerts par la finance informelle sont

très utiles pour leurs clients. Sans ces arrangements informels, les services financiers ne

seront pas fournis à tout le monde et le bien-être des pauvres serait réduit. Cependant, ces

services présentent plusieurs inconvénients, dont :

Premièrement, les services offerts ne couvrent pas tous les besoins de leur clientèle.

La plupart des services non offerts sont ceux pour lesquels les pauvres ont plus

besoin, notamment les dépôts ;

Ensuite, les services financiers informels sont offerts soit par un vaste réseau de

relations (amis et parents) et portent notamment des frais difficilement mesurables,

soit ils sont financièrement très coûteux. Il n’est donc pas surprenant d'observer une

forte demande pour les services financiers du secteur semi-formel et du secteur

formel qui sont moins chers et en même temps plus stables et plus fiables.

Page 41: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

31

Enfin, les services financiers informels ne sont pas efficaces et ne participent pas de

manière significative à la croissance économique. En effet, les prêteurs de ce

secteur ne sont compétitifs que dans de petits segments du marché, notamment pour

les transactions financières entre les agents qui se trouvent à proximité (même

village, même profession, même groupe social, etc.). Au-delà des frontières locales,

la finance informelle devient très coûteuse, d’ailleurs on voit rarement des

transactions entre des agents éloignés les uns des d'autres. Les coûts engendrés par

la recherche d’information sur les prêteurs, qui ne sont pas à proximité, et leur

surveillance sont trop élevés. En conséquence, la finance informelle ne peut

contribuer sensiblement à l’amélioration de l'allocation des ressources.

La finance informelle a apporté une solution alternative aux personnes exclues du champ

d’action du secteur financier formel. Cependant, les coûts des services du secteur informel,

qu’ils soient sous forme de taux d’intérêts ou sous d’autres formes, restent très élevés. En

outre, le champ d’action des prêteurs du secteur informel est limité à l’entourage proche

afin de minimiser les coûts de recherche d’information et de surveillance qui sont

nécessaires pour pallier aux problèmes de l’asymétrie d’information caractéristique du

marché du crédit. Enfin, les services offerts n’arrivent pas à répondre aux besoins de cette

frange de population qui n’a pas accès à toute la panoplie de services offerts par les

institutions financières formelles.

1.1.3.2 La solution apportée par le secteur financier formel

Après la Seconde Guerre mondiale, au cours des années 1940 et 1950 notamment, un

nouveau courant de pensée commence à émerger. Ce dernier se matérialise dans l’idée

qu’il est possible de stimuler la croissance économique par la mise en place d’institutions

financières proposant des crédits avant que n’apparaissent une demande effective pour ce

genre de services financiers. Patrick (1966) propose l’approche du développement

financier entraînant l’offre (supply-leading approach, en anglais). Selon cet auteur, afin de

stimuler le développement, il est primordial de commencer par la création des institutions

financières, en leur offrant les actifs nécessaires ainsi que les services financiers connexes,

avant même que la demande pour ces institutions n’apparaisse. Cette approche permet

d’atteindre deux objectifs. D’une part, il y aura un transfert des ressources financières

Page 42: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

32

bloquées dans les secteurs traditionnels, qui ne connaissent pas de croissance importante,

vers les secteurs modernes qui ont la capacité de promouvoir la croissance en assurant

l’affectation des ressources disponibles aux projets les plus performants. D’autre part, il

sera possible de promouvoir et de stimuler l’entreprenariat dans ces secteurs modernes.

Comme le système supply-leading peut ne pas bien fonctionner à son démarrage,

l’intervention de l’Etat est donc nécessaire. Les nouvelles institutions financières peuvent

ainsi être des institutions publiques utilisant des fonds publics ou recevant des subventions

directes.

Alors que les personnes à faibles revenus dans les pays en développement sont exclues des

réseaux de financement formel, la théorie du supply-leading va devenir l’appui théorique

de plusieurs gouvernements de ces pays pour mettre en place, au cours des années 60, des

institutions financières publiques ou semi-publiques pour le développement. Ces

institutions accordent des crédits à moyen et long terme pour des activités qui répondent à

des objectifs de développement (Brunton, 1988).

Par ailleurs, Robinson (2001) identifie trois facteurs qui permettent d’expliquer l’adoption

de la théorie du supply-leading par les pays en développement. Premièrement, les

gouvernements de ces nouvelles nations, qui viennent d’avoir leur indépendance, se voient

responsables de leur développement économique. Deuxièmement, comme la plupart de ces

pays sont des pays à caractère rural, alors la croissance agricole est hautement prioritaire. Il

est donc crucial, pour stimuler le développement économique, que les technologies qui

permettent de réaliser des rendements élevés dans le secteur agricole soient rapidement et

largement adoptées. Troisièmement, la plupart des agriculteurs n’auraient pas les moyens

financiers pour financer l’acquisition des technologies et leurs nécessaires. Ils auront donc

besoin de crédit, mais les agriculteurs pauvres ne pourraient pas supporter les taux d’intérêt

appliqués par les banques commerciales. C’est dans ce contexte que, pour parvenir à une

forte croissance de l’agriculture, de très importants programmes de crédit rural

subventionné ont été lancés dans une grande partie du monde en développement. Les

agriculteurs pauvres recevraient des crédits aux taux d’intérêt inférieurs à ceux du marché,

dans l’espoir qu’ils puissent ainsi réaliser des rendements plus élevés et à accroître leurs

revenus.

Page 43: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

33

Après une expérience de quelques décennies, vers la fin des années 1970-1980, on

commence à découvrir les limites de la logique derrière ces programmes de financement.

Robinson (2001) souligne, entre autres, les raisons suivantes :

Les crédits subventionnés octroyés par ces institutions financières n’atteignent pas

leur principale cible, les crédits bénéficient plus à des élites locales au lieu de

financer les besoins des agriculteurs pauvres.

Même si les taux d’intérêt sont faibles, le coût réel du crédit était élevé pour les

emprunteurs. En effet, l’obtention d’un crédit auprès des établissements de crédits

subventionnés demande généralement beaucoup de temps. Il faut aussi tenir compte

de la lourdeur des procédures nécessaires à l’obtention d’un crédit. Tout cela peut

faire supporter à un emprunteur des coûts d'opportunité ainsi que des coûts de

transport élevés dus aux allers-retours fréquents. A ces coûts s’ajoutent les pots-de-

vin donnés, dans certains cas, au personnel responsable des programmes afin de

bénéficier des crédits et activer les procédures.

Les produits offerts par ces programmes ne répondent pas vraiment aux besoins des

emprunteurs pauvres en termes de montant, de durée et de l’utilisation du prêt.

Les taux de défaut des clients et les pertes réalisées par ces programmes sont

généralement élevés.

Les taux d'intérêt appliqués sur les prêts sont trop faibles pour permettre la

rentabilité des programmes, ce qui a limité le volume des services financiers offerts

aux pauvres, comme les dépôts, et l’apparition d'institutions financières viables

avec une large portée9.

Malgré ce constat lamentable, de tels programmes continuent encore à fonctionner dans de

nombreux pays jusqu’à aujourd'hui.

Le contexte des pays en développement après la Seconde Guerre Mondiale avec

l’émergence de la théorie du supply-leading a conduit ces pays à mettre en place des

institutions financières dans l’objectif principal était de stimuler la croissance et le

9 En matière de microfinance, la portée fait référence à la portée des actions et des activités d’une IMF, c’est-

à-dire son objectif social. L’étendue de la portée fait référence au nombre de clients desservie par une IMF.

Le degré de la portée fait référence au niveau de pauvreté des clients d’une IMF.

Page 44: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

34

développement économique en commençant par la mise sur le marché d’une offre de

services financiers. Des services qui vont permettre aux agriculteurs à faibles revenus,

notamment, d’améliorer leurs revenus et par suite leur situation. Le résultat a été des

décennies de subventions massives des programmes de crédit rural : une solution au

financement des pauvres par le secteur formel est donc trouvée. Après plusieurs années

d’activité, les institutions de financement pour le développement étaient un échec. Il faut

donc innover et chercher de nouvelles méthodes qui seront capables d’apporter des

solutions fiables au problème du financement des besoins des personnes pauvres et à faible

revenus et de briser le cercle vicieux de la pauvreté.

La solution sera apportées par les institutions de microfinance qui, en innovant au niveau

des garanties exigées, des pratiques et des contrats utilisés, arrivent à proposer de

nouveaux moyens qui permettent de surmonter, avec des coûts raisonnables, les problèmes

de l’asymétrie d'information et ainsi que les autres risques spécifiques aux populations

pauvres.

1.2 Microfinance et institutions de microfinance : Définitions

La définition de la microfinance n’est pas une tâche tout à fait aisée. Nous essaierons dans

la première partie de cette sous-section de trouver une définition qui nous permettra de

bien comprendre cette activité financière. Dans la deuxième partie, nous passerons en

revue les différents produits et services que la microfinance met à la disposition des

personnes à faible revenu qui sont exclus du champ d’intervention des institutions

financières classiques. Enfin, nous présentons les institutions de microfinance ainsi que

leur particularité.

1.2.1 Définition de la microfinance

Différents auteurs et différents organismes donnent à la microfinance des définitions qui

peuvent être différentes. Cependant, toutes ces définitions considèrent la microfinance

comme étant une activité qui consiste à fournir à une clientèle pauvre, qui n’a pas accès

aux services des banques commerciales, un ensemble de services financiers

Page 45: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

35

essentiellement le crédit et l’épargne et dans certains cas d’autres services financiers

comme l’assurance, le transfert d’argent et les services de payement.

Ainsi, Boyé, Hajdenberg et Poursat (2006) définissent la microfinance comme l’ensemble

des services qui sont proposés à des individus qui n’ont pas accès aux institutions

financières classiques. Par extension, le terme de « microfinance » désigne l’ensemble des

activités mises en œuvre pour apporter ces services.

Selon Ledgerwood (1999), la microfinance fait référence à la fourniture de services

financiers à des clients à faible revenu. Les services financiers sont généralement

composés d’opérations de dépôts et de crédits. On trouve aussi dans certains cas des

services comme l’assurance et des services de payement. En plus des services financiers,

plusieurs institutions de microfinance (IMF) fournissent à leurs clients des services sociaux

comme la formation à la gestion, l’encadrement et autres. Ainsi, la définition de la

microfinance inclut souvent la fourniture de services financiers ainsi que des services

sociaux.

Le Groupe consultatif d’aide aux populations les plus pauvres10

(CGAP) définit la

microfinance comme une large gamme de services financiers adaptés qui sont destinés aux

pauvres et fournis, en tous lieux, par différents types d’institutions (CGAP, 2006). Ces

services financiers sont : le crédit, l’épargne, le transfert d’argent, les services de payement

et l’assurance. Ces services permettent aux populations ciblées de faire face aux besoins

financiers de leur activité commerciale, d’acquérir des biens, de construire ou d’aménager

leur logement, d’augmenter leurs revenus et ainsi de réduire leur vulnérabilité.

Une définition complète est donnée par Brandsma et Burjorjee (2004 p. 18). Selon ces

auteurs, la microfinance est la fourniture d’un ensemble de services financiers, incluant le

10Le Groupe consultatif d’aide aux populations les plus pauvres (The Consultative Group to Assist the

Poorest : CGAP) est un partenariat multi donateurs pour la microfinance basé au sein de la Banque

mondiale. Il est soutenu par une trentaine de fondations privées et d’agences de développement qui ont pour

objectif commun la lutte contre la pauvreté. Le CGAP contribue au progrès de la microfinance en fournissant

de l’information commerciale, en favorisant l’harmonisation des normes du secteur, en finançant les

innovations et en diffusant les meilleures pratiques. Il fournit également des services de conseil aux pouvoirs

publics, aux prestataires de microfinance, aux bailleurs de fonds et aux investisseurs.

Page 46: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

36

crédit, l’épargne, le transfert d’argent et l’assurance, aux gens pauvres et à la population à

faible revenu. Ces services sont caractérisés par :

Leur concentration sur des pauvres qui portent des microprojets : fourniture de

services aux clients à faible revenu, les femmes et les hommes, qui n’ont pas accès

aux autres institutions financières.

Des crédits adaptés aux clients : accès simple et approprié à un crédit de petit

montant, de courte durée et renouvelable. Le remboursement des emprunts est

assuré par l’utilisation de garanties alternatives (groupe de caution solidaire,

l’épargne obligatoire), par l’évaluation informelle des emprunteurs et des projets et

par l’évaluation simple des flux de trésorerie et des projets pour les emprunts à

montant élevé et à durée longue.

La fourniture de service d’épargne volontaire et sécurisé qui facilite le dépôt et

permet l’utilisation de petites sommes ainsi que l’accès facile aux fonds.

Soko (2009, p. 21) définit la microfinance comme l’ensemble des services financiers

délivrés dans un cadre formel ou informel et destiné aux populations à faibles revenus

n'ayant pas accès au système bancaire classique mais exerçant une activité économique ou

ayant un projet économique. Cette définition a deux particularités par rapport aux autres.

Premièrement, la définition exclut les gens les plus pauvres du champ de la microfinance.

Ne sont donc retenues que les populations à faible revenus qui ont une activité économique

génératrice de revenus, qui ne sont pas forcément très pauvres. Deuxièmement, la

définition ne fait pas de distinction entre les fournisseurs des services de la microfinance.

Ainsi, un fournisseur de la microfinance peut être une organisation soumise aux règlements

d’un secteur organisé par l’Etat, c.-à-d. le secteur formel, comme il peut être une simple

personne travaillant dans le secteur non organisé de l’informel.

Sur la base de ce qui a précédé, nous pouvons définir la microfinance comme étant un

ensemble d’activités financières qui consistent à fournir des services financiers viables

comme le crédit, l’épargne, le transfert de fonds, la micro-assurance et le micro-leasing,

etc. Ces activités ont pour caractéristiques principales :

La cible visée. La microfinance vise une clientèle composée essentiellement de

personnes qui travaillent dans le secteur informel et de personnes qui n’ont pas

Page 47: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

37

accès aux systèmes financiers classiques à cause de leurs faibles revenus et de

l’absence de garanties.

L’adaptation des services fournis aux besoins de la cible. La microfinance a innové

en adaptant l’ensemble de ses services aux situations et aux besoins de la clientèle

visée. Cette adaptation concerne les montants échangés, la périodicité des

opérations, les garanties fournies (la pression sociale à la place des garanties

matérielles), les moyens utilisés et le lieu des opérations. Les prêts accordés ne se

limitent pas uniquement aux activités commerciales, ils peuvent être octroyés pour

répondre à d’autres besoins comme la consommation, l’éducation des enfants, la

construction ou l’aménagement de logement, etc.

L’accompagnement par des services sociaux connexes. Afin d’atteindre ses

objectifs, la microfinance ne se limite pas à fournir que des services financiers. Ces

derniers sont généralement appuyés par des services sociaux comme la formation,

l’alphabétisation, etc.

L’intégration dans des programmes de lutte contre la pauvreté. Dans la plupart des

pays, la microfinance est considérée comme une composante dans les programmes

nationaux ou internationaux de lutte contre la pauvreté.

Il est important de ne pas confondre la microfinance et le microcrédit. Ce dernier est une

activité qui consiste à fournir à des familles pauvres des crédits de faible montant afin de

développer des activités génératrices de revenus (micros ou très petites entreprises). Tandis

que la microfinance est plus générale, elle inclut, en plus du crédit, une large gamme de

services financiers comme l’épargne, l’assurance, le transfert d’argent, etc.

1.2.2 Produits de la microfinance11

11 La rédaction de ce titre est basée essentiellement sur les trois livres suivantes :

- Boyé S., Hajdenberg J. et Poursat C., (2006), Le guide de la microfinance : microcrédit et épargne

pour le développement, Paris : Edition d'Organisation, Groupe Eyrolles, 305 p.

- Churchill C. et Frankiewicz C., (2006), Making Microfinance Work: Managing for improved

performance, Genève : International Labour Organization, 323 p.

- Nations-Unies, (2006), « Construire des secteurs financiers accessibles à tous (Livre bleu) ». New

York : Nations-Unies - Département des affaires économiques et sociales, 214 p.

Page 48: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

38

Partout, à travers le monde, la microfinance s’est fixée comme objectif principal de fournir

des services financiers qui répondent aux besoins spécifiques des populations pauvres et à

faible revenu qui sont délaissées par les systèmes financiers traditionnels. Ainsi, les IMF

sont arrivées à développer une large gamme de produits et de services financiers adaptés.

Boyé, Hajdenberg et Poursat (2006, p. 63) notent que :

« C’est cette capacité à lier les deux démarches, la logique contractuelle du

secteur formel et la logique plus souple du secteur informel, qui a permis aux

institutions de microfinance de toucher des populations que les banques

n’avaient pu jusqu’alors servir ».

Les IMF ont commencé par l’offre de services financiers simples et facile à gérer tel que le

crédit solidaire. Ces services, plus ou moins standards, ont permis le développement rapide

de la microfinance. L’arrivée à maturité du secteur de la microfinance, l’expérience

acquise et la concurrence, de plus en plus importante, entre IMF ont poussé les acteurs de

la microfinance à innover pour répondre, d’une part, à des besoins en évolution de leur

clientèle, d’autre part, pour élargir leur champ d’action à d’autres clients et à d’autres

nouvelles zones. On trouve actuellement sur le marché des produits financiers et non

financiers plus diversifiés, comme le transfert de fonds, l’assurance et autres.

1.2.2.1 Les services financiers de la microfinance

L’offre de services financiers par les IMF est composée d’une panoplie de services qui sont

développés grâce, notamment, aux technologies de l’information et de télécommunication,

de plus en plus accessible aux populations pauvres et celles qui sont dans les zones

éloignées. Les partenariats liés entre les IMF et les autres institutions financières ont aussi

joué un rôle important dans le développement des services financiers.

Les principaux services financiers offerts par les IMF sont :

Le crédit pour activités génératrices de revenu (Income-generating loans, en anglais) ;

Prêt d’urgence ou de consommation ;

Crédit habitat ;

L’épargne ;

Page 49: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

39

La micro-assurance ;

Le crédit-bail ;

Les services de transferts de fonds.

a. Le crédit pour activités génératrices de revenu (Income-generating loans)

Le premier produit proposé par les IMF est le crédit. Il est aussi le produit le plus offert. La

raison de ceci est que les praticiens de la microfinance considèrent que le crédit est une

composante essentielle pour le développement. Le crédit permet aux entrepreneurs

pauvres, qui n’ont pas généralement accès aux services des institutions financières

traditionnelles, d’avoir des moyens financiers leur permettant de monter des activités

génératrices de revenus. Afin de surmonter les problèmes liés au type de clientèle ciblée,

les IMF innovent en termes de conception et de mode de livraison des produits de crédit.

Ainsi, au lieu d’exiger des garanties matérielles dont ne disposent pas les gens à faible

revenu, les IMF font appels à d’autres alternatives, comme le crédit solidaire ou le crédit

individuel.

Le crédit solidaire (appelé aussi crédit de groupe) est une méthodologie d’octroi de crédit

qui consiste à compenser le manque de garanties matérielles, exigées généralement par les

banques, par des cautions solidaires. Les emprunteurs se constituent en groupe et se portent

garants entre eux ; si un membre du groupe fait défaut, le remboursement de son crédit sera

la responsabilité des autres membres. Les montants prêtés dans le cadre de cette

méthodologie sont, en général, très limités ; en dessous du PIB par habitant. Bien que ce

type de crédit ait existé depuis longtemps, c’est la Grameen Bank12

avec son fondateur

Mohamad Yunus qui les a remis au-devant de la scène.

Le crédit individuel est, comme son nom l’indique, un crédit accordé à une personne et non

à un groupe. Ce type de crédit, qui cherche à surmonter les limites du crédit solidaire, porte

12La Grameen Bank (GB) est une banque créée en 1983 au Bangladesh par Muhammad Yunus. La GB

fournit des microcrédits sans aucune garantie au plus pauvres des pauvres dans les zones rurales. Fin octobre

2010, la GB compte 2 565 succursales dans 81 373 villages (97 % du total des villages du Bangladesh) et

desserve 8,33 millions de clients dont 97 % de femmes. La banque ainsi que son fondateur ont obtenu en

2006 le prix Nobel de la paix. (www.grameen-info.org).

Page 50: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

40

généralement sur le financement de projets d’investissement (acquisition de biens ou

financement du fonds de roulement). Avant d’accorder le crédit et pour s’assurer de son

remboursement, les IMF ont inventé une démarche qui consiste, premièrement, à faire une

analyse préalable du dossier de crédit (rentabilité du projet et capacité de remboursement).

Cette analyse est complétée par l’analyse plus globale du budget familial. Même si la

plupart de leurs clients ne détiennent pas de comptabilité, les IMF sont arrivées à adapter

les procédures d’analyse en termes de documents utilisés, de traitement de l’information et

de compétence des agents chargés de la collecte de l’information nécessaire.

Deuxièmement, comme le crédit individuel se caractérise par l’absence de pression sociale

directe, les IMF se voient obliger d’exiger des garanties. Cependant, au lieu d’exiger des

garanties matérielles classiques (tels que des terrains, des machines, etc.), qui sont

impossibles ou difficiles à fournir par les personnes pauvres, les IMF ont innové, d’une

part, en termes de flexibilité sur la nature des garanties, en acceptant des garanties sous

forme de biens meubles ou de télévision, ou en exigeant une épargne obligatoire avant

l’obtention du crédit. D’autre part, en termes d’utilisation des autres formes de garanties,

comme les garanties morales : la garantie de la moralité de l’emprunteur (résultat de

l’investigation de l’agent de crédit) ou les garanties personnelles de tiers (des personnes

présentées par l’emprunteur qui s’engagent à rembourser le crédit en cas de sa défaillance).

Troisièmement, les IMF utilisent des incitations fortes aux remboursements. D’une part,

ces incitations peuvent prendre la forme d’incitation positive (promesse d’obtenir d’autres

crédits avec des montants plus importants et dans des délais plus brefs). D’autre part, des

incitations négatives (en cas de non remboursement, l’IMF menace de faire de la publicité

auprès de la communauté de l’emprunteur ou menace d’entamer des poursuites judiciaires

qui peuvent aller jusqu’à la saisie ou l’emprisonnement).

Enfin, après l’octroi du crédit, l’IMF continue à faire un suivi du bon déroulement du prêt

sous forme de visites régulières.

b. Prêt d’urgence ou de consommation

Le crédit individuel et le crédit solidaire peuvent servir au financement d’activités

génératrices de revenus. Cependant, ayant conscience que leurs clients peuvent avoir

Page 51: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

41

besoin de crédits pour d’autres raisons que le business, plusieurs IMF proposent des crédits

de petits montants qui sont disponibles immédiatement pour faire face à des situations

d’urgence ou à des dépenses imprévues. Ces prêts peuvent servir à d’autres utilisations

comme le payement des frais de scolarité, des besoins de consommation courante ou pour

des opportunités d’affaires. Ce type de crédit est généralement garantie par des garanties de

groupe, l’historique de crédit de l’emprunteur ou par des articles de valeur.

c. Crédit habitat

La plupart des gens pauvres et à revenu faible vivent dans des conditions déplorables dans

des quartiers populaires et précaires. Les IMF qui sont en contact avec ces populations se

voient obligées de les aider à améliorer leurs conditions de vie, notamment leur condition

de logement. Le crédit habitat, qui est un produit relativement nouveau, est ainsi développé

pour assister les ménages à faible revenu afin d’apporter des améliorations successives à

leur logement. En suivant les pratiques communes à la microfinance qui consistent à

octroyer des prêts relativement faibles pour de courtes durées, le crédit habitat est accordé

sous forme de montants nécessaires pour l’aménagement d’une partie du logement (la

construction d’une pièce, l’aménagement d’un toit, etc.) Le remboursement est étalé sur

une durée allant d’un à trois ans et peut atteindre 5 ans. Le taux d’intérêt appliqué est faible

par rapport à celui appliqué aux crédits accordés pour le financement des activités

génératrices de revenus. Une fois que le crédit est remboursé, le client peut avoir droit à un

autre crédit afin de construire ou d’aménager une autre partie de la maison.

Les IMF qui proposent ce genre de produit, s’appuient largement sur le soutien de l’Etat ou

de bailleurs de fonds en obtenant auprès d’eux les ressources financières nécessaires pour

des durées longues avec des taux d’intérêts concessionnels ou des subventions ou les deux

à la fois.

d. L’épargne

L’épargne est considérée comme un service financier essentiel pour les personnes pauvres

et à faible revenu au même titre que le crédit. En répondant aux besoins des clients,

l’épargne est aussi utile aux IMF en leur permettant de disposer de ressources internes qui

Page 52: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

42

peuvent être permanentes et moins coûteuses. Cependant, et même si la demande pour les

produits d'épargne dans de nombreux environnements est supérieure à la demande de

crédit, l’épargne est considérée comme la moitié oubliée de la microfinance. En effet,

l'environnement réglementaire dans de nombreux pays empêche beaucoup d'IMF de

mobiliser l’épargne, sauf pour les systèmes coopératifs ou mutualistes d’épargne et de

crédit. Par ailleurs, les préjugés envers les gens pauvres font qu’on voit mal comment ces

gens peuvent mettre de côté de l’argent. Enfin, la mise en place de services d’épargne

nécessite des ressources financières importantes pour réaliser des investissements

nécessaires en système informatique, en guichets sécurisés, etc.

Les produits d’épargne respectent généralement quatre critères : la sécurité, la proximité, la

liquidité et la rémunération. Les principaux produits proposés par les IMF peuvent être

sous trois formes. Premièrement, l’épargne obligataire qui représente les dépôts nécessaires

avant d’avoir droit à un crédit. Ces dépôts peuvent être versés avant ou au moment de

l’octroi du crédit. Ensuite, l’épargne volontaire bloquée qui représente un compte souvent

rémunéré sur lequel le client dépose volontairement et bloque une somme d’argent sur une

période plus ou moins longue. Enfin, les dépôts à vue et comptes semi-liquides qui sont

des comptes d’épargne sur lesquels les clients déposent et retirent leur argent sans aucune

contrainte. Ce genre de compte peut engendrer des coûts de gestion important pour les

IMF. Afin de minimiser ces coûts, elles peuvent décider de ne pas les rémunérer, d’exiger

des clients de payer des frais ou imposent des limites au nombre d’opérations effectuées

par les clients ainsi qu’un montant minimum pour les dépôts et les retraits.

e. La micro-assurance

L’offre des produits d’assurance a un double objectif. D’une part, les assurances offertes

par les IMF permettent à leur clientèle de faire face et de gérer les risques qui pèsent sur

eux (par exemple, des soins coûteux liés à un accident ou au traitement d’une maladie).

D’autre part, en réduisant la vulnérabilité des clients des IMF, les assurances permettent

d’augmenter le taux de remboursement des crédits.

La gamme des produits d’assurances offerts par les IMF est très large. On y trouve des

produits d’assurance comme l’assurance-vie, l’assurance santé, l’assurance invalidité,

Page 53: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

43

l’assurance sur l’élevage, l’assurance sur les récoltes, l’assurance mobilière et immobilière,

etc. A titre d’exemple, l’assurance-vie, généralement obligatoire en cas d’un crédit,

consiste à alimenter un fonds d’assurance dédié, qui se charge de payer à l’IMF, en cas de

décès d’un emprunteur, le montant restant dû. La différence entre le montant assuré et le

montant dû à l’IMF est versé à la famille de l’emprunteur. L’assurance santé consiste,

quant à elle, à prendre en charge par l’assureur tout ou une partie des frais médicaux de

l’assuré en contrepartie de cotisations périodiques et fixes.

La plupart des IMF reconnaissent que l'assurance est une activité essentiellement différente

de l'épargne et du crédit, et que la meilleure façon d'offrir une assurance à leurs clients est

de le faire en partenariat avec les compagnies d'assurance formelles. Les différents produits

de micro-assurance sont vendus aux clients de la microfinance par le biais de relations

avec des institutions de détail.

f. Le crédit-bail

Certaines IMF offrent un produit relativement nouveau : le crédit-bail. C’est un produit de

microfinance moins courant que les autres. Il permet aux clients d'acheter (ou d’utiliser)

des actifs sans avoir à payer des versements importants et sans garanties supplémentaires.

Le crédit-bail présente deux avantages. Premièrement, comme l'institution financière

conserve la propriété de l'actif jusqu'à la fin de la durée du bail, le processus d'évaluation

du dossier de crédit peut être simple et nécessite moins de temps. Deuxièmement, la valeur

de l'actif peut être importante et la durée du bail peut être plus grande relativement à la

valeur et la durée de la plupart des prêts accordés aux micro-entreprises par les IMF, ceci

sans un accroissement du risque du prêteur.

g. Les services de transferts de fonds

Les prestations formelles de transferts de fonds sont généralement dominées par les

sociétés de transferts de fonds spécialisées. Avec le développement de la microfinance,

certaines IMF ont commencé à offrir ce genre de services afin de permettre à leurs clients

d’envoyer ou de recevoir de l'argent des personnes qui se trouvent dans d'autres pays ou

dans d'autres parties de leur propre pays. A travers les services de transferts de fonds, les

Page 54: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

44

IMF cherchent, d’une part, à compléter la gamme des services financiers offerts à leur

clientèle en leur offrant un service plus adapté à un coût plus faible. D’autre part, en plus

d’être rémunérateur et payant, ces services peuvent constituer un moyen de fidéliser ou

d’attirer d’autres clients vers d’autres services comme l’épargne et le crédit. Les services

offerts dans ce cadre aux populations à revenu faible peuvent être classés en trois

catégories :

L’envoi de fonds des travailleurs migrants ;

Les lignes de crédit sur les cartes bancaires des membres de la famille du migrant ;

Les virements de compte à compte.

Les IMF qui offrent des services de transferts de fonds le font habituellement en partenariat

avec des compagnies internationales de transfert d'argent comme Western Union ou

MoneyGram.

1.2.2.2 Les services non financiers de la microfinance

Afin d’avoir un impact plus important et de réduire le risque de prêter à une clientèle

composée essentiellement de ménages à faible revenu, y compris certains qui sont très

vulnérables, les IMF ont intérêt à combiner l’offre des services financiers à l’offre d’autres

services qui ne sont pas financiers.

Les services non financiers offerts par les IMF prennent généralement deux formes

différentes. Elles peuvent être sous-forme de :

Services d’appui au développement de l’entreprise ou de l’emprunteur, tels que : le

mentorat, l'éducation financière pour préparer les clients à accéder aux services

financiers, la formation technique, marketing, ou en gestion ;

Services sociaux : par exemple, certains IMF profitent de l’occasion des réunions

des groupes d'épargne et de crédit pour fournir des services sociaux, tels que : les

soins de santé de base, la nutrition, l’éducation, la planification familiale et

l'alphabétisation des adultes.

Page 55: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

45

Contrairement aux services financiers, les clients des IMF, de part leur situation, ne sont

pas prêts de payer pour avoir les services non financiers. Ainsi, les coûts engendrés par

l’offre de ces services sont couverts soit directement par les revenus d'intérêt réalisés par

l’IMF soit par les subventions accordées par les autorités spécifiquement à ce genre de

services. Dans d’autre cas, ces services sont, tout simplement, offerts par des organisations

autres que les IMF.

1.2.3 Institutions de microfinance (IMF)

D’une façon générale, une institution de microfinance est une organisation qui fournit un

ensemble de services financiers et non financiers à une clientèle composée essentiellement

de personnes qui sont considérées comme étant pauvres. Cette large définition cache une

hétérogénéité qui existe entre les IMF. Les institutions de microfinance dans le sens large

incluent un grand nombre de fournisseurs de services financiers qui varient par rapport à

leur structure, à leur (s) mission (s) et à leur (s) méthodologie (s) de crédit. Cependant, ces

fournisseurs ont tous la caractéristique commune qui consiste à fournir des services

financiers aux clients qui sont pauvres et plus vulnérables que les clients des banques

traditionnelles. Ces fournisseurs peuvent être groupés en deux grandes catégories : les

institutions formelles et les institutions semi-formelles. En plus de ces deux groupes, on

trouve un autre groupe qui les a précédés dans ce secteur, il s’agit des institutions

informelles.

Les institutions formelles sont celles qui sont soumises à la réglementation bancaire du

pays, qui offrent des services de détail classiques aux clients et qui sont engagés dans

l’intermédiation financière. Elles sont donc soumises non seulement aux lois en vigueurs

mais aussi à la régulation et contrôle bancaire (comme, les banques de développement, les

banques postales, les banques commerciales et les intermédiaires financiers non-

bancaires). Les institutions formelles peuvent aussi être n’importe quelle organisation

légale offrant toute forme de services financiers. Les institutions semi-formelles sont des

entités légales soumises à la législation générale et à la loi commerciale mais non à la

réglementation bancaire (organisations non-gouvernementales financières, coopératives

d’épargne et de crédit, etc.) Les institutions non-formelles sont des groupes non légaux

comme les tontines à tirage au sort, les groupes d’entraide et les associations de crédit.

Page 56: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

46

Matin, Hulme et Rutherford (2002) classent les organisations qui fournissement les

services financiers aux pauvres en trois types d’organisations. En premier lieu, on trouve

les prestataires de services formels ; ce sont les organisations formelles qui sont soumises à

la législation et au contrôle bancaires, qui fournissent des services conventionnels de détail

et qui participent à l’intermédiation bancaire. Ensuite, viennent les organisations

informelles ou le secteur informel qui est formé essentiellement de sources de crédit non

déclarées telles que les prêteurs privés (usuriers), les prêteurs sur gage, les tontines à tirage

au sort13

, les associations cumulatives d’épargne et de crédit14

, les groupes d’entraide et les

associations de crédit. Entre le secteur formel et le secteur informel se trouve le dernier

type d’organisations, celles du secteur semi-formel. Les prestataires semi-formels sont les

institutions de microfinance. Ces dernières, sont généralement créées sous forme

d’organisations non-gouvernementales ou de coopératives. Dans certains cas, elles peuvent

avoir le statut d’une banque avec une charte spéciale comme la Grameen Bank.

Par ailleurs, Christen, Rosenberg et Jayadeva (2004) notent qu’il existe un grand nombre

d’organismes qui ont pour vocation de fournir les services financiers aux populations

pauvres. Les auteurs utilisent le vocable institutions financières alternatives (IFA) pour

désigner ces organismes. Ce sont donc des institutions qui ciblent spécifiquement les

clients à faible revenu ou ceux qui n’ont pas accès aux services des banques, il existe au

sein de ces IFA un sous-groupe qui vise particulièrement les pauvres et les plus pauvres, il

s’agit des IMF.

Les IMF se sont distinguées par la poursuite d’un double objectif : un objectif économique

et un objectif social. A travers leur réussite et leur développement, les IMF ont apporté la

preuve que les pauvres sont bancables. Actuellement, les institutions financières classiques

ont rapidement appris les leçons sur la façon par laquelle se font les petites transactions

bancaires. Ainsi, plusieurs nouveaux acteurs de la microfinance, comme les banques

commerciales, avec leur capacité de faire des investissements importants, ont mis en place

un réseau large d’agences et de points de distribution (tels que les distributeurs

automatiques de billets de banque) qui peuvent permettre de donner des services financiers

13 Ses associations sont connues sous l’acronyme RoSCA (Rotating Savings and Credit Associations).

14ASCrAs (Accumulating Savings and Credit Association).

Page 57: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

47

près du lieu où se trouvent les clients pauvres. De plus en plus, des liaisons entre différents

fournisseurs de services financiers apparaissent pour permettre une large portée afin

d’étendre l’accès à ces services aux différentes populations exclues.

Les clients des IMF sont généralement des entrepreneurs à faibles revenus (auto-

employeurs ou micro-entreprise) des régions urbaines ou rurales. Ils sont soit des

commerçants, des vendeurs ambulants, de petits agriculteurs, des artisans ou des

fournisseurs de services comme les coiffeurs, etc. leurs activités leurs permettent d’avoir

dans la plupart des cas des revenus stables. Bien qu’ils soient pauvres, ils ne sont pas

généralement considérés comme les plus pauvres des pauvres.

Durant les années 70 et 80, le mouvement des micro-entreprises mène à l’émergence

d’organisations non-gouvernementales qui fournissent des crédits de petits montants aux

pauvres. Durant les années 90, une partie de ces institutions s’est transformé en institutions

financières formelles pour avoir accès à la collecte de l’épargne afin d’augmenter la portée

de leurs activités. Dans la section qui suit, nous allons passer en revue le développement de

la microfinance et les différents types d’IMF.

1.3 Développement de la microfinance et différents types d’institutions de

microfinance

1.3.1 Développement de la microfinance

Plusieurs personnes considèrent que le microcrédit a vu sa naissance au cours des années

soixante-dix lorsque Muhammad Yunus a fondé la première Grameen Bank ou lorsque

ACCION International15

a commencé a distribué des crédits de petites sommes en 1961.

Bien que le terme microcrédit ait commencé à être utilisé durant cette période, le concept

15 ACCION International est l’une des premières organisations de microfinance dans le monde. Elle est

fondée en 1961à Caracas (Venezuela) par un étudiant nommé Joseph Blatchford. L’organisation avait comme

objectif d’aider les pauvres des villes de l’Amérique Latine à s’aider eux-mêmes. En 1973, les dirigeants

d’ACCION dans Recife (brésil) ont décidé de lancer le programme UNO et à distribuer des petits crédits.

Selon ACCION, ce premier crédit et le commencement du microcrédit. (www.accion.org/Page.aspx?pid=506

consulté le 29.01.11).

Page 58: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

48

de la distribution de crédits de petites sommes aux pauvres a plusieurs centaines d’années

d’existence. L’histoire de la microfinance est fortement liées, d’une part, à la volonté

manifestée par certaines personnes pour aider les gens qui sont dans le besoin et, d’autre

part, aux développements d’une offre de moyens financiers destinés à ces gens afin qu’ils

puissent faire face à leurs besoins de consommation, de financement d’activités

génératrices de revenus ou de toute autres formes de besoin.

Pour trouver les premières traces de la philosophie qui sous-entend la microfinance, il faut

remonter 5 000 ans dans l’histoire pour trouver les premières prémices de l’idée qui

consiste à accorder des prêts aux gens les plus pauvres (Ayayi et Noel 2007).

Bien qu’au début du XVe siècle, l’église catholique a autorisé la création des boutiques de

prêts sur gage, qui se sont par la suite généralisées à toute l’Europe notamment dans les

zones urbaines, c’est le XVIIIe

siècle qui a connu plusieurs expériences dans différentes

parties du globe. Ainsi, le début de ce siècle-là a vu la création du système de fonds de prêt

irlandais : Irish Loan Fund (Helms 2006). En Europe centrale, ce siècle a vu l’apparition

des caisses d’épargne municipales. Ces dernières sont des intermédiaires financiers publics

qui œuvraient pour le bien-être des populations locales. Elles permettaient aux pauvres

d’épargner et d’accumuler des actifs financiers. La plus ancienne forme de ces caisses

locales est fondée en 1743 en Allemagne sous forme d’une société d’épargne décès.

(Nations Unis, 2006).

La première expérience de micro-crédit aux Etats-Unis d’Amérique remonte à 1789

lorsque Benjamin Franklin16

, très malade et vivant ses derniers jours, a décidé d’amender

son testament pour donner aux villes de Boston et Philadelphie une partie de sa fortune,

soit exactement 1 000 livres sterling chacune (Schwartz, 2001). Selon l’auteur, ce

testament anticipe les programmes modernes de microcrédit des Grameen Banks. En effet,

16Benjamin Franklin (1706 – 1790) est l’un des pères fondateurs des Etats-Unis d’Amérique. Il est

corédacteur et signataire de la déclaration d’indépendance des Etats-Unis de 1776 et premier ambassadeur en

France.

Page 59: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

49

Franklin désirait que l’argent donné soit octroyé sous forme de prêts de petites sommes

(non pas sous forme de dons) à des artisans pour les aider à démarrer leur activité17

.

Le XIXe siècle a vu en 1849 la création en Rhénanie (Allemagne) de la première société

coopérative d’épargne et de crédit par un bourgmestre prussien nommé Raiffeisen18

. Ce

dernier cherchait un moyen qui permettrait à la population rurale de se libérer des

conditions usurières des prêteurs de cette époque. Cette première coopérative serait suivie

par la création d’autres coopératives. Elles collectent l’épargne des membres qui ont des

excédents de fonds pour ensuite la mettre à la disposition des autres membres qui en ont

besoin sous forme de prêts. Le fonctionnement de ces coopératives se base sur quatre

principes (Draperi, 2006). Premièrement, le principe de proximité ; pour chaque village,

une coopérative. Ces petites unités sont à la fois les membres et les administratrices d’une

banque centrale. Deuxièmement, une responsabilité solidaire et illimitée entre tous les

membres de la coopérative. Troisièmement, la non-distribution des bénéfices qui sont

affectés à une réserve sans possibilité de partage, même en cas de la liquidation de la

société. Quatrièmement, la coopérative intervient dans toutes les branches d’activités pour

répondre à l’essentiel des besoins de ses membres. Le système est apparu en France en

1865 puis au Québec en 1900. Un grand nombre de coopératives existantes en Afrique, en

Amérique Latine et en Asie se sont inspirées de ce modèle.

17 Franklin comptait sur les intérêts (5 %) pour faire augmenter la somme initiale. D’après ses calculs, au

bout de cent ans, la somme devait s’élever à 131 000 livres sterling. Il souhaite alors dans son testament

qu’une partie de cette somme (100 000 livres sterling) soit utilisée pour construire des hôpitaux,

infrastructures, fortifications, écoles... L’autre partie devant à nouveau être prêtée. Au bout de 200 ans la

somme devant s’élever à 4 061 000 £ sera à la disposition du gouvernement de l’État.

Pour Philadelphie, il prévoit le même mécanisme, au bout de cent ans la somme devait servir à construire un

aqueduc pour amener de l’eau potable en ville et à rendre, comme il le souhaitait initialement, le Skuylkil

navigable. (http://fr.wikipedia.org/wiki/Benjamin_Franklin. Consulté le 28.01.11).

18 Frédéric-Guillaume Raiffeisen (1818 – 1888) a travaillé comme journaliste à un âge très jeune. En 1845, il

est nommé bourgmestre (maire) du district de Weyerbusch. Après la famine de 1847-1848, il décida de créer

en 1849, avec l’appui des notables, une société pour aider les agriculteurs nécessiteux à acquérir du bétail

sans avoir à recourir au commerce usurier du bétail. Rapidement, la société se transforme en une caisse de

prêt qui accorde des crédits à taux bas aux paysans pour acheter directement leur batail.

En 1854, il créa à Heddesdorf une société d’épargne et de crédit. En 1862, il créa quatre autres caisses

d’épargne et de crédit. En 1872, il créa la première fédération de crédit en Rhénanie, puis celle de Westphalie

et de Hesse (1874). En 1876, il regroupa les fédérations et créa un institut central de crédit qui deviendra la

Deutsche Raiffeisenbank. Des Raiffeisenbanks existent encore Aujourd’hui en Allemagne, en France, au

Luxembourg, en Suisse et en Autriche (Draperi, 2006).

Page 60: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

50

Au cours du même siècle, en Europe, au Japon et dans d’autres pays, les systèmes postaux

et les services financiers postaux sont devenus d’importants prestataires de services de

microcrédit notamment l’épargne et les services de paiement (Nations-Unies, 2006).

Toujours au XIXe siècle, exactement en 1895, l’Indonésie a vu la création de la plus

ancienne banque du pays, la banque Bank Rakyat Indonesia (BRI)19

. Elle a été créée pour

gérer les dons des mosquées pour les donner comme crédits avec des facilités de

remboursement. BRI est devenu le système de microfinance le plus important en Indonésie

avec près de 25 millions de clients à travers le pays.

La période comprise entre les années 1950 et 1970 a vu la mise en place d’institutions

financières publiques de développement ou des coopératives agricoles, dans le cadre de

plans de développement sectoriels, dont l’objectif principal était d’offrir des crédits

agricoles aux petits paysans afin qu’ils puissent relever leur productivité et augmenter leur

revenu : le crédit est devenu un instrument au service d’autres objectifs comme

l’introduction de nouvelles pratiques agricoles. Les prêts accordés sont faits avec des taux

subventionnés inférieurs à ceux appliqués sur le marché. Cependant, comme c’est le cas

pour de nombreuses opérations économiques gouvernementales, l’efficacité de ces

institutions s’est révélée variable selon les pays et les périodes. Une bonne partie de ces

institutions disparaîtrait à cause de l’érosion de leur capital. Cet échec est dû à plusieurs

raisons, parmi lesquelles nous pouvons citer (Helms, 2006 et Boyé et al., 2006) :

Le non remboursement des prêts par certains clients qui les considèrent comme des

cadeaux offerts par l’Etat ;

Les taux appliqués étant faibles ne permettaient pas aux banques de recouvrir leurs

coûts ;

La gestion qui répond à des considérations politiques et électoralistes ;

Dans certains cas, les prêts sont accordés aux agriculteurs les plus aisés au dépens

de ceux qui en ont le plus besoin.

19 BRI ou Bank Rakyat Indonesia a été créée en 1895 en Indonésie. Elle a été créée pour gérer les dons des

mosquées pour les donner comme crédits avec des facilités de remboursement. BRI est considérée comme la

plus ancienne banque du pays. Elle est devenu le système de microfinance le plus important en Indonésie

avec près de 25 millions de clients à travers le pays. (Source : http://www.ir-bri.com/ ; consulté le

06.03.2011).

Page 61: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

51

A partir des années 70 le microcrédit va attirer plus d’attention et connaîtra un

développement très rapide.

Années 1970 : Naissance du micro-crédit sous sa forme moderne

Au début des années 1970, le micro-crédit dans sa forme moderne voit le jour avec des

organisations pionnières comme ACCION International en Amérique latine, la Self-

Employed Women’s Association Bank en Inde et la Grameen Bank au Bangladesh qui ont

commencé à accorder des micro-crédits notamment à des femmes entrepreneures pauvres.

Ces organisations ont prouvé que les pauvres peuvent rembourser leurs prêts même avec

des taux d’intérêt élevés (Helms, 2006 et Boyé et al., 2006).

Années 1980 : Apparition d’institutions de microcrédit viables

Au cours des années 1980, les programmes de microcrédit améliorent leurs méthodologies.

On a vu développer par exemple le crédit solidaire. Ce type de crédit consiste à accorder

un crédit à un groupe de personnes. Chaque membre du groupe est solidaire du

remboursement de tous les autres membres. Les taux d’intérêts sont calculés de telle façon

qu’ils permettront d’assurer le recouvrement des coûts de l’institution. Les organisations

vont réaliser leur viabilité et augmenter leur portée grâce à leurs revenus et à l’appui

financier de bailleurs de fonds publics ou privés. Le micro-crédit apporte la preuve

que (Helms 2006 et Boyé et al. 2006) :

Les pauvres ont un taux de remboursement de prêts plus élevé que celui des clients

des banques commerciales, et ce grâce aux mécanismes originaux développés par

les IMF, principalement la pression sociale ;

Les pauvres sont prêts à supporter les taux d’intérêt élevés appliqués par les IMF

pour pouvoir couvrir leurs charges. Pour cette clientèle l’accès au capital est plus

important que le coût du capital ;

Une institution peut être financièrement viable sans subventions même en

accordant des prêts de petit montant à une clientèle pauvre.

Page 62: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

52

Années 1990 : La microfinance remplace le microcrédit

Les années 1990 a vu l’utilisation du terme microfinance à la place du micro-crédit. La

microfinance englobe, en plus du microcrédit, des activités comme la micro-assurance, le

transfert d’argent et l’épargne.

Plusieurs IMF sont créées dans différents pays, notamment dans les zones urbaines et les

zones rurales à forte densité de population. La microfinance entre dans les politiques de

lutte contre la pauvreté sous l’impulsion des organismes de développement international.

Afin d’avoir une portée importante qui leur permettra d’atteindre plus de clients pauvres,

certains IMF se sont transformées en sociétés à but lucratif ce qui leur donnera plus

d’accès aux marchés des capitaux. Ainsi, l’année 1992 a vu le début de l’industrie de la

microfinance avec la création de la banque Banco Solidario SA (BancoSol) par l’ONG

bolivienne PRODEM. Au cours de la même décennie, la viabilité financière des IMF

devient un enjeu majeur des programmes de la microfinance. La rentabilité de certains IMF

attire des organismes, privées ou publiques, spécialisés dans le financement des IMF. La

microfinance commence à intégrer les différents programmes nationaux de lutte contre la

pauvreté. (Helms, 2006 et Boyé et al., 2006).

L’année 1996 sera l’année de la première faillite d’une IMF : Corposol Bolivienne.

D’autres IMF en Asie et en Afrique ont connu le même sort.

A partir de l’année 2000 : la microfinance finance tend vers des systèmes financiers

accessibles à tous

Après les années 90, considérées comme les années d’euphorie de la microfinance, les

années 2000 ont fait apparaître les limites de la microfinance et sa remise en question. En

effet :

La microfinance telle qu’elle est conçue jusqu’à cette date ne peut être la seule

solution aux problèmes de la pauvreté ;

La microfinance n’arrive pas à toucher toute sa clientèle cible, notamment les plus

pauvres des pauvres, les populations rurales et les habitants des zones isolées. Il

Page 63: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

53

faut donc trouver des solutions pour augmenter l’offre et atteindre les différents

segments de la population pauvre ou la plus éloignée ;

Il faut trouver des solutions qui permettront de diminuer les coûts des services

offerts par les IMF.

La solution à ces problèmes réside dans la prise en considération de la population pauvre

par les acteurs du système financier et non pas seulement par les spécialistes de l’offre à la

population pauvre. La CGAP parle aujourd’hui de systèmes financiers accessibles à tous à

la place de la microfinance. Si une meilleure connaissance des services financiers désirés

par la clientèle pauvre a permis l’évolution du microcrédit à la microfinance, la même

raison est derrière le passage de la microfinance à des services accessibles à tous (Helms,

2006).

Au cours de cette décennie, on a donc assisté à l’intégration de la microfinance dans le

système financier. D’une part, on a assisté à des banques commerciales et à autres

institutions financières formelles qui commencent à élargir leur clientèle à des segments

plus pauvres. D’autre part, certaines IMF continuent à accroître leur champ d’action.

Cependant, cette tendance reste inégale selon les régions et les pays (Helms, 2006).

1.3.2 Différents types d’institutions de microfinance

L’offre de services financiers aux populations pauvres et à faibles revenus est une activité

exercée par différents acteurs économiques depuis très longtemps. Les acteurs du secteur

informel étaient depuis longtemps les premiers à offrir leurs services à ces personnes. A

côté de ces acteurs, on trouve des institutions financières du secteur formel qui essaient de

répondre aux besoins des personnes exclues du secteur financier traditionnel. Selon les

Nations-Unies (2006), les prestataires de détail qui servent ces personnes sont de plus en

plus difficiles à regrouper sous une dénomination commune. Cependant, pour classer ces

organismes nous nous référons à Christen, Rosenberg et Jayadeva (2004)20

dans leur

étude : « Institutions financières poursuivant un “double objectif de résultat” : implications

20 Les auteurs signalent que leur catégorisation des IFA n’est ni exhaustive ni totalement hermétique et

dénuée d’ambiguïté.

Page 64: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

54

pour l’avenir de la microfinance ». Les auteurs mentionnent qu’il existe une catégorie très

large d’institutions, à double objectif de résultat, qui cherchent à fournir, à des degrés

divers, des services financiers à une clientèle exclue des services des banques

commerciales et des sociétés de financement. Ils font référence à ces institutions sous

l’appellation d’institutions financières alternatives (IFA). Toutes les IFA ont en commun :

La même cible : la clientèle des IFA est une clientèle qui dispose de revenus et

d’actifs moins importants que ceux des clients des banques commerciales. Les

comptes et les transactions des IFA sont de tailles moins élevées que celles des

banques commerciales.

La poursuite d’un double objectif de résultat : la plupart des IFA poursuivent un

double objectif. Premièrement, un objectif social ou de développement qui consiste

à fournir des services financiers aux personnes exclues des systèmes financiers

traditionnels afin de leur donner les moyens financiers qui leur permettront de se

prendre en charge par eux-mêmes. Le deuxième objectif est un objectif financier.

Afin de garantir leur pérennité, les IFA doivent couvrir toutes leurs charges, d’où la

nécessité de réaliser des bénéfices. Ces derniers permettent aussi aux IFA d’avoir

des moyens financiers qui sont nécessaires pour qu’elles puissent se développer et

élargir leurs champs d’actions.

Le contrôle : les IFA qui sont autorisées à collecter les dépôts ne sont

généralement pas sous le contrôle des mêmes organes que ceux dont relèves les

banques commerciales. Comme les IFA ne font pas partie du secteur financier

principal d’un pays, le contrôle auquel elles sont assujetties est fréquemment moins

rigoureux et moins bon que celui auquel sont soumises les banques commerciales.

Alors que les IFA ciblent généralement les clients à faibles revenus ou ceux qui n’ont pas

accès à des services bancaires, il existe au sein de ces IFA un sous-groupe qui vise

particulièrement les pauvres et les plus pauvres, il s’agit des IMF. Christen, Rosenberg et

Jayadeva (2004) notent que les IMF sont plus récentes et de plus petite taille que les autres

IFA. Elles ciblent plus activement une clientèle pauvre que la plupart des autres IFA. Elles

ont développé un modèle très performant de prestation de crédit sans garantie aux

emprunteurs pauvres. Par ailleurs, au 31 décembre 2007, 3 552 institutions de microcrédit

avaient rapporté qu’elles ont desservi 154.825.825 clients, dont 106.584.679 (soit 68,8 %)

Page 65: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

55

étaient considérés comme faisant partie des plus pauvres lorsqu’ils ont contracté leur

premier emprunt. 83,4 % de cette clientèle pauvre était des femmes (État de la Campagne

du Sommet du Microcrédit Rapport 2009).

Dans ce qui suit, nous présentons les prestataires de services financiers aux pauvres. Nous

les groupons en trois catégories. D’abord, les acteurs du secteur informel, suivis des

acteurs du secteur formel qui sont divisés en IFA de type IMF et les autres IFA.

1.3.2.1 Acteurs du secteur informel

Selon Soko (2009), le secteur de la finance informelle est constitué d’un ensemble

d’opérations financières de crédit et d’épargne qui ne sont soumises à aucune

réglementation dictée par les autorités monétaires centrales ou par les marchés financiers

centraux. Les participants de ce secteur, qui n’ont pas de personnalité juridique reconnue,

fixent leurs propres règles auxquelles ils adhèrent. Les opérations de crédit et d’épargne ne

donnent pas lieu à la création de titres de créance qui peuvent être utilisés comme des

supports juridiques aux opérations effectuées.

Alors que les opérations financières du secteur informel existent déjà depuis des siècles

(Helms, 2006), le concept de finance informelle n’est apparu que durant les années quatre-

vingt (Lelart, 2006). Cette activité, qui fournit des services financiers aux personnes

pauvres et à faibles revenus, est exercée par un grand nombre de détaillants privés qui ne

sont pas des banques. Ces activités financières peuvent être le métier principal de ces

acteurs, comme elles peuvent être des activités exercées en plus d’une activité principale,

comme le cas des petits commerces des produits alimentaires, des fournisseurs d’intrants

agricoles et des entreprises agroalimentaires, etc. Parmi les différentes formes que peuvent

prendre les activités de la finance informelle, nous présentons brièvement, ci-dessous, cinq

formes.

a. Les gardes-monnaie

Les gardes-monnaie sont des personnes de confiance qui se chargent de garder l’épargne

des habitants d’un quartier ou d’un village. Les dépôts sont irréguliers et les montants

Page 66: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

56

épargnés ou une partie de ces montants sont restitués sur demande. Les gardes-monnaie

rendent un service de sécurité sans contrepartie et ne payent pas d’intérêts sur les dépôts.

Cette activité correspond à celle d’une banque avec ses risques de solvabilité et de

liquidité. En effet, les gardes-monnaie ne se contentent pas de collecter l’épargne, ils

peuvent aussi le prêter en contrepartie d’intérêts, le déposer en banque ou l’utiliser dans

des activités commerciales. Les gardes-monnaie existent dans la plupart des pays

d’Afrique, au Bangladesh et en Inde (Lelart 2006).

b. Tontiniers ou banquiers ambulants

Les tontiniers qui sont connus également sous le nom de banquiers ambulants sont aussi

des gardes-monnaies, mais avec une approche différente. La particularité des tontiniers

réside dans le fait que les dépôts qu’ils reçoivent sont sous forme de sommes identiques et

régulières et le remboursement se fait à une date fixée d’avance. Le montant remboursé

représente la somme totale des versements moins un versement que garde le tontinier

comme rémunération de son service. En plus des opérations de dépôt les tontiniers

procèdent aussi à des opérations de crédit. Dans certains cas, un client peut recevoir du

tontinier un intérêt en contrepartie d’un dépôt sur une longue période. Ces tontiniers se

trouvent un peu partout en Afrique et en Inde (Lelart, 2006).

c. Boutiques de prêt sur gage

Pour faire face aux prêteurs à taux usuraire, l’église catholique avait créé ces boutiques au

XVe siècle. C’était en 1462 que la première boutique de ce genre a été créée par un moine

italien. Ensuite, elles se sont généralisées à toutes les zones urbaines de l’Europe. Afin

d’avoir des ressources suffisantes pour faire face à leurs charges de fonctionnement, le

pape Léon X a autorisé en 1515 les boutiques de prêt sur gage à facturer des intérêts à leurs

clients (Helms, 2006).

Page 67: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

57

d. Tontines mutuelles ou associations rotatives d’épargne et de crédit (ROSCA)

La tontine est un groupe de personnes qui se mettent d’accord pour faire des dépôts

périodiques. Chaque fois que les dépôts sont faits, la somme collectée sera donnée à un

membre du groupe. Le processus est ainsi renouvelé, de période en période, jusqu’au

moment où chaque membre aura reçu une fois le montant collecté. A la fin, l’opération

pourra être renouvelée avec (ou sans) les mêmes membres. Les ROSCA sont créées dans

plusieurs pays, elles sont basées sur les réseaux d’amis et de proches (Lelart, 2006).

En collectant l’épargne et en le mettant à la disposition des emprunteurs dans un ordre

déterminé, les ROSCA remplissent un rôle d’intermédiation financière. Elles peuvent avoir

une taille assez réduite, composées essentiellement d’un nombre réduit de membres d’un

cercle d’amis ou de la communauté locale. Elles peuvent aussi avoir une grande taille,

réunissant un grand nombre parmi les habitants d’une communauté entière, des employés

d’une grande entreprise, etc.

e. Crédit entre proches

L’emprunt auprès d’un réseau de proches (parents, amis, proche ou voisins) est souvent le

premier recours pour les ménages pauvres afin de se financer en cas de besoin. Ce genre de

crédit informel ne demande pas de garanties et dans la plupart des cas il n’y a pas de

contrepartie monétaire (payement d’intérêts). Dans ce genre de relations les deux parties

sont gagnantes. L’emprunteur finance son besoin rapidement et le prêteur gagne le droit à

la réciprocité : en cas de besoin il peut faire appel à ce réseau. On parle ainsi du principe de

la réciprocité (Zeller, 2006 et Soko, 2009).

1.3.2.2 Institutions spécialisées en microfinance

Selon Christen, Rosenberg et Jayadeva (2004), les institutions spécialisées en microfinance

ou IMF est un sous-groupe des IFA qui a pour particularité de viser essentiellement les

personnes pauvres et les plus pauvres. Elles sont les derniers nés de plusieurs tentatives qui

cherchent à apporter des solutions aux besoins financiers de ces personnes. La majorité de

ces institutions a été créée au cours des années 80. Ce sous-groupe est composé d’ONG,

Page 68: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

58

d’institutions financières non bancaires agréées (IFNB), de banques commerciales

spécialisées dans la microfinance et des programmes de microfinance des banques

commerciales multiservices.

a. Organisations non gouvernementale (ONG)

Les ONG sont des organisations non gouvernementales sans but lucratif dont les activités

principales sont l’octroi de crédits afin d’améliorer le bien-être des plus démunis. En plus

du crédit, certaines ONG peuvent offrir des services financiers de base conjointement à

d’autres services comme les soins de santé et l’alphabétisation. Les ONG ne sont pas

soumises aux autorités de réglementation et de supervision bancaires. Par contre, elles

doivent se soumettre aux lois civiles et commerciales du pays où elles sont localisées

(Nations-Unies, 2006). Selon Christen, Rosenberg et Jayadeva (2004), la plupart des IMF

sont des ONG.

b. Institutions financières non bancaires agréées (IFNB)

Selon les Nations-Unies (2006), les IFNB sont d’anciennes ONG qui se sont transformées

en IFNB ou des sociétés de microcrédit. Leur capital social peut être d’origine privée ou

publique. Leur cible est les segments inférieurs du marché, leurs principales offres se

concentrent sur les services et produits de crédit sans garanties. En plus de ces services,

certaines IFNB peuvent aussi proposer des services de dépôt sous la condition de se

soumettre à un cadre très réglementé sous la supervision des autorités publiques21

.

Les Association à but non-lucratif est un exemple d’IFNB. Selon Boyé, Hajdenberg et

Poursat (2006), l’association est un statut que peut choisir certaines IMF à leur début. Ces

associations sont des organisations créées par des fondateurs pour fournir des services de

microfinance aux personnes qui deviendront les membres de ces associations. Les

bénéfices réalisés par les associations ne sont pas distribués, ils restent au sein de

21 Ces conditions sont mises en place et supervisées par les autorités de tutelles afin de s’assurer qu’une

institution donnée, qui collecte l’épargne, puisse faire face à ses engagements et ait suffisamment de

liquidités pour assurer le remboursement de l’épargne de ses clients.

Page 69: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

59

l’association afin de développer son activité. L’association est gérée par un directeur

général élu par le conseil d’administration (CA). Le CA est lui-même élu par l’assemblée

générale (AG) des membres de l’association. Les associations n’ont pas de capital social,

leurs sources de financement ont pour origines les cotisations des membres, les

subventions reçues, les bénéfices réalisés et dans certains cas des emprunts.

Le statut d’association est souple, mais il ne permet pas aux IMF qu’elles l’adoptent de

collecter l’épargne, et comme elles n’ont pas de capital, elles ne pourront pas faire appel à

des investisseurs. Les IMF qui choisissent le statut d’association peuvent le garder comme

statut définitif comme elles peuvent évoluer vers d’autres formes de statut qui leur

permettront de renforcer leur gouvernance et d’avoir accès aux marchés financiers.

Les associations ne sont pas autorisées à collecter l’épargne, cependant il existe des IFNB

qui offrent des services d’épargne comme les Caisses Villageoises. Selon Ouattara,

Gonzalez-Vega et Graham (1999), les caisses villageoises sont des associations de crédit et

d’épargne détenues par les villages. C’est un modèle développé par l’ONG française le

Centre International de Développement et de Recherche (CIDR). Ce modèle est a été

instauré pour la première fois au milieu des années 80 au Burkina Faso. Actuellement, il se

trouve au Mali, Gambie, Niger, Madagascar, Ethiopie et Sao Tomé-et-Principe. Les caisses

mobilisent l’épargne des villageois et le crédit n’est pas lié à l’épargne. Ce dernier n’est

pas obligatoire. La gestion et le contrôle sont assurés par les villageois. Une partie des

profits est consacrée à des fins sociales et communautaires. Le refinancement peut être

obtenu auprès d’une association régionale de caisse. L’appui technique est garanti par un

bureau commun.

c. Banques commerciales spécialisées dans la microfinance (microbanque)

Les banques commerciales ont pour particularité de se soumettre à un cadre très

réglementé qui leur permet d’offrir différentes variétés de services financiers. Selon Boyé,

Hajdenberg et Poursat (2006), la plupart des IMF n’arrivent pas à remplir les conditions

des banques commerciales, comme le niveau du capital social exigé. Certains

gouvernements ont donc décidé de mettre en place un statut intermédiaire : le statut de

banque de microfinance ou microbanque. Ainsi, les conditions à remplir pour obtenir

Page 70: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

60

l’agrément sont allégées. Elles concernent le capital minimum à détenir (inférieur à celui

exigé des banques commerciales), le pourcentage maximum d’actions que peut détenir un

seul actionnaire, l’obligation de respecter un ensemble de ratios de liquidité et de

solvabilité, des reportings fréquents aux autorités de tutelle, etc. En contrepartie, les IMF

ayant obtenue cet agrément n’auront pas la possibilité d’exercer toutes les opérations d’une

banque commerciale, comme, les opérations sur les devises.

Par ailleurs, les Nations-Unis (2006) mentionnent qu’en opérant dans ce cadre prudentiel et

réglementaire, les microbanques proposent leurs produits et services à une clientèle

(composée essentiellement de personnes à revenus faibles ou moyens ainsi que de petites

et micro-entreprises) qui est perçue par les banques commerciales comme trop risquée ou

non rentable. Leurs services offerts sont développés de telle façon à répondre aux besoins

spécifiques de leur clientèle cible. Ainsi, en intégrant une composante sociale à leur

activité, elles considèrent que la microfinance est susceptible de générer des bénéfices.

Cette dimension sociale des activités des microbanques fait que leurs actionnaires

acceptent des rendements d’un niveau inférieur à ceux des autres investissements.

Selon Zeller (2006), les microbanques représentent une large variété d’institutions qui

donnent la priorité à l’atteinte de la viabilité financière. Elles diffèrent des banques

commerciales sur deux points. D’une part, les microbanques connaissent les besoins

financiers des petits et micros entrepreneurs et désirent leurs offrir des services et des

produits qui répondent à ces besoins. Mais, dans la plupart des cas, les microbanques

évitent de mentionner le terme pauvre ou pauvreté dans leur statut. D’autre part, au lieu

d’exiger que des garanties conventionnelles, les microbanques font appel aux méthodes de

garanties développées par les autres IMF.

Les microbanques peuvent être détenues par des individus ou par des entités légales

(comme les Etats, les ONG, ou les entreprises privées). Elles prêtent généralement à des

personnes indépendantes (cas de BRI), comme elles peuvent prêter à des groupes de

Page 71: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

61

personnes (cas de BancoSol22

). Relativement aux autres IMF, les microbanques offrent des

crédits qui ont des montants plus élevés.

d. Programmes de microfinance des banques commerciales multiservices

Les objectifs à caractère social de la microfinance ne sont pas toujours convergents avec

les objectifs poursuivis par les banques commerciales. Il est donc préférable, pour toute

banque intéressée par la microfinance, de séparer les activités traditionnelles d’une banque

des activités de la de microfinance. Ainsi, on a vu apparaître des programmes spécialisés

dans la microfinance et des services de microcrédit lancés par des banques commerciales.

Ce sont des filiales des grandes banques qui fonctionnent de manière autonome. Leurs

services bancaires sont adaptés pour répondre aux besoins particuliers d’une clientèle

pauvre ou à revenus faibles. Dans la plupart des cas, ces programmes sont établis pour des

raisons sociales. Mais dans d’autres cas, les banques commerciales s’engagent dans ces

activités soit pour répondre à une obligation imposée par le gouvernement, soit en raison

d’une pression concurrentielle croissante à l’échelon supérieur du marché ou tout

simplement par ce qu’il est jugé opportun de se positionner sur le segment des ménages à

faibles revenus en vue d’une croissance future (Nations-Unies, 2006 et Christen,

Rosenberg et Jayadeva, 2004).

e. Le projet

En plus de ces différents types d’organismes spécialisés dans la microfinance, Boyé,

Hajdenberg et Poursat (2006) mentionnent une autre forme que peut prendre les IMF,

notamment au début de leur activité, il s’agit de la forme ‘‘projet’’. On parle de projet (ou

phase de projet) lorsqu’un organisme décide de dédier une équipe formée à partir de son

personnel à l’activité de microfinance. Cette équipe avec son activité est considérée

comme une IMF qui est en phase de projet et qui n’a pas encore de statut juridique propre.

22Bancosol ou Banco Solidario est une banque commerciale bolivienne spécialisée dans la microfinance

créée en 1992, sa clientèle principale est formée des micro-entreprises qui opèrent dans le commerce et les

services urbains. Cette banque avait commencé son activité en 1987 comme une ONG créée par des

entrepreneurs boliviens pour aider les micro-entreprises. (Source : www.bancosol.com.bo ; consultée le

05.02.11).

Page 72: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

62

Ce sont donc des projets de microfinance sans statut juridique qui sont financés par des

bailleurs de fonds ou des projets d’ONG internationales qui affectent des fonds donnés par

des bailleurs à des opérations locales. ACEP Cameroun et AMRET au Cambodge sont des

exemples de cette forme que peut prendre les IMF23

.

1.3.2.3 Autres IFA

Les activités de la microfinance peuvent être exercées par d’autres organismes dont les

activités ne se limitent pas qu’aux clients à faibles revenus ou que sur la microfinance,

comme :

Les coopératives financières ou mutuelles ;

Les banques rurales et/ou locales à faible dotation en capital ;

Les banques publiques agricoles et de développement ;

Les caisses d’épargne postale ;

Les caisses d’épargne non postales.

a. Coopératives financières ou mutuelles

Les institutions mutualistes ou les coopératives d’épargne et de crédit sont des

organisations dotées de la personne morale. Elles sont fondées par des groupements de

personnes sur la base de principes d’union, de solidarité et d’entraide mutuelle. Ces

organismes font référence aux modèles créés au XIXe siècle par Raiffeisen en Allemagne

et Desjardins au Canada et sont sans but lucratif, leur objectif principal est de collecter

l’épargne de leurs membres et de leurs octroyer des crédits. Ces coopératives peuvent

prendre des appellations comme : le crédit mutuel, la coopérative d’épargne et de crédit

(COOPEC) comme FENACOOPEC de la Côte-d'Ivoire, les Caisses Populaires d’Epargne

23ACEP Cameroun a été créée en 1999 par le ministère des PME camerounais sous la forme d’un projet pour

donner des crédits individuels aux petits entrepreneurs de Yaoundé et Douala. Ce projet été financé par

l’Agence française de développement. Le projet a été transformé en société anonyme à la fin de l’année

2005. AMRET (Cambodge) est aussi un exemple d’une institution de microfinance qui a démarré en 1991

comme projet de microfinance avec l’aide de GRET (une association professionnelle de solidarité et de

coopération internationale) avant de devenir une SARL en 2001. (Boyé et al., 2006)

Page 73: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

63

et de Crédit (CPEC) comme les Caisses populaires d’épargne et de crédit de Guinée Yètè

Mali (CPECG) (Boyé, Hajdenberg et Poursat, 2006 et Soko 2009).

Chaque coopérative est limitée à une zone géographique (Caisse d’un quartier ou d’un

village). Une coopérative peut se joindre au second niveau financier de l’organisation (une

union régionale ou une fédération) qui peut assurer le contrôle, le refinancement et le

support technique entre les coopératives fédérées. Le troisième niveau financier, l’union

centrale, peut exister à l’échelle nationale.

Les membres de la coopérative sont ses propriétaires (sociétaires), ils participent au capital

social à travers les parts détenues. Ils participent aux décisions importantes et élisent

démocratiquement les administrateurs parmi eux pour diriger et contrôler la gestion de la

coopérative. Les bénéfices réalisés restent dans la coopérative sous forme de réserves ou

sont distribués aux membres sous la forme de dividendes, d’intérêts accrus sur l’épargne,

ou de taux réduits sur les prêts ou sous la forme de services nouveaux ou améliorés, tels

que des produits de transfert de fonds et des assurances.

Le modèle des banques villageoises est un modèle de coopérative dont les membres sont

généralement inférieurs en effectif à ceux d’une coopérative. Le modèle fonctionne avec

des groupes de 30 à 50 personnes, essentiellement des femmes. Ce sont des institutions de

microfinance développées au milieu des années 80 en Bolivie par les fondateurs de FINCA

(Foundation for International Community Assistance). Par la suite, le modèle s’est répondu

dans d’autre partie du monde (Exemple, Kafo Jiguinew, implanté dans les zones

cotonnières au Mali). La structure de ce genre de banque est moins complexe que celle

d’une coopérative. L’épargne et le crédit sont liés et les garanties utilisées par les banques

villageoises sont principalement basées sur la pression sociale entre les membres (Ouattara,

1999 et Zeller, 2001).

b. Banques rurales et banques communautaires

Les banques rurales et les banques communautaires sont généralement des intermédiaires

financiers de petite taille qui sont soit détenues par des individus ou par des autorités

publiques locales ou régionales soit créées sous forme de coopératives (par exemple, les

banques rurales philippines, les banques communautaires nigérianes, les banques rurales

Page 74: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

64

ghanéennes et les coopératives de crédit rurales chinoises). Les ressources utilisées par ces

banques peuvent être des ressources subventionnées ou commerciales. Ces banques

peuvent avoir pour mission de fournir durablement des services financiers à des personnes

et à des entreprises exclues des systèmes classiques (mission gouvernementale). Mais,

certaines banques rurales ou communautaires peuvent être des banques commerciales qui

desservent la communauté. Elles sont généralement des institutions agréées par les

autorités et disposent d’un capital d’apport inférieur à celui fixé pour les banques

commerciales. Bien que quelques-unes d’entre elles puissent prendre de l’envergure, ces

banques restent de taille limitée en comparaison à d’autres intermédiaires financiers

réglementés d’un pays. À l’exception de la structure de leur gouvernance, généralement

concentrée entre les mains de quelques actionnaires, elles sont assez similaires aux

mutuelles de crédit de par l’échelle et la portée de leurs services (Nations-Unies, 2006 et

Christen, Rosenberg et Jayadeva, 2004).

c. Banques publiques agricoles et de développement

Les Banques publiques agricoles et de développement sont créées par les Etats dans

plusieurs pays afin de favoriser le développement des secteurs prioritaires non desservis

par les banques commerciales comme l’agriculture et l’artisanat. Ces banques cherchaient

aussi à atteindre les populations négligées par les institutions financières traditionnelles et

promouvoir les initiatives politiques des gouvernements.

Dans la majorité des cas, les banques publiques agricoles et de développement ont une

grande taille. Elles sont subventionnées par les autorités étatiques et se concentrent plus sur

le crédit que sur l’épargne. La dépendance de ces institutions des pouvoirs publiques les a

empêchés de bien accomplir leur mission, certaines ont fermé tandis que d’autres

continuent à exercer (Nations-Unies, 2006 et Christen, Rosenberg et Jayadeva, 2004).

d. Caisses d’épargne postales

Les caisses d’épargne postales et le réseau de distribution le plus vaste au monde grâce à

l’utilisation des bureaux de poste mis en place pour la distribution du courrier. Ces caisses

couvrant aussi bien les zones urbaines que les zones rurales. Elles sont, dans certains Etats,

Page 75: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

65

les premiers prestataires de services financiers. Parmi les 190 membres de l’Union Postale

Universelle, soixante membres proposent des services financiers à leur clientèle. Le crédit

ne fait pas partie des services financiers des caisses d’épargne postale, elles fournissent

essentiellement des services d’épargne, de paiement et de transfert d’argent avec des

montants qui sont dans la plupart des cas très faibles (Nations-Unies, 2006 et Christen,

Rosenberg et Jayadeva, 2004).

e. Caisses d’épargne non postales

Les caisses d’épargne non postales sont des institutions dont les activités principales sont

essentiellement axées sur l’épargne. Ces institutions peuvent être des organismes publics

ou privés qui cherchent à être des banques de proximité offrant leurs services financiers à

des populations mal servies. Certaines caisses d’épargne non postales peuvent accorder des

prêts. Mais, dans la plupart des cas, ce sont de gros crédits accordés pour financer des

investissements plutôt que de petits crédits aux particuliers. L’Institut Mondial des Caisses

d’Epargne (IMCE) comprend 101 organisations membres dans 85 pays (Nations-Unies,

2006 et Christen, Rosenberg et Jayadeva, 2004).

1.3.2.4 Autres intervenants de la microfinance24

Les IMF à elles seules ne pourront pas atteindre leurs objectifs sans l’appui d’autres

acteurs très actifs dans le domaine de la microfinance. Les IMF ont besoin d’argent et

d’appui technique. Helms (2006, p. 105) mentionne que :

« L’établissement de systèmes financiers accessibles à tous ne se fera pas

automatiquement. L’argent et l’appui technique sont des éléments clés, bien

que la formule demande beaucoup moins d’argent et bien plus d’appui

technique qu’on ne le pense en général. »

24 Le contenu de ce titre est préparé principalement sur la base de l'article : Helms B., (2006), « Access for

all: building inclusive financial systems ». Washington, DC: Consultative Group to Assist the Poorest

(CGAP), 186 p.

Page 76: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

66

L’auteur identifie 3 types de sources de financement pour la microfinance :

Sources domestiques de financement ;

Les bailleurs de fonds internationaux et les fondations ;

Les investisseurs internationaux à motivation sociale.

a. Sources domestiques de financement

Le financement domestique qui est à la disposition des IMF peut prendre plusieurs formes.

D’une part, il peut se présenter comme la collecte de l’épargne publique sous forme de

dépôts. En collectant l’épargne du public, les caisses d’épargne postales et les caisses

d’épargne non postales arrivent à s’intégrer aux marchés financiers intérieurs. Ces

institutions disposent de grands nombres de comptes d’épargne dont une partie provient

probablement des dépôts des personnes pauvres et à faible revenu. D’autre part, ces

sources de financement peuvent être sous forme de prêts du secteur bancaire commercial,

de fonds propres (appartenant à des fonds privés nationaux ou compatriotes), des certificats

de dépôt ou d’émissions d’obligations ou d’actions en bourses nationales.

Les sources de financement domestiques ont trois avantages :

Elles favorisent la mise en place d’infrastructure pour la collecte de l’épargne

publique, notamment celui des populations pauvres et à faibles revenus. Ainsi, les

clients des IMF peuvent avoir une large gamme de services financiers ;

Elles permettent d’éviter l’exposition des IMF à un risque supplémentaire qui est le

risque de change ;

En utilisant des sources de financement commerciales, les IMF peuvent éviter de

faire la concurrence sur les fonds disponibles et qui peuvent être consacrés à

d’autres formes d’emplois sociaux ou de développement.

Malgré les avantages que présentent les sources domestiques de financement et la

diversification de leur origine, la majorité des IMF spécialisées n’arrivent pas encore à en

avoir accès et à s’intégrer aux ressources des marchés intérieurs pour profiter de leurs

possibilités immenses.

Page 77: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

67

b. Les bailleurs de fonds internationaux et les fondations

Cette catégorie est composée d’organismes d’aide au développement international tels que

les bailleurs bilatéraux (agences de coopération des Etats des pays industrialisés), les

banques et organisations multilatérales de développement (Banque mondiale, banques

régionales de développement, le PNUD ou le FIDA, etc.) et les fondations (fondations

Ford, Argidus, etc.) Ils ont une mission principalement sociale de réduction de la pauvreté.

Chaque année, afin de favoriser le développement et à l’expansion de la microfinance, ces

organismes injectent dans le secteur des fonds évalués à 800 millions jusqu’à 1 milliard de

dollars25

. Ses fonds peuvent être sous forme de subventions, de prêts (avec des taux

subventionnés ou des taux de marché), de quasi-fonds propres (prêts qui peuvent être

convertis en fonds propres), de prise de participation dans les institutions qui émettent des

actions, ou sous forme de garanties pour obtenir des ressources sur les marchés financiers

intérieurs.

En plus des ressources financières accordées au secteur de la microfinance, les bailleurs de

fonds internationaux et les fondations accordent l’appui politique ou l’assistance technique

sous forme d’appui aux experts qui fournissent des conseils techniques.

c. Les investisseurs internationaux à motivation sociale

La catégorie des investisseurs internationaux à motivation sociale est un groupe de fonds

qui fournissent une large gamme d’instruments financiers adaptés aux besoins de

financement des IMF. Les interventions de cette catégorie se chiffrent à 1,2 milliard de

dollars dont ont bénéficié approximativement 500 IMF et coopératives spécialisées. Elles

sont sous forme d’apport de fonds propres, de quasi-fonds propres26

et de prêts. Elles

peuvent être aussi sous forme de garanties qui sont nécessaires pour obtenir des prêts

auprès des banques nationales ou pour faire des émissions d’obligations ou d’actions. En

25 CGAP (2004) : Charter Reporting.

26 Dans le cas de la microfinance, les quasi-fonds propres sont des prêts qui peuvent être, à terme, inscrits aux

fonds propres. Ils se présentent sous forme de prêts concessionnels à moyen et long terme conçus pour être

remboursés à partir des bénéfices, qui sont subordonnés à d’autres prêts assortis de meilleures garanties

(Helms, 2009).

Page 78: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

68

acceptant d’investir dans les IMF, ces investisseurs ont la particularité d’accepter des

résultats financiers plus modestes en échange de résultats sociaux plus importants en

termes du bien être que peut procurer la prestation des services financiers aux populations

pauvres, d’où le terme à vocation sociale.

Les investisseurs internationaux à motivation sociale peuvent être :

Des investisseurs publics qui ont des objectifs à caractère commerciaux

(dénommées institutions financières internationales : IFI). Ces IFI peuvent être des

institutions multilatérales (exemple, la banque africaine de développement) ou

bilatérales (exemple : l’agence espagnole pour la coopération internationale). Le

champ d’intervention de ces investisseurs se situe principalement dans les régions

de l’Europe et l’Asie centrale.

Des fonds privés qui peuvent avoir comme activité principale le prêts (exemple,

Deutsche Bank Microcredit, Fonds rotatif PlaNet Finance, etc.), les opérations de

placement (comme, Global Microfinance Facility, ACCION Gateway Fund, etc.)

ou les deux types d’opération à la fois (comme, Microvest, Open Society Institute,

etc.). Ces fonds peuvent aussi être des fonds de garanties (comme, Fonds

International de garantie : FIG, Développement International Desjardins : Fonds de

garantie, etc.) Les fonds privés concentrent leurs interventions principalement dans

la région de l’Amérique latine.

L’intervention de cette catégorie de fonds privés dans la microfinance peut avoir un impact

positif sur la gouvernance et la gestion des institutions de microfinance.

Page 79: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

69

Conclusion du chapitre I

Le crédit est un échange de monnaie espacé dans le temps. Comme tout autre marché réel,

le marché du crédit est un marché qui présente plusieurs anomalies qui rendent ce marché

imparfait. Entre autres imperfections du marché du crédit, la présence de l’asymétrie

d’information entre les emprunteurs et les prêteurs engendre un ensemble de problèmes

communément connus comme étant les problèmes de l’aléa moral et de la sélection

adverse. Lorsqu’un emprunteur a la possibilité de ne pas respecter les termes du contrat de

crédit après la conclusion de ce contrat, on parle d’un problème d’aléa moral, c’est donc un

problème ex-post de l’asymétrie d’information. Lorsqu’un emprunteur peut cacher, avant

la conclusion du contrat, des informations qui lui sont défavorables, on est en présence de

la sélection adverse : un problème ex-ante de l’asymétrie d’information.

Les problèmes dus à l’asymétrie d’information dans le marché du crédit empêchent la loi

de l’offre et de la demande d’ajuster le prix du crédit (le taux d’intérêt) et de permettre

d’atteindre un niveau de prix qui équilibrerait la demande et l’offre de crédit. Même si le

marché du crédit est imparfait, il peut atteindre un niveau d’équilibre caractérisé par le

rationnement du crédit.

Le rationnement du crédit est une situation particulière au marché du crédit à l’équilibre.

C’est une situation d’équilibre durable sur ce marché qui connaît une demande de crédit

supérieure à son offre. Afin de maximiser leur espérance de gain, les banques choisissent

non pas d’augmenter les taux d’intérêt, mais plutôt d’améliorer la qualité de leur

portefeuille de crédit. Ainsi, le rationnement du crédit laisse un grand nombre

d’emprunteurs, qui sont disposés à payer le taux en vigueur, sans la possibilité d’obtenir

des crédits. Les caractéristiques particulières aux populations pauvres les rendent parmi les

emprunteurs les plus susceptibles d’être rationnés par les banques. La réalité sur le terrain

confirme ce constat ; les institutions financières sont plus intéressées par les clients les plus

aisés au dépens de ceux qui le sont moins.

Cependant, il existe plusieurs initiatives pour fournir différents services financiers aux

populations délaissées par les systèmes financiers conventionnels. En développant

Page 80: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

70

différentes techniques pour surmonter les risques spécifiques aux populations pauvres, le

secteur informel a depuis longtemps réagi pour combler le besoin de ces populations.

Cependant, les services financiers offerts par les intervenants du secteur informel

présentent un ensemble d’inconvénients qui se présentent dans leurs coûts très élevés, leur

concentration sur l’entourage proche du préteur et leur incapacité à répondre aux besoins

spécifiques de leurs clients.

Au cours des années 60, la théorie du supply-leading devenait l’appui théorique de

plusieurs gouvernements des pays en développement pour mettre en place des institutions

financières formelles qui proposent aux agriculteurs pauvres des crédits aux taux d’intérêt

inférieurs à ceux du marché. Toutefois, ce genre d’institutions a vite montré ses limites.

Devant ces échecs, certaines personnes et organismes ont innové et ont pu mettre sur le

marché une solution aux problèmes de financement des populations pauvres, il s’agit de la

microfinance qui est considérée actuellement comme une révolution.

La microfinance est un ensemble d’activités financières qui consistent à fournir différents

services financiers adaptés à une clientèle composée essentiellement de personnes qui

travaillent dans le secteur informel et de personnes qui n’ont pas accès aux systèmes

financiers classiques à cause de leurs faibles revenus et de l’absence de garanties. En plus

des services financiers (tels que : le crédit, l’épargne, la micro-assurance, le crédit-bail et le

transfert de fonds), la microfinance propose à ces clients une panoplie d’autres services

sociaux connexes (tels que : les formations aux techniques de la gestion, l’alphabétisation,

etc.)

Les décennies précédentes ont vu le développement d’un type d’organisations qui s’est

spécialisé dans la fourniture de ces différents services aux populations exclues par les

systèmes financiers conventionnels. Ces organisations sont connues sous le vocable

d’institutions de microfinance ou IMF. Des prémices de ces organisations ont été relevées

il y a déjà 5 000 ans. Cependant, c’est seulement à partir du XVIIIe siècle que des

expériences de microcrédits vont se multiplier, jusqu’à connaître sa forme moderne avec

un développement important à partir des années 1970 à l’initiative d’organisations

pionnières comme ACCION et la Grameen Bank. Les IMF sont des organisations qui

prennent différentes formes juridiques.

Page 81: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

71

Dans le cadre du chapitre II, nous allons traiter le deuxième volet de notre thème : la

performance. C’est quoi la performance ? Quelles sont ses différentes formes ? Et

comment peut-on la mesurer ? L’accent sera mis, notamment, sur le cas des institutions de

microfinances.

Page 82: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

72

Chapitre II

MESURE DE LA PERFORMANCE DES IMF

Analyse de la littérature

Afin d’établir leur légitimité, de démontrer leur pertinence comme outil de lutte contre la

pauvreté et d’obtenir des fonds de financement nécessaires à leur développement, les

institutions de microfinance sont obligées de dégager des résultats satisfaisants, autrement,

de bonnes performances.

Le terme performance est l’un de ces mots qui sont très utilisés, notamment en gestion. On

le trouve dans différentes disciplines : en finance, en contrôle de gestion, en marketing, en

gestion des ressources humaines, etc. en outre, le concept de la performance occupe une

place importante dans le domaine de la recherche en sciences de gestion. Plusieurs auteurs

se sont intéressés à la mesure des facteurs expliquant la performance des organisations. de

La Villarmois (2001, p. 1) note que :

« …, l'objet de nombreuses recherches en gestion est l'identification de

paramètres permettant d'expliquer la performance organisationnelle, encore

faudrait-il que la performance soit clairement définie et les outils de mesure

précisés. »

À l’instar de ces recherches, nous nous intéressons à l’étude de la performance, notamment

la performance des institutions de microfinance, sa définition, ensuite les outils de sa

mesure et enfin les déterminants de la performance identifiés dans la littérature sur le sujet.

L’objectif principal de cette thèse est d’identifier des facteurs qui ont une influence sur la

performance des institutions de microfinance dans le cas du Maroc. Après avoir consacré

tout un chapitre à la microfinance, dans lequel nous avons eu l’occasion de montrer

Page 83: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

73

comment le marché du crédit présente des imperfections qui ont pour conséquence de

marginaliser une partie de la population par les institutions financières conventionnelles.

Nous avons aussi vu comment la microfinance avec ces produits et ses méthodologies

innovants a pu apporter des solutions de financement à ces populations exclues. Dans le

présent chapitre, nous nous intéressons surtout à la performance des IMF. Il est donc

essentiel de commencer par bien cerner le concept de la performance. Ainsi, dans un

premier temps (section 2.1), nous menons une réflexion d’ordre général sur le concept de

la performance et ses différentes dimensions, ces relations avec des concepts comme

l’efficience et l’efficacité, la performance organisationnelle, la performance globale et la

performance individuelle.

Ensuite (section 2.2), nous limitons notre réflexion sur la performance au cas spécifique

des institutions de microfinance. Nous passons donc en revue les deux approches qui se

rivalisent dans le champ de la microfinance. Ces deux approches vont nous permettre de

voir plus clair dans notre entreprise qui consiste à identifier la performance des IMF.

La dernière section (section 2.3), sera l’occasion de passer en revue certaines études

réalisées sur la performance des IMF. Nous allons donc découvrir les indicateurs utilisés

dans ces études pour capter la performance des IMF, d’une part, et les facteurs identifiés

comme étant en relation positive avec cette performance, d’autre part.

Ce chapitre présente l’intérêt de nous permettre de perfectionner la méthodologie à suivre

pour mener à bien notre recherhce. Premièrement, l’analyse d’un ensemble d’articles nous

permettra d’identifier le modèle économétrique le plus pertinent dans le cas de notre

recherche. Ensuite, nous allons nous inspirer de cette partie pour trouver les indicateurs

appropriés pour mesurer la performance des associations de microcrédit marocaines. Ces

indicateurs seront utilisés comme variables à expliquer dans modèle retenu. Enfin,

l’identification des facteurs qui influence la performance des IMF, nous donnera l’occasion

de sélectionner les variables explicatives qui vont nous permettre de valider ou de rejeter

nos hypothèses.

Page 84: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

74

2.1 La notion de performance

Cette première section ne vise pas un recensement des innombrables définitions du terme

performance, ce qui est une entreprise très difficile est presque impossible, comme on va le

voir. Notre modeste objectif est de trouver, à travers l’analyse de certains articles qui

traitent le sujet, quelques définitions de la performance et son articulation avec d’autres

concepts. L’objectif ultime est de bien comprendre la notion de performance afin d’éviter

la confusion entre les déterminants et les mesures de la performance. En effet, Cameron

(1986), cité par Carton et Hofer (2006, p. xii), mentionne qu’il arrive que certains

chercheurs confondent les déterminants de la performance avec les mesures de la

performance.

Dans le domaine de la science de gestion, le mot performance est apparu pour la première

fois dans le titre d’un ouvrage en gestion en 1979, pour ensuite prendre de l’ampleur tout

en touchant d’autres champs disciplinaires comme la comptabilité et le contrôle. Le

nombre d’apparitions est passé d’une moyenne annuelle de 0,6 ouvrage, en économie et

gestion comportant le mot performance dans leur titre, entre 1979 et 1989 à une moyenne

de 6 ouvrages par année entre 1995 et 1998 (Bessire, 1999)27

.

D’autre part, Lebas et Euske (2007, p. 125) notent que le mot “performance” est largement

utilisé dans tous les domaines de la gestion. On trouve dans le domaine du contrôle de

gestion, des termes tels que la gestion de la performance, les mesures de la performance,

l’évaluation de la performance et l’estimation de la performance. Malgré la fréquence de

l'utilisation de ce mot, sa signification précise est rarement définie explicitement par les

auteurs, même lorsque l'objet principal de l'article ou du livre est la performance (Bessire,

1999 ; Bourguignon, 1997 et Carton et Hofer, 2006).

Afin de trouver la signification du terme performance, nous commençons par un petit tour

d’horizon des différentes définitions données par certains dictionnaires. Le dictionnaire

français Larousse définit la performance comme :

27L’auteur donne ces statistiques sur la base d’une exploration de la base de données Electre qui recense la

quasi-totalité des ouvrages publiés en France.

Page 85: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

75

Un résultat chiffré (en temps ou en distance) d'un athlète ou d'un cheval à l'issue

d'une épreuve ;

Une Victoire acquise sur une équipe, un adversaire mieux classé ;

Un exploit ou une réussite remarquable en un domaine quelconque ;

Un résultat obtenu dans un domaine précis par quelqu'un, par une machine ou par

un véhicule.

Quant au dictionnaire Le Robert, le mot performance fait référence à :

Un résultat obtenu par un athlète ou un cheval dans une compétition ;

Un exploit, un succès ;

Un résultat obtenu dans un domaine précis ;

Une production.

Enfin, selon le dictionnaire anglophone Oxford, le mot fait référence à :

Un acte de la présentation d'une pièce, d’un concert ou toute autre forme de

divertissement ;

L'action ou le processus de réalisation d'une tâche ou une fonction ;

Le résultat d’une tâche ou une opération ;

Les capacités d'une machine, d’un produit, ou d'un véhicule.

De la synthèse de ses différentes définitions, nous pouvons conclure que, en plus d’autres

significations, la performance fait référence surtout à la notion de résultat. La performance

est soit le résultat honorable (victoire) obtenu dans une compétition avec un ou des

adversaires, soit carrément un résultat exceptionnel qui peut être qualifié d’un exploit. La

performance peut aussi signifier le résultat tout court d’une tâche ou d’une action dans un

domaine donné.

King (1999, p. 6) explique que le fait d’identifier la performance à une forme de résultat

est dû à la logique scientifique dominante du monde occidental. Une vue qui privilégie

l’aptitude à se concentrer sur l'observable et de donner moins d'importance, ou de résister,

à reconnaître tout ce qui est occulté. Et dans le cas particulier de l’organisation, le fait de

présenter la performance comme un résultat permet de la mesurer et de la comparer.

Page 86: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

76

Dans un article où il cherche à identifier les différentes fonctions du mot performance,

Bourguignon (1997) a commencé par grouper la signification du mot performance, dans le

champ de la gestion, autour de trois sens primaires, à savoir :

Le premier sens est la performance-succès : lorsque la performance est synonyme

du succès. Ce sens contient un jugement de valeur, au regard d’un référentiel, qui

représente la réussite du point de vue de l’observateur.

Le deuxième sens est la performance-résultat, ici la performance fait référence au

résultat d’une action : l’évaluation ex post des résultats obtenus sans jugement de

valeur.

Enfin, le dernier sens est la performance-action : la performance peut signifier une

action ou un processus (la mise en acte d’une compétence qui n’est qu’une

potentialité). Ainsi, en parle de performance dès qu’en constate un passage d’une

potentialité à une réalisation. On rencontre ce sens plus souvent en anglais qu’en

français28

.

Bourguignon note que dans l’utilisation du mot performance en gestion, on trouve souvent

simultanément deux de ces sens primaires. Ainsi, l’association la plus rencontrée est celle

du résultat positif de l’action. Lors d’un résultat décevant, on parle de contre-performance.

On trouve aussi l’association de l’action et du succès, lorsque la performance désigne

l’action ou le processus qui mène au succès.

Ensuite, Bourguignon considère que, en plus d’être subjective et dépendante des référents

choisis (buts, cibles), la performance est aussi multidimensionnelle, à l’image des objectifs

organisationnels qui sont de nature variée. L’auteur définit la performance comme la

réalisation de ces objectifs organisationnels. La performance tient compte du sens strict de

cette réalisation (résultat, aboutissement) comme du sens larges (processus qui mène au

résultat).

28Etymologiquement, le mot performance est dérivé du verbe anglais "to perform" dont vient le mot anglais

"performance" qui signifie : désignait la réalisation, l’accomplissement, l’exécution l’ancien français. Ce mot

anglais a, pour sa part, pour origine le mot de l’ancien français "parformer" dont la signification au XIIIe est :

accomplir, exécuter. (Pesqueux, 2004 et Dohou et Berland, 2007).

Page 87: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

77

Enfin, l’auteur considère la performance comme un concept qui est à la fois polysémique29

et métaphorique30

et qui est très employé mais rarement défini. La performance est

couverte d’un flou sémantique qui remplit diverses fonctions sociales et idéologiques. En

plus de la considérer comme l’expression de la multi-dimensionnalité du phénomène

managérial, l’auteur identifie quatre autres fonctions de la performance, à savoir :

La fonction d’embellissement : C’est la mise en valeur des méthodes de gestion et

de leurs promoteurs dans les discours managériaux, afin de capter ou de maintenir

l’attention de l’auditeur.

La fonction idéologique : La diffusion de valeurs organisationnelles comme la

rationalité, le progrès, l’effort et l’équité. C’est l’absence de définition du mot

performance qui permet que le récepteur associe de manière plus ou moins

consciente l’objet étudié à l’image qui en est proposée.

La fonction de rassemblement : le développement du sentiment d’appartenance à

une communauté de travail. L’usage non précisé du mot performance laisse la place

à la métaphore. Ceci permet de laisser à l’individu une grande liberté de

sélection/perception des valeurs organisationnelles ce qui permet une plus grande

identification entre les valeurs organisationnelles perçues et les propres valeurs de

l’individu.

La fonction de légitimation : La légitimation des pratiques de gestion en les rendant

socialement acceptables, notamment auprès des salariés. Ainsi, le discours sur la

performance est un discours de légitimation qui cherche à séduire et convaincre, en

proposant des images positives (le succès, la puissance) et en invitant explicitement

à l’action.

29 Selon Bourguignon (1997), le mot performance appartient à la famille des mots désignés par les termes

polysémique ou polythétique, appelé aussi « mot-valise » ou « mot-éponge». Cette famille est composée de

mots dont le sens très largement contextuel permet une large gamme d'interprétations.

30 Selon le dictionnaire Larousse, le mot métaphore fait référence à l’emploi d'un terme concret pour

exprimer une notion abstraite par substitution analogique, sans qu'il y ait d'élément introduisant formellement

une comparaison. (http://www.larousse.fr/dictionnaires/francais-monolingue, consulté le 29.07.11)

Page 88: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

78

Dans un autre article, Bessir (1999) note que malgré une certaine confusion ou flou qui

entoure la définition de la performance, il existe quatre points de convergence entre les

différentes définitions. Ces quatre points sont :

Premièrement, le terme performance est souvent utilisé dans un contexte

d’évaluation, ainsi on trouve des termes comme : évaluation de la performance,

pilotage de la performance, management de la performance. La performance est

donc étroitement liée à la valeur. Cette dernière est celle qui prévaut dans la

définition de la performance comme résultat.

Deuxièmement, la performance à plusieurs dimensions, dont le nombre est variable

selon les auteurs.

Troisièmement, la performance est souvent mise en relation avec la cohérence et la

pertinence. Le terme cohérence, qui ne soulève pas de difficulté dans la définition,

fait référence à des décisions qui sont logiques entre elles et par rapport à une

échelle de préférence. Le terme pertinence, contrairement au terme cohérence n’a

pas de définition précise. Alors que la pertinence se définit habituellement en

relation avec un utilisateur et une intention, dans certains cas, elle est confondue

avec la cohérence et dans d’autres cas, elle est assimilée à la précision ou

l’exactitude. L’articulation de ces différents termes fait apparaître la performance

comme le résultat d’une simple sommation de pertinence et de cohérence ou

comme le produit d’une boucle itérative entre ces deux mêmes termes. La

performance, la cohérence et la pertinence sont respectivement la dimension

objective, la dimension rationnelle et la dimension subjective de toute évaluation

valide.

Quatrièmement, la performance n’est pas un concept qui se définit de manière

absolue ou objective, elle est considérée par les auteurs comme étant un concept

subjectif.

Dans leur article "A conceptual and operational delineation of performance", les auteurs

Lebas et Euske font référence à la performance à la fois comme orientée vers l’action

(obtenir une performance) et comme un événement (un résultat). Dans cet article, les

auteurs abordent deux questions, à savoir : c’est quoi la performance ? Et, comment peut-

on la créer ? Les auteurs reconnaissent que la performance renvoie simultanément à

Page 89: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

79

l’action, au résultat de l’action et au succès du résultat comparé à certain benchmark.

Ainsi, ils définissent la performance comme la somme de tous les processus qui vont

amener les gestionnaires à prendre des mesures appropriées dans le présent afin d’arriver à

une organisation performante dans l'avenir (c'est-à-dire celle qui est efficace et efficiente).

La performance est donc définie comme le fait d’entreprendre aujourd'hui ce qui mènera à

un résultat en termes de valeur mesurable demain.

Pour répondre à la deuxième question de leur article, les auteurs notent que les

performances passées (les résultats antérieurs) seules ne sont pas nécessairement de bons

prédicteurs de la performance future. Ils jugent donc qu’il est nécessaire d’avoir un modèle

causal afin que le processus par lequel la performance (ou les résultats à venir) doit être

créée puisse être identifié et géré. Le modèle proposé par les auteurs est donc un modèle

causal qui lie les actions actuelles aux résultats dans le futur.

Lebas et Euske (2007) concluent que la performance n'est pas simplement quelque chose

que l'on observe et que l’on mesure, elle est le résultat d'une construction délibérée. La

performance est une notion relative, définie en termes de certaines références employant

un ensemble complexe d’indicateurs basés sur le temps et sur la causalité portant sur les

réalisations futures. La performance n’a de signification que lorsqu’elle est utilisée par un

décideur. Elle est spécifique aux besoins et à l’interprétation d’un individu.

Le concept de performance fait souvent référence à plusieurs autres notions. Afin de cerner

la multi-dimensionnalité de ce concept, nous essayerons de présenter dans ce qui suit, sans

chercher à être exhaustif, les définitions de quelques notions telles que l’efficience,

l’efficacité, la performance organisationnelle, la performance globale et la performance

individuelle. Le cas de la performance des institutions de microfinance, objet de ce travail,

va être traité à part dans la deuxième section de ce chapitre, au même titre que les notions

de performance financière et performance sociale des IMF.

2.1.1 Efficience et efficacité

L’efficience (efficiency, en anglais) et l’efficacité (effectiveness, en anglais) sont des

termes très utilisés pour mesurer et évaluer la performance des organisations (Mouzas

2006). Le premier terme, le concept d’efficience fait référence à la minimisation des coûts

Page 90: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

80

par unité produite ou à la délivrance d'un niveau de production ou de service donné en

réduisant l’utilisation des ressources. L’efficience se réfère au ratio output / input. Output

représente les produits de l’entreprise, alors que l’input représente les ressources utilisées.

Quant au second terme, le concept d’efficacité, il est défini comme la capacité à atteindre

des objectifs. Il fait référence au degré de réalisation des objectifs fixés par les membres de

l’organisation. L’efficacité met l’accent surtout sur les résultats réalisés par l’organisation

et leur adéquation par rapport aux objectifs fixés plus que sur les moyens qui sont mis en

œuvre pour les atteindre (de La Villarmois 2001).

Selon Naoum (2001), l’efficience a pour signification : faire les choses correctement

"doing things right". L’efficacité, pour sa part, a pour signification : faire les bonnes choses

"doing the right things".

de Briey (2003) mentionne que les partisans de l’évaluation de la performance

organisationnelle en termes d’efficacité jugent que la seule minimisation des coûts est

insuffisante (utilisation de l’efficience). En effet, d’une part, une organisation peut avoir

une bonne performance en termes d’économie des coûts mais peut ne pas faire attention

aux résultats produits et à la qualité de ses services. D’autre part, ce raisonnement a

tendance à favoriser la performance financière de l’entreprise (utilisation d’indicateurs de

productivité) ce qui n’est pas compatible avec une entreprise qui poursuit d’autres objectifs

qui peuvent être, par exemple, à caractère social. Par ailleurs, les partisans de l’analyse de

la performance en termes d’efficience reprochent aux autres de ne pas donner trop

d’importance à l’utilisation optimale des ressources et au risque de gaspillage.

En s’intéressant aux réseaux d’affaires des entreprises, notamment le cas de la grande

distribution avec les producteurs, Mouzas (2006) note que le défi auquel les gestionnaires

font face aujourd'hui est de trouver des opportunités d'affaires qui leur permettraient

d’augmenter la valeur de marché de leurs entreprises. Ainsi, les entreprises doivent

chercher et saisir toutes les opportunités qui peuvent générer des taux de rentabilité interne

qui dépassent le coût du capital nécessaire pour financer ces projets. L’auteur considère

que le succès d'une entreprise à relever ce défi est caractérisé par le terme efficience plutôt

que par le terme efficacité. L'efficience n'est pas une mesure de succès sur les marchés,

mais c’est une mesure de l'excellence opérationnelle ou de la productivité. L’efficience est

donc reliée à la minimisation des coûts et à l'amélioration des marges d’exploitation. Ainsi,

Page 91: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

81

l’efficience est considérée comme une condition nécessaire à toute entreprise. Elle peut

être exprimée et mesurée par un ratio qui a le profit (p) comme numérateur et les ventes (r)

au dénominateur (E1 = p / r). Les méthodes contemporaines de la comptabilité analytique

telles que la méthode des coûts cibles et la méthode ABC "activity-based costing" ou les

méthodes d’analyse financière comme l’analyse par les ratios sont des outils utilisés pour

améliorer l’efficience.

Selon Mouzas (2006), l'efficacité est liée à la stratégie propre de l'entreprise qui permet de

générer une croissance durable dans son réseau d’affaire. L’efficacité n’est pas une

caractéristique des produits de l’entreprise, mais un processus continu reliant l’entreprise à

ses partenaires, en plus l’efficacité est négociée plutôt que produite. L'efficacité est

exprimable en utilisant la valeur actualisée de tous les gains futurs. Une organisation

efficace est celle qui est capable de créer des accords pour elle-même et pour ses activités

que les partenaires concernés jugent acceptables. Comme exemple de ces accords, l’auteur

donne l’exemple de la grande distribution, où les détaillants financent leur croissance en

utilisant les producteurs comme des créanciers qui leur fournissent le fond de roulement

nécessaire pour leurs magasins.

Dans le cas du secteur public31

, l’efficience et l’efficacité des politiques et des services des

secteurs publics peuvent être mesurées en se référant au cadre conceptuel présenté à la

figure II-1. Les inputs sont tous les coûts monétaires et non monétaires qui entrent dans la

production d'un output et, par la suite, dans l'atteinte des résultats. Le output est le produit

final des processus et des activités de l’organisme (exemple, le nombre de patients traités

dans un service d’un hôpital publique). L’efficience peut être définie comme le ratio

output/input. Plus l’output relatif à un input donné est élevé ou plus l’input pour un output

donné est faible plus l’activité est dite efficiente. L’efficience peut être améliorée de deux

façons :

En maintenant le niveau de l’output tout en réduisant l’input nécessaire (Input-

efficience) ;

31 L’efficience et l’efficacité dans le cas du secteur public sont traitées sur la base des articles suivants :

- Mandl U., DierxA et Ilzkovitz F., (2008), «The effectiveness and efficiency of public spending ».

[en ligne]. Economic papers, European Economy, N° 301, 34 p.

- Codagnone C. et Undheim T. A., (2008), « Benchmarking eGovernment: tools, theory, and

practice ». European Journal of ePractice, N° 4, pp. 4 – 18.

Page 92: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

82

En maintenant le niveau de l’input tout en réduisant l’output produit (Output-

efficience).

Figure II-1 : Cadre conceptuel de l’efficience et de l’efficacité

Source : Mandl U., Dierx A et Ilzkovitz F. 2008. The effectiveness and efficiency of public spending. p. 3.

L’efficacité relie l’input ou l’output aux objectifs finaux à réaliser (c.-à-d. le résultat). Les

résultats sont souvent liés au bien-être ou aux objectifs de croissance et peuvent donc être

influencés par de multiples facteurs (comme les outputs et les facteurs exogènes de

l’environnement). Ces facteurs peuvent être ou ne pas être sous le contrôle des décideurs.

La distinction entre l’output et le résultat est souvent floue et les deux termes sont utilisés

de façons interchangeables. Par exemple, dans un système éducatif, alors que les outputs

sont souvent mesurés en termes de taux de rendement ou de niveau des élèves d'un certain

âge, le résultat final pourrait être le niveau d'instruction de la population en âge de

travailler. L'efficacité montre le succès des ressources utilisées dans la réalisation des

objectifs fixés.

2.1.2 Performance organisationnelle

Afin de trouver une définition au concept de la performance organisationnelle, Carton et

Hofer (2006) partent de l’idée qu’une organisation est l'association volontaire d'actifs

productifs, tels que les ressources humaines, les ressources matérielles et le capital, dans le

Efficience allocative Efficacité

Efficience technique

Ressources

monétaires et non-

monétaires

Input Output Résultat

exp. cadre réglementaire et compétitif, contexte socio-économique, le climat, le développement

économique, le fonctionnement de l'administration publique

Facteurs de l'environnement

Efficience

Page 93: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

83

but d'atteindre un objectif commun. Comme ces actifs peuvent être utilisés dans différentes

organisations, alors leurs propriétaires n’accepteront de les garder dans une organisation

donnée qu’à la condition qu'ils soient satisfaits de la valeur qu'ils reçoivent en contrepartie

de ces actifs par rapport à d'autres utilisations. Les auteurs concluent ainsi que l'essence

même de la performance est la création de valeur. Les actifs productifs continueront à être

mis à la disposition de l'organisation tant que la valeur créée par leur utilisation est égal ou

supérieur à la valeur attendue par ceux qui les apportent. Par conséquent, la création de

valeur, telle qu’elle est définie par les fournisseurs de ressources, est le critère de

performance essentielle pour toute organisation.

La définition de la performance organisationnelle comme création de valeur pose certains

problèmes. Les auteurs les résument en quatre points :

Premièrement, la création de valeur dépend des situations. La valeur peut être

tangible ou intangible, comme elle peut être opérationnelle ou financière. Les

entreprises cotées en bourse considèrent la création de valeur pour les actionnaires

comme leur objectif principal. Pour les autres entreprises privées, la création de

valeur peut être une combinaison d’objectifs financiers et non financiers32

à la fois.

Deuxièmement, une organisation peut réaliser des performances sur plusieurs

dimensions. La performance est donc multidimensionnelle. Il se peut donc que la

réalisation d’une performance positive sur une dimension peut engendrer une

performance négative sur une autre dimension. Par exemple, supposons que la

performance d’une entreprise peut être mesurée par l’accumulation des ressources

et par la rentabilité. Alors, l’augmentation des ressources sous la forme de capitaux

propres peut entraîner une baisse du ratio de la rentabilité financière. Ainsi, la

société a réalisé une performance positive sur une dimension, l'accumulation des

ressources, et une performance négative sur l’autre dimension, la rentabilité.

32Par exemple, les dirigeants qui sont aussi propriétaires de leur entreprise peuvent tirer de son exploitation,

en plus des bénéfices financiers, des bénéfices non financiers. Ces bénéfices peuvent inclure le style de vie

ou le prestige lié au poste occupé dans l’entreprise, à la nature de l’activité, aux interactions sociales (comme

dans le cas d’un propriétaire d’une entreprise sous-performante qui continue à l’exploiter juste pour avoir un

endroit où aller et pour se sentir utile) et à l'ego. Les bénéfices non financiers peuvent aussi être sous forme

de la satisfaction tirée de l’aide apportée à son entourage comme l’emploi garanti aux membres de la famille,

aux amis, les gestes de bienfaisance à la communauté, etc. (Carton et Hofer2006).

Page 94: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

84

Troisièmement, l’interprétation de la performance dépend de la perception de

l'observateur. Chaque partie prenante33

d’une organisation, en fonction de ses

objectifs, a une vision différente de ce qui est la performance organisationnelle. Par

exemples, les créanciers peuvent percevoir la création de la valeur comme étant la

capacité de l'organisation à générer des cash-flows positifs et à préserver la valeur

des actifs. Inversement, les actionnaires peuvent percevoir la création de la valeur

comme la capacité de l'entreprise à créer des opportunités futures, même si les

cash-flows et la valeur des actifs baissent à court terme.

Quatrièmement, le temps joue un rôle dans la création de la valeur. En effet, les

opportunités à la disposition d’une entreprise aujourd’hui, et qui seront réalisées

dans le futur, sont incorporées dans la valeur présente sur la base des hypothèses

individuelles concernant le futur. Ces hypothèses varient selon la perception de

chaque observateur. Ainsi, la perception de la valeur actuelle est influencée par les

hypothèses sur la performance future. La mesure de la performance devrait donc

capturer non seulement la création de valeur réalisée, mais également la valeur des

opportunités créées durant la période considérée.

Nous retrouvons dans cette définition de la performance organisationnelle, telle qu’elle est

donnée par Carton et Hofer (2006), cet aspect multidimensionnel, qui dépend des situations

et du point de vue et de la perception de l’observateur, les aspects, déjà mentionnés, qui

caractérisent toute définition de la performance. Il faut noter ici que la définition de la

performance donnée par les auteurs est valable pour une entreprise à but lucratif. Elle est

définie comme étant la performance-résultat et elle tient compte du point de vue des

actionnaires.

33La théorie des parties prenantes est formalisée par Freeman (1984) dans son livre "Strategic Management :

A Stakeholder Approach". Selon Pesqueux (2002), les parties prenantes sont classées en deux groupes : les

parties prenantes contractuelles et les parties prenantes «diffuses». La première classe des parties prenantes

concerne l’ensemble des acteurs qui sont en relation directe et déterminée contractuellement avec

l’entreprise. Les actionnaires, les salariés, les clients et les fournisseurs font parties de cette classe. La

deuxième classe est composée de l’ensemble des acteurs qui sont situés autour de l’entreprise et envers

lesquels l’action de cette entreprise se trouve impacter mais sans pour autant qu’elle soit liée avec eux par

une forme de contrat. Cette classe est représentée, à titre d’exemple, par les ONG, les collectivités locales, les

organismes publics, etc.

Page 95: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

85

2.1.3 Performance globale

Avec l’émergence du concept de développement durable, les entreprises sont amenées à

redéfinir la notion de performance et à penser à la mise en place de nouvelles pratiques

managériales afin de la piloter. Selon Capron et Quairel (2006), le concept de performance

globale est utilisé dans la littérature managériale pour évaluer la mise en œuvre par les

entreprises de leurs stratégies de développement durable et de leurs résultats. La notion de

performance globale est souvent utilisée pour désigner à la fois les résultats et les

processus de la démarche développement durable.

La préoccupation de l’entreprise par la performance globale et de son évaluation est

apparue à partir du moment où l'entreprise n'est pas seulement soumise à l'exigence d’une

performance financier par ses propriétaires, mais doit également rendre compte, à plusieurs

parties prenantes, de ses comportements en matière sociétale et environnementale. En effet,

au cours du XXe siècle, la performance de l’entreprise a été élargie progressivement, en

quatre phases, pour prendre en considération sa responsabilité sociétale vis-à-vis de ses

différentes parties prenantes. Au cours de la première phase, entre 1850 et 1910, la gestion

intéressait principalement les dirigeants et les actionnaires. La deuxième phase qui va de

1900 à 1950 se caractérisait par la montée en puissance des syndicats, ce qui avait pour

conséquence de prendre en considération les salariés dans la gestion de l’entreprise. Au

cours des années 1945 – 1965, la troisième phase, la présence d’une offre supérieure à la

demande à pousser au développement des techniques de marketing pour répondre aux

besoins des consommateurs. Ainsi, ces derniers entraient à leur tour dans les

préoccupations de la gestion d’une entreprise au même temps que d’autres acteurs comme

les fournisseurs et les distributeurs. A partir des années 1960, la forte progression du

nombre de plaintes à caractère sociétale, dressées à l’encontre des entreprises, marque le

début de la quatrième phase. Cette dernière a vu l’apparition progressive de voix qui

exigeaient de l’entreprise d’internaliser certains coûts sociaux et environnementaux

(Germain et Trébucq, 2004).

Ainsi, au cours de la décennie 1970, la prise en compte de la responsabilité sociale et

environnementale de l’entreprise, aussi bien dans la pratique que dans la littérature, a pris

une grande ampleur. Le grand changement de cette décennie est de reconnaître l’entreprise

comme un acteur à part entière de la société. L’entreprise se voit assigner d’autres

Page 96: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

86

objectifs. A part la création de valeur pour les actionnaires, elle doit assumer une

responsabilité sociétale en ce qui concerne la création et la distribution des richesses entre

les différentes parties prenantes (Moquet, 2005).

L’évaluation de la performance globale de l'entreprise par les dirigeants est indispensable

pour fournir aux décideurs des informations nécessaires aux pilotages de leur stratégie de

développement durable. Cette évaluation peut aussi être réalisée par des acteurs extérieurs

à l'entreprise, comme les agences de notation extra-financières, les classements et prix, les

enquêtes de réputation. Les dispositifs mettant en avant le concept de performance globale

se proposent d'évaluer la responsabilité sociale d'entreprise (RSE) ou sa contribution au

développement durable. Cette responsabilité sociale touche à la fois les sphères

économiques, sociales et environnementales (Capron et Quairel, 2006). Ainsi, les objectifs

assignés au développement durable sont fixés par rapport à ces sphères et sont donc la

prospérité économique, la justice sociale et la qualité environnementale. Chacune de ces

dimensions doit faire l’objet l’information et d’évaluation : comptabilité financière, bilan

social et bilan écologique. Selon l’auteur, on ne trouve pas de système d’évaluation qui

permet d’intégrer les trois dimensions de la performance globale et ainsi d’en fournir la

mesure.

D’autres auteurs comme Wood (1991) et Pesqueux (2004) parlent de la performance

sociétale pour désigner la performance globale. Selon Pesqueux, la performance sociétale

est illustrée par les résultats obtenus par rapport à la capacité à gérer et à satisfaire les

parties prenantes de l’entreprise. Toujours selon le même auteur, la performance globale

est la matérialisation de la performance organisationnelle. Elle est composée de

l’adjonction d’une notion floue “ performance ” et d’un qualificatif tout aussi flou “

globale ”. La dimension globale peut être conçue comme ayant pour origine à la fois

l’organisation, la stratégie et les agents organisationnels.

Capron et Quairel (2006, p.15), concluent que le concept de performance globale a surtout

la fonction d’une utopie mobilisatrice, qui est susceptible de sensibiliser les différents

acteurs de l'entreprise aux préoccupations du développement durable.

Page 97: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

87

2.1.4 Performance individuelle34

L’étude de la performance individuelle (performance professionnelle) a reçu beaucoup

d’intérêt au cours des dernières années. Elle représente un sujet important dans la

littérature scientifique en psychologie du travail. Sonnentag, Volmer et Spychala (2008)

notent que les chercheurs s’accordent à considérer la performance comme un concept

multidimensionnel. Les auteurs, en s’intéressant à l’étude de la performance au travail,

identifient deux aspects de cette notion. D’une part, l’aspect processus de la performance

(aspect comportemental) et, d’autre part, l’aspect résultat. L'aspect comportemental renvoie

à ce que les gens font lorsqu’ils travaillent, c’est-à-dire l'action elle-même. Ainsi, la

performance englobe des comportements spécifiques (par exemple, les négociations avec

les clients, la programmation de logiciels, l'assemblage des pièces d'un produit). Cette

conceptualisation implique que seules des actions qui peuvent être mesurées sont

considérées comme étant la performance. Par ailleurs, ce concept de performance décrit

seulement les comportements qui sont orientés sur les objectifs.

L'aspect résultat de la performance, pour sa part, se réfère au résultat d'un comportement

individuel. Les actions comme celles décrites ci-dessus pourraient entraîner par exemple

un nombre déterminé de contrats de ventes ou des chiffres d’affaires, un logiciel, ou un

nombre de produits assemblés. Empiriquement, les deux aspects de la performance sont

liés.

Les processus évaluatifs dans la sphère professionnelle recouvrent trois catégories de

performance : la performance à la tâche (task performance), la performance contextuelle

(contextual performance) et la performance adaptive (adaptive performance) :

La performance à la tâche fait référence à ce qui est attendu d’une personne sur son

poste de travail et à la définition stricte de son emploi et des tâches qui lui sont

confiées. Elle couvre la contribution d'une personne à la performance

organisationnelle, renvoie à des actions qui font partie du système de récompense

formel et aborde les exigences telles que spécifiées dans les descriptifs des postes.

34 Ce point est basé essentiellement sur l’article intitulé "Job performance", par les auteurs Sonnentag S.,

Volmer J. et Spychala A. (2008).

Page 98: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

88

En général, la performance à la tâche consiste en l’ensemble des activités qui

permettent de transformer les matériaux en biens et services produits par

l'entreprise ou qui permettent un fonctionnement efficace de l'organisation. Ainsi,

la performance à la tâche couvre l'accomplissement des exigences qui sont

spécifiées dans le contrat qui lie l'employeur et l'employé.

La performance contextuelle, pour sa part, renvoie aux comportements non liés

directement au poste confié, mais améliorent l’environnement organisationnel,

social et psychologique qui sont nécessaire à la performance individuelle ou

collective. La performance contextuelle est différente de la performance à la tâche

du fait qu’elle inclut des activités qui ne font pas formellement partie du descriptif

du poste. Elle contribue indirectement à la performance organisationnelle en

facilitant la performance à la tâche. Des exemples de performance contextuelle

sont : l’assistance aux autres employés, l’initiative personnelle, la capacité de se

prendre en charge, etc.

Les changements et la dynamique que connaît l’environnement du travail a exigé

d’avoir des employés ayant la capacité de s’adapter. On parle ainsi de la

performance adaptive qui se présente comme la capacité d’un employé à gérer des

situations d’urgence ou de crise et le stress au travail, à résoudre les problèmes

d’une façon créative, à bien traiter des situations de travail qui peuvent être

incertaines et imprévisibles, à démontrer l'adaptabilité interpersonnelle et culturelle,

etc. ce type de performance existe dans différents postes de travail.

Les auteurs identifient trois types de différences fondamentales entre la performance à la

tâche et la performance contextuelle, à savoir :

Les activités de la performance contextuelle sont pareilles pour tous les postes,

alors que les activités de la performance à la tâche sont spécifiques à un poste

déterminé ;

L'exécution des activités de la performance à la tâche est prédite principalement par

la capacité de la personne, tandis que l’exécution de celles de la performance

contextuelle est principalement prédite par la motivation et la personnalité de

l’employé ;

Page 99: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

89

Les activités de la performance à la tâche sont des comportements dictés par les

règles et font partie de la description formelle du poste, alors que les activités de la

performance contextuelle sont des comportements non dictés par des règles, elles

sont discrétionnaires et ne sont pas souvent récompensés par les systèmes de

récompense officiels.

La performance doit être perçue comme un construit multidimensionnel avec des

dimensions qui sont elles-mêmes multidimensionnelles.

2.2 Performance des IMF et sa mesure

Nous commençons cette section par la présentation des deux approches dégagées des

courants de pensés qui sont les plus dominants dans le champ de la microfinance. Ensuite,

nous présentons les méthodes développées pour évaluer ou mesure la performance des

institutions de microfinance.

2.2.1 Approche welfariste versus approche institutionnaliste

Dans la littérature sur la microfinance, la mesure de la performance des IMF a opposé deux

courants de pensée. Le premier courant relève de ce qui est connu comme l’approche

welfariste ou l’approche du bien-être social (welfarist approach, en anglais). Le deuxième

courant est qualifié de l’approche institutionnaliste (institutionist approach, en anglais)

(Morduch, 2000 ; Brau et Woller, 2004 ; Ejigu, 2009 ; Gutiérrez-Nieto et al., 2009). Le

débat qui anime ces deux courants de pensée a pour origine les visions différentes sur ce

que devraient être les rôles et les priorités des IMF pour permettre aux populations à faible

revenu d’avoir accès aux services financiers dans les meilleures conditions. Woller,

Dunford et Warner (1999) notent que l'ironie est qu’il existe un fossé important entre les

deux camps, qui rend la communication entre eux difficile, alors qu’en pratique on trouve

de nombreuses IMF qui apparaissent adopter les deux approches et que les deux visions ne

sont pas vraiment incompatibles ; toutes les deux partagent le même objectif qui consiste à

réduire la pauvreté.

Page 100: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

90

Malgré cette entente sur l’objectif final recherché de la microfinance, les deux camps

s’opposent sur la façon de l’atteindre. Est-ce en mettant l’accent principalement sur

l’autosuffisance financière et la viabilité institutionnelle de l’IMF, en acceptant le risque

d’exclure les plus pauvres des pauvres (l’approche institutionnaliste) ? Ou, au contraire, en

mettant l’accent sur le financement de ces derniers, avec le risque de se retrouver avec des

IMF vulnérables qui dépendent des financements externes sous forme de subventions

(L’approche welfariste) ?

2.2.1.1 L’approche welfariste (bien-être social)

L’approche welfariste est une approche qui se focalise sur la réduction de la pauvreté à

travers la fourniture de services financiers aux pauvres, notamment les très pauvres (appelé

aussi les plus pauvres des pauvres), pour les aider à surmonter la pauvreté et à gagner leur

autonomie et ainsi améliorer leur bien-être. L'objectif poursuivi est l’octroi de crédit,

généralement, à des taux inférieurs à ceux appliqués sur le marché. Ces crédits sont

souvent accompagnés de d’autres services non-financiers comme la formation

professionnelle et l'enseignement, la planification familiale, la nutrition, la santé, etc.

Woller et al. (1999) soulignent que les welfaristes mettent plus l’accent sur le degré de la

portée de l’activité des IMF. Ils sont assez clairs sur leur désire d’améliorer le plus vite

possible le bien-être des clients. Ils sont moins intéressés par la banque en soi que par

l'utilisation des services financiers comme un moyen de soulager directement les pires

effets de la pauvreté profonde entre les participants et la communauté, même si la

fourniture de certains de ces services nécessite le recours à des subventions. L’objectif des

welfaristes est de permettre l’auto-emploi des plus pauvres parmi les pauvres qui sont

économiquement actifs. L’accent est mis particulièrement sur les femmes. En effet, il est

admis que des augmentations, même modestes, dans les revenus et dans l'épargne des

femmes donnent à celles-ci les moyens d’améliorer leurs conditions de vie ainsi que ceux

de leurs enfants. Le centre d’attention est focalisé sur la famille. Les auteurs soulignent

que, comme les institutionnalistes, les welfaristes assurent avoir un plus grand impact sur

la réduction de la pauvreté, même s'ils ne sont pas réellement en mesure de le documenter.

Les exemples les plus éminents des institutions welfaristes sont la Grameen Bank au

Bangladesh et ses répliques dans d’autres régions du monde.

Page 101: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

91

Par ailleurs, Adair et Berguiga (2010) soulignent que l’école welfariste évalue la

performance des institutions de microfinance par les critères basés sur la portée des

activités et sur leur impact sur les conditions de vie des participants.

2.2.1.2 L’approche institutionnaliste

L’approche institutionnaliste se focalise essentiellement sur la création d'institutions

financières viables qui permettront aux clients qui ne sont pas desservis ou qui sont mal

desservies par le système financier formel d’avoir accès à un ensemble de services

financiers adaptés. L'objectif poursuivi par les tenants de cette approche est de permettre

aux IMF d’atteindre leur autosuffisance financière, ce qui leur permettra d’avoir une plus

grande étendue35

de la portée de leur activité. Le degré de la portée36

n’est pas l’objectif

recherché. Autrement, les IMF doivent chercher à atteindre le plus grand nombre de

pauvres et non pas le ciblage des populations les plus pauvres. C’est cette étendue des

opérations qui permettra aux IMF de réaliser certaines économies d’échelles et par suite

d’aspirer à atteindre la viabilité financière. Le point central de cette approche est

l'institution, le succès institutionnel est généralement mesuré par les progrès réalisés par

l'institution vers l’atteinte de son autosuffisance financière. Les institutionnalistes affirment

que l'objectif principal de la microfinance est de mettre en place un système

d’intermédiation financière durable dédié spécialement aux pauvres. Dans une telle

approche l'avenir de la microfinance sera dominé par de nombreuses grandes institutions à

but lucratif qui fournissent des services financiers de haute qualité à un grand nombre de

clients pauvres. En insistant sur l’autosuffisance financière, les institutionnalistes

déconseillent le recours à n’importe quelle forme de subventions (Woller et al., 1999).

35 En matière de microfinance, la portée fait référence à la portée des actions d’une IMF, c’est-à-dire son

objectif social. L’étendue de la portée fait référence au nombre de clients desservie par une IMF (cf. la sous-

section 2.3.2).

36 Le degré de la portée fait référence au niveau de pauvreté des clients d’une IMF (cf. la sous-section 2.3.2).

Page 102: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

92

Figure II-2 : Les approches welfariste et institutionnaliste de la microfinance

Source : Ayayi A. et Noel C., (2007), « Défis et Perspectives de la Recherche en Microfinance ». Cahier de

recherche, Chaire Banque Populaire : Audencia Nantes - École de Management. 35 pages. (p. 19)

Pour atteindre leurs objectifs, les IMF ont besoin de beaucoup de ressources financières. Si

ces ressources dépendent des donneurs, les IMF risquent de mettre en péril l’atteinte de

leurs objectifs. En effet, le capital nécessaire dépasse largement ce que peuvent apporter

les donneurs internationaux. En outre ces derniers sont de nature imprévisible ce qui rend

leurs apports instables (Gonzalez-Vega, 1993). Les exemples les plus connus de l'approche

institutionnaliste sont la Bank Rakyat Indonesia (BRI), Banco Solidarion (BancoSol) en

Bolivie.

L’école institutionnaliste mesure la performance des institutions de microfinance du point

de vue de l’institution et de son efficacité en utilisant des indicateurs de performance

Page 103: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

93

financière ou des indicateurs portant sur le nombre de clients servis ou de leur taux de

remboursement (Adair et Berguiga, 2010). Les institutionnalistes considèrent qu’il n’est

pas nécessaire de mesurer la performance en termes d’impact. En effet, les performances

financières vont engendrer indirectement des impacts positifs sur les conditions de vie des

populations concernées (Woller et al., 1999).

2.2.2 Mesure de la performance des IMF

Dans les sections précédentes, nous avons vu que même si l’objectif principal de toutes les

institutions de microfinance est d’améliorer le bien-être des gens pauvres en leur

permettant d’avoir accès aux services financiers, deux courants de pensés s’affrontent sur

la meilleure façon d’atteindre cet objectif. Alors que l’approche welfariste mesure le

succès d’une IMF principalement par la façon dont elle répond aux besoins des plus

pauvres dans le court terme ou par la réduction de la pauvreté, l'approche institutionnaliste

mesure le succès par la viabilité des institutions en supposant que les institutions de

microfinance autonomes sont susceptibles de contribuer significativement à l'expansion

des revenus et à la réduction de la pauvreté.

Nous avons vu aussi que la définition de la performance dépend de ce qui devrait être les

objectifs poursuivis par un organisme. La performance des IMF doit ainsi être mesurée sur

la base des objectifs poursuivis. En tant qu’institutions financières qui cherchent à

permettre aux populations à faible revenu d’avoir accès aux services financiers, les IMF

doivent atteindre leur autosuffisance et être viable financièrement. Ainsi, plusieurs articles

se sont intéressés à la question de l’efficacité opérationnelle des IMF (cost efficiency).

Selon Khandker (1998), l’efficacité opérationnelle fait référence à la capacité d’une IMF à

couvrir les coûts supportés pour offrir les services de microfinance par les revenus d’intérêt

générés par les opérations. Cependant, dans la littérature la mesure de la performance est

basée non seulement sur l’évaluation de l'autosuffisance, mais aussi sur la portée des

activités des IMF. Cette dernière est mesurée par le degré de couverture de la clientèle

cible et par l'ampleur des services offerts par l’institution.

Page 104: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

94

2.2.2.1 Objectifs d’une institution de microfinance

Selon Boyé et al. (2006), toute IMF suit trois grands objectifs stratégiques :

La viabilité37

: Pour être apte à continuer à exercer durablement, une IMF doit être

une organisation viable sur tous les plans ;

La portée : la microfinance a pour objectif de fournir des services financiers aux

populations délaissées par le système financier conventionnel, donc une IMF doit

être en mesure d’atteindre un grand nombre de clients (étendue de la portée),

notamment ceux qui sont les plus pauvres (degré de la portée) ;

L’impact : pouvoir satisfaire chaque client en lui apportant un service qui

correspond à ses attentes et maintenir un ciblage spécifique.

Ces objectifs sont schématisés par les auteurs dans un triangle qui représente l’IMF.

Chaque angle de ce triangle représente l’un des objectifs stratégiques de l’IMF (figure

II-3). Ce triangle proposé par les auteurs s’inspire du triangle de microfinance. C’est un

triangle qui présente un cadre conceptuel liant les trois objectifs de la microfinance : la

viabilité financière, la portée des actions de la microfinance et l’impact sur le bienêtre des

populations ciblées.

Crompton (2007), pour sa part, mentionne que la plupart des IMF poursuivent un double

objectif de résultat "double bottom line" : la performance financière (l’autosuffisance

financière) et la performance sociale (l’impact socioéconomique). Ici l’auteur groupe les

objectifs de la portée et de l’impact identifiés par Boyé et al. (2006) en un seul objectif qui

est la performance sociale.

37Selon Boyé et al. (2006), le concept de la viabilité est composé de trois aspects. Le premier aspect est la

viabilité organisationnelle qui consiste pour une IMF à maîtriser les opérations sur le terrain et à avoir la

capacité de structurer l’organisation en mettant en place les compétences et les systèmes qui permettent de

fonctionner d’une manière efficace. Le deuxième aspect est la viabilité institutionnelle. Celle-ci fait référence

à la mise en place d’une gouvernance qui permet à l’IMF, d’une part, de définir sa stratégie et de contrôler

son application et, d’autre part, de lui garantir une bonne insertion dans son environnement. Enfin, la viabilité

financière qui veut dire la capacité d’une IMF d’atteindre son équilibre financier et l’aptitude à financer sa

croissance.

Page 105: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

95

Figure II-3 : Objectifs stratégiques d’une IMF

Source : Boyé S., Hajdenberg J. et Poursat C. 2006. Le guide de la microfinance :

microcrédit et épargne pour le développement. (p. 212).

Dans le cas des institutions de microfinance de type institutions financières rurales38

,

Yaron et al. (1997) proposent deux critères principaux pour l’évaluation de la performance

de ces institutions : l’autosuffisance et la portée des opérations auprès de la clientèle cible.

En considérant que des études économétriques rigoureuses portant sur l’impact des IMF

sont coûteuses et souvent très spécifiques ce qui rend la généralisation de leurs résultats

impossibles, les auteurs notent que les indicateurs de la portée peuvent être utilisés comme

des proxys pour évaluer l’impact économique des opérations des institutions de

microfinance sur leur développement. Yaron et al. (1997) notent que pendant plusieurs

années il n’existe pas d’accord sur les critères d’évaluation de la performance des

institutions financières rurales. Leur performance est évaluée souvent en utilisant l’analyse

par les ratios financiers standards. Cette façon de faire ne tient pas compte des différents

types de subventions accordées à ces institutions et de leurs objectifs particuliers. Les

38 Dans cette catégorie d’IMF, les auteurs donnent des exemples comme la Grameen Bank du Bangladesh, la

banque Rakyat d’Indonésie, etc.

Portée :

- Nombre de clients

- Étendue géographique

Viabilité financière :

- Couverture des coûts

- Financement de la croissance

- Politique financière maîtrisée

Impact :

- Ciblage d’un public spécifique

- Adéquation des services proposés

- Satisfaction des clients et fidélité à l’IMF

- Amélioration de leur condition économique et

IMF

Page 106: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

96

auteurs ont donc proposé le cadre d’évaluation de la performance présenté à la figure II-4.

Dans ce modèle, la portée est une mesure hybride qui évalue à la fois la mesure

Figure II-4 : Critère d’évaluation de la performance des institutions financières

rurales

Source : Yaron, Benjamin et Piprek. (1997). Rural Finance: Issues, Design, and Best Practice. (p. 90).

dans laquelle une institution a réussi à atteindre sa clientèle cible et le degré dans lequel

elle répond aux besoins de cette clientèle pour les services financiers. Les indicateurs de la

Critère d'évaluation

L'autosuffisance

Indice de Recours aux Subventions (IRS)

Mesure les subventions reçues par rapport aux intérêts gagnés

Exemples de subventions :

- Prêts à taux subventionés;

- Le coût d'opportunité du capital ;

- Exonérations des réserves obligatoires;

- Équipements fournis gratuitement par le gouvernement ou par les bailleurs de fonds ;

- Prise en charge des emprunts non remboursés par le gouvernement ;

- Formations pour le personnel fournies gratuitement par le gouvernement ou pardes donateurs;

- Prise en charge des emprunts en devises par le par le gouvernement.

La portée auprès des cleints

Indice de la portée

Evalue la portée auprès des clients et la qualité des services offerts

Exemples d'indicateurs :

- La pénétration du marché

* Nombre et taux de croissance annuel des

comptes d'épargne et des comptes de

crédits;

* Valeur et taux de croissance annuel du

portefeuille des crédits et celui des dépôts;

* Nombre de succursales et du personnel.

- Niveau de revenu relatif

* Valeur moyenne des prêts et l'étendue des

montants de prêts;

* Pourcentage de clients ruraux;

* Pourcentage de femmes clientes.

- Qualité des services

* Les coûts de transaction pour les clients;

* Flexibilité et pertinence des services;

* Le réseau de distribution.

Page 107: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

97

portée39

sont à la fois qualitatifs et quantitatifs et peuvent être utilisés pour mesurer le

degré de la portée (type de clients et leur niveau de pauvreté) et l’étendue de la portée

(nombre de clients servis avec différentes sortes d'instruments).

Alors que les ratios mesurant la rentabilité, comme le ratio de la rentabilité économique ou

le ratio de la rentabilité financière, sont adaptés aux entreprises à but lucratifs, ces ratios ne

sont pas adaptés pour mesurer la performance des institutions qui ne cherchent pas la

maximisation du profit et qui bénéficient dans la plupart des cas de subventions. Pour tenir

compte de l’effet des subventions sur la performance financière (l’autosuffisance) d’une

institution financière, les auteurs proposent d’utiliser l’indice de recours aux subventions

(Subsidy Dependence Index : SDI). Cet indice donne une mesure appropriée pour l’évaluation

de la performance de ce type d’institution. L’indice de recours aux subventions est exprimé

sous forme d’un ratio qui indique le pourcentage par lequel il faut augmenter le taux

d’intérêt appliqué aux prêts pour éliminer complètement toutes les subventions reçues au

cours d’un exercice40

. Le SDI ne peut pas être inférieur à -100%. Par contre, il peut

dépasser largement 100%, il n’a pas de limite supérieure. Cet indice est l’inverse de la

viabilité financière ; plus le SDI est élevé, plus l’institution est loin de son autosuffisance

financière. Ainsi :

Un SDI égal à 0% indique que l’institution a atteint son autosuffisance financière

totale ;

Un SDI égal à 100% indique que l’institution a besoin de doubler le taux d’intérêt

appliqué aux prêts pour éliminer les subventions et atteindre son autosuffisance

financière ;

Un SDI négatif indique que l’institution a atteint l’autosuffisance et que ses profits

annuels sont supérieurs à la valeur totale de toutes les subventions reçues au cours

de l’année. Une telle institution peut diminuer le taux appliqué aux prêts et éliminer

toutes les subventions tout en restant autosuffisante.

39Yaron et al. (1997) présentent quelques exemples de ces indicateurs dans la Figure II-4. Les auteurs

mentionnent que pour réaliser une bonne évaluation avec ces indicateurs, il faut que l’institution concernée

adhère aux principes comptables généralement acceptés et que ses comptes soient soumis à un audit externe.

40 Le calcul de cet indice est présenté dans la partie empirique au point : b. Le recours aux subventions (p.

196).

Page 108: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

98

Les deux critères de l’autosuffisance et de la portée sont considérés comme les piliers de

l’évaluation de la performance des IMF. Au cours des années 1990, plusieurs méthodes

d’évaluation des IMF ont été développées sur la base de ces deux critères. Nous allons voir

dans ce qui suit l’exemple de l’approche d’évaluation des IMF proposée par Ledgerwood

(1999), d’une part, et certaines méthodologies de rating utilisées pour l’évaluation de la

performance des IMF, d’autre part.

2.2.2.2 Indicateurs de performance d’une institution de microfinance41

Selon Ledgerwood (1999), les bailleurs de fonds, les praticiens et les consultants peuvent

évaluer l’efficience, la viabilité et la portée d’une IMF en calculant un ensemble

d’indicateurs de performance, qui sont généralement sous forme de ratios. Les indicateurs

proposés par l’auteure sont organisés en six groupes :

La qualité du portefeuille ;

La productivité et l’efficience ;

La viabilité financière ;

La profitabilité ;

L’effet de levier et l’adéquation des fonds propres ;

L’étendue, la portée et la croissance.

Ces indicateurs sont le minimum de ratios de performance qu’une IMF doit utiliser dans sa

gestion financière.

a. La qualité du portefeuille

La qualité du portefeuille ou la qualité des remboursements permet d’évaluer l’activité

d’une IMF. Par expérience, si un client d’une IMF est en retard sur une échéance, il y a de

fortes chances que le retard porterait aussi sur les échéances restantes. Par conséquent, on

considère que la somme totale qui reste à rembourser est à risque. La qualité du

41 Ce point est développé principalement sur la base des articles suivants : Ledgerwood J. 1999.

Microfinance Handbook : An Institutional Perspective et Boyé S., Hajdenberg J. et PoursatC. 2006. Le guide

de la microfinance : microcrédit et épargne pour le développement.

Page 109: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

99

portefeuille est jugée sur la base d’un ensemble d’informations données par les indicateurs

suivants :

Taux de remboursement des prêts (Repayment rates) ;

Ratios de la qualité du portefeuille (Portfolio quality ratios) :

- Le taux d’impayés (Arrears rate) ;

- Le portefeuille à risque (Portfolio at risk) ;

- Le ratio des clients en retard (Ratio of delinquent borrowers).

Le taux de perte sur créances irrécouvrables (Loan loss ratios).

b. La productivité et l’efficience

La productivité et l’efficience donnent une idée sur le taux auquel une IMF génère les

revenus couvrant ses dépenses. Le calcul des ratios de la productivité et de l’efficience

permet à l’IMF de savoir s’elle est entrain de maximiser l’utilisation de ses ressources. La

productivité fait référence au volume d’activité généré (output) pour un niveau de

ressources ou d’actifs donné (input). L’efficience fait référence au coût par unité d’output.

Ratios de productivité (Productivity ratios) :

- Nombre de crédits encours par agent de crédit (Number of active loans

per credit officer) ;

- Encours de crédit moyen par agent de crédit (Average portfolio

outstanding per credit officer);

- Montant décaissé par période par agent de crédit (Amount disbursed per

period per credit officer).

Ratios d’efficience : (Efficiency ratios)

- Ratio de charges d’exploitation (operating cost ratio);

- Coût par unité de monnaie prêtée (cost per unit of currency lent);

- Coût unitaire d'un prêt (cost per loan made).

c. La viabilité financière

La viabilité financière mesure la capacité d’une IMF à couvrir ses différents coûts avec les

revenus générés par ses activités. Pour être financièrement viable, une IMF ne doit pas

Page 110: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

100

compter sur les bailleurs de fonds pour subventionner ses activités. Les indicateurs utilisés

pour évaluer la viabilité financière sont :

L’autosuffisance opérationnelle (Operational self-sufficiency) ;

L’autosuffisance financière (Financial self-sufficiency) ;

Marge financière (Financial spread) ;

Indice de recours aux subventions (Subsidy Dependence Index).

d. La rentabilité

Les ratios de la rentabilité mesurent le revenu net d'une IMF par rapport à la structure de

son bilan. Ils permettent aux investisseurs et aux gestionnaires de déterminer s’ils ont

réalisé un rendement adéquat sur les fonds investis dans l’IMF.

Ratio de la rentabilité des actifs (Return on Assets Ratio : ROA) ;

Ratio du rendement de l’activité (Return on Business Ratio : ROB). Ce ratio permet

de prendre en compte le fait que certaines IMF mobilisent des dépôts comme une

large part de leurs opérations ;

Rentabilité des fonds propres (Return on Equity Ratio : ROE).

e. L’effet de levier et adéquation des fonds propres

L’effet de levier fait référence au degré d’utilisation de la dette par une IMF par rapport

aux fonds propres. L’adéquation des fonds propres, pour sa part, fait référence à la part des

fonds propres dans l’actif d’une IMF. Les ratios utilisés sont :

Levier financier (Leverage) : Ratio des dettes sur les fonds propres (debt to equity

ratio) ;

Fonds propres sur les actifs pondérés par rapport au risque (Risk-weighted assets).

f. Indicateurs du degré et de l’étendue de la portée

Ce sont les indicateurs qui permettent de mesurer la performance sociale d’une IMF. Ils

sont aussi des proxies pour évaluer l’impact des opérations d’une IMF sur les conditions de

vie de ses clients. Les indicateurs utilisés sont les suivants :

Page 111: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

101

Clients et personnel (Clients and staff) : Ledgerwood (1999) propose plusieurs

indicateurs dont nous retenons à titre d’exemple :

- Nombre de clients ou de membres ;

- Pourcentage des clients servis par rapport à la clientèle ciblée ;

- Pourcentage des femmes par rapport au total des emprunteurs ;

- Pourcentage des femmes par rapport au total des épargnants ;

- Nombre du personnel ;

- Nombre de branches, etc.

Portée des prêts :

- Nombre d’emprunteurs actifs ;

- Solde total de l’encours de crédits ;

- Portefeuille en moyen ;

- Taille moyenne des prêts décaissés ;

- Taille moyenne des prêts décaissés en pourcentage de PIB par habitant ;

- Montant des prêts par employé ;

- Nombre de prêts par employé ;

- Encours moyen de credits ;

- Encours moyen de crédits par BIP per habitant, etc.

Portée de l’épargne :

- Solde total des comptes d’épargne volontaire ;

- Moyenne annuelle des épargnes en pourcentage du portefeuille des prêts

encours moyen ;

- Nombre des épargnants volontaires en cours ;

- Valeur du compte d’épargne moyen ;

- Nombre d’épargnants par employé ;

- Moyenne des dépôts d’épargne par PIB par habitant, etc.

Page 112: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

102

2.2.2.3 Rating des institutions de microfinance42

Parmi les méthodologies d’évaluation de la performance des IMF développées par

différents organismes, le rating occupe une place importante. Dans un article

intitulé "Comparing microfinance assessment methodologies", Reille, Sananikone et

Helms (2002), présentent une analyse comparative de cinq méthodes de rating des IMF

parmi les plus connues, à savoir : CAMEL développée par ACCION, PEARLS développée

WOCCU, GIRAFE développée par PlaNet Rating, la méthodologie utilisée par MicroRate

et enfin, celle utilisée par M-CRIL.

Le rating des institutions de microfinance est mis en œuvre par des organismes spécialisés :

les agences de notations de microfinance. Ces agences peuvent fonctionner de manière

différente des agences commerciales de notation du risque de crédit comme Moody’s et

Standard and Poor. Ces dernières agences mesurent et publient la probabilité de

remboursement d’un emprunt dans les échéances fixées. Ainsi, elles attribuent une notation

de risque de crédit (risque de contrepartie ou encore risque de non remboursement) à un

titre de créance donné. Les méthodologies utilisées par les agences commerciales de

notation sont basées sur le risque de crédit. Les facteurs les plus considérés sont

l’adéquation des fonds propres, la liquidité, la structure financière, la qualité du

portefeuille ainsi que des facteurs externes qui peuvent influencer la capacité de

remboursement de l’entité concernée (généralement un emprunteur). Les agences de

notations de microfinance, pour leur part, peuvent accorder une notation (score ou note)

qui indique la qualité financière ou d’ensemble d’une IMF. Les résultats de l’analyse ne

sont pas automatiquement communiqués aux investisseurs. Alors que certaines

méthodologies utilisées dans l’analyse ont été créées par des institutions privées pour tous

types d’IMF ou de clients, d’autres sont développées pour l’utilisation propre à une IMF

donnée ou à son réseau. Ces méthodes sont présentées par les réseaux de microfinance à

leurs partenaires comme des outils de gestion (CGAP, 2001).

42 Ce point est préparé essentiellement sur la base des articles suivants :

- Reille X., Sananikone O. et Helms B., (2002), « Comparing microfinance assessment

methodologies». Small Enterprise Development, vol. 13, N° 2, pp. 10 – 19.

- CGAP, (2001), « Guide des ressources disponibles dans le domaine de l’évaluation des institutions de

microfinance ». Focus Note, N° 22, 12 p.

Page 113: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

103

a. Le système d’évaluation CAMEL (ACCION43

)

Le système d’évaluation CAMEL est un système développé par ACCION International en

1993 dans le but d’évaluer les IMF qui appartiennent au réseau ACCION et celles qui

désirent faire partie de ce réseau. CAMEL est l’abréviation de :

Capital adequacy : l’adéquation des fonds propres ;

Asset quality : qualité de l’actif ;

Management ;

Earnings : rentabilité ;

Liquidity : liquidité

Ces cinq volets représentent les facteurs clés de l’approche utilisée. L’analyse se réalise

sous forme de questionnaires, d’interviews et de réunions de groupe. A la fin, l’IMF

évaluée se voit attribuer un score (notation) compris entre 0 et 5 ou entre D et AAA. Ainsi,

si l’IMF a un score inférieur à deux, alors elle ne peut pas exercer la microfinance. Un

score compris entre 2 et 3 implique que l’IMF présente des faiblesses fondamentales

qu’elle se doit de corriger.

Même si le résultat de l’évaluation soit confidentiel, il peut être communiqué à certains

partenaires en commun accord avec l’IMF concernée et ACCION International. La

méthode est plus qualitative que quantitative et elle est utilisée par les IMF pour le

renforcement de leur management ou dans le cadre d’une démarche de Benchmarking

entre institutions de microfinance.

43Le réseau ACCION, fondé en 1961, offre son appui aux IMF sur différents volets comme la méthodologie,

le business plan, la gestion financière et le marketing. ACCION a apporté son aide à 62 IMF dans 31 pays

localisés en Amérique Latine, en Afrique, en Asie et en Amérique du Nord. Le réseau ACCION apporte un

appui à ses membres. (http://www.accion.org. Consulté le 19.08.11).

Page 114: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

104

b. Le système d’évaluation PEARLS (WOCCU44

)

La méthodologie PERLES est un système d’évaluation de la performance des IMF utilisé

par WOCCU pour évaluer et surveiller la stabilité financière des coopératives d’épargnes

et de crédit qui lui sont affiliées, et surtout pour l’utiliser dans ses programmes de

renforcement institutionnel. PEARLs est l’acronyme de :

Protection ;

Effective financial structure : la qualité de la structure financière ;

Asset quality : la qualité des actifs ;

Rates of return and costs : le taux de rentabilité et le coût ;

Liquidity : la liquidité ;

Signs of growth : les signes de croissance.

Ce sont les six domaines de résultats financiers concernés par le système d’évaluation. En

effet, WOCCU considère que la mesure la plus fiable des résultats d’ensemble d’une

institution est donnée par ces résultats quantitatifs.

Cette méthodologie est basée essentiellement sur l’analyse quantitative des indicateurs

financiers des IMF, elle ne prend pas en compte les facteurs de management. Elle est

surtout utilisée comme outil de contrôle de gestion. Ainsi, PEARLS est un ensemble de 45

ratios financiers qui permettent de dégager les forces et les faiblesses de l’institution

analysée. Les rapports établis par PEARLS sont réservés uniquement à l’usage des

coopératives affiliées à WOCCU.

44Le World Coucil of Credit Unions (WOCCU) est une organisation à but non lucratif qui promeut le

développement des coopératives financières, son siège est à Madison, Wisconsin. WOCCU est une

organisation à but non lucratif qui fédère plus de 52.900 coopératives d’épargne et de crédit dans plus de 100

pays. La méthode PEARLS développée par WOCCU vers la fin des années 1980 est présentée avec détail à

l’adresse suivante : http://www.woccu.org/bestpractices/pearls (Consulté le 19.08.11).

Page 115: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

105

c. Le système d’évaluation GIRAFE (PLANET RATING45

)

La méthodologie GIRAFE est développée par PlaNet Rating, une branche d’activité de

l’ONG PlaNet Finance. GIRAFE est l’acronyme de :

Governance and decision making process : la gouvernance et les processus de prise de

décision ;

Information and management tools : la qualité des outils d'information et de

management ;

Risk analysis and control : l'analyse et le contrôle du risque ;

Assets including loan portfolio : l'évaluation des actifs et de la qualité du portefeuille ;

Funding : le financement (fonds propres et dettes) ;

Efficiency and profitability : et l'efficience et la profitabilité.

Ce sont les six domaines de risque d’une IMF analysés avec cette méthodologie en combinant

26 indicateurs qui sont en majorité des éléments quantitatifs. Chacun des six domaines est noté

sur une échelle de 0 à 5.

En comparaison aux autres approches, GIRAFE est celle qui donne le plus de poids au

risque fiduciaire46

et à l'analyse détaillée du management et de la gouvernance. L’analyse

réalisée par PlaNet Rating est présentée sous forme d’un rapport détaillé qui explique la

notation attribuée. Il ne peut être publié qu’avec l’accord de l’agence et de l’institution

concernée. La publication des rapports permet aux IMF de se faire connaître à l’échelle

internationale.

45PlaNet Rating est une agence de notation internationale spécialisée en microfinance. Elle fournit des

notations institutionnelles, sociales et financières des IMF. PlaNet Rating est une branche de PlaNet Finance,

une organisation internationale à but non lucratif basée à Paris. Elle offre des services de conseil et

d’assistance technique aux acteurs de la microfinance afin d’améliorer leurs performances. Elle compte 112

experts actifs dans 49 pays (http://www.planetfinance.org. Consulté le 19.08.11). La méthode GIRAFE peut

être consultée sur le site : http://www.planetrating.com/FR/methode-girafe.html (Consulté le 19.08.11).

46Selon CGAP (2001, p.5), le risque fiduciaire fait référence à la manière dont est administrée une institution

et la probabilité qu’elle ne puisse réussir à répondre aux attentes des investisseurs et de ses actionnaires en

raison des failles de ses systèmes, des processus et de sa propre organisation.

Page 116: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

106

d. MicroRate47

MicroRate est une agence spécialisée dans l’évaluation des IMF. Elle ne fournit pas de

notation proprement dite, mais elle propose une logique d’évaluation et d’élaboration

d’opinions analysant la solvabilité des IMF. Cette méthodologie permet donc de

déterminer dans quelle mesure la solvabilité d’une IMF est affectée par les différents

risques liés à ses activités. Les principales composantes de cette méthodologie sont :

L’identification des principaux domaines et facteurs de risque ;

La comparaison des performances des institutions de microfinance avec leurs pairs

(après retraitement des données) ;

La mise à disponible de ces informations sur le marché lorsque cela est possible.

Les facteurs clés de l'évaluation sont l'efficacité, la qualité du portefeuille et le déroulement

des opérations de prêts, l'organisation du système d'information et de management et les

performances financières. Les facteurs qualitatifs ne sont pas pris en compte par cette

méthodologie.

Les rapports produits ne sont fournis qu’à MicroRate, l’IMF concernée et aux personnes

autorisées par cette dernière. Néanmoins, un rapport abrégé de l’analyse est publié sur le

site de l’agence.

e. M-CRIL48

M-CRIL est la seule agence spécialisée en microfinance en Asie. La méthode d’évaluation

de cette agence est fondée sur l’évaluation du risque de crédit et de la capacité de

47MicroRate est une agence de notation spécialisée en microfinance créée en 1997 à Washington DC avec

l’appui de la coopération Suisse. Elle est considérée comme la plus ancienne agence spécialisée dans

l’évaluation des IMF. Elle effectue des évaluations indépendantes de la performance et des risques des IMF.

Elle a mis en œuvre plus de 450 notations parmi plus de 200 IMF en Amérique Latine, en Afrique et en

Europe de l’Est. (http://microrate.com. Consulté le 19.08.11).

48Micro-Credit Ratings and Guarantees India Ltd (M-CRIL) est et une filiale d’EDA Rural Systems, société

de conseil en gestion du développement, basée à Gurgaon (Inde). Elle se considère comme le leader

international en rating financier des IMF. Il est créé en 1998. La mise en place de la méthodologie M-CRIL a

été initialement soutenue par la fondation Ford. (www.m-cril.com. Consulté le 19.08.11).

Page 117: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

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Page 119: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

109

remboursement. L’analyse porte sur une trentaine d’indicateurs fondamentaux qui sont

comparés à des données normatives afin de produire les notes des IMF analysées. Ces

indicateurs se focalisent sur les domaines suivants :

La gouvernance et l’organisation ;

L’analyse managériale ;

L’étude des performances financières y compris l’historique de crédit, la qualité des

actifs, la composition des fonds, la liquidité, la pérennité et la rentabilité.

La méthodologie de M-CRIL est donc plus qualitative que quantitative. Le rapport de M-

GRIL inclut l’évaluation des forces et des faiblesses et fait des recommandations des

secteurs à améliorer.

Cette méthodologie n’est pas accessible directement, les résultats de l’analyse sont

confidentiels. Pour qu’ils soient diffusés, il faut l’accord préalable de l’institution de

microfinance concernée.

2.3 Déterminants de la performance des IMF

Plusieurs études se sont intéressées à l’identification des facteurs déterminants de la

performance des IMF. Dans cette section, nous présentons quelques-unes de ces études.

L’étude de ces facteurs sera faite par rapport aux objectifs poursuivis par les institutions de

microfinance. Nous allons donc chercher les facteurs qui affectent la performance

financière des IMF. Comme vue précédemment, les IMF poursuivent trois objectifs : la

viabilité financière, la portée des activités et l’impact. Pour les deux premiers objectifs,

viabilité financière et la portée des activités, nous commençons par définir chacun de ces

objectifs, d’une part, et nous présentant les résultats de certains articles qui les ont traités,

d’autre part. Nous nous intéresserons, ensuite, au lien entre la viabilité et la portée des IMF

et la possibilité de dérive de la mission principale connue dans le secteur de la

microfinance. Enfin, nous consacrons une partie à certaines études qui traitent l’impact des

activités des IMF sur les conditions de vie des participants aux programmes de

microfinance.

Page 120: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

110

2.3.1 Viabilité financière

2.3.1.1 Définition de la viabilité financière

Au cours de leurs premières années de démarrage, la grande majorité des institutions de

microfinance bénéficient d’un ensemble d’appuis qui peuvent êtres sous formes

d’assistance financière et/ou d’assistance technique. Ces deux types d’assistances, fournies

généralement par différents donateurs privés ou publics, sont nécessaires au démarrage des

activités de la microfinance. Cependant, les IMF ne peuvent en bénéficier éternellement.

En effet, ce genre de subventions demande beaucoup de temps avant de les débloquer par

les organismes donateurs. En outre, les décisions des bailleurs de fonds dépendent de la

conjoncture qui prévaut et de différentes considérations politiques. Ainsi, si une IMF veut

avoir la capacité de fournir ses services durablement, elle doit se doter de moyens lui

permettant de devenir une organisation viable (ou pérenne). Selon Boyé et al. (2006) la

viabilité d’une IMF implique la capacité d’assumer chacune des fonctions suivantes :

Définir ses propres objectifs ;

Prendre les décisions stratégiques et opérationnelles ;

Mettre en œuvre les actions en découlant ;

Générer les ressources financières nécessaires ;

Contrôler si les objectifs sont atteints et les redéfinir.

Les connexions existantes entre ces différentes fonctions sont présentées dans la figure

II-5. Ce schéma nous montre les trois dimensions de la viabilité :

La première dimension : la viabilité institutionnelle qui consiste à définir ses

propres objectifs, à prendre les décisions stratégiques et opérationnelles et à

contrôler si les objectifs sont atteints et les redéfinir :

La deuxième dimension : la viabilité organisationnelle qui consiste à mettre en

œuvre les actions qui découlent de la mission principale, des objectifs et de la

stratégie de l’institution ;

La troisième dimension : la viabilité financière. Cette viabilité consiste à générer

les ressources financières nécessaires à l’institution.

Page 121: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

111

Figure II-5 : Viabilité d’une institution de microfinance

Source : Boyé S., Hajdenberg J. et Poursat C., (2006), Le guide de la microfinance :

microcrédit et épargne pour le développement, Paris : Edition d'Organisation, Groupe

Eyrolles, 305 p. (p. 136).

C’est cette dernière dimension de viabilité qui nous intéresse le plus dans le cadre de notre

recherche. C’est l’une des performances que cherche toute IMF. La viabilité financière est

donc la capacité d’atteindre l’équilibre financier et de dégager les ressources nécessaires

pour financer la croissance.

Par ailleurs, Ledgerwood (1999) définit la viabilité financière d’une institution de

microfinance comme étant la capacité de couvrir toutes les charges supportées par les

produits générés. L’auteure précise que pour être financièrement viable, l’institution ne

doit pas tenir compte des subventions reçues. Donc la viabilité financière est la capacité de

répondre aux besoins des clients sans avoir recours à l’aide extérieure.

Définir ses propres objectifs

Générer les ressources

financières nécessaires

Contrôler si les objectifs sont

atteints, les redéfinir

Prendre les décisions

stratégiques et

opérationnelles ;

Mettre en œuvre les actions en

découlant

Aspects organisationnels

Aspects financiers

Aspects institutionnels

Page 122: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

112

La viabilité financière est mesurée à deux niveaux :

L’autosuffisance opérationnelle : la capacité de couvrir toutes les charges liées à

l’exploitation de l’activité en utilisant les revenus dégagés par cette activité.

L’autosuffisance financière : Afin d’avoir une bonne base de comparaison entre

les IMF, certains analystes ajustent les données de ces institutions pour tenir

compte à la fois de l’effet de toutes les formes de subventions et de celui de

l’inflation. Une IMF atteint son autosuffisance financière lorsqu’elle arrive à

couvrir toutes ses charges même après avoir tenu compte de l’inflation et corrigé

ses revenus pour tenir compte des différentes subventions reçues.

Est-ce que la plupart des IMF sont financièrement viables ou non ? La réponse n’est pas

aussi claire. Cull et al. (2009) analysent les données, d’un échantillon de 346 IMF, publiées

par MicroBanking Bulletin. L’échantillon inclut la plupart des institutions leaders dans le

secteur de la microfinance. La période considérée est celle comprise entre 2002 et 2004.

Les résultats d’un sous échantillon de 315 IMF, qui publient des informations sur leur

profitabilité, montrent que 57% de ce sous échantillon est financièrement viable.

Cependant, toujours selon les auteurs, le coût du capital supporté par les IMF, tel qu’il est

donné par le MicroBanking Bulletin, est excessivement faible et les calculs exagèrent le

taux de profit et diminuent artificiellement les subventions.

Par ailleurs, Armendáriz et Morduch (2010) notent qu’il est important de garder à l'esprit

que les données publiées par MicroBanking Bulletin sont celles des IMF qui sont la crème

de ce qui existe comme programmes de microfinance. Il n’existe pas encore de données

comparables à celles publiées par MicroBanking Bulletin sur les programmes des 3.552

institutions de microfinance recensées par la Compagne du Sommet du microcrédit à la fin

de 2007. Selon les auteurs, il est vraisemblable que l'essentiel de ces IMF montrent des

performances financières plus faibles que celles des IMF de MicroBanking Bulletin. En

outre, Bauchet et Morduch (2009) montrent que le ratio moyen de l'autosuffisance

opérationnelle des institutions de la Campagne du Sommet du Microcrédit est de 95 pour

cent, tandis que celui des institutions du Mix Market est de 115 pour cent. Ce qui montre

que les IMF répertoriées par le Mix Market sont plus performantes d’un point de vue

financier que les autres IMF. Il est donc difficile de généraliser les résultats des études

faites sur la base des échantillons choisis à partir de cette base de données.

Page 123: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

113

2.3.1.2 Facteurs expliquant la viabilité financière des IMF

De nombreuses études se sont intéressées à l’identification des facteurs qui ont un impact,

positif ou négatif, sur la viabilité financière des institutions de microfinance. Afin de

déterminer les facteurs qui ont une relation avec la performance financière des IMF, Ayayi

et Sene (2010) analysent un échantillon de 217 IMF de différentes formes juridiques et

originaires de 101 pays des différentes parties du globe. L’étude porte sur la période

comprise entre 1998 et 2006. Dans cette étude, les auteurs évaluent la performance

financière des IMF en mesurant son deuxième niveau. Les auteurs utilisent donc

l’autosuffisance financière comme variable indépendante dans leur modèle. Les résultats

de l’étude montrent que les facteurs qui ont un impact positif sur la viabilité financière des

IMF sont selon leur ordre d’importance :

La qualité du portefeuille de crédit mesure par le portefeuille à risque > 30 ;

Suivi par le taux d’intérêt appliqué et la qualité de la gestion (mesurée par le ratio

des charges d’exploitation et le ratio des charges du personnel) ;

Enfin, la portée des activités des IMF et leur âge : ces deux facteurs sont

statistiquement significatifs, mais ont une influence moins importante sur la

viabilité financière des IMF.

Le premier aspect de la viabilité financière, l’autosuffisance opérationnelle, est utilisé par

Hudon (2009) pour vérifier s’il existe une relation positive entre la performance financière

des IMF et leur management. Pour mesurer la qualité du management des IMF, l’auteur

utilise les caractéristiques de la gouvernance et du management des IMF retenu par PlaNet

rating pour sa méthodologie de notation CAMEL. Cette agence de notation utilise quatre

critères pour cette évaluation, qui sont :

La prise de décision ;

La planification ;

L’équipe de direction ;

La gestion des ressources humaines.

Hudon (2009) a ainsi analysé un échantillon composé de 83 institutions de microfinance

notées par PlaNet rating pour la période comprise entre 2002 et 2005. Une grande partie de

Page 124: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

114

ces IMF est d’origine latine américaine (40%). Elles sont aussi originaires d’Afrique

(20%), d’Asie Centrale et les pays nouvellement indépendants (20%), d’Afrique du Nord

et du Moyen Orient (15%) et en fin d’Asie (5%). Les IMF de l’échantillon sont des

institutions à but non lucratif, des institutions financières non bancaires, des institutions à

but lucratif et des coopératives.

Les résultats de l’étude montrent que la structure organisationnelle ou l’expérience des

IMF n’ont aucun rôle dans la performance financière des IMF étudiées.

Dans un article portant sur les banques rurales et communautaires ghanéennes (RCB)49

,

Aboagye et Otieku (2010) se proposent d’analyser et de déterminer la relation qui peut

exister entre la performance financière de ces institutions de microfinance, d’une part, et la

gouvernance, la portée des activités, la dépendance des subventions et l'utilisation des

technologies modernes, d’autre part. L’étude porte sur les RCB de six régions

administratives parmi les 10 régions du sud du Ghana. Un échantillon aléatoire de 30 RCB

est choisi parmi la population des RCB de ces régions. Les auteurs ont extrait les données

utilisées à partir des rapports financiers audités des IMF de l’échantillon pour la période

comprise entre 2000 et 2005. Les informations sont complétées par des questionnaires

administrés directement pour compléter les informations sur la gouvernance de ces

institutions.

Les auteurs ont utilisé neuf variables qui indiquent les différentes dimensions de la

performance financière des institutions étudiées, à savoir :

1. La valeur totale des prêts ;

2. La valeur totale des prêts par rapport à l’actif total ;

3. Provision pour les créances douteuses (crédits en souffrance) ou en souffrance par

rapport la valeur totale des prêts ;

4. La valeur totale des dépôts ;

5. La valeur totale des dépôts par rapport à l’actif total ;

6. La valeur réelle de l’actif total. Cette variable donne la taille de l’IMF ;

49 Les RCB ghanéennes ou " rural and community banks" sont des institutions de microfinance ayant choisi

d’exercer sous la forme juridique de banques rurales et communautaires.

Page 125: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

115

7. ROA : rendement des actifs ;

8. Le ratio des charges d’intérêts payées sur les comptes de dépôt ;

9. Le ratio des charges d’exploitation : total des charges (hors intérêts) sur la somme

des intérêts reçus et autres revenus.

Parmi ces neuf critères, les auteurs considèrent que les plus importants indicateurs de la

performance financière sont les trois critères qui évaluent le portefeuille de crédit (la valeur

des prêts, la proportion par rapport à l’actif total et la qualité du portefeuille) et les deux

critères qui se concentrent sur l’effort de mobilisation des dépôts (la valeur des dépôts et la

proportion par rapport à l’actif total).

Les résultats d’Aboagye et Otieku (2010) montrent que dans le cas des RCB du sud

ghanéenne, il n’y a aucune relation entre l’état de la gouvernance d’entreprise et leur

performance financière. Les auteurs expliquent cette situation par trois principaux

éléments, à savoir :

Premièrement, au Ghana, l’adoption des règles de la bonne gouvernance, qui sont

basées sur le style occidental, est encore dans un état de balbutiement. En effet, la

SEC du Ghana (Securities and Exchange Commission) n’a été créée qu’en 2000 et

la loi bancaire a été révisée en 2004. Les différentes lois et règlements n’ont pas

encore assez de temps pour donner les effets escomptés ;

Ensuite, les RCB sont en majorité détenues par des particuliers, la part du capital

détenue par des institutions est faible et la propriété étrangère n'est pas autorisée par

le législateur. Cependant, la part des RCB détenue par les particuliers est limitée

par la banque centrale du Ghana à 30% du capital seulement. Cette petite

proportion associée à une couverture géographique limitée au milieu rural sont

considérées par les auteurs comme des éléments qui n’incitent pas ces institutions

pour investir dans des mécanismes de contrôle et de surveillance qui sont très

coûteux ;

Enfin, la faible qualité des conseils d’administration et de la gestion sont des

facteurs qui ont aussi contribué dans cette situation.

Ces résultats sont contradictoires avec ceux de Hartarska (2005) dans le cas des pays de

l’Europe Centrale, Europe de l'Est et les Etats nouvellement indépendants. En mesurant la

Page 126: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

116

performance financière par l’autosuffisance opérationnelle et le ROA, l’auteure trouve que

les IMF dont les dirigeants ont plus d’expérience et dont le CA contient plus

d’administrateurs indépendants arrivent à réaliser de bons résultats financiers. La

performance financière est aussi positivement influencée par la présence des représentants

des bailleurs de fonds dans le CA et par la présence des clients.

D’autres études ont tenté d'évaluer les indicateurs qui affectent la performance financière

des IMF telles que : Tucker (2001), Stephens (2005) et Woller et Schreiner (2002). Tucker

(2001) pour sa part trouve que la productivité du personnel et la structure organisationnelle

de l'IMF (telle que les ONG, les organisations à but lucratif et les coopératives) ont toutes

un impact positif sur la performance financière des IMF. Stephens (2005) identifie le

nombre d'années d'exercice comme facteur expliquant la performance des IMF, toute en

notant quelques différences selon la présence géographique. L’auteur trouve aussi que le

nombre d'emprunteurs et le ratio des charges d'exploitation ont une relation positive avec la

performance financière des IMF étudiées. Enfin, Woller et Schreiner (2002) trouve que le

degré de la portée a un impact négatif sur l’autosuffisance financière.

2.3.2 Portée des activités des IMF

2.3.2.1 Définition de la portée

L’objectif des institutions de microfinance en tant qu’organisation de développement est de

fournir des services financiers aux populations délaissées ou mal-desservies par les

systèmes financiers conventionnels (tels que les femmes, les pauvres, les populations

indigènes, les populations rurales, etc.) pour atteindre les objectifs de développement50

.

Une IMF performante est celle qui est en mesure de mettre sur le marché des produits

financiers de qualité accessibles à un grand nombre de clients au sein de la clientèle ciblée,

50 Ces objectifs de développement sont généralement (Ledgerwood, 1999, p. 34) :

La réduction de la pauvreté ;

L’émancipation des femmes et des autres groupes de populations défavorisées ;

La création de l'emploi ;

L’apport d’aide nécessaire aux entreprises existantes pour se développer ou pour diversifier leurs

activités ;

La stimulation de la création de nouvelles entreprises.

Page 127: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

117

notamment les clients les plus pauvres. Cet objectif est connu dans le secteur de la

microfinance comme la portée des IMF. Ainsi, la portée se définit comme l’offre des

services financiers aux groupes de population qui en ont besoin (Christen et al., 1995 ;

Ledgerwood, 1999 ; Boyé et al. 2006 ; Yaron et al., 1997 ; etc.)

Pour évaluer la portée de leurs services, les IMF utilisent généralement deux mesures :

L’étendue de la portée : le nombre de clients servis par une IMF avec ses différents

instruments ;

Le degré de la portée : le type de clients servis par une IMF et leur niveau de

pauvreté.

Dans le modèle proposé par Yaron et al. (1997), présenté dans les sections précédentes, la

portée est considérée comme une mesure hybride qui évalue la mesure dans laquelle une

institution a réussi à atteindre sa clientèle cible et le degré dans lequel elle répond aux

besoins de cette clientèle pour les services financiers. Les indicateurs de la portée retenus

dans le modèle sont à la fois qualitatifs et quantitatifs et peuvent être utilisés pour

mesurer le degré de la portée et son étendue.

La littérature présente un grand nombre de proxys permettant de mesurer ces deux

dimensions de la portée. Cependant, il est très important de noter que l’étendue de la portée

est souvent évaluée par le nombre total des clients servis par une IMF et que le degré de

l’étendue est une mesure plus vague. Cette dernière est généralement mesurée par la taille

moyenne des prêts ou la taille moyenne des prêts en pourcentage du PIB par habitant. Ces

deux mesures sont très utilisées, mais parfois elles peuvent être des indicateurs non fiables.

En effet, les prêts n’ont pas tous le même terme et leur utilisation diffère d’un client à un

autre. Ils peuvent donc ne pas refléter le niveau de revenu des clients (Ledgerwood, 1999).

2.3.2.2 Facteurs expliquant la portée des IMF

Dans l’article intitulé "Governance and Performance of Microfinance Institutions in

Central and Eastern Europe and the Newly Independent States", Hatarska (2005) analyse

comment les mécanismes de la gouvernance affectent la performance des IMF, notamment

l’impact de la rémunération des dirigeants, l’indépendance et la diversité du conseil

Page 128: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

118

d’administration, les mécanismes externes de contrôle (tels que l’audit, le rating et la

réglementation) ainsi que d’autres facteurs en relations avec les caractéristiques de l’IMF

et de son pays d’origines. L’échantillon étudié est composé de 34 organisations qui

représentent entre le tiers ou le quart des IMF de la région Europe Centrale, Europe de l'Est

et les Etats nouvellement indépendants. La variable indépendante, la portée des IMF, est

mesurée par l’auteure en utilisant deux indicateurs : le logarithme du nombre des

emprunteurs actuels (l’étendue de la portée) et la taille moyenne des prêts en pourcentage

du PIB par habitant (le degré de la portée). L’étude montre que la portée des IMF

analysées est proportionnelle à la présence d’administrateurs indépendants dans le CA et à

l’expérience des dirigeants.

Par ailleurs, dans son article "The impact of capital structure on the performance of

microfinance institutions", Kyereboah-Coleman (2007) utilise une autre variable pour

mesurer la portée des IMF. L’indicateur utilisé est la variation annuelle du nombre de

clients à une date donnée. Cette mesure évalue l’étendue de la portée. L’échantillon

analysé par l’auteur est composé de 52 IMF ghanéennes sur une période de 10 ans (1995 –

2004). Les résultats de l’étude montrent que la plupart des IMF étudiées sont très

endettées. En outre, plus une IMF est endettée, plus elle arrive à réaliser de bonnes

performances en termes de clients desservis. Sur la base de ces résultats, l’auteur

recommande la mise en place de politiques appropriées afin de permettre aux IMF

d’accéder facilement aux ressources financières sous-forme de dettes à long terme pour

développer leurs activités.

Plusieurs autres articles se sont intéressés aux facteurs qui affectent la portée des IMF,

entre autres, on trouve Hartarska et Nadolnyak (2007) et Mersland et Strøm (2009).

Hartarska et Nadolnyak (2007) trouvent que la réglementation du secteur de la

microfinance n’affecte pas directement la portée des IMF. Cependant, les résultats

montrent aussi que les IMF qui collectent les dépôts des épargnants arrivent à atteindre

plus de clients. Or, pour qu’une IMF puisse collecter l’épargne, il faut qu’elle se soumette

à un ensemble de conditions dictées par le législateur, ce résultat peut être considéré

comme une preuve indirecte de l’impact de la réglementation des IMF sur leur portée. Les

résultats de l’étude montrent aussi que la portée n’est pas affectée par le niveau de

capitalisation et par la dette. Ce dernier résultat est en contradiction avec le résultat de

Page 129: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

119

Kyereboah-Coleman (2007), vus précédemment, qui trouve une relation positive entre la

performance sociale et le niveau d’endettement. Mersland et Strøm (2009), pour leur part,

trouvent que la relation entre la portée d’une IMF, d’une part, et l’occupation par la même

personne à la fois du poste du directeur général et du poste du président, d’autre part, est

une relation positive. Cependant, les résultats de Kyereboah et Osei (2008) montrent une

relation négative entre ces deux variables. Mersland et Strøm (2009) trouvent aussi que

l’utilisation de la méthodologie du crédit individuel affecte négativement la portée des

activités des institutions de microfinance.

2.3.3 Viabilité financière versus portée des activités

La relation entre la viabilité financière (performance financière) et la portée des activités

des IMF (performance sociale) a suscité un grand débat entre les chercheurs intéressés par

le champ disciplinaire de la microfinance. Nous en avons déjà eu un avant-goût en

mentionnant le débat qui existe entre les partisans de l’approche welfariste et les partisans

de l’approche institutionnaliste.

On peut penser que la relation entre la viabilité financière et la portée est une relation

positive. D’une part, l’augmentation du nombre de clients permet à une IMF de bénéficier

des économies d’échelle (coûts opérationnels inférieurs par unité de monnaie prêté) et par

conséquent de réduire les coûts et de réaliser de bons résultats financiers. D’autre part, les

institutions de microfinance autonomes sont susceptibles d’avoir accès facilement aux

différentes sources de financement, ce qui leur permettrait de disposer de ressources

importantes pour arriver à toucher un très grand nombre de personnes et par la suite de

contribuer significativement à l'expansion des revenus et à la réduction de la pauvreté.

Ainsi, il apparaît que les deux objectifs sont complémentaires et leur coexistence est

bénéfique pour toute IMF.

Cependant, Boyé et al. (2006) expliquent que les IMF peuvent se retrouver dans des

situations dans lesquelles une IMF :

Donne plus d’importance à la portée et à la croissance quantitative. Dans ce cas,

l’IMF peut connaître une crise de croissance, ce qui entraînerait une perte de

Page 130: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

120

contrôle de l’organisation et une dégradation des taux de remboursement, par

conséquent des résultats médiocres ;

Donne la priorité à l’atteinte de la viabilité financière. Dans ce cas, l’IMF peut

privilégier les clients qui demandent des prêts plus élevés (économie d’échelle) et

ceux qui sont moins pauvres que les autres. Ainsi, apparaîtrait ce qu’on appelle la

dérive ou l’éloignement de l’IMF par rapport à sa mission originale (mission Drift51

ou outreach-profit trade-offs, en anglais).

Plusieurs auteurs se sont intéressés à l’étude de la relation qui peut exister entre la

poursuite de la viabilité financière et la recherche de plus de portée. Cependant, les

résultats trouvés ne sont pas tous concordants. Ci-après, nous essayons de présenter les

résultats de quelques articles récents.

Armendáriz et Morduch (2010) notent que même si plusieurs institutions de microfinance

sont actuellement bien installées et arrivent à avoir des activités efficientes et même

profitables, il n’y a que quelques-unes qui ont pu atteindre à la fois les deux objectifs de la

microfinance, qui consistent à être profitable et à avoir une portée importante auprès des

populations qui n’ont pas accès aux services financiers. La plupart des programmes de

microfinance ne sont pas encore arrivés à combiner les deux objectifs.

Cependant, dans le cas des institutions de microfinance indiennes, l’étude réalisée par de

Crombrugghe et al. (2008) montrent qu’il est possible pour les IMF de couvrir les coûts

engendrés par l’octroi de prêts de petit montant et de prêts non garantis sans chercher à

augmenter le montant des prêts et les coûts de contrôle des clients. Ainsi, la poursuite

d’objectifs sociaux n’affecte pas négativement la capacité de réaliser des résultats

financiers positifs. Les IMF peuvent assurer leur viabilité tout en restant concentrées sur la

fourniture des services financiers aux populations pauvres. Cette étude montre donc que les

deux objectifs poursuivis par les IMF ne sont pas contradictoires.

51 Selon Copestake (2007), le terme mission drift fait référence à un changement dans les préférences d’une

IMF qui s’opère d’une façon non visible ou non planifiée et qui est aussi endogène (ou une réponse aux

performances passées). Autrement, le terme signifie un changement ex-post dans les préférences fixées pour

s’adapter aux résultats non prévus.

Page 131: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

121

Par ailleurs, en analysant les données d’un échantillon composé de 124 IMF originaires de

49 pays sur une période comprise entre 1999 et 2002, Cull et al. (2007) trouvent qu’il est

possible d’atteindre à la fois les deux objectifs de la microfinance : poursuivre

agressivement des objectifs à caractère commerciaux sans pour autant s’éloigner de la

mission sociale. Les auteurs nuancent leurs résultats en montrant que le sous-échantillon

formé des IMF utilisant la méthodologie du prêt individuel réalise en moyen un profit plus

élevé mais sa performance en termes de portée est faible par rapport aux autres IMF. Les

résultats pour les IMF de grande taille et celles qui sont plus anciennes montrent que plus

une institution se développe et arrive à la maturité, plus elle se concentre de plus en plus

sur les clients qui peuvent se permettre de demander des prêts importants.

Ejigu (2009) trouve une relation positive entre la taille moyenne des prêts et

l’autosuffisance opérationnelle, d’une part, et une relation négative entre le nombre de

femmes parmi les clients d’une IMF et l’autosuffisance opérationnelle, d’autre part.

Comme la variable taille moyenne des prêts et la variable nombre de femmes sont des

indicateurs de la portée d’une IMF, alors les relations trouvées avec l’autosuffisance

opérationnelle montrent qu’il existe un certain arbitrage entre la performance financière et

la performance sociale des IMF dans le cas de l’Ethiopie. Cependant, en analysant un

échantillon du même pays, Kereta (2007) ne trouve aucune preuve d’un éventuel arbitrage

entre les deux objectifs, même si les résultats montrent une corrélation positive entre les

deux.

Pour sa part, Hartarska (2005) trouve des résultats qui montrent que, dans le cas des IMF

de la région Europe Centrale, Europe de l'Est et les Etats nouvellement indépendants, la

présence des représentants de certaines catégories de parties prenantes dans de conseil

d’administration peut mener les IMF à faire des arbitrage entre la portée et la viabilité.

Ainsi, les résultats montrent que la présence des représentants des bailleurs de fonds dans

le CA a un impact positif sur la portée et un impact négatif sur la viabilité. L’inverse de ses

résultats est constaté lorsque des représentants des clients sont présents dans le conseil

d’administration des institutions de microfinance.

En résumé, nous pouvons dire que, en poursuivant leurs objectifs stratégiques, les

institutions de microfinance font face au risque de dévier de leur mission principale ou

Page 132: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

122

d’arbitrage entre la performance sociale et la performance financière. Ce risque dépend

principalement des caractéristiques des IMF et de leur lieu d’exercice.

2.3.4 Impact de la microfinance

La microfinance a pour objectif essentiel de palier aux imperfections du marché du crédit

en permettant aux populations exclues des systèmes financiers classiques d’accéder à une

panoplie de services financiers et autres services complémentaires. La microfinance est

utilisée, dans la plupart des pays en développement, comme un outil de développement qui

fait partie des politiques mises en place par les gouvernements pour lutter contre la

pauvreté. Faciliter l’accès aux services financiers est supposé permettre d’augmenter la

productivité et d’améliorer les revenus des personnes pauvres et par conséquent de leur

offrir de bonnes conditions de vie. Il faut donc apporter les preuves que la microfinance

arrive à atteindre les objectifs attendus. Selon Armendáriz et Morduch (2010), les études

portant sur l’impact de la microfinance sur les conditions de vie des participants cherchent

essentiellement à déterminer si la microfinance arrive à faire la différence dans les

conditions de vie des personnes qui participent à ses programmes par rapport à une

situation où ces mêmes personnes n’ont pas accès aux programmes de la microfinance.

Gubert (2005) identifie trois grandes questions traitées par les études relatives à la mesure

de l’impact de la microfinance :

Premièrement, est-ce que la microfinance arrive à atteindre les plus pauvres ?

Deuxièmement, est-ce que les programmes de la microfinance aident à faire sortir

durablement les populations ciblées de la pauvreté ?

Troisièmement, est-ce que le rapport coût/bénéfices de la microfinance est

favorable par rapport aux autres moyens possibles de la lutte contre la pauvreté ?

Les réponses apportées à ce genre de questions permettront certainement de comprendre

les mécanismes à travers lesquelles la microfinance peut être un levier du développement.

Ce qui va améliorer la redéfinition des politiques de développement mises en place par les

gouvernements.

Page 133: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

123

Armendáriz et Morduch (2010) notent que la microfinance suscite beaucoup d’intérêt.

Cependant, jusqu’ici, il y a étonnamment peu d’études empiriques de l’impact net de la

microfinance. Cette situation peut être due aux difficultés spécifiques à genre d’études. En

effet, plusieurs auteurs s’accordent à considérer la mesure de l’impact de la microfinance

comme étant un exercice très difficile d’un point de vue méthodologique52

. Gubert (2005)

renvoi les difficultés rencontrées dans les études d’impact à un manque de données fiables

et à la difficulté à mesurer de façon rigoureuse l’impact d’un programme de microfinance

sur la pauvreté. Par ailleurs, Boyé et al. (2006) identifient les principales difficultés de la

mesure de l’impact comme étant relative : à l’attribution de l’impact et à la fongibilité du

crédit.

2.3.4.1 Attribution de l’impact

Lorsqu’on constate une amélioration dans la situation d’un client, il est très difficile

d’affirmer si cette amélioration est la conséquence directe du microcrédit ou de d’autres

événements heureux qui sont survenus durant la période de l’étude, comme : un héritage, la

cession d’un terrain, un membre de la famille qui obtient un travail, etc. L’amélioration

peut avoir aussi pour origine une conjoncture économique favorable ou une pluviométrie

abondante dans les zones agricoles.

2.3.4.2 Fongibilité du crédit

La monnaie est un bien particulier du fait qu’elle peut être employée pour différentes

utilisations : on parle ainsi de la fongibilité de la monnaie. La fongibilité du crédit signifie

que le crédit peut être utilisé pour financer différentes activités d’investissement ou pour la

consommation. Il est donc très difficile d’identifier sa destination finale et de calculer avec

certitude le taux de rentabilité des investissements réalisé dans le cas du microcrédit. Ce

genre de problème se présente essentiellement pour les crédits à faible montant.

52 A titre d’exemple, nous citons : Yaron (2007), Khandker (1998), Boyé et al. (2006), Armendáriz et

Morduch (2010), Gubert (2005), Meyer (2002), Ayayi et Noel (2007), etc.

Page 134: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

124

Pour surmonter ces difficultés méthodologiques, Boyé et al. (2006) pointent qu’il est

impératif que les études d’impact soient menées avec beaucoup de rigueur en rassemblant

des données biens précises et en employant des méthodes économétriques pointues. Un

exemple, de ces méthodes économétriques, est donné par Gubert (2005). La méthode

consiste à observer l’évolution dans le temps des revenus d’un groupe de participants aux

programmes de la microfinance. Ensuite, il faut calculer la proportion des personnes qui

arrivent à franchir le seuil de pauvreté. Pour que l’étude soit rigoureuse, l’évaluateur

doit estimer, au même temps, ce que serait le niveau de revenu des participants s’ils

n’avaient pas bénéficié du programme. Il faut donc suivre, en parallèle, un groupe témoin

qui présente des caractéristiques semblables à celles du groupe traité et de comparer leurs

situations respectives en plusieurs points du temps.

Malgré les difficultés relatives aux études d’impact, plusieurs études ont essayé de mesurer

l’impact du microcrédit sur le revenu, l’emploi et autres aspects socioéconomiques des

clients ; tels que la fertilité, l’utilisation des moyens de contraception, l’éducation, l’accès

aux soins de santé, etc. Dans un article où il présente une synthèse d’un ensemble d’études

d’impact, Gubert (2005) arrive à la conclusion que malgré le fort engouement pour la

microfinance, celle-ci n’est pas la seule solution au problème de la pauvreté. La

microfinance a, certes, permis d’améliorer les conditions de vie des pauvres dans certaines

régions du monde. Cependant, il existe encore plusieurs cas où elle a échoué à atteindre

prioritairement les populations les plus défavorisées. L’auteur conclut aussi qu’il est très

important de réaliser plus systématiquement des études d’impact rigoureuses afin arriver à

identifier avec plus de précisions les catégories des populations qui profitent des différents

programmes de la microfinance.

Page 135: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

125

Conclusion du chapitre II

Le terme performance est très utilisé dans les différents champs disciplinaires de la gestion.

Face à cette fréquence d’utilisation qui est importante, la définition du terme se fait rare

même lorsque l’article ou le livre porte sur la performance.

La définition de la performance est un exercice très ardu. En plus d’être subjective et

dépendante des référents choisis, la performance est aussi multidimensionnelle, à l’image

des objectifs organisationnels qui sont de nature variée. Ainsi, la performance est un

concept très vague qui peut faire référence à l’efficacité à l’efficience, à la performance

organisationnelle, à la performance globale, à la performance individuelle, etc.

En traitant la performance des institutions de microfinance, nous trouvons que la définition

de la performance dépend de ce qui devrait être les objectifs poursuivis par ces institutions.

Bien que l’objectif principal de toutes les IMF soit de mettre à la disposition des personnes

pauvres un ensemble de services financiers afin d’améliorer leur condition de vie, deux

visions s’opposent dans le champ de la microfinance : l’approche institutionnaliste et

l’approche welfariste (bien-être social). Alors que ces deux courants de pensée partagent le

même objectif qui consiste à réduire la pauvreté à travers la fourniture de services

financiers, leur divergence se matérialise au niveau de ce que devraient être les rôles et les

priorités des IMF pour permettre aux populations à faible revenu d’avoir accès aux

services financiers dans les meilleures conditions : Est-ce en mettant l’accent

principalement sur l’autosuffisance financière et la viabilité institutionnelle de l’IMF, en

acceptant le risque d’exclure les plus pauvres des pauvres (l’approche institutionnaliste) ?

Ou, au contraire, en mettant l’accent sur le financement de ces derniers, avec le risque de

se retrouver avec des IMF vulnérables qui dépendent des financements externes sous forme

de subventions (L’approche welfariste)?

Selon l’approche institutionnaliste, toute IMF doit être en mesure d’atteindre sa viabilité

financière (autosuffisance ou capacité de couvrir les charges par ses propres revenus sans

faire appel aux subventions), c’est-à-dire la capacité de réaliser des profits. Ainsi, l’IMF

aura la capacité de faire appel à des fonds privés afin d’accroître son activité principale qui

Page 136: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

126

est le financement des besoins de la population pauvre. La performance dans ce cas sera la

viabilité financière des IMF. Certains auteurs ayant adopté l’approche institutionnaliste,

sont intéressés par la mesure de la performance financière. Les ratios utilisés donc sont des

ratios comme : le ratio de l’autosuffisance opérationnelle, le ratio de l’autosuffisance

financière, le ratio de remboursement des crédits, le ROA (Return On Assets), etc.

Selon l’approche welfariste, la recherche de la rentabilité financière par une IMF peut être

un obstacle devant l’objectif social de la microfinance. Comme les pourvoyeurs de fonds

des IMFs ne sont pas motivés par la réalisation des profits financiers, ils accepteront des

performances financières faibles en contrepartie de retombées positives en termes de

réduction de la pauvreté. La performance dans ce cas sera définie en termes de la capacité

des IMF à financer les pauvres et spécialement les plus pauvres des pauvres. Pour évaluer

cette performance, les auteurs qui adoptent l’approche welfariste utilisent certains ratios

comme le niveau de crédit octroyé, le pourcentage des femmes qui empruntent auprès de

l’IMF, la variété des produits et service de l’institution, etc.

Mis à part ce débat, différents intervenants du secteur de la microfinance ont proposé

différents critères pour évaluer la performance des institutions de la microfinance. Notre

attention a été retenue par l’approche proposée par Ledgerwood (1999) et les approches

utilisées par les agences de notation des IMF, notamment : CAMEL, PEARLS, GIRAFE,

la méthodologie utilisée par MicroRate et enfin celle utilisée par M-CRIL. La notation ou

le rating consiste en l’attribution d’une note à une IMF sur la base de ses principales

caractéristiques mesurées par différents ratios qui peuvent être quantitatifs, qualitatifs ou

les deux à la fois.

Les IMFs sont généralement caractérisées par la poursuite de deux objectifs :

En tant qu’institution financière, elles ont un objectif économique (la viabilité) ;

En tant qu’institution de développement, elles ont un objectif social (la portée).

L’analyse d’un ensemble d’articles, nous permet d’identifier certains facteurs déterminants

de la performance des IMF. Nous trouvons que la viabilité financière d’une institution de

microfinance est définie comme étant la capacité de couvrir toutes les charges supportées

Page 137: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

127

par les produits générés sans tenir compte des différentes subventions dont bénéficient

généralement les IMF. La viabilité financière à deux dimensions :

L’autosuffisance opérationnelle : la capacité de couvrir toutes les charges liées à

l’exploitation de l’activité en utilisant les revenus dégagés par cette activité.

L’autosuffisance financière : Une IMF atteint son autosuffisance financière

lorsqu’elle arrive à couvrir toutes ses charges même après avoir tenu compte de

l’inflation et corrigé ses revenus pour tenir compte des différentes subventions

reçues.

Les résultats montrent que les IMF leaders qui publient publiquement leurs données sont

en grandes parties viables. Cependant, faute de la disponibilité des données sur les autres

IMF (qui représentent la majorité), il est donc très difficile de généraliser ce constat.

D’autre part, même si les résultats des différentes études analysées ne sont pas tous

concordants, nous retenons que la performance financière des IMF est influencée

positivement par les facteurs suivants : la qualité du portefeuille de crédit, le taux d’intérêt

appliqué par l’IMF, la qualité de la gestion, l’âge de l’IMF, la gouvernance et, enfin, le

nombre de clients d’une IMF. Ce dernier facteur est un indicateur de la portée des activités

des IMF. Cependant, d’autres résultats montrent une relation négative entre la performance

financière et le degré de la portée.

La portée des activités d’une IMF (performance sociale) fait référence à la capacité de

mettre sur le marché des produits financiers de qualité accessibles à un grand nombre de

clients au sein de la clientèle ciblée, notamment les clients les plus pauvres. Deux

indicateurs sont généralement utilisés pour évaluer la portée des services des IMF :

L’étendue de la portée : le nombre de clients servis par une IMF avec ses

différents instruments ;

Le degré de la portée : le type de clients servis par une IMF et leur niveau de

pauvreté.

De même que pour la performance financière, les résultats en ce qui concerne

l’identification des facteurs qui ont un impact sur la portée des activités des IMF ne sont

pas tous en accords. Cependant, nous notons que, d’une part, la performance sociale est

Page 138: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

128

positivement influencée par la gouvernance, l’utilisation de la dette et la capacité de

collecter de l’épargne. D’autre part, la méthodologie du crédit individuel a un impact

négatif sur la performance sociale des IMF.

Quoique certaines institutions de microfinance aient pu arriver à atteindre les deux

objectifs de la microfinance, une grande majorité n’y est pas encore arrivée. En effet, les

IMF peuvent être tentées de faire un arbitrage entre la viabilité financière et la protée ou de

se trouver après plusieurs années d’exercice dans une situation connue comme la dérive de

la mission principale.

Les études qui ont analysé l’impact des IMF sur les conditions de vie de leurs clients

cherchent à répondre, notamment, à trois questions. La première question concerne la

capacité de la microfinance à atteindre les plus pauvres. La deuxième question traite la

capacité des programmes de la microfinance à faire sortir durablement les populations

ciblées de la pauvreté. Enfin les chercheurs vérifient si le rapport coût/bénéfices de la

microfinance est favorable par rapport aux autres moyens possibles de la lutte contre la

pauvreté.

Apporter des réponses satisfaisantes à ces questions est une tâche très difficile. La raison

est que les études d’impact manquent de données fiables et de méthodologies rigoureuses

qui permettent de mesurer d’une façon fiable l’impact d’un programme donné de

microfinance sur la pauvreté.

Malgré ces difficultés, certaines études ont essayé d’analyser l’impact de la microfinance.

Les résultats trouvés montrent que les activités des IMF ont permis d’améliorer les

conditions de vie des pauvres dans certaines régions du monde. Cependant, il existe encore

plusieurs cas où elle a échoué à atteindre prioritairement les populations les plus

défavorisées.

Page 139: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

129

Chapitre III

CONTEXTE DE L’ETUDE ET DEMARCHE

METHODOLOGIQUE

L’année 2008, année de la crise du système financier international, coïncide avec l’année

de la crise du secteur de la microfinance marocain, le taux des créances en souffrance a

passé de 1,0 % en 2005 et 2006 à 5,3 % en 2008 pour culminer à 6,4 % en 2009. Le

système financier international a-t-il participé à cette situation ? Ce n’est pas sûr. Bien que

la crise financière internationale, qui s’est développée en crise économique, ait affecté à

différent degré les économies des pays qui ont des relations avec l’extérieur, et bien que le

contexte interne à chaque pays puisse avoir une influence sur les clients des IMF et sur leur

capacité de remboursement des crédits octroyés, ces facteurs ne sont pas, tel que

mentionnés par Chen et al. (2010), les principales causes de la crise actuelle du secteur de

la microfinance marocain. La crise de ce secteur, il faut la chercher dans les facteurs de la

réussite et dans l’euphorie qu’a connue le secteur marocain pendant plus d’une décennie.

Chen et al. (2010) montrent que la crise de la microfinance au Maroc et dans d’autres

pays53

est surtout due à trois facteurs internes liés à la croissance de ce secteur :

La concentration du marché et le phénomène des crédits croisés ;

Des systèmes de gouvernance et de contrôle des IMF débordés et qui n’arrivent

plus à suivre le rythme de croissance ;

La perte de la discipline de prêts des IMF.

Tel est une partie, du contexte de notre thèse, qui sera traitée dans ce troisième chapitre.

53 L’article d’Ashta et Fall (2009) a traité les causes de la crise de la microfinance dans le cas du Maroc, de la

Bosnie-Herzégovine, du Nicaragua et du Pakistan.

Page 140: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

130

Dans ce chapitre, nous tentons d’aborder le contexte de notre recherche qui porte sur la

performance des AMC marocaines. Le secteur de la microfinance a bien réussi au Maroc.

Ceci n’est pas le fait du hasard, mais plutôt le résultat d’un ensemble de facteurs qui ont

tous contribué à cette performance. Le Maroc, pays en développement, où la pauvreté reste

un problème omniprésent, qui s’est engagé dans des réformes politiques et économiques et

qui dispose d’un secteur bancaire et financier parmi les plus performants en Afrique, offre

un contexte très favorable au développement de la microfinance. Pour bien comprendre ce

développement ainsi que la particularité des AMC marocaines, nous présentons à la section

3.1 le profil du Maroc et sa situation macroéconomique. Nous traitons aussi dans cette

section le secteur bancaire marocain ainsi que le secteur de la microfinance au Maroc

depuis sa genèse jusqu’à sa récente crise ainsi que ses perspectives d’avenir.

Avant d’aller plus loin dans notre travail, la section 3.2 sera consacrée à la présentation de

notre posture épistémologique et à la démarche hypothético-déductive, qui a guidé notre

recherche jusqu’à ce point et qui va guider le reste de la recherche jusqu’à l’objectif final

de ce travail.

La section 3.3 présente la grande question ou la problématique traitée dans ce travail. Sa

déclinaison en un ensemble de questions nous a permis de formuler les hypothèses à

vérifier. A la section 3.4 nous présentons l’origine des données utilisées et l’échantillon sur

lequel porte notre travail. Le modèle retenu pour vérifier nos hypothèses ainsi que la

description des variables utilisées font l’objet de la section 3.5.

3.1 Microfinance au Maroc

Les AMC marocaines sont considérées parmi les leaders mondiaux de la microfinance.

Dans le classement Forbes de l’année 2007 des 50 meilleures IMF54

se trouve quatre AMC

marocaines. Trois AMC marocaines sont classées parmi les 15 premières IMF : FONDEP

à la cinquième position, AL AMANA à la huitième position et la fondation Banque

54 Le classement s’est fait parmi 641 IMF sur la base de quatre critères : la taille du portefeuille de crédit,

l’efficience, le risque et la rentabilité. (http://www.forbes.com/2007/12/20/microfinance-philanthropy-credit-

biz-cz_ms_1220microfinance_table.html (consulté le 03.09.11))

Page 141: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

131

Populaire à la douzième position. La fondation ZAKOURA se classe 27e dans la liste qui

compte 641 institutions de microfinance.

Par ailleurs, le microcrédit est bien perçu par ses bénéficiaires au Maroc. En effet, au cours

d’une enquête réalisée par JAÏDA (2011), la quasi-totalité des personnes interrogées

reconnaissent que les produits offerts par les AMC comptent beaucoup pour elles. Les

crédits contractés auprès des AMC sont utilisés en grande partie comme moyens de

financement des projets réalisés. En effet, l’enquête montre que la principale raison

derrière la demande d’un microcrédit est l’objectif de développer une activité génératrice

de revenu (44 % des répondants), la deuxième raison est le financement du fonds de

roulement (27 %), suivi par la réparation/acquisition de moyens de production (18 %) et

enfin le financement d’opération de consommation (10 %).

3.1.1 Profil du pays et conditions macroéconomiques55

Le Maroc est un pays situé au Nord-Ouest de l’Afrique, délimité au Nord par la Mer

Méditerranée, au Sud par la Mauritanie, à l’Est par l’Algérie et à l’Ouest par l’Océan

Atlantique. Il a obtenu son indépendance de la France en 1956. Le Maroc est une

monarchie constitutionnelle. Le payé est divisé en seize régions, dont la plus importante est

la région du Grand Casablanca, avec une population supérieure à 3,6 millions d'habitants,

dont seulement moins de 150.000 ruraux.

3.1.1.1 Situation démographique et économique du Maroc.

La population du Maroc est estimée par le HCP à fin 2009 à 31,51 Millions de personnes.

Le taux d'accroissement démographique annuel moyen entre le recensement de 1994 et

celui de 2004 est de 1,4% contre 2,1% entre 1982 et 1994. Les personnes qui sont âgées de

15 ans et plus sont estimées à 22,68 millions de personnes dont 11,31 millions sont actives.

La population active occupée a atteint 10,46 Millions de personnes dont 51,0% résident en

55 Les statistiques présentées dans cette sous-section proviennent essentiellement de : le Haut-Commissariat

au Plan (www.hcp.ma), le site du ministère de l’économie et des finances marocain (www.finances.gov.ma)

et le site du gouvernement du Maroc (www.maroc.ma).

Page 142: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

132

milieu rural. Ainsi, le taux de chômage de la population active est de 9,1 % en 2009 contre

9,6 % en 2008. Le taux de chômage est plus élevé auprès de la population urbaine : 13,8 %

(14,7 % en 2008) contre 4 % (4 % en 2008) en milieu rural. Même si ces taux restent

élevés, leur comparaison aux taux de chômage atteint en 1999 (13,8 % à l’échelle nationale

dont 22 % en milieu urbain et 5,4 % en milieu rurale) permet de remarquer l’importance

des efforts déployés par les pouvoirs publics pour combattre ce fléau au sein de la

population.

Les femmes qui représentent 50,7 % de la population marocaine ne représentent que 26,5%

de la population active âgée de 15 ans et plus, ce taux est de 31,7 % en milieu urbain

contre 21,9 % en milieu rural.

L’économie marocaine a réalisé en 2009 un PIB de 736,2 Milliards de DH contre 688,8

Milliards de DH en 2008. En 2009, le taux de croissance de l’économie était de 4,8 %

contre 5,6 % en 2008. Au cours de cette année la valeur ajoutée du secteur agricole a

augmenté de 30,6 % en volume (16,3 % en 2008), la valeur ajoutée des autres secteurs

d’activité était de 1,0 % (4,1 % en 2008). Selon, le HCP (2010c), la croissance économique

continue à être tirée par la demande finale intérieure.

La figure III-1 montre l’influence du secteur agricole sur le taux de croissance de

l’économie du Maroc. L’agriculture, étant tributaire des conditions climatiques, a un taux

de croissance qui connaît des fluctuations très importantes.

Avec l’avènement du règne du Roi Mohammed VI en 1999, Le Maroc s’est engagé dans

un vaste chantier de réformes économiques et sociales qui ont eu pour conséquence un

impact remarquable sur la société et sur l’activité économique. Le PIB par tête aux Maroc

est de 23.242 DH par habitant en 2009 contre 22.095 DH en 2008. Ce PIB par tête était de

13.872 en 1999 et n’a cessé d’augmenter depuis cette date (figure III-2). Au cours des dix

dernières années, l’économie nationale a connu une croissance économique forte et durable

conjuguée à une baisse de la volatilité de son PIB, une maîtrise de l’inflation et un

équilibre des fondamentaux macroéconomiques. Les évolutions qu’a connues l’économie

marocaine témoignent du renforcement de sa vigueur et de sa capacité d’adaptation aux

Page 143: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

133

années de sécheresses répétitives et aux mutations rapides que connaît l’environnement

international (DEPF, 2011).

Figure III-1: Taux de croissance du PIB, de la VA agricole et de la VA hors agricole

(en % base 1998)

La crise de l’année 2008 qui a touché les sphères financières et économiques à l’échelle

internationale n’a pas épargné l’économie marocaine, notamment les secteurs qui sont les

plus exposés à la conjoncture internationale, tels que le tourisme, les transferts des

marocains résidents à l’étranger, l’industrie automobile, etc. Cependant, le Maroc a pu

amortir les effets négatifs de la demande extérieure devenue faible à cause de la crise. Cet

amortissement a pu être réalisé grâce à la persistance de la demande intérieure, aux efforts

en matière d’investissement ainsi qu’au secteur financier marocain bien structuré.

-25%

-20%

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

20%

25%

30%

35%

1999 2001 2003 2005 2007 2009

VA agricole (y compris pêche) VA hors agricole PIB

Source : Haut-Commissariat au Plan : www.hcp.ma (consulté le 07.09.10)

Page 144: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

134

Figure III-2 : PIB par tête en DH (base 1998)

Le taux d’inflation en 2009 a été de 1,0 % contre 3,7 % en 2008. Durant la période 2003 -

2010, l’inflation était à un niveau maîtrisé de 1,9 % contre 9,3 % entre les années 1990 -

1997 et 1,7 % pour la période de 1998 - 2002.

Tableau III-1 : Principaux indicateurs de l’économie marocaine (année 2009)

PIB 736,2 Millions de DH

PIB par tête 23 242 DH

Taux de croissance du PIB 4,8 %

Taux d’inflation 1%

Taux de chômage 9,1 %

Population 31,51 Millions de personnes

Taux de croissance de la population 1,4 % (entre les recensements de 1994 et 2004)

Taux de pauvreté 8,9 % (année 2007)

Nombre de personnes vivant au-

dessous du seuil de la pauvreté 2,8 millions de personnes (année 2007)

Source : Haut-Commissariat au Plan : www.hcp.ma (consulté le 07.09.10)

-

5 000

10 000

15 000

20 000

25 000

1999 2001 2003 2005 2007 2009 2011

PIB/tête

PIB/tête

Source : Haut-Commissariat au Plan : www.hcp.ma (consulté le 07.09.10)

Page 145: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

135

3.1.1.2 Pauvreté au Maroc

Le Maroc, comme tout autre pays en développement, a inscrit depuis longtemps la lutte

contre la pauvreté et l’exclusion ainsi que l’amélioration des indicateurs de développement

humain parmi les objectifs primordiaux des différentes réformes engagées par les autorités

publiques.

En 2010, le HCP a établi un rapport intitulé : carte de la pauvreté 2007, qui porte sur la

situation socio-économique du Maroc. Le rapport offre un diagnostic régional, provincial

et communal de la pauvreté relative, la vulnérabilité économique et l’inégalité des

dépenses de consommation pour l’année 2007. Ainsi, on trouve dans ce rapport que le

nombre de personnes vivant au-dessous du seuil de la pauvreté56

en 2007 s’élève à 2,8

millions de personnes, soit un taux de pauvreté de la population de 8,9 % contre 16,3 % en

1998. Ce taux est de 8,8 % en 2008.

Le taux de pauvreté relative a connu une baisse remarquable entre les années 2001 et 2007,

il a ainsi passé de 15,3 % à 8,9 % au niveau national, de 7,6 % à 4,8 % en milieu urbain, et

de 25,1 % à 14,4 % en milieu rural. Le taux de vulnérabilité57

a connu la même tendance

pour la période concernée, il a passé de 22,8 % à 17,5 % au niveau national, de 16,6 % à

12,7 % en milieu urbain, et de 30,5 % à 23,6 % en milieu rural.

Les efforts engagés par les pouvoirs publics ont permis que le nombre des provinces qui

ont un taux de pauvreté inférieur à 10 % a augmenté, tandis que le nombre des provinces

qui ont un taux de 10 % et plus a connu une diminution sensible. Sur un total de 1.689

communes, le taux de pauvreté est :

Inférieur à 10 % dans 603 communes ;

56 En se fondant sur le concept de la pauvreté tel qu’il est défini par les normes internationales, le HCP définit

une personne pauvre comme toute personne membre d’un ménage dont la dépense de consommation par

personne est inférieure au seuil de pauvreté relative. En 2007, ce seuil est estimé à 3.834 DH par personne et

par an en milieu urbain et il est de 3.569 DH par personne et par an en milieu rural.

57 Selon le HCP, une personne vulnérable est définie comme toute personne membre d’un ménage dont la

dépense de consommation par personne et par an est comprise entre 3.834 DH et 5.751 DH dans le milieu

urbain, et entre 3.569 DH et 5.353 DH dans le milieu rural. Bien qu’une personne vulnérable ne soit pas

considérée comme pauvre, elle est toutefois considérée comme un individu qui vit sous la menace de la

pauvreté.

Page 146: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

136

Compris entre 10 % et 20 % dans 775 communes ;

Compris entre 20 % et 30 % dans 263 communes ;

Supérieur à 30 % que dans 48 communes.

La proportion des communes dont le taux de pauvreté est inférieur à 10 % s’élève à 65,7 %

dans le milieu urbain contre 26,7 % dans le milieu rural.

Selon le HCP (2010b), la baisse des indices de la pauvreté est due à :

La croissance pro-pauvre des niveaux de vie ;

La stabilité des inégalités sociales durant la période ;

Aux progrès sensibles réalisés dans le domaine du développement humain ;

Une action volontaire de ciblage de la pauvreté et de la vulnérabilité.

Le niveau de vie a connu une croissance de 3,2 % par an entre 2001 et 2007 par rapport à

1,2 % seulement entre les années 1985 et 2001. Durant cette dernière période, le taux de

pauvreté a diminué de 8,6 % par an contre 2,0 % par an durant la période 2001 – 2007.

Le lancement de l’initiative nationale pour le développement humain (INDH)58

a permis de

constater une baisse de la pauvreté de 41 %, entre 2004 et 2007, dans les communes rurales

ciblées par l’INDH contre 18 % seulement dans les autres communes rurales.

Selon le rapport mondial de l’année 2010 sur le développement humain (PNUD, 2010), le

Maroc est classé parmi les 10 pays qui ont fait le plus avancer le développement humain de

leur population. Cependant, avec un indice de développement humain (IDH)59

de 0,567, le

Maroc se classe 114e parmi les 169 pays classés sur l’échelle de l’indice de développement

58 L’initiative nationale du développement humain est une démarche d’envergure, lancée par S.M. le Roi

Mohammed VI en 2005, pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion. L’objectif de l’INDH est de rompre

avec les anciennes méthodes de lutte contre la pauvreté comme les actions caritatives et l’assistance

ponctuelle. L’INDH cherche à s’attaquer au déficit social en élargissant l’accès aux services sociaux de base,

en encourageant les activités génératrices d’emplois et de revenus stables, en adoptant une action créative

envers le secteur informel et en venant en aide aux personnes souffrant d’une grande vulnérabilité ou ayant

des besoins spécifiques. (Portail national du Maroc : www.maroc.ma).

59 Selon le PNUD (2010), l’indice de développement humain (IDH) est conçu et utilisé par le PNUD depuis

1990. L’IDH est utilisé pour mesurer le développement des pays en tenant compte à la fois du revenu

national, de l’espérance de vie et de l’alphabétisation.

Page 147: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

137

humain (IDH) établi par le PNUD. Le Maroc fait ainsi partie du groupe des pays qui ont un

niveau de développement humain moyen.

Le PNUD (2010) salue les efforts du Maroc pour lutter contre la pauvreté et l’exclusion et

pour l’amélioration des indicateurs de développement humain. Toutefois, le classement du

Maroc sur l’échelle de l’IDH ainsi que le taux d’analphabétisme qui est de 39,7 % en 2009

(40,5 % en 2008) montrent qu’il reste beaucoup de travail à faire, non seulement par les

autorités publiques mais aussi par tous les acteurs de la société, notamment les associations

de microcrédit.

3.1.1.3 Secteur bancaire au Maroc60

Le secteur financier, en général, joue un rôle très important dans le développement de

l’activité économique et dans le renforcement de la croissance. Le secteur bancaire est la

principale composante du système financier marocain, il représente 60 % des actifs du

système financier en 2007. L’année 2010 s’est caractérisée par le lancement officiel par

Barid Al-Maghrib de sa banque : Al Barid Bank. Cette banque, qui regroupe les produits et

les services financiers de Barid Al Maghrib, est devenue opérationnelle à partir du 8 juin

2010. Ainsi, en bancarisant les segments de la population à faibles revenus dans les zones

rurales et périurbaines, cette opération vise à atteindre un taux de bancarisation de 50 % à

fin 2010.

a. Présentation du secteur bancaire marocain

Le nombre de guichets bancaires en 2009 est de 4.425 points de ventes (dont 887 guichets

de la banque postale). Au cours des trois dernières années, les banques sont arrivées à

60 Ce paragraphe est préparé essentiellement sur la base des articles suivants :

- Bank Al-Maghrib, (2010), « Rapport annuel sur le contrôle, l’activité et les résultats des

établissements de crédit : exercice 2009 ». Rabat : Bank Al-Maghrib, 134 p.

- DEPF, (2008), « Système financier marocain : Pour une convergence accélérée vers les standards de

l’Union Européenne ». Rabat : Ministère de l’Economie et des Finances, Direction des Etudes et des

Prévisions Financières (DEPF), 24 p.

- DEPF, (2009), « La décennie des réformes et du progrès : pour un Maroc moderne et solidaire 1999-

2009 ». Rabat : Ministère de l’Economie et des Finances, Direction des Etudes et des Prévisions

Financières (DEPF), 96 p.

Page 148: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

138

ouvrir 1.091 agences, ce qui est équivalent au nombre d’agences ouvertes en dix ans, entre

1997 – 2006. Ceci a ramené la densité bancaire61

à 7.100 habitants par guichets. Cette

densité varie entre 3.436 habitants par guichet dans la région du Grand Casablanca et

12.163 habitants par guichet dans la région de Doukkala-Abda. Le nombre total des

comptes ouverts auprès des banques est d’environ 15 millions de comptes, en hausse de 10

%. Le taux de bancarisation62

s’est apprécié en passant de 43 % en 2008 à 47 % en 2009, il

était de 39 % en 2007 (Bank Al-Maghrib 2009).

Tableau III-2 : Chiffres clés du système bancaire marocain (2009)

Nombre d’établissements de crédit et organismes assimilés : 84

• Banques : 19

• Sociétés de financement : 36

• Banques offshore : 6

• Associations de micro-crédit : 12

• Stés. intermédiaires en matière de transfert de fonds : 9

• Autres établissements : 2

Réseau

• Nombre de Guichets : 4.425

• Nombre d’habitants par guichet : 7.100

• Filiales à l’étranger : 18

• Agences et succursales à l’étranger : 71

• Bureaux de représentation à l’étranger : 58

• Guichets automatiques bancaires : 4.144

Effectif des établissements de crédit et organismes assimilés

(nombre d’agents) : 41.200

Source : Bank Al-Maghrib : Rapport annuel sur le contrôle, l’activité et les résultats des

établissements de crédit : exercice 2009.

61 La densité bancaire est calculée en rapportant le nombre total de la population au nombre de guichets

bancaires (Bank Al-Maghrib, 2009).

62 Le taux de bancarisation est calculé par le rapport entre le nombre total des comptes et la population totale

(Bank Al-Maghrib, 2009).

Page 149: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

139

Avec le dynamisme qu’il connaît depuis plusieurs années, le secteur bancaire marocain se

distingue par (DEPF, 2008) :

Un degré de diversification assez développé comparable à celui du Mexique ou de

la Corée du Sud ;

Une profondeur et une solidité financière qui se situe au-dessus de la moyenne

régionale. Le système bancaire marocain est conforme aux règles prudentielles

édictées par les standards internationaux ;

Le fait qu’il est considéré comme l’un des secteurs les plus performants de la

région sud-méditerranéenne.

Le poids du secteur bancaire dans le financement de l’économie nationale est reflété par le

volume du crédit à l’économie octroyé par le secteur bancaire. Ces crédits totalisent un

encours de 568 milliards DH en 2009 soit 77 %63

du PIB à prix courants (75% en 2008 et

72% en 2007). Ce ratio a connu une nette amélioration entre les années 2001 et 2009, il

était aux alentours de 51 % seulement en 2001. D’autre part, le ratio se situe au-dessus de

la moyenne de la région MENA64

(58 % en 2007). Malgré les effets de la crise

internationale qui a touché essentiellement les secteurs économiques les plus dépendants

de la demande externe, la qualité des actifs bancaires, mesurée par le ratio des créances en

souffrance qui se situe au niveau de 5,5 % en 2009 (6% en 2008 et 7,9% en 2007), a

continué sur sa tendance baissière. Ce ratio s’est amélioré par rapport à l’année 2004 où les

créances en souffrance ont représenté 19,4%. La marge d’intérêt est de 76 % du produit net

bancaire (PNB) en 2007, alors qu’elle n’est que de 44,2 % en France la même année.

L’écart se justifie par le niveau de risque que présente l’économie marocaine par rapport à

l’économie de la France.

À l'instar des systèmes bancaires des pays en développement, le secteur bancaire au Maroc

connaît un degré de concentration assez élevé :

63 Le volume du crédit à l’économie octroyé par le secteur bancaire peut être mesuré par la part des prêts en

pourcentage du PIB (DEPF, 2008).

64 MENA est l'acronyme de : Middle East and North Africa, en français Moyen-Orient et Afrique du Nord.

MENA désigne une grande région, qui va du Maroc au nord-ouest de l'Afrique jusqu'à l'Iran au sud-ouest de

l'Asie, qui comprend généralement tous les pays du Moyen-Orient et de l'Afrique du Nord.

Page 150: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

140

Les trois premières banques totalisent 66 % du total des actifs en 2009 (65 % en

2008 et 63,4 % en 2007) ;

Les cinq premières banques totalisent 81,8 % du total des actifs en 2009 (80,9 % en

2008 et 81,1 % en 2007).

Le secteur bancaire a connu la naissance de grands conglomérats financiers regroupant

toute la gamme des services financiers et qui sont présents non seulement à l’échelle

nationale mais aussi à l’échelle internationale, notamment en Afrique subsaharienne. Les

participations détenues dans les établissements de crédits étrangers se chiffrent à 6,8

milliards DH en 2009 (une variation de +43 % par rapport à l’année 2008). Ce montant

représente 28 % du total des participations détenues par les banques marocaines.

b. Réforme du secteur bancaire

Afin d’assurer à son système financier une plus grande cohérence et une meilleure

compétitivité, le Maroc s’est engagé, depuis deux décennies, dans d’importantes réformes

du secteur bancaire, des marchés des capitaux, du secteur des assurances, de la politique

monétaire et de la politique de changes. Le secteur bancaire, en particulier, a connu depuis

le début des années quatre-vingt-dix de nombreuses réformes qui ont permis une profonde

mutation de son cadre réglementaire et institutionnel. À travers ces réformes, le législateur

cherche à doter le Maroc d’un secteur bancaire moderne et solide qui soit capable d’assurer

la mobilisation efficace de l’épargne et son allocation efficiente dans le circuit

économique, d’une part, et qui soit aligné sur les normes et standards internationaux,

d’autre part.

Le secteur bancaire a donc connu la suppression de l’encadrement du crédit, la

libéralisation du taux d’intérêt débiteur et du taux d’intérêt créditeur. Le Maroc a aussi opté

pour une politique monétaire expansionniste qui s’est concrétisée par une réduction des

taux directeurs de la banque centrale sur le marché monétaire et la réduction des réserves

obligatoires. La privatisation des banques publiques a permis une présence importante des

banques étrangères dans le capital des banques nationales, notamment les banques

françaises, telles que : la BNP Paribas, la Société Générale et le Crédit Agricole Indosuez.

Page 151: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

141

Le Maroc s’est aussi engagé dans des opérations de restructuration et/ou d’assainissement

des banques spécialisées, telles que : la CIH ou le Crédit Agricole.

En général, les réformes ayant touché le secteur bancaire marocain se sont opérées autour

de trois axes65

:

La refonte du cadre législatif régissant l’activité des banques : principe de la

banque universelle, protection des déposants, surveillance du système bancaire ;

Le renforcement de la réglementation prudentielle en conformité aux normes

internationales : la solvabilité, la liquidité, la gestion des risques, etc.

La déréglementation de l’activité bancaire : libéralisation des taux et suppression

des emplois obligatoires.

Les textes juridiques et réglementaires régissant les établissements de crédit sont :

Les statuts de la banque centrale du Maroc : Bank Al-Maghrib. Cette banque est

chargée de superviser et de réglementer le secteur bancaire marocain. Elle a

l’autonomie en matière de la conduite de la politique monétaire pour éviter les

conflits d’intérêts entre la politique budgétaire et la politique monétaire.

La loi relative aux établissements de crédit et organismes assimilés. Les organismes

assimilés sont les organismes ayant une activité bancaire, tels que : la caisse de

dépôt et de gestion (CDG), la Caisse Centrale de Garantie, la Poste et les

associations de microcrédit.

La loi relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux. Cette loi a été adoptée

en 2007 pour se conformer à la convention de l’ONU relative à la lutte contre le

blanchiment d’argent, le financement du terrorisme et la lutte contre la criminalité

transnationale organisée. À travers cette loi, le Maroc cherche à consolider son

intégration dans l’économie internationale et à renforcer la transparence du système

économique et financier.

65 Dans ce paragraphe, nous nous contentons de présenter les réformes ayant touchées le secteur bancaire

seulement. Le lecteur intéressé par les réformes des autres composantes du secteur financier marocain, peut

consulter, à titre indicatif, l’article : DEPF, (2008), « Système financier marocain : Pour une convergence

accélérée vers les standards de l’Union Européenne ». Rabat : Ministère de l’Economie et des Finances,

Direction des Etudes et des Prévisions Financières (DEPF), 24 p.

Page 152: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

142

Les réformes engagées aux cours des deux dernières décennies ont permis au secteur

bancaire marocain de réaliser de bonnes performances. Cependant, la comparaison avec la

zone euro montre tout le travail qui reste à faire. Par exemple, la part des prêts en

pourcentage du PIB qui est au Maroc de 72 % en 2007 est nettement inférieure à celui de la

zone euro qui se chiffre à 109,6% la même année. Cet écart est non seulement dû au

décalage entre les économies respectives et leur dynamique de croissance, mais il peut être

aussi dû à la sélectivité des établissements de crédit marocains, qui ne retenient que les

agents présentant le meilleur risque, ou encore à la réticence des banques à octroyer des

crédits aux petites et moyennes entreprises. En outre, l’écart constaté peut être expliqué par

la préférence des banques marocaines pour l’investissement dans les titres de dettes publics

qui sont très liquides avec un risque presque nul.

Par ailleurs, la cadence d’ouverture des points de ventes des banques s’accélère, mais

l’implantation bancaire reste caractérisée par une forte concentration au niveau des grandes

villes. Le monde rural ne compte que 13 % du réseau bancaire.

Les insuffisances que connaît le secteur bancaire marocain, malgré les progrès réalisés,

montrent les opportunités de développement dont dispose ce secteur et le rôle que peut

jouer la microfinance pour palier, en partie, aux imperfections du marché de crédit.

3.1.2 Historique, développement et perspectives du microcrédit au Maroc

Le secteur informel est un secteur très dynamique au Maroc, il occupe une place très

importante dans la création d’activités génératrices de revenus et dans la résorption du

chômage parmi la population à faible revenu. En 2007, le Maroc compte 1,550 millions

d’unités de production informelles (UPI), avec un rythme de création de 40.000 nouvelles

unités par année entre 1999 et 2007. 70 % des UPI sont localisées en milieu urbain. Les

femmes dirigent 10 % des UPI, ce taux atteint 33,33 % dans le secteur industriel. Le

nombre de personnes travaillant dans le secteur informel est de 2,216 millions de

personnes en 2007 (contre 1,902 millions en 1999). La même année, la part du secteur

informel représente 14,3% du PIB et 37,3 % des emplois crées dans le secteur non agricole

(HCP, 2009).

Page 153: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

143

Mejjati Alami (2006) note que parmi les problèmes essentiels rencontrés par les chefs des

unités du secteur informel, on trouve le manque de ressources financières. À titre

d’exemple, en 2009, la part du secteur bancaire ne représente que de 1,1 % du total des

sources de financement pour la création des UPI au Maroc. On remarque donc que, malgré

l’importance du secteur informel sur le plan socio-économique, les banques marocaines

jouent un rôle très négligeable dans le financement de ce secteur.

Pour pallier à cette situation et afin de permettre à un secteur qui fait travailler une bonne

partie de la population marocaine, certains acteurs de la société ont essayé depuis 1993 de

mettre en place des systèmes de financement alternatif au système bancaire, il s’agit du

microcrédit.

3.1.2.1 Naissance du microcrédit au Maroc : 1999 - 2000

Selon Pallud (2005), la microfinance a été mentionnée pour la première fois au Maroc lors

de la conférence sur la désertification au Maroc, organisée en 1992 par Ecole Nationale

d’Agriculture de Meknès. Lamrini (2009) rapporte que la première expérience de

microcrédit au Maroc a eu lieu en milieu rural en 1993 à l’initiative de Catholic Relief

Service (CRS)66

en collaboration avec l’Association Marocaine de Solidarité Et de

Développement (AMSED)67

. Pour lancer les activités de microcrédit au Maroc, CRS a

choisi d’agir comme bailleur de fonds pour l’AMSED. Cette dernière avait pour tâche

d’identifier les associations qui sont aptes à offrir le microcrédit directement à la

population cible. Ainsi, la première opération de microcrédit est réalisée par l’Association

Oued Srou (AOS) avec l’appui de CRS et AMSED. AOS a accordé son premier

microcrédit à un groupe de huit femmes près de Khnéfra dans le Moyen Atlas. Cette

opération, première en son genre au Maroc, a ouvert une nouvelle ère pour la frange

pauvre de la population marocaine.

66 La CRS est une ONG américaine qui a pour mission d’apporter de l’assistance aux personnes pauvres ou

vulnérables partout dans le monde, sans aucune considération pour leur appartenance ou leur foi

(http://crs.org/about/mission-statement.cfm consulté le 01.09.11).

67 L’AMSED est une ONG marocaine créée en 1993. Elle a pour mission de renforcer les capacités des

individus et des organisations communautaires pour prendre en charge le développement humain local

(www.amsed.ma consulté le 01.09.11).

Page 154: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

144

Après la réussite des premières expériences de microcrédit en 1993, le secteur du

microcrédit au Maroc a connu une dynamique très importante. On a assisté à la création

d’au moins un organisme de microcrédit par année. Ainsi, après AMSED et AOS une autre

association va lancer son programme de microcrédit en 1994, il s’agit de l’Association

Marocaine Solidarité Sans Frontières (AMSSF)68

. Pour soutenir les actions des femmes

formées par l’association, AMSSF a donc lancé, en parallèle à ses activités, un programme

de microcrédit qui a démarré avec une dizaine de femmes du moyen atlas.

Par ailleurs, sous l’initiative d’un homme d’affaires marocain, qui veut participer au

développement de son pays à travers l’alphabétisation et le microcrédit, l’année 1995 a

connu la création de la Fondation Zakoura. Cette association travaillait principalement

dans les zones urbaines et périurbaines. La Fondation Zakoura se focalise principalement

sur les femmes défavorisées qui possèdent un savoir-faire.

Cet engouement pour le microcrédit va se poursuivre en 1996 avec, d’une part,

l’engagement dans ce secteur de l’Association des Cadres et Anciens Elèves de Tanderara

(ACAET) et, d’autre part, par la création de la Fondation pour le Développement Local et

le Partenariat (FONDEP). Cette dernière a démarré effectivement ses activités de

microcrédit en 1997. La même année, 1997, va connaître la création de l’association Al

Amana.

Le ballet va continuer avec l’entrée en scène, sous l’impulsion de personnes engagées dans

le développement de leur région, de l’Association Tétouanaise d’Initiatives Socio-

Laborales (ATIL). L’association a démarré ses activités de microcrédit en 1998 avec

l’appui de l’ONG espagnole CODESPA (Lamrini, 2009).

À cette époque, l’étude réalisée en 1997 par Porter et Mourji a montré que les clients sont

satisfaits de ce nouveau système de financement. En effet, ce dernier répond à un besoin

réel et a permis aux participants d’améliorer leur situation. Cependant, les auteurs

68 L’association AMSSF a été créée en 1994 dans le cadre du programme national d’insertion économique et

sociale des personnes économiquement faibles et de la solidarité au sein des communautés les plus démunies.

A travers des programmes de formation professionnelle et d'alphabétisation, AMSSF cherche à venir en aide

aux femmes démunies et analphabètes, à participer à leurs formations et à l’éducation des jeunes enfants.

Pour atteindre ses objectifs, l’association a lancé, en parallèle de ces activités, des activités de microcrédit

(http://www.amssfmc.ma/historique.htm (consulté le 21.09.11)).

Page 155: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

145

relèvent, qu’à cette date, les associations impliquées dans le microcrédit présentent

beaucoup d’insuffisances :

Peu d’associations ont une expérience viable en matière de distribution de

microcrédits ;

Les associations qui distribuent les microcrédits présentaient une certaine confusion

entre leur rôle social et leur rôle économique ;

Le ciblage des populations concernées est parfois mal fait ;

Manque de personnel compétent en matière de gestion.

Il est donc essentiel d’améliorer les conditions de pratique du microcrédit afin de lui

permettre de jouer avec efficacité son rôle d’instrument de lutte contre la pauvreté et

l’exclusion. Ainsi, afin d’aider le Maroc à moderniser son secteur de microcrédit, le

PNUD, avec l’aide du Fonds d’Equipement des Nations-Unis (FENU), a mis en place le

programme Microstart Maroc. L’objectif principal de ce programme, qui a commencé en

1998 pour une durée de trois ans, était d’améliorer la capacité des AMC marocaines, pour

les aider à élargir leur portée et à développer leur viabilité financière et institutionnelle69

.

Ce programme est suivi d’une deuxième phase qui a commencé en 2001.

Les huit associations vues précédemment ont continué leurs activités de microcrédit

jusqu’en 1999, lorsque l’État marocain a décidé de réglementer le secteur à travers la mise

en place d’une loi-cadre qui régit les activités du microcrédit au Maroc. Cette loi, la loi 18-

97, interdit aux associations non spécialisées de pratiquer toute opération de microcrédit.

Pour assurer la continuité de leurs activités dans ce secteur, tout en étant en conformité

avec la nouvelle loi, les associations concernées ont dû demander l’agrément du ministère

des finances marocain. Ainsi, certaines associations ont obtenu leur autorisation d’exercice

comme : Fondation Zakoura, FONDEP et Al Amana qui ont été agréées au cours de

l’année 2000. Les autres associations, qui avaient un caractère généraliste, ont dû séparer

leurs activités de microcrédit de l’ONG mère :

69 http://www.uncdf.org/francais/countries/morocco/index.php (consulté le 24.09.11).

Page 156: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

146

L’AMSED a créé, en 1999, l’institution marocaine d'appui à la micro-entreprise

(INMAA)70

.

AMSSF a créé, en 1999, Association Marocaine Solidarité Sans Frontières / Micro-

Crédit (AMSSF/MC) qui va se spécialiser en microcrédit ;

ACAET va devenir par la suite l’Association Marocaine pour l’Appui au

développement Local (AMAL). Cette dernière va créer en 1999 la Fondation Al

Karama-microcrédit (Al Karama-mc) ;

AOS a créé, en 2000, Association de Microfinance Oued Srou (AMOS) ;

ATIL, en collaboration avec l’ONG italienne APS, a créé en 2001 ATIL Micro

Crédit.

Le début des années 2000, s’est caractérisé par l’intérêt qu’ont manifesté certaines banques

marocaines au secteur du microcrédit, notamment celles qui avaient déjà une expérience

avec l’octroi des crédits de petits montants : le Groupe Banque Populaire et le Crédit

Agricole du Maroc. La première banque a créé, en 2000, la Fondation Banque Populaire

pour le Micro-Crédit (FBPMC). La deuxième banque a créé la Fondation Crédit Agricole

pour le Micro-Crédit en 2001, dont l’objectif principal est de promouvoir la

microentreprise spécialement en milieu rural. Décembre 2006, cette fondation a changé de

dénomination pour devenir la Fondation ARDI.

Nous terminons cette partie en citant Lamrini (2009, p.27) qui mentionne que :

"… Le CRS, l’AMSED, Khaddouj71

, Ahlibou72

, l’ACAET ouvrirent les premiers

la voie au début des années 90. Pendant qu’ils poursuivaient leur petit

bonhomme de chemin, le microcrédit se faisait timidement une place dans le

paysage du développement, et des acteurs d’une tout autre envergure

s’apprêtaient à les suivre.

Avaient-ils une idée de l’évolution du sillon qu’ils avaient creusé ?"

70 INMAA est une association à but non lucratif spécialisée dans le domaine du microcrédit.

http://www.inmaa.ma/presentation.html (consulté le 01.09.11)

71 Khaddoj était l’une des premières personnes formée par l’AMSD aux techniques du microcrédit. En plus

de la formation, l’AMSD lui a aussi fourni des fonds à prêter comme microcrédit. Khaddouj a créé, en 1994,

l’association AMSSF.

72 Ahlibou est le fondateur de l’association AOS avec un groupe d’amis en 1992 dans le cadre d’un projet de

lutte contre la désertification.

Page 157: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

147

3.1.2.2 Développement du microcrédit au Maroc : 2000 - 2007

L’expérience du microcrédit marocain va attirer à partir de la fin des années 1990 et le

début des années 2000 un grand nombre d’autres acteurs, dont l’impact sur le

développement du secteur est très considérable.

En 1998, le gouvernement du Maroc, avec l’assistance du PNUD, a lancé le programme

Microstart Maroc. Six associations ont pu bénéficier de l’assistance technique et financière

offerte dans le cadre de ce programme. Le budget alloué a été de 1,7 millions US$. En

apportant son appui aux AMC marocaines pendant quatre ans, ce programme a pu

contribuer significativement au développement du secteur de la microfinance au Maroc.

L’USAID a, pour sa part, apporté une assistance de plus de 16 millions US$, dont le

bénéficiaire principal a été Al AMANA (Pallud, 2005).

Un autre acteur de ce développement est le Fonds Hassan II73

qui a apporté au secteur du

microcrédit, en 2000, une assistance financière importante sous la fourme d’une

subvention qui se chiffre à 100 millions d’euros. Cet appui a été accordé en particulier aux

trois principales associations de l’époque, à savoir : Zakoura, Al AMANA et la FBPMC

(Pallud, 2005).

Au cours de l’année 2001, les AMC marocaines, qui étaient au nombre de 10 associations,

se sont regroupées en fédération : la Fédération Nationales des Associations de Microcrédit

(FNAM). Fin 2010, le nombre des AMC est de 12 associations (tableau III-3).

Tableau III-3 : Evolution du nombre d’AMC au Maroc

2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Nombre d’AMC 11 11 12 12 13 14 13 12 12

Source : Différents rapports annuels, sur le contrôle, l’activité et les résultats des établissements de

crédit de 2007 à 2010, publiés par Bank Al Maghrib (www.bkam.ma, consulté le 30.09.11).

73 Le fonds Hassan II pour le développement économique et social est fonds créé en 1999. Il est alimenté par

une part des recettes des privatisations. Son objectif est de soutenir les investissements dans le secteur

industriel. (www.maroc.ma; consulté le 29.09.11)

Page 158: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

148

Depuis son apparition au Maroc jusqu’en 2007, le secteur du microcrédit va connaître une

croissance importante et soutenue. Le nombre de clients actifs a passé de 97.000 personnes

en 2001 à 1,353 millions de personnes en 2007 et le montant total des prêts encours a passé

de 136 millions DH à 5.598 millions DH durant la même période (figure III-3 et figure

III-4). La croissance a été plus importante surtout au cours de la période 2005 – 2007.

Cependant, cette évolution très rapide n’a pas manqué de générer des problèmes parallèles

qui seront à l’origine de la crise que connaîtra le secteur à partir de l’année 2008.

Figure III-3 : Nombre de clients actifs des AMC marocaines : 2001 - 2010

Source : Fédération Nationale des Associations de Microcrédit – FNAM (www.fnam.ma ;

consulté le 29.09.11) et Amghar (2009).

-

200 000

400 000

600 000

800 000

1 000 000

1 200 000

1 400 000

1 600 000

Page 159: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

149

Figure III-4 : Montant total des prêts en cours des AMC marocaines (en DH)

2001 - 2010

Source : Fédération Nationale des Associations de Microcrédit – FNAM (www.fnam.ma ;

consulté le 29.09.11) et Amghar (2009).

3.1.2.3 Crise du secteur du microcrédit au Maroc : 2008 - 2010

Boyé et al. (2006) mettent en garde les IMF contre une croissance non maîtrisée. Les

auteurs mentionnent que lorsqu’il arrive que les institutions de microfinance donnent plus

d’importance à la croissance et à la recherche de la viabilité financière tout en négligeant

de consentir les efforts nécessaires pour la structuration de l’IMF (formalisation des

procédures, formation des équipes, etc.), il faut s’attendre à une crise de croissance. Cette

crise entraînerait une perte de contrôle de l’organisation et une dégradation des taux de

remboursement des prêts. Chen et al. (2010) rapportent que le secteur de la microfinance

au Nicaragua, Bosnie-Herzégovine et Pakistan a connu la crise de payement mentionnée

par Boyé et al. (2006) après une période de croissance élevée.

L’année 2008 est l’année où le secteur du microcrédit marocain a connu, lui aussi, cette

situation. Cette année-là, le secteur du microcrédit a connu sa première crise ; le taux des

-

1 000 000 000

2 000 000 000

3 000 000 000

4 000 000 000

5 000 000 000

6 000 000 000

Page 160: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

150

créances en souffrance a passé de 2,4 % en 2007 à 5,3 % en 2008 pour atteindre 6,4 % en

2009 (tableau III-4). La radiation des prêts était supérieure à 3 %74

.

Tableau III-4 : Taux des créances en souffrance et résultat net des AMC marocaines

2005 2006 2007 2008 2009 2010

Taux des créances en souffrance 1,0% 1,0% 2,4% 5,3% 6,4% 6,2%

Résultat net (en Milliards DH) 0,12 0,19 0,3 0,03 -0,12 0,03

Source : Différents rapports annuels, sur le contrôle, l’activité et les résultats des établissements de crédit

de 2007 à 2010, publiés par Bank Al Maghrib (www.bkam.ma, consulté le 30.09.11).

Selon le MIX75

, le facteur déclencheur de la crise a été le développement accéléré qu’a

connu le secteur du microcrédit, spécialement, entre les années 2005 et 2007. Au cours de

cette période d’euphorie, le secteur a connu l’accumulation d’un ensemble de facteurs à

problèmes, dont :

Des problèmes de gestion et de gouvernance. En effet, la Maroc, avec un

portefeuille à risque à plus de 30 jours de retard de paiement (PAR30) inférieur à 1

%, s’est positionnée comme exemple en matière de maîtrise du risque de crédit ;

Une politique d’octroi de crédit souvent trop complaisante ;

Des procédures de contrôle interne inadaptées à la croissance accélérée ;

Des systèmes d’information et de gestion souvent inadaptés aux besoins des AMC.

Toutes ces lacunes ont permis à certaines personnes de cumuler plusieurs crédits auprès

d’AMC différentes. Ces crédits, connus sous l’appellation de crédits croisés, ont entraîné le

surendettement de la clientèle. L’enquête réalisée par Planet Finance (2004) a déjà attiré

l’attention sur le problème des crédits croisés. L’enquête a montré qu’un quart des micro-

entrepreneurs cumule plus d’un prêts auprès d’AMC différentes.

Devant cette situation, les quatre principales AMC ont décidé de créer une centrale des

risques informelle gérée par Al Amana. Les AMC concernées vont donc partager entre

74 http://mixmarket.org/fr/mfi/country/Morocco/report (consulté le 30.09.11).

75 http://mixmarket.org/fr/mfi/country/Morocco/report (consulté le 30.09.11).

Page 161: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

151

elles les informations sur leur clientèle respective. Deuxième trimestre 2010, quatre autre

AMC vont rejoindre la centrale des risques mise en place76

.

Les insuffisances du contrôle interne et des systèmes d’information et de recouvrement des

AMC marocaines sont aussi relevées par le rapport annuel sur le contrôle, l’activité et les

résultats des établissements de crédit de Bank Al Maghrib (Bank Al Maghrib, 2009). Le

rapport souligne aussi le rôle de l’endettement croisé dans la crise du secteur. Au cours de

l’année 2009, la banque centrale a décidé de soumettre le secteur du microcrédit à des

normes rigoureuses de gouvernance et de contrôle interne77

.

Les effets de ces différentes actions ont commencé à donner leurs fruits à partir de 2009.

Ainsi, La création de la centrale des risques a permis de faire baisser le nombre des clients

ayant des crédits croisés de 39 % à 29% entre octobre 2008 et septembre 200978

. En outre,

l’enquête réalisée par JAÏDA (2011) montre que, grâce aux efforts déployés par les AMC,

l’endettement croisé a connu une forte baisse durant l’année 2010. Au cours de cette année,

le secteur a dégagé un bénéfice de 30 millions DH, après une perte de 120 millions DH en

2009 (tableau III-4).

Cette crise a eu l’avantage de contraindre les AMC marocaines à l’assainissement de leurs

portefeuilles de crédits, à l’amélioration de leurs pratiques de gestion, de gouvernance et de

contrôle interne et à mettre à niveau leur système d’information. En effet, Boyé et al.

(2006, p.110) mentionnent que :

"… Ainsi, après une période où la priorité était la croissance des IMF et leur

pérennisation, le secteur a en quelque sorte découvert l’impératif de mettre le

client au centre de ses préoccupations et de ne pas se contenter de lui

proposer des produits standards. Cette prise de conscience salutaire, loin de

76 http://mixmarket.org/fr/mfi/country/Morocco/report (consulté le 30.09.11).

77 Bank Al Maghrib a émis, d’une part, la directive n° 01/G/2009 le 16/09/2009 où elle indique la mission et

les modalités de fonctionnement des organes d’administration et de direction ainsi que les éléments

constitutifs des dispositifs de maîtrise des risques de crédit, de concentration, de liquidité et opérationnels que

les AMC doivent mettre en place. La banque a aussi émis, le 21/12/2009, la lettre circulaire n° 2/DSB/2009

relative aux informations devant être contenues dans le rapport annuel sur les activités de contrôle interne.

78 http://mixmarket.org/fr/mfi/country/Morocco/report (consulté le 30.09.11).

Page 162: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

152

miner l’objectif de renforcement des IMF, y contribue au contraire puisqu’elle

permet de fidéliser la clientèle."

3.1.2.4 Perspectives du secteur

À fin 2010, après la fusion-absorption de l’Association Zakoura par la Fondation FBPMC

en 2009, le Maroc compte 12 associations de microcrédit de différentes tailles (Annexe 3).

Le Maroc offre aux AMC un cadre réglementaire, institutionnel et fiscal très favorable à

leur développement. Ces associations ont un cumul des montants des crédits distribués qui

se chiffre à 4,7 milliards DH avec un nombre de clients actifs qui se chiffre à plus de

816 000 personnes, dont 44% se trouvent dans les zones rurales79

.

Par ailleurs, selon l’étude d’impact réalisée par Planet Finance en 2004 auprès de 1.250

bénéficiaires situées dans sept régions marocaines, le microcrédit a un impact positif et

significatif sur les profits et les investissements des micro-entreprises qui en ont bénéficié.

Le microcrédit affecte aussi positivement la création de postes d’emploi et les revenus des

micro-entrepreneurs. Les clients qui ont participé aux programmes de microcrédit ont une

bonne perception de l’impact du microcrédit sur leur condition de vie.

Cependant, le secteur du microcrédit au Maroc fait face à un ensemble de contraintes liées,

notamment, au financement et à la diversification des produits et services mis sur le

marché.

Selon l’enquête réalisée par JAÏDA (2011), l’année 2010 est caractérisée par l’ascension

de la commercialisation des prêts individuels par les AMC. Ces dernières ont mis en place

des stratégies de développement de ce type de crédit pour répondre aux besoins de leurs

clients qui ont manifesté un intérêt particulier pour ce genre de produits. Ainsi, à la fin de

juin 2010, le prêt individuel a connu une évolution de 16 % par rapport à fin 2009, tandis

que le prêt solidaire a connu une baisse de 17 %. Ce regain d’intérêt pour le prêt individuel

est dû, selon l’enquête, à plusieurs facteurs, à savoir :

79 Sources : la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (www.fnam.ma, consulté le 30.09.11).

Page 163: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

153

Les clients cherchent à éviter les problèmes liés à la constitution et au

fonctionnement des groupes nécessaires au crédit solidaire ;

Le crédit solidaire véhicule une mauvaise image. En effet, la moitié des personnes

interrogées rapportent avoir une mauvaise expérience avec le crédit solidaire ;

Le risque de payer pour les autres en cas de défaillance d’un membre du groupe ;

Le risque de voir sa réputation entachée en cas de défaillance d’un membre ;

En période de crise, certaines AMC ont fortement encouragé le prêt individuel.

Selon Amghar (2009), l’évolution actuelle du secteur du microcrédit au Maroc prend

plusieurs formes. Le microcrédit connaît une évolution qui consiste à ne plus se contenter

de financer que des activités génératrices de revenus. Le microcrédit évolue vers le

financement du raccordement à l’eau potable et à l’électricité, le financement de

l’acquisition de logement et la souscription de produits d’assurance. Le recours des AMC

au financement par les banques commerciales au lieu de se contenter des dons et des

subventions. En outre, on assiste à un début de réflexion sur la proposition de nouveaux

produits, tels que : les cartes bancaires, le leasing et les produits d’épargne. Pour ce dernier

produit, l’étude réalisée par Planet Finance (2004) montre que les clients des AMC

marocaines épargnent une proportion significative de leurs revenus (près de 550 DH par

mois en moyenne). Pour leur épargne les clients utilisent d’autres formes de services

financiers, tels que : un livret d’épargne (20 %), la tontine (22 %) et le dépôt dans un

compte bancaire (21 %).

Cette épargne peut constituer une source de financement très importante pour les AMC ;

c’est une source stable et moins chère. Cependant, avec la législation en vigueur qui

n’autorise pas les AMC à collecter l’épargne, il est nécessaire de commencer une réflexion

sérieuse pour faire passer le microcrédit marocain à la microfinance marocaine avec la

panoplie de services offerts par celle-ci.

3.1.3 Cadre légal et réglementaire du microcrédit

Le développement remarquable du secteur de la microfinance au Maroc n’aurait pas été

possible sans le cadre législatif et le cadre institutionnel favorables mis en place par l’État

marocain, ainsi que les avantages fiscaux offerts aux AMC.

Page 164: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

154

3.1.3.1 La loi 18 – 97

La loi 18 – 97 est la loi-cadre qui régit le microcrédit au Maroc80

. Cette loi a été

promulguée en février 1999. La loi stipule que le microcrédit est tout crédit dont l’objet est

de permettre à des personnes économiquement faibles de créer ou de développer leur

propre activité de production ou de service en vue d’assurer leur insertion économique.

La loi 18 – 97 a connu deux amendements qui ont élargi le champ d’application du

microcrédit. D’une part, la loi 58 – 03 de mai 2004 a étendu la définition du microcrédit au

Maroc81

. À partir de cette date, le microcrédit englobe aussi tout crédit qui servira aux

personnes économiquement faibles pour :

Acquérir, construire ou améliorer leur logement ;

Se doter d’installations électriques ou pour assurer l’alimentation de leurs

foyers en eau potable.

D’autre part, la loi 04 – 07, promulguée en novembre 2007, élargit le champ d’intervention

des AMC au financement des souscriptions, par leur clientèle, de contrats d’assurance

auprès des entreprises d’assurances et de réassurance.

La loi fixe le montant maximum du microcrédit à 50.000 DH. Selon la loi, il n’est autorisé

à exercer l’activité de microcrédit que les organismes ayant le statut d’association. Bien

que la loi exige des AMC de n’exercer que les activités de microcrédit, elle leur donne

aussi le droit d’offrir des formations ainsi que le conseil et l’assistance technique à leurs

clients. La loi stipule que le taux d’intérêt maximum est fixé par le Ministère des Finances

en concertation avec le Conseil Consultatif du Microcrédit. Une association ne peut

exercer l’activité de microcrédit qu’après avoir obtenu l’agrément du Ministère des

finances. Elle doit assurer sa viabilité financière au bout de cinq années d’exercice.

80 La loi 18-97 est disponible sur le site de la FNAM à l’adresse : http://www.fnam.ma, (consulté le

30.09.11).

81 La loi 58-03 est disponible sur le site de la FNAM à l’adresse : http://www.fnam.ma, (consulté le

30.09.11).

Page 165: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

155

Les AMC marocaines ne sont pas autorisées à recevoir les fonds du public. Cependant, la

loi autorise plusieurs autres formes de sources de financement, notamment :

Les cotisations et contributions des membres des AMC ;

Les dons ou les subventions publiques ou privées ;

Les emprunts ;

Les intérêts et commissions perçues sur les crédits octroyés ;

Les fonds mis à la disposition des AMC dans le cadre de conventions de

partenariat, de contrats-programmes conclus avec des administrations, des

organismes publics ou des collectivités locales ;

Les ressources concessionnelles que l’État peut mobiliser au profit des AMC dans

le cadre de la coopération bilatérale ou multinationale ;

Les revenus générés par le placement des fonds des AMC ;

Le remboursement du principal des prêts ;

Le recours à la générosité publique.

Afin d’encourager les activités de microcrédit, la loi a instauré un régime fiscal des AMC

qui se caractérise par :

L’exonération des opérations de microcrédit de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA);

L’exonération des droits de douanes et autres droits et taxes de tous équipements et

matériels importés et destinés exclusivement au fonctionnement des AMC.

Pour encourager les dons aux AMC, la loi prévoit que tous les dons en argent ou en

nature octroyés par des personnes physiques ou morales aux AMC sont considérés

comme des charges déductibles de la base imposable à l’impôt sur les sociétés (IS)

et à l’impôt sur le revenu (IR).

Ces avantages fiscaux sont valables pour chaque AMC pour une durée de cinq ans à

compter de la date d’obtention de l’agrément d’exercice. La loi de finance de l’année 2006

a prévu la prorogation de l’exonération de la TVA pour cinq années supplémentaires.

La loi 18 – 97 a mis en place un cadre institutionnel composé d’un comité de suivi des

activités des AMC, d’un conseil consultatif du microcrédit et d’une Fédération Nationale

des AMC.

Page 166: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

156

Depuis l’année 2008, les AMC ont l’obligation de se conformer à un plan comptable

spécifique. Elles sont aussi tenues de se conformer aux normes visant à harmoniser les

règles de classification des créances en souffrance et de leur provisionnement (Annexe 6).

a. Comité de suivi des activités des AMC

Le Comité de suivi des activités des AMC est institué par la loi 18 – 97. Il est composé des

représentants de trois départements ministériels : le Ministère des Finances, le Ministère de

l’Intérieur et le Ministère de l’Emploi et des Affaires sociales. Afin d’assurer la

transparence de la gestion des AMC, le Comité est chargé de veiller au respect par ces

dernières de toutes les dispositions de la loi 18 – 97 et des textes pris pour son application.

À sa création, le comité était chargé d’effectuer le contrôle sur place et sur pièces des

activités des AMC et le contrôle de l’origine de leurs fonds. Afin de faciliter ce rôle de

contrôleur, la loi oblige les AMC de faire parvenir au Comité tous les documents ainsi que

tous les renseignements nécessaires à faciliter cette mission. Cependant, la nouvelle loi

bancaire de 2006 (la loi n° 34-0382

) a transféré la mission de contrôle à Bank Al Maghrib.

Dorénavant, le contrôle est effectué par Bank Al Maghrib et son résultat est adressé au

Comité de suivi.

b. Le Conseil Consultatif du Microcrédit

Le Conseil Consultatif du Microcrédit, instauré par la loi 18-97, a pour mission de donner

son avis au Ministère des Finances sur toutes les questions liées au développement du

microcrédit, telles que : le montant maximum du microcrédit, le taux d’intérêt maximum,

l’octroi des autorisations d’exercice des AMC et leur retrait, etc.

Le Conseil est présidé par le Ministre des finances, il est composé de 15 membres, à

savoir:

Les représentants de l’administration ;

82 La loi bancaire 34-03 est disponible sur le site : http://www.droit-afrique.com (consulté le 03.10.11).

Page 167: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

157

Les représentants des associations des chambres professionnelles ;

Les représentants de la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit ;

Un représentant de Bank Al Maghrib ;

Un représentant du Groupement Professionnel des Banques du Maroc ;

Un représentant de l’Association Professionnelle des Sociétés de Financement.

c. Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (FNAM)

La FNAM a été créée en 2001 pour organiser l’activité des AMC et pour assurer leur

représentation. La FNAM est un organe de concertation, de coordination interne et de

représentation externe.

La Fédération a pour mission :

D’établir les règles de déontologie relatives à l’activité du microcrédit et de veiller

à leur application par les membres de la fédération ;

De veiller à l’application des dispositions de la loi 18-97 par les membres de la

fédération ;

De veiller au développement du secteur du microcrédit au Maroc ;

D’être l’intermédiaire entre ses membres et l’administration.

Les associations de microcrédit qui sont autorisées à exercer sur le territoire marocain ont

l’obligation d’adhérer à cette Fédération. La radiation d’un membre de la FNAM conduit

automatiquement au retrait de l’agrément par le Ministère des Finances.

3.1.3.2 Ministère des Finances

Le Ministère des Finances est chargé d’accorder les autorisations d’exercice aux AMC. En

cas d’infraction ou lorsqu’il s’avère justifié, le Ministère peut retirer cette autorisation.

Le Ministère des Finances fixe le taux d’intérêt maximum applicable aux opérations de

microcrédit. Il fixe aussi le rapport minimum, entre l’actif et certains ou l’ensemble des

éléments du passif, que les AMC doivent respecter.

Page 168: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

158

La loi exige des AMC de se soumettre annuellement et chaque fois que nécessaire à l’audit

externe de leur gestion. Les rapports d’audit sont communiqués au Ministère des Finances.

Ce dernier peut adresser une mise en garde à toute AMC qui ne respecte pas les

dispositions de la loi 18-97. Il peut aussi suspendre un ou plusieurs dirigeants d’une AMC.

Toutes les décisions relatives aux AMC ou au microcrédit prises par le Ministère des

Finances doivent l’être après avis du Conseil Consultatif du Micro-crédit.

3.1.3.3 La banque centrale du Maroc : Bank Al-Maghrib

Le secteur du microcrédit au Maroc est soumis à la supervision de Bank Al-Maghrib. En

effet, à partir de 2006 la nouvelle loi bancaire : la loi 34-0383

a donné à la banque centrale

la mission de procéder au contrôle et à la supervision des AMC. Ces dernières sont tenues

de communiquer à Bank Al-Maghrib tous documents et renseignements nécessaires à

l’accomplissement dans de bonnes conditions de la mission de supervision qui lui est

dévolue par la loi n° 34-03. Les AMC sont aussi tenues de désigner, après approbation de

Bank Al-Maghrib, un commissaire aux comptes afin d’exercer la mission de contrôle. Une

copie des rapports établis par les commissaires aux comptes est transmise par Bank Al-

Maghrib au Comité de suivi des activités des associations de microcrédit. Bank Al-

Maghrib signale également au Comité de suivi tout fait ou manquement dont elle prend

connaissances.

Bank Al-Maghrib se charge de définir, en concertation avec la FNAM, les règles

prudentielles du secteur du microcrédit.

3.1.3.4 Autres acteurs du microcrédit

Plusieurs autres acteurs sont intervenus ou interviennent encore dans le secteur de la

microfinance marocaine. À titre d’exemple, nous présentons deux acteurs : le premier

intervient au niveau de la formation (le Centre Mohammed VI de Soutien à la

83 La loi bancaire 34-03 est disponible sur le site : http://www.droit-afrique.com (consulté le 03.10.11).

Page 169: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

159

Microfinance Solidaire) et le deuxième intervient au niveau des ressources (le Fonds de

financement des organismes de microfinance au Maroc JAIDA).

a. Centre Mohammed VI de Soutien à la Microfinance Solidaire (CMSMS)84

Le CMSMS est un centre de soutien à la microfinance crée, en 2007, par la Fondation

Mohammed V pour la Solidarité, en concertation avec les acteurs du microcrédit.

L’objectif du Centre est de soutenir ces acteurs afin qu’ils puissent développer leurs

activités, d’une part, et de permettre à un plus grand nombre de personnes d’avoir accès au

microcrédit, d’autre part. Le Centre concentre son intervention autour de trois grands axes :

la formation des agents des AMC, la mise en place d’un système d’information et de

documentation (l’observatoire de la microfinance) et l’appui à la commercialisation des

produits des bénéficiaires du microcrédit.

Selon la FNAM, le CMSMS s’est positionné comme une référence en matière de formation

du personnel et des clients du secteur du microcrédit. Les formations dispensées par le

centre permettent d’aider au développement des compétences opérationnelles et

managériales des professionnels du microcrédit et des clients des AMC. La FNAM, pour

sa part, accompagne le Centre dans la vulgarisation des cours dispensés et encourage la

participation des personnes ciblées par les formations.

b. Fonds de financement des organismes de microfinance au Maroc : JAIDA85

JAIDA est un fonds de financement des institutions de microfinance au Maroc. Ce fonds

est créé sous forme d’une société de financement dédiée au secteur de la microfinance par

quatre promoteurs : la Caisse de Dépôt et Gestion (CDG), la KfW, la Caisse des Dépôts et

Consignations (CDC) et l’Agence Française de Développement (AFD) 86

. Il a été mis en

place en 2007 pour :

84 La source de ce paragraphe et le site de la Fondation Mohammed V pour la Solidarité

(http://www.fm5.ma/centre-de-soutien) et le site de la FNAM : www.fnam.ma (consulté le 04.10.11).

85 La source de ce paragraphe est le site de la FNAM : www.jaida.ma ; (consulté le 30.09.11)

86 La KfW est une banque de développement allemande qui finance des investissements de l’Etat allemand

dans les pays en développement. La CDC est établissement français qui gère l’épargne de retraite des

Page 170: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

160

Faciliter l’accès des AMC marocaines au financement ;

Attirer de nouvelles sources de financement au secteur de la microfinance en levant

des fonds auprès de sources de financements privées ;

Favoriser le développement institutionnelle des AMC ;

Harmoniser les actions des bailleurs de fonds internationaux ;

Diversifier les sources de financement des AMC.

Les actions du Fonds JAÏDA ciblent, en priorité, les petites et moyennes IMF, tout en

restant ouvert aux grandes IMF.

Après un bref exposé du contexte de la microfinance marocaine, objet de notre travail,

nous continuons ce travail en exposant, dans ce qui suit, la méthodologie suivie pour mener

à bien notre étude.

3.2 Positionnement épistémologique

Selon Chia (2002), la recherche en gestion est une activité de création de connaissances qui

peut être comparée à un processus de fabrication d’un produit ou d’un service. Pour que ce

dernier soit fiable et de bonne qualité, il est nécessaire de disposer d’un ensemble

d’éléments, notamment : une technologie, une méthode de production, de la matière

première et un opérateur qui dispose de capacités adéquates. Ainsi, dans cette

comparaison, l’auteur associe :

L’orientation philosophique du chercheur au type de technologie employée dans le

processus de fabrication ;

La méthode de recherche adoptée par le chercheur à la méthode de production du

bien ou du service ;

L’expérience et les connaissances du chercheur aux matières premières utilisées ;

La compétence du chercheur aux capacités de l'opérateur.

français ainsi que les fonds protégés par la loi. L’AFD est un établissement français de promotion de

développement. Il fait partie du dispositif français d’aide publique en faveur des pays en développement. Ces

trois acteurs sont impliqués à différents niveaux dans l’appui au secteur de la microfinance. (www.jaida.ma ;

consulté le 30.09.11)

Page 171: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

161

Par ailleurs, Perret et Séville (2007) notent que, afin d’asseoir la validité et la légitimité de

son travail, tout chercheur doit évaluer la scientificité de ses énoncés et conduire une

réflexion épistémologique87

sur son travail. Cette réflexion permet de contrôler la

démarche de recherche, d’accroître la validité de la connaissance produite et de lui conférer

un caractère cumulable. Le chercheur doit donc apporter des éléments de réponses aux

trois questions suivantes :

1) Quelle est la nature de la connaissance produite ?

2) Comment la connaissance est-elle engendrée ?

3) Quelles sont la valeur et le statut de cette connaissance ?

L’attitude philosophique adoptée par le chercheur détermine la légitimité et l’acceptabilité

du savoir. Cette attitude n’est jamais statique, elle peut changer d’une période à une autre

et d’un chercheur à un autre. Bien que dans le champ de la gestion, le paradigme88

positiviste reste la plus dominante, d’autres approches alternatives commencent à gagner

du terrain dans ce domaine (Chia, 2002). Ces différents paradigmes se situent le long d’un

continuum qui va d’une conception objective de la réalité à une conception plus subjective

de la réalité (d’Amboise, 1996).

Nous présentons dans ce qui suit les deux paradigmes qui se trouvent aux extrémités de ce

continuum, à savoir : le paradigme objectiviste et le paradigme constructiviste. Le tableau

III-5 présente les caractéristiques de ces deux paradigmes par rapport aux trois questions

mentionnées précédemment.

87 L’épistémologie est composée des mots d’origine grecque : épistémè (la connaissance) et logos (discours).

L’épistémologie est une discipline qui a pour objet l’étude des sciences : étude de la constitution des

connaissances valables (Ben Aissa, 2001).

88 Selon d’Amboise (1996, p.13), un paradigme est :

"… une manière de penser, de voir le monde et d’aborder les phénomènes qui reflète nos croyances

fondamentales quant à la nature de la société, des organisations et des êtres humains qui y

évoluent."

Page 172: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

162

3.2.1 Le paradigme constructiviste

Le paradigme constructiviste soutient une conception de la réalité qui est différente de

celle du paradigme positiviste. Pour le constructiviste, il n’y a pas une seule réalité du

monde mais plutôt plusieurs réalités qui sont construites par les individus eux-mêmes à

partir de leurs expériences ; la réalité est donc subjective. Le constructiviste cherche les

finalités des actions réalisées par les acteurs étudiés.

Tableau III-5 : Positions épistémologiques des paradigmes positiviste et

constructiviste

Les questions

épistémologiques

PARADIGME

Le positivisme Le constructivisme

Quel est le statut de la

connaissance

Hypothèse réaliste

Il existe une essence

propre à l’objet de

connaissance

Hypothèse relativiste

L’essence de l’objet ne

peut être atteinte

(constructivisme modéré

ou interprétativisme) ou

n’existe pas

(constructivisme radical)

Quelle est la nature de la

« réalité » ?

Indépendance du sujet et

de l’objet

Hypothèse déterministe

Le monde est fait de

nécessités

Dépendance du sujet et de

l’objet

Hypothèse intentionnaliste

Le monde est fait de

possibilités

Comment la

connaissance est-elle

engendrée ?

Le chemin de la

connaissance scientifique

La découverte

Recherche formulée en

termes de « pour quelles

causes … »

Statut privilégié de

l’explication

La construction

Recherche formulée en

termes de « pour quelles

finalités … »

Statut privilégié de la

construction

Quelle est la valeur de la

connaissance ?

Les critères de validité

Vérifiabilité

Confirmabilité

Réfutabilité

Adéquation

Enseignabilité

Source : Perret V. et Séville M. 2007. « Fondements épistémologiques de la recherche ». pp. 14 – 15.

Selon d’Amboise (1996), l’approche privilégiée par les constructivistes est l’approche

holistico-inductive. Contrairement à l’approche hypothético-déductive, mentionnée ci-

dessous, cette approche va du particulier au général. Le phénomène étudié est abordé en

faisant abstraction complète des théories existantes. La question de recherche est traitée sur

Page 173: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

163

la base des informations (descriptions, impressions, explications) recueillies sur le terrain

directement auprès des acteurs concernés. Ainsi, peut émerger du terrain une théorie

particulière, qui peut avoir une portée générale si elle peut dépasser le cadre du phénomène

particulier étudié au départ.

Par ailleurs, Perret et Séville (2007) notent que cette approche tend actuellement à étendre

sa conception de la connaissance aux chercheurs du domaine de la gestion.

3.2.2 Le paradigme positiviste

Le positivisme est une approche dérivée des sciences naturelles où l'objectif de l’étude des

phénomènes naturels est de rechercher des relations causales et d'expliquer et de prédire les

événements. Cela a conduit à une concentration sur l'empirisme, sur les observations

quantifiables et sur les analyses statistiques dans la poursuite de l'enquête sociale. Les

positivistes admettent qu'il n’existe qu’un seul point de vue de la réalité et ils sont

préoccupés par la représentation objective de ce point de vue : d’où l’utilisation du

paradigme objectif (Baker, 2002).

Selon Perret et Séville (2007), les positivistes considèrent que la réalité existe en soi et elle

est extérieure au chercheur. Il n’existe aucune relation entre l’objet et le sujet : l’objet étant

la réalité et le sujet l’observateur ou l’expérimentateur. Le chercheur se propose de

connaître cette réalité. Selon le principe d’objectivité, l’observation de l’objet extérieur par

un sujet ne doit pas modifier sa nature. Le positiviste cherche à expliquer la réalité.

Selon d’Amboise (1996), les tenants du paradigme positiviste privilégient l’approche

hypothético-déductive. L’approche hypothético-déductive est une approche très utilisée par

les positivistes. Selon ces derniers, la réalité est unique et répond à des lois naturelles

prévisibles. Pour découvrir cette réalité, il est nécessaire de chercher la régularité en

vérifiant différentes hypothèses. La construction de cette approche va du général au

particulier. Le chercheur formule une question de recherche sur la base d’une théorie

générale. Ensuite, il émet des hypothèses à vérifier à la lumière de la théorie en question.

Page 174: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

164

Figure III-5 : Processus de recherche selon l’approche hypothético-déductive89

89 Igalens J. et Roussel. (1998, p. 20) Méthodes de recherche en gestion des ressources humaines,

Economica, 207 p.

Détermination du domaine de

recherche

Revue de littérature sur les

recherches antérieures

Formulation des hypothèses

Dessin de l’étude pour tester les

hypothèses

Conduite de l’étude

Analyse des résultats

Compte-rendu

des résultats

Développer une

explication

alternative

Les résultats

vérifient-ils les

hypothèses ?

oui non

Page 175: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

165

Le succès de la démarche hypothético-déductive dépend de :

La justesse de la théorie qui est à la base des hypothèses ;

La fiabilité des instruments de mesure utilisés ;

La sensibilité des analyses statistiques utilisées pour identifier les régularités.

L’approche hypothético-déductive, telle que mentionné, est une approche qui va du général

au particulier en suivant la démarche présentée à la figure III-5.

Nous rappelons, à ce niveau, que notre recherche, telle qu’elle est élaborée, s’inscrit, dans

le courant positiviste. C’est donc l’approche hypothético-déductive qui a guidé notre

démarche depuis le début de ce travail, pour mener à terme notre recherche et atteindre

l’objectif de notre recherche.

3.3 Problématique et hypothèses

Dans la section suivante, nous présentons la grande question de notre travail de recherche

soit la problématique étudiée ainsi que sa déclinaison en un ensemble de questions. Ces

dernières seront formulées sous formes d’hypothèses que nous proposons de vérifier

(confirmer ou rejeter), à travers ce travail.

3.3.1 Problématique

Le développement humain et la lutte contre la pauvreté sont devenus des composantes

importantes dans les programmes de tout gouvernement des pays en développement. Au

Maroc, comme c’est le cas partout, le microcrédit s’est imposé comme un moyen très

développé, parmi d’autres, dans le dispositif mis en place pour la lutte contre la pauvreté et

l’exclusion sociale.

Depuis leur apparition au Maroc, au début des années 1990, les institutions de microcrédit

ont connu un développement important. Le dynamisme de ce secteur a participé à la

création, à la fin de l’année 2008, de plus de 6.700 emplois directs permanents et des

dizaines de milliers d’emplois indirects (Magharfaoui et Ibrahim, 2009).

Page 176: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

166

Par ailleurs, selon l’étude d’impact effectuée par Planet Finance Maroc en 2004, le

microcrédit a permis l’augmentation de l’investissement, la hausse des profits, la création

de plusieurs milliers d’emplois et l’amélioration de la qualité de la vie des bénéficiaires et

de leur famille (Planet Finance, 2004).

Actuellement, les institutions de microfinance marocaines se classent parmi les leaders

dans le domaine de la microfinance à l’échelle internationale et le secteur de la

microfinance marocain est le premier de la région MENA. Cette position est obtenue grâce

aux réalisations des AMC marocaines. Il sera donc intéressant d’étudier cette performance

et de déterminer les facteurs qui permettent de la réaliser.

C’est dans cette perspective que notre thème s’articule autour de la problématique

suivante :

Quels sont les facteurs déterminants de la performance des

associations de microcrédit marocaines ?

Il est très important de préciser, à ce niveau, qu’à travers ce travail, nous ne cherchons pas

à montrer le rôle des AMC dans la réduction de la pauvreté, dans la création d’activités

génératrices de revenus ou dans la réduction des imperfections du marché de crédit, ni

même à analyser le coût/bénéfice des fonds investis dans le microcrédit. Nous partons du

postulat que la microfinance est un outil qui permet la réduction des imperfections du

marché de crédit. Elle est aussi un outil, parmi d’autres, qui permettent la réduction de la

pauvreté et l’amélioration de la qualité de vie des populations pauvres.

Après avoir montré la raison d’être de la microfinance (chapitre I), la notion de

performance et son application dans le cas particulier des institutions de la microfinance

ainsi que les facteurs de cette performance identifiés dans la littérature (chapitre II), nous

pouvons décliner notre problématique, tout en tenant compte des informations sur les

AMC marocaines auxquelles on peut avoir accès, en un ensemble de questions. Autrement,

la formulation des questions de notre problématique est faite sur la base des facteurs

déterminants de la performance des IMF identifiés au chapitre II et sur la base de l’étude

du cas particulier du secteur de la microfinance marocain traité dans la première section du

chapitre III. Les questions retenues sont les suivantes :

Page 177: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

167

Quel est le rôle joué par les mécanismes de la gouvernance sur la performance des

AMC marocaines ?

Le recours aux subventions affecte-t-il la performance des AMC marocaines ?

La portée des services a-t-elle un impact sur la performance des AMC marocaines ?

Comment la qualité du portefeuille de crédit affecte-t-il la performance des AMC

marocaines ?

L’âge et la taille des AMC ont-ils un impact sur leurs performances ?

Nous reprenons ces questions sous forme d’hypothèses à vérifier dans la partie suivante.

3.3.2 Hypothèses

La revue de littérature effectuée au chapitre II de notre travail, au cours de laquelle nous

avons analysé un ensemble d’articles portant sur la performance des IMF et sur les facteurs

expliquant cette performance, nous permet de formuler un ensemble d’hypothèses, en

relation avec les questions de la problématique traitée, que nous allons essayer de vérifier

dans le cas des associations de microcrédit marocaines.

Aboagye et Otieku (2010) résument les facteurs pertinents de la performance financière

des IMF en quatre groupes, à savoir :

La bonne gouvernance ;

L’indépendance des subventions ;

L’utilisation des technologies de l’information et de communication ;

La possession d’un portefeuille de clients important et efficient.

Par ailleurs, après une croissance importante entre 2004 et 2007, le secteur du micro-crédit

au Maroc a connu à partir de 2007 une crise très sévère. Le rapport du MicroBanking

Bulletin (MBB) sur la microfinance dans la région arabe 2009 identifie un ensemble

d’éléments à l’origine de cette crise (MIX, 2010). Parmi ces éléments, le rapport cite la

qualité de la gouvernance des AMC et l’utilisation de systèmes d’information de gestion

obsolètes.

Page 178: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

168

À travers ce travail, nous cherchons à mettre en évidence les relations qui peuvent exister

entre la performance des institutions de microfinance, en particulier les associations de

micro-crédit marocaines, d’une part, et la gouvernance, les subventions, la portée des

services de ces associations et la qualité du portefeuille de crédit, d’autre part.

3.3.2.1 La gouvernance

La gouvernance fait référence aux mécanismes qui sont mis en place au sein d’une

organisation pour que les décisions prises par les dirigeants soient en conformités avec les

intérêts des propriétaires et de toutes les autres parties prenantes de l’organisation. La

gouvernance d’entreprise s’intéresse aux manières par lesquelles les règles et les

règlements sont appliqués et suivis au sein de l’organisation, aux relations que ces règles et

règlements déterminent ou créent entre les différentes parties prenantes et, enfin, à la

nature de ces relations (Aboagye et Otieku, 2010).

Selon le rapport de l’Organisation de Coopération et de Développement Economiques

(OCDE) sur la gouvernance des entreprises, publié en 2004, les principes de la bonne

gouvernance portent principalement sur :

La transparence et l'efficience des marchés financiers ;

La protection des droits des actionnaires et la mise en place des moyens qui

faciliteront l’exercice de ces droits ;

La garantie d’un traitement juste et équitable de tous les actionnaires, y compris les

actionnaires minoritaires et ceux qui sont de nationalités étrangères ;

La reconnaissance des droits de toutes les autres parties prenantes ;

La garantie de la publication d’informations précises sur les entreprises en temps

opportun ;

La capacité du conseil d’administration de jouer son rôle dans la surveillance et le

contrôle de l’entreprise (OCDE, 2004).

Le même rapport présente un ensemble d’articles qui montrent la relation positive qui

existe entre certains aspects de la gouvernance, d’une part, et la performance et la

croissance des entreprises, d’autre part. Dans le cas des institutions de microfinance,

Hartarska (2005) trouve, de son côté, que certains mécanismes de la bonne gouvernance

Page 179: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

169

ont un impact à la fois sur la performance financière et la performance sociale des IMF de

la région Europe Centrale, Europe de l'Est et les États nouvellement indépendants.

Cependant, Aboagye et Otieku (2010) notent que dans le cas des économies en transition,

le lien entre la gouvernance d'entreprise et sa performance n'est pas aussi clair dans la

littérature. Ils admettent qu’il reste encore beaucoup à apprendre de l’expérience de ces

pays. De sa part, Hudon (2009) trouve aussi que la gouvernance n’affecte pas la

performance financière des IMF étudiées.

Hypothèse 1 : La mise en place de bons mécanismes de gouvernance aide à l’amélioration

de la performance sociale et financière des associations de microcrédits. En effet, la mise

en place de mécanismes de bonne gouvernance d'entreprise permet une bonne utilisation

des ressources des AMC. Ainsi, les associations qui pratiquent la bonne gouvernance

d'entreprise sont plus susceptibles de réaliser de bonnes performances. Une bonne

gouvernance d'entreprise devrait donc être une préoccupation majeure des dirigeants des

AMC et des autres parties prenantes de ces institutions.

3.3.2.2 Le recours aux subventions

Selon Armendáriz et Morduch (2010), la plupart des programmes de microfinance ne sont

pas encore arrivés à combiner les deux objectifs principaux de la microfinance : être

financièrement viable et avoir un degré de portée important. Certaines IMF du Bangladesh

et de l’Inde arrivent à desservir les plus pauvres des pauvres, mais n’ont pas pu être aussi

profitable que certaines institutions comme la banque BRI. La plupart des IMF continuent

à tirer profit des subventions. Ces dernières sont généralement accordées par :

Les donateurs ;

Les gouvernements ;

Les investisseurs socialement responsables.

Une IMF, comme toute autre entreprise, doit faire face à des charges fixes de

fonctionnement. Cependant, au cours de ses premières années d’activité, l’IMF ne peut

généralement avoir assez de clients qui lui permettraient d’atteindre son seuil de

rentabilité. Il va donc falloir plusieurs années avant que l’IMF soit en mesure de couvrir

Page 180: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

170

toutes ses charges. Cette situation est aggravée par les risques auxquels fait face toute IMF,

notamment les risques liés à la nature des clients desservis et le risque politique du pays

d’exercice, sans oublier la possibilité de supporter un risque de change dans certains cas.

Boyé et al. (2006) indiquent que durant ses premières années, caractérisées par la situation

vue précédemment, aucun investisseur privé ne prendrait le risque de financer une telle

institution. La solution vient des subventions accordées par des donateurs privés ou publics

ou les deux à la fois, qui apportent les fonds nécessaires à ce stade.

Les auteurs mentionnent aussi d’autres formes de ressources financières accordées aux

IMF. Ce sont des fonds octroyés par les donateurs pour permettre le démarrage dans de

bonnes conditions de l’activité de prêts ou de son développement. En effet, une IMF qui ne

collecte pas l’épargne de ses clients n’aurait pas assez de fonds pour démarrer son activité,

un fonds initial est donc nécessaire pour commencer à fournir les services financiers de

prêt. Ce genre d’appui est aussi indispensable même dans le cas d’une IMF qui a la

possibilité de collecter l’épargne. Ces fonds permettent à de telles institutions d’avoir la

capacité de suivre un rythme de croissance rapide.

En plus des ressources financières, les IMF ont aussi besoin de ressources humaines.

Cependant, dans certains pays en développement ou dans les zones pauvres, il est difficile

de trouver les compétences recherchées. Le démarrage des IMF nécessite donc d’autres

formes de subventions à part les subventions pécuniaires. L’assistance technique est un

autre appui possible apporté par certains bailleurs de fonds aux IMF. Comme ces dernières

ne disposent généralement pas des moyens pour payer les frais de tels accompagnements,

elles font appel à des bailleurs de fonds pour financer en partie cette assistance technique.

Cette dernière est un moyen qui permet donc aux IMF de se structurer et d’acquérir les

compétences dont elles auraient besoin, comme les compétences relatives à la gestion

financière, à l’analyse des clients, etc. (Boyé et al., 2006).

Par ailleurs, en analysant un sous échantillon de 315 IMF90

, Cull et al. (2009) trouvent que

57 % de ce sous-échantillon est financièrement viable. Les institutions qui sont

financièrement viables arrivent à desservir une part qui représente 87 % de tous les clients

90 L’échantillon de départ comporte 346 IMF leader dans le secteur de la microfinance, pour une période

comprise entre les années 2002 et 2004.

Page 181: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

171

des 315 IMF. Les autres institutions qui représentent 43 % des établissements ont reçu un

montant total de 2,6 milliards de dollars sous forme de fonds subventionnés. 61 % de cette

somme est reçu rien que par les organisations non gouvernementales. Ces ONG servent

51% de tous les emprunteurs, mais leurs clients sont considérablement plus pauvres en

moyenne que ceux des banques et des institutions financières non-bancaires. En outre, la

majorité des ONG (54 %) sont des institutions profitables. Ces résultats montrent deux

choses, D'une part, les programmes qui touchent la clientèle la plus pauvre arrivent dans la

plupart des cas à couvrir leurs charges : d’autre part, les subventions continuent à jouer un

rôle très important dans le secteur de la microfinance.

Au Maroc, le secteur du microcrédit a pu bénéficier de beaucoup de subventions de

différents organismes. Selon Planet Finance, le programme MicroStart du PNUD, qui a

débuté en février 1998, a fourni une assistance financière et technique à six associations

avec un budget opérationnel de 1,7 millions US$. Cet appui au secteur a été suivi par celui

de l’USAID pour plus de 16 millions US$. En 2000, le Fonds Hassan II a soutenu le

secteur avec une subvention de 100 millions de DH91

. Armendáriz et Morduch (2010)

notent que même si les subventions peuvent aider les institutions de microfinance à

atteindre les gens les plus pauvres, il y a un risque que ces mêmes subventions rendent les

IMF moins vigoureuses et moins compétitives.

Hypothèse 2 : le montant des subventions augmente la performance sociale. Cependant la

performance financière s’améliore lorsque le montant des subventions est faible. On

s’attend donc à avoir une relation positive entre la performance sociale et l’intensité des

subventions, d’une part, et une relation négative entre la performance financière et

l’intensité des subventions, d’autre part.

3.3.2.3 La portée des services des AMC

La portée d’une IMF fait référence au nombre de clients desservis. Ils peuvent être des

emprunteurs comme des dépositaires. Dans le cas du Maroc, les AMC ne sont pas

91 Planet finance http://maroc.planetfinancegroup.org/FR/microcredit-maroc/etat-des-lieux.php (Consulté le

15.09.10)

Page 182: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

172

autorisées à collecter l’épargne publique. Le protée des associations marocaines fait

référence donc au nombre d’emprunteurs. Il est clair que plus une institution de

microfinance a de clients, plus elle peut bénéficier des économies d’échelle et ainsi couvrir

ses charges fixes et pouvoir réaliser des profits.

Hypothèse 3 : Plus la portée des services d’une AMC est importante, plus sa performance

financière s’améliore. Plus les résultats financiers sont bons, plus l’association disposera de

ressources supplémentaires qui vont lui permettre d’augmenter à la fois le degré de sa

portée et son étendue. On prévoit donc une relation positive entre la performance sociale et

la performance financière.

La taille du portefeuille client n’est pas le seul critère de la portée d’une IMF. Il faut aussi

donner de l’importance à la qualité de ce portefeuille. La clientèle des IMF est spéciale.

Elle est composée en grande partie de personnes pauvres ou exclues.

Hypothèse 4 : Un bon contrôle du portefeuille à risque permet, d’une part, d’améliorer la

performance financière des AMC et, d’autre part, de réduire leur performance sociale.

Le contrôle du portefeuille à risque signifie une réduction du montant global des prêts

accordés et une réduction des pertes liées au non-remboursement des prêts. Nous nous

attendons à avoir une relation positive entre le ratio du portefeuille à risque et la

performance sociale. Par contre, nous prévoyons une relation négative entre ce ratio et la

performance financière.

3.4 Description des données et de l’échantillon

L’échantillon retenu est composé de 10 AMC parmi les 12 associations que compte le

secteur de la microfinance marocain. Les données nécessaires à notre recherche sont

obtenues à partir de la base de données : Microfinance Information eXchange (MIX)

accessible au public. Cette section présente donc cette base de données source des données

utilisées ainsi que l’échantillon retenu.

Page 183: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

173

3.4.1 Source des données utilisées

Les données sur le secteur et les institutions de microfinance sont disponibles auprès de

plusieurs sources, chacune de ces sources a des avantages et des inconvénients. Les

données utilisées dans ce travail de recherche ont été obtenues à partir du site de

Microfinance Information eXchange (MIX). Le MIX dispose d’une base de données,

accessible au public, qui rassemble différentes données sur les institutions de microfinance

à l’échelle internationale92

. C’est une organisation privée à but non lucratif. Elle est créée

en 2002 dans l’objectif de développer un marché d’information transparent pour permettre

de mettre en contact les IMF avec les investisseurs et les donateurs potentiels. Le MIX a

mis en place un système de contrôle de la qualité des informations fournies par les IMF.

Chaque IMF obtient un nombre de diamants de 1 à 5 selon la qualité de l’information

fournie. Une IMF possédant cinq diamants est une institution qui présente des états

financiers audités sur plusieurs années et dont les données sont ajustées93

. Le MIX offre

actuellement des informations sur plus de 1.400 associations de microfinance.

Le MIX publie aussi un journal intitulé MicroBanking Bulletin (MBB)94

. Ce journal publie

les informations financières des IMF qui sont plus détaillées et ajustées pour permettre des

comparaisons entre IMF.

3.4.2 Description de l’échantillon

Ce travail se fixe pour objectif de dégager les facteurs expliquant la performance des AMC

marocaines. Le Maroc compte, à la fin de l’année 2010, douze AMC dont dix sont listées

par le MIX market :

Sept associations ont le grade le plus élevé (5 diamants) en termes de la qualité de

l’information des états financiers ;

Deux associations ont 4 diamants ;

92 MIX market (www.mixmarket.org). Site consulté le 15.09.10

93 Quelques exemples d’ajustements apportés aux données des états financiers des AMC sont présentés au

point 3.5.2 Description des variables.

94 Le journal est accessible au : http://www.themix.org/microbanking-bulletin/microbanking-bulletin

Page 184: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

174

Une seule association a seulement 3 diamants (sur une échelle composée de 5

diamants, le grade de 3 diamants représente une note qui est au-dessus de la

moyenne).

La disponibilité des informations ainsi que leur qualité nous incite à constituer notre

échantillon à partir des AMC marocaines listées par le MIX (tableau III-6). Pour avoir un

grand nombre d’observations, nous concentrons notre étude sur la période de huit ans

comprise entre 2003 à 2010.

Tableau III-6 : Liste des associations de microcrédit marocaines (2010)

Nom de l’AMC Nombre de

diamants

Encours brut de

prêts en USD

Nombre

d’emprunteurs actifs

Al Amana 5 295 347 932 339 408

FBPMC 5 154 140 275 193 998

FONDEP 5 80 825 115 132 431

Zakoura* 5 42 986 456 122 250

ARDI 4 24 806 889 100 743

AMSSF/MC 5 6 510 911 16 476

Al Karama 5 5 042 769 16 074

INMAA 5 2 868 224 5 181

AMOS 4 709 029 2 779

ATIL* 3 653 485 1 376

Total 613 891 085 930 716

Sources : MIX market (www.mixmarket.org) données au 31 décembre 2010.

* : Les données des associations Zakoura et Atil sont celles de l’année 2009.

Ces 10 associations représentent plus de 99 % de tous les clients des 12 AMC

marocaines95

. L’encours brut de prêts des AMC de l’échantillon représente aussi plus de

99 % de l’encours brut de prêts de toutes les associations marocaines96

.

95 Le total des clients actifs au 31 décembre 2009 est de 924.966 (selon la Fédération Nationale des

Associations de Microcrédit FNAM : www.fnam.ma).

Page 185: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

175

3.5 Modèle utilisé et description des variables

Cette section présente le modèle utilisé ainsi que les variables, retenues sur la base de la

revue de littérature présentée au chapitre II, qui vont permettre de vérifier les hypothèses

de notre recherche.

3.5.1 Modèle

Les données utilisées sont les données de dix associations marocaines de microcrédit sur

une période de huit années (2003 - 2010). Nous utilisons donc des données sur panel,

connait aussi comme les données longitudinales. Ce type de données se caractérise par leur

double dimension : une dimension individuelle et une dimension temporelle. Les données

sur panel représentent un mélange de données en coupe instantanée et les séries

chronologiques. Elles permettent ainsi d’observer plusieurs entités (dans notre cas, les

AMC) sur une période de temps (dans notre cas, de 2003 à 2010). Lorsque le panel

présente le même nombre d’observations pour tous les individus, on parle d’un panel

équilibré (balanced). Dans le cas contraire, c-à-d, lorsque certaines observations manquent

pour un ou plusieurs individus, on parle d’un panel déséquilibré (unbalanced panel).

Gujarati (2003) cite un ensemble d’avantages liés à l’utilisation des données de panel par

rapport à celles qui sont en coupe instantanée ou les séries chronologiques, parmi ces

avantages nous rapportons :

1. Les techniques d’estimations des données sur panel peuvent explicitement prendre

en compte l’hétérogénéité des unités composant l’échantillon ;

2. Les données sur panel fournissent plus de données informatives, plus de

variabilités, moins de colinéarité parmi les variables, plus de degré de liberté et plus

de performance ;

3. L’étude répétée d’observation en coupe instantanée permet aux données sur panel

d’être plus aptes à la recherche de la dynamique du changement ;

96 Selon, la FNAM, le total de l’encours brut de prêts au 31 décembre 2009 est de 4.865.907 M dh, le taux de

change utilisé par le MIX market à la même date est de 7,89 dirhams par dollar américain.

Page 186: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

176

4. Les données sur panel peuvent détecter et mesurer plus facilement les effets qui ne

peuvent être facilement observés dans des séries chronologiques ou des données en

coupe instantanée.

Le modèle retenu a pour objectif d’estimer l’impact de la gouvernance, des subventions, de

l’utilisation de la dette et de la portée sur la performance des associations de microcrédit

marocaines. La performance des AMC a deux composantes : la performance sociale et la

performance financière.

Le modèle général se présente comme suit (Bourbonnais, 2009) :

ititiiit xaay '

0

Avec :

i = 1,…,10 (les associations de microcrédit marocaines) ;

t = 1,…,8 (les années de 2003 à 2010) ;

yit : la performance de l’AMC i observée à la date t ;

x’it : vecteur des K variables exogènes (variables explicatives).

x’it = ( x1it , x2it , … , xkit ) ;

a0i : terme constant (la constante) pour l’AMC i ;

a’i : vecteur des K coefficients des K variables explicatives.

a’i = ( a1i , a2i , … , aki ) ;

εit : le terme d’erreur.

Plusieurs configurations de ce modèle de base sont possibles. Bourbonnais (2009) présente

quatre exemples :

1. Les coefficients a’i et les constantes a0i sont tous identiques pour toutes les AMC :

ititit xaay '

0

C’est le cas de l’homogénéité totale.

Page 187: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

177

2. Les coefficients a’i et les constantes a0i sont tous différents pour toutes les AMC :

ititiiit xaay '

0

Il s’agit, dans ce cas, de l’hétérogénéité totale. Il faut donc rejeter la structure en panel et le

modèle sera estimé équation par équation. On aura au total 10 équations une pour chaque

AMC.

3. Les constantes a0i sont toutes identiques pour les AMC (a0i = a0) et les coefficients

a’i sont tous différents pour chaque AMC :

ititiit xaay '

0

C’est le cas de l’hétérogénéité des coefficients des variables explicatives et homogénéité

des termes constants. Dans ce cas, il faut estimer 10 équations, une pour chaque

association.

4. Les constantes a0i sont différentes pour les AMC et les coefficients a’i sont tous

identiques pour AMC (a’i = a’ ) :

ititiit xaay '

0

C’est le modèle à effets individuels.

Le modèle à choisir parmi ces quatre dépendant des tests d’homogénéité.

3.5.1.1. Tests de spécification (homogénéité)

Les données de notre thèse sont des données de panel, il est primordial, avant toute

estimation des coefficients du modèle, d’avoir plus de renseignements sur les spécificités

individuelles des AMC qui composent l’échantillon : ces AMC présentent-elles des

spécificités individuelles qui peuvent induire des comportements différents en ce qui

concerne la relation étudiée ? Le choix du modèle à retenir dépend de la réponse à cette

question. Il s’agit donc de vérifier la spécification homogène (unique pour tous les

individus) ou hétérogène du processus générateur des données : tests de spécification ou

test d’homogénéité. Ce test consiste à vérifier l’égalité des coefficients du modèle étudié

Page 188: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

178

dans la dimension individuelle. Autrement, on va vérifier si on peut supposer que notre

modèle étudié est exactement le même pour toutes les AMC. Dans le cas contraire, il existe

des spécificités propres à chaque institution étudiée.

Hsiao (2003) propose une procédure de tests en séquence présentée à la figure III-6.

Figure III-6 : Procédure séquentielle des tests

Source : Bourbonnais R. (2009). Econométrie. (p. 331)

Pour la construction de ces tests d’hypothèses nous nous référons à Hsiao (2003).

Test 1 :

H10 : a0i = a0 et a' = a'i i [1,N]

Test 2 :

H20 : a' = a'i i [1,N]

Cas n° 2 : hétérogénéité totale

yit = a0i + a'ixit + εit

Test 3 :

H30 : a0i = a0 i [1,N]

Cas n° 4 : Modèle à effets individuels

yit = a0i + a'xit + εit

Cas n° 1 : Homogénéité totale

yit = a0 + a'xit + εit

Cas n° 1 : Homogénéité totale

yit = a0 + a'xit + εit

H1

0 rejetée

H1

0 vraie

H2

0 vraie

H2

0 rejetée

H3

0 rejetée

H3

0 vraie

Page 189: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

179

Le premier test à réaliser est le test d’homogénéité totale :

Test 1 : H1

0 : a0i = a0 et a' = a'i i [1,N]

H1

a : (i , j) [1,N] / a0i = a0j ou a'i = a'j.

Pour ce couple d’hypothèses (H1

0 versus H1

a), on construit une statistique de test de Fisher

sur la base des sommes des carrés des résidus (SCR) induites par l’estimation des modèles

sous-jacents à l’hypothèse nulle et à l’hypothèse alternative.

F1 = (SCR1,c - SCR1) / [(N - 1) (K + 1)]

SCR1 / [NT - N (K + 1)]

Avec :

N : Nombre d’individus ;

T : nombre de période ;

K : nombre de variables indépendantes ;

SCR1,c : est la SCR du modèle estimé en appliquant les moindres carrés ordinaires

(MCO) sur les données empilées ; c’est le modèle contraint sous l’hypothèse H1

0 ;

SCR1 : est la SCR du modèle non contraint. Il s’agit du total des SCR des N

modèles estimés sur les T observations : les équations sont estimées individu par

individu. C’est le modèle non contraint.

Les degrés de liberté de la statistique F1 a sont [(N - 1) (K + 1)] et [NT - N (K + 1)] .

Si l’hypothèse H1

0 est acceptée, nous sommes dans le cas de l’homogénéité totale. Le

modèle à retenir est : yit = a0 + a'xit + εit .

Par contre, si l’hypothèse H1

0 est rejetée, nous effectuons le deuxième test d’homogénéité

des coefficients :

Test 2 : H2

0 : a' = a'i i [1,N]

La statistique de Fisher associée à ce test est :

Page 190: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

180

F2 = (SCR1,c’ - SCR1) / [(N - 1) K]

SCR1 / [NT - N (K + 1)]

Avec :

SCR1,c’ : la SCR du modèle à effets individuels : modèle contraint sous l’hypothèse

H2

0 .

Les degrés de liberté de la statistique F2 sont (N - 1) K et [NT - N (K + 1)] .

Si l’hypothèse H2

0 est rejetée, nous sommes dans le cas de l’hétérogénéité totale. Le

modèle à retenir est : yit = a0i + a'ixit + εit .

Par contre, si l’hypothèse H2

0 est acceptée, nous effectuons le troisième test qui est le test

d’homogénéité des constantes a0i :

Test 3 : H3

0 : a0i = a0 i [1,N]

La statistique de Fisher associée à ce test est :

F3 = (SCR1,c - SCR1,c’) / (N - 1)

SCR1, c’ / [N (T - 1) - K]

Les degrés de liberté de la statistique F3 sont (N - 1) et [N(T -1) - K] .

Si l’hypothèse H3

0 est rejetée, on retient le modèle à effets individuels :

yit = a0i + a'xit + εit .

Dans le cas contraire, si l’hypothèse H3

0 est acceptée, nous sommes en présence du cas

d’homogénéité totale :

yit = a0 + a'xit + εit .

Dans le cas où le modèle retenu serait un modèle à effets individuels, il faut déterminer

entre le modèle à effets fixes (MEF) et le modèle à effets aléatoires (MEA) celui qui est le

plus approprié pour estimer la relation étudiées.

Page 191: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

181

3.5.1.2. Modèle à effets fixes (MEF) versus modèle à effets aléatoires (MEA)

Selon le modèle à effets individuels (Gujarati, 2003) :

yit = a0i + a'xit + εit

Ce modèle laisse varier la valeur de la constante pour chaque individu tout en supposant

que les coefficients sont constants entre les individus. De cette façon, le modèle permet de

tenir compte du caractère spécifique à chaque individu en coupe instantanée. Le modèle

estimé ne diffère entre individus que par la constante :

a0i = a0 + ai

Bourbonnais (2009) retient deux cas de figure :

1er

cas :

Soit l’effet individuel est constant dans le temps, on utilise donc le modèle à effets fixes

(MEF). Ce modèle suppose que :

Bien que la constante diffère d’un individu à un autre, elle est constante dans le

temps ;

Les coefficients sont constants entre les individus et dans le temps.

Le modèle se présente comme suit :

yit = a0i + a'xit + εit

Avec :

a0i = a0 + ai

La constante a0 est égale à la moyenne des coefficients ai estimés en intégrant dans

le modèle des variables indicatrices spécifiques pour chaque individu.

Page 192: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

182

2ème

cas :

Selon Gujarati (2003), le modèle à effets fixes est simple, mais il peut être coûteux en

termes de degrés de liberté à cause de l’utilisation des variables indicatrices. Selon

l’auteur, l’utilisation de ces dernières peut être la traduction d’un défaut de connaissance

sur le véritable modèle. La solution dans ce cas, peut-être d’exprimer cette ignorance à

travers le terme d’erreurs εit. C’est le modèle à effets aléatoires (MEA). La représentation

simple de ce modèle, en ignorant l’effet temporel, est la suivante :

yit = a0 + a'xit + vit

Avec :

vit = a0i + εit ;

a0i représente les effets individuels aléatoires ;

εit est un terme d’erreur.

Pour choisir entre le MEF et MEA, Bourbonnais (2009) propose d’utiliser le test

d’Hausman qui est un test proposé par Hausman en 1978. Ce test de spécification permet

de déterminer si les coefficients des deux modèles sont statistiquement différents ou non.

3.5.2 Description des variables

Dans notre modèle économétrique, la variable étudiée, ou la variable dépendante, est la

performance des AMC et les variables indépendantes sont un ensemble d’indicateurs reliés

à la gouvernance, à l’utilisation des subventions et à la portée des services des AMC

marocaines. En plus de ces variables, nous considérons d’autres variables qui sont des

variables de contrôle liées aux caractéristiques des associations étudiées.

3.5.2.1 Variables dépendantes

Les IMFs sont caractérisées par la poursuite de deux objectifs :

En tant qu’institution de développement, elles ont un objectif social (la portée) ;

Page 193: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

183

En tant qu’institution financière, elles ont un objectif économique (la viabilité

financière).

Ainsi, l’évaluation de la performance des AMC passe par l’évaluation de la réalisation de

ces deux objectifs. Il faut donc évaluer la performance sociale (la portée) et la performance

financière (la viabilité financière). Hartarska (2005) note qu’en microfinance, la

performance est mesurée par des indicateurs comptables de la portée et de la viabilité

financière. En outre, Bhagat & Jefferie (2002) rajoutent qu’en général les données

comptables sont plus appropriées pour les études portant sur une longue période. En effet,

bien que les dirigeants puissent manipuler les données comptables pour une année donnée,

leur capacité de les manipuler pour une longue période est limitée.

a. Performance sociale

Les AMC ont une mission principalement d’ordre social. Cette mission consiste à aider les

personnes économiquement faibles à s’insérer dans la vie économique et améliorer leurs

conditions de vie. Le ciblage des IMF ne concerne pas uniquement les pauvres mais en

général les personnes exclues, notamment les femmes, les analphabètes, les ruraux, les

travailleurs précaires, etc. (Iserte et Lapneu, 2003)

Yaron et al. (1997) proposent d’utiliser la portée des services d’une IMF comme mesure de

son objectif social. Cette portée a deux dimensions :

Étendue de la portée : nombre de clients servis par une IMF.

Degré de la portée : niveau de pauvreté des clients servis par une IMF.

En effet, il ne suffit pas qu’une IMF ait un grand nombre de clients (étendue), il faut aussi

et surtout cibler les personnes les plus démunies (étendue).

Plusieurs indicateurs sont utilisés dans la littérature sur la microfinance pour mesurer la

portée d’une IMF. Ledgerwood (1999) note que l’étendue de la portée est souvent évaluée

par le nombre total des clients d’une IMF. Le degré de l’étendue, pour sa part, est

généralement mesuré par la taille moyenne des prêts ou la taille moyenne des prêts en

pourcentage du PIB par habitant. Cependant, ces deux indicateurs peuvent ne pas refléter

Page 194: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

184

le niveau de pauvreté des clients de l’IMF étudiée. En effet, les prêts n’ont pas tous le

même terme et leur utilisation diffère d’un client à un autre.

i) Étendue de la portée

Pour mesurer l’étendue de la portée des services des IMF étudiées, Mersland et Strøm

(2009) ainsi que Luzzi et Weber (2006) utilisent le nombre des clients. Par ailleurs,

Hartarska et Nadolnyak (2007) et Hartarska (2005) utilisent le logarithme du nombre des

emprunteurs actifs.

ii) Degré de la portée

Mersland et Strøm (2009), Ayayi et Sene (2010), de Crombrugghe et al. (2008) et

Hartarska (2005) utilisent le solde moyen de prêt par emprunteur :

actifs semprunteurd' Nombre

crédits de Encours emprunteur par prêt de moyen Solde

Plus le prêt moyen est faible, plus l’IMF cible les gens les plus pauvres. Plus ce ratio est

élevé, plus la clientèle de l’IMF est relativement aisée. Une AMC qui a une moyenne

faible est une association qui octroie des prêts à faible montant qui peuvent se rapprocher

plus des besoins des gens les plus pauvres.

La situation des femmes dans le tiers monde est loin d’être semblable à celle des hommes.

Cette situation prévaut aussi en ce qui concerne l’accès aux services financiers. Les

femmes sont donc plus vulnérables que les hommes. Certains auteurs utilisent le

pourcentage des femmes parmi les clients de l’IMF pour mesurer le degré de la portée

(Cull et al. 2007, Ayayi et Sene 2010 et Luzzi et Weber 2006).

À l'instar des études précitées, nous utilisons comme proxy de la performance sociale des

AMC marocaines dans notre propre étude les variables suivantes :

Page 195: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

185

Le solde moyen de prêt par emprunteur (MoyPre) et le pourcentage des femmes

parmi les clients des AMC (PorFem) comme proxy du degré de la portée des

services de ces associations ;

Le nombre des emprunteurs actifs (NobEmp) pour évaluer l’étendue de la portée

des AMC.

b. Viabilité financière

La viabilité financière d’une institution de microfinance est la capacité de couvrir toutes

ses charges par ses produits. Pour être financièrement viable, une institution de

microfinance ne doit pas tenir compte des subventions reçues. Donc la viabilité financière

est la capacité d’une IMF à accomplir toutes ses activités et de répondre aux besoins de ses

clients sans avoir recours à l’aide extérieure sous formes de dons ou de prêts

concessionnels ou toute autre forme de subvention. Une IMF qui est financièrement viable

peut avoir une bonne situation afin de fournir des services financiers de qualité aux

populations pauvres ce qui, par suite, aurait un impact significatif sur la réduction de la

pauvreté (Ledgerwood, 1999 ; Ayayi et Sene, 2010).

Les produits des IMF proviennent généralement des prêts et des autres services financiers

sous la forme d'intérêts, des commissions et des pénalités. Ces produits comprennent

également les revenus provenant de d'autres actifs financiers comme les produits générés

par des placements. Pour leur part, les charges des IMF comprennent les frais

d'exploitation, le coût des emprunts et les provisions pour pertes probables sur les défauts

de payement des crédits.

La viabilité financière est mesurée à deux niveaux : l’autosuffisance opérationnelle et

l’autosuffisance financière.

i) L’autosuffisance opérationnelle (autonomie opérationnelle)

L’autosuffisance opérationnelle peut être définie comme la capacité de couvrir toutes les

charges liées à l’exploitation de l’activité en utilisant les revenus dégagés par cette activité.

Page 196: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

186

Le MicroBankig Bulletin97

mesure l’autosuffisance opérationnelle en comparant les

produits financiers, d’une part, au total des charges financières, des dotations aux

provisions pour prêts irrécouvrables et des charges d’exploitation, d’autre part. Pour

qu’une IMF ait l’autosuffisance opérationnelle, il faut que le ratio :

%100 expl.)d' Chges. blesirrécouvra prêts pour prov. aux Dotat. financ. (Chges.

financiers Produits

Un ratio d’autosuffisance opérationnelle supérieur à 100 % montre que l’IMF a la capacité

de continuer l’exploitation de son activité sans avoir besoin de subventions. Dans le cas

contraire, l’institution utilise des fonds externes pour continuer son activité.

ii) L’autosuffisance financière (autonomie financière)

Afin d’avoir une bonne base de comparaison entre les IMF, certains analystes ajustent les

données de ces institutions pour tenir compte à la fois de l’effet des subventions et de celui

de l’inflation98

. Boyé et al. (2006) utilisent les ajustements suivants :

Ajustement pour l’inflation

L’inflation réduit la valeur en terme réel des fonds propres d’une institution financière.

Cependant, l’inflation n’a pas d’effet négatif sur les actifs immobilisés. On déduit donc les

immobilisations des fonds propres pour avoir les fonds propres nets.

Ainsi, le coût de l’inflation est égal à :

Ajustement pour l’inflation = taux d’inflation x (fonds propres nets moyens – actif

immobilisation moyen)

97 MicroBanking Bulletin, N° 20 Septembre 2010.

98 Il y a un autre type d’ajustements qui a pour objectif de passer les provisions en conformité avec les

standards internationaux fixés par le MicroBanking Bulletin, dans un souci d’homogénéisation. Cependant,

comme nous sommes dans le cas du Maroc dont les AMC sont soumises à une réglementation uniforme, on

suppose que toutes les associations respectent les mêmes procédures pour l’enregistrement de leurs

provisions.

Page 197: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

187

Le rapport de rating global de l’association de micro-crédit marocaine AMSSF réalisé par

Planet Rating en 2004 dégage un ajustement pour l’inflation de 93.444 dh.

Ajustement pour les subventions

Les subventions que reçoivent les IMF peuvent être sous différentes formes : dons en

nature, dons en numéraires ou sous forme d’emprunts à des taux au-dessous de ceux qui

sont appliqués au marché. Le rapport de rating global de l’association de micro-crédit

marocaine AMSSF réalisé par Planet Rating en 2004 dégage :

Un ajustement pour des dons en nature (sous forme de la rémunération de la

Présidente du Conseil d’Administration) de 130.788 dh ;

Un ajustement pour les coûts des fonds de 56.571dh.

Ce dernier montant est obtenu en utilisant la formule suivante :

(Emprunts moyens x taux de l’emprunt99

) – charges de financement réelles

Ainsi, en plus des revenus nécessaires pour couvrir toutes les charges d’opérations d’une

IMF, il faut que l’activité génère aussi des revenus qui vont permettre de couvrir l’effet de

l’inflation sur les fonds propres nets et les coûts qu’aurait supporté l’IMF si elle ne

bénéficie pas de subventions. Ceci nous ramène au deuxième niveau de la viabilité

financière : l’autosuffisance financière.

L’autosuffisance financière est calculée de la même façon que le ratio de l’autosuffisance

opérationnelle tout en tenant compte des ajustements précédents :

%100 téesexpl.)ajusd' Chges. blesirrécouvra prêts pour prov. aux Dotat. financ. (Chges.

financiers Produits

En tenant compte de toutes les charges qu’aurait à supporter une IMF dans le cas d’une

exploitation normale sans recours aux subventions, ce ratio est donc un bon estimateur de

99 Le MicroBanking Bulletin utilise le taux de dépôt à la ligne 60I de l’International Financial Statistics du

fonds monétaire international.

Page 198: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

188

la viabilité financière. Lorsque ce ratio est supérieur à 100 %, on peut déduire que l’IMF

concernée peut se surpasser des subventions et peut recourir aux marchés financiers pour

se financer.

À l’instar de Hudon (2009), Ayayi et Sene (2010) et Cull et al. (2007), nous allons retenir

le ratio de l’autonomie financière (AutFin) comme variable dépendante dans notre modèle

pour mesurer la performance financière des associations de micro-crédit marocaines. Nous

utilisons aussi le ratio de l’autonomie opérationnelle100

(AutOpe) et le ratio de rendement

des actifs (Return On Assets : ROA)101

pour vérifier la robustesse des résultats.

Le ratio ROA mesure la façon dont une institution utilise ses actifs. Il est calculé comme

suit :

actifl' de moyen Montant

impôts) (après elopérationn RésultatROA

3.5.2.2 Variables indépendantes

Afin de vérifier les hypothèses retenues dans le cadre du présent travail, nous avons

identifié à partir de la littérature sur le sujet un ensemble de variables quantitatives et

qualitatives qui sont susceptibles d’avoir une influence (positive ou négative) sur les

différentes facettes des deux composantes de la performance des associations de micro-

crédit marocaines. En fait, la littérature présente un très grand nombre de variables qui

affectent directement ou indirectement la performance des IMF. Cependant, pour les

besoins de notre recherche et vu le cas particulier des AMC marocaines, nous n’avons

retenu que celles qui sont les plus pertinentes dans notre cas. Dans ce qui suit, nous

présentons les différentes variables retenues ainsi que leur mesure et leur origine.

100 Le ratio d’autosuffisance opérationnelle est utilisé par Mersland et Strøm (2009), Cull et al. (2007),

Hartarska et Nadolnyak (2007), Hartarska (2005), de Crombrugghe et al. (2008), Luzzi et Weber (2006).

101 Le ratio de rendement des actifs ou rentabilité économique ou aussi ROA est utilisé par Mersland et Strøm

(2009), Kyereboah- Coleman et Osei (2008), Hartarska (2005).

Page 199: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

189

a. La bonne gouvernance

La mesure de cette composante sera faite par trois variables à savoir :

i) La taille du conseil d’administration (CaTail)

CaTail : Nombre de personnes qui font partie du conseil d’administration de l’AMC.

Plusieurs études montrent qu’un conseil d’administration de petite taille permet

d’améliorer la performance (Kyereboah et Osei 2008). Bien qu’Hartarska (2005) trouve

des résultats contradictoires relativement à l’impact de la taille du CA sur la performance

des IMF, nous nous attendons à avoir une relation négative entre la taille du conseil

d’administration et la performance sociale et financière des AMC marocaines.

ii) L’indépendance du conseil d’administration (CaProp).

CaProp : Cette variable est mesurée par la proportion des représentants externes dans le

conseil d’administration de l’AMC. Dans la plupart des cas, le conseil d’administration des

IMF est composé de représentants des actionnaires et d’autres personnes internes et

externes à l’institution. Plus la proportion des personnes externes est importante, plus le

conseil est dit indépendant. La présence dans le conseil d’administration de personnes

externes, comme les représentants de bailleurs de fonds ou de clients et généralement des

autres parties prenantes, peut aider à atteindre un bon niveau de gouvernance. Hartarska

(2005) trouve que l’indépendance du conseil d’administration d’une IMF permet

d’atteindre de bons résultats. Nous nous attendons donc à avoir une relation positive entre

cette composante et les deux formes de la performance d’une AMC.

iii) Le pouvoir du directeur général (PouvDG).

Le cumul des postes de président du CA et de directeur général d’une IMF donne un grand

pouvoir de décision au directeur. Ce qui peut engendrer une situation de conflit d’intérêt et

les coûts d’agence peuvent augmenter (Kyereboah et Osei 2008). Cette variable, notée

PouvDG, est une variable dichotomique prenant la valeur 1 lorsqu’il y a cumul des deux

postes et 0 dans le cas contraire. Nous prévoyons une relation négative entre cette variable

et la performance d’une AMC.

Page 200: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

190

b. Le recours aux subventions

Pour construire les variables qui mesurant la dépendance vis-à-vis des subventions, nous

utilisons l’indice de recours aux subventions (Subsidy Dependence Index : SDI). Selon

Yaron, Benjamin et Piprek (1997) :

et

Avec :

A : Dettes concessionnelles annuelles moyennes ;

m : Le taux d’intérêt qu’une IMF doit probablement payer pour emprunter les fonds

dans le cas où elle ne pourrait obtenir des dettes concessionnelles. Le taux utilisé,

généralement, est le taux prêteur offert par la banque centrale aux banques ;

c : Le taux d’intérêt moyen payé par l’IMF sur sa dette concessionnelle ;

E : Fonds propres moyens ;

P : Profit annuel avant impôt ;

K : Total des subventions explicites reçues telles que : une formation du personnel

gratuite, le salaire d’une personne qui travaille pour l’IMF sans toucher de

rémunération, etc. ;

LP : Portefeuille moyen de prêt ;

i : Taux moyen effectif appliqué par l’IMF sur son portefeuille de prêts.

Cette formule tient compte de toutes les subventions que peut recevoir une IMF, quelles

soient sous formes de subventions proprement dites (K) ou sous formes de ressources

subventionnées (A (m - c) + (E x m) – P).

Cet indice nous donne approximative de combien une AMC doit augmenter ses revenus

pour couvrir toutes ses charges dans le cas où elle n’aurait plus accès aux subventions. Le

SDI ne peut pas être inférieur à -100%. Par contre, il peut dépasser largement 100%, il n’a

Page 201: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

191

pas de limite supérieure. Cet indice est l’inverse de la viabilité financière ; plus le SDI est

élevé, plus l’institution est loin de son autosuffisance financière.

Pour évaluer l’impact des subventions sur la performance des AMC marocaines, nous

utilisons aussi le ratio subventions/nombres d’emprunteurs (sub) qui mesure la valeur des

subventions reçues par une AMC par emprunteurs actifs. Ce ratio est celui utilisé par Cull,

Demirgùç-Kunt et Morduch (2009).

Les subventions permettent aux IMF de disposer de plus de ressources pour servir le

maximum de clients. Cependant, l’expérience a montré que les subventions étaient à

l’origine des problèmes qu’ont connus les banques étatiques, qui octroyaient des crédits

subventionnés aux pauvres (Robinson, 2001). Même dans le cas des institutions non-

gouvernementales, les subventions peuvent être un frein à l’innovation et à la recherche de

l’optimisation des coûts (Cull, Demirgùç-Kunt et Morduch, 2009).

Nous nous attendons à avoir une relation positive entre le SDI et la performance sociale.

Par contre, les subventions peuvent avoir un impact négatif sur la compétitivité d’une

AMC. Par conséquent, nous prévoyons une relation négative entre cet indice et la

performance financière.

c. Avoir une portée importante et efficace.

La portée des services d’une IMF fait référence au nombre de clients desservis ou le

portefeuille des prêts distribués. Il ne suffit pas d’avoir un grand nombre de clients, il faut

aussi s’assurer de la qualité du portefeuille de ces clients.

i) Indicateurs de la portée (ces variables sont utilisées seulement pour expliquer

la performance financière)

Nombre d'emprunteurs actifs (NobEmp) : Nombre d'emprunteurs avec un prêt en

cours. Plus une AMC a de client, plus il aura de revenus pour couvrir ses

différentes charges. On prévoit une relation positive entre cette variable et la

performance financière.

Page 202: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

192

Pourcentage d'emprunteurs femmes (PorFem) : Nombre d'emprunteurs actifs

femmes / Nombre d'emprunteurs actifs. Nous nous attendons à avoir une relation

positive entre cette variable et la performance financière.

Solde moyen de crédit par emprunteur (MoyPre) : Encours brut de prêts / Nombre

d'emprunteurs actifs.

ii) Indicateur de la qualité du portefeuille

La qualité du portefeuille d’une IMF fait référence à la qualité des remboursements de ses

clients. Selon Boyé, Hajdenberg et Poursat (2006), un crédit est qualifié du terme sain

lorsqu’il est remboursé à sa date d’échéance. Dans le cas d’un retard de paiement, par

exemple un retard de plus de 30 jours, on parle d’un crédit à risque à 30 jours. La totalité

du montant est considérée à risque, même si le retard ne concerne qu’une seule échéance.

Le ratio le plus utilisé pour évaluer la qualité du portefeuille des clients emprunteurs d’une

IMF est : le portefeuille à risque à 30 jours : PAR30j :

sut de prêtEncours br

joursà plus de à risque s créancest total demonjPAR

30tan30

Nous nous attendons donc à avoir une relation négative entre le Par30j et la performance

financière, d’une part, et une relation positive avec la performance sociale.

d. Structure financière

Les institutions de microfinance disposent de trois sources de financement : les capitaux

propres, la dette et les dépôts des clients (pour les IMF autorisées à collecter l’épargne du

public). Selon Sapundzhieva (2011), au cours des trois dernières années, la dette a

représenté le tiers des ressources totales des IMF. A partir de l’année 2010, cette

proportion a connu une baisse due au retrait des investisseurs des marchés qui ont connu

une crise interne ainsi que des marchés affectés par la crise financière internationale.

Page 203: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

193

Les AMC marocaines ne sont pas autorisées à collecter l’épargne du public. Le

financement par la dette jouera donc un grand rôle dans la mission de ces associations, qui

consiste à fournir le crédit à la population pauvre.

Afin de mettre en évidence l’impact du recours au financement par la dette sur la

performance des AMC marocaines, nous retenons le ratio de la dette sur les capitaux

propres (Levier) comme indicateur de la structure financière de ces associations. Nous

nous attendons à une relation positive entre le ratio de la structure financière et la

performance sociale. En effet, plus une AMC s’endette, plus elle peut disposer de

ressources à prêter aux personnes pauvres.

L’impact de la dette sur la performance financière dépend de la rentabilité des actifs et du

coût net de la dette. En effet, on a102

:

Avec :

ROE : Rentabilité des capitaux propres ou rentabilité financière (Return On Equity)

ROA : Rentabilité des actifs (Return On Assets)

i : Coût de la dette ;

t : Taux d’impôt ;

D : Dette ;

C : Capitaux propres.

D’après l’équation, nous remarquons que lorsque le ROA est supérieur au coût net de la

dette i(1-t), le financement par la dette permet d’augmenter la rentabilité financière (ROE),

on parle donc de l’effet de levier. Dans le cas contraire, lorsque l’entreprise n’arrive pas à

dégager une rentabilité économique (ROA) supérieure au coût nette de la dette, l’entreprise

102 Quiry P., Dallocchio M., Le Fur Y. et Salvi A. 2009. « Corporate Finance : Theory and Practice ». 2

ème

éd.

Page 204: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

194

supporte un effet de massue. Ainsi, la relation entre la dette et la performance financière

des AMC étudiées n’est pas clairement définie.

e. Caractéristiques institutionnelles

Les caractéristiques institutionnelles des AMC sont des variables de contrôle. Les

caractéristiques retenues dans notre recherche sont l’âge des AMC et leur taille mesurée

par le total des actifs d’une AMC.

i) Age de l’AMC (Age)

Age : Nombre d’années d'existence. Plus une AMC a d’années d’activité, plus les

dirigeants et les employés accumulent de l’expérience. Nous estimons que l’âge aura un

impact positif sur les deux composantes de la performance des AMC.

ii) Total actif (TotAct)

TotAct : Actif Total. Nous ne prévoyons pas le sens de la relation de cette variable avec la

performance.

Page 205: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

195

Conclusion du chapitre III

Le secteur du microcrédit marocain, qui est apparu pour la première fois au Maroc en

1993, est un secteur relativement nouveau. Il a connu une croissance très rapide dès son

apparition. En effet, le Maroc présente plusieurs facteurs favorables à cette croissance,

notamment :

Un marché potentiel important : 8,8 % des marocains vivent au-dessous du seuil de

pauvreté en 2008 ;

Un secteur économique informel très dynamique et qui n’a pas accès au

financement par le système bancaire ;

Un taux de bancarisation faible ;

L’appui des autorités par la mise en place d’un cadre juridique et institutionnel qui

est très favorable ;

Des institutions de microcrédit très performantes et qui se sont hissées au rang des

meilleures IMF à l’échelle internationale.

La croissance phénoménale du secteur de la microfinance marocain, qui a fait passer le

nombre de clients actifs de 97.000 personnes en 2001 à 1,353 millions de personnes en

2007, n’a pas passé sans faire de dégâts. Ainsi, en 2008 éclate la première crise de ce

secteur, que nous pouvons qualifier de la crise de croissance. Cette période de crise était

l’occasion de revoir le modèle marocain en mettant plus l’accent sur la structuration des

institutions que sur la croissance et la recherche de la viabilité financière.

Nous remarquons donc qu’au cours de la période, 2003 – 2010, sur laquelle porte notre

étude, les AMC sont passées par deux phases une phase de croissance soutenue et une

phase de crise. Pour exploiter les renseignements à tirer de cette période, nous avons

retenu, pour mener à bien notre travail de recherche, une posture positiviste et l’approche

hypothético-déductive.

La performance des IMF et ses déterminants ont fait l’objet de plusieurs études qui ont

porté soit sur des échantillons d’IMF de plusieurs pays soit sur des échantillons d’IMF

Page 206: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

196

d’un seul pays. Cependant, nous constatons que le cas des IMF marocaines est absent de ce

genre de travaux, d’où l’intérêt de notre étude. Nous cherchons à travers cette thèse à

dégager les facteurs qui influencent la performance financière et la performance sociale des

AMC marocaines. Ceci permettra de formuler des recommandations et des suggestions

afin de contribuer à l’amélioration et à l’efficacité des outils et des mécanismes de gestion

et de gouvernance des AMC marocaines.

Les questions traitées dans ce travail sont les suivantes :

Quel est le rôle joué par les mécanismes de la gouvernance sur la performance des

AMC marocaines ?

Le recours aux subventions affecte-t-il la performance des AMC marocaines ?

La portée des services a-t-elle un impact sur la performance des AMC marocaines ?

Comment la qualité du portefeuille de crédit affecte-t-il la performance des AMC

marocaines ?

La structure financière, l’âge et la taille des AMC ont-ils un impact sur leurs

performances ?

Les données utilisées dans cette étude sont obtenues à partir du site de Microfinance

Information eXchange (MIX). Sur cette base de données sont listées 10 des 12 AMC que

compte le Maroc au 31.12.10. Par conséquent notre échantillon sera composé de ces 10

associations. La période retenue est la période comprise entre les années 2003 et 2010 soit

une période de 8 ans. L’activité des associations composant l’échantillon représente 99 %

du secteur en termes d’encours brut de prêts et du nombre d’emprunteurs actifs.

Notre recherche porte sur 10 AMC sur une période de 8 ans, nous réaliserons des

régressions sur des données de panel plus appropriées pour ce genre d’étude et vu

l’ensemble des avantages liés à l’utilisation de ce type de données.

La performance des AMC, variable dépendante du modèle, est divisée en deux

composantes :

La performance sociale : la portée ;

La performance financière : la viabilité financière.

Page 207: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

197

La littérature présente un très grand nombre de variables qui affectent directement ou

indirectement la performance des IMF. Cependant, pour les besoins de notre recherche et

vu le cas particulier des AMC marocaines, nous n’avons retenu, comme variables

indépendantes, que celles qui sont les plus pertinentes dans le cas de cette étude. Le tableau

III-7 présente les différentes variables dépendantes et indépendantes ainsi que leurs

indicateurs de mesure.

Page 208: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

198

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Page 209: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

199

Chapitre IV

TRAITEMENT DES DONNEES ET RESULTATS

Dans notre recherche, nous avons considéré un échantillon de 10 associations de

microcrédit (AMC) marocaines sur une période de 8 années, de 2003 à 2010. Nous

cherchons à déterminer l’impact d’un ensemble de facteurs liés à la gouvernance, à

l’utilisation des subventions, à la structure financière et à certaines caractéristiques

spécifiques aux AMC sur leur performance financière, d’une part, et sur leur performance

sociale, d’autre part. Les données utilisées sont donc des données de panel. Comme

mentionné à la section 3.6, il est essentiel, avant de procéder aux estimations des

régressions, de procéder à la réalisation des différents tests de spécification, tel qu’ils sont

mentionnés à la figure III-6.

Afin d’avoir une idée sur les caractéristiques des dix AMC qui composent l’échantillon,

nous commençons ce quatrième chapitre par une analyse descriptive des différentes

variables retenues dans la recherche (section 4.1). Nous présentons l’évolution de la

moyenne de chaque variable sur les huit années de l’étude. Comme l’échantillon est

composé de 10 associations seulement, nous présentons aussi l’évolution des différentes

variables pour chaque AMC.

La deuxième section (4.2) sera consacrée à l’estimation des différentes régressions

retenues. Avant chaque estimation, nous prenons le soin de réaliser les tests de

spécification (procédure de Hsiao) pour justifier l’utilisation du modèle à d’effets

individuels. Ensuite, nous réalisons le test d’Hausman pour vérifier la nature fixe ou

aléatoire de ces effets individuels. Les derniers tests portent sur la robustesse des résultats

trouvés. Pour cela, nous vérifions pour chaque estimation l’absence de l’hétéroscédasticité,

de l’autocorrélation des erreurs et de la multicolinéarité des variables explicatives.

Page 210: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

200

Une fois tous les tests réalisés, nous pouvons donc déterminer, d’une part, les facteurs qui

affectent la performance financière des AMC marocaines, mesurée par l’autosuffisance

opérationnelle. Nous déterminons aussi les facteurs qui affectent la performance sociale de

ces AMC. La performance sociale a deux composantes, à savoir : l’étendue de la portée,

mesurée par le nombre de clients actifs et le degré de la portée, mesuré par le prêt moyen

par AMC.

À la troisième section (4.3), nous mettons en commun tous les résultats trouvés pour

dégager les renseignements de ce travail de recherche. Sur la base de cela, nous formulons

nos recommandations aux acteurs intéressés par notre étude.

4.1 Analyse descriptive des données

L’échantillon retenu est composé de dix associations de microcrédit marocaines observées

pendant la période comprise entre les années 2003 et 2010. La source des informations

utilisées est la base de données de Microfinance Information eXchange (MIX). Ces

informations sont complétées par celles qui sont trouvées sur les rapports de gestion des

AMC et les rapports de rating disponibles sur le Net. Le premier problème rencontré est la

non-disponibilité des informations recherchées pour toutes les AMC étudiées et pour toutes

les années de la période retenue. Ainsi, comme le montre le tableau IV-1 il n’y a eu qu’un

petit nombre d’AMC qui ont publié leurs informations sur la base de données du MIX au

cours des années 2000 – 2002. A partir de l’année 2003, le nombre d’AMC qui sont listées

sur le MIX a passé à 10 associations sur les 12 qui sont actives au Maroc. C’est pour cette

raison que nous avons choisi de s’intéresser à la période qui commence à partir de l’année

2003.

Un autre problème rencontré est dû au fait que l’association ATIL ne publie pas ces

données d’une façon régulière. Cette AMC n’a pas publié les données concernant l’année

2010. D’autre part, la fusion entre deux AMC au cours de l’année 2010, la fondation

FBPMC et l’association Zakoura, a fait disparaître cette dernière de notre échantillon.

Ainsi, en 2010, l’échantillon ne contient plus que 8 AMC.

Page 211: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

201

Tableau IV-1 : Nombre d’AMC retenues dans l’échantillon par année

Année Nombre d’AMC retenues

dans l’échantillon

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activités au Maroc

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2005 10 12

2006 10 13

2007 10 14

2008 9 13

2009 10 12

2010 8 12

La figure IV-1 présente la part de marché de chaque association pour l’année 2009, pour

laquelle nous avons toutes les associations de notre échantillon. Au cours de cette année, le

nombre d’emprunteurs actifs de toutes les AMC marocaines est de 924 966 clients103

, les

10 associations retenues dans l’échantillon ont un effectif total de 919 025 clients, soit 99,4

% de part de marché (cette proportion a été, à peu près, 99 % en 2010). L’association Al

Amana détient, à elle seule, une part de marché qui représente 43%, loin devant

l’association FBPMC, qui vient en seconde position, qui n’a que 16% de la totalité des

clients actifs du secteur du microcrédit marocain.

103 Sources : la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (www.fnam.ma, consulté le 30.09.11).

Page 212: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

202

Figure IV-1 : Nombre d’emprunteurs actifs (2009)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

En termes d’encours de prêts (figure IV-2), toutes les AMC marocaines ont un portefeuille

total de 4 865,9 Millions DH en 2009104

. Le portefeuille des AMC de l’échantillon a un

montant global de 4 826,3 Millions DH soit une part de marché de 99,2% (cette proportion

a été d’à peu près le même pourcentage en 2010). La figure montre le même constat que

celui des clients actifs. Le leader du marché est l’association Al Amana qui détient 56% de

l’encours de prêts, suivie par FBPMC qui représente 20% de part de marché.

104 Sources : la Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (www.fnam.ma, consulté le 30.09.11).

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Page 213: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

203

Figure IV-2 : Encours brut de prêts (2009)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

Nous présentons au tableau IV-2 les statistiques descriptives des variables retenues dans

notre modèle pour l’ensemble des AMC étudiées. Le nombre d’observations pour toutes

les variables est égal à 78 observations, sauf pour la variable qui mesure la taille du conseil

d’administration (catail). Pour cette variable, nous n’avons pas pu obtenir les données qui

concernent 3 AMC et les données des années 2005 à 2010 pour une quatrième AMC, ce

qui nous laisse un total de 50 observations.

Nous présentons dans ce qui suit, d’une part, les statistiques descriptives des variables

endogènes, soit : l’autosuffisance opérationnelle (AUTOPE), le ratio du rendement des

actifs (ROA), le nombre, en milliers, des emprunteurs actifs (NBEMP), le pourcentage des

femmes parmi les clients (PORFEM) et le solde moyen, en dirham, de prêt par emprunteur

(MOYPRE). D’autre part, les statistiques descriptives des variables exogènes, soit : l’indice

de dépendance des subventions (SDI), le montant, en dirhams, des subventions reçues par

ATIL 0%

Al AMANA 56%

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AMSSF 1%

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Page 214: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

204

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50

Page 215: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

205

emprunteur (SUB), le portefeuille à risque > 30 jours (PAR30J), le ratio des dettes sur

capitaux propres (LEVIER), l’âge de l’AMC (AGE), le total de l’actif, en millions dh,

(TOTACT) et la taille du conseil d’administration.

4.1.1 Statistiques descriptives des variables endogènes

Les variables étudiées retenues pour analyser la performance financière des AMC

marocaines sont l’autonomie opérationnelle (autope) et la rentabilité des actifs (ROA).

Figure IV-3 : Evolution de l’autonomie opérationnelle annuelle (autope) moyenne des

AMC marocaines (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

La figure IV-3 présente l’évolution de l’autonomie opérationnelle annuelle moyenne des

AMC marocaines sur la période étudiée (2003 – 2010). Nous constatons que cette

moyenne annuelle était supérieure à 100% sur toute la période de l’étude sauf pour l’année

2009. Nous rappelons qu’une AMC qui a une autonomie opérationnelle supérieure à 100%

est une AMC qui a atteint sa viabilité financière. Elle dispose donc de la capacité de

continuer l’exploitation de son activité sans avoir besoin d’être subventionnée. La

moyenne de la variable autonomie opérationnelle sur la période étudiée est égale à

122,04%. La valeur minimale est celle qui est enregistrée par l’association ZAKOURA en

80,0%

90,0%

100,0%

110,0%

120,0%

130,0%

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2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

AutOpe

Page 216: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

206

2009 (51,3%). La valeur maximale est égale à 231,3% enregistrée par l’association

INMAA en 2003.

Durant la période de l’étude, cet indicateur de la performance financière des AMC a passé

par trois phases105

:

Une première période caractérisée par une légère hausse de l’indicateur (2003 –

2006). L’autonomie opérationnelle a passé d’une moyenne de 137,1 % à 136,9%.

C’est la période ou le secteur du microcrédit a connu son euphorie au Maroc ;

Une deuxième période, allant de l’année 2007 à 2009, où l’autonomie

opérationnelle passe de 136,9 % à 93,5%. Une situation très critique pour le

secteur, c’est la période de crise du secteur du microcrédit marocain.

Enfin, une phase qui commence avec l’année 2010 et qui annonce un retour au vert

de cet indicateur. Après les mesures prises par les acteurs du secteur du

microcrédit, ce secteur commence, au moins pour cette année-là, à reprendre son

rythme, l’autonomie opérationnelle a passé à 107,5%.

Lorsqu’on considère, à part, chacune des 10 associations qui composent l’échantillon

(figure IV-4), nous constatons que les trois périodes mentionnées ci-dessus ne se

présentent pas de la même façon pour toutes les AMC. Ainsi, 8 AMC sur 10 ont atteint

leur autonomie entre la période 2003 – 2006. Les deux associations qui n’étaient pas dans

cette situation sont ATIL et ARDI. Alors que la majorité des AMC ont vu baisser leur

autonomie opérationnelle durant la période 2007 – 2009, l’association ATIL a pu améliorer

sa performance après une baisse au cours de l’année 2006 par rapport à 2005. On peut

donc dire que cette AMC, la plus petite de l’échantillon, a donc connu la crise du secteur

une année avant les autres associations et sa réaction était rapide et a nécessité une courte

durée. Au cours de la période de crise, 6 AMC sur les dix ont basculé dans le rouge

(autope < 100%). L’association Zakoura n’a pas pu survivre à la crise. Elle a été contrainte

de fusionner avec la fondation FBPMC afin de sauver son activité.

105 Ces trois phases ainsi que l’évolution du secteur du microcrédit marocain sont développées avec plus de

détails à la section : 3.1.2 - Historique, développement et perspectives du microcrédit au Maroc (p.142).

Page 217: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

207

Figure IV-4 : Evolution de l’autonomie opérationnelle des AMC marocaines (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

140%

3 4 5 6 7 8 9 10

ATIL

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

140%

160%

180%

3 4 5 6 7 8 9 10

AL AMANA

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

140%

160%

180%

3 4 5 6 7 8 9 10

AL KARAMA

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

140%

160%

180%

3 4 5 6 7 8 9 10

AMOS

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

140%

160%

3 4 5 6 7 8 9 10

AMSSF

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

140%

160%

180%

3 4 5 6 7 8 9 10

ARDI

0%

50%

100%

150%

200%

250%

3 4 5 6 7 8 9 10

FBPMC

0%

50%

100%

150%

200%

250%

3 4 5 6 7 8 9 10

FONDEP

0%

50%

100%

150%

200%

250%

3 4 5 6 7 8 9 10

INMAA

0%

20%

40%

60%

80%

100%

120%

140%

160%

180%

3 4 5 6 7 8 9 10

ZAKOURA

Page 218: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

208

L’autre indicateur de la performance financière, la rentabilité des actifs (ROA), a connu les

mêmes phases que celles qu’a connues l’autonomie opérationnelle (figure IV-5). Ce ratio a

une moyenne de 3,51% sur la période étudiée. Il a enregistré une valeur minimale de -

15,4% (par INMAA, en 2009) et une valeur maximale de 18,7% (par FONDEP, en 2006).

Figure IV-5 : Evolution de la rentabilité des actifs (ROA) moyenne des AMC

marocaines (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

La figure IV-6 présente l’évolution du ratio ROA pour chaque AMC. Nous constatons la

même hétérogénéité que pour le ratio de l’autonomie opérationnelle : des phases

différentes spécifiques à chaque AMC. Pour chacune de ces dernières, le comportement du

ROA se rapproche du comportement observé dans le cas de l’autope. En effet, comme les

deux ratios sont des indicateurs de la performance financière, nous attendons à avoir la

même réaction par rapport aux résultats des associations étudiées, ce qui est confirmé par

les graphiques présentés.

-4,0%

-2,0%

0,0%

2,0%

4,0%

6,0%

8,0%

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Page 219: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

209

Figure IV-6 : Evolution du ROA par AMC marocaine (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

-20,0%

-15,0%

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

3 4 5 6 7 8 9 10

ATIL

-20,0%

-15,0%

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

3 4 5 6 7 8 9 10

AL AMANA

-20,0%

-15,0%

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

3 4 5 6 7 8 9 10

AL KARAMA

-20,0%

-15,0%

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

3 4 5 6 7 8 9 10

AMOS

-20,0%

-15,0%

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

3 4 5 6 7 8 9 10

AMSSF

-20,0%

-15,0%

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

3 4 5 6 7 8 9 10

ARDI

-20,0%

-15,0%

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

3 4 5 6 7 8 9 10

FBPMC

-20,0%

-15,0%

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

3 4 5 6 7 8 9 10

FONDEP

-20,0%

-15,0%

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

3 4 5 6 7 8 9 10

INMAA

-20,0%

-15,0%

-10,0%

-5,0%

0,0%

5,0%

10,0%

15,0%

20,0%

3 4 5 6 7 8 9 10

ZAKOURA

Page 220: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

210

L’autre composante de la performance des institutions de microfinance est la performance

sociale ou la portée des activités des IMF. Cette dernière est décomposée dans la littérature

en deux parties :

L’étendue de la portée : le nombre de clients servis par une AMC avec ses

différents instruments ;

Le degré de la portée : le type de clients servis par une IMF et leur degré de

pauvreté.

Figure IV-7 : Evolution du nombre d’emprunteurs actifs total (nbemp) des AMC

marocaines (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

Page 221: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

211

Pour mesurer l’étendue de la portée, nous avons retenu dans notre recherche l’indicateur du

nombre d’emprunteurs actifs par association (nbemp). Cette variable a une moyenne de

85 572 emprunteurs actifs sur la période étudiée. Elle varie entre un nombre minimum

d’emprunteurs actifs de 1 171 (enregistré par l’association ATIL, en 2003) et un nombre

maximum d’emprunteurs actifs de 472 961(enregistré par l’association AL AMANA, en

2007).

La figure IV-7 montre la croissance qu’a connue l’étendue de la portée des AMC

marocaines de 2003 à 2010. La figure montre que le nombre total d’emprunteurs actifs

pour toutes les AMC de l’échantillon a passé d’un total de 306 milles emprunteurs actifs en

2003 jusqu’à 1 328 milles emprunteurs en 2007. Après la prise de connaissance des

résultats décevants de l’année 2007, cette variable a entamé une baisse continue jusqu’à la

fin de l’année 2010. Nous pouvons noter à ce niveau que le nombre d’emprunteurs actifs

d’une année donnée est directement affecté par les résultats de l’année précédente.

En considérant chaque association à part (figure IV-8), la seule association qui se

démarque de cette tendance est l’association ARDI dont le nombre d’emprunteurs actifs

n’a pas cessé d’augmenter depuis 2003 jusqu’en 2010. Cette association apparaît comme si

elle n’était pas affectée par la crise du secteur. Pour certaines AMC, l’année 2007, pour

d’autres l’année 2008, été une année de rupture où la croissance du nombre d’emprunteurs

va connaître une baisse pour la première fois.

En général, les deux figures (la figure IV-7 et figure IV-8) nous montrent l’importance de

l’évolution qu’a connue la performance sociale, mesurée par le nombre d’emprunteurs

actifs, des AMC marocaines au cours de la période comprise entre 2003 et 2010. Ce qui a

valu au secteur de la microfinance marocain d’être classé parmi les plus performants à

l’échelle mondiale.

Page 222: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

212

Figure IV-8 : Evolution du nombre d’emprunteurs actifs par AMC (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

0,00

0,50

1,00

1,50

2,00

2,50

3,00

3 4 5 6 7 8 9 10

ATIL

0,00

50,00

100,00

150,00

200,00

250,00

300,00

350,00

400,00

450,00

500,00

3 4 5 6 7 8 9 10

AL AMANA

0,00

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

16,00

18,00

3 4 5 6 7 8 9 10

AL KARAMA

0,00

1,00

2,00

3,00

4,00

5,00

6,00

7,00

3 4 5 6 7 8 9 10

AMOS

0,00

5,00

10,00

15,00

20,00

25,00

3 4 5 6 7 8 9 10

AMSSF

0,00

20,00

40,00

60,00

80,00

100,00

120,00

3 4 5 6 7 8 9 10

ARDI

0,00

50,00

100,00

150,00

200,00

250,00

3 4 5 6 7 8 9 10

FBPMC

0,00

20,00

40,00

60,00

80,00

100,00

120,00

140,00

160,00

3 4 5 6 7 8 9 10

FONDEP

0,00

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

3 4 5 6 7 8 9 10

INMAA

0,00

50,00

100,00

150,00

200,00

250,00

300,00

350,00

400,00

450,00

500,00

3 4 5 6 7 8 9 10

ZAKOURA

Page 223: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

213

Pour mesurer l’autre composante de la performance sociale, à savoir le degré de la portée,

nous avons retenu deux indicateurs : le solde moyen de prêt par emprunteur (moypre),

d’une part, et le pourcentage des femmes parmi les clients actifs d’une AMC (porfem),

d’autre part.

Plusieurs auteurs utilisent le pourcentage des femmes parmi les clients d’une IMF comme

indicateur du degré de la portée. En effet, comme les femmes dans le tiers monde sont

dans une situation précaire relativement à celle des hommes, elles sont donc considérées

comme étant plus vulnérables. Une AMC qui vise en priorité les femmes est susceptible de

toucher les gens qui sont le plus dans le besoin.

Figure IV-9 : Evolution du pourcentage des femmes (porfem) moyen des AMC

marocaines (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

0,0%

10,0%

20,0%

30,0%

40,0%

50,0%

60,0%

70,0%

80,0%

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Page 224: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

214

La figure IV-9 montre l’évolution de la variable porfem. Cette variable a enregistré une

moyenne de 64,9% durant la période 2003 – 2010. Le pourcentage le plus faible est de

31,8% (la fondation FBPMC en 2006). La proportion de femmes la plus élevée, 98%, a été

enregistrée en 2003 par l’association AMOS. La figure nous montre que pendant les

premières années du secteur du microcrédit, les AMC marocaines ciblaient en grande

partie les femmes. Avec les années, la proportion des femmes s’est inscrite dans une

tendance à la baisse. Le taux moyen le plus faible est celui de l’année 2008, il est égal à

57,7 %. Bien que le taux le plus faible soit constaté au cours de la période de crise, cette

tendance à la baisse a caractérisé toute la période étudiée. Si le pourcentage des femmes est

un bon proxy du degré de la portée des institutions de microcrédit, alors ce désengagement,

de plus en plus, de la clientèle de sexe féminin pour donner de plus en plus d’importance à

la clientèle de sexe masculin peut être considéré comme un premier signe de la dérive des

AMC marocaines de leur mission principale. On constate donc qu’avec l’âge, les AMC

étudiées, guidées par la recherche de la performance financière et la recherche d’un grand

nombre d’emprunteurs, accordent de moins en moins d’importance au segment le moins

rentable, celui des clients les plus pauvres.

La figure IV-10 montre l’évolution de l’indicateur pourcentage des femmes parmi les

clients actifs pour chaque AMC. L’association qui se spécialise dans l’octroi de crédits

spécialement aux femmes est l’association AMOS. Cette dernière enregistre une

proportion de femmes qui varie de 98% en 2003 à 90% en 2010. Comme nous l’avons noté

pour la moyenne de toutes les AMC, cette association, à son tour, s’oriente de plus en plus

vers la clientèle masculine. De l’autre côté, nous trouvons l’association ARDI qui donne

plus d’importance à la clientèle masculine avec un pourcentage de 42% en 2003 et 52%

enregistrée en 2007 et 2009. Cette association suit une tendance orientée de plus en plus

vers la clientèle de sexe masculin. Pour les autres associations, nous remarquons la même

tendance à la baisse de la proportion des femmes qui a caractérisée le secteur durant la

période allant de 2003 à 2010.

Page 225: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

215

Figure IV-10 : Evolution du % des femmes (porfem) par AMC (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

3 4 5 6 7 8 9 10

ATIL

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

3 4 5 6 7 8 9 10

Al AMANA

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

3 4 5 6 7 8 9 10

Al KARAMA

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

3 4 5 6 7 8 9 10

AMOS

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

3 4 5 6 7 8 9 10

AMSSF

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

3 4 5 6 7 8 9 10

ARDI

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

3 4 5 6 7 8 9 10

FBPMC

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

3 4 5 6 7 8 9 10

FONDEP

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

3 4 5 6 7 8 9 10

INMAA

30%

40%

50%

60%

70%

80%

90%

100%

3 4 5 6 7 8 9 10

ZAKOURA

Page 226: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

216

Le deuxième indicateur du degré de la portée d’une IMF est le solde moyen de prêt par

emprunteur (moypre). Plus le prêt moyen est faible, plus l’IMF cible les gens les plus

pauvres. Plus ce montant est élevé, plus la clientèle de l’IMF est relativement aisée. Une

AMC qui a une moyenne faible est une association qui octroie des prêts à faibles montants

qui sont susceptibles de répondre aux besoins spécifiques de la frange la plus pauvre de la

population. Notre analyse montre que cette variable a une moyenne de 2 715 dh. Elle varie

entre un minimum de 858 dh (association FONDEP en 2003) et une valeur maximale de

7 257 dh (association AL AMANA en 2010).

Figure IV-11 : Evolution du prêt moyen (moypre) de toutes les AMC marocaines

(2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

La figure IV-11 présente l’évolution, entre les années 2003 et 2010, du solde moyen de

prêt pour toutes les AMC étudiées. Ce qui attire le plus l’attention est la tendance à la

hausse de cet indicateur pour toutes les années de la période sans exception. Le prêt moyen

a donc passé d’une moyenne de 1 585 dh au cours de l’année 2003 à une moyenne de

4 211 dh au cours de l’année 2010. Alors qu’au cours de l’année 2003, le prêt moyen le

plus faible était de 858 dh, ce prêt a été presque multiplié par 2 fois et demie et passe à

2 054 dh en 2010.

-

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

4 000

4 500

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Page 227: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

217

Figure IV-12 : Evolution du prêt moyen (moypre) par AMC marocaine (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

-

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

3 4 5 6 7 8 9 10

ATIL

-

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

3 4 5 6 7 8 9 10

AL AMANA

-

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

3 4 5 6 7 8 9 10

AL KARAMA

-

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

3 4 5 6 7 8 9 10

AMOS

-

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

3 4 5 6 7 8 9 10

AMSSF

-

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

3 4 5 6 7 8 9 10

ARDI

-

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

3 4 5 6 7 8 9 10

FBPMC

-

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

3 4 5 6 7 8 9 10

FONDEP

-

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

3 4 5 6 7 8 9 10

INMAA

-

1 000

2 000

3 000

4 000

5 000

6 000

7 000

8 000

3 4 5 6 7 8 9 10

ZAKOURA

Page 228: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

218

Cette tendance à la hausse a caractérisé toutes les AMC sans exception (figure IV-12). Les

associations qui accordent les prêts les plus faibles parmi les AMC étudiées sont les

associations ARDI (très active dans les zones rurales) et AMOS (très active auprès des

femmes), pour lesquelles le prêt moyen varie entre 1 000 dh et 2 000 dh environ. Dans

l’autre extrémité, c.-à-d., les associations qui accordent les prêts les plus élevés, se trouve

la fondation FBPMC et l’association AL AMANA, pour lesquelles le prêts moyen se situe

au environ de 7 000 dh au cours des dernières années de l’étude. Par ailleurs, l’association

FONDEP est celle qui a connu le taux de croissance le plus élevé, son prêt moyen a passé

de 858 dh en 2003 à 5 090 dh en 2010.

Au cours de la période 2003 – 2010, les AMC étudiées enregistrent une croissance du

solde moyen des prêts accordés. Ceci peut être révélateur de deux choses. Soit que le

microcrédit a eu un impact tel qu’il a amélioré la capacité d’endettement de ses clients.

Soit que plus les AMC marocaines se développent, plus elles s’orientent vers les clients qui

peuvent se permettre de demander des prêts qui ont des montants importants et qui sont

moins coûteux afin d’améliorer leur performance financière.

4.1.2 Statistiques descriptives des variables exogènes

Parmi les variables exogènes ou explicatives retenues dans la partie méthodologie (chapitre

III) deux ont été abandonnées : le pouvoir du directeur général et l’indépendance du

conseil d’administration.

Pour mesurer la variable pouvoir du directeur général, nous avons envoyé le questionnaire

de l’Annexe 7 aux AMC qui composent notre échantillon106

. Par ailleurs, afin de compléter

nos informations, nous avons consulté les rapports de gestion et les rapports de rating des

AMC qui sont disponibles en ligne. Les résultats montrent que toutes les AMC marocaines

ne permettent pas à la même personne d’occuper à la fois le poste de président du conseil

106 Nous avons envoyé le questionnaire (Annexe 7) à neuf associations sur les dix qui composent notre

échantillon (l’association ZAKOURA a disparu en 2011, elle a fusionné en 2010 avec la fondation FBPMC).

Cependant, et après plusieurs tentatives, il n’y a que quatre associations qui ont pris la peine de nous

répondre. Nous avons pu obtenir les informations qui concernent certaines AMC grâce aux rapports de

gestion et de rating qui sont disponibles sur le net.

Page 229: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

219

d’administration et le poste du directeur général. Cependant, dans certaines situations

exceptionnelles, le cumul des deux postes peut se présenter. C’était le cas de l’association

AMSSF au cours de ses premières années d’exercice. Pendant cette période, la même

personne a occupé, au même temps, le poste de président du conseil d’administration et le

poste de directeur général. Cette situation était exceptionnelle, en effet à partir de 2004,

l’association a séparé les deux postes, en recrutant une autre personne pour occuper le

poste de directeur général107

. C’était aussi le cas de l’association FONDEP au cours de

l’année 2001, lorsque le président du CA a occupé aussi le poste de directeur général. Là

aussi c’était une situation exceptionnelle, en effet le président n’a occupé ce poste que pour

une durée limitée ; le temps de préparer la personne qui a été promue au poste de directeur

général108

.

Par ailleurs, les résultats des questionnaires ainsi que les rapports de gestion et les rapports

de rating des AMC qui sont disponibles en ligne montrent que la variable proxy de

l’indépendance du CA est la même pour toutes les AMC étudiées. En effet, toutes les

AMC qui ont répondu à notre questionnaire rapportent que leurs parties prenantes109

n’ont

pas de représentants qui siègent dans leur conseil d’administration. Le conseil

d’administration des AMC est composé, généralement, de personnalités publiques. A titre

d’exemple, on trouve dans le conseil d’administration de l’association AL AMANA

messieurs D. Jettou (ancien premier ministre) et A. Ghazali (Président de la Haute Autorité

de la Communication Audiovisuelle) qui sont, respectivement, le président d’honneur et le

président de l’association110

.

107 Planet rating. 2004. « Rapport de rating global de l’association de micro-crédit marocaine

AMSSF/MC ».

108 Planet rating. 2002. « Rapport de rating global de la fondation pour le développement local et le

partenariat – micro-crédit : FONDEP ».

109 Par partie prenante d’une AMC, nous entendons les clients, les bailleurs de fonds, les administrations et

tous autres acteurs qui sont en relations avec l’AMC.

110 AL AMANA. 2010. « Rapport d’activité de l’année 2010 ».

Page 230: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

220

Comme la variable pouvoir du directeur général et la variable indépendance du conseil

d’administration ne varient pas d’une AMC à une autre, alors leur prise en compte dans

notre modèle n’est plus justifiée.

Ces résultats nous montrent que les AMC marocaines appliquent, au moins, un des

principes de la bonne gouvernance, qui consiste à faire une séparation entre le rôle de la

surveillance et celui de la gestion (séparation des postes de directeur général et celui du

président du conseil d’administration). Cependant, l’absence de représentants des parties

prenantes dans le conseil d’administration, notamment les représentants des clients et des

bailleurs de fonds, peut être un point négatif dans la gouvernance de ces AMC. Les

associations de microcrédit marocaines ne sont pas des organisations à but lucratif, elles

peuvent être perçues comme des intermédiaires financiers entre, d’une part, des personnes

philanthropiques et les gens pauvres qui cherchent des moyens de financement pour

améliorer leur situation. Il serait donc intéressant d’avoir un portevoix, notamment la voix

des clients, pour se rapprocher plus de leurs besoins spécifiques, d’autant plus que l’étude

de Hartarska (2005) montre une relation positive entre la présence des représentants des

bailleurs de fonds et des clients dans le conseil d’administration, d’une part, et la

performance financière des institutions de microfinance, d’autre part.

Après l’abandon de ces deux variables, la variable qui nous reste pour évaluer l’impact de

la bonne gouvernance sur la performance des AMC marocaines est, donc, la taille du

conseil d’administration. On a pu obtenir les informations sur cet indicateur pour 7 AMC

sur 10. La moyenne de cette variable est égale à 11,3 personnes. Le CA qui a eu l’effectif

le plus bas, soit 6 personnes, est le CA de l’association FONDEP. Par ailleurs, le CA qui a

eu l’effectif le plus élevé, soit 19 personnes, est celui de l’association AL AMANA.

La moyenne par année de toutes les associations est présentée à la figure IV-13. La

moyenne annuelle a connu une faible croissance depuis 2005 jusqu’à la fin de l’année

2010.

Nous avons décidé d’ignorer, aussi, cette variable dans notre modèle. En effet, d’une part,

cette variable présente l’inconvénient de ne pas être disponible pour toutes les AMC de

notre échantillon. D’autre part, même pour les associations pour lesquelles nous avons pu

Page 231: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

221

collecter des informations sur cette variable, on n’a pas pu les avoir pour toutes les années

de la période étudiée.

Figure IV-13 : Evolution de la taille moyenne du conseil d’administration (CaTail) des

AMC marocaines (2003 – 2010)

A ce niveau, nous pouvons dire que le manque d’information sur les mécanisùe de la

bonne gouvernance des AMC étudiées, d’une part, et la méthodologie retenue, qui

nécessite des informations qui remontent à plusieurs années (de 2003 à 2010), d’autre part,

nous ne permettent pas de vérifier la première hypothèse de notre recherche. Il serait plus

opportun d’utiliser d’autres méthodologies où il serait possible d’utiliser des données plus

récentes et plus facile à avoir.

Les variables retenues pour mesurer le degré du recours aux subventions par les AMC

marocaines sont l’indice du recours aux subventions (Subsidy Dependence Index : SDI) et

la valeur des subventions reçues par emprunteur. La première variable mesure l’importance

des subventions obtenues par une AMC par rapport aux intérêts gagnés. Pour rappel, cet

indice est l’inverse de la viabilité financière ; plus le SDI d’une AMC est élevé, plus

l’institution est loin de son autosuffisance financière. Ainsi :

-

1

2

3

4

5

6

7

8

9

10

11

12

13

14

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Page 232: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

222

Un SDI égal à 0 % indique que l’institution a atteint son autosuffisance financière

totale ;

Un SDI égal à 100 % indique que l’institution a besoin de doubler le taux d’intérêt

appliqué aux prêts pour éliminer les subventions et atteindre son autosuffisance

financière ;

Un SDI négatif indique que l’institution a atteint l’autosuffisance et que ses profits

annuels sont supérieurs à la valeur totale de toutes les subventions reçues au cours

de l’année. Une telle institution peut diminuer le taux appliqué aux prêts et éliminer

toutes les subventions tout en restant autosuffisante.

Figure IV-14 : Evolution du SDI moyen des AMC marocaines (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

-20%

-15%

-10%

-5%

0%

5%

10%

15%

20%

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Page 233: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

223

La moyenne de l’indice SDI sur la période étudiée était de -6,06%. Ainsi, les AMC

marocaines étaient, en moyen, en mesure de se surpasser des différentes subventions

reçues. Elles peuvent même se permettre de diminuer le taux d’intérêt appliqué de 6,06 %

tout en restant financièrement viables. Le SDI le plus élevé était de 97,26 % (Zakoura, en

2009) 111

. Le SDI le plus faible était de -55,35 % (la FBPMC, en 2007). L’écart type est

égal à 26,93 % est très élevé pour cette variable.

La figure IV-14 qui est presque l’inverse de la figure IV-3 de l’autonomie opérationnelle,

montre qu’en moyen, au cours des années 2003 – 2007, les AMC marocaines étaient dans

une situation qui leur permettait de se surpasser complètement des subventions. Cependant,

on remarque qu’à partir de la fin de l’année 2006, la tendance commence à changer. Ainsi,

les années 2008 à 2010 étaient les années où les AMC sont, en moyen, incapables de

mener leurs activités sans le recours aux subventions ; sans doute à cause des effets de la

crise. La figure montre une nette amélioration à partir de la fin de l’année 2010 par rapport

à 2009. Ceci est surement dû aux actions entreprises pour sortir le secteur de la tourmente.

Le deuxième indicateur du recours aux subventions est la valeur des subventions reçues

par emprunteurs (SUB). Au cours de la période 2003 – 2010, les AMC marocaines ont

reçu, en moyen, des subventions équivalentes à 164,28 dh par emprunteur actif. Le

montant le plus élevé, soit 1 181 dh par emprunteur, a été reçus, en 2003, par la fondation

FBPMC. Le montant de la subvention la plus faible était de 19,4 dh par emprunteur. Cette

valeur est enregistrée par l’association ZAKOURA au cours de l’année 2009, une année

avant sa disparition. L’écart type de 231,19 montre qu’il existe une grande disparité entre

les différentes AMC et les différentes périodes.

111 En réalité le SDI le plus élevé est enregistré par l’association ARDI en 2003. Elle a été de 409,9%. Cette

valeur est trop élevée par rapport à ce qu’on a trouvé pour les autres AMC. Elle peut être le fait de

subventions exceptionnelles reçues par ARDI, qui est adossée à la banque Crédit Agricole, au cours de ses

premières années de démarrage. Comme elle peut être due à une erreur sur les données fournies. Nous

préférons ne pas tenir compte de cette observation. Il nous reste donc 77 observations pour cette variable.

Page 234: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

224

Figure IV-15 : Evolution du ratio subventions reçues par emprunteur (moyenne

annuelle) des AMC marocaines (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

La figure IV-15 montre l’évolution de la moyenne annuelle des subventions reçues pour

toutes les AMC. On constate que les années 2003 et 2004 étaient les années où les

associations marocaines ont pu obtenir le maximum de subvention par emprunteur. A

partir de l’année 2005, les subventions obtenues ont connu une chute importante en passant

d’une moyenne annuelle de 408 dh par emprunteur à 80 dh par emprunteurs (presque

-80%). Entre les années 2005 et 2010, les subventions reçues ont connu une évolution en

dents-de-scie loin derrière les niveaux enregistrés au cours des années 2004 et 2005.

Afin de montrer la situation de chacune des AMC, nous présentons l’évolution des

subventions reçues par AMC à la figure IV-16. D’une part, nous constatons que les AMC

qui ont le moins bénéficié des subventions sont les associations AMSSF, Zakoura et Al

Amana. Parmi ces associations, on trouve une qui a dû fusionner avec la fondation FBPMC

pour sauver son activité, c’est l’association Zakoura. On trouve aussi une qui est classée au

top-teen des meilleures institutions de microfinance à l’échelle internationale réalisé par

Forbes en 2007112

, il s’agit d’Al Amana, l’association leader du microcrédit au Maroc.

112http://www.forbes.com/2007/12/20/microfinance-philanthropy-credit-biz-

cz_ms_1220microfinance_table.html (consulté le 03.09.11).

0

50

100

150

200

250

300

350

400

450

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Page 235: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

225

Figure IV-16 : Evolution du ratio subv. reçues par emprunteur par AMC (2003-2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

0

200

400

600

800

1 000

1 200

3 4 5 6 7 8 9 10

ATIL

0

200

400

600

800

1 000

1 200

3 4 5 6 7 8 9 10

AL AMANA

0

200

400

600

800

1 000

1 200

3 4 5 6 7 8 9 10

AL KARAMA

0

200

400

600

800

1 000

1 200

3 4 5 6 7 8 9 10

AMOS

0

200

400

600

800

1 000

1 200

3 4 5 6 7 8 9 10

AMSSF

0

200

400

600

800

1 000

1 200

3 4 5 6 7 8 9 10

ARDI

0

200

400

600

800

1 000

1 200

3 4 5 6 7 8 9 10

FBPMC

0

200

400

600

800

1 000

1 200

3 4 5 6 7 8 9 10

FONDEP

0

200

400

600

800

1 000

1 200

3 4 5 6 7 8 9 10

INMAA

0

200

400

600

800

1 000

1 200

3 4 5 6 7 8 9 10

ZAKOURA

Page 236: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

226

D’autre part, on trouve des associations adossées à des banques, ARDI et FBPMC, qui ont

le plus bénéficié de la période 2003 – 2004, où les niveaux des subventions reçues étaient

les plus élevés. D’autres associations, comme FONDEP, INMAA et ATIL, ont aussi

bénéficié des subventions accordées au cours de cette période.

Enfin, nous remarquons que la tendance à la baisse touche presque toutes les associations.

L’exception à cette tendance est le cas de l’association AMOS, pour laquelle le niveau des

subventions reçues continue sur un trend haussier. L’association AMOS est l’une des plus

petites AMC de notre échantillon.

Le ratio retenu pour mesurer la qualité du portefeuille de prêts d’une AMC est le ratio

portefeuille à risque à 30 jours (PAR30j). Cet indicateur mesure la proportion des prêts qui

ont enregistré un retard de paiement supérieur à 30 jours, au moins sur une échéance. Il a

une moyenne de 3,06 % sur la période étudiée. Le pourcentage le plus faible était de 0%,

enregistré par les associations ARDI et INMAA à la fin des années 2003 et 2004. Le

pourcentage le plus élevé était de 17,79%, enregistré par l’association ATIL en 2009.

La figure IV-17 montre l’évolution de la moyenne annuelle du ratio par30j des dix AMC

qui composent l’échantillon. Ce ratio s’est inscrit dans un trend haussier depuis l’année

2005 jusqu’à la fin de l’année 2009. Les actions mises en œuvre par les AMC à la suite de

la crise du secteur ont probablement porté leurs fruits et ont permis de faire baisser ce ratio

à la fin de l’année 2010.

Page 237: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

227

Figure IV-17 : Evolution de la moyenne annuelle du ratio par30j moyen des AMC

marocaines (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

Le ratio de la dette sur les capitaux propres (LEVIER) permet de mesurer la structure

financière des AMC ou le mode de financement de l’actif économique de ces associations.

Ce ratio a une moyenne de 2,89 sur la période étudiée. Ainsi, la dette représentait plus de

deux fois et demie les capitaux propres. Le Maroc est classé parmi les 20 premiers pays

dans lesquelles les institutions de microfinance ont recours le plus au financement par la

dette (Sapundzhieva, 2011). En effet, face à des ressources financières limitées et faute de

ne pas être autorisées à collecter l’épargne publique, les AMC marocaines n’ont plus

beaucoup de choix. Le recours aux financements par la dette reste la solution la plus

envisageable.

Le ratio dette sur capitaux propres moyen des AMC marocaines a passé par deux phases au

cours de la période 2003 – 2010. La figure IV-18 montre que, entre les années 2003 et

2007, le ratio de la structure financière a connu une croissance soutenue en passant d’une

dette qui présente, en moyenne, 1,83 fois les capitaux propres à un ratio de 4,16 fois. À

partir de l’année 2008, le ratio de la structure financière a commencé à baisser pour se

stabiliser au niveau de 3,5 durant les années 2009 et 2010.

0,0%

1,0%

2,0%

3,0%

4,0%

5,0%

6,0%

7,0%

8,0%

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Page 238: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

228

Figure IV-18 : Evolution du ratio D/CP moyen des AMC marocaines

(2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

Le ratio dettes sur capitaux propres le plus faible a été de 0,06 enregistré en 2010 par

l’association AMOS113

. Dans ce cas, l’actif économique de l’association est presque

financé à 100 % par les capitaux propres. Par ailleurs, le ratio le plus élevé était de 14,1

enregistré par l’association ARDI en 2003. Dans ce cas, l’actif économique de

l’association est financé en grande partie par la dette. L’écart type était de 4,21 très loin de

113 Le ratio le plus faible a été de -23,8 enregistré par l’association ZAKOURA en 2009, une année avant sa

fusion avec la fondation FBPMC. Il s’agit d’une exception ; les capitaux propres de l’association sont

devenus négatifs à cause des pertes accumulées. Là aussi, nous avons préféré ne pas tenir compte de cette

observation extrême pour ne pas influencer négativement les résultats trouvés.

-

0,50

1,00

1,50

2,00

2,50

3,00

3,50

4,00

4,50

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Page 239: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

229

Figure IV-19 : Evolution du ratio D/CP des AMC marocaines (2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

-

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

3 4 5 6 7 8 9 10

ATIL

-

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

3 4 5 6 7 8 9 10

AL AMANA

-

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

3 4 5 6 7 8 9 10

AL KARAMA

-

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

3 4 5 6 7 8 9 10

AMOS

-

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

3 4 5 6 7 8 9 10

AMSSF

-

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

3 4 5 6 7 8 9 10

ARDI

-

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

3 4 5 6 7 8 9 10

FBPMC

-

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

3 4 5 6 7 8 9 10

FONDEP

-

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

3 4 5 6 7 8 9 10

INMAA

-

2,00

4,00

6,00

8,00

10,00

12,00

14,00

3 4 5 6 7 8 9 10

ZAKOURA

Page 240: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

230

la moyenne. Cet écart montre la disparité qui existe à la fois entre la structure financière

des AMC étudiées et la structure d’une année à une autre.

La figure IV-19 montre la structure financière de chacune des AMC étudiées entre les

années 2003 et 2010. L’association AMOS est l’institution qui a le niveau d’endettement le

plus faible. Son ratio le plus élevé n’a pas dépassé 0,2. C’est le cas aussi de la fondation

FBPMC, bien qu’elle soit adossée à la banque populaire. Les associations ARDI, AL

AMANA et ZAKOURA étaient les institutions qui ont eu le plus recours à l’endettement.

Les AMC qui restent avaient des niveaux d’endettement moyens par rapport aux autres

associations.

Pour évaluer l’impact de la taille sur la performance, nous avons retenu le total de l’actif

comme indicateur de la taille. La moyenne de cette variable est égale à 412,45 millions dh.

L’actif le plus faible, 3,58 millions dh, était celui de l’association ATIL en 2003. L’actif le

plus élevé, 3 086,5 millions dh, était celui de l’association AL AMANA en 2008. L’écart

type de cette variable est de 738 millions dh. Cette dispersion s’explique par la différence

qui existe entre les tailles des différentes associations qui composent l’échantillon, d’une

part, et par la croissance très importante qu’a connue l’actif de toutes les AMC sans

exception, d’autre part.

La figure IV-20 montre la croissance de l’actif total des dix associations qui composent

notre échantillon entre 2003 et 2010. Le taux de croissance moyen durant la période 2003 -

2010 a été de 45%, avec un maximum de +134% enregistré entre les années 2005 et 2006.

La crise du secteur n’a commencé à affecter l’actif total des AMC étudiées qu’à partir de

2009. Ainsi, pour la première fois l’actif total va enregistrer une baisse de -10%, suivie

d’une autre baisse de -14% en 2010.

Page 241: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

231

Figure IV-20 : Evolution de l’actif total (en millions de dh) des AMC marocaines

(2003 – 2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

En considérant chaque AMC à part (figure IV-21), nous constatons que l’actif de huit

associations sur dix a connu les deux phases vues précédemment. Les deux associations

qui ont échappé à cette évolution sont les associations ARDI et AL KARAM. L’actif de

ces deux associations a presque connu une tendance à la hausse depuis 2003 jusqu’en

2010.

La dernière variable retenue dans notre recherche est l’âge des associations. L’âge retenu

est celui qui est déclaré par les AMC au MIX. En 2003, l’âge moyen des AMC étudiées a

été de 4,3 ans. Les associations les plus jeunes sont ATIL et ARDI, elles avaient 2 ans

d’activité au début de l’étude, soit en 2003. L’association la plus âgée est l’association

ZAKOURA ; en 2003, elle avait déjà 8 ans d’activité.

-

1 000,00

2 000,00

3 000,00

4 000,00

5 000,00

6 000,00

7 000,00

8 000,00

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010

Page 242: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

232

Figure IV-21 : Evolution de l’actif (en millions de dh) des AMC marocaines (2003-2010)

Source : Microfinance Information eXchange (MIX) et nos propres calculs.

-

2

4

6

8

10

12

3 4 5 6 7 8 9 10

ATIL

-

500

1 000

1 500

2 000

2 500

3 000

3 500

3 4 5 6 7 8 9 10

Al AMANA

-

10

20

30

40

50

60

3 4 5 6 7 8 9 10

Al KARAMA

-

2

4

6

8

10

12

14

16

3 4 5 6 7 8 9 10

AMOS

-

10

20

30

40

50

60

70

80

90

100

3 4 5 6 7 8 9 10

AMSSF

-

50

100

150

200

250

300

3 4 5 6 7 8 9 10

ARDI

-

200

400

600

800

1 000

1 200

1 400

1 600

3 4 5 6 7 8 9 10

FBPMC

-

100

200

300

400

500

600

700

800

900

3 4 5 6 7 8 9 10

FONDEP

-

5

10

15

20

25

30

35

3 4 5 6 7 8 9 10

INMAA

-

200

400

600

800

1 000

1 200

1 400

1 600

1 800

3 4 5 6 7 8 9 10

ZAKOURA

Page 243: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

233

4.2 Performance des associations de microcrédit marocaines

La performance des institutions de microfinance est, généralement, divisée en deux

composantes : la performance financière et la performance sociale. Cette dernière, appelée

la portée des activités d’une IMF, est en relation avec les clients desservis par une IMF.

Bien que l’objectif social d’une IMF soit de fournir les services financiers aux populations

pauvres, qui n’ont pas accès aux services des institutions financières traditionnelles, il est

aussi important que toute IMF vise les couches les plus pauvres. Ainsi pour mesurer la

performance sociale de genre d’organisation, on la décompose en deux parties :

L’étendue de la portée : le nombre de clients servis par une IMF avec ses différents

instruments ;

Le degré de la portée : le type de clients servis par une IMF et leur niveau de

pauvreté.

Le tableau IV-3 présente la matrice des corrélations entre les différentes variables

considérées dans notre recherche. La matrice montre que les deux variables retenues pour

mesurer la performance financière des AMC marocaines (autope et ROA) ont une

corrélation positive égale 80%. Ces deux variables ont aussi une corrélation négative avec

l’indice SDI. Cet indice a une corrélation égale à -0,81 avec l’autosuffisance opérationnelle

et une corrélation égale à -0,89 avec le ROA.

Parmi les autres corrélations les plus élevées, nous notons celles du total de l’actif avec le

nombre d’emprunteurs actifs ; la corrélation est de 0,92. En effet, la taille d’une AMC peut

être mesurée par son actif total, comme elle peut être mesurée par son nombre de clients

actifs.

Par ailleurs, le solde moyen de prêt par AMC est aussi fortement corrélé avec le total de

l’actif et le nombre d’emprunteurs actifs. La corrélation est égale, respectivement, à 0,92 et

0,78.

Page 244: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

234

Tab

leau

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0,5

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1,0

0

Page 245: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

235

La lecture de la matrice des corrélations nous montre que l’autonomie opérationnelle est

affectée négativement par l’indice SDI et la structure financière et positivement par la

qualité du portefeuille. La même remarque est observée pour l’autre mesure de la

performance financière, le ROA. Ensuite, l’étendue de la portée est influencée positivement

par le solde moyen du prêt par emprunteur, la structure financière, l’âge et le total de

l’actif. Enfin, le degré de la portée, mesurée par le solde moyen du prêt par emprunteur, est

influencé positivement par le nombre d’emprunteurs, l’âge et l’actif total et négativement

par la proportion des femmes. Alors que la proportion des femmes, l’autre indicateur du

degré de la portée, est influencée négativement par le solde moyen de prêt par emprunteur

et la structure financière.

L’impact réel de chacune de ces variables sur les différentes composantes de la

performance financière des AMC va être vérifié en estimant les différentes régressions des

variables explicatives sur les variables de la performance.

4.2.1 Facteurs déterminants de la viabilité financière

Nous nous intéressons présentement aux facteurs qui expliquent la performance financière

des AMC marocaines. Pour ce faire, nous utilisons les données de panel de dix associations

de microcrédit marocaines sur une période de huit années (2003 – 2010). Nous cherchons à

trouver l’impact des subventions, de l’utilisation de la dette, de la portée, de la qualité du

portefeuille de prêts, de l’âge et de la taille sur la performance financière des associations

de microcrédit marocaines.

La première régression à estimer concerne la performance financière. Elle se présente

comme suit114

:

114 Le choix des variables utilisées dans ce modèle, et aussi dans les autres modèles retenus, s’est fait sur la

base de la méthode de la régression par étage "Stagewise Regression" (Bourbonnais, 2009 (pp. 117 – 118)).

Cette méthode permet de retenir le meilleur modèle, c-à-d., le modèle qui est composé des variables qui sont,

d’une part, les plus corrélées avec la variable exogène et, d’autre part, qui sont les moins corrélées entre elles.

Page 246: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

236

0 1 2 3 4 5 630 logit i i it i it i it i it i it i it itautope a a par j a age a levier a totact a porfem a sdi ε (Eq. IV.1)

Avec :

i = 1,…,10 (les associations de microcrédit marocaines) ;

t = 1,…,8 (les années de 2003 à 2010) ;

autopeit : la performance financière de l’AMC i observée à la date t, l’indicateur

retenu est l’autonomie opérationnelle ;

par30jit : portefeuille à risque > à 30 jours de l’AMC i observé à la date t ;

ageit : nombre d’années d’activité de l’AMC i observé à la date t ;

levierit : ratio dette sur capitaux propres de l’AMC i observé à la date t ;

totactit : actif total, en millions dh, de l’AMC i observé à la date t ;

porfemit : pourcentage des femmes parmi les clients actifs de l’AMC i observé à la

date t;

SDIit : Subsidy Dependence Index : indice de recours aux subventions de l’AMC i

observé à la date t ;

a0i : terme constant (la constante) pour l’AMC i ;

aki : coefficients de la variable explicative K pour l’AMC i ;

εit : le terme d’erreur.

Comme indiqué précédemment, il est essentiel de vérifier la spécification homogène ou

hétérogène du processus générateur des données (tests d’homogénéité). Nous allons suivre

la procédure de tests en séquence proposée par Hsiao (2003) et présentée à la figure III-6.

Nous avons programmé ces tests sur le logiciel Eviews (le programme de la procédure est

présenté à l’annexe 8).

À titre d’exemple, nous présentons, ci-dessus, les résultats du programme pour l’équation

VI.1 de l’autosuffisance opérationnelle (autope). Les résultats montrent que :

La statistique de Fisher (F1) associée au test d’homogénéité totale (H1

0) est égale à

8,15. La p-value associée à ce test, donnée par le programme est égale à 0,00

(inférieure au seuil de 5 %). On peut donc rejeter l’hypothèse que les constantes et

les coefficients sont égaux (H10).

Page 247: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

237

La statistique de Fisher (F2) associée au test d’homogénéité des coefficients (H2

0)

est égale à 2,40. La p-value associée à ce test, donnée par le programme est égale à

0,11. Cette valeur est faible, mais elle reste supérieure au seuil critique de 5%. On

ne peut pas donc rejeter l’hypothèse H2

0. On considère que les coefficients sont

homogènes et la structure de panel est retenue.

La statistique de Fisher (F3) associée au test d’homogénéité des coefficients (H3

0)

est égale à 19,60. La p-value associée à ce test, donnée par le programme est égale

à 0,00. On peut donc rejeter l’hypothèse H3

0 et ainsi retenir le modèle à effets

individuels.

Une fois le modèle à effets individuels retenu, il faut vérifier la pertinence d’utiliser le

modèle à effets individuels fixes (MEF) ou le modèle à effets individuels aléatoires (MEA)

pour estimer la relation étudiée. Le choix entre ces deux modèles peut se faire en utilisant

le test d’Hausman (1978)115

.

Eviews-5.1 permet de réaliser le test d’Hausman. Les résultats du test pour l’équation de

l’autosuffisance opérationnelle (autope) sont présentés au tableau IV-4. La réalisation de la

statistique du test d’Hausman, pour l’échantillon des AMC étudiées, est égale à 4,378.

Comme notre modèle comprend six variables explicatives (K=6), alors cette statistique suit

un chi-deux à six degrés de liberté. La probabilité donnée par le programme est égale à

0,6256. Ainsi, on ne peut pas rejeter l’hypothèse nulle et on doit privilégier l’adoption d’un

modèle à effets individuels aléatoires.

115 Le test d’Hausman (1978) est expliqué l’annexe 9.

Page 248: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

238

Tableau IV-4: Résultats du test d’Hausman (1978)

La variable dépendante AUTOPE est l’autonomie financière. Les variables

indépendantes sont PAR30J : Portefeuille à risque > 30 jours ; AGE : Age de

l’AMC ; LEVIER : Ratio dette / capitaux propres ; TOTACT : Total actif ;

PORFEM : % des femmes parmi les clients ; SDI : Indice de dépendance vis-à-

vis des subventions.

Correlated Random Effects - Hausman Test

Equation: EQ_AUTOPE

Test cross-section random effects

Test Summary Chi-Sq. Statistic Chi-Sq. d.f. Prob.

Cross-section random 4.378458 6 0.6256

Cross-section random effects test comparisons:

Variable Fixed Random Var(Diff.) Prob.

PAR30J -0.614615 -0.907487 0.144732 0.4414

AGE -0.037115 -0.016849 0.000177 0.1277

LEVIER -0.033866 -0.026724 0.000083 0.4328

LOG(TOTACT) 0.077452 0.026527 0.001878 0.2400

PORFEM -0.258181 -0.150298 0.008418 0.2397

SDI -1.000660 -1.035572 0.001100 0.2924

Cross-section random effects test equation:

Dependent Variable: AUTOPE

Method: Panel Least Squares

Date: 25/01/12 Time: 11:25

Sample: 2003 2010

Cross-sections included: 10

Total panel (unbalanced) observations: 75

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 1.383687 0.165784 8.346313 0.0000

PAR30J -0.614615 0.686576 -0.895189 0.3743

AGE -0.037115 0.016576 -2.239119 0.0289

LEVIER -0.033866 0.012637 -2.679907 0.0095

LOG(TOTACT) 0.077452 0.047333 1.636335 0.1071

PORFEM -0.258181 0.153850 -1.678141 0.0986

SDI -1.000660 0.083705 -11.95458 0.0000

Effects Specification

Cross-section fixed (dummy variables)

R-squared 0.886185 Mean dependent var 1.228940

Adjusted R-squared 0.857250 S.D. dependent var 0.317209

S.E. of regression 0.119849 Akaike info criterion -1.218453

Sum squared resid 0.847462 Schwarz criterion -0.724056

Log likelihood 61.69199 F-statistic 30.62581

Durbin-Watson stat 1.793968 Prob(F-statistic) 0.000000

Page 249: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

239

Après avoir montré l’existence d’effets individuels et après avoir démontré sa nature

aléatoire, nous pouvons estimer l’équation IV.1 en utilisant le modèle à effets individuels

aléatoires. Les résultats de l’estimation sont présentés au tableau IV-5.

Afin de vérifier la robustesse des résultats trouvés, il convient de soumettre le modèle

estimé à un ensemble de tests portant sur l’hétéroscédasticité, l’autocorrélation des erreurs

et la multicolinéarité.

4.2.1.1 Vérification de l’hétéroscédasticité

Pour vérifier la présence de l’hétéroscédasticité, nous utilisons le test de White (1980)116

.

Eviews-5.1 permet de réaliser ce test. Les résultats du test pour l’équation de

l’autosuffisance opérationnelle (autope) sont présentés au tableau IV-6.

Nous constatons que la p-value de la régression est égale à 0,27. Aini, nous ne pouvons pas

rejeter l’hypothèse nulle (hypothèse d'homoscédasticité). Nous rejetons donc l’hypothèse

d’hétéroscédasticité.

116 Le test de White (1980) est expliqué l’annexe 10.

Page 250: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

240

Tableau IV-5: Résultats du test d’hétéroscédasticité

La variable dépendante AUTOPE est l’autonomie financière. Les variables

indépendantes sont PAR30J : Portefeuille à risque > 30 jours ; AGE : Age de

l’AMC ; LEVIER : Ratio dette / capitaux propres ; TOTACT : Total actif ;

PORFEM : % des femmes parmi les clients ; SDI : Indice de dépendance vis-

à-vis des subventions.

Dependent Variable: RESID_AUTOPE^2

Method: Panel Least Squares

Date: 28/01/12 Time: 12:27

Sample: 2003 2010

Cross-sections included: 10

Total panel (unbalanced) observations: 75

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 0.144991 0.070884 2.045470 0.0451

PAR30J -0.324273 0.356178 -0.910424 0.3661

PAR30J^2 0.958855 2.534518 0.378319 0.7065

AGE 0.007249 0.008024 0.903387 0.3698

AGE^2 -0.000208 0.000503 -0.414648 0.6798

LEVIER -0.005199 0.006477 -0.802594 0.4253

LEVIER^2 0.000421 0.000711 0.592401 0.5557

LOG(TOTACT) -0.012270 0.014224 -0.862611 0.3917

LOG(TOTACT)^2 0.000517 0.001419 0.364042 0.7171

PORFEM -0.302574 0.213097 -1.419889 0.1606

PORFEM^2 0.169235 0.153909 1.099579 0.2758

SDI -0.024956 0.024754 -1.008149 0.3173

SDI^2 0.062415 0.054906 1.136765 0.2600

R-squared 0.194977 Mean dependent var 0.014942

Adjusted R-squared 0.039166 S.D. dependent var 0.033447

S.E. of regression 0.032785 Akaike info criterion -3.841371

Sum squared resid 0.066642 Schwarz criterion -3.439674

Log likelihood 157.0514 F-statistic 1.251367

Durbin-Watson stat 1.523570 Prob(F-statistic) 0.270356

4.2.1.2 Vérification de l’autocorrélation des erreurs

Pour vérifier la présence d’une éventuelle dépendance des erreurs (autocorrélation des

erreurs), nous utilisons le test de Breusch-Godfrey (Bourbonnais, 2009). Selon ce test, si

une autocorrélation d’ordre p existe entre les termes d’erreurs, alors on aura :

Page 251: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

241

Ce qui donne le modèle général à erreurs autocorrélées d’ordre p :

Le test Breusch-Godfrey est mené en trois étapes :

1ère

étape : estimation par les MCO du modèle et calcul du résidu et ;

2ème

étape : estimation par les MCO de l’équation intermédiaire :

3ème

étape : réaliser un test d’hypothèse sur l’équation intermédiaire :

(Absence d’autocorrélation des erreurs)

Dans notre cas, comme les données sont annuelles, nous allons tester une autocorrélation

d’ordre deux117

. L’estimation de l’équation intermédiaire donne des coefficients 1 et 2

qui ne sont pas statistiquement différents de zéro. Nous pouvons conclure à l’absence

d’autocorrélation des erreurs dans le modèle estimé.

4.2.1.3 Test d’absence de multicolinéarité

Pour tester la présence de la multicolinéarité entre les variables explicatives du modèle,

nous utilisons le test de Klein (Bourbonnais, 2009, p. 112). Ce test est basé sur la

comparaison du coefficient de détermination R² du modèle estimé avec les coefficients de

corrélation simple entre les variables explicatives. Si tous ces coefficients de corrélations

sont inférieurs au coefficient de détermination, alors on peut juger qu’il n’y a pas de risque

de multicolinéarité.

117 Selon Bourbonnais (2009, p.131), un ordre supérieur à 2 ans ne semble pas justifié, lorsque les données

sont annuelles.

Page 252: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

242

Dans notre cas, le coefficient de détermination de l’équation IV.1 est égal à 83,80%. Les

coefficients de corrélation des variables explicatives, présentés au tableau IV-3 (p. 239),

sont tous largement inférieurs à 83,8%. Ainsi, il apparaît qu’il n’y a pas de risques graves

de multicolinéarité.

En plus des trois tests réalisés, nous avons vérifié la normalité des erreurs. Cette

vérification a été réalisée par le test de Jarques et Bera (1984). La p-value de ce test donnée

par eviews est égale à 0,00. Ce qui nous permet de retenir l’hypothèse de la normalité des

erreurs.

Les tests réalisés pour l’équation IV.1 seront vérifiés aussi dans le cas de toutes les autres

équations que nous présentons dans ce qui suit.

4.2.1.4 Interprétation des résultats de la performance financière

Le coefficient de détermination R² de la régression de l’équation IV.1 (CF. Tableau IV-6)

est égal à 83,80%. Ainsi, la proportion de la variance expliquée par la régression est de

83,80 % ; on peut dire que cette régression est de bonne qualité. Ce qui est confirmé par la

statique de Fisher qui est égale à 58,62 avec une p-value égale à 0,00 ; le modèle est donc

statistiquement significatif. Parmi les six variables analysées, deux sont significative au

seuil de 1%. Il s’agit de la variable mesurant la dépendance aux subventions (SDI). Cette

variable a un signe négatif, ainsi, plus une AMC a un indice faible (moins de dépendance

des subventions) plus est importante sa performance financière mesurée par le ratio

d’autosuffisance opérationnelle.

La deuxième variable qui est très significative est la variable LEVIER qui mesure le ratio

de la dette sur les capitaux propres (la structure financière). Cette variable a un signe

négatif. On remarque donc que le financement par la dette pénalise l’autonomie

opérationnelle des AMC.

Page 253: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

243

Tableau IV-6 : Résultat de la régression 1 de l’autonomie financière

La variable dépendante AUTOPE est l’autonomie financière. Les variables

indépendantes sont PAR30J : Portefeuille à risque > 30 jours ; AGE : Age de

l’AMC ; LEVIER : Ratio dette / capitaux propres ; TOTACT : Total actif ;

PORFEM : % des femmes parmi les clients ; SDI : Indice de dépendance vis-

à-vis des subventions.

Dependent Variable: AUTOPE

Method: Panel EGLS (Cross-section random effects)

Date: 25/01/12 Time: 11:28

Sample: 2003 2010

Cross-sections included: 10

Total panel (unbalanced) observations: 75

Swamy and Arora estimator of component variances

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 1.365775 0.115699 11.80456 0.0000

PAR30J -0.907487 0.571537 -1.587801 0.1170

AGE -0.016849 0.009884 -1.704628 0.0928

LEVIER -0.026724 0.008762 -3.049988 0.0033

LOG(TOTACT) 0.026527 0.019024 1.394390 0.1677

PORFEM -0.150298 0.123497 -1.217020 0.2278

SDI -1.035572 0.076857 -13.47406 0.0000

Effects Specification

S.D. Rho

Cross-section random 0.065363 0.2293

Idiosyncratic random 0.119849 0.7707

Weighted Statistics

R-squared 0.837989 Mean dependent var 0.681661

Adjusted R-squared 0.823694 S.D. dependent var 0.281906

S.E. of regression 0.118369 Sum squared resid 0.952763

F-statistic 58.62083 Durbin-Watson stat 1.590921

Prob(F-statistic) 0.000000

Unweighted Statistics

R-squared 0.849494 Mean dependent var 1.228940

Sum squared resid 1.120666 Durbin-Watson stat 1.352562

Page 254: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

244

Pour vérifier si la dette permet aux AMC marocaines de bénéficier d’un effet de levier

(rendement des capitaux propres (ROE) supérieur au rendement des actifs (ROA)) ou

supportent l’effet de massue (ROE < ROA), nous avons présenté à la figure IV-22

l’évolution du ROE et du ROA (en moyennes annuelles) des AMC.

La figure montre qu’en moyen le rendement des capitaux propres (ROE) est supérieur au

rendement des actifs (ROA). Ainsi, bien que, les AMC marocaines arrivent à bénéficier de

l’effet de levier de la dette, leur autonomie opérationnelle en est négativement impactée.

La raison peut être due à la nature différente des deux indicateurs. Alors que le ROE

mesure un résultat par rapport aux ressources, qui sont fournies par les actionnaires, mises

en œuvre pour l’atteindre, l’autonomie opérationnelle (autope) compare les produits et les

charges. Etant donné que les actionnaires des AMC ne poursuivent pas forcement le même

objectif que celui des organisations à but lucratif, qui cherchent la maximisation de la

valeur, pourquoi les AMC se financent-elles en grande partie par la dette ? Peut-être qu’il

faut s’orienter vers d’autres modes de financement, comme la collecte de l’épargne des

clients de ces AMC.

Figure IV-22 : Evolution du ROE et ROA Moyen des AMC marocaines

(2003 – 2010)

-50,0%

-40,0%

-30,0%

-20,0%

-10,0%

0,0%

10,0%

20,0%

30,0%

2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 ROA

ROE

Page 255: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

245

La troisième variable qui est statistiquement significative (au seuil de 10 %) est la variable

qui mesure l’âge. Le signe négatif du coefficient de cette variable, qui est l’inverse du

signe prévu, montre que durant la période de l’étude, les AMC marocaines ont vu leur

performance financière se dégrader au fur et à mesure qu’elles avancent dans l’âge.

D’ailleurs, l’AMC qui a disparu à cause de la crise, association ZAKOURA, est celle qui

est la plus âgée de toutes les AMC étudiées.

Les autres variables, à savoir :

La qualité du portefeuille (par30j), avec un signe négatif (même chose que le signe

prévu) ;

La taille mesurée par l’actif total (totact), avec un signe positif (le signe prévu n’est

pas déterminé) ;

Et la proportion des femmes (porfem), avec un signe négatif (contraire au signe

prévu) ;

ne sont pas statistiquement significatives et apparaissent comme si elles n’ont pas d’effet

sur la performance financière.

Nous avons estimé une autre équation, tableau IV-7 où nous avons utilisé des indicateurs

alternatifs. Ainsi, pour :

L’indicateur de la taille, nous avons utilisé le nombre d’emprunteurs actifs

(NBEMP) à la place de l’actif total (TOTACT) ;

L’utilisation des subventions, nous avons utilisé la valeur des subventions reçues

par emprunteur actif (SUB) à la place de l’indice du recours aux subventions (SDI) ;

L’indicateur du degré de la portée, nous avons utilisé le solde du prêt moyen par

emprunteur (MOYPRE) à la place du pourcentage des femmes parmi les clients

(PORFEM).

Page 256: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

246

Cette équation est estimée avec un modèle à effets individuels fixes118

. Les résultats sont

présentés au tableau IV-7. Ces résultats viennent confirmer que :

La dette a un effet négatif sur l’autonomie opérationnelle des AMC ;

Les AMC n’arrivent pas à améliorer leur autonomie opérationnelle avec l’âge.

Dans cette équation le résultat de la variable âge est statistiquement plus significatif

que celui de la première équation.

Nous trouvons aussi que les AMC qui ont plus d’emprunteurs actifs arrivent à réaliser de

bonnes performances financières. Ainsi, la poursuite de la performance sociale n’est pas

contradictoire avec la performance financière.

Par ailleurs, le montant du prêt moyen et le montant des subventions reçues apparaissent

comme s’ils n’ont pas d’impact sur la performance financière mesurée par l’autonomie

opérationnelle.

En résumé, les associations de microcrédits marocaines, en cherchant à augmenter

l’étendue de leur portée (le nombre de clients desservis) arrivent à améliorer leur

performance financière (mesurée par l’autonomie financière). Le degré de pauvreté des

clients n’a pas d’impact négatif sur la performance financière. Les AMC marocaines étant

relativement jeunes et en phase de croissance n’ont pas pu gérer cette croissance et se sont

trouvées dans une situation où, plus elles avancent dans l’âge, plus leur performance

baisse.

118 La p-value du test d’Hausman est égale à 0,04 ce qui permet de rejeter le modèle à effets individuels

aléatoires et de considérer le modèle à effets fixes.

Page 257: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

247

Tableau IV-7 : Résultat de la régression 2 de l’autonomie financière

La variable dépendante AUTOPE est l’autonomie financière. Les variables

indépendantes sont PAR30J : Portefeuille à risque > 30 jours ; AGE : Age de

l’AMC ; LEVIER : Ratio dette / capitaux propres ; NBEMP : nombre

d’emprunteurs actifs ; MOYPRE : prêt moyen par emprunteur ; SUB : montant

des subventions reçues par emprunteur actif.

Dependent Variable: AUTOPE

Method: Panel Least Squares

Date: 25/01/12 Time: 11:42

Sample: 2003 2010

Cross-sections included: 10

Total panel (unbalanced) observations: 76

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 0.177176 1.097329 0.161461 0.8723

PAR30J 0.189644 1.247564 0.152012 0.8797

AGE -0.105407 0.027877 -3.781152 0.0004

LEVIER -0.053867 0.015039 -3.581749 0.0007

LOG(NBEMP) 0.209278 0.073296 2.855231 0.0059

LOG(MOYPRE) 0.174493 0.162844 1.071536 0.2882

SUB -0.000156 0.000166 -0.939471 0.3513

Effects Specification

Cross-section fixed (dummy variables)

R-squared 0.606494 Mean dependent var 1.222046

Adjusted R-squared 0.508117 S.D. dependent var 0.320768

S.E. of regression 0.224968 Akaike info criterion 0.038950

Sum squared resid 3.036645 Schwarz criterion 0.529630

Log likelihood 14.51991 F-statistic 6.165028

Durbin-Watson stat 1.480754 Prob(F-statistic) 0.000000

Page 258: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

248

4.2.2 Facteurs déterminants de la portée des activités des AMC

La portée des activités (ou la performance sociale) d’une institution de microfinance a

deux composantes : l’étendue de la portée (nombre de clients servis) et le degré de la

portée (type de clients servis et leur degré de pauvreté).

4.2.2.1 Facteurs déterminants de l’étendue de la portée

L’étendue de la portée, l’une des deux composantes de la performance sociale des IMF,

fait référence, généralement, au nombre d’emprunteurs actifs d’une institution de

microfinance. Après avoir vérifié les mêmes tests, vus précédemment, que pour l’équation

IV.1, nous avons estimé l’équation présentée au tableau IV-8. Le coefficient de

détermination de la régression est de 97,81% et sa p-value est de 0,00.

Les résultats de la régression montrent que les facteurs qui déterminent l’étendue de la

portée d’une AMC, mesurée par le nombre de clients actifs, sont l’âge de l’AMC, son

niveau d’endettement et son autonomie opérationnelle. Les trois variables sont

statistiquement significatives au seuil de 1%. Ainsi, les activités d’une AMC touchent un

grand nombre de personnes lorsqu’elle est plus âgée, plus rentable et lorsqu’elle a accès à

plus d’endettement. Cependant, lorsque le portefeuille de prêt est de moins bonne qualité

(un par30j élevé), les AMC commencent à serrer leur politique d’octroi de crédit et à

fournir leurs services à moins de personnes. C’est ce qu’on a remarqué lors de la crise du

secteur : la détérioration du portefeuille de prêts a entraîné la chute du nombre de clients

des AMC (cf. la figure IV-7 et figure IV-17).

Le quatrième facteur qui influence l’étendue de la portée est la valeur des subventions

reçues par emprunteur actif (sub). Cette variable, qui est statistiquement significative au

seuil de 1%, montre que plus une AMC obtient de subventions, plus le nombre de ses

clients actifs baisse.

Page 259: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

249

Tableau IV-8 : Résultat de la régression du nombre d’emprunteurs actifs119

La variable dépendante NBEMP est le nombre d’emprunteurs actifs. Les

variables indépendantes sont PAR30J : Portefeuille à risque > 30 jours ; AGE :

Age de l’AMC ; LEVIER : Ratio dette / capitaux propres ; MOYPRE : prêt

moyen ; AUTOPE : autosuffisance opérationnelle ; SUB : montant des

subventions reçues par emprunteur actif.

Dependent Variable: LOG(NBEMP)

Method: Panel Least Squares

Date: 29/01/12 Time: 21:37

Sample: 2003 2010

Cross-sections included: 10

Total panel (unbalanced) observations: 75

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 1.264129 1.411886 0.895347 0.3742

PAR30J -4.576306 1.557559 -2.938127 0.0047

AGE 0.142263 0.036399 3.908407 0.0002

LEVIER 0.148949 0.023285 6.396812 0.0000

LOG(MOYPRE) 0.010026 0.210887 0.047540 0.9622

AUTOPE 0.521495 0.155341 3.357093 0.0014

SUB -0.000747 0.000193 -3.871313 0.0003

Effects Specification

Cross-section fixed (dummy variables)

R-squared 0.978058 Mean dependent var 3.242186

Adjusted R-squared 0.972480 S.D. dependent var 1.736890

S.E. of regression 0.288135 Akaike info criterion 0.535940

Sum squared resid 4.898279 Schwarz criterion 1.030337

Log likelihood -4.097735 F-statistic 175.3309

Durbin-Watson stat 1.186933 Prob(F-statistic) 0.000000

119 Pour éviter les risques liés à la multicolinéarité, nous avons jugé préférable de ne pas utiliser dans cette

régression l’indicateur de la taille (actif total). Ce dernier a un coefficient de corrélation très élevé avec l’âge.

Page 260: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

250

4.2.2.2 Facteurs déterminants du degré de la portée

Le degré de la portée peut être évalué par le prêt moyen par emprunteur. Après avoir

vérifié les mêmes tests que pour l’équation IV.1, nous avons estimé l’équation présentée au

tableau IV-9. Le coefficient de détermination de la régression est de 91,66% et sa p-value

est de 0,00%.

La régression montre que les variables qui influencent le prêt moyen sont l’âge et la taille

(TOTACT) d’une AMC ainsi que le niveau d’endettement (LEVIER). Ces trois variables

ont toutes des signes positifs et leur p-values respectives sont égales à 0,00 ; 0,01 et 0,06.

Ces résultats montrent que les associations qui sont plus anciennes, qui ont une grande

taille et qui sont les plus endettés ont un prêt moyen par emprunteur plus élevé. Ainsi, ces

associations visent prioritairement les clients, relativement plus riches, qui ont la capacité

d’emprunter des montants plus importants. Ces derniers ont un coût plus faible que les

prêts à petits montants. Le risque dans ce cas est de négliger la frange de la population qui

est considérée comme étant la plus pauvre des pauvres et de se concentrer sur le segment

qui est le plus rentable, soit les clients qui peuvent emprunter des montants plus

importants. D’autre part, on risque aussi de se trouver avec des clients qui empruntent des

montants qui dépassent leur capacité d’endettement et de remboursement.

Page 261: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

251

Tableau IV-9 : Résultat de la régression du prêt moyen par emprunteur

La variable dépendante MOYPRE est le prêt moyen. Les variables

indépendantes sont PAR30J : Portefeuille à risque > 30 jours ; AGE : Age de

l’AMC ; LEVIER : Ratio dette / capitaux propres ; TOTACT : l’actif total ;

AUTOPE : autosuffisance opérationnelle ; SUB : montant des subventions

reçues par emprunteur actif.

Dependent Variable: LOG(MOYPRE)

Method: Panel Least Squares

Date: 29/01/12 Time: 20:23

Sample: 2003 2010

Cross-sections included: 10

Total panel (unbalanced) observations: 76

Variable Coefficient Std. Error t-Statistic Prob.

C 6.390228 0.193177 33.07959 0.0000

PAR30J 0.404238 0.916528 0.441053 0.6608

AGE 0.086961 0.021883 3.973873 0.0002

LEVIER 0.023562 0.012316 1.913127 0.0605

LOG(TOTACT) 0.136633 0.053110 2.572623 0.0126

AUTOPE 0.023894 0.097115 0.246039 0.8065

SUB 0.000102 0.000115 0.887481 0.3784

Effects Specification

Cross-section fixed (dummy variables)

R-squared 0.916605 Mean dependent var 7.775408

Adjusted R-squared 0.895757 S.D. dependent var 0.520087

S.E. of regression 0.167919 Akaike info criterion -0.546005

Sum squared resid 1.691809 Schwarz criterion -0.055324

Log likelihood 36.74819 F-statistic 43.96466

Durbin-Watson stat 1.210343 Prob(F-statistic) 0.000000

4.3 Implications pour les associations de microcrédit

La mise en commun des résultats trouvés, tableau IV-10, montre que le facteur qui

influence le plus la performance des AMC marocaines, sous toutes ses formes, est le

niveau d’endettement. Le recours au financement par la dette permet aux AMC d’atteindre

un plus grand nombre de clients et, ainsi, d’avoir une étendue de portée très importante.

Page 262: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

252

Cependant, l’endettement affecte négativement l’autonomie opérationnelle de ces AMC et

le degré de la portée de leur activité. Les AMC les plus endettées sont celles qui ont une

autonomie opérationnelle plus faible et accordent des prêts d’un montant, relativement,

plus élevés. Cette situation peut être expliquée par le fait que devant une demande très

élevée et un accès aux ressources très limité, les AMC n’ont autres choix que de faire appel

à l’endettement. Cependant, le coût de la dette engendre des charges très élevées ce qui

diminue l’autonomie opérationnelle. Afin de pouvoir couvrir ces charges, les AMC qui

sont plus endettées ont tendance à privilégier les prêts qui ont des montants plus élevés et

qui sont plus rentables par rapport à ceux qui ont des montants plus petits. La question est,

donc, de savoir quel est l’intérêt de privilégier le mode de financement par la dette par

rapport aux autres formes de financement ?

Tableau IV-10 : Tableau récapitulatif des résultats des régressions

Le signe (-) indique que le facteur a une relation négative avec la performance concernée.

Le signe (+) indique que le facteur a une relation positive avec la performance concernée.

Facteurs

déterminants

Performance

financière

(auton. opérat.)

Performance sociale (la portée)

Etendue de la portée

(nb. d’emprunteurs)

Degré de la portée

(prêt moyen)

Ratio d’endettement - + -

Age - + -

L’indice du recours

aux subventions -

Autonomie

opérationnelle +

Nombre de clients

actifs +

Qualité du portefeuille

(inverse de par30j) +

Montant des

subventions reçues -

Total de l’actif -

Page 263: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

253

L’âge est défavorable à la performance financière des AMC étudiées. Alors qu’il est plus

logique de penser que toute organisation qui accumule de l’expérience, arriverait à mieux

maîtriser son métier et à devenir plus performante, nous assistons au contraire pour les

AMC marocaines. C’est vrai que ces associations arrivent à avoir plus de clients avec

l’âge, ce qui est plus facile devant une demande importante. Cependant, la course vers la

maximisation de l’étendue a été aux dépens des clients les plus pauvres et de l’autonomie

opérationnelle. La crise qu’a connue le secteur a été l’occasion pour les AMC marocaines

de prendre conscience d’une partie de cette réalité : la course effrénée vers plus de parts de

marché peut engendrer, si elle n’est pas bien maîtrisée, de graves problèmes de viabilité

financière. L’autre part de la réalité est le fait que les AMC marocaines commencent à

dériver ou à s’éloigner de leur mission originale (Copestake, 2007 et Boyé et al. 2006). Si

dans le secteur on a bien identifié les facteurs à l’origine de la crise, il serait très important

de s’intéresser aux facteurs qui expliquent l’augmentation du prêt moyen par emprunteur et

la baisse continue, au moins, depuis 2003 jusqu’en 2010, de la proportion des femmes

parmi les clients actifs des AMC120

.

Par ailleurs, la performance financière, mesurée par l’autonomie opérationnelle, et la

performance sociale, mesurée par le nombre d’emprunteurs actifs, sont complémentaires

dans le cas des AMC marocaines. Les AMC qui ont un grand nombre de clients actifs sont

celles qui sont les plus performantes financièrement. Inversement, les AMC qui réalisent

de bonnes performances financières sont celles qui accordent leurs services à un grand

nombre de personnes. Il est donc possible pour une AMC marocaine d’avoir à la fois la

possibilité d’être financièrement autonome et d’offrir ses services à un grand nombre de

clients. Ces résultats viennent confirmer l’hypothèse 3 qui prévoit une relation positive

entre la performance sociale, mesurée par le nombre d’emprunteurs, et la performance

financière.

La qualité du portefeuille des AMC marocaines, mesurée par le portefeuille à risque > 30

jours (par30j), détermine la politique d’octroi des prêts. Lorsque cette qualité est mauvaise,

un par30j élevé, les AMC serrent leurs robinets et accordent moins de prêts. Les résultats

120 Pour cet indicateur du degré de la portée (PORFEM), les régressions que nous avons réalisées non pas

données des résultats concluants. Peut-être que la méthode utilisée dans cette étude n’est pas adaptée.

Page 264: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

254

montrent aussi que l’indicateur utilisé comme proxy de la qualité du portefeuille n’a pas

d’impact direct sur la performance financière. Ce qui nous apparaît comme un résultat qui

n’est pas normal. En effet, la plus grande partie des revenus des associations de microcrédit

est sous forme d’intérêts perçus sur les prêts accordés. Il est donc normal que si le

portefeuille de prêts est de mauvaise qualité, les revenus vont en souffrir et par la suite

l’autonomie opérationnelle. Il est probable que le résultat trouvé peut être dû au fait que le

calcul du par30j par les AMC ne se fait pas de la même manière. C’est, seulement, à partir

de l’année 2008 que les AMC marocaines ont eu l’obligation de se conformer aux normes

visant à harmoniser les règles de classification des créances en souffrance et de leur

provisionnement (Annexe 6). Ces résultats confirment une partie de l’hypothèse 4, qui

prévoit une relation positive entre le ratio du portefeuille à risque et la performance sociale.

Cependant, on n’a pas pu trouver de confirmation d’aucune forme de relation entre ce ratio

et la performance financière.

Enfin, Pour évaluer l’impact des subventions, on a utilisé deux variables l’indice du

recours aux subventions (SDI) et le montant des subventions reçues par emprunteur actif.

Les résultats trouvés montrent, d’une part, que le premier indicateur a une relation négative

avec l’autonomie opérationnelle. Ce résultat est normal car le SDI est par construction

l’inverse de l’autonomie opérationnelle. D’autre part, à l’inverse du recours à la dette, le

recours aux subventions, apparaît comme ayant un impact négatif sur le nombre des clients

d’une AMC.

Alors qu’on n’a pas trouvé de résultats qui confirment la relation négative entre la

performance financière et l’intensité des subventions, prévue par l’hypothèse 2, nos

résultats apportent une preuve contraire de la relation positive prévue entre la performance

sociale et l’intensité des subventions. L’explication possible de ce résultat est le fait que

les montants des subventions les plus élevés sont accordés aux AMC au début de leur

activité lorsque le nombre des clients est encore faible (cf. la figure IV-15 et la figure

IV-16). Plus une AMC devient autonome et plus elle a de clients, plus les subventions

baissent.

Page 265: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

255

Conclusion du chapitre IV

Pour réaliser notre travail de recherche, nous avons retenu un échantillon composé de dix

associations de microcrédit marocaines sur les douze associations qui sont actives au

Maroc. L’analyse de l’échantillon montre que les associations retenues représentent plus de

99% de part de marché en termes de clients actifs et d’encours brut de prêts. Cet

échantillon représente donc une grande proportion des entêtées étudiées, mais il reste très

petit. D’autre part, l’échantillon est caractérisé par sa concentration ; deux associations sur

dix représentent 76% de l’encours de prêts et 59% des clients actifs. Cette concentration

peut biaiser les résultats trouvés.

L’analyse descriptive des données collectées, nous montre que, du point de vue de la

performance :

Les AMC marocaines ont été, en général, des institutions financièrement viables

sur la période étudiée. L’exception est relevée pour les années 2008 et 2009, où une

grande partie de ces AMC a réalisé une autonomie opérationnelle inférieure à

100%. Ces résultats sont confirmés par l’analyse de l’indice SDI qui mesure le

degré du recours des institutions de microfinance aux subventions et qui est, par

construction, l’inverse de l’autonomie opérationnelle.

Durant la période de l’étude, l’étendue de la portée (une des deux composantes de

la performance sociale), mesurée par le nombre d’emprunteurs actifs par AMC, a

connu une croissance soutenue jusqu’en 2007, année de début de la crise du secteur

du microcrédit marocain. Après cette année jusqu’en 2010, le nombre

d’emprunteurs actifs s’est inscrit dans un trend baissier.

Les indicateurs retenus pour mesurer le degré de la portée des activités des AMC

(deuxième composante de la performance sociale) ont mal performé au cours de la

période de l’étude. D’une part, la proportion des femmes parmi les clients actifs des

AMC n’a cessé de baisser depuis 2003 jusqu’en 2010. D’autre part, le solde moyen

de prêt a évolué dans le sens contraire et a connu une croissance soutenue depuis

2003. Ces deux résultats montrent que les AMC se désengagent, de plus en plus, de

la clientèle de sexe féminin en faveur de la clientèle de sexe masculin. Elles

Page 266: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

256

s’orientent aussi vers l’octroi de prêts qui ont des montants de plus en plus élevés.

Moins de femmes et moins de personnes qui ne peuvent emprunter que des

montants faibles peuvent constituer des indicateurs de la présence d’une certaine

dérive des AMC marocaines de leur mission originale, qui consiste à offrir leurs

services aux personnes les plus nécessiteuses.

L’étude montre aussi que les AMC marocaines appliquent certains principes de bonne

gouvernance, comme la séparation entre le rôle de contrôle et celui de gestion. En effet,

cette recherche a montré que, à part dans le cas de certaines situations d’exception, la

même personne n’a pas le droit de cumuler à la fois le poste du président du conseil et le

poste de directeur général. Cependant, l’absence de représentants des clients et des

bailleurs de fonds dans les conseils d’administration des AMC peut être une lacune dans la

pratique de la gouvernance de ces AMC.

L’estimation des différents modèles retenus montre que :

La performance financière, mesurée par l’autonomie opérationnelle, est affectée par

le nombre d’emprunteurs actifs, le niveau d’endettement et l’âge. Plus une AMC

est jeune, est moins endettée et a plus de clients actifs plus elle a une autonomie

opérationnelle importante.

La première composante de la performance sociale (l’étendue de la portée) d’une

AMC est affectée par l’âge, le niveau d’endettement, l’autonomie opérationnelle et

la qualité du portefeuille (mesurée par le portefeuille à risque > 30 jours). Plus une

AMC est rentable, est plus âgée, a accès à plus d’endettement et à un par30j faible

plus elle peut offrir ses services à un grand nombre de personnes.

La première composante de la performance sociale (le degré de la portée) d’une

AMC est affectée par son âge et la taille d’une AMC ainsi que le niveau

d’endettement. Les AMC qui fournissent le plus leurs services aux personnes les

plus pauvres sont celles qui sont plus jeunes, sont de petite taille et sont moins

endettées.

Ces résultats nous poussent à poser plusieurs questions :

Page 267: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

257

Le financement par endettement permet d’atteindre un grand nombre de clients tout en

ayant un impact négatif sur l’autonomie opérationnelle et en excluant les personnes les

plus pauvres du champ du microcrédit. Peut-on ainsi dire que ce mode de financement est

favorable ou défavorable aux AMC ? Cette question mérite plus d’investigation dans le cas

spécifique du microcrédit marocain.

Par ailleurs, lorsque le microcrédit a été lancé au Maroc, comme partout ailleurs, c’était

dans l’objectif de permettre aux personnes qui sont le plus marginalisées d’avoir accès à un

mode de financement qui répond à leurs besoins spécifiques. Notre recherche montre que

le pourcentage des femmes, qui sont considérées plus vulnérables que les hommes,

continue à diminuer avec le temps. Au même moment, le solde du prêt moyen par

emprunteur continue à augmenter d’année en année. Est-ce qu’en excluant les femmes et

les personnes qui ne peuvent pas emprunter des montants relativement élevés, les AMC

marocaines répondent aux attentes des personnes les plus pauvres ?

Page 268: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

258

CONCLUSION GENERALE

Le marché du crédit est un marché particulier. En effet, les problèmes dus à l’asymétrie

d’information dans ce marché empêchent la loi de l’offre et de la demande d’ajuster le prix du

crédit (le taux d’intérêt). Ce marché peut donc atteindre une situation d’équilibre durable avec

une demande de crédit supérieure à son offre. Les banques, qui représentent l’offre du crédit,

préfèrent ainsi rationner le crédit.

Le rationnement du crédit pénalise, principalement, les populations pauvres. Afin d’avoir

accès aux ressources nécessaires au financement de leurs activités, ces populations ont eu

recours, depuis très longtemps, au secteur informel. Par la suite, ce sont les gouvernements

qui ont essayé d’apporter des solutions aux problèmes de financement des populations

pauvres. Très vite ces solutions étatiques ont montré leurs limites. Par ailleurs, d’autres

personnes, à leur tête Muhammad Yunus, ont pu innover en apportant des solutions radicales

aux problèmes qui limitent l’accès des pauvres aux systèmes financiers conventionnels. La

solution trouvée, et qui est devenue un succès, est la microfinance.

La microfinance est un ensemble d’activités financières qui consistent à fournir un ensemble

de produits et de services financiers adaptés à une clientèle composée essentiellement de

personnes qui travaillent dans le secteur informel et de personnes qui n’ont pas accès aux

systèmes financiers classiques à cause de leurs faibles revenus et de l’absence de garanties. En

plus des services financiers (tels que : le crédit, l’épargne, la micro-assurance, le crédit-bail et

le transfert de fonds), la microfinance propose à ces clients une panoplie d’autres services

sociaux connexes (tels que : les formations aux techniques de la gestion, l’alphabétisation,

etc.).

A partir des années 1970, des institutions spécialisés dans l’offre des produits et des services

de la microfinance, appelées institutions de microfinance (IMF), ont vu le jour et ont connu

un développement très important à travers le monde. La microfinance est devenue, dans la

Page 269: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

259

plupart des pays en développement, un outil de développement, qui fait partie des politiques

mises en place par les gouvernements pour lutter contre la pauvreté.

Le Maroc n’a pas échappé à cette tendance. Les institutions de microfinance marocaines,

connues sous le nom d’associations de microcrédit (AMC), ont vu le jour au milieu des

années 1990. Les AMC marocaines ont bénéficié d’un environnement très favorable à leur

croissance. En effet, d’une part, les pouvoirs publics ont mis en place un cadre juridique,

réglementaire et institutionnel très favorable, d’autre part, la population marocaine, dont 8,8%

vivaient au-dessous du seuil de pauvreté, en 2008, connaît un taux de bancarisation faible et

dispose d’un secteur économique informel très dynamique, qui n’a pas accès au financement

par le système bancaire. Ces conditions ont permis aux AMC marocaines de faire passer le

nombre de leurs clients actifs de 97 000 personnes en 2001 à 1,353 millions de personnes en

2007. La croissance phénoménale du secteur du microcrédit a engendré la première crise du

secteur au Maroc. Cette période de crise était l’occasion pour les AMC de donner plus

d’importance à leur structuration et de ne plus se focaliser, uniquement, sur la croissance et la

recherche de la viabilité financière.

Notre thèse s’est fixée comme objectif d’identifier les facteurs déterminants de la

performance de ces AMC. Nous avons vu dans notre travail que la performance des

institutions de microfinance peut être décomposée, selon les objectifs poursuivis par ces

institutions, en deux parties :

En tant qu’institution financière, elles ont un objectif économique qui détermine la

performance financière ;

En tant qu’institution de développement, elles ont un objectif social qui détermine

la performance sociale.

Ainsi, la performance des IMF a deux composantes : une composante liée à la performance

économique ou financière et une composante liée à la performance sociale. La première

composante peut être mesurée avec l’indicateur de l’autosuffisance opérationnelle, alors que

la deuxième composante, appelée aussi portée des activités des IMF, doit être, elle aussi,

divisée en deux parties :

Page 270: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

260

L’étendue de la portée : le nombre de clients servis par une IMF avec ses différents

instruments ;

Le degré de la portée : le type de clients servis par une IMF et leur niveau de

pauvreté.

Pour répondre à la problématique de notre travail, nous avons adopté une démarche hypotico-

déductive. Nous avons, sur la base de la revue de littérature, formulé un ensemble

d’hypothèses relatives aux questions suivantes :

Quel est le rôle joué par les mécanismes de la gouvernance sur la performance des

AMC marocaines ?

Le recours aux subventions affecte-t-il la performance des AMC marocaines ?

La portée des services a-t-elle un impact sur la performance des AMC marocaines ?

Comment la qualité du portefeuille de crédit affecte-t-il la performance des AMC

marocaines ?

La structure financière, l’âge et la taille des AMC ont-ils un impact sur leurs

performances ?

Notre méthode empirique a utilisé les données de panel d’un échantillon composé de 10 AMC

marocaines, sur la période comprise entre 2003 et 2010 (8 années). Cet échantillon représente

plus de 99% de part de marché en termes de clients actifs et d’encours brut de prêts. Nous

avons donc fait appel à l’économétrie de panel, en estimant un ensemble de régressions dont

lesquelles les variables dépendantes sont les différentes composantes de la performance des

AMC étudiées.

Notre recherche dégage des résultats intéressant. En réalisant l’analyse descriptive des

différentes variables, on a constaté que les indicateurs retenus pour mesurer le degré de la

portée des activités des AMC (deuxième composante de la performance sociale) ont mal

performé au cours de la période de l’étude. D’une part, au cours de cette période, la

proportion des femmes parmi les clients actifs des AMC n’a cessé de baisser. D’autre part, le

solde moyen de prêt a connu une croissance soutenue depuis 2003. Nous remarquons donc

que les associations marocaines se désengagent, de plus en plus, de la clientèle de sexe

féminin en faveur de la clientèle de sexe masculin. Elles s’orientent aussi vers l’octroi de prêts

Page 271: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

261

qui ont, en moyenne, des montants plus grands et qui sont moins coûteux relativement aux

crédits à faibles montants. Ces résultats peuvent constituer une preuve du fait que les AMC

marocaines dérivent de leur mission originale, qui consiste à offrir leurs services aux

personnes les plus nécessiteuses. Tel que mentionné par Boyé et al. (2006), on peut dire que

les AMC marocaines, en donnant plus d’importance à l’atteinte de la viabilité financière, ont

fini par privilégier les clients qui demandent des prêts plus élevés (pour bénéficier de

l’économie d’échelle) et ceux qui sont moins pauvres que les autres. Ainsi, apparaîtrait ce

qu’on appelle la dérive ou l’éloignement de ces AMC par rapport à leur mission originale.

Ces résultats confirment ceux de Cull et al. (2007) qui ont trouvé que plus une institution se

développe et arrive à la maturité, plus elle se concentre sur les clients qui peuvent se permettre

de demander des prêts importants.

L’analyse montre aussi que, malgré le fait que les AMC marocaines appliquent certains

principes de bonne gouvernance, comme la séparation entre le rôle de contrôle et celui de

gestion, l’absence des représentants des clients et des bailleurs de fonds dans les conseils

d’administration de ces AMC peut être une lacune dans la pratique de la gouvernance de ces

AMC. Cependant, les données recueilliées ne permettent pas de vérifier la validité de

l’hypothèse 1 de la recherche

Par ailleurs, l’estimation des différents modèles montre que le facteur qui a un impact positif

sur la performance financière des AMC est le nombre de clients actifs. Les facteurs qui ont un

impact négatif sur cette performance sont le niveau d’endettement, l’indice du recours aux

subventions et l’âge. Ensuite, les facteurs qui ont un impact positif sur l’étendue de la portée

(l’une des deux composantes de la performance sociale) sont le niveau d’endettement, l’âge,

l’autonomie opérationnelle et la qualité du portefeuille de prêts. Cette performance est

affectée négativement par l’importance des subventions reçues. Enfin, le degré de la portée

(l’autre composante de la performance sociale) est affecté négativement par le niveau

d’endettement, l’âge et la taille de l’AMC.

Ces résultats permettent donc, d’une part, de valider :

L’hypothèse 3 : existence d’une relation positive entre la performance sociale et la

performance financière ;

Page 272: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

262

La deuxième partie de l’hypothèse 2 : le recours aux subventions affecte négativement

la performance financière ;

La deuxième partie de l’hypothèse 4 : Un bon contrôle du portefeuille à risque a un

impact négatif sur la performance sociale.

D’autre part, les résultats de la recherche permettent de rejettent la première partie de

l’hypothèse 2 (existence d’une relation positive entre le recours aux subventions et la

performance sociale). Cependant, ces résultats n’apportent pas de preuve d’aucune forme de

relation entre un bon contrôle du portefeuille à risque et la performance financière (première

partie de l’hypothèse 4)

Ces résultats ont soulevé autant de questions que de réponses apportées. Cette recherche

exploratoire soulève la question du recours très intensif à l’endettement aux dépens de

d’autres formes de financement. On a vu que la dette a un impact positif sur l’étendue de la

portée, mais, à cause de ses charges, elle pénalise l’autosuffisance opérationnelle et le degré

de la portée. Ceci nous renvoie à soulever la question de l’opportunité d’autoriser les AMC

marocaines à collecter l’épargne publique. Cette dernière constitue une source de financement

moins chère et plus stable. L’étude de Planet Finance (2004) montre que les clients des AMC

marocaines épargnent une proportion significative de leurs revenus (près de 550 DH par mois

en moyenne). Pour déposer leur épargne, les clients utilisent d’autres formes de services

financiers, tels que : un livret d’épargne (20 %), la tontine (22 %) et le dépôt dans un compte

bancaire (21%).

La microfinance marocaine exclue de plus en plus, de son champ d’action, les femmes et les

personnes qui ne peuvent pas emprunter des montants relativement élevés. Peut-on dire que

cette situation est due à l’absence des représentants des clients et des bailleurs de fonds du

cercle de la prise de décision, le conseil d’administration ? Ou, au contraire, le modèle

marocain commence à montrer ses limites face aux besoins spécifiques des clients qui sont les

plus pauvres des pauvres ? Dans ce cas, ne faudrait-il pas commencer à chercher d’autres

moyens pour lutter contre l’exclusion de cette frange de la population ?

Enfin, il faut noter que l’échantillon sur lequel porte la recherche représente une grande

proportion des entêtées étudiées, mais il reste, quand-même, très petit. Par ailleurs, cet

Page 273: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

263

échantillon se caractérise par sa concentration. En effet, deux associations sur dix représentent

76% de l’encours de prêts et 59% des clients actifs. Ces deux faits peuvent biaisée les

résultats trouvés.

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Page 289: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

279

ANNEXES

Annexe 1 La méthodologie PERLS

(Source : http://www.woccu.org/bestpractices/pearls/pearlsratios. Consulté le 12.09.11)

P - Protection Goals (Excellence)

1. Loan Losses Allowances / Delinq. >12 Mo. 100%

2. Net Loan Loss Allowances / WOCCU Allowance

Required for Delinq. 1-12 Mo. 35%

3. Complete Loan Charge-off of Delinq. > 12 Mo. Yes

4. Annual Loan Charge-offs / Average Loan Portfolio Minimized

5. Accum. Charge-offs Recovered / Accum. Charge-offs > 75%

6. Solvency (Net Value of Assets/Total Shares & Deposits) ≥ 111%

E - Effective Financial Structure Goals (Excellence)

1. Net Loans / Total Assets 70-80%

2. Liquid Investments / Total Assets ≤ 16%

3. Financial Investments / Total Assets ≤ 2%

4. Non-financial Investments / Total Assets 0%

5. Savings Deposits / Total Assets 70-80%

6. External Credit / Total Assets 0-5%

7. Member Share Capital / Total Assets ≤ 20%

8. Institutional Capital / Total Assets ≥ 10%

9. Net Institutional Capital / Total Assets ≥ 10%

A - Asset Quality Goals (Excellence)

1. Total Loan Delinquency / Gross Loan Portfolio ≤ 5%

2. Non-earning Assets / Total Assets ≤ 5%

3. Net Zero Cost Funds / Non-earning Assets ≥ 200%

R - Rates of Return and Costs Goals (Excellence)

1. Net Loan Income / Average Net Loan Portfolio Entrepreneurial Rate

2. Liquid Inv. Income / Avg. Liquid Investments Market Rates

3. Fin. Investment Income / Avg. Fin. Investments Market Rates

Page 290: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

280

4. Non-fin. Inv. Income / Avg. Non-fin. Investments ≥ R1

5. Fin. Costs: Savings Deposits / Avg. Savings Deposits Market Rates > Inflation

6. Fin. Costs: External Credit / Avg. External Credit Market Rates

7. Fin. Costs: Member Shares / Avg. Member Shares Market Rates, > R5

8. Gross Margin / Average Assets ˆE9=10%

9. Operating Expenses / Average Assets ≤ 5%

10. Provisions for Risk Assets / Average Assets ˆP1=100%, ˆP2=35%

11. Other Income or Expense / Average Assets Minimized

12. Net Income / Average Assets (ROA) ˆE9=10%

L - Liquidity Goals (Excellence)

1. Liquid Assets - ST Payables / Total Deposits 15-20%

2. Liquidity Reserves / Total Savings Deposits 10%

3. Non-earning Liquid Assets / Total Assets < 1%

S - Signs of Growth (Annualized Rates) Goals (Excellence)

1. Net Loans ˆE1=70-80%

2. Liquid Investments ˆE2 ≤ 16%

3. Financial Investments ˆE3 ≤ 2%

4. Non-financial Investments ˆE4=0%

5. Savings Deposits ˆE5=70-80%

6. External Credit ˆE6=0-5%

7. Member Shares ˆE7 ≤ 20%

8. Institutional Capital ˆE8 ≥ 10%

9. Net Institutional Capital ˆE9 ≥ 10%

10. Membership ≥ 15%

11. Total Assets > Inflation + 10%

Page 291: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

281

Annexe 2 La méthodologie GERAFE

(Source : http://www.planetrating.com/FR/methode-girafe.html. consulté le 12.09.11)

Notre méthode GIRAFE est une approche du rating innovante et unique destinée à

évaluer le profil de risque ainsi que la performance institutionnelle des IMF.

La méthode GIRAFE a été créée en 1999 par Planet Rating. Depuis, nous nous

sommes toujours efforcés de la mettre à jour régulièrement et de l’améliorer, prenant en

compte les évolutions du secteur de la microfinance, la complexité de plus en plus grande

de ses modèles économiques et les nouveaux défis auxquels les IMF doivent faire face. En

2006 et en 2008, des groupes de travail se sont vus confier cette tâche. Une version

améliorée de notre méthode GIRAFE a ainsi été élaborée. Notre objectif est de toujours

anticiper les risques émergents du secteur liés entre autres à une commercialisation

grandissante, une compétition accrue, et une gamme de services proposés sans cesse plus

large. Aujourd’hui, notre méthodologie GIRAFE est largement reconnue par les

investisseurs, les régulateurs, les consultants et est certifiée et accréditée par le

CGAP, ADA, l’IDB et l’ABB, qui dirigent les fonds de notation.

Avec la méthode GIRAFE, nous promouvons des standards internationaux de

performance institutionnelle des IMF afin de renforcer la confiance des investisseurs

commerciaux et soutenir le développement de la microfinance partout dans le monde.

Domaines de notation

Grâce à nos rapports exhaustifs, nous examinons la performance des IMF au travers d’une

large gamme de facteurs qualitatifs et quantitatifs qui permettent d’en déterminer le profil

de risque et la pérennité. GIRAFE est l’acronyme des 6 domaines de notation qui

composent la méthodologie, eux-mêmes divisés en 17 facteurs de notation :

GOUVERNANCE Prise de décision

Planification

Equipe de direction

Gestion des ressources humaines

Page 292: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

282

INFORMATION Conception du système d'information et

qualité de l'information

RISQUES Procédures et contrôles internes

Audit interne

ACTIVITES Gestion des services financiers

Risque de crédit

Couverture du risque de crédit

FINANCEMENT ET LIQUIDITES Capitalisation et stratégie de financement

Risque de liquidités

Risques de marché

EFFICACITE ET RENTABILITE Rentabilité de l'actif (ROA)

Qualité des revenus

Efficacité opérationnelle

Optimisation des actifs

Notre grille de notation

Chacun de ces six domaines obtient une note allant de “A” à “E”, ce qui nous permet

d’identifier les forces et les faiblesses de l’IMF. Un système de pondération est ensuite

appliqué dans le but d’obtenir une moyenne globale et le rating de l’IMF.

Ce rating reflète une estimation générale du risque :

A++

Excellent: l’IMF excelle dans le domaine évalué et peut servir de référence. Vision long

terme d’amélioration continue. Pas de risques court ou moyen terme sur la continuité de

l’exploitation. Risques long terme très bien suivis et contrôlés.

A+, A, A

-

Très bon: les performances institutionnelles, opérationnelles et financières de l’institution

sont excellentes par rapport aux standards du secteur. Vision à long terme d’amélioration

continue. Très peu de risques à court et à moyen termes pour la pérennité de l’exploitation.

Risques à long terme très bien suivis et contrôlés.

Page 293: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

283

B++

, B+, B

Bon: procédures affinées et efficaces, perspectives d’évolution à long terme. Des risques à

moyen et à long termes, mais qui sont identifiés par l’institution. Des améliorations sont

encore possibles. Les risques à long terme sont identifiés dans le plan stratégique.

B-

Intermédiaire: les performances institutionnelles, opérationnelles et financières de

l’institution sont proches des standards du secteur. Risques à court et à moyen termes sont

modérés mais pas complètement combattus. De nombreuses améliorations ont été

identifiées, mais la planification à long et moyen terme omet un ou plusieurs éléments

essentiels/critiques. La capacité à la mettre en œuvre est inégale et certains objectifs ne

seront probablement pas atteints.

C++

, C+, C, C

-

Minimum requis: procédures fonctionnelles mais des défaillances. Des risques pèsent à

moyen terme sur la continuité de l’exploitation.

D

Insuffisant: procédures en place mais défaillances importantes et des problématiques

partiellement abordées. Risque à moyen terme, voire à court terme, sur la continuité de

l’exploitation.

E

Risque de défaillance immédiate ou Très insuffisant: danger immédiat/latent sur la

continuité de l’exploitation ou sous performance non acceptable.

Le comité de notation note une IMF en se basant sur la performance actuelle et attribue une

tendance en fonction des évolutions futures. La tendance peut être positive, stable ou

négative. Une tendance incertaine est attribuée s'il subsiste des incertitudes au sujet de la

performance les années suivantes.

Page 294: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

284

Annexe 3 Liste des Associations de Micro-Crédit

Dénomination sociale Adresse du siège social

Association AL Amana pour la Promotion des

Microentreprises (AL AMANA)

40,Rue Al Fadila, quartier industriel, Q.Y.M,

RABAT 10 000

Association Al Karama pour le Micro-Crédit

(AL KARAMA)

38 Bd Abdelmounen, Appt 23, 4ème étage,

Hassan RABAT

Association Marocaine Oued Serou pour le

Micro-Crédit (AMOS)

Rue oued Sbou, Hay Ettakadoum, El Kbab -

KENITRA

Association Marocaine de Solidarité Sans

Frontière (AMSSF)

1, Rue Abi Dar El Ghoufari-Quartier Prince

Héritier-1er

étage FES

Fondation (ARDI) 137, Avenue Allal Ben Abdellah - Rabat

10 000

Association Tétouanaise des Initiatives

Sociaux-Professionnelles (ATIL)

Avenue Hassan II N° 70-Résidence Paloma

Blanca, 1er

Etage N° 1 - TETOUAN

Fondation Banque Populaire pour le Micro-

Crédit (FBPMC)

3, Rue Docteur Veyre-Résidence Patio

CASABLANCA

Fondation pour le Développement Local et le

Partenariat (FONDEP)

17,Rue Cadi Senhaji, Pinède-Souissi II -

Rabat 10 000

Institution Marocaine d’Appui à la Micro-

Entreprise (INMAA)

9,Rue Kser Essok, App.n°6 Quartier Hassan

- 3ème

Etage - RABAT

Association Ismailia pour le Micro-Crédit

(AIMC)

115,Boulevard Lahboul-BP 2070 MEKNES

TAWADA N° 119, avenue de la Résistance,

appartement 27 - RABAT

Fondation Micro Crédits du Nord N° 6, Rue Rachid Réda, Résidence Hayat 2

entresol, appa. N° 34 TANGER

Page 295: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

285

Annexe 4 Bilan comptable d’une institution de microcrédit

Fondation FBPMC

Bilan

Au 31.12.10

Page 296: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

286

Annexe 5 Compte de produits et charges (CPC) d’une institution de

microcrédit

Fondation FBPMC

CPC

Du 01.01.2010 Au 31.12.10

Page 297: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

287

Annexe 6 Règles relatives à la classification et au provisionnement des

créances en souffrance des associations de micro-crédit

Sont considérées comme créances en souffrance, celles dont une échéance au moins est

impayée depuis plus de 15 jours ou les encours de crédits dont le remboursement pourrait

être mis en cause en raison de considérations liées à la capacité de remboursement du

débiteur ou à tout autre facteur.

Ces créances donnent lieu à la constitution de provisions au moins égales à :

25% pour les créances comportant au moins un impayé de plus de 15 jours ;

50% pour les créances présentant au moins un impayé de 30 à 90 jours ;

75% pour les créances comportant au moins un impayé de 90 à 180 jours ;

100% pour les créances comportant au moins un impayé de 180 jours.

(Source : Bank Al-Maghrib. 2009. Rapport annuel sur le contrôle, l’activité et les

résultats des établissements de crédit : exercice 2009. (p. 20))

Page 298: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

288

Annexe 7 Questionnaire

FACTEURS DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES

INSTITUTIONS DE MICROFINANCE

CAS DES ASSOCIATIONS DE MICROCREDIT MAROCAINES

Cette enquête est réalisée dans le cadre d’une thèse de doctorat qui porte sur

l’identification des facteurs qui expliquent la performance des institutions de

microfinance : cas des associations de microcrédit marocaines. Une grande partie des

informations sur votre association dont nous avons besoins pour notre travail a pu être

collectée grâce aux informations disponibles sur le Net. Cependant, notre travail nécessite

certains renseignements qui portent sur les caractéristiques du Conseil d’Administrations

de votre association et sur le degré de votre recours aux subventions.

Nous vous serons donc très reconnaissants de bien vouloir nous assister dans ce travail en

répondant aux 4 questions de cette enquête.

Nom de l’association :

…………………………………………………………………………

Nom du répondant :

………………………………………………………………………….

Poste occupé :

………………………………………………………………………….

Page 299: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

289

1) Quel est le nombre approximatif de personnes qui composent le conseil

d’administrations de votre association ? …………………….

2) Généralement, le pourcentage des sièges accordés aux représentants des personnes

externes à l’association (tels que, les représentants des clients, les représentants des

bailleurs de fonds, etc.) est de :

0% (Aucune présence des représentants externes)

Plus de 0% et moins de 20% (Présence très faible)

Plus de 20% et moins de 40% (Présence faible)

Plus de 40% et moins de 60% (Présence moyenne)

Plus de à 60% et moins de 80% (Présence forte)

Plus de 80% (Très forte présence)

3) Est-ce que la même personne occupe les deux postes de Directeur général et de

Président du conseil d’administration ?

Oui

Non

4) Quel est le degré de recours aux subventions (quelles soient sous formes de fonds,

d’emprunts, de dons en nature, d’assistances, de formations, etc.)

Aucun recours aux subventions

Recours aux subventions très faible

Recours aux subventions faible

Recours aux subventions moyen

Fort recours aux subventions

Très fort recours aux subventions

Merci pour votre assistance

Page 300: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

290

Annexe 8 Tests de Spécification de Hsiao (2003)121

' Purpose : Tests de Spécification de Hsiao (2003)

'------------------------------------------------------------------------------------------------------

' --- Regressions Individuelles ----

'-----------------------------------------------

scalar r2sum=0

for %i _1 _2 _3 _4 _5 _6 _7 _8 _9 _10

equation eqindi.ls autope%i c par30j%i age%i levier%i log(nbemp%i)

log(moypre%i) sub%i

scalar r2sum=r2sum+@ssr

next %i

'----------------------------------------------

'--- Estimation Modèle Pooled ---

'----------------------------------------------

panel.ls autope? par30j? age? levier? log(nbemp?) log(moypre?) sub?

scalar r2pooled=panel.@ssr

scalar Kreg=panel.@ncoef

'---------------------------------------

'--- Estimation Modèle EI ---

'---------------------------------------

121 Ce programme a été inspiré du programme mis en ligne par M. Christophe HURLIN et disponible sur

l’adresse suivante : http://www.univ-orleans.fr/deg/masters/ESA/CH/Codes_Panel_Eviews3.zip, consulté le

10.12.11.

Page 301: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

panel.ls(f) autope? par30j? age? levier? log(nbemp?) log(moypre?) sub?

scalar r2EI=panel.@ssr

scalar Nnobs=panel.@ncross

scalar Tnobs=panel.@regobs

'----------------------------------------------------------------

'--- Statistiques de Test : Test Ai,Bi=A,B ----

'----------------------------------------------------------------

Scalar F1=(r2pooled-R2sum)/r2sum/((Nnobs-1)*(Kreg+1))*(Nnobs*Tnobs-

Nnobs*(Kreg+1))

scalar pvalueF1=@fdist(F1,((Nnobs-1)*(Kreg+1)),(Nnobs*Tnobs-

Nnobs*(Kreg+1)))

'----------------------------------------------------------------

'--- Statistiques de Test : Test Ai,Bi=Ai,B ----

'----------------------------------------------------------------

scalar F2=(r2ei-R2sum)/r2sum/((Nnobs-1)*Kreg)*(Nnobs*Tnobs-

Nnobs*(Kreg+1))

scalar pvalueF2=@fdist(F2,((Nnobs-1)*Kreg),(Nnobs*Tnobs-Nnobs*(Kreg+1)))

'----------------------------------------------------------------

'--- Statistiques de Test : Test Ai,B=A,B ----

'----------------------------------------------------------------

scalar F3=(r2pooled-r2ei)/r2ei/(Nnobs-1)*(Nnobs*(Tnobs-1)-Kreg)

scalar pvalueF3=@fdist(F3,(Nnobs-1),(Nnobs*(Tnobs-1)-Kreg))

Page 302: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

Annexe 9 Tests d’Hausman (1978)

Selon Bourbonnais (2009), le test d’Hausman est un test de spécification qui permet de

vérifier si les coefficients estimés par le modèle à effets fixes (estimateur LSDV : Least

Square Dummy Variable ou within : intra-individuel)122

sont statistiquement différents de

ceux qui sont estimés par le modèle à effets aléatoires (estimateur MCG : moindres carrés

généralisés). Ce test permet donc de discriminer les effets fixes et les effets aléatoires.

L’hypothèse nulle de ce test suppose l’existence d’une orthogonalité entre les variables

explicatives et le terme d’erreur du modèle à effets aléatoires. Ainsi, les estimateurs LSDV

(méthode d’estimation des paramètres du modèle à effets fixes) et MCG (méthode

d’estimation des paramètres du modèle à effets aléatoires) sont des estimateurs non biaisés

qui ne présentent pas de différence significative entre les coefficients estimés avec ces

deux méthodes. Dans ce cas le modèle à retenir est le modèle à effets aléatoires.

Le test d’hypothèse se présente ainsi :

La statistique à calculer est :

Cette statistique est distribuée selon un chi-deux à k degrés de liberté. L’hypothèse H0 est

rejetée si H > 2(k) pour un seuil fixé égal à α %. Ainsi, l’estimateur LSDV est non biaisé

et le choix doit porter sur le modèle à effets individuels fixes.

122 L’estimateur des Moindres Carrés Ordinaires (MCO) des paramètres ak dans le modèle à effets individuels

fixes est appelé estimateur à effets fixes ou estimateur LSDV (Least Square Dummy Variable : Moindres

Carrés Ordinaires sur les variables indicatrice) ou encore estimateur Within (intra-individuel ou intra-groupe).

Page 303: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

Annexe 10 Tests White (1980)

Selon Bourbonnais (2009, p. 150), le test de White (1980) est fondé sur une relation

significative entre le carré du résidu de l’équation étudiée, d’une part, et une ou plusieurs

variables exogènes en niveau et au carré de cette équation, d’autre part. On a donc procédé

à l’estimation de l’équation suivante :

Si l’un des coefficients de cette régression est significativement différent de zéro, alors

l’hypothèse d’hétéroscédasticité est acceptée. On peut réaliser ce test à l’aide de la

statistique de Fisher de nullité des coefficients :

Il s'agira aussi d'accepter l'hypothèse nulle Ho (hypothèse d'homoscédasticité) si la p-value

de la régression est est supérieure à 5%.

Page 304: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

LISTE DES FIGURES

Figure I-1 : Courbe du rendement espéré d’une banque en fonction du taux d’intérêt ....... 25

Figure I-2 : La rentabilité d’un investissement en fonction du capital investi .................... 27

Figure II-1 : Cadre conceptuel de l’efficience et de l’efficacité .......................................... 82

Figure II-2 : Les approches welfariste et institutionnaliste de la microfinance ................... 92

Figure II-3 : Objectifs stratégiques d’une IMF .................................................................... 95

Figure II-4 : Critère d’évaluation de la performance des institutions financières rurales ... 96

Figure II-5 : Viabilité d’une institution de microfinance .................................................. 111

Figure III-1: Taux de croissance du PIB, de la VA agricole et de la VA hors agricole ... 133

Figure III-2 : PIB par tête en DH (base 1998) ................................................................... 134

Figure III-3 : Nombre de clients actifs des AMC marocaines : 2001 - 2010 .................... 148

Figure III-4 : Montant total des prêts en cours des AMC marocaines (en DH) ................ 149

Figure III-5 : Processus de recherche selon l’approche hypothético-déductive ................ 164

Figure III-6 : Procédure séquentielle des tests................................................................... 178

Figure IV-1 : Nombre d’emprunteurs actifs (2009) .......................................................... 202

Figure IV-2 : Encours brut de prêts (2009) ....................................................................... 203

Figure IV-3 : Evolution de l’autonomie opérationnelle annuelle (autope) moyenne des

AMC marocaines (2003 – 2010) ....................................................................................... 205

Figure IV-4 : Evolution de l’autonomie opérationnelle des AMC marocaines (2003 – 2010)

........................................................................................................................................... 207

Figure IV-5 : Evolution de la rentabilité des actifs (ROA) moyenne des AMC marocaines

(2003 – 2010) .................................................................................................................... 208

Figure IV-6 : Evolution du ROA par AMC marocaine (2003 – 2010) ............................. 209

Figure IV-7 : Evolution du nombre d’emprunteurs actifs total (nbemp) des AMC

marocaines (2003 – 2010) ................................................................................................. 210

Figure IV-8 : Evolution du nombre d’emprunteurs actifs par AMC (2003 – 2010) ......... 212

Figure IV-9 : Evolution du pourcentage des femmes (porfem) moyen des AMC marocaines

(2003 – 2010) .................................................................................................................... 213

Figure IV-10 : Evolution du % des femmes (porfem) par AMC (2003 – 2010) ............... 215

Figure IV-11 : Evolution du prêt moyen (moypre) de toutes les AMC marocaines ......... 216

Figure IV-12 : Evolution du prêt moyen (moypre) par AMC marocaine (2003 – 2010) .. 217

Figure IV-13 : Evolution de la taille moyenne du conseil d’administration (CaTail) des

AMC marocaines (2003 – 2010) ....................................................................................... 221

Page 305: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

Figure IV-14 : Evolution du SDI moyen des AMC marocaines (2003 – 2010) ................ 222

Figure IV-15 : Evolution du ratio subventions reçues par emprunteur (moyenne annuelle)

des AMC marocaines (2003 – 2010) ................................................................................. 224

Figure IV-16 : Evolution du ratio subv. reçues par emprunteur par AMC (2003-2010) .. 225

Figure IV-17 : Evolution de la moyenne annuelle du ratio par30j moyen des AMC

marocaines (2003 – 2010) ................................................................................................. 227

Figure IV-18 : Evolution du ratio D/CP moyen des AMC marocaines ............................ 228

Figure IV-19 : Evolution du ratio D/CP des AMC marocaines (2003 – 2010)................. 229

Figure IV-20 : Evolution de l’actif total (en millions de dh) des AMC marocaines

(2003 – 2010) .................................................................................................................... 231

Figure IV-21 : Evolution de l’actif (en millions de dh) des AMC marocaines (2003-2010)

........................................................................................................................................... 232

Figure IV-22 : Evolution du ROE et ROA Moyen des AMC marocaines (2003 –

2010) .................................................................................................................................. 244

Page 306: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

LISTE DES TABLEAUX

Tableau II-1 : Quelques caractéristiques et comparaison des cinq principales méthodes

d’évaluation des IMF ......................................................................................................... 107

Tableau III-1 : Principaux indicateurs de l’économie marocaine (année 2009) ................ 134

Tableau III-2 : Chiffres clés du système bancaire marocain (2009).................................. 138

Tableau III-3 : Evolution du nombre d’AMC au Maroc ................................................... 147

Tableau III-4 : Taux des créances en souffrance et résultat net des AMC marocaines ..... 150

Tableau III-5 : Positions épistémologiques des paradigmes positiviste et constructiviste 162

Tableau III-6 : Liste des associations de microcrédit marocaines (2010) ......................... 174

Tableau III-7 : Tableau récapitulatif des variables dépendantes et indépendantes ........... 198

Tableau IV-1 : Nombre d’AMC retenues dans l’échantillon par année ............................ 201

Tableau IV-2 : Statistiques descriptives des variables ...................................................... 204

Tableau IV-3 : Matrice des corrélations ............................................................................ 234

Tableau IV-4: Résultats du test d’Hausman (1978) .......................................................... 238

Tableau IV-5: Résultats du test d’hétéroscédasticité ......................................................... 240

Tableau IV-6 : Résultat de la régression 1 de l’autonomie financière .............................. 243

Tableau IV-7 : Résultat de la régression 2 de l’autonomie financière .............................. 247

Tableau IV-8 : Résultat de la régression du nombre d’emprunteurs actifs ....................... 249

Tableau IV-9 : Résultat de la régression du prêt moyen par emprunteur .......................... 251

Tableau IV-10 : Tableau récapitulatif des résultats des régressions ................................. 252

Page 307: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

297

TABLE DES MATIERES

Remerciements ..................................................................................................................... iii

Sigles et abréviations utilisés ................................................................................................ iv

Sommaire… ......................................................................................................................... vii

Introduction générale ............................................................................................................. 1

Chapitre I : Cédit, Microcrédit et microfinance ............................................................. 11

1.1 Définition du crédit -------------------------------------------------------------------------- 12

1.1.1 Le marché du crédit .......................................................................................... 13

1.1.2 Imperfections du marché et rationnement du crédit ......................................... 15

1.1.2.1 L’asymétrie de l’information ..................................................................... 17

1.1.2.2 L’Aléa moral.............................................................................................. 18

1.1.2.3 La sélection adverse................................................................................... 21

1.1.3 Marché du crédit et financement des pauvres................................................... 26

1.1.3.1 Le financement des pauvres par le secteur financier informel .................. 29

1.1.3.2 La solution apportée par le secteur financier formel ................................. 31

1.2 Microfinance et institutions de microfinance : Définitions ---------------------------- 34

1.2.1 Définition de la microfinance ........................................................................... 34

1.2.2 Produits de la microfinance .............................................................................. 37

1.2.2.1 Les services financiers de la microfinance ................................................ 38

a. Le crédit pour activités génératrices de revenu (Income-generating loans) .. 39

b. Prêt d’urgence ou de consommation .............................................................. 40

c. Crédit habitat .................................................................................................. 41

d. L’épargne ....................................................................................................... 41

e. La micro-assurance ........................................................................................ 42

f. Le crédit-bail .................................................................................................. 43

g. Les services de transferts de fonds ................................................................. 43

1.2.2.2 Les services non financiers de la microfinance ......................................... 44

1.2.3 Institutions de microfinance (IMF) ................................................................... 45

1.3 Développement de la microfinance et différents types d’institutions de

microfinance ------------------------------------------------------------------------- 47

1.3.1 Développement de la microfinance .................................................................. 47

Page 308: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

1.3.2 Différents types d’institutions de microfinance ................................................ 53

1.3.2.1 Acteurs du secteur informel ....................................................................... 55

a. Les gardes-monnaie ........................................................................................ 55

b. Tontiniers ou banquiers ambulants ............................................................................. 56

c. Boutiques de prêt sur gage ............................................................................................. 56

d. Tontines mutuelles ou associations rotatives d’épargne et de crédit (ROSCA)

............................................................................................................................................. 57

e. Crédit entre proches ......................................................................................................... 57

1.3.2.2 Institutions spécialisées en microfinance .................................................. 57

a. Organisations non gouvernementale (ONG) ............................................................ 58

b. Institutions financières non bancaires agréées (IFNB) .......................................... 58

c. Banques commerciales spécialisées dans la microfinance (microbanque) ...... 59

d. Programmes de microfinance des banques commerciales multiservices ......... 61

e. Le projet ......................................................................................................... 61

1.3.2.3 Autres IFA ................................................................................................. 62

a. Coopératives financières ou mutuelles ....................................................................... 62

b. Banques rurales et banques communautaires ........................................................... 63

c. Banques publiques agricoles et de développement ................................................ 64

d. Caisses d’épargne postales ............................................................................................ 64

e. Caisses d’épargne non postales .................................................................................... 65

1.3.2.4 Autres intervenants de la microfinance ..................................................... 65

a. Sources domestiques de financement ......................................................................... 66

b. Les bailleurs de fonds internationaux et les fondations ........................................ 67

c. Les investisseurs internationaux à motivation sociale ........................................... 67

Conclusion du chapitre I -------------------------------------------------------------------------- 69

Chapitre II : Mesure de la performance des IMF .......................................................... 72

2.1 La notion de performance ------------------------------------------------------------------- 74

2.1.1 Efficience et efficacité ...................................................................................... 79

2.1.2 Performance organisationnelle ......................................................................... 82

2.1.3 Performance globale ......................................................................................... 85

2.1.4 Performance individuelle .................................................................................. 87

2.2 Performance des IMF et sa mesure -------------------------------------------------------- 89

2.2.1 Approche welfariste versus approche institutionnaliste ................................... 89

2.2.1.1 L’approche welfariste (bien-être social) .................................................... 90

Page 309: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

2.2.1.2 L’approche institutionnaliste ..................................................................... 91

2.2.2 Mesure de la performance des IMF .................................................................. 93

2.2.2.1 Objectifs d’une institution de microfinance .............................................. 94

2.2.2.2 Indicateurs de performance d’une institution de microfinance ................. 98

2.2.2.3 Rating des institutions de microfinance .................................................. 102

a. Le système d’évaluation CAMEL (ACCION) ..................................................... 103

b. Le système d’évaluation PEARLS (WOCCU) ..................................................... 104

c. Le système d’évaluation GIRAFE (PLANET RATING) .................................. 105

d. MicroRate ........................................................................................................................ 106

e. M-CRIL ............................................................................................................................ 106

2.3 Déterminants de la performance des IMF ---------------------------------------------- 109

2.3.1 Viabilité financière ......................................................................................... 110

2.3.1.1 Définition de la viabilité financière ......................................................... 110

2.3.1.2 Facteurs expliquant la viabilité financière des IMF ................................ 113

2.3.2 Portée des activités des IMF ........................................................................... 116

2.3.2.1 Définition de la portée ............................................................................. 116

2.3.2.2 Facteurs expliquant la portée des IMF .................................................... 117

2.3.3 Viabilité financière versus portée des activités .............................................. 119

2.3.4 Impact de la microfinance .............................................................................. 122

2.3.4.1 Attribution de l’impact ........................................................................................ 123

2.3.4.2 Fongibilité du crédit ............................................................................................. 123

Conclusion du chapitre II ----------------------------------------------------------------------- 125

Chapitre III : Contexte de l’étude et Démarche méthodologique ............................... 129

3.1 Microfinance au Maroc ------------------------------------------------------------------- 130

3.1.1 Profil du pays et conditions macroéconomiques ............................................ 131

3.1.1.1 Situation démographique et économique du Maroc. ............................... 131

3.1.1.2 Pauvreté au Maroc ................................................................................... 135

3.1.1.3 Secteur bancaire au Maroc ...................................................................... 137

a. Présentation du secteur bancaire marocain ............................................................ 137

b. Réforme du secteur bancaire ...................................................................................... 140

3.1.2 Historique, développement et perspectives du microcrédit au Maroc ............ 142

3.1.2.1 Naissance du microcrédit au Maroc : 1999 - 2000 .................................. 143

3.1.2.2 Développement du microcrédit au Maroc : 2000 - 2007 ......................... 147

3.1.2.3 Crise du secteur du microcrédit au Maroc : 2008 - 2010 ........................ 149

Page 310: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

3.1.2.4 Perspectives du secteur ............................................................................ 152

3.1.3 Cadre légal et réglementaire du microcrédit ................................................... 153

3.1.3.1 La loi 18 – 97 ........................................................................................... 154

a. Comité de suivi des activités des AMC .................................................................. 156

b. Le Conseil Consultatif du Microcrédit .................................................................... 156

c. Fédération Nationale des Associations de Microcrédit (FNAM) .................... 157

3.1.3.2 Ministère des Finances ............................................................................ 157

3.1.3.3 La banque centrale du Maroc : Bank Al-Maghrib ................................... 158

3.1.3.4 Autres acteurs du microcrédit .................................................................. 158

a. Centre Mohammed VI de Soutien à la Microfinance Solidaire (CMSMS) . 159

b. Fonds de financement des organismes de microfinance au Maroc : JAIDA 159

3.2 Positionnement épistémologique -------------------------------------------------------- 160

3.2.1 Le paradigme constructiviste .......................................................................... 162

3.2.2 Le paradigme positiviste ................................................................................. 163

3.3 Problématique et hypothèses ------------------------------------------------------------- 165

3.3.1 Problématique ................................................................................................. 165

3.3.2 Hypothèses ...................................................................................................... 167

3.3.2.1 La gouvernance........................................................................................ 168

3.3.2.2 Le recours aux subventions ..................................................................... 169

3.3.2.3 La portée des services des AMC ............................................................. 171

3.4 Description des données et de l’échantillon -------------------------------------------- 172

3.4.1 Source des données utilisées ........................................................................... 173

3.4.2 Description de l’échantillon ............................................................................ 173

3.5 Modèle utilisé et description des variables --------------------------------------------- 175

3.5.1 Modèle ............................................................................................................ 175

3.5.1.1. Tests de spécification (homogénéité) ...................................................... 177

3.5.1.2. Modèle à effets fixes (MEF) versus modèle à effets aléatoires (MEA) .. 181

3.5.2 Description des variables ................................................................................ 182

3.5.2.1 Variables dépendantes ............................................................................. 182

a. Performance sociale ...................................................................................................... 183

b. Viabilité financière........................................................................................................ 185

3.5.2.2 Variables indépendantes .......................................................................... 188

a. La bonne gouvernance ................................................................................................. 189

b. Le recours aux subventions ........................................................................................ 190

Page 311: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

c. Avoir une portée importante et efficace. ................................................................ 191

d. Structure financière ....................................................................................................... 192

e. Caractéristiques institutionnelles .............................................................................. 194

Conclusion du chapitre III ---------------------------------------------------------------------- 195

Chapitre IV : Traitement des données et résultats ....................................................... 199

4.1 Analyse descriptive des données --------------------------------------------------------- 200

4.1.1 Statistiques descriptives des variables endogènes .......................................... 205

4.1.2 Statistiques descriptives des variables exogènes ............................................ 218

4.2 Performance des associations de microcrédit marocaines --------------------------- 233

4.2.1 Facteurs déterminants de la viabilité financière ............................................. 235

4.2.1.1 Vérification de l’hétéroscédasticité ......................................................... 239

4.2.1.2 Vérification de l’autocorrélation des erreurs ........................................... 240

4.2.1.3 Test d’absence de multicolinéarité .......................................................... 241

4.2.1.4 Interprétation des résultats de la performance financière ........................ 242

4.2.2 Facteurs déterminants de la portée des activités des AMC ............................ 248

4.2.2.1 Facteurs déterminants de l’étendue de la portée ...................................... 248

4.2.2.2 Facteurs déterminants du degré de la portée ........................................... 250

4.3 Implications pour les associations de microcrédit ------------------------------------- 251

Conclusion du chapitre IV ---------------------------------------------------------------------- 255

Conclusion générale .......................................................................................................... 258

Bibliographie ..................................................................................................................... 264

Annexes…. ........................................................................................................................ 279

Annexe 1 La méthodologie PERLS --------------------------------------------------------- 279

Annexe 2 La méthodologie GERAFE ------------------------------------------------------ 281

Annexe 3 Liste des Associations de Micro-Crédit ---------------------------------------- 284

Annexe 4 Bilan comptable d’une institution de microcrédit ---------------------------- 285

Annexe 5 Compte de produits et charges (CPC) d’une institution de microcrédit --- 286

Annexe 6 Règles relatives à la classification et au provisionnement des créances en

souffrance des associations de micro-crédit ----------------------------------- 287

Annexe 7 Questionnaire ---------------------------------------------------------------------- 288

Annexe 8 Tests de Spécification de Hsiao (2003) ---------------------------------------- 290

Annexe 9 Tests d’Hausman (1978) --------------------------------------------------------- 292

Annexe 10 Tests White (1980) ---------------------------------------------------------------- 293

LISTE DES FIGURES ...................................................................................................... 294

Page 312: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

LISTE DES TABLEAUX ................................................................................................. 296

TABLE DES MATIERES ................................................................................................. 297

Page 313: DETERMINANTS DE LA PERFORMANCE DES INSTITUTIONS DE

303

RESUME

La performance des institutions de microfinance a deux composantes : une composante financière et une

composante sociale (la portée). Cette dernière est divisée en deux parties : l’étendue de la portée et le degré

de la portée.

Cette thèse a pour objectif d’identifier les facteurs déterminants de la performance des associations de

microcrédit (AMC) marocaines. Pour répondre à la problématique de notre travail, nous avons adopté une

démarche hypotico-déductive. Nous avons utilisé les données de panel d’un échantillon composé de 10 AMC

marocaines entre 2003 et 2010.

L’analyse descriptive des différentes variables montre que le degré de la portée des activités des AMC a mal

performé au cours de la période de l’étude. Nous remarquons donc que les associations marocaines se

désengagent, de plus en plus, de la clientèle de sexe féminin en faveur de la clientèle de sexe masculin. Elles

s’orientent aussi vers l’octroi de prêts qui ont, en moyenne, des montants plus grands et qui sont moins

coûteux relativement aux crédits à faibles montants. Ces résultats peuvent constituer une preuve que les

AMC marocaines dérivent de leur mission originale.

Par ailleurs, l’estimation des différentes régressions montre que le facteur qui a un impact positif sur la

performance financière des AMC est le nombre de clients actifs, alors que les facteurs qui ont un impact

négatif sur cette performance sont le niveau d’endettement, l’indice du recours aux subventions ainsi que

l’âge. Ensuite, les facteurs qui ont un impact positif sur l’étendue de la portée sont le niveau d’endettement,

l’âge, l’autonomie opérationnelle et la qualité du portefeuille de prêts. Cette performance est affectée

négativement par l’importance des subventions reçues. Enfin, le degré de la portée est affecté négativement

par le niveau d’endettement, l’âge et le taille de l’AMC.

La dette a un impact positif sur l’étendue de la portée, mais, elle pénalise l’autosuffisance opérationnelle et le

degré de la portée. Ceci soulève la question de l’opportunité d’autoriser les AMC marocaines à collecter

l’épargne publique qui constitue une source de financement moins chère et plus stable.

La microfinance marocaine exclue de plus en plus, de son champ d’action, les femmes et les personnes qui ne

peuvent pas emprunter des montants relativement élevés. Peut-on dire que cette situation est due à l’absence

des représentants des clients et des bailleurs de fonds du conseil d’administration ? Ou, au contraire, le

modèle marocain commence à montrer ses limites face aux besoins spécifiques des clients qui sont les plus

pauvres des pauvres ? Dans ce cas, ne faudrait-il pas commencer à chercher d’autres moyens pour lutter

contre l’exclusion de cette tranche de la population ?

Mots clés : Associations de Microcrédit, Microfinance, Panel, Viabilité financière, Etendue de la

portée, Degré de la portée