D' TINTNER,,mddecin-chef militaire en retraite (Vienne).

L'organisation future du service sanitaireen campagne.

La Commission internationale de standardisation dumateriel sanitaire se propose d'e'tudier dans sa prochainesession les dispositifs destines a adapter aux vehicules derequisition le brancard standardise. Le Bulletin interna-tional a de'ja publie le dispositif invente' par le commandantSmith en Suede1. L'appareil de'crit dans Varticle ci-dessouspar le me'decin chef Tintner re'pond aux memes preoccu-pations (N. d. 1. E.).

Le developpement formidable de la technique et de lachimie depuis la guerre mondiale a ete largement utilisepour les buts de guerre par tous les Etats qui ont eu areorganiser leurs armees en les adaptant aux progres de lascience. II n'y a done pas a s'etonner si, dans ce domaine,les dangers d'une guerre de l'avenir s'annoncent commedevant 6tre beaucoup plus terribles que jusqu'ici.

Pendant la guerre mondiale, l'aviation et les gaz avaientdeja joue un role important qui, neanmoins, se bornaitencore a une action de soutien, tandis que dans la guerrede l'avenir, les gaz et l'aviation trouveront un emploibeaucoup plus generalise et beaucoup plus independant.On peut done prevoir des changements essentiels dans laconduite de la guerre, en raison meme de ce developpe-ment de l'aviation et de l'emploi des gaz. Et si la decisionfinale reste subordonnee a Faction strategique et tactiquedes troupes combattantes, il n'en est pas moins vrai queForganisation des services sanitaires devra 6tre adapteeaux conditions nouvelles de la guerre.

Jusqu'ici le service sanitaire avait ete surtout prevupour les formations de Favant, afin de pouvoir fonctionnerdes le debut des hostilites. Dorenavant ce serait une grave

1 Bulletin international, avril 1930, p. 321-322, pi.

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Organisationdu service sanitaire.

erreur de remettre a plus tard l'organisation sanitairede l'arriere et des services des etapes, car une des pre-mieres taches de l'aviation ennemie sera d'operer a l'ar-riere et sur toutes les lignes de ravitaillement, de sorteque les attaques auront lieu a peu pres partout et neseront plus limite'es a la ligne de combat. II est doneabsolument n^cessaire que, de"ja en temps de paix, leservice sanitaire soit preVu et organise de maniere com-plete. II y a d'autres raisons non moins imp&rieuses d'or-ganiser les services sanitaires de l'arriere avec autant desoin que ceux du front, e'est l'obligation de prevoirl'attaque par avions et par gaz des grands centres indus-triels, quelle que soit leur situation ge"ographique.

Certes, ces grands centres seront proteges par l'artillerieanti-aerienne et par les escadrilles de defense, mais il n'enest pas moins probable que certaines attaques causerontdes pertes graves qui ne"eessiteront l'evacuation immediatedes blesses, d'autant plus que la methode des raidsreputes a courts intervalles vers les memes objectifs serasouvent appliquee.

La decentralisation des industries, la modification deleur formule constructive sont d'ailleurs envisagees, carelles reduiront les possibilites d'attaque et les chancesde succes des raids ennemis.

Un des buts de ces raids dans la guerre aerienne del'avenir sera la destruction des centres de trafic, parexemple le bombardement des centrales hydrauliques quifournissent le courant aux chemins de fer electriques.II n'est pas besoin de demontrer que des raids de ce genrepeuvent provoquer a l'arriere des pertes serieuses en vieshumaines. La aussi Faction defensive avec tous les moyensdont elle dispose interviendra pour e>iter tout arretprejudiciable dans le trafic. Les mouvements de troupesauront lieu de preference la nuit ou seront fractionnespendant le jour de fagon a echapper a Fattention desaviateurs ennemis.

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Dr Tintner.

II convient de pre>oir aussi les attaques aeriennescontre les grandes villes de l'arriere, qui repr^sententdes centres politiques ou administratifs. Les pertesprovoque"es par ce genre de raids exercent toujours uneinfluence de"moralisante sur les habitants et si l'organisa-tion sanitaire est defectueuse, on ne saurait nier que cesattaques peuvent contribuer a briser l'esprit de resistancede la population.

Mais ce n'est pas seulement le deVeloppement intensifde l'aviation et l'emploi generalise" des gaz qui exigentPadoption de nouvelles mesures sanitaires pour la guerrede l'avenir; les armements courants ont eux-m§mesenregistre" des perfectionnements techniques impreVus.

Qu'on songe a la porte"e des nouveaux canons quienglobent dans leur champ d'action des territoires qu'onne pouvait encore atteindre pendant la guerre mondiale.Qu'on songe e"galement a l'emploi des moteurs qui per-mettent de transporter au moment voulu vers 1'objectifdesigne des divisions ou des brigades entieres avec toutleur materiel. La aussi 1'eVacuation des bless6s devras'effectuer rapidemeent et le service sanitaire devra etreoutilie de maniere a toujours e"tre a la hauteur de sa tEtche.

De tout ce qui precede, on peut conclure que la guerreaerienne, l'emploi intensif des gaz et le transport rapidedes unites de combat posent autant de problemes dontnous ne pouvons encore concevoir en temps de paixtoute la complexite. Un seul point reste acquis : c'est que,dans la prochaine guerre, l'arriere fera partie de la zonedes hostilites et pourra §tre consider^ comme champ debataille au m§me titre que le front. II est done indispen-sable d'armer l'arriere contre les attaques par gaz et paravions, de renforcer tous les moyens defensifs et deprendre toutes les mesures n^cessaires dans les centresmenaces, afin que chacun possede son masque contre lesgaz et que des abris surs soient amenages dans chaquebatiment.

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Organisationdu service sanitaire.

II serait inexcusable de ne pas prevoir pour toutes lesagglomerations de l'arriere menaces directement ouindirectement la possibility d'une Evacuation rapide de lapopulation, le transport immEdiat des blesses, des ma-lades hors de leur domicile, hors des hopitaux et descliniques. Point n'est besoin a cet effet d'envisagerl'acquisition de moyens de transport spEciaux et cotiteux.II suffira d'avoir sous la main des appareils tres simpleset bon marche, parfaitement adaptEs a leurs buts, sus-ceptibles d'assurer aux blesses un transport parfait etd'etre fixEs a n'importe quel genre de voitures.

II n'est done pas seulement nEcessaire d'organiser dEjaen temps de paix la protection contre les gaz mais encorede prEparer une sorte de plan de mobilisation pourl'arriere, prevoyant, comme pour l'avant, le fonctionne-ment parfait d'un service sanitaire a l'usage de la popu-lation civile.

Je me permettrai ici de faire remarquer qu'une bonneorganisation de sauvetage pour toutes les catastrophespubliques du temps de paix, telle que j'en ai expose leplan dans mon Etude intitulEe: «L'importance de laprEvoyance de l'Etat dans le domaine des organisationsde sauvetage » (Revue hebdomadaire de MEdecine, K° 43- 1924), pourra servir utilement de base pour l'organisa-tion des services sanitaires militaires de l'arriere en tempsde guerre.

Pour les services de sauvetage en temps de paix commepour les services sanitaires en temps de guerre, il faut dupersonnel, du materiel et des moyens de transport.

Le personnel pourrait se composer avant tout devolontaires possEdant les dispositions requises pour cegenre de service et dont l'Education serait faite par lesmEdecins compEtents (mEdecins d'usine, de corps depompiers, de chemins de fer, etc., etc.). II serait me'meutile d'envisager dEja 1'enseignement des premiers Ele-ments dans les Ecoles.

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D* Tintner.

La question du materiel est beaucoup plus facile are"soudre, car dans ce domaine la chose principale est letransport rapide des blesses, effectue dans les meilleuresconditions. En ce qui concerne le pansement provisoiredes blessures, la position de repos a assurer aux blesseset les premiers soins, il suffit de moyens relativementsimples.

Un certain nombre de civieres, quelques masques contreles gaz, un materiel complet de pansement suffiront poure"quiper un batiment destine' aux premiers soins.

La question du transport est d'une importance beau-coup plus capitale pour les suites d'une maladie ou d'uneblessure. C'est pourquoi j'estime que le nceud du problemereside avant tout dans l'acquisition d'appareils tressimples mais capables d'assurer un transport absolumentparfait. Ces appareils ne doivent pas @tre compliqu^s ; ilfaut que leur maniement soit facile et que leur emploin'exige aucune intervention mecanique ou autre. Gracea eux on doit pouvoir utiliser instantane"ment pour letransport des malades et blesses tous les genres de vehi-cules : charrettes, tombereaux, haquets, voitures et ca-mions automobiles, loris, wagonnets, wagons de marchan-dises ou de voyageurs, aeroplanes, etc. Ces appareils ontpour but de remplacer totalement les voitures spe"cialeset c'est seulement par leur emploi generalise" qu'on pourraaussi bien en temps de paix qu'en temps de guerreorganiser le service sanitaire de maniere complete etrationnelle, tandis qu'un e"quipement suffisant ayec desvehicules sp^ciaux serait irrealisable en raison des frais.

Comme le demontrent les reproductions ci-jointes, j 'aireussi a construire un appareil de ce genre qui repond atoutes les exigences et possede le grand avantage d'etretres bon marche. Get appareil, en assurant un moyen detransport uniforme, prevoit toutes les possibilite"s d'emploiet ne coute meme pas la centieme partie d'un auto sani-taire, tout en permettant un transport qui ne le cede en

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Appareil Tintner pour deux brancards.

Le meme monte sur une voiture legere.

Appareil Tintner pour quatre brancards.

Le meme monte sur camion automobile.

Organisationdu service sanitaire.

rien au transport par auto sanitaire. En comparaisonavec un wagon d'ambulance, la difference de prix estencore plus grande.

II semble done recommandable que toutes les industries,les municipality et communes, les sapeurs-pompiers, lessociet^s de secours soient dotes d'un nombre corres-pondant a leur importance d'appareils de ce genre dejautiles en temps de paix et de premiere ne"cessite" pour leservice sanitaire en temps de guerre. C'est seulement decette facon qu'on pourra pr^parer et renforcer la mise en£tat de l'arriere en cas de conflit arme".

II existe deux types de ces appareils universels detransport, l'un pour un a deux blesses, l'autre pour un aquatre blesses dans la position etendue. Les deux typespeuvent £tre egalement employe's pour le transport parchemin de fer. Le de"placement du bless^ n'est pas ne"ces-saire si l'on change de veliicule, par exemple si on trans-porte le blesse d'une charrette dans un camion automobileou d'un wagon dans un tombereau. Comme, en outre, onpeut se servir indiffe"remment de civieres de toutes dimen-sions, il n'y a jamais lieu de remuer le blesse^ de le changerde position. Tout balancement de la civiere est impossiblegrace au dispositif pre"vu, les ressorts de suspensionn'agissant que dans le sens perpendiculaire.

Je n'ai pas besoin d'ajouter que ces appareils sontindispensables dans toutes les formations de l'avant.Leur poids minime, leurs dimensions requites quand ilssont d4mont6s, leurs possibility d'adaptation a tous lesveliicules militaires ou civils permettent leur emploiaussi bien chez les troupes de premiere ligne que dans lescantonnements de seconde et troisieme ligne, sans quecet emploi trouble le trafic ou le ravitaillement. Eienn'est plus facile que de munir de ces appareils les convoisde ravitaillement ou de munitions et les diff^rents ser-vices des stapes, soit en plaine, soit dans les pays mon-tagneux. De cette facon, les convois peuvent servir au

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D* Tintner.

retour de colonnes sanitaires spe"ciales, economisantainsi le materiel roulant et eVitant l'encombrement desroutes d'acces au front. Ce point est d'autant plus im-portant que la mobility des troupes a e"te" conside"rablement

Appareil Tintner mont6 dans un wagon.

accrue par l'usage des transports rapides a moteur etqu'en consequence, il importe de ne pas encombrer inu-tilement les routes.

Si j 'attache une telle importance a l'organisationrationnelle des services sanitaires de l'arriere, c'est que

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le champ des hostilities dans la guerre de demain engloberaegalement l'arriere, ce qui represente un fait nouveau.

L'experience acquise prouve a l'evidence que l'eVaciia-tion des blesses du front et 1'organisation des servicessanitaires de l'avant doivent etre completees dans le sensque j'indique ici, tandis que 1'organisation de l'arriereappele a devenir un nouveau champ de bataille manqueencore de donnees precises et pratiques, faute d'experience.C'est aussi pourquoi j'ai juge utile d'envisager toutes leseventualites possibles et d'indiquer les moyens qui meparaissent les plus aptes a resoudre ce probleme de manieresatisfaisante.

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