Brame au fil du Danube

Le début de l’automne rime de façon incontournable avec le brame du cerf. Cri d’amour pour l’animal, instants d’émotionsauvage pour le chasseur ou l’observateur, le rut du cervidécommence toutefois plus tôt à l’Est que dans l’Hexagone.Expérience croate, le long de ce fleuve majestueux qu’est le Danube.

cerfs records

Plus de 200points CIC

pour ce grandcerf, occupéà rassemblerses troupes.

DE SI GRANDS CROATES

Le maîtreveille sur

son harem,gare à unéventuelintrus !

Imitant leraire, le guidetente de fairesurgir le cerf

convoité.

Plusieurs desnombreuxpetits bras du Danubetraversent

la zone de chasse.

Connaissance de la Chasse - N°451 - Novembre 2013 169

cerfs records

Ils sont cinq, venus du Nord-Pas-de-Calais, de Champagneou encore de la région pari-sienne. Tous, sans exception,

sont des spécialistes de l’approchedes grands cervidés, et comptentplus d’une expérience à leur actif.Pourtant, dès lors qu’ils évoquentles quatre jours à venir, ces chas-seurs aguerris s’enflamment aussi-tôt. Car, la Slavonie, province croatesituée au nord-est du pays en li mitede la Serbie, est réputée abriter dessujets portant d’impressionnantesramures, objets de leur plus secrèteconvoitise. Le cerf d’une vie, quisait ? Aussi, ces chasseurs sont-ilsplus qu’attentifs lorsque Drazen, res-ponsable de la zone, nous déclineson discours de bienvenue. « Du faitde sa tranquillité, de son biotope,mais aussi de sa gestion qui fait of-fice d’exemple dans tout le pays, ceterritoire de 30000 hectares est unlieu privilégié pour la chasse du cerf.La densité en ongulés y est très im-portante, et les grands trophées re-lativement nombreux. Chaque an-née, nous prélevons des médaillesd’or de plus de 220, voire 230 pointsCic. En ce début septembre, le bramen’en est qu’à ses prémices. Les ap-proches ne seront donc peut-être pasdes plus faciles, mais la chasse n’ensera que plus exaltante. Rassurez-vous, les occasions seront multiples.Pas de précipitation, donc. Toute-fois, sachez prendre ce que la na turevous offre quand l’aubaine se pré-sente… Tous vos guides, sans ex-ception, connaissent parfaitementles secteurs qui leur sont attribués,tout comme les animaux qu’ils hé-bergent. Faites-leur confiance, etvotre chasse sera couronnée de suc-cès. » Inutile de préciser qu’un teloptimisme ne peut qu’enchanter lesmembres du groupe. Un enthou-siasme qui va, quelques minutes plustard, monter encore d’un cran,lorsque nos chasseurs découvrentles somptueux trophées prélevés, lesjours précédents, par leurs homo-logues tchèques. Plus on va versl’est, plus l’élaphe est en effet cen-sé présenter une morphologie im-portante. Or, force est d’admettreque le panache de l’animal est biensouvent proportionnel à sa taille. Ré-putée tant pour son sérieux, que pourla qualité de ses cervidés, cette zone,gérée par les Eaux et Forêts croates,fait tirer chaque année une soixan-taine de ces vieux et grands cerfs, etattire ainsi une clientèle venue de

Les densesroselièresoffrent un

couvert idéalaux cerfs etsangliers.

Avec un tel angle,impossible de lâcher une balle

sans risquerde blesserl’animal.

Approche…fluviale pour

atteindrenotre mirador.

Inhabituel !

De longuesséances dejumelage

sont parfoisnécessairespour repérer

le gibierparmi la

végétation.

Apparitionéphémère qui

disparaîtravite dans lesfeuillus, ne

nous laissantpas le tempsde l’ajuster.

Laconcentration

se lit sur levisage deSébastien.

Instantdécisif ?

Ou peut-êtrepas…

Connaissance de la Chasse - N°475 - Novembre 2015 171

Transperçantles

phragmites,réant à pleinegueule, le roi

fait sonapparition.Instants

sauvages…

Le cerf d’une vie

(221 points)pour cetheureuxchasseur,entouré duresponsablede la zone etdu voyagiste

JérômeLatrive

(à gauche).

Entreroselières ettènements,des prairiesnaturelles ouartificielles

sontentretenuespar les Eauxet Forêts.

Connaissance de la Chasse - N°474 - Octobre 2015170

toute l’Europe. Ici, le chasseur a librechoix du trophée qu’il souhaite ré-colter en fonction de ses desiderataet de son budget, mais n’est toute-fois autorisé qu’à prélever des spé-cimens arrivés à maturité ou d’éven-tuelles têtes bizardes.

À l’approche du spectre

Après une matinée consacrée à l’ob-servation et à la découverte du bio-tope, nous décidons, en ce deuxièmeaprès-midi, d’accompagner Sébas-tien, chasseur touquettois en quêted’émotions sauvages, et venu par-tager celles-ci en compagnie de sonpère et de son frère cadet. Il est 16 htapantes lorsque Dario, notre guide,nous convie à bord de son 4×4. Pen-dant dix minutes, nous roulons à uneallure modérée sur cette digue rec-tiligne qui, sur 40 kilomètres, faitoffice de barrage artificiel aux fré-quentes crues hivernales du Da nube.Tout juste descendu du véhicule, leconducteur dévale la pente abrupte,nous entraînant à sa suite. Notremarche est néanmoins rapidementinterrompue par l’un des multiplespetits bras du fleuve. Larguant unfrêle esquif amarré au pied d’un saule séculaire, notre cicérone nousinvite à embarquer. C’est au gré deces flots, empreints de mystérieuseslégendes, que nous entamons cettesurprenante partie de chasse. Ac-costant maintenant sur l’autre rive,Dario nous conduit d’un pas soute-nu vers un mirador dominant, de partet d’autre, une longue coulée entrebois et roselière. Malgré l’heure en-core précoce, il nous ordonne degrimper en haut de cette tour de garde. Devant notre étonnement, leCroate nous explique, à force degestes, qu’il n’a nullement l’inten-tion d’affûter, mais qu’il souhaitesimplement, l’espace de quelquesminutes, écouter la faune s’éveiller.Dominant de plus de quatre mètresla verdoyante vallée, nous mettonstous nos sens aux aguets. Un abso-lu silence règne alentour. L’attenteva cependant être de courte durée.Tandis qu’une laie, suitée dequelques bêtes rousses, traverse tran-quillement à quelques dizaines demètres de notre plateforme, une voixcaverneuse vient subitement trou-bler la quiétude des lieux. Dans lessecondes qui suivent, une autre netarde pas à lui répondre. Un dialogue

guttural entre les deux rivaux s’ins-talle, avant que trois protagonistessupplémentaires ne prennent part audiscours. Peu à peu, la forêt devientle théâtre d’un retentissant concert.Immobile, Dario écoute avec la plusgrande attention, et tente ainsi de ju-ger les différents animaux. L’inten-sité et la gravité des raires sont eneffet autant d’éléments qui lui per-mettent d’identifier ou non un spé-cimen déjà connu. Vérifiant une der-nière fois les vents à l’aide de sonbriquet, l’expérimenté guide décidede nous entraîner vers un cerf réantà quelque 400 m, et qui selon luicorrespondrait aux attentes de Sé-bastien. Afin de se jouer d’Eole etd’approcher au plus près le gibierconvoité, notre progression va de-voir se faire, non pas sur les nom-breux chemins qui jalonnent le sec-teur, mais à même la forêt obscure.Chaque pas est un piège, la séche-resse d’un été exceptionnel ayantprovoqué la chute de nombreusesbrindilles dont les craquements pour-raient, à tout instant, révéler notreprésence. De la même façon, il nousfaut enjamber troncs déracinés etbranches, volontairement laissés ausol dans le but de juguler partielle-ment les débordements du fleuve.Aussi, nous faut-il près de troisquarts d’heure pour accéder au plusprès du traqué. Ce dernier reste tou-tefois abrité au plus profond du bois.Accroupis, jumelles rivées aux yeux,guide et chasseur tentent de repérerleur proie à travers l’épais rideau vé-gétal. Il faudra toute l’expérience et

la pugnacité de Dario, pour qu’il dé-couvre enfin les pointes effilées sebalançant inlassablement au-dessusdes ronces. Impossible cependantde juger l’ongulé qui, pour l’instant,reste couché à seulement quelquesmètres de notre position. Noussommes si proches que le parfummusqué émanant de la bête en ruten est presque entêtant. Durant delongues minutes, nous allons at-tendre que cette dernière daigne selever. En vain. Tentant le tout pourle tout, notre accompagnateur portealors les mains en coquilles à labouche, imitant aussitôt le cri d’unadversaire prêt à en découdre. Maisrien n’y fait. Pire encore, les cris dumâle cessent à jamais. Pourtant, àaucun instant nous n’apercevons larousse silhouette. Tel un fantôme,le cerf espéré s’est évanoui.

Cache-cache party

Décision est aussitôt prise de nousretirer sur la pointe des pieds afin dene pas donner l’alerte. Objectif, re-pérer rapidement un autre cervidé,avant que le jour ne commence à dé-cliner. Tandis que nous abordonsune longue allée, Dario s’immobi-lise subitement. Au bout de celle-ci, à près de 500 m, se détache unminuscule point marron qui attireirrésistiblement notre attention. Àpeine nous saisissons-nous de nosoptiques, qu’un rocailleux raires’élève, levant définitivement le doute sur la nature de l’intrus. Dif-

cerfs records

© D

raze

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ficile pour autant d’approcher à dé-couvert, même si la légère brise joueen notre faveur. Nous faisons alorsle choix d’utiliser à nouveau le sous-bois, avec tous les risques que com-portent ses nombreuses chausse-trappes. Seul le hoquet rauque del’élaphe guide nos pas parmi ce dense imbroglio végétal. Malgrénotre prudence, nous ne pouvonséviter une compagnie de sangliers,baugés au cœur d’un roncier, et quis’enfuit avec perte et fracas. Espé-rons qu’un tel vacarme n’ait pasameuté le roi de la forêt… Que nen-ni, la voix se fait de plus en plus so-nore au fur et à mesure de notreavancée. Après un temps qui nousparaît interminable, la lueur du jourperce peu à peu le feuillage. C’estavec la plus infime précaution quenous nous rapprochons de la bor-dure, avant de sortir sur le sentier.Immédiatement, nous comprenonsque le pourchassé s’est déplacé, pourtrôner désormais au cœur de la placede brame par laquelle, deux heuresplus tôt, nous avons entamé nos ob-servations. Obliquant sur la droite,nous longeons la lisière. À quelque200 mètres, deux biches sont paisi-blement occupées à viander, n’ayantpour l’heure cure des cris incessantsdu maître du harem. Légèrement enarrière, l’animal convoité est par-tiellement masqué par le seul arbres’élevant au milieu de la prairie. Sé-bastien déplie le trépied, s’en ser-vant d’appui pour ses jumelles. Dieusait combien dure l’attente, ellesemble tout simplement insuppor-table. Petit à petit, le fier « seize »se décale, nous laissant une chancede le juger. De son index, Dario tracele nombre de 210 sur le sol. Lenombre de points CIC qu’il estimede son œil expert. Avec une infinielenteur, le chasseur glisse le canondans la fourche. L’œil se rive à la lu-nette, la main gauche cherche la

bague de grossissement. Le tempss’arrête. La détonation salvatrice nevient pas pour autant. Le cerf, jugétrop loin par le tireur, nous pré sentedésormais sa face postérieure. Pasquestion de lâcher une balle dans detelles conditions, au risque de bles-ser le noble cervidé. Sous la flammeorangée des derniers rayons, le vi-sage de Sébastien reflète toutel’émotion que lui procurent de telsinstants. Sensations brutes que nousne pouvons nous empêcher de par-tager. Nouvelle pause, brève cettefois. Car, contre toute attente, l’ar-rogant mammifère démarre soudai-nement pour s’enfoncer à vive alluresous les saules. Les deux sentinellesn’ont quant à elles pas bougé. Legrand cerf reviendra-t-il auprès dusérail ? Du moins l’espérons-nous.Bramant avec orgueil, la ramure en-combrée de fougères, il fera, l’es-pace d’une seconde, une ultime ap-parition avant d’être définitivementabsorbé par l’obscurité des feuillus.Image féerique, mais éphémère, quine laissera pas le temps au chasseurd’ajuster sa cible.

Authentique et sauvage

Certes, nous aurions aimé vous fre-donner « La mort du cerf » s’effon-drant sous les dernières lueurs esti-vales. Qu’importe, nous avons vécuce soir des instants d’une rare in-tensité, que comprendront aisémentles aficionados, de ce momentunique qu’est le brame. Et puis, cen’est que partie remise…À l’aubedu troisième jour, Sébastien verrases efforts enfin récompensés, ré-coltant au cours d’une même sortieun dix-huit cors de plus de 200points, et un sanglier médaille d’or.Ainsi va la chasse, l’authentique, icicomme ailleurs.

texte et photos Gérard Hagenet

cerfs records

Trop jeune,ce joli douze a encorequelques

belles annéesdevant lui

pourprospérer.

Un cerfmédailled’argent, un sangliermédaille d’or,une matinéeexceptionnelle

pour lechasseur etson guide.

Au lendemaind’une journée

qui futprolifique.Notez levieux cerfravalant.

Zone de chasse : ****Sur quelque 30000 hectares, leterritoire de chasse s’étale le longdu Danube, frontière géographiqueet administrative avec la Serbie. De grandes forêts, à l’aspectprimaire, où s’élèvent chênes etsaules centenaires alternent avec de vastes roselières entrecoupéesde prairies artificielles, queparcourent des chacals notamment.

D’une parfaite platitude, la zone neprésente pas de difficulté majeurepour le chasseur, et ne nécessitedonc aucune condition physiqueparticulière.

Gibiers : ****Un tel biotope abrite en nombregrands cervidés, mais aussid’importantes compagnies desangliers. Chacun des chasseursaura été mis à plusieurs reprises enprésence de cerfs adultes, et aurapu ainsi sélectionner les trophéesde son choix. À titre d’exemple, un magnifique spécimen portant un panache de plus de 10 kg etaccusant 221 points Cic aura étéprélevé à l’occasion de ce séjour ;les autres sujets récoltés étant euxaussi médaillables. De la mêmefaçon, sur les trois suidés cueillislors de cette villégiature, un trèsbeau sanglier s’est vu récompenséd’une honorable médaille d’or.

Guides de chasse : ****Nous ne pouvons que saluer le

professionnalisme et la ponctualitédes guides qui nous ontaccompagnés lors de ce séjour. Triéssur le volet parmi les responsablesdes Eaux et Forêts locales, chacund’entre eux connaît parfaitementson secteur et met tout œuvre pourque votre chasse soit une réussite.Habitués à juger au premier coupd’œil les cervidés, ils ne commettentaucune erreur, et n’ordonnent le tirque des animaux préalablementdéfinis avec le chasseur.

Véhicules et logistique : ***2 h de vol depuis Paris, puis 3 h deroute à partir de Zagreb sontnécessaires pour vous rendre dansla région d’Osijek. Sur place, chacundes guides dispose d’un véhicule detype 4×4 en parfait état pour lesdéplacements sur zone. La maisonforestière étant situé au cœur duterritoire, rarement plus de 10 à15 minutes de voiture sontnécessaires pour se rendre sur lesplaces de brame.

Séjour-type : ***Le séjour de base proposé par GPVoyages Chasse & Pêche est d’unedurée de 4 jours, soit un total dehuit sorties. Ceci nous semblelargement suffisant pour pouvoirsélectionner le trophée de cervidéde son choix, et éventuellementrécolter un grand sanglier. Rienn’empêche évidemment, pour quile souhaite, d’allonger ou deraccourcir la durée de ce voyage.

Hébergement & prestationshôtelières : ****Une grande maison forestière, dans le plus pur style slave, et dotée d’une douzaine de chambres,accueille très confortablement les chasseurs pour un repos bienmérité. Les repas servis sonttypiques des régions de l’Est,

copieux et d’une qualitéirréprochable. Notez enfin qu’unréseau Wi-Fi performant dessertl’ensemble du chalet.

Tourisme : ***Certes, la Slavonie est éloignée de la côte Adriatique, réputée pour ses multiples attraitstouristiques. Toutefois la villed’Osijek, son centre historique, sa cathédrale baroque ou encoreles bords de la Drave méritentréellement le détour. Une excursionqui, du fait de la proximité avec la zone de chasse, peut se faire en milieu de journée, entreapproche du matin et affût du soir.Par ailleurs, le territoire est bordésur sa face est par le Danube,second fleuve européen par salongueur, et dont les rives offrent de somptueux panoramas, et ferontle bonheur des amateurs de pêche.

Points particuliersS’il est possible de chasserlégalement le cerf dès le 16 août, la période la plus favorable esttoutefois comprise entre le 5 et le15 septembre. Côté équipement,un calibre puissant du type

.300WM, 8x68S ou encore 9.3x62,équipé d’une lunette dotée d’un bon indice crépusculaire, est sans nul doute le mieuxapproprié à ce type de chasse. La Carte Européenne d’Armes à Feu est bien entendu obligatoirepour voyager et importer de façontemporaire son arme dans le pays.Bien que membre de l’UE depuis2013, la Croatie n’appartient pas à la zone euro. Aussi est-ilpréférable d’effectuer un peu de change à l’aéroport de Zagreb,pour d’éventuelles dépensespersonnelles (1 euro = 7,60 kuna).

�Territoire : région d’Osijek – Slavonie – Croatie�Séjour effectué du 6 au 9 septembre 2015

NOTRE AVIS

De vous à nous**** Très bon *** Bon ** Moyen * Médiocre

BLOC-NOTES

Votre contactGP Voyages Chasse et Pêche2, rue du Colonel Pierre Servagnat51200 ÉpernayTél. : +33 (0)1 47 64 47 47Fax : +33 (0)1 47 64 47 48Contact : Jérôme LatriveCourriel : gp.jlatrive@orange.frSite : www.gpvoyages-chasse-peche.com

Connaissance de la Chasse - N°475 - Novembre 2015174

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