Informations du réseau des Centres de Prévention des infections associées aux soins

Bulletin national

Bulletin national CPias n° 10 - mars 2018

Mise en place d’une équipe opérationnelle d’hygiène chez les sapeurs-pompiers dans le cadre de l’évaluation des pratiques de désinfection des véhicules de secours en urgence pré-hospitalièreValérie MartialPharmacien Colonel, Service départemental d'incendie et de secours du Pas-de-Calais

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Dans chaque département, depuis 1996, un Service dé-partemental d’incendie et de secours (SDIS) a été créé. Il assure la prévention de tous les risques de Sécurité Civile (co-protection des personnes, des biens et de l’environ-nement).

À l’intérieur de cette unité fonctionnelle, il existe un Ser-vice de santé et de secours médical (SSSM) composé de médecins, pharmaciens, infirmiers, vétérinaires, psycho-logues et personnels administratifs et techniques.

Les premiers protocoles d’hygiène datent de 1998, ils étaient alors dessinés à la main, la sensibilisation de nos équipes était faible.Les protocoles ont été réactualisés en 2001, 2007 et 2010.

En 2001, les premiers correspondants santé et hygiène ont été nommés. Ils avaient pour mission de former leurs collègues secouristes et veiller au bon respect des pro-cédures.En 2010, une petite équipe de correspondants hygiène a vu le jour (5 personnes). Elle a travaillé sur un document unique à destination des centres de secours : le guide de prévention face aux risques infectieux. Un livre de traça-bilité des désinfections infalsifiable fut mis en place à la même époque.

En 2016, pour répondre aux exigences des recommanda-tions de la SF2H, nous avons institutionnalisé une équipe opérationnelle d’hygiène (EOH) composée de médecins, pharmaciens, infirmiers et secouristes avec la validation du Directeur Départemental de notre établissement.

Objectif

L’objectif 2017 était de proposer des axes de progression dans le cadre de la prise en charge du risque infectieux par rapport aux procédures 2010 dans le but d’améliorer les pratiques professionnelles, d’assurer une formation pour sensibiliser nos personnels à l’utilité des désinfec-tions en utilisant des supports pédagogiques (affiches, diaporama…)

Matériels et méthodes

À partir d’un audit et de prélèvements réalisés dans les centres de secours, nous avons évalué les pratiques exis-tantes et analysé les résultats afin de proposer des axes d’amélioration.

Dans un premier temps, un planning graphique de GANTT a été élaboré pour définir les actions à mener avec l’EOH. Parallèlement un audit interne fut envoyé aux chefs de centre, pour obtenir leur consentement grâce à une communication engageante. Les résultats

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furent saisis dans une base de données pour permettre leur exploitation.

Des prélèvements sur gélose contact ont été pratiqués sur le terrain sur des zones ciblées avec une analyse qua-litative, quantitative et un test de performance d’activité de nos produits d’hygiène sur les germes trouvés.

Résultats

L’analyse a été réalisée sous forme de brainstorming. Dans le cadre de la connaissance des procédures, nous avons constaté un manque d’utilisation des lunettes de protection lors de l’utilisation des aspirateurs de muco-sités.L’usage des produits est connu et maîtrisé. La mise en œuvre des procédures est maîtrisée car elle est ensei-gnée lors des manœuvres de la garde.

Résultat des prélèvements

Discussion

La présentation de l’audit, le 15 mai 2017, s’est faite au CHSCT pour obtenir l’adhésion des instances paritaires. Grâce à cet audit, nous avons pratiqué la méthode « du Pied dans la Porte » selon Freedman et Fraser, des ac-tions correctives ont donc eu lieu suite à cette présen-tation.

L’EOH s’est réunie de façon bimensuelle pour réactua-liser le guide de bonnes pratiques de désinfection des véhicules de secours en urgence pré-hospitalière.

Une vaste campagne sur l’hygiène des mains a été mise en place avec la publication d’un poster diffusé à tous les Centre d’incendie et de secours (CIS) et par l’installation d’un distributeur de SHA dans tous les sas de désinfec-tion.

Une campagne de formation sur les précautions stan-dard a été initiée dans les groupements territoriaux via le réseau des correspondants santé des centres de secours. Lors de nos déplacements sur site, nous leur avons transmis, un support pédagogique pour assurer la formation lors des manœuvres de la garde.

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Le nouveau guide de bonnes pratiques face aux risques infectieux des véhicules de secours aux victimes (VSAV) est paru en décembre 2017. La refonte des protocoles comporte une description des produits, des moyens de protection afin d’insister sur le principe "on ne désin-fecte que ce qui est propre". Le but est de répondre aux questions et aux attentes des personnels des centres de secours, de simplifier les protocoles. Nos sapeurs-pom-piers viennent de milieux socio-professionnels diffé-rents, ce ne sont pas des hospitaliers, il a fallu vulgariser toutes nos données pour toucher les secouristes.

Il est important de leur donner la conduite à tenir lors de la prise en charge d’un risque particulier que la patholo-gie soit suspectée de prime abord ou a posteriori, une fois le diagnostic médical posé à l’hôpital.

Les limites de l’EOH : le contexte organisationnel (le dé-partement est vaste), outre les enjeux de service il ne faut pas occulter les enjeux économiques.

Conclusion

L’objectif de l’EOH est d’assurer la meilleure protection à la fois de nos victimes et surtout de nos sapeurs-pom-piers, premier maillon dans la chaîne des secours lors de leur exercice professionnel au quotidien.

La prise en charge du risque infectieux est l’affaire de tous. Il faut éduquer le personnel, le risque infectieux et la transmission des infections associés aux soins (IAS) ne démarrent pas à l’hôpital. Il faut avoir pour nos sa-peurs-pompiers une approche pratique. C’est par l’édu-cation, la prévention qu’on limite la transmission des mi-cro-organismes.

Les futurs objectifs de l’EOH porteront en 2018 :

• sur l’utilisation des solutions hydro-alcooliques (SHA), avec la mise en place d’un indicateur pra-tique : quantité de SHA consommée / quantité de SHA délivrée permettant d’évaluer l’observance de l’hygiène des mains.

• sur la mise en place de nouveaux chariots de dé-sinfection respectant à la fois la préconisation de la SF2H et l’éco-comportement.

• sur la réalisation d’un film pédagogique, en avril, sur les techniques de nettoyage et désinfection des vé-hicules de secours après exposition à un risque in-fectieux. Ce support sera diffusé à tous les CIS du département.

• sur la rédaction de protocoles de prise en charge particulière pour les unités spécialisées : sauvetage aquatique en eaux vives, sauvetage déblaiement, risque Nucléaire Radiologique Biologique Chimique et explosif (NRBCe)…

• sur l’élaboration, dans le cadre du Secours à per-sonne et du Secours d’urgence à personne (SAP/SUA), d’une affiche récapitulative des bonnes pra-tiques d’hygiène. Cette affiche sera diffusée fin mars à tous les correspondants hygiène des centres de secours.

• sur la diffusion en avril 2018 d’un poster sur la prise en charge des déchets d’activité de soins à risque in-fectieux (DASRI) pour sensibiliser à nouveau le per-sonnel au tri des déchets.

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L’EOH mène chaque année des actions sur l’hygiène des mains lors des journées « missions mains propres » or-ganisées par la Ministère de la Santé afin de transmettre à tous nos secouristes les notions d’hygiène les plus élé-mentaires et permettre à nos victimes d’avoir une prise en charge de qualité dans nos VSAV et éviter la transmis-sion d’un éventuel risque infectieux.

La création de l’EOH a été à l’origine d’une dynamique de groupe. Cette équipe pionnière au sein des sapeurs-pom-piers fédère un groupe autour d’un projet commun : la sensibilisation aux risques infectieux.

1 Société française d’hygiène hospitalière. Note technique de la commission désinfection de la SF2H, indication des lingettes en désinfection dans le domaine médical. 2013. 5 pages.

2 Ministère de l’emploi et de la solidarité. Circulaire DGS/DH/98/249 du 20 avril 1998, relative à la pré-vention de la transmission d’agents infectieux vé-hiculés par le sang ou les liquides biologiques lors des soins dans les établissements de santé

3 Ministère de la santé et des sports. Arrêté du 10 février 2009 fixant les conditions exigées pour les véhicules et les installations des matériels affectés aux transports sanitaires terrestres modifié par l’arrêté du 13 février 2013

4 Société française hygiène hospitalière. Guide pour le choix des désinfectants. 2015. 110 pages.

5 Société française hygiène hospitalière. Recom-mandation pour l’hygiène des mains. 2009. 240 pages.

6 CClin Sud-Ouest. Hygiène et transports sanitaires. 2003. 41 pages.

7 Arlin Auvergne. Maîtrise du risque infectieux lors des transports sanitaires. 2013. plaquette. 4 pages.

8 Beauvois JL, Joule RV. Petit traité de manipulation à l'usage des honnêtes gens. éd. Presses Universi-taires de Grenoble. 2002. 286 pages.

Références

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