bn historique du 1° bila

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  • 8/20/2019 BN Historique du 1° BILA

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    Historique du 1erbataillon de marche

    d'infanterie légèred'Afrique

    Source gallicalabs.bnf.fr / Service historique de la Défense

    http://www.bnf.fr/http://gallica.bnf.fr/

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    HISTORIQUEDU

    d^lBataillonde Marched InfanterieLégère d Afrique

    PARISHenri CHARLES-LAVAUZELLE

    Éditeurmilitaire124 Boulevard Saint-Germain124

    Même Muisou àLlmojes

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    HISTORIQUE- du

    1er Bataillonde Marched InfanterieLégère d Afrique

    LE BAPTÊMEDU FEU.- ARRAS.Le 29 bataillon

    d Afrique,en campagneauMaroc,

    estappelé

    à l honneurde veniren Franceconcourirà la défensede la pa-trie en danger. Le 14 octobre 1914, à Meknès, il est constituésous le nom de 1er bataillonde marched infanterielégèred Afri-que et mis en route.

    Après un dur voyage, le lrr bataillon de marche d Afriquearrive, le 13 novembre,à 3 heures du matin, à Aubigny Ar-tois), puis changede cantonnementet passe en réserved arméeà Agnières I kilomètreest d Aubigny).

    L ennemis est fortifié sur plusieurs lignes, à 10 kilomètresau nord et nord-est d Agnières.C est là que le bataillonva re-cevoir le baptêmedu feu. Il fait partie du 33e corps d armée généralPétain),de la xe armée généralde Maud huy).

    Le 16 novembre,le bataillon,sous les ordresdu chef de ba-taillon Noël, part cantonnerà Mareuil, petit village à 7 kilo-mètres est-sud-estd Agnières.

    Là, le 1er bataillonde marche reçoitses premiersobus; l usinedans laquelleil est logé est bombardéecopieusement.

    Le 16 novembre marquel entréedu 1er bataillonde marchedans la45e division généralDrude),où il va s illustrerà main-tes reprises.

    Avant l entréeen ligne, le 17 novembre,un groupe franc estformé dansla brigade, au moyende volontaires,sous lei nomde groupefranc des « Enfantsperdus ».

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    Le 21, le 1er bataillon de marche monte occuper les tranchéesde première ligne.

    Un coup de main est projeté avec l aide du groupe francsur « Maison-Blanche », avec mission de détruire une tranchéeennemie et enlever une mitrailleuse.

    Les volontaires de la brigade partent sous les ordres du lieu-tenant Aymé, du 2e zouaves; le 1er bataillon de marche fournitau groupe franc 80 volontaires commandés par le lieutenantIsaac.

    A 19 heures, nos phares illuminent brusquement la zone d as-saut que nos 75 groupe Lenoble) arrosent copieusement.

    A 19 h. 4, tout rentre dans le calme et l infanterie s élanceà l assaut. Malgré le verglas et les fils de fer, le groupe arriveà son objectif, où gisent quantité d Allemands tués par nos obus.

    En un bond, la tranchée allemande est prise et ceux de sesdéfenseurs qui survivent encore sont passés à l arme blanche. Lebut est atteint, et les « Joyeux» reviennent non sans emportercasques, fusils et autres trophées de toute sorte.

    En prévision d un retour offensif de l ennemi, le groupefranc reste en ligne toute la nuit. C est-la troisième nuit blan-che qu il passe, trois jours sans nourriture. La nuit est gla-ciale.

    Le général Ouiquandon fait parvenir au chef de bataillonNoël, commandant le 1er bataillon de marche, ses éloges pourla conduite des « Joyeux » dans cette opération. Les volontairesdu 1er bataillon de marche ont été particulièrement remarquéspour leur entrain, par les chefs et commandants des autresc0rps

    : ils passent dès maintenant pour avoir du « cran ».Le 26 novembre, nouveau coup de main. Sous les ordres du

    lieutenant Isaac, le groupe franc s ébranle au signal d artillerie;le lieutenant Leclerc, un sergent et dix braves chasseurs sautentdans la tranchée allemande, chassent devant eux les Bochesaffolés, en

    -

    tuent un certain nombre pendant que le génie pré-pare ses mines pour faire sauter une tête de sape.

    Dix minutes après le départ, sept mines allemandes explo-sent. Quelques « Joyaux » sont blessés. Le sergent Momeaux et

    unchasseur

    sont encoredans les lignes boches. Ils reviennent

    quelques instants plus tard, ramenant avec eux deux chasseursblessés.

    Après des alternatives de repos et d occupation de tranchées,le groupe franc du 1er bataillon de marche participe à unecontre-attaque pour reprendre une ancienne tranchée françaiseet en dégager une autre menacée.

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    Sous les ordres du lieutenant Isaac, le, groupe franc part dansun élan magnifique; il arrive à la tranchée objectif; quelques

    -chasseurs tombent; une hésitation se produit, aussitôt répriméepar le lieutenant Isaac. Une lutte corps à corps s engage; unecinquantaine d Allemands sont tués à bout portant ou à la baïon-nette; mais un renfort ennemi arrive; le lieutenant Isaac estblessé, le sergent Salvini, le caporal Tindy-et quelques bravesrestés dans la tranchée allemande fusillent sans pitié tout en-nemi qui se présente. Un prisonnier est fait par le sergent Sal-vin i.

    Le 1er bataillon de marche a reçu glorieusement le baptêmedu feu.

    Dès lors, nous le retrouvons dans toutes les grandes opéra-tions, faisant toujours bonne besogne.

    Les jours passent et c est une suite de belles pages d héroïsmequ il faut enregistrer : janvier 1915, près d Arras, un secteurlamentable, boue, pluie, des hommes s enlisent dans les tran-chées, mais toujours des camarades courageux et ingénieux leurportent secours au mépris des balles qui frappent nombreuses

    auxbrèches des

    parapets.LE CANAL DE L YSER (LANGEMARK).

    Dès le 13 avril, le 1er bataillon de marche prend b serviceaux tranchées de Langemark, avec le 20e corps d armée, et c estle calme jusqu au 22.

    Le 22, à 17 heures, un nuage de 3 à 4 mètres de haut, ve-nant des tranchées allemandes, se dirige \ers nos lignes; uneforte odeur de chlore se dégage, une horrible sensation de brû-lure nous prenda la gorge, les poumons se refusent à recevoircet air empoisonné; une bave sanguinolente nous sort de labouche et du nez. Ce sont les gaz asphyxiants. C est la premièrefois qu ils sont employés. La surprise, est terrible.

    On étouffe. Un agent de liaison, à demi asphyxié, apporte laterrible nouvelle à un poste de commandement : « Mon capi-taine, dit-il, il n y a plus moyen de tenir. Ils nous jettent despoisons. »

    Les compagnies sont noyées dans ces vapeurs asphyxiantes;plus de liaison entre elles, on ne se voit plus.Les compagnies sont obligées de reculer pour sortir do

    l atmosphère irrespirable qui les étreint. Les Allemands, proté-v* gés par des masques, avancent en lignes compactes et tirent sur

    ceux de nos hommes que le poison n a pas tout à fait terrassés.

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    Des débris des compagnies arrivent à Langemark. Les capi-taines Renaud de Lormier et Tremsal rallient leurs hommes etorganisent la défense.Mais celle-ci est bientôt submergée par le flot croissant desmasses allemandes qui ont traversé sans Sêrie la nappe meur-trière. Les défenseurs de Langemark sont presque sans connais-sance au moment de leur capture.

    Le capitaine Trousson avec son lieutenant adjoint Andrérassemble une soixantaine de rescapés; mais dans l impossibi-lité de faire face à l ennemi trop nombreux il ordonne la re-

    traite sur Yprespoursuiyi

    parl artillerie

    et les feuxd infanterie

    allemande.Le 1er bataillon de marche est presque anéanti. A part l état-

    major du bataillon et le médecin il ne reste plus qu un seulofficier le lieutenant Bourion qui a pu rejoindre avec quelquesdébris de sa compagnie; tous les autres sont tués ou disparus.

    Au total le 1er bataillon de marche compte 410 tués ou dispa-rus dont 9 officiers 164 évacués dont 1 officier.

    Les réserves de la division alertées dans leurs cantonnementset parmi elles le 3e bataillon de marche se portent en avantet quoique inférieures en nombre arrêtent net sur la route Li-zerne à Boesinghe les Allemands qui n ont plus l aide de leurgaz perfide.

    Du 23 au 27 avril le bataillon cantonne à Woesten. Tous seséléments rassemblés il est formé une compagnie de 150 hom-mes sous les ordres du lieutenant Lefèvre; cette compagnie estmise à la disposition du 3e batajllon de marche en vue d une

    attaque le 1er mai. L état-major est dispersé dans d autres for-mations.La compagnie est en place le 1er mai à 4 h. 30 au nord de

    la ferme Zvanhof près de Boesinghe. Vers 12 h. 30 les Alle-mands ayant eu .vent de l attaque déclanchent une violent tird artillerie sur nos tranchées et la compagnie éprouve une tren-taine de pertes; le lieutenant Lefèvre est blessé et remplacé parle lieutenant Bourion.

    A 15 heures notre artillerie exécute un violent tir de prépa-ration; mais au moment de l attaque l ennemi ouvre devant noslignes un formidable feu et l attaque ne peut déboucher. C estpartie remise.

    A 16 h. 40 nouvelle tentative sans plus de succès. Une der-nière attaque est tentée à 19 heures; après un tir d artillerie in-suffisant la compagnie Bourion s élance. Cette fois l attaque-

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    progresse d une soixantaine de mètres, mais elle est immédiate-ment clouée au sol. Les hommes se ruent dans une tranchée

    creusée à la hâte: terrain péniblement conquis et gardé défini-tivement par la compagnie, malgré la risposte ennemie. Relevédans la nuit du 2 au 3 mai, le lieutenant Bourion revient avecquatre-vingts hommes. Revenus dans le secteur le 5, les débrisdu bataillon passent en première ligne. Séjour très dur en rai-son des bombardements par obus toxiques, contre lesquels oncommence à se préserver au moyen de masques qui arriventchaque jour, mais qui sont encore imparfaits. Le 22 mai, unpremier renfort arrive, suivi de plusieurs autres.

    Le 27 mai, enfin, le lieutenant Harion,, qui avait remplacé lelieutenant Bourion, évacué, est relevé avec les quelques chas-seurs qui restent et ramène ceux-ci à Eickok, où le bataillon vaêtre reconstitué.

    Des renforts sont arrivés, le 1er bataillon de marche, entière-ment reformé, est porté en réserve de secteur, le 31 mai, versla ferme Zvanhof sud de Boesinghe). Séjour calme, où les élé-ments nouveaux du bataillon sei forment à la guerre de tran-chée. Leur entrain est remarqué. Le 7 juin, fe 45e division estrelevée par les troupes britanniques, et, le 8, c est un nouveaurepos, jusqu au 13, jour où le 1er bataillon de marche remonteen secteur entre Boesinghe et le village de Lizerne. Il restera làjusqu en décembre, travaillant et luttant âprement contre un ad-versaire sur lequel il faut prendre l ascendant.

    Au cours de cette période s accomplit le fait d armes suivant:Le 12 septembre au soir, la 2e compagnie du 1er bataillon de

    marche va relever la correspondante du 3e bataillon de marchedevant l écluse du Het-Sas. Le capitaine André prend le com-mandement de la ligne de feu, le lieutenant Harion commandela compagnie.

    D après des renseignements, les Allemands passant le canalla nuit, sur des madriers ou le long des portes de l écluse, au-raient pénétré dans une galerie conduisant à une mare, et, de là,se livrent sous nos lignes à un travail de mines: on entend dis-tinctement des coups de pioches. Le génie entame à un niveauplus élevé une contre-galerie qui donnera des vues sur la sapeet permettra de surveiller l ennemi. C est alors que le lieutenantHarion décide de garder la galerie inférieure par un poste quiessaiera de pénétrer plus avant.

    Sept volontaires se présentent : les chasseurs Blanc, Laplanc,Hustache, Geoffroy, Martin Eugène), Martin Alexis). Ils res-

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    tent à leur poste pendant quatre j ours sans vouloir être relevés.Le 13 le lieutenant Harion suivi du chasseur Blanc franchit laporte et se trouve bientôt arrêté par une barricade. Au boutd une heure le lieutenant Ilarion laissant Blanc en sentinellese retire. Il est 8 heures.

    Au même instant des coups de feu éclatent et le chasseurBlanc ayant aperçu des Allemands se replie non sans avoirvidé sur ceux-ci le batillet de son revolver.

    Le sous-lieutenant du génie décide de faire un camouflet pourpermettre la pénétration dans la galerie allemande. Ce camou-flet

    explose à9heures mais

    nedonne

    pasles résultats attendus.

    Sans hésiter le lieutenant Ilarion et le chasseur Blanc pénètrentdans la galerie mais ils sont arrêtés par des coups de feu. Etjusqu au 13 ce n est qu un échange de grenades et pétards.

    Le 14 les travaux sont poussés activement. Le capitaine Andréordonne de tenter un coup de main. Le 15 au matin des chas-seurs pénètrent par Ja galerie inférieure et détruisent la barri-cade travail qui demande toute la journée du 15 et la matinéedu IG. Quelques épaves allemandes sont retrouvées

    :bonnets

    cartouches etc. Il est décidé de construire un barrage en sacsde ciment pour empêcher le retour de l ennemi. Pendant cetemps les Allemands installent une mitrailleuse dans l éclusequi balaie le débouché de la galerie.

    Au moment où le succès était acquis et en attendant la relèvele lieutenant Harion prévenu que les Allemands travaillent deleur côté redescend dans la galerie; il avance la tête aperçoiten face un guetteur ennemi et un créneau de mitrailleuse. Vou-lant indiquer

    au sergentqui dirige les

    travauxle point

    où mé-nager un créneau pour mieux surveiller l ennemi le lieutenantIlarion avance une seconde fois la tête: il tombe mortellementfrappé la :ête fracassée d une balle tirée par le guetteur d enface.

    A la relève le mur est terminé et la galerie à jamais interditeà l ennemi. A cette œuvre le lieutenant Harion avait donné savie et le lendemain le capitaine André saluait au cimetière deHoester la dépouille de l héroïque officier « tombé au poste decombat qu il venait de conquérir ».

    Le sergent Bigot et les chasseurs volontaires étaient cités àl ordre du bataillon. Blanc dont les reconnaissances antérieu-res avaient été si utiles était cité à l ordre de la Brigade et lecapitaine André à l ordre de la division.

    Quant au lieutenant Harion une citation à l ordre de l armée-consacrait l histoire de son glorieux fait d armes.

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    Après cette affaire, le secteur rentre dans un calme relatif etla vie normale débranchées renaît.

    Le 9 décembre, le commandant du Guiny prend le comman-dement du bataillon. Jusqu au 10 mars, situation inchangée.

    Le.11 mars, le 1er bataillon de marche est embarqué à Ber-gues et se porte en Champagne, où il travaille d abord entreVesle et Aisne, au nord - de Fismes, puis dans la région deBarbonval, Longueval, Dhuizel. A partir du 12 avril, il est surles crêtes de la montagne de Reims, vers Bouleuse et Méry-Pré-mecy. Le 25 avril, le bataillon embarque à Jonchery-sur-Vesle

    pour une destination « inconnue ».Il débarque

    àSainte-Mes-

    ches le 24 avril, cantonne au pied de la forêt d Argonne, et, le26, séjourne à Foucaucourt, dans la haute vallée de l Aire. Toutle monde devine la direction inconnue : « Verdun. »

    VERDUN LA COTE 304).

    Mai 191 3, les Allemands tentent contre Verdun leur secondeffort.- Le 1er bataillon de marche, avec le 38 de marche, relèvent,dans la nuit du 9 au 10,1e 135e régiment d infanterie, à l ouest dela cote 304, secteur connu sous le nom de « plateau .de Pom-cioux », qui s étendre la route Esnes-Malancourt à la cote 301.Le plateau est bordé par ce qui fut le « bois Camard ». Lesbombardements précédents en ont fait disparaître jusqu aux ra-cines. Seule,-la carte peut indiquer que cet endroit fut un bois.Tout le terrain environnant est dans le même état de désolation:

    nulle trace des bois qui entouraient la cote 304, nulle trace,sinon quelques ruines, de ce qui futMalancourt, « Haucourt ».Nulle trace même des tranchées et boyaux, anciens ouvrages.Seuls, existent quelques trous faits à la pioche pour réunir lestrous d obus.Le lor bataillon de marche fait la relève en pleine bataille,

    dans des conditions effroyables. Il faut traverser successive-ment des. barrages d artillerie pour atteindre les positions.

    Dès son arrivée, le 1er bataillon de marche envoie en renfort auS^ataillon d Afrique, la 2e compagnie cote 304). Le 10 mai, lesAllemands, préparant une attaque, font plusieurs tirs. Sur noslignes s abat un déluge de projectiles de tous calibres; mais, de-vant l énergique riposte de nos canons, l infanterie ennemie nepeut sortir de ses tranchées.

    Les 11, 12. et 13 ne sont marqués que par un bombardement

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    intense de nos lignes et des luttes de patrouille. Les Allemandstâtent notre front. Le 14, avant le jour, une avance de notrepart est décidée :à 21 heures, deux compagnies du 1er bataillonde marche dépassent la première ligne tenue par le 3e de mar-che et s arrêtent à 50 pas en avant. Eventé par l ennemi, lemouvement reprend sous le feu dei celui-ci, et une avance de200 mètres est réalisée, terminant l opération antérieurementcommencée par le 3e bataillon de marche, et dont le résultat estle rétablissement de notre ligne dans laquelle, avant- l arrivéede la division, l ennemi avait profondément mordu.

    LesAllemands réagissent violemment

    et tout s enmêle

    : ca-nons, fusils, mitrailleuses, battent notre position nouvelle. Mal-gré tout, nous nous y accrochons. En fin de journée, le terrainest solidement occupé.Les Allemands vont bientôt essayer de nous le reprendre.Le 15, le général Quiquandon, commandant la division, et le

    colonel Adam, font parvenir en plein champ de bataille leursfélicitations chaleureuses, auxquelles le chef de bataillon duGuiny avait ajouté un mot ému: « Merci aux braves de cct cnuit. » La journée se passe sans incidents.

    Le 16, de bonne heure, l ennemi tente une sortie, mais estrepoussé. Dans l après-midi, nouvelle tentative: il échoue aprèsune lutte à la grenade.

    C est un vrai concours d héroïsme. Le caporal C., qui, dansla nuit du 14 au 15, était allé chercher entre les lignes un offi-cier grièvement blessé, sort en plein jour à 50 mètres des lignesreconnaître l emplacement d une mitrailleuse ennemie. Le ser-gent B. monte sur le parapet pour mieux abattre des Alle-mands qui achevaient nos filessés entre les lignes, et est blessé àson tour.

    Le 17, l artillerie lourde allemande écrase nos lignes. Dansla nuit, un coup de main enn«mi est tenté sur un poste tenu parla 2° compagnie. Toute la garnison est blessée, mais les Alle-mands échouent.

    Le 18, matinée calme; mais l ennemi va attaquer. Une violenteaction d artillerie détruit

    toutes nostranchées. A 11 heures, le

    tir ennemi s étend sur tout le front de la brigade Les compa-gnies sont décimées, les hommes épuisés par ces luttes inces-santes, par le manque de sommeil, par la faim. On aperçoitnettement des mouvements de

    @

    troupes, l attaque est donc pro-che.

    Celle-ci se déclanche à 15 h. 5. Les Allemands sortent de leurs

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    tranchées devant le front du bataillon. Une de nos compagniesriposte immédiatement

    par unecontre.-attaque

    etrefoule les Alle-

    mands jusqu à leur point de départ. Devant les lro et 2e compa-gnies l effort ennemi est plus sérieux. Quatre fois il revient àla charge précédé de jets de liquides enflammés; quatre fois ilest repoussé; la compagnie André a eu les honneurs de la jour-née en enrayant à plusieurs reprises l enveloppement tenté parl ennemi.

    Une nouvelle tentative échoue encore puis de 15 h. 45 à16 h. 20 plusieurs attaques succèdent aux bombardements. LesAllemands arrivent en force mais le capitaine André a vu ledanger; il place lui-même des renforts aux points menacés etest blessé pendant cette opération.

    L arrivée de renforts ennemis détermine un bond en avant des« Joyeux ». On ramasse les fusils des morts on les approvi-sionne tous et grâce à ce moyen et par un feu intense la ten-tative ennemie échoue piteusement.

    La position est sauvée et après une dernière tentative les

    Allemands abandonnent leurs attaques.Avec la nuit arrivent les réserves qui vont permettre au 1er ba-taillon de marche d aller prendre au bois de Berthehainalle unrepos bien gagné.

    Une compagnie est laissée à la disposition du commandantdu 3e bataillon de marche. Cette journée supplémentaire futmeurtrière pour cette compagnie. Les Allemands qui ont enlevédu terrain à la gauche du 3e bataillon de marche cherchent à

    tournercelui-ci.

    C est une lutte corps à corps. La compagnie necomprend plus qu une trentaine d hommes. Pendant vingt-sixheures la compagnie exténuée contribue à empêcher le mou-vement débordant des Allemands.

    Des renforts fixent enfin ceux-ci définitivement.Le 20 à 3 heures de l après-midi la compagnie reçoit l ordre

    de rejoindre le 1er bataillon de marche.Le 22 mai le bataillon est enlevé en autos pour la région de

    Revigny où ilva se

    reconstituer.Une citation à l armée montre mieux que tout le reste la part

    do gloire acquise par le 1er bataillon de marche:

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    Ordregénéraln 216. Le généralcommandantla, IIe arméeciteàl ordre de l armée: les 11 et 3e bataillonsde marche*r -S ous les ordresdu chefde bataillondu Guiny(Henri-Louis),chef . un.bravoureau-dessusde tout éloge, en entrant dans un secteuren pleincombat,sur un terraininconnuet bouleversépar un bombardementpres-que continudes plus violents, et grâce à l ardent couragede tous, ausang-froidet à l habileté personnelle d unchefinspirantla plusentièrQL.confiance, a repris à l ennemi le terraindont il s était emparé et_J arejeté du plateau sur lequel il avait pris pied. Pendant cinq joues, amaintenusa positionet l a organisée,malgréles plus pressantseffortsd un ennemiacharné.- Le Généralcommandantla II armée,Signé: NIVELLE.

    Telle fut la premièrepalme du bataillon;ce n était point le-couronnementd un bref et violenteffort,maisla récompensedel héroïsme dépensé,du sangverséet des souffrancesinouïes,en-duréespendantonze jours. ,Après un séjour à Portieux, le bataillon fait mouvementetvn cantonner à Fontcnay-la-Joute(Meurthe-et-Moselle);c estl entrée du bataillondans le secteurde Lorraine,où il va occu-per les tranchéesà partir du 8 juin. -

    DANS LES TRANCHÉES,DELORRAINE.

    Le 8 juin 1916, le 1er bataillonde marcherelève le 358e régi-ment d infanterie aux tranchées à l est du « rendez-vousdeschasseurs», secteurpépère, disent les bleus, mais trop calmepour dès kakis, qui, à peine arrivés, vont, au grandémoi desAllemands,habitués au calme depuislongtemps,en faire- unsecteuragité. Depuislongtemps,pas un coup de canon,à_peinequelques coups de fusil. Les « Joyeux » arriventet voilà uncoin silencieuxdevenubruyant.Bientôt,les bombardementsde-viennentviolents. LesAllemands,inquiets,-veulenttâter le ter---1rain et tententun coup de main à gros effectif, dans l espoirde-ccnnaître

    nos

    intentions..e 12 juillet,un tir violentde destructions abat sur nos tran-

    chées. Lechef de bataillondu Guirry, commandantle 1er ba-ctaillon de marche,intercepteune conversationallemande . oùsont surpris ces mots: « Oui, le 23 va venir, entre midi et1 heure.» Ainsi,l attaqueennemieest éventée,et toutle mondeest prêt. Vers midi,un violenttir s abatsur les crêteset dans \esravins, d où nous pouvionsamener des réserves;nous répon-

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    dons par une action énergique,d artillerie.A midi 30, l attaqueprévue se déclanche; nos tranchées sont nivelées par le bom-

    bardement,mais les vagues d assautennemies

    sont arrêtéesnetpar nos feux, et le calme renaît à partir de 13 h. 30. Un prison-nier allemand fait, nous dit appartenirau 23e régiment d infan-terie saxonne.

    -Puis, c est le calme jusqu au9 août. Le 10, le 1er bataillonde marche est relevé par le 150-e d infanterieet part cantonnerau camp de Saffais. Le 25, le bataillon*est enlevé par cheminde fer et débarque à Fouillois Oise), cantonne à Molieu, reparten auto pour Dammartin, le quitte le 4 septembre, et revient enautos pour se porter aux tranchéesaux environs de Maurepas,où il arrive le 5.

    LA SOMME RANCOURT)Le 1er bataillon de marche est appelé à copérer à l offensive

    de la Somme.Le 12 septembre, à 18 h. 30, le bataillon s élance, occupe les

    premières tranchées allemandes;à 15 heures, l attaque ayantprogressé, le bataillon va occuper la tranchée du Mamelon,prise aux Allemands,repart à 16 heures, combatcorps à corps,attaque à la baïonnette une position de batterie qu il occupeaprès une lutte meurtrière. Un officier et.ÕO soldats se rendentaux « Joyeux »; l ennemi est tellement surpris qu il ne réagitpas.

    Le 14, le 1er bataillon de marche reçoit l ordred attaquerendirection de Rancourt, à 13 heures; mais, devant les perteséprouvées les jours précédents, l attaqueest reportée à plus

    tard et, à 17 h. 5,.le bataillons ébranle;à 17 h. 20, le chef debataillon, trois commandants de compagnie et les deux tiersde l effectif sont hors de combat. L attaque a progressé,.maisa conduit très en flèche, sur un terrain battu et découvert, descontingents réduits et dépourvusde cadres qui vont être prisen flanc par des contre-attaquesqui se dessinent. L ordre leurest donné de regagner leur tranchéede départ. Le lieutenant-colonel Abbat, commandant le groupe des bataillons, avaittrouvé une mort glorieuse au cours de cette opération.

    LA BELGIQUE NIEUPORT).Après quelques jours de repos, le 1er bataillon de marche,

    reconstitué, est embarqué en chemin de fer, le 28 septembre,et débarque 5 Dunkerque Nord) le 30; puis, le 8 octobre, il

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    arrive à Nieuport, où il va tenir le secteur. Le 2 octobre, 1«

    -général Naulin prend le commandement de la 45e division. Le

    11 octobre, le chef de bataillon du Guiny reprend Te comman-dement du bataillon. Du 9 octobre 1916 au 4-janvier 1917 lesecteur est assez calme, à part quelques bombardements de partet d autre et de violents feux de mousqueterie. Pendant cettelongue période le bataillon reçoit des renforts qui vont luipermettre d affronter à nouveau le combat.

    Le 4 janvier 1917, le 1er bataillon de marche est relevé et setransporte au camp Gallimard, où il va cantonner jusqu au 9.

    Le 13, le bataillon est embarqué en chemin de fer, débarquele 14 à Chantilly et va cantonner à-Plailly (Oise) jusqu au 5 fé-vrier; du 6 au 15 le bataillon cantonne à Crouy-en-Thelle.

    -Après un peu de repos, le bataillon se porte, par voie de

    terre, sur Bus, où il arrive le 5 pour occuper jusqu au 27 unsecteur où il a relevé le 21e régiment d infanterie en vue del attaque des positions ennemies. Mais ce mouvement n a paslieu par suite du recul volontaire des Allemands.-Le 28, ilquitte Bus. Après un voyage en chemin de fer, il arrive à Mour-melon-le-Petit

    pour cantonner auxDocks,

    à 2 kilomètres nord-est de ce village.-A partir du 4 avril et jusqu au 12 avril 1917, le bataillon est

    employé aux travaux denuit dans le secteur de Proisnes, oùnous allons le retrouver au combat.

    EN CHAMPAGNE (MORONVILLlERS).

    Les 13, 14, 15 et 16, le bataillon prend ses dispositions d at-

    taque. *.e 16 au soir, l ordre du général en chef, ainsi conçu, est

    communiqué aux « Jpyeux » : « L heure est venue. Confiance.Courage et vive la France »

    Le 17, l attaque est décidée et le 1er Bataillon de-marche apour mission de rompre le front ennemi ipar la conquête dumassif de Moronvilliars et l enlèvement de toutes organisationsennemies sur ce massif.

    A 4 h. 45, l attaque d infanterie était déclançhée .sous lapro-tection d un double barrage d artillerie. al

    Après l enlèvement des deux premières tranchées alleman-des, la lutte se poursuit contre les mitrailleuses en position dansd anciens abris de batterie, dans les boyaux, les bois ou lestrous d obus.

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    Les unités, dont presque tous les officiers sont hors de com-bat, continuent leur progression sous l énergique impulsion du

    chef de bataillon du Guiny, de sous-officiers ou de caporauxqui réduisent un à un les nids de mitrailleuses qui entraventla marche en avant.

    Le nettoyage des tranchées et abris se poursuit méthodique-ment par les groupes de nettoyeurs. Cependant, la progressionn étant plus possible de front, des mouvements sont essayésvers l est pour déborder les positions qui résistent. Mais toutesnos tentatives sont enrayées par les mitrailleuses en position

    surle mont Puthois et les pentes du Casque, et le 1er bataillon

    de marche voit son front si stabiliser vers 12 heures.La progression, difficile et meurtrière, fut faite pied à pied,

    la lutte fut vive de part et d autre: lutte de boyaux, où la gre-nade joua un grand rôle. 200 prisonniers environ furent rame-nés à l arrière, ainsi que 10 mitrailleuses, une vingtaine d en-gins de tranchée, de grandes quantités de munitions et de vivres.

    Ramené en réserve de brigade, le l bataillon de marchereste les 18 et 19 occupé à nettoyer le champ de bataille.

    Le 20 avril, le bataillon reçoit l ordre de se porter sur lespositions conquises par le 3° bataillon de marche, qui venaitd attaquer à son tour et dont la progression, arrêtée, se trou-vait menacée.

    Ce mouvement en avant est exécuté avec une grande hardiesseet le courage habituel des « Joyeux », qui, par leur fougue em-portés, se trouvent bientôt dans les lignes allemandes.

    La lutte dure encore deux heures, et le nouveau front sestabilise. Dans la nuit du 20 au 21, deux contre-attaques alle-mandes sont repoussées.

    Le 21, au jour, le 1er bataillon de marche est relevé par le14e régiment d infanterie, se porte sur Mourmelon-le-Grand etva s installer au camp Berthelot, pour être reconstitué, vu lesénormes pertes subies.

    La lutte qu avait soutenue le 1er bataillon de marche sur lespentes du Moronvilliers lui valait une nouvelle citation à l ordrede l armée.

    7 Mai 1917.Ordre général n°809.– Le général commandant la Ille ai-mée cite

    à l ordre de l armée le 1er bataillon d infanterie légère d Afrique :Le 17 avril 1917, sous le commandement du chef de bataillon du Guiny,sest porté à l attaque de positions extrêmement fortes et eilergiqucmentdéfendues, a enlevé ces positions et s est installé d une façon définitive

    sur le terrain, repoussant toutes les contre-attaques tentées par l ennemi.

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    A, par son attitude résolue et agressive, prisl ascendantsur l ennemiet a ainsi facilitéla progressiondes unitésvoisinesqu il avait devancées4e plusieurscentainesde mètres.A fait 200 prisonniers.

    Le Général commandantla IV armée,Signé: ANTHOINE.Cette deuxièmecitation à l ordre de l armée faisait décerner

    au 1er bataillon de marche la fourragèreaux couleurs de lacroix de guerre.

    LES TRANCHÉESDE CHAMPAGNE.

    Aprèsune périodede reposqui seerolongejusqu au 27 mai,le 1er bataillonde marcheentre de nouveauen secteurdans larégionde Marzilly,entre Reimset Berry-au-Bac,du 28 mai au18 août. Pendant-cestrois mois, le bataillonréorganisele sec-teur bouleversépar les dernières offensives, essuiequelquescoups de main ennemis.,quin ont d ailleurs pas de succès.

    Le 9 juillet, le capitaineAndré, qui a déjà pris par interval-les le commandementdu bataillon,est promu chef de bataillon

    au corps, enremplacementdu commandantdu Guiny, nommé

    lieutenant-colonel.Le 12 juillet, le bataillonenvoie une délégationet son éten-

    dard, accompagnédu capitaine Kestel, qui doit participer, àParis, à la revue du 14 juillet.

    Le 13 août, un groupede trente « Joyeux» effectueun coupde main sous les ordres du sous-lieutenantKunance,mais, netrouvantpas d Anemands,le grouperentre peu après, non sansavoir démoli les organisationsennemies.

    Le 19 août, le bataillonva au repos à Saint-Gemme(Marne),où il reste jusqu au 13 septembre.Le 14, il repartpour releverle 222e régimentd infanteriedans

    le secteur de la Miette et l Aisne.Et c est ainsijusqu endécembre,où le bataillonreste constam-

    ment en ligne, parcouranten tous sens le front de Champagne,où il frappe le Boche, faisantde nombreuxet fructueuxcoupsde main, Harcelantsans cesse l ennemi.

    En 1918, aprèsune

    périodederepos,

    il vientau secteur

    de-vant le fameuxfort de Brimont,près de Reims, jusqu en avril,moment de son départ pour la Somme, lors de la ruée alle-mande.

    Le 28 mars, le 1er bataillonde marcheest enlevéen autos,et,après de harassantesfatigues, il débarque dans la région deCantigny(Somme).

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    CANTIGNY 5 AVRIL 1918).

    A partir du 29 mars, le bataillon fait partie d une armée ras-semblée à la hâte pour arrêter le Boche et aveugler la fissureproduite entre nous et les Anglais. Dès le 21, le mot d ordre estdonné par le général Pétain: « L ennemi s est rué sur nousdans un suprême effort. Il veut nous séparer des Anglais pours ouvrir la route de Paris. Il faut l arrêter; cramponnez-vousau terrain. Tenez ferme. Il s agit du sort de la France. » Ordregénéral n° 104.)

    L ennemi, en force, armé de très nombreuses mitrailleuses, apu déboucher du ruisseau des « Trois-Dames », prendre piedsur le plateau et s emparer de Cantigny. Le 1er bataillon demarche reçoit comme mission de rejeter l Allemand dans le ruis-seau et l empêcher d en déboucher de nouveau.

    Tel est le bulTcle l opération du 5 avril.Il faut, pour dominer le ruisseau, enlever le bois de l Aval et

    la cote 104.Le 1er bataillon de marche doit déborder Cantigny

    parle

    nord, pousser ensuite sur le cimetière et la partie nord du boisde Framicourt.

    Le bataillon se rassemble le 4, à l ouest de Villers-Toumelle,prend, dans la nuit du 4 au 5, ses emplacements de départ, et,le 5, à 15 heures, il part à l assaut. C est un beau spectacle :les vagues 3 assaut partent dans le plus grand ordre, comme àla manœuvre.

    Tout va bien pendant les premiers bonds; l artillerie ennemie

    est muette. Le bataillon atteint la cote Le Plessier - Cantigny etcommence à descendre vers la route de Saint-Aignan à Canti-gny. A ce moment, des mitrailleuses allemandes juchées surdes meules, des silos, au bord de la route, entrent en action;un grand nombre de mitrailleuses du village ôuvrent un feuterrible et nous font subir des pertes sévères. La progressioncontinue néanmoins par section. Le feu de l ennemi devient deplus en plus violent. Nos hommes se terrent. La ligne se stabi-lise. Il est impossible de lever la tête. Beaucoup de « Joyeux »sont touchés dans les trous. En présence de l impossibilité decontinuer la progression, les unités du bataillon s organisent surplace malgré la violence du feu et l action des avions mitrail-leurs qui les survolent.

    La nuit se passé dans cette situation. C est alors seulementqu on peut ramasser les blessés. Enfin, à 4 heures du matin,

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    sur l ordre du commandant, le bataillon rentre au bois Saint-Eloi, sa position de départ. L élan allemand était brisé en cepoint. Le 1er bataillon de marche, s il n avait pu faire rebrous-ser chemin àl ennemi, l avait du moins arrêté net. A ce point,il ne devait plus jamais progresser.

    La citation suivante à l ordre du corps d armée consacre l hé-roïsme du 1er bataillon de marche en cette circonstance :

    Ordre du corps d armée nO 27. Le général commandant le6e corps d armée cite à l ordre du corps d armée le 1er bataillond infanterie légère d Afrique :

    Le 5 avril 1918, sous le commandement du chef de bataillon André,s est élancé avec un entrain remarquable à l assaut d un village puis-samment défendu par l ennemi, a progressé dans le plus grand ordre,sous un feu violent de mitrailleuses, témoignant d un inoral à touteépreuve et d une parfaite discipline de combat. A tenu le terrain conquismalgré la persistance des rafales ennemies, et ne s est replié que surun ordre reçu.

    Le Général commandant le 6 corps d armée,Signé: DE MITRY.

    Le 6 avril est passé dans le bois de Saint-Eloi, et, le 7, lesdébris du bataillon sont ramenés à Hocquencourt, en réserved armée, pour y être reconstitués. Tout le reste du mois, lebataillon est occupé à des travaux de seconde ligne dans lesecteur du Plessier.

    Enfin, la division étant relevée par une division américaine,le bataillon s embarque le 2 mai pour Pocancy (18 kilomètresde Châlons-sur-Marne), où il doit prendre un repos bien gagné.

    DEVANT REIMS (30 MAI-2 JUIN), AU FORT DE BRIMONT.

    Après quinze jours de repos, le bataillon revient au pied dufort de Brimont, secteur calme, où les divisions retirées de labataille achevaient de se reconstituer. Ce fut là que le 1er ba-taillon de marche inscrivit une des plus belles pages de sonhistoire de guerre.

    Le 18 mai, le 1er bataillon de marche relève un bataillon du

    2520 régiment d infanterie dans le secteur Courcy - Loivre, queles « Joyeux» connaissent pour l avoir tenu en novembre 1917.Le bataillon est placé en soutien du 3e bataillon de marche quioccupe les premières lignes.

    En face de nous, Brimont, œil plongeant partout, à qui rienn échappe, forteresse avancée des Allemands; derrière nous, le

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    fort Saint-Thierry, dont les pentes douces rejoignent le pied deBrimont entre Loivre et Courcy. Entre ces deux géants, passe

    - la ligne de front. Le secteur est étrangement calme, pas unblessé dans les six premiers jours.Le 26 mai au soir alerte. Un prisonnier fait par la IVe armée

    (Gouraud) annonce une offensive ennemie pour le lendemainmatin sur le front Chemin-des-Dames - Reims. Le bombarde-ment commencerait vers minuit.

    A l heure dite, l artillerie allemande arrose nos premières li-gnes, bombarde nos batteries par obus percutants et à gaz.Notre artillerie déclanche immédiatement une contre-prépara-tion violente-et efficace. A 3 h. 15, le bombardement ennemi estplus violent que jamais. Brimont disparaît complètement dansun nuage de fumée, sur nos lignes les gaz forment un brouil-lard opaque. Puis les Allemands attaquent.

    Dès le déclanchement de l attaque, le 3 bataillon de marche,qui Lient les premières lignes, se trouve très éprouvé. Sa tâcheest rude, mais il ne recule pas; il lui faut seulement être ren-forcé à droite et à gauche. Le 1er bataillon de marche envoie

    une de ses compagnies (2e, capitaine Pobe) à droite, pour dé-fendre Courcy, puis la 23 compagnie (lieutenant Gapisée) estenvoyée, à son tour, renforcer la gauche du 3e bataillon demarche, sur laquelle s acharne l Allemand. Ce sont des lutteshéroïques à la grenadè, corps à corps, les revolvers se mettentde la partie, et, après plusieurs tentatfves, l ennemi est clouésur place. Cependant, à les Allemands s infiltrent unà un, et c est le commencement de l encerclement. Partout, dansles boyaux, les Boches prennent pied; la compagnie Brunat(3e bataillon de marche) et la compagnie Gaqué (1er bataillonde marche) luttent désespérément et se disputent pendant delongues heures un poste de commandement que l ennemi attaqueà plusieurs reprises. A gauche, la compagnie Pobe soutient uncombat très dur pour défendre Courcy. Le 28, le bataillon, de-meuré en flèche par rapport aux unités voisines, est contraintd abandonner la première ligne pour venir occuper la secondeavec les débris du 3e bataillon de marche. Ce mouvement s exé-

    cute dans un ordre parfait, par. échelons, en luttant pied à pied.Dans la seconde ligne, le bataillon repousse une série de nou-veaux assauts. Il ne se retire que sur un ordre du commande-ment et vient couvrir Thil et Saint-Thierry; en raison des pertessubies, les chasseurs du P. C. du commandant sont rassembléspour former une section qui est placée en reserve à la sortie

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    de Saint-Thierry.A 18 h. 25, on Annoncequ un bataillon du100e régiment d infanteriedoit venir remplacer;le 1er batail-lon de marche tient toujoursses nouvellespositions;à 19 heu-res, arrive un ordre de repli général, et le bataillon, décimé,fatigué par une défense acharnée pied à plec-, se retire surBoùilly;les « Joyeux» emmènentavec eux leursmitrailleuses;quatre d entreeux transportentpendant20 kilomètresle corpsd un lieutenanttué en fin de combat. Au cours de la journéedu 28, le chasseurFlamand Gaston), mitrailleur,abattit un avion allemand,qui tomba en flammessur BrimÓnt.

    Le 1er bataillonde marchearriveà

    Bouillyle 29,vers

    5 heu-res, s y repose toute la journéeet se ravitailleen vivres et mu-nitions.Il est reconstituéà deuxcompagniesayantchacunedeuxsections.

    A 23 h. 30, alerte. On redoute une attaque sur Reims. Lebataillonpartprendrepositionà la cote 118, puis à la gauchedela cote 101 avec ordre de/tenirla ligne coûteque coûte.

    Aprèsune lutte faroucheface au Brimont,avec à peinevingt-quatreheures de repos, les « Joyeux» étaient arrivéssur leterrain qu ils allaient défendre trois jours durant contre desattaquesincessantes.

    Au fond du vallon situéentre les cotes 101 et 240 s étendun joli petit village: Vrigny, que trois jours de combataurontvite rasé. Les Allemantlsessaient constammentde s infiltrerpour faire tomberles crêtes.La pressionse fait continue.L ar-tillerie allemandetonne. L objectifest Vrigny, sur lequel undéluge d obus à gaz et de 150 s abat depuis midi. Devant le1er bataillonde marche,Gueuxest occupé par l ennemi.A 19 heures, l ennemiprononceune violente attaque sur lacote 101, qu il essaie de déborderà l est et à l ouest. Il enre-gistrelà un échec complet.

    Le 1er bataillonde marcheest restéen l airtoute la nuit. DansVrigny, ce ne sont que des combatsde patrouillesqui forcentl ennemià abandonnerle village. Mais le 31, à 2 heures dumatin, le commandantAndré apprendque la cote 101 est per-due. L aubese lève et l ennemi,maîtrede la oote 101,

    vaporter

    son effortsur 240..Le bombardementallemanddure toute la matinéesur Vrignyet les pentesoccupéespar le bataillon.Depuisle lever du jourjusqu àmidi les Àlleirfands,avec « une belle ténacité», se glisr-senthommeparhommedans les blés, les vignesou lesbuissons,pour venir se masserdevant notre ligne; à 12 h. 10, l attaque

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    débouche, l ennemi cherche à pénétrer dans Vrigny. L actionprincipale se joue sur la cote 240 : le 1er bataillon de marche etle 3 bis de zouaves luttent deux heures et demie sans faillir; à14 h. 40, le commandant André apprend la parte de la cote etreçoit l ordre de couvrir Coulommes. Mais elle est reprise peuaprès par ses anciens défenseurs qui ont porté leurs lignes300 mètres plus avant. L attaque allemande ne s arrête que le1er juin au petit jour. Le soir, à 20 heures, le calme renaît, leBoche est cloué. Au cours de l après-midi, Vrigny est occupépar les Allemands et repris peu après par le 228 d infanterie et

    le1er bataillon de marche

    par unecharge

    àla baïonnette.

    Mais la position est intenable; le bataillon, pris de flanc parles mitrailleuses ennemies et écrasé par les « minen », subit delourdes pertes et se replie légèrement jusqu aux lisières avan-cées.

    Le bataillon, qui combat sans trêve depuis le tl mai, dansdes conditions effroyables, est complètement épuisé. n- fautpourtant tenir encore un jour, le dernier. La relève est annon-

    cée, eneffet,

    pourle 1er juin

    ausoir. Il faut laisser intacte

    ànos successeurs la cote 304 et les positions que nous occupons.Cette dernière journée, où les nerfs se tendent pour donner

    une énergie factice à l organisme épuisé, où les « Joyeux », quine veulent pas caler, se sentent de plus en plus envahis par lafatigue, est celle où les Allemands vont tenter le « suprêmeeffort ».

    Toute la journée, l ennemi prépare son attaque, elle n a lieu

    quele soir

    à20 heures. Les Allemands

    rampent,glissent, bon-

    dissent, s infiltrent; quelques-uns d entre eux ont revêtu le cos-tume de nos chasseurs alpins. La cote 240 et Vrigny sont atta-qués violemment; mais, cloués au sol par nos feux, aucun Alle-mand n arrive à nos lignes; après plusieurs tentatives, l ennemiaffaibli par de grosses pertes, lâche pied, abandonne ses espé-rances; c est fini. La ligne est restée intacte et le 48e régimentd infanterie arrive remplacer le 1er bataillon de marche. Les« Joyeux », retirés de la bataille, gagnent leur cantonnement derepos à Montigny 5 kilomètres d Epernay). 1

    Reims était sauvé. Le général anglais Camphell, commandantla division voisine, adressait à la 45e division ses remerciementspour l aide et l appui trouvés en elle. Les Allemands eux-mê-mes, dans leur communiqué du 29 mai, citaient la résistance des« Joyeux » comme modèle aux divisions allemandes.

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    Le let bataillon de -marche, pohr prix de ses efforts;- recevait

    une nouvelle citation à l'ordrede

    l'armée(VI

    armée,général

    - Berthelot) qui résume les hauts faits accomplis pendant cettedure période de combat.. -Ordre général no 348. - Le général commandant le Ve armée citeà l'ordre de l'armée le 1er bataillon d'infanterie légère d'Afripe :--

    Tenant une ligne de réduits, lors d'une récente attaque allemande très- puissante, a étayé dès les premières heures, avec la plusgrande soli-

    dité, les flancs du bataillon de première ligne. en engageant deux de sescompagnies, qui ont participé

    auxcontre-attaques obstinées et maintenu

    l'intégrité du front pendant trente-six heures. Découvert sur- Sâ gauchea exécuté sous le feu des mitrailleuses et au contact immédiat de l'en-nemi, sous les ordres d'un chef au sens tactique développé, le com-mandant André, un dangereux changement de front, en faisant jireuved'un complet héroïsme et d'un esprit de sacrifice absolu. Reconstitué àdeux compagnies à l'arrière, a, malgré le maaque. de sommeil depuiscinq jours et de harassantes fatigues, écrit à la défense d'un-village, laplus belle page de son histoire de guerre, arrêtant net i'Allemand dansses poussées et le clouant au sol par ses feux de mitrailleuses lors dela tentative d'encerclement d'une grande ville ardemment convoitée parl'ennemi.

    Le.Général commandant-la

    V.armée,Signé : BERTHELOT.

    ROMAIN.

    Le 15 juin, le général Naulis étant appelé au commandementd'un corps d'armée, le général Michaud prend le commande-ment de la division.

    Après une période de repos assez longue, nécessitée par lareconstitution et l'instruction des

    nouveauxéléments, le 1er ba-

    taillon de marche, en' réserve au moment de l'offensive alle-mande du 15 juillet devant Beaumont, relève dans ce secteur,en pleine action et en plein jour, les troupes qui viennent- desupporter le choc ennemi. ,e bataillon fait partie de la Ve armée (général Berthelot) etc' est avec elle qu'il va aller bientôt à la conquête de nouveauxlauriers.

    Après avoir contenu l'ennemi sur la Vesle, à Beaumont, le1er bataillon de marche se trouve en août à Gueux, sur la mêmerivière, où, pendant quinze jours, il

    --

    est soumis à d'incessantsbombardements toxiques. o'

    Relevé dans la nuit du 19 au 20 août, le 1er bataillon de mar-che s'installe à Courmas jusqu'en septembre. Le 13, le bataillonse porte dans In. région « Fosse au Diable - le Vivier-Voualet »,prêt à entrer en action pour le lendemain. Il fait ses prépara-

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    tifs d attaque, et, le 14, il a pour mission de s emparer du pla-teau de l arbre de Romain. L attaque doit avoir lieu à Il heures.A 9 heures, le bataillon fait mouvement pour atteindre la pa-rallèle de départ les unités atteignent assez facilement les pen-tes sud-est du mamelon des Epinettes, mais, avant même queles fractions n aient atteint la ligne de faîte, le barrage ennemise déclanche violent par obus et mitrailleuses. La progressions arrête un moment. De nombreuses pertes soulignent ce mou-vement.

    A l heure prescrite pour l attaque, la préparation française

    d artillerie se déclanche, mais le bataillon n a pu atteindre sabase de départ. Les groupes de tête qui se portent en avantsont bientôt cloués au sol par le feu des mitrailleuses ou lebarrage de l artillerie ennemie. Tout mouvement devient impos-sible désormais; les unités s organisent sur place, la ligne eststabilisée. Un fait montrant le caractère et la bravoure des« Joyeux» se produisit quelque temps avant l attaque.

    Le capitaine Pisson, officier d information de la 45e division,envoyait au capitaine de la section d information de l armée lanote ci-après : « Je vous signale le fait suivant, très récent, quime- paraît de nature à figurer dans une colonne de journal. Ilprouve, une fois de plus, l excellent moral de nos soldats :

    » La division était sur le point de prendre part à une attaque.Un détachement de permissionnaires appartenant au bataillond Afrique se trouvait réuni en vue du départ dans une localitéen deuxième ligne Courville). Lorsque les « Joyeux » appren-nent que l attaque est imminente, ils se consultent rapidement,

    puis tous manifestent au sous-officier chef de détachement leurvolonté de rejoindre leurs unités. « On ne peut pas, disent-ils,» aller en permission pendant que les camarades vont se faire» casser la tête en tuant du Boche. » Le sous-officier eut beau-coup de peine à leur faire entendre raison. Bref, les hommesrestèrent longtemps indécis, et Je départ en permission eut lieu,mais cette manifestation d enthousiasme et de solidarité n en estpas moins à retenir. » t

    Ce faita

    été signalépar

    le colonel Trapet, le chef légendairedu 3e bis zouaves, qui se trouvait, au moment de la discussion,dans une chambre voisine, d où il a été le témoin involontaire decette scène touchante qui souleva chez lui la plus vive émotion.

    Voilà bien la bravoure légendaire des « Joyeux ». Bravourequ ils vont montrer dans maints durs combats de l offensiveen cours.

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    Au cours de la nuit du 16 septetnbre le 1er bataillon de marcheest relevé des lignes pour être réorganisé. Ses effectifs étant ré-duits le bataillon est reconstitué à deux compagnies. Le 19le chef de bataillon André commandant le bataillon de marchependant la permission du lieutenant-colonel du Guiny le ca-pitaine adjudant-major Castay prend le commandement du ba-taillon. Jusqu au 29 septembre le bataillon cantonne à Cour-ville où il reçoit l ordre de se rendre au sud de Fismes-en vued une attaque à effectuer le lendemain.

    Le bataillon prend dans la nuit du 29 au 30 sa position dedépart. A 5 h. 30 en même temps que se déclanche un tird accompagnement qui doit appuyer l attaque les vogues s élan-cent précédées par les chars d assaut qui causent la surpriseet l effroi dans les rangs ennemis se frayent un passage à tra-vers les fils de fer; les compagnies avancent réduisant un àun les nids de mitrailleuses qu elles rencontrent.

    A 6 h. 15 le premier objectif est atteint partiellement et à7 h. 30 la progression reprend arrêtée quelques instants pluslard par les feux intenses des mitrailleuses ennemies.

    A 11 heures seulementpar

    suite del entrée en ligne

    du 3e ba-taillon d Afrique un mouvement général en avant se produitqui amène la rupture de la ligne adverse et la capture de200 Allemands. En avant le 1er bataillon de marche épuisé etdécimé par une lutte acharnée est rassemblé sur le premierobjectif pendant que le 3e bataillon de marche passe en pre-mière ligne poursuivant la progression atteint le 2 octobredans la soirée le canal de l Aisne.

    Au cours de cette attaque le 3e bataillon d Afrique coopère

    à la capture de 9 officiers 400 prisonniers un jmportant maté-riel dépassant 50 mitrailleuses dont 25 lourdes. Après la ba-taille le bataillon est placé en soutien du 3 au 7 octobre puisreçoit l ordre de se porter au sud de Bourgogne en réserve dedivision dans le fameux secteur du fort de Brimont qui main-lenant nous appartient.

    LA SUIPPE ET LA RETOURNE.

    Le 8 octobre le 1er bataillon de marche relève le 79e régimentd infanterie dans le secteur de Bourgogne.

    Dans la nuit du 11 il part remplacer le bataillon Lambin du3e zouaves dans la région sud-est de Saint-Etienne-sur-Suippeoù il fait ses préparatifs en vue de l attaque des lignes de laSuippe. ç

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    Le 11 à 5 h. 45 du matinr après une courte préparation d ar-tillerie et après que le génie eut lancé deux passerelles sur lnSuippe le bataillon s élance et à la faveur d un brouillardépais traverse facilement la Suippe.

    Les Allemands se retirent sous la pression des éléments avan-cés; la se compagnie pousse une pointe hardie et force les dé-fenseurs d une crête à la retraite. Puis la progression se pour-suit l ennemi tire violemment dans le camp Hindenburg qu ilincendie et gêne un peu notre avance déjà très pénible du faitdes mitrailleuses allemandes qui garnissent les deux rives de

    la Retourne. Dès la chute du jour les groupes de tête se glis-sent en bordure de la Retourne. L ordre est donné de ne fran-chir cette rivière que le lendemain.

    Le 12 à 5 h. 50 des passerelles ayant été jetées sur la Re-tourne le bataillon se porte en avant par compagnies acco-lées; aucune résistance n est rencontrée jusqu au canal del Aisne. A 10 heures le bataillon occupe la cote 106 et laroute d Osfeld-sur-Aire.

    Défenseest

    faite de franchir le canalaux «

    Joyeux»

    impa-tients de pourchasser le Boche et l on aperçoit les derniers élé-ments boches détruisant les villages les dépôts de munitions etse rttirant sur les pentes nord de l Aisne.

    Le bataillon reste sur ses positions toute la nuit et la matinéedu jour suivant pendant que l artillerie ennemie bat au hasardle terrain.

    Le 13 le 1er bataillon de marche est réserve de division quipasse l Aisne à 13 heures.

    Le 14 il se porte jusqu à Osfeld-la-Ville et est employé àla réfection des routes.

    Le 15 l ennemi bombarde violemment la ville où est can-tonné le bataillon; le 16 le bataillon part occuper Juzancourtpuis la voie ferrée au nord de cette localité.

    Le 20 le bataillon est relevé et revient à Osfeld-la-Ville jus-qu au 23.

    Le 24 il part à 18 heures relève en première ligne le ba-

    taillon Teyssère du 1er tirailleurs et se tient prêt à attaquerles positions allemandes positions formidables : la Hunding-Stellung déclaré inexpugnable par les Allemands eux-mêmeset dont la légendaire bravoure du « Joyeux » va bientôt avoirraison.

    Pour ces glorieuses attaques de septembre et octobre le1er bataillon de marche se voit décerner deux citations à l ordie

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    de l armée, gagnées en quelqueslrjours d intervalle et qui cou-ronnent le dernier effort qui leur fut demandé pour hâter la vio-toire et chasser l Allemand du territoire français.

    17 Décembre 1918.Ordre général no 452. Le général commandant la V0 armée cite

    et l ordre de l armée le groupe des bataillons d Afrique:

    Pendant les journées des 30 septembre, 1 et 2 octobre 1918, sous l im-pulsion énergique et éclairée du chef de bataillon André, commandantprovisoirement le G..D. A., les 1 , 2* et 3 B. A., commandés, respecti-vement par les capitaines Castey et Mignaton et le chef de bataillon Au-d.ibert,

    ontbousculé l ennemi malgré

    sarésistance, enlevé de haute lutte

    le village du Grand-IIameau, le bas de Rouvray fortement organisés, etont poursuivi leurs progressions sur une protondeur de 9 kilomètres,faisant 400 prisonniers et s emparant de 40 mitrailleuses.

    Le Général commandant la V armée,Signé: GUIIXAUMAT.

    12 Janvier 1919.Ordre général no 453. Le général commandalt la Ve armée cite

    à l ordre de l armée le groupe des bataillons d Afrique:

    Pendant la période du 11 au 31 octobre 1918, le G. B. A., comprenantles 1 , 2 et 3 B. A., sous le commandement du lieutenant-colonel duGuiny et sous l impulsion des chefs de bataillon André, Lasalmarie etAudibert, a, par une vigoureuse offensive, contraint l ennemi à, une re-traite précipitée, l a obligé, par un effort opiniâtre qui a vaincu tous lesobstacles, à franchir quatre rivières et, dans un dernier élan, a emportéde haute lutte une ligne de positions puissamment organisées. Capturantplus de 300 prisonniers,. dont 4 officiers, 7 pièces d artillerie, 3 minen-werfer et un grand nombre de mitrailleuses.

    Le Général commandant la V armée,Signé: GUILLAUMAT.

    LA HUNDING-STELLUNG.

    Le 25 octobre, à 8 h. 25, le 1er bataillon d Afrique se porte àl attaque de cette position, aux interminables réseaux de fils defer, défendue par de nombreux nids de mitrailleuses.

    Sous un bombardement violent, le bataillon progresse versson objectif; les mitrailleuses allemandes se taisent les unesaprès les autres. A ce moment, une douloureuse nouvelle nousparvient: notre glorieux chef de bataillon André est mortelle-ment frappé, ainsi que le capitaine adjudant-major Castay. Lecapitaine Kister prend alors le commandement du bataillon,arrêté dans sa progression. Mais ces deux morts sont à venger,et les « Joyeux », la rage au cœur, vont faire payer cher auxBoches ces pertes cruelles.

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    Les compagnies prennent position et ouvrent un feu violentsur les défenseurs ennemis; des éléments des 36 et 4e compa-gnies capitaine Delon) parviennent à franchir les réseaux defils de fer et à s infiltrer dans les bois. -

    La 29 compagnie, renforcée par le peloton de mitrailleuses,par des feux très violents, se porte à l attaque vigoureusementet fait tomber la défense de la position Hunding qui venait déjàd être bousculée à gauche par les 36 et 46 compagnies. Il est11 h. 30.

    Sous la protection de ses mitrailleuses, le bataillon se porte

    enavant dans

    unepoussée irrésistible; il est alors 12 h. 50:

    mais les Allemands nous échappent; des patrouilles sont en-voyées en avant pour rechercher le contact.

    A13 h. 30, le 3e bataillon d Afrique, dépassant le 1er bataillond Afrique, qui devient bataillon de deuxième ligne, se porte en

    ,avant et continue la progression.Au cours de l attaque, le 1er bataillon d Afrique a fait près

    de 300 prisonniers, capturé une batterie de 105, une de 77 etpris plusieurs dizaines de mitrailleuses.

    Le 26 octobre, le 1er bataillon d Afrique est occupé à se refor-mer sur le premier objectif.

    Le 29, la division, encadrée à gauche par la 151e division, àdroite par la 28° division, attaque, à 11 heures, les objectifsnon encore atteints. Le bataillon, toujours en soutien, suit lesbataillons de tête qui progressent et bientôt dépasse le 2e ba-taillon d Afrique dans les tranchées de Grimpechat.

    Arrivé à 100 mètres de la route Recouvreux, il se heurte au

    bataillon de première ligne du 3ebis

    zouaves, qui se trouvearrêté par l ennemi; mais, se trouvant trop avancé vu sa mis-sion, le bataillon se reporte en avant du 3e bataillon d Afrique commandant Audibert), où il subit immédiatement un bombar-dement violent qui dure vingt-quatre heures.

    Le 31, le 1er bataillon d Afrique reçoit l ordre de se porterau « signal de Grimpechat ». Soumis à un bombardement d uneextrême violence, il ne peut décrocher qu à 16 h. 45 et atteintl objectif assigné de concert avec le 2e bataillon d Afrique ca-pitaine Mignaton).

    La nuit se passe relativement calme.Le 1er novembre, le bataillon reçoit l ordre de se porter dans

    les positions de la Hunding-Stellung, où il reste jusqu au 2.Le 2, le bataillon se porte à Brienne-sur-Aisne, et, le 4, il

    arrive dans la région de Ville-au-Bois, où il cantonne.

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    Le 5, le bataillon quitte ce cantonnement pour retourner àl arrière et, le 11 novembre, le bataillon est au repos à Cour-boin, quand lui parvient la nouvelle que l armistice est signé.

    Le 8 décembre, après une longue période de repos, le ba-taillon, appelé à l honneur de se rendre sur le Rhin, part parétapes pour Longueville-lès-Mctz, où il arrive le 31 décembre.

    Le 7 janvier 1919, le bataillon se rend a Metz, où, après avoirété passé en revue, il reçoit des mains du maréchal Pétain lafourragère aux couleurs de la médaille militaire.

    Le 8, le bataillon quitte Longueville-lès-Metz pour se porte-

    surla rive

    droite de laM-oselle.

    Il cantonnesuccessivement

    àTétuchen ,Dalem, lIargaten, Falck et Guerting-Kreutzvald, etc.Enfin, le 6 février 1919, le bataillon quitte la France, em-barque en chemin de fer à Boulay, pour débarquer à Mar-seille le 9. Il retourne en Algérie, sa glorieuse campagne dl ,guerre terminée, embarque le 13 à bord du Lutétia et arriveù Mus-el-Kébir Algérie) le 15.

    Le bataillon part cantonner à Oran, où il défile sous une pluiede fleurs et au milieu des acclamations de la population.

    Le 16 février, le bataillon est de nouveau embarqué en che-min de fer pour Mascara, où il arrive le même soir. Test en-core une réception grandiose qui l attend : pluie de fleurs, ova-tions à la gare, toutes les autorités civiles et militaires ainsi queplusieurs sociétés et une foule nombreuse attenclaîent son arri-vée.

    Une gerbe defleurs est remise au capitaine Bridie, comman-dant le bataillon. Le général Nivelle, le sous-préfet et le maire

    prononcentdes discours vibrants de patriotisme

    etle bataillon

    gagne la caserne où il va prendre enfin un repos gagné au prixde ses durs combats.

    La tâche confiée aux bataillons d Afrique est donc terminée.Le 1er bataillon d Afrique a parcouru tous les fronts de Fianceet partout il a contenu ou bousculé le Boche, au prix de beau-coup de sang il est vrai. Ainsi, les « Joyeux » ont montré quesi des écarts de conduite privée ont entaché leur jeunesse, ilsont tout de même droit de cité dans la belle France, puis-

    qu à l heure du danger ils savent si bien la défendre.Comme prix de son courage, et en récompense de sesexploits, le bataillon a vu son fanion décoré de cinq citations àl ordre de l armée et une au corps d armée.

    Ces récompenses ont été achetées par la mort glorieuse de2 officiers supérieurs, 22 officiers subalternes, 75 sous-officiers,

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    681 caporaux et soldats et la disparition de 3 officiers 27 sous-officiers et 333 caporaux et soldats dont il convient de garderpieusement le souvenir. Leur sacrifice doit être

    pourles

    « Joyeux » de l avenir une grande leçon d héroïsme. La destinéedes bataillons d Afrique est toujours de combattre puisquedans toutes les conquêtes coloniales ils ont tenu leur place.

    Les lauriers moissonnés sur les champs de bataille de Francequi sont venus s ajouter à ceux déjà acquis en Algérie au Mexi-que au Dahomey au Maroc en Tunisie constituent un patri-moine dont tous auront à cœur d être dignes.

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