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Biologie des

Races humaines '

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N° 275.

COLLECTION ARMAND COLIN (Section de Biologie) 1

Biolog ie des

-Races humaines par

J. MILLOT Professeur au Muséum National d'Histoire Naturelle

et à la Faculté des Sciences de Paris

6 Figures

LIBRAIRIE ARMAND COLIN 103, Boulevard Saint-Michel, PARIS

1952 Tous droits réservés

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r Tous droits de reproduction, de traduction et d'adaptation réservés pour tous pays. Copyright 1952, " by Max Leclerc . et Oie. - -

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INTRODUCTION

The proper study of Mankind is Mankind. (POPE.)

Le présent ouvrage fait suite aux Races humaines, de LESTER et MILLOT, paru autrefois dans cette même Collec- tion, et maintenant épuisé après avoir été réédité et traduit en plusieurs langues. Il constitue une nouvelle version, amplifiée et profondément transformée, de l'Anthropologie physiologique qui formait la deuxième partie du volume précité.

L'innovation par laquelle nous consacrons à la Biologie des Races humaines un volume indépendant a peut-être besoin d'explication.

En dépit de la clairvoyante définition de son fondateur : « l'Anthropologie est la biologie du genre humain» (BROCA, 1866), cette science est longtemps restée presque exclusi- vement anatomique. C'est d'ailleurs un premier stade nor- mal, et presque obligatoire, de toute étude de la nature que de débuter par les caractères les plus accessibles et les plus aisément observables, même s'ils ne sont pas les plus signi- ficatifs. Aussi l'analyse de la morphologie extérieure du corps humain, l'examen minutieux et approfondi des pièces du squelette, peu fragiles, faciles à conserver en grandes séries dans les laboratoires, à classer, à comparer et à mesu- rer avec précision, ont-elles tout naturellement constitué, jusqu'à une période fort récente, l'essentiel de la science anthropologique. Si des documents d'un haut intérêt ont été recueillis, s'il est juste de rendre hommage à l'œuvre néces-

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saire, et très importante en elle-même, accomplie dans cette direction, les étroites limites et les insuffisances de telles recherches n' ont pas tardé à apparaître aux yeux des moins prévenus.

Fort heureusement, depuis le début de ce siècle, les anthro- pologistes ont progressivement été amenés à vérifier ce que leurs prédécesseurs n'avaient pu que pressentir : l'existence dans les races humaines de caractères différentiels, intéres- sant non seulement la forme du crâne ou les détails de l'ana- tomie des organes, mais aussi les réactions physiologiques et la résistance à certaines maladies, voire même le psy- chisme ou le tonus nerveux — caractères d'une tout autre portée pratique ou d'un bien plus grand intérêt général que les différences morphologiques. Que les Noirs, de par les propriétés de leur peau, aient une régulation thermique meilleure que celle des Blancs et puissent ainsi supporter mieux qu'eux les climats chauds et travailler plus effica- cement sous des températures éleçées, — qu'ils aient, en revanche, besoin d'une irradiation cutanée plus forte, — que leur appareil respiratoire, fragile et de faible capacité relative, les rende plus sensibles aux maladies pulmonaires — sont, nul ne le contestera, des faits autrement importants à connaître que de savoir qu'ils sont dolichocéphales et que leurs cheveux sont crépus....

L'Anthropologie biologique s'est ainsi progressivement affirmée comme une science de premier plan, disposant d'un immense champ d'action. Fondée d'abord sur quelques observations isolées, elle a donné lieu, ces dernières décades, à des recherches aussi fécondes que variées. Elle prend un essor qui va s'amplifiant chaque année : on compte main- tenant par milliers les publications qui lui sont consacrées et elle est devenue l' « aile marchante » de l'Anthropologie.

Et cependant il s'agit d'une science encore à ses débuts — n'ayant en fait guère plus de trente ans d'existence — et dont de nombreuses difficultés viennent, à divers étages,

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freiner les progrès : difficulté de mener à bien les observa-' tions initiales qui nécessitent l'emploi de techniques déli- cates et compliquées, exigeant un long- apprentissage et un matériel souvent encombrant et fragile, qu'il faut néan- moins transporter intact dans des régions sauvages et d'ac- cès malaisé, — difficulté de confronter et d'apprécier des documents parfois contradictoires, recueillis dans des condi- tions souvent peu comparables et dont la valeur est fort iné- _gale, — difficulté particulière, que le lecteur constatera

1 presque à chaque page, de dégager dans les faits constatés la part -véritable de l'élément racial, toujours étroitement mêlé aux facteurs complexes du milieu, — difficulté enfin de rester parfaitement objectif en traitant un sujet- qui touche à des questions brûlantes et à une époque où les passions sont toujours eT1 éveil lorsque des différences humaines de quelque portée se trouvent invoquées. Nous n'avons certes que trop connu, dans un proche passé, des . théories racistes extravagantes, inspiratrices de certains actes les plus inhumains de l'histoire, dont l'horrible sou- venir n'est pas près de s'étendre. Mais il̂ existe aussi des idéologies égalitaires aveugles, refusant a priori toute valeur aux distinctions raciales, qui, pour être d'inspiration plus généreuse, n'en faussent pas moins gravement le jugement et peuvent être la cause d'erreurs lourdes de conséquences. L'homme de science a le. devoir de montrer que les faits, observés sans parti pris, s'opposent aux unes comme aux autres — tâche ingrate et parfois dangereuse....

La présente mise au point a nécessité le dépouillement et la critique de documents nombreux et variés, impliquant un travail considérable. L'auteur est heureux de remercier ici tous ceux qui l'y ont aidé à des titres divers, et particu- lièrement sa femmé, rédactrice au Bulletin analytique du G. N. R. S. et de ce fait à la source des plus récentes infor- mations. ■ --

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Le format réduit du volume n'a pas permis de donner aux questions traitées tout le développement que certains auraient sans doute souhaité, ni d'indiquer en détail les références.

Du moins le lecteur trouvera-t-il dans ce petit ouvrage les traits essentiels du visage actuel de cette jeune science, un peu austère parfois peut-être, mais riche d'avenir, fon- damentale pour la connaissance des êtres humains et véri- tablement captivante par les réflexions auxquelles elle con- duit.

Le livre comprend trois parties : une première dans laquelle sont exposés divers problèmes de biologie générale humaine — une deuxième présentant les principales don- nées physiologiques — une troisième consacrée aux réac- tions pathologiques différentielles raciales. Une conclusion e(deux index terminent l'ouvrage. Janvier 1950.

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BIOLOGIE DES RACES HUMAINES

PREMIÈRE PARTIE

ANTHROPOLOGIE BIOLOGIQUE

CHAPITRE PREMIER

GÉNÉRALITÉS

Il n'est sans doute pas inutile, au début de cet ouvrage, de préciser quelques termes et, en premier lieu, celui de race.

Bien d'autres anthropologistes, avant nous, ont souligné avec force que ce mot était trop souvent employé sans aucun discernement et de manière à fausser tous les pro- blèmes. Ils se sont, à juste titre, élevés contre les expres- sions, aussi erronées que courantes, de « race aryenne », «race allemande », «race latine», « race bantoue », lues non seulement dans les quotidiens, mais même sous la plume d'écrivains cultivés. Il y a quelques années parais- sait un ouvrage consacré à la « race française »? et un journal hebdomadaire, d'une, incontestable tenue intel- lectuelle, entreprenait une grande enquête sous le même titre.'... *

La race est une division de l'espèce. C'est une notion biologique, et non politique, valable pour tous les êtres

' vivants. Elle traduit l'existence et la ' continuité de cer- tains types constitutionnels particuliers, représentés par un -plus ou moins grand nombre d'individus ayant un ensemble de caractères héréditaires communs. Elle est définie par ces caractères héréditaires, et forme des

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groupes naturels pouvant être entièrement indépendants de la nationalité, de la langue ou des mœurs. Les épithètes d'aryen ou de bantou désignent des familles linguistiques, mais ne sauraient légitimement s'appliquer à aucun groupe humain. Il n'y a, comme l'a excellemment écrit Boule, pas de « race latine», mais une civilisation latine, pas de « race allemande », ni de « race française », mais une nation allemande, une nation française.

Les diverses populations actuelles — nous y insiste- rons dans un des chapitres suivants — sont rarement homogènes du point de vue racial. Elles résultent le plus souvent de l'agglomération et du métissage d'éléments ethniques différents. Certes, chacune d'elles possède une relative unité, développe une mentalité particulière et se différencie par cela même de ses voisines. Mais la commu- nauté de mœurs, de préoccupations et d'intérêts, qui, entretenue par l'éducation autant que transmise par l'hé- rédité, unit les habitants d'un même pays ne doit pas en imposer pour l'expression de propriétés exclusivement raciales (Rabaud).

Les races s'étudient à l'intérieur des populations, que celles-ci soient homogènes ou hétérogènes. Il va de soi que, dans l'appréciation et la confrontation de leurs carac- tères, il faut tenir grand compte de la situation démogra- phique de ces populations, du milieu dans lequel elles vivent, des conditions très variées auxquelles elles sont soumises, tous facteurs capables d'intervenir dans l'inter- prétation exacte des fait constatés.

Caractéristiques démographiques essentielles. — Les différences pouvant exister dans l'âge et dans la propor- tion des sexes des groupes humains que l'on compare sont particulièrement importantes à connaître et il est indispensable, avant toute recherche, d'établir le profil d'âge et le sex-ratio des collectivités étudiées.

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On appelle sex-ratio le rapport du nombre des hommes au nombre des femmes supposé égal à 100 : si, pour 100 femmes, l'on compte 90 hommes, le sex-ratio est de 90.

On observe normalement dans la race blanche un léger excès de femmes : le sex-ratio général pour la France par exemple est d'environ 98. Le fait est parti- culièrement marqué en Grande-Bretagne où le sex- ratio s'abaisse à 93,5 : ainsi s'explique le nombre élevé de « vieilles filles » dans ce pays. Les mâles naissent cependant plus nombreux (105-106 garçons pour 100 . filles dans l'ensemble de l'Europe occidentale), mais, comme ils ont une mortalité plus forte, l'équilibre se rétablit au cours de l'adolescence, et les femmes prédo- minent ensuite progressivement, et d'autant plus nette- ment que l'âge considéré est plus élevé. Dans la vieil- lesse, l'indice tombe au-dessous de 60.

Le rapport numérique des sexes varie non seulement avec l'âge, mais aussi, dans une certaine mesure, avec l'appartenance ethnique : il est des races à sex-ratio bas (prédominance caractérisée des femmes) et d'autres à ratio haut (excès d'hommes). Des sex-ratio excep- tionnellement élevés ont été observés dans certains groupes de Mélanésiens : nous y reviendrons (p. 60). Dans la race noire véritable, par contre, la proportion des mâles à la naissance paraît moins forte que dans la race blanche : de nombreuses statistiques américaines montrent qu'aux États-Unis elle oscille entre 97,5 et 103 p. 100, avec moyenne aux environs de 101. Les documents africains sont plus pauvres, mais parlent dans le même sens : Culmick indique 100,4 pour le Tanganyika, Olivier 101,1 pour le pays Mossi. La dif- férence entre les deux races est d'autant plus intéres- sante que la stabilité du sex-ratio à l'intérieur des races est unanimement reconnue. Peut-être s'explique-t-elle par une grande mortalité prénatale du sexe mâle dans

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la race noire ? Mais le fait n'est pas certain. Dans beau- coup de territoires africains en tout cas, le sex-ratio des adultes paraît très bas : 78 au Tanganyika, 72 à 77 au Gabon, 71 à 73 dans la plupart des provinces du Congo Belge, 71 chez les Peuls. Ce déséquilibre des sexes intervient-il dans la fréquence de la polygamie dans le continent noir ? Des enquêtes approfondies seraient nécessaires pour en décider. Il n'en est pas moins certain qu'un fait biologique de cet ordre peut permettre de mieux comprendre certaines coutumes sociales et « qu'une société indigène présentant une forte prédo- minance féminine ne peut avoir un code de famille analogue à celui des pays civilisés » (Lefrou).

Mais le sex-ratio naturel peut être modifié par de nombreuses circonstances. Dans la plupart des peuplades primitives, les hommes mènent une existence rude et dangereuse et beaucoup périssent de mort violente : la proportion relative des femmes s'en trouve appré- ciablement augmentée. C'est ce qu'on observe chez les Esquimaux, entre autres, où les -hommes se noient fré- quemment lors de leurs expéditions de chasse. Les grandes conflagrations de 1914 et de 1940 ont de même nettement accentué l'excès de femmes en Europe. C'est pour cette raison que les statistiques indiquent pour la Serbie en 1919 le taux très anormal de 1 a39 femmes pour 1 000 hommes. On a cru noter par contre, à la suite de chaque guerre, une recrudescence de naissances masculines. Ce curieux phénomène compensateur, dont là réalité n'est d'ailleurs pas encore définitivement prou- vée (Jens), a-suscité de vives discussions : aucune des explications proposées (mauvaise alimentation des mères - pendant les hostilités, plus grande activité sexuelle au retour de la paix) ne paraît bien satisfaisante.

Diverses coutumes aussi ont sur le sex-ratio des réper- cussions directes. Il n'est pas de meilleur exemple à

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citer que celui de l'infanticide féminin, si répandu en Extrême-Orient, et particulièrement en Chine : les filles sont là-bas si peu désirées que leur venue au monde est considérée comme une calamité, et que les nouveau- nées, mal soignées, souvent volontairement abandonnées, parfois même étouffées ou noyées, meurent en grand nombre. C'est ainsi qu'aux Indes, on ne compte que 93 femmes pour 100 hommes (ratio, 107,5), que 80 en Chine, dans certaines provinces (ratio, 125), au lieu de 109 (ratio, 93,5) en Grande-Bretagne. Des migrations peuvent, en outre, venir bouleverser la proportion des sexes : c'est le cas dans beaucoup de contrées d'Extrême- Orient et même dans certaines régions de France ou d'Italie, où les jeunes hommes partent travailler au loin, pendant plusieurs années ou davantage, en si grand nombre que l'équilibre de la population s'en trouve troublé. Il en est de même, en sens inverse, pour les pays à forte immigration mâle, tels les États-Unis (sex- ratio, 99) ou l'Australie (sex-ratio, 97).

Si les diverses collectivités humaines accusent parfois, on vient de le voir, des différences nettes du point de vue du sex-ratio, elles se montrent d'ordinaire plus dissemblables encore pour ce qui est de l'âge moyen. Celui-ci est fonction de la natalité et de la mortalité. Une natalité forte tend à l'abaisser, mais une mortalité forte agit dans le même sens : la moyenne des habitants d'un pays sera d'autant plus âgée que les nombres de naissances et de morts seront l'un et l'autre plus faibles. C'est à leur faible natalité que les Français doivent d'avoir un âge moyen nettement plus élevé que celui des Italiens, des Polonais, des Roumains ou des Japonais; c'est, par contre, surtout à leur faible mortalité relative que les populations européennes doivent leur âge moyen, très supérieur à celui des peuples africains ou asiatiques.

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Il est particulièrement instructif de dessiner le profil d'âge des collectivités que l'on veut étudier : on déter- mine, de cinq en cinq ans, le nombre de sujets de chaque âge, que l'on représente par des bandes horizontales de longueur proportionnelle, disposées les unes au-dessus des autres. Ces profils aident à classer les nations en progressives, où le nombre de sujets de plus de 50 ans est inférieur à 15 p. 100 de la population totale (profil concave),— en stationnaires, où ce nombre est compris entre 15 et 20 p. 100 (profil approximativement recti- ligne), — et en régressives, lorsqu'il dépasse 20 p. 100 (profil convexe).

Ces notions ont à intervenir dans la plupart des com- paraisons raciales, car les caractéristiques physiolo- giques, de même que la fréquence des maladies, sont plus ou moins influencées par l'âge et par le sexe.

Inégalité des conditions humaines.— Lorsqu'on étudie un groupe humain — et à plus forte raison lorsqu'on se propose de le comparer à d'autres — il est indispen- sable d'analyser d'aussi près que possible le milieu dans lequel il vit. L'inégalité des conditions humaines est grande à la surface de la Terre : il est exceptionnel

. que deux races soient soumises aux mêmes influences extérieures et toutes leurs réactions s'en trouvent plus ou moins modifiées.

Trois ordres d'éléments dominent le milieu humain : le climat, la composition chimique du sol et le mode de vie.

L'action du climat, multiple dans ses effets, ne l'est pas moins dans ses causes. Non seulement la lumière et la température y jouent un rôle de premier plan, mais aussi le degré hygrométrique, la pression baromé- trique, l'état électrique, le magnétisme, peut-être aussi

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certains gaz rares de l'atmosphère (Curry). Tous ces facteurs interviennent sur le fonctionnement des organes et sur l'état de santé. Une température élevée, par exemple, tend, sous certaines limites, à accélérer le développement et à avancer la puberté ; par la trans- piration excessive qu'elle détermine, chez des sujets non adaptés, elle trouble le métabolisme de l'eau, diminue l'élimination rénale, modifie la composition du sang ; par ailleurs, elle gêne la circulation par la dilatation anormale des vaisseaux cutanés, fait travailler exa- gérément le cœur, diminue les besoins énergétiques, réduit l'activité musculaire, congestionne le foie et surmène le système nerveux : le « cAp de cafard » des coloniaux fatigués est bien connu. Mais la température n'influe pas seulement sur la résistance de l'organisme humain, elle régit aussi la répartition de beaucoup d'agents infectieux ou parasites : ce sont des conditions cli- matiques qui limitent à certains territoires africains le domaine des Mouches tsé-tsé et, en conséquence, celui de la maladie du sommeil.

Quelque adaptable que soit l'être humain, tous les climats ne lui conviennent pas également : chaque race a des préférences que lui imposent sa constitution ana- tomique, la couleur de sa peau ou sa richesse en glandes sudoripares. La répartition des hommes sur notre planète n'est pas qu'un phénomène de hasard : le fonctionnement optimum de chaque machine humaine n'est possible que dans des limites climatiques déterminées. Certes, la marge vitale est élastique : moyennant des précautions conve- nables, et grâce aux ressources de la technique moderne, on peut maintenir en plus ou moins bonne santé n'importe quel être humain, n'importe où à la surface de la Terre. Mais ce résultat suppose la création d'une sorte de milieu artificiel, ou, pour le moins, une modification profonde du milieu naturel : le succès remarquable obtenu par 1 es Amé-

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ricains à Panama n'est que la réussite d'une vaste expé- rience de laboratoire portant sur des sujets sélectionnés et renouvelés, sans qu'il y ait cycle vital et reproduction prolongée sur place1. En pratique, jamais la race noire ne pourra prospérer dans les zones faiblement éclairées de la planète (voir p. 209). De même, sans transforma- tions anatomiques profondes, la race blanche adaptée aux contrées tempérées, mais qui s'accommode éga- lement fort bien des pays subtropicaux (hauts plateaux africains ou malgaches, péninsule de l'Afrique du Sud, terres homologues d'Amérique, d'Australie et d'Océanie), ne pourra jamais s'établir de façon durable, ni faire souche dans les régions tropico-équatoriales où rien ne vient atténuer l'excessive chaleur. Depuis longtemps déjà, l'expérience commune conduisait à de telles con- clusions, mais nous commençons à saisir maintenant les mécanismes en cause et nous constaterons, au cours de cet ouvrage, que des caractères raciaux précis et stables — au moins à l'échelle de l'observation humaine —■ sont ici directement en jeu.

La climatologie appliquée à l'Homme est une science encore dans l'enfance. L'action de la composition du sol- et, par voie de conséquence, celle des teneurs chimiques des aliments et des eaux de boissons — est beaucoup plus mal connue encore. Elle n'en est pas moins fort importante. Le rapport entre l'insuffisance de l'iode tellurique et l'apparition des goitres a été mis en évi- dence depuis longtemps. Les carences calciques sont très répandues : elles ont sur l'organisme des effets variés, retentissent non seulement sur l'état du squelette, mais aussi sur la gravité de la tuberculose ou sur l'exci- tabilité nerveuse. Montel leur attribue la spasmophilie

1. Le lecteur se reportera avec fruit à ce sujet à l'excellente mise au point critique de SORRE.

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des Annamites et Dumont les considère comme les principales responsables des déficiences physiologiques de beaucoup de Noirs.

Certains minéraux peuvent, même en quantité infi- nitésimale (oligo-éléments), avoir des effets insoup- çonnés. Le fer, le cuivre, le cobalt sont nécessaires à la régénération du sang. On avait remarqué en Afrique du Sud que, dans certains territoires possédant appa- remment tout ce qu'il fallait pour assurer leur vie, les Ovins dépérissaient néanmoins en présentant des troubles particuliers : des recherches minutieuses ont révélé qu'une déficience du sol en cobalt était en cause- et qu'il suffisait d'ajouter au terrain pâturé un engrais contenant des traces de ce métal pour que les Moutons prospèrent. On sait qu'une théorie récente a mis en liaison la teneur du sol en magnésium et la fréquence des cancers — et l'on pourrait multiplier les exemples du rôle capital ainsi joué par les « infiniment petits chimiques», dont les êtres vivants ne peuvent faire la synthèse et qu'ils doivent emprunter au sol.

Le mode d'existence enfin retentit de manière fort variée sur l'être humain. Les fatigues de la vie primi- tive, l'usure des organes qu'elles provoquent sont très différentes de celles qu'engendre la vie civilisée. Ces dernières affectent surtout les mécanismes nerveux : leur action nous apparaîtra en maintes pages de ce livre. La vie urbaine développe, chez toutes les races, l'hyper- tension, les troubles cardio-vasculaires, les affections nerveuses para-syphilitiques, la dénatalité. L'entassement dans des logis insuffisamment éclairés favorise le rachi- tisme et la tuberculose ; le port des vêtements a le même effet sur les races de couleur habitant des contrées pluvieuses (p. 196).

YS alimentation intervient dans la physiologie et la pathologie, à la fois par sa quantité, par sa qualité et

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par son mode de préparation. Il y a une géographie du régime alimentaire : certains peuples sont végé- tariens, d'autres carnivores, la plupart ont des rations diversement équilibrées. Même entre pays voisins à mode de vie sensiblement identique, des différences appréciables s'observent : la consommation de sucre, par exemple, est, par tête d'habitant, deux fois plus forte aux États-Unis qu'en France et cinq fois plus qu'en Espagne. Un régime trop riche et trop abondant a ses maladies satellites : lithiases, goutte, diabète, caries dentaires. L'hyponutrition, par contre, empêche l'organisme d'atteindre son plein développement, dimi- nue son rendement et aboutit à des carences variées. Une masse considérable d'êtres humains reste, à notre époque, sous-alimentée : c'est le cas pour 80 p. 100 des travailleurs chinois, concluent certaines enquêtes. Au Bengale, « la principale maladie est l'inanition » (Basu). « La faim au Brésil est aussi cruelle que générale» (Castro)... Par ailleurs, de nombreuses populations extrême - orientales se nourrissent de riz poli, c'est-à-dire dépourvu de ses enve oppes, et en conséquence privé de vitamines et de sels minéraux : un tel régime, s'il n'est pas enrichi en quantité suffisante par des éléments accessoires (nuoc mam, larves d'insectes, etc.), tend à provoquer les plus graves avitaminoses (béri-béri). Là encore, il faut se garder de toucher inconsidérément aux coutumes des primitifs : pour avoir voulu supprimer dans l'île de Nauru, dont elle avait la tutelle, l'usage des boissons locales fermentées, la Société des Nations a déclenché une éclosion de béri-béri parmi les indigènes qui trou- vaient dans ces boissons leur seule source de vitamine B.

Nous soulignerons dans un chapitre ultérieur (p. 185) qu'il existe des maladies, propres à certaines populations, que l'on peut appeler ethniques, parce qu'elles sont exclusivement provoquées, ou tout au moins gran-

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dement favorisées, par des coutumes ou usages parti- culiers.

Presque à chaque page de cet ouvrage, nous nous heurterons à la difficulté de départager, dans les réac- tions différentielles constatées, ce qui revient aux con- ditions extérieures et ce qui est véritablement l'expres- sion d'un authentique caractère racial. Nous consta- terons que, si bien des faits restent encore d'inter- prétation douteuse, nous progressons néanmoins grande- ment dans la connaissance si captivante des interactions de l'homme et de son milieu.

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CHAPITRE II

VARIABILITÉ HUMAINE ET MILIEU

Nous allons examiner dans ce chapitre les problèmes d'un haut intérêt que pose à notre époque l'étude de. la variabilité humaine.

Il y a longtemps que nous ne croyons plus à la fixité absolue des races humaines. Buffon la niait déjà il y a près de deux siècles : « Tout concourt à prouver qu'il n'y a eu originellement qu'une seule espèce d'Homme, qui, s'étant multipliée et répandue sur toute la surface de la terre, a subi différents changements par l'influence du climat, par la différence de la nourriture, par celle de la manière de vivre, par les maladies épidémiques et aussi par le mélange varié des individus plus ou moins ressemblants.» Les races, comme les espèces et plus encore qu'elles, ne sont que des réalisations momen- tanées, soumises au milieu dans lequel elles vivent, en interaction constante avec lui et capables de subir les plus profondes et, parfois, les plus rapides transfor- mations. L'Homme ne se distingue en rien sur ce point des autres êtres vivants.

Ce qui, à l'époque de Buffon, ne pouvait encore être qu'hypothèse et vision théorique repose maintenant sur des faits bien étudiés, dont le nombre ne cesse d'aug- menter avec les progrès de l'anthropologie. On commença par distinguer, dans la morphologie humaine, deux sortes de caractères, les uns étroitement soumis aux in- fluences du milieu, facilement modifiables, dits adaptatifs

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— les autres fixes, ne dépendant que des lois de l'héré- dité, les caractères héréditaires. Mais les recherches les plus récentes tendent à montrer que les attributs morpho- logiques jugés autrefois comme les plus stables, tels que la forme du crâne ou celle du nez, sont, en réalité, plastiques comme les autres, que la distinction entre les deux catégories de caractères est quelque peu arti- ficielle parce qu'il n'existe pas de caractères véritable- ment fixes.

C'est ainsi que, longtemps, la taille a été considérée comme une donnée raciale soumise aux seuls facteurs héréditaires. Mais, dans la période contemporaine, des observations vinrent s'accumuler, démontrant qu'il n'en était rien. La taille peut se modifier à l'intérieur d'un même groupe ethnique, sans qu'intervienne aucun apport de sang étranger. La rapidité des variations est attestée par le fait qu'au cours des quatre-vingts dernières années on a constaté dans les pays civilisés, les seuls où des mesures précises et comparatives aient pu être faites, une augmentation générale très remarquable de la hau- teur moyenne des habitants ; le phénomène semble tout à fait général et a été observé tant dans les divers pays d'Europe qu'aux États-Unis et au Japon. Il ne s'agit pas là d'une variation négligeable, mais bien d'un accrois- sement de plusieurs centimètres. Ainsi, en Norvège, la taille moyenne, qui était de 168,6 cm en 1850, était de 170,6 en 1905. Celle des conscrits danois a augmenté de 3,6 cm entre 1853 et 1905. En France, les chiffres sont de même ordre et c'est un fait d'observation cou- rante que les enfants deviennent plus grands que leurs parents. Au Japon, l'élévation au cours des dernières décades approcherait de 5 cm. Dans certains pays comme la Suède, l'augmentation aurait atteint 7 cm entre 1840 et 1914.

Les faits les plus démonstratifs ont été observés aux

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États-Unis par Bowles au collège de Harvard, où, par 1 tradition, viennent se succéder, de père en fils, les repré- sentants des mêmes familles. La progression est remar- quable depuis un siècle : Moyenne de taille des arrière-grands-pères 170,1 cm

— — grands-pères 174,1 — — — pères .................... 175,3 — — — fils ...................... 177,9 —

Le grandissement se manifeste aussi aux États-Unis dans la race noire, mais il y est moins marqué que dans la blanche.

Ces constatations nous expliquent le fait curieux que nous soyons maintenant incapables d'endosser la plupart des armures des chevaliers du moyen âge, devenues trop exiguës.

Si le processus devait continuer à la même allure, il deviendrait quelque peu inquiétant, mais les statis- tiques les plus récentes paraissent indiquer que cette vague de croissance approche de son terme (Mills).

Prenons un autre exemple non moins significatif, celui de la variabilité de la forme du crâne. On sait le rôle prépondérant que la morphologie crânienne a joué et joue encore en anthropologie : la mesure de l'indice céphalique horizontal, en particulier (rapport de la longueur à la largeur du crâne), non seulement a servi de base à la classification des races humaines, mais a été couramment invoquée, de façon décisive, pour la reconstitution de l'histoire des groupes humains et de leurs migrations. Ainsi, le fait qu'en Allemagne du Sud (Bade, Wurtemberg, Bavière) les crânes anciens sont dolichocéphales ou mésocéphales, alors que les contem-'

' porains sont brachycéphales, avait fait admettre que ce pays primitivement peuplé de dolichocéphales aurait été secondairement soumis à une invasion de races alpines à courte tête, opinion apparue depuis inexacte.

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C'est que l'indice céphalique était alors considéré comme un caractère héréditaire complètement indépendant du milieu, « ne pouvant se modifier que par l'hérédité même» (Berr), dont, par conséquent, la variation cons- tatée dans une population au cours des siècles indi- quait, à coup sûr, un apport de sang nouveau, le croise- ment avec une race de morphologie différente. Depuis un demi-siècle, un grand nombre d'observations sont venues progressivement détruire cette belle confiance et nous apprendre que l'indice céphalique était, au contraire, relativement plastique, capable de varier au cours des générations sans que semble intervenir aucun mélange racial.

Parmi les recherches, faites à ce sujet, qui eurent le plus de retentissement, il faut citer celles de Boas aux États-Unis, constatant que les fils d'émigrants, nés en Amérique, présentaient un type racial légèrement différent de celui de leurs parents, particulièrement en ce qui concerne la forme du crâne. Les immigrants dolichocéphales, tels que les Siciliens ou les Écossais, ont une progéniture à tête moins longue, les immigrants brachycéphales, tels que les Juifs de l'Europe orientale, font des enfants à tête moins courte que la leur. Il en résulte, chez les descendants, une tendance générale à la réalisation d'une forme moyenne du crâne, et cette mésocéphalisation paraît d'autant plus accentuée que le temps écoulé entre l'arrivée des parents aux États- Unis et la naissance des enfants est plus long. Ces obser- vations suscitèrent diverses interprétations, dont aucune n'est bien satisfaisante et sur lesquelles nous ne pouvons insister ici. Elles -furent aussi l'objet de critiques quant au trop petit nombre de sujets étudiés (plusieurs cen- taines cependant), et la trop faible amplitude des varia- tions mises en évidence (2 p. 100 environ). Elles n'en semblent pas moins exactes et, quelques années plus

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