aspects physiopathologiques de la virémie à cytomégalovirus

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SOC1ETE NATIONALE DE TRANSFUSION 107 Rdsumd des communications Cytomdgalovirus et transfusion sanguine 25 novembre 1983 Aspects physiopathologiques de la vir6mie ~ eytomCgalovirus par Y. P6rol Laboratoire Central de Bact6riologie-Virologie H6pital Saint-Louis, PARIS. La diss6mination du CMV dans l'organisme se fait par voie sanguine. Cette vir6mie est facilement raise en 6vidence au cours des infections actives qu'il s'agisse de primo-infection, de r6infection ou de r6activation. I1 n'y a pas de virus libre darts le s6rum ou le plasma mais on peut isoler le virus soit des polynucl6aires, soit, des cellules mononuc16es par coculture de ces leucocytes intacts non lys6s avec des cellules fibro- blastiques embryonnaires humaines, seules cellules permissives in vitro. L'isolement est beaucoup plus fr6quent, le nombre de foyers d'effet cytopathog~ne sp6cifique 3 ~ 6 lois plus 61ev6 h partir de la fraction polynucl6aire qu'h partir de la fraction mononuc166el Au cours de la convalescence, la vir6mie est encore d6celable par coculture pendant quelques semaines mais les foyers d'effet cytopatho- g6ne sp6cifique sont tardifs et rares. L'isolement a pu ~tre obtenu h partir des lymphocytes T et B mais avec un faible rendement sugg6rant une infection latente non productive des cellules lymphoYdes. Ces lymphocytes ne seraient permissifs et capables de r6pliquer le CMV que quand ils sont en transformation b]astique. Du CMV peut ~tre rdactiv6 h partir de tissus ganglionnaires explant6s provenant de sujets bien portants. On ne sait pas si une sous-population de lymphocytes T est pr6ferentiellement infect6e ou 16s6e par le virus mais au cours des perturbations immunitaires, secondaires h l'infection /t CMV, marqu6es par la n6gativation des tests cutands d'hypersensibilit6 retard6e et l'augmentation de la sensibilit6 aux infections bact6riennes

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Page 1: Aspects physiopathologiques de la virémie à cytomégalovirus

SOC1ETE NATIONALE DE TRANSFUSION 107

Rdsumd des communications

Cytomdgalovirus et transfusion sanguine

25 novembre 1983

Aspects physiopathologiques de la v i r6mie ~ eytomCgalovi rus

p a r Y. P6rol

Laboratoire Central de Bact6riologie-Virologie H6pital Saint-Louis, PARIS.

La diss6minat ion du CMV dans l 'organisme se fait par voie sanguine.

Cette vir6mie est faci lement raise en 6vidence au cours des infections actives qu'i l s'agisse de primo-infection, de r6infection ou de r6activation. I1 n 'y a pas de virus libre darts le s6rum ou le p lasma mais on peut isoler le virus soit des polynucl6aires, soit, des cellules mononuc16es par coculture de ces leucocytes intacts non lys6s avec des cellules fibro- blastiques embryonnai res humaines, seules cellules permissives in v i tro . L'isolement est beaucoup plus fr6quent, le nombre de foyers d'effet cytopathog~ne sp6cifique 3 ~ 6 lois plus 61ev6 h par t i r de la fraction polynucl6aire qu'h par t i r de la fraction mononuc166el

Au cours de la convalescence, la vir6mie est encore d6celable par coculture pendan t quelques semaines mais les foyers d'effet cytopatho- g6ne sp6cifique sont tardifs et rares. L' isolement a pu ~tre obtenu h par t i r des lymphocytes T et B mais avec un faible rendement sugg6rant une infection latente non productive des cellules lymphoYdes. Ces lymphocytes ne seraient permissifs et capables de r6pliquer le CMV que quand ils sont en t ransformat ion b]astique.

Du CMV peut ~tre rdactiv6 h par t i r de tissus ganglionnaires explant6s provenant de sujets bien portants . On ne sait pas si une sous-population de lymphocytes T est pr6ferentiel lement infect6e ou 16s6e par le virus mais au cours des per turbat ions immunita i res , secondaires h l ' infection /t CMV, marqu6es par la n6gativation des tests cutands d'hypersensibili t6 retard6e et l ' augmenta t ion de la sensibilit6 aux infections bact6riennes

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et mycotiques intercurrentes , le rapport des OKT 4 aux OKT 8 est invers6 avec d iminut ion relative et absolue des OKT 4, augmenta t ion des OKT 8. Ce d6ficit de l ' immuni t6 cellulaire persiste pendant plus de 10 mois.

En somme, bien que les recherches de vir6mie, faites par coculture chez les donneurs de sang, aient 6td n6gatives h deux exceptions pr6s, jamais confirm6es, il est probable que les cellules lymphoides, les mono- cytes et les rnacrophages sont un des tissus hdbergeant le gfnome du CMV. Sa ddtection, en l 'absence de replication virale, ne peut 8tre r6alisde que par les techniques d 'hybridation.

Une meiIleure connaissance des populat ions leucocytaires impliqu6es dans I ' i n f ec t ion latente nous pe rmet t ron t de mieux contr61er la trans- mission du CMV du donneur s6ro-positif au receveur de t ransfusions abondantes de sang ou de leucocytes, sugg6r6e il y a plus de I0 ans par l 'observat ion des syndromes mononucl6osiques post- transfusionnels et c o n f i r m d e par de nombreuses dtudes dpidfmiologiques.

Les antig~nes du virus cytomdgalique.

pa r S. Michelson

Unit6 de Virologic M6dicale, Ins t i tu t Pasteur, PARIS.

Toute recherche des antig6nes doit prendre en considdration toutes les prot6ines virales spdcifiques. On dolt tenir compte non seulement des prot~ines s tructurales du virion, mais aussi des prot~ines enzymatiques spdcifiques du virus induites au niveau de la cellule infectde. Toute pro- tdine peut servir comme antig6ne et solliciter une r6ponse i m m u n e humorale ou cellulaire chez l ' individu infect6. Donc route protdine sp6ci- fique du virus est susceptible de jouer un r61e dans les tests diagnostiques utilis6s pour la d6tection de l ' infection.

Le vir ion du CMV se compose de quelques 35 polypeptides qui s'dche- lonnent en taille de 12 000 ou 200 000 daltons. Parmi ces polypeptides au moins 8 Sont glycolys~s. Certains polypeptides (155 000, 120000, 83 000 et 68 000 daltons) sont en plus grande quant i t6 par rappor t aux autres. On pense que le polypeptide de 155 000 daltons est un des polypeptides de la nucl6ocapside, tandis que celui de 68 000 daltons, qui repr6sente 15 % de la masse protdique virale, se trouve darts le t6gument, mati6re prot6ique amorphe entre la nucldocapside et l 'enveloppe virale. L'uti l isation r6cente des anticorps monoclonaux (AcMc), a sugg~r6 que les polypeptides de 94 000 et 66 000 daltons sont impliqu6s dans la sdroneutral isat ion mais on ignore encore leur localisation au niveau de la part icule virale.

Le cycle de triplication virale se divise en 3 pdriodes: imm6diate, pr6coce et tardive.