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Allez-y, approchez-vous!

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Allez-y,approchez-vous!

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ORIGNAL STRATÉGIE

DDepuis plusieurs années j’ai expérimenté dif-férentes méthodes de chasse à l’orignal,incluant chasse fine, à l’affût, avec saline,séances d’appels, chasse en bûché, pa-trouille des chemins forestiers, etc. Même sielles m’ont procuré un bon lot d’émotions,une seule m’a permis de voir régulièrementun grand nombre d’orignaux à très courtesdistances allant de 3 à 35 m (10 à 120 pi).Dans notre groupe de chasse, nous l’appe-lons «la chasse à l’approche».

Grâce à cette méthode, j’ai vu jusqu’à 19orignaux en deçà des distances mentionnéesau cours d’une seule semaine de chassedans les terres de la Couronne et, croyez-leou non, aucune de ces bêtes n’a été vue àune saline, dans un chemin ou même dansun bûché. En fait, j’ai vu ces fantômes enpleine forêt alors que je faisais du bruit.

J’ai observé ces orignaux à des distancesqui m’ont permis de voir la bave couler deleur bouche, celle-ci s’ouvrir pour émettre un«orf», leur langue lécher leur museau et leursbabines, leurs narines s’ouvrir pour reniflerl’air ou pour projeter un souffle de même queleurs yeux qui me dévisageaient. Ils se sontapprochés si près que je pouvais sentirl’odeur de rut qu’ils dégageaient.

UN EXEMPLE

D’entrée de jeu, permettez-moi de vous rela-ter une aventure vécue par mes compagnons

de chasse à l’arc, Jean-Yves et Raymond,après avoir entendu un couple d’orignauxéchanger des vocalises à quelques centainesde mètres.

L’air matinal est glacial, le vent est inexis-tant et la stratégie est d’approcher le couplesitué en plein bois vert en émettant des plain-tes de femelle. Les deux hommes ont déjàparcouru une certaine distance et lancéplusieurs plaintes lorsque soudainementRaymond aperçoit une femelle déguerpir àmoins de 10 m de lui. De son côté, le mâlerépond aux appels mais ne semble aucune-ment impressionné par ces vocalises et lesdéplacements des deux chasseurs. Au con-traire, leur approche ne contribue qu’àl’éloigner.

Jean-Yves incite son ami à utiliser sa pa-lette de «rattling». Le couple d’orignaux setrouve toujours à une centaine de mètresquand Raymond frotte sa palette de boisfranc sur des branchages. La réplique estinstantanée : le mâle rebrousse chemin et sedirige à droite des chasseurs; Jean-Yvesl’aperçoit, mais l’animal garde ses distances.Raymond frotte de nouveau sa palette et lemâle revient sur ses pas puis bifurque toutdroit vers l’auteur du subterfuge.

Avec son panache il accroche tout surson passage et passe une quinzaine demètres devant Jean-Yves. Ce dernier espèreque la bête s’arrêtera dans une éclaircie pour

permettre un tir, mais elle ne ralentit pas etil a tout juste le temps d’admirer sa statureet son imposant panache.

Raymond poursuit son frottage de bois,et en moins de deux l’animal franchit la dis-tance qui le sépare de son supposé rival,s’arrêtant à 4 m pour lui faire face en reni-flant l’air. Raymond dépose sa palette ausol, allonge son arc et fait quelques enjam-bées de côté afin de pouvoir viser le flancde la bête. L’instant suivant, le mastodontereçoit une flèche directement dans les pou-mons; il arborait un panache de 135 cm(53 po) de large avec 22 pointes.

Cette histoire n’est qu’une parmi tantd’autres vécues par notre groupe de chasse.Grâce à la chasse à l’approche, j’ai moi-mêmerécolté un mâle bien empanaché après avoirmarché comme un orignal en direction d’uncouple que j’avais localisé grâce à leurs voca-lises. Il y a quelques années, j’ai prélevé unmâle trophée de 158 cm (62 1/4 po) aprèsm’être approché d’une saline en marchantcomme un orignal. Déjà à l’âge 17 ans, j’avaisrécolté en compagnie de mon cousin dumême âge un premier mâle grâce à la chasseà l’approche. Bref, ça fait déjà quelques an-nées que nous utilisons cette méthode avecgrand succès.

Ces résultats reposent sur une imitationcrédible des déplacements d’un couple d’ori-gnaux à proximité d’un des leurs qui a étépréalablement localisé, afin de l’attirer versnous. Si voir plus d’orignaux à très courte dis-tance vous intéresse, voici quelques consi-gnes importantes.

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Une méthode de chasse activegrâce à laquelle on peut s’approcher du gibier

à très faible distance.

Par | MARCO CHABOT

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Cette scène a été croquée sur le vif lors d’un séjour de chasse à l’arbalète en territoirecontrôlé de réserve faunique. En territoire public non contrôlé et en saison de chasse àl’arme à feu, une telle approche en brandissant une «palette» d’orignal au dessus de sa têteserait à éviter à cause du danger potentiel de méprise de cible de la part d’un autrechasseur.

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REPÉRAGE

La localisation de l’animal est la pièce maîtres-se de cette technique, c’est elle qui fait toutela différence entre marcher en forêt à tâtons ettraquer un gibier! Le meilleur moyen est cer-tainement de tendre l’oreille pour percevoirune vocalise, un craquement de branche, unfrottement de bois sur un arbre, etc. Cetteméthode atteint son plein potentiel en périodede rut, car les orignaux communiquent alorsentre eux jour et nuit pour annoncer leurprésence à leurs congénères.

Le premier moment où vous pouvez en-tendre un bruit significatif est justementdurant la nuit. Dans notre groupe, nous n’hé-sitons pas à mettre le nez dehors avant denous coucher pour tendre l’oreille et tâcher derepérer une bête. C’est une excellente façonde planifier notre chasse du lendemain.

L’aube et le crépuscule sont aussi des mo-ments très propices pour mettre votre ouïe àprofit : les sons localisés le matin vous indi-quent où chasser en avant-midi, tandis queles sons entendus à la brunante constituentune option de chasse pour le lendemainmatin. Un autre moyen de localiser un gibierest de faire vous-même quelques séancesd’appel afin de provoquer une réponse.

À défaut de pouvoir repérer les orignauxgrâce aux bruits qu’ils font, fiez-vous àd’autres indices comme une nouvelle piste,une souille, des broutages ou un frottage frais,ou même des photos récentes prises parvotre appareil de surveillance. À la rigueur,servez-vous des cartes écoforestières pour

identifier les secteurs nourriciers. Si vous loca-lisez des bruits provoqués par les orignaux,chassez à cet endroit, sinon concentrez-vousoù ils ont laissé des indices ou bien dans lessecteurs où ils se nourrissent et se cachent.

Dans notre groupe, c’est en repérant unebête par le son que nous observons le plusd’orignaux. Une fois que nous avons perçu untel bruit, l’endroit d’où il provient devient lepoint de repère sur lequel nous nous concen-trons pour l’approche. Cela confirme qu’il setrouve au moins un orignal à proximité et, s’ils’agit d’une femelle, il y a de fortes probabili-tés qu’un mâle soit non loin.

L’APPROCHE

L’approche ne doit pas se faire n’importecomment. Primo, il faut éviter de vous dirigerdirectement vers votre point de repère etplutôt le contourner, en vous maintenant àune distance variant entre 60 et 120 m et enmarchant comme un randonneur en forêt. Lepas feutré de la chasse fine est à oublier, et aucontraire je fais même du bruit en marchanttout en laissant les branches frotter sur mesvêtements.

Secundo, il est primordial d’effectuer lecontournement de façon à toujours avoir levent de face ou de côté. S’il change de direc-tion, vous devez faire de même, quitte à reve-nir sur vos pas pour vous approcher par unautre côté.

Durant ce déplacement, il est très impor-tant de scruter la forêt autour de vous et detenter d’apercevoir votre gibier, ou plus proba-

blement une petite partie de son corpscomme une oreille, un museau, une fesse,etc. Quand je dis autour de vous, cela signifieaussi regarder derrière vous! Je me souvienstrès bien d’un mâle que j’avais observé lon-guement avant de le laisser filer et qui, par lasuite, m’avait suivi silencieusement sur unedistance d’environ 600 m avant que je nel’aperçoive de nouveau derrière moi.

Il faut marcher, rechercher des yeux labête convoitée et ouvrir toutes grandes sesoreilles pour entendre le moindre bruit qui tra-hirait ses déplacements. Il peut s’agir d’unbruit de pas qui se dirige lentement vers vous,ou parfois même au trot; ça peut aussi être uncraquement de branche, un froissement debuisson, un appel ou le bruit d’entrechoque-ment d’un bois.

Chaque bruit vous aidera à déterminer lalocalisation exacte de votre gibier, et plus vousapprocherez plus vous saurez avec exactitudeoù il se situe. Il devient alors plus simpled’adapter votre approche en fonction de saposition et de ses réactions.

Il est important d’écouter tout en mar-chant, mais il est aussi essentiel de s’arrêterfréquemment, par exemple tous les 10 à15 m, pour aussi tendre l’oreille et observerattentivement les alentours. Personnellement,je m’arrête toujours à proximité d’un buissonou d’un jeune arbre sur lequel je frotte monbois de «rattling», cette pause durant de 30secondes à 5 minutes selon les circonstan-ces. Je prends soin de ne pas donner l’im-pression de me dépêcher, afin de rassurerl’orignal qui m’entend me déplacer.

Il est primordial de bien écouter après unfrottage, car c’est le son le plus persuasif pourprovoquer le gibier. Avant de repartir, j’en pro-fite pour vaporiser une branche d’un peud’urine de femelle ou de mâle. Tout le long demon approche j’émets fréquemment des ap-pels d’orignal, mâle et femelle.

Tous ces sons et toute l’odeur que vousdispersez en contournant votre point de repè-re auront un effet quasi assuré sur les ori-gnaux du secteur. Tant les femelles que lesmâles seront intéressés et s’approcherontvers vous, convaincus qu’un autre couple setrouve dans les parages. Selon moi, ils éprou-vent un besoin irrésistible de rencontrer lesauteurs de tout ce scénario.

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ORIGNAL – À l’approche

L’équipementde base pour cettetechniquecomprenddes bottesimperméables,des vêtementslégers, des gants,des jumelles ainsiqu’un outilde rattling (boisou planche de boisfranc).

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Quand on sait que l’orignal s’approche,il reste à le convaincre de faire les der-niers pas pour que le chasseur, et surtoutl’archer, puisse placer un tir fatal. Pour cefaire, je poursuis mon manège en tenantmon bois sur le côté de ma tête et en lefaisant osciller tranquillement de gaucheà droite. L’effet visuel du bois associé auxsons et aux odeurs suffiront très souvent àconvaincre l’animal de faire les dernierspas.

VÊTEMENTS ET ACCESSOIRES

Cette méthode se basant sur la marche enforêt, il est essentiel de porter des vête-ments qui ne font pas de bruits artificielset insolites au contact des branches. Deplus, je suggère de porter des vêtementset des bottes confortables ainsi qu’imper-méables pour les matins de rosée ou leslendemains de pluie.

À part l’arme de chasse, je considèreque les accessoires les plus importants àavoir avec soi sont une boussole et une

bonne carte topographique du secteur,idéalement couplés avec un GPS, car nulne sait où votre instinct ou votre orignalpeut vous amener. Ce n’est pas vous quidécidez où vous allez, mais bien les ori-gnaux. Il est aussi important d’avoir avecsoi du ruban marqueur pour bien identifierle lieu où gît l’orignal en cas de réussite.

Une radio bidirectionnelle à ondesGMRS est aussi un accessoire fort utile,soit pour informer vos comparses de chas-se sur votre position, soit pour leur signa-ler la présence d’une bête ou simplement

leur exprimer que c’est fait... votre gibierest au sol! Il faut aussi de bonnes jumellescompactes pour bien scruter chaque re-coin de la forêt et chaque masse sombre.Les miennes ne sont jamais dans leur étui,mais plutôt continuellement suspenduesà mon cou pour pouvoir m’en servir fré-quemment et rapidement.

Finalement, je conseille d’avoir unebouteille d’eau pour s’hydrater fréquem-ment; chez moi, la déshydratation créetoujours une certaine fatigue qui réduitma concentration et ma persévérance.

Parmi les accessoires fort utiles en forêtlorsqu’on poursuit un orignal entendu,

l’auteur recommande d’apporter un GPS(en plus de carte et boussole) pour vousretrouver rapidement sur le terrain, car

c’est l’orignal qui dicte où vous devez aller,et non le contraire.

LUCLAPIERRE

Vous devez maîtriser aumoins deux appels de femelle et un de mâle pour réussir à vousfaire passer pour un couple d’orignaux qui se déplace.

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Une collation est aussi essentielle, en raisonde la grande dépense d’énergie associée àcette technique de chasse. Depuis quelquesannées les insectes piqueurs sont omnipré-sents, et ce jusqu’au milieu du mois d’octo-bre. Je traîne donc toujours avec moi une«cagoule moustiquaire», cette protection mepermettant de poursuivre mon approche pluslongtemps.

La supercherie ne serait pas aussi réalistesans l’emploi d’un bois d’orignal ou d’une pa-lette en bois franc pour effectuer des frotta-ges ou montrer à l’orignal que vous portez unpanache. Cet accessoire ne doit pas être troplourd mais tout de même assez volumineuxpour faire de bons frottages; personnellementj’utilise un des bois d’un mâle dont le pana-che faisait 36 po de largeur. Il faut aussi

porter des gants pour se protéger les doigts,puisqu’ils risquent de s’écorcher quand vousfrotterez la «corne» contre les arbres ou lesbranches.

Enfin, j’utilise deux petites bouteilles d’uri-ne munies de becs vaporisateurs, l’une con-tenant de l’urine de mâle et l’autre de l’urinede femelle, et je les mets dans ma poche depantalon située du côté opposé à celui où jedevrai mettre mon arme en joue si un gibierse présente. Ainsi, je peux rapidement vapo-riser de l’urine en l’air sans devoir déplacermon arme d’une main à l’autre.

ODEURS ET APPELS

Le contrôle des odeurs peut faire la dif-férence entre faire fuir un mâle trophée et lefaire approcher avec assez de confiance pourque vous puissiez vivre le rêve d’une vie.Cette précaution permet aussi de voir davan-tage d’orignaux à des distances de moins de20 m. Dites-vous bien que si vous chassez enpleine forêt avec un arc ou une arbalète, c’estlà la distance maximale de tir que vous de-vrez respecter. Au-delà de cette distance, il ya de grands risques que la trajectoire de laflèche soit bloquée par un ou plusieurs obsta-cles.

Pour ma part, le contrôle des odeurs dé-bute bien avant de me rendre en forêt. Mesvêtements sont lavés un à deux mois d’avan-ce avec du détergent à lessive inodore, et ils

sont ensuite insérés dans un contenant her-métique rempli de branches d’épinette et desapin. Je dispose de plus de sous-vêtementsqu’il n’en faut pour pouvoir en changer régu-lièrement. Je me sers aussi d’un produit éli-minateur d’odeur à peu près à toutes lesheures.

Sur le terrain, autant il faut camoufler sesodeurs, autant on doit répandre de la senteurd’orignal tout autour de soi et sur sa proprepersonne. Tout d’abord, j’utilise régulière-ment de l’urine de femelle et de mâle durantmon approche, après m’être assuré auprès

des commerçants qu’elles sont fraîchementmises en bouteille. J’en vaporise aussi surmon chapeau ou ma casquette dans les mo-ments critiques, c’est-à-dire lorsqu’un orignalest tout près.

La terre fraîchement labourée d’une souil-le est sans aucun doute la trouvaille la plusprécieuse. C’est sans hésitation que j’en re-cueille dans mes mains gantées pour frotterabondamment tous mes vêtements de cetteterre aphrodisiaque. À partir de ce moment,je transporte sur moi une odeur qui attire lesfemelles et provoque les mâles.

Côté vocalises, j’ai eu autant de succèsavec des appels de contact qu’avec d’autresplus langoureux, ou même avec ceux d’unefemelle non réceptive. À mon humble avis, leplus important n’est pas de privilégier un typed’appel plus qu’un autre, mais d’exploiterceux que vous contrôlez le mieux. Vous de-vez maîtriser au moins deux appels de femel-le et au moins un de mâle afin de vous fairepasser pour un couple.

Bien connaître plusieurs appels a aussil’avantage de pourvoir faire revenir un orignalqui se serait approché un peu plus tôt. Lan-cer un nouvel appel ravive son intérêt et l’inci-te souvent à se rapprocher une autre fois. Unautre avantage non négligeable est la possi-bilité d’utiliser un nouveau son pour piquer lacuriosité de l’animal afin de l’arrêter à l’en-droit précis où on peut effectuer un tir. Parexemple, si le mâle s’est approché de vousgrâce à vos plaintes langoureuses, lancez uncourt appel de contact lorsqu’il passe dansune éclaircie et il s’y arrêtera sans doute,vous permettant d’effectuer un tir.

PÉRIODES ET TEMPÉRATURES

J’ai utilisé cette méthode avec succès entrela mi-septembre et le milieu du mois d’octo-bre. Son efficacité est alors optimale, parceque la curiosité des orignaux est stimuléepar les différentes pulsions du pré-rut et durut et les pousse à franchir la distance quiles sépare de moi.

La température idéale pour repérer, ap-procher et provoquer un orignal est celle quinous permet d’entendre et de nous faire en-tendre de loin. C’est pourquoi il faut profiterle plus possible des périodes de la journéeoù le vent ou la pluie connaît une accalmie.D’ailleurs, les conditions météo limitent par-fois la pratique de cette méthode à seule-

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ORIGNAL – À l’approche

Utiliser le contenud’une souille fraîcheà votre avantage,par exemple enmasquant vos odeurs,est un excellent trucpour vous trouverface à un orignalempanaché.

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ment quelques heures par jour. Quand leclimat n’est pas propice, j’en profite pourutiliser une autre forme de chasse, ce quime permet également de me reposer, parexemple en patrouillant des chemins ou dessentiers ou en me postant à l’affût prèsd’une bonne saline.

Bien que toutes les heures de la journéesoient propices à l’emploi de cette métho-de, la matinée est certainement le momentà privilégier. C’est souvent le matin que lesorignaux sont les plus actifs et les plus volu-biles, et ils sont donc plus faciles à localiser.La fin de l’après-midi amène également sonlot d’action, mais il faut composer avec l’ap-proche de l’obscurité pour faire un bon tirou pour retracer un gibier que l’on vient detirer.

Il est primordial de pouvoir effectuer untir précis et mortel, et d’être bien équipépour pister la bête dans l’obscurité si néces-saire, sans arme ni projecteur. Si ce n’estpas votre cas, il est plus sage de retenirvotre tir et d’attendre la prochaine chancequi se présentera sûrement de nouveau,puisque la chasse à l’approche vous procu-rera sans aucun doute plus d’une occasion.

CONDITIONS PHYSIQUEET MENTALE

Cette technique de chasse est très exigeantephysiquement, et le chasseur doit être en très

bonne forme. Elle nécessite aussi de la déter-mination et de la concentration, car elleréserve bien des émotions et montées d’adré-naline, comme voir un orignal au bout de sonarme, observer l’animal pendant une heuresans pouvoir effectuer un tir, ou encore con-templer un grand mâle qui frotte ses bois oubrandit son panache pour vous intimider. Ilest clair qu’une bonne préparation mentaleest essentielle pour pouvoir faire face effica-cement à ce genre de situations.

Pour m’aider à gérer ces émotions, j’utili-se la visualisation mentale. Le tout commen-ce lors de mes pratiques du tir à l’arc, oùj’imagine que la cible est un orignal. À chaque

tir, je répète et mémorise la séquence dechaque mouvement : l’encoche de la flèche,l’allongement de la corde, le point d’ancrage,l’œilleton à l’œil, l’œil sur la mire, la miresur un point précis de la zone vitale et ladécoche.

Quand l’orignal est réellement à quelquesmètres devant moi, je me répète cette sé-quence tout en effectuant les mouvementspour m’apaiser et pour mettre de côté, letemps d’un tir, toutes les émotions du mo-ment. La visualisation et la répétition desmouvements aident à minimiser les erreurset peuvent faire la différence entre raconterune histoire et en détenir la preuve.

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Une fois le gibier déjoué, il ne restequ’à attendre qu’il «ouvre la porte» à un

tir qui sera fatal à si faible distanceet permettra de le retrouver rapidement.